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Société

L’écriture «inclusive», une barbarie post-moderne anti-sociale

La langue française a historiquement fait le choix du masculin comme genre neutre par défaut. Cela permet de décrire une situation générale où il est fait référence à des personnes en général, sans avoir besoin de préciser leur sexe, car dans la plupart des situations on se moque éperdument du sexe des personnes en question.

Quand on dit « en 2021 en France, les ouvriers ont un bon niveau de vie », on ne s’intéresse pas du tout au sexe des ouvriers en question. Il est parlé des ouvriers en général, et le genre masculin a une fonction neutre, une portée générale.

Si le masculin est le genre neutre par défaut, cela ne veut pas dire que le féminin ne peut pas avoir cette fonction neutre également. Au contraire, cela arrive souvent, par exemple quand on dit « en 2021 en France, la classe ouvrière est particulièrement dépolitisée. »

On ne s’intéresse ici pas du tout au sexe des ouvriers composant la classe ouvrière et peu importe d’ailleurs que le mot classe soit masculin ou féminin. Il y a dans le contenu du mot « classe » tout autant des ouvrières que des ouvriers, mais il est parlé au féminin, car le mot « classe » est féminin, et le féminin a ici une valeur neutre. Il pourrait en être autrement, cela ne change rien à rien.

Ce qui est valable en général l’est en particulier.

Quand on dit « Benjamin est une belle personne, particulièrement généreuse », la masculinité du Benjamin en question n’est aucunement niée ni remise en cause ; Benjamin n’est absolument pas discriminé ni « exclu » en tant qu’homme en raison de cette formulation. Il s’agit juste d’une règle de grammaire faisant qu’il faut accorder au féminin les adjectifs décrivant un nom féminin.

Il en est de même pour Louis XIV quand Jean-Baptiste Colbert s’adresse à lui dans leurs correspondances en disant « Elle ». Le contrôleur général des finances parle à la troisième personne à « Sa Majesté », qui est un mot féminin, mais cela n’a aucun rapport avec le sexe du Roi de France.

Tout cela est connu et admis de tout un chacun et ne pose aucun problème au quotidien. Le Français est une langue complexe et très élaborée, correspondant à une société elle-même particulièrement complexe et élaborée. Les membres de cette société ont tout à fait la capacité de faire la différence entre le genre neutre désignant des situations générales ou particulières et les genres féminin et masculin quand ils servent à désigner des personnes ou groupes de personne en raison de leur sexe. C’est quelque chose de très naturel.

Seulement, cela pose un problème énorme aux post-modernes, car ils sont littéralement obsédés par le fait déconstruire la société et l’unité de la société. Reflétant le libéralisme économique, ils veulent le libéralisme culturel et insistent ainsi sur l’identité. 

Cette mise en avant de l’identité passe par le rejet de ce qui a une signification universelle. Les post-modernes veulent toujours en revenir au particulier, ils veulent sans-cesse atomiser la société pour mettre en exergue les individus. Ils détestent donc cet usage grammatical du neutre dans la langue française : pour eux il faut sans cesse diviser la société entre hommes et femmes, même quand cela n’a aucun rapport avec le sujet.

Les post-modernes prétendent alors que la langue française est « excluante » vis-à-vis des femmes en raison de la règle grammaticale faisant que le masculin est le genre neutre par défaut. Ils prétendent que quand une université s’adresse aux « étudiants », elle « exclue » les étudiantes car celles-ci ne sont pas définies en particulier.

Les post-modernes ont alors inventé l’écriture « inclusive », pour marquer absolument leur besoin de compartimenter la société entre hommes et femmes, et surtout de séparer les « individus » au nom de leur reconnaissance.

Selon le principe de l’écriture « inclusive », une université doit ainsi écrire « les étudiant.e.s », pour bien marquer qu’il y a des étudiants qui sont des hommes et des étudiantes qui sont femmes, même si cela n’a aucun rapport avec le sujet.

On a alors le droit à tout un tas de mots dans les phrases où des points sont ajoutés pour intercaler le « e » du féminin et supprimer ainsi le masculin neutre. C’est illisible, et d’ailleurs l’écriture « inclusive » n’est jamais vraiment entièrement utilisée tellement c’est un sac de nœuds.

Les gens utilisant l’écriture « inclusive » sont concrètement tellement délirants, tellement en dehors de la réalité, qu’ils en arrivent à utiliser leur formulation « inclusive » y compris quand il n’est question que des femmes… C’est le cas avec l’Unef, ce syndicat étudiant qui était historiquement lié à la Gauche et qui est maintenant un bastion post-moderne, qui est capable d’écrire quelque-chose d’aussi absurde que :

« Victoire pour les étudiant.e.s, mise à disposition gratuite de protections périodiques pour les étudiant.e.s sur ton campus ! »

Absurde pour les matérialistes, mais plein de sens pour des gens maniant de manière fantasmagorique les notions de genre, de sexe, d’identité, depuis les universités et en tournant le dos au peuple, au mépris de l’Histoire.

On en arrive alors à un véritable massacre de la langue française et il est très impressionnant de voir à quel point ce massacre s’est imposé dans un nombre incalculable d’universités et d’institutions. Cela en dit long sur la décomposition et la décadence de la société française, incapable de préserver ce précieux patrimoine qu’est la langue de Molière.

La Gauche historique, qui est le Parti de la société, de l’Histoire, a ici une responsabilité énorme pour défendre la langue française contre les lubies post-modernes. Car qui dit société, dit civilisation, sinon c’est le retour à la barbarie. L’écriture inclusive est typiquement ce genre de barbarie anti-sociale que la Gauche doit dénoncer et combattre.

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Politique

Un «islamo-gauchisme» qui est en fait un clientélisme petit-bourgeois

La polémique sur « l’islamo-gauchisme » dans les milieux universitaires n’en finit pas.

L’appel de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, à enquêter sur « l’islamo-gauchisme » à l’université a provoqué une terrible onde de choc dans la petite-bourgeoisie intellectuelle. Il y a une avalanche de commentaires et de dénonciation de la ministre.

Il faut dire que c’est en quelque sorte un coup de poignard dans le dos. Les libéraux se sentaient tout à fait à l’aise avec Emmanuel Macron, ils ne comprennent pas ce qui se passe. Le Huffpost défend par exemple vigoureusement le président de la République, accusant Frédérique Vidal de s’en éloigner.

« Quels risques les travaux sur le post-colonialisme font-ils courir à la société française alors même que le Président Macron est justement en train de s’engouffrer dans ce courant en proposant une liste de nouveaux héros “issus de la diversité”, des anciennes colonies et des outre-mer pour que les maires puissent les honorer à l’avenir?

À la tête de cette commission, il nomme même l’historien spécialiste du post-colonialisme, Pascal Blanchard qui vient de rendre sa liste au Président. »

Sauf que le problème, c’est que la société française implose et l’État doit bien chercher à freiner le processus… qu’il encourage de l’autre. Le problème de l’État, ce n’est pas « l’islamo-gauchisme » comme courant de pensée post-marxiste jouant sur les identités : cela, il l’apprécie forcément, puisque c’est opposé à la lutte de classes. Il l’a toujours soutenu, laissant se développer ces courants dans les institutions universitaires.

Son souci, c’est la délégitimisation de l’ordre public par « l’islamo-gauchisme ». Car, aux États-Unis, où on est à la bourse aux idées et aux communautés, la concurrence est toujours dans le cadre des institutions. Il y a de très nombreux espaces pour cela et tout le régime américain, anti-démocratique par excellence, repose sur le principe des lobbys.

En France, ce n’est pas le cas. Cela apporte ce que le gouvernement a qualifié de « séparatisme ». Cela nuit donc aux institutions… Et il faut y mettre un frein ! D’où la position de la ministre, puisque cette nuisance vient d’une partie des institutions elles-mêmes : les universités, qui sont des bastions des conceptions « intersectionnelles », identitaires-communautaires.

Le terme d’islamo-gauchisme est d’ailleurs un concept visant à masquer cela, en limitant la question à un seul aspect, celui du rapport à l’Islam.

Au sens strict, le terme ne correspond qu’à une tradition trotskiste, celle du SWP anglais, dont la branche française « Socialisme International » / Socialisme par en bas visait par exemple au début des années 1990 à réaliser un bulletin des mosquées. Ou alors on peut prendre le philosophe Michel Foucault tombé en adoration devant la « révolution » islamique iranienne de 1979-1980.

En réalité, par islamo-gauchisme il faut comprendre l’ensemble des idéologies « post-coloniales », « décoloniales », « intersectionnelles », identitaires-communautaires, LGBTQ+, etc.

Il suffit de voir les faits. Tout au long des années 2000, la Gauche historique se fait lessiver par la « gauche » post-moderne. Il est bien connu que l’effondrement de l’UNEF, le syndicat étudiant historique de la Gauche (avec l’UNEF « SE » et l’UNEF-ID), converge avec sa transformation en « mouvement de jeunesse » post-moderne.

L’UNEF n’a pas été le seul mouvement gangrené : c’est arrivé en même temps au syndicat CNT, qui a littéralement été déstructuré par cette lame de fond, dont le « Parti des indigènes de la République » a été l’un des grands vecteurs.

Entre anticommunisme forcené et fascination petite-bourgeoise pour les séparations, les micro-entités, il y avait tous les ingrédients pour la systématisation des valeurs post-modernes.

C’est donc très différent du concept d’ « islamo-gauchisme », inventé formulé par Pierre-André Taguieff au début des années 2000, au sujet de :

« Une alliance militante de fait entre des milieux d’extrême gauche se réclamant du marxisme et des mouvances islamistes de diverses orientations (Frères musulmans, salafistes, djihadistes). »

Ce n’est pas du tout de cela qu’il s’agit. Cette alliance militante n’a d’ailleurs jamais vraiment existé, c’est un fantasme alter-mondialiste ou une invention de l’extrême-Droite. En réalité, il y a simplement une convergence entre les courants post-marxistes, post-anarchistes, et les mouvements identitaires-communautaires, le tout sur une base petite-bourgeoise.

C’est du clientélisme, de la reconnaissance affinitaire, de l’agitation petite-bourgeoise. Pour la « gauche » post-moderne, la lutte des classes n’existe pas : il y aurait une « lutte des places » de la part d’individus. Ces structures considèrent d’ailleurs leur public comme des clients qu’il faut gagner à coups d’actions spectaculaires, des réseaux sociaux, des mobilisations irrationnelles, etc.

Forcément, cela sort du cadre en France où le libéralisme libertaire n’est pas aussi puissant qu’aux États-Unis ! Et c’est le sens de la question actuelle de « l’islamo-gauchisme ».

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Politique

La Loi de Programmation de la Recherche contre la démocratie étudiante

Une nouvelle loi concernant l’université interdit de facto les Assemblées Générales. Cela reflète la marge de manœuvre du libéralisme pour façonner l’université, en l’absence de conscience et d’organisation étudiantes conséquentes.

Le 9 novembre 2020, une loi sur l’enseignement supérieur est passée, elle entend amener des changements dans l’Université. Outre le fait que celle ci soit dénoncée comme rendant encore plus difficile la recherche, il y a un article anti-démocratique, que même la Droite la plus dure n’osa pas passer historiquement.

En effet, un des articles de la loi stipule la chose suivante :

« Le fait de pénétrer ou de se maintenir dans l’enceinte d’un établissement d’enseignement supérieur sans y être habilité en vertu de dispositions législatives ou réglementaires ou y avoir été autorisé par les autorités compétentes, dans le but de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l’établissement, est passible des sanctions définies dans la section 5 du chapitre 1 du titre III du livre IV du code pénal. »

En clair, cela reviendrait à une « intrusion dans un établissement d’enseignement scolaire ». Or, lors d’Assemblées Générales à l’université, il est fréquent que des étudiants d’autres universités participent, de lycées environnants ou encore de travailleurs venus à l’invitation de l’assemblée générale. Sans parler de jeunes désœuvrés, plus ou moins militants ou activistes.

On sait bien évidemment que ces Assemblées Générales ne sont bien souvent, voire la plupart du temps, que des fictions militantes. Mais là c’est la possibilité même d’une véritable Assemblée Générale qui est bloquée.

On doit d’ailleurs noter que les courants gauchistes faisant de pseudos Assemblées Générales culminant en folklore pseudo-radical et nihiliste, avec un vandalisme et un sectarisme érigés en ligne « révolutionnaire », ont joué un très mauvais jeu permettant une telle loi particulièrement agressive.

C’est que les peines encourus sont importantes ; une personne seule, risquera jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 45 000€ d’amende, les personnes venues en groupe risqueront jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende.

D’autres peines sont également encourus : l’interdiction des droits civiques, civils et de familles ou encore l’interdiction de séjour. Autant dire qu’il s’agit de casser la possibilité de tout mouvement étudiant, mouvement étudiant qui en France a souvent joué un rôle important, car comme le dit l’adage les jeunes c’est comme le dentifrice : une fois sortis (dans la rue) ils ne rentrent plus.

Les étudiants ne se sont pour l’heure pas organisé contre cette loi, et pour cause ! L’Université n’étant pas en dehors de la société, elle est à l’image de celle-ci, pétrie dans le libéralisme ambiant, avec le laisser-aller et le repli sur soi. Il faudrait un syndicat étudiant qui assume d’être tourné vers le monde du travail et réfute de se prétendre un « mouvement de jeunesse » ou bien un simple cadre corporatiste.

Il faudrait un syndicat étudiant qui aborde la vie quotidienne : rien qu’en réclamant des plats végétaliens dans tous les restaurants universitaires il y aurait déjà une base revendicatrice ! Tout cela demande cependant d’être en phase avec son époque. C’est l’une des tâches des gens n’ayant pas oublié ce qu’est la Gauche historique.

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Le 86e congrès de l’UNEF du 6 au 8 décembre 2019

Le syndicat étudiant UNEF, historiquement une véritable usine à cadres pour la Gauche, va tenir son 86e congrès alors qu’elle est à un tournant. Elle a perdu en effet son approche historique d’organisation de masse pour devenir pratiquement une structure politique de la « Gauche » postmoderne, avec une démarche très sectaire.

Le 86e congrès de l’UNEF a lieu du 6 au 8 décembre 2019 à Lille, alors que l’organisation est en perte de vitesse dans la jeunesse depuis plusieurs années et est même passée au second plan dans les institutions étudiantes derrière la FAGE.

L’UNEF a rompu en effet avec la tradition de la Gauche historique – avec ses innombrables débats de tendance et ses liaisons avec les partis politiques – et ses militants agissent littéralement comme ceux d’une organisation politique avec des revendications ultra-minoritaires et sectaires.

Si les éléments les plus radicaux allant en ce sens sont parties – formant en mai 2019 la Fédération syndicale étudiante l’orientation de ce type reste hégémonique et l’organisation risque pas moins que l’auto-destruction.

Les seules réponses à la crise qui sont proposées par les quatre tendances en prévision du congrès sont en effet la fuite en avant dans les thématiques « minoritaires » propres à la « Gauche » postmoderne ainsi qu’une puissante décentralisation.

La Tendance Action Syndicale (TAS), la Tendance Action Collective et Luttes Étudiantes (TACLE) et la Tendance Réformiste pour une Alternative Démocratique et Écologiste (TRADE) ne parviennent de toutes façons pas à peser sur la Tendance Majorité Nationale. Celle-ci dispose de la majorité depuis 2001 et provient même de la fraction majoritaire dans l’UNEF-ID, lié au Parti socialiste, depuis 1994.

Pour comprendre à quel point c’est l’échec, il suffit de regarder le programme de la Tendance Action Syndicale (TAS). Rien que la première page dispose d’une demi-page de notes en petits caractères pour expliquer des concepts comme crise du capitalisme, matérialisme dialectique, fascisme, capitalistes, État, crise politique/économique.

Tout cela est indéniablement important, intéressant, on ne peut pas en disconvenir. Mais s’imaginer que c’est le lieu pour cela ou que des notes en petits caractères vont élever le niveau idéologique, politique, c’est de l’ultra-gauchisme, purement et simplement.

Il en va de même pour la Tendance Action Collective et Luttes Étudiantes (TACLE), liée au NPA, qui nie totalement que la poignée d’activistes étudiants est totalement marginalisée chez les étudiants et s’imagine représenter une minorité politique à deux doigts de la prise du pouvoir :

« Nous avons donc une responsabilité, celle d’être une génération forgée à la chaleur de l’affrontement à ces attaques et à ce gouvernement capitaliste. Une génération militante formée, forgée et construite dans les Assemblées Générales massives contre la loi ORE, dans les grèves, dans les blocages, dans les manifestations massives, dans les actions coups de poing. »

La Tendance Majorité Nationale n’échappe à cette lecture fantasmée et décalée ; voici les premières lignes de son document :

« «La plus grande gloire n’est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque chute»

Nelson Mandela

Introduction: Etats-Unis, Brésil, Grande-Bretagne, Inde, Italie… Les forces réactionnaires et d’extrême-droite n’ont cessées de gagner du terrain ces dernières années aussi bien par la voie 8électorale que sur le plan des idées.

Pendant que le Brésil de Bolsonaro se referme sur lui-même, sacrifie l’Amazonie au nom de sa politique, coupe drastiquement sur le financement de l’enseignement supérieur et impose des lois homophobes, l’Inde persécute les personnes musulmanes de la région du Cashemir.

Néanmoins les populations mondiales ne restent pas silencieuses, et s’élèvent pour exiger démocratie et justice sociale: Algérie,Soudan, Hong Kong, Turquie etc. ici aussi la liste est longue. »

La Tendance Réformiste pour une Alternative Démocratique et Écologiste (TRADE) propose quant à elle l’abandon de tout projet global et un fédéralisme permettant une autonomie complète.

« Adopter une approche Bottom-Up : décentraliser

Notre organisation se doit d’être plus humble et de revenir à une structure décisionnelle locale, avec le développement de tracts locaux, de chartes graphiques locales. L’Unef se réalisera pleinement lorsqu’elle fera la somme de ses racines en un tronc commun et non pas en imposant à une multitude de branchages une seul voie. C’est l’appauvrissement des idées et des moyens d’actions qui nous touche par l’incapacité à renouveler nos méthodes militantes.Il faut accorder un poids plus important aux sections locales en leur accordant une autonomie accrue. »

On l’a compris : la majorité veut faire comme avant, les autres tendances exigent l’autonomie des sections, alors que dans tous les cas les seules valeurs communes sont un activisme estudiantin avec des thématiques telles l’écriture inclusive, les revendications « LGBT+ », etc.

Alors que la seule solution, pour que l’UNEF se maintienne et se reconstruise, est un retour aux fondamentaux, aux enseignements de l’UNEF-ID et de l’UNEF (dite « SE ») des années 1980, avec une cessation de la prétention à être ce qu’elle n’est pas : une organisation politique.

L’UNEF ne peut exister que comme mouvement de masse ; qu’il y soit parlé politique et que la politique décide, tant mieux, car le syndicalisme en soi n’aboutit à rien. Mais la négation du syndicalisme, sa transformation en un jeu « hyper-révolutionnaire » ultra-minoritaire se mettant sur le même plan que le monde du travail, c’est de la simple vanité et surtout un suicide.

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Politique

La réponse de la présidente de l’Unef Mélanie Luce à la scission

Dans un article publié sur un blog Médiapart, la présidente de l’Unef Mélanie Luce répond à l’importante minorité qui a quitté la structure récemment pour en former une nouvelle. Elle leur reproche de « jeter l’éponge », alors que le congrès se profile pour le mois de décembre et qu’elle propose de reconstruire le syndicat de manière unitaire.

Ce qu’elle dit va cependant dans le même sens apolitique que ces derniers, qui disaient refuser « d’être la “maison commune de la gauche” sur les établissements d’enseignement supérieur. »

> Lire également : La scission au sein de l’UNEF

Elle propose pour sa part d’assumer un syndicalisme apolitique, quasiment corporatiste.

On retrouve le même état d’esprit dans les deux longs documents bilan et projet publiés hier en vu des élections au Conseil National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, où l’Unef assument totalement sa participation institutionnelle et entends accroître son rôle au sein des institutions universitaires .

Voici l’article de Mélanie Luce :

« De l’urgence de renouveler le syndicalisme étudiant

L’éducation, et ainsi l’enseignement supérieur, constitue un pilier central de notre société. Pourtant celui-ci est dans un état déplorable. Nos universités censées permettre à chaque jeune, quelle que soit son origine sociale son genre ou identité de genre, sa couleur de peau ou encore son orientation sexuelle, de se former et de s’émanciper continuent de reproduire les inégalités. Seul∙e∙s 7% des étudiant·e·s en master sont enfant d’ouvrier·e·s. Si nos universités se sont un temps massifiées, nous constatons depuis de trop nombreuses années que l’ascenseur social est en panne. Pire, la politique mise en œuvre par le gouvernement actuel ne fait qu’alimenter cette crise de l’élévation sociale. En rupture avec l’objectif même de notre enseignement supérieur, Emmanuel Macron ne cesse de fermer progressivement les portes de nos établissements sans jamais répondre aux véritables enjeux auxquels nos universités sont confrontées (manque de budget, refonte nécessaire de nos pédagogies, concurrence entre des établissements censés avoir un seul et même objectif : former les générations de demain). A l’inverse, il fait des étudiant·e·s la variable d’ajustement d’une politique néfaste pour nos universités et notre société.

A l’heure où beaucoup remettent en cause le rôle des organisations syndicales, je suis convaincue qu’elles restent le meilleur outil pour organiser les populations qu’elles représentent. En effet, à l’heure où les jeunes sont taxés d’individualisme exacerbé, ne s’engageraient pas assez d’après certain·e·s, de manière trop extrême d’après d’autres, seul un syndicat à leur image peut capter ces nouvelles formes d’engagement. A l’heure où les étudiant·e·s voient leurs droits s’amenuiser et la précarité étudiante progresser et face à un gouvernement qui a tourné le dos à la démocratisation de l’enseignement supérieur sans l’assumer et qui refuse d’écouter toute contestation, le meilleur outil pour faire avancer et défendre nos droits, c’est un syndicat étudiant fort qui rassemble autour d’un projet.,

Le syndicalisme étudiant est en pleine évolution. Nous devons nous demander : quel type de syndicalisme pour agir au mieux ? Quelles instances démocratiques ? Quelle place à chacun·e en son sein ? L’UNEF a traversé de nombreuses périodes difficiles, elle est affaiblie par sa place de deuxième organisation étudiante et ses crises internes. Dans ce contexte certain·e·s font le choix d’abandonner et de morceler le mouvement étudiant en imaginant qu’un nouvel organe résoudra tout. Pourtant le morcellement est la pire des solutions. Une nouvelle organisation ne change rien si nous ne faisons pas évoluer nos pratiques. Si certain·e·s préfère jeter l’éponge et se rassurer derrière l’artefact de la nouveauté, je me refuse à accepter la prétendue fatalité d’une fuite en avant, à accepter qu’il faille être toujours plus radical pour se faire entendre, à accepter la résignation et l’action individuelle comme seules issues face au gouvernement. Je refuse de renier la bannière syndicale, outil historique de lutte pour nos droits. Je suis à l’inverse convaincue que nous devons le reconstruire, le faire avancer.

Pour reconstruire le syndicalisme étudiant, nous devons nous appuyer sur un syndicat qui a des bases solides. La première : celle de n’avoir qu’une boussole, l’intérêt des étudiant∙e∙s, qu’un seul propriétaire, ses adhérent·e·s. L’UNEF doit s’appuyer sur ses fondations, ce qui fait sa force, c’est-à-dire, un projet : garantir l’accès et la réussite de tou·te·s dans les études supérieures quel que soit les déterminismes sociaux qui nous touchent et permettre l’émancipation de chacun·e, une volonté : rassembler les étudiant·e·s derrière ce projet, et une démarche : utiliser tous les outils pour nous faire entendre (aussi bien la mobilisation que notre place dans les instances).

D’après certain·e·s, nous devrions renier ces mêmes fondations. Nous ne devrions plus être la « maison commune de tou·te·s les étudiant·e·s » et ainsi nous adresser qu’à certain∙e∙s d’entre nous. Au contraire, je dis que c’est la seule issue. Notre condition sociale, nos aspirations nous unissent, ne laissons pas les divisions s’installer ! Acceptons les débats internes tant que ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous divise ! Ce qui fait la force de l’UNEF, c’est aussi notre capacité à nous saisir de tous les cadres pour nous faire entendre (aussi bien de la mobilisation que de notre place dans les instances et ainsi des élections) et notre indépendance vis-à-vis des partis politiques, des syndicats professionnels, de l’administration. Ces éléments sont la clef de voute d’un syndicat qui n’appartient qu’à ses adhérent·e·s.

Au-delà de nos fondations, reconstruire le syndicalisme étudiant passe également par regarder vers l’avenir. Nous devons nous poser les bonnes questions pour trouver les bonnes réponses. Notre défi est celui de redonner envie aux étudiant·e·s de s’engager dans le syndicalisme et de donner leur avis sur ce qui se passe dans leurs universités, nous devons redonner confiance dans l’efficacité et la force que nous avons quand nous agissons tou·te·s ensemble. Il devient essentiel de démontrer l’utilité concrète de l’action syndicale, de permettre à tou·te·s les étudiant·e·s de se saisir du syndicat pour défendre leurs droits, d’adapter nos modes d’actions aux enjeux actuels et de répondre à l’envie croissante de démocratie dans l’ensemble des pans de notre société. Voilà les défis que nous avons à relever !

Faire avancer les droits des étudiant·e·s, lutter contre la précarité et pour l’accès de tou·te·s aux études supérieur, lutter pour une société et un enseignement supérieur qui s’engage pour la transition écologique, lutter contre les discriminations doit passer par ces réflexions si nous voulons être efficace. Ces questions transcendent l’ensemble du mouvement social et nous n’avons pas la prétention d’y répondre seul·e·s. C’est un processus long et un travail que nous avons engagé depuis longtemps et auquel chacun·e doit pouvoir participer. Le congrès de l’UNEF qui aura lieu en décembre doit nous permettre d’apporter certaines réponses, de repenser nos pratiques syndicales et de permettre à tou·te·s les étudiant·e·s qui le souhaitent d’avoir voix au c

«

hapitre. Dans cet objectif nous permettrons à chaque militant·e·s, adhérent·e·s, étudiant·e·s membres de l’UNEF ou non de s’exprimer sur la feuille de route que doit avoir l’UNEF pendant les deux prochaines années dans le cadre de notre congrès.

Les enjeux sont nombreux. Nous sommes dans une période charnières, nous ne pouvons laisser le gouvernement détricoter nos droits, nos universités se dégrader, leurs portes se refermer et continuer à regarder celles-ci passer à côté de l’enjeux essentiel qu’est la transition écologique. C’est notre quotidien et notre droit à l’avenir qui sont en jeu : ce combat est celui de tou·te·s les étudiant·e·s !

Mélanie Luce, Présidente de l’UNEF »

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Politique

Attaques fascistes à l’université : le libéralisme a concédé un espace à l’extrême droite

Christine Hugon est une enseignante titulaire de l’Université de Droit de Montpellier, spécialiste du Droit privé. Montpellier compte en réalité trois Universités et celle-là fait souvent office de bastion de la réaction, comme souvent c’est malheureusement le cas dans les Universités ou les Facultés de Droit de notre pays.

Christine Hugon est aussi par ailleurs l’animatrice d’une association qui promeut la pratique aristocratique de la monte à cheval selon la technique dite de « l’Amazone », qui s’accompagne de tout un dressage et surtout de tout un style qui exprime de part en part la Réaction.

Elle a exprimé sur France Info cette phrase suite aux violences d’il y a quelques jours à Montpellier, lors d’une tentative d’occupation d’un amphithéâtre dans l’Université de Droit par des étudiants majoritairement venus de l’Université Paul-Valéry, bastion de l’extrême-gauche étudiante locale :

« Il y a des gens qui votent extrême droite et qui sont à des années lumières de ces millices » (France Info, 30 mars 2018)

Qu’une femme qui appartienne à la bourgeoise la plus étroite, avec un tel niveau d’éducation, puisse assumer de tels propos en dit long sur l’hégémonie culturelle qu’a gagné l’extrême-droite dans la région de Montpellier.

Il nous faut bien comprendre ce qu’il y a de totalement inacceptable dans une telle affirmation. Déjà, nous en sommes aujourd’hui au point où la Réaction ne se contente plus d’une opposition par le vote ou le jeu électoral : elle est en position de pouvoir tabasser avec l’appui des institutions : en Picardie les militants anti-chasse à courre d’AVA en février et à Montpellier.

Et ces attaques n’ont rien de phénomènes isolés, ou marginaux, ils s’inscrivent dans toute une tendance, même un processus, de radicalisation de l’extrême droite.

Il nous faut ainsi relever l’attaque coordonnée du 26 mars dernier contre une AG d’étudiants à Lille 2, où une vingtaine de militants d’extrême droite a tabassé les étudiants qui quittaient l’assemblée, se sont repliés avant l’arrivée de la police puis ont revendiqué l’agression sur un compte Twitter qu’ils ont supprimé pour ne pas se faire identifier personnellement.

A l’Université de Paris I, sur le site Tolbiac, bloqué par des étudiants qui tentent d’occuper les lieux sur la durée, une milice d’extrême droite, la « Cocarde étudiante » a pourtant tenté un véritable coup de force en débarquant en pleine AG à 10h du matin.

Si l’attaque a pu être repoussée par la foule, les militants d’extrême droite n’ont pas hésité à porter des coups. Le même site d’ailleurs a été visé quelques jours plus tôt par une attaque plus ciblée sur le bureau de l’Union des Etudiants Juifs de France, vandalisé avec des inscriptions antisémites.

A Paris toujours, au lycée autogéré dans le XVe arrondissement, cette fois c’est un faisceau armé de barres de fer, se revendiquant du GUD, groupe qu’il est inutile malheureusement de présenter et dont ce n’est d’ailleurs pas la première attaque sur ce lycée, qui a forcé l’entrée de l’établissement pour s’attaquer à deux élèves.

Cette opération de terreur s’est accompagné là aussi de gestes de revendications explicites comme des saluts nazis et des injures homophobes contre les victimes. A Strasbourg aussi où une vingtaine de militants liés au « Bastion social » de l’Arcadia a tabassé six étudiants à proximité du Palais Universitaire, siège d’un mouvement de contestation d’étudiant, en revendiquant leur agression ouvertement, où une étudiante a ainsi témoigné :

Pauline, elle, na rien dit à sa famille. Ses parents ne comprendraient pas. Ils vivent «dans un bled», «ont voté FN aux dernières élections». Les policiers lont «traitée comme une petite fille capricieuse», dit-elle : «J’étais paniquée et on ma dit que si je ne me calmais pas, c’était tant pis pour ma déposition.» (Libération, 29 mars 2018)

Voilà le résultat de l’aveuglement libéral sur l’extrême droite et la de la dénégation des électeurs qui en soutiennent les partis institutionnels. L’union, la confiance au sein des familles même se brise, la société libérale est ébranlée, épouvantée, paralysée. Alors elle nie.

Même les policiers cherchent à décourager la victime, à la faire taire, à ne pas pousser à une enquête, exprimant finalement leur volonté de ne pas réprimer.

C’est inacceptable. Mais c’est malheureusement inévitable, le libéralisme va être débordé par l’extrême droite et sa violence. Que veulent donc les gens qui votent à l’extrême droite sinon les milices et le terrorisme ? Que croit sérieusement une personne comme Christine Hugon, pour en revenir à elle quand elle affirme une phrase aussi « naïve » ? Quand elle ajoute même :

« Ils avaient des planches de cagettes, j’ai cru que c’était des battes de base-ball. Ils ne frappaient pas sur la tête. S’ils avaient voulu frapper fort à deux, l’étudiant serait inerte. C’étaient des coups qui étaient retenus. »

On voit qu’on est dans l’hypocrisie, la négation pure et simple de la violence concrète, des faits.

Christine Hugon tente ainsi tout à la fois de séparer les électeurs d’extrême droite des militants de groupes violents, et de minimiser la violence de ces mêmes groupes. Christine Hugon n’est sans doute pas une militante d’extrême droite, peut-être a-t-elle des sympathies pour celle-ci ou certaines de ces idées, mais elle est avant tout une bourgeoise libérale, probablement conservatrice sur les bords, mais certainement pas quelqu’un qui cautionne la violence.

Mais la voilà face à la réalité, complètement dépassée. Ce n’est pas là ce qu’elle voudrait, mais c’est là ce qui est. L’arbre préfère le calme, mais le vent continue de souffler. Christine Hugon, tout comme la société bourgeoise libérale est en train d’être dépassé par ce qui se passe.

C’est le sens de ce qu’a voulu exprimer Christine Hugon : la violence, brutale, directe et choquante, son esprit personnel la rejette, tout comme elle pense qu’on puisse voter pour l’extrême droite sans que cela ne puisse avoir de conséquences politiques concrètes.

Ni les contradictions, ni l’antagonisme ne sont franchement perçus, assumés ou même pris au sérieux. Il s’agirait d’exprimer une opinion, donner son avis et même faire valoir sa « liberté ». On pourrait ainsi choisir de voter pour l’extrême droite sans devoir se sentir responsable des violences que celle-ci commet en fin de compte. Cela ne saurait être que des « incidents », sans responsabilités collectives.

Le libéralisme a concédé un espace à l’extrême droite, et depuis elle a gagné des positions, produit une culture, diffusé un style. Certes, elle n’avance pas unie, cependant il en va souvent ainsi historiquement et la logique des faisceaux est de toute façon à la base même de sa vision du monde et de ses conceptions politiques.

Tout cela est sérieux, l’extrême droite ne veut pas du libéralisme, elle ne veut pas de la démocratie bourgeoise, elle dit et elle veut le pouvoir précisément pour l’abattre, pour changer la société.

Et ses forces grandissants à mesure que décline le libéralisme bourgeois sous le poids de ses contradictions, elle ne s’embarrassera pas des règles ou des élections, du moins pas ses groupes les plus virulents, qui vont accentuer la pression.

Les gens qui votent à l’extrême droite sont peut-être pour certains a des années lumières de saisir cela, mais parce qu’ils sont encore libéraux d’esprit et parce qu’au fond donc, ils ne prennent pas au sérieux l’extrême droite.

Mais l’extrême droite, ce sont les milices, la violence, le tabassage des opposants, l’embrigadement des esprits.

L’extrême droite ne voit le peuple que comme un appui à sa prise de pouvoir, ne rêve que de « l’ordre », de désarmer et d’assécher la société civile, d’écraser la Gauche.

L’extrême droite veut le pouvoir et elle assume et assumera de plus en plus ouvertement la violence, et cela, ses scores électoraux, même s’ils ne concernent que des partis établis et reconnus comme le Front National, en sont bien sûr la caution, l’appui. Ne pas le comprendre, c’est faire preuve d’ignorance ou pire, d’aveuglement.

Un tel niveau de dépolitisation tel qu’on le connaît en tout cas montre l’ampleur du vide de la culture politique en raison de l’hégémonie libérale. Certes, l’Etat, qui refuse formellement cette violence, a réagi fermement à Montpellier en poussant la justice contre les complices de ces agressions : un enseignant, Jean-Luc de Boissezon et même le doyen Philippe Petel, tout deux mis en examen. Mais ces complicités sont en elles mêmes un état des lieux.

Et de par sa nature – imbriqué dans l’élite sociale et économique, façonnée par la bourgeoisie, de fait à son service – l’Etat ne peut pas aller jusqu’au bout de sa prétendue neutralité.

Tout cela ne suffira pas donc pas à enrayer la tendance à la radicalisation de l’extrême droite. La tâche historique de la Gauche est de le comprendre et de lui faire face.

Il nous faut étudier l’extrême droite, il nous faut lui répondre, mais plus seulement dans le débat libéral : dans la lutte. Il nous faut produire nos analyses, les diffuser massivement, constituer des bases démocratiques pour rassembler le plus grand nombre face à l’extrême droite et ses milices.

Il nous faut un haut niveau d’exigence intellectuel, une conscience de l’histoire de la lutte des classes dans notre pays. C’est cela faire face à l’extrême droite, c’est cela assumer avec un contenu, une maturité prête à l’engagement anti-fasciste, pour défendre et étendre la démocratie authentique (dont on est toujours plus éloigné), en rompant avec le libéralisme.