Catégories
Nouvel ordre Société

Contre les éléments anti-sociaux, la rééducation par le travail

Seul le travail dans le socialisme peut rééduquer les éléments anti-sociaux.

Plus le capitalisme s’enfonce dans la crise, plus la violence anti-sociale, notamment issue des couches marginalisées de la population, explose. Et si le peuple porte en horreur ce type de comportements, il n’en reste pas moins que comme ailleurs, c’est la lutte des classes qui doit primer dans la solution à apporter.

Et la lutte des classes est un processus complexe dans lequel le peuple est parfois piégé dans des solutions en apparence populaire, mais en réalité opposées à ses intérêts. On peut penser ici à cette idée bien trop répandue selon laquelle c’est l’armée, avec le service militaire, qui servirait à éduquer la jeunesse, notamment celle la plus désocialisée, à la discipline qu’exige la vie en société.

C’est une proposition politique traditionnellement de droite comme solution clé en main à la fois au resserrement idéologique autour de la nation et comme solution éducative.

Dans une récente interview au Figaro, le ministre des armées Sébastien Lecornu justifie l’augmentation des réservistes mais aussi le service national universel en entremêlant cette idée bien militariste du lien entre discipline sociale et engagement existentiel au service de la nation :

On appelle parfois à la rescousse, pour la cohésion de la société, les valeurs militaires d’éthique, de collégialité, de discipline. Mais il ne faut jamais oublier d’où elles viennent. Ces valeurs se sont forgées autour de la notion d’un sacrifice qui peut être ultime. Cela étant dit, est-ce que dans l’histoire on a pu demander aux armées d’accomplir des tâches annexes, notamment en matière d’insertion professionnelle ? La réponse est oui avec, par exemple, le service militaire adapté en Outre-mer ou les Epide. Est-ce que des expérimentations peuvent avoir lieu pour encadrer une jeunesse délinquante dans un parcours de réinsertion ? Oui, c’est déjà le cas et c’est un engagement du président.

C’est que dans le confort des métropoles impérialistes, l’armée n’est plus vue que comme un service spécial qui ne peut être engagée au plan militaire que lors d’opérations dans des conflits asymétriques lointains, dont on ne sait pas grand chose de toute façon.

Evidemment pour la bourgeoisie, l’enjeu c’est bien de renforcer l’armée pour garantir la place de la France comme grande puissance dans le monde, et pour masquer cette idée, il est plutôt insister sur le caractère « sociale » de l’armée. Et cela passe a priori, parce que, au fond, pourquoi ne pas être en même temps une sorte de prolongement de l’éducation nationale, une sorte de stage où l’on serait sévère avec les jeunes et où on leur apprendrait à faire leur lit ?

Or, réduire le service militaire à cela c’est complètement fermer les yeux sur le fait que l’armée, c’est surtout là où on est formaté pour pouvoir massacrer sans état d’âme les soldats d’une nation adverse sur le champ de bataille. C’est cela en réalité la finalité de toute cette discipline et c’est d’ailleurs ce dont se rendent compte certains parents ou adolescents ayant accepté le service national universel.

C’est une formidable machine d’endoctrinement où l’on doit accepter de soumettre potentiellement d’autres peuples par les armes, pour le « bien » de la nation française. L’idée qu’à l’armée il n’y a « ni classe, ni race » relève d’ailleurs de ce bricolage idéaliste pour faire de la nation le seul pivot des aspirations des uns et des autres.

La bourgeoisie revient en force avec cette idée puisqu’elle se retrouve confrontée à la réalité d’une société pétrie dans le libéralisme jusqu’à la nausée, jusqu’au délitement total.

Comment espérer se montrer dissuasif ou maintenir sa domination en ayant une population qui s’en fiche de tout, qui espère juste ne pas être dérangée dans sa consommation ? Malgré tout, elle se doit d’assurer la concorde sociale au sens d’une vie en société qui ne soit pas minée par les comportements individuels anti-sociaux.

Comme dans le capitalisme il est impossible de planifier et d’organiser la production sociale, il ne reste que l’enrôlement militaire comme perspective, ce qui a pour effet indirect de renforcer le militarisme dans un contexte ou prédomine la tendance à la guerre mondiale.

On voit ici tout le caractère opportuniste d’un mouvement comme la France Insoumise qui ne cesse d’insister sur le rétablissement du service militaire comme perspective d’intégration sociale.

On est là à mille lieux de l’héritage du mouvement ouvrier qui veut que les membres d’une société ne sont intégrés que parce qu’ils coopèrent dans et par la production sociale, non pas dans une pseudo solidarité organique qui n’est rien d’autre qu’une approche fasciste du monde.

Quoi de mieux pour être intégré et rééduqué que participer à un effort pour construire une infrastructure collective pour le bien de tous ? La finalité n’est pas le mensonge de la grandeur de la nation, mais la soumission de l’individu et de son égo au progrès collectif.

On voit bien ici tout le mal engendré par le populisme car là où l’intuition populaire pour l’engagement militaire est juste, c’est concernant le besoin de discipline et de valeurs collectives. En effet, la multiplication des comportements anti-sociaux exige une prise en main des question d’éducation de la jeunesse et de la vie en société.

Mais cela ne doit pas passer par une remise en ordre militariste, pilotée par en haut mais par une organisation de la société à la base pour rééduquer et réintégrer ses propres éléments en son sein. Et cela s’appelle ni plus ni moins que le socialisme, avec sa philosophie centrale du travail comme grande mesure salvatrice.

Car on ne peut remettre tout le monde au travail sans passer par la remise en ordre de la société et sans en avoir les moyens sociaux et culturels, bref sans avoir la classe ouvrière au pouvoir. Voilà pourquoi seule la Gauche historique est à même de proposer une solution juste et durable pour en finir avec les comportements anti-sociaux sur la base du pacifisme, du Socialisme !

Catégories
Société

Affaire Michel Zecler: la France suinte les abus par tous les pores

La France s’imagine avoir affaire à des débordements, mais en réalité la violence est présente à tous les niveaux de la société. Celle-ci s’effondre sur elle-même.

« La France est un pays d’ordre et de liberté, pas de violence gratuite et d’arbitraire. » Ces propos d’Emmanuel Macron suite à l’affaire Michel Zecler en disent long sur la sale impression qu’ont les Français alors que la police a tabassé une personne sort de son interpellation mouvementée. Toute l’image d’une France apaisée s’efface devant de telles images. Toutes les prétentions du capitalisme à une société injuste, mais pas arbitraire, disparaissent.

Seulement voilà : dès que les choses sont mouvementées, en France les choses tournent mal. Insistons d’ailleurs là-dessus, car sinon on ne comprend pas le sens de la question.

Il n’y a pas de police abstraite composée de policiers pervers par nature. Il y a une police concrète avec des policiers réels façonnés par leur environnement. Quand on voit les images de l’agression de Michel Zecler, on comprend en effet tout de suite que les policiers agissant de la sorte ne le font pas par excès d’engagement, mais par un comportement habituel, en toute confiance.

Et cette confiance est le produit d’une société décadente où l’ultra-violence sort de tous les pores de la société. On n’a pas des policiers violents, pervers, tabasseurs par plaisir. On a une police violente dans le cadre d’une société violente où tout s’effondre en termes de valeurs. On n’a pas un État policier mais un État en déliquescence – et c’est là toute la différence entre la perspective de Gauche et celle des anarchistes.

On peut prendre un exemple très simple. Les gens font-ils confiance à la police ? Non ! Certainement pas ! Font-ils confiance à leurs voisins ? Non plus ! Et même encore moins ! Et c’est là qu’on a tout compris. Le capitalisme est la guerre de tout le monde contre tout le monde et dans ce cadre, l’arbitraire suinte dans les rapports de force. Cela est vrai à tous les niveaux : à l’école, dans la famille, au travail, dans les rapports avec la police.

Faire croire, comme le font les médias libéraux, les intellectuels de « gauche », les anarchistes… qu’il y a un malaise policier ou avec la police, c’est mentir. C’est toute la société qui connaît un malaise terrible. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a dit :

« Lorsqu’il y a des gens qui déconnent, ils doivent quitter l’uniforme de la République, ils doivent être sanctionnés, ils doivent quitter ce travail, ils doivent être punis par la justice. »

C’est vrai… sauf que tout le monde déconne, plus rien ne tient. Le capitalisme produit des mentalités d’escroc, de manipulateurs, de cogneurs. Si on peut cogner, on le fait, voilà la mentalité. Si je peux arnaquer, abuser, forcer… je le fais. Et comme l’État est aux abonnés absents, la France suinte des abus, par tous les pores.

On a une preuve de cela, très simple d’ailleurs, c’est la violence à l’encontre des animaux. Elle est présente dans toute la société, que ce soit au niveau industriel ou au niveau de la vie quotidienne. La société française y est toutefois largement indifférente. Si vraiment la violence était si isolée dans certains secteurs, la violence contre les animaux apparaîtrait. Ce n’est pas le cas. Les gens sont en France totalement blindés quant à la violence. Dans les grandes villes, les agressions peuvent arriver n’importe où et on le sait. Les faits divers sont innombrables dans tout le pays et les peines encourues ridicules dans bien des cas, pour des tribunaux engorgés et des policiers qui n’ont même plus le temps de faire des enquêtes tellement il y en a à faire !

Tout le monde sait qu’une gare comme celle de Montparnasse à Paris regorge de pickpockets, qu’il y a des taxis à la sauvette, très bien habillés et très polis, juste à l’entrée de l’accès aux taxis, à 10 mètres du commissariat de la gare. Tout le monde s’en moque.

La violence est là, la violence est partout, la France est malade de sa violence… et ce n’est qu’un début dans un processus d’effondrement général. Et si le peuple ne se ressaisit pas, il y aura l’extrême-Droite, un général pour se pointer et se faire élire pour rétablir « l’ordre » – c’est-à-dire la sortie de la crise par la guerre. Comme dans les années 1930.

Catégories
Société

Vitry-sur-Seine: la honte d’avoir accueilli le premier combat officiel de MMA en France

Le premier combat officiel de MMA de l’histoire en France a eu lieu jeudi 8 octobre 2020 à Vitry-sur-Seine, une ville censée être de gauche, dans une salle portant le nom de Maurice Thorez, une figure incontournable de la Gauche française. La honte est totale.

Le MMA est un « sport » indéfendable. Ce sont les jeux du cirque romains, version spectacle à l’américaine ultra moderne, calibrés pour la télévision avec derrière des entreprises pesant une fortune. La démarche, c’est de placer deux brutes hautement formées aux techniques de combat dans une arène (un octogone), avec le droit à quasiment tous les coups (y compris les étranglements et les frappes d’un adversaire au sol) pour se défigurer l’un l’autre.

La ville de Vitry-sur-Seine en banlieue parisienne se couvre de honte en accueillant un tel spectacle dans sa salle municipale, pour une première en France. Il faut bien voir ici que cela ne tombe pas du ciel, car il y a toute une scène locale du MMA à Vitry-sur-Seine et aux alentours, et ce sont là des villes gérées par le PCF depuis des années (malgré les récentes péripéties).

Il y a eu du MMA à la Fête de l’Humanité en 2019 et la FSGT, une fédération sportive liée culturellement au PCF, défend depuis longtemps la légalisation du MMA. D’ailleurs, la FSGT s’était portée candidate pour être la fédération de tutelle du MMA, légalisée par Emmanuel Macron et ce n’est pas pour rien, puisqu’on retrouve l’idée du marché roi, de la sortie par le haut des pauvres au moyen d’un investissement dans et pour le marché, etc.

C’est une illustration de la terrible décomposition du PCF et de la Gauche en général, qui ne pèse plus rien dans le pays mais ne survit que par un populisme racoleur. Car c’est bien de cela qu’il s’agit ici : le PCF, et tous les gens tournant autour, s’imaginent populaires en mettant en avant le MMA.

En fait, ils cèdent à toute une mentalité banlieusarde parisienne, quasi unilatéralement masculine, et extrêmement réactionnaire sur le plan culturel. Cela est d’autant plus terrible que la mouvance du PCF sert ici de fer de lance à une démarche ultra-capitaliste qui se lance et compte bien s’implanter par tous les moyens possibles.

Les combats de Vitry-sur-Seine du 8 octobre 2020 ne sont en effet qu’une mise en jambe, pour ensuite lancer véritablement tout le business du MMA en France. Il y a d’abord des petits combats, des petites organisations puis bientôt viendra le mastodonte commercial UFC qui raflera la mise de ce juteux business.

C’est d’ailleurs Cyril Gane qui l’explique le mieux, lui qui est l’un des seuls Français pratiquant le MMA en étant sous contrat avec l’UFC :

« L’UFC va arriver, elle laisse les organisations mineures faire connaître ce sport aux Français avant de débarquer. C’est une stratégie. Mais tout le monde attend l’UFC. »

Dès le samedi 10 octobre, un « gala » est d’ailleurs organisé à Paris Bercy et on a la ministre des sports elle-même qui s’investit directement dans ces organisations.

On a donc eu, en pleine crise sanitaire et alors que Paris dépasse le seuil d’alerte maximale, 600 personnes dans une salle « Maurice Thorez » qui viennent voir des gens s’écharper, sous les yeux de la ministre d’Emmanuel Macron acclamée.

Tout cela est terriblement décalé, hors sujet, en dehors du temps… ou plutôt totalement conforme à la décadence d’une époque, des mœurs, du capitalisme.

> Lire également : Du pain et des jeux: la Fédération de boxe organise la légalisation du MMA

Catégories
Société

Du pain et des jeux: la Fédération de boxe organise la légalisation du MMA

L’importation du MMA, ce produit américain mêlant spectacle, technicité et ultra-violence dans un « octogone », va être organisée par une fédération existante déjà, pour faire passer la pilule de la barbarie. Téléréalité, ultralibéralisme dans les mœurs, atomisation individualiste… le modèle américain s’impose, avec l’assentiment d’une Gauche ayant capitulé culturellement.

L’impact sur la jeunesse va être énorme, et bien entendu on parle ici de la jeunesse masculine. Sont également visés en particulier les secteurs où le patriarcat est puissant, comme chez les jeunes hommes des cités.

L’idée est simple : tout comme les gladiateurs hier, il est possible de prostituer son corps en le mettant en jeu dans des affrontements alliant brutalité et spectaculaire. Il va de soi que comme on est plus chez les Romains, il faut par contre qu’il y ait tout un package culturel adéquat.

Sont donc mis en avant le côté technique, la dimension sportive, le fait qu’il y ait des règles, une assurance, un classement avec un titre, etc. Et la ministre des Sports Roxana Maracineanu a confié à la Fédération Française de Boxe la tâche de procéder à la légalisation du MMA, pour que l’ensemble passe d’autant mieux.

En un sens, tant mieux, comme cela la Gauche pourra condamner la boxe en soulignant son rôle dans la reconnaissance du MMA. La boxe professionnelle doit être interdite, comme d’ailleurs tout sport où l’objectif est d’obtenir le KO. Le fait de chercher à démolir quelqu’un doit être condamné culturellement, mieux encore : réprouvé.

Les Jeux du cirque version 21e siècle doivent être rejetés. Entendons-nous bien, ce n’est pas simplement une initiative de massacre culturel, c’est aussi des centaines de millions de dollars qui sont ici en jeu. L’entreprise Ultimate Fighting Championship a été vendue en 2016 pour… plus de quatre milliards de dollars. Mais il en existe de très nombreuses autres.

Pour cette raison, quand on parle du MMA on parle en fait simplement de la boîte de Pandore d’un massacre en règle dans un « octogone ». Inévitablement, de par le relativisme culturel et la décadence du capitalisme, cela ira plus loin. On ne peut que rire quand Cyrille Diabaté, ancien sportif de haut niveau dans les sports de combat et président de l’Alliance française du MMA, explique à Paris Match :

« Je me réjouis de cette nouvelle, notamment pour les jeunes qui vont pouvoir s’inspirer de la pratique et de ses valeurs fortes qui manquent dans notre société : la ponctualité, le respect, l’humilité, le courage, la volonté ou encore l’abnégation. »

La ponctualité aux réunions associatives ? Le respect des personnes âgées ? L’humilité face à la vie animale ? Le courage face à la brutalité patronale ? L’abnégation en faveur de l’environnement ? Car le problème du MMA, au fond, au-delà de la violence, c’est bien celui-là : prôner des valeurs abstraites, qui auraient une valeur en soi. C’est là précisément le contraire de tout art martial tel qu’il s’est développé historiquement : comme produit du peuple, lié à une société, avec un objectif qui est toujours la victoire sur soi-même. Car la plus grande victoire est sur soi-même.

> Lire également : La ministre des Sports va légaliser les combats de MMA

Le MMA n’a rien à voir avec tout cela, c’est le produit du capitalisme le plus vil, qui cherche des terrains toujours nouveaux pour asseoir sa soif de profit. Qui peut prétendre qu’il y a quelque chose de culturellement positif à passer à la télévision pour démolir quelqu’un en espérant ramener des milliers, des dizaines de milliers, des centaines de milliers de dollars ?

Catégories
Culture

Yépa – Oui? Non? OK

Le groupe Yépa des frères jumeaux Le Bon Nob (rap) et Rémo (prod) propose avec « Oui ? Non ? Ok » un morceau d’une grande valeur, qui aborde la question du viol de manière très réaliste.

On n’est pas ici dans une scène violente et impromptu, telle que l’on l’imagine presque toujours quand on parle de viol, mais dans un rapport presque banal de la vie quotidienne, le week-end en soirée. Le refrain est très bien vu :

« Elle a pas vraiment dit oui, elle a pas vraiment dit non, il a pas vraiment demandé, c’était  ambigu »

Dans de nombreux cas, les viols ont lieu dans ce genre de situations. Ce sont les comportements non-démocratiques de certains hommes qui produisent ces viols. Souvent, ils n’imaginent même pas agir en violeur. Pire, parfois même certaines femmes peuvent mettre beaucoup de temps, plusieurs années, avant d’assumer le fait qu’elle se soit faite violer (ce qu’elles savent pourtant au plus profond d’elles-mêmes depuis le début).

Yépa affirme donc une position démocratique très engagée, avec un clip d’une grande qualité montrant des femmes dans leur quotidien, afin de bien souligner leur dignité et la grande considération qu’elles méritent. Il faut écraser les comportements anti-démocratiques de ces hommes se moquant du consentement des femmes, ces violeurs.

Catégories
Société

La manifestation contre les violences sexistes et sexuelles du 23 novembre 2019

La France est un pays qui connaît un engagement démocratique ayant une base solide. C’est ainsi qu’il faut comprendre la manifestation parisienne du 23 novembre, où 50 000 personnes ont exigé un arrêt des violences sexistes et sexuelles et aux « féminicides ». Mais le niveau culturel est totalement nul. Les violences sont considérées de manière purement abstraite, comme si elles étaient séparées des valeurs en perdition de la société. La seule exigence atteinte est d’ailleurs celle d’un engagement financier accru de l’État.

Les participants à la manifestation du 23 novembre 2019 ont été très satisfaits de la mobilisation. Des gens comme Manon Aubry‏ (pour qui 150 000 personnes sont venues), ont même parlé d’un succès « historique ». C’est tout de même étrange et c’est là qu’on s’aperçoit de l’origine sociale qui a prédominé.

Non pas qu’il soit faux de se mobilier contre les violences faites aux femmes. Cependant, dans le peuple, personne ne se dit qu’on va vers une amélioration de la condition des femmes et que, d’ailleurs, il suffirait de rajouter 700 millions de budget pour résoudre les problèmes.

Loin d’être « historique », la manifestation a donc exprimé plutôt une terrible défaite. Car les violences sexuelles commises par des hommes contre des femmes (et des enfants) est un grand non-dit de la société française. Elles ont beau être massives, le règne de l’individualisme empêche toute lecture culturelle, sociale et politique. La justice réduit cela à un fait-divers perturbant l’opinion publique et cela s’arrête là.

La manifestation du 23 novembre a par conséquent ceci d’inquiétant qu’elle exprime une prise de conscience non pas « positive » et cherchant à renverser la situation (même si elle prétend le contraire en disant qu’elle entend corriger les choses), mais entièrement « négative » comme fruit d’une véritable crise générale en ce domaine.

Pour dire les choses de manière alambiquée : la société française est en faillite morale et culturelle. La cause de cette faillite est simple : le capitalisme réduit tout aux individus et démolit la démocratie – y compris la démocratie dans le couple. Il n’y a pas de « féminicides » mais des meurtres qui sont une conséquence du refus de reconnaître la démocratie par des hommes assumant une posture patriarcale.

Les femmes aussi nient tout autant la démocratie dans le couple, la différence significative étant que les conséquences ne sont pas meurtrières. Reste que dans le capitalisme tout le monde est corrompu, tout le monde maltraite l’autre. Là est le véritable problème de fond.

Tout cela est cependant trop politique pour des gens se mobilisant mais refusant de rompre avec l’ordre établi, espérant encore et toujours que tout se règle. De même que les gilets jaunes demandent de l’argent à l’État, la solution féministe serait de demander de l’argent à l’État.

Il y a bien entendu la nécessité de parer aux urgences pour les femmes battues – mais dans une société toujours plus en crise, le nombre des violences contre les femmes va forcément toujours plus grandir. C’est cela dont il faut prendre en conscience et se mobiliser pour le Socialisme, qui seul peut être un frein social et historique à la tendance en cours, puis l’abolir s’il a les moyens d’État !

Il y a d’ailleurs un piège philosophique avec cette histoire de centaines de millions d’euros demandés. L’argent exigé vise en effet l’amélioration des conditions d’accueil individuel, afin de souligner que les problèmes des « féminicides » seraient toujours « individuels », tout serait une question d’individus seulement.

Il est ainsi considéré de manière abstraite qu’il y a des individus malsains et qu’il faut une solution individuelle pour les femmes victimes, ce qui a sa dignité, mais ce qui est une illusion dans un pays capitaliste où les valeurs s’effondrent et où la tendance à la guerre est toujours plus marquée !

Lorsque Adrien Quatennens‏ (de La France Insoumise) dit qu’il faut « réclamer 1 milliard pour sortir du cauchemar », c’est de la démagogie. On ne sort pas du cauchemar capitaliste sans de lourds sacrifices ! Mais le peuple n’y est pas prêt. D’où les contorsions de la réalité, la demande à l’État d’intervenir, l’illusion que tout va s’améliorer.

Il ne faut pas s’étonner si avec un tel formatage, même le Président de la République peut trouver très bien ce genre d’initiatives apolitiques et surtout déconnectées des rapports sociaux :

« J’adresse mon soutien à chaque femme qui a vécu des violences sexistes ou sexuelles. Comptez sur moi pour poursuivre la mobilisation du gouvernement et de la Nation entière dans cette grande cause. Besoin de l’engagement de chacun(e) pour #NeRienLaisserPasser. #NousToutes »

Les petits-bourgeois qualifieront de catastrophisme une telle approche critique. Mais c’est dans leur nature que de semer des illusions sur la pérennité d’un système capitaliste qui est en train de s’effondrer sous nos yeux.

Catégories
Société

La violence aveugle des jeunes dans les cités pour Halloween

L’actualité est marquée par quelques violences liées à Halloween dans les cités, avec notamment ce centre culturel brûlé à Chanteloup-les-Vignes dans les Yvelines, ainsi que cette école elle aussi brûlée à Bézier dans l’Hérault. Cela ne relève toutefois pas d’une insurrection généralisée ou d’une mise en péril de l’État, mais d’une grande décomposition sociale s’exprimant dans une violence aveugle, strictement parallèle à la décomposition de la Gauche historique.

Le gouvernement fanfaronne en prétendant que les récentes violences dans les cités seraient une réaction à son plan de lutte contre la drogue. Le Premier ministre lui-même a été dépêché pour expliquer :

« Nous sommes parfaitement conscients de ce que lorsque nous bousculons les trafics de stupéfiants, cela crée des tensions (…). Mais nous sommes déterminés à faire en sorte que ce trafic puisse cesser et à faire en sorte que l’ordre puisse être respecté et rétabli ».

Qui peut croire à cela, franchement ? Déjà parce que le trafic de drogue n’est nullement empêché en France et de toutes manière ce genre de violences spectaculaires n’est pas son mode opératoire. Personne ne peut croire que les réseaux de trafiquants auraient à ce point la main qu’ils s’imagineraient faire pression directement sur le gouvernement.

D’ailleurs, aussi impressionnantes peuvent-elles êtres, ces violences ne représentent en réalité pas grand-chose. On peut bien sûr être en colère contre le fait que des adolescents en soient rendu à brûler une école primaire ou un bâtiment culturel, pour ce qui relève surtout d’une surenchère concurrentielle entre cités via Snapchat. Mais à part pour les habitants directement concernés ( et encore ), cela ne change pas grand-chose à la marche quotidienne du pays. C’est anecdotique, bien plus anecdotique que la fermeture d’une usine ou l’installation d’un nouveau centre commercial.

Il n’y a d’ailleurs pas particulièrement de blessés graves du côté des forces de l’ordre, qui sont extrêmement bien équipées et rodées à ce genre de confrontations. C’est violent certes, mais il ne s’agit dans la plupart des cas que de cailloux et de tir de feux d’artifices par des adolescents en quête de sensations fortes. Tout au plus y a-t-il parfois des jets de boules de pétanque ou des cocktails Molotov.

C’est un peu l’équivalent des gilets jaunes et des « blacks blocs » le samedi, mais en version adolescents prolétaires issus de l’immigration et en moins prétentieux. Dans les deux cas, cela consiste en beaucoup de bruit pour en fait pas grand-chose, ce qui est une attitude très française.

Il ne faudrait pas pour autant nier la pression que subissent les forces de l’ordre et les pompiers, qui sont ici en première ligne pour « gérer » la décomposition sociale (et ne surtout rien régler). Comme si cela ne leur suffisait pas de voir leurs moyens matériels se dégrader, de faire énormément d’heures supplémentaires, d’arrêter en permanence des délinquants qui sont ensuite relâchés par la Justice, ils doivent aussi se « coltiner » ces bandes d’adolescent leur tendant des guets-apens pour s’amuser en criant « mort aux porcs » et autres idioties du genre.

Les statistiques officielles sont ici assez marquantes. Depuis le début de l’année, les « violences contre les dépositaires de l’autorité » ont augmentée de 14 %, soit 29 254 faits comptabilisés fin septembre. Cela donne en moyenne 107 agressions par jour. Il faut compter à côté de cela 22 624 outrages sur la même période.

Tout cela est la preuve d’une grande décomposition sociale dans le pays, avec une généralisation des attitudes décadentes autodestructrices. Les policiers et les pompiers sont pris pour cible à titre individuel, comme des totems, mais il n’y a aucun contenu politico-culturel à ces agressions, ni aucune perspective positive évidemment. Le plus inquiétant d’ailleurs en ce qui concerne les cités est qu’il ne semble y avoir aucun adulte pour mettre le holà aux bêtises des jeunes ou pour les aider à orienter positivement leur besoin de révolte.

Dans les années 1990, il y a eu le film Ma 6T va craker comme étendard de ce qui était censé être le summum de la révolte sociale. On peut avoir beaucoup de sympathie encore aujourd’hui pour le clip « La sédition » de 2 bal et Mystik (issu de la BO très réussi du film lui sans intérêt), qui était un clip d’une grande vigueur et assumait même un discours révolutionnaire communiste.

Mais que s’est-il passé depuis ? L’échec de la révolte de 2005, avec une Gauche cachée sous la table, a permis la grande offensive des islamistes. Parallèlement à cela, la Gauche institutionnelle a toujours plus disparu des cités, pour ne les regarder que de loin avec un discours misérabiliste, comme si les gens y vivaient en guenille en ayant à peine de quoi manger. Cela a directement laisser l’espace à une nouvelle génération de petits-bourgeois jouant sur le communautarisme et l’idéologie pseudo-décoloniale pour prendre des places dans la société capitaliste.

Bien sûr, la vie dans ces banlieues sensibles des grandes villes ne fait pas rêver, surtout pour qui ne supporte pas les trafics de drogues et les attitudes patriarcales des garçons comme le vrombissement de grosses cylindrées.

Ces attitudes sont d’autant plus détestables qu’elles sont largement encouragées par des petits-bourgeois de centre-ville fantasmant sur certains clips de rap, comme le ridicule et caricatural clip « Fuck le 17 » récemment.

En attendant, la Droite et l’extrême-Droite ont le champ libre pour dérouler leur discours et préparer l’opinion à un changement de régime, dans le sens d’une intégration forcée et généralisée au nationalisme.

Bruno Retailleau, un des leaders de la Droite s’est ainsi enflammé :

« Les incendiaires de Chanteloup-les-Vignes ne sont pas des imbéciles et des irresponsables comme le dit Édouard Philippe. Ce sont des criminels qui veulent affaiblir la République. Tant que les réponses politique et pénale seront aussi faibles, cette situation ne changera pas »

Guillaume Peltier, l’un des principaux responsables du parti Les Républicains, a même plaidé pour que « les mineurs délinquants récidivistes » aillent en service militaire obligatoire.

On aura compris que le jeune Jordan Bardella, vice-président du Rassemblement national, appel pour sa part directement à une réaction violente et organisée contre les jeunes de cité  :

« la solution ne réside pas dans plus de politique de la ville et plus de milliards d’euros, mais dans la sortie de l’angélisme et dans le rétablissement de l’ordre républicain, en regardant les causes en face: l’immigration massive, le communautarisme, le rejet de la France et de ses valeurs, la ‘culture racaille’, et les trafics en tous genres qui alimentent ces quartiers ».

On a le même genre de propos du côté du PCF avec le bourgeois Ian Brossat, adjoint à la Maire de Paris, qui en appel au « retour de l’État dans nos quartiers populaires » et à plus de Police, comme si l’État français était une force neutre, au service de la population… Comme si d’ailleurs l’État avait déserté les « quartiers » et qu’il n’y avait aucune structures d’aide sociale, d’animation culturelle, de soutien scolaire, etc.

C’est la Gauche historique qui par contre a largement disparu des quartiers populaires. C’est cela le grand drame des cités, tout comme c’est le drame des zones pavillonnaires populaires et des campagnes ouvrières. C’est cela qu’il faut changer, pour remettre le prolétariat et la perspective d’une société nouvelle, démocratique et populaire, au centre des préoccupations populaires.

Catégories
Société

FCPE – Les Lilas (93): «quand viendra le temps d’une véritable prise en compte de ces phénomènes de rixes ?»

Voici le communiqué des fédérations de parents d’élèves FCPE du lycée et des deux collèges concernés par la mort insupportable d’un jeune s’étant opposé à une rixe pendant un cours d’EPS aux Lilas, en Seine-Saint-Denis :

« Aux Parents et responsables légaux des élèves,

Les membres de la FCPE du Collège Marie-Curie, du Lycée Paul Robert des Lilas, du collège Jean-Jacques Rousseau du Pré Saint Gervais tiennent à exprimer leurs sincères condoléances à la famille de Kewi, Gervaisien, décédé suite à une rixe qui a eu lieu ce vendredi 4 octobre 2019 aux Lilas. Nous témoignons aussi notre profonde solidarité à l’ensemble de la communauté éducative et particulièrement à ceux et celles qui ont été impliqués dans ce tragique évènement survenu pendant le temps scolaire.

La mort de Kewi est une nouvelle fois, après celle d’Aboubakar en octobre 2018, un drame pour tous. Elle n’est pas issue d’un accident, ou d’un geste malheureux, elle résulte d’une violence indescriptible.

Quand viendra le temps d’une véritable prise en compte de ces phénomènes de rixes qui ne cessent de se répéter ?

Quand viendra le temps d’une véritable prévention avec l’ensemble des acteurs des quartiers, de la communauté éducative, des collectivités locales, de la Préfecture et de la Police pour se donner les moyens d’en finir avec ces actes de violence ?

A de nombreuses reprises, nous, parents d’élèves, avons fait remonter lors de conseils d’administration, de réunions publiques ou de rendez-vous avec les instances notre inquiétude face à cette installation et banalisation de violences subies par tous : enfants, parents, équipes pédagogique et administrative.

Aujourd’hui nous sommes très en colère et abattus par le trop peu d’actions communes menées par les instances sur le territoire.

Bien sûr, des mesures exceptionnelles pour assurer la sécurité des élèves et des habitants ont été prises immédiatement : la Police Nationale, les services de l’Education Nationale et la Préfecture maintiennent une vigilance extrême, sécurisent aujourd’hui les accès au lycée et aux collèges et accompagnent psychologiquement les enfants.

Mais que se passera-t-il dans les prochaines semaines ? Les prochains mois ? Les prochaines années ?

Nous en avons assez d’entendre que nos communes sont les privilégiées du 93.

Nous demandons à ce que de véritables moyens humains et financiers soient mis en place immédiatement et sur le long terme.

Nous demandons à ce qu’une instance de coordination incluant tous les acteurs du territoire soit créée et s’inscrive dans la durée.

FCPE – Lycée Paul Robert des Lilas – fcpelyceepaulrobert@gmail.com
FCPE – Collège Marie Curie des Lilas – parents.college.lilas@gmail.com
FCPE – Collège Jean-Jacques Rousseau du Pré Saint Gervais – fcpejjrousseau@gmail.com »

Catégories
Rapport entre les classes Réflexions

Le souci : les gens détruits sont fascinés par la destruction

Il y a des gens très éprouvés par la vie dans notre société ; ils ont subi des choses très dures, violentes au point de les avoir défigurés psychologiquement. Outre la difficulté à surmonter le passé pour continuer à vivre et avancer, il y a une certaine fascination qui reste : la violence en impose. C’est qu’à l’arrière-plan, cette violence est sociale.

Il est fondamentalement erroné de réduire les mésaventures d’une personne à la vie personnelle de celle-ci. Un enfant battu n’est pas un individu écrasé par un autre, c’est une personne humaine avec un certain développement social écrasée par toute la société à travers un individu. C’est totalement différent. Si l’on perd de vue tout cet arrière-plan, on ne comprend pas pourquoi les horreurs subies sont tellement pénétrantes dans la personne brisée.

Les êtres humains sont en effet des êtres sociaux, ils appartiennent à la société, et inversement. Ce qui les frappe n’est jamais un simple événement, cela prend toujours la proportion de la société toute entière. C’est pour cela qu’une simple agression, un épisode somme toute banale dans notre société empli de brutalités, prend une telle dimension pour les gens qui l’ont subi. C’est comme si le ciel leur était tombé sur la tête, comme si toute la société leur tombait dessus.

Et comme la société n’abolit pas ce qui la tourmente, ne supprime pas les phénomènes produisant des monstres, les victimes ressassent, connaissent des obsessions. Seule une contre-violence destructrice leur semble le moyen de s’affirmer. Il ne s’agit pas du tout ici d’une violence révolutionnaire, au sens d’un engagement plein de confrontation avec le capitalisme, l’État, les institutions, etc. Non, il s’agit de la tentative de reproduire ce qu’on a subi, ailleurs, sur un autre mode, en étant cette fois le protagoniste.

Cette sorte de catharsis produit par une contre-brutalité inversée est un phénomène bien connu : on sait comme souvent les hommes faisant des enfants des victimes sexuelles ont eux-même été des victimes sexuelles. C’est le fameux thème de la reproduction de la violence – mais, en fait, ce thème est-il si fameux ? Car dans notre société individualiste, si prompte à parler de sociologie pour finalement en revenir toujours à l’individu, qui raisonne encore en termes de violence sociale, de reproduction de phénomènes à l’échelle de la société elle-même ?

Le faire, c’est nier la particularité de l’individu, c’est admettre que les êtres humains sont déterminés. Seuls les partisans du socialisme peuvent raisonner ainsi. Et force est de constater par ailleurs que les victimes, ayant connu une dégradation de leur personnalité, se mettent justement à se replier elles-mêmes sur leur individualité, à se comporter comme des individualistes, afin de chercher une voie pour exister, pour survivre.

Le socialisme, pour le comprendre, demande un esprit de synthèse, une capacité d’abstraction. Cependant, lorsqu’on est victime, on est seulement dans le dur, dans le concret immédiat. Il n’y a pas de place pour les raisonnements à moyen terme, pour le repli philosophique. Il y a les faits, les secondes qui passent les unes après les autres et qu’il faut remplir à tout prix. D’où la fascination pour la puissance de ce qu’on a subi, d’où la quête de trouver aussi fort, d’avoir à sa disposition quelque chose d’aussi explosif.

C’est là naturellement contourner le rapport à la violence sociale. Il ne peut en aucun cas s’agir de reproduire la violence subie, mais de lui opposer une contre-violence sociale, définie par l’alternative collective. Cela n’implique pas le refus de la vengeance, mais cela exige au préalable la transformation de soi-même et la participation à la transformation du monde. Sans quoi on devient soi-même un monstre.

Sans cela qu’aurait-on, et qu’a-t-ton ? De la reproduction sociale de la violence à tous les niveaux. Un tel qui trompe un tel qui par conséquent trompe un tel et ce à l’infini. Quelqu’un qui ment à un tel qui ment à un tel par conséquent et ce à l’infini. Cela donne une société où l’amitié et l’amour se retrouvent si fragiles, alors que leur loyauté devrait être à toute épreuve.

C’est bien cela le pire. En cherchant à se préserver, les victimes pratiquent la fuite en avant. Et perdent alors tout, et reproduisent le phénomène, à l’extérieur d’elles-mêmes et pour elles-mêmes. Et là plus rien ne tient… jusqu’à la prochaine fois où l’on recommence, et ainsi de suite.

Catégories
Société

Le rapport caricatural de l’OIP sur les gardiens de prison

L’Observatoire international des prisons a publié un rapport mettant en cause la violence des gardiens de prison : c’est typique de la « Gauche » qu’on définira comme chrétienne-démocrate si l’on est gentil, comme bisounours si on est réaliste. La prison est à l’agonie comme institution, les prisonniers basculent dans la folie alors que la démarche anti-sociale de beaucoup d’entre eux est une norme. Mais ce serait la faute au personnel pénitentiaire !

La société est toujours en retard par rapport à sa propre transformation. Elle s’aperçoit bien après que des choses ont changé. Prenons les policiers et les gardiens de prison. Auparavant, c’était des gens arriérés culturellement, venant directement de la campagne. Cela en faisait des cogneurs, des « fachos ». Et cela était vrai jusque les années 1980.

Puis la société s’est urbanisée et maintenant le policier, le gardien de prison, c’est bien souvent simplement quelqu’un cherchant du travail et se disant : là je peux aider, j’ai une certaine sécurité de l’emploi, c’est rude, mais j’aime bien me confronter au réel.

Or, les prisons françaises sont explosives. Locaux vétustes, surpopulation, manque de moyens à tous les niveaux, c’est une catastrophe. À cela s’ajoutent des détenus gangrenés par la folie et les comportements anti-sociaux virulents pour une large partie d’entre eux. Ce n’est pas de leur faute : c’est la société qui est responsable. Cela n’en rend pas les choses plus faciles pour autant au quotidien.

On imagine donc que tout est moche et que les salauds se révèlent vite du côté des matons, que même sans en être un on tombe forcément dans la pratique d’une forme d’injustice. C’est inévitable, c’est un déterminisme social évident.

Que faut-il comprendre de cela ? Que les matons sont des ordures, ou bien que le capitalisme est décadent et incapable de gérer l’emprisonnement ? L’Observatoire international des prisons a choisi son camp : la prison est une institution dont les employés ont des comportements mauvais, car eux-aussi sont mauvais. C’est ce qu’on comprend de son rapport qui vient de sortir.

C’est un raccourci, c’est trop simple, c’est de la fausse Gauche, qui se donne bonne conscience pour pas cher. C’est une manière de ne pas dénoncer la prison comme institution chaotique, laissée à l’abandon… Parce que la société ne fait qu’obéir au capitalisme et à son souci de rentabilité. C’est d’ailleurs cela ou l’enfer des prisons américaines, avec leur privatisation, etc.

L’Observatoire international des prisons fait donc son Victor Hugo, en déconnexion complète de la réalité. Voici par exemple ce qui est raconté dans son rapport.

« Il est fréquent que, lors d’altercations entre un détenu et un ou plusieurs surveillants, des personnels soient appelés au renfort pour contenir la situation. Il existe, dans ces situations à l’occasion desquelles les surveillants sont amenés à recourir à la force, des risques de dérives. »

Une recherche en sociologie note qu’ils sont plus importants encore « lorsque l’intervention fait suite à l’agression d’un agent ». Elle cite notamment un surveillant qui explique : « Quand il y a une alarme, tout le monde arrive parce qu’ils sont contents de maîtriser et de donner des coups, ou de protéger des collègues. »

Quelle incroyable recherche en sociologie ! Lorsqu’un collègue ou un ami est agressé, la motivation est d’autant plus grande pour le défendre ! Et c’est transformé en maton salaud cherchant un prétexte pour faire sa crapule.

Voici un autre exemple, tout aussi significatif.

« Plusieurs affaires récentes révèlent des complicités de violence ciblant tout particulièrement les auteurs d’infraction à caractère sexuel (AICS). Fin 2018, neuf personnes incarcérées pour des affaires de mœurs à la maison d’arrêt de Metz portaient plainte : elles se plaignaient d’avoir été passées à tabac par d’autres détenus, avec la complicité de surveillants qui leur ouvraient les portes. »

Pauvres violeurs, agressés par des gens qui, au-delà d’être anti-social bien souvent individuellement, connaissent personnellement les valeurs populaires fondamentales…

L’Observatoire international des prisons n’est tout simplement pas sérieux. Les prisons sont des lieux de corruption, de mal-être, de maladies, d’isolement, de folie… Et il serait possible de faire abstraction de cela, et de dénoncer le personnel pénitentiaire, toujours plus prolétarisé ? C’est tout simplement ridicule, à moins que ce soit pour donner raison à Marine Le Pen et surtout Marion Maréchal, en publiant des documents caricaturaux.

Catégories
Société

Communiqué de l’OIP : « Violences des surveillants de prison : brisons le silence »

Voici le communiqué de l’association Observatoire international des prisons présentant un rapport présenté comme un état des lieux de la violence des gardiens dans les prisons.

Le rapport est disponible en cliquant sur ce lien. C’est un document très unilatéral, qui fait un raccourci caricatural en prétendant que tout serait la faute des « maton ».

« Violences des surveillants de prison : brisons le silence

Derrière les portes closes des prisons, des personnes détenues sont régulièrement victimes de violences physiques de la part d’agents pénitentiaires. Après une enquête d’une ampleur inédite, l’OIP publie aujourd’hui un rapport qui dresse un état des lieux de ces violences, décrypte les rouages qui leur permettent de se perpétuer et propose des recommandations pour mettre fin au déni et à l’impunité.

Ces deux dernières années, l’OIP a reçu près de 200 appels ou courriers de détenus qui déclarent avoir été violentés par des personnels pénitentiaires – deux signalements par semaine en moyenne, qui ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Pourtant, rares sont les cas qui font l’objet d’un traitement médiatique ou d’une décision de justice. Pourquoi ? Parce que vérifier les faits pour faire éclater une affaire de ce type au grand jour est souvent mission impossible. Parce que pour une personne détenue, porter plainte est un véritable parcours du combattant et un pari risqué. Parce que ces violences surviennent le plus souvent à l’abri des caméras de vidéosurveillance et sans témoins, et que ceux qui voudraient les dénoncer, qu’ils soient détenus ou agents pénitentiaires, s’exposent à des représailles. Parce que l’institution préfère souvent fermer les yeux, et que saisir la justice ou les organes de contrôle est presque toujours vain. Parce qu’en prison, opacité et omerta se conjuguent, jusqu’à l’impunité.

Après un an d’enquête et une centaine d’entretiens avec des victimes, des surveillants, des directeurs de prison mais aussi des magistrats, des avocats, des médecins, etc., c’est tout un système que ce rapport entend faire éclater au grand jour. Un système qui permet à ces violences de perdurer, quand bien même elles seraient le fait d’un petit nombre. Un système où des dysfonctionnements en série font qu’aucun des acteurs et institutions ne joue son rôle de garde-fou, où chacun s’en remet à l’autre pour rendre une justice qui, le plus souvent, ne vient pas. Un système enfin sur lequel repose une véritable chape de plomb.

À l’heure où les violences policières sont régulièrement pointées du doigt, ce rapport rappelle qu’il est un autre espace, non public, où la légitimité de la violence étatique devrait être questionnée, où aucun débordement ne devrait être toléré, où le silence devrait être brisé : la prison. »