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Rapport entre les classes

Symbolique: la CGT perd EDF

Quel coup de tonnerre ce fut !Le lundi 13 novembre 2023, la CGT s’est fait ravir la première place des organisations syndicales représentatives chez EDF, son bastion parmi les bastions.

Avec 30,31 % des voix, elle est passée derrière la CFE-CGC qui en a recueilli 33,08 %. C’est indéniablement une page de l’Histoire de France qui se tourne, la fin de toute une époque.

En pratique, on peut dire que c’est la CGT qui a fait EDF depuis sa fondation en 1946 par Marcel Paul, et à laquelle était rattachée GDF.

On parle ici de quelque chose de très particulier, une expérience sociale extrêmement puissante. Cela a consisté en deux aspects.

D’abord, sur le lieu de travail, la CGT avait son mot à dire sur toutes les grandes décisions et sur toutes les affaires courantes, à commencer par les embauches. Rien ne pouvait être fait sans la CGT et comme la CGT était partout, c’est en fait elle qui faisait tout.

Chaque travailleur, chaque « électricien » ou « gazier » pouvant très facilement rejoindre la CGT, cela faisait que des ouvriers embauchés très jeunes et sans diplômes pouvaient très rapidement et facilement gravir les échelons (tout en restant ouvrier, d’ailleurs). L’intégration des ouvriers à l’entreprise a donc été immense, voire totale. Bien au-delà du corporatisme d’ailleurs, car il y avait de manière sous-jacente toute une vision de la société et du « service public ».

L’autre chose, c’est le comité d’entreprise, la CCAS. Dès l’origine en 1946, il a été négocié quelque chose de fondamental : la CCAS (Caisse centrale des activités sociales) ne devait pas être financée à hauteur d’1 % de la masse salariale, comme c’est le cas partout ailleurs, mais avec 1 % du chiffre d’affaires. Qui plus est, c’est exclusivement aux représentants du personnel, donc à la CGT, qu’en est revenue la gestion.

On comprend toute de suite la manne que cela a pu représenter durant toute la seconde moitié du 20e siècle. La Caisse centrale d’activités sociales a été extrêmement puissante, proposant un accompagnement social exceptionnel aux travailleurs, en plus de gigantesques services de loisirs et de vacances .

Être ouvrier chez EDF ou GDF, c’était l’assurance de trouver un logement, d’être aidé pour les enfants, en cas de coup dur ou de handicap, de partir à la mer chaque été et d’envoyer les enfants au ski chaque hiver, etc.

C’était des « arbres de Noël » (fêtes de Noël) avec de grands moyens culturels en termes de spectacles et de jolis cadeaux pour les enfants, à choisir dans un large catalogue. Pour ce qui est de la culture, il y avait (il y a encore, d’ailleurs), des œuvres culturelles toute l’année, que ce soit des sorties sportives ou touristiques, ou bien des spectacles. À la fin du 20e siècle, à son apogée, la CCAS était devenue l’un des plus gros programmateur culturel estival de France, avec au moins un spectacle gratuit et de qualité par semaine dans chaque centre de vacances.

Dès 1950, la CCAS accueillait 20 000 jeunes répartis dans 62 colonies de vacances. Dès les années 1970, elle mettait en place les premières expériences d’intégration d’enfants handicapés. Depuis, elle a acquis un savoir-faire important et avec des moyens pour accueillir les enfants et adultes handicapés en vacances.

Au tournant des années 2000, la CCAS était propriétaire de plus de 200 centres de vacances, tous de qualité, dont beaucoup situés dans des endroits parmi les plus prisés de France.

Seulement voilà, cela n’a jamais consisté en le Socialisme et la lutte des classes, mais uniquement en de la cogestion du capitalisme. La CGT à EDF, c’était pour la bourgeoisie française un compromis très intéressant : des miettes en or contre la paix sociale, ainsi qu’une productivité électrique énorme et fiable.

La CGT a en ce sens entièrement et consciemment participé à cette horreur qu’est le nucléaire.

Au 21e siècle, tout cela n’a évidemment plus de sens. Le capitalisme est maintenant à son apogée, la consommation est partout, la classe ouvrière est broyée psychologiquement et éparpillée socialement. La CGT est devenue un boulet au pied d’EDF, elle-même un monstre.

Alors il y a eu la dérégulation du marché, puis l’ouverture aux capitaux privés (puis la re-nationalisation en raison de la crise). Tout ce en quoi la CGT a cru pendant plus de 50 années, ou fait semblant d’y croire pour justifier sa corruption, a fini par s’effriter.

La CGT chez EDF a donc perdu sa raison d’être, malgré un ancrage gigantesque. Les employés, qui sont maintenant surtout des cadres supérieurs et des ingénieurs, ont acté le tournant, en reléguant la CGT derrière la CFE-CGC, le « syndicat » des cadres par nature.

Pour ce qui est des ouvriers restant chez EDF, ils sont surtout chez Enedis (filiale d’EDF) et ont un travail en général très qualifié et bien payé, avec du bon matériel, des bonnes conditions. Ce sont ceux par exemple qui escaladent les pylônes pour rétablir le courant après une tempête.

Ces ouvriers sont bien loin de la CGT et de son style gueulard, merguez-saucisse et sa pratique odieuse des coupures volontaires de courant en cas de protestation.

La CGT chez EDF est maintenant clairement une relique du passé, un passé d’autant plus proche qu’il est fui à tout prix. C’est vraiment un contre-exemple sur le plan moral et culturel, et un véritable exemple de comment le capitalisme a une incroyable force de corruption.

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Politique

La défaite du mouvement contre la réforme des retraites

Il faut oser dire que c’est une défaite.

Les Français se mentent à eux-mêmes. Comme l’opinion dominante est celle des classes dominantes, les opinions contestataires vivent à l’ombre du capitalisme. Cela ne dépasse pas la rage et les prétentions à la colère, les manifestations d’esprit syndical, les petits initiatives « sauvages » pour s’amuser à se faire peur.

La fiction d’un mouvement contre la réforme des retraites qui aurait représenté quelque chose est donc nécessaire. Il faut faire croire que cela a servi quelque chose. Alors qu’en réalité, ça a été du vent.

Des millions de personnes ont agi… pour rien. Cela n’a eu aucun impact. Certains diront : l’important c’est le mouvement populaire, cela fait avancer la lutte des classes.

Quelle preuve ont-ils ? A aucun niveau, il n’y a eu de progression. Les consciences n’ont pas avancé, les organisations de gauche ou syndicales n’ont pas connu d’effervescence dans les adhésions, culturellement il ne s’est rien produit de notable.

Le mouvement contre la réforme des retraites a été une expression de crise, et rien de plus. C’est une expression d’agonie. Une expression d’agonie peut-elle amener autre chose qu’une défaite? Absolument pas.

Car l’agonie se nie elle-même, à coups d’illusions. C’est pour ça que les manifestations ont eu besoin, dans les grandes villes, des anarchistes pour écrire des slogans sur les murs et casser des vitrines. Il fallait renforcer le « bruit », et ce d’autant plus qu’il ne se passe, en fait, rien.

Alors, disons le, le mouvement contre la réforme des retraites a été une perte d’énergie, une machine à illusions, un mensonge. Il faut oser dire que c’est une défaite.

Une défaite pour la défense du droit à la retraite, une défaite pour la Gauche, une défaite syndicale, une défaite par rapport aux exigences historiques.

Ce n’est que par une telle reconnaissance de la défaite qu’on peut aller à la victoire. Sinon, on en restera aux marchands d’illusions. Et c’est bien parti pour rester ainsi. Or, c’est intolérable !

Il faut trouver une voie pour diffuser une nouvelle culture, une nouvelle manière de voir les choses. C’est la question de la bataille pour la vision du monde, et pas moins que ça !

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Politique

Retraites : l’intersyndicale pleurniche auprès des parlementaires

La défaite sur toute la ligne.

À quel point faut-il avoir échoué pour, après des mois de mobilisation à coups de millions de manifestants, en arriver à écrire une lettre aux parlementaires en s’imaginant obtenir quoi que cela soit ?

L’intersyndicale CFDT, CGT-FO, CGT, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaire et FSU est pitoyable en pleurnichant auprès des élus, pour réclamer ce qu’ils n’ont pas réussi à obtenir depuis des mois. Quelle défaite ! Quel manque de dignité !

On notera d’ailleurs qu’ils prétendent avoir échoué à cause d’un barrage anti-démocratique, mais que leur échec est en réalité politique et culturel, voire surtout culturel d’ailleurs.

L’intersyndicale et tous les gens l’ayant soutenu feraient mieux de faire leur auto-critique plutôt que de se donner aussi lamentablement en spectacle.

« Paris, le 05 mai 2023

Madame, Monsieur, la, le député(e),
Madame la sénatrice, Monsieur le sénateur,

Nous vous avions écrit le 14 février dernier pour vous interpeller de façon très solennelle et grave sur la crise politique et sociale que traverse actuellement notre pays, en raison de l’entêtement incompréhensible de l’exécutif sur le projet de réforme des retraites.

Au cours d’un parcours parlementaire chaotique, le gouvernement a utilisé tous les outils constitutionnels à sa disposition permettant de limiter l’exercice démocratique. En usant du 49.3, il a fait le choix d’accentuer la crise démocratique et sociale malgré le refus très majoritaire du report de l’âge de départ en retraite à 64 ans et de l’allongement de la durée de cotisation est confirmé avec constance : 70% de la population et 94% des actifs sont encore aujourd’hui opposés à cette réforme.

Plusieurs millions de travailleurs et travailleuses, jeunes et retraité.es se sont mobilisés lors de 13 journées de mobilisations depuis le 19 janvier et encore massivement le 1er mai au cours duquel de nombreuses délégations de syndicats étrangers ont apporté leur soutien ne comprenant pas pourquoi l’exécutif n’entend pas le rejet massif de cette réforme. Le gouvernement est en effet resté sourd à cette volonté populaire et l’incompréhension a laissé place à l’indignation, ainsi qu’à la colère. En ne répondant pas à la demande de retrait, les organisations syndicales et de jeunesse avaient prévenu l’exécutif du risque d’explosion sociale que pouvait provoquer cette réforme injuste, injustifiée et brutale.

Parce que nous sommes profondément attachés à notre système de retraites par répartition et au principe de solidarité, cette loi n’est pas acceptable et n’est en rien une réforme de justice sociale. C’est la raison pour laquelle, Madame, Monsieur, l’intersyndicale se tourne vers vous, la représentation nationale. Nous vous demandons donc solennellement de voter le projet de loi abrogeant le recul de l’âge effectif de départ à la retraite et l’allongement de la durée de cotisation.

Nos représentantes et représentants sont, si vous le pensez utile, disponibles pour vous rencontrer et vous exposer nos positions argumentées. »

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Société

L’anti-1er mai 2023

L’agonie de la politique de gauche.

Des cortèges dans toute la France

Le 1er mai n’est en France plus politique depuis bien longtemps. Or, il devrait être seulement politique. Avec le mouvement contre la réforme des retraites, qui est un échec complet, on touche encore plus le fond, puisque le 1er mai 2023 a été entièrement kidnappé par les syndicats.

C’est toujours le cas, mais normalement le 1er mai reste symboliquement le 1er mai, une journée liée à l’Histoire du mouvement ouvrier. Là, la journée s’est transformée en France en appendice de mobilisations massives et pourtant sans impact politique, culturel, idéologique, social.

Il y avait du monde, avec des initiatives dans toute la France. La CGT revendique 2,3 millions de manifestants, dont 550 000 rien qu’à Paris ; le ministère de l’Intérieur parle de 800 000 personnes. Cependant, avec un tel contenu, il pourrait y avoir 10 millions de personnes que cela ne changerait rien. C’est totalement vain.

D’ailleurs, tout ce qui a été retenu, la seule chose qu’il a été possible de retenir, c’est l’arrestation de 291 personnes (dont 90 à Paris) et le fait que 108 policiers ont été blessés. Paris, Lyon et Nantes ont connu de la casse – encore et toujours cette casse apolitique, antipolitique, qui sert la Droite et l’extrême-Droite, qui a beau jeu de dénoncer un tel nihilisme.

Comment s’imaginer que les travailleurs en France aient envie de rejoindre un tel chaos où les syndicalistes sont culturellement beaufs, où en plus la violence part dans tous les sens, comme avec un manifestant qui a eu la main arrachée par une grenade (à Nantes), un policier le visage et les mains brûlées par un cocktail Molotov (à Paris)!

Le 1er mai 2023 a été une agonie, un triomphe du syndicalisme aux dépens de la politique de gauche. Ce fut une véritable entreprise de démolition, précipitant la « Gauche » ou ce qu’il en reste dans la ringardise, le hors-sol, le réformisme syndicaliste corporatiste. Zéro envergure, zéro ambition.

Éric Ciotti, le président du parti Les Républicains, a dénoncé ceux qui voulaient « Transformer nos forces de l’ordre en torches humaines et abattre la République », alors que Bruno Retailleau, le chef des sénateurs LR, a parlé d’un « spectacle de décivilisation ». Marine Le Pen a dénoncé « des tentatives d’assassinat contre les forces de l’ordre ».

Peu importe que cela soit de la démagogie. Ce qui compte, c’est que pour vaincre politiquement, il faut avoir de l’envergure, ou bien apparaître comme tel. Et là, qui a de l’envergure? Certainement pas les syndicalistes et leurs alliés casseurs. Il suffit de lire le communiqué de la CGT. Auto-satisfaction, aucune dimension historique.

On est là dans une décadence bien occidentale. Le monde s’effondre, les Français font comme si de rien n’était. Ils veulent vivre comme avant. Coûte que coûte !

Mais ni la tendance à la guerre pour le repartage du monde, ni les masses du tiers-monde ne laisseront les Français pleurer encore longtemps leur « paradis » perdu.

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Politique

Retraites : la France des pleurnicheries

La France est régressive.

Plus de 15 millions de téléspectateurs ont écouté l’allocution présidentielle d’Emmanuel Macron le 17 avril 2023. Naturellement, quelques centaines de personnes se sont regroupées dans la foulée, dans quelques villes (Paris, Rennes, Grenoble…), notamment pour chercher à jouer les casseurs, surtout à Lyon.

Mais surtout, ce sont les réactions du 18 avril qui sont exemplaires. Exemplaires de quoi ? Exemplaires de ce qu’il ne se passe rien en France. Il n’y a aucune mobilisation morale, intellectuelle, culturelle. Les gens sont asséchés par le 24 heures sur 24 du capitalisme. Ils n’ont aucune force.

On le voit, dans la vie quotidienne. On le voit, dans le travail politique. Et on le voit dans l’implication intellectuelle et culturelle. Agauche.org existe depuis décembre 2017, avec pratiquement 3000 articles. C’est un média qui est lu, naturellement pas assez et à la marge, mais suffisamment pour avoir un aperçu des tendances.

Et il n’y a pas de tendance, il n’y a rien. C’est exactement pareil lorsque nous avions annoncé six mois avant son déclenchement le conflit armé en Ukraine. Nous avions six mois, en fait même un peu plus, de documents à ce sujet, et personne n’est allé voir.

Il faut assumer : les gens se moquent de tout, ils ne percutent rien. Il est bien sûr toujours possible d’aller jouer au militant, au casseur, lors des manifestations et des mobilisations. Il en a toujours été ainsi. Mais ça ne rime à rien.

D’ailleurs, que propose désormais Emmanuel Macron ? Un « pacte de la vie au travail ». Il a rencontré le 18 avril les représentants des organisations patronales : le Medef, la Confédération des PME (CPME) et l’Union des entreprises de proximité (U2P) .

Les syndicats des travailleurs ne sont pas venus, mais ils y viendront. Car leur fond de commerce, c’est de « réformer » la vie salariale – autrement dit, de moderniser le capitalisme.

Et les Français sont satisfaits, même si critiques, d’une telle vie dans un capitalisme moderne. Objectivement, ils attendent tous que la Russie perde face à l’Otan, qu’elle rejoigne le tiers-monde, comme ça on pourra l’exploiter comme il faut pour maintenir le niveau de vie dans la société de la consommation.

Les réactions à l’allocution présidentielle relèvent donc de la mythomanie. Emmanuel Macron serait « complètement hors la réalité » selon Jean-Luc Mélenchon. La dirigeante de la CGT Sophie Binet a annoncé que « il n’y aura pas de retour à la normale tant qu’il n’y aura pas de retrait de la réforme des retraites ».

Ben voyons. Sauf que tout est normal, que les mobilisations n’ont en rien modifié une réalité qu’elles ne font qu’accompagner. Tout ça, ce sont des pleurnicheries. Et qui cela va-t-il aider ? L’extrême-Droite avec Marine Le Pen.

Car c’est indéniable : la fascination pour Marine Le Pen de la part des couches populaires n’a pas du tout faibli ces derniers mois, voire même elle s’est renforcée. C’est là une preuve indéniable de l’échec formel du mouvement de lutte contre la réforme des retraites.

Aucune estime pour la Gauche, aucun intérêt pour les idées de la Gauche, aucune assemblée générale réelle, soumission à l’intersyndicale, maintien des démarches corporatistes… Le bilan est désastreux.

Et toute l’ultra-gauche, tous les syndicalistes qui ont contribué à masquer ce bilan désastreux en sont les complices. Tous les gens qui ont prétendu que quelque chose pouvait en sortir de bon n’auront été que les ennemis politiques de la Gauche historique, les valets du réformisme et de l’anarchisme, ces deux aspects de la même pièce.

Seul le travail de fond a un sens, une valeur historique. Certainement pas le misérabilisme dans un des pays les plus riches du monde qui relève du dispositif américain pour faire la guerre à la Russie aujourd’hui, à la Chine demain.

La vérité est simple : qui ne veut pas rompre avec l’hégémonie de l’occident est obligé de converger avec lui ! Et de s’aligner sur le 24 heures sur 24 du capitalisme.

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Politique

Décomposition de la CGT: fin de partie pour les populistes et syndicalistes

Ils paient le prix et n’ont pas fini de payer.

Le 53e congrès de la CGT a donc été d’une grande brutalité interne. Sophie Binet, la nouvelle secrétaire générale, a été obligé de le reconnaître. Elle a parlé d’un  « congrès difficile et compliqué », « violent parfois », de « plaies qui sont importantes ».

Et effectivement, à Clermont-Ferrand, les délégués CGT ont magouillé par derrière, se sont rentrés dedans de manière violente. Il y a eu de la rage, des pleurs. Parvenir dans un tel contexte à élire une secrétaire générale « consensuelle » est apparu comme un soulagement.

Mais il est une chose dont il faut parler, qu’il faut souligner. C’est le désespoir de tous les populistes et syndicalistes composant l’écrasante majorité de la Gauche en France. Lorsque le premier jour, la majorité a été désavouée, ils voyaient la victoire se profiler. Tout allait se radicaliser!

Et en fait, rien du tout, le week-end post-congrès est d’une terrible amertume. Rien n’a changé dans la CGT, rien n’a été obtenu. Ils espéraient profiter d’une CGT en mode agitation, afin de continuer leur propre cuisine. Le rêve s’est évanoui.

Les réactions des populistes et des syndicalistes expriment une déception aiguë, avec des solutions invraisemblables. Il faudrait se battre pour les orientations dans la CGT, ce qui ne veut rien dire tant qu’on ne dit pas de quoi on parle. Il faudrait faire sans la direction, ce qui est impossible. Il faudrait que les gens se prennent en main et fassent sans la CGT – comment être crédible en disant ça alors qu’il a été dit le contraire pendant des années et des années ?

Mais ce n’est pas tout. Car nous, nous détestons l’idéologie syndicaliste, nous avons toujours justement promu l’Assemblée générale et non l’intersyndicale, et nous voyons la CGT comme un appendice du capitalisme depuis 50 ans. C’est une position ultra-minoritaire à Gauche, mais elle est juste.

Eh bien, que voyons-nous, de par notre place extérieure aux faux espoirs ? Que la CGT utilise l’écriture inclusive. Qu’une femme a été mise secrétaire générale, parce qu’il a été considéré qu’il fallait bien être dans l’air du temps. Sauf que ce féminisme par en haut se heurte à une culture à la base totalement viriliste et empreinte d’une beauferie sans bornes.

La question écologiste est pareillement vue comme moderne par la direction, mais il existe une hégémonie des pro-nucléaires et une tradition effrénée des grillades de merguez.

La vérité, c’est que la direction de la CGT vise à se mettre au niveau de la CFDT au niveau de la « propreté » syndicale moderne, avec une ligne post-syndicaliste de partenariat modernisateur.

Et qu’à la base, la seule tradition vivace, c’est un syndicalisme révolutionnaire dépassé en 2023 parce qu’il l’était déjà il y a cent ans. L’action directe, la minorité agissante, le mythe mobilisateur de la grève générale… c’est de l’anarchisme du début du siècle dernier et c’est lamentable.

La conclusion d’un tel constat, c’est que le congrès de la CGT exprime sa décomposition. Les protagonistes se croient des acteurs, en réalité ils sont les victimes de l’Histoire. Ils ont perdu le fil et plus rien ne tient. Ils agissent dans l’effondrement, croient donc agir, mais survivent simplement, et pour pas longtemps.

C’est comme la mascarade du mouvement contre la réforme des retraites, où des gens pensent que manifester encore une fois à beaucoup c’est changer les choses, ou que jeter une poubelle sur des policiers est un acte insurrectionnel.

Eh bien, non. Tout ça n’est que de la fiction à la française, du théâtre social à la française. C’est tout ce que la Gauche historique a toujours dénoncé.

Et c’est ce qu’il faudra dénoncer, même si là c’est l’agonie. Car le chantage au « mouvement des masses » n’est qu’une arnaque de ceux qui s’inventent une vie. Quand on est sérieux, on a mieux à faire que de perdre son temps à la remorque, au service des populistes et des syndicalistes.

Au début du mouvement contre la réforme des retraites, nous avons eu affaire à beaucoup de scepticisme en raison de notre refus de tout ce cinéma. Aujourd’hui, notre position apparaît comme sérieuse. Demain, elle apparaîtra avoir été comme il fallait.

A bas les marchands de tapis et les vendeurs de rêves!

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Politique

Cacophonie au congrès de la CGT

A l’image de la France.

Du 27 au 31 mars s’est tenu le 53e congrès de la CGT, réunissant presque 1000 délégués et quelques centaines de secrétaires d’Union Départementales et de Fédérations, afin de décider de l’orientation du syndicat pour les trois prochaines années et d’élire la nouvelle Commission Exécutive Confédérale (CEC).

Cela a donc eu lieu dans le contexte du mouvement contre la réforme des retraites et alors même que Philippe Martinez, le Secrétaire Général confédéral, avait au préalable annoncé ne pas briguer de nouveau mandat.

Souhaitant que la suite soit prise par une femme, la direction sortante avait positionné la candidature de Marie Buisson largement en amont.

En face, la fraction syndicaliste-révolutionnaire du syndicat avait profité de l’appel d’air du mouvement contre la réforme des retraites pour faire monter la candidature d’Olivier Mateu, secrétaire de l’Union Départementale des Bouches-du-Rhône, un forestier-sapeur, dont l’arrivée au congrès en Tesla ne passa pas inaperçue.

Si l’affrontement entre la majorité réformiste et la minorité syndicaliste révolutionnaire est un grand classique dans la CGT, le congrès s’est transformé en véritable foire d’empoigne dès le deuxième jour, avec fait inédit, le rejet du rapport d’activité à 50,3% des voix.

Ceci laissa évidemment penser aux syndicalistes révolutionnaires qu’ils étaient entrain de prendre l’avantage, alors que le début du congrès avait été marqué par un verrouillage des débats par la direction sortante.

La suite fut un spectacle affligeant d’une salle où les délégués prenaient la paroles sous les huées des uns ou des autres, et donnant lieu en coulisse à des pressions, menaces et altercations.

En dehors, Olivier Mateu a enchaîné les plateaux dans une course médiatique pathétique, sa candidature montant sur les réseaux sociaux, alors qu’en interne il était loin de conquérir l’unanimité ou même la majorité, notamment chez les femmes.

La surestimation de leur poids par les syndicalistes révolutionnaires s’est confirmée le 30 mars au soir, alors qu’e seulement environ’à peine plus de 30% des délégués essayèrent de le faire rentrer sur la liste de la Commission Exécutive Confédérale.

Ensuite, il fallut une nuit entière, jusqu’à 7h du matin, pour se mettre d’accord sur la figure de Sophie Binet comme Secrétaire Générale.

Elle a été tirée du chapeau, aux dépens de Marie Buisson, afin de maintenir l’unité, et pour cela flanquée du contestataire Laurent Brun de la CGT-Cheminots comme administrateur. Pareillement, le bureau inclut Céline Verzeletti, la candidate bis des syndicalistes révolutionnaires.

On l’aura compris, c’est simple : à la CGT il y a trop de différences, trop de rancunes et de mépris. Une seule chose a maintenu l’unité : la possibilité, l’absolue nécessité de réussir à tout prix l’obtention d’une victoire dans le mouvement contre la réforme des retraites.

Seule une victoire peut éviter la décomposition, voilà ce qui a été le vrai fond de ce qui est ressorti du congrès de la CGT du point de vue de ses participants.

Surtout que personne n’a réellement ni les moyens, ni le courage, ni de perspectives pour opérer une scission, de toutes façons.

D’où le mot d’ordre de conserver les apparences : beaucoup de bruit pour rien, il ne faut pas s’inquiéter, finalement d’un côté comme de l’autre c’est la « famille » CGT avant tout, etc.

Sauf que la réalité, c’est que la nouvelle séquence historique n’en a rien à faire du mouvement contre la réforme des retraites.

L’actualité, c’est la bataille pour le repartage du monde, c’est-à-dire la guerre. Un thème absent du congrès, où par contre toute la salle se retrouve en cœur pour applaudir le délégué du foie gras de Dordogne avant même son intervention.

On reconnaît bien là toute la corruption par le capitalisme.

Voici le communiqué officiel de la CGT, qui assume la dimension « volcanique » du congrès.

« 942 délégué.es représentaient les syndicats CGT des entreprises et services publics de toute la France.


Moment démocratique essentiel du syndicat, les délégué.es ont débattu du bilan d’activité et financier de la mandature écoulée.

Ils ont travaillé sur le document d’orientation, feuille de route de la CGT pour la mandature qui s’ouvre.

Après plusieurs mois d’échanges dans les syndicats, la CGT s’engage à construire un syndicalisme de rupture sociale pour lutter contre les politiques libérales et financières et gagner de nouveaux droits, à développer ses forces et son audience électorale, pour élever et élargir le rapport de force.

Le document a été voté à 72,79%. Après l’intégration des amendements, il sera publié dans les prochains jours.

Enfin les délégué.es ont élu la nouvelle direction composée de 66 membres et sa nouvelle secrétaire générale, Sophie Binet.
Cette direction assurera la conduite de l’action de la CGT dans le cadre des orientations du congrès. 

Sophie Binet élue Secrétaire générale de la CGT !

Dans ses conclusions, la nouvelle secrétaire générale a salué les camarades en grève depuis plusieurs semaines pour le retrait de la réforme des retraites. 

Elle a remercié les camarades bénévoles qui ont assuré l’organisation du congrès et les délégués qui ont vécu une semaine difficile.

Si le congrès s’est tenu sur une terre volcanique, « on a empêché l’éruption » a-elle insisté, et a regretté « qu’on soit parfois plus dur entre nous qu’avec les patrons ». 

L’ambition est de retrouver des relations pacifiées grâce à notre culture de débats et notre culture de la lutte. 

À partir du document d’orientation ambitieux, la CGT va lancer une grande campagne de syndicalisation, et porter la reconquête industrielle et le développement des services publics. 
 
Elle a souligné la marque de fabrique de la CGT :  porter les questions sociales et environnementales en partant de nos métiers et notre travail dans le contexte de la mondialisation. Elle s’est félicitée de l’ambition de la CGT de lutter contre les violences sexistes et sexuelles et a remercié Philippe Martinez pour son engagement à la tête de la CGT. »

Voici l’appel du congrès, qui emploie même l’écriture inclusive. Si on avait dit il y a 20 ans, ou même dix ans, que la CGT parlerait des « travailleurs.euses », cela aurait fait rire. Mais c’est inévitable : la CGT subit le lessivage du 24 heures sur 24 du capitalisme. Il ne fait pas le poids sur rien.

Appel du 53e congrès : uni.e.s et rassemblé.e.s dans la lutte

Les 942 délégué.e.s réuni.e.s au Congrès de la CGT à Clermont Ferrand réaffirment leur opposition à la réforme des  retraites portée par le gouvernement et le patronat. La CGT juge indispensable de donner une ampleur sans  précédent à la mobilisation du 6 avril, d’amplifier le rapport de force par la multiplication des actions de grève,  blocages, occupations décidées en assemblée générale.

Après 10 journées de temps fort d’une mobilisation historique qui ont réuni des millions de personnes, dans la rue  partout en France métropolitaine et en Outre-Mer et alors que des salarié.e.s sont en grève reconductible dans le  pays, Emmanuel Macron ne peut plus rester sourd et aveugle face au rejet massif de sa réforme antisociale.

Le gouvernement est prêt à tous les mauvais coups pour sortir de la crise dont il est responsable. Non à  l’allongement de la durée de cotisations, non à la retraite à 64 ans ! Oui au retrait pur et simple de cette réforme  illégitime, injuste, injustifiable et injustifiée ! Il n’y aura ni médiation, ni compromis.

La CGT réaffirme son exigence d’une retraite pleine et entière à 60 ans avec des départs anticipés pour tous les  travaux pénibles et le maintien de tous les régimes pionniers.

Les délégué.e.s du 53ième congrès de la CGT condamnent avec la plus grande fermeté les actes policiers et des  patrons. D’où qu’elles viennent, les violences ne réduiront pas la colère du monde du travail qui anime cette  mobilisation sociale historique. La CGT condamne les réquisitions et le non-respect du droit de grève, droit à valeur  constitutionnelle. La CGT exige la suppression de toutes les poursuites judiciaires des militant.e.s dans le cadre  d’actions syndicales et de manifestations.

Après des années d’austérité salariale, de plus en plus de salarié.e.s, précaires, privé.e.s d’emploi, jeunes et  retraité.e.s n’arrivent plus à faire face à l’inflation, cela ne peut plus durer. La CGT réaffirme l’ensemble de ses  revendications : augmentation des salaires, SMIC à 2 000 euros, remise en place de l’échelle mobile des salaires,  dégel du point d’indice…

Pleinement mobilisé.e.s contre la réforme des retraites, les délégué.e.s du 53ième congrès s’élèvent contre la  dégradation de la situation internationale et réaffirment leur engagement pour la paix et la solidarité internationale  entre les peuples et clament sans ambiguïté leur refus de la guerre.

Face à cette oppression du capital et de ses relais et face à l’urgence climatique, nous confirmons nos valeurs  fondamentales de classe, de masse, de démocratie et d’indépendance. Nous réaffirmons que dans cette lutte  violente du capital contre l’humanité et la planète, notre force est d’œuvrer à rassembler le monde du travail le  plus largement possible, comme la CGT le fait depuis 128 ans.

Les congressistes du 53ième congrès rappellent leur engagement dans le combat pour l’égalité entre les femmes et  les hommes ainsi que la lutte contre toutes les discriminations et toutes les violences sexistes et sexuelles. Le  congrès dénonce l’agression d’un camarade à Albi par un groupuscule d’extrême droite.

Les délégué.e.s du 53ième congrès appellent également le monde du travail à garder la plus grande vigilance et la  plus grande fermeté contre l’extrême droite et ses idées nauséabondes. Les délégué.e.s du 53ième Congrès  représentant toute la CGT affirment que nous resterons le syndicat de toutes et tous, quels que soient leurs  origines, leurs genres ou leurs croyances.

Nous sommes face à de multiples urgences qui nécessitent la mise en œuvre de véritables ruptures remettant en  avant l’humain, la réponse aux besoins fondamentaux de la population et l’émancipation des travailleurs.euses.

Le 53e congrès appelle les salarié.e.s, retraité.e.s, privé.e.s d’emploi et les jeunes à s’engager dans toutes les  luttes proposées, menées et organisées par la CGT et à la reconductibilité sous toutes les formes. Le 53e Congrès  appelle l’ensemble des salarié.e.s à poursuivre leur engagement dans les grèves en cours, à venir amplifier les  mobilisations et à rejoindre la CGT pour lutter toutes et tous ensemble JUSQU’À LA VICTOIRE !

Clermont-Ferrand, le 30 mars 2023

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Politique

La décomposition du mouvement contre la réforme des retraites

Inévitable, elle est triste et sordide.

Nous avions dit le départ que le mouvement contre la réforme des retraites était d’une nature petite-bourgeoise, menant à l’échec. Il fallait être étudiant ou d’esprit syndicaliste pour s’imaginer que, sans culture, ni politique, on puisse arriver à quelque chose.

Un mouvement qui exprime le seul souhait de vivre comme avant, à l’instar des gilets jaunes, n’a pas de place dans l’Histoire. Il n’exprime qu’une décomposition : celle de la société occidentale et de ses acquis.

Alors que se profile une énième journée de mobilisation, déjà se profile l’amertume, le constat d’échec. Anasse Kazib, figure de « Révolution permanente », un mouvement surtout étudiant ayant été aux premières loges de ce lamentable cinéma, constate lui-même le 29 mars 2023 que tout est mal barré.

Naturellement ce constat est fait sur un réseau social, Twitter en l’occurrence, en phase avec la « post-modernité ».

Et il le fait en confondant mouvement social d’un pays riche et luttes des classes, en pleurnichant que l’intersyndicale serait ce qu’elle est, que la grève ce n’est pas évident, etc.

Il ne comprend pas que ni lui, ni les grévistes ne sont à la hauteur de rien. On improvise pas un mouvement de masse affrontant une décision gouvernementale de politique. Il faut du niveau !

Comme là il n’y a rien, il est cherché des boucs émissaires.

« Nous avons tous vu les deux temporalités du mouvement, celle du 19 janvier au 15 mars, des journées certes avec beaucoup de monde, mais avec une radicalité qui ne s’est pas exprimée, notamment du fait du contrôle par l’intersyndicale.

Et depuis le 49.3 nous sommes entrés dans une nouvelle séquence, du moment « Berger » au moment « pré-révolutionnaire ». Malgré la distance qu’à pris l’IS, par son silence médiatique ou encore sa condamnation des violences des manifestants. Le 23 mars a été le pic de la mob.

La journée du 28 mars même si elle a était plus faible, reste dans des niveaux de mobilisation important surtout avec 4 jours d’écart. Cela s’explique pour moi par le rythme en dent de scie, des dynamiques plus faibles de grève à cause de l’isolement des journées.

Néanmoins les cortèges restent très important et nous avons vu l’arrivée massive de la jeunesse depuis 1 semaine qui fait prendre un tout autre visage à la contestation, bien plus qu’une lutte contre une simple réforme des retraites, mais un caractère éminemment politique.

Tout cela témoigne du fait que ce n’est pas l’intersyndicale qui met le monde dans la rue, mais c’est parce qu’il y’a du monde en colère, une opposition massive que l’intersyndicale est contrainte d’appeler encore a des journées.

L’unité est de façade entre les syndicats plus combatifs et les syndicats de collaborations de classe. Ils sont uni car aucun n’aurait pu soutenir la réforme comme Berger l’a fait en 2019 avec la réforme Delevoye. Surtout quand des deputés RN et LR sont contre.

Imaginez vous le syndicat qui aurait osé soutenir la réforme et ne pas appeler à la grève alors que 94% des actifs sont opposés. Cela aurait été du suicide. Berger est contraint par la rue de suivre, mais aussi car il est fasse à un macronisme radicalisé.

La 2eme séquence que l’on connait est le résultat du passage au force mais également d’une forme de maturité du mouvement à comprendre que la passivité ne marché pas. Le fameux 7 mars « France à l’arrêt » était déjà une réponse de l’IS à la colére qui montait du terrain.

Mais à aucun moment l’IS n’a cherché à gagner le mouvement, elle a cherché à le contrôler et en tirer sa plus value pour espérer retrouver une place dans le système institutionnel. Ils n’ont pas arrêté d’envoyer des signaux d’affaiblissement alors que le mouvement est explosif.

Nous avons eu le droit à plein de parade, « attention on tiendra plus les troupes », la lettre à Macron, l’interpellation des députés, le refus de l’appel à la reconductible, le refus d’elargir les mots d’ordre à la question des salaires etc…

Depuis la deuxième phase du mouvement qui combine entré de la jeunesse, manif sauvage, blocage, action, grève reconductible, l’IS cherche à faire des pauses ou encore la parade de la médiation, afin de voir comment sortir de ce mouvement sans perdre des plumes.

Ils savent pertinemment que ce qui se joue aujourd’hui, fait entrer la France dans une crise profonde du régime, la possibilité réelle d’une généralisation de la grève et d’entrée dans une séquence révolutionnaire. C’est le mouvement le plus subversif depuis des décennies.

Berger et Martinez l’on dit, ils ne font pas de politique ( ce sont bien les seuls à le penser ), ils sont la pour parler des gobelets qui manque à la machine à café et aujourd’hui ce n’est plus le cas du mouvement, alors ils veulent tailler la route.

Mais comment faire ? Comment se casser sans voir son syndicat exploser et se faire déborder par la base. Vous aurez remarqué déjà que Martinez et Berger ne mettent plus leur tête dans l’IS depuis le 49.3. Avant ils etaient la à tous les communiqués…

Maintenant ils envoient les remplaçants que personne ne connait. Ils n’interviennent que très rarement dans les médias, sinon pour envoyer des appels de phare à Macron et dénoncer les manifestants. Pas une présence sur un piquet depuis 2 mois, ni même face aux réquisitions.

La méthode est d’éloigner la prochaine date, pour casser définitivement les grèves reconductibles, c’est ce qui est en train de se passer malheureusement dans certains secteurs si nous n’agissons pas. Je vous donne un exemple concret.

Avec mes collègues nous sommes en grève depuis le 7 mars, soit 23 jours au total, attendre le 6 avril cela veut dire de faire 9 jours de grève reconductible supplémentaire. Vous imaginez 9 jours seul avant la prochaine date interpro… C’est criminel quand on connait le terrain.

Alors moi et les militants nous tiendrons, mais comment faire tenir des salariés de base, 9j de plus avec des payes à 0 pour attendre 1 journée interpro sans savoir encore quand sera la prochaine, ptete le 16 avril etc… Comment faire tenir ?

Il y’a pas 36 solutions, la plus part vont reprendre car plus d’argent, d’autre grâce à leur caisse de grève maintiendront un peu les choses. Mais au final cela fait que pendant 10j, les grèves vont s’affaiblir et la dynamique va diminuer si nous ne faisons rien.

De plus le congrès de la CGT qui enlève des centaines de dirigeants syndicaux, de militants de terrain, empêche aussi la possibilité d’intervenir dans cette séquence, de discuter avec la base.Comment tenir un mouvement si les militants sont en train de débattre dans un congrès?

Voilà comment casser une dynamique à bon prix, d’un côté vous apparaissez toujours dans le coup en appelant à une date de grève, mais de l’autre vous l’a mettez assez loin pour que la dynamique se casse et que cela apparaissent comme un baroud d’honneur.

11 journées isolées qui si elles avaient été collé aurait changé le caractère des choses. Même 5j aurait eu plus d’efficacité. Mais l’IS a dit nous ne sommes pas pour le blocage de l’économie car Berger l’a dicté. De plus ils ont fragilisé l’auto-organisation à la base.

Avec l’attente des appels le soir de la manif interpro, ils ont vidé de leur sens les assemblées générale pour la reconduction. Comment discuter d’un plan de bataille en AG le matin, si vous devez attendre le soir quelle sera la prochaine date ?

Voila pourquoi aujourd’hui personne ne doit taire ce qu’il se passe, l’IS joue définitivement contre le mouvement et il faut le dénoncer HAUT et FORT, sinon toutes ces journées ces sacrifices financier n’auront servi à rien. La situation est GRAVE !!! »

La candeur de ce propos est quasi surprenante. On voit vraiment qu’on a affaire à des gens découvrant le monde. On est totalement en dehors de la moindre connaissance historique – et le type se prétend « marxiste ».

C’est comme chez les étudiants, c’est vide de contenu. C’est grotesque, baroque. Il n’y a plus aucun lien, sur aucun plan, avec le mouvement ouvrier historique.

Cette pancarte lamentable se veut même humoristique car reprenant la forme d’un « meme » d’extrême-Droite – une récupération typique chez des gens n’ayant rien à dire

La vérité, c’est que dans ce mouvement contre la réforme des retraites, il y a eu ceux qui ont menti en disant que ce serait simple, ceux qui se sont mentis à eux-mêmes en se disant que ce serait simple.

Sauf que rien n’est simple. Et pour comprendre les choses, il faut étudier Le capital de Marx, pas traîner sur les réseaux sociaux. Il faut organiser les gens avec comme critère le niveau de conscience, et pas pratiquer le spontanéisme des mouvements sociaux d’un pays parmi les plus riches du monde.

Et encore moins alors qu’on est dans le contexte de la 3e guerre mondiale s’érigeant en aspect principal dans tous les domaines.

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Politique

28 mars 2023: essoufflement contre la réforme des retraites

Il y avait moins de monde que la semaine précédente.

C’était, mardi 28 mars 2023, la 10e grande journée d’action contre la réforme des retraites. L’éternel et pathétique spectacle de syndicalistes ringards accompagnant quelques casseurs mettant à sac des centre-villes, sous les yeux des « forces de l’ordre » laissant faire tout en déversant des quantités ahurissantes de lacrymogène, s’est encore joué dans les grandes villes françaises.

Et les syndicats ont déjà annoncé qu’ils remettaient ça le jeudi 6 avril.

Tout cela va donc durer, avec inévitablement un long et lent pourrissement, accompagnant le délitement général de la société française. Il y avait mardi 28 mars, 740 000 manifestants en France selon le ministère de l’Intérieur, contre plus d’un million la semaine dernière. La CGT a vu quant à elle plus de deux millions de manifestants, contre 3,5 la semaine dernière.

C’est donc un recul, qui n’étonnera personne.

Si les gens en France sont « contre » la réforme, en réalité ils sont surtout « pas pour, mais bon ». Pour eux, hors de question pour autant de se mobiliser en masse dans un tel contexte, avec une telle démarche. Le mouvement contre la réforme des retraites est bien trop un vide intersidéral en termes de contenu, de vision du monde, de culture, d’utopie, et même de réalisme.

Autrement dit, c’est d’une nullité affligeante et il est déjà hallucinant de constater que ça parvienne à encore mobiliser autant de monde. Faut-il que la France soit à la ramasse!

Voyons les choses en face. Le décalage entre les syndicalistes (accompagnés des restes de la gauche) et la société française, est immense. Le décalage avec la réalité du monde, qui est la 3e guerre mondiale, est encore pire.

Reste à savoir maintenant ce qui pourra ressortir de ce décalage, qui débouchera forcément sur un effondrement, et donc un renouveau. Car tout ce qui se passe n’est qu’une expression de l’effondrement de l’occident.

Cet effondrement tant attendu par les masses mondiales!

Et terriblement craint par l’intersyndicale, dont voici le communiqué pleurnichard, qui assume ouvertement d’être là pour empêcher « l’explosion sociale ».

communique_intersyndicale_28_mars-1

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Politique

23 mars 2023 : les syndicats continuent leur mouvement

Ils considèrent ne pas avoir perdu.

Les syndicats sont très contents d’eux-mêmes, considérant qu’ils ont réussi leur affaire. Malgré l’échec parlementaire, ils continuent d’exister et de faire la Une de l’actualité en s’opposant au report de l’âge légal de la retraite à 64 ans.

La CGT annonce 3,5 millions de manifestants dans toutes la France jeudi 23 mars 2023. Ce n’est pas plus que le maximum qui avait été atteint le 7 mars dernier, selon ses propres chiffres, mais c’est suffisamment beaucoup pour exister. Le ministère de l’Intérieur quant à lui fait état d’1,1 million de manifestants, soit un peu moins que les records des 31 janvier et 7 mars où environ 1,3 millions de manifestants avaient été annoncés.

Il n’y a donc aucun élargissement, aucune massification du mouvement, mais une base solide, qui persiste et signe. Dans le détail, cela donne des regroupements très importants surtout dans les grandes villes, dont plusieurs ont battu leur record de mobilisation d’après les préfectures.

Il y a Bordeaux (18 200 manifestants), Toulon (12 0000 manifestants), Rouen (14 800 manifestants), Strasbourg (12 400 manifestants). Ailleurs, c’est peu ou prou la même chose que d’habitude avec plusieurs milliers de manifestants.

C’est aussi le cas à Paris où le chiffre record de 119 000 manifestants est annoncé par la Préfecture. C’est plus que le 7 mars (81 000) et le précédent record du 11 février (93 000).

La CGT de son côté annonce le chiffre de 800 000 personnes à Paris, soit presque un quart de son total national ! Le chiffre donné par Le Monde et quelques autres médias ayant eu recourt à un cabinet privé est de seulement 83 000 personnes, soit dix fois moins…

On pourra trouver ce décalage anecdotique, mais c’est en tous cas typique de la situation en particulier et de l’esprit syndicaliste en général. On est dans l’esbroufe, le superficiel, avec la volonté de faire du bruit pour faire du bruit, mais avec un contenu absolument déplorable.

La palme du minable revient ici certainement aux syndicalistes de Perpignan qui ont trouvé cela intelligent de faire un Haka, la danse guerrière ultra-rétrograde des All Blacks, l’équipe de Rugby nationale néo-zélandaise.

Pour en arriver là, il faut plus que la méconnaissance de l’histoire ouvrière : on est carrément dans le nihilisme.

Le pire étant peut-être que ces gens ne comprendront même pas pourquoi ils sont critiqués.

Il faut mentionner également les violences et casses urbaines, qui ont été très nombreuses et participent de l’ambiance délétère dans le pays. En l’espèce, il s’agit de regroupement d’ultra-gauche agissant comme milices para-syndicales (si ce n’est officiellement, en tous cas objectivement), qui partagent des mots d’ordres communs et la même volonté de faire du bruit sans réel contenu ni politique, ni idéologique, ni culturel.

Cela donne des scènes spectaculaires, surtout avec ces feux de poubelles et des feux d’artifices, des vitrines cassées, des institutions vandalisées (le tribunal administratif à Nantes, l’hôtel de ville de Bordeaux, une mairie à Lyon, etc.), des policiers blessés.

On relativisera toutefois le degré de « violence » de ces milices qui en vérité ne font pas grand-chose à part se donner en spectacle pour des photos racoleuses prises par quelques journalistes. Il y aurait 149 policiers et gendarmes blessés, pour 200 interpellations.

L’intersyndicale entend ne rien lâcher et appel à une nouvelle mobilisation mardi 28 mars. Voici son communiqué.

Tous ces gens s’imaginent protagonistes de quelque chose, mais en réalité ils expriment la décomposition du capitalisme français, le déclassement de la puissance française, l’effondrement culturel et social de la société française.

Une époque meurt devant nos yeux et une autre s’ouvre déjà – celle de la défaite de l’Otan et de la déroute de l’occident !

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Société

Réforme des retraites et luttes « sauvages »

Le mythe du « spontanéisme ».

Depuis que la réforme des retraites est passée, on assiste à une systématisation des initiatives « sauvages ». Le plus souvent il s’agit de manifestations avec des petits débordements contre la police ou des incendies de poubelles. Parfois, il s’agit d’occupations (comme celle de la faculté de Tolbiac à Paris), ou même bien plus rarement de grèves.

Dès qu’on atteint un certain nombre de gens dans le cadre du mouvement de lutte contre la réforme des retraites dans une ville donnée, ce phénomène a lieu.

Il rappelle que le grand idéologue des « mouvements sociaux » en France, c’est Georges Sorel. Il est passé à la trappe, personne ne le mentionne, ou même ne le connaît. Mais c’est sa conception qui est à la base de tout ce qui se passe depuis que la Gauche historique n’a aucun poids en France.

Georges Sorel affirme au début du 20e siècle qu’il faut une minorité agissante qui agisse comme faction agressive, en utilisant des « mythes mobilisateurs », principalement celui de la « grève générale ». Le progrès se fait suivant l’action des « combattants ».

C’est une conception qui est entièrement opposée au marxisme et à son expression politique alors, la social-démocratie. Et on la retrouve aujourd’hui à l’ultra-gauche, chez les anarchistes, et même chez La France Insoumise avec le « populisme » dont elle se revendique ouvertement.

Jean-Luc Mélenchon fait du Sorel lorsqu’il appelle l’agitation à servir de levier pour faire « bouger » les choses, plus exactement en réalité à forcer les choses.

C’est qu’il y a un côté puissamment fasciste chez Sorel, une dimension viriliste, guerrière : Mussolini s’en revendiquera pour le fascisme italien. Et on retrouve très précisément cela lorsqu’en France lorsque des hommes habillés tout en noir se disant anarchistes scandent « ahou ahou » en manifestation, reprenant ce « mot d’ordre » au film d’extrême-Droite assumé « 300 » sur les Spartiates.

Les manifestations « sauvages » actuelles tiennent clairement de cette démarche « guerrière » spontanéiste, violemment anti-intellectuelle, anti-politique même. On est ici dans une forme de lutte qui est de droite, qui relève de l’anti-parlementarisme traditionnel à droite de la Droite.

On remarquera ici qu’un des vecteurs de cette démarche tient à l’emprunt assumé de méthodes aux « ultras » des stades de football. Des méthodes virilistes, agressives et provocatrices, avec un esprit de bande ou de clan.

Quiconque lit les ouvrages de l’historien Zeev Sternhell sur cette droite « contestataire » née en France ne peut que constater les rapprochements évidents avec ce qui se passe en France.

On avait déjà vu cela pendant les confinements : dans toute l’Europe, c’était l’extrême-Droite qui s’y opposait… Sauf en France où c’était toute cette scène de la révolte « sauvage », mêlant ultra-gauche, gilets jaunes, syndicalistes, etc.

Ces gens veulent faire tomber le régime pour faire tomber le régime. Ils n’ont ni valeurs, ni programme. La contestation est leur seul fond et ils racolent autant que possible, ils pratiquent la surenchère permanente.

Il n’est guère étonnant que dans un pays où la Droite a l’hégémonie sur le plan des valeurs, où la Gauche historique est isolée, l’agitation sociale s’aligne sur un spontanéisme à la fois beauf et nauséabond. Il suffit de voir des gens se revendiquer du syndicalisme et organiser des marches aux flambeaux pour voir qu’on a touché le fond.

Tout ça est le prix de la négation du rôle des idées, de la connaissance de l’Histoire, de l’importance des valeurs. La base de tout ça, c’est la corruption par le capitalisme dans un pays qui est l’un des plus riches du monde.

On s’amuse à se faire peur, la dimension « sauvage » permet de faire beaucoup de bruit, sans n’engager à rien. Car tous ces révoltés en mode « sauvage » n’ont aucune activité politique. Ils vivent le « grand soir » à petite échelle simplement pendant un temps.

Le contraire d’une lutte « sauvage », c’est bien entendu une lutte consciente, organisée à la base avec l’ensemble des travailleurs (et donc pas sur une base syndicale ou bien d’intersyndicale). Le contraire d’une lutte « sauvage », c’est une assemblée générale de travailleurs prenant démocratiquement des décisions en étant portés par la conscience de la lutte des classes.

La négation du rôle de la conscience, voilà ce qui amène tout ce mouvement contre la réforme des retraites à la fois à l’échec et à la honte. Non seulement les larges masses sont évitées, mais l’agitation prend des formes relevant de la Droite.

Les conséquences de tout cela vont être terribles.

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Politique

La réforme des retraites passe dans la confusion

Une confusion indéniablement occidentale.

On dit aux gens qu’ils doivent travailler plus longtemps, alors forcément ils sont mécontents, ils ne veulent pas. Mais le gouvernement en place peut parvenir à réformer les retraites quand même, car les gens accompagnent de toutes façons le capitalisme.

Comme certains ne le comprennent pas, cela donne des petites révoltes éparses, bruyantes, médiatiques, cependant cela ne change rien à l’affaire.

Formulé différemment, cela donne : bien au chaud en occident, les gens peuvent faire les malins mais se plient de toutes façons aux adaptations du capitalisme.

Regardons la séquence qui vient de se terminer, pour y voir clair, et pour saisir ce qui va se passer ensuite.

Le gouvernement, avec à sa tête Élisabeth Borne, met en place une réforme des retraites, avec notamment le recul de 62 à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite.

La majorité des Français est contre, il y a toute une série de manifestations massives. Malgré toutefois la participation de millions de personnes, aucune critique du capitalisme n’émerge. Pareillement, le soutien militaire au régime ukrainien par l’intermédiaire de l’Otan et de l’Union européenne est passée sous silence.

L’ensemble reste d’esprit uniquement syndical. Il n’y a aucune effervescence politique ou culturelle sur une base de gauche.

C’est un simple constat : sur le plan des valeurs, de la culture, la France n’a connu aucun changement.

Continuons. Comme le gouvernement dispose d’une majorité relative, la réforme passe les 15 et 16 mars 2023.

Deux phénomènes parallèles s’enclenchent : du côté politique d’un côté, du côté protestataire de l’autre.

Les partis politiques d’opposition tentent en effet de profiter de l’aubaine. Une telle contradiction entre un gouvernement et l’opinion publique, ça ne se rate pas. Il y a alors le 20 mars 2023 deux motions de censure proposée pour faire tomber le gouvernement.

La première est proposée par le RN, elle n’obtient que 88 voix. La seconde est proposée par des centristes, du groupe « Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires ». Elle obtient le soutien de tout le monde dans l’opposition : de la part des élus du RN, de LFI, du PS, d’EELV, du PCF, et également d’une partie de la Droite traditionnelle (Les Républicains).

Seulement il aurait fallu que tous les députés « Les Républicains » soient de la partie. La motion de censure a donc échoué, avec 278 votes contre 287 requis.

On a donc une perte de légitimité gouvernementale : la majorité des gens est contre la réforme, la majorité gouvernementale n’a pas de réelle stabilité. Pour autant, la réforme est passée.

On doit donc dire que ça passe, mais que ça casse en même temps. C’est typique d’une situation de crise. C’est conforme à notre affirmation comme quoi c’est la crise générale depuis 2020. L’instabilité gouvernementale est un critère de la crise générale, bien évidemment.

Quel est le second aspect ? Une telle situation produit, vu l’état de la France, l’assaut des forces populistes. Gilets jaunes, ultra gauche, syndicalistes… toutes ces forces « antiparlementaires », étrangères et hostiles aux valeurs de la Gauche historique, pensent que c’est leur heure.

Les heurts sont nombreux dans de nombreuses villes, avec des centaines d’interpellations. Paris, Marseille, Lyon, Nantes, Toulouse, Rennes, Saint-Étienne, Amiens, Brest, Strasbourg…

Un bilan de ce phénomène est impérativement à mener. Ce qu’on peut et doit dire déjà pourtant, c’est que ces gens n’ont rien de gauche, ils ne sont que le produit de l’appel d’air de la crise gouvernementale.

L’instabilité produit toujours l’activation des « antiparlementaires ». Autrement dit, c’est fondamentalement réactionnaire.

Maintenant, quelle va être la suite?

Soit l’Histoire, cette vieille taupe, profite de ce moment de faiblesse du capitalisme occidental version française pour faire émerger une forme de lutte de classes, dont les contours nous surprendront…

Soit la décomposition politique française va conduire encore plus à l’aigreur et à l’apolitisme, avec des gens égoïstes prêts à tout accepter et à mettre le pays au service de la superpuissance américaine dans sa guerre contre la Russie (et la superpuissance chinoise).

Naturellement, la dialectique de la réalité implique la coexistence de ces deux phénomènes.

Tel est le cours de l’Histoire et ses contradictions : il faut des déchirures internes pour que les choses apparaissent… et s’affrontent.

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Société

Retraites : fiasco des manifestations des 11 et 15 mars 2023

Le syndicalisme accompagne simplement le capitalisme.

Ce 15 mars 2023 avait lieu la huitième mobilisation syndicale contre le projet gouvernemental de réforme des retraites. La CGT revendique 1,7 million de manifestant, le ministère de l’Intérieur affirmant qu’il n’y en avait que 480 000.

C’est un second fiasco, après celui, autrement douloureux du 11 mars. Car le 11 mars était un samedi et il était espéré qu’il y aurait un appui de la part des gens « ne pouvant pas » faire grève. Un million de personnes se sont alors déplacées selon la CGT, 370 000 selon le ministère de l’Intérieur, un chiffre important mais nullement historique, et même le plus bas depuis le début des mobilisations.

Tout cela pose un problème majeur pour les syndicats : cela ne permet pas de rattraper la mobilisation du 7 mars, qui était censée mettre l’économie française à l’arrêt. Il ne s’est strictement rien passé et toute la crédibilité syndicale s’est envolée. Nous avions annoncé cet échec et nous en avons expliqué l’origine.

Les syndicats avaient bien essayé entretemps de faire bouger le président Emmanuel Macron au moyen d’une lettre, mais il n’y a pas eu la reconnaissance attendue. Pourtant, les syndicats avaient fait preuve de bien de dispositions en faveur du capitalisme, comme avec un appel unanime à soutenir le régime ukrainien et de fait l’Otan.

Mais rien n’y fait, le capitalisme a des impératifs. Les syndicats sont là pour accompagner, donc ils accompagnent, voilà tout. Quant aux travailleurs, ils agissent de manière corporatiste, pensant avant tout à leur retraite, et ne dépassent pas les revendications syndicales au rythme des manifestations et des merguez.

Ainsi, la majorité des Français est contre la réforme des retraites, il y a des millions de gens prenant des initiatives, allant de participer à une manifestation à celle d’essayer d’organiser, et il ne se passe rien.

Eh oui ! C’est comme ça dans le 24 heures sur 24 du capitalisme.

Qu’est-ce qui est pire ? Que la CGT mente et qu’il n’y a pas eu 3,5 millions de personnes le 7 mars 2023, ou bien qu’il y ait réellement eu 3,5 millions de personnes et que cela ne change rien ?

Le syndicalisme, c’est la défaite, et encore on ne peut pas dire ça, car le syndicalisme n’a pas de prétentions réelles, à part celles d’accompagner vers des plus grands acquis sociaux. Les syndicats sont là pour servir le cadre capitaliste, pour gérer le partage du gâteau selon les possibilités, cependant ils ne décident de rien en dernier ressort.

C’est une sacrée preuve que les mouvements des années 1960-1970 rejetant le syndicalisme – que ce soit les maos français et italiens, les autonomes allemands et la contestation italienne pratiquement en général – avaient tout à fait raison.

Ce qui compte, c’est la vision du monde et la culture, qui seules permettent des démarches qui ont du sens, une valeur historique, s’extraient du 24 heures sur 24 du capitalisme.

Tout le mouvement actuel contre le projet gouvernemental de réforme des retraites est donc condamné à la défaite. Nous l’avions dit dès le départ, cela a pu provoquer l’étonnement, car tout de même, il se passe quelque chose…

Sauf que non, il ne se passe paradoxalement rien du tout ! Et la preuve absolue est que toute la société française soutient dans les faits la machine de guerre occidentale mise en place pour la guerre américaine contre la Russie !

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Politique

L’intersyndicale pleurniche auprès d’Emmanuel Macron

Monsieur le Président, je vous fais une lettre, que vous lirez peut-être…

Le mouvement syndical du 7 mars 2023 censé bloquer l’économie n’ayant été rien d’autre que traditionnel, c’est-à-dire gesticulatoire, il ne restait plus qu’une carte pour l’intersyndicale, vite abattue. Cela consiste à rappeler aux institutions étatiques que les syndicats sont eux-mêmes une partie de ces institutions, un appendice du capitalisme.

Sauvez-nous, disent les syndicats, ou bien les masses vont agir de manière autonome par rapport aux institutions, et là le capitalisme peut être remise en cause.

Les gens sont contre la réforme, disent les syndicats, et si nous n’aboutissons à rien nous n’aurons plus ni légitimité ni crédibilité, « la situation pourrait devenir explosive ». Donnez-nous au moins des miettes, pour sauver la face !

Et pour que cette soumission syndicale soit sans ambiguïtés, elle passe par une lettre envoyée au président de la République, qui comme on le sait est censé être, dans le régime de la Ve République, « au-delà » des intérêts partisans.

Cela révèle parfaitement la nature des syndicats, un appendice du capitalisme pour corrompre et neutraliser, accompagner un mode de vie beauf.

Il y a par ailleurs des idiots utiles du capitalisme qui depuis des mois (ou des années), surtout à gauche de la gauche, présentent la CGT comme un rempart populaire : c’est mensonger, et cette lettre de soumission complète qu’elle signe avec tous les autres en témoigne parfaitement.

Les syndicats sont simplement un aspect du 24 heures sur 24 du capitalisme, ils sont une partie du problème, certainement pas de la solution. C’est tout l’occident qui doit tomber, avec son mode de vie, avec ses institutions. Les syndicats de la cogestion ou de la prétendue cogestion de la richesse occidentale sont en opposition aux intérêts des masses mondiales !

Intersyndicale-Lettre-au-PR-8-mars-2023

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Restructurations économiques

Échec de la grève syndicale du 7 mars 2023

La « grève générale » n’a pas eu lieu.

L’intersyndicale CFDT, CFTC, CGT, CGT-FO, CFE-CGC, UNSA, Solidaires et FSU avait gonflé les muscles en annonçant la journée du 7 mars 2023 contre la réforme du système des retraites. On allait voir ce qu’on allait voir disaient-ils, jouant leur va-tout pour faire plier le Parlement à quelques jours d’une probable adoption du projet de loi sur la réforme des retraires par le Sénat.

L’ambition était grande, avec en arrière-plan le mythe mobilisateur de la grève générale. Il a été insinué l’idée d’une grève reconductible massive, pour véritablement lancer quelque-chose.

Le communiqué intersyndical du 22 février mettait le paquet :

« l’intersyndicale réaffirme sa détermination pour mettre la France à l’arrêt le 7 mars prochain en appelant les travailleurs.euses à participer massivement aux manifestations et à se déclarer en grève. » 

« Le 7 mars doit être une véritable journée morte dans les entreprises, les administrations, les services, les commerces, les écoles, les lieux d’études, les transports… »

Résultat : c’est un échec patent !

Certes, la mobilisation est forte, les manifestants sont nombreux. Il y a eu 1,28 million de personnes défilant dans toute la France d’après le gouvernement. Mais c’est peu ou prou la même chose que le 31 janvier dernier, le seul véritable « succès » de ce mouvement.

La CGT revendique 3,5 millions de manifestants ce 7 mars, contre 2,8 millions fin janvier. Là encore, c’est le même ordre de grandeur, la même teneur, avec des pics plus ou moins records de manifestants dans de nombreuses villes.

Près de 30 000 personnes à Brest, entre 15 500 et 22 000 à Pau, entre 15 000 et 25 000 à Rodez, 2000 à Bastia, 4500 à Belfort, 6500 à Guéret : c’est significatif pour de telles villes. Et dans les grandes villes, c’était environ 30 000 personnes à Nantes, Marseille, Lyon ou Montpellier, un peu moins, environ 20 000, à Grenoble Rouen ou Rennes et environ 12 000 à Lille, Tours Nice, Le Havre ou Strasbourg.

C’est beaucoup, mais rien de mirobolant pour autant. Surtout, il n’y a pas eu cette « France à l’arrêt », comme cela a été promis et vanté.

Ce qui devait compter, c’est-à-dire la grève massive avec une généralisation, n’a pas eu lieu. L’intersyndicale reste donc très floue à propos de la grève et des chiffres dans son communiqué du 7 mars au soir.

On sait très bien que l’immense majorité des travailleurs, et particulièrement des ouvriers, n’a pas été touchée par la grève. Il est simplement dit, de manière très vague :

« C’est une journée historique par l’ampleur de ces grèves et de ces mobilisations. Des milliers d’écoles et de lieux d’études fermés, des entreprises privées, des administrations, et des villes à l’arrêt. »

Voilà qui est bien prétentieux. En fait de grève générale, il y a eu les habituels secteurs où les syndicats existent encore, surtout la SNCF, EDF ou l’enseignement, avec des taux de grévistes flirtant avec les 50%.

Pas de quoi chambouler l’ordre dominant et le train-train capitaliste français. Tout cela est bien contenu, habituel, ronflant. Et à côté de la plaque historiquement.

Les syndicats en France sont simplement en train de se faire balayer par la crise. Le monde a changé depuis 2020 et la pandémie de covid. La guerre mondiale qui se dessine concrètement et activement sous nos yeux dorénavant, finira de les terrasser, et avec eux leurs pathétiques illusions d’un capitalisme à visage humain.

C’est la fin d’une époque.

Encore faut-il le comprendre. Reconnaissant indirectement l’échec du 7 mars, l’intersyndicale appelle à recommencer… la semaine prochaine.

Voici le communiqué commun des centrales CFDT, CFTC, CGT, CGT-FO, CFE-CGC, UNSA, Solidaires et FSU :

« Le gouvernement doit dès maintenant retirer son projet !

Depuis le 19 janvier, la population se mobilise massivement contre la réforme des retraites. Les différentes journées à l’appel de toutes les organisations syndicales et de jeunesse ont rassemblé des millions de travailleurs et travailleuses, jeunes et retraité.e.s.

Le 16 février, face à l’absence de réponse du gouvernement et du président de la République,

l’intersyndicale a appelé à mettre la France à l’arrêt le 7 mars. Elle est forte du soutien des 3/4 de la population et de 94% des actifs qui refusent le recul de l’âge légal de départ à 64 ans et l’allongement de la durée de cotisations. Aujourd’hui encore, ce sont plus de 3 millions de travailleurs et travailleuses, du public comme du privé, jeunes et retraité.e.s, qui se sont mobilisés, par la grève et/ou la manifestation.

C’est une journée historique par l’ampleur de ces grèves et de ces mobilisations. Des milliers d’écoles et de lieux d’études fermés, des entreprises privées, des administrations, et des villes à l’arrêt. Plusieurs centaines de manifestations et d’actions sur l’ensemble du territoire pour demander le retrait du projet de loi retraites.

A ce jour, ces mobilisations énormes conduites par une intersyndicale unie n’ont reçu aucune réponse de la part du gouvernement. Cela ne peut plus durer. Le silence du président de la République constitue un grave problème démocratique qui conduit immanquablement à une situation qui pourrait devenir explosive. En responsabilité, l’intersyndicale adressera un courrier lui demandant à être reçue en urgence pour qu’il retire sa réforme.

C’est forte de cette détermination exprimée aujourd’hui que l’intersyndicale soutient et encourage tous les secteurs professionnels à poursuivre et amplifier le mouvement.

L’intersyndicale appelle à se saisir du 8 mars pour pointer la détérioration particulière de la situation des femmes avec ce projet de réforme. L’intersyndicale soutient l’appel spécifique des organisations de jeunesse à se mobiliser jeudi 9 mars et appelle à rejoindre les rassemblements et manifestations, notamment à Paris, place de la République.

L’intersyndicale appelle à une nouvelle mobilisation interprofessionnelle ce samedi 11 mars puis dès la semaine prochaine, à une journée de manifestations et de grève, le jour de la commission mixte paritaire, moment important du calendrier parlementaire. Elle appelle toute la population à continuer la mobilisation et les actions, encore plus massivement pour dire non à cette réforme injuste et brutale,

Paris, le 7 mars 2023″

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Politique

La Gauche historique ne fantasme pas sur la « grève générale »

L’anarchisme, l’anarcho-syndicalisme : une plaie dans notre pays.

Ce 7 mars 2023, les syndicats visent à organiser en France une vaste grève. Cette grève n’est pas organisée selon les principes de la Gauche historique. Elle relève de l’économisme, du trade-unionisme, c’est-à-dire du réformisme, dans son alliance à l’anarcho-syndicalisme qui rêve qu’une « grève générale », soit le prélude du « grand soir ». On est là dans le mythe mobilisateur théorisé par Sorel et tous les « socialistes français » rejetant le marxisme.

Rosa Luxembourg rappelle, dans Grève de masse, parti et syndicat, écrit en 1905, que la Gauche historique ne conçoit le mouvement ouvrier qu’à travers le prisme de la conscience politique. Elle nous dit de la position historique de la social-démocratie, du marxisme :

« Elle est dirigée contre la théorie anarchiste de la grève générale qui oppose la grève générale, facteur de déclenchement de la révolution sociale, à la lutte politique quotidienne de la classe ouvrière.

Elle tient tout entière dans ce dilemme simple : ou bien le prolétariat dans son ensemble ne possède pas encore d’organisation ni de fonds considérables – et alors il ne peut réaliser la grève générale – ou bien il est déjà assez puissamment organisé – et alors il n’a pas besoin de la grève générale.

Cette argumentation est, à vrai dire, si simple et si inattaquable à première vue, que pendant un quart de siècle elle a rendu d’immenses services au mouvement ouvrier moderne, soit pour combattre au nom de la logique les chimères anarchistes, soit pour aider à porter l’idée de la lutte politique dans les couches les plus profondes de la classe ouvrière.

Les progrès immenses du mouvement ouvrier dans tous les pays modernes au cours des vingt-cinq dernières années vérifient de la manière la plus éclatante la tactique de la lutte politique préconisée par Marx et Engels, par opposition au bakouninisme : la social-démocratie allemande dans sa puissance actuelle, sa situation à l’avant-garde de tout mouvement ouvrier international est, pour une très grosse part, le produit direct de l’application conséquente et rigoureuse de cette tactique. »

Dans ce même ouvrage, Rosa Luxembourg constate qu’en Russie un nouveau phénomène est apparu, qui exige de recalibrer la notion de grève. Il y avait en effet, dans toute la période menant aux deux révolutions russes de 1917, de multiples grèves. Mais elles avaient un caractère contestataire visant le régime et c’est pourquoi Rosa Luxembourg parle de « grève politique de masse ».

Ce qui se passe en France n’a rien à voir avec un tel mouvement secouant le régime. On est dans le réformisme, purement et simplement.

La Gauche historique, celle qui s’appuie sur la social-démocratie et le marxisme, refuse d’accorder une valeur à un tel réformisme qui rejette le Socialisme comme objectif incontournable.

Elle n’accepte pas non plus une ligne populiste visant à « manipuler » les travailleurs pour qu’ils passent sans s’en apercevoir de revendications au camp du socialisme – comme si une telle chose était possible.

Cette conception d’amener les travailleurs comme malgré eux dans le camp du Socialisme est celle, trompeuse, mensongère, du réformisme à prétention « révolutionnaire », du trotskisme avec le « programme de transition ». C’est une négation de l’importance de la conscience, et ce d’autant plus dans un pays comme la France où règne le 24 heures sur 24 du capitalisme.

La Gauche historique affirme que tout dépend du niveau de conscience. Dans son fameux ouvrage Que faire?, en 1902, Lénine salue comment le dirigeant de la social-démocratie Karl Kautsky valorise la conscience, lui reconnaissant le rôle central. Et il pose que :

« Du moment qu’il ne saurait être question d’une idéologie indépendante, élaborée par les masses ouvrières elles-mêmes au cours de leur mouvement , le problème se pose uniquement ainsi : idéologie bourgeoise ou idéologie socialiste.

Il n’y a pas de milieu (car l’humanité n’a pas élaboré une « troisième » idéologie ; et puis d’ailleurs, dans une société déchirée par les antagonismes de classes, il ne saurait jamais exister d’idéologie en dehors ou au-dessus des classes).

C’est pourquoi tout rapetissement de l’idéologie socialiste, tout éloignement vis-à-vis de cette dernière implique un renforcement de l’idéologie bourgeoise.

On parle de spontanéité. Mais le développement spontané du mouvement ouvrier aboutit justement à le subordonner à l’idéologie bourgeoise, Il s’effectue justement selon le programme du Credo, car mouvement ouvrier spontané, c’est le trade-unionisme, la Nur-Gewerkschaftlerei ; or le trade-unionisme, c’est justement l’asservissement idéologique des ouvriers par la bourgeoisie.

C’est pourquoi notre tâche, celle de la social-démocratie est de combattre la spontanéité, de détourner le mouvement ouvrier de cette tendance spontanée qu’a le trade-unionisme à se réfugier sous l’aile de la bourgeoisie, et de l’attirer sous l’aile de la social-démocratie révolutionnaire. »

La question est politique, toute question est politique. Une grève sur une base économique peut exister, mais en dernier ressort elle dépend d’une orientation politique : les syndicats sont une courroie de transmission du Parti menant au Socialisme.

Sinon, tout se joue dans le cadre du capitalisme et, en dernier ressort, sert le capitalisme pour trouver des manières de se ré-impulser, de se relancer!

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Restructurations économiques

La grève du 7 mars 2023 sera un échec, car anti-historique

On n’avance pas à rebours de l’Histoire.

Le 7 mars 2023 est censé être le point culminant du mouvement contre la réforme gouvernementale des retraites. Depuis quinze jours, cette date est présentée comme celle de la mobilisation générale, de la grande bataille. Le 2 mars, les secrétaires généraux de cinq fédérations CGT (Ports et Docks, Cheminots, Industries chimiques, Verre et Céramique et Mines-Energie) se sont même réunis au siège de la centrale syndicale, à Montreuil, pour annoncer qu’il s’agit « de mettre à genoux l’économie française ».

« Ce qui va se passer à partir du 7 est hors du commun » a même osé Jean-Luc Mélenchon.

Est-ce possible ? Le 7 mars 2023 sera-t-il caractérisé par une déferlante de grèves et de mouvements de lutte ?

La réponse est non. Tout cela relève de la fiction syndicaliste-révolutionnaire, c’est une tromperie bien française. Les Français aiment se mentir à eux-mêmes !

Il faut une preuve ? En voici quatre !

La première preuve : l’état d’esprit

La grève ne doit pas avoir lieu que le 7 mars. Elle est censée se dérouler en continu par tranche de 24 heures. C’est-à-dire que le syndicalisme révolutionnaire se la joue à la « révolution permanente ».

On est là dans un maximalisme revendicatif. Or, si on regarde la société française, on ne voit rien chez les gens indiquant un niveau de tension corroborant un épisode majeur dans la société.

Pour un conflit, il faut des acteurs, et on ne voit pas du tout des travailleurs français prêts à l’affrontement jusqu’au boutiste.

La deuxième preuve : Dassault

La première preuve semblera trop idéologique pour certains. Alors regardons ce qui se passe avec un exemple concret. Il y a un important mouvement de grève en ce moment chez Dassault. Sont concernés toutes les usines de cette entreprise d’armement, avec également les sous-traitants de mobilisés.

C’est une lutte réelle, avec de l’agitation, des blocages dans les 3/4 des usines, un état d’esprit qui remue et est revendicatif. Niveau revendication, justement, il est exigé 6 % d’augmentation et 250 euros brut.

Anthony Dupuy, délégué syndical CGT Dassault Mérignac dit que c’est dans l’ordre des choses :

« Notre demande est tout à fait acceptable, car le carnet de commandes est plein pour les dix prochaines années. Nous demandons un meilleur partage des richesses ! »

On a donc des ouvriers qui sont… très contents de travailler pour le capitalisme, de produire des armes, de produire des armes qui se vendent, et qui veulent leur part du gâteau.

Jamais de tels travailleurs n’iront au conflit général avec le capitalisme. C’est mal parti donc pour un mouvement de conflictualité qui déborde le cadre institutionnel…

Il y aura du remue-ménage, mais il n’est dans l’intérêt de personne que les choses aillent trop loin. Le 7 mars 2023 vise à « sauver » le cadre institutionnel des retraites, voilà tout.

La troisième preuve : le niveau

Il ne faut pas se leurrer sur le niveau des travailleurs français et des Français en général. C’est l’effondrement culturel généralisé, la passivité dans la corruption capitaliste, un esprit régressif tendant au niais.

Et à gauche tout ce qui existe est simpliste, anti-culturel, anti-intellectuel. Soit dans une version beauf, soit dans une version LGBT moderniste, mais cela ne change rien à la substance de la chose.

Même chez les jeunes il n’y a rien à sauver. Les jeunes sont vifs, mais ils n’ont pas de culture et se laissent aller à suivre le cours des choses. Ils ne veulent surtout pas heurter ou entrer en conflit.

Comment peut-on être jeune et mettre l’amour au même niveau que la retraite à 60 ans ? Humainement, quel désastre.

La quatrième raison : la restructuration économique

Le capitalisme est ce qu’il est. En l’occurrence, le capitalisme français est imbriqué dans le capitalisme américain, et l’heure est à la guerre contre la Russie.

Tout cela demande un certain budget et il faut procéder, en fonction, à une restructuration économique. La question a bien sûr déjà été abordée ici.

Donc tout le délire d’une « bataille pour le repartage des richesses » sans rien contextualiser, à caricaturer le président Emmanuel Macron comme un vilain, à dénoncer les milliardaires qui ne partagent rien, c’est du cinéma.

Il n’y a pas de bataille pour le « repartage » des richesses sans affrontement avec la bourgeoisie. Mais comme personne ne la veut, personne ne mentionne cette classe et préfère parler des milliardaires et de l’affreux gouvernement, en espérant grapiller…

Grapiller quoi ? Des miettes. Ce que le capitalisme voudra bien donner pour assurer la paix sociale, le consensus afin d’aller à l’affrontement militaire contre la Russie.

Et sinon ? Sinon ce sera la violence contre les travailleurs, le fascisme pour porter la guerre aux visées impériales.

Alors, franchement, le 7 mars, il ne tient pas debout. C’est une vantardise anti-historique, une tromperie, qui s’associera aux multiples gueules de bois de plus de la société française et surtout des travailleurs.

Travailleurs qui vont alors s’empresser… d’encore plus pour voter pour l’extrême-Droite. L’absence de substance du 7 mars 2023 est le rêve éveillé de Marine Le Pen pour la prochaine présidentielle.

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Société

Retraites: une moindre mobilisation le 16 février 2023

Minimum syndical pour les syndicats.

Le gouvernement parle d’un demi-million de personnes tandis que la CGT se vante d’1,3 million de manifestants. Le fait est en tous cas que la mobilisation du 16 février 2023 contre la réforme des retraites était la plus faible depuis le début du mouvement. En baisse d’environ 50% pour la plupart des villes, avec une baisse encore plus importante en ce qui concerne les rares secteurs en grève.

Il y a le ronronnement syndical, avec la base habituelle constituée de fonctionnaires, travailleurs d’entreprises publiques ou semi publiques, ou bien de gens travaillant dans le « social ». 

Les responsables syndicaux ont misé sur la carte « gilets jaunes » en se rendant collectivement à Albi pour manifester, ce qui est censé représenter la France des petites villes, pas des grandes métropoles. Il y a également le fait que c’est une ville historique pour la figure socialiste (à la française) Jean Jaurès.

Soyons clairs et appelons les choses par leur nom. Cela n’a rien de massif et encore moins de populaire. C’est la vieille France, s’imaginant de gauche, en réalité surtout biberonnée d’argent public et au mode de vie petit-bourgeois assumé, qui s’accroche au vieux monde. 

Quel symbole d’ailleurs que ce soit les retraites qui servent ici de prétexte ! On est là au degré zéro de l’utopie, de la volonté de changer le monde. Quoi de plus ronflant que d’avoir comme ambition sociale..  d’arrêter de travailler le plus tôt possible pour profiter d’une rente à vie…

C’est ringard, complètement à côté de la plaque historiquement. Surtout quand les puissants de ce monde, à commencer par le gouvernement français, se dirigent tout azimut vers la 3e guerre mondiale, et font la guerre à la Russie.

Toujours est-il que les yeux sont rivés sur le 7 mars prochain. Ce sera en effet la date décisif pour ce mouvement. On verra alors si la France est perméable à l’agitation syndicale, ou bien si elle laisse faire les libéraux du gouvernement.

Dans les deux cas, c’est hors contexte. L’Histoire se joue ailleurs. Et pour l’instant, rien ne laisse présager que la France, grande puissance en déclassement général, en fasse partie autrement que comme cible du tiers-monde.

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Société

Succès sans esprit des manifestations du 11 février 2023

C’est plein de vide.

Le mouvement contre la réforme des retraites a obtenu un réel succès le 11 février 2023. Ce n’est pas seulement qu’il y a eu davantage de manifestants que les 19 janvier et 7 février (mais pas que le 31 janvier), qu’un réel élan dans plusieurs villes, notamment Caen, Toulon, Rennes, Paris, Angers, Le Mans.

On parle ici d’au moins un million de manifestants, d’au maximum un peu plus du double, et dans pratiquement 200 villes. Ce sont des chiffres significatifs, qui permettent aux syndicats de continuer à poser ce mouvement comme la seule actualité du pays.

Très bien ! Que tout ce vieux monde occidental continue à s’y croire, qu’il aille jusqu’au bout dans son décalage avec la réalité historique. Il ne s’en effondrera que d’autant mieux.

Car comment expliquer sinon qu’un mouvement rassemblant autant de monde, autant de quantité, n’exprime strictement rien sur le plan politique, sur le plan de la qualité ?

Le fait est que, comme c’est un simulacre de lutte de classe, comme c’est un combat corporatiste plus qu’autre chose, c’est improductif. Cela ne donne naissance à rien, cela ne produit rien.

Pire encore, ce mouvement est le produit de quelque chose: de la corruption par le capitalisme de gens qui ont réellement, même quand ils sont adolescents, la retraite comme seul horizon.

Aucun rêve, aucune envergure, aucune exigence, aucune ambition, aucune perspective, et ne parlons pas d’utopie.

D’où cette perpétuelle rhétorique syndicaliste « dure » à prétention révolutionnaire, à l’exemple du communiqué de Force Ouvrière (qui est en fait commun à l’intersyndicale)… D’où ce mythe de la grève générale, d’où le soutien par des étudiants en vadrouille s’imaginant contestataire…

Cela fait plusieurs décennies que c’est ainsi et que tous ces gens font semblant ! Pendant ce temps-là, le 24h du 24 capitalisme fonctionne parfaitement, et l’occident peut même être en guerre contre la Russie, comme c’est désormais le cas.

Quelle infâmie, quelle insulte à l’Histoire !

L’intersyndicale est prête à durcir le mouvement

Depuis le 19 janvier dernier, la population ne cesse de démontrer sa très forte détermination à refuser le projet de réforme des retraites du gouvernement à travers les grèves, les manifestations mais aussi la pétition en ligne qui a atteint un million de signatures.

Au fil des semaines, les sondages démontrent également une hausse de ce rejet massif puisque dorénavant, plus de 7 Français sur 10 et 9 travailleurs et travailleuses sur 10 se disent opposés au projet de réforme.

Ce mouvement social inédit par son ampleur est donc désormais ancré dans le paysage social. Le gouvernement, comme les parlementaires, ne peuvent y rester sourds.

Durant la poursuite des débats parlementaires, les organisations syndicales professionnelles et de jeunesse vont poursuivre la mobilisation et l’amplifier. Ainsi, elles appellent à une journée d’actions interprofessionnelles sur l’ensemble du territoire le 16 février. A cette occasion, les secrétaires généraux ou présidents des organisations syndicales manifesteront à ALBI pour appuyer l’ancrage fort de ce mouvement partout sur le territoire, dans les petites villes comme dans les plus grandes.

Par ailleurs, les parlementaires appelés à se prononcer sur ce projet de réforme doivent entendre comme le gouvernement, le mécontentement de la population, et rejeter massivement ce texte. Il en va de leur responsabilité. C’est dans ce cadre que l’ensemble des secrétaires généraux et présidents écriront à chaque parlementaire de l’arc républicain pour réaffirmer notre opposition et celle de la population. Parallèlement, nous appellerons nos structures locales à interpeler député-es et sénateurs-trices dans leurs circonscriptions.

Enfin, si malgré tout le gouvernement et les parlementaires restaient sourds à la contestation populaire, l’intersyndicale appellerait les travailleurs et les travailleuses, les jeunes et les retraité.e.s à durcir le mouvement en mettant la France à l’arrêt dans tous les secteurs le 7 mars prochain. L’intersyndicale se saisira du 8 mars, journée internationale de luttes pour les droits des femmes pour mettre en évidence l’injustice sociale majeure de cette réforme envers les femmes.

L’intersyndicale se réunira le 16 février au soir. D’ici là, elle appelle le gouvernement à retirer son projet de loi et les parlementaires à prendre leurs responsabilités face au rejet massif de la population face à ce projet injuste et brutal.

Frédéric Souillot

Secrétaire général de Force Ouvrière

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Politique

Retraites: échec de la première sur-enchère syndicaliste

Un net recul.

L’État avait compté 1,272 million de manifestants le 31 janvier 2023, mais il en compte seulement 757 000 le 7 février 2023 : c’est un échec du mouvement. Les syndicats, qui depuis des années et des années agissent mécaniquement de la même façon en multipliant des « journées d’action » pour faire monter la sauce petit à petit, ont loupé leur coup cette fois-ci.

La CGT peut bien prétendre ce qu’elle veut, en avançant 2 millions de manifestant et en parlant de « haut niveau d’engagement des travailleuses et des travailleurs du secteur privé comme du public », personne n’y croira.

Il faut dire qu’ils ne font rêver personne, avec leur style « gueulard » et leur attitude ringarde sur tous les plans. Le soutien de l’opinion publique, ils l’ont pourtant. Car la France est un pays de petits-bourgeois voulant profiter de tout, mais ne jamais rien payer. Alors la retraite à 64 ans, ils n’en veulent pas, peu importe que les comptes soient dans le rouge, ce n’est pas leur problème.

Pour autant, les syndicats ne remportent pas la mise pour l’instant face au gouvernement libéral-démocrate d’Emmanuel Macron, qui s’imagine sauver la France de la crise avec une simple réforme du système des retraites.

Tout cela n’intéresse en effet pas grand-monde dans le fond, à part les syndicalistes et tous les gens pour qui le syndicalisme est l’alpha et l’oméga de la contestation. Dans les grandes villes, il y avait quasiment moitié moins de monde par rapport au 31 janvier, avec parfois des écarts très importants comme à Marseille, avec 15 000 personnes contre 40 000 la semaine dernière. Ou à Paris avec 57 000 contre 87 000 lors de la précédente manifestation.

Il y avait également grosso modo 20 000 manifestants à Nantes et 12 000 à Saint-Nazaire, 17 000 à Brest, 11 000 à Montpellier, Lyon et Grenoble, 9 500 à Lille, Clermont-Ferrand et Bordeaux, 8200 à Tours, 7000 à Strasbourg, Nice et Bayonne, 4500 à Amiens, 3700 à Périgueux, 3400 à Roanne, etc.

Cela reste conséquent indéniablement, mais ne pèse pas lourd politiquement et culturellement, en attendant les prochaines manifestations prévues samedi 11 février.

C’est terriblement décalé sur le plan historique, par rapport à la crise. Et c’est en dessous de tout sur le plan politique, alors que la guerre mondiale se dessine concrètement chaque jour, avec l’Otan en première ligne, dont notre pays la France est un membre actif et déterminé.

Il semble que cette triste comédie, cette mauvaise farce, ce simulacre de luttes de classe, passe déjà à la trappe !