Catégories
Société

Accidents de chasse: il faut faire le procès de la chasse elle-même

Mardi 1er décembre avait lieu un procès important en Haute-Savoie, à l’issue duquel un chasseur a été condamné pour l’homicide involontaire d’un vététiste en 2018. Rien n’a changé depuis ce terrible accident et, terrible coïncidence, dès le lendemain mercredi 2 décembre, c’est à nouveau un jeune homme qui a été tué par un chasseur dans le Lot, alors qu’il coupait du bois à côté de chez lui.

Cinq personnes comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Thonon-les-Bains mardi 1er décembre suite à la mort de Mark Sutton, un Britannique de 34 ans qui se promenait à VTT sur la commune de Montriond.

L’auteur du tir, qui a 24 ans cette année, était poursuivi pour homicide involontaire par imprudence et a écopé d’un an de prison ferme (ainsi que trois ans avec sursis). La peine est accompagnée d’une interdiction de chasser pendant dix ans et de détenir une arme pendant cinq ans.

À ses côtés, deux jeunes chasseurs ainsi que le père de l’un d’entre eux et sa compagne ont été reconnus coupables d’avoir maquillé la vérité sur l’homicide et ont écopé de peines allant de 6 mois à 18 mois de prison… avec sursis, avec interdiction de chasser et de détenir une arme pendant cette période.

Les heures du procès ont établi que, ce jour d’octobre 2018, l’auteur du tir et ses compagnons de chasses avaient manqué gravement à leurs obligations de sécurité, alors que le cycliste tué a été décrit comme « parfaitement identifiable » sur un chemin fréquenté, pentu et difficile d’accès.

Le coup de feu d’abord, était illégal puisqu’il était oblique, c’est-à-dire non dirigé vers le sol comme ce doit être le cas en théorie. Mais c’est la partie de chasse elle-même qui a été décrite comme « désorganisée », ainsi que le rapporte la rédaction locale de France 3 :

« La battue se serait déroulée sans responsable identifié, sans secteur de chasse établi, sans carnet de battue prérempli et à moins de 150 mètres des habitations. La jeunesse des chasseurs a aussi été invoquée. »

Pourtant, le plus âgé des chasseurs a expliqué que selon lui, « cela s’est toujours passé comme ça » à propos des règles de sécurité. Avec toute sa condescendance bourgeoise, le président du tribunal s’est alors permis de manière odieuse de répondre en le traitant « d’abruti », puis la Fédération des chasseurs de Haute-Savoie, partie civile, est intervenue via son avocat pour se défausser entièrement en pointant des « erreurs absolues ».

En clair, il s’agit de protéger la chasse et c’est ce qui s’est passé au procès du mardi 1er décembre à Thonon-les-Bains. Ce sont  officiellement quelques chasseurs, considérés simplement comme fautifs individuellement, qui ont été condamnés en dehors de toute mise en perspective sociétale à propos de la chasse et de la façon dont elle est pratiquée dans notre pays.

Les propos du tireur plaidant sa bonne foi posent pourtant la question de l’existence de la chasse en général :

« Il n’y avait pas vraiment de poste défini. Je me suis posté, j’ai tiré et j’ai raté un chevreuil. Quinze minutes après, j’ai entendu un autre chien et j’ai vu un sanglier sortir. Je l’ai suivi dans la croix de ma lunette, il n’y avait aucune erreur possible ».

Comment se fait-il que d’aussi jeunes gens puissent se balader avec autant de légèreté dans la nature avec des armes aussi puissantes ? Il est bien trop facile ici de résumer l’homicide de Mark Sutton à seulement des manquements individuels, de la part de gens menés par un « abruti » selon les mots du juge.

Ce même juge qui d’ailleurs a été bien moins sévère que le procureur, qui avait requis cinq ans de prison dont deux ferme pour le principal accusé. C’est qu’il fallait protéger la chasse en général, tout en résumant le drame à un acte isolé.

Steve Downs, un ami du cycliste tué, a fondé l’Union des victimes de la chasse et a très bien saisi tout l’enjeu de cette affaire, qui n’est pas seulement le produit d’un manquement individuel, mais bien liée à la pratique de la chasse en général. Voici ce qu’il explique avec une très grande justesse :

« Ce cas a mis en lumière le côté toxique de la culture des chasseurs ainsi que le fait qu’ils mettent en danger chaque jour des vies pendant la saison de la chasse. Les chasseurs ont montré une indifférence totale au regard de la sécurité des autres.

 1.  Ils avaient bu de l’alcool au déjeuner avant d’aller chasser, armés dans un endroit public. Un des groupes a reconnu avoir bu une bouteille de vin , 2 bières et avoir fumé du cannabis.

Pourquoi n’existe-t-il pas une loi contre la consommation d’alcool pendant la chasse ? Comme boire et conduire ?

Il est autorisé pour les chasseurs de boire pendant la chasse, et cette tradition doit être remise en question.

 2. Ce groupe de chasseurs n’avait pas mis de panneau avertissant une  “chasse en cours” donc personne ne pouvait savoir qu’il circulait dans une zone de tirs.

 3. Ils n’avaient pas rempli le carnet de battue et ont donc ignoré la sécurité des marcheurs, des cyclistes et des habitants proches de la zone de tirs.

 Ce sont les fédérations et le gouvernement qui autorisent cette culture dangereuse à  perdurer, en oubliant de revoir les règles de sécurité et les lois après chaque mort ou chaque accident.

Il y a beaucoup de choses qui peuvent être faites aujourd’hui pour essayer de s’assurer que cela ne se reproduise jamais .

 1. Rendre chaque membre responsable en cas d’accident, pendant une session de chasse, ce qui encouragerait à contrôler le comportement de chacun.

 2. Punir la consommation d’alcool pendant la chasse et en faire une infraction pénale.

 3. Changer progressivement  les règles du permis de chasse  , en fonction de l’âge et de l’expérience.

Ne plus avoir autant de jeunes chasseurs portant des armes très puissantes si près des habitations après avoir bu, ce qui a été la cause de cette tragédie.

 4. Revoir entièrement l’utilisation du carnet de battue et la façon dont les associations locales contrôlent chaque chasse, afin que l’évaluation des risques soit bien gérée et vérifiée à chaque fois.

 La mort de Mark à fait prendre conscience à notre communauté de l’attitude dangereuse des chasseurs. Beaucoup  de gens vivent dans la peur pendant la saison de la chasse, et ne peuvent pas profiter de la campagne près de chez eux puisqu’ils courent le risque d’être victime d’une balle perdue la plupart des jours de la semaine et tout les weekend.

De nombreuses personnes à travers la France nous ont contactés pour nous signaler de dangereux comportements de chasseurs, ou ont été victimes d’un incident eux-mêmes.

Nous demandons à chacun d’entre eux de raconter leur histoire pour l’ajouter au site internet de notre campagne www.victimeschasse.fr pour que nous puissions montrer la multiplication de ce fléau et comment il impacte les gens à travers la campagne chaque année.

Rien ne pourra ramener Mark et tout ce que nous pouvons faire maintenant est d’essayer de protéger les autres et de faire en sorte que cela ne se reproduise jamais, en sa mémoire. . 

Nous n’essayons pas d’arrêter la chasse , nous essayons d’éviter les morts. »

Mercredi 2 décembre, c’est donc un nouvel accident qui a donné, malheureusement, raison au fondateur de l’Union des victimes de la chasse, avec la mort d’un jeune homme victime d’une balle perdue, alors qu’il coupait du bois à proximité de son habitation sur la commune de Calvignac dans le Lot.

L’auteur du tir a été interpellé pour homicide involontaire et un nouveau procès se tiendra forcément, avec la même individualisation sans mise en perspective sociétale, avec la même focalisation mensongère, malhonnête, sur un particulier, sans considération du contexte général. Pourtant, c’est bien le procès de la chasse en général qu’il faut faire, car les accidents sont nombreux et réguliers.

C’est là une question démocratique très importante en ce qui concerne la vie quotidienne dans les campagnes en France et ce doit être une préoccupation de la Gauche.

Catégories
Politique

Valéry Giscard d’Estaing, l’Emmanuel Macron des années 1970

Décédé à 94 ans des suites du Covid-19, Valéry Giscard d’Estaing a subi la malédiction d’avoir été un ultra-moderniste passant pour un ringard.

Valéry Giscard d’Estaing a une très mauvaise image. Il a perdu les élections en 1981 et s’est depuis coltiné l’image d’un autocrate arraché à son trône. La presse bourgeoise raconte évidemment que sa défaite a comme raison l’absence de soutien de Jacques Chirac ou bien l’affaire des diamants qui lui ont été donnés par le président de la République centrafricaine Jean-Bedel Bokassa.

En réalité, la Gauche avait réussi à mobiliser contre son libéralisme appauvrissant les masses et son identification très claire à la bourgeoisie moderne, entreprenante, magouilleuse, décadente. Valéry Giscard d’Estaing, c’est un arrière-plan terriblement douteux moralement et le choix d’une France pro-européenne, alignée sur le capitalisme américain et prônant un libéralisme culturel massif.

Car Valéry Giscard d’Estaing, en tant que président, fut un jeune président – 48 ans – partisan de la modernisation du capitalisme et de la libéralisation des mœurs, ce qu’il appelait la « société libérale avancée ».

C’est ce qu’espérait être Emmanuel Macron aujourd’hui, du moins ce que la haute bourgeoisie financière, tournée vers l’international et foncièrement cosmopolite dans son mode de vie, a espéré qu’il soit. Le quotidien Le Monde résume tout à fait bien les choses quand sa nécrologie explique de Valéry Giscard d’Estaing que :

« Il incarne le changement sans rupture et transforme – en peu de temps – la société française durablement. »

Le Figaro le note pareillement :

« Il se voulait alors l’incarnation d’une modernité triomphante, issue du centre-droit libéral et démocrate-chrétien qui a bâti l’Europe d’après-guerre. »

Valéry Giscard d’Estaing, c’est le divorce par consentement mutuel, c’est le développement du TGV, c’est le regroupement familial pour les immigrés, c’est l’absence de costume traditionnel en queue-de-pie pour son premier discours présidentiel, c’est l’absence de collier de grand maître de la Légion d’honneur pour le portrait officiel, c’est la visite chez des gens au hasard et l’invitation d’éboueurs au petit-déjeuner à l’Élysée.

Valéry Giscard d’Estaing, c’est la création d’un secrétariat d’État à la Condition féminine (confiée à une journaliste, Françoise Giroud), c’est le changement du bleu du drapeau français dans une version moins agressive, c’est le ralentissement d’une Marseillaise jouée moins forte, c’est la fin de la censure pour le cinéma.

Valéry Giscard d’Estaing, c’est la transformation de la gare d’Orsay de Paris en musée servant d’ode à la bourgeoisie de la belle époque, c’est l’initiative de faire une Cité des sciences et de l’industrie à Paris, c’est la mise en place des premières Journées du patrimoine, c’est la création du Conseil européen, c’est l’instauration avec l’Allemagne du Système monétaire européenne et de l’ECU comme unité de compte européenne.

Valéry Giscard d’Estaing, c’est la tenue en France d’une réunion des cinq pays occidentaux les plus industrialisés (en 1975 à Rambouillet et qui deviendra le G5, le G7, etc.), c’est la dépénalisation de l’avortement, c’est la fin de l’ORTF (c’est-à-dire la télévision publique et sous tutelle) et de son monopole, c’est le droit de vote à 18 ans (et non plus 21).

Valéry Giscard d’Estaing, c’est l’institution de la Commission technique d’orientation et de reclassement professionnel (COTOREP) et d’une loi d’orientation en faveur des handicapés, c’est la décision de construire le supergénérateur nucléaire nommé Superphénix et la mise en place la Compagnie générale des matières nucléaires (COGEMA) et l’Institut de protection et de sûreté nucléaire (IPSN).

C’est là qu’on se dit : mais tout cela, la gauche gouvernementale trouve cela désormais très bien. Et on comprend alors le décalage complet vis-à-vis de la Gauche de 1981 et la joie que pouvait représenter le départ de Valéry Giscard d’Estaing. La gauche gouvernementale française s’est tout simplement transformée en équivalent des « démocrates » américains, avec le même populisme, le même libéralisme culturel, le même capitalisme accepté mais « amélioré ».

Catégories
Politique

Les réactions politiques au décès deValéry Giscard d’Estaing

C’est tout naturellement que la mémoire de l’ancien président de la République Valéry Giscard d’Estaing a été immédiatement salué dans la nuit du 2 au 3 décembre 2020 par la Droite et les libéraux, suite à l’annonce de son décès. Il est unilatéralement présenté comme une figure ayant porté la « modernité ».

De La République En Marche, le parti d’Emmanuel Macron, évoquant celui qui « a œuvré pour une nation moderne », à Nicolas Sarkozy parlant d’« un homme qui a fait honneur à la France » et qui a « cherché et réussi à moderniser la vie politique », l’éloge est toujours du même ressort.

Le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, a parlé de celui qui « modernisa notre République », tout comme Xavier Bertrand, le président de la région Hauts-de-France et figure de la Droite, rappelant « des réformes sociétales d’envergure ». Le président de Les Républicains Christian Jacob y a lui aussi été de son petit mot sur la « conviction et détermination à la modernisation de notre société » de l’ancien président, tout comme à peu près tout le monde à Droite et au « centre ».

Du côté nationaliste, Marine Le Pen a choisi l’option opportuniste, pour saluer et ramener à elle celui qu’elle est censée honnir :

« Condoléances aux proches de Valéry Giscard d’Estaing. Président d’une France en crise, il fut l’artisan de nouvelles libertés publiques et un ardent soutien du progrès technologique. En 2018, il confessa que sa plus grande erreur fut d’instaurer le regroupement familial. MLP »

Remarquons ici pour l’anecdote que l’extrême-droite étudiante activiste se voulant sociale, les Groupes d’Action Jeunesse, qui se confrontaient physiquement au GUD, ont participé au service d’ordre de Valéry Giscard d’Estaing, une pratique courante en ce sens de la part de ceux se voulant « nationaux-révolutionaires ».

C’est en ce sens qu’il faut comprendre les propos très durs d’Eric Ciotti pour rappeler le caractère anti-communiste de Valéry Giscard d’Estaing :

« Valery Giscard d’Estaing a été un immense président L’une des plus belles intelligences de la République un héraut de la liberté et de la lutte contre le communisme Il aura vraiment changé la vie des Français Sa défaite en 1981 a marqué pour la France un tournant vers le déclin. »

Anne Hidalgo, qui espère être candidate aux présidentielles, ne peut pas ne pas le savoir, mais évidemment elle n’en a rien à faire et a sauté sur l’occasion pour renier toute considération de gauche en associant Valéry Giscard d’Estaing au « progrès » :

« Je salue cet Européen convaincu qui a œuvré pour inscrire notre pays sur la voie du progrès. Il portait Paris dans son cœur et lui a toujours voué un intérêt tout particulier. »

Olivier Faure, le dirigeant du Parti socialiste, a pareillement joué la carte du « progrès » :

« Toutes mes condoléances à sa famille et ceux qui l’ont accompagné au cours de sa longue vie politique. Les socialistes n’oublient pas la légalisation de l’IVG, le droit de vote à 18 ans, le divorce par consentement mutuel. »

Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF, a quant à lui salué au nom de son parti un concurrent politique, afin de bien souligner le respect des institutions, des figures de la Droite, etc. 

« Le PCF s’incline avec respect et salue la mémoire de V.Giscard d’Estaing. C’était un homme de conviction qui a, jusqu’au bout, y compris avec le Traité constitutionnel défendu une économie et une Europe très libérale. »

De son côté, François Hollande y est allé franchement dans l’hommage à cette figure libérale « qui a modernisé la France» tout en étant incompris. Une allusion bien entendu à lui-même :

« Conscient de sa grande intelligence qu’il mettait au service de son pays, il espérait apparaître comme un président simple et proche des Français. Il n’a pas toujours été compris ».

Comme avec le décès de Jacques Chirac en 2019, on a une grande opération de lessivage idéologique et politique, avec la Droite valorisant l’un des siens, mais personne à Gauche pour assumer une critique sérieuse et profonde de la France capitaliste du XXe siècle, dont Valéry Giscard d’Estaing était une illustration moderniste.

Catégories
Politique

Nationalisme du made in France: Adrien Quatennens prône Cdiscount contre Amazon

En critiquant l’entreprise Amazon au profit de son équivalent français Cdiscount, Adrien Quatennens montre en quoi il est un social-chauvin.

Il est tout à fait légitime de détester un monstre comme Amazon quand on sait en quoi une telle entreprise est synonyme de pression maximale sur les employés des entrepôts ou sur les chauffeurs-livreurs des entreprises sous-traitantes auxquelles elle impose des conditions drastiques. Il y a bien sûr aussi la question des impôts, puisqu’Amazon fait partie de ces championnes de l’optimisation fiscale, de manière tout à fait légale par ailleurs.

Il est donc très facile pour quelqu’un comme Adrien Quatennens, figure de La France Insoumise, de critiquer Amazon. Cela n’engage à pas grand-chose et surtout cela ne coûte rien politiquement. Il ne s’en prive donc pas et l’a fait par exemple dimanche 29 novembre dans un émission de télévision. Il relaiera ensuite lui-même l’extrait sur Twitter :

Le problème d’Adrien Quatennens, c’est qu’en réalité il ne critique pas Amazon. Ce qu’il critique, c’est une entreprise américaine de la logistique… pour défendre son équivalent français Cdiscount. Cela s’appelle le nationalisme et encore pourrait-on aller plus loin. Quelqu’un qui agite la question sociale pour dire que le capitalisme étranger, c’est mal, mais que le capitalisme de son propre pays c’est bien… relève de l’extrême-Droite. 

Pour quelqu’un réellement de gauche, Cdiscount n’a rien de mieux qu’Amazon, c’est exactement la même chose, l’entreprise vise à la même hégémonie sur la logistique et la vente en ligne, et elle utilise les même procédé de pression sur les prix et les travailleurs, etc. C’est un point de vue de classe, pas un point de vue national, bourgeois.

Mais ce point de vue national est depuis longtemps celui de La France Insoumise, depuis le départ même, car La France Insoumise a en fait été le vecteur du passage au nationalisme du Parti de Gauche. Le Parti de Gauche est né comme scission du Parti socialiste, il a ensuite été remplacé dans sa base par des gens non formés politiquement qui ont suivi le populisme de Jean-Luc Mélenchon, qui a toujours plus utilisé le nationalisme comme mythe mobilisateur.

La France Insoumise ne relève pas de la Gauche. C’est une déviation au nationalisme telle qu’on en a vu à de nombreuses reprises historiquement. Les propos d’Adrien Quatennens opposant Amazon à Cdiscount le montrent très clairement.

Catégories
Politique

Protestations contre la «loi de sécurité globale»: psychodrame à la française

Malgré le confinement ou plutôt en raison de lui, l’agitation anti-État s’est vigoureusement exprimée par des manifestations contre la « loi de sécurité globale » voulue par le gouvernement.

C’est un cinéma qu’on retrouve de manière régulière depuis très longtemps en France. Notre pays est en effet très marqué par la petite propriété et pour cette raison, les discours libéraux-libertaires sont une grande tradition. Il y a une longue tradition allant de Proudhon à Michel Onfray, en passant par Céline, Camus, l’anarchisme de droite, l’anarchisme tout court, les gilets jaunes, etc.

Et c’est donc ce cinéma qu’on retrouve avec les protestations contre une « loi de sécurité globale » qui, dans le fond, n’apporte strictement rien de nouveau aux rapports sociaux. Il s’avère en effet simplement qu’à chaque progrès technique, la police systématise l’utilisation des avancées. La vidéosurveillance est un excellent exemple de cela, bien sûr.

Quiconque prend le métro, le RER, le train de banlieue, le bus en région parisienne peut ainsi être suivi par caméra de bout en bout (à part dans les rames le plus souvent, mais il y a donc les entrées, les sorties, les quais, etc.). Il y a également 293 caméras visant la circulation, ce qui signifie que si vous passez à Paris et qu’on veut suivre tous vos déplacements, on peut. Rappelons également qu’il y a le passe Navigo qui est individualisé et fournit donc tous les déplacements, leurs horaires (le pass Navigo découverte qui lui coûte cinq euros ne fournit pas l’identité).

Il y a à Nice 2 666 caméras, 411 à Nîmes, plus de 200 à Perpignan, Orléans (ville du néant), Annecy, Mulhouse…

Tout cela pour dire que les gens ayant manifesté contre la « loi de sécurité globale » sont totalement en décalage avec ce qui existe déjà. Et encore on ne mentionne pas ce qui est para-légal ou clandestin de la part des services politiques de la police – les renseignements généraux – qui d’ailleurs officiellement n’existent plus !

En Allemagne, il y a chaque année un rapport très détaillé de la police sur l’extrême-gauche qui sort, et l’extrême-gauche publie au moins une fois par moins un compte-rendu d’une tentative d’approche de gens par les services pour servir d’informateurs. Difficile de ne pas penser qu’en France on n’aurait pas le même niveau de surveillance…

La « loi de sécurité globale » accompagne ce processus enclenché depuis bien longtemps. Les policiers municipaux verront leur statut élargi grosso modo à celui des policiers judiciaires, les images des caméras-piétons des policiers pourront être lues et enregistrées en direct par les postes de commandement, il y a une légalisation de l’utilisation des drones par la police et une interdiction de la diffusion d’images de policiers dans une perspective « malveillante ».

Si on veut la révolution, ce n’est évidemment pas pratique et il aurait mieux fallu la faire en 1920, c’est certain ! Quoiqu’il faut savoir que déjà le niveau de surveillance était extrêmement élevé et qu’en 1914 il y avait une liste très détaillée des subversifs à arrêter au cas où… Mais comme ils ont tous soutenu la guerre, le problème ne s’est pas posé !

Et, de toutes façons, quand on veut vraiment la révolution, on y parvient toujours, quel que soit le mur en face. Mais la veulent-ils la révolution, les quasi 50 000 personnes ayant manifesté à Paris samedi 28 novembre 2020, les milliers d’autres dans des dizaines de villes ? Non, ils ne la veulent pas. Ils veulent protester contre l’État de manière anarchiste ou semi-anarchiste ; ils sont même tout à fait opposés à une société collective, collectivisée, car pour eux c’est le totalitarisme, c’est 1984, c’est Orwell !

Mais le plus génial dans tout cela, c’est la chose suivante : la France n’utilise pas tout son arsenal, ni toute sa surveillance. Elle laisse faire. Chaque manifestation sérieuse en France a son lot de casse et une ville comme Nantes a son centre-ville régulièrement démoli. Le nombre d’arrestations est, dans ces cas de casse, toujours extrêmement restreints comparés à ce qu’ils pourraient être de manière assez facile.

Pourquoi ? Car l’État se sert de cette protestation stérile comme d’une soupape de sécurité. X casse une vitrine, Y écrit anarchie sur un mur, Z renverse une voiture ? Parfait ! Ils croient avoir fait quelque chose et le reste du temps, ils ne militent pas, ils ne font rien, ils vivotent en s’imaginent rebelles. Et tout continue comme avant.

Arrivent alors ceux qui disent qu’il faut réformer la police ; ils profitent de l’élan trouvé pour se faire des voix aux élections. Le régime, quant à lui, n’a pas mené de répression : c’est tout bénéfice niveau légitimité. Des anarchistes, des réformistes et tout est parfait pour l’État français ! Et cela fait bien longtemps que cela dure… Alors la « loi de sécurité globale », franchement, quelle importance ? Ce n’est qu’une cerise sur le gâteau, une roue de secours si cela s’emballe malgré tout sans le faire exprès.

Comme on est loin d’un mouvement de Gauche conscient, organisé en France !

Catégories
Politique

La «loi de sécurité globale»: discours baroques pour la «transition»

À défaut de critique de la société, la dénonciation gouvernementale est de mise et la « loi de sécurité globale » offre une course dans la démagogie. Celle-ci suit en pratique le « programme de transition » de Léon Trotsky.

On a atteint le fond niveau caricature. Pour Jean-Luc Mélenchon, le fait que l’État ne soit pas capable d’établir un réel second confinement ne compte pas : ce qui compte ce sont les élections et il faut donc dénoncer, quitte à inventer.

« Un régime autoritaire se met en place. Avec la loi «sécurité globale», les macronistes sont en train de mettre la France en cage. »

Il est vrai qu’il l’a dit lors de son premier meeting numérique, qui fut un succès avec plus de 200 000 personnes. Il faut bien trouver quelque chose à dire qui porte, à défaut d’avoir une critique de la société. On ne soulève pas les foules avec les droits des animaux ou la remise en cause de la société de consommation. Alors on dénonce le gouvernement et surtout le chef de l’État, profitant de la personnalisation de la Ve République.

Une telle démagogie est très rentable dans notre pays. Elle n’engage à rien, elle permet de jouer à se faire peur, de se donner une image très offensive ; c’est une petite passion à bas prix.

Naturellement, si on charge trop la barque, cela se voit tout de même. Enfin, si cela permet d’exister… Pour le Groupe Marxiste Internationaliste, par exemple, on est d’ailleurs au bord du grand soir. Non seulement il y a des grèves… mais même des manifestations ouvrières ! Et ce n’est pas tout : elles sont violemment réprimées, à coups de matraque et même de balles en caoutchouc ! Surréaliste.

« Les migrants, les grévistes et les participants des manifestations ouvrières savent que c’est bien la police républicaine ou les compagnies républicaines de sécurité qui distribuent les coups de matraque et tirent les balles en caoutchouc ! »

Pour la fraction l’Etincelle membre du NPA, on est pareillement à la veille du grand soir :

« Les dirigeants des États pourront peut-être faire taire, un temps, des journalistes ou des militants. Mais la répression n’a jamais pu faire taire une population déterminée. Tôt ou tard, un quelconque préfet sera contraint d’envoyer un message à ses chefs, comme le fit le chef des flics du tsar en février 1917 : « L’ordre n’a pu être rétabli à Petrograd ». Le plus tôt sera le mieux ! »

Il faudrait d’ailleurs, comme le demande Combattre pour le socialisme, un « gouvernement ouvrier » immédiat de remplacement :

« Pour le retrait/abrogation de la loi Sécurité Globale dans son intégralité ! Pour l’abrogation de la LPR, deux attaques d’une rare violence contre les libertés démocratiques ! Front Unique des organisations du mouvement ouvrier (CGT, FO, FSU) et UNEF ! Pour défaire Macron, qu’elles appellent à une : grande manifestation nationale au siège du pouvoir ! »

C’est là qu’on se dit : tout de même, il y a un dénominateur commun trop clair depuis Mélenchon jusqu’à ces groupes. Ce dénominateur commun, c’est le programme de transition de Léon Trotsky, un texte classique du trotskisme, pour ne pas dire d’ailleurs le texte classique. Son sous-titre résume bien l’objectif de l’ouvrage : « La mobilisation des masses autour des revendications transitoires comme préparation à la prise du pouvoir ».

Cette transition n’est pas celle menant à la révolution, mais à la phase révolutionnaire : il s’agirait de charger à fond quelques revendications pour prendre la direction du mouvement de masse. Une fois cela fait, on passe au programme révolutionnaire.

Cela revient strictement à ajouter de l’huile sur le feu en tentant de dépasser les revendications faites, comme en ce moment où le Nouveau Parti Anticapitaliste réclame le « désarmement de la police ».

Et c’est exactement le sens de la mobilisation du 28 novembre 2020, qui est une rencontre traditionnelle entre une Gauche gouvernementale, républicaine (voire « républicaniste ») et une gauche trotskiste cherchant à déborder à coups de revendications ciblées. Le 28 novembre a été un vrai fantôme des années 1980 !

Catégories
Société

Affaire Michel Zecler: la France suinte les abus par tous les pores

La France s’imagine avoir affaire à des débordements, mais en réalité la violence est présente à tous les niveaux de la société. Celle-ci s’effondre sur elle-même.

« La France est un pays d’ordre et de liberté, pas de violence gratuite et d’arbitraire. » Ces propos d’Emmanuel Macron suite à l’affaire Michel Zecler en disent long sur la sale impression qu’ont les Français alors que la police a tabassé une personne sort de son interpellation mouvementée. Toute l’image d’une France apaisée s’efface devant de telles images. Toutes les prétentions du capitalisme à une société injuste, mais pas arbitraire, disparaissent.

Seulement voilà : dès que les choses sont mouvementées, en France les choses tournent mal. Insistons d’ailleurs là-dessus, car sinon on ne comprend pas le sens de la question.

Il n’y a pas de police abstraite composée de policiers pervers par nature. Il y a une police concrète avec des policiers réels façonnés par leur environnement. Quand on voit les images de l’agression de Michel Zecler, on comprend en effet tout de suite que les policiers agissant de la sorte ne le font pas par excès d’engagement, mais par un comportement habituel, en toute confiance.

Et cette confiance est le produit d’une société décadente où l’ultra-violence sort de tous les pores de la société. On n’a pas des policiers violents, pervers, tabasseurs par plaisir. On a une police violente dans le cadre d’une société violente où tout s’effondre en termes de valeurs. On n’a pas un État policier mais un État en déliquescence – et c’est là toute la différence entre la perspective de Gauche et celle des anarchistes.

On peut prendre un exemple très simple. Les gens font-ils confiance à la police ? Non ! Certainement pas ! Font-ils confiance à leurs voisins ? Non plus ! Et même encore moins ! Et c’est là qu’on a tout compris. Le capitalisme est la guerre de tout le monde contre tout le monde et dans ce cadre, l’arbitraire suinte dans les rapports de force. Cela est vrai à tous les niveaux : à l’école, dans la famille, au travail, dans les rapports avec la police.

Faire croire, comme le font les médias libéraux, les intellectuels de « gauche », les anarchistes… qu’il y a un malaise policier ou avec la police, c’est mentir. C’est toute la société qui connaît un malaise terrible. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a dit :

« Lorsqu’il y a des gens qui déconnent, ils doivent quitter l’uniforme de la République, ils doivent être sanctionnés, ils doivent quitter ce travail, ils doivent être punis par la justice. »

C’est vrai… sauf que tout le monde déconne, plus rien ne tient. Le capitalisme produit des mentalités d’escroc, de manipulateurs, de cogneurs. Si on peut cogner, on le fait, voilà la mentalité. Si je peux arnaquer, abuser, forcer… je le fais. Et comme l’État est aux abonnés absents, la France suinte des abus, par tous les pores.

On a une preuve de cela, très simple d’ailleurs, c’est la violence à l’encontre des animaux. Elle est présente dans toute la société, que ce soit au niveau industriel ou au niveau de la vie quotidienne. La société française y est toutefois largement indifférente. Si vraiment la violence était si isolée dans certains secteurs, la violence contre les animaux apparaîtrait. Ce n’est pas le cas. Les gens sont en France totalement blindés quant à la violence. Dans les grandes villes, les agressions peuvent arriver n’importe où et on le sait. Les faits divers sont innombrables dans tout le pays et les peines encourues ridicules dans bien des cas, pour des tribunaux engorgés et des policiers qui n’ont même plus le temps de faire des enquêtes tellement il y en a à faire !

Tout le monde sait qu’une gare comme celle de Montparnasse à Paris regorge de pickpockets, qu’il y a des taxis à la sauvette, très bien habillés et très polis, juste à l’entrée de l’accès aux taxis, à 10 mètres du commissariat de la gare. Tout le monde s’en moque.

La violence est là, la violence est partout, la France est malade de sa violence… et ce n’est qu’un début dans un processus d’effondrement général. Et si le peuple ne se ressaisit pas, il y aura l’extrême-Droite, un général pour se pointer et se faire élire pour rétablir « l’ordre » – c’est-à-dire la sortie de la crise par la guerre. Comme dans les années 1930.

Catégories
Société

Nouvelle répression de survivantes de la prostitution à une manifestation contre les violences faites aux femmes

Depuis tout juste un an, le mouvement féministe à connu un tournant avec des violences à l’égard des femmes. De manière tout à fait intolérable, il y a particulièrement des violences à l’égard de femmes ayant vécu la violence de la pornographie et de la prostitution, des femmes organisées contre ces industries patriarcales.

Le 25 novembre est la journée mondiale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, c’est la seule date, avec le 8 mars, qui soit entièrement dédiée à la question de l’émancipation féminine. Et depuis quelques années, cette journée tend à être détournée par les lobby du proxénétisme et le milieu queer. Selon ces personnes, ces deux journées devraient être plus « inclusives » des « minorités de genre ». Qu’ils incluent les « travailleurs du sexe » dans la question du genre ne semble pas, par ailleurs, troubler leur intelligence.

Lire aussi : 8 mars àParis : des féministes agressées par l’ultra-gauche libérale-libertaire

Une grande majorité des violences faites aux femmes sont donc complètement effacées de ces journées, le fait qu’il ne faudrait plus utiliser le mot « femmes » en est l’expression la plus révélatrice.

Les milieux féministes des centres-villes sont donc complètement phagocytés, le féminisme est étranglé par la décadence du capitalisme.

Les féministes abolitionnistes savent donc désormais qu’aller en manif est un risque, que ce sera une affirmation antagoniste dans ce qui devrait être leur mouvement, leur lieu d’expression.

Le Collectif Abolition Porno Prostitution (CAPP), a voulu porter la parole des survivantes de la prostitution le 25 novembre à Paris, comme le 8 mars dernier. Et la réponse prévisible du féminisme libéral a été encore une fois de réprimer cette parole. C’est littéralement violenter des femmes dans une manifestation contre les violences faites aux femmes.

Tant qu’il n’y aura pas de mouvement de masse, les revendications démocratiques seront étouffées par un militantisme libéral superficiel et puéril dans les villes. Il y a fort à parier que le vide politique actuel des zones rurbaines et péri-urbaines sera demain un terrain propice à l’affirmation d’un féminisme populaire et radical, qui finira par l’encerclement des villes et le rétablissement du féminisme, partout.

On trouvera sur la page Facebook du Collectif Abolition PornoProstitution – CAPP une vidéo présentant les faits de manière très précise et avec une analyse très juste.

Catégories
Société

Fin du «confinement»: la France fêtera Noël pour tenter d’oublier la réalité

Emmanuel Macron a sauvé Noël. Du moins c’est ce qu’il voudrait faire croire, car dans les faits l’État ne gère plus grand-chose et ne fait que courir après la réalité du pays. Le second confinement est un lamentable échec et la France n’imaginait pas une seconde ne pas fêter Noël ni le Premier de l’An. Le chef de l’État et son gouvernement doivent donc s’aligner, avec le risque évident de faire repartir l’épidémie, avant et surtout pendant les fêtes.

Emmanuel Macron a indiqué que le « confinement » sera levé le 15 décembre, si les chiffres sont bons, puis qu’il n’y aurait pas de restrictions pour Noël et le Premier de l’An. Pourtant, il n’y a pas de confinement et chacun fait déjà ce qu’il veut ou à peu près, plus ou moins discrètement, de manière plus ou moins assumée. Les forces de police n’ont de toutes manières aucunement la capacité ni la volonté de faire respecter quoi que ce soit, hormis pour quelques opérations bien ciblées.

La véritable annonce du Président concerne donc la date du samedi 28 novembre, avec la réouverture des magasins « non essentiels ». Cela marquera la fin de ce semi-confinement, ou faux confinement, et il est évident que cela va s’accompagner d’un relâchement majeur des comportements tout au long du mois de décembre.

Il y a beaucoup de dignité dans ces propos du professeur Rémi Salomon, qui est le président de la commission médicale d’établissement de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris et qui a tenu à faire des recommandations pour accompagner les annonces d’Emmanuel Macron :

« On coupe la bûche de Noël en deux et papy et mamie mangent dans la cuisine et nous, dans la salle à manger. Il ne faut pas manger avec papy et mamie, même à Noël, même si on a pris des précautions avant. On peut aller chez papy et mamie à Noël, mais on ne mange pas avec eux. Si je transmets le virus à papy et mamie, c’est pire que tout. »

Il y a beaucoup de dignité, mais c’est aussi terriblement à côté de la plaque. Une telle précision est absolument inaudible dans le pays et d’ici au réveillon du 24 décembre, le semi ou faux confinement de novembre ne sera qu’un lointain souvenir. Il va sans dire que le réveillon de la Saint-Sylvestre sera encore pire de ce point de vue là.

Heureusement, et c’est bien la moindre des choses, il ne sera pas possible de louer de salles ni de se retrouver en discothèques ou bars. Les Français ont toutefois de grandes maisons à disposition et il y a fort à parier que les soirées seront nombreuses, à nombreux, et bruyantes. Il s’agira d’oublier 2020, avec l’idée de rayer cela de la mémoire comme un mauvais souvenir.

Mais si les fêtes auront été surtout propices à la multiplication de foyers épidémiques, comme on peut s’y attendre, alors 2021 commencera de la plus terrible des manières, avec une reprise drastique de la circulation du virus.

Pourquoi ce qui s’est passé au début de l’automne ne se reproduirait pas à l’hiver ? En attendant, Noël est « sauvé », et avec lui surtout la course effrénée à la consommation de cadeau. Toujours pas de remise en cause, toujours la même fuite en avant… Mais jusqu’à quand ?

Catégories
Politique

Le populisme d’Arnaud Montebourg à propos de la dette

Arnaud Montebourg fait partie des figures politiques dont il est de plus en plus souvent parlé pour l’élection présidentielle de 2022. Chantre du « made in France », sa marque de fabrique est une sorte de nationalisme « de gauche », c’est-à-dire qu’il fait du Marine Le Pen, mais en plus « soft » si l’on veut. Son nouveau credo, pour se donner un air « de gauche », est de prôner un peu partout l’effacement de la dette publique : c’est là du populisme, dans le but d’éviter à tout prix la lutte des classes.

Structurellement, le capitalisme fonctionne depuis de nombreuses années par la dette. Les grands États modernes sont endettés et s’endettent en permanence, mais c’est également le cas des grandes entreprises mondiales. La crise sanitaire du Covid-19 a profondément accéléré ce processus tout au long de l’année 2020 et cela devient de plus en plus une source d’inquiétude.

En effet, qui dit dette, dit remboursement et à un moment donné la question se pose toujours de savoir « qui va payer ». Par divers artifices, les banques centrales arrivent à repousser le problème en déversant artificiellement de la monnaie dans l’économie. Ce n’est pas nouveau, mais là encore cela s’est approfondie durant cette année 2020.

N’importe qui ayant un esprit rationnel et connaissant la vie quotidienne dans le capitalisme sait très bien qu’il n’y a pas d’argent magique. Alors quand de l’argent est créé ou emprunté, il faut bien que cela corresponde à une certaine valeur, et donc que quelqu’un en paie le prix, si ce n’est tout de suite, au moins à un moment donné. Pour payer, il y a la monnaie bien sûr, qui est dépensée ou dévaluée, mais il y a aussi et surtout le travail (qui est de toutes manières toujours à l’origine des richesses).

La réponse de la Gauche à cela, en tout cas de la Gauche historique, est très simple : il faut mener la lutte des classes, pour que ce soit la bourgeoisie qui paie et rogne sur son mode de vie, mais certainement pas les classes populaires qui devraient être plus pauvres et travailler plus. Cela nécessite cependant d’assumer l’affrontement contre le capitalisme et ses représentants, ce dont une personne comme Arnaud Montebourg (qui se vante d’être un chef d’entreprise) ne veut surtout pas entendre parler.

On peut même dire qu’Arnaud Montebourg a une crainte profonde à l’idée que les masses puissent se révolter contre le capitalisme, comme il l’explique à la presse :

« Si quiconque est capable de me dire comment nous allons rembourser 500 milliards de dette en plus, soit sept fois le produit annuel de l’impôt sur le revenu… C’est impossible, et nous ne pourrons pas le faire sans des jacqueries et des révoltes »

Pour éviter cela, il veut acheter la paix sociale et a donc une « magnifique » idée… Annuler purement et simplement la dette ! Un coup de baguette magique de la Banque centrale européenne, abracadabra les problèmes disparaissent !

Il prône donc :

« une annulation concertée de toutes les dettes Covid de tous les pays de la zone euro, et un rachat massif par la Banque centrale européenne, qui ne spoliera personne. »

Cela n’a aucun sens, à moins de risquer un effondrement total de l’économie, par une perte de confiance généralisée engendrant une crise sans précédent. Il y a toutefois de prétendus économistes pour expliquer aux gens qu’ils n’ont rien compris et que tout est possible dans le capitalisme, tellement le capitalisme est merveilleux. C’est le cas par exemple de Gaël Giraud du CNRS, sur lequel s’appuie Arnaud Montebourg pour défendre ses thèses fantaisistes.

Ces gens-là sont des menteurs bien entendus, mais leurs prétentions sont bien formulées et peuvent avoir de l’audience, surtout dans un pays comme la France qui a décidé de s’asseoir sur la lutte des classes depuis des années et des années pour croire au capitalisme (tout en prétendant ne pas y croire, pouvoir le réformer, etc.)

Mais on n’arrête pas ainsi la roue de l’Histoire et les gens comme Arnaud Montebourg n’iront pas bien loin quand celle-ci reprendra ses droits. Il en sera alors fini des mensonges populistes et ce sera à nouveau, enfin, l’époque de la lutte des classes ! Si les classes populaires ne veulent pas payer le prix de la dette « Covid », elles doivent faire payer la bourgeoisie : c’est aussi simple que cela !

Catégories
Politique

Le monde court à sa perte, mais la petite-bourgeoisie «de gauche» manifeste contre la police

La Gauche va mal, très mal en France. Et quand on voit que pour une grande partie d’entre elle, l’actualité est de s’imaginer que le pays serait en passe de devenir une dictature avec la police s’arrogeant le droit de tabasser en toute impunité, on comprend tout à fait que les classes populaires ne veuillent pas entendre parler d’elle… L’agitation hystérique autour de l’article 24 de la proposition de loi relative à la sécurité globale, avec des manifestations dans plusieurs grandes villes samedi 21 novembre, en dit long sur le décalage terrible entre la Gauche et la société française.

La France, comme tous les grands pays capitalistes, connaît une désagrégation majeure de son tissu social. La société craque de partout avec une violence de plus en plus prégnante, notamment à l’égard des femmes, et ce jusque dans les moindres interstices de la vie quotidienne. La police est clairement en première ligne face à cette décomposition, mais avec des moyens très faibles et une hiérarchie de plus en plus déconnectée de sa base. Une base qui s’est largement prolétarisée, en perdant au fil des années ses traditions autoritaires-paysannes faisant du policier un sympathisant naturel de l’extrême-Droite.

La colère est d’ailleurs, dans un tel contexte, très grande dans les rangs de la police, avec des fonctionnaires ayant de plus en plus le sentiment de ne pas pouvoir assurer leur mission de protection de la population, tout en étant en même temps jetés en pâture face à des délinquants dont l’arrogance n’a d’égale que l’impunité dont ils bénéficient.

Alors, quand en plus de cela les policiers se sentent menacer dans leur vie privée… forcément qu’ils ne sont pas contents. Rien de plus naturel. La réalité est qu’en France, l’État n’est même pas en mesure de garantir la sécurité de sa propre police. Les policiers prennent de plus en plus l’habitude de cacher leur profession, notamment avec leurs enfants pour qui il devient préférable de ne pas dire qu’ils sont fils ou filles de policier.

Le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin n’entend aucunement changer les choses dans un sens démocratique, en mettant le Droit au cœur de la société. En bon populiste, il prétend avec une petite mesure qu’il va pouvoir contourner les problèmes et garantir la sécurité des policiers. C’est le sens du fameux article 24 de la proposition de loi relative à la sécurité globale, voté en première lecture par l’Assemblée nationale vendredi 20 novembre 2020.

Voici ce qu’il dit :

« Article 24

I. – Le paragraphe 3 du chapitre IV de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse est complété par un article 35 quinquies ainsi rédigé :

« Art.35 quinquies. – Est puni d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende le fait de diffuser, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, dans le but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique, l’image du visage ou tout autre élément d’identification d’un fonctionnaire de la police nationale ou d’un militaire de la gendarmerie nationale lorsqu’il agit dans le cadre d’une opération de police. »

II. – L’article 35 quinquies de la loi du 28 juillet 1881 sur la liberté de la presse ne font pas obstacle à la communication, aux autorités administratives et judiciaires compétentes, dans le cadre des procédures qu’elles diligentent, d’images et éléments d’identification d’un fonctionnaire de la police nationale ou d’un militaire de la gendarmerie nationale. »

Cela ne rime pas à grand-chose et n’importe qui n’étant pas de mauvaise foi se dira que si l’État en est à devoir faire une telle loi pour empêcher que les policiers ne soient menacés individuellement, c’est qu’il ne tient vraiment plus grande chose…

Mais tel n’est pas le raisonnement de la petite-bourgeoisie hystérique, prétendument « de gauche », qui voit tout l’inverse et a manifesté dans les grandes villes samedi 21 novembre pour crier au loup totalitaire, parlant de menace sur les « libertés », de « droit à l’information », voire même de fascisme pour certains.

On a ici un cinéma strictement parallèle à l’excitation petite-bourgeoise face aux mesures collectives exigées par la situation sanitaire. Aux États-Unis, la petite-bourgeoisie crie au communisme, ici elle crie au fascisme, mais cela revient au même, car le mot fascisme est employé de manière démagogique : c’est l’idéologie individualiste, anti-collectivisme, qui s’exprime.

On peut également noter que tout cette agitation est portée à l’origine par quelques journalistes pour qui le summum est de filmer les fins de manifestations, les arrestations, et plus généralement toutes les interventions des forces de l’ordre. Il y a ici tout un petit milieu très marqué par l’ultra-gauche, par l’anti-étatisme primaire, par la conception de la minorité (intellectuelle) agissante, etc.

Tout cela n’intéresse bien entendu personne en réalité, car les gens des classes populaires en France n’en ont strictement rien à faire des gilets jaunes et autres « black block » se faisant arrêter ou matraquer parce qu’ils ont trouvé amusant de jeter des pavés, des cocktails molotov ou du matériel de chantier sur des forces de l’ordre. Tout cela n’a tellement rien à voir avec la vie quotidienne des gens ou même l’idée de révolution, que c’en est anecdotique.

Sans parler de ce constat qu’on doit faire : on a de tels manifestations… en plein confinement sanitaire ! C’est totalement délirant, et ce ne peut être que l’œuvre d’une « Gauche » profondément déconnectée des réalités de la société française et des priorités du moment.

Le monde connaît une crise sanitaire majeure, qui est l’expression d’une catastrophe écologique considérable et il y a à l’arrière plan de cela une crise économique monstrueuse qui se profile, sur fond de délitement moral et culturel de la société. Ce à quoi à il faut ajouter des tensions guerrières qui sont de plus en plus prégnantes dans le monde, notamment de la part de la France qui participe activement à la course au militarisme.

II se trouve cependant des gens qui, pour détourner l’attention de la crise, prétendent que l’important aujourd’hui est de pouvoir filmer les policiers en manifestation ! C’est inacceptable et il saute aux yeux que c’est une caricature. Il faut vite renverser la table et en revenir à la Gauche historique, celle du mouvement conscient et organisé de la classe ouvrière menant la lutte des classes. L’époque exige des gens sérieux et il en est assez de l’hégémonie de la petite-bourgeoisie et des conceptions anarchistes sur la Gauche !

Catégories
Politique

Jean-Christophe Cambadélis annonce le républicanisme de gauche

Jean-Christophe Cambadélis est un cadre socialiste historique. Il propose une idéologie clef en main, de centre-gauche et affirme que c’est lui ou bien les libéraux et les nationalistes.

Jean-Christophe Cambadélis est connu pour être l’un des cadres socialistes les plus éprouvés, les plus politiques, alliant rigueur et opportunisme, clairvoyance et coups à trois bandes. C’est l’exemple même du cadre passé par l’extrême-gauche étudiante trotskiste, habitué aux mouvements des masses et aux coups fourrés, pour rejoindre le Parti socialiste et obtenir ainsi une stature étatique.

Pour cette raison, il a expliqué au Journal du Dimanche qu’il ne se sentait pas hors-jeu pour 2022, et c’est vrai. C’est un homme mesuré dans tous les domaines, il n’a pas perdu sa crédibilité comme François Hollande même s’il dit finalement la même chose, c’est un homme de réseaux.

Jean-Christophe Cambadélis a d’ailleurs fondé en septembre le réseau « Nouvelle Société » et le jeudi 19 novembre il a tenu une conférence de presse pour annoncer un projet de ce réseau, intitulé « La République impartiale – Mémorandum pour un républicanisme de gauche ».

Ce qu’on y trouve est une savante cuisine. Il y est dit la chose suivante : c’est nous ou bien le populisme, ou bien les libéraux. Nous sommes les seuls crédibles, ce sera nous ou un avatar français de Donald Trump, nous ou un Emmanuel Macron au libéralisme débridé.

Comme il faut rassembler, il faut être de centre-gauche : c’est la thèse des 51 % de François Hollande, pour qui la Gauche ne peut pas être majoritaire. Comme il faut être crédible, il faut se la jouer républicain dur : c’est la thèse de Manuel Valls. Comme il faut tout de même donner des gages à la Gauche, il faut parler de défendre les acquis et revendiquer l’opposition au nationalisme et à la guerre.

Comme il faut légitimer tout ce bric-à-brac, il y a la République comme concept traditionnel chez les socialistes depuis Jean Jaurès et on lit dans le mémorandum :

« La gauche, occupée à la question sociale et à l’extension des libertés individuelles a, petit à petit, délaissé la défense et l’approfondissement de la République. Elle n’a voulu voir que ses insuffisances, ses trahisons, ses limites.

Elle a pensé révolution, évolution, libération. Ce qui fut nécessaire. Mais elle a relégué la République au magasin des accessoires. Et aujourd’hui, voici la République remise en cause, attaquée de toutes parts. »

Répétons-le encore une fois : François Hollande ne peut qu’être d’accord, Manuel Valls aussi. On a du mal à penser qu’ils n’ont pas été consultés ou qu’ils ne sont pas, d’une manière ou d’une autre, de la partie. Au minimum ils convergent avec Jean-Christophe Cambadélis.

La ligne de celui-ci est très clairement radicale de gauche et évidemment on ne trouvera rien sur la classe ouvrière et le peuple, à part une dénonciation des communistes ici et des maoïstes là-bas. Pas de socialisme, pas de capitalisme, pas de bourgeoisie, pas de propriété, etc. Les concepts employés ont de ce fait un côté à la fois flou et poétique assumé : « égalité réelle », « liberté ordonné », « fraternité laïque ».

Quel est donc le message passé ici à la Gauche ? C’est, en quelque sorte : c’est nous ou le fascisme. C’est à peu près clair. Le message, c’est : vous ne parvenez rien, vous ne pouvez pas parvenir à quelque chose. Nous sommes les seuls crédibles dans le cadre d’institutions que vous n’aimez pas, mais que vous ne pouvez pas remplacer. De plus, les mouvements populaires partent dans le populisme et le nationalisme : vous devez donc défendre ces institutions pour survivre vous-mêmes.

C’est très fin, c’est très politique, c’est très Jean-Christophe Cambadélis. Mais c’est trotskiste aussi, c’est-à-dire unilatéral et calculateur, fabriqué en laboratoire. La vie est bien plus complexe que ces plans sur la comète et il est parlant que le mémorandum ne parle pas des animaux, ce qui en 2020 est aberrant. Au-delà même de son absence de « croyance » en les chances de la Gauche historique, cette absence en dit long sur un certain côté hors-sol.

Si on ajoute à cela la crise et le retour politique de la classe ouvrière, alors le projet de Jean-Christophe Cambadélis apparaît comme tout à fait réaliste… et en même temps un rêve parisien coupé des réalités. La France va au conflit, c’est inévitable et aucun pompier « républicain » ne peut empêcher les contradictions de s’exprimer. L’heure de François Hollande est passé : l’heure est à l’Histoire.

Catégories
Société

GPA: pourquoi la Gauche doit signer le manifeste latino-américain contre l’exploitation reproductive

Le 14 novembre, la Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution (CIAMS) et une centaine d’autres organisations féministes de part le monde ont publié un manifeste contre la GPA. C’est un document important, et les organisations de la Gauche française devraient le diffuser et le signer.

En France, le sujet de la GPA est très peu soulevé par les organisations de gauche, avec au fond l’idée que ce n’est pas vraiment d’actualité. La révision de la loi bioéthique a écarté officiellement la GPA et il est considéré que ce n’est plus un problème.

Pourtant, ce n’est par parce que la loi bioéthique l’exclu que le danger d’une réglementation de la GPA est nul, ni que cela n’existe pas.

En effet, la réglementation pourrait bien être facilitée par le biais international des travaux de la conférence de la Haye, plutôt que de dépendre uniquement d’un agenda politique national.

Et surtout, malgré l’illégalité de la pratique, entre 200 et 300 nourrissons issus de GPA arrivent en France chaque année. La justice française, à de nombreuses reprise, s’est d’ailleurs pliée face à cette pratique illégale en reconnaissant de soit-disant « parents d’intention ». L’exploitation du corps de femmes et le trafic d’enfant, c’est donc une réalité concrète concernant la France, un problème dont il faut se saisir dès maintenant.

Parmi les partis politiques qui se situent dans le champs de la gauche, au sens large, Europe Écologie-Les Verts est celui qui se range le plus en faveur de la GPA. Au sein du PS ou de groupes comme Place Publique, Génération-s, cela fait débat, il est de toutes façon très difficile de trouver des positions collectives assumées chez ces partis, qui sont largement dominés par le libéralisme. C’est uniquement du côté de la Gauche « rouge » que l’on a une opposition ferme et collective inscrite dans la ligne politique : PCF, NPA, PRCF, UCL, PG, PCF(MLM) ou encore la Fédération Anarchiste. On retrouve également une opposition à la GPA du côté des populistes de la France insoumise, qui viennent de la Gauche.

La Gauche doit donc arrêter de tergiverser et se pencher sérieusement sur cette question, non pas du point de vue du désir individuel, mais de celui de la réalité de l’exploitation des femmes pour leurs utérus et leurs ovules et de la mainmise du capitalisme sur la reproduction.

Une autre raison pour laquelle il faut signer ce manifeste est que la GPA est d’ores et déjà une pratique internationale, avec les États-Uni à un pôle (GPA de luxe), les pays de l’Est et l’Asie à un autre (GPA low cost). Le manifeste a été initié par des organisations féministes d’Amérique Latine qui sont face à des tentatives de légalisation. Il ne fait aucun doute que pour les chaînes de cliniques États-Uniennes comme Ovation Fertility, les pays d’Amérique du Sud représentent une manne potentielle pour l’exploitation de femmes précaires.

Il faut non-seulement s’opposer à la GPA dans son propre pays, mais aussi soutenir l’opposition dans les pays pauvres et dépendants, par solidarité internationale. De toutes façons, les 300 bébés par an en France ne viennent pas de nulle part !

> Consulter et Signer le Manifeste ici <

Catégories
Société

Course au vaccin contre le Covid-19: l’humanité apprentie sorcière ?

La course au vaccin est menée à grande échelle et de manière très rapide depuis le début de la pandémie de Covid-19. En moins d’un an, deux candidats-vaccins sont proches d’une autorisation de mise sur le marché au mois de novembre 2020, alors qu’il y a en tout 180 projets différents partout dans le monde. L’humanité joue-t-elle avec le feu, en espérant rapidement un remède qui pourrait s’avérer pire que le mal ? Voici une présentation de la situation afin d’y voir plus clair.

Dès le début de l’année 2020, les laboratoires pharmaceutiques et les groupes de recherches spécialisés se sont mis en branle. Les premiers candidats-vaccins contre le Covid-19 ont été très vite prêts, dès le printemps ou à l’été, avec 40 d’entre eux qui sont d’ores et déjà en phase de test clinique sur l’homme. Ce sont uniquement ces protocoles de tests qui font que les candidat-vaccins ne sont pas encore disponibles à la vente, mais il y a une pression énorme pour qu’ils le soient rapidement. Rappelons qu’entre-temps, il y a forcément l’expérimentation animale pour chercher dans toutes les directions, au mépris des raisonnements scientifiques, afin de trouver quelque chose, à tout prix, au moyen d’accumulations de données.

Cette approche est d’autant plus forte que la pression est politique, de la part des dirigeants des grandes puissances qui veulent à tout prix faire redémarrer la machine capitaliste en s’imaginant mettre de côté le virus le plus vite possible, sans rien remettre en cause.

L’exemple le plus connu est évidemment celui du président américain Donald Trump dont l’administration appuie directement la recherche d’un vaccin avec dix milliards de dollars mis sur la table, ainsi que la logistique de l’armée américaine elle-même mise à disposition de cette course. L’opération a été nommée « Warp Speed », une référence à la science-fiction désignant une vitesse supérieure à celle de la lumière, qu’on retrouve dans la série Star Trek par exemple.

Il en est de même dans la plupart des pays avec les États encadrant, organisant et finançant directement les groupes pharmaceutiques pour que ceux-ci soient prêts le plus vite possible. Ce qui se passe est simple : les États mettent directement l’argent sur la table et garantissent la production des vaccins, avant même les autorisations de mise sur le marché.

En France, d’après la presse, le gouvernement aurait déjà pré-réservé des dizaines de millions de doses de vaccin auprès de différents groupes pharmaceutiques. D’après le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, l’État français a budgété 1,5 milliard d’euros pour 2021 pour le vaccin. L’Union européenne procède également à des précommandes, avec déjà plusieurs centaines de millions de doses réservées officiellement.

De fait, les candidats-vaccins sont déjà produits en masse et certains pays comme la Russie ou la Chine les font déjà largement circuler officieusement. C’est le cas également d’une autre façon pour un pays comme le Brésil. Celui-ci ne disposant a priori pas des capacités pour trouver et produire seul un vaccin, il s’est transformé en gigantesque laboratoire humain avec des vaccins venus du monde entier qui sont massivement testés sur sa population (qui est très fortement touchée par l’épidémie), en « échange » de la garantie de la disponibilité rapide du vaccin dans le pays.

Cette question des tests est cruciale justement et on touche ici au cœur du sujet en ce qui concerne les vaccins, et particulièrement les vaccins contre le Covid-19.

Au sens strict, la découverte aussi rapide des potentiels vaccins n’a rien d’extraordinaire. Les moyens technologiques de l’industrie pharmaceutique sont immenses, tout comme la connaissance scientifique permettant la recherche de vaccins, qui sont produits en masses depuis des dizaines d’années.

Le virus lui-même, le SARS-CoV-2, bien qu’il soit un coronavirus et qu’on avait jusqu’à présent jamais eu besoin au sens strict d’un vaccin contre un coronavirus, est assez courant dans sa forme générale. Il provoque chez la plupart des personnes qu’il infecte une réponse immunitaire rapide, massive et efficace, ce qui fait qu’il est a priori facile de trouver des vaccins, en tous cas sur le principe.

On le rappelle, le principe du vaccin est de provoquer artificiellement une réponse immunitaire de l’organisme, afin que celui-ci soit prêt à faire face en cas de contact avec le virus. Les récentes annonces des laboratoires Pfizer/BioNtech et Moderna à propos de leur candidat-vaccin, avec chacun un taux d’efficacité annoncé autour de 95 %, ne sont de ce point de vue pas surprenantes et étaient en tous cas attendues.

Ces candidats-vaccins, d’après les échantillons de population sur lesquels ils ont été testés, fonctionnent en provoquant une réponse immunitaire empêchant dans la plupart des cas d’être infecté en cas de contact avec le SARS-CoV-2. C’est empirique, mais cela suffit en tous cas officiellement à considérer que ce sera efficace à grande échelle.

Néanmoins, tout l’enjeu consiste ensuite en ce que le remède ne s’avère pas pire que le mal qu’il est censé combattre. Des milliers de pages de certification sont rédigées à chaque fois, et il y a surtout des tests d’innocuité. D’abord sur les animaux, ce qui n’a strictement aucun sens et relève de la barbarie la plus sombre. Ensuite, voire en même temps pour certains candidats-vaccins, il y a ces fameux essais cliniques où des individus reçoivent le vaccin (ou un placebo pour avoir un groupe contrôle) et sont surveillés de près pour connaître les éventuelles réactions négatives, les effets secondaires, etc.

La pression immense mise par les États pour l’obtention rapide des vaccins rend, on l’aura compris, cette étape très compliquée, d’autant plus que les laboratoires cherchent eux-mêmes à produire le plus vite possible, face à la concurrence et en raison de la manne financière énorme à récolter. Il y a un risque évident de se retrouver avec un vaccin dangereux, ou qui ne serait pas efficace à long terme, ce qui le rendrait dangereux de par la fausse sécurité qu’il procure.

Les candidats-vaccins sont de différentes natures, utilisant différentes techniques. Il y a d’abord celle, la plus classique, consistant en le fait de présenter le virus lui-même à l’organisme, pour qu’il apprenne à le connaître et fabrique les antigènes spécifiquement adaptés. Pour que cela soit sans risque, il y a plusieurs possibilités :

– présenter le virus mort – c’est la technique utilisée historiquement par Louis Pasteur lors de la découverte du principe de la vaccination ;

– présenter le virus sous une forme vivante mais atténuée, en procédant à une sélection génétique pour trouver des formes du virus ne donnant pas la maladie. C’est la technique utilisée par de nombreux vaccins (rubéole, fièvre jaune, etc.), qui a pour avantage que le virus (sous une forme normalement inoffensive) se reproduise et génère donc une grande réaction immunitaire, durable pour de nombreuses années.

Une autre solution est de ne présenter qu’un morceau de virus, en cherchant à ce que ce morceau corresponde suffisamment au virus circulant réellement, de manière à ce que les anticorps produits soient efficaces en cas de contact réel. Le problème, c’est qu’un morceau de virus seul ne déclenche aucune réaction immunitaire et il faut lui associer un adjuvant afin de forcer la réaction. Cette technique, qui peut provoquer des réactions indésirables, est utilisée par exemple pour le vaccin contre l’hépatite B. On peut cependant éviter l’utilisation d’un adjuvant au moyen d’un second virus, inoffensif, auquel on a ajouté un morceau du virus qu’on vise (en l’occurrence ici une protéine Spike). C’est le cas par exemple pour le vaccin de la rougeole, utilisé depuis 40 ans chez les enfants, qui utilise un vecteur viral, c’est-à-dire un autre virus, un « faux » en quelque sorte, avec un morceau de code génétique du « vrai » virus.

Enfin, une dernière technique consiste à faire fabriquer un bout du virus (toujours cette protéine Spike) par l’organisme lui-même, au moyen de l’injection d’un morceau de code génétique du virus. Cela est fait au moyen d’un virus messager fabriqué de toute pièce pour transporter le morceau d’ADN, que l’organisme transcrit ensuite en ARN pour produire la protéine et déclencher une réaction immunitaire.

En rouge, la protéine Spike du SARS-CoV-2

Voici les techniques utilisées par les candidats-vaccins contre le Covid-19 les plus connus et avancés.

Les candidat-vaccins des différents laboratoires chinois utilisent la technique « classique », avec le « vrai » virus utilisé directement dans le vaccin. Cela présente un inconvénient, une efficacité pouvant être faible, et un risque, mineur, celui que des formes infectantes du virus soient présentes dans le vaccin.

L’alliance des laboratoires Sanofi et GlaxoSmithKline utilisent eux pour leur candidat-vaccin la technique classique du morceau de virus (protéine S) accompagnée d’un adjuvant.

Le vaccin russe « Spoutnik V » utilise pour sa part des virus de rhume modifiés et le vaccin du laboratoire français Institut Pasteur utilise la même technique, mais avec comme support le vaccin de la rougeole (ce laboratoire test également la technique ADN).

Il y a également le vaccin d’AstraZeneca, associé à l’université d’Oxford, qui utilise comme vecteur viral un virus modifié… de chimpanzé.

Enfin, l’alliance Pfizer/BioNTech et le laboratoire Moderna, qui sont les plus avancés dans la course à l’autorisation de mise sur le marché, utilisent quant à eux la technique de l’ARN messager, avec un virus support fabriqué totalement artificiellement. C’est une première, cela n’a jamais été réalisé à grande échelle pour les humains et relève clairement du bricolage génétique.

Dans ces deux derniers cas avec Pfizer/BioNTech et le laboratoire Moderna, il y a là quelque-chose d’entièrement nouveau, sur lequel l’humanité n’a aucun recul, ou presque. Ce genre de vaccins sont utilisés chez des animaux comme le cheval, le poisson d’élevage ou encore le chien, qui servent depuis plusieurs années de cobayes (hors laboratoire) à grande échelle pour l’humanité.

On se retrouve donc dans une situation où, plutôt que de se remettre en question en changeant son rapport à la nature, l’humanité est suspendue à l’espoir d’un vaccin à tous prix, le plus rapidement possible, quitte à prendre le risque du bricolage génétique.

De la même manière, les vaccins plus traditionnels arriveront bientôt sur le marché, avec des phases de tests qui auront été très rapides. Il n’y a pas de raison, a priori, de penser que l’humanité prendrait un risque plus grand avec les vaccins anti-Covid-19 en particulier, par rapport aux autre vaccins traditionnels utilisant les même techniques auparavant. Si l’on met à part la méthode bricolage génétique des Pfizer/BioNTech et Moderna, ce serait probablement une erreur de se priver du moyen de combattre la pandémie avec des vaccins répondant aux normes et exigences sanitaires déjà en vigueur depuis des dizaines d’années pour tout un tas de vaccins ayant prouvé leur bénéfice.

Néanmoins, ce serait surtout une erreur de penser qu’il s’agit là d’une solution ; les vaccins ne seront au mieux qu’un pansement, mais ils ne guériront jamais la véritable cause de la maladie, qui est notre rapport erroné à la nature, et particulièrement aux animaux entassés de manière barbares sur des marchés, dans des fermes, des usines.

Si l’humanité prend éventuellement un risque en jouant l’apprentie sorcière avec les vaccins, elle prend surtout un risque en maintenant coûte que coûte son rapport désastreux à la nature. Si le vaccin présente donc une solution, elle ne peut être que temporaire : si on ne fait rien, si on ne change rien, une autre pandémie se produira. L’humanité ne s’en sortira pas en bricolant : elle doit changer !

Catégories
Écologie Planète et animaux

Rallumons les étoiles (l’infâme pollution lumineuse)

On connaissait les conséquences de la pollution lumineuse pour les êtres humains, avec un ciel sans étoiles, sans âme… Lundi 4 novembre 2020, une équipe de chercheurs a publié une étude visant à mieux comprendre l’impact de la pollution lumineuse sur les animaux et les végétaux.

« La zone qui subit des émissions directes de sources de lumière artificielle s’étend actuellement à environ 2 % par an, les localités qui étaient auparavant éclairées s’éclaircissant davantage à un rythme similaire ».

En général, un quart de la surface de la Planète est éclairée par une lumière artificielle. Tels sont les propos introductifs d’un article de cinq chercheurs publié dans la revue « Nature ecology & evolution ».

Basée sur 126 études ciblées sur des cas précis d’espèces, une des choses sûre est la diminution de la quantité de mélatonine chez l’ensemble des espèces analysées. Hormone du sommeil, cette diminution physiologique aboutit à une baisse de la vigilance, avec un déséquilibre dans le rapport au cycle du jour et de la nuit.

Au-delà, les connaissances restent maigres car finalement la pollution lumineuse n’est un sujet tant d’étude que de préoccupation générale que depuis les années 1980.

On sait que les rats, soumis par ailleurs à des bien inutiles et horribles expérimentations, voient leur capacité cognitive baisser lorsqu’ils sont exposés à une lumière artificielle, et que les tortues de mer sont désorientées pour retrouver la mer. Quant à la flore, elle se voit perturbée par l’altération des cycles jour-nuit liée à la lumière artificielle :

« Des impacts plus évidents, tels que la rétention retardée des feuilles sur les arbres à proximité des lampadaires et l’attraction des insectes et des oiseaux par les lumières extérieures, ont été documentés depuis longtemps »

Depuis 2019, on savait que le cycle de germination et de floraison des arbres étaient impactés négativement par la lumière artificielle. Les biologistes en charge de l’enquête avaient ainsi découvert que le bourgeonnement des certains arbres avait presque une semaine d’avance.

Comment pourrait-il en être autrement pour des végétaux qui justement se développent grâce à la photosynthèse ? Mais ensuite bien évidemment, il y a une réaction en chaîne, écosystémique, perturbant les chenilles se nourrissant des feuilles, les oiseaux mangeant les chenilles…

La pollution lumineuse, c’est un énième aspect de la déstabilisation de l’environnement naturel par une humanité rivée de manière égo-centré vers son propre développement…. son propre développement pétris dans le capitalisme.

L’éclairage public a été une véritable révolution, un progrès de grande ampleur. Mais lorsque l’on regarde aujourd’hui ce qu’il en est, on est forcé de constater que là aussi il y a fuite en avant humaine, anti-naturelle, par et dans le capitalisme. Et si l’on pense aux projets de grandes entreprises comme Amazon et SpaceX de développer un réseau satellite dans l’espace, on aura finit de détruire la nuit, le ciel, la lumière naturelle.

Finalement, la lumière artificielle est là surtout pour accompagner une civilisation de la voiture et de l’étalement urbain avec ses kilomètres de routes bitumées, sa mise en avant du capital accumulé, sa valorisation d’une société de consommation en déperdition.

En plus de ne plus voir le ciel étoilé, cette première porte ouverte vers la connaissance de l’univers, voilà que le capitalisme n’éclaire plus rien mais tout, au contraire. La tâche du futur n’est plus d’éclairer, mais d’éteindre tous ces artifices inutiles : il nous faut rallumer les étoiles !

Catégories
Société

GPA: signez l’appel international contre les travaux antidémocratiques de la conférence de La Haye

La Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution (CIAMS) mène un travail de longue haleine contre la GPA, afin d’informer et de dénoncer toutes les tentatives d’imposer cette horreur à la société.

Voici son dernier appel, qu’il faut absolument signer, tant au nom du féminisme et de l’humanisme, que de la démocratie. La CIAMS dénonce en effet ici quelque chose de très grave, consistant en la tentative de contournement international des législations nationales, afin d’imposer et de répandre le commerce d’enfants et du ventre des femmes.

Le formulaire est à signer en suivant ce lien (aller directement en bas de page pour la version française) : signer l’appel

Voici le texte de l’appel :

« APPEL INTERNATIONAL POUR ARRÊTER LES TRAVAUX DE LA CONFÉRENCE DE LA HAYE VISANT A RÉGLEMENTER LA GPA

La Conférence de La Haye de droit international privé (HCCH) travaille à définir la maternité de substitution dans un protocole international. Ce serait la porte grande ouverte au marché mondialisé du commerce des mères porteuses dans les pays, pour la plupart pauvres, du monde entier.

La Conférence de La Haye de droit international privé (HCCH) est une organisation intergouvernementale qui compte 86 membres (85 États et l’Union européenne). Sa mission statutaire est d’œuvrer pour « l’unification progressive des règles de droit international privé » principalement par le biais de conventions internationales qui sont juridiquement contraignantes pour les États qui les ont ratifiées.

En 2015, la HCCH a mandaté un groupe d’experts pour travailler sur la question de la filiation, y compris la filiation dans le contexte des accords internationaux de maternité de substitution. En mars 2020, le mandat du groupe d’experts a été renouvelé pour deux ans, avec pour objectif de développer à la fois :

– un instrument général de droit international privé sur la reconnaissance des décisions judiciaires étrangères en matière de filiation juridique ; et

– un protocole séparé sur la reconnaissance des décisions judiciaires étrangères sur la filiation légale rendues à la suite de contrat internationaux de maternité de substitution.

La mission du groupe d’experts a été limitée à la filiation. Mais son travail montre de sérieuses dérives car les experts ont choisi délibérément d’étendre leur mission à toutes les étapes du processus de maternité de substitution, y compris le choix de la mère porteuse, la qualification des parents commanditaires, les contrats, le consentement, les intermédiaires et les aspects financiers. Ceci malgré le fait que les contrats de maternité de substitution sont illégaux dans la plupart des pays du monde.
Le groupe d’experts a donc outrepassé la portée de son mandat. Si ce projet de protocole devait être accepté, cela signifierait que l’institution de la HCCH se prête à des intérêts privés et commerciaux. Au moins 3 des « experts » nommés sont en conflit d’intérêts, étant professionnellement impliqués dans l’industrie de la maternité de substitution

En essayant de développer un instrument de droit international privé sur la maternité de substitution, la HCCH outrepasse ses prérogatives. La maternité de substitution n’est pas une question de droit privé. Elle constitue une violation des droits des femmes et des enfants tels qu’ils sont énoncés dans la CEDEF et la Convention des droits de l’enfant. La HCCH n’a pas vocation à violer les droits des personnes.

La rapporteure spéciale des Nations Unies a reconnu que la maternité de substitution est une vente d’enfants telle que définie « dans le protocole additionnel à la Convention relative aux droits de l’enfant » . Le Parlement européen en a condamné la pratique « qui porte atteinte à la dignité humaine de la femme puisque son corps et ses fonctions reproductives sont utilisés comme une marchandise ». En outre, le Parlement européen considère « que la pratique de la maternité de substitution qui implique l’exploitation reproductive et l’utilisation du corps humain à des fins financières ou autres, en particulier dans le cas des femmes vulnérables des pays en développement, doit être interdite et traitée d’urgence dans les instruments relatifs aux droits de l’homme ». Les États sont tenus de respecter les conventions sur les droits humains déjà ratifiées. La règle de base des conventions portant sur les droits est qu’aucun être humain ne doit jamais être utilisé comme un moyen pour autrui de satisfaire ses besoins ou ses désirs.

Les organisations féministes et de défense des droits humains du monde entier appellent maintenant les 86 membres de la HCCH à mettre fin au mandat du groupe d’experts et au « projet de filiation/GPA » et à œuvrer pour l’abolition de l’exploitation reproductive des femmes et de toutes les formes de trafic et de traite des enfants.

Les organisations et personnes signataires soutiennent le projet de Convention internationale pour l’abolition de la maternité de substitution : http://abolition-ms.org/actualites/projet-de-convention-internationale-pour-labolition-de-la-maternite-de-substitution/ qui a été proposé par la CIAMS, Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution, et envoyé à la HCCH.

Nous devons de toute urgence nous opposer
à cette initiative contraire aux droits des femmes.
Signez et partagez »

 Voici à nouveau le lien vers le formulaire (aller directement en bas de page pour la version française) : signer l’appel

Catégories
Écologie

Lutte Ouvrière prend position de ne pas prendre position sur la chasse

Lutte Ouvrière fait un exposé sur la chasse, mais repousse le problème à après la révolution.

Dans son organe théorique Lutte de classe, du mois de novembre 2020, Lutte Ouvrière aborde une question très importante, celle de la chasse. L’article, très documenté, est intitulé « La chasse, son business, les chasseurs et leur défense de la nature ». Il fournit de nombreuses informations intéressantes sur la chasse depuis 1789 et donc il vaut le détour.

Il est par contre incompréhensible dans son positionnement. On a en effet ici un exemple de contorsion typique de la Gauche rejetant la vie quotidienne. Le ton est toujours le même : il y a de la vérité de part et d’autre, tout est mal fait, ce n’est qu’après la révolution que etc.

Cela n’a évidemment aucun sens, comme le révèle ce court extrait, qui est trompeur car le document de Lutte Ouvrière est le fruit d’un vrai travail, mais enfin il faut quand même une vision du monde. On lit ainsi :

« Concernant la chasse, la question n’est pas d’en être partisan ou adversaire, de même qu’il est stupide de se positionner, comme le font les porte-parole de l’écologie politique, en défenseurs de la nature en l’opposant aux activités humaines.

Comme l’écrivait Engels, « nous ne régnons nullement sur la nature comme un conquérant règne sur un peuple étranger ».

Et il ajoutait, en citant plusieurs exemples des conséquences désastreuses du mode de production capitaliste sur l’environnement : « Ne nous flattons pas trop de nos victoires sur la nature, elle se venge sur nous de chacune d’elles. » (Dialectique de la nature, 1883). »

Intellectuellement, déjà, il est absurde pour des trotskistes de citer la « Dialectique de la nature », œuvre dont le concept élémentaire est à la base de l’approche du marxisme propre à l’URSS de Staline dans son interprétation de Lénine. Mais surtout la citation semble dire le contraire de ce que dit Lutte Ouvrière, car plutôt que de considérer que la chasse n’a pas d’impact sur la nature si forte, on peut très bien en déduire à l’inverse que la chasse est une prétention humaine qui va très mal terminer.

D’ailleurs, en cette période de pandémie, il est fort regrettable de ne pas aborder cette question des animaux sauvages pour chassés, sans parler des questions sautant aux yeux de l’humanité actuelle, mais apparemment pas de Lutte Ouvrière : la question de la valeur en soi de la vie sauvage, des forêts, etc.

De toutes manières, au-delà même de toutes ces questions, il y a celle de la dénonciation des beaufs, en bref de la vie quotidienne, et cela Lutte Ouvrière n’en veut pas. Pour elle, toute réponse est faussée car le capitalisme contamine tout. Il faudrait donc analyser les choses de manière neutre et se tourner vers la seule question, celle de la révolution.

Mais qu’est-ce que la révolution si ce n’est le fruit des contradictions d’une société ? Et comment peut-on être de Gauche sans considérer que le refus de la chasse est justement le produit d’une contradiction entre le passé et l’avenir ?

Lutte Ouvrière refuse d’être partisan, au nom d’une position « objective » qui n’existe pas, qui est une négation de l’existence de la société, des Français, de l’existence de ceux-ci dans leur rapport à la réalité, notamment naturelle. Exister, c’est forcément être partisan, parce que le moindre acte s’inscrit dans des rapports, positifs ou destructeurs. En refusant de prendre partie Lutte Ouvrière s’exonère d’une analyse des rapports dans la vie quotidienne… C’est une grossière erreur.

Catégories
Écologie

Chasse à courre: «Henri Barbusse dans notre panthéon»

AVA, qui est à la pointe de la dénonciation de la chasse à courre, a publié un excellent texte d’Henri Barbusse, une grande figure de la Gauche française. Il s’agit d’Hallali, qui dénonce avec des mots d’une grande justesse et d’une grande humanité l’horreur de la chasse à courre.

On retrouvera le texte en entier sur le site d’AVA : ava-france.org/2020/11/13/henri-barbusse-hallali

Ce texte est d’une grande valeur et fait indéniablement partie du patrimoine de la Gauche, il faut le connaître, le mettre en valeurs et le diffuser !

Remarquons que c’est très bien vu de l’avoir publié le 11 novembre, puisque le parallèle est fait avec l’écrivain Maurice Genevoix, qui a été intronisé au Panthéon par Emmanuel Macron en raison de son œuvre sur la première guerre mondiale, Ceux de 14. On le sait, Henri Barbusse est également connu pour son œuvre sur la Grande guerre : Le feu, journal d’une escouade.

Il s’avère que Maurice Genevoix a également écrit sur la chasse à courre, avec un point de vue totalement opposé à celui d’Henri Barbusse. On a là deux styles, deux approches, deux visions du monde, qui se font face et ne sont absolument pas compatibles !

Voici le petit résumé d’AVA présentant cette opposition avec une grande acuité :

« HENRI BARBUSSE DANS NOTRE PANTHÉON 🏛🕊

⚫ À l’occasion des commémorations du 11 novembre, le Président de la République a choisi de faire entrer au Panthéon l’écrivain Maurice Genevoix, témoin actif de la 1ère Guerre Mondiale. D’autres voix lui préféraient Henri Barbusse.
Chez AVA, il y a un révélateur qui permet de les départager : leur rapport à la chasse à courre ! Tous les deux ont écrit sur le sujet, avec des points de vue diamétralement opposés.

🦌📯 Maurice Genevoix, dans son roman « La Dernière Harde », développe point par point toute la vision mystico-romantique des veneurs sur la Nature. On y suit un cerf sauvé plusieurs fois de la mort par le piqueux d’un équipage, un homme « juste ». S’il a été blessé au cours d’une chasse à courre, ce n’est pas du fait des veneurs mais de celui d’un cerf chassé, qui a livré son congénère à la meute pour « donner le change ». Le cerf est hébergé et soigné chez le valet, puis, repartant dans les bois, il meure volontairement par la main même de son « bienfaiteur », en se jetant contre sa dague. Bref, un pur fantasme de veneur :
« De lui-même, résolument, il a poussé sa poitrine profonde contre la pointe qui le touchait. Et en même temps il a plié les deux genoux pour se coucher sur la terre, et trouver enfin son repos. »
Genevoix (membre de l’Institut de France qui possède la forêt de Chantilly et y organise la chasse à courre) romance la chasse et la mort, comme un jeu symbolique qui mettrait en avant la dignité du monde animal, sa « liberté ». C’est tout à fait la vision des veneurs quand ils disent « Plutôt que de laisser l’opinion se focaliser sur leur mort, tachons seulement de montrer qu’ils ont une belle qualité de vie. Pour leur garantir la seule qui leur convienne, celle d’animal libre, ils doivent en payer un prix qui n’est autre que l’impôt du sang. »

🌳 De son côté, dans « Hallali » (1914), Henri Barbusse raconte un événement réel, que beaucoup d’habitants de sa forêt, celle d’Halatte, connaissent pour l’avoir vécu eux-mêmes : un équipage de chasse à courre traque un cerf jusque dans son jardin et il s’interpose pour tenter de le sauver ! 🏠🙅‍♂️
Il décrit l’impatience voyeuse de la foule des suiveurs, leur obséquiosité :
« – Il ne veut pas qu’on entre, l’insolent !
– Offrez-lui de l’argent !
Toutes ces figures portaient la marque du même instinct de meurtre, brusquement déchaîné par l’obstacle. A travers les paroles, les prétextes, les contraintes, cela se faisait jour sur leurs traits. »
🐶 Puis il se tourne vers les chiens :
« A côté des groupes si passionnément décontenancés, le hurlement des chiens prenait quelque chose d’innocent : les chiens esclaves n’avaient contre le cerf que la haine des hommes… »
Face à la pression violente de l’équipage et de sa cour, cet ancien poilu, victime de la Grande Guerre et le 1er de ses dénonciateurs, a cette révélation :
« En songeant aux cris sanguinaires qui m’assaillaient, je compris à quel point la créature humaine et animale, qui diffèrent si prodigieusement dans la vie, se ressemblent pour mourir, et que tous les êtres vivants s’en vont fraternellement. »
Il empoigne la carabine du piqueux, mais en vain, Barbusse est soulevé et projeté par la foule…

⚔🚫 De leur expérience commune de la guerre et de la mort, ces deux écrivains tirent des conclusions bien différentes.
Barbusse, lui, voit dans la chasse à courre un vecteur de brutalité primitive chez l’Homme, qu’utilisent les dominants pour les jeter les uns contre les autres.
Dans son roman « Clarté » (1919), il fait dire à un prince lors d’une curée :
« On se déshabitue trop du sang à notre époque prosaïque, humanitaire et bêlante. Ah ! Tant que les peuples aimeront la chasse, je ne désespérerai pas d’eux ! »

Pour AVA ainsi que tous les habitants victimes de la chasse à courre, aucune hésitation : c’est Henri Barbusse qui figure dans notre Panthéon ! 🕊✊  »

À nouveau, voici le lien pour lire Hallali d’Henri Barbusse sur le site d’AVA : https://ava-france.org/2020/11/13/henri-barbusse-hallali/

Catégories
Politique

Covid-19: les personnes vulnérables livrées au bon vouloir du patronat

Le nouveau décret sur la classification de vulnérabilité face au Covid-19 place les personnes concernées dans une situation de dépendance par rapport au patronat.

Le mercredi 11 novembre 2020, un nouveau décret a été publié au journal officiel élargissant la classification de vulnérabilité vis à vis du Covid-19, par rapport au précédent décret du 5 mai.

La classification de ces maladies ou pathologies permet aux personnes qui en sont atteintes de bénéficier du chômage partiel pour cause de vulnérabilité.

Les maladies ajoutées à ce décret l’ont été sur la base des données récoltées depuis le début de la pandémie dans différents hôpitaux de différents pays et vise à protéger les personnes les plus à risque de développer des formes graves de la maladie. On peut maintenant trouver parmi les personnes fragiles les personnes atteintes de cirrhose ou de sclérose en plaque, etc.

Cela est un bon point et il est encourageant de voir l’entraide internationale avec la mise en commun d’expériences et la tentative de classifier les vulnérabilités face au Covid-19.

Cependant, si d’apparence le gouvernement français semble vouloir protéger les personnes les plus à risque de développer des formes graves de la maladie, il exige maintenant de remplir un second critère pour que ces personnes puissent bénéficier du chômage partiel et donc d’être protégé.

Voici un extrait de l’article 1 du décret précisant les modalités pour être concerné :

« 2° Ne pouvoir ni recourir totalement au télétravail, ni bénéficier des mesures de protection renforcées suivantes :

a) L’isolement du poste de travail, notamment par la mise à disposition d’un bureau individuel ou, à défaut, son aménagement, pour limiter au maximum le risque d’exposition, en particulier par l’adaptation des horaires ou la mise en place de protections matérielles ;

b) Le respect, sur le lieu de travail et en tout lieu fréquenté par la personne à l’occasion de son activité professionnelle, de gestes barrières renforcés : hygiène des mains renforcée, port systématique d’un masque de type chirurgical lorsque la distanciation physique ne peut être respectée ou en milieu clos, avec changement de ce masque au moins toutes les quatre heures et avant ce délai s’il est mouillé ou humide ;

c) L’absence ou la limitation du partage du poste de travail ;

d) Le nettoyage et la désinfection du poste de travail et des surfaces touchées par la personne au moins en début et en fin de poste, en particulier lorsque ce poste est partagé ;

e) Une adaptation des horaires d’arrivée et de départ et des éventuels autres déplacements professionnels, compte tenu des moyens de transport utilisés par la personne, afin d’y éviter les heures d’affluence ;

f) La mise à disposition par l’employeur de masques de type chirurgical en nombre suffisant pour couvrir les trajets entre le domicile et le lieu de travail lorsque la personne recourt à des moyens de transport collectifs. »

Cela est complété par l’article 2, dont voici un extrait :

« […]Lorsque le salarié est en désaccord avec l’employeur sur l’appréciation portée par celui-ci sur la mise en œuvre des mesures de protection renforcées mentionnées au 2° de l’article 1er du présent décret, il saisit le médecin du travail qui se prononce en recourant, le cas échéant, à l’équipe pluridisciplinaire de santé au travail. Le salarié est placé en position d’activité partielle dans l’attente de l’avis du médecin du travail. »

On voit ici que le gouvernement laisse les salariés vulnérables en proie à la décision de leurs patrons et à des analyses subjectives.

Le risque est que les dirigeants d’entreprises se limitent à l’application minimum des mesures de protection obligatoires pour déclarer assurer la sécurité des salariés vulnérables.

Sachant aussi qu’à compter du 1 janvier 2021, les conditions financières du chômage partiel vont changer, les salariés ne toucheront plus que 60% de leur salaire brut contre 70% aujourd’hui et que celui-ci sera versé a 40% par les employeurs (contre 15% aujourd’hui).

Donc la mise en application du décret sur les personnes vulnérables, combiné à celui sur le financement du chômage partiel, risque de rendre insupportable la pression exercée par les patrons sur des salariés vulnérables.

Les plus démunis risquent d’être paralysés par la confrontation avec la médecine du travail ou avec les dirigeants d’entreprises et de venir malgré tout sur leurs lieux de travail s’exposant ainsi aux risques de contamination.

Plus la crise sanitaire avance, plus la crise économique se renforce. La bourgeoisie française n’assume plus rien et va faire payer tout cela aux salariés, vulnérables ou non.

Catégories
Société

Crise sanitaire à la mi-novembre 2020: exercice d’autosatisfaction du gouvernement

Jeudi 12 novembre, le premier ministre a fait un premier point depuis l’instauration du semi-confinement. Aucun durcissement n’est pratiquement à l’ordre du jour, et le gouvernement a expliqué peu ou prou qu’il a la situation en main… Ce qui n’est évidemment pas le cas. La France n’est toujours pas à la hauteur pour faire face à la crise sanitaire.

De manière très solennelle, le premier ministre Jean Castex s’est adressé au pays en expliquant :

« Adopter des mesures difficiles constitue un crève-coeur, mais il est de ma responsabilité de le faire, et de vous protéger contre le virus et ses ravages »

C’est habile de sa part, car il se place ainsi comme celui qui en fait éventuellement « trop », afin d’éviter les critiques en inaction, ainsi que d’éventuelles poursuites judiciaires à termes. Pourtant, il est évident que les mesures en question sont loin d’être suffisantes face à l’explosion de l’épidémie de covid-19.

Ce qui se passe est très simple. La France, comme beaucoup d’autres pays équivalents, a abordé avec une très grande légèreté le déconfinement de mai, puis a tout bonnement laissé s’installer la deuxième vague épidémique, pour procéder maintenant à des calculs de boutiquiers afin de gérer la casse, en cherchant un taux de pertes humaines qui serait « acceptable »…

Les chiffres qui ont été rappelés sont pourtant très durs, malgré la généralisation du port du masque et des mesures barrières depuis la rentrée : une hospitalisation toutes les 30 secondes et une admission en réanimation toutes les trois minutes. Cela donne pour la journée de 12 novembre, selon les chiffres officiels, 418 décès liés au covid-19 et 386 nouvelles admission en réanimation.

Mais tout est sous contrôle a-t-il été prétendu, car le ministre de la santé a dégagé des nouvelles places en réanimation, tout en expliquant qu’il allait renvoyer à la maison des personnes sous respiration artificielle. Le gouvernement prétend pouvoir gérer et même que « le pic de la deuxième vague pourrait être atteint en début de semaine prochaine ».

De la sorte, il est fait miroiter une première série d’allégement des mesures pour le premier décembre, avec la possibilité de « passer Noël en famille ». C’est invraisemblable, et il faudra vraiment relire ces lignes d’ici les prochaines semaines, car bien sûr le virus ne va pas disparaître pas enchantement à l’amorce de l’hiver, au contraire.

Si la situation épidémique s’améliore dans les prochains jours, ce qui est possible mais loin d’être évident, ce qu’il faudra, c’est ne surtout pas relâcher la pression, bien au contraire. Au risque sinon de voir l’épidémie repartir de plus belle.

Il faudrait d’ores et déjà aller beaucoup plus loin, si l’on voulait véritablement endiguer l’épidémie, avec au moins un confinement équivalent à celui du mois de mars dernier. Mais la pression du capitalisme est trop forte et le gouvernement n’a qu’une hâte, c’est de pouvoir relâcher la pression qu’il est obligé de mettre sur le capitalisme justement.

Il est bien aidé en cela d’ailleurs par la Droite, ainsi que les populistes tel Jean-Luc Mélenchon qui peu après l’intervention du gouvernement a expliqué dans une émission que le confinement était une mesure « du Moyen Âge » et qu’il fallait lui trouver des alternatives, tout en rouvrant les petits commerces et les activités culturelles. On nage ici en plein délire, mais c’est tout à fait conforme aux mentalités dans le pays, avec des Français qui pour la plupart ne semblent toujours pas avoir compris l’ampleur de la situation et dont la préoccupation est l’achat de leurs cadeaux de Noël ainsi que l’organisation du réveillon du premier de l’An.

C’est pour cela que les établissements scolaires sont encore ouverts et le resteront, contre tout bon sens sanitaire, particulièrement en ce qui concerne les lycées. «  La présence à 100% des élèves reste souhaitable » au lycée a affirmé le ministre de l’Éducation, avec au moins 50 % du temps en présentiel pour les autres cas. Il ne faudrait surtout pas empêcher les parents de se rendre au travail, et d’ailleurs eux-mêmes n’imaginent pas ne pas aller travailler.

Si le gouvernement prétend qu’il va pouvoir mettre encore un peu plus de pression pour obliger au télétravail, force est de constater qu’un nombre ahurissant d’activités économiques absolument pas essentielles ont encore lieu. Par exemple, des démarcheurs pour la fibre optique installés dans un quartier peuvent se rendre chez les gens pour leur suggérer le raccordement, ou encore les livreurs de repas (souvent sans papiers et sans couverture sociale) exercent leur ballet à scooter en continue dans les grandes villes, etc. Il en est de même pour les sorties, avec des fraudes aux attestations massives et énormément de gens se rendant les uns chez les autres, etc.

Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a tout à fait raison de constater après l’intervention du premier ministre :

« Rien de neuf dans le confinement « léger » du gouvernement. Les hôpitaux flambent, les reports de soins continuent, avec des conséquences mortifères, les salariés aux travail resteront aussi nombreux, les « petits » continueront de souffrir… mais on continue. »

Néanmoins, ce qu’il faut préciser, c’est que la pression populaire est extrêmement faible en faveurs des mesures sanitaires. En fait, le capitalisme est tellement puissant et tellement présent dans les mentalités en France que le pays continue de regarder ailleurs. Si la peur avait pu l’emporter lors de la première vague en mars, on a l’impression en novembre que le pays s’est accoutumé au virus ; le ministre Jean Castex peut alors se présenter comme quelqu’un de très dur dans sa gestion de la crise sanitaire, alors qu’il est en fait en dessous de tout.