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Guerre

L’Union européenne à Kiev pour le compte de l’Otan

Main dans la main contre la Russie.

Le président du Conseil européen Charles Michel, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le président ukrainien Volodymyr Zelensky

L’Union européenne n’est plus qu’une succursale politique de l’Otan, l’alliance militaire de la superpuissance américaine. Fini le pseudo-pacifisme et le pseudo-humanisme européen, tout est balancé par la fenêtre pour prêter allégeance aux États-Unis. Et tant pis pour le long héritage politique et culturel commun avec la Russie.

L’Union européenne est en première ligne dans le soutien au régime ukrainien qui livre une guerre fanatique à la Russie pour le compte des États-Unis. C’est pourquoi ses dirigeants se sont rendus à Kiev vendredi 3 février 2023. Le président du Conseil européen, Charles Michel, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, y ont rencontré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, pour ce qui était un sommet entre l’Union européenne et l’Ukraine.

On n’est plus ici dans le simple soutien, mais bien dans la prise de partie directe dans le conflit ; l’Union européenne est ouvertement en guerre contre la Russie. C’est pour cela qu’elle a livré 3,6 milliards d’euros à l’Ukraine depuis février 2022. C’est par exemple plus que le programme « Europe créative», doté 2,44 milliards d’euros (sur 6 ans !), qui est présenté comme le « programme phare de la Commission européenne visant à soutenir les secteurs de la culture et de l’audiovisuel ».

La guerre à la Russie compte bien plus pour l’Union européenne que ne compte la culture européenne. Cela pour la simple raison que l’autorité de tutelle américaine a décidé que l’Union européenne devait supporter le boulet ukrainien. La superpuissance américaine compte récolter les fruits du contrôle de l’Ukraine, mais sans en avoir la charge.

Dociles, les dirigeants européens sont donc venus à Kiev pour faire leurs devoirs. Il s’agissait de discuter des sujets suivants :

  • la trajectoire européenne de l’Ukraine et le processus d’adhésion à l’UE ;
  • la réponse de l’UE à la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine ;
  • les initiatives de l’Ukraine en faveur d’une paix juste et visant à ce que les responsables répondent de leurs actes ;
  • la coopération sur les questions de reconstruction et d’aide et dans les domaines de l’énergie et de la connectivité ;
  • la sécurité alimentaire mondiale.

Ces échanges ont été l’occasion de rappeler le gigantesque effort européen de soutien à l’Ukraine. Car, en effet, en plus des 3,6 milliards d’euros évoqués précédemment, il faut compter en tout 12 milliards d’euros d’après l’Union européenne, en prenant en compte l’aide militaire fournie par les États membres.

Mais cela, ce n’est que ce qui a déjà été dépensé. Pour l’instant, d’après les informations officielles de ce sommet Union européenne – Ukraine :

« Globalement, l’aide promise à l’Ukraine au niveau de l’UE et au niveau des États membres s’élève à ce jour à près de 50 milliards d’euros. »

Pour donner un ordre de grandeur et aider à la comparaison, le déficit du système de retraite français censé justifier la réforme des retraites est de 1,8 milliard d’euros.

On l’aura compris, l’Ukraine compte plus que tout pour l’Union européenne, succursale politique de l’Otan. Alors elle doit vite intégrer l’Union. Voici ce qui est dit dans la déclaration officielle suite au sommet :

« L’UE soutiendra l’Ukraine et le peuple ukrainien contre la guerre d’agression menée par la Russie aussi longtemps qu’il le faudra. Nous avons souligné l’importance historique de la décision du Conseil européen du 23 juin 2022 de reconnaître la perspective européenne et d’accorder le statut de pays candidat à l’Ukraine.

Nous avons réaffirmé que l’avenir de l’Ukraine et de ses citoyens se situe au sein de l’Union européenne. Nous partageons des valeurs communes de démocratie, d’État de droit, de respect du droit international et des droits de l’homme, y compris les droits des personnes appartenant à des minorités, ainsi que de l’égalité des sexes.

L’UE a réitéré son soutien et son attachement indéfectibles à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues. »

En d’autres termes, il est question ici de faire en sorte d’arracher l’Ukraine à l’orient, pour l’intégrer totalement à l’occident. C’est ce qui à gauche est généralement appelé de l’impérialisme. Et ici, c’est même de la sous-traitance d’impérialisme, puisque la maison-mère, ce sont les États-Unis.

Tout cela va finir en guerre mondiale, c’est inévitable, alors que dans le même temps les tensions entre les États-Unis et la Chine ne vont que grandir, etqu’il s’agit là de la principale contradiction au niveau mondial. L’Ukraine et l’Union européenne ne sont ici que des pions, face à la Russie qui n’est qu’un obstacle ; ce qui compte en arrière plan est l’affrontement entre la superpuissance américaine et son challenger la superpuissance chinoise.

Qui n’a pas compris que c’était là la principale actualité, que là se joue le sort du monde, n’a rien compris à l’Histoire.

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Société

« Le vélo des champs doit obtenir la même sécurité que le vélo des villes »

Communiqué de presse.

Voici un communiqué initié par l‘association « Mon vélo est une vie », qui fait un travail de longue haleine en ce qui concerne la sécurité routière à vélo. Il y est question du vélo sur les routes de campagne, qui est il est vrai bien souvent oublié, car toute l’attention à notre époque se porte sur les grandes métropoles.

Voici le communiqué datant du 31 janvier 2023, suite à un dramatique accident en Bretagne. Dramatique, mais nullement étonnant pour qui a l’habitude de circuler à vélo sur les routes de campagne françaises. Il y a sur ce sujet, comme tant d’autre, une véritable révolution culturelle à mener.

« Les cyclistes Français en danger de mort

Samedi 21 janvier 2023, sur la départementale 84 à Plouagat, un automobiliste alcoolisé a fauché treize jeunes cyclistes du Vélo Club du Pays de Guingamp.

L’automobiliste a percuté de front les coureurs qui roulaient en groupe et ensuite pris la fuite. Encore une fois, ces accidents en route de campagne ont impliqué des cyclistes sportifs en qualité de victime.

Plus de 60% des cyclistes trouvant la mort après un accident roulaient en dehors des villes. Ces cyclistes regroupent des pratiquants sportifs affiliés dans des fédérations aussi bien que des pratiquants en loisir.

La conséquence de cette insécurité peut entraîner une diminution des licenciés auprès des fédérations, qui ont la route pour seul terrain d’entraînement, une diminution générale de la pratique du vélo, qui est enjeu majeur de santé publique et des mobilités.

Nous comprenons l’inquiétude des parents qui confient leur enfant à une structure affiliée afin de pratiquer sur des routes de campagne ouvertes à la circulation.

Comment les rassurer lorsque l’on sait que chaque cycliste a peur de se faire percuter par l’arrière ? En effet, nombreux sont ceux qui mentionnent l’irresponsabilité de certains automobilistes qui ne respectent pas les distances de sécurité d’un mètre cinquante lors des dépassements.

Comment pouvoir les rassurer lorsque l’on sait que certains voudraient faire un strike d’un groupe de cyclistes? En effet, nombreux sont ceux qui pourraient témoigner de la dangerosité dont les chauffards font preuve au quotidien.

C’est pourquoi le vélo des champs doit obtenir la même sécurité que le vélo des villes.

Avec l’incitation du gouvernement aux mobilités douces, le vélo des champs doit obtenir la même sécurité que le vélo des villes. Que ce soit dans un but sportif ou de loisir, nous devrions pouvoir rouler sans avoir peur des délinquants de la route Nos futurs champions dont certains participeront peut-être aux Jeux Olympiques de Paris 2024, sont tout aussi concernés que les voyageurs à vélo ou tout pratiquant de loisirs.

C’est avec cette volonté que nous demandons aux Ministères des Sports et de l’intérieur d’organiser au plus vite un Grenelle de la mobilité en conviant les associations et les fédérations signataires de ce communiqué. L’objectif sera de rapidement établir une stratégie de sécurité afin de diminuer le taux de mortalité) sur les routes en cohabitant et en partageant au mieux la chaussée.

Signataires :

– Fédération Française de Cyclotourisme (FFVélo)

– Mon vélo est une vie

– 40 millions d’automobilistes »

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Guerre

L’Allemagne pourrait produire bientôt du matériel de guerre américain

L’économie de guerre, dans la soumission à la superpuissance américaine.

La société allemande Rheinmetall AG est un conglomérat industriel spécialisé dans l’armement (ainsi que l’équipement automobile). Elle fabrique notamment le canon de 120 mm du char Leopard 2. Son PDG, Armin Papperger, a annoncé le 29 janvier 2023 qu’il envisageait de produire directement du matériel américain.

En l’occurrence, il s’agit des M142 HIMARS (High Mobility Artillery Rocket System) de Lockheed Martin. C’est un système d’artillerie puissant, très utilisé en Ukraine. A l’origine, il est question pour Rheinmetall d’augmenter considérablement la production de munitions de chars et d’artillerie, car la demande en Ukraine et en Occident est très forte. C’est clairement l’économie de guerre qui est en place.

Il a expliqué :

« Nous pouvons produire 240 000 cartouches de munitions de char (120 mm) par an, ce qui est plus que ce dont le monde entier a besoin ».

Et dans ce cadre donc, il explique que cela passera probablement (en fait sûrement) par une soumission directe au matériel américain.

« Nous avons la technologie pour la production des ogives ainsi que les moteurs-fusée. Et nous avons les camions sur lesquels monter les lanceurs».

De fait, Rheinmetall agit ici directement comme agent américain, en finissant de détruire toutes les perspectives européennes en ce qui concerne l’armement. La soumission à la superpuissance américaine doit être totale.

Historiquement, l’Union européenne, c’est le moteur franco-allemand. C’était encore largement vrai jusqu’à il y a peu, mais la crise et la guerre en Ukraine (deux phénomènes relevant d’une même chose) changent la donne.

L’Union européenne est devenue uniquement une succursale politique de l’Otan, donc une dépendance des États-Unis. L’Allemagne et la France ne pèsent plus en tant que telles, mais simplement de par leur capacité à se soumettre aux États-Unis.

Jusqu’à récemment, il était question de relative autonomie politique et militaire, avec surtout le projet SCAF, système de combat aérien du futur. Autrement dit, un projet franco-allemand (et un peu espagnol) d’avion de guerre, pour remplacer le Rafale (français) et l’Eurofighter (utilisé par l’Allemagne et l’Espagne) d’ici 2040.

Tout cela a du plomb dans l’aile depuis la fin 2022 et il est de plus en plus clair que l’Allemagne n’en prend plus le chemin. Surtout qu’en 2022, elle avait fait une grosse commande de 35 avions F-35 américains.

Du côté de la bourgeoisie française, le message est très clair. Dans Le Figaro, le « consultant » dédié à la chose explique à propos de cette annonce de la société allemande de fabriquer du matériel américain que cela va à l’encontre directe des projets franco-allemands.

«[Rheinmetall ] se positionne de manière très agressive pour torpiller les accords franco-allemands. Il entretient l’espoir de satisfaire rapidement des besoins immédiats, qui les positionnera comme leader pour les projets futurs, ou les tuera simplement dans l’œuf».

C’est dans l’ordre des choses. La 3e guerre mondiale, c’est l’affrontement entre deux blocs, celui de la superpuissance américaine et celui de son challenger, la superpuissance chinoise.

Tant la France que l’Allemagne sont maintenant entièrement précipitées dans le bloc américain, mais à peine en tant qu’alliés, de plus en plus clairement en tant que colonies. La question de l’autonomie dans l’armement étant ici un point clef quant à cet aspect.

La France est un pion dans la grande bataille pour le repartage du monde. Un pion en or, mais un pion tout de même.

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Guerre

Le ministre ukrainien de la Défense à Paris pour de nouvelles livraisons militaires

Bientôt des avions de chasse livrés à l’Ukraine ?

Pendant que des centaines de milliers de gens défilaient en France derrière les syndicats contre une énième réforme des retraites mardi 31 janvier 2023, le ministre des Armées Sébastien Lecornu recevait tranquillement à Paris son homologue ukrainien Oleksiï Reznikov.

Cela passe littéralement inaperçu, alors que c’est la plus brûlante des actualités. La France, qui pour l’instant ne participe pas à l’élan occidental de fourniture de chars lourds, entends malgré tout figurer au premier rang des belliqueux.

Le résultat de cette entrevue est donc une nouvelle série de matériel militaire fournie au régime ukrainien, qui a procuration pour faire la guerre à la Russie.

Oleksiï Reznikov se rendra d’ailleurs à Limours dans l’Essonne ce mercredi 1 février pour signer le contrat d’achat d’un radar sol-air GM200 de Thales, après avoir visité l’usine en compagnie du ministre français. Et en fait de contrat, il s’agira d’un cadeau, puisque l’achat est réglé par l’État français et son fonds de soutien français à l’Ukraine de 200 millions d’euros.

Il s’agit d’un radar de moyenne portée transportable sur camion, devant détecter un aéronef à 250 kilomètres et capable de l’engager à 100 kilomètres, qu’il s’agisse d’un drone à faible vitesse et basse altitude ou d’un avion de combat rapide et à haute altitude.

Il y a urgence, alors la livraison est prévue très prochainement et donc le matériel sera pris sur une commande devant arriver à l’Armée de l’Air et de l’Espace, voire directement sur son stock s’il le faut.

Voici une nouvelle preuve, s’il en fallait, que la France est en guerre contre la Russie, puisqu’elle dirige en priorité une partie stratégique de son arsenal militaire contre la Russie.

Dans le même registre, « dans les semaines qui viennent », sera livré un nouveau lot de 12 canons automoteurs Caesar, en plus des 18 déjà fournis. On se souvient comment les premières livraisons de ces engins avaient fait l’actualité, tellement cela signifiait l’escalade militaire. Maintenant, cela passe comme une lettre à la poste et quasiment plus personne n’en parle.

Le régime français ne souffre d’aucune opposition en ce qui concerne la guerre. Le ministre peut bien expliquer que les canons seront probablement puisés directement dans les stocks de l’armée française : aucun problème !

L’entreprise Nexter, qui les fabrique ainsi que les obus de 155mm devant être également fournis à l’Ukraine, tourne pour cette raison à plein régime. Il a même été expliqué que de la poudre explosive est fournie par l’Australie pour fabriquer cela au plus vite.

Tout l’occident est en branle et coordonné pour faire la guerre à la Russie, par l’intermédiaire de l’Ukraine.

Et la France ne fait pas que livrer des armes. Le ministre français des Armées a précisé à cette occasion que pas moins de 2000 soldats ukrainiens seront formés en France d’ici à l’été prochain et que 600 autres le seront, chaque par mois, par 150 militaires français déployés directement en Pologne dans les prochaines semaines.

Rien que cela vaut pratiquement déclaration de guerre à la Russie, tellement l’engagement est immense.

Le ministre ukrainien a donc profité de l’occasion pour remercier la France de son engagement et vanter l’efficacité de ses missiles sol-air à courte portée Crotale, dont les tirs seraient réussis à 100 % a-t-il précisé. De nouvelles livraisons sont là aussi prévues.

Il a également été évoqué le « progrès » en ce qui concerne la livraison par la France d’un système sol-air de moyenne portée (SAMP). Enfin, et peu être surtout, il a été discuté ouvertement de la possibilité de livraison d’avions de chasse.

Encore une fois, la France est ici à l’avant-garde. Elle avait ouvert le bal avec des livraisons de « chars » légers (en fait des véhicules militaires blindés) annonçant directement les livraisons de chars lourds par d’autres pays. Elle recommence ici avec le sujet des avions de chasses.

Ainsi, le 30 janvier 2023, Emmanuel Macron en voyage aux Pays-Bas a répondu de la manière suivante à la question de savoir si la France allait fournir des avions de chasse:

« Par définition, rien n’est exclu »

C’est là le rôle de la France au service de la superpuissance américaine : ouvrir des brèches pour que l’escalade continue.

Le ministre ukrainien a ainsi précisé le lendemain :

« Nous n’avons pas parlé de type d’avion, nous avons juste souligné que l’aviation tactique est une composante de la défense antiaérienne. Nous avons besoin de renforcer nos capacités de défense de notre espace aérien ».

Pour continuer dans sa lancée :

« Je suis optimiste [à propos de l’obtention d’avions de combat occidentaux] et j’espère que ce sera plus tôt possible ».

Les choses vont-ici à une vitesse extraordinaire. Extraordinairement terrifiante. L’Otan a les coudées franches et profitera sans relâche du chèque en blanc que lui signent les opinions publiques occidentales pour continuer son escalade militaire.

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Société

« Que vaut la vie de Morgan puisque rien ne change ? »

« Tous complices. »

Voici le communiqué du collectif Un jour un chasseur suite au procès du chasseur ayant tué Morgan Keane. Ce collectif a été fondé par des amis à lui et relaie régulièrement des témoignages de comportements abusifs liés à la chasse.

« Que vaut la vie de Morgan puisque rien ne change ?

Aujourd’hui, quatre jours seulement après les annonces du gouvernement d’un “plan chasse” vide de mesures réellement efficaces, a été prononcé le verdict du procès de Julien Féral et Laurent Lapergue, les deux chasseurs jugés pour la mort de notre ami Morgan, le 2 décembre 2020.

Alors que l’opportunité avait été donnée au tribunal de prononcer des peines exemplaires et fortes, les réquisitions du procureur n’ont été suivies qu’en partie (six mois fermes et une interdiction de chasser à vie pour les deux chasseurs) :

Julien Féral, le tireur, a été condamné à 2 ans de prison avec sursis et une interdiction de chasser à vie.

Laurent Lapergue a été condamné à 18 mois de prison avec sursis et un retrait de permis de chasser pendant 5 ans.

La fédération des chasseurs du Lot a été reconnue partie civile et touchera un euro à titre de dommages et intérêts.

Aucun des deux chasseurs ne mettra un pied en prison, et le directeur de la battue qualifiée de « désorganisée et loufoque » par l’avocat des parties civiles pourra reprendre les armes en toute légalité d’ici cinq ans.

Et pourtant, lors du procès qui s’est tenu le 17 novembre dernier, Laurent Lapergue a répété, avec aplomb et sans jamais se remettre en question, que la battue était « parfaitement maîtrisée » et qu’il n’avait commis aucune erreur, malgré les faits qui l’accablent.

Peut-on accepter qu’un homme qui a omis de faire respecter des règles de sécurité élémentaires alors qu’il en avait la responsabilité et qui estime avoir suivi la procédure habituelle, puisse, dans quelques années, tenir à nouveau une arme entre les mains ?

Nous prônons le retrait définitif du permis de chasser pour tout chasseur ayant commis une négligence, que celle-ci ait entraîné ou non la mort ou des blessures. Lorsqu’on a dans les mains une arme mortelle à plus de trois kilomètres, on n’a pas le droit à l’erreur.

Chasser n’est pas un droit, c’est un loisir non nécessaire qui ne justifie en aucun cas de mettre en danger la vie d’autrui.

Ce serait trop simple de laisser seul sur le banc des accusés l’auteur du tir qui a tué Morgan.

Comme l’a souligné le procureur de la République lors du procès, « si Julien Féral a appuyé sur la gâchette, Laurent Lapergue lui a tenu le canon. » Mais ce ne sont pas les seuls responsables.

Que dire en effet du ministère de l’Écologie qui avait autorisé la chasse par dérogation en plein confinement et qui continue de refuser de prendre de vraies mesures pour protéger les Français ?

De l’État, qui investit des amateurs d’une mission d’intérêt général au prétexte de devoir réguler les populations d’ongulés, tout en se pliant aux exigences du lobby des chasseurs, en méprisant la volonté de plus de 80% de la population ?

Du ministère de l’Intérieur, qui autorise la détention d’armes de chasse, sans contrôle de l’aptitude physique et psychologique ni des compétences de maniement de leur possesseur ?

Du laxisme du gouvernement et des juges, qui ne condamnent toujours pas les chasseurs à la hauteur des délits commis ?

Tous complices. »

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Société

Le chasseur qui a tué Morgan Keane n’ira pas en prison

L’impunité est totale.

Le 2 décembre 2020 en fin d’après-midi, un chasseur tuait Morgan Keane, Franco-Britannique de 25 ans. Le jeune homme était derrière chez lui, sur son terrain situé dans un hameau à Calvignac dans le Lot, à couper du bois. Le chasseur, venu de l’Aveyron pour participer à une battue, a volontairement tiré sur Morgan Keane, car il l’avait pris pour un sanglier.

C’est une faute grave, très grave, mais pas suffisamment grave du point de vue de la Justice française, qui considère que cela ne mérite pas de prison. Le tribunal correctionnel de Cahors a en effet rendu sa décision jeudi 12 janvier 2023 : deux ans de prisons avec sursis, autrement dit rien du tout ! La prison avec sursis, cela signifie pas de prison du tout.

Bien sûr, le chasseur est interdit de chasse à vie, mais c’est là la moindre des choses. En réalité, c’est une condamnation pour la forme, qui répond évidemment à une motivation politico-culturelle. En France, la chasse est sacrée, alors il est hors de question d’attaquer ses bases, ses fondements.

Si la Justice condamnait sévèrement, alors elle ébranlait tout l’édifice de la chasse en France, reconnaissant de fait qu’il s’agit d’une activité dangereuse pour la société, et pas seulement pour les animaux.

Alors, du point de vue du tribunal correctionnel de Cahors, il a été considéré qu’il s’agissait d’un accident, que le prévenu n’était coupable finalement que d’une négligence malheureuse et qu’une petite peine « pour la forme » était suffisante. Ainsi la chasse est préservée, sa nature n’est pas remise en cause.

D’ailleurs, il s’agissait d’un tribunal correctionnel, donc pour juger un délit. Pourtant, il aurait fallu une cours d’assise, pour juger un crime.

Faire usage de son arme ainsi, sans avoir « bien identifié la cible » comme l’a reconnu le prévenu à l’audience, est criminel. On ne peut pas considérer que la conséquence de cet acte soit simplement accidentelle… A moins de sanctuariser la chasse, de considérer qu’il faille absolument laisser des tas de gens à peine formés se balader avec des armes dans les campagnes pour tuer des animaux, quitte à ce qu’il y ait de rares accidents avec des humains.

Du côté du procureur, censé représenter les intérêts de la société, on retrouve la même mansuétude à l’égard du chasseur ayant tué Morgan Kean. Seulement 6 mois de prison ferme avaient été requis.

En ce qui concerne l’organisateur de la chasse ce jour-là, on retrouve exactement la même impunité. La Justice reconnaît la faute du directeur de chasse, soulevant de nombreuses irrégularités dont le fait d’avoir posté là où il était le chasseur ayant tué Morgan Kean. Elle considère que cela doit être condamné, mais pareillement, seulement à de la prison avec sursis (18 mois), donc pas de prison du tout.

Son permis de chasse ne lui est d’ailleurs pas définitivement retiré : dans 5 ans, il pourra retourner dans la nature avec son fusil pour tuer des animaux. De toutes façons, cette personne considère, comme expliqué devant le juge, que ce jour-là la battue qu’il dirigeait était tout à fait maîtrisée… Rien que pour avoir dit cela, il mériterait de la prison!

Ce jugement est clairement odieux, proprement scandaleux. Mais il est dans l’ordre des choses. La Justice française est à l’image de la société française. Molle, formaliste, tournée vers le passé, incapable d’envergure culturelle, ni de profondeur morale, en particulier lorsqu’il s’agit du rapport aux animaux, à la Nature.

Il faut le dire : la chasse est une arriération qu’il faut abolir, tant pour les animaux que pour le vivre-ensemble dans les campagnes. Morgan Keane ne fût pas une simple victime collatérale de cette activité, il est la victime d’un vieux monde ignoble qu’il faut dépasser le plus vite possible pour rentrer enfin dans le futur, celui du Socialisme, celui du dépassement de la contradiction entre les villes et les campagnes, entre l’humanité et la Nature !

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Écologie

Débat public : soutien gouvernemental aux chasseurs

Le débat public lancé a eu comme conclusion le renforcement des chasseurs.

La Fédération nationale des chasseurs revendique 5 millions de porteurs du permis de chasse en France, dont 1,1 millions de pratiquants. D’autres chiffres parlent de 900 000 pratiquants, mais dans tous les cas la France est le pays européen où il y a le plus de chasseurs. Dans la région Centre-Val de Loire, c’est 5,18% de la population qui chasse et il y a sur le territoire national 70 000 associations de chasse organisées par 500 000 bénévoles et 1500 salariés.

La chasse est en France une activité solidement implantée, représentant une force culture et sociale très importante, dépassant largement ces 5 millions de personnes ayant le permis. Le régime en place n’entend certainement pas se confronter à ces gens, qui représentent pour lui l’assurance d’une arriération sociale et culturelle dans les campagnes, faisant que l’ordre établi ne risquera pas d’être bousculé.

Les randonneurs et les cyclistes peuvent vouloir changer le monde, éventuellement. Pas les chasseurs, qui sont l’expression même du vieux monde.

Alors, malgré quelques protestations, malgré quelques humains tués par accidents chaque année (8 la saison précédente, dont 6 chasseurs), malgré l’absurdité qu’il y a à laisser des types se balader avec des armes létales dans les champs et les forêts, au bord des routes, pour satisfaire un loisir consistant en le fait d’assassiner gratuitement des animaux, il n’y a aucune limitation de la chasse. Bien au contraire.

Récemment, diverses associations (surtout France nature environnement et la Ligue de Protection des Oiseaux) avaient posé dans le débat public la question de l’interdiction de la chasse un jour par semaine. Un jour par semaine… c’est dire le manque d’ambition et d’espoir.

Et la conclusion de ce débat est un échec total de la part de ces associations, avec maintenant des effets néfastes qui seront pires que les petites améliorations souhaitées pour les randonneurs et les cyclistes.

La chasse sort totalement renforcée de ce débat public, ou plutôt pseudo-débat public, car en réalité la France est léthargique, plus personne ne s’intéressant à rien et ne débattant sur rien. Toujours est-il que le gouvernement s’est prononcé sur le sujet lundi 9 janvier 2023 à l’occasion d’un déplacement de la secrétaire d’État chargée de l’Écologie à Dry, dans le Loiret, en région Centre-Val de Loire. « Chez » les chasseurs, donc.

Bérangère Couillard a expliqué… que rien ne changera pour les chasseurs, si ce n’est de leur garantir qu’ils pourront exercer durablement leur loisir macabre. Il avait été question, ou plutôt c’était souhaité par quelques associations, de l’instauration d’un jour sans chasse pendant la saison, le samedi ou le dimanche.

C’est hors de question dit le gouvernement, dont le patron, Emmanuel Macron, est ami avec le patron des chasseurs, Willy Schraen. Les chasseurs peuvent continuer à chasser quand ils veulent, quasiment à n’importe quelle heure, presque à la tombée de la nuit pour les jours les plus courts de l’hiver.

Sans ça, les chasseurs se seraient fâchés, avait prévenu Willy Schraen en disant à propos de l’interdiction de la chasse le dimanche :

« Je ne vous donne pas cinq ans et vous avez la ruralité à feu et à sang. »

L’emploi du terme de « ruralité » est ici une véritable escroquerie, pour désigner en fait des gens pratiquant leur « loisir » avec des fusils, donc du matériel très moderne, fabriqué dans des usines, se déplaçant systématiquement en voiture, donc dans du matériel fabriqué également dans des usines, faisant leur course dans des supermarchés, regardant tout un tas d’idioties très « urbaines » à la télévision, etc.

En tous cas, le voilà rassuré, si tant est qu’il eut peur… Les animaux des campagnes continueront à subir le feu et connaître le sang 7 jours sur 7. Le gouvernement français s’y engage.

Pour moderniser la chose toutefois, la secrétaire d’État a annoncé quatre mesures : l’amélioration de la formation sur la sécurité et le maniement des armes, la création d’une plateforme numérique pour visualiser les chasses, le retrait du permis de chasse en cas d’accident grave, la création d’une contravention pour alcoolémie.

Beaucoup de gens apprendront donc que, pour l’instant, il n’y a pas de retrait systématique du permis en cas d’accident grave et que la chasse sous l’emprise de l’alcool n’est pas interdite ! Vu de l’étranger, de quasiment n’importe où en Europe, cette situation paraîtra hallucinante. La France est un pays profondément arriéré sur le plan des mœurs et de l’organisation de la vie en collectivité.

Au milieu de tous cela, il y a les animaux, dont tout le monde se fiche, urbains comme ruraux. C’est là une véritable « clef » culturelle. Si on ne s’intéresse pas aux animaux, si on ne prend pas largement et du plus profond de soi, le parti des animaux, alors rien ne changera en France.

Il faut bousculer ce vieux monde et cela commencera inévitablement en France par le fait de se confronter ouvertement aux chasseurs, 7 jours sur 7 et 365 jours par an.

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Guerre

Escalade guerrière : la France livre des VMB à l’Ukraine

Non aux livraisons militaires françaises contre la Russie.

C’est Emmanuel Macron qui l’a annoncé à Zelensky : la France va fournir des véhicules militaires blindés AMX-10 RC à l’Ukraine. Ce sera la première fois que ce type de véhicules de fabrication occidentale, selon les standards de l’Otan, seront envoyés en Ukraine. Un nouveau cap est franchi dans la cobelligérance.

La France se fait ici première de la classe en matière de guerre à la Russie pour le compte de l’Otan. Alors que le chancelier allemand Olaf Scholz refusait depuis plusieurs semaines, malgré la pression des Verts et des libéraux dans son gouvernement, l’injonction américaine de livrer des chars à la Russie, Emmanuel Macron a donc été en première ligne…

Et ouvert la voie. Dans la foulée, l’Allemagne a annoncé elle-même l’envoi de VMB de type Marder, alors que la superpuissance américaine enverra ceux de type Bradley.

Les États-Unis jouent ici une partition bien rodée : ils se servent des Ukrainiens pour faire la guerre sur le terrain à la Russie, ils se servent des Européens pour faire la guerre économique à la Russie, ils exigent maintenant des Européens d’aller encore plus loin dans l’implication militaire.

Bonne élève, la France commence donc l’année 2023 en intensifiant son implication dans la guerre à la Russie, une semaine après la visite du ministre des Armées à Kiev. Les chars, s’ils sont de facture assez ancienne, datant des années 1980, et devant être renouvelés dans l’armée française qui en possède 247, sont néanmoins tout à fait fonctionnels.

Dotés d’un canon de 105 mm d’une portée de 2km, d’une capacité de 38 obus à bord, pesant 25 tonnes, ce qui est à considérer comme étant léger, ils sont censés servir de matériel de reconnaissance et d’appui des troupes d’infanterie ukrainiennes, malgré leur difficulté à évoluer en tout terrain du fait de l’absence de chenilles.

La France va livrer également des engins de transport de troupe Bastion, fabriqués par ACMAT. Et cela sans compter les obus d’artillerie antichar français de 155 mm, dotés de sous-munitions EFP d’attaque par le haut guidé par capteurs IR multibandes et LIDAR, qui ont été livrés secrètement à l’Ukraine.

Sans compter qui plus est les postes antichar MILAN-2, que l’on sait maintenant avoir été déployés pour le régiment ukrainien « Kastus-Kalinowski », composé de néonazis biélorusses.

Tout cela fait beaucoup et ne relève plus du soutien. La France est objectivement impliquée corps et âme dans la guerre à la Russie. Elle contribue à la guerre contre la Russie, en faisant appel d’air, comme le montre le fait que l’Allemagne l’a suivie.

Reste à savoir maintenant quand la Russie décidera qu’il en est trop, et assumera que la guerre est déclenchée avec la France, ou alors l’Otan, ce qui reviendra au même. Il n’y a qu’un pas, il ne suffit plus de grand-chose pour en arriver là et déclencher officiellement la 3e guerre mondiale.

Preuve de l’ambiance en Russie, il y a le message de Dmitri Rogozine à l’ambassadeur français. Dmitri Rogozine est une personnalité importante, étant l’ancien chef de l’Agence spatiale russe Roscosmos, qui envoie notamment du personnel dans la Station spatiale internationale.

Ce dernier dirige maintenant un groupe de conseillers militaires en soutien aux séparatistes du Donbass et explique avoir été atteint par une frappe ukrainienne sur un hôtel de Donetsk. Un hôtel au milieu de la ville évidemment, avec une frappe qui a fait plusieurs morts et blessés dont des civils, dont dans l’entourage de Dmitri Rogozine. Et celui-ci a reçu morceau d’obus français au-dessus de son omoplate droite.

Donc, dans une mise en scène qui peut paraître grotesque, mais qui reflète par contre très bien un état d’esprit d’amertume vis-à-vis de la France : il envoie ce morceau d’obus avec son message à l’ambassadeur français.

«Dans cette enveloppe, avec ma lettre, vous verrez un fragment d’obus d’une pièce d’artillerie française de 155 mm Caesar. Il a perforé mon épaule droite et s’est logé dans la cinquième vertèbre cervicale, à un millimètre seulement de différence et il aurait pu me tuer ou de me rendre invalide.

Toutes nos victimes sont sur votre conscience».

Il ajoute alors :

« Je vous demande de remettre le fragment retiré de ma colonne vertébrale par les chirurgiens au président français Emmanuel Macron. Et dites-lui que personne n’échappera à la responsabilité des crimes de guerre ».

Il faut dénoncer, en France, la France et son implication militaire contre la Russie, sinon c’est inéluctablement l’escalade. Tel est le seul et obligatoire mot d’ordre véritablement de gauche.

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Guerre

La tragédie du Karabagh arménien et la faillite de la Gauche en France

Qui est à la hauteur ?

Les Arméniens de France sont aujourd’hui littéralement en panique. Dans tout le pays, des tribunes et des protestations se sont multipliées pour tenter d’alerter et d’obtenir une réaction des autorités de l’État français sur la question du blocus de du Karabagh arménien, qui se poursuit toujours, aggravant de manière dramatique la situation humanitaire de la population civile arménienne dans ce qui est désormais une enclave pratiquement coupée du monde.

La panique des Arméniens est d’autant plus tragique que les efforts ne sont pas ménagés pour tenter de « faire quelque chose », et cela a tous les niveaux. Ce qu’il y a de frappant, et de révoltant, c’est le niveau politique incroyablement faible de toute cette mobilisation. C’est une peine que de le dire, mais il faut bien le dire franchement : les Arméniens de France ne sont pas au niveau des exigences de l’époque. Mais cela reflète aussi, et peut-être même surtout, la faiblesse idéologique de la Gauche en France.

À lire les tribunes, à suivre les prises de positions, on ne voit rien qui mériterait d’être salué. Nulle part, la situation n’est reliée à la Crise en cours, à la tendance à la guerre qui dresse les puissances du capitalisme les unes contre les autres. Nulle part il n’est fait mention de fraternité entre les peuples, de franche condamnation du nationalisme. Nulle part un élan de masse ne s’organise en essayant notamment de lier de manière démocratique et populaire Arméniens et Turcs face à cette agression.

Tout au contraire, tout s’aligne sur les positions orientalistes de la France. Sur les pires même de ces positions. L’Arménie et le Karabagh arménien sont présentés dans les médias comme des îles, noyés dans une mer d’hostilité, et si l’Azerbaïdjan est dénoncé, ce n’est même pas comme un régime réel, mais comme une hallucination de la tyrannie orientale la plus caricaturale, avec l’islam comme soubassement menaçant. Rien n’est dit concrètement et de manière documentée de la nature nationaliste et profondément raciste du régime, qui ne fait pourtant pas beaucoup d’efforts pour masquer sa haine des Arméniens.

Que les autorités françaises expriment ce genre de discours, tout en abandonnant le Karabagh arménien à son sort, cela ne peut surprendre sérieusement personne. Mais quelle honte que les Arméniens de France tombent dans un tel panneau.

Cela pourtant n’est pas non plus bien étonnant. Depuis l’indépendance de l’État arménien et la sécession du Karabagh arménien, la ligne qui s’est de fait imposée au sein de la minorité nationale arménienne en France se résume à ces quelques points élémentaires :

  • L’URSS n’a été qu’une parenthèse malheureuse dans l’histoire des Arméniens. Toute mention à la RSS d’Arménie doit être rejetée.
  • Staline est le complice du panturquisme, le fait d’avoir « donné » le Karabagh arménien à l’Azerbaïdjan le prouve.
  • On ne peut ni ne doit défendre l’existence d’une nation arménienne en Azerbaïdjan.
  • Le Karabagh doit être appelé Artsakh et se rattacher à l’Arménie.

La totalité de ces points sont des erreurs et des mensonges monstrueux. Point final. Il n’y a aucun débat possible sans rejeter catégoriquement ces idioties mensongères. On ne peut pas les qualifier autrement.

En se coupant de l’héritage objectif de l’URSS, les Arméniens de France se sont fabriqués une image subjective, pour ne pas dire une hallucination : celle d’une Arménie de théâtre, flottant au-dessus de son environnement historique. Cette vanité a participé objectivement à anéantir la nation arménienne d’Azerbaïdjan, jusqu’à la tragique situation de son dernier réduit du Karabagh. Les Arméniens de France, tout occupés à entretenir une Arménie fantasmagorique n’ont rien produit qui puisse s’opposer à la furie génocidaire du nationalisme de Bakou, sinon pour dire qu’il faut séparer les Arméniens des Turcs, et donc valider le nationalisme qui les anéantissait…

De fait, les Arméniens, et notamment en France, ont inlassablement servi la soupe au nationalisme turc ces 30 dernières années, tout simplement parce qu’ils ont cru que leur propre nationalisme serait plus fort, sur la seule vertu de leur propre vanité à croire en la justice immanente de leurs préjugés.

L’Histoire est venue fracasser ce rêve mythomane, sidérant les Arméniens stupéfaits, qui redécouvrent le réel dans la dictature des faits imposée par la Crise du capitalisme de notre époque et la tendance meurtrière à la guerre pour le repartage du monde qui l’accompagne.

Il y aurait encore quelque chose de digne à le reconnaître maintenant, car c’est là l’exigence historique qui s’impose aux Arméniens, ils doivent sublimer leur propre souffrance, leur propre histoire tragique non dans le romantisme halluciné du nationalisme et de ses préjugés chauvins flatteurs et mensongers, mais dans l’héroïsme de l’affirmation de la nécessité du front populaire et démocratique le plus large possible face au nationalisme et à la tendance à la guerre.

Mais jusque-là, les Arméniens ne font que répéter et ressasser la même antienne, trouvant dans certains secteurs de la Droite un relatif public, au fond tout aussi fatigué finalement d’entendre la litanie anti-soviétique et catholique-nationale qui flatte néanmoins son propre ego idéologique sur l’Orient. Le discours est là, mais il est devenu une distraction pour la Droite atone, qui cédant de plus en plus à l’atlantisme par peur de la bascule dans la Crise, se détourne même de son héritage national-romantique. On voit bien à quel point toute la triste agitation arménienne ne suscite pour autant aucun élan, fut-il romantique-légionnaire. La zombification est totale. Le dépit et le désarroi des Arméniens aussi.

Pourtant, face à la propagande nationaliste de Bakou, qui mobilise de manière formelle des slogans écologistes qui paraissent aussi ridicules que forcé, mais qui alimentent la volonté génocidaire de purification ethnique en assimilant directement les Arméniens à la pollution, il y aurait à dire pour la Gauche.

De même, la volonté d’écrasement culturel, en appelant Stepanakert, la capitale du Karabagh arménien du nom turc artificiel de « Xankandi », balayant au passage justement le passé soviétique de l’Azerbaïdjan (c’est-à-dire la composante arménienne de la nation azerbaïdjanaise), devrait soulever la Gauche française. D’autant que la question arménienne en France a une longue tradition démocratique au sein de la Gauche, comme l’illustre notamment le roman Les Quarante Jours du Musa Dagh (paru en 1933).

Mais sur ce sujet comme sur celui de l’Otan, sur celui l’Ukraine et plus généralement sur la question de la guerre comme tendance historique, la Gauche française montre à quel point elle est idéologiquement larguée. Et nulle sur le plan culturel. Pire même, qu’elle ne parvient au mieux qu’à s’aligner sur le gouvernement sur ces sujets, ici en abandonnant à son sort le Karabagh arménien tout en protestant avec une mollesse formelle, ou alors, et le plus souvent, à ne rien dire face aux récupérations de la Droite.

Les partis de la Gauche institutionnelle ne font ainsi que s’aligner sur le gouvernement, en soulignant un peu plus nettement la question humanitaire en jeu et la nécessité de protéger au moins la population civile. Mais sans donner à cette question la moindre profondeur, sinon idéologique, du moins politique.

Ceux de l’extrême-gauche baissent la tête face à la Droite, n’ayant en fait rien à dire car n’ayant pas été capable de produire une analyse sérieuse et documenté de ce conflit en particulier et de la tendance à la guerre en général. À titre d’exemple, sur le site du NPA, si on tape « Karabagh » ou « Azerbaïdjan », on ne trouve aucun article depuis 2020… et encore cela pour y lire, dans un des moins inintéressants intitulé « la haine et ceux qui la parrainent » (qui résume en soi la lecture trotskiste du nationalisme comme « mafia ») : « Nul ne peut dire quel engrenage au juste a mené là ».

Et bien si justement, des gens le peuvent. C’est même là très exactement un critère qui permet de caractériser un engagement authentiquement révolutionnaire de l’imposture superficielle et creuse. Cela montre l’importance qu’il y a à s’engager autour d’agauche.org pour ne pas se perdre et rater le train de l’Histoire.

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Guerre

Le ministre français des Armées à Kiev pour continuer la guerre contre la Russie

La France est en guerre.

La visite du ministre français des Armées Sébastien Lecornu à Kiev mercredi 28 décembre 2022 ne consistait pas simplement en du symbole et des prises de photo. Il était là pour préparer la guerre, ou plutôt la continuation de la guerre contre la Russie en 2023.

C’est un fait, l’Otan, et donc la France, s’oppose directement à la Russie, en se servant de l’Ukraine et surtout des Ukrainiens. C’est un mensonge de dire que la France ou l’Otan aident l’Ukraine. C’est plutôt l’inverse, le peuple ukrainien sert de chair à canon pour les occidentaux, et la nation ukrainienne, dont ils se moquent éperdument, n’est qu’un prétexte.

Le régime corrompu et nationaliste en Ukraine raconte littéralement n’importe quoi sur l’Histoire, les faits, les gens, mais peu importe, ou plutôt : tant mieux. C’est très utile pour la guerre, et c’est exactement ce que vient chercher la France en Ukraine.

Alors la France a déjà fourni à l’armée ukrainienne 18 canons Caesar de 155 mm d’une portée de 40 km montés sur camion, des missiles antichar et anti-aérien, des véhicules de l’avant-blindé (VAB), des lance-roquettes et des batteries de missiles Crotale. Cela sans compter le renseignement militaire (crucial pour la guerre) et la formation militaire, dont on ne sait pas grand chose.

Mais cela ne suffit pas et le ministre est venu s’enquérir personnellement des nécessités ukrainiennes pour 2023.

« Il y a des sujets techniques à aborder et j’ai souhaité être présent pour comprendre leurs besoins. »

En l’occurrence, il s’agit surtout des moyens de défense anti-aérienne à laquelle entend participer la France.

« La défense sol-air, c’est un radar, un dispositif de tir et un poste de commandement. Chacun peut apporter un morceau. »

L’Ukraine, qui considère la France comme un père Noël à qui il faut faire sa liste de cadeaux, fait de son côté des demandes très précises. Elle voudrait le radar de détection GM200 de Thales, qui en détient un exemplaire en stock. Elle demande également des radars de détection acoustique français.

Surtout, l’Ukraine voudrait des systèmes Mamba, ceux-là même qui protègent les bases nucléaires en France. L’Italie, qui co-produit les Mamba, a déjà affirmé sa volonté d’apporter des pièces en ce sens.

Le père Noël français n’apporte pas que des cadeaux, il y a aussi les chèques cadeaux pour faire directement les courses. Le Parlement français, mobilisé pour la guerre, a décidé d’un fonds de soutien de 200 millions d’euros pour l’Ukraine permettant de passer commande directement avec des industriels français.

Si les Français sont si généreux pour aider les Ukrainiens à se massacrer avec leurs frères russes, c’est évidemment parce qu’ils veulent des résultats. L’administration ukrainienne est jugée trop lourde et trop lente par la France, d’après le Figaro, alors ce fond de soutien est destiné à aller plus vite, pour encore plus faire la guerre.

L’autre sujet de la visite du ministre français était la question de la maintenance. Notamment, les canons Caesar qui s’usent beaucoup.

Certains dégâts deviennent sérieux sur les Caesar.

Il y a déjà un canon hors d’usage, d’autres en maintenance pour les tourelles ou les tubes.

Le ministre ukrainien Oleksiy Reznikov a pour cela demandé à son homologue français davantage de coopération avec les entreprises françaises pour faciliter les réparations directement en Ukraine, sans passer par la Pologne.

La France est donc en guerre, concrètement et indiscutablement en guerre contre la Russie, dans l’indifférence totale de la population française. C’est une véritable catastrophe, qui ne peut avoir pour autre résultat que la troisième guerre mondiale, qui est à la fois à venir, et en même temps a déjà commencé.

D’ailleurs, le même jour, les ministres turc et syrien de la Défense se sont entretenus avec leur homologue russe à Moscou. Il était officiellement question de la Syrie et de la crise concernant les réfugiés. En arrière plan, il y a surtout la constitution nette de blocs, de deux blocs bien définis, amenés à s’affronter. Comme lors des précédentes guerres mondiales.

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Société

Coupe du monde 2022 : défaite morale de la France

Les audiences ont été massives, le boycott inexistant.

L’équipe de France de football a perdu la Coupe du monde de football 2022, mais la France a perdu bien plus : son âme, et son esprit. La France, les Français, ont choisi de vendre leur âme au diable qatari sans aucun scrupule, ils ont choisi d’avoir mauvais esprit. Rien ne semble pouvoir arracher les Français à leur train-train quotidien, eux qui mangent allègrement dans la soupe capitaliste, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

L’attribution de cet événement au Qatar avait pourtant provoqué un haut-le-cœur en France, en tous cas chez les gens ayant une morale. Déjà, car c’était évidemment le fruit d’une corruption, le dossier qatari auprès de la Fifa ne valant rien. Le pays est minuscule (la taille de la Corse, dont du désert), il n’y a pas de culture populaire liée au football, il n’y avait qu’un seul stade dans le pays.

Tout cela n’avait aucun sens, et il a fallu l’intervention directe notamment de Nicolas Sarkozy, très proche du régime au pouvoir au Qatar, pour que ce lamentable spectacle puisse avoir lieu. Contre toute attente, l’ancien footballeur français Michel Platini, habilité à voter pour l’attribution de ce mondial, avait alors choisi le Qatar, expliquant ensuite que le président français le lui avait demandé.

C’est odieux, et rien que pour cela il y avait en France l’obligation morale, politique et culturelle, de boycotter l’événement. Au nom du refus de ces gens ultra-riches et puissants façonnant le monde à leur manière, selon leurs intérêts, contre toute démocratie.

D’ailleurs, le Qatar correspond tout à fait à ce que les bourgeois nomment habituellement une dictature. Mais comme le Qatar est ami de la France bourgeoise, alors il n’est jamais dénoncé comme dictature. Quand on voit avec quel acharnement il est dénoncé la Russie, qui a pourtant une constitution, un parlement, des élections…

Il n’y a rien de tout cela au Qatar, qui est dirigé entièrement par une famille faisant la pluie et le beau temps, comme au début Moyen Âge avec les seigneurs locaux dans les coins reculés. C’est la charia, la loi islamique, qui prime sur place (en tous cas officiellement, car les élites du régime ne se gênent pas pour mener une vie de débauche en occident). Le Qatar est également très connu pour être un grand financeur de l’islamisme dans le monde, y compris en France, via notamment les Frères musulmans.

Mais ce n’est pas tout, puisqu’une fois les choses lancées, il y a eu de nombreuses autres raisons pour rejeter ce mondial abject. Parce que le Qatar a fait construire des stades immenses qui ne serviront à rien (voir notre article), parce que de la climatisation y a été installée dans l’idée, à l’origine, de jouer les matches par minimum 40°C.

Et puis il y a eu la question de l’exploitation des travailleurs sur les chantiers, des immigrés servant dans des conditions effroyables à un rythme endiablé et avec une pression maximale, tout cela pour servir quelques milliers de futurs touristes du ballon rond qui n’auront été présents sur place qu’un mois à peine.

Il y a même eu le service public français y mettant du sien, tellement c’était odieux, pour dénoncer ces conditions de travail avec des reportages à heure de grande écoute. On pouvait se dire qu’il se passerait quelque chose, que la France allait exister, qu’un esprit français, à la fois rationnel et « rentre dedans », plein de panache, allait prendre le dessus, que la Coupe du monde serait boycottée par beaucoup de gens non dupes de ce sinistre spectacle.

C’est exactement le contraire qui s’est produit. Les audiences ont été excellentes, les voix du boycott inaudibles. La chaîne BeIn sport (qui appartient au Qatar) revendique un demi-million d’abonnés supplémentaires en France liés à l’événement. Lors de la demi-finale de la France contre le Maroc, il y a eu 21 millions de téléspectateurs selon Médiamétrie, presque autant que lors du record absolu qui a même probablement été battu dimanche après-midi, le 18 décembre, pour la finale France – Argentine.

Tout est dit avec ce discours triomphant de l’horrible Grégoire Margotton, commentateur, interviewé par le tout aussi lamentable TV magazine à l’occasion de la finale.

« Les chiffres d’audience sont stratosphériques. Au regard des appels au boycott, et des polémiques qui ont ponctué l’avant-compétition, vous attendiez-vous à de tels résultats?

Je ne m’attendais à rien du tout. Ce que je savais intimement, c’est qu’à partir du moment où le ballon commencerait à rouler, les téléspectateurs regarderaient.

Même si on a une conscience politique et philosophique, même si on sait dans quel contexte cette Coupe du monde a été attribuée et dans quelle condition elle se déroule, on ne va pas faire porter aux footballeurs le poids et la responsabilité de tout cela.

On est chez soi, avec des copains, on attend cet événement tous les quatre ans et on a le droit de profiter d’un match sans mauvaise conscience. Le boycott télévisuel, je n’y croyais pas une seule seconde.

Après, ça n’empêche pas de parler du Qatar. On continuera à souligner les choses négatives, mais on peut aussi souligner les points positifs dans l’organisation de cette compétition. »

Voici donc la réalité du pays. Le capitalisme n’est plus du tout conquérant en France, il est absolument et entièrement installé, solidement implanté dans les corps et les esprits.

Il n’y a plus de place pour la réflexion et la rebellion, le pays est d’un conformisme hallucinant et d’une apathie déconcertante.

L’absence d’un mouvement de boycott est un échec moral monumental qui laissera des traces dans les années à venir. Il y a tout à reconstruire pour la Gauche, et chaque jour qui passe fait qu’il faut partir d’encore plus loin. Il n’y a franchement plus grand-chose à garder de cette France en dessous de tout et de ces Français minables.

La crise et la crise elle seule est en moyen de porter une dévastation brisant cet édifice – c’est de là qu’il faut partir stratégiquement pour aller à la victoire du Socialisme.

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Guerre

Le président turc menace de frapper… Athènes

La Turquie pourrait tirer un missile sur la capitale grecque.

Le 17 décembre 2022, la Grèce a bouclé son budget 2023. Le ministre de la défense de la Grèce, Nikos Panagiotopoulos, a expliqué à cette occasion qu’il était très satisfait de la situation militaire de la Grèce.

Le budget militaire est passé de 3,35 milliards d’euros en 2020 à 5,44 milliards en 2021, 6,39 milliards en 2022, et sera de 5,65 milliards en 2023.

Selon lui, la Grèce est désormais en position de force par rapport à la Turquie, dont il décrit l’agressivité comme « pré-électorale », mais également comme portant des « éléments d’objectifs politiques révisionnistes stables dans notre région ».

Il y a là un événement de la plus grande portée, car en admettant que cela soit vrai, cela montre bien que l’analyse que nous faisons d’une Turquie avec le doigt sur la gâchette est tout à fait juste. Pour la Turquie, c’est maintenant ou jamais, comme en témoigne l’affaire qui a précédé l’annonce du ministre grec de la défense d’une « supériorité » grecque.

À l’origine, il y a une fuite dans la presse turque, en tous cas c’est officiellement présenté comme une fuite, à propos du missile Tayfun développé par la Turquie. L’agence de presse Demirören News Agency a montré les images d’un essai en commentant la réussite de celui-ci. La cible aurait été atteinte à une distance de 561 kilomètres en 456 secondes seulement, soit moins de 8 minutes.

Le tir aurait eu lieu le 18 octobre 2022, depuis un tracteur-érecteur-lanceur positionné à Rize, sur les bords de la mer Noire. Réelle ou fictive, cette « fuite » dans la presse a en tous cas été très à propos, puisque le président turc s’est saisi de l’occasion pour menacer la Grèce comme jamais. Le 11 décembre 2022, Recep Tayyip Erdoğan a ouvertement menacé de frapper la capitale grecque avec ce missile balistique puissant.

On ne parle pas là d’allusion, de sous-entendu, ou même de simples avertissements pour la forme. Ce qu’il a dit est on ne peut plus concret, furieusement belliciste.

« Nous avons maintenant commencé à produire nos propres missiles. Cela effraie les Grecs, bien sûr. Quand vous dites ‘Tayfun’, les Grecs ont peur. Ils se disent qu’il pourrait frapper Athènes.

Et cela pourrait arriver si vous ne gardez pas votre calme. Si vous essayez d’envoyer sur les îles les armes que vous avez reçues des États-Unis, dans ce cas, un pays comme la Turquie ne va pas se contenter de ramasser des poires : il va faire quelque chose. »

Quand il parle des îles, il faut comprendre les îles de la mer Égée que nous avons régulièrement évoquées ici. Les lecteurs désireux d’en savoir plus peuvent par exemple lire cet article : La France pousse la Grèce à la guerre contre la Turquie

Toujours est-il que de tels propos sont loin d’être anecdotiques. On parle là d’un pays menaçant de frapper tout azimut la capitale d’un autre pays. C’est-à-dire que même la Russie n’a jamais employé un tel langage à propos de Kiev avant de lancer son offensive !

Et surtout, il faut lire entre les lignes pour comprendre la portée de ces propos. Le président turc parle ici des armes américaines, alors que la Grèce est dans l’Otan (l’alliance américaine) tout comme la Turquie. Le propos vise donc tout autant les États-Unis et l’Otan en général, que la Grèce.

La Turquie dit ici au bloc américain : maintenant il va falloir définir très vite et très clairement les camps, car nous ne lâcheront rien face à la Grèce et si vous l’aidez, nous ferons immédiatement partie du camp d’en face.

C’est la logique des blocs : il est évident que la Turquie, dans ses visées expansionnistes, entend bien profiter de la guerre mondiale pour mener à bien ses plans. Pour cela, peut importe qu’elle choisisse le bloc américain ou le bloc chinois, elle prendra ce qui est le plus conforme au moment venu.

Bien entendu, la Grèce est immédiatement montée au créneau par la voix de son chef de la diplomatie, Nikos Dendias. A ses collègues européens, en fait surtout de l’Otan, il a dit :

« La menace d’une attaque de missile contre la Grèce proférée par un allié de l’Otan est à la fois inacceptable et tout à fait condamnable. Les attitudes de style nord-coréen ne peuvent et ne doivent pas être tolérées par l’Alliance. »

Mais aucune réaction n’est venue du côté européen, ni du côté de l’Otan, ni du côté américain. Cela en dit très long sur la situation mondiale. Pour l’instant, les États-Unis ne sont pas encore prêts à lâcher la Turquie dans le camp d’en face, alors la Turquie va en profiter à fond.

Et comme la Grèce, de son côté, est elle aussi tout autant furieusement anti-turque, belliciste, les choses vont aller de mal en pis, jusqu’à l’explosion inévitable. C’est une immense escalade guerrière de plus entre les deux pays, qui sont à couteaux tirés, prêts à se lancer dans la guerre mondiale pour le repartage du monde. En pratique, la 3e guerre mondiale pour le repartage du monde a déjà commencé.

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Guerre

Karabagh arménien : dernier acte de la tragédie

La nation arménienne d’Azerbaïdjan est la première à s’effondrer dans la guerre pour le repartage du monde.

« Kürte dedi anneannem, kalbin dilidir.
Türkçe, müziktir. Bir sarap deresi gibi akar, yumusak, tatli, parlak.
Bizim dilimiz, dive bagirdi acinin dilidir.
Ölümü tattik hep ; dilimizde nefretin, acinin yükü var.

Le kurde, disait ma grand-mère, est la langue du cœur. 
Le turc est la musique. Il coule comme un flot de vin, doux, sucré, brillant. 
Notre langage est le langage de la douleur,
Nous avons toujours goûté la mort ; Il y a un fardeau de haine et de douleur dans notre langue. »

William Saroyan

On ne peut qu’être saisi d’horreur et de rage devant la barbarie régressive que le régime de Bakou mobilise pour figer les masses d’Azerbaïdjan dans la haine contre les masses arméniennes, spécifiquement celles du Karabagh.

Ces derniers jours en effet, le régime de Bakou a organisé une mobilisation « citoyenne » pour bloquer complétement la population civile du Karabagh. À l’heure actuelle, la population civile, y compris des dizaines de milliers d’enfants, de personnes âgées fragiles, se retrouve littéralement coupée du monde, sans approvisionnement énergétique, voire sans eau potable dans certains secteurs. 

Le tout face à des activistes haineux et chauffés à blanc dans leur haine de la seule existence d’Arméniens dans ce qui est considéré comme une « terre turque », avec en arrière-plan une armée azerbaïdjanaise en alerte prête à une éventuelle escalade. On voit par exemple sur la photo servant ici d’illustration des personnes devant un poste de l’armée russe dans le « couloirs de Latchine reliant le Karabagh à l’Arménie, faisant de leurs mains un signe de ralliement ultra-nationaliste censé miner la tête d’un loup (un animal totémique et généalogique dans la mythologie raciste pantouranienne).

Ce faisant, le régime azerbaïdjanais réalise trois objectifs allant dans la même direction de sa propre fuite en avant nationaliste :

  • Il contourne la question d’une agression militaire directe ou même d’un blocus militairement organisé, en laissant croire à qui le voudra que cette agression est une expression libre de citoyens. Quand on connaît l’état de la société civile en Azerbaïdjan, écrasée par la corruption et la répression, il est évident qu’une telle opération n’a rien ni de populaire, ni de démocratique sur la forme.
  • Il oppose à l’armée russe présente sur place ou même aux puissances occidentales qui ont formellement protesté de ce blocus une apparente masse de civils, piégeant les uns dans l’impossibilité pratique d’une réaction militaire frontale et les autres dans leurs propres contradictions, puisque ni la France ni même les États-Unis ne sont en mesure de dénoncer le régime de Bakou comme un régime nationaliste ultra-chauvin, raciste à visée génocidaire, corrompu et corrupteur d’ailleurs aussi de secteurs non négligeables d’organes politiques, culturels (notamment des universités comme par exemple la faculté de Lettres de l’Université de Haute Alsace à Mulhouse), ou médiatiques en France particulièrement. Même si sur ce plan, la corruption d’organes français est moindre qu’au Royaume-Uni ou en Suisse notamment.
  • Il piège les masses azerbaïdjanaises en organisant un reflet de leur supposé chauvinisme, envoyant là un message de propagande censé paralyser toute opposition interne, en montrant des masses plus ultras que le régime qui ne fait que suivre, voire même « calmer » les penchants « naturellement » nationalistes fous furieux du peuple.

Le message envoyé aux Arméniens du Karabagh est sans équivoque pour qui pouvait encore douter du sort réservé à ces derniers par le régime d’Ilham Alyev. Officiellement, il est considéré que les Arméniens pourront éventuellement rester au Karabagh, mais selon toute une série de « conditions » : notamment ne pas avoir porté d’armes dans une armée « arménienne » et ne pas avoir circulé sans autorisation vers l’Arménie. Autant dire que très concrètement, aucune famille arménienne ne pourra rester au Karabagh.

Mais si tout cela n’était pas clair, les hordes de manifestants appelant à vider le Karabagh des Arméniens y vivant offre un avant-goût de ce qui attendrait les éventuels Arméniens qui voudraient demeurer au Karabagh une fois celui-ci sous occupation du régime.

Que valent dans ce cas les protestations françaises et américaines ? Rien. Ou si peu, quand on voit que la position officielle de ces États est de toute manière très ouvertement de laisser Bakou réoccuper le Karabagh, en exigeant simplement une façon le moins tragique possible de le faire. Et au fond, c’est exactement ce que fait Bakou. La population arménienne est en voie d’effondrement au Karabagh depuis 2020, ainsi que nous l’avions annoncé dès le début, et cela avec la complicité objective totale de pays comme la France.

Lire aussi : https://agauche.org/2020/11/14/la-cisjordanisation-du-karabagh-armenien/

Les Arméniens se retrouvent de nouveau seuls et face à leurs propres erreurs historiques dramatiques. Qui à part les gens écrivant sur agauche.org ont défendu en France la communauté culturelle des nations arméniennes et turques, ainsi que le proclame la poésie de William Saroyan, de Nâzim Hikmet ou la pensée d’Ibrahim Kaypakkaya, ainsi que l’illustrent la cuisine, la musique, la littérature de Nariman Narimanov et les milles et uns exemples unissant au-delà de tous les chauvinismes ces deux nations, et de celles-ci avec les autres nations d’Anatolie et du Caucase ? Qui à part les gens écrivant sur agauche.org a mis en avant l’héritage national des Arméniens d’Azerbaïdjan, qui aurait dû être défendu bec et ongle par les Arméniens et les Turcs de France ? Qui à part les gens écrivant sur agauche.org ont défendu la référence de la TransCaucasie soviétique des années 1920-1940 ?

Il y a presque un siècle, en décembre 1920, l’armée rouge venait au secours de la nation arménienne, alors déjà lamentablement dirigée par ses propres forces bourgeoises chauvines et en voie d’écrasement par le pantouranisme. C’est un État arménien réduit à une faible poche autour de Yerevan que l’Armée Rouge est venue libérer après avoir écrasé le pantouranisme en Azerbaïdjan. Le grand État soviétique a ensuite assuré à l’Arménie une République solide, et aux Arméniens d’Azerbaïdjan une reconnaissance nationale garantie. Voilà la base historique sur laquelle existent l’Arménie et l’Azerbaïdjan actuels.

Traduction : 

Le peuple ne vivait que d’espoirs, il gardait et élevait sa culture, et ses trésors recueillis sous les cendres des incendies. Des poèmes épiques se transmettaient de bouche en bouche, une poésie lyrique puissante et tragique se développait, l’architecture – sévère et grande – gardait son style, unique au monde.

  Le peuple arménien a été amèrement déçu lorsque l’espoir de libération qui avait éclaté après la révolution de février a été anéanti par la misérable trahison des dachnaks et des mencheviks.

     Et enfin, l’étoile à cinq branches de la liberté s’est levée sur l’Arménie !  Le peuple a pris le pouvoir entre ses mains !

Mais en 2022, aucune armée Rouge ne viendra cette fois à temps pour sauver les Arméniens du Karabagh. Plus personne ne peut maintenant grand chose face au tragique destin qui attend les populations arméniennes du Karabagh. Voilà la sombre réalité factuelle. Néanmoins, les révolutionnaires ne laisseront pas impunis tous ces fauteurs de guerre et tous les assassins de la parole qui découpent par leurs discours chauvins les masses en miettes afin de mieux les vendre aux puissances impérialistes, toujours prêts à mettre un drapeau dans les mains du premier abruti chauvin qui lève la main, ou de les perdre dans le funeste gouffre abominable de la guerre.

La tragédie arménienne sera vengée par la Révolution et la Fraternité internationale le jour venu. Nos articles seront nos premières archives quand le glaive du Droit démocratique se lèvera sur la nuque de tous les nationalistes criminels, c’est une des raisons pour lesquels nous les documentons minutieusement.

La Crise dans laquelle bascule le monde de l’époque du capitaliste décadent emporte aujourd’hui sous nos yeux les Arméniens du Karabagh, comme elle emporte la nation ukrainienne, et comme demain elle pourra emporter la nation kurde de Syrie ou d’Irak. 

Cela doit être un signal à tous ceux qui entendent se dresser contre le fatal destin mortel du capitalisme et défendre la Culture, la Civilisation, l’Humanité pacifique en harmonie avec sa biosphère : il faut rompre, s’organiser, développer l’alternative à tous les niveaux de sa vie. Et se préparer à la grande lutte héroïque qui vient, dont nous seront les comptables devant l’Histoire et dont nous sommes responsables devant le futur.

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Restructurations économiques

Le lithium en Alsace, une catastrophe

C’est la restructuration du capitalisme vers l’économie de guerre.

De vastes opérations de restructurations industrielles agitent l’appareil de production français en Alsace autour de la question du lithium. Cette question est venue à travers celle de la géothermie, c’est-à-dire de la captation de la chaleur d’une poche de magma sous la surface terrestre dans des zones où la profondeur de ces poches est relativement faible, ce qui est le cas en Alsace, qui sur le plan géomorphologique est un morceau du vaste bassin d’effondrement rhénan.

L’exploitation des capacités géothermiques en Alsace a cependant une dimension toute autre, qui pour les capitalistes français est en fait l’aspect principal : c’est l’opportunité d’exploiter les eaux de profondeur, dont la teneur en lithium est ici particulièrement élevée. C’est notamment le cas en Alsace du Nord, où ce métal est présent aggloméré dans des roches volcaniques formée il y a près de 400 millions d’années. Il s’agit en fait un type de granit abondant dans le sous-sol, dans un vaste secteur autour de la petite ville thermale de Niederbronn.

Et les travaux de géothermie menés depuis plusieurs décennies ont permis de constater que les eaux géothermales avaient une teneur en lithium intéressante au plan industriel.

Présentée comme une énergie propre et abondante, la géothermie avait une relative popularité au sein des masses locales, mais tout a changé depuis l’échec catastrophique de Fonroche, ayant provoqué en décembre 2020 une série de 11 séismes en un mois frappant tout le nord de la ville de Strasbourg, et dépassant souvent une magnitude 3,5 sur l’échelle de Richter. Après de longs atermoiements, un arrêt administratif de la production et de toutes les activités sur le site, avait été décidé par la préfecture du Bas-Rhin.

> Lire aussi : https://agauche.org/2020/12/06/strasbourg-violent-seisme-cause-par-un-projet-industriel-geothermique/

La large émotion ayant alors agité les masses avait fait prendre conscience de l’enjeu du lithium dans la question. Les capitalistes ont donc provisoirement reculé, pour revenir depuis quelques semaines en ciblant une zone moins densément peuplée que l’agglomération strasbourgeoise.

L’entreprise en charge de cette nouvelle opération s’appelle de manière significative « Lithium de France », et elle développe une active propagande en direction des masses devant illustrer la capacité des industriels du capitalisme français à gérer correctement la question. Il est assuré déjà qu’il s’agit là d’une activité « décarbonée » sans que personne ne comprenne vraiment en quoi de manière concrète, mais surtout, il s’agit de paralyser les interrogations des masses sur les dangers environnementaux en rationalisant en apparence la technique mise en oeuvre par les industriels. Voici comment Guillaume Borel, le directeur de Lithium France a présenté cela :

« Pour l’instant, et c’est aussi une leçon retenue de Fonroche, on prend les choses les unes après les autres. On va se concentrer sur notre première centrale, et faire les choses proprement. C’est aussi un devoir moral vis-à-vis de la population. On doit montrer qu’on sait travailler de façon correcte et propre, avant d’envisager la suite. L’un des deux puits servira à remonter l’eau, afin d’en extraire son lithium, mais également ses calories. Car il s’agit de faire d’une pierre deux coups, et de permettre par la même occasion de chauffer des bâtiments industriels ou des serres agricoles dans un rayon d’une quinzaine de kilomètres. Ce sera comme une éponge sélective, qui ne va capter que le lithium, et ensuite, il ne restera plus qu’à rincer l’éponge. C’est un circuit fermé. Et ce n’est pas de l’eau de consommation, on est loin des nappes phréatiques. On veut s’assurer dès le départ que le procédé qu’on met en œuvre sera effectivement celui avec le plus faible impact environnemental »

« L’éponge » dont il parlé ici est en fait constituée de titanate de lithium, nécessitant en lui-même du lithium, dont la fabrication en masse sera assurée par des usines chimiques locales : GeoLith à Haguenau et Tronox à Thann. Tout cela est présenté comme relevant d’une technologie propre, sûre et fiable, mais s’il participe des profonds cycles équilibrant le sous-sol de notre biosphère en rapport avec sa surface, le lithium est justement un matériau extrêmement délicat à ramener à la surface terrestre.

Le lithium métallique réagit en effet autant avec l’azote, l’oxygène et la vapeur d’eau dans l’air. Par conséquent, la surface de lithium devient une mixture d’hydroxide de lithium (LiOH), de carbonate de lithium (Li2CO3) et de nitrure de lithium (Li3N). Or, le lithium d’hydroxide présente un risque potentiel significatif car il est extrêmement corrosif, en constituant donc une menace directe sur les environnements aquatiques et les organismes s’y étant développés. Le risque est donc considérable de fait, et l’exploitation industrielle sera forcément définitivement instable et dangereuse.

Mais la population doit donc ici se contenter bien lamentablement des assurances a priori de l’appareil industriel aux mains des monopoles de la bourgeoisie française pour se rassurer.

Le matraquage en faveur du lithium, malgré la méfiance croissante des masses, est à mettre directement en relation avec le vaste mouvement de restructuration de l’économie française, dans le cadre de l’Union européenne. On trouve là le projet industriel LIFE (LIthium For Europe), déclinaison de la tendance au « souverainisme industriel et numérique », devant couper l’appareil industriel européen de sa dépendance à l’égard des pays émergents, et désormais adversaires, avec la Chine comme cible de premier ordre, et de ses approvisionnements énergétiques extérieurs.

Cette restructuration est en elle-même entraînée par la Crise du capitalisme dans son mouvement en direction de l’économie de guerre, en ce qu’il s’agit explicitement de tenter d’assurer au capitalisme français une relative indépendance dans le cadre de l’Union européen, afin de l’élancer à nouveau contre les pays émergents, en restaurant sa capacité industrielle à être une puissance du capitalisme.

Il suffit d’ailleurs d’écouter le chantage qui est fait sur cette question aux emplois et à la souveraineté économique de la France, devant faire bloc dans le cadre de l’Union européenne contre ses rivaux capitalistes pour s’en rendre compte. Tout se met en place donc pour piéger les masses dans la fuite en avant du capitalisme dans son agression généralisée contre la Vie. Rien ne manque en fait avec cette question du lithium, ni le pillage et la destruction de la biosphère comme horizon économique, ni la volonté de paralyser les masses dans les exigences toujours plus furieuses du capitalisme en crise, ni la tendance à la guerre, en fait au centre même des dynamiques.

Le lithium des capitalistes n’est donc pas un miracle pour les masses qui leur assurera une énergie propre et abondante. C’est un piège à tout point de vue qui alimente la fuite en avant folle furieuse du capitalisme dans son impasse historique tragique. Et quand on sait en outre que le lithium fournit aussi un isotope permettant la fabrication d’armes nucléaires, on se dit vraiment que l’horreur est ici complète.

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Politique

Visite d’Emmanuel Macron aux États-Unis: la France fait allégeance

La soumission française est assumée.

La France ne pèse plus grand-chose sur la scène internationale et dans le capitalisme mondial. Elle est maintenant ouvertement une puissance secondaire, reléguée au rôle de subalterne de la superpuissance américaine dans son affrontement au bloc rival formé par la Chine.

Telle est la signification de la visite d’État d’Emmanuel Macron aux États-Unis du 29 novembre au 2 décembre 2022. Malgré ses faiblesses, la France parvient toutefois à se maintenir relativement pour trois raisons : elle représente un marché de consommateurs important, elle possède une armée relativement moderne et dotée de l’arme nucléaire et enfin elle dispose d’un siège au Conseil de sécurité de l’ONU.

Cela fait qu’elle reste incontournable pour les États-Unis, bien que le rapport soit entièrement déséquilibré. Ce qui prime, c’est que les États-Unis font ce qu’ils veulent et donnent le la sur tous les sujets, militaires, diplomatiques, économiques, etc.

On sait très bien par exemple que sur la question du gaz, ils ont littéralement planté un couteau dans le dos des Européens en faisant en sorte qu’ils soient coupés du gaz russe puis en leurs vendant du gaz à des prix exorbitants.

Pareillement, dans le contexte mondial de crise économique, la superpuissance américaine déploie un immense plan de renforcement de son propre capitalisme face à la concurrence mondiale, intitulé « Inflation Reduction Act » (IRA). On parle là de près de 400 milliards d’argent public pour les entreprises américaines, ce qui déséquilibre totalement la concurrence avec les autres capitalismes, notamment européens, alors qu’ils sont censés êtres alliés.

Emmanuel Macron l’a regretté, notamment auprès de parlementaires américains à qui il a demandé… d’être « respecté comme un bon ami », déplorant le fait que personne ne l’ait contacté quand l’IRA était en discussion. Il a ensuite clairement dit lors d’une interview à la télévision américaine que les États-Unis et l’Union européenne ne sont « pas sur un pied d’égalité » en raison de ces subventions.

Mais qu’a obtenu Emmanuel Macron à ce sujet, après trois jours de visite et de congratulations mutuelles ? Absolument rien, car la France ne fait pas du tout le poids. La seule chose qui compte pour les États-Unis est que la France reste, en tous cas pour l’instant, un marché de consommateurs stable et surtout un partenaire militaire fidèle et docile.

A ce compte-là, Emmanuel Macron a entièrement rempli sa mission, en faisant totalement allégeance aux intérêts de la superpuissance américaine dans le cadre de la guerre mondiale pour le repartage du monde.

Renforcement militaire, soumission à l’armée américaine et alignement diplomatique totale sur la superpuissance américaine… Tel est le programme d’Emmanuel Macron pour la France. Voici un long extrait du communiqué commun du Président de la République française et du Président des États-Unis d’Amérique du 1er décembre 2022, qui exprime cette perspective de manière très claire et précise.

C’est un document incontournable, posant les bases de l’engagement militaire de la France auprès des États-Unis dans la 3e guerre mondiale.

« Les deux présidents sont déterminés à continuer d’œuvrer sans relâche pour une Europe unie, libre et en paix. Cela implique de continuer d’assurer la défense et la sécurité collectives de nos nations, notamment par l’intermédiaire de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), de recourir à une approche plus robuste, plus intégrée et plus cohérente pour renforcer la résilience, au niveau national et collectif, face aux menaces militaires et non-militaires qui pèsent sur notre sécurité, et de promouvoir la stabilité internationale pour répondre à l’ensemble des menaces actuelles.

Les deux présidents reconnaissent également l’importance d’une défense européenne plus forte et plus opérationnelle, qui contribue positivement à la sécurité transatlantique et mondiale et qui est complémentaire et interopérable avec l’OTAN.

Les missions et opérations sous conduite européenne, notamment en Bosnie et les actions de formation en soutien à l’Ukraine, contribuent de manière positive à la sécurité transatlantique.

Les deux présidents saluent la relation entre la France et les États-Unis dans le domaine de la défense et se félicitent de la déclaration d’intention signée le 30 novembre 2022 entre le ministre français des Armées et le secrétaire américain à la Défense, qui permettra de renforcer l’interopérabilité et la coopération dans les domaines de l’espace, du cyberespace, du renseignement et de la lutte contre les influences malveillantes.

Les deux présidents ont l’intention d’étendre la coopération en matière de défense dans les domaines des capacités avancées et des technologies essentielles qui joueront à l’avenir un rôle critique pour la dissuasion et la défense.

Ils se félicitent des avancées du dialogue stratégique franco-américain en matière de commerce militaire pour promouvoir des approches communes des questions liées à l’accès aux marchés et aux exportations militaires. La France et les États-Unis entendent poursuivre leur coopération pour améliorer l’efficience des procédures d’autorisation d’exportation dans le domaine de la défense, afin de développer des bases industrielles de défense plus solides et plus interopérables en Europe et aux États-Unis, pour améliorer les capacités militaires dans l’intérêt de l’Alliance.

Ukraine

Les deux présidents condamnent fermement la guerre d’agression illégale menée par la Russie contre l’Ukraine, et ils soulignent que cibler intentionnellement des civils et des infrastructures civiles constitue des crimes de guerre et que leurs auteurs doivent répondre de leurs actes.

Ils condamnent et rejettent également la tentative illégale d’annexion par la Russie de territoires ukrainiens souverains, en violation flagrante du droit international. La France et les États-Unis déplorent l’escalade délibérée de la Russie, notamment son discours irresponsable en matière nucléaire et sa désinformation au sujet de prétendues attaques chimiques ou de programmes d’armes biologiques ou nucléaires.

Les deux présidents réaffirment le soutien continu de leurs deux pays en faveur de la défense de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, notamment par l’intermédiaire d’une assistance dans les domaines politique, humanitaire, économique et de sécurité aussi longtemps qu’il le faudra.

Cela comprend l’envoi de ressources importantes pour soutenir la résilience civile ukrainienne pendant tout l’hiver, notamment l’accélération des livraisons de systèmes de défense aérienne et d’équipement nécessaire à la réparation du réseau énergétique ukrainien.

La France et les États-Unis ont l’intention de poursuivre leur travail avec leurs partenaires et alliés pour coordonner leur assistance, notamment lors de la conférence internationale qui se tiendra à Paris le 13 décembre 2022. Ils entendent également continuer de fournir à l’Ukraine un appui budgétaire direct et conséquent, et d’exhorter les institutions financières internationales à accroître leur soutien financier.

La France et les États-Unis réaffirment devoir respecter leurs obligations internationales en vigueur ainsi que les objectifs et les principes de la Charte des Nations unies.

Ils réaffirment également leur détermination inébranlable à ce que la Russie rende des comptes pour les atrocités et les crimes de guerre, dont l’existence est largement attestée, commis tant par ses forces armées officielles que par ses supplétifs, notamment les mercenaires du groupe Wagner et d’autres entités.

La France et les États-Unis soutiennent à cet effet les mécanismes de responsabilisation au niveau international, notamment la Cour pénale internationale, le parquet général ukrainien, la Commission d’enquête du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, le mécanisme de Moscou de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, les sanctions, et d’autres moyens.

La France et les États-Unis demeurent déterminés à lutter contre les conséquences plus vastes de la guerre menée par la Russie, notamment en œuvrant avec la communauté internationale pour renforcer la résilience face aux perturbations alimentaires et énergétiques.

Indopacifique

La France et les États-Unis, deux nations de l’espace indopacifique, renforcent leur partenariat dans la région en faveur de la prospérité, de la sécurité et des valeurs communes reposant sur l’ordre international fondé sur des règles de droit, la transparence de la gouvernance, les pratiques économiques justes et le respect du droit international, notamment la liberté de navigation.

La France et les États-Unis entendent accroître leur participation à la diplomatie, au développement et à l’économie dans la région dans le but de renforcer la résilience des îles du Pacifique.

Ils ont également l’intention d’accroître leur coordination pratique dans la région en matière de sûreté maritime. Les États-Unis entendent renforcer leur soutien et leurs contributions matérielles aux déploiements aériens et maritimes de la France et d’autres nations européennes dans la région.

Ils continueront de coordonner leurs préoccupations concernant la remise en cause par la Chine de l’ordre international fondé sur des règles de droit, notamment s’agissant du respect des droits de l’Homme, et de travailler de concert avec la Chine sur des enjeux mondiaux d’importance tels que le changement climatique.

Les deux présidents réaffirment qu’il importe de préserver la paix et la stabilité de part et d’autre du détroit de Taïwan.

Les deux chefs d’État condamnent également fermement le nombre sans précédent d’essais de missiles balistiques illégaux conduits cette année par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), qui violent plusieurs résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et qui menacent la paix et la stabilité régionales ; ils sont déterminés à poursuivre leur coordination au sein du Conseil de sécurité des Nations unies pour faire face aux violations commises par la RPDC.

Afrique

Les deux présidents réaffirment leur détermination à travailler avec les partenaires africains sur les priorités concernant la gouvernance partagée, la sécurité et l’économie sur le continent.

Ils soulignent l’importance des voix africaines au sein des enceintes multilatérales, notamment dans le cadre de la lutte contre des crises mondiales telles que le changement climatique, la réponse en cas de pandémie et la reprise subséquente, l’accès durable à l’énergie et l’insécurité alimentaire. Ils entendent soutenir les institutions démocratiques et les sociétés civiles en Afrique pour accroître la responsabilisation et la prestation des services de base.

Ils réaffirment leur appui conjoint à l’initiative de la Grande Muraille verte, menée par l’Afrique pour faire face à la crise du climat et de la biodiversité et qui contribue au développement durable, à la paix et à la sécurité dans les régions du Sahara et du Sahel.

La lutte contre la désinformation et le terrorisme sur le continent reste une priorité commune de la France et des États-Unis. Les deux pays entendent poursuivre leur étroite collaboration avec l’Union africaine et les organisations régionales pour faire face aux enjeux auxquels est confronté le continent et tirer parti des possibilités de développement du commerce et des investissements.

Moyen-Orient

La France et les États-Unis sont déterminés à œuvrer en étroite collaboration en faveur de la paix et de la prospérité au Moyen-Orient.

Les deux présidents se félicitent du lancement du forum du Néguev et du deuxième anniversaire de la signature des accords d’Abraham ainsi que de l’avancée historique que constitue l’accord entre Israël et le Liban délimitant leur frontière maritime conclu en octobre 2022.

Ils sont déterminés à déployer des efforts conjoints visant à exhorter les dirigeants libanais à élire un président et à mettre en œuvre des réformes essentielles. En tant que membres de la Coalition internationale contre Daech, ils demeurent attachés à maintenir les moyens et capacités nécessaires à la mission anti-terroriste en Irak et en Syrie.

La France et les États-Unis poursuivent leurs efforts visant à améliorer la situation humanitaire précaire à laquelle la population syrienne fait face, et à promouvoir un règlement pérenne et juste du conflit syrien. Ils continueront à coopérer avec leurs partenaires au Moyen-Orient et assureront le suivi de la conférence de Bagdad organisée en août 2021.

Les deux présidents expriment également leur respect envers la population de l’Iran, en particulier les femmes et les jeunes, qui manifeste courageusement pour obtenir la possibilité de jouir de ses droits et libertés fondamentaux que les autorités iraniennes se sont engagées à respecter et pourtant bafouent.

Ils demeurent déterminés à faire en sorte que l’Iran ne développe ni n’acquière jamais une arme nucléaire.

La France et les États-Unis continuent de travailler avec d’autres partenaires internationaux pour répondre à l’escalade nucléaire de l’Iran, à son défaut de coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), notamment concernant les questions graves et pendantes liées aux obligations juridiques de l’Iran en vertu de son accord de garanties dans le cadre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), et à ses activités déstabilisatrices au Moyen-Orient, en particulier la question urgente de ses transferts de missiles et de drones, y compris à destination d’acteurs non étatiques.

Ces transferts sont susceptibles de menacer des partenaires clés de la région du Golfe ainsi que la stabilité et la sécurité dans cette région, de contrevenir au droit international et de contribuer à présent à la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine.

La France et les États-Unis travailleront avec leurs partenaires pour accroître la coopération concernant l’application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies et la lutte contre ces activités.

Ils déploieront des efforts conjoints pour continuer à renforcer le cadre international visant à limiter la prolifération de missiles iraniens et de technologies liées aux aéronefs sans pilote dans la région et au-delà et pour améliorer les mesures concrètes visant à contrecarrer cette prolifération.

Dissuasion nucléaire, non-prolifération et désarmement

La France et les États-Unis réaffirment que la dissuasion nucléaire est essentielle pour leur sécurité nationale et constitue un élément clé des capacités générales de l’OTAN en matière de dissuasion et de défense.

Ils réitèrent le fait que l’objectif premier des capacités nucléaires détenues par l’OTAN est de préserver la paix, de prévenir la contrainte et d’éviter les agressions dirigées contre l’alliance.

Ils réaffirment l’importance du TNP ainsi que leur opposition au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires qui ne reflète pas le contexte international de sécurité de plus en plus difficile et ne correspond pas au régime existant de non-prolifération et de désarmement. En outre, la France et les États-Unis réitèrent leur appui à leur accord de défense mutuelle ainsi que leur intention d’élargir leur coopération technique couvrant de nombreux sujets en matière de réduction des risques stratégiques. »

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Politique

La « pomme rouge » et la propagande de guerre turque

Le bourrage de crâne mystico-eschatologique du régime turc emporte la Turquie vers l’Apocalypse.

En campagne pour les élections de novembre 2023, le président de la République de Turquie, Reccep Tayyib Erdoğan, a prononcé ce weekend devant une foule de plusieurs milliers de ses partisans à Konya. C’était un discours très offensif, exposant de manière très ouverte l’expansionnisme du capitalisme turc, de nature bureaucratique, qu’il incarne avec son parti, l’AKP. On traduit habituellement le nom de ce parti par « Parti de la Justice et du Développement », mais il y a aussi un jeu de mot à saisir, dans le sens où Ak signifie aussi « blanc » ou « pur », c’est-à-dire non corrompu, en langue turque.

Konya est une ville du centre de la Turquie, au cœur du dispositif politique de l’AKP dont elle est un bastion électoral, mais aussi une vitrine. La ville est en effet dirigée par l’AKP depuis le début de l’expansion de ce parti, elle a bénéficié d’investissements massifs pour la moderniser, en terme d’équipements urbains et de réseaux de transports. Par exemple, la ville a accueilli les Jeux panislamiques, rassemblant des sportifs de plus de 50 États, en août dernier et s’apprête à prendre la présidence à l’international de la CGLU, héritière de « l’Internationale des municipalités », fondée à Gand en Belgique en 1913.

Cette organisation d’orientation disons libérale-démocratique, très peu connue en France, participe de la propagande du régime turc à la promotion de ce qu’il appelle le « municipalisme islamique », qui est un des piliers de son idéologie nationale-conservatrice à dimension moderne.

Plus profondément encore, Konya occupe une place spéciale dans le folklore turco-islamique mis en place par l’État turc depuis le régime de Mustafa Kemal Atatürk, entre 1923 et 1938. Sous ce rapport, la ville est censée incarner la spécificité turque de l’islam anatolien, à travers la confrérie des « derviches tourneurs », relativement connue en France, et de la figure de Rumi, penseur islamique relativement syncrétique du Moyen Âge turc, surnommé en turc Mevlana, le maître à penser, le guide.

Mais Konya fut aussi la capitale du sultanat seljukide des Romains, fondé entre la victoire turque sur l’Empire byzantin à Mantzikert en 1071, et la conquête de l’Asie mineure par l’Ilkhanat turco-mongol de Perse au XIIIe siècle. Dans la propagande du régime turc actuel, ce sultanat est tenu pour le fondateur de l’État turc en Anatolie, sorte d’ancêtre de l’Empire ottoman et de la République de Turquie si on peut dire. D’ailleurs, la plus haute tour de la ville porte justement le nom de « Seljuk Tower », dominant de ses 163 mètres de haut un centre commercial, ce qui en somme veut absolument tout dire.

C’est donc dans ce cadre que Reccep Tayyib Erdoğan a chauffé à blanc ses partisans, n’hésitant pas à cibler ses adversaires politiques du CHP, le parti Républicain tenu pour incarner une sorte d’opposition de « gauche » aux islamistes nationaux-conservateurs de l’AKP, en les traitant ouvertement de traîtres à la patrie, de valets de l’Otan et de 5e colonne pro-PKK, alors même que l’armée turque est engagée justement dans une opération de bombardement des bases des combattants kurdes de Syrie, les YPG, alliés au PKK et considérés comme responsables de l’attentat qui a frappé Istanbul au début du mois de novembre.

Mais de manière plus significative, Reccep Tayyib Erdoğan a exposé de manière claire et ramassée l’idéologie expansionniste de son régime qu’il entend mettre en œuvre, dont voici les principaux points :

  • D’une manière générale, selon sa perspective, l’époque qui vient sera le « siècle de la Turquie » (Türkiye Yüzyılı), qui entend se tailler sa place dans le repartage du monde.
  • Cette expansion doit s’effectuer sur la base d’une politique industrielle et commerciale agressive que Reccep Tayyib Erdoğan définit par la formule : croissance par l’investissement, l’emploi, la production, les exportations, l’excédent du compte courant (yatırım, istihdam, üretim, ihracat, cari fazla yoluyla büyüme). Reccep Tayyib Erdoğan s’affirme ici absolument déterminé à poursuivre coûte que coûte cette expansion en poursuivant d’injecter encore plus de crédit et de liquidité dans l’économie turque malgré une inflation des prix ces derniers mois.
  • Cette expansion doit se manifester par la réalisation de grands travaux d’équipement, comme le monstrueux projet du Kanal Istanbul par exemple, devant relier la mer Noire à la mer méditerranée pour augmenter le trafic maritime. L’objectif est de moderniser la Turquie et la doter d’infrastructures en mesure d’en faire une puissance capitaliste complète.
  • Cette expansion doit aussi se manifester par une politique industrielle restructurant profondément l’appareil de production turc, afin de faire émerger des monopoles en mesure de s’élancer à la conquête des marchés émergents, et même de l’Europe, comme le sont par exemple Beko pour l’électroménager et comme est censé le devenir TOGG (pour « Cartel des industries automobiles de Turquie, Türkiye’nin Otomobili Girişim Grubu), présenté comme la première marque nationale automobile de Turquie, devant conquérir le marché de la voiture électrique en Europe.
  • Mais le fleuron principal de cette expansion telle que l’a présentée Reccep Tayyib Erdoğan est le secteur de la défense, devenu ainsi qu’il l’a souligné, national et indépendant à 80%, et désormais exportateur. Reccep Tayyib Erdoğan a très largement souligné le lien entre le développement de cette industrie, la croissance turque et l’expansion nationale de la Turquie, comme « puissance de l’islam », devant galvaniser les masses, les « 85 millions de turcs » que Reccep Tayyib Erdoğan veut élancer vers le futur qu’il imagine dans le cadre de l’expansion capitaliste bureaucratique turc, en faisant de la Turquie une puissance indépendante du capitalisme mondialisé, et en saisissant l’opportunité de la crise pour prendre agressivement le plus de poids possible.

Et pour que cette dernière idée soit la plus claire possible, il a martelé du début à la fin de son discours la force que donne à l’expansion militariste de la Turquie un des fleurons de son appareil militaro-industriel : les drones de la firme Baykar, fondée par un de ses soutiens industriels Ôzdemir Bayraktar.

Il a notamment mis en avant le nouveau modèle, le drone KIZILELMA, qui est en fait un avion de combat sans pilote, à la puissance de feu supérieure à tous les modèles précédents.

Cet appareil a été annoncé une première fois lors de la fête islamique du Sacrifice en 2021, pour une mise en service en 2023, après donc les élections et au moment surtout où la Turquie s’apprêtera à fêter le centenaire de la fondation de la République, dont Reccep Tayyib Erdoğan entend faire le point de départ de la refondation d’une nouvelle puissance turque, dans une perspective romantico-eschatologique.

D’où le nom de ce drone, dont le président turc a répété le nom et souligné le sens mystique : Kizil Elma signifie en effet « pomme rouge » en turc, et cela est devenu un symbole ultra-nationaliste très connu en Turquie, car il recycle une vieille légende turco-islamique, où les forces militaires turques sont censés faire la conquête de la « pomme rouge », qui était le surnom de Constantinople, en ce qu’il s’y trouvait, devant l’immense basilique Sainte-Sophie, devenue aujourd’hui la mosqueée Aya Sofya, une statue équestre de l’empereur romain Justinien tenant une pomme d’or, devenu rouge avec la patine du temps, et annonçant la future conquête du monde.

Saisissant cette pomme rouge, en abattant cette statue après la prise de Constantinople en 1453, le symbole est resté comme devant annoncer la chute des autres « pomme rouge » en Occident, Vienne et Rome.

L’imaginaire semi-féodal des nationalistes turcs modernes a fait de ce symbole une métaphore de l’expansionnisme agressif de la Turquie, comme devant s’imposer au monde pour accomplir la domination islamique dont la Turquie est le meilleur agent, en ciblant de manière oblique l’Occident, tout en ne le ciblant en fait pas formellement.

De fait le régime turc piège implacablement la Turquie dans les insurmontables contradictions qui la tiraillent historiquement depuis l’effondrement tragique de l’Empire ottoman et son entrée dans le mode de production capitaliste.

Prise dans les griffes de son propre chauvinisme, exprimé par son appareil militaro-industriel porté par la crise ouverte en 2020 qui semble lui laisser un espace, la Turquie est à un tournant de son Histoire. Son régime national-conservateur l’élance d’un pas ferme et décidé dans l’Apocalypse.

En face, la France et la Grèce sont prêts à l’affronter, eux-mêmes portés par la bataille pour le repartage du monde.

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Politique

« Une ligne populaire pour sauver la gauche »: diesel et barbecue

Un texte sans dimension.

Le député Philippe Brun et la sénatrice Laurence Rossignol, tous deux au Parti socialiste, proposent dans une tribune une «ligne populaire » avec l’objectif de sauver la Gauche. Il y a le constat, tout à fait évident et absolument pas nouveau, que la Gauche en France est coupée du peuple. Certes. Mais qu’ont-ils à proposer ? Les gilets jaunes !

C’est grotesque, car les gilets jaunes non seulement sont dépassés depuis longtemps, mais surtout n’ont rien à voir, ni de près, ni de loin, avec ce que doit être la Gauche. Ni d’ailleurs avec le peuple français. Mais pour le voir, il faut une vision du monde, il faut vouloir le Socialisme et pas un républicanisme vaguement démocratique et social, et encore moins un plébéianisme délirant à la sans culottes version beauf 21e siècle.

Cela renvoie d’ailleurs directement à une autre question, essentielle : celle des valeurs. De ce côté là, c’est le néant pour ces parlementaires PS cherchant un « ligne populaire ».

Tout est dit dans ce passage :

« Ce n’est pas en accusant les classes populaires, la viande de leur barbecue et le diesel de leur véhicule qu’elles s’impliqueront davantage. »

Et bien justement, si ! La voiture diesel et la viande du barbecue, voilà parfaitement identifié des ennemis de classe. Des ennemis de l’intérieur, dans les mentalités, car c’est bien là toute l’expression du capitalisme français du 20e siècle qui a intégré le prolétariat pour le désintégrer de l’intérieur.

Il n’y aura jamais de ligne populaire sans une révolution culturelle contre le diesel et le barbecue. Et il n’y aura jamais de Gauche avec les gilets jaunes, qui sont précisément une expression du diesel et du barbecue.

Voici la tribune en question, qui a initialement été publiée sur le site Libération, en version payante… Ce qui est pour le moins étrange quand il s’agit de proposer une « ligne populaire ».

« Une ligne populaire pour sauver la gauche

L’alliance de la Nupes était nécessaire, mais pas suffisante. Seule une refondation profonde de la gauche, appuyée sur les revendications des gilets jaunes, lui permettra de défendre à nouveau des intérêts de classe.

La montée continue de l’extrême droite doit inquiéter toute femme et homme attaché à la République. Face à ce danger, l’accord de la Nupes a été une bouffée d’oxygène pour les électeurs de gauche.

Il a permis, dans le nouveau paysage tripolaire, l’élection de députés que la division aurait éliminés. Il a aussi corrigé les trajectoires respectives du PS et de LFI : le PS restait coupable de l’élection d’Emmanuel Macron et des hésitations de nombre de ses dirigeants en 2017, et LFI avait largement théorisé la fin du clivage droite-gauche au profit du clivage peuple-élite.

Nous sommes nombreux à redouter l’échéance de 2027. Entre les élections législatives de 2017 et de 2022, la gauche a gagné moins de 10 000 voix. Et l’extrême droite, 2 millions. Rien ne permet d’imaginer que, depuis juin, les courbes auraient changé de trajectoire.

La seule alliance des partis ne permet pas de créer une dynamique susceptible de changer véritablement les rapports de force qui se sont installés dans le pays. Etre de gauche n’est une fierté que pour environ 25 % des Français.

Nous avons tout livré à l’extrême droite : travail, nation, justice, laïcité, civisme. Elle les instrumentalise comme elle l’a fait tout au long de son histoire en répétant le même schéma : s’opposer, salir, puis récupérer les conquêtes des autres à son compte.

La défense de la République est confisquée par ceux qui la traitaient de «gueuse» jadis, la laïcité

par ceux qui veulent inscrire les racines chrétiennes de la France dans la Constitution, la sécurité par ceux qui la réduisent aux faits divers et le travail par ceux qui refusent qu’il soit rétribué à sa juste valeur.

L’état d’urgence démocratique nous impose d’aller convaincre les classes populaires et moyennes perdues. Seule la promesse d’un avenir meilleur pourra les empêcher de voter à l’extrême droite.

Nous appelons «ligne populaire» cette stratégie qui vise à retrouver ce Assemblée pourquoi la gauche a été créée : défendre ceux qui n’ont que leur travail pour vivre. L’élection d’Emmanuel Macron, sur une base sociale minoritaire, a relégué la majorité sociale aux marges de notre pays.

Les ouvriers, employés, caissières, travailleuses du lien, travailleurs de la manutention et de la logistique, «la société du back-office», n’ont plus que leur colère comme moyen d’expression, leur abstention comme moyen de révolte, le vote RN comme maigre résignation. La gauche a renoncé depuis longtemps à ce peuple introuvable, qui se refuse à elle depuis qu’elle a fait de l’idéal européen l’horizon indépassable de son action, et donc de son impuissance.

Depuis qu’elle a fait du désintérêt pour les gens ordinaires la matrice morale inavouée de son discours et des centres-villes métropolitains mondialisés la ressource exclusive de son imaginaire. Nous devons rompre avec ce renoncement.

Chaque grand mouvement social irrigue une refondation politique. Nous vivons depuis cinquante ans sur la contre-culture de Mai 1968 et la victoire de 1981.

Nous avons la conviction que c’est du mouvement des gilets jaunes que la gauche doit désormais tirer les leçons de sa refondation. Si elle sait accompagner les mouvements sociétaux, elle est en revanche passée à côté de cette révolte, culturellement et sociologiquement trop loin d’elle.

Des idées de novembre 2018 nous retenons une démarche démocratique nouvelle, qui amena des milliers de Français, abstentionnistes militants, à gagner les ronds-points pour débattre.

Loin d’être dangereuses, les classes laborieuses, lorsqu’elles se mobilisent, ne parlent pas d’immigration ni d’insécurité mais de pouvoir d’achat et de droits démocratiques.

Un peuple demande aujour-d’hui à être entendu. Quel est ce peuple invisible ? Tout. Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique ?

Rien.

Ce qui a empêché ce peuple de voir ses revendications entendues, et le mouvement des gilets jaunes de prospérer, a été son atomisation par la destruction des structures collectives, la dégradation du rôle des syndicats, la mise sous tutelle du mouvement associatif et la promotion de l’individualisme intégral. Nous devons réaffirmer qu’il existe des liens qui libèrent, ceux du soin et de la solidarité.

Ils doivent devenir les valeurs centrales de notre action politique. La grande œuvre qui est devant nous est de poursuivre un travail commencé par le milieu associatif et les mouvements de l’écologie politique : «conscientiser» les classes populaires et travailleuses, leur rappeler l’intérêt qui est le leur à voir l’écologie primer et leurs conditions de vie s’améliorer. Elles veulent comme les autres que leurs enfants respirent un air propre et mangent sainement.

L’écologie est par essence populaire, les socialistes l’avaient compris très tôt et l’ont oublié parfois. Les émissions de carbone sont proportionnelles à celles de la richesse. Ce n’est pas en accusant les classes populaires, la viande de leur barbecue et le diesel de leur véhicule qu’elles s’impliqueront davantage. La valorisation des pratiques «écoresponsables» est trop souvent perçue comme réservée à une élite diplômée et urbaine.

Résolument installée du côté du peuple, la gauche doit entendre tout ce que celui-ci a à lui dire, sans tabous ni préjugés. Cela implique de regarder en face la situation intérieure du pays et l’appel à plus d’ordre et d’autorité. Loin de toute surenchère ou récupération des mots de l’extrême droite – mais au contraire pour ne lui laisser aucune prise – nous devons porter un discours fort et clair d’ordre et de justice.

La sécurité est un droit du peuple, c’est même la condition de son adhésion à une aventure collective. Lorsque la tranquillité publique n’est plus assurée, le vivre ensemble est menacé. Parce qu’ils sont les plus exposés, la sécurité est un enjeu plus vif encore pour les plus modestes.

Il nous faut financer une police nombreuse, formée et réorganisée pour être plus au contact des populations et moins rivée sur ses statistiques. Plus transparente aussi, plus ouverte et moins susceptible d’être contestée. L’école, la justice civile, les transports publics, plus rien ne fonctionne correctement. On manque d’enseignants, de soignants, de conducteurs de train ou de bus. Et les services privés ne fonctionnent pas mieux. Les gens concluent qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes et qu’il n’y a rien à attendre du collectif. Une telle situation ne peut conduire qu’à une catastrophe démocratique, écologique et sociale.

Défendre la ligne populaire, c’est s’imposer de cesser de regarder la colonne «sympathisants de gauche» dans les études d’opinion et s’intéresser à la colonne «ouvriers et employés». Que les étudiants de Sciences-Po votent majoritairement Jean- Luc Mélenchon et que ceux de l’enseignement professionnel ne votent que marginalement à gauche devrait nous obséder. La ligne populaire est un projet et une méthode qui doit inspirer les mouvements sociaux comme les politiques publiques : féminisme populaire, écologie populaire, culture populaire, éducation populaire.

Défendons, en tout point et tout lieu, des intérêts de classe, éclairés par notre esprit des Lumières et la promesse de nouveaux droits. »

Texte proposé par :

Par Philippe Brun, Député de l’Eure et Laurence Rossignol, Sénatrice de l’Oise.

Signé par :

Jérôme Durain Sénateur de Saône-et- Loire

Jérôme Guedj Député de l’Essonne

Marie-Pierre Monier Sénatrice de la Drôme

Mélanie Thomin Députée du Finistère

Mickaël Vallet Sénateur de la Charente-Maritime.

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Guerre

Le complexe militaro-industriel français dans la course aux armements avec la Turquie en ligne de mire

La course aux armements s’accélère dans la zone euro-méditerranéenne.

Alors que la Turquie multiplie les coups de menton sur ses frontières, face à l’Arménie, face à la Syrie, à l’Irak et face à la Grèce et Chypre, la France a annoncé ce mois-ci le début de la livraison des premières frégates dites de défense et d’intervention (FDI) à la marine française, qui doit en être équipée de manière opérationnelle pour 2024, avant la marine grecque, qui sera livrée en 2025.

La Grèce a annoncé l’achat de quatre FDI (trois plus une en option), et le ministre grec des armées, Nikolaos Panagiotopoulos, était d’ailleurs présent à Lorient, en Bretagne, dans le département du Morbihan, qui abrite la principale base des sous-marins de la Marine de guerre française, et où se trouve aussi le site de production d’un des principaux monopoles du complexe militaro-industriel français, Naval Group, chargé de l’assemblage de ces frégates.

On parle là d’un véhicule considéré comme étant à la pointe de la technologie actuelle, avec une capacité de longue autonomie technique et numérique, bénéficiant d’une installation de haut niveau en mesure de contrer théoriquement toute attaque de type informatique, tout en embarquant un équipement complet et quasiment autonome de traitement de données complexes.

Le bateau en lui-même est conçu pour être à la fois rapide, discret et en mesure d’embarquer un lourd armement de frappe : drone, hélicoptère d’assaut, dont le modèle à venir Guépard Marine, en commande chez Airbus et surtout tout un arsenal (antiaérien, antinavire, antisous-marin et mer-sol) de missiles de frappe produit par MBMA , sans compter la capacité à projeter des groupes armés des forces spéciales.

Les FDI sont donc des armes polyvalentes, conçues autant pour appuyer le renseignement, l’attaque et la défense, avec un système de radar conçu par Thalès en mesure de constituer un bouclier anti-missile.

Le discours prononcé à l’occasion de ce lancement par le PDG de Naval Group, Pierre Éric Pommellet, lui-même polytechnicien passé par le MIT américain, s’est donc voulu extrêmement clair sur l’engagement central du complexe militaro-industriel au service de l’État français, en parlant frontalement d’économie de guerre :

« Nous sommes fiers d’être présents ici à Lorient aujourd’hui pour célébrer ce jalon important pour l’Amiral Ronarc’h, première de la série FDI, la nouvelle génération de frégates de premier rang de la Marine nationale. La mise à l’eau d’un navire de guerre est aussi l’occasion de rappeler que l’outil industriel français est au service de nos forces armées, engagé dans l’économie de guerre.

Dès 2025, le site Naval Group de Lorient réalisera ainsi jusqu’à deux bateaux par an. Aujourd’hui, nous célébrons également l’avenir du programme FDI avec la présence du ministre Nikolaos Panagiotopoulos, l’occasion de rappeler l’importance de la coopération militaire et industrielle en Europe, la FDI associant déjà de nombreux industriels grecs dans la réalisation du programme pour la Grèce ».

Il faut voir ici que Naval Group a annoncé la création de près de 2000 emplois pour satisfaire cette commande, et que donc la pression sur les masses en terme de propagande et de bourrage de crâne pro-militariste ne peut que s’accroître, d’abord de manière sectorielle sur la région, mais cette tendance ne peut que se renforcer de plus en plus de manière générale au plan national.

Le nom choisi pour ce premier navire est d’ailleurs aussi une sorte de symbole, l’Amiral Ronarc’h ayant été un officier très engagé dans le cadre de la Première Guerre mondiale, et s’étant formé face à la Chine dans le cadre de la guerre des Boxers (1899-1901).

Mort en avril 1940, après avoir été chef d’état-major de la Marine, il a aussi l’avantage de ne pas avoir eu à se postionner face à la capitulation décidée par le Maréchal Pétain en juin 1940.Pierre Éric Pommellet n’a bien sûr pas manqué d’appuyer l’alliance militaire qui se constitue de manière toujours plus nette avec la Grèce, avec bien entendu la Turquie en ligne de mire.

Il faut voir que la Grèce dispose ainsi d’une perspective redoutable de consolidation de son arsenal, avec une alliance militaire renforcée, désignée comme la QUAD (EUNOMIA), liant Chypre, la Grèce, l’Italie et la France, explicitement formée pour affirmer l’hégémonie de ces pays en Méditerranée orientale.

L’horizon 2024-2025 est d’autant plus significatif du côté turc, que la République de Turquie célébrera alors son centenaire, et que Recep Tayyip Erdogan annonce depuis des années vouloir faire de cette date une sorte de refondation de la puissance turque.

La course aux armements qui s’élance pour le repartage de la Méditerranée, mettant face à face la Turquie et la France, au-delà de la Grèce, a de très bonnes chances de faire exploser toute cette situation bien avant cela… On est à la limite de l’ouverture du conflit – ce qui implique en réalité que la limite a déjà été dépassée : les conflits dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde se mettent toujours en place avant même de commencer formellement.

Le désastre n’est pas devant nous : il est parmi nous.

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Guerre

Sommet de l’OTSC à Yerevan: la fuite en avant suicidaire de l’Arménie

D’où que l’on regarde, le sort de l’Arménie semble scellé dans la montée à la guerre.

L’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) réunissant autour de la Russie la Biélorussie, le Kazakhstan, le Tadjikistan et le Kirghizistan a tenu jeudi 24 novembre une réunion à Yerevan en Arménie. Pour l’Arménie, il s’agissait d’une occasion de tenter de mettre la pression sur son protecteur russe afin d’obtenir un positionnement clairement agressif dans le cadre de son conflit avec l’Azerbaïdjan.

L’OTSC n’a en effet jusqu’aujourd’hui pris aucune position sur ce conflit, ni sur la question du Karabagh arménien, ni même sur les agressions menées par Bakou sur le territoire arménien en lui-même. Lorsque la Russie est intervenue en novembre 2020 au Karabagh, cela a été de son propre chef, malgré les appels du régime arménien à ses alliés de l’OTSC à intervenir.

Or, le régime arménien dirigé par Nikol Pashinyan s’est montré depuis un satellite tout à fait discipliné dans le cadre de cette alliance puisqu’il n’a pas hésité à envoyer des troupes réprimer entre le 6 et le 11 janvier 2021 de larges manifestations qui secouaient le régime Kazakh, allié de
Moscou, qui craignait la chute de ce régime en faveur d’un gouvernement pro-occidental.

Face donc aux récentes agressions de Bakou sur la frontière arménienne, réclamant l’ouverture à travers le territoire arménien d’un « corridor de circulation » pour relier l’Azerbaïdjan à son enclave du Nakhitchevan, et au-delà à la Turquie, le régime arménien multiplie tout azimut les appels pour tenter d’impliquer au maximum les grandes puissances dans ce conflit.

Ainsi, il est organisé à Paris une rencontre entre parlementaires français et le président de la République auto-proclamé de « l’Artsakh », c’est-à-dire du Karabagh arménien en Azerbaïdjan, Araïk Haroutiounian, prévue pour le 7 décembre. Dans le même ordre d’idée, le régime a laissé s’exprimer une manifestation pro-occidentale dénonçant la passivité de l’OTSC et revendiquant une alliance avec l’Union européenne et les États-Unis d’Amérique à Yerevan durant la visite de Vladimir Poutine en Arménie à l’occasion du sommet de l’OTSC. Des drapeaux ukrainiens ont même été brandis durant la manifestation, avec des slogans dénonçant l’occupation russe.

Le président Nikol Pashinyan lui-même a exprimé ouvertement ses reproches à l’organisation en tentant d’obtenir une position ferme sur une éventuelle intervention en cas d’attaque de l’Azerbaïdjan. Cela correspond à une opinion largement exprimée dans les couches dirigeantes de l’État arménien et même son élite universitaire, comme quoi l’Arménie serait une sorte d’île n’ayant rien à faire en Orient et devant tout faire pour se connecter à l’Europe occidentale et aux États-Unis, selon la même logique qu’a développé le régime israélien ou celle que voudraient suivre certains mouvements nationalistes kurdes en Syrie par exemple.

Mais de toute manière, il est inutile de chercher de la cohérence à la politique du régime arménien, il est en fait littéralement aux abois, ayant cherché à négocier un rapprochement avec la Turquie, en arrêtant et en extradant sans conditions par exemple en septembre deux combattants kurdes des HPG/YPG ayant cherché à se réfugier en Arménie, tout en multipliant les signes de soumission à l’influence de la France, par le relais de sa diaspora et par celui de l’Organisation de la Francophonie, et en poussant dans le même temps la Russie à s’engager plus directement à ses côtés.

Le fait est que le sol se dérobe sous les pieds de l’Arménie et que son régime cherche désespérement de l’air pour échapper à l’étranglement turco-azerbaïdjanais qui cherche à le mettre à genou, et éventuellement à l’écraser militairement.

Le prix de toutes ses années de corruption nationaliste, engagée depuis la Perestroïka dans les années 1980, est cher pour l’Arménie d’aujourd’hui. Il est dramatique de constater à quel point les Arméniens ont été ni plus ni moins écrasés par l’Azerbaïdjan, et à quel point ils ont tout fait pour participer à ce massacre général et attiser les haines.

La situation, totalement tragique pour l’Arménie et les Arméniens est désormais la suivante :

  • La Russie et l’OTSC, dont l’unité s’effrite face à la guerre en Ukraine, n’interviendront pas dans un conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Moscou ayant signifié que sa position était que la question des frontières devait être clarifiée sur la base de l’intégrité territoriale, ce qui implique que le Karabagh arménien est totalement suspendu à la Russie, et que l’Arménie devait accepter un corridor de circulation Est-Ouest sur son territoire.
  • La priorité pour Moscou est de maintenir coûte que coûte une influence sur Bakou, avec qui un corridor Nord Sud a été décidé.
  • L’Arménie ne peut se retirer de l’OTSC malgré tout, le président biélorusse ayant clairement signifié la centralité de la guerre en Ukraine, et que toute défaite russe sur ce front impliquait un effondrement des régimes liés à Moscou, comme le sont celui de Minsk et de Yerevan de fait, et la fin de l’OTSC de toute manière.
  • L’Azerbaïdjan triomphe diplomatiquement, ayant annoncé avoir plus d’influence dans l’OTSC que l’Arménie sans même en faire partie et en poursuivant d’ailleurs pendant le sommet de l’OTSC ses provocations frontalières sur l’Arménie.
  • Malgré toute l’agitation du régime arménien, aucune puissance occidentale ne parle du Karabagh arménien, sinon pour accuser la Russie d’y maintenir des troupes, et s’il est envisagé par la France de s’opposer à une expansion turque sur le territoire arménien en lui-même, le Karabagh arménien aux mains des russes est lui totalement abandonné à son sort devant l’Azerbaïdjan.
  • L’Iran en pleine agitation sociale et politique, est potentiellement hors de capacité d’intervenir massivement contre une attaque de l’Azerbaïdjan contre l’Arménie, malgré des annonces faites en ce sens.
  • Le Sud Caucase est potentiellement à la portée d’une attaque panturque coordonnée par Bakou et Ankara, établissant un corridor de circulation en l’imposant à l’Arménie par une victoire militaire.

Alors que la Turquie, puissance du capitalisme bureaucratique expansionniste, se trouve aux portes d’un choix historique : ou bien l’expansion et donc la guerre, ou bien le reflux, que le régime turc est chauffé à blanc sous le poid de ses propres préjugés nationalistes, et que son allié azerbaïdjanais à le fusil à la botte, prêt à se ruer sur le Karabagh arménien et l’Arménie, le régime arménien a choisi le suicide de la fuite en avant, n’ayant de fait plus d’espace dans la Crise qui monte et le repartage du monde allant à la guerre mondiale qui se précise chaque jour un peu plus.

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Société

Boycotter la Coupe du monde 2022 au Qatar ou vendre son âme

C’est une question de principes.

Sur les huit stades qui accueillent la Coupe du monde de football 2022, un seul existait avant la désignation du Qatar en 2010 comme organisateur. Le Qatar, c’est globalement la taille de la Corse, dont essentiellement du désert. En termes de population, c’est équivalent au département du Nord, avec environ 2,5 millions d’habitants.

Il a donc fallu, en douze ans, construire sept stades internationaux, de manière totalement artificielle, à grand renfort de main-d’œuvre étrangère. Elle est essentiellement asiatique, d’Inde, du Bangladesh, du Népal, du Sri Lanka ou du Pakistan, et a choisi de venir s’y faire exploiter dans des conditions très difficiles, notamment de chaleur.

Il fait tellement chaud au Qatar qu’il a fallu décaler la Coupe du monde à la fin de l’année. Dans un premier temps, il avait été envisagé de climatiser ces stades à ciel ouvert pour organiser des matchs par 40°C minimum. Ces systèmes de climatisations ont malgré tout été installés sur 7 des 8 stades, mais ils ne devraient que peu servir avec des températures attendues autour de 25°C ; leur existence en dit néanmoins très long sur le mépris de la nature par les organisateurs de cette compétition, tant de la Fifa que du Qatar.

Le plus grand est le stade Lusail, dans la ville éponyme sortie de terre pour l’occasion. Il fait 80 000 places.

À une cinquantaine de kilomètres au nord de Doha, il y a le stade Al-Bayt, qui fait 60 000 places et a été construit en forme de tente de bédouins.

Les autres stades construits pour l’occasion ont tous une capacité de 40 000, soit plus que la plupart des stades de Ligue 1 en France.

Le stade Al-Janoub est quant à lui censé représenter les coques de bateaux de pêche perlière des côtes de la péninsule arabique.

Le stade Education City à Doha reprend la forme d’un diamant.

Le stade Ahmed Ben Ali a vu une ligne de métro spécialement édifiée pour le desservir, aux portes du désert.

Le stade Al-Thumama a une forme représentant la taqiyah, le couvre-chef traditionnel des hommes.

Le stade Ras Abu Aboud a été fabriqué avec des conteneurs de marchandises.

Le stade international Khalifa, qui existait auparavant, a été entièrement remodelé et a également une capacité de 40 000 places.

Tout cela est grotesque, et insupportable pour qui n’a pas encore totalement vendu son âme au diable capitalisme. Tant écologiquement que culturellement, construire tous ces stades dans un si petit pays, de surcroît désertique, qui plus est sans aucune dimension populaire par rapport au football, est inacceptable.

Tout comme il est inacceptable d’avoir des bâtiments aussi grotesques, sans saveur, qui sont d’ailleurs maintenant la norme partout dans le monde, y compris en Europe.

Il n’y a que les gens cyniques et désabusés, ayant totalement accepté leur condition de rouage du capitalisme tournant à plein régime, pour se dire que ce n’est pas pire qu’autre chose et suivre cette Coupe du monde.

Pour les autres, pour ceux qui refusent de vendre leur âme, boycotter cette Coupe du monde est une évidence. Cela ne changera pas le monde, cela ne changera même rien à la terrible marche du monde. Mais c’est bien la moindre des choses.

On se rappellera au passage que la question se posait exactement en les mêmes termes pour les Jeux Olympiques d’hiver de Pékin, tout aussi odieux, artificiels et contre-nature. Il était juste de les boycotter, comme il est juste de ne surtout pas regarder de match ni s’intéresser à ce mondial 2022 au Qatar… Sauf pour diffuser une réelle critique du capitalisme.

Le fameux « mur jaune » des supporters du Borussia Dortmund en Allemagne.