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Rapport entre les classes

La réindustrialisation, c’est élaborer un nouveau mode de vie

Le « made in China » est une aberration sociale, écologique, économique, bref c’est une manière de faire fabriquer les choses à rejeter en bloc.

C’est pourquoi la réindustrialisation s’impose comme l’un des thèmes pivot pour l’affirmation du monde nouveau. Ce n’est pas pour rien que les expériences socialistes passées aient axé leur développement sur ce point : un ordre socialiste exige une base productive nouvelle.

L’URSS des années 1930 a décollé par la mise en œuvre de ses plans quinquennaux et la Chine populaire de la fin des années 1950 a cherché à produire elle-même son acier. A la différence de ces expériences, la France des années 2020-2030 n’a pas besoin de s’industrialiser, mais de se réindustrialiser dans un contexte de société de consommation généralisée.

Face à la société de consommation triomphante qui laisse se développer des individualismes de toutes sortes, il nous faut générer un mode de vie nouveau. Cela ne peut tomber du ciel : il faut en avoir les moyens industriels, tout autant que la volonté culturelle et politique.

La réindustrialisation n’est donc pas un retour à un ancienne industrie, encore moins une « gestion » économique pour donner du « travail ». C’est le cœur même du développement social et culturel d’une société.

Produire de la musique de qualité, c’est par exemple avoir à disposition du matériel musical de haute qualité, donc produit d’un haut niveau technique. Tout comme les vêtements, la mode vestimentaire suppose une industrie textile de haut niveau, avec un travail sur les textures et les couleurs, donc les matériaux utilisés, etc.

La France socialiste se doit donc de générer tout un nouvel appareil productif en rapport avec les besoins à satisfaire qu’elle se donne comme horizon.

Cela doit se réaliser selon un cheminement avec des étapes précises. D’abord, il s’agit de recenser les besoins et les moyens que le pays a à sa disposition pour les satisfaire. Cela demande de voir si telle ou telle production existe en France de manière totale ou partielle. On peut par-exemple avoir la matière première mais pas l’industrie de sa transformation, et vice versa. Ensuite, le recensement nécessite évidemment de voir ce qui relève des besoins de la civilisation et ce qui relève de la décadence capitaliste.

Par-exemple, ce qui est actuellement nommé « réindustrialisation » par le gouvernement relève d’une simple modernisation du capitalisme français dans l’espoir de le relancer dans des secteurs « porteurs », c’est-à-dire avec un taux de profit élevé à court-terme.

Mais le fait d’implanter des mégas-usines de batteries pour voiture électrique relève d’industries décadentes qui vont ne faire que prolonger un mode de vie polluant et individualiste. Tout comme l’annonce d’investissements par Ikea, sûrement d’ailleurs de centres logistiques, n’est qu’un accompagnement de la mentalité du petit propriétaire qui n’a plus lieu d’être. Et que dire des projets de « relocalisation » pour l’industrie militaire, simple faire-valoir pour le militarisme français ?

Par conséquent, au recensement suit la planification. Cette étape ne peut avoir lieu que si un recensement très rigoureux a été effectué pour la simple et bonne raison qu’il faut pouvoir dire ce qui va être socialisé et ce qui va être démantelé.

Il faudrait par exemple une vaste enquête sur la consommation d’électricité inutile en France, des spots publicitaires jusqu’aux enseignes commerciales en passant par tous les gadgets numériques. Ce sujet est capital, car il concerne les besoins énergétiques du pays et l’on voit comment la bourgeoisie française impose la relance du nucléaire par l’idée d’une hausse de « l’électrification des usages » à l’avenir. Cette électrification repose en fait largement là-aussi sur l’absurde généralisation de la voiture électrique.

Une France socialiste à l’inverse couplerait à la fois la rupture culturelle avec la voiture individuelle, qu’elle que soit son type de motorisation, et à la fois la généralisation des transports en commun, avec priorité pour le train et le tramway. Y compris, et surtout dans les zones de campagne.

Combien représente de consommation électrique un tramway de 3 rames pouvant transporter 300 personnes en comparaison à 300 personnes dans leur voiture individuelle, ou même 150 en voitures individuelles en postulant le covoiturage ? Ou pour prendre un exemple très concret, combien représente de Kw consommés l’ensemble des tablettes numériques affichant simplement les prix et les détails de chaque produit dans les magasins d’opérateurs téléphoniques et internet ?

D’ailleurs, l’industrie du transport en commun doit s’imposer comme la clef de toute réindustrialisation digne de ce nom. La généralisation des trains et des tramways à tout le pays, et non pas simplement les grandes villes, vise à générer un nouveau mode de vie collectif. On sait déjà ici que cette industrie sous-tend deux types d’industries : une sidérurgie et la production d’outils de production, de machines de haut niveau. Il y a de belles possibilités en France pour le second aspect bien que cela soit totalement insuffisant au plan quantitatif.

La France s’est d’ailleurs tellement « désindustrialisée » qu’on peut dire ici sans nulle doute que le chemin de la réindustrialisation doit passer par la mise en place d’une grande production sidérurgique et de machines-outils. Sans cela, il n’y a pas de marges de manœuvre réelle.

On est ici au stade de l’URSS d’avant 1930, tout en ne l’étant pas de part le niveau d’accumulation de connaissances techniques et scientifiques dans les mains de monopoles capitalistes qu’il s’agit de socialiser.

Mais l’industrie du transport ouvre la voie à un autre grand thème, celui de l’aménagement du territoire, aujourd’hui totalement bancal. Dans les années 1950-1960, l’organisme de la DATAR a accompagné le capitalisme français dans une « délocalisation productive » qui a abouti à des zones de production ultraspécialisées, en délaissant d’autres.

Cela n’est pas durable. Chaque région de France, dont la délimitation resterait à élaborer, se doit d’avoir une base productive autonome lui permettant de faire face à la satisfaction des besoins essentiels dans le cadre d’une production répartie selon le plan national.

Mais on ne peut plus avoir des pôles de spécialisation comme c’est le cas aujourd’hui, à moins de « naturaliser » le développement géographique par les « besoins » du capitalisme.

C’est à ce prix que l’on peut élaborer une planification productive adéquate qui voit s’ajouter au démantèlement, son corollaire, la systématisation. Il faudra systématiser des procédés essentiels à un nouveau mode de vie, mais actuellement mis de côté du fait des nécessités du capital cherchant à produire selon un taux de profit le plus élevé et non pour des besoins sociaux.

Un bon exemple est celui des systèmes de récupération des eaux de la douche et des lavabos pour alimenter l’eau des sanitaires, toujours basés sur de l’eau potable – ce qui est d’une absurdité totale dans une époque marquée par l’accentuation des sécheresses et des canicules. Quel type de production avons-nous en France pour planifier la systématisation de ce système à tous les logements ?

On aurait besoin de généraliser ces réflexions sur ce qu’il faut systématiser… Car la systématisation, cela signifie la massification de produits en série, donc la baisse des coûts. On pourrait parler ici de la systématisation de l’alimentation végétale pour arrêter les supplices envers les animaux, d’une industrie textile pour des vêtements à la fois fonctionnels, de grande qualité et chics, de l’industrie chimique pour les médicaments, etc.

Évidemment, le processus de réindustrialisation qui se fonde sur les tâches de recenser-planifier-démanteler-systématiser relève d’un programme d’État.

Un nouvel État, non pas fondé sur des « experts », des « scientifiques », mais sur la créativité collective du peuple. Pour cela il lui faut des organes pour stimuler le foisonnement démocratique. C’est la revendication de la Gauche historique qui a pris le nom de « soviets » en Russie mais que l’on peut facilement nommer assemblées générales en France. Les tâches de la réindustrialisation imposent donc la généralisation des assemblées générales à l’ensemble du territoire pour formuler les besoins à satisfaire.

Car une réindustrialisation qui ne suppose par le transfert du pouvoir de la bourgeoisie vers la classe ouvrière est vouée à l’échec pour la simple et bonne raison que les modalités d’accumulation du capital fondées sur la « division internationale du travail » (en fait l’exploitation du tiers-monde) et le chaos marchand, sont une entrave absolue. Seule la classe ouvrière, de part sa position sociale elle-même, peut imprimer une nouvelle direction industrielle en phase avec les besoins de l’époque à condition, évidemment, qu’elle sache se révolutionner elle-aussi.

Les assemblées générales – ou comités populaires, sont l’espace de la révolution, en tant qu’instrument politique d’un nouvel État, mais également comme vecteur de l’émulation culturelle pour acquérir, générer puis concrétiser une nouvelle vision du monde. Nouvelle vision du monde débouchant sur une industrie en mesure de la satisfaire. La réindustrialisation n’est pas quelque chose d’isolé de la société humaine, ce n’est pas un « programme économique », c’est le point nodal qui implique une culture et une politique lui étant liées.

La réindustrialisation ne peut être qu’un processus collectif élaboré par le peuple lui-même qui s’auto-saisit dans de nouveaux organes d’État pour se donner les moyens de changer la vie. C’est le nœud matériel du processus révolutionnaire.

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Guerre

Loi de programmation militaire : la NUPES veut plus d’armement

La NUPES, force de proposition du militarisme français.

L’examen de la loi de programmation militaire (LPM) pour la période 2024-2030 avance à grand pas. Avec un budget prévu de 413 milliards d’euros, soit le double par rapport à la LPM de 2019-2025, elle traduit l’accélération de la militarisation de la France.

Actuellement, c’est la commission de défense nationale et des forces armées qui se penche sur l’écriture de la loi. Les députés y font des propositions à travers des amendements qui sont ensuite adoptés ou non et formeront l’ossature générale de la LPM qui devrait normalement être soumis aux débats et au vote du parlement dans le courant de l’été.

Remarquons, hélas encore une fois, qu’on ne trouve que sur agauche.org un suivi sérieux de l’évolution de cette loi, pourtant capitale dans la période actuelle marquée par la tendance à la guerre mondiale de repartage et dont le projet de LPM est l’illustration.

Et s’il faut la suivre, c’est également parce qu’elle en dit long sur la situation politique du pays où n’existe aucune contestation de cette tendance à la militarisation.

On ne sera nullement étonné du soutien des députés de la majorité, ni que les députés RN jouent la surenchère quant à l’augmentation des matériels interarmées (les dites « cibles d’acquisition »), à leur goût sous-évalués dans l’actuelle projet de LPM.

Le RN joue d’ailleurs son rôle de fervent nationaliste en appelant à la fin des programmes européens, tel que le SCAF (système de combat aérien du futur) ou le MGCS (« main ground combat system ») qui sont deux systèmes d’armement qui se veulent ultra-connectés et développés en coopération européenne. Mais c’est là une position de principe qui n’a aucun sens dans la réalité par le simple fait que ces armements exigent des investissements colossaux ainsi qu’une très haute technologie, donc des techniques et savoir-faire qui n’existent plus dans un capitalisme français largué par la crise générale.

Mais lorsqu’on regarde les amendements des différentes députés « de gauche » qui siègent à la commission de défense, c’est la catastrophe. On a des gens qui assument clairement de vivre dans une grande puissance capitaliste et appellent à plus d’armements pour la défendre au détriment de la solidarité internationale entre les peuples.

Le groupe LFI, mené par Bastien Lachaud, propose ainsi de remplacer le terme « puissance d’équilibres » par le singulier « équilibre », actant en soi le mythe, très chauvin d’ailleurs, d’une France au-dessus des rivalités mondiales, jouant en faveur des « lumières » et de la « civilisation ». Une mentalité qui est pourtant détesté dans les restes de la Françafrique…

Mais au-delà de ce terme, il y a des faits bien plus concrets. Les députés LFI demandent ainsi, tout comme le RN, trois satellites de surveillance au lieu des 2 actuels prévus par la LPM. De même, il est proposé de se doter de 50 avions de ravitaillement A400 M au lieu des 35 prévus. Enfin, le budget de la LPM doit se déployer selon une élévation par marche annuelle de 3 milliards d’euros entre 2024 et 2027. La France insoumise demande quant à elle une accélération plus rapide dès 2024, avec 4,3 milliards jusqu’en 2026, puis 3 milliards par an jusqu’en 2030.

On a également le groupe PS qui demande de faire passer les frégates de défense et d’intervention (FDI) de 3 actuellement à 5, tout comme les frégates de premier rang qu’il exige de faire passer de 15 à 18. Enfin, si la LPM prévoit de rénover 160 chars Leclerc, le Parti Socialiste en propose 200.

Bref, les forces parlementaires représentatives de la « Gauche » acceptent d’accompagner le capitalisme français dans sa marche au militarisme. Au lieu d’un accompagnement, c’est en fait bien pire. Plus qu’une union sacrée, on a une force de proposition interne pour renforcer la puissance militaire française.

Une perspective qui en dit long sur l’opportunisme des ces gens, notamment lorsqu’on la met en rapport avec toute l’agitation dernière autour de la réforme des retraites : il faut sauver la bourgeoisie française pour continuer à « partager les richesses » spoliées sur le reste du (tiers)monde. Et la France doit rester une grande puissance pour conserver son influence sur les zones dominées du globe, pour rester dans le jeu de la compétition économique mondiale, pour endiguer son déclassement…

Mais évidemment, la réalité n’est pas à la mégalomanie française et ses vaines prétentions de puissance, toute minée qu’elle est par la période historique de déclin de l’Occident.

A ce tire, les propos de Jean-Louis Thiériot, député LR et vice-président de la commission défense, sont révélateurs :

On aimerait tous avoir des dizaines de Rafale, de frégates ou de blindés supplémentaires, mais on ne peut pas faire grimper les cibles d’acquisitions sans remettre en question l’ensemble de l’édifice, et l’endettement de la France nous prive de marges de manœuvre.

La France capitaliste sombre dans le déclin de l’Occident, et les forces de proposition « de gauche » pour en freiner le processus sont de fait ringardisées par la marche de l’Histoire.

En phase avec cette réalité, le rôle de la Gauche doit être d’accompagner, non pas le sursaut de défense de la puissance française, mais son affaiblissement pour bâtir dans cet interstice historique une rupture révolutionnaire et faire triompher de nouvelles valeurs pacifistes, internationalistes ; pour une France socialiste !

Non à la restructuration du capitalisme français par la guerre ! Entravez les plans du militarisme français !

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Politique

Mayotte, prise au piège d’un Occident qui s’oxyde

La puissance française à la dérive.

Après son acquisition en 1841, Mayotte a été une place relativement importante pour la puissance française. Relativement car sa présence a été surtout limitée à « Petite-Terre », et notamment à Dzaoudzi où fut construit la maison des gouverneurs par Gustave Eiffel en 1881, mais aussi le principal aéroport.

D’ailleurs, les 1,8 kilomètres qui séparent « Petite-Terre » de « Grande-Terre » sont reliés par des barges. C’est aussi l’endroit où a été déplacé en 1976 la base de la Légion étrangère à la suite de l’accès à l’indépendance des Comores en 1974, sa quatrième archipel, Mayotte, optant pour le maintien dans le giron français à la suite du travail politique du « Mouvement populaire mahorais » lancé 10 ans plus tôt.

Mais pour se maintenir, le colonialisme ne s’est pas appuyé seulement sur la force mais aussi, et peut-être surtout, sur l’encadrement des rapports anciens, semi-féodaux, pour mieux conserver une situation de sous-développement lui profitant.

A Mayotte, la justice cadiale, institutionnalisée par l’État entre 1841 et 2011, a consisté à donner le pouvoir judiciaire à des imams rendant la loi sur la base de règles et de traditions issues de l’Islam et de rites africains. Bien qu’aboli formellement en 2011 après le référendum sur la « départementalisation » de Mayotte, les « cadis » sont restés influents sur l’Île dans la vie quotidienne, mais aussi juridiquement notamment auprès des migrants illégaux qui évitent le recours au droit commun.

Des rapports semi-féodaux qui étaient donc une force d’antan pour dominer et contrôler mais qui se retournent aujourd’hui en leur contraire du fait du délitement général de la situation sociale et économique… Car avec l’élan mondial des années 1990-2000, il y a eu une forte émigration comorienne, notamment de l’île la plus proche, Anjouan, dans l’espoir, de fuir l’ultra-pauvreté.

Mais malgré tout, avec un filet social bien moindre qu’en métropole et près de 60 % d’illettrés ou d’analphabètes, la situation est une paupérisation absolue d’une partie importante de la population, avec de nombreux bidonvilles où s’entassent des migrants comoriens illégaux comme de jeunes désœuvrés mahorais aboutissant à des comportements anti-sociaux.

Une insécurité qui règne depuis les années 2000 et qui avait déjà été dénoncé début 2018 lors d’un mouvement de grève de plusieurs mois avec barricades et blocages de route.

Mais comme ailleurs, la pandémie de Covid-19 est venue mettre un terme aux décennies 1990-2010, ce qui n’a pas amélioré la situation, bien au contraire. La population est ainsi passée de 47 246 habitants en 1978 à plus de 310 000 en 2021 (et encore ne sont pas toujours comptés les personnes en situation irrégulière), avec un boom de l’immigration clandestine par « kwassas » de plus de 30 % entre l’été 2020 et l’été 2019.

En 2021, l’Insee publie une note dans laquelle il est parlé de « délinquance hors norme » et en octobre 2021 un groupe de sénateurs de droite et du centre rédigent un rapport sur l’insécurité à Mayotte et dans lequel est notamment constaté le « défaut d’une culture du droit et d’un réflexe judiciaire au sein de la population, conduisant au règlement de conflits hors de l’institution judiciaire, au sein de la famille ou du village, par un dédommagement financier ou le recours à la violence ».

Un « défaut » qui ne tombe pas du ciel mais principalement de la sédimentation des rapports semi-féodaux sur fond d’extrême pauvreté aboutissant à l’exacerbation du cannibalisme social. Et la situation est devenu critique à l’automne 2022, avec carrément des invasions de dizaines de jeunes armés de machettes dans des enceintes scolaires, forçant l’État à agir sous la pression d’une partie de la population mahoraise.

Cela aboutit à « l’opération Wuambushu » lancée le 24 avril 2023, consistant en un quadrillage militaro-policier visant à détruire les bidonvilles pour endiguer la criminalité. Mais le tribunal de la capitale Mamoudzou a suspendu l’opération le 25 avril, suscitant l’indignation d’une partie de la population qui s’est rassemblée dimanche 30 avril dans la capitale pour apporter son soutien à l’opération.

Des soutiens qui pensent encore que la France est une « grande puissance » qui peut maintenir un « ordre social et égalitaire » comme si la situation était celle des années 1960-1970 ! Un mirage politique qui s’exprime d’ailleurs dans les scores très élevés pour Marine Le Pen sur l’Île.

Quand d’autres s’imaginent que la question ne réside qu’en un « anticolonialisme » lu de manière formelle, comme si l’aspect semi-féodal dans le contexte de crise post-Covid n’avait pas abouti au cannibalisme social, prix à payer pour des masses coupées de tout mouvement démocratique anti-impérialiste.

Mayotte se trouve dans un cul-de-sac historique, confronté à l’implosion du système semi-féodal, que l’impérialisme français n’est plus à même d’encadrer du fait de sa situation de faiblesse générale, engendrée par la crise générale du capitalisme.

C’est une nouvelle expression de l’oxydation de l’Occident : seule une déroute totale de l’Occident est à même d’ailleurs de faire sortir Mayotte de sa situation absurde du fait même qu’elle obligerait les masses à remettre à plat toute la situation.

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Guerre

Renaud Muselier de retour d’Ukraine

Les choses sont claires.

Ce jeudi 20 avril 2023 se tenait dans la capitale ukrainienne Kiev, le sommet international des villes et régions. 50 pays étaient représentés, avec comme mot d’ordre était « Partenariat pour la victoire ».

A cette occasion, Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, s’est rendu sur place au nom de l’association des régions de France.

Depuis plusieurs années, les régions françaises ont toujours plus de poids dans la vie économique avec une budget autonome et une capacité de lever leur propre dette. Les régions les plus riches se placent donc aux avant-postes de la participation française à la reconstruction ukrainienne.

On parle d’un énorme marché, estimé à 411 milliards d’euros et dont le sommet a permis de mettre en lien chefs d’entreprises, présidents de régions, acteurs publics, etc.

Renaud Muselier s’est aussi rendu à Odessa pour assister à une cérémonie (fanatique) sur « les héros morts pour l’Ukraine » mais aussi pour assurer la participation des régions françaises, principalement PACA, à la reconstruction du port et des infrastructures touristiques de la ville. La région PACA a ainsi signé un mémorandum de coopération avec Odessa, qui n’est rien d’autre qu’un placement capitalistique.

On voit ici tout le projet fédéraliste européen à l’œuvre, l’accumulation du capital devant se réaliser dans le cadre de l’émiettement des territoires pour mieux investir là où la rentabilité sera la plus assurée. Lors du sommet à Kiev, le comité européen des régions a plaidé « en faveur d’une reconstruction de l’Ukraine fondée sur la décentralisation et la démocratie locale.

Évidemment, cela consiste à contourner aux mieux les législations nationales et les obstacles étatiques en profitant au maximum de la corruption des notables locaux. Par conséquent, le capitalisme occidental est en train de mettre sur pied les meilleurs conditions pour déverser son capital en Ukraine.

Nul hasard à ce que la région sud soit partenaire privilégiée dans la reconstruction d’Odessa, vue comme une base lucrative pour le tourisme estival comme l’est la Côte d’Azur pour la France. Et voilà assurés, si la guerre occidentale contre la Russie est remportée, de juteux investissements pour l’un des secteurs de pointe du capitalisme français.

Et la victoire occidentale est bien tout l’enjeu qui mène Renaud Muselier, également membre du parti présidentiel Renaissance, a assumé clairement l’objectif de la guerre en Ukraine comme d’une guerre pour le repartage mondial.

Sur le plateau de la chaine LCI le 25 avril, il a notamment déclaré les choses suivantes :

Ce sont des gens qui se font massacrer pour nous quand même. Et ce sont les mêmes que nous, c’est des catholiques, ce que vous voulez; on va pas nous expliquer que c’est des gens du bassin méditerranéen, des nord-africains. Ce sont des gens qui, aujourd’hui, se battent pur notre liberté.

Parce que là il est en train de se passer un combat civilisationnel en fait, entre nous et les américains, globalement, et les russes et les chinois. Les autocrates contre les démocrates. Et qu’il vaut mieux le gagner ce match, parce que si on le perd, on perdra l’Afrique, on perdra l’Asie, on perdra le continent sud-américain, on perdra notre civilisation.

Les choses ne peuvent être plus claires ! L’Ukraine est devenu le terrain d’affrontement entre grandes puissances pour redessiner les zones d’influences mondiales entre le bloc russo-chinois et la superpuissance américaine et ses vassaux, dont la France fait partie.

Tout a été fait pour transformer cette guerre comme un jalon dans la troisième guerre mondiale et il n’est aujourd’hui plus permis de revenir en arrière. Tout est jeté dans la bataille, et aucun camp ne reculera, surtout pas l’Otan qui joue ici une partition déterminante pour la suite du XXIe siècle.

Parler de la libération nationale de l’Ukraine est un mensonge éhonté, qui dessert précisément la nation ukrainienne. De ce fait, tout révolutionnaire conséquent ne peut que vouloir la défaite du régime ukrainien, la défaite d’un Occident qui cherche à se relancer sur le dos de la Russie.

Sabotez la guerre américaine contre la Russie ! Pour la défaite de l’Otan et la déroute de l’Occident !

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Écologie

L’abandon des animaux, une crise dans la crise

Les animaux subissent encore plus la crise du capitalisme.

La pandémie de Covid-19 n’aura donc eu aucun effet positif et constructif sur les esprits. Elle n’a fait qu’accélérer la fuite en avant des gens, leur basculement dans un individualisme devenu un ultra-individualisme, avec une responsabilité noyée sous des couches de mauvaise foi.

Déjà, il y a eu cette vague d’adoption d’animaux de compagnie pour contrer l’isolement des confinements, comme pour avoir une peluche réconfortante. Une vague qui s’est transformée l’été suivant en une déferlante d’abandons, aboutissant à une situation critique dans des refuges pris à la gorge avec des dons et des bénévoles bien moins nombreux qu’avant la pandémie.

Mais comme si tout cela ne suffisait pas, la SPA France tire dès le mois d’avril la sonnette d’alarme à propos des abandons. Ils auraient augmenté de 15 %, avec près de 6 400 animaux accueillis pour un maximum de 7 500, alors même que l’été et sa vague d’abandons n’a pas commencé. En parallèle, les demandes d’adoption stagnent avec un délai d’attente qui s’est allongé, passant en moyenne de 51 à 56 jours…

En cause, la hausse des prix des produits alimentaires animaliers, qui pourrait atteindre 40 % d’augmentation en 2023. Alors que déjà il n’est pas toujours fait très attention à l’alimentation des animaux, voilà maintenant que l’augmentation des prix provoque tout simplement le rejet d’animaux.

Révélant ainsi combien ils n’étaient pas considérés comme des êtres vivants à part entière mais comme des jouets animés que l’on peut jeter à la déchetterie quand ils deviennent encombrants. Il ne faudrait pas rogner sur telle ou telle dépense absurde dans la société de consommation, résilier son abonnement Netflix ou réduire ses vacances pour ses animaux… tout de même !

Cette hausse est directement liée à la crise de civilisation produite par le crash du capitalisme, dont, pourtant, la pandémie de Covid-19 a été le révélateur. En effet, s’il y a derrière cette hausse des prix la guerre en Ukraine avec le boom du prix de l’énergie mais aussi des céréales nécessaires à la fabrication de l’amidon des croquettes, il y a également une pénurie de « volaille » due à la grippe aviaire, mais aussi de porc avec la grippe porcine. Cela est invisibilisé mais il y a eu en 2022, 16 millions de « volailles » tuées en France !

Enfin, il y a la graisse animale pour l’enrobage des croquettes, et dont le secteur des biocarburants est devenu un gros consommateur, qui a connu une hausse de 200 % sur les deux dernières années… Résultat, les coûts de production ont bondi de 30 % à 50 %, faisant passer le budget annuel moyen pour un animal de compagnie d’environ 640 € à 940 €.

Et ce sont les monopoles capitalistes qui sont à la manœuvre puisque la production alimentaire, dont dérive celle pour les animaux domestiques, est ultraconcentrée avec 80 % de la production détenue par Nestlé et Mars. Un type d’alimentation qui, comme pour les humains, est inadapté pour la santé des animaux.

Le comportement des gens avec leurs animaux est donc un reflet de la crise dans la crise. Plutôt que de choisir la voie de la rébellion contre le capitalisme qui broie tout, ils se conforment à sa « morale » ignoble de la transformation de toute chose en marchandise consommable, jetable

La leçon de la pandémie a en fait été assimilée par les français sur le mode : oui le monde part à la dérive, alors je profite au maximum sans aucune responsabilité autre que satisfaire mes désirs égocentrés…jusqu’à la fin du monde !

C’est abominable et cela montre, s’il le fallait encore, combien la civilisation a besoin d’une avant-garde pour la défendre et l’approfondir au risque de la voir se dissoudre toujours dans la barbarie généralisée.

Il s’agit de reformater entièrement une société à la dérive qui se laisse porter par un capitalisme générant des comportements cyniques, anti-sociaux. L’enjeu du Socialisme, c’est d’uploader de nouvelles consciences dans une nouvelle culture en rupture avec l’abomination, sans excuses, sans exceptions, sans pardon, sans compromis avec l’ancien monde.

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Société

Hugo Clément et Marguerite Stern alimentent des voies de garage

Ils servent la soupe aux fascistes.

Ce qui a été dit d’Arno Klarsfeld sur sa manière d’en faire trop sur un sujet pourtant juste, est généralisable au sujet d’autres figures médiatiques qui ont mis le doigt sur des points absolument anti-démocratiques, rétrogrades ou mortifères dans la société capitaliste.

Il a été dit ici d’Arno Klarsfeld qu’il en faisait trop en se mettant en scène de manière narcissique (même s’il soulignait quelque chose de vrai sur le caractère bandériste du régime ukrainien), en se plaçant sur un plan politique qu’il ne maîtrise pas. Il était considéré qu’il s’agissait d’un choix de ne pas aller en direction du socialisme mais celui de l’audience, et s’il le faut, l’audience fasciste.

On peut dire exactement la même chose de Hugo Clément avec l’écologie et de Marguerite Stern et Dora Moutot avec le féminisme. Ces personnes ont une cause juste mais ils ont décidé que leur petite personne en était l’étendard, s’imaginant particulièrement charismatiques ou originaux et ils desservent la cause en allant flirter avec les fascistes.

Ainsi Hugo Clément s’est-il imaginé être un génie pour parler d’écologie à une conférence donnée par Valeurs Actuelles donnant littéralement du crédit à Jordan Bardella pour exposer le plan du Rassemblement National pour conquérir encore plus de voix. Ce dernier développant une vision de l’écologie retro-futuriste, ni trop réac, ni trop « catastrophiste » mais surtout pas collectiviste.

Son problème c’est que cela fait quelques années maintenant qu’il joue un rôle de sensibilisation et que, sans doute, les choses ne vont pas assez vite à son goût. Bien qu’au moment où il a commencé ce travail tout avait déjà été dit dans les années 1980-1990.

Il avait donc le fameux choix que les gens comme lui ont : celui de la carrière ou de la rupture avec l’ordre capitaliste.

Mais Hugo Clément est un authentique bourgeois et rentrer en confrontation n’a jamais été à son programme, il ne fait que suivre la trajectoire des gens de sa classe, même pas capable d’être vegan, quel conformisme !

En parallèle, on a donc des figures féministes qui empruntent la même voie de garage. C’est surtout Marguerite Stern qui ne peut ignorer la perspective émancipatrice pour avoir vécu dans des squats et traîné dans les milieux d’extrême-gauche. Elle ne peut pas ne pas savoir qu’il existe une voie qui consiste justement à mettre les prolétaires au centre, à créer et diffuser des médias antagonistes avec la société capitaliste et prôner le collectif avant tout, avant soi. Le socialisme.

Le graal n’étant justement pas d’être contacté par tel grand média, et tant pis s’il est fasciste, mais par telle personne lambda convaincue et voulant s’engager.

Marguerite Stern n’aura donc jamais compris la valeur de la démarche féministe liée au mouvement ouvrier et sera toujours passée à côté, arrivant à un stade où affirmer ses positions entraîne un isolement important, du fait notamment que son militantisme de type influence sur les réseaux sociaux se fait bloquer par les standards LGBT du turbo-capitalisme.

Du fait de son origine de classe qu’elle n’est pas parvenue a dépasser, elle a en horreur l’anonymat, le fait d’agir sans reconnaissance. Passer dans les médias est une manière d’exister, même si cela passe par aller sur la chaîne Youtube Omerta ou VA+, la chaîne « jeune » de Valeurs Actuelles.

Ces choix ont peut-être à voir avec sa rencontre avec Dora Moutot, avec qui elle a fondé le mouvement « Femelliste » pour la reconnaissance des droits des femmes liés au sexe. Cette dernière n’ayant jamais prétendu être de gauche, et dernièrement se révèle particulièrement familière avec les fascistes. Déplorant par exemple sur Livre Noir qu’elle votait auparavant à gauche par « bien pensance ».

On peut comprendre ce qu’elle veut dire par là, mais la critique de gauche, se fait par la gauche, pas par la pire droite. Mais évidemment, dans le contexte actuel, cela passe par assumer l’isolement car tel est le prix d’un engagement authentique dans la société capitaliste rongée par l’individualisme, le carriérisme, l’égocentrisme.

Se vendre comme il a été fait par ces personnalités c’est être fasciste, non pas au sens des idées qui sont présentées (pas encore), mais au sens du choix qui est à faire entre capitalisme et socialisme. Un choix qui se présente lorsqu’on est arrivé à un certain stade de compréhension des choses et/ou face à l’essoufflement d’une démarche superficielle. Choisir la « troisième voie » pour de l’audience c’est directement servir le fascisme.

On a la même configuration dans le cas d’Hugo Clément, qui déclare d’ailleurs sur VA+ que l’écologie n’est ni de droite ni de gauche. Historiquement, un tel positionnement relève du fascisme.

Mais cela est très en vogue en France avec la prédominance de l’écologie pétainiste existant chez de nombreuses organisation écologistes de gauche, qui est en fait identique à la proposition écologiste de l’extrême-droite, avec la mise en avant du petit paysan comme gardien suprême de son « environnement » avec le « localisme », les circuits-courts… Dont Jordan Bardella fait directement la promotion.

Dans le cas de Marguerite Stern et de Dora Moutot, leur fonction est d’être une passerelle vers le fascisme pour les femmes ayant saisi le caractère ignoble du transgenrisme et par ailleurs de la prostitution (un sujet qui choque beaucoup moins l’extrême-droite).

Elles sont un cheval de Troie en menant les femmes féministes dans la gueule du loup car ces gens ont des projets rétrogrades pour les femmes à tous les niveaux.

Il y n’a encore moins d’excuses à alimenter les circuits de l’extrême-droite au sujet des femmes qu’au sujet de l’écologie. C’est que l’écologie était déjà un sujet pour eux depuis les années 1930 (voir même depuis la fin du XIXe siècle) et finalement ce n’est pas la faute d’Hugo Clément si la gauche n’a rien de différent à proposer.

Mais concernant le féminisme, la ficelle est tellement énorme que c’en est impardonnable. Au mieux les amateurs de Livre Noir, VA+, Omerta (…) pensent qu’il n’y a plus besoin de féminisme. Au pire ils se livrent à la pire misogynie psychanalytique, dépossédant les femmes de leur réflexion.

Heureusement que ce ne sont pas ces figures médiocres des réseaux sociaux qui font l’Histoire et, malgré que des gens puissent momentanément être emmené dans la centrifugeuse fasciste, c’est le Socialisme qui ne peut que triompher de ces errances.

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Restructurations économiques

Loi de programmation militaire et restructuration

Le militarisme, c’est la restructuration capitaliste.

En mars 2012, les États membres de l’Union européenne adoptaient le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG). Il prévoyait la mise en place d’un pacte budgétaire européen visant à un contrôle strict des dépenses de l’État dans le but de maîtriser les déficits publics, et donc le niveau d’endettement des États.

Cela faisait suite à la crise de la dette souveraine, notamment avec la Grèce qui avait été placée en défaut de paiement, menaçant d’explosion la zone monétaire européenne.

Cela a eu pour conséquence en France la création d’un Haut conseil aux finances publiques qui a pour but d’évaluer la cohérence et la soutenabilité des dépenses publiques au regard de la croissance intérieure (PIB). Il s’agit de mettre en relation les dépenses de chaque loi dite sectorielle avec la loi de de programmation des finances publiques (LPFP) et la trajectoire de la croissance française pour les prochaines années.

Car lorsque les comptes sont déficitaires, cela a pour conséquence soit de baisser le niveau des dépenses et donc d’assumer l’austérité, soit de trouver de nouvelles recettes fiscales, soit de lever des emprunts de dette.

Le 5 avril 2023, Pierre Moscovici, président du Haut conseil aux finances publiques a donc été auditionné pour fournir l’avis de l’institution pour le budget prévu pour la loi de programmation militaire 2024-2030 (LPM). Cela fait suite à la dépose par le gouvernement du projet de LPM à l’Assemblée nationale le 4 avril, devant donc être débattu au parlement en juin.

Pour le HCFP, tout est pris d’incertitude car la LPFP, présentée en septembre 2022, est pour l’heure rejetée par les députés de l’Assemblée nationale et les prévisions de croissance sont incertaines. Pour autant, le président du HCFP a d’ores et déjà été très clair sur la situation.

Il a rappelé ainsi que le niveau d’engagement budgétaire de la LPM pour la période 2023-2030 était très important. On parle ici de 413 milliards d’euros, en fait de 400 milliards prévus directement par la LPM et de 13 milliards extrabudgétaires, faisant passer le niveau de dépense militaire de 47 milliards en 2024 à 69 milliards en 2030.

Cela aura pour conséquence une « contrainte très forte sur les autres dépenses du budgets de l’État« . Alors que le niveau de dépenses publiques a diminué de 0,3 % entre 2012 et 2019, l’orientation budgétaire de la LPM impliquerait une diminution de 1,4 % entre 2023 et 2027. Comme il l’a déjà été affirmé ici, la nouvelle mouture de la réforme des retraites 2023 est d’ailleurs issue de ces conditions financières.

A cela s’ajoute le fait que la France a « connu une érosion progressive des ses finances publiques » avec une explosion de sa dette, passée de 58 % de son PIB en 2000-2001 à plus de 111 % en 2022.

C’est l’une des plus importantes augmentations de la dette souveraine dans la zone euro, puisque sur la même période, l’Allemagne a augmenté le niveau de sa dette de 10 points, l’Italie de 40 points… Et pourtant la France vise à dépenser encore et encore pour la santé, l’éducation, l’écologie, etc., ce qui pousse Pierre Moscovici a résumer la chose de la manière suivante :

« Face à la montagne d’investissements, nous avons un mur de dettes très élevé. »

On notera la réaction d’Eric Coquerel, député LFI-NUPES de la 1ère circonscription de Seine-Saint-Denis et élu président de la Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire en juin 2022 :

« Je suis d’accord avec lui, le président de la commission défense a expliqué que l’effort en termes de réarmement, l’effort militaire, ne devait pas rentrer en concurrence avec les autres efforts, par exemple en matière de santé, d’éducation, en matière de préservation du climat »

Et d’ajouter que cela pose donc la question des recettes et de la fiscalité. On comprend alors toute la stratégie politique qui vise à légitimer la taxe sur les « superprofits », ce qui révèle parfaitement la nature sociale-impérialiste de La France Insoumise.

Car pour l’auteur de « Lâchez-nous la dette » publié en 2021, l’explosion de la dette est un faux problème puisque l’on peut « partager les richesses » et imposer plus fortement le capital.

Ce qui revient à dire que puisque la bourgeoisie française est grasse, très grasse, on peut lui en prendre un peu plus pour faire se continuer tout comme avant dans un niveau de vie occidental. La chose est donc entendue : oui, l’élévation faramineuse de la dépense militaire est acceptée, mais attention à ce que ne cela ne brise pas le « consensus social » sur le niveau vie dans la grande puissance française.

La taxation des riches est toutefois une perspective réformiste qui pouvait faire illusion avant 2020, mais qui n’est plus qu’une fable tant la France se ratatine et prétend à un niveau de vie qu’elle ne peut plus assumer dans les conditions de la nouvelle situation générale post-Covid-19. Il faut maintenant pressuriser les travailleurs, faire accepter une chute de haut niveau de vie des français pour relancer le capitalisme français.

Il est donc évidement que cette augmentation du budget militaire français relève de la restructuration du capitalisme dans le cadre de l’aiguisement de la compétition économique internationale suite aux dérèglements consécutifs à la pandémie de Covid-19.

A ce niveau, on voit combien la Gauche française s’est liquidée elle-même à l’instar de ce qui s’était passé en 1914. Sa revendication de plus de dépenses sociales en omettant de critiquer le militarisme et la tendance à la guerre ne peut que la faire évoluer vers une position social-impérialiste.

Il faut même dire que cette position est même déjà établie depuis le positionnement officiel de toute la Gauche française lors du premier anniversaire de la guerre en Ukraine. Mais cela va être toujours plus visible, toujours plus officiel à mesure que le vote de la LPM va être sur le devant de la scène.

Sans critique du social-impérialisme, la Gauche ne peut que servir de tremplin au nationalisme comme proposition réaliste de sauvegarde de la « France puissance » par la remise au travail à marche forcée du plus grand nombre.

Servons la Gauche historique, ses valeurs, sa vision du monde, pour la recomposition du prolétariat !

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Écologie

Appel aux dons : le domaine des Douages a besoin d’un miracle

Le refuge a été touché par la tempête Mathis.

Le domaine des Douages est un refuge abritant plus de 850 animaux sauvés de l’abattoir, c’est un énorme travail et une grosse responsabilité. Cette responsabilité devrait incomber à la société, mais actuellement, seules des personnes toutes dévouées s’en chargent et c’est un sacrifice.

Le domaine des Douages est important, c’est pour cela que nous avons déjà relayé un appel après le premier confinement en 2020.

Malheureusement le refuge enchaîne les difficultés, il a désormais été frappé par la tempête Mathis début avril. Et voilà que la malchace continue, avec une rupture de tuyau dans l’infirmerie des brebis.

Voici l’appel à l’aide concernant la tempête, suivi d’un texte venant du coeur pour toutes les personnes actrices de la protection animale :

Suite à la tempête de ces derniers jours les toitures de 3 bâtiments ont été touchées…
Une partie de nos animaux n’ont plus d’abri. Il faut réagir rapidement avant que la situation empire…
150 000 euros sont nécessaires pour refaire l’ensemble ces toitures
L’association domaine des douages est une association loi 1901 reconnue d’intérêt général. Environ 850 animaux de ferme y vivent sur 100 hectares.

En essayant de sauver le domaine des douages, je pense aussi à tous les autres associations qui sont dans une galère quotidienne et je ne profiterais pas de ma situation pour tirer seule la couverture à moi.

Savez-vous que la majorité de la PA, se sont toutes ces petites structures parsemées à travers la France qui font de leur possible avec des bouts de ficelles et très peu de moyens ??

Pourquoi 4 /5 grosses structures en France ont ils chacun un budget annuel situé entre 15 et 20 millions d’euros (voir bilans obligatoires à publiés chaque année)

Que font ils de plus que nous tous, qui réuni n’arriverons même pas à un dixième de notre travail quotidien.

Celles qui se lèvent par tous les temps, à toutes les heures de jour comme de nuit, celles qui n’ont pas de vacances ou de jours fériés, celles qui n’ont même pas un salaire sont légions.. POURQUOI ??

Ahh !! Chez nous vous n’aurez pas vos stickers avec votre adresse et votre nom personnalisé, vous n’aurez pas non plus un joli stylo.

Vos dons sont trop précieux et trop rares, nous les gardons pour nos animaux…

Nous ne pensons même pas à placer ou à investir, juste à survivre..

Pourquoi l’un a des millions de dons et l’autre des miettes de dons.. Pourtant lorsqu’on se penche un peu sur la question. Ce sont là majorité de petites mains qui font pratiquement la PA et souvent en sous sol…. Pas le temps d’attendre que cela fasse suffisamment de bruits pour atteindre les médias !!

C’est d’abord les animaux, la reconnaissance on ne l’espère même plus.

Changez vos donnes !! Donnez à ceux qui sont dans la tourmente !!!

Pour donner ponctuellement voici le lien vers la cagnotte.

Pour parrainer un pensionnaire, un lien vers le site du refuge.

Et votre responsabilité est de soutenir régulièrement un refuge ou un centre de soins là où vous vivez, bénévolement, sans le dire.

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Société

Une députée LFI participe à un rassemblement de motards en colère

Des Amis de la Terre aux fanatiques du transport individuel.

Depuis le vote de la loi « Climat et résilience » en 2021 qui rend obligatoire la création de « zones à faible émission »  pour toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants d’ici 2025, on voit ressortir la colère beauf qui avait vu naître celle contre les 80km/h, puis des gilets jaunes.

Évidemment, les zones à faible émission qui vise à faire interdire aux maximum la circulation routière dans les grandes villes sur la base des vignettes Crit’Air forment une mesure anti-populaire et anti-démocratique fondée sur une logique libérale. Néanmoins, la question est de savoir si on répond en se plaçant du point de vue de l’avenir ou du passé.

Façonné par le capitalisme, la réponse des Français est de faire du passé un fétiche.

Le samedi 25 mars ce sont donc 8000 motards venus de toute la France qui ont roulé en mode escargot dans toute l’agglomération de Rouen, de Saint-Étienne du Rouvray jusqu’à l’Hôtel de Ville de la métropole de Rouen, pour diffuser leur revendication : bénéficier d’une dérogation au dispositif de la ZFE alors même qu’ils bénéficient déjà d’un sursis jusqu’au 31 août 2023 ! « Laissez-nous tranquille, comme il y a 40 ans quand on faisait ce qu’on voulait sur les routes », voilà le mot d’ordre général du rassemblement.

Il faut dire que les motards, et la FFMC en particulier, ont un sacré panel de revendications détestables à leur actif, allant de leur opposition au 80km/h à l’abrogation du contrôle technique obligatoire, en passant par leur exclusion des circulations alternées dans les grandes villes lors des pics de pollution. Plus anti-social tu meurs.

Les motards pourront dire tout ce qu’ils veulent, ils ne sont là que pour protéger leur désir individuel de pouvoir rouler sur leurs cylindrés comme bon leur semble. Sinon ils organiseraient un autre type de manifestation, et non pas une bien beauf « opération escargot » qui vise à rouler très doucement et donc enfumer et casser la tête encore plus aux gens…

Car, en plus, les motards esquivent bien la réalité des faits. En 2019 par exemple, une étude d’ICCT menée à Paris sur 3 455 deux-roues révélait que ces engins motorisés émettaient 11 fois plus de monoxyde de carbone ainsi que 6 fois plus d’oxyde d’azote qu’une voiture essence ou même diesel. Une réalité qui avait été dénoncée par l’association « Ras le scoot » dans une pétition contre les pollutions sonores et atmosphériques des scooters et motos en 2021.

Même les motos produites après 2016 et le resserrement de leur encadrement des normes de pollution, restent plus fortement émettrices en oxydes d’azote.

Le comportement des motards aurait dû d’ailleurs provoquer une colère noire chez les habitants d’une agglomération qui connaît une piteuse qualité de l’air du fait de la circulation routière et de l’intense activité industrielle périphérique, dont le terrible incendie de Lubrizol il y a trois ans a été un révélateur.

En tout cas, cela n’a pas choqué la toute nouvelle députée de la 4e circonscription de Seine-Maritime LFI-NUPES, Alma Dufour qui a participé à ce rassemblement au nom du rejet de la ZFE rebaptisée « zone à forte exclusion ». Et le ton de son discours été d’un populisme outrancier :

« Y a rien de pire que la résignation qui s’installe dans les têtes et les cœurs des gens en ce moment. Et on voit, que ce soit aujourd’hui, que ce soit dans toutes les manifestations contre la réforme des retraites, le peuple français se réveille, le peuple français n’a pas peur et le peuple français a le droit de décider de son destin. »

On est là dans le pur style gilet jaune d’une « convergence des colères » sans aucun contenu si ce n’est celui de dénoncer une mesure antipopulaire sans jamais véhiculer un message de transformation socialiste. C’est le néant, un nivellement vers le bas des consciences…

Un activisme que le pays connaît depuis longtemps, du boulangisme au poujadisme en passant par la ligue des contribuables des années 1930 et le CIDUNATI des années 1960. C’est la vaine contestation à la française.

Mais pire que cela encore, on a donc une femme de 31 ans qui ancienne porte-parole de l’association écologiste les Amis de la terre de 2017 à 2021 qui ne trouve rien mieux à faire dans la ville qui a connu la catastrophe de Lubrizol que d’aller à un déambulation motorisée de ringards n’ayant que leur individualisme comme étendard.

On voit ici à quel point La France Insoumise qui a investi en politique cette ancienne militante de la « génération climat », constitue un verrou qui cadenasse tout renouveau de la Gauche historique.

On est là dans la parfaite figure du néo-populiste qui s’imagine débarquer pour mieux tout renouveler alors même qu’elle relève d’un activisme populiste ponctué d’ « engagement » rémunéré au sein d’ONG et autres associations.

C’est un rejet pur et dur de la perspective du Socialisme qui est seul à même de fournir une résolution démocratique et populaire à la question de la pollution par la circulation routière. Car elle est la seule à assumer la direction à tous l’échelons de la société des valeurs collectivistes, ayant pour conséquence de faire reculer les villes et de démanteler au maximum l’horrible civilisation de la voiture, dont la moto et la trottinette électrique sont des excroissances.

Ou comme il l’avait souligné à ce propos, cela pose la question du changement du mode de vie dans le cadre de l’opposition entre la ville et la campagne plus qu’une opposition pro/anti voitures. C’est pourquoi :

La mise en application des ZFE devrait ainsi être l’étincelle qui met le feu à la plaine mais non pas sur une base d’un retour aux années 1970, mais en revendication de transports en commun pour tous et partout, avec donc en filigrane la planification démocratique du développement social. Des années 1970, seul le slogan des autonomes doit être retenu : « que voulons nous ? Tout ! ».

Tout ! C’est-à-dire toute la richesse collective pour avoir un pays qui se développe de manière homogène, pour en finir avec les déséquilibres injustes entre grandes métropoles et campagnes, et pour avoir des transports collectifs respectueux de la personnalité humaine et de la Biosphère.

Ça c’est la position de la Gauche historique, à mille lieux des fantaisies populistes qui nous emmène droit vers l’extrême-Droite nationaliste tout en rendant respectable, car vu comme « responsable », les modernisateurs libéraux. Une position qui se refaire un chemin dans les consciences populaires, et vite !

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Politique

Cacophonie au congrès de la CGT

A l’image de la France.

Du 27 au 31 mars s’est tenu le 53e congrès de la CGT, réunissant presque 1000 délégués et quelques centaines de secrétaires d’Union Départementales et de Fédérations, afin de décider de l’orientation du syndicat pour les trois prochaines années et d’élire la nouvelle Commission Exécutive Confédérale (CEC).

Cela a donc eu lieu dans le contexte du mouvement contre la réforme des retraites et alors même que Philippe Martinez, le Secrétaire Général confédéral, avait au préalable annoncé ne pas briguer de nouveau mandat.

Souhaitant que la suite soit prise par une femme, la direction sortante avait positionné la candidature de Marie Buisson largement en amont.

En face, la fraction syndicaliste-révolutionnaire du syndicat avait profité de l’appel d’air du mouvement contre la réforme des retraites pour faire monter la candidature d’Olivier Mateu, secrétaire de l’Union Départementale des Bouches-du-Rhône, un forestier-sapeur, dont l’arrivée au congrès en Tesla ne passa pas inaperçue.

Si l’affrontement entre la majorité réformiste et la minorité syndicaliste révolutionnaire est un grand classique dans la CGT, le congrès s’est transformé en véritable foire d’empoigne dès le deuxième jour, avec fait inédit, le rejet du rapport d’activité à 50,3% des voix.

Ceci laissa évidemment penser aux syndicalistes révolutionnaires qu’ils étaient entrain de prendre l’avantage, alors que le début du congrès avait été marqué par un verrouillage des débats par la direction sortante.

La suite fut un spectacle affligeant d’une salle où les délégués prenaient la paroles sous les huées des uns ou des autres, et donnant lieu en coulisse à des pressions, menaces et altercations.

En dehors, Olivier Mateu a enchaîné les plateaux dans une course médiatique pathétique, sa candidature montant sur les réseaux sociaux, alors qu’en interne il était loin de conquérir l’unanimité ou même la majorité, notamment chez les femmes.

La surestimation de leur poids par les syndicalistes révolutionnaires s’est confirmée le 30 mars au soir, alors qu’e seulement environ’à peine plus de 30% des délégués essayèrent de le faire rentrer sur la liste de la Commission Exécutive Confédérale.

Ensuite, il fallut une nuit entière, jusqu’à 7h du matin, pour se mettre d’accord sur la figure de Sophie Binet comme Secrétaire Générale.

Elle a été tirée du chapeau, aux dépens de Marie Buisson, afin de maintenir l’unité, et pour cela flanquée du contestataire Laurent Brun de la CGT-Cheminots comme administrateur. Pareillement, le bureau inclut Céline Verzeletti, la candidate bis des syndicalistes révolutionnaires.

On l’aura compris, c’est simple : à la CGT il y a trop de différences, trop de rancunes et de mépris. Une seule chose a maintenu l’unité : la possibilité, l’absolue nécessité de réussir à tout prix l’obtention d’une victoire dans le mouvement contre la réforme des retraites.

Seule une victoire peut éviter la décomposition, voilà ce qui a été le vrai fond de ce qui est ressorti du congrès de la CGT du point de vue de ses participants.

Surtout que personne n’a réellement ni les moyens, ni le courage, ni de perspectives pour opérer une scission, de toutes façons.

D’où le mot d’ordre de conserver les apparences : beaucoup de bruit pour rien, il ne faut pas s’inquiéter, finalement d’un côté comme de l’autre c’est la « famille » CGT avant tout, etc.

Sauf que la réalité, c’est que la nouvelle séquence historique n’en a rien à faire du mouvement contre la réforme des retraites.

L’actualité, c’est la bataille pour le repartage du monde, c’est-à-dire la guerre. Un thème absent du congrès, où par contre toute la salle se retrouve en cœur pour applaudir le délégué du foie gras de Dordogne avant même son intervention.

On reconnaît bien là toute la corruption par le capitalisme.

Voici le communiqué officiel de la CGT, qui assume la dimension « volcanique » du congrès.

« 942 délégué.es représentaient les syndicats CGT des entreprises et services publics de toute la France.


Moment démocratique essentiel du syndicat, les délégué.es ont débattu du bilan d’activité et financier de la mandature écoulée.

Ils ont travaillé sur le document d’orientation, feuille de route de la CGT pour la mandature qui s’ouvre.

Après plusieurs mois d’échanges dans les syndicats, la CGT s’engage à construire un syndicalisme de rupture sociale pour lutter contre les politiques libérales et financières et gagner de nouveaux droits, à développer ses forces et son audience électorale, pour élever et élargir le rapport de force.

Le document a été voté à 72,79%. Après l’intégration des amendements, il sera publié dans les prochains jours.

Enfin les délégué.es ont élu la nouvelle direction composée de 66 membres et sa nouvelle secrétaire générale, Sophie Binet.
Cette direction assurera la conduite de l’action de la CGT dans le cadre des orientations du congrès. 

Sophie Binet élue Secrétaire générale de la CGT !

Dans ses conclusions, la nouvelle secrétaire générale a salué les camarades en grève depuis plusieurs semaines pour le retrait de la réforme des retraites. 

Elle a remercié les camarades bénévoles qui ont assuré l’organisation du congrès et les délégués qui ont vécu une semaine difficile.

Si le congrès s’est tenu sur une terre volcanique, « on a empêché l’éruption » a-elle insisté, et a regretté « qu’on soit parfois plus dur entre nous qu’avec les patrons ». 

L’ambition est de retrouver des relations pacifiées grâce à notre culture de débats et notre culture de la lutte. 

À partir du document d’orientation ambitieux, la CGT va lancer une grande campagne de syndicalisation, et porter la reconquête industrielle et le développement des services publics. 
 
Elle a souligné la marque de fabrique de la CGT :  porter les questions sociales et environnementales en partant de nos métiers et notre travail dans le contexte de la mondialisation. Elle s’est félicitée de l’ambition de la CGT de lutter contre les violences sexistes et sexuelles et a remercié Philippe Martinez pour son engagement à la tête de la CGT. »

Voici l’appel du congrès, qui emploie même l’écriture inclusive. Si on avait dit il y a 20 ans, ou même dix ans, que la CGT parlerait des « travailleurs.euses », cela aurait fait rire. Mais c’est inévitable : la CGT subit le lessivage du 24 heures sur 24 du capitalisme. Il ne fait pas le poids sur rien.

Appel du 53e congrès : uni.e.s et rassemblé.e.s dans la lutte

Les 942 délégué.e.s réuni.e.s au Congrès de la CGT à Clermont Ferrand réaffirment leur opposition à la réforme des  retraites portée par le gouvernement et le patronat. La CGT juge indispensable de donner une ampleur sans  précédent à la mobilisation du 6 avril, d’amplifier le rapport de force par la multiplication des actions de grève,  blocages, occupations décidées en assemblée générale.

Après 10 journées de temps fort d’une mobilisation historique qui ont réuni des millions de personnes, dans la rue  partout en France métropolitaine et en Outre-Mer et alors que des salarié.e.s sont en grève reconductible dans le  pays, Emmanuel Macron ne peut plus rester sourd et aveugle face au rejet massif de sa réforme antisociale.

Le gouvernement est prêt à tous les mauvais coups pour sortir de la crise dont il est responsable. Non à  l’allongement de la durée de cotisations, non à la retraite à 64 ans ! Oui au retrait pur et simple de cette réforme  illégitime, injuste, injustifiable et injustifiée ! Il n’y aura ni médiation, ni compromis.

La CGT réaffirme son exigence d’une retraite pleine et entière à 60 ans avec des départs anticipés pour tous les  travaux pénibles et le maintien de tous les régimes pionniers.

Les délégué.e.s du 53ième congrès de la CGT condamnent avec la plus grande fermeté les actes policiers et des  patrons. D’où qu’elles viennent, les violences ne réduiront pas la colère du monde du travail qui anime cette  mobilisation sociale historique. La CGT condamne les réquisitions et le non-respect du droit de grève, droit à valeur  constitutionnelle. La CGT exige la suppression de toutes les poursuites judiciaires des militant.e.s dans le cadre  d’actions syndicales et de manifestations.

Après des années d’austérité salariale, de plus en plus de salarié.e.s, précaires, privé.e.s d’emploi, jeunes et  retraité.e.s n’arrivent plus à faire face à l’inflation, cela ne peut plus durer. La CGT réaffirme l’ensemble de ses  revendications : augmentation des salaires, SMIC à 2 000 euros, remise en place de l’échelle mobile des salaires,  dégel du point d’indice…

Pleinement mobilisé.e.s contre la réforme des retraites, les délégué.e.s du 53ième congrès s’élèvent contre la  dégradation de la situation internationale et réaffirment leur engagement pour la paix et la solidarité internationale  entre les peuples et clament sans ambiguïté leur refus de la guerre.

Face à cette oppression du capital et de ses relais et face à l’urgence climatique, nous confirmons nos valeurs  fondamentales de classe, de masse, de démocratie et d’indépendance. Nous réaffirmons que dans cette lutte  violente du capital contre l’humanité et la planète, notre force est d’œuvrer à rassembler le monde du travail le  plus largement possible, comme la CGT le fait depuis 128 ans.

Les congressistes du 53ième congrès rappellent leur engagement dans le combat pour l’égalité entre les femmes et  les hommes ainsi que la lutte contre toutes les discriminations et toutes les violences sexistes et sexuelles. Le  congrès dénonce l’agression d’un camarade à Albi par un groupuscule d’extrême droite.

Les délégué.e.s du 53ième congrès appellent également le monde du travail à garder la plus grande vigilance et la  plus grande fermeté contre l’extrême droite et ses idées nauséabondes. Les délégué.e.s du 53ième Congrès  représentant toute la CGT affirment que nous resterons le syndicat de toutes et tous, quels que soient leurs  origines, leurs genres ou leurs croyances.

Nous sommes face à de multiples urgences qui nécessitent la mise en œuvre de véritables ruptures remettant en  avant l’humain, la réponse aux besoins fondamentaux de la population et l’émancipation des travailleurs.euses.

Le 53e congrès appelle les salarié.e.s, retraité.e.s, privé.e.s d’emploi et les jeunes à s’engager dans toutes les  luttes proposées, menées et organisées par la CGT et à la reconductibilité sous toutes les formes. Le 53e Congrès  appelle l’ensemble des salarié.e.s à poursuivre leur engagement dans les grèves en cours, à venir amplifier les  mobilisations et à rejoindre la CGT pour lutter toutes et tous ensemble JUSQU’À LA VICTOIRE !

Clermont-Ferrand, le 30 mars 2023

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Guerre

Deux ministres pour le complexe militaro-industriel

La réindustrialisation au nom de la guerre.

L’interview parue le 27 mars 2023 ne passera pas inaperçu pour qui suit l’actualité de la guerre. C’est au Figaro (en abonné) qu’elle a été donnée par le ministre de l’Économie, Bruno Le maire, et celui des Armées, Sébastien Lecornu. Ils justifient l’augmentation du budget militaire – 413 milliards pour 2024-2030 – prévue pour la prochaine loi de programmation militaire.

L’interview n’intervient pas au hasard puisqu’au même moment se tenait une réunion dirigée par le Président de la République sur les modalités de mise en place de l’ « économie de guerre » qu’il a annoncé au salon de l’armement Eurosatory en juin 2022.

Ainsi, Bruno le Maire affirme avoir demandé à ce que chaque banque ait dorénavant un conseiller défense pour mieux « flécher » les investissements vers les usines d’armements françaises. Cela signifie que le complexe militaro-industriel va toujours plus être au devant de la scène économique française.

Que l’interview soit réalisée conjointement par le ministre de l’Économie et celui des Armées est révélateur. Comme ils l’énoncent eux-mêmes :

L’industrie de l’armement signe entre 10 et 15 milliards par an de contrats à l’international. C’est une industrie qui contribue au redressement de notre balance commerciale. Et c’est une industrie qui occupe 200 000 emplois, bien répartis sur tout le territoire, ainsi que des centaines de PME installées dans toutes les régions.

Or, en France, l’industrie est justement en chute libre et sur les milliers d’entreprises composant la « base industrielle et technologique de défense », plusieurs centaines sont incapables de suivre le rythme exigé par l’ « économie de guerre ».

Alors il faut viser la « réindustrialisation » et c’est le complexe militaro-industriel qui en devient le moteur central, rappelant toute la justesse de la Gauche historique faisant de la guerre tout à la fois la cause et l’effet de la relance du capitalisme.

Déjà il y a peu, Sébastien Lecornu annonçait la « relocalisation » à Bergerac de la production de poudre propulsive pour les obus tirés par les canons Caesar livrés à l’Ukraine et produit par l’usine Eurenco. Une usine qui a déjà payé le prix fort de l’ « économie de guerre » cet été en étant touchée une violente explosion.

Cela s’inscrit en réalité dans une commande à l’échelle européenne de près d’1 million d’obus dans le but d’alimenter la guerre occidentale contre la Russie, alors qu’aux 5 000 obus tirés par jour par l’armée ukrainienne répondent les près de 15 000 russes… On apprend d’ailleurs dans l’interview que le budget d’aide à l’Ukraine a été « sorti » du budget de la prochaine Loi de programmation militaire avec l’accord du Premier ministre, donc du Président de la République sans qu’il n’y ait, encore une fois, aucun débat public à ce sujet.

Plus généralement, il faut comprendre que la France tente de conserver les acquis de son industrie de défense en Europe car on l’aura compris cela signifie un marché juteux pour l’industrie d’armement qui est en mesure de satisfaire cette giga commande !

Mais cela n’est pas tout puisqu’il avait été diffusé par France Info, seul média au passage ayant parlé de cela, que l’État s’apprêtait à « relocaliser » une vingtaine de productions industrielles militaires stratégiques. Cela concerne notamment des pièces essentielles pour certains moteurs d’hélicoptères à l’usine Aubert et Duval dans le Puy-de-Dôme mais aussi certaines coques de bateau produites actuellement en Europe de l’est.

La France a beau participer aux prétentions occidentales comme quoi la Russie aurait une économie faible, il n’en reste pas moins vrai que cette dernière a une base industrielle fondée sur une production lourde, contrairement à la France, totalement larguée à ce niveau.

Alors elle tente de rattraper son retard pour mieux conserver sa place au soleil… Mais à lire les propos du ministre des Armées, on comprend à quel point les dirigeants français sont largués par l’Histoire :

La trajectoire – à la hausse depuis 2017 – de cette future LPM [ Loi de programmation militaire, NDLR] doit être sincère et fiable, donc soutenable, afin de poursuivre son exécution à l’euro près. Cela restera notre marque de fabrique et c’est d’autant plus indispensable que cet effort est aussi important que celui que les gaullistes ont décidé dans les années 1960.

Les dirigeants français s’imaginent pouvoir lancer un « plan » industriel alors qu’ils sont à la tête d’un pays en faillite complète, avec une croissance d’à peine 0,2 % qui ne tient que parce qu’il s’est soumis à la superpuissance américaine. D’ailleurs, la réforme des retraites prend ici tout son sens historique, étant une nécessité à ce que Bruno le Maire nomme « les marges de manœuvres nécessaires pour les investissements ».

Dans ce mécanisme tristement connu par les héritiers de la Gauche historique, le complexe militaro-industriel tente de s’imposer à tous les échelons de direction de l’État, renforçant ainsi la tendance vers la guerre de repartage mondial. Heureusement, la France est une puissance à bout de souffle qui tente de faire ce qu’elle peut mais apparait de plus en plus comme le maillon faible d’un Occident en déroute. Une déroute qui sonne comme une brèche historique pour celles et ceux qui veulent enfin s’émanciper du capitalisme et de ses horreurs !

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Politique

Macron, gestionnaire de la « crise politique »

Macron gère tant bien que mal la restructuration du capitalisme français.

Le discours d’Emmanuel Macron mercredi 22 mars a été l’illustration même de la crise. Non pas qu’il y ait un tournant historique qui se joue comme le prétendent certains, mais tout au contraire parce que le pays continue à s’enfoncer dans la décomposition sans que ni « en haut », ni « en bas », il n’y ait une quelconque perspective.

On notera ainsi le format de l’intervention qui n’a pas été un discours, comme cela avait pu être le cas lors de la pandémie de Covid-19, départ à la crise historique. L’heure ne fut pas non plus celle de grand écoute du 20h, mais à 13h.

De fait, son discours n’a ni servi à temporiser, ni servi à réprimer une quelconque protestation de masse, mais simplement à assumer la gestion d’une restructuration du capitalisme. Et quoi de mieux que de s’adresser à 13h, soit directement aux retraités en pantoufles, pour endosser le dossard du champion du conservatisme ?

Son discours n’a été rien d’autre qu’une répétition de ses grandes orientations, sans aucune grande annonce, car de grande annonce il n’y a en réalité nul besoin. La vérité c’est que les gens sont contre la réforme des retraites tout en ayant compris qu’ils s’étaient eux-mêmes piégés dans le mode de vie capitaliste fait de crédits en tout genre.

C’est pour cela d’ailleurs qu’Emmanuel Macron a rappelé que les choses avaient changé depuis 2019, avec la pandémie de Covid-19 qui a obligé l’État à s’endetter plus fortement. Le président de la République avait déjà déclaré il y a quelques jours que la réforme était une « nécessité absolue » et le Premier ministre Élisabeth Borne en avait préciser la raison au 20h de TF1 le jeudi 16 mars, celle de la protection du niveau de vie dans le capitalisme français :

« Quand on voit les sommes que l’on a mobilisé pour accompagner les français dans la crise covid, quand on voit ce qu’on mobilise pour les accompagner face à la flambée des prix de l’énergie, on ne peut pas faire croire aux français qu’on peut financer notre système de retraite par la dette […] Peut-être que certains veulent laisser croire que l’on peut tout financer par la dette, je pense que les français qui veulent acheter une maison, ils voient que les taux d’intérêts augmentent. C’est pareil pour l’État »

Et justement les gens se sont eux mêmes bloqués, veulent du capitalisme sans en vouloir. A ce titre, les contestataires ne représentent que l’apogée de la figure du petit-bourgeois pris de rage née en 2018 dans la crise des gilets jaunes. Macron le sait et peut se permettre d’enfoncer le clou en se déclarant prêt à « endosser l’impopularité » car il n’y a précisément aucune « majorité alternative ». Tout cela est vrai…et c’est très inquiétant car cela ne peut que servir cette vieille solution du sauveur suprême sorti des rangs de l’extrême-Droite capable d’assumer franchement le « tout changer pour ne rien changer ».

Macron endosse alors tout à la fois le parti de l’ordre et celui de la modernisation. Tout en appelant à l’augmentation de casernes de gendarmerie dans le pays et au personnel de justice, il vise à la « réindustrialisation » en profitant des réformes précédentes, comme la baisse des impôts de production ou bien encore la loi travail 2016, pour relancer le capitalisme français.

Macron navigue à vue : il est à un moment de l’Histoire où il se doit de sauvegarder le capitalisme français, ou plus exactement de le relancer sur une nouvelle base, tout en s’assurant de la paix sociale et civile. Une relance-restructuration qui se heurte non pas à une contestation intérieure mais à l’aiguisement de la compétition politico-militaire internationale le précipitant sous le parapluie des États-Unis.

Dans ces conditions, Macron se contente de gérer les choses en faisant passer une réforme qui rassure les investisseurs internationaux, condition seule à même de garantir la capacité de la France à lever sa dette et donc à conserver son niveau de vie actuel, donc à garantir la paix sociale.

Cela fonctionne pour l’instant car il n’y a précisément pas de contestation de masse du régime puisqu’il n’y a pas de Gauche historique travaillant à l’émergence d’une telle proposition. La bourgeoisie reste malgré tout bien inquiète de la situation car elle recèle objectivement toutes les conditions pour la renaissance d’une telle proposition…

Et l’on voit ici combien les opposants actuels sont de faux contestataires mais de vrais saboteurs de la seule prise de conscience nécessaire, celle du renversement d’un capitalisme français qui ne peut plus, dans cette époque de crise générale, payer l’addition sans se cracher lui-même…

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Guerre

Une guerre juste est dirigée par des femmes

La place des femmes dans l’armée est l’indicateur de la nature d’une guerre.

Femmes combattantes durant la guerre d’Espagne

Depuis plusieurs années, les armées occidentales tentent de féminiser leurs effectifs.

Il a fallu attendre par exemple 1982 pour que l’école de formation des dirigeants militaires de l’armée française soit ouverte aux femmes. Et ce n’est qu’en 2016 que fut nommée pour la première fois au poste de vice-amiral une femme.

Mais cela se base sur l’approche typiquement bourgeoise des quotas et de la parité, renvoyant les femmes à des faire-valoir pour dresser une belle vitrine auprès des populations. Avoir une armée féminiser, c’est se donner une légitimité démocratique pour ses guerres…

En réalité, ces efforts ne peuvent surmonter le fait qu’on ne peut parvenir à l’implication active des femmes dans l’armée sur la base d’une société civile marquée tout à la fois par des restes culturels de patriarcat et surtout et principalement, par une société de consommation qui fait des femmes des cibles de la sexualisation marchande.

Dans le monde, il n’y a pas une seule armée qui réussit à impliquer les femmes à la hauteur de ce qu’elles représentent, soit la moitié des populations. En haut du classement, il y a Israël avec 33 % de femmes dans ses effectifs, puis la Hongrie avec 20 %, les États-Unis avec 18 %, la France avec à peine 16 %… Plus loin encore, il y a la Pologne avec seulement 3 %.

Mais même ces chiffres ne veulent rien dire. Car l’armée c’est une micro-société, avec son administration, ses cuisines, son service des santés, etc. Si l’on regarde plus près l’armée française, sa féminisation concerne avant tout son administration et son service de santé.

En Ukraine, les femmes étaient même jusqu’à 2018 carrément interdites de devenir conductrice de chars ou tireur, les réduisant à n’être que des cuisinières, des comptables, ménagères, etc. Malgré une réforme leur ouvrant ces postes militaires, la prégnance de l’état d’esprit traditionaliste est si fort dans la société ukrainienne, avec notamment leur sexualisation agressive, que les femmes restent bien à l’écart. A tel point qu’il n’était même pas prévu de sous-vêtements et de chaussures pour femmes !

Dans l’armée française, l’histoire du commandement est si fortement liée à l’aristocratie et à la grande bourgeoise qu’il est bien illusoire de s’imaginer que les femmes puissent devenir des protagonistes à part entière. On peut regarder quelques témoignages du Tumblr « Paye ton treillis » pour s’en rendre compte !

Il y a un fait historique implacable : lorsque la lutte est juste, les femmes s’y impliquent de manière active et tout naturellement. Ce sont les femmes de Paris qui ont réquisitionné les canons de la butte de Montmartre en mars 1871, formant le premier acte du soulèvement populaire de la Commune.

Plus avant encore, les femmes ont toujours été aux avant-postes des insurrections paysannes, tout comme lors de la Révolution françaises elles formèrent de nombreux clubs et détachements armés. Une tradition qui se prolongea ensuite, les femmes étant aux premières lignes des manifestations ouvrières menacées par la répression de l’armée tirant à balles réelles.

Par conséquent, après Charles Fourrier, Friedrich Engels sanctuarisa la position du féminisme du mouvement ouvrier :

« dans une société donnée, le degré d’émancipation de la femme est la mesure naturelle de l’émancipation générale ».

Dès 1925, l’URSS ouvrait l’enseignement militaire aux femmes, aboutissant à ce que près d’un million de femmes s’engagent lors de la grande guerre patriotique, y compris des postes déterminants comme l’aviation et le tir d’élite – contre à peine 14 000 en 1945 dans l’armée française. Pendant la guerre d’Espagne, nombreuses furent les femmes impliquées dans les combats du côté des milices socialistes et anarchistes.

C’est pourquoi la grande féministe socialiste Clara Zetkine remarquait que la révolution allemande de 1848/1849 était à la traine du processus historique du fait que les femmes les plus avancées n’avait lutté qu’avec leurs plumes et non pas avec des armes :

En outre, l’amazone allemande de 1848/1849 était plus en costume qu’en action. Dans la littérature social-démocrate d’aujourd’hui, on note avec satisfaction que les femmes révolutionnaires de 1848 ont probablement fait peu d’usage des poignards et des pistolets qu’elles portaient à la ceinture.

La reconnaissance devient une critique involontaire de gestes vides et théâtraux, qui n’auraient pas été nécessaires pour exprimer une ferme détermination à se battre. Amalie von Struwe a tenu bon, fièrement, alors qu’elle était enlevée par un soldatesque ivre et fou furieux. On attribue à Emma Herwegh un plus grand sang-froid et une plus grande bravoure dans les situations dangereuses que son mari.

Il ne faut pas confondre pacifisme et pacifique : engagées dans un processus de libération, les femmes sont d’ardentes combattantes. À la suite de quoi on peut dire qu’une guerre juste se mesure à l’aune de l’implication des femmes dans le fait militaire.

Cela ne veut pas dire être engagée dans des rôles subalternes tels que les services administratifs, sanitaires, etc., ni même seulement combattre au front bien que cela soit important. A ce titre, dans l’armée française, les femmes ne sont pratiquement jamais des soldats de première ligne, ce qui en dit long…

Plus fondamentalement, une guerre juste se mesure dans le degré d’implication des femmes dans la direction politique, dans la chaine de commandement, avec pour priorité la féminisation totale du corps dirigeant intermédiaire de part son rôle charnière dans l’application des décisions.

Car en réalité, l’art militaire ne réside pas seulement dans la force physique, ni même dans le maniement des armes, ce qui sont des éléments tout à fait secondaires – à moins de relever d’un état d’esprit foncièrement machiste et anti-collectiviste.

L’art militaire, c’est l’art de la conduite des opérations dans ses aspects tactiques en lien avec une stratégie d’ensemble, en tenant évidemment compte des armes et des armées à disposition mais surtout et essentiellement d’une vue d’ensemble du processus d’affrontement. Cela exige de raisonner non pas en additionnant des capacités militaires individuelles, mais en développant un point de vue total et collectif, voir collectiviste, c’est-à-dire organique.

Du fait de leur position naturelle, les femmes portent en elles un sens aigu de l’organisation collective et de la planification des choses, ce qui doit faire d’elles le protagoniste majeur pour la conduite d’opérations réussies.

Elles sont moins susceptibles de basculer dans l’héroïsme viril typique des armées bourgeoises portées par des dirigeants masculins. D’ailleurs les engagés militaires ont tout à gagner d’une direction féminine, car ils sont certains de ne pas être sacrifiés pour rien.

Lorsque l’on est issu de la tradition du mouvement ouvrier, on a donc un critère essentiel pour mesurer très concrètement si une guerre est juste ou pas. Et il ne fait nulle doute que la guerre qui se prépare sous nos yeux n’en est pas une : les femmes ne seront de grandes dirigeantes que lorsqu’elles prendront la tête de la guerre pour la paix et pour l’émancipation de l’oppression.

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Guerre

Obligation du service national universel : la France prépare la guerre

Le militarisme, c’est la préparation de la guerre de repartage.

Instauré en 2019, le Service national universel (SNU) est une forme de service militaire soft. Au départ basé sur le volontariat, Emmanuel Macron a toujours promis sa généralisation et son caractère obligatoire.

Avec 32 000 jeunes en 2022, le projet est loin de ses buts et pourtant c’est à grand pas que se rapproche la mise en place de sa généralisation obligatoire, d’abord dans 6 départements puis, à terme, sur tout le territoire. Tout cela sera très vraisemblablement intégré à la prochaine loi de programmation militaire (LPM) qui doit être votée au printemps, et dont la hausse déjà connue du budget illustre la militarisation accrue de la France.

Un article de presse révélait ainsi que cette obligation pourrait prendre la forme de 2 semaines pour tous les élèves de seconde sur leur temps scolaire sur la base d’une journée de 6h30-22h30, le tout dans un département différent du leur.

On y retrouve toute la panoplie de la discipline militaire, tel le port de l’uniforme et l’interdiction du téléphone portable, la levée du drapeau à 8h sur fond de Marseillaise, etc. L’obligation passerait par le fait de pouvoir passer certains examens et cela fournirait des points bonus pour Parcoursup.

De fait, le SNU, ce n’est ni plus ni moins qu’un préparatif de guerre intégré à la question générale de la mobilisation nationale, et en particulier à celle des réservistes puisque la suite du SNU consiste en la possibilité d’intégrer la réserve opérationnelle appelée à être augmentée avec la LPM 2024-2030.

A l’instar des envois d’armes en Ukraine, à l’instar de l’exercice Hemex-Orion 2023, à l’instar de son rôle de « Nation-cadre » en Roumanie pour le compte de l’Otan, la France cherche à se donner les moyens d’assumer demain la guerre mondiale.

Le SNU, c’est si l’on veut la même chose que la loi des 3 ans qui fit passer la service militaire obligatoire de 2 à 3 ans en 1913 en vue de la guerre avec l’Allemagne. Cela l’est d’autant plus que depuis le 4 juillet 2022 le secrétariat d’État chargé de la jeunesse et du Service national universel est sous la tutelle du Ministère des armées.

Évidemment, on ne passe pas de la fin du service militaire en 1997 à son rétablissement en un claquement de doigt, surtout dans un pays aseptisé par la société de consommation. Il faut des sas et le SNU en est un.

Image du SNU en Guyane en 2021

Par conséquent, pour porter une critique conséquente du SNU, il s’agit de relier la question de la militarisation de la société civile d’avec son soubassement historique qui n’est rien d’autre que la tendance à la guerre de repartage. Car voilà ce qui heurte la sensibilité populaire dans la prochaine mise en œuvre obligatoire du SNU : la prise en charge par l’armée de tâches civiles en dehors même du temps scolaire en vue de préparer les esprits à l’effort national de guerre.

Sans une telle dimension critique, on loupe le coche historique et on s’expose aux mêmes errements que la gauche d’avant 1914 avec son ralliement général à la « défense de la patrie ».

Il faut même préciser ici, par responsabilité envers le peuple qui a un grand sens de la réalité, qu’il faut surtout refuser le militarisme bourgeois, refuser l’engagement militaire au service de l’ordre occidental soumis aux États-Unis.

Mais, une fois que l’on a dit cela, il faut bien, hélas, penser la réalité du monde marquée par la tendance à la guerre. Non pas qu’il faille choisir un camp impérialiste contre un autre, non pas qu’il faille accepter la guerre au service des puissants, mais que la bataille pour la paix impose irrémédiablement de penser l’opposition aux armées bourgeoises qui s’opposeront à toute émancipation du capitalisme qui, lorsqu’il est en crise, nous emmène à chaque fois vers la guerre générale.

Par conséquent, le refus du SNU, en tant qu’expression du militarisme bourgeois exige une alternative, celle de l’enseignement militaire pour tous. Ou pour le dire dans une formule simple : la démocratie populaire + le fusil, l’auto-discipline du peuple pour son émancipation totale, du capitalisme et de ses guerres.

Il n’y a donc pas 36 000 possibilités face à cette lame de fond qui rythme et va rythmer les prochaines années : ou bien l’on choisit un camp impérialiste, États-Unis ou Chine, ou bien on refuse d’être embarqué dans une 3e guerre mondiale sous le mot d’ordre « guerre à la guerre des grandes puissances ».

Sans cette perspective, la critique du SNU et du militarisme en général est vouée à l’échec ou plutôt elle laisse le champ libre à l’extrême-droite nationaliste qui, elle, prend acte de la réalité et assume le fusil…sans la démocratie.

La critique conséquente du SNU ne peut être qu’une critique de la militarisation de la France dans le cadre de la guerre de repartage du monde. Elle doit être le prétexte à une mobilisation populaire pacifiste d’ampleur, contre la puissance française au service de l’Otan.

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Guerre

EELV, succursale de l’hégémonie occidentale

Avoir un masque « de gauche » ne change rien.

Comme si l’affreuse tribune de Raphaël Glucksmann ne suffisait pas, des élus « écologistes » français ont publié une tribune (en version abonnée) le 27 février dans Le Monde dont le titre est d’un bellicisme fou : « nous devons accélérer considérablement la livraison d’armes à l’Ukraine ».

A l’origine, on y trouve Aurélien Taché, un député « écologiste » sorti des rangs de la République en Marche mais qui n’est rien d’autre que le porte-voix de la version française des Démocrates américains. On notera d’ailleurs qu’il a fondé en 2020 Les Nouveaux Démocrates, qui ont ensuite fusionné au sein d’EELV en octobre 2022.

Au delà de l’appel à l’envoi de toujours plus d’armes en Ukraine, la portée de la tribune est davantage sur la question dite « internationale » où il s’agit de s’attaquer à la défiance des pays du Sud envers le soutien des occidentaux à l’Ukraine.

Si on lit entre les lignes, ce « non-alignement » est décrit comme une forme de désobéissance, à cause des occidentaux qui n’auraient pas donné assez de gages sur leur domination en opposition à celle de la russie.

Sûres de leur leadership, les chancelleries occidentales continuent de déconsidérer ce qu’on appelle aujourd’hui le « sud global », il s’agit d’une erreur stratégique majeure.

Une telle inquiétude au ton faussement progressiste mais en réalité typiquement néocolonial est exactement la même que la position énoncée par d’Emmanuel Macron lors de la conférence de Munich. En effet, à cette occasion Emmanuel Macron a notamment affirmé :

Nous devons en préparer les termes et le faire, c’est le faire en réengageant celles et ceux qui aujourd’hui en Asie, dans le Pacifique, au Proche et Moyen-Orient, en Afrique, en Amérique latine, ne pensent pas tout à fait dans les termes que je viens d’expliquer, et qui malgré ce que je disais au début de mon propos, continuent de dire: « il y a des doubles standards, vous dépensez énormément pour l’Ukraine et vous continuez de ne pas dépenser pour nous. Vous vous battez avec beaucoup de force contre la guerre, là, pas suffisamment contre la pauvreté chez nous. On a une guerre chez nous depuis des décennies, vous n’en avez pas fait le 100ème ! » Sachons les entendre. Donc il nous faut réengager diplomatiquement toutes ces géographies pour les convaincre de rejoindre notre effort de pression sur la Russie et de préparation de la paix.

En suivant la feuille de route énoncée par Emmanuel Macron, en plus d’appeler à toujours plus de livraison d’armes à Kiev, les responsables d’EELV démontrent, s’il le fallait encore, combien la guerre américaine contre la Russie est un marqueur historique dans la bataille pour le repartage du monde.

En fait, du monde c’est surtout les pays du sud, soit l’Amérique latine, l’Afrique et l’Asie qui se retrouvent à devenir le butin à s’accaparer pour les grandes puissances en lutte, superpuissance américaine et chinoise en tête.

Et EELV montre son véritable visage, celui d’être en service commandé du capitalisme français au sein de la Gauche sous couvert du masque « moderniste ».

Cela fait écho à l’actuelle visite d’Emmanuel Macron en Afrique, notamment au Gabon, Angola, Congo-Brazzaville ainsi qu’en République démocratique du Congo (RDC). Lors de la conférence de Munich, Emmanuel Macron avait également déclaré que l’invasion russe en Ukraine prouvait l’échec

de la mentalité coloniale, très clairement. Il y a eu un discours qui a cherché à créer la confusion entre zone d’influence et zone de coercition et à expliquer qu’il y avait une légitimité à ce conflit.

La Russie serait une vielle puissance coloniale, « coercitive », quand la France aurait, avec toute son arrogance tant détestée dans le monde, compris la modernité : celle du « partenariat d’influence ».

Dans les anciens pays colonisés par la France, il s’agirait de dépasser la « Francafrique », comme lorsqu’Emmanuel Macron annonçait fin décembre 2019 la suppression du Franc CFA remplacé par l’Eco – ce qui ne modifie en rien la situation de dépendance économique des pays d’Afrique de l’Ouest puisque la parité Eco/Euro reste assurée par la Banque de France.

Emmanuel Macron est ici dans l’héritage direct du Général de Gaulle qui a transformé les liens coloniaux formels en de multiples liens de dépendances bien plus subtils dans les années 1960.

C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre l’offensive que représente la tribune d’EELV qui ne se contente pas de dire qu’il faille sauver l’hégémonie occidentale au Sud, mais va plus loin….bien plus loin.

La réponse à la guerre en Ukraine n’est donc pas à trouver dans un élargissement infini de l’OTAN. Elle passe par des actes concrets et rapides de soutien militaire et dans une régénération idéologique éthique, qui doit nous conduire, en dépassant les discours et en respectant nos partenaires, à chercher, partout dans le monde, des alliés pour contrer le nationalisme « néovölkisch » [ethniciste] de Poutine, au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à vivre en paix.

Une « régénération idéologique éthique » ? C’est là une ligne proposée à la bourgeoisie française pour assumer tout à la fois le turbocapitalisme et la transition verte comme moyen de relancer entièrement le capitalisme français sur une base nouvelle.

Cela n’a rien d’anodin puisque lors de sa tournée africaine, Emmanuel Macron passait par le One Forest Summit au Gabon comme pour dire que la France serait le bon « partenaire » écologique pour les africains qui subissent durement le réchauffement climatique.

De fait, la tribune d’EELV est un moyen de se placer pour l’après guerre en Ukraine, dans l’objectif que l’Otan triomphe de la Russie. EELV a dorénavant besoin d’une victoire franche et nette de l’Occident pour pouvoir, pensent-ils, se poser en force dirigeante sur la base d’une idéologie alliant valeurs post-modernes, « transition écologique » et libéralisme dans un capitalisme relancé, régénéré.

C’est la version New Deal pour la guerre de repartage du XXIe siècle : relancer le capitalisme occidental sous des apparats écolo-humanistes.

D’où leur soutien politique envers le régime ukrainien, d’où leur soutien total au projet d’écrasement-démantèlement de la Russie. On ne s’étonnera guère d’ailleurs que le régime de Kiev soit le vecteur d’une idéologie tout à la fois nationaliste et turbocapitaliste à coups de LGBT, de promotion de la GPA…

Cela fait d’EELV une des principales forces bellicistes en France, une des succursales les plus acharnées de la défense du mode de vie occidental sur le reste du monde.

« Nous devons accélérer considérablement la livraison d’armes à l’Ukraine »

Un collectif d’élus écologistes, emmené par le député Aurélien Taché, dans une tribune au « Monde », demande à la France d’en faire davantage pour aider l’Ukraine : les livraisons d’armes doivent non seulement être plus importantes, mais elles doivent aussi être faites en coordination avec les pays de l’Union européenne.

Alors que nous célébrons le funeste premier anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, beaucoup redoutent une nouvelle attaque massive de cette dernière. Les services de renseignements des pays occidentaux comme les deux discours prononcés par le président russe, Vladimir Poutine, le premier le 21 février devant la Douma, puis le second le lendemain à l’occasion d’un gigantesque meeting, ne laissent que peu de doutes sur les intentions du maître du Kremlin.

Nous allons très probablement entrer dans une nouvelle phase du conflit et la paix, qui doit être notre seul objectif, semble encore bien loin. A cette occasion, nous souhaitons, nous, écologistes, réaffirmer notre soutien plein et entier au peuple ukrainien.

Alors que le chef de l’armée norvégienne estimait le 22 janvier que le conflit avait déjà fait plus de 300 000 morts, dont au moins 30 000 civils, nous estimons qu’il est aussi nécessaire de changer d’approche, pour en finir avec ce qui restera comme l’une des plus grandes tragédies de ce début de XXIe siècle. D’abord, en accélérant considérablement la livraison d’armes et en adoptant enfin une approche européenne de celle-ci. Depuis un an, l’armée française a, entre autres, fourni dix-huit canons Caesar, quelques dizaines de missiles antichars Milan et une quinzaine de canons tractés TRF1, ce qui ne la place qu’en dixième position sur la scène internationale derrière, par exemple, la Pologne.

Incompréhensible et inacceptable

Alors que de nouvelles annonces de livraisons ont été faites lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, confirmées par le président américain, Joe Biden, lors de sa visite surprise à Kiev le 20 février, la France refuse toujours de livrer des chars Leclerc aux Ukrainiens, à rebours des Anglais, des Allemands et bien sûr des Américains. C’est incompréhensible et inacceptable. Nous réclamons ces livraisons et souhaitons aussi, qu’à l’instar de Josep Borrell, la France apporte son soutien à la proposition estonienne d’achat commun de munitions par l’Union européenne (UE), qui font aujourd’hui cruellement défaut aux Ukrainiens.

Emmanuel Macron ne cesse de dire qu’il est favorable à une véritable Europe de la défense, que nous, écologistes, avons toujours soutenue. Il est temps de passer de la parole aux actes. Enfin et surtout, nous devons radicalement changer d’attitude sur la scène internationale. Lors de l’interview qu’il a donnée à plusieurs médias, publiée le 18 février, le président de la République a affirmé que l’unité des Européens et du camp occidental est l’un des plus grands échecs de Vladimir Poutine. Nous affirmons pour notre part que la défiance du reste du monde, et en particulier des pays du Sud, à l’égard du soutien militaire à l’Ukraine, si elle peut malheureusement s’expliquer, est notre plus grand échec.

Alors que la Chine pourrait livrer des armes à la Russie, l’Inde n’a jamais condamné clairement l’agression russe et la Turquie, avec un Erdogan qui s’est souvent affiché aux côtés de Vladimir Poutine ces dernières années, essaie au mieux de se placer en arbitre dans le conflit.

La situation n’est guère mieux en Afrique, notamment francophone, ou l’influence russe ne cesse de grandir. Il y a un an, près de la moitié des pays du continent s’étaient en effet abstenus sur la résolution adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies pour condamner l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les chancelleries occidentales, habituées au suivisme des Etats africains, s’étaient étonnées de ces positions et ne semblent toujours pas avoir compris la raison ni l’importance de l’enjeu.

« Les pays africains n’ont pas oublié les guerres menées par les Etats-Unis en Irak et par la France en Lybie, puis nos échecs à contenir l’insécurité qui s’est ensuivie au Sahel »

Sûres de leur leadership, elles continuent de déconsidérer ce qu’on l’appelle aujourd’hui le « Sud global », comme ce qu’on appelait le « tiers-monde » au temps de la guerre froide. Il s’agit pourtant d’une erreur stratégique majeure.

En sous-estimant la capacité de ces pays à avoir une grille de lecture autonome du conflit et de leurs intérêts et en continuant d’offrir à Poutine l’opportunité de se poser en hypothétique chef d’un axe non-aligné soudainement ressuscité, nous nous isolons toujours davantage et affaiblissons les valeurs démocratiques qui justifient pourtant notre soutien à l’Ukraine.

Il est donc impératif de poser des actes permettant de ressouder la communauté internationale, et pas uniquement son versant occidental. Les pays africains n’ont pas oublié les guerres menées par les Etats-Unis en Irak et par la France en Lybie, puis nos échecs à contenir l’insécurité qui s’est ensuivie au Sahel. Ils voient parfaitement la différence de traitement que nous faisons dans l’accueil des réfugiés venus d’Ukraine face à ceux venus d’Afrique, du Moyen-Orient ou d’Asie.

Ils voient aussi notre silence face aux crimes commis par l’armée israélienne en Palestine, ou encore, ainsi que nous l’a récemment rappelé Omar Sy, notre indifférence face aux conflits qui ravagent l’Afrique centrale et orientale, comme la guerre oubliée du Tigré, qui s’achève à peine et qui a fait 600 000 morts en Ethiopie.

La réponse à la guerre en Ukraine n’est donc pas à trouver dans un élargissement infini de l’OTAN. Elle passe par des actes concrets et rapides de soutien militaire et dans une régénération idéologique éthique, qui doit nous conduire, en dépassant les discours et en respectant nos partenaires, à chercher, partout dans le monde, des alliés pour contrer le nationalisme « néovölkisch » [ethniciste] de Poutine, au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à vivre en paix.

Liste des signataires : Cyrielle Chatelain, présidente du groupe Ecologiste-Nupes à l’Assemblée nationale, députée de l’Isère ; Guillaume Gontard, président du groupe Ecologiste-Solidarité et territoires du Sénat, sénateur de l’Isère ; Mounir Satouri, député européen, membre du groupe des Verts/Alliance libre européenne (ALE) ; François Alfonsi, député européen, membre du groupe des Verts/ALE ; Christine Arrighi, députée écologiste de la Haute-Garonne ; Lisa Belluco, députée écologiste de la Vienne ; Benoît Biteau, député européen, membre du groupe des Verts/ALE ; Damien Carême, député européen, membre du groupe des Verts/ALE ; Charles Fournier, député écologiste de l’Indre-et-Loire ; Claude Gruffat, député européen, membre du groupe des Verts/ALE ; Hubert Julien-Laferrière, député écologiste du Rhône ; Julie Laernoes, députée écologiste de Loire-Atlantique ; Benjamin Lucas, député écologiste des Yvelines ; Francesca Pasquini, députée écologiste des Hauts-de-Seine ; Sébastien Peytavie, député écologiste de Dordogne ; Marie Pochon, députée écologiste de la Drôme ; Jean-Claude Raux, député écologiste de Loire-Atlantique ; Michèle Rivasi, députée européenne, membre des groupe du Verts/ALE ; Eva Sas, députée écologiste de Paris ; Aurélien Taché, député écologiste du Val-d’Oise et membre de la commission des affaires étrangères ; Sophie Taillé-Polian, députée écologiste du Val-de-Marne.

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Guerre Refus de l’hégémonie

Exercice Hemex-Orion 2023: la France assume la guerre de repartage

La France prépare la guerre.

Prévu depuis 2017, l’exercice Hemex-Orion marque l’entrée pour les armées françaises dans la nouvelle ère dite de la « haute intensité ». Une préparation qui implique de s’entrainer sur un très vaste espace pour appréhender les grandes manœuvres opératives : un type d’exercice qui n’était plus réalisé depuis 30 ans.

Cela signifie que la guerre pour le repartage de l’ordre mondial issu de la deuxième guerre mondiale est entièrement assumé par la France, comme le décrit le service communication des armées dans sa petite vidéo de présentation de l’exercice :

« Orion consitute le premier jalon d’un nouveau cycle d’exercice triennal des armées. Le contexte international est marqué par la durcissement de la compétition entre grandes puissances, le réarmement et la déshinibition de certaines puissances régionales, la multiplication des foyers de crises et l’expansion de la menace terroriste. »

Avec Hemex-Orion 2023 – Hemex pour « Exercice d’hypothèse d’engagement majeur », Orion pour « Opération d’envergure des armées Résilientes Interopérables Orientées vers la haute intensité Novatrices, il est visé une gigantesque manœuvre, avec 7 000 soldats engagés au départ et 12 000 en fin d’opération, le tout sur une vingtaine de départements entre février et mai 2023.

Intégré dans la « stratégie de défense collective de l’Otan », l’exercice se fonde sur un scénario imaginé par le ministère des armées lui-même. Une fédération aurait éclaté en plusieurs entités. L’une dentre elles, Mercure, soutiendrait des milices qui revendiquent l’indépendance d’une des régions de l’Arnland, autre entité née de l’explosion de la fédération mais soutenue par la France.

On a ici une allusion directe à la situation ukrainienne de 2014 à aujourd’hui. Mais on pourrait y voir également la perspective du démantèlement de la Russie… Plus généralement, comme lors de l’exercice SERRAT 2022 en Ardèche, on retrouve tout l’imaginaire propagandiste anticommuniste dans les symboles utilisés pour qualifier l’ennemi… sans parler de la milice indépendantiste.

Si la manœuvre militaire est détaillée sur derniers temps dans la presse générale, la première phase de l’exercice a débuté en mai 2022 par le fait de planifier les opérations.

Avec la seconde phase en Occitanie, c’est un camp de SDF qui a été déplacé, le massif de la Gardiole qui a été interdit d’accès entre février et mars.

En tout sont déployés de 1 à 3 brigades, 2 300 véhicules, dont 100 drones et 40 hélicoptères, 30 bâtiments navals, dont le porte-avion Charles de Gaulle, 20 captures spatiaux, 80 aéronefs (plus 50 de la marine nationale), 6 système de défense sol/air, 2 drones Male (reconnaissance).

Dès le 9 février a débuté la montée en puissance du déploiement militaire dans le sud de la France et samedi 18 mars, un avion C-130 a largué en mer de Toulon une dizaine de commandos marines. Puis, ce samedi 25 février, ce sont 600 paras » ainsi que 12 tonnes de matériel qui ont été largués dans le ciel de Castres dans le but de percer les premières lignes ennemies.

Le gros de cette phase 2 consiste en un vaste débarquement amphibie dans le bassin de Thau à Sète menant combat jusqu’à la mi-mars, en rejoignant les troupes aéroportées à Castres. L’exercice doit se clôturer entre le 5 et le 11 mars à Cahors avec exercice de combat en ville, ce qui a valu aux établissements scolaires d’informer via le logiciel Pronote les parents d’élèves.

La délégation militaire du Lot qui souhaite conserver le plus grand réalisme de l’exercice a présenté la chose publiquement :

« la coordination avec les acteurs locaux, les interactions avec la population, la préservation des infrastructures et des activités économiques. Orion représente l’occasion de voir les militaires en action et de leur témoigner leur soutien. Ce contact avec les territoires manifeste la vitalité de lien armées-nation contribuant à la cohésion nationale »

Cette phase de l’exercice vise à tester le déploiement de l’échelon national d’urgence (ENU) composé de 5000 soldats capables d’être déployés en 48h. Ici, on parle d’un déploiement à la fois aéroportée à l’intérieur des lignes ennemies et d’un débarquement amphibie de troupes marines après des actions de neutralisation physique et cyber. L’armée cherche à s’entrainer à la guerre dite « multimilieu/multichamp », embrassant la terre, la mer, les airs mais aussi le cyber et l’informationnel.

La seconde phase relève en fait d’un pré-engagement, dans l’ombre, de l’armée française, alors dirigeantes d’autres forces issues de l’Otan, contre les milices indépendantistes imaginaires.

La phase 3, dénommée « civilo-militaire », relève de l’implication de plusieurs ministères dans la prise de décision et l’explication à l’opinion publique de l’engagement. Soit après coup. Cela doit permettre à justifier publiquement que la France est la « nation-cadre » d’un vaste dispositif d’intervention militaire au moment où, dans le scénario, les forces de Mercure entrent en confrontation directe. Ce sera la phase 4 entre avril et mai, dite d’envergure ou guerre de haute intensité entre deux armées conventionnelles.

Pour traduire : on déploie l’armée…on explique après, ou comment démasquer le fondement d’une guerre de grande puissance n’ayant aucune valeur démocratique et populaire. Cela en dit long sur la sophistication de la prochaine guerre de haute intensité, nécessitant tout un dispositif politico-militaire dans l’espoir de conserver toute la situation sous contrôle. A moyen terme, cela est vain bien évidemment.

Ce qui est clair, c’est que la France prépare activement la guerre et cela fait écho à une citation des Comités de la paix des Usines Schneider de 1952 reprise par la gazette anti-guerre Rosa dans son numéro 11 :

Les ouvriers pensent et disent que ce n’est pas tellement sûr que la guerre soit une fatalité, car une fatalité qui a un plan et qui a des crédits, n’en est pas une.

A l’instar de la France « nation-cadre » en Roumanie, c’est-à-dire puissance dirigeante et coordonnatrice de plusieurs armées pour le compte de l’Otan, l’exercice Hemex-Orion n’est là que pour préparer la France à manier un déploiement militaire sophistiqué par et pour l’Otan.

Car derrière cet exercice où prennent part des soldats allemands, belges, italiens, grecs, américains, anglais, etc., la France ne vise pas directement à assurer la défense nationale, mais bien plutôt à montrer sa crédibilité envers l’Otan.

C’est un signal envoyé aux États-Unis comme quoi la France reste dans la course pour la guerre de repartage qui s’annonce, ou plutôt qui a déjà commencé avec la guerre contre la Russie.

C’est une preuve une fois de plus que la France n’est qu’une puissance de second ordre qui tente, tant bien que mal, de conserver sa place au soleil en tirant profit du mieux qu’elle peut de l’ordre international garanti par l’Otan depuis les années 1950. Car il faut bien comprendre que mobiliser 12 000 hommes, c’est tout à la fois rien au regard de ce qui se passe justement en Ukraine et déterminant si l’on se place sur le plan de la coalition Otan.

Il faut donc prendre cet exercice pour ce qu’il signifie historiquement : la France est un protagoniste majeur du militarisme occidental qui se prépare à maintenir le statu quo mondial qui lui est favorable.

Quiconque ne le conteste pas est de facto dans le camp du militarisme français.

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Guerre

Déclaration intersyndicale de soutien au régime ukrainien

C’est l’union sacrée !

À l’occasion des « un an » de la guerre en Ukraine, l’intersyndicale issue du mouvement contre la réforme des retraites publie un communiqué qui révèle leur convergence complète avec le camp occidental contre la Russie.

Il est même appelé à participer à la manifestation organisée à Paris le 25 février 2023 par les nationalistes ukrainiens ! Manifestation qui aura notamment comme participant l’ambassadeur ukrainien, avec le soutien du Parti socialiste, d’EELV, de Renaissance (le parti d’Emmanuel Macron), du NPA, d’ATTAC…

Un premier communiqué le 24 février 2022 avait déjà été réalisé par une intersyndicale (moins Sud-Solidaires), mais là, un an après le lancement de la guerre, on est dans l’accompagnement total dans la soumission du capitalisme français à la superpuissance américaine.

Cela n’a rien d’étonnant et c’était déjà le cas par leur silence au sujet de la guerre avec la lutte contre la réforme des retraites comme prétexte pour rester dans le train-train syndical malgré la situation historique.

Tout est bon pour pour ne pas briser l’union. Et on voit ici à quel point nous avions raison de dire que ce mouvement dit des retraites participe au rouleau compresseur militariste en France.

En assumant ouvertement la position de l’Otan, le mouvement syndical dans sa totalité à choisi de servir sur un plateau d’argent le peuple français à la guerre des Etats-Unis contre la Russie.

Bref, 1914 bis repetita. La CGT n’ayant d’ailleurs jamais fait le bilan de l’union sacrée, quoi qu’elle puisse prétendre. Elle n’est qu’une force économique qui accompagne le capitalisme. Cela était vrai hier, cela l’est toujours aujourd’hui.

Le syndicalisme doit exister, mais de manière subordonnée à la Gauche politique établie sur ses valeurs historiques.

Com-intersyndic-paix-juste-et-durable-22022023

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Restructurations économiques

La nature de la réforme des retraites

Pas un choix, mais une nécessité pour la bourgeoisie.

Sur agauche.org, la position a été claire depuis le début : la contestation actuelle de la réforme des retraites relève du passé. Elle illustre un monde militant en déliquescence, qui ne sait plus que se rattacher aux miettes de la puissance française.

Pour autant, il n’en reste pas moins vrai que la réforme des retraites représente en soi une offensive de la bourgeoisie française. Elle exprime la restructuration du capitalisme français dans un tout nouveau contexte, non pas celui des années 1990-2000, mais bien de celui né du grand dérèglement produit par la pandémie de Covid-19.

C’est là que l’on voit que les contestataires sont des opportunistes car ce qu’ils contestent c’est précisément le fait que cette réforme illustre le grande chamboulement des choses, la déstabilisation de la puissance française qui n’a dorénavant plus le choix que d’aller à la confrontation intérieure et extérieure.

Non pas simplement dans une optique d’anticipation budgétaire, comme cela pouvait être le cas avant 2020, mais bien plus dans le but de la survie même du mode de vie capitaliste en France.

La réalité des faits est la suivante : la pandémie de Covid-19 a obligé à des dépenses économiques et sociales faramineuses tout en accentuant les antagonismes entre capitalismes nationaux.

Depuis lors, il s’agit de rester dans la course en conservant la capacité de financement du train de vie des pays riches pour assurer la paix intérieure tout en se militarisant pour limiter la perte des zones d’influences prisées par le bloc russo-chinois, principalement la superpuissance chinoise.

Une tendance vieille comme le capitalisme en crise : la paix intérieure pour la guerre à l’extérieur. Mais contrairement au siècle passé, le capitalisme vomit tellement de richesses qu’il ne peut plus vivre, paradoxalement, qu’à coup de crédits.

C’est ce qui a été expliqué par l’économiste libéral Alain Minc, comme quoi la réforme des retraites est là pour assurer la capacité d’endettement de la France à un niveau soutenable. Cela est tout à fait juste et exprime bien en quoi elle est liée historiquement au « quoi qu’il en coûte » de la période 2020-2021. La réforme des retraites n’est pas « imposée » par les marchés financiers, elle est rendue nécessaire par la configuration même du capitalisme entré en crise générale en 2020.

Mais en période de crise du capitalisme, à la capacité financière s’ajoute une autre nécessité de toute grande puissance, la capacité militaire. A ce titre, une commentatrice déclarait sur la chaine télévision LCI à propos du manque de munitions occidentales en direction de l’Ukraine la chose suivante :

« Certains choix budgétaires ont prix le dessus sur la défense. On a choisi dans nos sociétés, surtout en France mais aussi dans certains autres pays européens, on a dit que qu’en ces temps de dividende de la paix [période d’après la chute de l’URSS] où la guerre n’était plus concevable, où l’Europe allait pour toujours vivre en paixle budget devait se concentrer sur les dépenses sociales et donc maintenant on est vraiment dans la merde. Parce qu’on est face à un choix absolument cornélien, c’est-à-dire que la France endettée comme on l’est n’a pas les moyens de fournir l’effort de défense qu’il faudrait pour se réarmer et récupérer notre niveau d’antan et pouvoir répondre de manière conséquente à toutes les crises qui nous menacent, et je pense que celle d’Ukraine n’est que la première, après on risque d’avoir la crise iranienne et la crise Chine-Taïwan, on aura pas les moyens suffisant pour gonfler le budget de défense et de garder le niveau d’aides et de dépenses sociales qui est le notre. »

Le gouvernement aurait pu assumer entièrement cette position, tant les français sont attachés au modèle pavillon-consommation. Quoi de plus simple que dire aux français que s’ils veulent conserver leur taux de crédit pour devenir propriétaire et avoir une belle voiture équ’il faut passer par le fait de travailler deux ans de plus tout en acceptant le renforcement militaire ?

Et quoi de plus simple si une crise parlementaire intervenait avec dissolution de l’Assemblée nationale que de dire : qui est responsable ? Voulez-vous payer trois fois plus cher votre emprunt immobilier car la France est en train de perdre toute crédibilité financière ?

Car les français sont piégés, ou plutôt ils se sont auto-piégés en acceptant les règles du mode de vie capitaliste alors même que la situation issue de la pandémie de covid-19 va toujours plus les mettre sous pression pour continuer à bénéficier de ce mode de vie dont ils n’osent pas se séparer. Ils veulent la paix intérieure, c’est-à-dire qu’ils veulent conserver à tout prix le mode de vie qui pourtant les précipite dans l’abime de part ce qu’il implique historiquement – militarisation et restructuration anti-sociale.

Les français sont de bout en bout des petits-bourgeois. Pour eux, il n’y a pas vraiment de crise, les riches se gavent et la dette ne seraient que des choses abstraites sans rapports avec la réalité, la pandémie aurait montré qu’on peut « générer » de l’argent sans aucunes conséquences, etc., etc.

Et les contestataires de la réforme des retraites ne les aident pas à sortir de l’ornière. Car ils soulèvent une pierre trop grosse pour eux, ils se heurtent à un problème qu’ils refusent de traiter pour ce qu’il est : l’illustration de la crise du capitalisme français. Historiquement, ils apparaissent comme des brouilleurs de la prise de conscience historique.

Quand on voit que leur seule perspective c’est la « taxation des ultra-riches » sur fond d’acceptation totale du mode de vie bourgeois, ces gens ne peuvent que nous précipiter dans les bras de l’extrême-droite par leur incapacité même d’assumer la crise.

Du fait de sa nature, la réforme des retraites devrait se heurter non pas à une contestation syndicale du type de celle qui existe depuis 40 ans en France, mais à une grève politique de masse. Elle devrait être le prélude à une remise en cause générale du mode de vie occidental, à la perspective de la prise du pouvoir par le peuple à tous les niveaux pour transformer de fond en comble le mode de vie capitaliste.

Cela passe par une nouvelle conscience, une conscience de la crise du capitalisme et de sa sortie historique, le Socialisme.

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Guerre

Une tribune militariste dans l’Express

La fraction libérale-atlantiste de la bourgeoisie mène la danse.

La tribune intitulée « Budget de la Défense : encore un effort nécessaire » publiée le 6 février par l’Express et rédigée par Nicolas Bouzou, un économiste atlantiste et vice -président du cercle Turgot, est ainsi très révélatrice de la situation en cours.

L’hebdomadaire l’Express est un journal qui est organiquement lié, au sens idéologique et culturel, à la fraction libérale-atlantiste de la bourgeoisie. Ses prises de positions sont l’expression condensée de la pensée de toute la fraction moderniste de la bourgeoisie, celle actuellement au pouvoir par la voie d’Emmanuel Macron, celle qui « réforme ».

La réforme des retraites est à ce titre une expression de la restructuration du capitalisme français. Il faut la voir avec les lunettes du monde de 2023 et non pas de celui d’avant la pandémie de Covid-19, qui a engendré un grand dérèglement social et économique, culturel et politique.

Il y a ainsi deux camps réels, si on omet ceux qui veulent que rien ne change, par nostalgie. Il y a ceux qui veulent sauver le mode de vie capitaliste et ceux qui veulent s’en débarrasser.

Ce que dit la tribune est justement l’inverse de ce qui est dit sur agauche.org. Il est dit sensiblement la même chose dans la forme, mais totalement l’inverse dans le contenu. Pour résumé, le monde aurait radicalement changé depuis 2020 et la guerre en Ukraine ouvre la voie à une déstabilisation générale du monde. Il s’agit donc d’inscrire le capitalisme français dans l’optique de l’affrontement à tous les niveaux.

Un pays incapable de faire une réforme des retraites bénigne pour équilibrer son système et augmenter l’emploi des 55-65 ans alors que la guerre menace de s’étendre sur notre sol est voué à devenir insignifiant. Car les lois de l’économie (qui ne sont rien d’autre que des lois de l’organisation des humains en société) sont implacables : pour investir davantage dans l’énergie décarbonée, dans la santé, dans l’éducation, dans notre sécurité, nous n’avons pas d’autre choix que de produire davantage de richesses : travailler plus et mieux, être plus intelligents, investir davantage. Voilà la feuille de route cohérente avec notre environnement hostile. Si nous ne le faisons pas, par défaitisme, lâcheté ou pacifisme, c’est notre pays que ne nous mettons en danger.

Voilà, pour les capitalistes français, la nouvelle donne qu’il s’agit d’avoir en tête pour pouvoir continuer à faire progresser le capitalisme français. S’il est salué l’augmentation du budget de la Défense, passant de 295 milliards d’euros sur la dernière loi de programmation militaire à plus de 400 milliards pour l’exercice 2024-2030, il faudrait « encore un effort nécessaire ».

La réforme des retraites s’inscrit alors dans ce panorama, celui qui doit permettre de dégager plus de recettes financières dans le but de renforcer le capitalisme français, et principalement son complexe militaro-industriel. De fait, l’un et l’autre sont les deux faces d’une même pièce.

Au vu de la situation de 2023, ne pas faire la réforme des retraites n’aurait rien à voir avec les précédentes réformes en 1995, 2003, 2010 : cela signifierait l’incapacité du capitalisme français à se restructurer pour mieux se relancer dans le grande bataille du repartage du monde sous égide de l’Otan, donc des États-Unis.

On voit ici à quel point la réforme des retraites n’est qu’un élément secondaire dans la véritable tendance de fond, celle de la mise en place des conditions d’une nouvelle guerre mondiale.

A ce titre, il est une fois de plus confirmé le fait que la perspective de se confronter à l’Otan sur des bases socialistes-pacifistes mène directement à se confronter au régime en place. Logiquement, si une mobilisation d’ampleur avait lieu sur cette base, cela déboucherait sur une crise de régime. C’est bien pour cela que l’extrême-Droite dans sa variante parlementaire a refusé un tel positionnement dès l’invasion russe en Ukraine au mois de février 2022.

De ce point de vue, on ne peut que constater combien les contestataires actuels de la réforme des retraites sont à côté de la plaque. Pour eux, la question se limite à de vilains financiers qui veulent épuiser les gens au travail, tels des vampires maléfiques qui seraient des parasites détachés de la vie réelle.

Leur contestation est vaine. Pire : de part son orientation, du fait de sa négation de l’arrière-plan historique, il ne s’agit que de faire tourner la roue de l’Histoire en arrière.

Si on a compris qu’il y a en fait la mise en place d’un rouleau compresseur militariste au service de la restructuration capitaliste, il ne peut y avoir d’autre option que celle énoncée sur agauche.org. Car face à cette perspective, il s’agit d’être ancré dans le sens de l’Histoire mais du point de vue démocratique et populaire.

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Guerre

L’Occident se brûle les ailes

Les pays de l’Otan commençent à perdre pied dans la guerre contre la Russie.

Quel décalage entre les discours d’il y a quelques mois et ceux d’aujourd’hui.

A l’automne, l’armée russe était finie, le régime russe était sur le point de s’effondrer, la mobilisation de 300 000 hommes en Russie était moquée. La contre-offensive ukrainienne était une réussite presque stratégique, devant se terminer par la reprise de la Crimée et la fuite de toute l’armée russe de l’Ukraine.

Et depuis, tout cet espoir est redevenu ce qu’il était dès le départ, une pure illusion engendrée par une propagande occidentale qui n’a cessé de s’auto-intoxiquer. Dorénavant, c’est le principe de réalité qui est de retour et qui est guidé par un fait implacable : la guerre en Ukraine se joue sur la masse, à la fois d’hommes mobilisables mais aussi de ressources industrielles.

Et le grand coup qui a été porté aux opinions publiques occidentaux est le rapport du FMI sur les prévisions de croissance pour l’année 2024. On y voit que les sanctions portées par l’Europe et les États-Unis n’ont eu que peu d’effets sur l’économie russe, alors qu’elles ont impacté les économies occidentales avec l’inflation, notamment des matières premières et de l’alimentation.

Ainsi, selon le FMI, la Russie peut s’attendre à une croissance économique de 0,30 % pour l’année 2023, puis de 2 % pour 2024, quand les États-Unis se contenteront de 1 % de croissance.

Surtout, les pays en voie développement, et notamment le bloc des BRICS, seront le moteur du commerce mondial. Des pays qui, rappelons-le, n’ont jamais adopté la politique des sanctions à l’égard de la Russie. Les liens économiques entre la Russie et la Chine, mais aussi l’Inde, ont explosé, renforçant de fait la tendance au remplacement de la superpuissance américaine pour l’hégémonie mondiale.

C’est la prétention des pays de l’Otan qui explose en plein vol. La Russie devait soit-disant avoir le PIB d’un pays comme l’Espagne, elle devait être un colosse au pied d’argile, qui s’effondrerait économiquement en un rien de temps. Son économie se fondait sur la seule exportation d’hydrocarbures, elle n’utiliserait plus que des puces électroniques de machine à laver pour ses missiles, etc.

C’était sciemment passer sous silence que la Russie était un pays de plus de 143 millions d’habitants, avec une base industrielle représentant près de 30 % de sa richesse nationale intérieure, contre 15 % en moyenne en Europe. Une industrie lourde qui plus est, ce qui apparaît comme fondamental pour une économie de guerre.

Dans une guerre de haute intensité, la quantité prime sur la qualité : aligner des milliers et des milliers d’hommes et produire des quantités d’armes et de munitions est la clef du conflit. C’est bien pour cela que les États-Unis ont accepté de livrer des bombes à longue portée, dans le but de briser la masse militaire russe en visant ses propres nœuds logistiques arrières.

C’est comme le souligne le dernier numéro de la gazette pacifiste Rosa, la vieille rengaine militariste du « game changer » comme quoi une technologie d’armement pourrait renverser le cours des choses. Au regard de l’histoire, c’est faire un pari plus que douteux.

En réalité, il se trouve ici confirmé la thèse que l’hégémonie occidentale s’effrite et leurs dirigeants commencent à en prendre la mesure. L’économie occidentale s’épuise face à une Russie qui penche vers la Chine, avec des pays latino-américains refusant de soutenir l’occident.

Lorsque Emmanuel Macron est allé il y a quelques jours demander des armes pour l’Ukraine au président brésilien Lula, celui-ci lui a répondu qu’il était en guerre contre la pauvreté, pas la Russie !

Il y a de la démagogie et du pragmatisme dans tout cela, mais les BRICS qui représentent près de 41 % de la population mondiale et leur montée en puissance converge avec la fin de l’occident.

Que faire alors du côté des pays occidentaux au stade où en sont arrivés les évènements ?

Lâcher l’Ukraine est impossible, mais la soutenir pleinement, c’est continuer à se tirer une balle dans le pied. En réalité, il n’y a plus de choix. L’Occident panique d’autant plus que se profile la bataille pour Odessa et son port si stratégique, avec notamment l’immense ressource en gaz néon qui est en centrale pour toute l’industrie mondiale du semi-conducteur.

Dans six mois, les choses auront profondément changé. En bien ou en mal car c’est maintenant l’engrenage qui est en place, mettant de côté la volonté du « choix diplomatique » comme l’atteste l’échec récente de la négociation du chef de la CIA en Russie. La Russie a joué calmement sa partition qui veut que l’Occident ne suivra pas le rythme de la confrontation, car ni son appareil industriel, ni la vision du monde de ses dirigeants ne le permettent.

La conséquence est évidemment dramatique pour l’Ukraine. Comme il l’a été dit mille fois ici, la nation ukrainienne a été sacrifiée sur l’autel des impérialistes. Penser que quoi que ce soit de bon puisse sortir du soutien de l’Otan aura été l’erreur historique de l’Ukraine. Elle n’aura été que la chair à canon de la prétention occidentale de briser la Russie.

Et pour nous en France, cela veut dire qu’il faut se porter sur l’essentiel. Tout le mode de vie occidental s’effondre, c’est ça qui compte réellement. A nous de faire en sorte que cela aille au socialisme, et non pas à la barbarie.

Ceux qui accordent une importance centrale à la « réforme des retraites » sont ici en dehors de la dimension historique de la période actuelle.