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Écologie

Le dossier complet des «marches des terres» contre l’urbanisation en Île-de-France

L’écologie est forcément une question globale, avec en premier lieu le réchauffement climatique et les émissions mondiales de CO2. Mais c’est aussi une question se posant chaque jour sous nos yeux partout en France, avec l’étalement urbain.

Zones humides, terres agricoles, prairies, forêts, friches urbaines : au 21e siècle le capitalisme est toujours en expansion, il ne cesse jamais de s’étaler en bitumant le pays. L’Île-de-France est particulièrement concernée par l’étalement urbain, cette folie morbide, comme si la région parisienne n’était pas déjà un monstre contre-nature.

Alors c’est un véritable crève-cœur de constater la faiblesse des « marches des terres » ayant eu lieu ce samedi 9 octobre 2021. Depuis le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest de la région, quatre départs de marches étaient organisés pour converger à Paris ; les marches n’ont rassemblé que quelques centaines de personnes.

Où sont ces soit-disant « jeunes pour le climat » dont les médias se gargarisaient il n’y a pas si longtemps ? Pourquoi les jeunes franciliens ne sont pas terrifiés et révoltés par l’avenir qui leur est dessiné ? Les « marches des terres » ne font peut-être pas rêver dans leur forme et par la perspective qu’elles proposent. Mais on ne pourra pas leur reprocher par contre de ne pas être concrètement attaché à leur sujet.

En l’occurrence, il y a un vrai travail de fond qui est mené, et la documentation proposée par le collectif d’associations au sujet de l’artificialisation des sols en Île-de-France est très dense et minutieuse. C’est, pour le dire autrement, tout l’inverse de l’immédiateté consommatrice et superficielle d’Instagram ou Tiktok. Mais c’est de ce genre de document dont on a pourtant besoin pour la nécessaire réflexion afin de mener correctement la bataille pour l’écologie.

Le document est disponible sur le site du collectif à cette adresse : les-marches-des-terres.com


Le voici également ci dessous (faire apparaître les boutons de navigation pour changer de page) :

2021-10-09-dossier-de-presse-Marches-des-Terres

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Politique

Pas de « jour d’après » dans le béton

Il suffit de voir les réactions, les commentaires, les positions des uns et des autres pour s’apercevoir que l’idée se généralisant, c’est que tout va redevenir comme avant. C’est là le reflet pur et simple du capitalisme qui s’imagine inébranlable. Seule une Gauche « alternative », critique de la vie quotidienne, peut être à la hauteur des immenses enjeux. On ne peut pas imaginer « un jour d’après » sans assumer qu’il faut tout changer et supprimer tout ce béton qui engloutit l’humanité.

Même des gens très à gauche pensent que ce qui compte, c’est « le jour d’après ». Ce faisant, ils s’imaginent en rupture avec le capitalisme. Sauf que ce n’est pas vrai, au contraire. Considérer que le capitalisme va continuer comme avant, qu’il va reprendre là où il en a été, que tout cela n’a été qu’un intermède… tout cela c’est accepter ce que s’imagine le capitalisme lui-même !

Car le capitalisme s’imagine incontournable, seul au monde, existant pour l’éternité. Une grande partie de la Gauche l’a accepté elle-même puisqu’elle se présente désormais comme « anticapitaliste », ou encore « altermondialiste » pour utiliser un terme passé de mode. L’idée d’une société non capitaliste, c’est-à-dire socialiste… a littéralement disparu, ou presque.

Tout est pensé par rapport au capitalisme, à travers lui, contre lui si l’on veut, mais finalement jamais sans lui. Il y a un asséchement complet du sens de l’utopie. La preuve, c’est qu’il n’y a plus aucune considération esthétique. Or, qui pense à un monde de demain… pense à quoi il va ressembler, à comment on va y vivre, s’y épanouir.

Naturellement, quand on pense à tout cela, on imagine mal des abattoirs, des centrales nucléaires, du béton à n’en plus finir, des ronds points et encore des ronds-points. Voilà pourquoi les gilets jaunes ont bien été un mouvement réactionnaire : ils n’ont strictement rien proposé. Ils ne pouvaient pas. Leur identité n’a pas dépasse les ronds-points.

Pareillement, la majorité des jeunes se revendiquant très à gauche considère comme « populaire », authentique, alternatif, de manger des kebabs. Quant aux jeunes en général, le McDonald’s leur semble un lieu de paix sociale, un véritable havre paix communautaire, nullement un cauchemar civilisationnel.

Et comme, finalement, personne ne veut se remettre en cause dans sa vie quotidienne, il est bien pratique d’imaginer « un jour d’après »… qui soit seulement le jour d’après le jour d’hier, comme si aujourd’hui n’avait pas existé, comme si la crise sanitaire n’avait été que passagère, comme si elle n’allait rien changer, comme si elle ne pouvait rien changer.

On peut pratiquement deviner ce que les Grecs et les Romains avaient comme considération au moment de la fin de leur civilisation : strictement aucune. Ils pensaient que tout continuerait comme avant. Et les Français du début du 21e siècle sont pareils. Pour eux, le capitalisme n’a pas du tout atteint une limite, la bétonnisation du monde n’est pas en jeu dans tout ce qui se passe.

Il y a une incapacité fondamentale à avoir de l’envergure, à dépasser sa propre petite expérience. Le maximum atteint, c’est le rêve zadiste, qui ne diffère en rien du rêve de la petite propriété. L’idéologie de la petite propriété revient en force d’ailleurs, en se présentant comme un modèle idéal pour une période comme celle du confinement. Plutôt que de voir les drames d’une civilisation, on se focalise sur soi et on se veut bien tranquille dans un petit jardin !

Il faut tabler sur une nouvelle génération qui ne voudra pas périr en même temps qu’un modèle de civilisation qui a échoué, précisément parce qu’il a réussi !

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Écologie

Corse: une villa construite illégalement dans une baie protégée détruite à l’explosif

Une villa de 240 m² a été détruite à l’aide de bonbonnes de gaz dans la nuit de jeudi à vendredi 20 décembre 2019 en Corse, sur la commune de Bonifacio. La gendarmerie a parlé de dégâts « importants à très importants ». Elle a été construite illégalement par le riche homme d’affaire Pierre Ferracci, qui est connu pour être proche d’Emmanuel Macron et est par ailleurs président du Paris FC, un club de football professionnel évoluant actuellement en Ligue 2.

La construction de la villa de Pierre Ferracci, et d’une autre à côté autour d’une piscine, est au cœur d’une intense polémique en Corse, parce que cela a été fait en toute illégalité dans un endroit censé être protégé. Les villas sont situées sur la pointe nord de la baie de Rondinara, abritant une plage formant tout un ensemble réputé pour sa beauté naturelle.

Cela avait logiquement provoqué de la colère avec de nombreuses manifestations demandant leur destruction, ainsi que des actions en justice intentées par les association de défense de l’environnement U Levante et ABCDE.

En juillet 2017, l’homme d’affaire avait été condamné en appel à un million d’euros d’amende pour travaux hors permis de construire, sans que la destruction des villas et de la piscine ne soient ordonnée. Cela fût vécu comme une provocation et un déni de justice.

Les associations avaient très bien résumé l’enjeu dans leur communiqué d’alors, dénonçant une jurisprudence dangereuse :

« Si une famille puissante (financièrement et relationnellement) se permet de construire, sans permis, dans un lieu protégé, vierge, sans respecter l’arrêté interruptif de travaux qui lui a été signifié et n’est condamnée qu’à une amende (faible comparée à la valeur estimée des deux villas), sans obligation de détruire, la porte s’ouvre pour une bétonisation illimitée de lieux, pour l’instant indemnes, par des personnes fortunées qui se moqueront d’avoir à payer une amende. »

Le club « la Gauche autonomiste » avait eu une analyse similaire, expliquant dans un communiqué que cela revenait à :

« la possibilité accordée aux plus fortunés de prendre des libertés avec les normes de constructibilité, pour peu qu’ils soient en capacité de supporter le coût d’une forte amende. »

Sous la pression des recours, la Cour de cassation avait annulé la condamnation au début de cette année et ordonné un nouveau procès, devant se tenir dans les mois prochains. Tout cela est très lent et incertain, et en attendant les villas existent en toute impunité depuis 2010 (2013 pour la seconde).

Il y a donc eu un acte fort dans la nuit de jeudi à vendredi, avec la pose d’engins explosifs dans les villas ( une seule ayant été détruite selon la gendarmerie).

Ce genre de destruction de villa est loin d’être une première en Corse bien sûr, la question des personnes riches colonisant le littoral y étant un sujet majeur. Il ne faudra surtout pas ici tomber dans la caricature typique, faisant des Corses des chauvins mafieux et poseurs de bombes à tout va. On voit bien avec cette affaire que c’est de bien plus que cela qu’il s’agit.

La justice est sabordée, au mépris de la nature, mais aussi régulièrement au mépris de la culture du peuple corse devant se soumettre à l’industrie touristique et aux désirs de personnes très riches.

Notons d’ailleurs que le président de l’Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni a déclaré hier la Corse en « état d’urgence climatique et écologique » (une déclaration symbolique, la ville de Paris ou le Canada ayant déjà fait la même chose par exemple), mais avec un discours écologiste se voulant engagé, appelant la population à la défense de l’environnement corse et méditerranéen.

Il y assume d’ailleurs, le lendemain même de l’explosion d’une des villas de Pierre Ferracci, que « la Corse a toujours su se mobiliser pour défendre son environnement et celui de la Méditerranée », en citant notamment les :

« actions clandestines qui ont empêché la bétonisation de notre littoral et cela, les Corses le reconnaissent, y compris ceux qui ne sont pas nationalistes. »

C’est une prise de position très forte, qui en dit long sur l’état d’esprit pouvant exister sur l’île, avec une population largement déterminée pour ne pas laisser le littoral aux mains des richissimes bétonneurs, alors que dans le même temps l’érosion du littoral à cause du changement climatique est de plus en plus préoccupante.

Les défis démocratiques sont nombreux en Corse, et seul un mouvement populaire peut réellement y faire face.

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Écologie

«Comment peut-on promouvoir un pareil urbanisme dans le contexte de crise climatique actuel ?»

Voici une tribune initialement publiée par Le Monde d’Albert Levy, chercheur associé au laboratoire Laboratoire Architecture, Ville, Urbanisme, Environnement du CNRS (Université Paris Nanterre). Il y explique avec des arguments très précis pourquoi il faut absolument stopper le projet pharaonique Europocity à Gonesse (95) et dénonce la folie que constitue la bétonisation et bitumisation forcenée de la région parisienne, ainsi que les pratiques agricoles intensives dans la région.

« La canicule du début de cet été avait une triple origine : la météo, le réchauffement climatique et l’îlot de chaleur urbain causé par la forte bétonisation et bitumisation de la région parisienne, caractérisée par un faible ratio d’espace vert par habitant, fruit d’un urbanisme inconséquent. Le thermomètre est monté jusqu’à 43 °C à Paris le 25 juillet. Il est urgent de stopper l’hyperdensification et de repenser les grands projets parisiens et franciliens poursuivis malgré les positions et plans sur le climat, la pollution, les mesures prises pour la transition énergétique.

Le projet Europacity, au nord de Paris, dans le Triangle de Gonesse (Val-d’Oise), est emblématique de cette contradiction : est prévu sur 80 hectares un projet d’un autre temps, avec un centre commercial de 230 000 m2 (500 boutiques), un parc de loisirs de 150 000 m2 (piste de ski artificiel, centre aquatique climatisé, salles de spectacle), des hôtels (2 700 lits), une zone de bureaux, etc., le tout desservi par une gare du Grand Paris Express (GPE) construite sur fonds publics. Un centre commercial de plus ruinerait ce qui reste de petits commerces des villes environnantes.

Ce projet pharaonique, anachronique, résulte de la coalition d’un promoteur mégalo, le groupe Auchan et son partenaire chinois Wanda, d’un architecte star danois à l’ego démesuré, Bjarke Ingels, de l’Etat, de la région et du maire PS de Gonesse médusés par un investissement de… 3,1 milliards d’euros. Comment peut-on promouvoir un pareil urbanisme dans le contexte de crise climatique et écologique actuel ?

Pourtant, la commission départementale de préservation des espaces naturels (Copenaf) est contre, l’ex-ministre Nicolas Hulot y était opposé, le plan local d’urbanisme (PLU) de Gonesse a été rejeté, la ZAC Triangle de Gonesse annulée. Mais malgré cela, l’Etat veut passer en force et a démarré cet été les travaux de la gare en plein champ, à 1,7 km de toute habitation, face à des militants sur place résolus à les freiner.

Nous voulons rappeler les incohérences des responsables politiques qui déclarent ce projet d’« utilité publique » et qui ont fait appel contre l’annulation de la ZAC, revalidée le 11 juillet, tout en parlant de transition écologique et de lutte contre le réchauffement climatique.

On constate, en Ile-de-France, un appauvrissement, voire un déclin de la biodiversité ces treize dernières années (Natureparif, 2016). Les plantes ont diminué de 20 % et les papillons de 18 % entre 2009 et 2015, la richesse des espèces a chuté de 45 % dans les grandes cultures dépourvues de bordures végétales (biotopes) contre 15 % dans celles qui en sont pourvues.

Les effectifs d’oiseaux ont baissé de 30 % en onze ans en Ile-de-France, contre 17 % au niveau national, et cela s’accélère avec l’usage croissant d’insecticides neurotoxiques (néonicotinoïdes) persistants, responsables du déclin des abeilles et des insectes. Les pratiques agricoles intensives et l’étalement urbain dû à l’urbanisation galopante sont à l’origine de cette extinction des espèces dans la région.

Cela a précipité la disparition des oiseaux avec la suppression des haies, des bandes enherbées, des arbres, des fossés, des talus, des niches écologiques favorables à la diversité des espèces. Les causes se trouvent dans l’intensification des pratiques (drainage, fertilisation azotée, sélection variétale, extension des surfaces irriguées) et, surtout, dans l’usage de pesticides qui ont fortement dégradé la qualité des habitats et réduit de plus de 10 %, en moyenne, la population des oiseaux (la moitié des bruants et des pinsons, par exemple, a disparu). Ce déclin des oiseaux, des plantes, des insectes est néfaste à l’agriculture qui dépend aussi de cette biodiversité (pollinisateurs).

L’étalement urbain et l’artificialisation des sols en Ile-de-France, par la construction de routes, d’infrastructures, et le mitage pavillonnaire périurbain, responsables chaque année de la disparition de 200 hectares de terre agricole (en cinquante ans, plus de 100 000 hectares ont été engloutis), réduisent les territoires de la faune et fragmentent leurs biotopes. Par sa taille, le projet Europacity va renforcer ce processus qu’il faut inverser par deux actions.

D’une part, en faisant évoluer les pratiques agricoles vers des solutions alternatives conformément aux objectifs du plan Ecophyto du Grenelle de l’environnement qui veut limiter l’usage des pesticides de 50 % pour 2025, en développant l’agroécologie, la diversification des cultures, l’agriculture bio, l’agroforesterie, la permaculture ; utiliser la biodiversité en restaurant les habitats semi-naturels favorables à l’installation des « auxiliaires » de culture, alternative aux pesticides, pour rendre les agroécosystèmes plus résilients, rétablir des habitats refuges, des continuités/corridors écologiques à grande échelle pour faciliter leurs déplacements, selon les objectifs même du schéma régional de cohérence écologique (SRCE).

D’autre part, il faut limiter la bétonisation, la densification et l’artificialisation des sols en Ile-de-France pour lutter contre le dérèglement climatique et préserver les terres arables, surtout quand elles sont excellentes, comme ici, à Gonesse, et en conséquence stopper Europacity.

Ces objectifs de protection des terres arables, de la biodiversité, de transformation de l’agriculture en Ile-de-France, sont au centre même du projet alternatif Carma (Coopération pour une ambition agricole, rurale et métropolitaine d’avenir) et du Collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG).

Le changement climatique causé par les activités humaines émettrices de gaz à effet de serre (GES), avec pour conséquences canicules, sécheresses, inondations, diffusion d’agents pathogènes nouveaux, est aujourd’hui largement prouvé. Les effets sanitaires du stress thermique sont aussi bien connus (près de 20 000 morts en France en 2003). Les villes, par leur forme, leur densité, leur fonctionnement, leur activité, leur métabolisme, sont les principales sources d’émission de GES (80 %), 20 % des émissions restantes venant, en France, de l’agriculture (fertilisation des sols et élevage).

Le changement climatique n’est qu’une facette du changement global caractérisé par l’érosion de la biodiversité qu’une hausse de plus de 1,5 °C finirait de dévaster. On sait que les écosystèmes en bon état de conservation contribuent à la lutte climatique (captage et stockage du CO2 atmosphérique par les sols et la biomasse). Une double politique s’avère nécessaire d’atténuation par transition énergétique vers l’objectif zéro carbone et d’adaptation aux conséquences du dérèglement climatique par un alterurbanisme fondé sur/avec la nature (végétalisation).

L’agriculture de la région Ile-de-France, responsable de 7 % des émissions de GES, se distingue par une forte mécanisation sur de grandes exploitations peu favorables à la biodiversité, et l’élevage y est faible (7 % des exploitations), l’atténuation des émissions de GES dans l’agriculture passe surtout par la diminution des intrants chimiques fertilisants et la production d’énergie renouvelable (méthanisation, éolien…)

Au total, plusieurs pistes sont possibles : encourager la diversification des cultures (légumineuses), protéger et développer les habitats favorables à la biodiversité (fossés, haies, arbres, bosquets, mares, lisières…), renforcer le stockage du carbone dans les sols et la biomasse par des prairies, introduire des arbres dans les cultures pour favoriser la fertilité biologique des sols et réguler leur humidité.

La région a signé le 20 mars, la charte du RES (Réseau environnement santé), « Villes et territoires sans perturbateurs endocriniens », devenant ainsi la première région française à s’engager contre l’usage des substances chimiques toxiques, en respectant ses cinq points, dont les deux premiers qui exigent de « restreindre et éliminer à terme l’usage des produits phytosanitaires et biocides qui contiennent des perturbateurs endocriniens et accompagner les habitants dans cette démarche », et de « réduire l’exposition aux perturbateurs endocriniens en développant la consommation d’aliments biologiques ».

Plus de deux cents villes et territoires ont signé cette charte, dont Paris. Les effets sanitaires des perturbateurs endocriniens (PE) sont connus : baisse de la fécondité masculine et des naissances masculines, anomalies dans les organes reproducteurs mâles, problèmes de fertilité des femmes, puberté précoce, cancers du sein et de la prostate, maladies immunitaires et auto-immunes, maladies neurodégénératives, obésité, diabète… Ils sont responsables d’une crise sanitaire d’ampleur épidémique selon l’OMS.

La région veut s’engager dans la production d’une alimentation saine, sans PE, et le Plan régional santé environnement 3e génération (PRSE3) a fait de la santé environnementale un enjeu majeur de santé publique, de la lutte contre les PE une grande cause régionale, avec la suppression totale des pesticides utilisés par l’agriculture intensive et néfastes pour la biodiversité, la santé des agriculteurs et plus largement des consommateurs.

De plus, une étude menée en 2015 par le commissariat général au développement durable (CGDD) a révélé que 92 % des cours d’eau et nappes phréatiques sont contaminés par ces pesticides. Avec son pacte agricole, la région voudrait bannir ces intrants chimiques à l’horizon 2030 en déployant une agroécologie à grande échelle dénuée de tout produit phytosanitaire, une agriculture bio, sans PE. La stratégie régionale pour la biodiversité voudrait également diminuer les effets des PE sur les écosystèmes.

Là encore, le projet Carma, qui se pose à la fois comme une alternative dans la région à l’artificialisation des sols et à l’agriculture intensive, pour la production d’une alimentation saine, s’intègre totalement dans ces objectifs qui lient santé des écosystèmes et santé humaine.

Ces arguments, en faveur du projet agricole Carma, démontrent les incohérences des pouvoirs publics et de la planification régionale qui soutiennent le projet Europacity, à l’heure de la crise écologique et du débat sur le climat. »

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Écologie

Les têtes de liste aux Européennes présentes contre le méga-centre commercial EuropaCity en région parisienne

Ce week-end avait lieu une mobilisation de 24 heures contre le projet de méga-centre commercial EuropaCity à Gonesse, en région parisienne. Un millier de personnes étaient mobilisées et plusieurs personnalités politiques de la Gauche ou se revendiquant de l’écologie s’y sont rendues, alors que le projet est soutenu par le maire PS de la ville.

Le groupe Auchan, détenu par la grande-bourgeoise famille Mulliez, envisage depuis plusieurs années un immense centre-commercial de 240 000 m² à Gonesse dans le Val-d’Oise. Peu importe que les terres sur lesquels il doit être construit soient des plus fertiles, à 15 km de Paris : rien ne devrait entraver la marche du capitalisme triomphant, écoulant toujours plus de marchandises.

Le Collectif pour le triangle de Gonesse (CPTG) qui organisait la mobilisation s’oppose à toute une zone d’aménagement autour de ce projet qui détruirait « 300 hectares, dont 80 hectares pour le méga-centre commercial EuropaCity : 500 boutiques,2.700 chambres d’hôtel, un aquapark, une piste de ski artificielle… »

Ce n’est pas tout puisque « la société du GrandParis, une structure sous tutelle étatique, a annoncé son intention d’engager dès novembre 2019 la construction d’une gare au milieu du Triangle, qui formerait un décroché de 6 km sur la future ligne 17-Nord. Les premiers habitants seraient à 1,7 kilomètres. »

Le projet a déjà été bloqué par voie administrative, mais l’État et la mairie de Gonesse font appel de ces décisions. Le maire de la ville, Jean-Pierre Blazy, est au Parti socialiste, qui soutient donc ce projet écocidaire du groupe Auchan.

Tel n’est pas le cas d’autre personnalités politiques, liée à la Gauche et l’écologie, qui se sont rendue sur place pour apporter leur soutien à l’opposition.

Benoît Hamon de Génération-s s’est rendu sur place et a expliqué sur Twitter :

« A #Europacity se joue une bataille cruciale. Il faut abandonner ces projets qui défugurent nos territoires et abîment la biodiversité. La reconnaissance du crime d’écocide et celle des biens communs de l’humanité (air eau, forets, et…) sont aussi l’enjeu du scrutin du #26mai »

Ian Brossat a de son côté écrit, conformément au discours habituel du PCF :

« Au Triangle de Gonesse, pour dire non à #EuropaCity. Dire que la famille Mulliez, à l’origine de ce projet, ose expliquer qu’elle rend service à l’économie de la région. Qu’elle commence par payer ses impôts en France… »

Il a aussi affirmé à la tribune sur place qu’il faut « en finir avec l’artificialisation des terres » en parlant de Karl Marx qui aurait dit que « le capitalisme s’attaque avec la même férocité à l’homme et à la nature » (la citation n’est toutefois pas connue ; on imagine qu’il s’agit d’une référence malhabile à un passage du Capital où il est expliqué que la production capitaliste épuise en même temps la terre et le travailleur).

Yanick Jadot chef de file de la liste Europe écologie était sur place et a écrit :

« Les écologistes combattent le projet #Europacity Nous voulons que cesse l’urbanisation commerciale qui grignote les terres agricoles et encourage à toujours plus de déplacements tout en détruisant le commerce le proximité #VotezEuropeEcologie http://pourleclimat.eu »

Delphine Batho, tête de la liste Urgence écologie, était également sur place pour s’opposer au projet et expliquer que :

« L’État bafoue les décisions de justice obtenues par les opposants à ce projet destructeur ».

Notons également que Thomas Porcher, qui avait quitté le mouvement Place publique de Raphaël Glucksmann en mars dernier, a rappelé à la tribune de manière très politique que des élus du PS sont alliés au parti d’Emmanuel Marcon et à la Droite pour soutenir ce genre de projets.

Il a également écrit :

« Au triangle de #Gonesse avec les collectifs citoyens opposés au projet #Europacity. La cohérence dans l’engagement écologique, c’est d’être toujours de leur côté et de ne jamais s’allier avec ceux qui soutiennent ces projets inutiles (à savoir pour #EuropaCity l’arc PS-LREM-LR). »

Le Parti socialiste avait également unilatéralement soutenu le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, avec les élus locaux refusant toutes considérations écologistes au profit de l’argument économique, du développement et des emplois. Le maire de Gonesse Jean-Pierre Blazy s’est défendu avec de genre d’arguments, dans une longue lettre adressée directement aux personnalités intervenant durant le week-end de mobilisation.

Il y explique que lui aussi serait opposé au projet si la « caricature » faite par les opposants était vraie, mais qu’il reste en fait beaucoup de terres agricoles en Île-de-France et qu’EuropaCity n’est pas problématique pour l’environnement.

Il faudrait ce grand projet « structurant » pour améliorer la vie des habitants, dans une sorte de chantage à la banlieue contre les préoccupations écologistes qui seraient une lubie de bobos. On a même le droit à l’argument incroyable disant qu’il ne s’agirait « pas d’un centre commercial », mais d’un « pôle dédié aux loisirs et à la culture », qui « aménera de l’esthétisme en banlieue », sans compter que les bâtiments seraient bien-sûr « Haute qualité environnementale »… Monsieur Blazy explique donc aux intervenants qu’ils se « trompent de combat » ; il faudrait croire à sa fable disant que la famille Mulliez investit 3 milliards d’euros pour un projet socialiste et écologiste, pour les banlieusards…

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La photo d’une zone humide

Le rapport à dame Nature, pour ne pas être destructeur, exige un haut niveau d’engagement. Et donc une révolution dans la manière de voir les choses, y compris les choses ayant l’air insignifiantes… Les apparences sont trompeuses, quand on n’y connaît rien.

C’est une photo dont on se dit qu’a priori, elle ne montre rien. Elle est même plutôt terne, et on a l’impression d’être nulle part, au milieu de rien, et que tout cela, somme toute, n’est pas très engageant. Elle montre un lieu à Sallanches, une modeste ville de 16 000 habitants, entre Annecy et Chamonix, au milieu des montagnes. Et ce lieu doit céder la place à un centre commercial. Il y aurait donc quelque chose, à la place de rien…

Ce qu’on voit pourtant, c’est une zone humide, ce que le code de l’environnement définit comme suit :

« on entend par zone humide les terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire ; la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année »

La zone humide en question a été le lieu dune importante lutte écologiste contre un centre-commercial en Haute-Savoie.

Justement parce que certains, organisés dans le collectif Pour la Zone Humide de Sallanches, sont allés au-delà des apparences. Force est de constater que c’est impressionnant, car à voir la photographie… on ne dirait pas… enfin pas vraiment… Enfin, il faut le savoir, quoi.

Mais comment le savoir, là est le problème. Ce n’est pas le genre de choses qu’on apprend à l’école. Et même en dehors de l’école, si on ne cherche pas, on ne va pas le trouver. Et encore, pour chercher, il faut savoir à l’avance, au moins un peu. Cela fait beaucoup ! Et là est le problème de l’écologie.

Encore est-il que ce n’est pas un problème, mais une problématique. Car l’écologie exige un nouveau rapport au vivant, un certain engagement. La préoccupation, chose négative, doit se convertir en quelque chose de positif. Il faut valoriser ce qui n’était pas vu hier. Et c’est vrai que, lorsqu’on voit la photo, on se demande bien pourquoi il faudrait préserver un endroit pareil… Alors qu’en réalité, c’est la vie même qui est visible sur cette photo, pour qui sait la regarder.

Il semble évident que pour les personnes plus âgées, une telle réorientation de son propre regard est à peu près foutu. Les « vieux » sont trop blasés, trop consensuels, trop abrutis par le mépris, la condescendance par rapport à l’environnement. Ils culpabilisent aussi, et vont cyniquement au bout de leur raisonnement, de leur démarche.

Chez les jeunes par contre, tout est possible, car ils ne croient plus en rien. Ils peuvent donc porter un regard plus sain, plus authentique. S’ils ne sont pas fainéants il est vrai, et on sait à quel point le capitalisme les pousse à consommer passivement et à se regarder le nombril. Aussi faut-il les pousser à observer leur environnement et à chercher à entretenir un rapport entièrement différent avec lui.

Cela ne va pas sans remise en cause, même pour eux. Mais chez eux, il y a une chance que cela se produise ! Et surtout, il n’y a pas le choix. Tout est détruit si vite sur la planète, il est si peu de temps…

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Politique

« Combattre la spéculation – exproprier Deutsche Wohnen & Co »

Depuis de nombreuses années, tous les bobos d’Europe de l’Ouest se précipitent à Berlin. Cependant, cette capitale a la particularité historique d’être populaire, avec historiquement un nombre très importants de squats portés par la gauche alternative des « autonomes », qui aujourd’hui sont légalisés ou ont disparu.

Cet embourgeoisement de la ville a donc provoqué de larges soubresauts politiques, et cela d’autant plus que Berlin étant redevenu la capitale de l’Allemagne, car cela impliquait une énorme série d’achats par les entrepreneurs, voyant ici une cible facile.

Ils ont d’ailleurs été soutenu par la mairie qui, il y a quinze ans, leur a vendu 65 700 logements. À l’époque, Berlin n’était pas encore frappée par la « hype » actuelle.

Il existe pour cette raison en ce moment une campagne à Berlin pour un référendum, appelé « Spekulation bekämpfen – Deutsche Wohnen & Co. Enteignen » – Combattre la spéculation – exproprier Deutsche Wohnen & Co.

L’objectif est l’expropriation des entreprises possédant plus de 3 000 appartements. « Deutsche Wohnen » est particulièrement ciblé, car ce géant capitaliste possède 160 000 appartements en Allemagne, dont 112 000 à Berlin. Ses bénéfices en 2018 ont été de 1,9 milliard d’euros.

Ce référendum est soutenu par les écologistes, Die Linke, ainsi qu’une partie du SPD, notamment Kevin Kühnert. Ce dernier, âgé de 29 ans, est le responsable des jeunes socialistes et un opposant fervent à la grande coalition alliant la Droite et la Gauche. Lors d’un débat télévisé, il n’a pas hésité à affirmer :

« De quel droit quelqu’un aurait-il plus de vingt appartements ? Je trouve cela juste de se positionner à ce sujet. »

Cet épisode est marquant, car au contraire d’en France, la Gauche en Allemagne s’est largement réactivée en puisant dans ses traditions, ce qui par ailleurs est également le cas en Autriche. S’appuyant sur les traditions social-démocrates du 19e siècle ayant permis un puissant enracinement, la Gauche se relève malgré des années de corruption lors de la participation au pouvoir.

Si cela ne signifie pas nécessairement qu’elle pourra réellement avancer, il y a là en tout cas quelque chose de totalement différent d’en France, où la gauche post-moderne, post-industrielle, ou populiste, ne cesse de chercher à enterrer la Gauche historique et ses valeurs.

En ce qui concerne l’expropriation elle-même qui est demandée, elle est censée passer par un dédommagement. Celui-ci serait à hauteur de 36 milliards d’euros, une somme énorme, dont le paiement est peu vraisemblable de la part de la ville de Berlin. D’ailleurs, l’expropriation est censée par ailleurs s’appuyer sur la constitution allemande ; or, cette dernière parle de biens communs à protéger, mais pas des logements, évidemment.

Cependant, on voit qu’en fait c’est la question de la propriété qui est surtout mise en avant, au-delà de la possibilité de concrétisation d’un tel référendum. C’est là quelque chose de normal à Gauche, mais malheureusement cela a totalement disparu en France depuis bien longtemps. À la Gauche historique de réactiver cela.

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Réflexions Vie quotidienne

« …parqués comme des animaux »

Il est 17h, quelques minutes avant le départ du train de banlieue d’une gare parisienne. Il n’y a plus de places assises, les derniers voyageurs remontent le quai à la recherche d’une voiture moins dense, en vain. Un homme, la trentaine, monte dans l’une des premières voiture ; il monte et se faufile dans la voiture à la recherche d’une fauteuil vide ou même d’une marche. Agacé, il sort au bout d’une minute et laisse sortir discrètement ces quelques mots : « …parqués comme des animaux ».

amesoeurs - ruines humaines EP

La réaction est tout simplement typique de toute une partie de la population des banlieues éloignées : toutes ces personnes veulent le calme et la tranquillité, rien ne doit déranger leurs petites vies.

Dans un sens, ces personnes ont raison de ne pas trouver normal que les trains soient toujours remplis à certaines heures, sans que la SCNF ne prévoit d’augmenter les capacités du réseau. Seulement, la comparaison avec les animaux témoigne de leur mentalité petit-bourgeoise étriquée. N’importe qui d’un minimum rationnel trouvera cette réaction absurde : un homme de trente, quarante ans, qui n’a visiblement aucun problème moteur peut bien rester debout vingt à trente minutes jusqu’à la première gare où descendront beaucoup de voyageurs. Sans parler de la densité de voyageurs qui n’a tout simplement rien à voir avec celle de certaines lignes du métro parisien aux heures de pointe. Mais il faut exagérer, s’imaginer vivre un enfer pour se donner l’impression d’exister.

On se retrouve ainsi avec des personnes fuyant la vie parisienne pour une vie plus calme en banlieue et qui sont incapables de raisonner en terme de société. Le repli individuel l’a emporté. L’illusion de s’être protégé de la folie des grandes villes, sans aucune remise en cause de tout une organisation de territoire ;  aucun début de critique du mode de production capitaliste.

Ces gens veulent le calme, pour eux. Pétris de libéralisme mais sans les moyens de le vivre à fond, ils sont obligés de s’inventer une vie.

Il y aurait Paris, la mégapole tentaculaire, sa proche banlieue chic ou lumpenprolétaire et au-delà, des zones habitables. Des endroits sans trop de vague. La petite vie de personne s’éloignant de Paris pour gagner quelques mètres carrés et gagner en « qualité de vie ».

Il faut pourtant être aveugle pour ne pas voir que l’Île-de-France est complètement écrasée par Paris. À tel point que les départements limitrophes en font de plus en plus les frais ces dernières années : les villes sur des lignes de TER vers Chartres, Amiens, Compiègne, Montargis ou encore Château-Thierry voient arriver des personnes qui viennent d’Île-de-France et travaillent sur Paris.

Les personnes qui vivraient un enfer parce qu’elles n’ont pas de place assise dans un train sont incapables de proposer quoi que ce soit. Elles ne cherchent qu’à maintenir leurs illusions, qui commencent avec le train : l’image du départ d’une grande gare, voire Paris et sa proche banlieue disparaître avant d’arriver au vrai pays. Cette mentalité convient très bien à la SNCF et la bourgeoisie française : ces personnes ne remettront jamais en cause ni l’urbanisation forcenée du territoire, ni l’absence de tout plan concernant les trajets travail-domicile.

Regio 2N

Le rêve petit-bourgeois d’un capitalisme à visage humain, d’une concurrence loyale, d’une industrie soucieuse du bien-être des humains et de l’écologie est une aberration. Le mythe pouvait vaguement tenir il y a encore vingt ans, mais aujourd’hui… La comparaison indécente avec les animaux témoigne bien de cette dimension irrationnelle. En 2019, comparer un train avec quelques personnes debout à un train transportant des animaux à l’abattoir est tout simplement abject. Il faut être totalement corrompu pour se permettre ce genre de remarques – témoins de la décadence d’une époque.

Il y a pourtant énormément de choses à redire sur l’organisation des transports dans les grandes villes, tout particulièrement en Île-de-France. Mais sans une approche démocratique, on n’aboutit qu’à entretenir un mirage petit-bourgeois qui s’efface de plus, en plus et on termine chez les gilets jaunes.

Le compromis est très clair : plutôt 45 minutes de train, pas trop rempli en situation normale, que 30 minutes dans le métro parisien en heure de pointe. Peu importe que les toilettes soient supprimées dans les nouveaux trains, peu importe les retards récurrents, tant que globalement, cela tient. Parce que la plupart des personnes font avec.

Toutes les critiques d’hystériques qui expliquent que « ça va péter » font le jeu de la SNCF : ils soutiennent indirectement celle-ci avec leurs discours à côté de la plaque. Elle peut ensuite apparaître comme une entité raisonnable qui prend en compte les avis des ses clients.

Gare de la Ferté sous Jouarre

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Réflexions Vie quotidienne

La folie se propage dans les grandes villes

Le capitalisme rend les gens fous. Les psychiatres disent eux qu’on voit plus de fous, parce qu’il y a moins de place en psychiatrie. C’est une terrible capitulation de leur part, une preuve de leur étroit esprit corporatiste.

Grandes villes - Amesoeurs amesoeurs

La loi est ainsi faite qu’on n’a pas le droit de critiquer les médecins ; les psychiatres étant des médecins, on n’a donc pas le droit de les critiquer non plus. Ils « savent » ce qu’ils font et on doit donc accepter cela, et faire comme si les médecins ne formaient pas une corporation, comme si leurs attitudes et leurs évaluations ne correspondaient pas à des principes, des idéologies.

Alors, lorsque le quotidien Le Parisien interroge des psychiatres sur la recrudescence du nombre de fous à Paris (mais bien sûr dans les autres grandes villes aussi, voire en général), on a droit à des réponses simplistes et il faudrait les prendre pour argent comptant.

Il faudrait accepter, donc, qu’on ne sait pas s’il y a plus de fous ou non, que de toutes façons si on les voit plus c’est parce qu’il y a moins de places en psychiatrie, et également que les psychiatres font mieux leur travail qu’avant, repérant mieux les cas, etc.

Tout cela n’est que mensonge et ne vise qu’à financer la corporation des psychiatres. En réalité, la société se ratatine sur elle-même et les gens s’effondrent psychologiquement, psychiquement, mentalement. Les grandes villes, telles qu’elles existent sous leur forme actuelle, ne sont plus des bastions de la culture mais des lieux de désocialisation, de pression, d’aliénation. La grande ville, c’est la souffrance, à part pour une minorité aisée s’imaginant vivre de manière heureuse.

L’article reprend les chiffres du livre d’une des personnes interrogées et parle de 4,7 à 6,7 millions de « personnes touchées par la dépression en France ». Des chiffres énormes et vagues à la fois. Comment faire la part de ce que l’on pourrait qualifier de réelle dépression, et de posture égocentrique ? Comment faire la part entre ce qui tend réellement vers la dépression et ce qui tend vers de la mise en scène malsaine ?

Une personne qui évoque une envie de suicide est-elle dépressive ? suicidaire ? Ou est-elle dans une logique petite-bourgeoise égocentrique ? Tout ceci est très subjectif et extrêmement difficile à évaluer. Et tant que l’on raisonne en terme d’individus, chacun pourra avancer les chiffres les plus extravagants avec des analyses toutes les plus subjectivistes les unes que les autres. Au final on voit bien que la société n’est pas consciente d’elle-même, et que personne n’en sait trop rien.

Si l’on raisonne en termes de société, alors on peut voir aisément les dégâts d’ensemble fait aux habitants de notre pays… Encore faut-il pour cela prendre en compte le capitalisme. Si cela était fait, on échapperait à nombres d’interprétations subjectives, dénuées de tout fondement culturel, de tout rapport au travail, effectuées par les psychologues et psychiatres.

Ce qui résout la dépression, c’est la coupure avec ce qui est négatif, toxique, et cela en termes de rapports sociaux, combinée avec un retour dans un environnement naturel, sain, et un travail. La psychiatrie a tort à la base, car elle prend pas en compte la notion de travail. Le travail est le moyen humain pour développer l’esprit, pour saisir la réalité de manière rationnelle, et pour voir comment les choses se transforment.

Comment quelqu’un ayant des problèmes psychologiques, psychiques, psychiatriques, peut-il s’en sortir, s’il ne connaît pas le principe de transformation ? Il ne saura pas comment se transformer lui-même, il restera apathique, incapable de trouver une solution concrète. La société ne le lui propose d’ailleurs pas non plus, se contentant de livrer des tonnes de médicaments pour étouffer, engourdir, endormir les esprits ayant déraillés. Il est bien connu que la France est un pays hautement consommateur d’antidépresseurs : c’est déjà une raison de révolte.

Qui ne veut pas rompre avec les grandes villes, avec la folie d’un capitalisme sous haute pression, avec le mépris du travail comme force transformatrice, ne devrait pas parler de folie, car il a déjà capitulé face à l’ennemi.

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Société

L’évolution du métro parisien en vidéo

Le métro parisien est un réseau de transport très efficace, de part son maillage très dense. Cette vidéo très sympathique de la chaîne Le Ferrovipathe en montre l’évolution depuis 1900, de manière très visuelle.

On aurait pu croire que le métro parisien était quelque chose de figé, qui se serait agencé par couches successives immuables, s’additionnant simplement. Il est impressionnant de se rendre compte, au contraire, à quel point la plupart des lignes ont elles-mêmes évolué dans le tracé, se sont adaptées, réformées, ont utilisé ici le tunnel d’une autre ligne, là fait un itinéraire bis, etc.

Petit à petit, tous les quartiers ont été desservis. Le réseau a passé un cap quand il a été unifié sous l’égide la RATP, formant une seule et même structure cohérente. La ligne 1, la première, est toujours la plus empruntée, avec ses grandes rames qui sont maintenant automatiques. Il a été estimé que pour l’année 2010, la ligne a été empruntée par 207 millions de voyageurs avec jusqu’à 750 000 personnes par jour. Tout ce trafic n’est cependant possible que parce que la ligne est reliée à une multitude d’autres lignes, elle-mêmes reliées aux autres.

On a ainsi une organisation très complexe, visant l’efficacité, pour transporter énormément de voyageurs le plus vite possible à travers Paris intra-muros. Mais justement, dès que l’on passe cette barrière symbolique du périphérique, ce schéma n’est plus le même. Être en bout de ligne, à un terminus en banlieue, n’ a rien à voir avec le fait de pouvoir profiter du métro dans Paris même. Dans certaines situations comme pour la Ligne 13 dans sa partie nord, c’est même un véritable enfer pour les gens qui l’empruntent quotidiennement.

A contrario du réseau parisien, il faut penser également à cette actualité du projet de métro du « grand Paris », qui s’avère être une entreprise très difficile, maintes fois retardée. Le problème est justement qu’il n’y a pas cette densité parisienne, parce que la ville s’est étalée autour de la capitale de manière anarchique, en considérant uniquement des intérêts individuels et, c’est lié, le déplacement en automobile.

Il n’y a pas la possibilité de faire quelque-chose de satisfaisant, d’efficace pour aller partout rapidement. Cette carte, reflétant le projet le plus aboutit de ce « Grand Paris Express », montre à quel point cela n’a rien à voir avec le métro parisien et son maillage dense, mais n’est qu’une sorte de RER amélioré faisant un périphérique en transport en commun (et pour relier la capitale aux aéroports).

Évoquons pour finir l’excellent jeu sur téléphone portable mini métro, qui restitue tout à fait l’évolution du métro de Paris. On a des cartes de grandes villes (dont Paris) à compléter au fur et à mesure qu’apparaissent de nouvelles stations, et tout l’enjeu est de savoir faire évoluer son réseau. Comme pour le vrai métro parisien, la clef est de savoir articuler des changements quantitatifs (nouvelles lignes, nouveaux tunnels, nouvelles rames) avec des changements qualitatifs, c’est-à-dire dans la nature même du réseau, son organisation générale, qui nécessite donc des changements dans le tracé des lignes elle-mêmes.

Les habitués du réseau parisien pourront également s’amuser avec cet autre jeu sympathique, sur ordinateur ou en application portable, qui permet de conduire des rames du métro parisien de manière très réaliste : Paris métro simulator !

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Réflexions

La France, un pays de petits propriétaires

Si les gilets jaunes n’ont pas abordé la question de la petite propriété, c’est qu’ils correspondent à la situation française, avec la majorité du pays qui est formée par une très large couche de petits propriétaires. Et cette couche qui rêve d’accumulation est bloquée non pas tant par les 1 % les plus riches, mais par les 10 % des Français qui possèdent la moitié du patrimoine total. Les gilets jaunes expriment une petite-bourgeoisie asphyxiée par la bourgeoisie.

Maison de la cité Jolivet, quartier La Fuye-Velpeau, à Tours

Quand on voit le panorama de la propriété en France, du patrimoine, on comprend tout de suite pourquoi la division entre « riches » et « pauvres » est dans notre pays une caricature, qui ne vise qu’à masquer que les vraiment pauvres sont entièrement mis à l’écart, d’où leur absence de participation aux gilets jaunes.

La moitié des ménages selon la définition de l’INSEE, donc un peu plus de la moitié des français (un ménage comportant parfois plusieurs personnes), dispose en effet d’un patrimoine d’environ 160 000 euros, consistant à 80 % en la propriété d’un logement. En fait, ce sont environ 60 % des Français qui possèdent leur logement ou sont en train d’en payer les traites.

C’est un chiffre énorme, faisant de la France avant tout un pays de petits propriétaires. Bien entendu, cette petite propriété n’a pas une valeur énorme, et les intérêts de la grande majorité de ces petits propriétaires sont les mêmes que celles des pauvres. Le souci c’est que disposer d’une petite propriété amène une mentalité de petit propriétaire.

Le petit propriétaire est conservateur, opposé au socialisme, avec une mentalité de petit entrepreneur, va dans le sens du respect des traditions, etc. Il entend protéger son bien et pour cela il a besoin que la société soit stable, les conflits gelés. Les gilets jaunes ne lui ont justement pas fait peur, parce que jamais ils n’ont aborde de thèmes allant dans le sens d’une remise en cause de la propriété.

C’est précisément pour cela que les gilets jaunes sont un mouvement réactionnaire, appuyant l’idéologie conservatrice de la France profonde, où l’État n’est conçu que comme tampon avec les « riches ». L’État n’est vu que comme pompe à fric redistributrice. Les gilets jaunes parlent de crise sociale, mais de par leur mode de vie, c’est finalement une crise du patrimoine qu’ils expriment.

Car au-delà du fait que les riches deviennent plus riches, il y a le fait que la vie coûte plus cher. Les riches imposent un rythme financier bien trop haut. On sait par exemple à quel point une ville comme Paris est devenu un bastion bourgeois ces 25 dernières années. Le slogan « Paris soulève toi » est en décalage complet avec la réalité : il suffit de regarder le prix au mètre carré et le nombre de propriétaires.

En fait, si l’on prend les 10 % des Français les plus riches, ceux-ci ont un patrimoine d’environ 600 000 euros. Avec cela, ils écrasent les autres, pas seulement parce qu’ils sont plus riches, mais parce que ce patrimoine représente à peu près la moitié du patrimoine en France. Ils peuvent truster les meilleures choses, leur compétition entre eux balaie littéralement les autres.

En fait, personne ne peut suivre et il ne reste que les miettes, les marges du pays. Ils forment le véritable problème dans notre pays, bien plus que les 1 % qui ont plus de deux millions d’euros de patrimoine et qui vivent dans leur bulle ! Mais comme les petits propriétaires rêvent de devenir des grands propriétaires, ils ne peuvent pas dénoncer les grands propriétaires, seulement les très grands propriétaires.

A cela s’ajoute l’existence des « indépendants », ces petits capitalistes qui ont eux en moyenne pratiquement 600 000 euros de patrimoine. Eux « vivent » le capitalisme et sont en permanence sous pression, en raison de la concurrence mais aussi de leur démesure. Ils ont joué un rôle essentiel dans le démarrage des gilets jaunes, cette rébellion de l’intérieur du capitalisme lui-même.

Cette lecture en termes de patrimoine éclaire beaucoup de choses : non seulement la nature des gilets jaunes, mais également la vanité de nombreux discours misérabilistes masquant que la France est un pays de petits propriétaires.

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Écologie

« Il faudra trouver d’autres arguments que les petits oiseaux »

« Il faudra trouver d’autres arguments que les petits oiseaux » : tel est l’argument d’un promoteur immobilier pour faire taire des gens refusant de voir, à Amiens, leur quartier se faire déstructurer par des barres d’habitations. Leur protestation a ceci d’exemplaire que sur le plan de l’immobilier, c’est un véritable phénomène historique, qui parti des années 1970 aboutit aujourd’hui à une France mutilée sur le plan de l’urbanisme.

Amiens Route de Rouen

Une centaine de personnes ont manifesté hier contre le projet, route de Rouen à Amiens, d’immeubles de trois étages, occupant 5200 m², pour 69 logements. Ils font face au promoteur Sigla Neuf, qui a organisé son projet avec la mairie depuis un an et demi, sans que les habitants du quartier soient prévenus de quoi que ce soit.

C’est pourtant tout leur cadre de vie qui va être bouleversé. Car Amiens n’échappe pas à cette défiguration urbaine empêchant une vie culturelle locale, malgré sa situation coincée entre Paris et Lille ; tout pays capitaliste développé engloutit tous les aspects urbains selon ses besoins, ne laissant aucune zone à l’écart. Et ce ne sont pas de ZAD dont on a besoin, mais du socialisme pour remettre tout cela à plat : il faut écraser les promoteurs.

Ceux-ci ont en effet, en attendant, les coudées franches. La mairie devait même vendre une parcelle d’un peu moins de 200 m² au promoteur, jusqu’à ce que le scandale éclate : une conseillère municipale ayant voté favorablement à cela vendait elle-même une des principales parcelles du projet au promoteur…

Les propos du responsable du projet sont édifiants également, comme le rapporte le Courrier Picard :

« Nous sommes sûrs de nous et de notre projet. Il leur faudra trouver d’autres arguments que les hauteurs de murs et les petits oiseaux pour s’y opposer. »

Ce mépris se heurte de plein front avec la réalité parfaitement comprise par les habitants, qui ne veulent pas voir leur quartier disparaître, constatant dans une pétition le faisceau des absurdités d’un tel projet :

« Inadaptation de la construction par rapport au site : alors que la zac inter campus se situe à quelques centaines de mètres et dispose de tout l’espace nécessaire à l’implantation d’habitats collectifs, pourquoi permettre une telle construction au cœur de résidences individuelles dont les jardins et la nature constituent la spécificité du quartier.

Absence de concertation avec les riverains : alors que la proximité est l’une des priorités de la charte de la démocratie locale de la ville.

Abattage de nombreux arbres quarantenaires et destruction de l’habitat des écureuils, hérissons, grives, rouge gorge et autres espèces présentes  sur 5000m2 : pendant que le réchauffement climatique est au cœur des préoccupations publiques et citoyennes et que la végétalisation est une des meilleures solutions pour rafraîchir une ville.

Infrastructures routières déjà saturées : depuis l’ouverture du CHU Sud et d’autant plus avec la mise en place des feux de croisement du carrefour de la libération. L’abondante circulation quotidienne engendre déjà polluants et risques d’accidents.

Places de stationnement déjà insuffisantes pour les riverains : du fait des constructions déjà nombreuses dans la rue et de la politique des bailleurs proposant leurs places de stationnement en supplément locatif aux locataires qui se garent donc dans la rue.

Désagréments engendrés par les travaux : encore plusieurs mois de bruit, poussières, pollutions atmosphérique et visuelle, risques de dégradations des constructions existantes du fait du creusement d’un sous sol de 100 places. »

Ce qui est très intéressant ici d’un point de vue historique également, c’est que ce sont des petits propriétaires qui se rebellent. C’est une propriété populaire : Amiens s’appuie sur des petites maisons, et ces petites maisons représentant un tout petit capital se font intégrer de force à un phénomène urbain imposé par le grand capital.

Il y a donc un phénomène de reprolétarisation, par la destruction des acquis obtenus. C’est un processus inéluctable et annonce les soulèvements populaire de demain, contre la mutilation de la vie quotidienne, l’impossibilité de profiter de la ville et de la campagne en même temps.

"We are the city, we can shut it down!"

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Société

Un plan vélo abstrait oubliant les zones périurbaines et les campagnes

Le gouvernement a présenté la semaine dernière un plan vélo censé faire passer la part du vélo de 3% à 9% dans les déplacements. Il propose quelques mesures pour les centres-villes, mais il n’y a pas de réflexion globale quant à la nature des grandes aires urbaines et des campagnes en France, largement façonnées par l’automobile et difficilement praticables en vélo.

Le vélo est un moyen de transport qui doit être soutenu, tant pour des raisons culturelles que pour des raisons écologiques. Seulement, les choses ne se décrètent pas d’en haut de manière unilatérales, en disant aux Français qu’il faut utiliser son vélo. Cela est abstrait.

Le Premier ministre Édouard Philippe a eu raison dans son discours prononcé à Angers de dire qu’il faut diffuser « la culture du vélo », évoquant un effort culturel nécessaire.

Une pratique difficile

Le chef du gouvernement a certainement bien vu les choses aussi quand il introduit son propos en parlant de la contradiction entre la faible pratique du vélo, et le fait que notre pays est celui de son invention et celui du Tour de France, l’une des principales manifestations sportives mondiales.

Mais justement, on ne peut pas comprendre cela si l’on ne considère pas les choses de manière globales et concrètes. La réalité de la configuration des villes et des campagnes à notre époque rend forcément anecdotique la pratique du vélo.

Si elle ne représente que 3% des déplacements aujourd’hui, il est difficile d’imaginer que cette pratique triplera en moins de dix ans avec quelques mesures. En l’occurrence, il s’agit surtout d’une enveloppe de 350 millions répartie sur sept années, soit 50 millions par an pour toute la France, alors que rien que la ville de Paris consacre déjà aujourd’hui 25 millions d’euros par an au vélo.

Ces sommes doivent servir à des aménagements cyclables et à côté de cela il y a la mise en place d’un forfait de 400 euros annuels pour les personnes se rendant au travail à vélo, mais à la charge des entreprises et sans caractère obligatoire. Autant dire donc qu’il s’agit d’une mesure à la marge, qui servira surtout les prétentions modernistes de quelques entreprises dans les centres-villes.

Des infrastructures pour l’automobile

Pour que le vélo soit utilisé en masse, il ne suffit pas de le décréter, il faut qu’il satisfasse à une réalité pratique. Concrètement, si le vélo triple le temps d’un trajet, il faut une conviction personnelle absolument immense pour le préférer à sa voiture. On ne peut pas imaginer compter uniquement là-dessus.

Si l’on ajoute à cela le fait que l’usage du vélo est très dangereux, tant les infrastructures, les mentalités et les règles n’existent que par et pour l’automobile, on comprend pourquoi la grande majorité des travailleurs ne l’utilisent pas au quotidien.

Autant il est possible pour un cadre vivant au coeur d’une grande métropole d’enfourcher sa bicyclette pour se rendre tranquillement au bureau à 9h ou à 10h le matin sans vraiment d’impératif horaire, autant cela est très difficile pour un ouvrier ou un salarié qui a des horaires très précises et qui habite souvent loin en banlieue ou à la campagne. D’autant plus quand on ajoute à cela la nécessité de prendre en charge les enfants, dont les établissements scolaires peuvent-être loin de l’habitation, sauf encore dans les centres-villes.

En France, les habitants des périphéries des grandes villes ainsi que ceux des villes moyennes et des campagnes représentent la grande majorité de la population. Le plan vélo du gouvernement est pour eux quelque-chose de très abstrait. Il ne correspond aucunement à leur réalité quotidienne faite, globalement, d’autoroutes reliant des zones pavillonnaires et des zones d’activités commerciales ou industrielles.

Que ce soit dans les campagnes ou à la périphérie des grandes villes, quasiment rien n’est possible aujourd’hui sans une voiture, à moins de se résigner à un isolement culturel et social, ainsi qu’économique, absolument immense.

Le plan vélo du gouvernement ne prend pas en compte cela, car il n’envisage nullement de bouleverser la réalité économique et sociale de la France. Si l’on considère l’Île-de-France notamment, on ne peut pas rationnellement dire autre chose que c’est un monstre absolument invivable qui devrait être rapidement et largement démantelé. Ce que n’envisage nullement ce gouvernement, au contraire.

L’organisation et l’aménagement du territoire est strictement conforme aux besoins du capitalisme, dont l’automobile est un vecteur et un produit indispensable.

Un choix individuel limité

D’un point de vue culturel, le vélo est souvent saisi comme totem par des gens critiquant l’automobile, de manière romantique, voire réactionnaire. Il s’agit souvent gens fades, se disant « décroissant », voir des « zadistes », méprisant le football et le Tour de France. C’est-à-dire en fin de compte des figures souvent détestables d’un point de vue prolétarien.

Si la fascination pour l’automobile est un marqueur terrible d’aliénation et de soumission au capitalisme, la fétichisation du vélo n’en est que le pendant. Un strict équivalent inversé ne permettant pas une remise en cause de la réalité matérielle.

De la même manière, le vélo est aujourd’hui utilisé comme symbole « lifestyle » pour une imagerie moderne et tendance pour des gens aisés vivant dans les centres-villes. Cela est largement issu de la culture « fixie », qui est un apanage jeune et branché du libéralisme ultra à la mode new-yorkaise.

Le plan vélo ne répond absolument pas aux exigences de notre époque. Il n’est que vaines prétentions, totalement conformes d’ailleurs aux exigences des associations d’usager souvent en dehors des réalités des classes populaires.

Cela est bien dommage, et c’est la preuve encore une fois que la Gauche n’est pas à la hauteur en France. Elle ne s’est jamais approprié la question du vélo, qui n’est abordé aujourd’hui que comme un choix individuel, laissant place éventuellement à une indemnité forfaitaire comme récompense, mais pas à une pratique correspondant à un choix de société.

Le vélo serait pourtant un très bon outil, parmi d’autres, pour façonner une organisation nouvelle du territoire et de la vie, plus conforme aux besoins sociaux et naturels.

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Société

Grandes villes et décadence

Les grandes villes amènent avec elles des mœurs qui, de par la nature de la concurrence et de la compétition propre à une société capitaliste, sont particulièrement acharnées dans l’individualisme.

Paris (Bastille)

Évidemment, c’est sous le drapeau de la liberté et de l’individu que ces mœurs cherchent à masquer leur caractère fondamentalement décadent. Le Monde, dans un article sur le film franco-italien « Laura nue » de 1961, adopte une posture libérale-libertaire bien connue :

« Laura voit bien que, partout, l’exclusivité réclamée par le mariage rend malheureux »

Merveilleuse philosophie que celle du capitalisme triomphant ! Et on sait à quel point les homosexuels sont sciemment utilisés dans cette philosophie. Enfin, quand on parle ici des homosexuels, on parle d’une caricature : celle de l’hypersexualité la plus extrême, d’un culte de l’apparence à la fois ultra-narcissique et très hautement superficiel, avec un esprit consumériste sans limites.

Car qu’est-ce qu’en réalité un homosexuel ? C’est un hétérosexuel, sauf qu’il est homosexuel, c’est-à-dire que c’est un être humain comme un autre. Il veut la paix, il veut l’amour, il veut la nature. Être un homosexuel ne signifie pas avoir une autre « substance », une autre nature. L’être humain existe sous une forme naturelle, générique, il n’y a pas de zone « à part ».

Tel n’est bien entendu pas le point de vue du capitalisme le plus moderne, qui n’envisage les choses que sous l’angle d’une homosexualité vecteur de la décadence.

Libération est toujours exemplaire dans la valorisation de la décadence : l’État aurait, en 1978, osé condamner pour « outrage public à la pudeur » des gens interpellés alors qu’ils se sodomisaient la nuit dans un bosquet du bois de Vincennes !

Quel sens des valeurs… Impossible de ne pas faire le rapprochement d’une telle mentalité avec la Rome décadente allant à son effondrement.

Pareillement, dans le même article, Libération se montre scandalisé par « l’affaire du Manhattan » : la police a osé intervenir, la même année, dans un bar du très chic Ve arrondissement pour arrêter les hommes présents dans une « backroom », c’est-à-dire, pour parler vulgairement, un « baisodrome ».

Là encore, c’est l’esprit de Rome. Et cet esprit de Rome existait déjà dans les années 1930, avec une haute bourgeoisie décadente, célébrant l’alcool et les drogues, les soirées à la sexualité déformée et fondée sur la performance, la prostitution, le consumérisme niant la personnalité.

La Gauche, à l’époque, combattait cette haute bourgeoisie et ses valeurs. Pourquoi en serait-il autrement, alors que ces valeurs de la haute bourgeoisie sont devenues également celles de couches urbaines à la vie vide de tout sens culturel et social ?

La réponse d’Aides à un article d’À Gauche témoigne d’ailleurs bien de cet esprit anti-prolétarien, incapable de prendre quoi que ce soit au sérieux et s’imaginant que la classe ouvrière a disparu, tant historiquement que matériellement.

agauche.org facebook - réaction d'AIDES

Le problème n’est pas que ces gens seraient mauvais en eux-même. Il s’agit surtout du fait qu’il y a un contexte économique et social permettant une telle attitude. Il y a un déséquilibre dans la partage des richesses, économiques et culturelles, qui fait que certains peuvent vivre de manière improductifs dans les grandes villes en monopolisant les tâches intellectuelles pendant que d’autres doivent assurer les travaux manuels en étant privé de substance intellectuelle.

Si les travailleurs manuels doivent faire l’effort d’évoluer sur le plan intellectuel en s’appropriant les connaissances et les postes de direction,  l’inverse est également indispensable. Les comportements improductifs menant à la décadence doivent être combattus pour faire évoluer l’ensemble du corps social.

Du point de vue de la classe ouvrière, il n’y a pas d’autre choix que de mettre tous ces décadents au travail. Ce sera l’un des devoirs d’une société devenue socialiste et capable de briser ces mœurs libérales-libertaires qui détruisent la civilisation !