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Politique

Fiasco de la grève nationale du 29 septembre 2022

Le misérabilisme ne paie pas.

Prise avec Lumia Selfie

La société française ne sort pas de sa léthargie, et il ne faudra évidemment pas compter sur la CGT pour faire bouger les choses. Ce vendredi 29 septembre 2022, une énième « mobilisation interprofessionnelle pour les salaires  » était ainsi organisée dans le pays, avec un résultat pathétique.

On ne trouvera d’ailleurs aucun décompte sérieux et concret des français grévistes du jour, car on est dans la mise en scène, avec la CGT qui revendique même 250 000 manifestant défilant à 200 endroits en France (le ministère de l’intérieur dit pour sa part 120 000 personnes), ce qui est dans tous les cas extrêmement faible alors que c’est la misère qui est censée se propager à grande vitesse, que le pays est censé être à genoux avec l’inflation, etc.

En réalité, c’est un défilé réactionnaire de plus qui a eu lieu, une marche corporatiste, avec notamment les enseignants, quelques emplois du secteur public tels les personnels de restauration des cantines, les machinistes RATP, qui connaissent traditionnellement une proportion de gens sensibles à l’agitation syndicale.

Ce fut une marche comme il y en a eu un nombre incalculable, avec aucune dimension, ni sur le plan historique, ni sur le plan culturel, ni sur aucun plan d’ailleurs. C’était une grève et ce n’était pas une grève, en fait ce n’était rien.

Pratiquement personne en France ne savait d’ailleurs qu’il devait y avoir une grève ce jour et, pire encore, le soir même, la plupart des français l’ignoraient encore, à moins d’être passé pile à l’heure d’une manifestation dans un centre-ville, d’avoir eu la cantine de ses enfants fermée, ou bien, à Paris, d’avoir vu son bus annulé.

Cela n’empêche pas la CGT d’avoir un discours triomphaliste qui est son fond de commerce :

« Au vu des luttes engagées dans de nombreux secteurs professionnels, depuis des mois, autour de la question des salaires, tout portait à penser que la mobilisation par la grève allait s’amplifier et se généraliser ce jeudi.

Cela s’est vérifié avec des taux forts de grève : dans l’agro-alimentaire, la fédération a recensé près de 400 appels à la grève pour aujourd’hui. Le taux de gréviste allant de 30 à 100% des salariés dans les entreprises de ce secteur, ce représente au bas mot, 50 000 grévistes. »

La CGT propose en ce sens « de poursuivre et renforcer ces mobilisations, sans attendre et dans l’unité la plus large ». C’est la démagogie traditionnelle. En vérité, la CGT est complètement dépassée, coupée de la réalité concrète et quotidienne du pays, totalement hors-sol.

Il n’y a qu’à voir son affiche pour la mobilisation du jour, qui utilise l’écriture « inclusive » décadente des universitaires post-modernes, et qui fait tomber du chapeau la revendication loufoque d’une semaine de travail à 32 heures, d’un SMIC à 2000 euros. Comme si c’était possible de par le rapport de force actuel!

Tout cela ne mène à rien, et ne mènera jamais à rien. C’est un simulacre de lutte des classes, et même un simulacre de lutte tout court. C’est du vide et comme le vide n’existe pas, cela implique que cela joue un rôle néfaste. Cela épuise, cela trompe, cela invalide les luttes.

Bien sûr, il y a la grève dans les raffineries françaises depuis le début de semaine, avec la plupart des capacités de productions bloquées. C’est bien, ou plutôt c’est la moindre des choses dans un des rares secteurs ouvriers ou la capacité d’organisation est encore là. Pour autant, cela ne sort pas du cadre et est tout à fait sous contrôle de la bourgeoisie, il ne faut pas se faire d’illusions là dessus.

Le manque d’envergure, le manque d’ambition, la soumission complète au capitalisme, l’absence totale d’utopie, le refus des valeurs historiques du mouvement ouvrier… tout cela saute aux yeux. Concrètement, il ne se passe rien en France. Il n’y a pas de lutte des classes. Tout est à construire, à re-construire, minutieusement, avec de grandes ambitions, celles de la Gauche historique, celles du Socialisme.

Il faut œuvrer à former cette base – qui seule pourra être à la hauteur de l’Histoire lorsque les choses vont mal, très mal tourner!

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Écologie

Ceux qui s’en prennent aux animaux sont des dangers pour tout le monde

La barbarie entraine la barbarie.

L’homme interpellé ce week-end près de Cannes pour le meurtre présumé de sa compagne, dont il avait caché le corps dans un réfrigérateur avec celui d’un de ses chiens, avait été pris en flagrant délit par les policiers dans la nuit du 7 au 8 septembre alors qu’il était en train de tabasser violemment sa chienne, une petite bull-terrier de trois mois seulement, sur un parking.

Les caméras de la ville avaient enregistré la scène d’une violence inouïe : soulevée par le collier, jetée au sol, rouée de coups, la tête tapée contre le bitume. Rose, la chienne, avait été saisie et prise en charge par l’Association Au Service des Animaux 06 (ASA06). Elle souffrait d’une fracture à la patte datant de plus de dix jours avant les faits, de nombreux hématomes, d’une anémie …

Le détenteur, un riche ressortissant danois louant une villa luxueuse dans les hauteurs de Mandelieu-la-Napoule, avait pourtant écopé dune simple contravention pour maltraitance !

Aucun fait d’exercer « des sévices graves ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique » n’a été retenu contre lui.

La petite chienne a pourtant vécu un enfer depuis qu’elle est venue au monde alors qu’elle n’a que trois mois ! Achetée par cet homme trois semaines auparavant pour 6000 euros sur une plate forme hongroise, la société Euro Puppy, elle avait déjà subi le transport depuis la Hongrie jusqu’en France, les coups, la maltraitance, le stress … quelle tristesse que tout cela soit passé inaperçu et quelle honte que de telles « transactions » puissent avoir lieu. Mais qu’est ce qu’on pourrait attendre à la fin de tout un système où les animaux sont de simples objets commandables sur internet ?

Le procureur, loin de prendre conscience du danger que représente un concentré de violence comme celui-ci, a autorisé l’homme à sortir mais l’a aussi autorisé à récupérer la chienne ! Le monde à l’envers. Cette décision avait été jugée inacceptable par l’association ASA06 et le maire de Mandelieu-la-Napoule qui avaient fait bloc pour ne pas rendre Rose à son tortionnaire.

Si le procureur avait pris cette affaire au sérieux, le meurtre de la jeune femme aurait peut-être pu être évité. Mais la justice ne prend que très rarement en considération le fait que les violences sur les animaux vont de pair avec les violences sur les humains. Pourtant, la barbarie c’est la barbarie, il n’y a pas de barrière, ou de frontière qui ne soit poreuse.

C’est ainsi qu’un homme peut passer son chien à tabac, être relâché avec une toute petite tape sur les doigts, une amende ridicule au regard de la somme que cette personne a versée pour acheter le chien, puis ressortir, tuer sa concubine, placer leurs corps respectifs dans un frigo pour l’acheminer ensuite dans une déchetterie.

Combien de personnes et d’animaux cet homme a t-il déjà tués ? Son autre chien, un staffordshire avait disparu du jour au lendemain d’après ses voisins peu avant l’été. Une voisine se souvient d’avoir entendu un coup de feu à cette période et un autre chien serait également enterré dans le massif de l’Esterel, à quelques kilomètres de Mandelieu-la-Napoule. On sait que cet homme a acheté plusieurs chiots sur le site Euro Puppy : où sont-ils passés ?

Entre ce déchaînement de violence d’un côté et cette indifférence de l’autre, il y a Rose qui est toujours en vie aujourd’hui grâce à une association qui n’a pas cédé face à la pression : si elle l’avait restituée à son bourreau, elle serait morte. Mais si lui avait été interpellé pour l’acté de cruauté qu’il a commis, peut-être que la jeune femme serait encore en vie, tout comme le chien.

Le mouvement pour la défense des animaux est porté essentiellement par des femmes parce qu’il y a refus du virilisme et de tous ces actes profondément barbares qui en découlent. Les personnes qui s’en prennent aux animaux sont dangereuses pour tout le monde ! On en a régulièrement l’exemple avec les chasseurs et les « accidents de chasse » où des personnes se font blesser, tuer …

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Société

Pour ou contre la voiture électrique ?

La question de la route doit être posée démocratiquement.

Lorsque le peuple organisé de manière démocratique prendra en mains la question des déplacements sur la route, il lui faudra discuter de ce qu’est un véhicule. Quel usage doit-il avoir, comment doit-il être produit, qui doit s’en servir, et quel énergie doit-il utiliser pour se mettre en mouvement ?

Il a déjà été dit à maintes reprises que l’électrique, vendu comme l’avenir du transport notamment par le bourgeois décadent Elon Musk avec sa marque de voitures tragiquement nommée Tesla, est une supercherie. Cela produit des véhicules lourds, aux batteries polluantes et non-recyclables, qui reposent avant tout sur le développement du nucléaire pour continuer de fonctionner… Il faudrait passer au tout électrique d’ici une poignée d’années, rien que ça. Alors même que le prix de l’énergie monte en flèche, alors même que des coupures de courant sont déjà prévues de par l’incapacité de la bourgeoisie à produire les conditions nécessaires au maintien d’une grille énergétique saine.

Plus un véhicule est lourd, plus ses freins doivent être puissants pour stopper l’inertie de la masse en mouvement. Or, l’usure des freins provoque des rejets de particules fines. Plus un véhicule est lourd, plus ses pneus sont soumis à de fortes contraintes, et des pneus qui s’usent rejettent aussi des particules fines dans l’atmosphère. Tous ceux qui se posent sérieusement la question de l’avenir écologique de l’humanité le savent déjà, et savent également que les véhicules électriques ne sont en réalité qu’une manière à peine dissimulée derrière un maigre argument écologique d’ouvrir en grand les portes d’un marché qui ne demande qu’à grossir.

Alors quoi ? Vive les véhicules thermiques, puisque l’électrique n’est pas meilleur ? Évidemment, les choses ne sont pas si simples. Il ne faut pas confondre dénonciation du tout électrique et défense unilatérale du thermique. Il s’agit avant tout de comprendre comment fonctionnent ces véhicules. Un moteur thermique utilise un carburant à brûler pour générer de l’énergie mettant des pièces mécaniques en mouvement, mouvement lui-même transmis jusqu’aux roues motrices par divers moyens plus ou moins complexes. Un moteur fonctionne sur une plage régime idéale, et des rapports (ou vitesses) sont utilisés pour démultiplier la puissance et le couple moteurs. C’est en fait comme un vélo : il y a des plateaux et des pignons qui permettent de démultiplier la force de nos jambes, ce qui permet d’atteindre des vitesses élevées. Difficile de commencer à pédaler sur le grand plateau et le petit pignon, car la démultiplication de force est énorme en comparaison de l’énergie que nos jambes peuvent développer : on ne peut pas développer assez de couple (force qui entraîne la roue dans sa rotation) pour pédaler dans ces conditions. Pour une voiture thermique, c’est pareil : difficile de démarrer en 6e par manque de couple, et difficile d’atteindre 110kmh en 1ère par manque de puissance (vitesse à laquelle la roue sera en mesure de tourner).

Mais en électrique, le moteur donne toute sa puissance et tout son couple immédiatement, car il n’y a pas de pistons qui montent et descendent dans des cylindres pour générer de l’énergie envoyée jusqu’aux roues par la transmission, il n’y a pas de combustions avec des temps morts mécaniques liés à l’injection de carburant et à l’évacuation des gaz d’essence brûlée et d’air pollué via l’échappement. Ce n’est qu’une histoire de dosage de l’accélérateur que le conducteur doit gérer seul. En électrique, tout est instantané, il n’y a pas de mollesse jusqu’au moment où le moteur est dans sa plage de régime idéale. Cela donne des véhicules extrêmement nerveux, qu’il faut manier avec prudence pour ne pas faire d’excès… Et qui à cause du poids extrême des batteries doivent être stoppés par une force de freinage très élevée.

La pertinence de la voiture électrique, et des véhicules électriques en général, est par conséquent à remettre en question, et à réserver à certains usages. Un magasinier en entrepôt fermé a bien évidemment besoin d’un chariot élévateur électrique plutôt que thermique pour des raisons de pollution de l’air sur l’espace de travail. Des travailleurs couvrant de larges distances en véhicule tôt le matin ou tard le soir, aux heures où les bruits de moteur gênent le plus de monde, auraient eux aussi besoin de l’électrique. Mais ont-ils absolument besoin d’une voiture électrique pour se rendre au travail ? Plus on creuse le sujet, plus on s’aperçoit qu’en réalité, ce sont avant tout les moyens de transport individuels qui posent problème. Combien de fois remarque-t-on, coincés dans les bouchons, que nous sommes seul dans notre voiture cinq places ? Et que les dizaines, les centaines, les milliers d’autres automobilistes sont tous aussi seuls que nous dans leurs propres voitures ?

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Guerre

Septembre 2022 : que restera-t-il de l’Arménie ?

La situation est catastrophique.

Depuis maintenant plus d’une semaine les forces armées de l’Azerbaïdjan assaillent les frontières de la République d’Arménie. Les opérations ont jusque là fait officiellement plus de 280 morts de chaque côté parmi les militaires, et l’Azerbaïdjan occuperait plusieurs dizaine de km2 du territoire arménien.

Depuis novembre 2020, et de fait déjà auparavant, il est attentivement suivi la situation se développant en Arménie et plus largement dans le Caucase. Les personnes lisant agauche.org peuvent aisément consulter les archives documentant et analysant de manière approfondie tout ce contexte, ses implications et ses développements.

Il était annoncé depuis l’effondrement du Karabagh arménien que les régimes nationalistes, profondément bellicistes, de Bakou et d’Ankara ne contenteraient pas de l’écrasement du Karabagh arménien. Ceci d’autant que celui-ci reste encore incomplet dans une certaine mesure, puisqu’il se maintient, péniblement, sous occupation russe.

Les développements de la guerre en Ukraine devaient immanquablement avoir des répercussions
sur le Caucase, et pour l’Arménie, cela signifiait de notre point de vue, que c’était son existence
même en tant qu’État qui était en jeu.

Conformément à nos analyses donc, les régimes de Bakou et d’Ankara s’élancent dans la bataille pour le repartage du monde, sur la base de leur idéologie guerrière et expansionniste du « pantourisme ». Plus spécifiquement même, sur l’idée considérant que l’Azerbaïdjan et la Turquie forment « deux États, mais une nation ».

Voici les éléments d’analyse qu’il faut prendre en compte ici :

– La Turquie et l’Azerbaïdjan forment une alliance sur la base idéologique du pantouranisme (c’est-à-dire de l’idée d’unifier un supposé ensemble de pays « turcs ») allant au fascisme sur le plan interne, et justifiant sur le plan externe un écrasement large, sinon total de l’État arménien.

Il faut donc voir au-delà de la question de la réoccupation et de l’épuration ethnique du Karabagh arménien. La charge nationaliste attendue de cette conquête est l’aspect principal sur le plan idéologique du régime de Bakou. Pour la Turquie d’Erdogan, c’est une question parmi d’autres de son idéologie néo-ottomane, sur laquelle il est assuré quasiment d’une victoire.

– L’objectif territorial vise en priorité la conquête du sud du territoire arménien, appelé le Syunik
en arménien (en Zangezur en turc), mince bande territoriale peu peuplée permettant de relier l’Azerbaïdjan à la Turquie de manière directe. A minima, il s’agit d’obtenir un « corridor » ouvert entre les deux pays, c’est-à-dire le contrôle direct de la route Latchine-Nakhtichevan qui traverse cette région.

Cela suppose bien sûr la réoccupation complète de ce qui reste du Karabagh arménien, sous protection russe. À ce stade, les troupes d’Azerbaïdjan occupent toute la ligne de crête séparant le Karabagh arménien reconquis de l’Arménie, notamment suite à la prise du mont Ichkanasar (Işıklı en turc) qui domine de ses 3550 mètres toute la partie centrale de la route que visent les Azerbaïdjanais.

À cet objectif militaire principal s’ajoute une revendication supplémentaire sur le lac Sevan, qui fait partie sur le plan hydrologique du bassin de la Koura, et qui historiquement est tourné vers la ville de Gandjak, aujourd’hui en Azerbaïdjan. La carte ci-dessous permet de voir l’étendue des revendications territoriales maximum du régime, qui imaginent donc réduire l’Arménie à la zone de sa capitale, Yerevan, et aux secteurs où sont déployées les forces russes (frontière avec la Turquie et base de Gyumri).

Mais de toute façon en réalité, les revendications azerbaïdjanaises, et turques, sur l’Arménie concernent potentiellement l’ensemble du territoire, dont selon cette perspective, l’effacement doit être à terme total, afin de souder l’Azerbaïdjan et la Turquie de manière complète, ce qui serait autant pour Ilham Alyev, le président de l’Azerbaïdjan, que pour Recep Tayyip Erdogan, dirigeant de la Turquie, un triomphe « historique » validant le militarisme et toute la rhétorique néo-ottomane folle furieuse d’Erdogan.

L’action de Bakou est soutenue par la Turquie d’Erdogan, et plus discrètement par l’OTAN à travers l’appui des services de renseignement britannique.

La Turquie a déployé ses drones d’attaque Bayraktar TB2, dont l’un s’est écrasé en Iran, officiellement de manière accidentelle. L’ouverture d’un éventuel nouveau conflit de haute intensité dans le sud-Caucase est clairement une manière d’affaiblir la Russie, et l’Azerbaïdjan tout comme la Turquie entendent saisir cette opportunité pour leur propre agenda expansionniste, alimentant la marche précipitant le monde dans la guerre.

– Une telle offensive ouvre potentiellement les possibilités de repartage du Caucase, menaçant
les positions russes et iraniennes, et donnant un éventuel espace d’intervention à la France dans le cadre de sa confrontation croissante avec la Turquie, en laissant l’Arménie se faire écraser afin de satelliser ce qui reste, reprenant de fait à son compte la stratégie russe. La Droite française, par ses figures politiques ou ses médias, y pousse avec insistance, sans que cela ne prenne encore forme d’engagement concrète.

– L’Arménie et son peuple sont désormais complètement aux abois, réalisant de manière vertigineuse à quel point leur rhétorique nationaliste fondée sur une vision romantisée à outrance d’une « Grande Arménie » illusoire, qui a nourri la vie politique du pays, masquant le militarisme et la corruption du régime a été une catastrophe.

C’est ce que tente désespérément d’enrayer le gouvernement de Nikol Pachinian, mis en place suite à une vaste révolte populaire contre le régime et cherchant aujourd’hui, mais en vain, à ouvrir un dialogue avec l’Azerbaïdjan ou la Turquie, sous l’égide de la Russie. Cela avec le seul horizon déprimant de trouver une pauvre voie d’existence comme État satellisé entre deux blocs expansionnistes, poussés de toute façon à un moment ou un autre à la confrontation.

À ce contexte lamentable s’ajoute encore les agissement des puissances occidentales, jouant toutes les cordes permettant d’affaiblir les uns et les autres pour prendre pied dans le secteur, ou du moins pour y bloquer tous leurs rivaux.

Les forces de Gauche authentiquement démocratiques et populaires doivent donc mobiliser Arméniens et Turcs de notre pays contre cet abominable machine à broyer les peuples, à dresser des murs et à faire couler le sang.

Il faut dénoncer sans aucune concession les idéologies bellicistes maquillant l’expansionnisme d’États piégés dans les contradictions du mode de production capitaliste. La Turquie comme l’Azerbaïdjan sont entraînés vers l’abyme par leurs régimes chauvins, cultivant un pseudo-romantisme identitaire et territorial flattant les pires préjugés nationaux des uns et des autres. Voilà pourquoi il faut opposer à la guerre impérialiste du capitalisme en Crise un projet, une perspective.

Cette perspective ne peut être que celle de la Gauche historique, reposant sur les valeurs les plus avancées du mouvement ouvrier. Seule la classe ouvrière échappe à la décadence, et dialectiquement ce n’est que consciente qu’elle peut transformer l’Histoire comme l’exige notre époque.

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Guerre

Les États-Unis s’engagent à défendre militairement Taïwan

Joe Biden est prêt à faire la guerre à la Chine.

Le 19 septembre 2022, le président américain Joe Biden a franchi une nouvelle ligne rouge. Il a affirmé que les États-Unis défendraient directement l’île de Taïwan en cas d’attaque par la Chine. Pour comprendre, c’est comme si juste avant le conflit ukrainien, les États-Unis avaient dit qu’ils défendraient militairement l’Ukraine en faisant la guerre à la Russie. On comprend tout de suite ce que cela sous-entend militairement, cela ne signifie ni plus ni moins que le fait d’assumer la troisième guerre mondiale.

Pierre après pierre, la superpuissance américaine se défait de tous ses engagements diplomatiques vis-à-vis de la République populaire de Chine et provoque le conflit.

Bien entendu, Joe Biden prétend toujours ne pas faire interférence et ne pas pousser le gouvernement de l’île à déclarer son indépendance. Il assume toutefois l’engagement militaire, ce qui revient de fait au même, faisant ouvertement de l’île de Taïwan ce qu’elle est : un avant-poste américain en Mer de Chine.

Le gouvernement de la République populaire de Chine a immédiatement réagit à cette provocation, dénonçant « une grave violation de l’engagement important des États-Unis à ne pas soutenir l’indépendance de Taïwan . »

Le ministère chinois des Affaires étrangères explique qu’il est envoyé « un mauvais signal « , poussant les séparatistes à l’indépendance. En effet, du côté chinois la pression est également immense.

La République populaire de Chine, en tant que superpuissance challenger de la superpuissance américaine, joue sa place dans le monde et elle considère comme un devoir de conquérir enfin l’île de Taïwan et d’écraser le gouvernement « rebelle » de la République de Chine.

D’ailleurs, la pression militaire chinoise contre l’île est de plus en plus grande, avec récemment tout une série de drones militaires qui sont envoyés, comme partie d’un dispositif militaire très poussé.

En plus des avions de chasse classique, on a donc des drones de haute technologie militaire déployés aux abords de l’île. Ils sont probablement armés, en tous cas c’est ce que considèrent les autorités de l’île. Il y a des Guizhou BZK-007, ayant l’apparence d’un avion de tourisme, des BZK-005, avec une autonomie immense, de 40 heures, des KVD-001, servant de relais de communication pour les hélicoptères d’attaque et des Tengden TB-001, probablement armés.

De plus, mi-septembre, il a été signalé par les autorités de Taïwan la présence du drone de haute altitude et longue endurance WZ-7, qui est conçu par l’armée chinoise pour des missions de reconnaissance et de ciblage pour les missiles

Cela est assumé par la partie chinoise, et il est expliqué dans la presse du régime :

« davantage de drones de l’APL [l’armée chinoise] devraient rejoindre les patrouilles et les exercices de routine autour de l’île de Taïwan dans le but de sauvegarder la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale au milieu des provocations des sécessionnistes taïwanais et des forces d’ingérence extérieure ».

L’agressivité est de part et d’autre, l’emballement militaire est inéluctable dans la région, d’autant plus qu’une loi vient d’être voté par le congrès américain pour une aide militaire directe à Taïwan, en plus d’un plan récent de vente d’un milliard de dollars d’armes.

Et ce n’est là qu’un des fronts mondiaux, car la puissance américaine pousse à la guerre de manière acharnée, comme en Ukraine face à la Russie. De manière très significative, les États-Unis viennent de lever leur embargo sur les armes à destination de la République de Chypre, directement en concurrence avec la Turquie.

C’est un point chaud depuis des décennies : avec cette décision américaine, la situation est directement explosive là encore. Tout se met en place, la bataille pour le repartage du monde est déjà en cours.

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Restructurations économiques

La situation énergétique de la France est catastrophique

C’est la grande panique avant l’hiver.

Lors de la conférence de presse du gouvernement pour évoquer la « situation énergétique » du pays en vu de l’hiver, il a été dit la chose suivante par la Premier ministre Élisabeth Borne :

« si chacun prend ses responsabilités, il n’y aura pas de coupures »

Si on interprète correctement, il faut comprendre : c’est tout à fait possible qu’il y ait des coupures de courant et de gaz, alors le gouvernement cherche le moyen de faire porter la responsabilités à d’autres.

D’ors et déjà il est prévu une campagne de communication à destination de la population. On y apprendra des choses du genre il faut éteindre la lumière en quittant une pièce ou lancer une machine à laver en dehors des heures pleines sur le réseau. C’est que les gens sont censés y mettre du leur, parce que la bourgeoisie française n’est plus sûre de sa capacité à fournir le standard de confort et de consommation vanté (et surtout, indispensable au capitalisme).

La crise frappe de plein fouet le pays, et cela va commencer à se voir cet hiver. Il y a clairement une panique au sommet de l’État français, terrifié de voir la population gronder face aux prix, ainsi que l’économie paralysée par des black-out en série.

La situation est en effet catastrophique. En ce qui concerne le gaz déjà, en raison de la guerre économique menée à la Russie par l’OTAN et ses pays membres. Les réserves de gaz pour l’hiver sont faites (à 94%), mais tous cela est précaire s’il n’y a pas de continuité dans l’approvisionnement.

Le directeur général de GRTgaz, le gestionnaire du réseau français, a été on ne peut plus clair dans sa conférence de presse précédent celle du gouvernement le matin même :

« Dans un hiver moyen, la France est capable de faire face à la demande de gaz tout en soutenant le système électrique et en contribuant activement à la solidarité européenne. Mais si l’hiver est froid ou très froid, on pourrait se retrouver en situation de tension plutôt en fin d’hiver, et donc il faut vraiment un effort de sobriété indispensable dès maintenant pour préserver les stockages tout au long de l’hiver ».

Difficile de faire plus explicite : si la population française ne joue pas le jeu, c’est la catastrophe annoncée. Le problème, c’est que le directeur général de GRTgaz a également parlé du mécanisme de solidarité européenne qui fait qu’à partir de la mi-octobre, du gaz doit être livré à l’Allemagne par la France : 100 GWh/jour, « soit la puissance de quatre tranches nucléaires ».

C’est gigantesque, et forcément cela ne passera pas. Les nationalistes et populistes ont déjà sauté sur l’occasion pour critiquer l’Allemagne de manière chauvine. Cela d’autant plus qu’il est déjà prévu des délestages pour les industriels gros consommateurs, c’est-à-dire les secteurs du verre, des engrais, des métaux, de la pétrochimie et de l’agroalimentaire, à moins que ceux-ci ne réduisent la voilure d’eux-mêmes.

On voit là clairement que la crise renforce elle-même la crise, ici en contraignant directement les capacités productives françaises. En parlant de capacités productives françaises, c’est d’ailleurs la catastrophe en ce qui concerne le nucléaire, censé être le fleuron industriel français.

Près de la moitié des réacteurs nucléaires français, soit 26, sont à l’arrêt pour des raison de maintenance. EDF, sous la pression immense du gouvernement, a fournis un calendrier très précis : 5 réacteurs doivent repartir en septembre, 5 en octobre, puis 7 en novembre, 3 en décembre, 3 en janvier et enfin 2 en février.

Sauf que concrètement, rien ne garantit le suivi d’un tel calendrier tout simplement car il n’y a pas la main d’œuvre. La France a des millions de gens dans des bureaux, mais manque d’ouvriers. EDF manque cruellement de tuyauteurs, de soudeurs, de robinetiers, de chaudronniers, pour assurer les travaux nécessaires.

Au passage, on notera que c’est la même chose pour la branche commerciale d’EDF : l’opérateur public a subi pendant des années une fuite de clients suite à l’ouverture du marché à la concurrence. Sauf qu’avec la crise, les prix explosent littéralement chez les opérateurs privés et EDF voit affluer des masses de clients voulant revenir à l’opérateur historique pour bénéficier du tarif réglementé… mais n’a pas le personnel et les moyens techniques pour absorber cela.

En tous cas, la tension sur le réseau électrique français cet hiver va être extrême. Sans compter l’explosion de tarifs pour les collectivités, qui doivent se fournir au prix du marché. La région Ile-de-France a communiqué là-dessus : « la hausse absolument colossale des prix de l’énergie va déferler sur les transports du quotidien ».

Il est prévu une augmentation de 950 millions d’euros des coûts pour l’exploitation du réseau, soit presque un milliard, pour un budget actuellement de 11 milliards.

C’est évidemment pareil pour toutes les villes, surtout celles avec tramways ou métro. Pour la SNCF, le problème se pose également. Et puis il y a le transport de marchandises, essentiellement thermique par camion en France, qui fait face à une explosion des coûts d’exploitation, qui vont forcément être répercutés et renforcer la crise.

Le gouvernement français est face à un mur qui menace de s’effriter. Il continue à vouloir boucher les fuites une par une, en déployant ici un bouclier tarifaire limitant la hausse des prix de l’énergie à 15% en 2023, là des chèques énergie exceptionnels pour 12 millions de foyers considérés comme modestes, etc.

Cela coûterait 45 milliards d’euros à l’État en tout, car il y a aussi des mesures prévues pour les entreprises, surtout les PME. Tout cela alors que l’État français est déjà au bord de la faillite, et que la croissance capitaliste du pays va être totalement chamboulée par les pénuries énergétiques et l’inflation cet hiver.

Les français cigale, ayant chanté tout l’été, un été qui dure depuis des décennie d’abondance capitaliste, vont se trouver fort dépourvus quand la crise sera clairement venue… Ils iront forcément crier famine chez la fourmi voisine, c’est-à-dire l’État, mais il les enverra danser, comme il l’annonce déjà.

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Écologie

Jets privés: Kylian Mbappé s’est brutalement coupé de la société française !

Dis moi ton emprunte carbone, je te dirais qui tu es ?

En pouffant de rire à propos des voyages en avion privé, le joueur de football Kylian Mbappé a fait une très grosse erreur : la condescendance.

C’est quelque chose qui ne passe pas du tout dans la société française. Autant on peut reprocher aux Français d’être hypocrites (faites ce que je dis, pas ce que je fais), autant ils n’acceptent pas d’être pris de haut par des gens qui assument de n’en avoir rien à faire des autres et des préoccupations collectives.

On est en France quand même, un pays avec une haute exigence historique !

A l’origine, il y a une question banale en conférence de presse de la part d’un journaliste à propos de la possibilité de prendre le train pour se déplacer à Nantes depuis Paris, plutôt que d’affréter un avion privé. L’entraîneur du Paris Saint-Germain a eu un comportement de beauf tout à fait exemplaire en méprisant la question, puis en répondant de manière provocante qu’il était envisagé par le PSG de se déplacer en char à voile.

Sa réponse est indigne et ce genre de personnage aura intérêt à bien se cacher le jour où le peuple prendra les armes pour faire table rase du passé. C’est typiquement le genre de tête que beaucoup de gens voudront faire tomber. Mais, au fond, c’est assez anecdotique, car le fait que Christophe Galtier soit un beauf n’aura surpris personne, et d’ailleurs personne n’attendait quoi que ce soit de lui.

C’est bien différent en ce qui concerne Kyllian Mbappé, qui aux côtés de son entraîneur a explosé de rire de manière dédaigneuse. Déjà, car celui-ci est jeune et on pouvait s’attendre à un minimum d’intérêt pour la question. Ensuite, car il a un statut de part sa carrière de footballeur et son rôle majeur en équipe de France. D’autant plus que Kylian Mbappé n’est pas connu comme étant quelqu’un de stupide. Au contraire, sa maturité est louée depuis ses 17 ou 18 ans, sa communication est toujours bien maîtrisée et il apparaît comme quelqu’un de raisonnable et pas (trop) déconnecté du monde réel. Que cela soit de la mise en scène ou non ne change rien à l’affaire, car c’est bien entendu l’image qui compte ici.

En termes d’image, Kyllian Mbappé a donc renvoyé celle d’un jeune tellement pourri gâté qu’il n’imagine pas une seconde de ne pas se déplacer en jet privé, au point d’exploser de rire à l’évocation de cette idée. Cela a choqué, bien entendu. Cela a méchamment choqué, même.

On en revient ici à l’hypocrisie des Français. En France, les footballeurs peuvent bien être aussi riches qu’ils le veulent, avoir des grosses voitures, se pavaner sur un voilier à l’autre bout du monde pendant la coupure hivernale, cela ne dérange pas. Par contre, il faut savoir se tenir et y mettre du sien quand il s’agit de faire bonne figure, surtout pour les stars. C’est le (modeste) prix à payer, étant considéré que c’est bien la moindre des choses.

C’est là qu’a pêché Kyllian Mbappé, assumant en fait totalement sa position de nanti coupé de la société française et de ses préoccupations. D’ailleurs, la suite de la conférence est moins connue, mais encore plus révélatrice de cette attitude détestable :

« – Et vous, sur les jets privés Monsieur Mbappé ?

– Comment ?

– Sur les jets privés. Vous, vous en pensez quoi ?

– Oh je pense rien ! [Il rigole encore avec dédain et quitte la conférence de presse sans même dire au revoir]. »

C’est comme s’il avait dit le Covid je m’en fiche, ou bien la crise énergétique ne m’intéresse pas je continuerai à mettre le chauffage à 25°C cet hiver et à chauffer ma piscine privée. Qu’il pense et fasse cela ne dérange pas les français… tant qu’il ne s’étale pas et fait au moins semblant de faire attention !

Cela paraît absurde, totalement hypocrite. Ça l’est en grande partie. Mais au fond, c’est plus subtil que cela en a l’air. Il y a l’idée, tout à fait française, que la volonté transforme la réalité matérielle, et que donc les personnalités ont cette responsabilité de prêcher la bonne parole pour faire changer les mentalités… Dialectiquement, les choses sont censées alors évoluer dans le bon sens, petit à petit, sans brusquer le quotidien.

C’est l’idée des « Restos du Cœur ». Les chanteurs de variété française sont pleins aux as et ont une vie décadente, mais c’est accepté tant qu’ils prétendent donner à manger aux pauvres et éradiquer la faim dans le pays.

Ce qui est marquant ici en tous cas, c’est de voir que l’écologie fait partie des préoccupations françaises dorénavant. On est encore loin du compte, évidemment. Par exemple, tout le monde critique la coupe du Monde au Qatar en novembre prochain avec ses stades climatisés en plein désert, mais personne n’a appelé l’équipe de France à ne pas s’y rendre.

On est très loin du compte aussi quand on entend le président de la République raconter que « la chose la plus efficace » en terme de sobriété énergétique « est de baisser un peu la clim »…

On est encore très loin du compte, mais les Français savent au moins maintenant sur qui il ne faut pas compter pour avancer. Les superstars médiatiques tels que Kylian Mbappé n’apportent rien à la société française et ce n’est pas là qu’il faudra chercher de la substance.

C’est au plus profond des couches populaires, dans le quotidien le plus évident, qu’on trouve en réalité le plus de dignité et de force pour avancer. C’est cela le grand enseignement historique de la Gauche, et c’est vers cela que se tourneront les Français quand ils chercheront de la cohérence plutôt que leur hypocrisie maladive.

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Politique

Le manifeste de Bernard Cazeneuve pour reformer le centre-gauche

Un long manifeste qui ne fera pas rêver.

Bernard Cazeneuve a été Premier ministre de François Hollande pendant près de six mois, après avoir été ministre de l’Intérieur pendant près de trois ans. Il tire une certaine légitimité de cette période et incarne dorénavant une perspective de renouveau pour tout le courant issu du Parti socialiste qui est amèr du grand recul de celui-ci.

Ces gens considèrent que la Gauche s’est trahie en se rangeant derrière les populistes de la France insoumise pour former la NUPES. Selon eux, il faut une Gauche centriste, qui ne déborde pas du cadre des institutions, qui apparait comme raisonnable et conciliante. Autrement dit, une « Gauche » bourgeoise, bien ancrée dans le capitalisme qu’il s’agit simplement d’accompagner de manière « sociale » et « égalitaire ». Les 400 personnes entourant Bernard Cazeneuve dans sa démarche sont d’ailleurs tout à fait représentatives de la bourgeoisie et intégrées au sein de celle-ci.

Leur manifeste publié en cette rentrée 2022 est très long, mais ne dit pas grand chose pour autant. Le discours est typique du vieux monde qui tente de se maintenir en niant la crise et la tendance à la guerre mondiale, en faisant comme s’il suffisait du combo services publics / Union européenne / syndicats pour préserver le train-train de la vie quotidienne française.

Tout cela est vain, car justement ce train-train de la vie quotidienne française ces cinquante dernières années a été dévastateur et ne peut plus durer : il a lessivé le mouvement ouvrier et la perspective du Socialisme, il a fait triompher le libéralisme et le turbo-capitalisme, il a écrasé la Nature et les animaux. Le prix à payer pour cela va être très élevé pour la société française pétrie de ses illusions, qui ne voit toujours rien venir.

Bernard Cazneuve et sa clique font en tous cas partie du passé, car ils n’ont rien à apporter, comme l’illustre parfaitement leur manifeste aussi ringard que prétentieux. C’est en quelque sorte le pendant réformiste et vide du populisme débridé et bavard de La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon.

« Manifeste pour une gauche sociale-démocrate, républicaine, humaniste et écologique

L’abstention massive des Français témoigne également de la perte de confiance dans les institutions de la République, mais aussi dans les forces politiques constituées, dont les citoyens doutent désormais qu’elles seront capables de se mettre au service du bien collectif. Il est fort probable que la communication débridée d’une majorité dévitalisée, sans boussole ni projet, et que les postures théâtrales des oppositions radicalisées ne suffiront pas à répondre à l’épuisement démocratique, qui prive la République de sa force vitale.

Alors que notre système politique et institutionnel voit sa légitimité contestée et son efficacité amoindrie, les Français aspirent à un gouvernement qui puisse agir de nouveau en les respectant, c’est-à-dire en s’adressant à leur intelligence collective. C’est dans ce contraste entre la situation politique et les aspirations profondes des Français que réside le risque d’un grave court-circuit démocratique : le blocage potentiel des institutions, la montée de la violence dans l’espace du débat public, l’effacement de la notion de respect, la volonté de certains de susciter, à chaque instant, la contestation de tout, en poussant la foule à s’emparer de la rue, offrent de sombres perspectives à notre pays.

Le mal est profond. Le divorce entre le peuple et les responsables politiques est consommé. Les Français sont de plus en plus nombreux à ne pas se sentir écoutés et – bien plus grave  – respectés. Le ressentiment le dispute au fatalisme, à l’insécurité culturelle s’ajoute une précarité existentielle débouchant sur le sentiment de vivre dans une société à durée déterminée. L’insécurité au quotidien, couplée à l’incertitude du lendemain, attise l’incompréhension mais aussi la colère. Pourtant, comme une lueur d’espérance, l’aspiration à la justice, à la concorde et au progrès est toujours aussi présente. Les énergies sont partout et l’envie de servir demeure infinie. Comme souvent face aux grandes épreuves, la France n’a pas perdu foi en elle-même.

Au fond, ce nouveau paysage politique souligne aussi le vide laissé par la sociale-démocratie et les humanistes de gauche. C’est ainsi qu’il faut lire ce texte, qui n’est autre qu’un appel à la refondation et donc à la constitution d’une dynamique collective. Un progrès qui protège, une République revivifiée, un État profondément restauré et un humanisme véritablement écologique : voici ce qui manque aux débats, voilà le cœur d’un nouveau mandat pour l’action. Il nous revient donc à nous, républicains de gauche et d’où que nous venions, de nous organiser pour rassembler nos forces et conjuguer nos efforts afin de redonner aux Français l’espérance à laquelle ils ont droit.

Voilà le mandat des militants de l’espérance : démontrer jour après jour qu’une autre gauche est possible, qui rompe avec l’outrance et le sectarisme, mais qui demeure ardente dans le refus des inégalités, des injustices et des discriminations, dans la défense des valeurs de la République et dans sa détermination à réussir le grand combat pour le climat, dont la jeunesse du monde entier porte avec audace le flambeau.

Un risque de dislocation de la société française

Les Français aspirent à un profond changement. Ils demandent à être convaincus que le progrès est encore une promesse possible pour eux-mêmes et leurs enfants. Certains aspirent au souffle des grandes espérances, qui a parfois permis dans l’Histoire d’enjamber un monde pour en faire jaillir un autre, qui soit plus juste et moins violent.  Beaucoup s’inquiètent du climat de tensions extrêmes dans lequel la Nation se trouve plongée. À l’occasion de l’élection présidentielle, le sentiment a dominé que la faiblesse de l’offre politique imposait au pays un choix par défaut. Ce que l’on a appelé le vote utile s’est traduit, pour bien des citoyens, par la résignation au moindre mal, dans un contexte où aucune force ne parvenait plus à apaiser le peuple, encore moins à l’unir.

Le délitement du débat public et du pacte civique résulte de l’affaissement des institutions, de l’abaissement des comportements dans la violence verbale et numérique, au point qu’il ne demeure presque plus rien de l’esprit républicain qui fit l’unité et l’indivisibilité de la Nation. Le passage au quinquennat a privé, mécaniquement, le chef de l’État du temps nécessaire à l’affirmation de son pouvoir d’arbitrage ; l’élection des députés dans la foulée a abouti à une désincarnation du Parlement assujetti à une technostructure froide, déconnectée et à l’exercice isolé du pouvoir présidentiel. L’accoutumance à la violence et à la transgression a convaincu chacun qu’il peut tout dire, tout faire et tout oser, pour atteindre ses buts. Les partis ont peu à peu cessé de jouer leur rôle d’enceinte de délibération où s’élaborent les propositions et les projets, pour se transformer en écuries d’ambitieux qu’anime la tactique plutôt que le bien commun. Les artifices de communication et les mises en scène théâtrales, auxquelles bien des responsables politiques se livrent pour dissimuler leur impuissance ou leur absence d’imagination réduisent la politique à un art de la séduction, éventuellement de la disruption, sans place pour le courage et les convictions. De ce jeu dont ils jugent sévèrement les acteurs, les Français ne sont pas dupes. Ils s’abstiennent de plus en plus ou choisissent le bulletin blanc afin de n’apporter à ce triste spectacle ni leur concours ni leurs voix. Il y a désormais un blocage, un refus d’obstacle, la démocratie représentative est en danger.

La société française fait face à un risque de dislocation. Pour prévenir cette désagrégation, quatre défis appellent des solutions urgentes : celle de la lutte contre les inégalités, à l’heure où les injustices accroissent les risques de fracturation de la société française ; celle du défi écologique et climatique, qui relève désormais d’une course effrénée contre la montre ; celle du nécessaire ré-ancrage républicain de la Nation, alors que des forces extrémistes, identitaires et violentes, assument de plus en plus ouvertement leur rupture avec l’universalisme, dont les républicains sont les héritiers ; celle de la réparation de l’État, abîmé et fragilisé par de funestes réformes, la réduction inconsidérée  de ses moyens, comme de sa capacité d’agir, notamment pour protéger les Français et la banalisation de son statut.

À gauche, l’aspiration au « rassemblement » est indissociable de l’espérance. Mais l’union est une discipline, qui revêt une part d’exigence morale et suppose la fidélité à des convictions, à des valeurs et à un héritage. C’est pourquoi la gauche de gouvernement, dans le temps long de son histoire, a toujours accepté de se confronter à la réalité, en faisant de l’éthique de la responsabilité l’instrument de sa crédibilité. Renoncer à cette identité reviendrait pour elle à se perdre, en laissant le champ libre à l’alliance de la droite extrême et à l’extrême droite. Dans la tempête et face au danger la faute funeste consiste à laisser tomber sa boussole.

La gauche de transformation, du fait de sa tradition pluraliste, est en outre la seule en capacité de réunir les différentes aspirations au progrès social, économique, environnemental, démocratique, sans transiger avec les valeurs de la République, le respect de l’État de droit et l’ambition d’une Europe plus forte et plus solidaire. La reconstruction d’une véritable perspective sociale-démocrate est urgente, si nous voulons pour nos enfants une société plus juste et plus écologique.

Refaire Nation

En nous attaquant aux inégalités, nous affirmons notre détermination à refaire Nation, en offrant à tous la perspective d’une vie digne et en protégeant le plus grand nombre du risque de déclassement. La société française, plus que jamais fragmentée et polarisée, hystérisée par les postures de confrontation entretenues en son sein ne se pense plus comme le creuset d’aspirations communes, mais comme la juxtaposition de groupes sociaux se représentant en communautés recroquevillées et hostiles les unes à l’égard des autres, où la revendication individuelle domine, au détriment des ambitions collectives et des préoccupations d’intérêt général. Face à la relégation vécue ou redoutée qu’éprouvent intimement nos concitoyens dans bien des territoires   – et qui se fait plus vive à mesure que l’on s’éloigne des centres urbains denses et connectés – les services publics sont à juste titre perçus comme l’instrument d’une possible solidarité, comme le levier de l’égalité réelle.

Les crises les plus récentes, par leur effet de souffle – le mouvement des gilets jaunes qui notamment a mis en lumière les fractures profondes au sein de la société française –, ont souvent conduit les gouvernants à privilégier la gestion politique immédiate, destinée à éteindre l’incendie, au détriment de la compréhension en profondeur des colères dont ils n’avaient que rarement anticipé l’avènement. Alors que les récentes poussées de fièvre ont, partout en France, résulté en grande partie d’un sentiment d’oubli des villes moyennes, des communes rurales reculées et des Outre-mer, une réponse plus ample, alliant le renforcement de la présence de l’État et des services publics et le retour à une ambitieuse politique de développement du territoire, aurait sans doute été plus efficace.

La question de la qualité et de la répartition des services publics sur le territoire national, face aux besoins affirmés de protection des Français, est devenue le critère à partir duquel s’opère ou non le consentement à l’impôt, ainsi que la capacité des citoyens à adhérer aux réformes qui leur sont proposées. Il en est ainsi des décisions visant à promouvoir les grandes politiques publiques de lutte contre le réchauffement climatique. Le renoncement à l’automobile dans les métropoles comme dans les campagnes n’est envisageable que si les transports sont non seulement accessibles, mais offrent un niveau de régularité, de sécurité et de confort conforme aux attentes des salariés modestes, des jeunes en formation, au travail ou en recherche d’emploi, encore très dépendants de la voiture pour leur activité et leur vie quotidienne.

Rétablir la possibilité de l’ascension sociale et garantir des conditions égales de dignité

S’engager pour la justice, c’est d’abord s’engager résolument dans le combat pour les droits des femmes et pour l’éradication des violences dont elles sont les victimes. Le féminisme est indissociable du combat pour le progrès. La belle idée théorisée par Gisèle Halimi en 2008, « la clause de l’Européenne la plus favorisée », doit enfin se concrétiser. Dans tous les domaines de la vie en société, nous devons prendre comme référence les pays européens où les législations sont les plus progressistes sans se laisser intimider par les lobbies conservateurs, aussi puissants soient-ils.

Pour plus de justice, il nous faut renouveler les conditions d’adhésion au contrat social en rétablissant la possibilité de l’ascension sociale et en garantissant des conditions égales de dignité. Cela suppose notamment de mieux prendre en compte les difficultés de nos concitoyens en situation de handicap : revalorisation des aides, valorisation du rôle des aidants familiaux, meilleur accès aux services publics et donc aussi à l’école. En effet, la dignité de notre société se mesure à sa capacité à réduire les inégalités notables et inacceptables qui subsistent en son sein. La société, lorsqu’elle se fige, consacre toujours les héritiers et n’assure plus la promesse républicaine d’un avenir meilleur pour les générations nouvelles et les plus vulnérables.

Porter le projet d’un progrès qui protège c’est aussi combattre fermement les inégalités en matière de santé. Trop souvent encore, nos concitoyens en situation de précarité ne bénéficient pas d’une garantie d’accès aux soins. Améliorer leurs conditions de vie et assurer leur dignité passe donc par le déploiement de politiques publiques plus volontaristes, notamment par le renforcement de la médecine préventive dont on sait qu’elle est encore plus indispensable pour les plus précaires et les plus isolés. Au-delà, la consolidation de l’hôpital comme pilier des politiques publiques d’accès à la santé de tous les Français doit redevenir l’une des priorités de l’action de l’État, en revalorisant les métiers, en soulageant les urgences et en luttant contre les déserts médicaux grâce à une politique d’incitation véritablement attractive.

Pour que le futur ne soit pas une fatalité, notre système éducatif doit être repensé comme la pierre angulaire d’une société renouant avec la bienveillance, le respect et la confiance dans la science, le progrès, les savoirs. Cela suppose la revalorisation des salaires des professeurs, qui doit manifester toute l’estime dans laquelle la société les tient mais aussi leur recrutement en nombre suffisant – au même titre d’ailleurs que pour les soignants, les « gardiens de la paix », ou les personnels de justice. La centralité de l’école dans les projets et les budgets, c’est aussi celle de la laïcité. La séparation des églises et de l’État est un principe de liberté – celle de croire ou de ne pas croire – et de concorde – la foi des uns ne fait pas la loi des autres, encore moins celle de tous. Face aux séparatismes religieux ou ethniques, au différentialisme et aux relativismes culturels, face à l’affirmation d’un islam politique qui hait l’universalisme français et soumet nos compatriotes de confession musulmane au joug d’une radicalité religieuse – alors même que ces derniers aspirent à vivre en paix dans la communauté nationale – la laïcité est ce trésor commun qu’il nous faut défendre sans relâche. Vouloir encore et toujours la République laïque c’est désirer ardemment l’égalité et le respect de l’autre, dans sa singularité, en raison du creuset de valeurs que nous avons en partage et qui nous permet de transcender nos différences. Les inégalités de destin s’inscrivent aussi dans les difficultés d’accès au logement. Les communes qui dérogent au principe même de la mixité sociale, malgré les pénalités financières, doivent être conduites à relancer la construction de logements sociaux. Les logements existants doivent être remis aux normes en alliant l’objectif d’une amélioration de la qualité de la vie à celui de la transition écologique. Enfin, vecteur d’insertion et de stabilité, l’accès au logement pour les familles monoparentales et les ménages sans domicile doit constituer une priorité. Le sans-abrisme n’est pas une fatalité, pas plus que l’attente prolongée de milliers de familles et d’enfants dans les hôtels sociaux. C’est par une politique ambitieuse et exigeante en matière de logement que les Français les plus en difficulté pourront recommencer à adhérer au contrat social et républicain.

Il est aujourd’hui encore du devoir des sociaux-démocrates de rappeler que les victimes des inégalités, les citoyens relégués par les effets de l’injustice de la naissance ou de l’existence, n’ont pas à être privés de la possibilité d’une redistribution équitable des fruits de leur travail. Notre politique ne peut plus seulement être celle de l’emploi mais bien celle du travail qui doit être repensée à l’aune de la transition écologique avec les travailleurs, les syndicats et le patronat. S’il faut rompre avec le toujours-plus, la simple affirmation de ce mantra ne trace aucune piste et dissimule la complexité des réformes à venir.

L’un des enjeux du monde du travail est de fournir des emplois de qualité, assurant non seulement un plus grand bien-être des salariés, mais aussi des progrès en matière de productivité et d’efficacité globale. L’ensemble des secteurs professionnels devront se faire plus sobres sans pour autant renoncer à l’ingéniosité française. Les progrès du travail et des technologies, en un mot du génie mécanique à l’œuvre dans toutes les réalisations humaines, sont un fait : il sera le moteur des solutions de demain, dans les secteurs qui demandent beaucoup de main-d’œuvre comme dans ceux qui en mobilisent moins. Pour que le progrès soit réel, il faut qu’il soit complet. Cela suppose qu’il soit maîtrisé, qu’il s’appuie sur les formidables potentialités du génie humain mais qu’il reste sans cesse guidé par les principes éthiques. Car le progrès n’est digne de sa promesse que s’il sert à lutter contre les injustices et les inégalités. Nécessairement technique, il doit être impérativement mis au service du quotidien des employés, augmentant la qualité de leur travail. Ainsi, le progrès pourra s’incarner dans l’efficacité de nouvelles méthodes qui assurent la protection des salariés, et non le sacrifice de la qualité de leur vie au travail ou de leur sécurité. Cette exigence est d’autant plus indispensable à l’âge de l’individualisation des métiers et de la numérisation des organisations. Cette mutation ne peut se faire que si le travail paie, que si la dignité des Français résulte aussi de leur labeur. Dans cette place reconnue donnée au travail, la plus grande intégration des syndicats et de leurs représentants à la vie de l’entreprise sera essentielle autant que fondatrice. Elle permettra un meilleur partage de l’information, une plus grande représentation des salariés dans les instances de décisions et de rémunérations, une redistribution plus juste de la valeur produite. C’est l’entreprise tout entière qui doit redevenir un espace de discussions et de compromis et non le lieu de toutes les confrontations et dominations, car elle est une communauté humaine essentielle pour relever les défis collectifs et favoriser un accomplissement individuel.

De progrès, la réforme des retraites doit l’être impérativement. Celle qui consisterait à repousser toujours plus loin l’âge de départ serait injuste et inefficace, en perpétuant l’idée que toute réforme est destinée à imposer d’abord des reculs de notre système de protection sociale, en niant les différences d’espérance de vie entre les Français, la pénibilité de certains métiers et en négligeant l’enjeu essentiel de l’emploi des seniors. Une telle approche n’aurait pour résultat que de dégager des marges budgétaires dans le cadre d’une politique sans vision ni projet à long terme. De surcroît, aucune modernisation du système visant à sauvegarder le principe solidaire de la répartition se sera possible sans que soient prises en compte la pénibilité du travail et la possibilité de partir en retraite de manière anticipée – en particulier dans le cas des carrières longues. La question du niveau des retraites les plus basses reste centrale : elles devront être réévaluées.

Face au changement climatique, l’immobilisme est criminel

Il appartient aussi aux sociaux-démocrates de ne jamais rendre incompatibles, par dogmatisme, la réduction des inégalités et l’ambition écologique. Cette politique sans nuance aboutirait au risque de voir les élites divorcer définitivement des classes populaires et d’une part croissante des classes moyennes, sans le concours desquelles les objectifs climatiques échoueraient à trouver leurs débouchés démocratiques. Le mouvement des ronds-points, à l’automne 2018, a témoigné de l’ampleur de ce dilemme et de l’impasse que représente, pour les gouvernements, la mise en opposition du sauvetage de la planète et du besoin de protection des populations les plus fragiles. Il est donc du devoir des nations de faire converger les objectifs de politiques publiques, définis dans le cadre des conférences pour le climat, au sein d’un agenda international crédible qui rende le marché et la justice sociale possibles, en privilégiant les filières d’excellence de la grande mutation écologique.

Face au changement climatique, l’immobilisme est criminel. Les conclusions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), dans son dernier rapport, sont sans appel, qui pointent notre responsabilité collective dans le réchauffement global de l’atmosphère, des océans et des continents. Le lien entre les émissions de CO2, résultant des activités humaines, les dérèglements climatiques, les manifestations météorologiques extrêmes impactant les territoires où nous vivons, donnent une dimension d’urgence au défi climatique. Le moment d’agir ne peut plus être différé. L’urgence environnementale, celle qui concerne le climat et la biodiversité, la qualité de l’air et l’accès à l’eau, est une urgence vitale. Elle est devenue existentielle au sens où de son issue dépend, à très brève échéance, la possibilité même de la vie. Le bouleversement climatique est en effet sans précédent. Il s’accélère comme un processus désormais hors de contrôle, face auquel il faudrait une volonté unanime des États et des organisations internationales pour retrouver la maîtrise de notre destin. La hausse du niveau des mers, la fonte des calottes glaciaires et le réchauffement climatique qui s’accélèrent constituent un point de basculement dont les conséquences, à court terme, pourraient se révéler à la fois irréversibles et imprévisibles. S’il est encore possible de limiter la hausse des températures à l’horizon 2050, l’effort pour y parvenir sera tel qu’il ne s’accomplira pas en faisant l’économie d’une stratégie concertée des nations, elles-mêmes armées d’un surcroît de détermination ou de volonté.

En 2015, lors de la conférence de Paris pour le climat, la France a incarné une ambition pour la planète. Ce qui paraissait alors hors de portée s’est traduit par un accord historique, dont la feuille de route a soulevé une espérance, en montrant le chemin d’une possible réconciliation entre la production, maîtrisée dans ses effets, et l’indispensable transition écologique. Depuis, la trajectoire des émissions de gaz à effet de serre de la France indique qu’elle ne tiendra pas ses objectifs climatiques de Paris. La production bas-carbone de notre électricité grâce à la filière nucléaire française constitue l’une de nos forces pour tenir nos engagements. Mais elle est largement compensée par nos retards – dont nos nombreuses importations très intenses en charbon – nos mobilités encore trop polluantes ou encore notre filière renouvelable insuffisamment développée.

Une nouvelle approche de l’intervention de la puissance publique

La réussite de la transition passe par une nouvelle approche de l’intervention de la puissance publique. Il est pour les Français inconcevable que les compétences, les investissements et les actions conjointes de l’État, de la puissance publique locale, et d’abord des régions et des métropoles, des grands opérateurs publics et des entreprises ne soient pas mieux coordonnés et planifiés pour permettre la réduction de la fracture territoriale dans des conditions qui soient compatibles avec l’urgence climatique. La politique énergétique doit trouver son équilibre entre la promotion du renouvelable, la modernisation du parc nucléaire, la poursuite des programmes de réduction de la consommation d’énergie. Dans cette perspective, l’accélération de la mise aux normes environnementales des bâtiments publics et privés doit continuer à mobiliser les pouvoirs publics nationaux et locaux. De même, la commande publique doit être plus responsable et ses acteurs   –État, collectivités locales, bailleurs, etc. – activer les nouveaux leviers de la loi sans attendre. Le combat de la transition est aussi celui de l’Europe. Les plans de relance européens et les capacités d’investissement des différents instruments de l’Union ne peuvent être une chance pour les territoires soumis à l’urgence climatique que si, dans chaque pays, des capacités d’anticipation et de planification s’organisent autour de la transition énergétique. Encore faut-il associer les territoires à la définition des projets et déconcentrer l’État pour qu’il coordonne leur mise en œuvre.

Pour réussir le défi écologique, nous devons bâtir une méthode et tracer des perspectives en nous appuyant sur nos entreprises. Notre industrie est composée d’un maillage de milliers d’entreprises qui conçoivent et développent des solutions pour la neutralité carbone collective, favoriser l’écoconception des produits, réduire l’empreinte de leurs productions sans en altérer la qualité et l’utilité, réinventer les modèles économiques pour qu’ils soient fondés sur la circularité et la fonctionnalité – sur l’économie des usages. Le combat qu’elles mènent est d’intérêt général et le renforcement du soutien public à leurs initiatives, une nécessité. Mais il faut aller plus loin et porter une véritable vision d’avenir. En lien avec nos partenaires européens, nous devons faire émerger de grands champions dans les domaines clés de la transition écologique – énergies, mobilités, infrastructures numériques et portuaires, éco-matériaux, agro-écologie. C’est un impératif de soutenabilité et de souveraineté. L’Europe, qui dispose de nombreux atouts pour une croissance en conscience et au sein de laquelle la France doit assumer un rôle de chef de file, permettra la sauvegarde durable de notre environnement en fournissant aux États les moyens de faire face de manière stratégique aux crises à venir.

L’Union européenne demeure pour nous la grande espérance pour notre pays

L’Union européenne demeure pour nous la grande espérance et le grand projet non seulement pour le continent mais pour notre pays. La construction européenne repose sur le principe d’un ordre en droit, inscrit dans la Constitution de la République. L’Europe est à la fois notre meilleur bouclier dans un monde chaotique et notre meilleur chemin pour le futur. Elle montre depuis 2016 sa résilience et son efficacité face aux crises. Qu’il s’agisse de l’unité enfin trouvée des Vingt-Sept face au Brexit, de la politique de vaccination continentale, du plan de relance et de la mutualisation des dettes, ou encore de la réponse commune face à la guerre que la Russie de Vladimir Poutine a engagée contre l’Ukraine et son peuple. Certains pensent que l’Union se trouve à l’origine de l’incapacité du continent à défendre ses intérêts, alors même que c’est la faiblesse de l’ambition européenne qui seule explique cet échec. Efficace face aux crises, l’Union est par ailleurs indispensable pour pouvoir peser dans ce qu’il convient d’appeler l’Ère des Empires. Sans l’Union, l’Europe restera la cible trop passive des appétits chinois, américains et russes. Elle est aussi un pôle de puissance et de stabilité dans un ordre mondial menacé par des organisations nouvelles, conjuguant terrorisme, trafics, cyber-criminalité. La géopolitique du futur est aussi celle des défis climatique, migratoire, sanitaire, des batailles pour l’accès à l’eau, au soin et à la démocratie. Avec l’Union et dans le fracas du monde, l’Europe pourra organiser la défense de ses valeurs, de ses intérêts et de ses emplois, et assurer enfin la mise en œuvre d’une volonté politique et stratégique réaffirmée.

À l’instar de notre filière nucléaire, la France a montré par le passé qu’elle était capable de lancer de grands programmes technologiques, industriels et de recherche destinés à maintenir son rang dans le monde et à garantir son indépendance et sa souveraineté. Il a fallu attendre l’étrange concept d’entreprises sans usines – c’est-à-dire l’avènement d’une conception exclusivement libérale de la division du travail à l’échelle planétaire – pour que notre pays accepte, comme une fatalité, le lent déclin de son industrie, dont les effets sur sa capacité de résilience ont été durement éprouvés au moment de la crise sanitaire. Beaucoup ont préconisé la réindustrialisation à marche forcée de la France, sans jamais faire la part de ce qui était désormais stratégique pour elle et de ce qui avait cessé de l’être depuis longtemps. Dans toutes les hypothèses évoquées et retenues, on peinait à trouver la méthode et le début d’un chemin de crédibilité. À grand renfort de slogans parfois grandiloquents, annonçant la démondialisation, on semble faire l’impasse sur la dimension internationale des grandes causes à défendre – et d’abord la lutte contre le réchauffement climatique – qui suppose que les nations les plus engagées puissent projeter, par-delà leurs frontières, une ambition universelle, en coordonnant leurs initiatives. Il s’agit de faire en sorte que les efforts accomplis par les uns, avec la préoccupation de la vie sur la planète, ne soient pas détruits par le nationalisme égoïste des autres, soucieux d’affirmer la domination de leurs produits, de leurs industries, de leurs normes et de leurs capitaux sur le reste du monde. L’utilisation extraterritoriale du droit a montré que dans cette compétition pour l’affirmation d’intérêts parfois puissants, tous les coups pouvaient être portés, et que l’Union européenne se trouvait généralement désarmée lorsque de grands pays transformaient en instrument assumé de leur hégémonisme certaines réglementations ou législations élaborées par eux. Ce chemin qui consiste à réduire le monde à un affrontement entre blocs économiques n’est ni viable ni durable.

Redonner à la puissance publique les moyens d’opérer la transformation sociale et écologique

Pour porter cette ambition de renouveau, notre vision sociale-démocrate est plus que jamais pertinente et fait preuve de sa modernité : elle affirme la nécessité de donner à la puissance publique, à l’échelle européenne, nationale et locale, les moyens d’opérer la transformation sociale et écologique. Rien de significatif ne se fera donc sans le renforcement de l’intervention de la puissance publique, sans l’affirmation par l’État de ses prérogatives, sans l’association des citoyens à une ambition commune et qui donne un sens au tout qu’ils constituent ensemble, au cœur des territoires où ils vivent. Cette ambition porte le beau nom de Nation.

Elle ne peut pas être un repli ni une fermeture sans dommages dont il suffirait d’évoquer les vertus pour nous guérir de nos insuffisances et nous protéger d’un monde hostile. Dans le lent processus historique ayant abouti à son avènement, la France a vu l’État préexister à la Nation. Le pacte qui s’est noué entre des citoyens aspirant à la liberté et formant pour l’humanité des vœux universels a donné à la souveraineté une dimension singulière, indissociable d’une irrépressible aspiration à la démocratie et dont la forme républicaine a mis du temps à éclore. C’est dans le temps long de son histoire que la République est parvenue à se doter d’institutions à même de réaliser son projet. Parmi les thuriféraires de la VIe République, figurent nombre de ceux qui rêvent du retour de la IVe, amputée de ses talents. Ce serait sans doute là le terrain le plus favorable à l’assouvissement des calculs d’appareils et des ambitions personnelles les plus indicibles. Alors que depuis plus de soixante ans, notre pays a connu de multiples alternances qui ont permis à des majorités de sensibilités différentes de mettre en œuvre leurs programmes, que les cohabitations successives se sont déroulées sans heurts, que des crises le plus souvent profondes ont pu être surmontées sans que l’indivisibilité de la Nation ne soit rompue, on voudrait s’en prendre à ce qui tient encore, comme pour faire oublier ce qui ne tient plus aux yeux des Français et qui relèvent d’un lent processus d’abaissement des comportements politiques. Faut-il pour autant ne rien faire du tout et ne plus rien oser ? Doit-on tout conserver en l’état, au motif qu’il y aurait dans le mouvement possible des choses une prise de risque dont la France n’aurait plus les moyens ? On ne peut avoir été si longtemps au pouvoir et prétendre y revenir un jour, sans avoir une juste idée des urgences de l’époque et des moyens à mobiliser pour y faire face en conduisant les réformes nécessaires.

Rien de l’ambition nationale ne peut se concevoir sans un État déconcentré fort, retrouvant sous la coordination des préfets les moyens d’une action ancrée dans les territoires et donnant un visage humain à l’administration. Dans cet esprit, tout entier tendu vers l’objectif de l’amélioration de la qualité du service public, nous pouvons parvenir à recréer une efficacité de l’action publique, en rompant avec les logiques d’attrition qui ont prévalu.

Rien de tout cela ne peut se réaliser sans un pacte de confiance renforcé avec les collectivités locales. Notre République vit du fait que des personnes sont prêtes à assumer des fonctions publiques et à assurer sur le terrain l’indispensable dialogue quotidien avec leurs concitoyens, sans se défausser de leurs responsabilités sur l’État. Ces femmes et hommes sont les maillons essentiels de la démocratie représentative et sont le gage d’une action publique de proximité à tous les échelons-clés, municipalités, intercommunalités, départements et régions.

Ainsi, les territoires sont le socle démocratique de notre République. Pour nous, sociaux-démocrates, la décentralisation est une démocratisation. Elle n’affaiblit pas l’État, elle est même le levier indispensable de la réindustrialisation de notre pays et donc de sa souveraineté, en s’appuyant notamment sur l’excellence des régions. Il n’y aura donc pas de modernisation de l’économie et du plus globalement du pays sans une nouvelle étape de décentralisation qui soit ambitieuse.

Multiplier les espaces de dialogue et de concertation

Ce n’est qu’en multipliant les espaces de dialogue et de concertation que l’on évite les courts-circuits politiques. Pour donner du sens à la vie de la Nation, nous souhaitons des corps intermédiaires structurés et puissants : des partis, des syndicats, ainsi que des institutions valorisées dans leur rôle et fonctionnant régulièrement. Il faut un Parlement qui ne soit pas un théâtre d’ombres et des représentants du peuple qui ne rompent pas le lien avec ceux qui leur ont témoigné leur confiance, au prétexte qu’il faut « faire moderne » et que les réseaux dits sociaux, avec leurs injonctions et leur bruit, suffiraient à dégager un chemin de crédibilité et de raison. On ne peut faire en politique l’économie du lien réel au citoyen. C’est pourquoi la primauté et la centralité du suffrage universel doivent être réaffirmées dans notre contrat social et démocratique.

Il n’est qu’à constater l’effacement progressif des deux assemblées législatives pour mesurer combien l’arrivée d’une classe politique sans ancrage n’a encore rien engendré de nouveau et que l’éloignement d’une base à laquelle on s’astreint à rendre des comptes réduit la politique à un jeu exclusivement tactique, destiné à se sauver soi-même. Il faut à la Nation un gouvernement qui ne soit pas composé que de collaborateurs serviles, fébriles à l’idée de tout perdre, en prenant le risque d’offenser le prince.

Et que reste-t-il des organisations qui firent si longtemps battre le cœur de la démocratie en défendant les intérêts des salariés ? Certaines d’entre elles se sont parfois montrées plus préoccupées de la préservation de leur pré carré que de la recherche des compromis utiles, permettant de faire progresser des causes justes, après avoir été arrachées de haute lutte. Encore faut-il qu’elles soient considérées par le pouvoir comme des partenaires et non des adversaires.

Quant aux associations et aux mouvements de l’éducation populaire, ils n’ont cessé d’être négligés, recevant les saluts enflammés à la fin des discours alors que leurs bénévoles méritent reconnaissance, leur contribution au pacte social et à l’autonomie de la jeunesse exigent le respect, et leurs missions imposent accompagnement moral et financier.

Enfin, le soutien à la culture et la promotion des activités culturelles dans toute leur diversité doit être assumé comme une tâche impérative de la puissance publique. La culture est nécessaire à la vie et indispensable aux citoyens pour voir et comprendre le monde.  Pour affronter ses nombreux défis, la Nation a bel et bien besoin de femmes et d’hommes éclairés à l’esprit civique et donc critique, libérés du seul économisme et rétifs à l’uniformisation culturelle, sensibilisés aux arts, épris de l’amour du beau, de tout ce qui fait aussi la France. Éducation, urbanisme, paysages, création, le droit au beau est bien plus qu’une exigence esthétique, il est un impératif catégorique d’émancipation individuelle, de transmission et de construction collectives, et de rayonnement national.

La conviction d’appartenir à la même condition humaine

C’est dans l’affirmation à chaque instant de ce que l’on est et de ce à quoi on croit que réside le vrai courage. Il n’est pas de grand fleuve qui ne procède d’une source claire. Il en va de même en politique. La victoire appelle toujours une force suffisamment puissante, pour que le courant imprime sa vitesse et que plus rien ne parvienne à l’interrompre. La satisfaction qu’engendrent les concessions faites à la radicalité est par la force des choses éphémère. Elle est comme une tentative de dérivation du fleuve par ceux qui ont oublié qu’il se dirige inéluctablement vers la mer, lorsqu’il demeure fidèle à sa source.

Il nous faut donc libérer un paysage politique dévasté et reconstruire pas à pas ce qui doit l’être : des organisations politiques tournées vers la Nation et son bien, armées de la sincérité sans laquelle il ne peut y avoir de confiance et portant un projet où l’audace ne va pas sans la part de risque qu’appelle la recherche constante de la juste position. Pour y parvenir, on aurait tort de se satisfaire des postures grandiloquentes de l’insoumission, en acceptant le mariage de l’inconséquence et de la violence, dans un nihilisme où la colère empêcherait l’avènement de l’espérance. L’amour de la justice et de l’égalité ne place pas spontanément ceux qui en sont les porte-drapeaux sur un chemin de roses. La gauche à laquelle nous croyons est pétrie de l’esprit de nuance, dont il est de notre devoir moral de faire l’éloge pour restituer au peuple des citoyens la complexité d’un monde dont nous aspirons à maîtriser le destin.

L’indignation est nécessaire mais ne suffit pas à mettre en mouvement des sociétés où des fossés se creusent, au point que les plus vulnérables, désespérés de ne pouvoir un jour rencontrer le progrès, se jettent dans les bras de populismes et d’extrémismes qui les instrumentalisent et les dupent, peu soucieux de résoudre les problèmes dont l’aggravation leur sert de rente électorale. Mais ce cynisme, enkysté depuis des décennies dans le débat public et dont l’élection présidentielle a montré l’extension géographique et sociale, n’est pas une fatalité. Il nous présente simplement les comptes de nos manquements et de nos renoncements successifs, lorsque nous abandonnons le peuple à ceux qui le trompent et que nous avons depuis longtemps cessé de lui parler, pour ne privilégier que des catégories d’intérêts ou des communautés d’appartenance.

Les combats de la gauche sont indissociablement liés à la passion de la République et à la nécessité d’en préserver toujours les valeurs, les institutions et la citoyenneté. L’unité et l’indivisibilité de la Nation appellent un effort constant de ses représentants pour ne pas perdre le fil d’une histoire faite de conquêtes, de reculs, de déceptions, mais aussi de conscience et de culture politique constamment soumises à l’examen critique d’esprits demeurant libres, en même temps que profondément unis les uns aux autres par la conviction d’appartenir à une même condition humaine.

C’est cette conviction qui constitue le creuset de la promesse universelle de la République et de la France, celle avec laquelle on ne peut transiger : ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui pourrait nous diviser un jour. De là vient que le premier de nos devoirs est d’affirmer que l’unité de la Nation relève du travail de chacun, c’est-à-dire d’un effort qui conditionne la réussite et l’avènement des ambitions que nous pouvons porter collectivement et au premier rang desquelles doit subsister, à tout prix, le désir de demeurer ensemble. Car la République n’est pas seulement l’enjeu des gouvernants : elle est d’abord l’affaire des citoyens.

Qui s’estime comptable de cette histoire ne peut admettre que les grandes causes qui firent les plus ardents combats de la gauche soient ainsi abandonnés. La suspicion cyniquement entretenue à l’égard de chacun dans la compétition de tous contre tous ne conduit qu’à excommunier les plus modestes et leur interdire de participer à la grande aventure humaine pour la reconnaissance de leurs droits et de leur singularité. Il n’y a rien dans cette tension délibérément entretenue qui puisse ressembler au progrès, rien qui puisse susciter l’espérance. Les exigences d’égalité et de justice, le rejet du racisme, de l’antisémitisme, des discriminations, de la violence à l’encontre des plus vulnérables ne peuvent pas être simplement portés par une partie de la Nation, mais par elle tout entière. La laïcité, la liberté, l’égalité et la fraternité continueront à perdre leur force d’entraînement, aussi longtemps qu’elles n’auront pas retrouvé leur utilité pratique, celle d’outils qu’on utilise pour atteindre un but, comme on construit une maison ou cultive un jardin.

Il n’y a pas l’inéluctabilité de la droitisation de la société, de la réaction et de l’extrémisme de droite ou de gauche accomplissant leur œuvre destructrice. Il n’y a que le risque pour les forces sociales de se tromper de route et de laisser à leurs opposants le soin de préempter un héritage séculaire en le dilapidant et en le trahissant. C’est là pour nous l’essentiel qui prévaut face aux agitations d’estrade et aux ambitions pour soi-même. C’est cette quête du sens profond de l’égalité et de la Nation que nous porterons, car elle seule peut porter notre espérance.

Premiers signataires

Patricia ADAM, Ancienne députée du Finistère (29) ;  Jérôme ALEMANY, Conseiller départemental (44) ;  Sylvie ALFRED, Meulles (14) ;  Kevin ALLENO , Élu municipal Lanester – Morbihan (56) ;  Arthur ALLIZARD, Artiste (61) ;  Jean ALMARCHA, Conseiller départemental Montpellier (34) ;  Rado ANDRIAMANIO, Psychiatre hospitalier (61) ;  Cédric ARDOUIN, Socialiste d’Indre-et-Loire (37) ;  Louis ARSAC, Consultant à l’international – Caen (14) ;  Bernard ATTALI, Consultant ;  Edwige AVICE, Ancienne ministre , IAG ;  Jean-Paul BACQUET, Député honoraire (63) ;  Orod BAGHERI (38) ; Guy  BAILLART, Ancien député du Calvados (14) ;  Sylvie BALON, Conseillère départementale et première adjointe au maire de Longwy (54) ;  Marie-Annick BARTHE, Économiste, POLLEN ;  Chantal BEAUFILS, Enseignante à la retraite – Senlis (60) ;  Yves BEGUIN, IAG ;  Flavien BENAIN-LIOT,  Trésorier – IAG ;  Jean-Marie BENIER, Conseiller départemental (22) ;  Alain BERGOUNIOUX, VP de IAG, Président de l’OURS ;  Ludovic BIASOTTO, Maire de Lavardac – Vice-président d’Albret Communauté (47) ;  Gisèle  BIEMOURET, Ancienne députée du Gers (32) ;  Clément BIJOU, Périgueux (24) ;  Erwann BINET, Ancien député de l’Isère (38) ;  Philippe BLET, CA Les Engagé.e.s ;  Martyne BLOCH, Socialiste (59) ;  Angela BOGROS, Principale de collège à la retraite – Lisieux (14) ;  Monique BOINEAU-SERRANO, Maire de Chassaignes (24) ;  Jean-Paul BOISSON, Socialiste – Retraité INSEE – Niort (79) ;  Baptiste BONDU,  TÉLÉMAQUE ;  Jérôme BORNET, Conseiller municipal d’Orléans (45) ;  Thomas  BOS, étudiant ;  Claude BOUCHAFA, Militant associatif (62) ;  Pierre-Etienne BOUCHET, Socialiste – conseiller municipal de Chantilly (60) ;  Christophe BOUILLON, Ancien député de Seine-Maritime, maire de Barentin et conseiller départemental (76) ;  Isabelle BOUILLOT, IAG ;  Pascal BOURDEAU, Vice-président du CD 24 ;  Hussein  BOURGI , Sénateur de l’Hérault, conseiller régional d’Occitanie (34) ;  Robert BOUSBA, Provins (77) ;  Maxime BOUTRON, SGA Les Engagé.e.s ;  Bertrand BRASSENS, Haut fonctionnaire à la retraite ;  Maurice  BRAUD , Socialiste – Conseiller municipal délégué de Créteil et conseiller communautaire (94) ;  Jean-Louis  BRICOUT , Député de l’Aisne (02) ;  François BROTTES, ancien député de l’Isère et président de commission (38) ;  Pierre BRUYNOOGHE, Administrateur du cercle POLLEN ;  Hélène BURGAT, Maire de Mondeville et vice-présidente de Caen-La-Mer (14) ;  Philippe BUISSON, Maire de Libourne (33) ;  Mathieu CAHN,  Strasbourg (67) ;  Jean-Philippe CALMUS, (75) ;  Jean-Christophe CAMBADÉLIS, NOUVELLE SOCIÉTÉ (75) ;  Pierre CASELLAS, Conseiller municipal délégué – Tournefeuille (31) ;  Laurent  CATHALA, Ancien député du Val-de-Marne, maire de Créteil (94) ;  Christophe CATHUS, Conseiller régional, maire de Cales (24) ;  Michelle CAZANOVE, Haut fonctionnaire en retraite, POLLEN ;  Maïté CAZAUX, Socialiste – Bordeaux (33) ;  Bernard CAZENEUVE, Ancien Premier ministre (50) ;  Jean-Pierre CERDAN, SG de l’ONG Électriciens sans frontières, IAG ;  Pierre CHABERT , Terre de progrès, POLLEN ;  Fanny CHAPPÉ, Maire de Paimpol, conseillère régionale (22) ;  Robert CHAPUIS, Ancien ministre – IAG ;  Nathalie CHARLES, Cadre territorial (61) ;  Vasilica CHARNAY, Ancienne collaboratrice parlementaire, POLLEN ;  Christelle CHASSE, Maire de Herbignac (44) ;  Raphaël CHAUVOIS, Conseiller municipal de Ouistreham, ancien conseiller régional (14) ;  Jean-Luc CHENUT , Président du département d’Ille-et-Vilaine (35) ;  Loïg  CHESNAISGIRARD, Président de la Région Bretagne (35) ;  Pascale CHEVALLIER DEVERRE, Rédactrice territoriale (61) ;  Sylvie CHEVALLIER , Vice-présidente du Conseil départemental (24) ;  Françoise CHOPARD, PRG – Le centre gauche ;  Francis  CHOUAT , Ancien député de l’Essonne et maire d’Evry (91) ;  Léo CHRISTOPHE, Étudiant (15) ;  Gérard CICUREL, Consultant informatique ;  Jacques CLAUDÉ, Haut fonctionnaire à la retraite – Saint-Denis (93) ;  Thomas CLAY, Avocat et Professeur de Droit ; Jérôme CLÉMENT,  ;  Christian COAIL , Président du département des Côtes-d’Armor (22) ;  André COENT , Maire de Plouzélambre  – Côtes d’Armor (22) ;  Gérard COLIN, Ancien conseiller départemental (61) ;  Sylvie COLIN, Militante associative (61) ;  Antoine COLOMBANI, TÉLÉMAQUE ;  Dominique COMBLES DE NAYVES, Ancien ambassadeur, IAG  – Secrétaire général ;  Denis  COMPINGT,  ;  Corentin  CONDUTIER , Consultant en finances publiques – Betton (35) ;  Josette CONNAN, Maire de Lanleff (22) ;  Pierre-Yves COSSE, Ancien commissaire général au Plan – IAG ;  Michel COSSON, Bénévole association (61) ;  Anthony COURTALHAC, Militant socialiste Puy-de-Dôme (63) ;  François CUILLANDRE, Maire de Brest (29) ;  Frédéric CUVILLIER, Ancien ministre, ancien député du Pas-de-Calais, maire de Boulogne-sur-Mer (62) ;  Corinne  DALDOSSO, Attachée territoriale (31) ;  Arsène DEHEC, Étudiant – Cognac (16) ;  Valérie DELAGE, Bureau Les Engagé.e.s ;  Denis  DELASALLE, Ancien maire de Villers-Canivet (14) ;  Serge  DELAVALLEE, Vice-président de la CDC Pays de l’Aigle (61) ;  Gérard DELFAU, Président association laïque ;  Carole DELGA, Présidente de la région Occitanie – Ancienne Ministre (31) ; Halima DELIMI, Communicante (Genève- Suisse) ;  Pierre DENIZET, IAG ;  Bernard DEROSIER,  Ancien député du Nord (59) ;  Jean-Philippe DEROSIER, SGA Les Engagé.e.s ;  Yvon DESCHAMPS, Ancien premier fédéral PS (69) ;  Jacques DÉSIDÉRI, Responsable syndical interprofessionnel – Aix-en-Provence (13) ;  Michel DESTOT, Président IAG, Ancien député de l’Isère et maire de Grenoble (38) ;  Serge  DEVERRE, Commercial (61) ;  William DIAS RAMALHO, CA Les Engagé.e.s ;  Meiling DINGGENTIL, Cheffe d’entreprise – Senlis (60) ;  Marie-Claire DONNEN, Conseillère régionale Grand Est ;  Mathieu  DRUILLOLE, Secrétaire fédéral PS – Responsable associatif (24) ;  Jean-Marc DUBARRY, Balma (31) ;  Jeanine DUBIE, Ancienne députée des Hautes-Pyrénées – PRG (65) ;  Alain DUBOIS, Président des Acteurs régionaux du développement durable (59) ;  Sandrine DUBOS, Socialiste (24) ;  Katia DUBOUCHETBUISSON, Élue de Villeurbanne et doctorante en droit public (69) ;  Jean-Paul DUCOULOMBIER, Ancien maire de Saint-Aubin-sur-Mer (14) ;  Pauline DUCOULOMBIER, Cadre dans une structure culturelle (14) ;  Anne Lise DUFOURTONINI, Maire de Denain – Ancienne députée du Nord (59) ;  Jean-Louis DUPIN, Cugnaux (31) ;  Yves DURAND , Ancien député et ancien maire de Lomme (59), POLLEN ;  Christian  ECKERT , Ancien ministre, ancien député de Meurthe-et-Moselle (54) ;  Éric ELKHOUBY, Ancien député et ancien adjoint au maire de Strasbourg (67) ;  Fabrice EPSTEIN, Avocat ;  Matthias FEKL, Avocat, ancien ministre ;  Marie-José FERCOQ , Maire de Mellionnec (22) ;  Corinne  FERET , Sénatrice du Calvados  (14) ;  Martine FILLEUL, Sénatrice du Nord (59) ;  Daniel FILOCHE, Bénévole associatif (61) ;  Jacqueline FILOCHE, Bénévole associatif (61) ;  Sandrine FLOUREUSSES, VP du conseil départemental (31) ;  Marc FONTECAVE, Professeur au Collège de France (75) ;  Hugues FOURAGE, Ancien député de Vendée (85) ;  Serge FOURCAUD, Maire de Bonneville-et-Saint-Avit-de-Fumadières (24) ;  Jean-Marc FOURNEL, Maire de Longwy (54) ;  Sébastien FOURNIER, DG délégué d’Eurocom Éditions – IAG ;  Jacques FOURRE, Socialiste – secrétaire de section (14) ;  Grégory GABORET, Conseiller municipal d’Amilly (45) ;  Jean-Louis GAGNAIRE, Ancien député de la Loire (42) ;  Jean-Bernard GAILLOTRENUCCI, Conseiller politique, POLLEN ;  Arthur des GARETS, Étudiant SciencesPo ENS ;  Julie GARCINSAUDO, Conseillère départementale – Pézenas (34) ;  Roland GARRIGUES, Ancien maire de Montauban (82) ;  Vincent  GAUDY, Vice-président du conseil départemental – Maire de Florensac (34) ;  Yacinthe GBODOGBE, Conducteur d’engins – Creil (60)  ;  Robert  GELLI , Magistrat honoraire ;  Jean-Louis GELY, Vice-président du Département – Montpellier (34) ;  Hélène GEOFFROY, Ancienne ministre, maire de Vaulx-en-Velin (69) ;  Florence GINISTY, Avocate – Toulouse (31) ;  Mathieu GITON, Délégué des Français de l’étranger ( Bruxelles – Belgique)  ;  Jean GLAVANY, Ancien ministre, ancien député des Hautes-Pyrénées (65) ;  Mathieu GLAZ, Conseiller départemental (56) ;  Yves GOASDOUÉ, Maire de Flers et président de Flers Agglo (61) ;  Serge GODARD, IAG ;  Sandrine GOMBERT, Conseillère régionale des Hauts-de-France – Maire de Petite-Forêt (59) ;  Mario GOMES, Artisan – Chantilly (60) ;  José-Luis GOMEZLLANOS, IAG ;  Marc GOUA, Ancien député de Maine-et-Loire (49) ;  Rémy GOUBERT, Étudiant en droit (15) ;  Pierrick GOURONNEC, Maire de Pleumeur-Gautier – Côtes d’Armor (22) ;  Sébastien GRICOURT, Expert international – Socialiste Bagnolet (93) ;  Charles-Henry GRIGY, Agent hospitalier (61) ;  Karine GROSJEAN, Ancienne PSF, présidente association laïque – Pontarlier (25) ;  Guillaume GROSSO, VP PRG – Élu à l’Assemblée des Français de l’étranger – Genève ;  Alain GUEGUEN, Maire de Plouguernével (22) ;  Davy GUIHAIRE, Infirmier hospitalier (61) ;  Daniel GUILLIET, Inspecteur du travail à la retraite – Chantilly (60) ;  Loris GUILLOTEAU, Socialiste – étudiant (77) ;  Muriel GUIN, Fonctionnaire européenne (Bruxelles- Belgique) ;  Éric GULINO, Maire de Ogy-Montois-Flanville (57) ;  Béatrice GUYOT, Conseillère départementale (61) ;  David  HABIB , Député des Pyrénées-Atlantiques, ancien maire de Mourenx (64)  ;  François HADA, Ancien conseiller de Jean-Marc Ayrault ;  Yoan HADADI, Socialiste (57) ; Seid HASSIM, Chef d’entreprise (31) ;  Angélique HAVARD, Écologiste – Conseillère municipale Lisieux (14) ;  Bertrand HAVARD, Adjoint au maire de Mondeville (14) ;  Claire HEBERSUFFRIN, Co-créatrice du mouvement des réseaux d’échanges des savoirs (91) ;  Marc HEBERSUFFRIN, Co-créateur du mouvement des réseaux d’échanges des savoirs (91) ;  Lori HELLOCO, Conseiller départemental, premier adjoint au maire de Flers (61)  ;  Quentin HENAFF, Directeur d’hôpital, IAG ;  Thomas  HENNEQUIN, Maire de Montcornet (02) ;  Gabrielle HENRY, VP du conseil départemental (34) ;  Francis  HERBAYS, Maire de Fillières (54) ;  Annie HILY, Infirmière, socialiste – Chantilly (60) ;  Antoine HOAREAU, Adjoint au maire de Dijon (21) ;  Jean-Michel  HOULLEGATTE , Sénateur de la Manche (50) ;  Sylvaine HOULLEMARE, Maire déléguée de Familly – Livarot – Pays d’Auge (14) ;  Jean-Pierre HUREL, Adjoint au maire de Flers (61) ;  Fabrice HURET, Universitaire, POLLEN ;  Joris HURIOT, Maire de Mattaincourt (88) ;  association Inventer à Gauche  ;  Marc-Antoine JAMET, Maire de Val-de-Reuil (27) ;  Hervé JAVERZAC, Conseiller municipal de Sanilhac (24) ;  Laurent JOFFRIN, Président LES ENGAGÉS ;  Gilles JOVIADO, Maire de Buzet-sur-Tarn – VP CDC Val Aïgo (31) ;  Laurent  JUMELINE, Vice-président de Flers Agglo (61) ;  Régis KERDELHUE , Élu municipal Morbihan (56) ;  Patrice KERVAON, Conseiller départemental (22) ;  Romain KIRCHDORFER, IAG ;  Patrick KLUGMAN, Avocat (75) ;  Yann KOEBERLÉ ARNOULT, Les Engagé.e.s ;  Marie-Rose KORO, Conseillère des Français de l’étranger (Turquie) ;  Annie LACOUR, Socialiste – Lisieux (14) ;  Guillaume LACROIX, Président du Parti radical de gauche ;  Michel  LALANDE , Ancien haut-fonctionnaire (94) ;  Delphine LALU, LES ENGAGÉS ;  Jérôme LAMBERT, Ancien député de la Charente (16) ;  Bruno LAMONERIE, Vice-président du Conseil départemental, président EPCI (24) ;  Pascal LAMY, Ancien commissaire européen, ancien DG de l’OMC, IAG ;  Nadège LANGLAIS, Conseillère départementale (22) ;  Benjamin LANIER, IAG  ;  Nathalie LANZI, Socialiste – Niort (79) ;  Ange LAUNAY, Socialiste (14) ;  Thibault LAVAUDVAVASSEUR, Étudiant – Lisieux (14) ;  Paul LE BIHAN, Maire de Lannion (22) ;  Béatrice LE COUSTER, Conseillère départementale (22) ;  Stéphane LE FOLL, Ancien ministre, ancien député, maire du Mans (72) ;  Anthony LE FOLLIC , Conseiller municipal de Saint-Geniès (24) ;  Philippe LE GOFF, Maire de Guingamp (22) ;  Philippe LE GOUX, Maire de Pléguien (22) ;  Claude LE HEN , Militant syndical (56) ;  Vincent  LE MEAUX , Président de l’agglomération Guingamp-Paimpol (22) ;  Annaïg LE MOËL RAFLIK, Élue municipale Lanester (56) ;  Marie-Christine LE MOUËL, Élue municipale Pontivy (56) ;  Gaëlle LE STRADIC , Conseillère régionale (56) ;  Jean-Claude LEBLOIS , Président du Conseil départemental (87) ;  Didier LEBRET , Ancien ambassadeur, associé senior chez ESL&Network (58) ;  André LEDRAN, Ancien maire de Ouistreham – Ancien député et conseiller général (14) ;  Denis LEFEBVRE, Historien ;  Dominique LEFEBVRE , Ancien député du Val-d’Oise et ancien maire de Cergy-Pontoise (95) ;  Annick LEFEUVRE , Bénévole association (61) ;  Nicole LEFOUR, (60) ;  Magali LEFRANCOIS, Ancienne conseillère départementale (14) ;  Roselyne LEFRANCOIS, IAG ;  Patrick LEGEAY, Élu municipal Lanester (56) ;  Thierry LEGOUIX, Ancien conseiller départemental (14) ;  Jacky LEHUGEUR , Maire de Gouvix (14) ;  Bernadette LEMOINE, Institutrice – Chantilly (60) ;  Aubin-Dominique LENGHAT, Ancien ministre de Centrafrique – Bussy-Saint-Georges (93) ;  Claudine LEPAGE, Ancienne sénatrice (Français établis hors de France) ;  Christine LEPELTIER-FLEURY, Infirmière hospitalière (61) ;  Fabienne LEPERS, Hem (59) ;  Philippe LEPINAY, IAG ;  Isabelle LERALLE, Élue syndicale –  Hôpital de Lisieux (14) ;  Jean-Paul LEROY, Élu municipal, ancien maire de Pleslin-Trigavou (22) ;  Jean-Paul LETOUZÉ,  ;  Michel LEVALLET , Socialiste – Ouistreham (14) ;  Jean LEVIOL, 29 ;  Martial  LONGUET, Adjoint au maire de Gouvix (14) ;  Jérôme LOPEZ, Conseiller départemental – Maire de Saint-Mathieu-de-Tréviers (34) ;  Guillaume LOUIS, Conseiller départemental (22) ;  Sylvie LYONS, Socialiste (05) ;  J.-C. MACQUAIRE, Retraité (26) ;  Jean-Michel  MADELAINE, Professeur de karaté – Lisieux (14) ;  Lydie MAHE, Conseillère départementale (44) ;  Saliha MAKHLOUF, Consultante en communication – Conseillère municipale déléguée – Corbas (69) ;  Jean-Claude MALAISE , Retraité de la banque – Orry-la-Ville (60) ;  Hermeline  MALHERBE , Présidente du Conseil départemental (66) ;  Vincent  MALHERBE , Délégué départemental TDP POLLEN (66) ;  Jean MALLOT, Ancien député de l’Allier (03) ;  Mario MAMBOLE, Technicien voirie- Saint-Maximin Village (60) ;  Louis-Joseph MANSCOUR, Ancien député européen et ancien député de la Martinique ;  Marie-Lise MARSAT, Vice-présidente du Conseil départemental, maire de  Le Buisson-de-Cadouin (24) ;  David  MARTI, Maire Le Creusot – Président CU Creusot-Montceau (71) ;  David  MARTINEAU, Conseiller départemental (44) ;  Christophe MARTY, Logisticien (31) ;  Frédérique MASSAT, Ancienne députée de l’Ariège (09) ;  Jean-Luc MATHIEU, Magistrat honoraire, POLLEN ;  Pierre MAULNY, Doctorant – Enseignant d’histoire (75)   ;  Ginette MAUREL, (34) ;  Daniel MAURIN, Toulouse (31) ;  Nicolas MAYER-ROSSIGNOL, Maire et Président de la Métropole de Rouen (76)  ;  Michel  MENARD , Président du département de Loire-Atlantique (44) ;  Baptiste MÉNARD , Président de Lueurs républicaines – (59) ;  Alexandre MENNUCCI, Avocat (75) ;  Patrick MENNUCCI, Membre du bureau national du PS ;  Jean-François MERLE, Animateur de MichelROCARD.org – IAG ;  Kléber  MESQUIDA , Président du Conseil départemental (34) ;  Vanessa MILER-FELS, TÉLÉMAQUE ;  Jean-Jacques MIRASSOU, Ancien sénateur (31) ;  Nina MITHA, CA Les Engagé.e.s ;  Serge  MOATI , Journaliste ;  Xavier MOINIER, Enseignant-Chercheur – Université de Poitiers (86) ;  Jean-Philippe MONTEIL,  Principal de collège (31) ;  Christophe MORALES, (34) ;  Henry MOREIGNE, Délégué départemental Terre de Progrès, POLLEN ;  Patrick MOREL, Maire de Urville (14) ;  Michel MORIN , Élu municipal Saint-Brieuc (22) ;  Jean-Pierre MOUSSY, IAG ;  Brigitte NABET, Libourne (33) ;  Jérôme NARBONNE, Perthuis (84) ;  Philippe NAUCHE, VP Conseil régional d’Aquitaine – Ancien député de Corrèze ;  Hakima NECIB, Grenoble (38) ;  Alain NERI, Ancien député (63) ;  Ségolène NEUVILLE, Ancienne ministre (66) ;  Laurent OLLÉON, Avocat (75) ;  Thierry ORVEILLON, Maire de Pleslin-Trigavou – Côtes d’Armor (22) ;  Nassima OULD OUALI, Étudiante – Chaville (92) ;  Wilfrid PAILHES, Conseiller municipal de Bourg-lès-Valence,  conseiller agglomération de Valence (26) ;  Laurent  PANIFOUS, Député de l’Ariège (09) ;  Pierre PAPON, Ancien DG CNRS, IAG ;  Germinal  PEIRO , Président du Conseil départemental (24) ;  Martine PELAN, Conseillère départementale (22) ;  Philippe  PERDRIZET, Enseignant à la retraite – Lisieux (14) ;  Christiane PERRET, Syndicaliste « CFDT retraités » (61) ;  Sandrine PERRET, Consultante (61) ;  Philippe PEYRELEVADE, VP IAG – Rédacteur du manifeste pour la social-démocratie de IAG ;  Joël PHILIPPE, Maire de Tonquédec (22) ;  Christine PIERRAT, Conseillère municipale Val de Briey (54) ;  Delphine PINEDA, Citoyenne engagée à gauche (75) ;  Gaëlle PIOLINE , Adjointe au maire de Flers (61) ;  Édouard PODYMA, Socialiste – Caen (14) ;  Marie-Pierre PONS, VP du département de l’Hérault, canton de Saint-Pons-de-Thomières, maire de Cessenon (34) ;  Dominique POTIER, Député de Meurthe-et-Moselle  (54) ;  Martial POUPINEL, Directeur adj. EREA (61) ;  Sylvie PRADELLE, Conseillère départementale Frontignan (34) ;  Jean-Mael PRESTI, VP JRG Lyon (69) ;  Pascal PRIDO, Maire de Le Foeil (22) ;  Elie PUIGMAL, Ancien maire et ancien conseiller départemental (66) ;  Bruno RANSON, Fonctionnaire de l’État – Chantilly (60) ;  Maryse RAOULT, Ancienne maire, militante associative (22) ;  Robert RAULT , Conseiller départemental (22) ;  Régine RAYNARD, Militante syndicale (32) ;  Ali REBOUH, Conseiller départemental (44) ;  Farida REBOUH, Conseiller départemental (44) ;  Colette REGIS, Socialiste (75) ;  Daniel REGIS,  Socialiste – Élu de Villemur (31) ;  Bastien RENDU, TÉLÉMAQUE ;  Bruno RESSORT, CA Les Engagé.e.s ;  Jean-Michel RIBES ; Alain RICCI, CA Les Engagé.e.s ;  Marie RICHARD, IAG ;  Jacques RIGAUD, Vice-président du Département, conseiller de Lodève (34) ;  Michel RIGAUD, Chef d’entreprise (31) ;  Brigitte ROBERT, Assistante maternelle – Chantilly (60) ;  Arnaud ROHMER, TÉLÉMAQUE ;  Dominique RODA, Chef d’entreprise – Senlis (60) ;  Rozenn ROUILLER, Conseillère départementale, maire de Montpon-Ménestérol (24) ;  Martine ROURE, ancienne Députée européenne (69) ;  Gaëlle ROUTIER, Conseillère départementale (22) ;  Didier ROUX, Socialiste (31) ;  Bernard RULLIER, Les Engagé.e.s ;  Catherine  SABBAH , Déléguée générale de l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement  ;  Philippe SABUCO,  TÉLÉMAQUE ;  Gildas SALAUN, Adjoint à la maire de Nantes (44) ;  David  SAMZUN, Maire de Saint-Nazaire (44) ;  Michel SANTOUL, Conseiller municipal de Villemur – Conseiller communautaire (31) ;  Michel SAPIN, Ancien ministre  ;  Gilles SAVARY, Ancien député européen et ancien député de la Gironde – POLLEN (33) ;  Virginie SCHAEFFER-MONTEILS, Socialiste – Ouistreham (14) ;  Pierre SCHAPIRA, ancien Adjoint au Maire de Paris (75) ; Jean-Luc SECHET, Conseiller départemental (44) ;  Anne-Marie SEGUIN, Conseillère municipale de Livarot-Pays-d’Auge (14) ;  Odette SEGUIN , Vice-présidente d’une association d’éducation populaire des Hauts-de-France – Mouy (60) ;  Yohan SENEZ, Président club sportif professionnel (59) ;  Françoise SENOUQUE, Socialiste – Villemur (31) ;  Marc SENOUQUE, Socialiste – Villemur (31) ;  Christophe SIRUGUE, Ancien ministre et ancien député de Saône-et-Loire (71) ;  Thierry SOTHER, Socialiste, premier secrétaire fédéral (67) ;  Denis  SOUBEYRAN, Haut-Fonctionnaire, POLLEN ;  Jeff SOUBIEN , Président de la régie de quartier – Caen (14) ;  Louis SOUCHAL, CA Les Engagé.e.s ;  Serge SOULA, Enseignant chercheur – Ancien conseiller général (31) ;  Jean-Claude SOULBIEU, Retraité de la fonction publique – Lisieux (14) ;  Stessy SPEISSMANN, Maire de Gérardmer (88) ;  Jean SUHAS, Cadre de banque (États-Unis) – Secrétaire fédéral Écologie à la FFE ;  Nicolas SULTAN, Chef d’entreprise ;  Olivier TACONET, CA Les Engagé.e.s ;  Geneviève TAPIE, CESR Occitanie – Présidente de l’Observatoire de la parité ;  David  TAUPIAC, Député du Gers (32) ;  Christian TEILLAC , Vice-président du Conseil départemental, maire-adjoint (24) ;  Matthieu TERENTI, IAG ;  Sylvie  TOLMONT , Ancienne députée de la Sarthe (72) ;  Jean-Paul TRAN THIET, Avocat – Président du Conseil d’Orientation du Cercle POLLEN ;  Catherine  TRAUTMANN, Conseillère municipale de Strasbourg, ancienne ministre (67) ;  Nathalie TRAVERT-LE ROUX, Maire de Landéhen (22) ;  Marina TYMEN, Conseillère nationale Terre de Progrès, POLLEN ;  Mathias ULMANN, Consultant en stratégie – Français de l’étranger ;  Clément VACHÉ, CA Les Engagé.e.s ;  Isabelle VAILLANT, Économiste ;  Romain VAILLANT, Maire de Villeneuve-Tolosane, vice-président de Toulouse métropole, Les Engagé.e.s (31) ;  Clotilde  VALTER , VP agglomération Lisieux-Normandie, Ancienne ministre (14) ;  Alain VAN DER MARLIERE, Haut fonctionnaire à la retraite (72) ;  Robert VANOVERMEIR, Adjoint honoraire – Villeneuve-d’Ascq (59) ;  Claudine VASSAS-MEJRI, Vice-présidente du conseil départemental – Maire de Castries (34) ;  Franck VERHERBRUGGEN, Consultant (13) ;  Vincent  VERON, Socialiste, premier secrétaire fédéral (61) ;  Michèle  VICTORY, Ancienne députée de l’Ardèche (07) ;  Philippe VIDAL, VP Conseil départemental – Maire de Cazouls-lès-Béziers (34) ;  Philippe VOIRON , Retraité du travail social (92) ;  Michael WEBER, Maire de Woelfling-lès-Sarreguemines, conseiller régional Grand Est, président de la fédération nationale des Parcs régionaux (57) ;  Patricia WEBER, Vice-présidente du département – Lattes (34), conseillère de Montpellier Méditerranée Métropole ;  Ariel WEIL, Maire de Paris Centre (75) ;  Didier YON, Conseiller départemental (22) ;  François ZIMERAY, Avocat. »

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Guerre

12 miles nautiques avant la 3e guerre mondiale

Le seuil de déclenchement de la guerre entre la Chine et Taïwan est fixé.

En réponse à la visite début août de Nancy Pelosi sur l’île de Taïwan, la République populaire de Chine considère devoir agir en représailles. Elle accentue la pression avec une salve d’incursions militaires aériennes et maritimes à proximité de l’île.

Depuis début août, l’armée chinoise a pénétré au moins 446 fois dans la zone d’identification de défense aérienne de l’île de Taïwan avec des chasseurs J-16 et des bombardiers tactiques JH-7. C’est près de la moitié du nombre total d’incursions en 2021 qui étaient de 969 (il n’y en avait eu « que » 380 en 2020).

Cela n’a rien d’illégal au sens strict, car on ne parle pas de l’espace aérien d’un pays au sens où celui-ci aurait le droit voire même le devoir d’abattre directement les aéronefs et navires concernés. Il s’agit plutôt d’une zone définie par les autorités de Taïwan comme consistant en la dernière limite à ne pas franchir ; chaque avion en provenance du continent chinois dans cette zone est censé devoir être identifié et ciblé par les différents moyens de défense.

La même chose se produit en mer avec pareillement plusieurs bâtiments militaires (au moins 7) s’approchant de l’île et activant les systèmes et procédures de défense. Ce faisant, la Chine procède en un harcèlement assumé, pour user moralement et matériellement les défenses de l’île rebelle inféodée à la superpuissance américaine.

Les autorités taïwanaises sont alors acculées. Soit elles cèdent, et c’est le début de la fin pour elles. Soit elles répondent graduellement, et c’est l’escalade, et donc le début de la fin quand même… Pour l’instant, début septembre 2022, les autorités taïwanaises prétendent encore à la mesure et au contrôle de la situation. La « présidente » Tsai Ing-wen appelle au calme prétendant ne pas vouloir « provoquer une guerre  » :

« Je veux dire à chacun que plus l’ennemi provoque, plus nous devons être calmes. »

Elle ajoute pourtant :

« j’ai demandé au ministère de la Défense de prendre de fermes contre-mesures au moment approprié pour défendre la sécurité de l’espace aérien ».

Et donc le chef adjoint de l’état-major général taïwanais pour les opérations et la planification a expliqué que plus les incursions seront proches, plus il y aura de contre-mesures fortes.

Concrètement la limite des 12 milles nautiques a été fixé, définissant de fait le point de non retour vers la guerre.

« Pour les avions et navires chinois qui entrent dans nos eaux territoriales et notre espace aérien à moins de 12 milles de l’île, l’armée nationale exercera le droit de légitime défense et de contre-attaque sans exception « .

La République populaire de Chine est très proche de cette limite, mais elle ne l’a jamais franchie, sauf avec des drones dont un a été abattu le 1er septembre. Elle explique toutefois qu’elle n’en a rien à faire et ne reconnaît aucune légitimité à cette limite.

Le porte-parole de la diplomatie chinoise Zhao Lijian répond de but en blanc :

« Taïwan est une province de la Chine et elle n’a pas de ‘ministère de la Défense’. Les actions des autorités taïwanaises pour aggraver les tensions ne veulent rien dire ».

Au contraire, cela veux tout dire. Les choses sont maintenant posées et définies. Si elle veut la guerre, la République populaire de Chine n’a plus qu’une chose à faire, c’est s’approcher à moins de 12 miles de l’île et provoquer le tir de défense attendu qui déclencherait la guerre.

Un mile, c’est 1,852 km. 12 miles, c’est 22,224 kilomètres. Début septembre 2022, à peine 23 km d’océan nous séparent d’une étincelle déclenchant la 3e guerre mondiale qui a, de toute façon, déjà commencé concrètement avec la guerre Ukraine – Russie, qui a l’affrontement entre la superpuissance américaine et son challenger chinois comme arrière-plan.

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Société

Le vélo devant son ordinateur, solution pour éviter la violence routière?

Le réalisme virtuel de Zwift est une respiration.

Le cyclisme est un sport et un loisir formidable. Être performant sur des petites courses de village au printemps après s’être entraîné méticuleusement l’hiver durant procure une joie indescriptible. Parcourir des kilomètres et des kilomètres l’été, tout simplement parce qu’on adore rouler et qu’on est très en forme à force de rouler, est une des plus douces passions du monde.

Mais il y a un grand « mais », c’est qu’il faut subir les automobilistes sur la route. De nos jours, cela devient insupportable, et surtout dangereux. La société française se décompose de l’intérieur et les comportements anti-sociaux sont légion sur la route. À la ville, à la campagne, c’est pareil, de pire en pire.

La violence routière n’est pas nouvelle, certes. D’ailleurs, les automobiles, les motos et les scooters, sont en soi dangereux, même avec des conducteurs vigilants et bien formés. Cependant, la situation s’est largement dégradée dans les années 2010, puis encore plus avec la crise sanitaire.

N’importe quel cycliste régulier est formel là-dessus : de plus en plus d’automobilistes impatients, agressifs, doublant dangereusement, insultants même les plus jeunes. L’actualité des accidents mortels est terrifiante. Saluons ici le combat de l’association « Mon vélo est une vie » qui s’est donné pour mission de changer les choses… et qui relaie régulièrement des accidents, encore des accidents, toujours des accidents.

Voici ce que dit son président, avec beaucoup de réalisme :

« Pendant toutes ces années, lorsque je montais sur mon vélo, je redevenais le petit garçon que j’étais. Le vélo a pendant très longtemps été une échappatoire de la vie de tous les jours. Désormais, quand je monte sur mon vélo, mes rêves ont laissé place à la peur et à la tragique réalité des accidents de la route. La démarche initiée vise à faire comprendre à tout le monde que la route se partage. »

La presse quotidienne régionale se fait presque tous les jours l’écho de ces drames. Et les chiffres sont formels : l’année 2021 a été une année noire pour les cyclistes avec une augmentation de 21% des morts par rapport à 2019 (avant la pandémie).

Sans compter que tout cela ne dit rien des accidents n’entraînant que des traumatismes considérés comme bénins et des blessures a priori superficielles. Tout cela ne dit rien non-plus de la violence que subissent les cyclistes lorsqu’ils ne sont pas percutés. Car se faire doubler de près à toute vitesse est quoi qu’il arrive une violence. Cela traumatise, cela plombe.

Il y a à ce sujet un immense manquement de la part des autorités qui se focalisent sur l’accidentalité grave pour communiquer, mais négligent totalement l’insécurité routière la plus banale, pourtant la plus courante. A propos, on peut lire une réflexion très intelligente faite par le rédacteur en chef de la revue de la Ligue contre la violence routière dans un édito de juin 2022, publié en ligne en août 2022 :

« Le paradoxe est saisissant. Grâce au développement du numérique, nous n’avons jamais disposé d’autant de données sur le sujet de la sécurité routière. Cette masse d’information, aussi dénommée data, devrait théoriquement améliorer la connaissance, la compréhension et la capacité à évaluer les mesures prises.

Pourtant, la désinformation n’a jamais été aussi massive.

Pourtant, l’État semble désormais prendre ses décisions au seul regard du baromètre de l’acceptabilité. »

En effet, c’est typique de l’époque. Il y a de grands moyens matériels et sociaux, on pourrait faire des choses formidables, mais pourtant tout se casse la figure et le monde devient de plus en plus insupportable.

Cette question des données permises par le numérique est essentielle. Ce devrait en effet être le support à une prise de conscience générale de la situation, entraînant forcément les moyens de changer les choses. Parce que le réel ne ment pas, parce que quand on regarde en face les problèmes, on trouve forcément des solutions. Mais c’est l’inverse qui se produit et notre époque est celle du triomphe des apparences, de la superficialité, des raccourcis, du grotesque, de la mise en scène. Le numérique en général et internet en particulier, à notre époque, est surtout un véritable gâchis.

Il y a toutefois de rares espaces qui échappent à cette règle. C’est le cas avec la musique, si l’on creuse bien, avec quelques artistes authentiques ayant une démarche profondément populaire, qui profitent justement des immenses possibilités techniques offertes par le numérique et la facilité de diffusion d’internet.

C’est aussi le cas pour le vélo avec la généralisation des applications de cyclisme en ligne. Cela date déjà d’il y a quelques années, puis avec le confinement de 2020 il y a eu un véritable décollage. La plus intéressante et utilisée d’entre-elles est Zwift.

Il faut un home-trainer à entraînement direct qui puisse être connecté à un ordinateur en Bluetooth. On enlève sa roue arrière et l’on vient poser directement la chaine à une sorte de « roue » fixe, intégrant directement différents niveaux de résistance au niveau du moyeu. La révolution numérique vient du fait que le logiciel choisisse les différents niveaux de résistances auxquels le cycliste doit s’adapter.

On le comprend tout de suite, cela permet de simuler des pentes, des descentes et des parties plates. Ensuite, il suffit de relier tous les home-trainers entre-eux sur internet, de proposer un décors virtuel, et voilà la possibilité de sortir à vélo depuis son salon !

C’est très efficace, et vraiment réaliste en termes de sensations. On trouve ainsi des sorties en groupe (le phénomène d’aspiration en se mettant à l’abri derrière d’autres cyclistes est très bien reproduit) qui sont très agréables. D’autant plus qu’on peut rouler avec des gens du monde entier (on voit le drapeau du pays des cyclistes que l’on croise). Il y a bien sûr la possibilité d’interagir, de discuter, de garder le contact.

Il existe de nombreux groupes avec des sorties à heures fixes, ainsi qu’un leader donnant des instructions pour l’allure. Les plus costauds sur une sortie étant invités, comme en vrai, à venir chercher ceux en difficulté à l’arrière du groupe pour les faire remonter grâce à l’aspiration.

Logiquement, on peut également suivre des séances d’entraînement très précises, seul ou en groupe. Un des grands intérêts est de pouvoir s’entraîner avec des niveau de puissance à respecter (en watt), alors que c’était auparavant réservé aux professionnels et aux élites amateurs (le dispositif de mesure sur un vélo en extérieur coûte extrêmement cher). Là, sur ce type de home-trainer et avec le logiciel, c’est directement intégré.

Cela reste une dépense importante, mais largement accessible vu l’utilisation qui peut en être faite. Il faut compter 400 euros pour ce type d’home-trainer, puis un abonnement de 15 euros en ce qui concerne Zwift.

Cela permet par exemple de gravir régulièrement des cols, reproduits de manière très intéressante et praticable. C’est une véritable révolution quand on sait à quel point ces ascensions sont adorées par les cyclistes, sportifs ou de loisir, alors qu’elles sont par définition difficiles d’accès, à moins d’habiter au pieds des montagnes, et encore que l’hiver ce n’est pas possible.

Enfin, il est évidemment possible de participer à des petites courses, très amusantes et réalistes, avec différentes catégories pour trouver un niveau équitable. Il y a là un côté « jeu vidéo », mais dans une version « simulation » très réaliste plutôt qu’un simple amusement type « arcade ».

Le cyclisme en ligne n’en est de surcroit qu’à ses débuts et il y a d’immenses possibilités d’évolution. La prochaine sera probablement le fait de pouvoir être mobile sur la route en choisissant sa direction de manière réaliste. Pour l’instant, il n’est possible que de suivre mécaniquement une route, comme sur un rail, avec aux intersections soit une touche du clavier, soit un pression sur le téléphone portable relié à l’application, pour choisir basiquement de tourner ici plutôt que là. Cela peut être frustrant, et c’est probablement ce qui entache le plus le réalisme d’une telle application.

De toute manière, cela est très loin de remplacer le cyclisme en extérieur. Il manquera toujours beaucoup de sensations. Mais en attendant, le plaisir des kilomètres avalés est bel et bien là. Et surtout, il y a la sécurité. Au moins, on ne risque pas dans son salon d’être percuté ou agressé par un salopard à la mentalité exterminatrice envers les cyclistes se trouvant sur son chemin. C’est là le grand intérêt de ce cyclisme virtuel, mais bien réel.

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Société

Les « cairns », des tas de cailloux par des tas d’imbéciles

Le béton de la ville ne suffisait pas.

Quoi de plus naturel et positif que la randonnée ? On se dit que forcément, les gens qui aiment marcher sont des gens qui ont au moins compris quelque-chose à la vie. Rien que parce que cela demande un effort prolongé et un minimum de préparation, la randonnée est à contre-courant de l’époque. Pourtant, là aussi le capitalisme a pénétré, avec son esprit de conquête et de consommation.

Alors bien sûr, ce n’est pas nouveau qu’il existe tout un business autour de la randonnée, avec des gens achetant des souliers hors de prix pour ne marcher que cinq heures par an. Ou encore l’explosion des bâtons de marches, qui en plus d’être inutiles dans beaucoup de cas, causent d’énormes soucis de destruction des sols. Mais bon, il y a malgré tout à la base une démarche rationnelle, avec l’idée de faire les choses bien. Dialectiquement, l’action participe au changement positif de l’humanité, qui cherche à développer un rapport de plus en plus élaboré à la nature.

Tel n’est pas le cas de cette horrible mode des « cairns » qui sévit sur les chemins de plus en plus chaque année. C’est là quelque-chose de tout à fait négatif, reflétant parfaitement le problème de l’humanité à l’époque de l’écocide.

Il s’agit de tas de cailloux disposés à plat, du plus large en dessous au plus fin au sommet, en général à des intersections. A l’origine, c’est censé être une habitude de randonneurs pour tracer les chemins. Le mot aurait une racine celtique, à partir de »karn » signifiant « tas de pierres ». Pourquoi pas, bien que cela soit ridicule au 21e siècle, à l’époque du GPS et des cartes accessibles facilement.

Le problème, c’est qu’on trouve maintenant ces tas de cailloux partout, faits par n’importe qui. Dans l’imagerie collective, cela renvoie surtout à la haute montagne et à la « conquête » des sommets et glaciers.

Maintenant, c’est devenu clairement un objet de consommation. Des gens marchant 1h, 2h, 3h, à la montagne, s’imaginent être des aventuriers et devoir absolument marquer le chemin de leur empreinte. Littéralement, ils apportent leur pierre à l’édifice et en général ils prennent une photo pour « partager » cette émotion consommée. Et donc, pas seulement en montagne, mais absolument partout, depuis les petits chemins isolés d’Auvergne, jusqu’aux côtes bretonnes ou provençales, on retrouve ces amas de cailloux. Et pas qu’en France d’ailleurs.

Sur le plan de l’écologie, c’est zéro, cela va sans dire. Forcément cela n’est pas anodin de déplacer des cailloux. La nature n’est pas une carte postale, mais une réalité concrète et complexe, en mouvement, où la vie s’établit en permanence. Même un cailloux à l’apparence anodine intègre et produit un écosystème.

Mais surtout, il s’agit là d’état d’esprit. Normalement, le randonneur a à l’esprit que déjà sa trace sur le chemin a un impact, et il veux réduire celle-ci le plus possible en ne sortant surtout pas des sentiers tracés. C’est précisément pour cela que les chemins sont balisés discrètement à la peinture et qu’il faut les suivre rigoureusement. La mode des « cairns » consiste exactement en l’inverse.

Il faut donc marquer son passage, il faut conquérir l’espace. La marche, la vue, le vent, les odeurs, le calme, cela ne suffit pas à ces gens. Cela se vie, mais il n’y a rien à montrer, alors il faut obstinément poser des cailloux pour « faire » quelque-chose.

On est là au même niveau que la masse d’imbéciles jetant des pièces dans les fontaines italiennes en imaginant que cela est romantique. Où ceux attachant des cadenas aux ponts parisiens, qui s’effondrent de ce poids. Quel désastre…

C’est tellement un désastre qu’on trouve maintenant des panneaux pour tenter d’expliquer aux gens que les « cairns » sont nuisibles. Ou encore, sur la presqu’île de Crozon à la pointe du Van, il y a même un espace dédié avec un tas de cailloux à disposition, pour éviter d’en faire ailleurs !

Le Parc national des Calanques à Marseille, qui déjà est sur-fréquenté, est lui aussi littéralement pollué par cette horrible mode. Il a donc été communiqué là-dessus, pour tenter d’éduquer, de rattraper le retard. Voici un extrait de la communication, qui est intelligente dans sa formulation, mais qui est bien trop défensive et ne servira malheureusement à rien :

« Les cairns, ça craint. On vous explique pourquoi.

Cette pratique est loin d’être anodine pour le milieu naturel. Dans le Parc national des Calanques, les cairns illustrent parfaitement l’impact d’un geste, qui semble inoffensif, répété par des milliers de personnes. Il aboutit à la création d’amas de pierres géants et informes, qui n’ont d’ailleurs plus rien de photogénique. Pire, la formation de ces cairns engendre plusieurs impacts néfastes sur le milieu naturel :

– En prélevant des pierres le long d’un sentier, le sol se retrouve à nu et cela entraine une forte érosion, jusqu’à atteindre la roche mère.

– En prélevant des pierres dans un éboulis, on impacte une végétation spécialisée comme la très rare Sabline de Provence, espèce protégée et endémique de la Provence calcaire.

– Le prélèvement de pierres porte atteinte à tout un cortège d’espèces comme le scorpion à pattes jaunes, le cloporte, la tarente de Maurétanie ou l’hémidactyle verruqueux.

Une fois que le cairn atteint une taille importante, les usagers doivent le contourner, ce qui provoque un élargissement du sentier par le piétinement de la végétation arbustive.

A plusieurs reprises, les agents du Parc national ont procédé à leur surpression comme dans les photos ci-dessous, le long du sentier panoramique au-dessus de la calanque d’En-Vau, avec l’aide des élèves du Lycée des Calanques. Plus anciennement, l’association MBF avait aussi prêtée main forte pour supprimer ces cairns.

Ne pas laisser de traces

Il y a fort à parier que la majorité de auteurs de cairns ignorent l’impact qu’ils ont sur l’environnement et n’ont aucune mauvaise intention. Avec cet article, nous espérons porter à la connaissance de nos visiteurs ces impacts. Mais nous rappelons également que la réalisation de cairn au sein d’un Parc national est passible d’une contravention de 135 € car elle constitue une atteinte au milieu naturel. La seule exception à cette règle est accordée aux grimpeurs qui les utilisent avec parcimonie, pour marquer ponctuellement les accès aux voies d’escalade. Le Parc national autorise ces cairns de très faible hauteur (30-40 cm) qui sont mis en œuvre exclusivement par la FFME et le CAF.

Alors, plutôt que de poster la 100 002ème photo de cairn sur Instagram, et si nous changions notre rapport à la nature en l’appréciant telle quelle ? Le panorama depuis le mont Puget sur l’archipel de Riou n’est-il pas suffisamment beau, pour avoir à lui ajouter un tas informe de pierres ?

Il n’est nul besoin de laisser une trace de notre passage dans la nature. Et si vous êtes sensible à la protection du Parc national des Calanques comme de tous les espaces naturels, il est d’autres hashtags à faire monter comme puissance, comme #stopcairns, #nocairn,  #leaveonlyfootprints ou #leavenotrace. »

Mais c’est déjà trop tard. D’ailleurs, si le parc naturel des Calanques était à la hauteur, il assumerait : il faut interdire l’accès au public, au moins l’été. C’est inévitable si on veut vraiment d’un parc naturel qui ne soit pas Disneyland. Les mentalités usées et pourries par le capitalisme ne changerons pas, à moins d’un grand bouleversement, à moins d’une révolution !

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Société

« Dark stores » et « dark kitchens » : l’agonie du capitalisme

La société marchande est condamnée.

Depuis plusieurs années, les villes françaises sont polluées par la prolifération de service de livraison à domicile. Cela a d’abord concerné les restaurants déjà en place, puis il y a eu des restaurants se spécialisant dans la livraison, sans aucun service d’accueil sur place. À ces « dark kitchens » s’ajoutent maintenant tout un tas de « dark stores », soit l’équivalent de supérettes ou supermarchés, mais uniquement destinés à la livraison.

Ces entrepôts posent des problèmes évident de nuisance dans les rues où ils sont implantés. D’abord en raison du va et vient des scooters (qui attendent longtemps sur place, sur les trottoirs, les éventuels commandes), mais aussi à cause des livraisons pour l’approvisionnement. Un « dark store », c’est plusieurs camions semi-remorques ou gros porteurs par semaine, souvent tôt le matin, parfois en journée, y compris le samedi. Et ce sans infrastructures, ni aucune concertation préalable avec les municipalités, contrairement aux supermarchés classiques (quoi que c’est de moins en moins vrai pour les supermarchés classiques).

Ces entrepôts sont installés en toute illégalité, et bien sûr en toutes connaissance de cause de la part des entrepreneurs. Il est joué sur la prétention de dire qu’il s’agit de commerces traditionnels (ce qui serait légal), alors qu’ils s’agit manifestement en droit urbain d’entrepôts, donc soumis à des règles et des autorisations particulières.

Il y a quelques jours, l’adjoint à la mairie de Paris en charge de l’urbanisme s’est imaginé porter une grande cause en « dévoilant » un projet gouvernemental de légaliser les « dark stores » et « dark kitchens ». Il s’agit d’un petit article d’un arrêté de la Direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages, permettant de requalifier en « commerces de détail » ce qui est défini comme des « points de collecte d’achats commandés par voie télématique ». Cela mettrait définitivement fin à toute « interprétation » juridique de la chose.

C’est une vision des choses d’ailleurs très cohérente du point de vu capitaliste, car on à là effectivement des points de collecte de marchandises par des particuliers, la seule nuance étant qu’ils sous-traitent cette collecte à des domestiques.

De toutes façon, c’est là un détail tout à fait insignifiant, car en réalité ces entrepôts sont déjà légaux de fait, puisqu’ils se sont implanté de force et que personne ne les a empêché. Ni les administrations, ni les préfectures, ni les municipalités (y compris Paris), n’ont rien fait contre, alors qu’il y avait tout un tas de manières administratives et policières d’empêcher ces activités dès le premier jour.

Ne serait-ce qu’en réprimant concrètement l’occupation illégale de l’espace publique par les scooters accompagnants ces entrepôts. En réprimant l’exercice illégal de l’activité de livraison avec engin motorisé de la part d’auto-entrepreneurs grouillant autour de ces entrepôts. En réprimant la circulation sur bandes et pistes cyclables par les « speed bikes » utilisés par ces entrepôts, qui sont légalement des cyclo-moteurs.

Le ministre délégué à la Ville et au Logement Olivier Klein a mis fin à la polémique en faisant savoir qu’il n’était pas question d’imposer et que les collectivité locales doivent avoir la possibilité de refuser ces « stores », via les plans locaux d’urbanisme. C’est la magie du turbo-capitalisme : d’abord le droit est piétiné par des entrepreneurs, puis la puissance publique, qui n’a plus grand chose de publique, torpille le droit en légiférant dans le sens des entrepreneurs pour accompagner ce qui est déjà en place, et ensuite il prétendu qu’il y a le choix. Le « choix » étant l’alpha et l’oméga du turbocapitalisme.

Fini la démocratie dans sa forme moderne-républicaine donc, avec la bourgeoisie censée être la meilleure représentante de la société. Seul le marché compte avec le « choix » des consommateurs. Mais ce qui est vraiment remarquable dans cette histoire, c’est que même en ce qui concerne le marché, il n’y a en fait pas grand-chose.

Car il ne faut pas s’y tromper. Si ces « stores » représentent en partie une expansion du capitalisme, avec des marchandises disponibles 24h/24 ou presque, ils représentent surtout un ratatinement total du capitalisme. Ces stores n’apportent aucune plus value, ne représentent aucune valeur ni véritable modernité, si ce n’est une façon nouvelle d’avoir recours collectivement à des domestiques, sans être soi-même très riche.

Mais ces « stores » sont très loin d’être rentables et au sens strict, ils forment une concurrence déloyale aux commerces traditionnels. Mais comme les monopoles du commerce traditionnel (Carrefour par exemple) sont en général eux-mêmes actionnaires de ces nouvelles entreprises, alors ils accompagnent le mouvement en s’imaginant être placé pour l’avenir, face à la crise.

Si le capitalisme était vaillant, la bourgeoisie écraserait ces tentatives commerciales ridicules dans les centres urbains, en raison des nuisances évidente qui n’apportent en contre-partie rien au PIB du pays ni à la croissance capitaliste des villes. Mais le capitalisme est en crise, face à un mur, alors tous les moyens sont bons pour espérer. C’est ainsi que s’est développée la croyance (irrationnelle par définition) en les « start-ups » et les applications pour smartphone.

Alors, la modernité capitaliste serait de se faire livrer ses courses commandés sur iphone en 15 minutes, par des domestiques qui ont attendu sagement devant les entrepôts que le consommateurs du futur aient une petite faim, et surtout une grosse flemme de bouger du canapé ou de l’ordinateur. Il y a beaucoup de gens, surtout jeunes, pour trouver cela sympa et payer plus cher leur paquet de chips et leur sauce tomate pour ce « service » 2.0. Mais ce n’est pas ainsi que le capitalisme se sauvera de la crise, bien au contraire.

On peut d’ailleurs se douter qu’avec l’inflation et la crise énergétique, le problème des « dark stores » va être réglé rapidement. Quand les gens vont découvrir leur facture de chauffage cet hiver, alors que tous les prix vont drastiquement continuer d’augmenter en raison également de cette crise énergétique dans l’industrie et le transport, la donne ne sera plus la même. Et l’agonie du capitalisme en sera d’autant plus évidente.

Reste à savoir quelle sera la réponse populaire face à la crise sociale et économique. En attendant, sur le plan culturel, la faillite populaire est évidente, sinon ces absurdes « stores » n’auraient jamais pu voir le jour.

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Écologie

Les animaux subissent massivement la sécheresse

Les animaux paient déjà la facture.

Le réchauffement climatique est une catastrophe écologique d’aujourd’hui, pas de demain. C’est une chose tout à fait concrète et immédiate pour beaucoup d’animaux sauvages et d’insectes qui subissent la sécheresse de plein fouet en Europe de l’Ouest.

Si pour les humains, la contrainte (normalement) pour l’instant est de ne pas laver sa voiture et, pour les moins individualistes, de limiter le temps sous la douche, pour nombre d’animaux sauvages en revanche, c’est déjà la survie qui se joue.

Il faut penser aux petits animaux, tels les campagnols, les hérissons, les écureuils, qui sont attachés à un petit territoire et qui ne peuvent pas forcément parcourir des distances importantes ou du moins suffisantes. Trouver de l’eau en cette période et échapper à la chaleur devient un problème vital.

Tous les animaux ne sont pas aussi vulnérables, comme l’explique par exemple un technicien forestier de l’ONF à Ouest-France. Mais il y a forcément des conséquences d’une manière ou d’une autre :

« Les grands animaux, comme les cerfs, les chevreuils ou les sangliers sont plus résistants. Ils vont se cacher, trouver des astuces et manger de l’herbe. En revanche, les petits faons de chevreuil ou de biche peuvent trouver des carences, car le lait de la mère ne sera pas assez nutritif si elle ne trouve pas assez de nourriture. En ce moment, c’est la période de croissance et le risque de carence est élevé. »

En plus de la sécheresse, la chaleur devient elle-même un problème, provoquant un stress physiologique très important chez la plupart des espèces. Les arbres et la végétation en général maintiennent normalement des écosystèmes locaux produisant des îlots de fraîcheurs et d’humidité, mais cela fonctionne très mal lors d’épisodes de canicule. Surtout s’ils sont répétés. Les arbres développent une sorte d’auto-protection (en arrêtant la photosynthèse) et l’écosystème garantissant une certaine fraîcheur est perturbé.

Il en est de même pour l’alimentation : non seulement des végétaux meurent asséchés, mais même avant cela, ils ne contiennent plus en ces temps de sécheresse la quantité d’eau qui permet habituellement l’hydratation d’animaux.

En fait, il y a à chaque fois des réactions en chaîne lorsque la nature est perturbée. Autre exemple : fin juillet dans les Alpes-Maritimes, le centre local de soin de la faune sauvage explique recueillir nombre de martinets et chauves-souris dénutris. Non pas déshydratés à cause de l’eau manquante, mais bien dénutris, car les insectes qu’ils mangent, eux manquant d’eau, meurent ou ne naissent pas. C’est d’ailleurs un problème déjà bien connu à cause des pesticides, et chaque années les campagnes victimes de l’agriculture intensive sont bien trop silencieuses en l’absence d’oiseaux.

La sécheresse des sols est également un problème pour beaucoup d’insectes, comme l’explique à la presse locale une bénévole de Indre Nature :

« Beaucoup d’espèces faisant leur chrysalide en terre et lorsqu’il ne pleut pas, celles-ci se dessèchent. On assiste ainsi à beaucoup moins d’émergences que par le passé. Même pour des espèces aussi communes que l’argus bleu-nacré, dont je n’ai vu aucun spécimen cette année. »

Il est évident par ailleurs que les espèces d’amphibiens et de batraciens, qui vivent entre terre et eau, sont directement touchées par l’asséchement des plans et cours d’eau.

Il faut penser aussi, bien qu’ils soient souvent oubliés, aux poissons. En la matière, c’est une catastrophe dans les cours d’eau français en ce mois d’août 2022. Il suffit de lire n’importe quel titre de presse local pour voir un ou des articles terrifiants à ce sujet, avec des rivières desséchées, des bout de la Loire se traversant à pied, et donc des poissons agonisants par manque d’eau ou d’oxygène, ou en raison de la température trop élevée de l’eau, ou encore à cause de la prolifération d’algues toxiques permise par le réchauffement climatique.

Il faut penser aussi aux animaux domestiques qui subissent pour beaucoup un grave stress en raison de la chaleur, surtout pour ceux vivant enfermés dans des appartements mal isolés. Mais le pire concerne évidement les animaux des refuges, qui déjà vivent une situation terriblement difficile là où ils sont, mais en plus subissent encore plus la chaleur, car les infrastructures ne sont malheureusement pas adaptées, faute de moyen et de bénévoles.

Le pire, c’est que tout cela ne résulte pas seulement d’un (grave et long) épisode saisonnier de canicule en France. En fait, la sécheresse dure depuis l’hiver, avec en moyenne en France un déficit de précipitations de 20% par rapport à ce qui était attendu. Le printemps à été particulièrement sec, le troisième le plus sec depuis l’établissement des relevés et statistiques météorologiques.

La question n’est plus de limiter ou de sauver quelques meubles face au réchauffement climatique. C’est déjà bien trop tard, la donne a entièrement changé et la planète sur laquelle nous vivons n’est d’ores et déjà plus la même.

L’écocide est en cours, avec les animaux en première ligne. Il faut maintenant une nouvelle génération d’humains faisant table rase du passé et la première étape pour cela est de se tourner vers les animaux. Pour reconnaître les gens qui valent la peine, il y a donc un critère très simple aujourd’hui : il y a ceux qui sont révoltés jusque dans leur chair par la situation des animaux face à la sécheresse, et puis il y a les autres, minables résidus d’une civilisation qui se meurt.

Et ces résidus minables forment pour l’instant encore la quasi totalité de la population.

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Restructurations économiques

Électricité : du sang et des larmes cet hiver?

Les masses seront sacrifiées dès qu’il le faudra.

C’est le magazine Marianne qui raconte. Un personne importante de la majorité parlementaire leur confie la teneur des discussions. Les dépenses publiques, cela suffit et on ne pourra pas continuer les chèques à l’infini.

« Il va falloir qu’on arrête de laisser croire que l’État va pouvoir tout compenser quoi qu’il arrive. Qu’il pourra payer malgré la guerre, la hausse des prix de l’énergie des matières premières. »

C’est alors qu’il  « souffle » au journaliste de Marianne son discours de « vérité » :

« Il y a un moment où il faudra passer au discours du sang et des larmes. En tout cas, je vais militer pour ça. » 

Il aurait alors précisé :

« On a commencé à le faire, en annonçant les coupures d’électricité cet hiver. »

En effet, il fallait lire le Parisien (ou Valeurs actuelles qui a repris l’article) pour voir le député Renaissance Marc Ferracci annoncer la couleur :

« Il ne faut pas se mentir, ça va être dur. L’hiver va être compliqué. Tous les efforts sont faits pour limiter les contraintes, mais il va y avoir des contraintes. »

Quelques semaines auparavant, l’idée avait été répandue, y compris par TF1, que le gouvernement prévoyait un décret permettant les coupures d’électricité chez les particuliers, sans indemnisation (contrairement à ce qui se fait pour les entreprises).

Cela a été démenti, y compris par d’autres médias. Mais il y a malgré tout cette petite mélodie des coupures de courant qui est jouée, pour préparer les esprits. En effet, cela n’a rien de farfelu. En mars 2021, RTE (le gestionnaire du réseau électrique en France) avait prévenu dans un rapport qu’il fallait s’attendre à des hivers tendus sur le réseau jusqu’en 2024 en raison des difficultés de production du parc nucléaire.

Celui-ci est vieillissant, et surtout il a subi de plein fouet la crise sanitaire. Les travaux de maintenance ont pris énormément de retard. Et encore, le rapport date d’avant la découverte d’un problème de corrosion obligeant à la fermeture de 12 réacteurs.

Avant 2022, la France était le premier exportateurs net d’électricité (malgré les importations hivernales, elle exportait sur l’ensemble de l’année beaucoup plus). Ce n’est plus le cas et le pays est maintenant, selon un rapport publié début aout 2022, un pays importateur net en raison de ses difficultés de production.

On peut ajouter maintenant que les différentes vagues de canicule de cet été 2022 n’arrangent rien à l’affaire, bien au contraire même. Il y a des autorisation de relâcher de l’eau utilisée par les centrales pour se refroidir à une température plus haute que la normale, en prétendant que cela n’aura pas d’impact écologique.

Et puis il y a le parc automobile électrique qui se généralise, tout comme les trottinettes et vélos électriques qui, s’ils ne pèsent pas grand-chose, expriment une tendance de fond qui contribue à l’augmentation générale de la consommation électrique.

A l’heure actuelle, près de la moitié des 56 réacteurs français sont à l’arrêt. Si l’hiver est froid et avec peu de vent, alors la situation va forcément être très compliquée. Habituellement, la France joue la carte de l’importation hivernale. Sauf qu’avec la crise, et particulièrement en raison de la guerre en Ukraine et des difficultés en ce qui concerne le gaz et le pétrole, tous les pays habituellement fournisseurs vont aussi être en situation tendue.

De toute manière, les capacités françaises d’importation sont limitées pour des raisons techniques dues aux infrastructures. En décembre 2021 la France a déjà frôlé sa capacité maximale d’importation de 13 GW, ce qui n’avait jamais eu lieu auparavant.

En attendant, l’information est déjà sortie qu’EDF a repoussé sept arrêts de réacteurs pour maintenance cet hiver. Au risque de la sécurité ? Les experts en tous genre prétendront évidemment que non, mais en tous cas ce qui aurait dû être fait en termes de révision ne sera pas fait en temps et en heure.

Toujours est-il que si effectivement les particuliers français connaissent des coupures d’électricité cet hiver, cela va faire mal, très mal. Car c’est toute l’illusion de 70 ans de capitalisme stable et inaltérable qui va voler en éclat.

Il n’y a pas eu de coupures organisées, temporaires et prévenues, depuis le début des années 1950 et la généralisation sur tout le territoire d’un réseau moderne fiable et puissant par EDF. Le choc serait terrible, et à cela s’ajoute l’augmentation du prix de l’électricité justement.

La crise menace donc d’éclater au grand jour et il est évident qu’au plus haut de l’État, tout comme dans les plus hautes couches de la bourgeoisie (ce qui revient au même), cela fait trembler. La bourgeoisie envisage concrètement du sang et des larmes, car il sera hors de question pour elle de se remettre en cause, ni culturellement, ni en termes de train de vie. Et c’est aux classes populaire que sera envoyée la facture de la crise.

Quelle sera justement la réponse populaire ? Voilà tout l’enjeu de la période à venir.

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Guerre

La Gauche française écrasée entre atlantisme et néo-gaullisme

Personne n’est à la hauteur.

Alors que les choses s’accélèrent dramatiquement et que la perspective d’une guerre mondiale s’approche à grands pas, le pacifisme est toujours désespérément absent des débats politiques. En cette absence, ce sont les différentes options du camp de la guerre qui s’expriment, à l’occasion de chaque escalade militaire, à gauche comme à droite. C’est de nouveau le cas lors de l’épisode de la visite de Nancy Pelosi à Taïwan.

D’un côté, on trouve les tenants de l’atlantisme, c’est à dire de l’alignement de la France sur la superpuissance américaine au sein de l’OTAN ou à travers l’Union Européenne. Le discours accompagnant cela est celui, désormais bien rôdé, du « monde libre » faisant face à l' »axe du mal », des « démocraties » face aux « dictatures ».

Emmanuel Macron est par exemple tout à fait rangé dans ce camp. À gauche, parmi les principales figures défendant cette option, il y a notamment les organisateurs du rassemblement pro-Ukraine du 5 mars dernier à Paris, dont on pouvait apercevoir les visages entre un drapeau banderiste et des pancartes appelant ouvertement à attaquer la Russie.

De l’autre côté de l’échiquier, on trouve les tenants d’une France qui se rêve en cavalier seul, assumant sa propre puissance « indépendante » des américains, avec comme référence absolue le général de Gaulle. Parmi eux, il y a évidemment toute la mouvance souverainiste avec des figures comme Florian Philippot, Marine Le Pen, François Asselineau, des héritiers de la droite des années 1990 comme Henri Guaino, mais surtout Jean-Luc Mélenchon, qui écrivait récemment dans son article « De Gaulle était-il un Insoumis ? » :

« Son obsession pour l’indépendance, y compris contre des forces apparemment tellement puissantes est une forme d’insoumission héroïque qui doit servir de modèle. Le même raisonnement s’appliquera à sa vision des rapports au monde ensuite après 1958, qu’il s’agisse de la souveraineté militaire ou des solutions pour la guerre du Vietnam face aux Américains. »

C’est l’ancien candidat insoumis à la présidentielle qui ouvre le bal des réactions sur son blog :

« Quel est le sens de la visite de Pelosi sur place ? Taïwan est un sujet tendu depuis la libération de la Chine (NDLR : de l’occupation japonaise en 1945). Mais, pour les Français depuis 1965 et le général de Gaulle, il n’y a qu’une seule Chine. Elle siège au Conseil de sécurité. »

Parmi d’autres, le député NUPES Antoine Léaument renchérit : « Que Jean-Luc Mélenchon défende la position de l’ONU et de la France depuis de Gaulle est normal et juste ».

Même son de cloche chez Florian Phillipot, qui déclare :

 « ‘Une seule Chine’ est la position officielle de la France depuis le 27 janvier 1964 et le général de Gaulle. Encore une polémique idiote et inutile ! »

François Asselineau choisit quant à lui de publier sur Twitter une photo historique du Général de Gaulle rencontrant le premier ambassadeur de Chine en France.

Côté atlantistes, le dirigeant d’Europe Écologie Les Verts Julien Bayou répond à Jean-Luc Mélenchon sur BFM TV : « Si on est attachés à la démocratie, on l’est partout dans le monde et tout le temps. On ne peut pas abandonner Taïwan, quand bien même cela fâche un régime autoritaire comme la Chine. »

Sur le même thème de l' »axe du mal », l’ancien candidat à la présidentielle Yannick Jadot se contente d’un tweet : « Une seule Chine, c’est d’abord une seule dictature. La liberté et la démocratie sont des joyaux au cœur de nos combats politiques. Partout ! »

Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste, choisit de critiquer l’événement de façon purement formelle, comme pour en relativiser la portée : 

« L’opportunité de la visite de N.Pelosi à Taïwan est discutable, la volonté des taïwanais de vivre en démocratie ne l’est pas. Biden n’en voulait pas. Tokyo et Séoul non plus. »

C’est finalement Raphael Glucksmann qui est le plus enflammé dans un lyrisme va-t-en-guerre :

« L’anti-américanisme érigé en boussole conduit cette gauche-ci à épouser la cause des tyrans et à mépriser celle des peuples et des individus qui se dressent face à eux. Cette fracture n’est pas neuve et le combat culturel et politique doit inlassablement être repris. Il suppose l’affirmation de principes intangibles, quitte à heurter les rêves légitimes d’unité.

Alors soyons clairs et restons-le. Le soutien aux Ukrainiens plongés dans la nuit de l’invasion russe et du fascisme poutinien n’est pas négociable. La solidarité avec les Taiwanais construisant une démocratie vibrante sous la menace permanente des autocrates de Pekin n’est pas négociable.

La lutte pour la fermeture des camps dans lesquels sont parqués les Ouïghours n’est pas négociable. L’espoir d’une puissance européenne démocratique et écologique capable de défendre ses principes et d’aider celles et ceux qui les font vivre à Kyiv [sic], Taipeh ou ailleurs n’est pas négociable. »

Fait marquant, il va même jusqu’à dénoncer le pacifisme comme n’étant qu’une hypocrisie coupable  :

« Il y a toujours eu (…) des “pacifistes” préférant composer avec les tyrans qui déclenchent les guerres plutôt que leur résister. »

Notons que les cadres du PCF sont restés muets. On peut d’ailleurs deviner la gêne au sein du parti à travers les déclarations de Fabien Roussel pendant la campagne présidentielle, qui avait confondu Taïwan et Hong-Kong, parlant d' »un pays, deux systèmes ».

Voilà donc le panorama politique qui s’offre à nous à l’aube de la guerre, avec différentes nuances de bellicisme qui rivalisent entre elles, qui mobilisent sans réel obstacle. Plus d’un siècle après 1914, la Gauche semble avoir oublié ses leçons. Il est encore temps éviter la boucherie, il le faut, mais cela ne se fera pas sans un regain formidable de conscience dans les masses, et pour cela, il faut de la politique !

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Réflexions

Dégonfler des pneus ou changer le monde ?

Tout est dans le paraître.

Les gens qui roulent en SUV sont des salauds. Des salauds de droite, parce qu’ils n’en n’ont rien à faire des autres, et encore moins de la planète. Leurs véhicules sont aussi dangereux pour les piétons que vulgaires esthétiquement. Ils sont autant consommateurs en énergie qu’inutiles en pratique. Les gens qui roulent en SUV vivent dans un spot publicitaire permanent, leur « vie » est un néant social et culturel, tuée par le fétichisme de la marchandise.

Les gens qui dégonflent les pneus des SUV et qui accolent un petit flyers sur le pare-prise reflètent exactement ce même fétichisme de la marchandise, en l’occurrence celui pour les SUV. Ils s’en prennent aux SUV, car ils savent très bien que cela les fera « exister », en miroir inversé. Ils sont tout autant victimes des publicités ventant la puissance des SUV, sauf qu’eux l’interprètent dans l’autre sens, en négatif.

Dans les deux cas, on a la même fascination pour un symbole, qui n’est en réalité que vanité. Les SUV sont pire que les voitures normales ? Certes, mais les voitures normales sont déjà pire que tout. Ainsi que les trottinettes électriques et les scooters qui pourrissent la vie dans les centre-villes, ainsi que les mobylettes trafiquées et les motos 50 cm³ qui pourrissent la vie dans les bourgs.

Les gens qui s’imaginent « agir » pour la planète parce qu’ils dégonflent quelques pneu de SUV sont typiques de cette époque de vanité, où tout est dans le paraître et surtout la communication compulsive sur les réseaux sociaux. Ils ont choisi les SUV pour s’assurer le buzz en mode racoleur ; cela fonctionne très bien.

Si ces gens avaient vraiment compris qui sont les gens qui roulent en SUV, ils ne prendraient certainement pas la peine de mettre un flyer pour justifier leur geste. Qui peut croire une seconde qu’un salaud de droite ayant acheté un SUV va changer d’avis car un enquiquineur est venu dépressuriser ses pneumatiques ? On ne discute pas avec les salauds de droite, on se confronte à eux.

Le flyer qui explique l’action effectuée dit d’ailleurs justement que les possesseurs de SUV ne doivent pas le prendre personnellement. Mais c’est tout le contraire justement : ce sont leurs personnalités le problème, car elles ont une dimension anti-sociale, anti-Nature !

Mais c’est beaucoup plus facile de dégonfler un pneu avec un flyer à mettre sur internet que de faire de la politique. C’est beaucoup moins fatiguant que de batailler pour une expression démocratique et populaire dans le pays afin de développer une opinion publique à la hauteur des enjeux écologiques de notre époque.

C’est beaucoup plus satisfaisant pour son égo que d’étudier Karl Marx et l’Histoire de France dans sa chambre. C’est beaucoup moins engageant personnellement que de se dévouer corps et âme pour des animaux dans un refuge.

Ce n’est pas avec des dégonfleurs de pneus de SUV qu’on changera le monde. Ils sont le produit d’un vieux monde qui cherche à ce que « tout change pour que rien ne change », car on en reste à la surface des choses. Les dégonfleurs de pneus de SUV veulent concrètement dégonfler un capitalisme qui est allé trop loin dans la gonflette et qui est à deux doigts d’exploser… Ils sont une cinquième colonne du capitalisme dans les rangs de la contestation.

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Guerre

La provocation américaine de Nancy Pelosi à Taïwan

La superpuissance américaine pousse à la guerre.

« La visite de Taiwan »

La rupture entre la superpuissance américaine et son challenger chinois est maintenant consommée. Le mois d’aout 2022 est le premier d’une nouvelle ère, avec l’affrontement sino-américain comme aspect principal s’exprimant désormais ouvertement. Tout cela était en germe, la crise commencée en 2020 a ouvert la nouvelle période, nous l’avons ici largement commenté, surtout avec l’invasion russe en Ukraine. Mais la situation a pris maintenant une toute autre tournure.

En se rendant sur l’île de Taïwan, la représentante du Congrès américain Nancy Pelosi provoque, en toute conscience, une tempête. Cinquante années de compromis sino-américain sur la question d’une Chine unique vole en éclat, malgré les avertissement chinois, ou plus justement en raison des avertissements chinois, afin de provoquer la Chine dès maintenant, de la forcer à réagir sans attendre d’être renforcée.

Anecdotique ou pas : le vol de Nancy Pelosi a fait exploser les compteurs sur le site de suivi de la circulation aérienne Flightradar24. Ce sont plus de 700 000 personnes qui l’ont suivie en direct, sachant très bien l’enjeu historique de ce voyage. En effet, la Chine n’a maintenant plus le choix, elle avait très fortement dénoncé à l’avance une telle visite, elle va devoir assumer son opposition à la superpuissance américaine qui a désigné officiellement l’île de Taïwan comme le lieu et le sujet de l’affrontement.

Avec Taïwan, l’administration américaine a un gouvernement chinois « démocratique » (selon sa conception) à soutenir contre la Chine « populaire » (en fait social-fasciste) qui concurrence son hégémonie. Inversement, la République populaire de Chine a besoin d’écraser le régime rebelle de Taïwan (selon sa conception) trop proche des États-Unis, pour développer ses propres ambitions mondiales.

La seule différence est que les États-Unis sont une puissance dominante, alors que la Chine (et dans son camp la Russie) est une puissance challenger. Mais tant le régime américain que le régime chinois sont aux abois, avec une propagande montreuse contre l’autre camp pour finir de préparer l’opinion à la guerre.

La télévision chinoise matraque de publicités patriotiques vantant l’Armée populaire de libération (qui n’a plus rien de populaire depuis des décennies). Dans un autre style, la presse américaine, surtout celle Démocrate, martèle quand à elle à propos de l’importance de la question taïwanaise.

Immédiatement après l’atterrissage de Nancy Pelosi, c’est ainsi le fameux Washington Post qui a directement publié une tribune d’elle que seuls les abonnés payants ont le droit de lire (le grand public américain a droit à des discours anti-chinois beaucoup moins élaborés, car il ne s’agit pas d’instruire le peuple mais de préparer la guerre).

On y lit :

« La visite de notre délégation doit être considérée comme une déclaration sans équivoque selon laquelle l’Amérique se tient aux côtés de Taïwan, notre partenaire démocratique, qui se défend et défend sa liberté.

Pourtant, cette démocratie dynamique et solide… et fièrement dirigée par une femme, la présidente Tsai Ing-wen, est menacée.

Ces dernières années, Pékin a considérablement intensifié les pressions sur Taïwan. La République populaire de Chine a multiplié les patrouilles de bombardiers, d’avions de chasse et d’avions de surveillance à proximité, voire au-dessus, de la zone de défense aérienne de Taïwan, ce qui a amené le ministère de la défense américain à conclure que l’armée chinoise se prépare probablement à une éventualité d’unification de Taïwan à la RPC par la force. »

Ce qui se passe est exactement la même chose que ce qui s’est passé en Ukraine. Les États-Unis façonnent des régimes qui lui sont inféodés et s’en servent comme tampon, comme base militaire et politico-culturelle, contre ses concurrents. C’est ce qu’ils ont fait depuis 2014 avec l’Ukraine, c’est ce qu’ils font depuis 1949 avec l’île de Taïwan, qui est chinoise.

Tant la Russie que la Chine ne sont pas des régimes démocratiques, alors ils assument totalement de jouer une partition miroir à celle des États-Unis : l’Ukraine et Taïwan sont pour eux des objets ne servant qu’à leur quête d’influence et d’hégémonie en concurrence avec l’hégémonie américaine.

Voilà comment se déclenche une guerre mondiale. Des puissances belliqueuses rivalisent de provocations, jusqu’à la rupture. Cette fois, ce sont les États-Unis qui ont provoqué, et fort. La Chine en réponse est maintenant à deux doigts de déclarer la guerre.

La première réponse a été l’envoi d’une vingtaine d’avions militaires dans la zone d’identification de défense aérienne taïwanaise. C’est habituel de la part de la Chine, mais c’est systématiquement considéré par Taïwan comme une provocation : c’est en tous cas un acte de franche hostilité militaire et cela prend dans ce contexte une toute autre dimension.

La Chine a donc parlé d' »actions militaires ciblées » à venir pour « défendre résolument la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale et à fermement contrecarrer les ingérences extérieures et les tentatives séparatistes d’“indépendance de Taïwan” ». Des manœuvres militaires sont ainsi prévues… au large de Taiwan.

Deux portes-avions ont été déployés dans la zone, le CNS Liaoning et le CNS Shandong, ainsi qu’un croiseur 055D , équipé de 112 tubes de lancement et une frégate 054.

Le ministère de la Défense chinois a fait savoir que :

« Les États-Unis auront assurément la responsabilité des conséquences et devront payer le prix de leur atteinte à la sécurité de la Chine. »

Du côté américain, le porte-avions USS Ronald Reagan croise au sud de Taïwan avec le destroyer USS Higgins et le navire ravitailleur USS Carl Brashear. Et ce n’est que le début d’une situation explosive.

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Guerre

Taïwan, l’étincelle de la 3e guerre mondiale

La tension est à son comble.

Lors d’un échange téléphonique récent avec Joe Biden, le président chinois Xi Jinping aurait expliqué que « ceux qui jouent avec le feu finissent par se brûler », en invitant « la partie américaine » à comprendre cela. La menace est on ne peut plus claire.

C’est que la perspective d’une visite de Nancy Pelosi sur l’île de Taïwan irrite au plus haut point les dirigeants de la République populaire de Chine, les obligeant à assumer un haut degré de tension en réponse à ce qui est évidemment une provocation diplomatique.

Symboliquement, on parle d’une des élues les plus importantes du régime américain, qui assure la présidence de la Chambre des représentants (l’équivalent de l’Assemblée nationale française). Elle est notamment seconde dans l’ordre de succession présidentielle.

L’irritation chinoise est d’autant plus importante que la partie américaine ne dit rien clairement quant à cette visite, tout en ne démentant pas les rumeurs (probablement fabriquées de toutes pièces d’ailleurs). Dimanche 31 juillet, Nancy Pelosi a confirmé être en route vers l’Asie, mais sans parler de l’île taïwanaise.

Il est en tous cas évident que cette question est au cœur de son déplacement. Son communiqué dit de manière explicite :

« Je conduis une délégation du Congrès dans la région Indo-Pacifique pour réaffirmer l’engagement inébranlable de l’Amérique envers ses alliés et amis dans la région ».

Elle précise également, ce qui évoque forcément la question de Taïwan :

« À Singapour, en Malaisie, en Corée du Sud et au Japon, nous tiendrons des réunions de haut niveau pour discuter de la manière dont nous pouvons promouvoir nos valeurs et nos intérêts communs notamment la paix et la sécurité, la croissance économique et le commerce, la pandémie de Covid-19, la crise climatique, les droits de l’homme et la gouvernance démocratique »

Ce qui se passe est très simple à comprendre : il y a une escalade de part et d’autre, les provocations se succédant pour pousser l’autre camp à la faute et construire ainsi le récit national et mondial préparant la guerre.

La République populaire de Chine a toujours considéré le gouvernement de la République de Chine établi à Taïwan comme étant rebelle et illégitime, mais sans jamais pour autant assumer l’invasion. Pareillement, les États-Unis ont toujours soutenu militairement la République de Chine (Taïwan), tout en ne le reconnaissant pas diplomatiquement et en privilégiant le rapport diplomatique et commercial avec la République populaire de Chine.

En quelques sorte, la question de Taïwan a été laissée de côté pendant plusieurs décennies, telle une carte joker à garder en main pour la jouer en cas de nécessité. C’est précisément là où nous en sommes en 2022. La guerre mondiale pour le repartage du monde est une tendance irrésistible, avec en son cœur la contradiction de plus en plus forte entre la superpuissance américaine et la puissance challenger chinoise qui jouent la carte taïwanaise.

Les américains prendraient bien prétexte d’une invasion de l’île de Taïwan par la République populaire de Chine pour lancer la guerre, donc ils provoquent en ce sens. En mars 2022 déjà, une délégation américaine se rendait sur l’île, emmenée par l’amiral Mike Mullen, ni plus ni moins que l’ancien chef d’état-major interarmées.

Inversement, la République populaire de Chine sait qu’elle va devoir passer un cap dans sa concurrence avec la superpuissance américaine et que la question Taïwanaise pourrait très bien servir d’élément déclencheur. Donc elle pousse le gouvernement de Taïpeï à la faute par des provocations militaires, en espérant un dérapage taïwanais servant d’étincelle allumant la mèche.

La potentielle visite de Nancy Pelosi pose ainsi problème au gouvernement chinois car elle le pousse dans ses retranchements. Soit il ne réagit pas et les États-Unis prennent l’ascendant en assumant quasi-ouvertement leur protectorat sur l’île. Tout conflit enclencherait alors directement la guerre mondiale. Soit le gouvernement chinois réagit, mais alors il se retrouve en position d’assumer lui-même la responsabilité principale de l’escalade guerrière menant au conflit mondial.

Cette seconde option est d’ailleurs déjà ouvertement sur la table. Le gouvernement chinois a déjà prévenu qu’il considère la question de l’indépendance taïwanaise comme une ligne rouge à ne pas franchir, le ministre chinois de la Défense Wei Fenghe ayant prévenu qu’il déclencherait alors la guerre, « quel qu’en soit le prix ».

Du côté américain, il est évident que cela est compris de cette manière et l’administration de Joe Biden hésite très clairement à assumer ou non ce déclenchement potentiel de la troisième guerre mondiale. La semaine à venir sera donc décisive avec le choix américain de visiter ou non les dirigeants de l’île de Taïwan.

Dans tous les cas, visite ou non, le retour en arrière ne sera pas possible dans ces conditions et l’escalade va mener un jour ou l’autre à la guerre, à moins d’une opposition démocratique et populaire mondiale à la guerre, notamment en Chine et aux États-Unis. Ce qui présentement est absolument inenvisageable.

Personne à Taïwan ne s’oppose aux exercices militaires annuels, menés la dernière semaine de juillet avec des simulations d’interception d’attaques chinoises depuis la mer.

Personne aux États-Unis ne dénonce l’utilisation de la question taïwanaise par le gouvernement, ni le déploiement du porte-avions USS Ronald Reagan avec sa flottille depuis Singapour vers la mer de Chine méridionale pour une « opération programmée ».

Personne en Chine ne dénonce l’exercice militaire mené samedi 30 juillet avec des munitions réelles dans le secteur de l’île de Pingtan, à environ 120 kilomètres des côtes taïwanaises. Personne ne dénonce la communication de l’Armée montrant le lancement d’un système hypersonique DF-17 censé pouvoir détruire un porte-avion avec une vitesse supérieur à Mach 5.

La guerre mondiale est la tendance irréversible de notre époque, c’est même concrètement l’actualité…

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Politique

La « nationalisation » d’EDF pour « l’indépendance » de la France

C’est un Brexit à la Française.

Le Royaume-Uni a eu son Brexit et la France emprunte le même chemin. Non pas que le « Frexit » soit d’actualité, il n’est pas question pour la France de quitter l’Union européenne, dont elle est encore le moteur avec l’Allemagne. Il y a par contre la même tendance qu’au Royaume-Uni au repli nationaliste.

Ce repli est une réaction face au ratatinement du capitalisme dans le cadre de la crise. Si en période d’expansion, le capitalisme prône l’ouverture sur le monde par le marché, en période de crise il y a au contraire une tendance à vouloir faire face au monde.

La « nationalisation » d’EDF votée par l’Assemblée nationale le mardi 26 juillet est précisément l’expression de cela. L’État va reprendre le contrôle total de l’entreprise énergétique avec comme objectif de renforcer « l’indépendance énergétique de la France ».

L’enjeu, expliqué par Bruno Le Maire, le ministre en charge des questions économiques est très facile à comprendre :

« Nationaliser EDF, c’est nous donner toutes les chances d’être indépendants. »

Concrètement, il s’agit pour l’État français d’avoir les mains entièrement libres pour renforcer à vitesse grand V le parc nucléaire français, pour minimiser sa « dépendance » commerciale sur les questions énergétiques.

Il faut s’attendre à ce que la France mette en parallèle la pression contre l’Union européenne et l’indexation (harmonisation) des prix de l’énergie, afin qu’EDF (donc la France) puisse définir seule les prix. C’est donc une contre-tendance à la tendance capitaliste voulant l’ouverture par le marché. C’est typique de notre époque de crise et de guerre, où les monopoles nationaux prennent un rôle toujours plus importants nationalement.

Il y a en arrière-plan bien sûr la guerre en Ukraine et l’embargo économique contre le gaz et le pétrole russe, qui chamboulent totalement le marché mondial. La France s’imagine – en pillant par contre les mines d’uranium sur le continent africain – garantir son « indépendance » avec le nucléaire et ainsi faire face dans la grande bataille pour le repartage du monde. En pratique toutefois, cela ressemble plus à une tentative en catastrophe de sauver les meubles.

Actuellement, plus de la moitié des 56 réacteurs nucléaires sont à l’arrêt, pour maintenance ou des problèmes de corrosion. Le parc nucléaire est vieillissant, avec en plus de cela une dette de 60 milliards d’euros pour EDF. La France est en faillite comme le montre sa dette, mais comme elle a encore beaucoup de moyens financiers, il est donc prétendu pouvoir aller de l’avant sur le plan énergétique en mettant le paquet sur le nucléaire.

La prétention à aller de l’avant est un mensonge évidemment, et quiconque s’imaginerait un instant que la « nationalisation » d’EDF ait un accent social, ne serait-ce que comme aspect secondaire, se met le doigt dans l’œil et court à la désillusion.

La nationalisation d’EDF, cela va être un sauvetage à marche forcé, avec aucun véritable élan et en vérité très peu de moyens. Cela signifie donc une pressurisation des travailleurs, ainsi que le moins-disant sur le plan de la sécurité et de l’écologie. D’ailleurs, l’écologie passe totalement à la trappe et le nucléaire ne souffre plus d’aucune contestation. Le consensus est total pour sauver le capitalisme : le nucléaire doit être là pour ça.

On notera également qu’il faut ici parler de « nationalisation » ou de « renationalisation » simplement avec des guillemets, car il ne s’agit pas de cela. EDF est déjà une entreprise publique puisque l’État possède (et a toujours possédé depuis sa création) plus de la moitié de son capital. En l’occurrence l’État possède près de 85% du capital d’EDF. La nouveauté est simplement que le projet de budget rectificatif pour 2022 prévoit le rachat des 15% manquants (pour près de 10 milliards d’euros).

On est là dans une tambouille assez technique, mais certainement pas dans la « nationalisation » d’une entreprise en fait déjà publique. Mais plus personne ne connaît rien à rien et tout le monde raconte systématiquement n’importe quoi, de manière racoleuse. Le gouvernement parle de « nationalisation » pour chercher un élan dans l’opinion publique, et il n’y a personne pour le contredire.

C’est donc une véritable catastrophe. Les Français qui ont été prompts à moquer, voire vilipender les Britanniques pour le Brexit, ne voient pas qu’il se déroule aujourd’hui exactement le même processus de repli en France.

La différence, c’est qu’au moins au Royaume-Uni il y avait débat (bien que de manière faible), et pas loin de la moitié de la population était contre. En France, le consensus pour un Brexit à la française est presque total, tellement c’est l’apathie démocratique et partout la fête du capitalisme, ainsi qu’aux rêves impériaux aux dépens d’une Russie présentée comme un démon à exorciser par la guerre.

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Guerre

Guerre: le Sénat va voter l’extension de l’OTAN à la Finlande et la Suède

Les sénateurs français vont ratifier l’élargissement du bloc américain.

La guerre pour le repartage du monde est l’actualité des grandes puissances et les parlements sont mobilisés pour accompagner le mouvement. Chaque pays membre doit en effet approuver l’extension de l’alliance militaire atlantique et cela se fait en général par une loi.

En France, le Parlement doit voter un projet de loi autorisant le gouvernement à ratifier le traité d’accession de la Suède et de la Finlande à l’OTAN. C’est le Sénat qui ouvre le bal avec une séance prévue le 21 juillet. Ensuite, ce sera au tour de l’Assemblée nationale de boucler la boucle avec un vote prévu le 2 août, pour une ratification du projet de loi immédiatement dans la soirée.

Pas de temps pour le débat démocratique donc. On peut d’ores et déjà se douter que cela va passer comme une lettre à la poste, tellement personne en France n’est capable de s’opposer à la guerre et à l’affrontement mondial entre la superpuissance américaine et sa concurrente chinoise qui se profile.

L’OTAN met la pression, en expliquant que pour l’entrée de la Macédoine du Nord le processus avait pris 12 mois et qu’il s’agit cette fois d’aller encore plus vite. C’est qu’il faut battre le fer anti-russe tant qu’il est chaud, avant que l’Ukraine n’ait déjà perdu la guerre.

En attendant, la Finlande et la Suède bénéficient du statut d’invité de l’OTAN, alors que dans les faits ces pays sont déjà très proches de l’OTAN depuis longtemps, techniquement parlant. Il n’y a par contre qu’après la validation de leur intégration par les 30 pays membres que ces nouveaux pays seront engagés par l’article 5 de la Charte de l’OTAN qui oblige à la mobilisation de chacun des membres en cas d’attaque.

Des « garanties » en amont avant la demande d’adhésion ont cependant été fournies par la superpuissance américaine et le Royaume-Uni.

Il ne faut pas être dupe quant aux prétentions défensives de l’OTAN. Cet élargissement est un pas de plus vers la guerre mondiale, c’est une manœuvre d’alliance pour préparer l’affrontement avec la Russie, puis la Chine. Et c’est une manœuvre américaine, bien entendu, car l’OTAN est un outil de puissance pour les États-Unis.

D’ailleurs, en vérité, les pays membres de l’OTAN ne sont là que pour enregistrer formellement la volonté américaine. En dernier lieu, c’est le gouvernement des États-Unis qui décide, toutes les ratifications doivent lui être notifiées avant d’être validées définitivement par lui.

Les pays candidats quant à eux auront dû déposer leurs « instruments d’accession » directement auprès du Département d’État américain, l’équivalent d’un ministère des Affaires étrangères.

Il est donc demandé au Parlement français de se plier à cette volontés américaine d’extension de l’OTAN aux pays baltes. Ceux-ci vont s’exécuter, de manière naturelle. C’est une expression du rapport de forces entre grandes puissances, dans le cadre de la tendance à la guerre.