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Politique

23 mars 2023 : les syndicats continuent leur mouvement

Ils considèrent ne pas avoir perdu.

Les syndicats sont très contents d’eux-mêmes, considérant qu’ils ont réussi leur affaire. Malgré l’échec parlementaire, ils continuent d’exister et de faire la Une de l’actualité en s’opposant au report de l’âge légal de la retraite à 64 ans.

La CGT annonce 3,5 millions de manifestants dans toutes la France jeudi 23 mars 2023. Ce n’est pas plus que le maximum qui avait été atteint le 7 mars dernier, selon ses propres chiffres, mais c’est suffisamment beaucoup pour exister. Le ministère de l’Intérieur quant à lui fait état d’1,1 million de manifestants, soit un peu moins que les records des 31 janvier et 7 mars où environ 1,3 millions de manifestants avaient été annoncés.

Il n’y a donc aucun élargissement, aucune massification du mouvement, mais une base solide, qui persiste et signe. Dans le détail, cela donne des regroupements très importants surtout dans les grandes villes, dont plusieurs ont battu leur record de mobilisation d’après les préfectures.

Il y a Bordeaux (18 200 manifestants), Toulon (12 0000 manifestants), Rouen (14 800 manifestants), Strasbourg (12 400 manifestants). Ailleurs, c’est peu ou prou la même chose que d’habitude avec plusieurs milliers de manifestants.

C’est aussi le cas à Paris où le chiffre record de 119 000 manifestants est annoncé par la Préfecture. C’est plus que le 7 mars (81 000) et le précédent record du 11 février (93 000).

La CGT de son côté annonce le chiffre de 800 000 personnes à Paris, soit presque un quart de son total national ! Le chiffre donné par Le Monde et quelques autres médias ayant eu recourt à un cabinet privé est de seulement 83 000 personnes, soit dix fois moins…

On pourra trouver ce décalage anecdotique, mais c’est en tous cas typique de la situation en particulier et de l’esprit syndicaliste en général. On est dans l’esbroufe, le superficiel, avec la volonté de faire du bruit pour faire du bruit, mais avec un contenu absolument déplorable.

La palme du minable revient ici certainement aux syndicalistes de Perpignan qui ont trouvé cela intelligent de faire un Haka, la danse guerrière ultra-rétrograde des All Blacks, l’équipe de Rugby nationale néo-zélandaise.

Pour en arriver là, il faut plus que la méconnaissance de l’histoire ouvrière : on est carrément dans le nihilisme.

Le pire étant peut-être que ces gens ne comprendront même pas pourquoi ils sont critiqués.

Il faut mentionner également les violences et casses urbaines, qui ont été très nombreuses et participent de l’ambiance délétère dans le pays. En l’espèce, il s’agit de regroupement d’ultra-gauche agissant comme milices para-syndicales (si ce n’est officiellement, en tous cas objectivement), qui partagent des mots d’ordres communs et la même volonté de faire du bruit sans réel contenu ni politique, ni idéologique, ni culturel.

Cela donne des scènes spectaculaires, surtout avec ces feux de poubelles et des feux d’artifices, des vitrines cassées, des institutions vandalisées (le tribunal administratif à Nantes, l’hôtel de ville de Bordeaux, une mairie à Lyon, etc.), des policiers blessés.

On relativisera toutefois le degré de « violence » de ces milices qui en vérité ne font pas grand-chose à part se donner en spectacle pour des photos racoleuses prises par quelques journalistes. Il y aurait 149 policiers et gendarmes blessés, pour 200 interpellations.

L’intersyndicale entend ne rien lâcher et appel à une nouvelle mobilisation mardi 28 mars. Voici son communiqué.

Tous ces gens s’imaginent protagonistes de quelque chose, mais en réalité ils expriment la décomposition du capitalisme français, le déclassement de la puissance française, l’effondrement culturel et social de la société française.

Une époque meurt devant nos yeux et une autre s’ouvre déjà – celle de la défaite de l’Otan et de la déroute de l’occident !

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Société

Réforme des retraites et luttes « sauvages »

Le mythe du « spontanéisme ».

Depuis que la réforme des retraites est passée, on assiste à une systématisation des initiatives « sauvages ». Le plus souvent il s’agit de manifestations avec des petits débordements contre la police ou des incendies de poubelles. Parfois, il s’agit d’occupations (comme celle de la faculté de Tolbiac à Paris), ou même bien plus rarement de grèves.

Dès qu’on atteint un certain nombre de gens dans le cadre du mouvement de lutte contre la réforme des retraites dans une ville donnée, ce phénomène a lieu.

Il rappelle que le grand idéologue des « mouvements sociaux » en France, c’est Georges Sorel. Il est passé à la trappe, personne ne le mentionne, ou même ne le connaît. Mais c’est sa conception qui est à la base de tout ce qui se passe depuis que la Gauche historique n’a aucun poids en France.

Georges Sorel affirme au début du 20e siècle qu’il faut une minorité agissante qui agisse comme faction agressive, en utilisant des « mythes mobilisateurs », principalement celui de la « grève générale ». Le progrès se fait suivant l’action des « combattants ».

C’est une conception qui est entièrement opposée au marxisme et à son expression politique alors, la social-démocratie. Et on la retrouve aujourd’hui à l’ultra-gauche, chez les anarchistes, et même chez La France Insoumise avec le « populisme » dont elle se revendique ouvertement.

Jean-Luc Mélenchon fait du Sorel lorsqu’il appelle l’agitation à servir de levier pour faire « bouger » les choses, plus exactement en réalité à forcer les choses.

C’est qu’il y a un côté puissamment fasciste chez Sorel, une dimension viriliste, guerrière : Mussolini s’en revendiquera pour le fascisme italien. Et on retrouve très précisément cela lorsqu’en France lorsque des hommes habillés tout en noir se disant anarchistes scandent « ahou ahou » en manifestation, reprenant ce « mot d’ordre » au film d’extrême-Droite assumé « 300 » sur les Spartiates.

Les manifestations « sauvages » actuelles tiennent clairement de cette démarche « guerrière » spontanéiste, violemment anti-intellectuelle, anti-politique même. On est ici dans une forme de lutte qui est de droite, qui relève de l’anti-parlementarisme traditionnel à droite de la Droite.

On remarquera ici qu’un des vecteurs de cette démarche tient à l’emprunt assumé de méthodes aux « ultras » des stades de football. Des méthodes virilistes, agressives et provocatrices, avec un esprit de bande ou de clan.

Quiconque lit les ouvrages de l’historien Zeev Sternhell sur cette droite « contestataire » née en France ne peut que constater les rapprochements évidents avec ce qui se passe en France.

On avait déjà vu cela pendant les confinements : dans toute l’Europe, c’était l’extrême-Droite qui s’y opposait… Sauf en France où c’était toute cette scène de la révolte « sauvage », mêlant ultra-gauche, gilets jaunes, syndicalistes, etc.

Ces gens veulent faire tomber le régime pour faire tomber le régime. Ils n’ont ni valeurs, ni programme. La contestation est leur seul fond et ils racolent autant que possible, ils pratiquent la surenchère permanente.

Il n’est guère étonnant que dans un pays où la Droite a l’hégémonie sur le plan des valeurs, où la Gauche historique est isolée, l’agitation sociale s’aligne sur un spontanéisme à la fois beauf et nauséabond. Il suffit de voir des gens se revendiquer du syndicalisme et organiser des marches aux flambeaux pour voir qu’on a touché le fond.

Tout ça est le prix de la négation du rôle des idées, de la connaissance de l’Histoire, de l’importance des valeurs. La base de tout ça, c’est la corruption par le capitalisme dans un pays qui est l’un des plus riches du monde.

On s’amuse à se faire peur, la dimension « sauvage » permet de faire beaucoup de bruit, sans n’engager à rien. Car tous ces révoltés en mode « sauvage » n’ont aucune activité politique. Ils vivent le « grand soir » à petite échelle simplement pendant un temps.

Le contraire d’une lutte « sauvage », c’est bien entendu une lutte consciente, organisée à la base avec l’ensemble des travailleurs (et donc pas sur une base syndicale ou bien d’intersyndicale). Le contraire d’une lutte « sauvage », c’est une assemblée générale de travailleurs prenant démocratiquement des décisions en étant portés par la conscience de la lutte des classes.

La négation du rôle de la conscience, voilà ce qui amène tout ce mouvement contre la réforme des retraites à la fois à l’échec et à la honte. Non seulement les larges masses sont évitées, mais l’agitation prend des formes relevant de la Droite.

Les conséquences de tout cela vont être terribles.

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Politique

La réforme des retraites passe dans la confusion

Une confusion indéniablement occidentale.

On dit aux gens qu’ils doivent travailler plus longtemps, alors forcément ils sont mécontents, ils ne veulent pas. Mais le gouvernement en place peut parvenir à réformer les retraites quand même, car les gens accompagnent de toutes façons le capitalisme.

Comme certains ne le comprennent pas, cela donne des petites révoltes éparses, bruyantes, médiatiques, cependant cela ne change rien à l’affaire.

Formulé différemment, cela donne : bien au chaud en occident, les gens peuvent faire les malins mais se plient de toutes façons aux adaptations du capitalisme.

Regardons la séquence qui vient de se terminer, pour y voir clair, et pour saisir ce qui va se passer ensuite.

Le gouvernement, avec à sa tête Élisabeth Borne, met en place une réforme des retraites, avec notamment le recul de 62 à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite.

La majorité des Français est contre, il y a toute une série de manifestations massives. Malgré toutefois la participation de millions de personnes, aucune critique du capitalisme n’émerge. Pareillement, le soutien militaire au régime ukrainien par l’intermédiaire de l’Otan et de l’Union européenne est passée sous silence.

L’ensemble reste d’esprit uniquement syndical. Il n’y a aucune effervescence politique ou culturelle sur une base de gauche.

C’est un simple constat : sur le plan des valeurs, de la culture, la France n’a connu aucun changement.

Continuons. Comme le gouvernement dispose d’une majorité relative, la réforme passe les 15 et 16 mars 2023.

Deux phénomènes parallèles s’enclenchent : du côté politique d’un côté, du côté protestataire de l’autre.

Les partis politiques d’opposition tentent en effet de profiter de l’aubaine. Une telle contradiction entre un gouvernement et l’opinion publique, ça ne se rate pas. Il y a alors le 20 mars 2023 deux motions de censure proposée pour faire tomber le gouvernement.

La première est proposée par le RN, elle n’obtient que 88 voix. La seconde est proposée par des centristes, du groupe « Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires ». Elle obtient le soutien de tout le monde dans l’opposition : de la part des élus du RN, de LFI, du PS, d’EELV, du PCF, et également d’une partie de la Droite traditionnelle (Les Républicains).

Seulement il aurait fallu que tous les députés « Les Républicains » soient de la partie. La motion de censure a donc échoué, avec 278 votes contre 287 requis.

On a donc une perte de légitimité gouvernementale : la majorité des gens est contre la réforme, la majorité gouvernementale n’a pas de réelle stabilité. Pour autant, la réforme est passée.

On doit donc dire que ça passe, mais que ça casse en même temps. C’est typique d’une situation de crise. C’est conforme à notre affirmation comme quoi c’est la crise générale depuis 2020. L’instabilité gouvernementale est un critère de la crise générale, bien évidemment.

Quel est le second aspect ? Une telle situation produit, vu l’état de la France, l’assaut des forces populistes. Gilets jaunes, ultra gauche, syndicalistes… toutes ces forces « antiparlementaires », étrangères et hostiles aux valeurs de la Gauche historique, pensent que c’est leur heure.

Les heurts sont nombreux dans de nombreuses villes, avec des centaines d’interpellations. Paris, Marseille, Lyon, Nantes, Toulouse, Rennes, Saint-Étienne, Amiens, Brest, Strasbourg…

Un bilan de ce phénomène est impérativement à mener. Ce qu’on peut et doit dire déjà pourtant, c’est que ces gens n’ont rien de gauche, ils ne sont que le produit de l’appel d’air de la crise gouvernementale.

L’instabilité produit toujours l’activation des « antiparlementaires ». Autrement dit, c’est fondamentalement réactionnaire.

Maintenant, quelle va être la suite?

Soit l’Histoire, cette vieille taupe, profite de ce moment de faiblesse du capitalisme occidental version française pour faire émerger une forme de lutte de classes, dont les contours nous surprendront…

Soit la décomposition politique française va conduire encore plus à l’aigreur et à l’apolitisme, avec des gens égoïstes prêts à tout accepter et à mettre le pays au service de la superpuissance américaine dans sa guerre contre la Russie (et la superpuissance chinoise).

Naturellement, la dialectique de la réalité implique la coexistence de ces deux phénomènes.

Tel est le cours de l’Histoire et ses contradictions : il faut des déchirures internes pour que les choses apparaissent… et s’affrontent.

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Société

Retraites : fiasco des manifestations des 11 et 15 mars 2023

Le syndicalisme accompagne simplement le capitalisme.

Ce 15 mars 2023 avait lieu la huitième mobilisation syndicale contre le projet gouvernemental de réforme des retraites. La CGT revendique 1,7 million de manifestant, le ministère de l’Intérieur affirmant qu’il n’y en avait que 480 000.

C’est un second fiasco, après celui, autrement douloureux du 11 mars. Car le 11 mars était un samedi et il était espéré qu’il y aurait un appui de la part des gens « ne pouvant pas » faire grève. Un million de personnes se sont alors déplacées selon la CGT, 370 000 selon le ministère de l’Intérieur, un chiffre important mais nullement historique, et même le plus bas depuis le début des mobilisations.

Tout cela pose un problème majeur pour les syndicats : cela ne permet pas de rattraper la mobilisation du 7 mars, qui était censée mettre l’économie française à l’arrêt. Il ne s’est strictement rien passé et toute la crédibilité syndicale s’est envolée. Nous avions annoncé cet échec et nous en avons expliqué l’origine.

Les syndicats avaient bien essayé entretemps de faire bouger le président Emmanuel Macron au moyen d’une lettre, mais il n’y a pas eu la reconnaissance attendue. Pourtant, les syndicats avaient fait preuve de bien de dispositions en faveur du capitalisme, comme avec un appel unanime à soutenir le régime ukrainien et de fait l’Otan.

Mais rien n’y fait, le capitalisme a des impératifs. Les syndicats sont là pour accompagner, donc ils accompagnent, voilà tout. Quant aux travailleurs, ils agissent de manière corporatiste, pensant avant tout à leur retraite, et ne dépassent pas les revendications syndicales au rythme des manifestations et des merguez.

Ainsi, la majorité des Français est contre la réforme des retraites, il y a des millions de gens prenant des initiatives, allant de participer à une manifestation à celle d’essayer d’organiser, et il ne se passe rien.

Eh oui ! C’est comme ça dans le 24 heures sur 24 du capitalisme.

Qu’est-ce qui est pire ? Que la CGT mente et qu’il n’y a pas eu 3,5 millions de personnes le 7 mars 2023, ou bien qu’il y ait réellement eu 3,5 millions de personnes et que cela ne change rien ?

Le syndicalisme, c’est la défaite, et encore on ne peut pas dire ça, car le syndicalisme n’a pas de prétentions réelles, à part celles d’accompagner vers des plus grands acquis sociaux. Les syndicats sont là pour servir le cadre capitaliste, pour gérer le partage du gâteau selon les possibilités, cependant ils ne décident de rien en dernier ressort.

C’est une sacrée preuve que les mouvements des années 1960-1970 rejetant le syndicalisme – que ce soit les maos français et italiens, les autonomes allemands et la contestation italienne pratiquement en général – avaient tout à fait raison.

Ce qui compte, c’est la vision du monde et la culture, qui seules permettent des démarches qui ont du sens, une valeur historique, s’extraient du 24 heures sur 24 du capitalisme.

Tout le mouvement actuel contre le projet gouvernemental de réforme des retraites est donc condamné à la défaite. Nous l’avions dit dès le départ, cela a pu provoquer l’étonnement, car tout de même, il se passe quelque chose…

Sauf que non, il ne se passe paradoxalement rien du tout ! Et la preuve absolue est que toute la société française soutient dans les faits la machine de guerre occidentale mise en place pour la guerre américaine contre la Russie !

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Politique

L’intersyndicale pleurniche auprès d’Emmanuel Macron

Monsieur le Président, je vous fais une lettre, que vous lirez peut-être…

Le mouvement syndical du 7 mars 2023 censé bloquer l’économie n’ayant été rien d’autre que traditionnel, c’est-à-dire gesticulatoire, il ne restait plus qu’une carte pour l’intersyndicale, vite abattue. Cela consiste à rappeler aux institutions étatiques que les syndicats sont eux-mêmes une partie de ces institutions, un appendice du capitalisme.

Sauvez-nous, disent les syndicats, ou bien les masses vont agir de manière autonome par rapport aux institutions, et là le capitalisme peut être remise en cause.

Les gens sont contre la réforme, disent les syndicats, et si nous n’aboutissons à rien nous n’aurons plus ni légitimité ni crédibilité, « la situation pourrait devenir explosive ». Donnez-nous au moins des miettes, pour sauver la face !

Et pour que cette soumission syndicale soit sans ambiguïtés, elle passe par une lettre envoyée au président de la République, qui comme on le sait est censé être, dans le régime de la Ve République, « au-delà » des intérêts partisans.

Cela révèle parfaitement la nature des syndicats, un appendice du capitalisme pour corrompre et neutraliser, accompagner un mode de vie beauf.

Il y a par ailleurs des idiots utiles du capitalisme qui depuis des mois (ou des années), surtout à gauche de la gauche, présentent la CGT comme un rempart populaire : c’est mensonger, et cette lettre de soumission complète qu’elle signe avec tous les autres en témoigne parfaitement.

Les syndicats sont simplement un aspect du 24 heures sur 24 du capitalisme, ils sont une partie du problème, certainement pas de la solution. C’est tout l’occident qui doit tomber, avec son mode de vie, avec ses institutions. Les syndicats de la cogestion ou de la prétendue cogestion de la richesse occidentale sont en opposition aux intérêts des masses mondiales !

Intersyndicale-Lettre-au-PR-8-mars-2023

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Restructurations économiques

Échec de la grève syndicale du 7 mars 2023

La « grève générale » n’a pas eu lieu.

L’intersyndicale CFDT, CFTC, CGT, CGT-FO, CFE-CGC, UNSA, Solidaires et FSU avait gonflé les muscles en annonçant la journée du 7 mars 2023 contre la réforme du système des retraites. On allait voir ce qu’on allait voir disaient-ils, jouant leur va-tout pour faire plier le Parlement à quelques jours d’une probable adoption du projet de loi sur la réforme des retraires par le Sénat.

L’ambition était grande, avec en arrière-plan le mythe mobilisateur de la grève générale. Il a été insinué l’idée d’une grève reconductible massive, pour véritablement lancer quelque-chose.

Le communiqué intersyndical du 22 février mettait le paquet :

« l’intersyndicale réaffirme sa détermination pour mettre la France à l’arrêt le 7 mars prochain en appelant les travailleurs.euses à participer massivement aux manifestations et à se déclarer en grève. » 

« Le 7 mars doit être une véritable journée morte dans les entreprises, les administrations, les services, les commerces, les écoles, les lieux d’études, les transports… »

Résultat : c’est un échec patent !

Certes, la mobilisation est forte, les manifestants sont nombreux. Il y a eu 1,28 million de personnes défilant dans toute la France d’après le gouvernement. Mais c’est peu ou prou la même chose que le 31 janvier dernier, le seul véritable « succès » de ce mouvement.

La CGT revendique 3,5 millions de manifestants ce 7 mars, contre 2,8 millions fin janvier. Là encore, c’est le même ordre de grandeur, la même teneur, avec des pics plus ou moins records de manifestants dans de nombreuses villes.

Près de 30 000 personnes à Brest, entre 15 500 et 22 000 à Pau, entre 15 000 et 25 000 à Rodez, 2000 à Bastia, 4500 à Belfort, 6500 à Guéret : c’est significatif pour de telles villes. Et dans les grandes villes, c’était environ 30 000 personnes à Nantes, Marseille, Lyon ou Montpellier, un peu moins, environ 20 000, à Grenoble Rouen ou Rennes et environ 12 000 à Lille, Tours Nice, Le Havre ou Strasbourg.

C’est beaucoup, mais rien de mirobolant pour autant. Surtout, il n’y a pas eu cette « France à l’arrêt », comme cela a été promis et vanté.

Ce qui devait compter, c’est-à-dire la grève massive avec une généralisation, n’a pas eu lieu. L’intersyndicale reste donc très floue à propos de la grève et des chiffres dans son communiqué du 7 mars au soir.

On sait très bien que l’immense majorité des travailleurs, et particulièrement des ouvriers, n’a pas été touchée par la grève. Il est simplement dit, de manière très vague :

« C’est une journée historique par l’ampleur de ces grèves et de ces mobilisations. Des milliers d’écoles et de lieux d’études fermés, des entreprises privées, des administrations, et des villes à l’arrêt. »

Voilà qui est bien prétentieux. En fait de grève générale, il y a eu les habituels secteurs où les syndicats existent encore, surtout la SNCF, EDF ou l’enseignement, avec des taux de grévistes flirtant avec les 50%.

Pas de quoi chambouler l’ordre dominant et le train-train capitaliste français. Tout cela est bien contenu, habituel, ronflant. Et à côté de la plaque historiquement.

Les syndicats en France sont simplement en train de se faire balayer par la crise. Le monde a changé depuis 2020 et la pandémie de covid. La guerre mondiale qui se dessine concrètement et activement sous nos yeux dorénavant, finira de les terrasser, et avec eux leurs pathétiques illusions d’un capitalisme à visage humain.

C’est la fin d’une époque.

Encore faut-il le comprendre. Reconnaissant indirectement l’échec du 7 mars, l’intersyndicale appelle à recommencer… la semaine prochaine.

Voici le communiqué commun des centrales CFDT, CFTC, CGT, CGT-FO, CFE-CGC, UNSA, Solidaires et FSU :

« Le gouvernement doit dès maintenant retirer son projet !

Depuis le 19 janvier, la population se mobilise massivement contre la réforme des retraites. Les différentes journées à l’appel de toutes les organisations syndicales et de jeunesse ont rassemblé des millions de travailleurs et travailleuses, jeunes et retraité.e.s.

Le 16 février, face à l’absence de réponse du gouvernement et du président de la République,

l’intersyndicale a appelé à mettre la France à l’arrêt le 7 mars. Elle est forte du soutien des 3/4 de la population et de 94% des actifs qui refusent le recul de l’âge légal de départ à 64 ans et l’allongement de la durée de cotisations. Aujourd’hui encore, ce sont plus de 3 millions de travailleurs et travailleuses, du public comme du privé, jeunes et retraité.e.s, qui se sont mobilisés, par la grève et/ou la manifestation.

C’est une journée historique par l’ampleur de ces grèves et de ces mobilisations. Des milliers d’écoles et de lieux d’études fermés, des entreprises privées, des administrations, et des villes à l’arrêt. Plusieurs centaines de manifestations et d’actions sur l’ensemble du territoire pour demander le retrait du projet de loi retraites.

A ce jour, ces mobilisations énormes conduites par une intersyndicale unie n’ont reçu aucune réponse de la part du gouvernement. Cela ne peut plus durer. Le silence du président de la République constitue un grave problème démocratique qui conduit immanquablement à une situation qui pourrait devenir explosive. En responsabilité, l’intersyndicale adressera un courrier lui demandant à être reçue en urgence pour qu’il retire sa réforme.

C’est forte de cette détermination exprimée aujourd’hui que l’intersyndicale soutient et encourage tous les secteurs professionnels à poursuivre et amplifier le mouvement.

L’intersyndicale appelle à se saisir du 8 mars pour pointer la détérioration particulière de la situation des femmes avec ce projet de réforme. L’intersyndicale soutient l’appel spécifique des organisations de jeunesse à se mobiliser jeudi 9 mars et appelle à rejoindre les rassemblements et manifestations, notamment à Paris, place de la République.

L’intersyndicale appelle à une nouvelle mobilisation interprofessionnelle ce samedi 11 mars puis dès la semaine prochaine, à une journée de manifestations et de grève, le jour de la commission mixte paritaire, moment important du calendrier parlementaire. Elle appelle toute la population à continuer la mobilisation et les actions, encore plus massivement pour dire non à cette réforme injuste et brutale,

Paris, le 7 mars 2023″

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Politique

La Gauche historique ne fantasme pas sur la « grève générale »

L’anarchisme, l’anarcho-syndicalisme : une plaie dans notre pays.

Ce 7 mars 2023, les syndicats visent à organiser en France une vaste grève. Cette grève n’est pas organisée selon les principes de la Gauche historique. Elle relève de l’économisme, du trade-unionisme, c’est-à-dire du réformisme, dans son alliance à l’anarcho-syndicalisme qui rêve qu’une « grève générale », soit le prélude du « grand soir ». On est là dans le mythe mobilisateur théorisé par Sorel et tous les « socialistes français » rejetant le marxisme.

Rosa Luxembourg rappelle, dans Grève de masse, parti et syndicat, écrit en 1905, que la Gauche historique ne conçoit le mouvement ouvrier qu’à travers le prisme de la conscience politique. Elle nous dit de la position historique de la social-démocratie, du marxisme :

« Elle est dirigée contre la théorie anarchiste de la grève générale qui oppose la grève générale, facteur de déclenchement de la révolution sociale, à la lutte politique quotidienne de la classe ouvrière.

Elle tient tout entière dans ce dilemme simple : ou bien le prolétariat dans son ensemble ne possède pas encore d’organisation ni de fonds considérables – et alors il ne peut réaliser la grève générale – ou bien il est déjà assez puissamment organisé – et alors il n’a pas besoin de la grève générale.

Cette argumentation est, à vrai dire, si simple et si inattaquable à première vue, que pendant un quart de siècle elle a rendu d’immenses services au mouvement ouvrier moderne, soit pour combattre au nom de la logique les chimères anarchistes, soit pour aider à porter l’idée de la lutte politique dans les couches les plus profondes de la classe ouvrière.

Les progrès immenses du mouvement ouvrier dans tous les pays modernes au cours des vingt-cinq dernières années vérifient de la manière la plus éclatante la tactique de la lutte politique préconisée par Marx et Engels, par opposition au bakouninisme : la social-démocratie allemande dans sa puissance actuelle, sa situation à l’avant-garde de tout mouvement ouvrier international est, pour une très grosse part, le produit direct de l’application conséquente et rigoureuse de cette tactique. »

Dans ce même ouvrage, Rosa Luxembourg constate qu’en Russie un nouveau phénomène est apparu, qui exige de recalibrer la notion de grève. Il y avait en effet, dans toute la période menant aux deux révolutions russes de 1917, de multiples grèves. Mais elles avaient un caractère contestataire visant le régime et c’est pourquoi Rosa Luxembourg parle de « grève politique de masse ».

Ce qui se passe en France n’a rien à voir avec un tel mouvement secouant le régime. On est dans le réformisme, purement et simplement.

La Gauche historique, celle qui s’appuie sur la social-démocratie et le marxisme, refuse d’accorder une valeur à un tel réformisme qui rejette le Socialisme comme objectif incontournable.

Elle n’accepte pas non plus une ligne populiste visant à « manipuler » les travailleurs pour qu’ils passent sans s’en apercevoir de revendications au camp du socialisme – comme si une telle chose était possible.

Cette conception d’amener les travailleurs comme malgré eux dans le camp du Socialisme est celle, trompeuse, mensongère, du réformisme à prétention « révolutionnaire », du trotskisme avec le « programme de transition ». C’est une négation de l’importance de la conscience, et ce d’autant plus dans un pays comme la France où règne le 24 heures sur 24 du capitalisme.

La Gauche historique affirme que tout dépend du niveau de conscience. Dans son fameux ouvrage Que faire?, en 1902, Lénine salue comment le dirigeant de la social-démocratie Karl Kautsky valorise la conscience, lui reconnaissant le rôle central. Et il pose que :

« Du moment qu’il ne saurait être question d’une idéologie indépendante, élaborée par les masses ouvrières elles-mêmes au cours de leur mouvement , le problème se pose uniquement ainsi : idéologie bourgeoise ou idéologie socialiste.

Il n’y a pas de milieu (car l’humanité n’a pas élaboré une « troisième » idéologie ; et puis d’ailleurs, dans une société déchirée par les antagonismes de classes, il ne saurait jamais exister d’idéologie en dehors ou au-dessus des classes).

C’est pourquoi tout rapetissement de l’idéologie socialiste, tout éloignement vis-à-vis de cette dernière implique un renforcement de l’idéologie bourgeoise.

On parle de spontanéité. Mais le développement spontané du mouvement ouvrier aboutit justement à le subordonner à l’idéologie bourgeoise, Il s’effectue justement selon le programme du Credo, car mouvement ouvrier spontané, c’est le trade-unionisme, la Nur-Gewerkschaftlerei ; or le trade-unionisme, c’est justement l’asservissement idéologique des ouvriers par la bourgeoisie.

C’est pourquoi notre tâche, celle de la social-démocratie est de combattre la spontanéité, de détourner le mouvement ouvrier de cette tendance spontanée qu’a le trade-unionisme à se réfugier sous l’aile de la bourgeoisie, et de l’attirer sous l’aile de la social-démocratie révolutionnaire. »

La question est politique, toute question est politique. Une grève sur une base économique peut exister, mais en dernier ressort elle dépend d’une orientation politique : les syndicats sont une courroie de transmission du Parti menant au Socialisme.

Sinon, tout se joue dans le cadre du capitalisme et, en dernier ressort, sert le capitalisme pour trouver des manières de se ré-impulser, de se relancer!

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Restructurations économiques

La grève du 7 mars 2023 sera un échec, car anti-historique

On n’avance pas à rebours de l’Histoire.

Le 7 mars 2023 est censé être le point culminant du mouvement contre la réforme gouvernementale des retraites. Depuis quinze jours, cette date est présentée comme celle de la mobilisation générale, de la grande bataille. Le 2 mars, les secrétaires généraux de cinq fédérations CGT (Ports et Docks, Cheminots, Industries chimiques, Verre et Céramique et Mines-Energie) se sont même réunis au siège de la centrale syndicale, à Montreuil, pour annoncer qu’il s’agit « de mettre à genoux l’économie française ».

« Ce qui va se passer à partir du 7 est hors du commun » a même osé Jean-Luc Mélenchon.

Est-ce possible ? Le 7 mars 2023 sera-t-il caractérisé par une déferlante de grèves et de mouvements de lutte ?

La réponse est non. Tout cela relève de la fiction syndicaliste-révolutionnaire, c’est une tromperie bien française. Les Français aiment se mentir à eux-mêmes !

Il faut une preuve ? En voici quatre !

La première preuve : l’état d’esprit

La grève ne doit pas avoir lieu que le 7 mars. Elle est censée se dérouler en continu par tranche de 24 heures. C’est-à-dire que le syndicalisme révolutionnaire se la joue à la « révolution permanente ».

On est là dans un maximalisme revendicatif. Or, si on regarde la société française, on ne voit rien chez les gens indiquant un niveau de tension corroborant un épisode majeur dans la société.

Pour un conflit, il faut des acteurs, et on ne voit pas du tout des travailleurs français prêts à l’affrontement jusqu’au boutiste.

La deuxième preuve : Dassault

La première preuve semblera trop idéologique pour certains. Alors regardons ce qui se passe avec un exemple concret. Il y a un important mouvement de grève en ce moment chez Dassault. Sont concernés toutes les usines de cette entreprise d’armement, avec également les sous-traitants de mobilisés.

C’est une lutte réelle, avec de l’agitation, des blocages dans les 3/4 des usines, un état d’esprit qui remue et est revendicatif. Niveau revendication, justement, il est exigé 6 % d’augmentation et 250 euros brut.

Anthony Dupuy, délégué syndical CGT Dassault Mérignac dit que c’est dans l’ordre des choses :

« Notre demande est tout à fait acceptable, car le carnet de commandes est plein pour les dix prochaines années. Nous demandons un meilleur partage des richesses ! »

On a donc des ouvriers qui sont… très contents de travailler pour le capitalisme, de produire des armes, de produire des armes qui se vendent, et qui veulent leur part du gâteau.

Jamais de tels travailleurs n’iront au conflit général avec le capitalisme. C’est mal parti donc pour un mouvement de conflictualité qui déborde le cadre institutionnel…

Il y aura du remue-ménage, mais il n’est dans l’intérêt de personne que les choses aillent trop loin. Le 7 mars 2023 vise à « sauver » le cadre institutionnel des retraites, voilà tout.

La troisième preuve : le niveau

Il ne faut pas se leurrer sur le niveau des travailleurs français et des Français en général. C’est l’effondrement culturel généralisé, la passivité dans la corruption capitaliste, un esprit régressif tendant au niais.

Et à gauche tout ce qui existe est simpliste, anti-culturel, anti-intellectuel. Soit dans une version beauf, soit dans une version LGBT moderniste, mais cela ne change rien à la substance de la chose.

Même chez les jeunes il n’y a rien à sauver. Les jeunes sont vifs, mais ils n’ont pas de culture et se laissent aller à suivre le cours des choses. Ils ne veulent surtout pas heurter ou entrer en conflit.

Comment peut-on être jeune et mettre l’amour au même niveau que la retraite à 60 ans ? Humainement, quel désastre.

La quatrième raison : la restructuration économique

Le capitalisme est ce qu’il est. En l’occurrence, le capitalisme français est imbriqué dans le capitalisme américain, et l’heure est à la guerre contre la Russie.

Tout cela demande un certain budget et il faut procéder, en fonction, à une restructuration économique. La question a bien sûr déjà été abordée ici.

Donc tout le délire d’une « bataille pour le repartage des richesses » sans rien contextualiser, à caricaturer le président Emmanuel Macron comme un vilain, à dénoncer les milliardaires qui ne partagent rien, c’est du cinéma.

Il n’y a pas de bataille pour le « repartage » des richesses sans affrontement avec la bourgeoisie. Mais comme personne ne la veut, personne ne mentionne cette classe et préfère parler des milliardaires et de l’affreux gouvernement, en espérant grapiller…

Grapiller quoi ? Des miettes. Ce que le capitalisme voudra bien donner pour assurer la paix sociale, le consensus afin d’aller à l’affrontement militaire contre la Russie.

Et sinon ? Sinon ce sera la violence contre les travailleurs, le fascisme pour porter la guerre aux visées impériales.

Alors, franchement, le 7 mars, il ne tient pas debout. C’est une vantardise anti-historique, une tromperie, qui s’associera aux multiples gueules de bois de plus de la société française et surtout des travailleurs.

Travailleurs qui vont alors s’empresser… d’encore plus pour voter pour l’extrême-Droite. L’absence de substance du 7 mars 2023 est le rêve éveillé de Marine Le Pen pour la prochaine présidentielle.

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Société

Retraites: une moindre mobilisation le 16 février 2023

Minimum syndical pour les syndicats.

Le gouvernement parle d’un demi-million de personnes tandis que la CGT se vante d’1,3 million de manifestants. Le fait est en tous cas que la mobilisation du 16 février 2023 contre la réforme des retraites était la plus faible depuis le début du mouvement. En baisse d’environ 50% pour la plupart des villes, avec une baisse encore plus importante en ce qui concerne les rares secteurs en grève.

Il y a le ronronnement syndical, avec la base habituelle constituée de fonctionnaires, travailleurs d’entreprises publiques ou semi publiques, ou bien de gens travaillant dans le « social ». 

Les responsables syndicaux ont misé sur la carte « gilets jaunes » en se rendant collectivement à Albi pour manifester, ce qui est censé représenter la France des petites villes, pas des grandes métropoles. Il y a également le fait que c’est une ville historique pour la figure socialiste (à la française) Jean Jaurès.

Soyons clairs et appelons les choses par leur nom. Cela n’a rien de massif et encore moins de populaire. C’est la vieille France, s’imaginant de gauche, en réalité surtout biberonnée d’argent public et au mode de vie petit-bourgeois assumé, qui s’accroche au vieux monde. 

Quel symbole d’ailleurs que ce soit les retraites qui servent ici de prétexte ! On est là au degré zéro de l’utopie, de la volonté de changer le monde. Quoi de plus ronflant que d’avoir comme ambition sociale..  d’arrêter de travailler le plus tôt possible pour profiter d’une rente à vie…

C’est ringard, complètement à côté de la plaque historiquement. Surtout quand les puissants de ce monde, à commencer par le gouvernement français, se dirigent tout azimut vers la 3e guerre mondiale, et font la guerre à la Russie.

Toujours est-il que les yeux sont rivés sur le 7 mars prochain. Ce sera en effet la date décisif pour ce mouvement. On verra alors si la France est perméable à l’agitation syndicale, ou bien si elle laisse faire les libéraux du gouvernement.

Dans les deux cas, c’est hors contexte. L’Histoire se joue ailleurs. Et pour l’instant, rien ne laisse présager que la France, grande puissance en déclassement général, en fasse partie autrement que comme cible du tiers-monde.

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Société

Succès sans esprit des manifestations du 11 février 2023

C’est plein de vide.

Le mouvement contre la réforme des retraites a obtenu un réel succès le 11 février 2023. Ce n’est pas seulement qu’il y a eu davantage de manifestants que les 19 janvier et 7 février (mais pas que le 31 janvier), qu’un réel élan dans plusieurs villes, notamment Caen, Toulon, Rennes, Paris, Angers, Le Mans.

On parle ici d’au moins un million de manifestants, d’au maximum un peu plus du double, et dans pratiquement 200 villes. Ce sont des chiffres significatifs, qui permettent aux syndicats de continuer à poser ce mouvement comme la seule actualité du pays.

Très bien ! Que tout ce vieux monde occidental continue à s’y croire, qu’il aille jusqu’au bout dans son décalage avec la réalité historique. Il ne s’en effondrera que d’autant mieux.

Car comment expliquer sinon qu’un mouvement rassemblant autant de monde, autant de quantité, n’exprime strictement rien sur le plan politique, sur le plan de la qualité ?

Le fait est que, comme c’est un simulacre de lutte de classe, comme c’est un combat corporatiste plus qu’autre chose, c’est improductif. Cela ne donne naissance à rien, cela ne produit rien.

Pire encore, ce mouvement est le produit de quelque chose: de la corruption par le capitalisme de gens qui ont réellement, même quand ils sont adolescents, la retraite comme seul horizon.

Aucun rêve, aucune envergure, aucune exigence, aucune ambition, aucune perspective, et ne parlons pas d’utopie.

D’où cette perpétuelle rhétorique syndicaliste « dure » à prétention révolutionnaire, à l’exemple du communiqué de Force Ouvrière (qui est en fait commun à l’intersyndicale)… D’où ce mythe de la grève générale, d’où le soutien par des étudiants en vadrouille s’imaginant contestataire…

Cela fait plusieurs décennies que c’est ainsi et que tous ces gens font semblant ! Pendant ce temps-là, le 24h du 24 capitalisme fonctionne parfaitement, et l’occident peut même être en guerre contre la Russie, comme c’est désormais le cas.

Quelle infâmie, quelle insulte à l’Histoire !

L’intersyndicale est prête à durcir le mouvement

Depuis le 19 janvier dernier, la population ne cesse de démontrer sa très forte détermination à refuser le projet de réforme des retraites du gouvernement à travers les grèves, les manifestations mais aussi la pétition en ligne qui a atteint un million de signatures.

Au fil des semaines, les sondages démontrent également une hausse de ce rejet massif puisque dorénavant, plus de 7 Français sur 10 et 9 travailleurs et travailleuses sur 10 se disent opposés au projet de réforme.

Ce mouvement social inédit par son ampleur est donc désormais ancré dans le paysage social. Le gouvernement, comme les parlementaires, ne peuvent y rester sourds.

Durant la poursuite des débats parlementaires, les organisations syndicales professionnelles et de jeunesse vont poursuivre la mobilisation et l’amplifier. Ainsi, elles appellent à une journée d’actions interprofessionnelles sur l’ensemble du territoire le 16 février. A cette occasion, les secrétaires généraux ou présidents des organisations syndicales manifesteront à ALBI pour appuyer l’ancrage fort de ce mouvement partout sur le territoire, dans les petites villes comme dans les plus grandes.

Par ailleurs, les parlementaires appelés à se prononcer sur ce projet de réforme doivent entendre comme le gouvernement, le mécontentement de la population, et rejeter massivement ce texte. Il en va de leur responsabilité. C’est dans ce cadre que l’ensemble des secrétaires généraux et présidents écriront à chaque parlementaire de l’arc républicain pour réaffirmer notre opposition et celle de la population. Parallèlement, nous appellerons nos structures locales à interpeler député-es et sénateurs-trices dans leurs circonscriptions.

Enfin, si malgré tout le gouvernement et les parlementaires restaient sourds à la contestation populaire, l’intersyndicale appellerait les travailleurs et les travailleuses, les jeunes et les retraité.e.s à durcir le mouvement en mettant la France à l’arrêt dans tous les secteurs le 7 mars prochain. L’intersyndicale se saisira du 8 mars, journée internationale de luttes pour les droits des femmes pour mettre en évidence l’injustice sociale majeure de cette réforme envers les femmes.

L’intersyndicale se réunira le 16 février au soir. D’ici là, elle appelle le gouvernement à retirer son projet de loi et les parlementaires à prendre leurs responsabilités face au rejet massif de la population face à ce projet injuste et brutal.

Frédéric Souillot

Secrétaire général de Force Ouvrière

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Politique

Retraites: échec de la première sur-enchère syndicaliste

Un net recul.

L’État avait compté 1,272 million de manifestants le 31 janvier 2023, mais il en compte seulement 757 000 le 7 février 2023 : c’est un échec du mouvement. Les syndicats, qui depuis des années et des années agissent mécaniquement de la même façon en multipliant des « journées d’action » pour faire monter la sauce petit à petit, ont loupé leur coup cette fois-ci.

La CGT peut bien prétendre ce qu’elle veut, en avançant 2 millions de manifestant et en parlant de « haut niveau d’engagement des travailleuses et des travailleurs du secteur privé comme du public », personne n’y croira.

Il faut dire qu’ils ne font rêver personne, avec leur style « gueulard » et leur attitude ringarde sur tous les plans. Le soutien de l’opinion publique, ils l’ont pourtant. Car la France est un pays de petits-bourgeois voulant profiter de tout, mais ne jamais rien payer. Alors la retraite à 64 ans, ils n’en veulent pas, peu importe que les comptes soient dans le rouge, ce n’est pas leur problème.

Pour autant, les syndicats ne remportent pas la mise pour l’instant face au gouvernement libéral-démocrate d’Emmanuel Macron, qui s’imagine sauver la France de la crise avec une simple réforme du système des retraites.

Tout cela n’intéresse en effet pas grand-monde dans le fond, à part les syndicalistes et tous les gens pour qui le syndicalisme est l’alpha et l’oméga de la contestation. Dans les grandes villes, il y avait quasiment moitié moins de monde par rapport au 31 janvier, avec parfois des écarts très importants comme à Marseille, avec 15 000 personnes contre 40 000 la semaine dernière. Ou à Paris avec 57 000 contre 87 000 lors de la précédente manifestation.

Il y avait également grosso modo 20 000 manifestants à Nantes et 12 000 à Saint-Nazaire, 17 000 à Brest, 11 000 à Montpellier, Lyon et Grenoble, 9 500 à Lille, Clermont-Ferrand et Bordeaux, 8200 à Tours, 7000 à Strasbourg, Nice et Bayonne, 4500 à Amiens, 3700 à Périgueux, 3400 à Roanne, etc.

Cela reste conséquent indéniablement, mais ne pèse pas lourd politiquement et culturellement, en attendant les prochaines manifestations prévues samedi 11 février.

C’est terriblement décalé sur le plan historique, par rapport à la crise. Et c’est en dessous de tout sur le plan politique, alors que la guerre mondiale se dessine concrètement chaque jour, avec l’Otan en première ligne, dont notre pays la France est un membre actif et déterminé.

Il semble que cette triste comédie, cette mauvaise farce, ce simulacre de luttes de classe, passe déjà à la trappe !

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Société

Grand succès des manifestations du 31 janvier 2023

Un triomphe pour la France réformiste.

Les manifestations du 31 janvier 2023 contre la réforme des retraites ont été un très grand succès. Selon les services des préfectures, 1,272 million de personnes sont descendues dans la rue. Les syndicats parlent de 2,8 millions de personnes.

Il y a même eu davantage de monde que le 19 janvier 2023. Les mobilisations ont été marquantes dans de très nombreuses villes, témoignant d’un vrai mouvement de fond. Grosso modo, en comptant large, il y avait 40 000 personnes au Havre, 20 000 à Perpignan, 35 000 personnes à Limoges, 45 000 à Lyon, 60 000 à Nantes, 22 000 à Rouen, 28 000 à Caen, 50 000 à Saint-Étienne, 80 000 à Toulouse, 200 000 à Marseille, 20 000 à Amiens, 30 000 à Montpellier, 40 000 à Grenoble, 70 000 à Lille, 30 000 à Brest, 10 000 à Angoulême, 4500 à Sète, 5 000 à Calais, 10 000 à Strasbourg, 25 000 à Nice…

Le mot d’ordre, malgré une grande portée de masses, est resté : il ne faut toucher à rien, et ce d’autant plus que tout se dégrade.

Pas d’envergure, pas d’ambition, et c’est d’autant plus criminel que de hauts représentants du régime ukrainien étaient invités à Paris et se sont vus remettre des cadeaux militaires. Les gens en France sont totalement à côté de la plaque et leur seul horizon, c’est leur vie privée avec la perspective de la propriété et de l’aisance matérielle.

On est ici en plein dans l’Occident corrompu, en décalage total avec l’Histoire du monde qui s’accélère.

Le seul horizon « politique » émergeant est soit le syndicalisme populiste, qui est allé jusqu’à couper le courant à des radars routiers (quelle honte !), soit le post-modernisme libéral-libertaire porté par les universités.

On est en plein dans l’Occident pourri, avec des gens sans aucune mémoire historique, sans culture des idées, dont les valeurs se baladent au jour le jour selon les aléas du 24h sur 24 du capitalisme.

Il faudrait faire un sondage pour voir combien de ces gens se font livrer des repas Uber et à quel rythme ils reçoivent des paquets d’Amazon. Ce qui est, à vrai dire, même pas nécessaire. Les gens vivent leur vie et ne voient pas de mal à ça. Et c’est vrai que pris individuellement tout le monde est sympathique.

Sauf que sur le plan personnel ce n’est pas ça… et qu’humainement c’est un désastre.

Il va en falloir des efforts pour décrocher du capitalisme !

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Société

Retraites : les Russes paieront !

Telle est l’alliance objective du syndicalisme et du capitalisme.

La bourgeoisie française va à la guerre, et veut entraîner le peuple avec elle. Le peuple, plutôt que de dire « non, on ne vous suivra pas », dit « on vous suivra, mais à condition que vous ne touchiez pas à ça, ça et ça ».

C’est ce qu’il faut retenir de la situation actuelle concernant l’opposition à la réforme des retraites. Non pas que s’opposer au recul des acquis sociaux soit une mauvaise chose en elle-même, mais dans le contexte historique actuel, ce n’est simplement pas pertinent. C’est passer à côté de l’essentiel pour se focaliser sur quelque chose de secondaire.

La France est en guerre contre la Russie, malgré son discours prétendant qu’elle ne l’est pas. L’attaque contre les acquis sociaux, ici le droit à la retraite, est une façon pour la bourgeoisie française de soumettre l’économie aux besoins de la guerre en cours, et à venir car les choses vont empirer.

L’armée française augmente d’un tiers son budget et il faut bien prendre l’argent quelque part.

Les Français, trop effrayés de voir leur niveau de vie reculer pour s’occuper d’autre chose que du maintien du statu quo, du « comme avant » la crise, acceptent de leur côté de laisser les va-t-en-guerre de l’OTAN s’occuper de l’Ukraine et de la Russie du moment que ça ne chamboule pas leur quotidien au sein du capitalisme.

Dans l’état actuel des choses, le mouvement contre la réforme des retraites converge tellement avec le capitalisme français que cela revient à dire : les Russes paieront les retraites.

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que s’opposer à la réforme des retraites ne revient pas à s’opposer au capitalisme et à la guerre. Ces deux oppositions peuvent se rejoindre – mais elles peuvent également s’opposer.

Si on s’oppose à la réforme des retraites en adoptant le point de vue occidental, celui du prolétariat corrompu par le capitalisme, du point de vue syndical, alors c’est du social-impérialisme.

Cela revient plus qu’autre chose à soutenir un mode de vie dépassé et qui n’est plus en phase avec la réalité, car l’humanité et les travailleurs ont besoin non plus d’acquis sociaux arrachés aux capitalistes, mais d’arracher le pouvoir aux capitalistes directement.

À l’aube de la troisième guerre mondiale, il s’agirait en réalité avant tout de se focaliser sur le capitalisme, la bourgeoisie et les militaires et tous ceux qui les servent, car il n’est plus temps de s’occuper de quoi que ce soit d’autre.

Si l’occident parvient à gagner la guerre contre la Russie, alors les capitalismes des différents pays de l’OTAN connaîtront un second souffle grâce à la souffrance des travailleurs des pays vaincus, découpés, partagés et soumis à leurs intérêts.

Ainsi, l’humanité continuera de foncer dans le mur. Plus que sauver les retraites au sein du capitalisme, il devrait s’agir de faire tomber l’occident, le capitalisme, et de cheminer vers le socialisme.

Chercher à protéger les retraites et se contenter de ça sans élargir l’horizon de ses idées au delà, à ce jour et dans ce contexte historique, c’est accepter la guerre et le futur démantèlement de la Russie pour des intérêts privés et pour une préservation d’un confort de vie qui ne peut de toute façon pas persister dans le capitalisme.

C’est là le problème fondamental dans la matrice même du mouvement contre la réforme des retraites.

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Restructurations économiques

Le PCF et la CGT rêvent d’un 19 janvier 2023 de masse

Comme d’ailleurs toute la gauche du capitalisme français.

Si la réforme des retraites passe sans « contestation », le grand risque est que la contestation ne soit plus réformiste, qu’elle s’exprime depuis le capitalisme lui-même. Telle est la grande peur de la bourgeoisie, mais également de tous ceux qui vivotent du « militantisme » misérabiliste au sein d’une des grandes puissances économiques mondiales.

Il faut bien parler de misérabilisme. Voici le texte de la… pétition de la CGT. Une pétition ! Voilà le niveau où est tombé le syndicalisme français. Une pétition pour dire littéralement « Bouh la réforme est vilaine ».

Pétition

Le gouvernement a annoncé le report de l’âge de la retraite à 64 ans avec un allongement accéléré de la durée de cotisation.

Cette mesure est injustifiée : le rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) l’indique clairement, le système de retraites n’est pas en danger. Il n’y a aucune urgence financière. 

Cette réforme va frapper de plein fouet l’ensemble des travailleurs, et plus particulièrement ceux qui ont commencé à travailler tôt, les plus précaires, dont l’espérance de vie est inférieure au reste de la population, et ceux dont la pénibilité des métiers n’est pas reconnue. Elle va aggraver la précarité de ceux n’étant déjà plus en emploi avant leur retraite, et renforcer les inégalités femmes-hommes.

Ce projet gouvernemental n’a rien d’une nécessité économique, c’est le choix de l’injustice et de la régression sociale.

Renforcer notre système de retraites nécessite en revanche des mesures de progrès et de partage des richesses.

D’autres solutions sont possibles ! Je soutiens la mobilisation intersyndicale et je m’oppose à cette réforme: « je signe la pétition »

Qu’on ne nous fasse pas croire que la signature de 350 000 personnes est une avancée historique, un progrès des consciences, une avancée sur le plan de l’organisation. C’est juste pathétique. On fonce dans la troisième guerre mondiale et on a ça. C’est fou.

Mais cela a un sens, historique. Le sol se dérobe sous les pieds de tous les alliés objectifs du capitalisme, de tous ceux qui servent à sa pacification sociale, aux accords corporatistes, à la corruption des masses.

Voilà la vraie raison pour laquelle tous les syndicats en intersyndicale (CFDT – CGT – FO – UNSA – FSU – CFE-CGC – CFTC – Solidaires), l’ensemble de la gauche associative et « militante »… se mettent en branle pour que la manifestation du 19 janvier contre la réforme soit une réussite. Il en va de leur crédibilité, de leur légitimité…

Si c’est l’échec – et ce sera l’échec de toutes façons – les choses iront d’elles-mêmes sans eux, et même contre eux.

Le secrétaire national du Parti communiste français, Fabien Roussel a ainsi expliqué dans le Journal du Dimanche que le 19 janvier 2023 était la seule chose qui comptait :

« On n’avait pas vu une telle intersyndicale depuis douze ans. Elle nous oblige, nous, forces de gauche. Communistes, socialistes, Insoumis, Verts, nous sommes aussi unis pour nous opposer au projet du gouvernement.

Dès le 17 janvier, avec les quatre leaders de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale [Nupes], nous lancerons une campagne de meetings communs au gymnase Japy, à Paris. L’enjeu pour la gauche est d’incarner une alternative de progrès. La Nupes appelle à manifester le 19 janvier afin de grossir les cortèges syndicaux.

Public, privé, jeunes, retraités, nous devons tous sortir massivement jeudi prochain pour dire non à cette réforme. Soyons 1 million à déferler dans la rue. Il n’y a que ce rendez-vous qui compte. »

Un million de personnes, quel populisme ! Jamais il n’y aura un million de personnes conscientes dans la rue. Et si on parvient à une telle quantité, cela sera au prix d’une déficit terrible de qualité, avec un esprit gilets jaunes et des gens s’orientant plus par rapport à Marine Le Pen qu’autre chose.

Il suffit de constater le niveau culturel et idéologique des travailleurs dans le pays. Toute la société française est imbibée de capitalisme, à tous les niveaux de la vie quotidienne.

Ces appels à ce que le privé se mobilise sont également d’une immense hypocrisie, alors que les syndicats n’existent somme toute que dans le public et que la manifestation a lieu comme d’habitude en semaine. Rien qu’avec ça on voit qu’on est dans la fiction de secteurs protégés du capitalisme français qui sentent que désormais leur statut à part va être abandonné…

Fabien Roussel a en fait la trouille, comme le révèle le propos suivant :

« Est-il responsable en pleine crise, en peine guerre, en pleines difficultés pour les salariés et les chefs d’entreprise, de mettre à l’ordre du jour un projet aussi dur pour les Français ?

Emmanuel Macron va plonger le pays dans un énorme désordre. Le Medef devrait hurler que cette réforme arrive maintenant ! »

Le désordre, voilà la grande peur d’une gauche du capitalisme qui ne combat nullement l’Otan et soutient tacitement la guerre faite contre la Russie. Ce dont elle rêve, c’est de stabilité, pour maintenir son existence. C’est pour cela qu’il veut que la manifestation du 19 janvier 2023 réussisse à tout prix. Sinon, les fractures au sein de la société capitaliste française vont précipiter des choses bien plus dures…

Philippe Martinez, le dirigeant de la CGT, ne dit pas autre chose, mais lui ne veut pas un million de personnes, il en veut carrément plusieurs millions, comme il l’a expliqué à BFMTV-RMC :

« Le 19 janvier, il faut des millions de personnes en grève et dans la rue. »

Tels sont les rêves de corrompus ayant bien profité du capitalisme lors de sa croissance depuis 1945. La crise de 2020 les met le dos au mur. Ils sentent qu’ils n’ont plus leur place, ils s’agitent vainement, ils tentent de prétendre représenter quelque chose.

C’est à ces vanités que sert le mythe mobilisateur de la « grève générale ». On peut être certain même que les plus hystériques viseront à du « spectaculaire » afin de se prétendre « révolutionnaire » aux yeux des masses.

Tout cela n’a rien à voir avec la Gauche historique. Tout cela ne fait que relever du panorama de l’effondrement de l’occident.

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Restructurations économiques

La réforme des retraites 2023 ou le dilemme du petit-bourgeois français

Lutter contre la réforme alors que le monde plonge dans la guerre mondiale?

Les Français ont des espérances petites-bourgeoises ; ils n’ont aucune autre ambition à part celle de profiter d’une vie individuelle, à l’écart de soucis, en passant le temps de manière plutôt agréable. Ce sont des beaufs façonnés par le terrorisme de la société de consommation.

Ce point de vue est juste car il se place d’un point de vue historique, international. La preuve flagrante, c’est que la France est dans l’Otan et appuie à fond le régime ukrainien, sans que cela ne dérange personne dans le pays.

Naturellement, si l’on voit les choses depuis l’intérieur de l’Occident, on s’imagine qu’au contraire les Français sont pauvres et combatifs, et que la France n’est pas vraiment en guerre, voire pas du tout.

C’est là où la question de la réforme des retraites qui se joue au début de l’année 2023 a son importance. Sur le fond, c’est une restructuration économique. Il s’agit de rogner des acquis, parce que les bilans comptables ne sont vraiment pas bons.

Par conséquent, il s’agit de faire passer l’âge de la retraite à 64 ans au lieu de 62, de faire sauter les régimes spéciaux, de jouer sur la pénibilité pour faire vaciller les acquis en place.

Ça, c’est le côté capitaliste de la question.

Sur la forme, c’est une question qui se place sur le terrain du compromis entre travail et capital. Les syndicats font office d’intermédiaire afin de négocier la réforme, l’objectif étant de maintenir le compromis général, pour que les choses ne tanguent pas.

Ça, c’est le côté réformiste – syndical de la question.

Maintenant, y a-t-il un autre aspect? La réponse est non. Cela tient à la nature de la société française. Divisons la en trois catégories.

Il y a les vieux, qui ont 50, 60, 70 ans ou plus. Avec eux c’est très simple, ils n’en ont rien à faire de rien. Après moi le déluge et ils sont bien contents de ne pas avoir à vivre ce qui va les suivre. Ils ne s’en cachent pas du tout. Ceux-là on peut les oublier.

Il y a les adultes, qui ont 30, 40 ans. Avec eux, c’est très compliqué: ils sont dans le feu de l’action du travail, mais ont bazardé tous leurs rêves adolescents et se tournent vers une nostalgie régressive d’autant plus qu’ils ne comprennent rien à ce qui se passe. Ils rêvaient de profiter d’un capitalisme à visage humain. La retraite les angoisse, mais dans un sens petit-bourgeois, car leur rêve c’est d’être propriétaire ou de préserver leur propriété.

Il y a les jeunes, adolescents ou qui ont la vingtaine. Ils sont blasés et ne font confiance en rien, ne croient en rien, ne savent rien. Ils sont une page blanche produite par l’Histoire. Et on voudrait faire de la question des retraites des lignes d’or sur ces pages blanches?

Car c’est bien le but de la gauche de la gauche qui fantasme d’une grève générale en France, qui si elle arriverait serait une caricature bouffonne de mai 1968.

Hors de question de participer à une telle fumisterie. L’actualité c’est la troisième guerre mondiale. Soit l’Occident tombe et la révolution devient possible, soit il gagne et le capitalisme surmonte sa crise devenue générale pour toute une nouvelle période.

Dans le premier cas, la question des retraites n’a aucun sens alors que le pays deviendra instable, jusqu’à devenir à feu et à sang. Dans le second, elle n’a aucun sens, car elle serait juste un accompagnement du capitalisme occidental se relançant pour toute une période.

L’actualité, c’est la chute de l’Occident, c’est cela qui compte. La réforme des retraites n’a aucune réalité à part celle de l’espoir capitaliste de parvenir à une petite restructuration ou d’un songe petit-bourgeois d’un vie individuelle beauf et consommatrice.

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Guerre

Ukraine en mode pro OTAN: l’appel CGT – FSU – LFI – NPA – EELV

On est dans une convergence très claire.

Lors de la Conférence bilatérale pour la résilience et la reconstruction de l’Ukraine à Paris le 13 décembre 2022, le président Emmanuel Macron a parlé du « plan de paix en dix points » du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qu’il a présenté comme « une excellente base sur laquelle nous allons bâtir ensemble ».

Ces dix points sont principalement : « La Russie doit retirer toutes ses troupes et formations armées du territoire de l’Ukraine », « La Russie doit réaffirmer l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans le cadre des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale des Nations unies et des documents internationaux contraignants applicables », « l’établissement du Tribunal spécial concernant le crime d’agression de la Russie contre l’Ukraine et la création d’un mécanisme international pour compenser tous les dommages causés par cette guerre ».

Il y aussi : « Des restrictions de prix sur les ressources énergétiques russes devraient être introduites », « des milliers de nos concitoyens — militaires et civils — sont en captivité chez les Russes [et doivent être libérés] », « La Russie doit immédiatement retirer tous ses combattants du territoire de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia ».

Ainsi que : « l’Ukraine peut exporter 45 millions de tonnes de nourriture cette année »,  » 200 000 hectares de nos terres sont contaminés par des mines et des obus non explosés [et il faut s’en occuper] », « la Russie a pu déclencher cette guerre précisément parce que l’Ukraine est restée dans la zone grise — entre le monde euro-atlantique et l’impérialisme russe [et l’Ukraine doit être dans le camp occidental] », « un document confirmant la fin de la guerre devra être signé par les partie ».

Ce qu’on lit là, et qu’Emmanuel Macron salue, est repris mot à mot par tout une partie de la « Gauche » française ! C’est tout à fait révélateur de la nature sociale-chauvine de ces gens ne font que défendre leur propre capitalisme, leur propre impérialisme, en mendiant simplement une dimension « sociale ».

Une paix juste et durable pour l’Ukraine

Une crise humanitaire sans précédent menace la population d’Ukraine cet hiver. La situation de conflit qui prévalait dans l’est de l’Ukraine depuis 2014 est devenue une guerre totale, « de haute intensité » depuis l’invasion du territoire ukrainien par les troupes de Poutine, le 24 février 2022.

Cette « opération spéciale » avait comme but explicite de renverser le gouvernement ukrainien et de détruire la République d’Ukraine comme entité indépendante. L’échec de ce premier objectif a conduit le gouvernement de la Fédération de Russie à en modifier les objectifs et à prolonger une brutale guerre de conquête avec la proclamation de l’annexion d’une grande partie du territoire ukrainien.

Les victimes se comptent en dizaines de milliers, les personnes déplacées en millions, les dommages en dizaines de milliards d’euros. Les forces d’invasion commettent des crimes de guerre, et, par leur caractère systématique, des crimes contre l’humanité – comme la destruction des infrastructures vitales, les déplacements forcés et la déportation de populations – y compris des enfants. Sans oublier les viols massifs.

En Russie, des gens sont enrôlés de gré ou de force pour faire une guerre, à laquelle, de diverses manières, ils sont des centaines de milliers à vouloir à raison se soustraire ou à courageusement s’opposer frontalement.

Toute guerre se termine un jour, toute négociation qui permettrait d’y mettre un terme sera bienvenue. Mais une paix juste et durable ne s’établira pas sans conditions, elle ne peut être envisagée que sur la base du respect de certains principes élémentaires :

• Le retrait de toutes les troupes d’invasion de tout le territoire de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues ;

• Le retour, dans des conditions de sûreté garantie, de tous·tes les réfugié·es et des personnes déplacées ;

• Le respect du droit international, tant en ce qui concerne le droit de la guerre (libération des prisonnier·ères de guerre) que le droit humanitaire et les principes de la charte des Nations unies et des autres documents internationaux (dont la Convention européenne des droits humains et les principes fondateurs de l’Organisation de la sécurité et de la coopération en Europe).

D’autres questions, telles que celles des réparations des dommages de guerre, des poursuites pénales éventuelles devant les juridictions nationales et internationales compétentes, ainsi que les garanties de sûreté, de liberté d’expression des populations et d’exercice de leurs droits individuels et collectifs, pourront être précisées une fois les principes ci-dessus affirmés et aussi vite que possible mis en pratique.

L’appui à ces objectifs des opinions dans le monde entier sera un élément essentiel pour une paix juste et durable pour les peuples d’Ukraine et de Russie.

Liste des premiers signataires :

Simon DUTEIL, co-porte-parole de l’Union syndicale Solidaires
Murielle GUILBERT, co-porte-parole de l’Union syndicale Solidaires
Philippe MARTINEZ, secrétaire général de la CGT
Benoît TESTE, secrétaire général de la FSU

François ALFONSI, eurodéputé Verts/ALE
Rodrigo ARENAS, député LFI de Paris
Clémentine AUTAIN, députée LFI de Seine-Saint-Denis
Esther BENBASSA, sénatrice écologiste de Paris
Laurence BOFFET, vice-présidente Ensemble Lyon Métropole
Leïla CHAIBI, eurodéputée LFI
Paul-André COLOMBANI, député LIOT de Haute-Corse
Hendrik DAVI, député LFI des Bouches-du-Rhône
Alma DUFOUR, députée LFI de Seine-Maritime
Benjamin JOYEUX, conseiller régional EELV Auvergne-Rhône-Alpes
Hubert JULIEN-LAFFÉRIÈRE, député EELV du Rhône
Andy KERBRAT, député LFI de Loire-Atlantique
Marianne MAXIMI, députée LFI du Puy-de-Dôme
Paul MOLAC, député LIOT du Morbihan
Sandrine ROUSSEAU, député EELV de Paris
Michel SALA, député LFI du Gard

Branislava KATIC, secrétaire générale de l’Union des artistes ukrainiens
Jean-Pierre PASTERNAK, Union des Ukrainiens de France

Olivier BESANCENOT, ancien candidat à l’élection présidentielle
Eva JOLY, ancienne candidate à l’élection présidentielle
Noël MAMÈRE, ancien candidat à l’élection présidentielle
Philippe POUTOU, ancien candidat à l’élection présidentielle

Vincent DREZET, porte-parole d’Attac France
Merlin GAUTHIER, co-animateur de PEPS
Myriam MARTIN, porte-parole de la Gauche écosocialiste
Margot MEDKOUR, porte-parole de Nantes en Commun
Jean-François PELLISSIER, porte-parole d’Ensemble !
Christine POUPIN, porte-parole du NPA

Étienne BALIBAR, philosophe
Sergio CORONADO, ancien député EELV
Gilles LEMAIRE, ancien secrétaire EELV
Twefik ALLAL, militant associatif algérien
Albert HERSZKOWICZ, médecin, Mémorial 98
Jacques SIMON, fondateur de Kinoglaz (cinéma soviétique et russe)
Philippe CORCUFF, politologue
Philippe MARLIÈRE, politologue
Catherine SAMARY, économiste

Fred ALFI, musicien
Daman, musicien
Dubamix, musicien
Footprint System, musiciens
Jacques KIRSNER, scénariste, producteur
Dominique LABOURIER, comédienne

Jean MALIFAUD, mathématicien
Marnix DRESSEN-VAGNE, sociologue
Alexis CUKIER, philosophe
Didier EPSZTAJN, auteur
Pierre COURS-SALIES, sociologue
Pierre KHALFA, économiste
François GÈZE, éditeur
Pierre SALAMA, économiste
Ben CRAMER, rédacteur
Francis SITEL, éditeur
Jean-Paul BRUCKERT, historien
Gustave MASSIAH, économiste
Jean DHOMBRES, historien des sciences
Stefan BEKIER, interprète de conférence
Bernard DREANO, militant de la solidarité internationale
Bernard RANDE, mathématicien
Gilles GODEFROY, directeur de recherche émérite
Violaine AUBERT, CPGE lycée Henri-IV
Nara CLADERA, professeure des écoles, SUD Éducation
Fabienne MESSICA, sociologue
Georges MENAHEM, sociologue, économiste
Gilles MANCERON, historien
Vincent PRESUMEY, professeur
Claire BORNAIS, syndicaliste enseignante , FSU
Idriss MAZARI, mathématicien
Anne MARCHAND, sociologue
Benjamin SCHRAEN, mathématicien
Michelle GUERCI, journaliste, militante féministe antiraciste
Patrick SILBERSTEIN, médecin, éditeur
Bruno SLAMA, chef d’entreprise
Julien TROCCAZ, SUD-Rail
Christian GOURDET, ouvrier du Livre retraité
Christian MAHIEUX, cheminot retraité, éditeur
Pierre ROUSSET, Europe solidaire sans frontières
Monique DENTAL, réseau féministe Ruptures
Abraham BEHAR, président de l’Association des médecins français pour la prévention de la guerre nucléaire
Daniel GUERRIER, éditeur
Jan MALEWSKI, éditeur
Bernard PINAUD, ancien délégué CCFD-Terre solidaire
Patrick FARBIAZ, militant écologiste
Pierre BERNARD, mathématicien
Huayra LLANQUE, militante associative ATTAC
Patrick LE TREHONDAT, auteur, éditeur
Mariana SANCHEZ, journaliste, éditrice
Robi MORDER, juriste, chercheur associé
Antoine RABADAN, militant anticapitaliste et internationaliste
Christian VARIN, militant anticapitaliste et internationaliste
Henri MERME, militant autogestionnaire et internationaliste
Roland MÉRIEUX, militant autogestionnaire et internationaliste
Jean-François FONTANA, enseignant retraité, syndicaliste
Michel LANSON, militant internationaliste
Olivier AUBERT, consultant en prospective,
Béatrice WHITAKER, militante internationaliste
Jean-Paul ALLOUCHE, directeur de recherche émérite
Michel BROUE, mathématicien
Faouzia CHARFI, physicienne, ancienne secrétaire d’État (Tunisie, 2011)
Kevin VACHER , Nos Vies Nos Voies , Mouvement citoyen marseillais

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Société

Lamentable manifestation syndicale le 18 octobre 2022

Mais que c’est mauvais !

Et une de plus ! Encore une de ces manifestations syndicales ne servant à rien historiquement, à part à être utile au fantasme de la « grève générale » et aux intérêts corporatistes de tel ou tel secteur auparavant protégé par le capitalisme florissant dans les périodes 1950-1980 et 1990-2020.

Encore qu’il faille plutôt parler de scandale, tellement le niveau moral et intellectuel d’une telle démarche est criminelle. Le monde brûle littéralement, mais il faudrait mendier quelques euros de plus. Si on parlait d’un vrai réformisme, exigeant beaucoup, au moins cela aurait cette dignité. Mais là quelle petitesse, quelle étroitesse d’esprit, quel affront à notre époque !

Et qu’il y ait eu 100 000 ou 300 000 manifestants, selon la police et les syndicats, ne change rien à l’affaire. Il pourrait y avoir dix millions de personnes dans les rues qu’avec un tel niveau, on n’avancerait pas d’un millimètre historiquement.

Il suffit d’ailleurs de lire le communiqué de presse triomphaliste de la CGT, qui n’aborde naturellement pas la question de la guerre. On y trouve toutes les tournures d’un esprit étriqué, anti-historique, de petit-bourgeois lié au monde du travail ayant sa petite propriété à défendre.

Cela ne va pas non plus sans une ignoble démagogie, pour faire croire qu’il s’agit de lutte de classe, de combat contre le capital. Alors qu’il suffit de voir partout que la bourgeoisie n’est jamais dénoncée comme classe, ce qui veut tout dire !

Ce n’est même pas un réformisme prétendant mettre de côté la bourgeoisie, c’est du misérabilisme petit-bourgeois à base populaire.

Au-delà de toute considération idéologique et politique, disons simplement : comment peut-on autant manquer d’ambition? Comment la société française peut-elle être aussi minable alors que l’époque pose des enjeux immenses? Quel décalage… Vivement que tout cela s’effondre. Et malheureusement, comme cela ne sera pas positivement en raison de la fainéantise ouvrière, cela sera négativement par la 3e guerre mondiale… Alors il faudra bien se réveiller, pour l’alternative socialisme ou barbarie !

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Politique

Fiasco de la grève nationale du 29 septembre 2022

Le misérabilisme ne paie pas.

Prise avec Lumia Selfie

La société française ne sort pas de sa léthargie, et il ne faudra évidemment pas compter sur la CGT pour faire bouger les choses. Ce vendredi 29 septembre 2022, une énième « mobilisation interprofessionnelle pour les salaires  » était ainsi organisée dans le pays, avec un résultat pathétique.

On ne trouvera d’ailleurs aucun décompte sérieux et concret des français grévistes du jour, car on est dans la mise en scène, avec la CGT qui revendique même 250 000 manifestant défilant à 200 endroits en France (le ministère de l’intérieur dit pour sa part 120 000 personnes), ce qui est dans tous les cas extrêmement faible alors que c’est la misère qui est censée se propager à grande vitesse, que le pays est censé être à genoux avec l’inflation, etc.

En réalité, c’est un défilé réactionnaire de plus qui a eu lieu, une marche corporatiste, avec notamment les enseignants, quelques emplois du secteur public tels les personnels de restauration des cantines, les machinistes RATP, qui connaissent traditionnellement une proportion de gens sensibles à l’agitation syndicale.

Ce fut une marche comme il y en a eu un nombre incalculable, avec aucune dimension, ni sur le plan historique, ni sur le plan culturel, ni sur aucun plan d’ailleurs. C’était une grève et ce n’était pas une grève, en fait ce n’était rien.

Pratiquement personne en France ne savait d’ailleurs qu’il devait y avoir une grève ce jour et, pire encore, le soir même, la plupart des français l’ignoraient encore, à moins d’être passé pile à l’heure d’une manifestation dans un centre-ville, d’avoir eu la cantine de ses enfants fermée, ou bien, à Paris, d’avoir vu son bus annulé.

Cela n’empêche pas la CGT d’avoir un discours triomphaliste qui est son fond de commerce :

« Au vu des luttes engagées dans de nombreux secteurs professionnels, depuis des mois, autour de la question des salaires, tout portait à penser que la mobilisation par la grève allait s’amplifier et se généraliser ce jeudi.

Cela s’est vérifié avec des taux forts de grève : dans l’agro-alimentaire, la fédération a recensé près de 400 appels à la grève pour aujourd’hui. Le taux de gréviste allant de 30 à 100% des salariés dans les entreprises de ce secteur, ce représente au bas mot, 50 000 grévistes. »

La CGT propose en ce sens « de poursuivre et renforcer ces mobilisations, sans attendre et dans l’unité la plus large ». C’est la démagogie traditionnelle. En vérité, la CGT est complètement dépassée, coupée de la réalité concrète et quotidienne du pays, totalement hors-sol.

Il n’y a qu’à voir son affiche pour la mobilisation du jour, qui utilise l’écriture « inclusive » décadente des universitaires post-modernes, et qui fait tomber du chapeau la revendication loufoque d’une semaine de travail à 32 heures, d’un SMIC à 2000 euros. Comme si c’était possible de par le rapport de force actuel!

Tout cela ne mène à rien, et ne mènera jamais à rien. C’est un simulacre de lutte des classes, et même un simulacre de lutte tout court. C’est du vide et comme le vide n’existe pas, cela implique que cela joue un rôle néfaste. Cela épuise, cela trompe, cela invalide les luttes.

Bien sûr, il y a la grève dans les raffineries françaises depuis le début de semaine, avec la plupart des capacités de productions bloquées. C’est bien, ou plutôt c’est la moindre des choses dans un des rares secteurs ouvriers ou la capacité d’organisation est encore là. Pour autant, cela ne sort pas du cadre et est tout à fait sous contrôle de la bourgeoisie, il ne faut pas se faire d’illusions là dessus.

Le manque d’envergure, le manque d’ambition, la soumission complète au capitalisme, l’absence totale d’utopie, le refus des valeurs historiques du mouvement ouvrier… tout cela saute aux yeux. Concrètement, il ne se passe rien en France. Il n’y a pas de lutte des classes. Tout est à construire, à re-construire, minutieusement, avec de grandes ambitions, celles de la Gauche historique, celles du Socialisme.

Il faut œuvrer à former cette base – qui seule pourra être à la hauteur de l’Histoire lorsque les choses vont mal, très mal tourner!

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Société

La CGT Santé et action sociale soutient les antivaccins

Une position suicidaire.

La fédération Santé et action sociale de la CGT refuse l’obligation vaccinale, comme elle l’a expliqué dans une publication appelant à manifester le mardi 14 septembre 2021.

En effet, à partir de mercredi 15 septembre, les personnels de santé doivent être vaccinés, ou alors ils sont suspendus. C’est tout à fait normal et d’ailleurs la grande majorité des personnels de santé sont déjà vaccinés ou ont reçu leur première dose. La plupart des personnes travaillant auprès de personnes malades ou âgées ne se sont pas poséq de question : dès qu’elles ont eu accès à la vaccination, elles ont assumé leur responsabilité en se vaccinant pour protéger.

Seulement voilà, nous sommes en France, l’un des bastion du libéralisme et de l’esprit petit-bourgeois, alors ils y a toujours des gens pour pleurnicher en refusant de se plier à l’ordre collectif. En l’occurrence, il y a des centaines de personnels de santé en France qui refusent encore la vaccination, et qui vont se résoudre à être suspendu de leur fonction (et de leur rémunération).

Normalement, la CGT devrait broyer de tels gens. Elle devrait les dénoncer comme d’odieux individualistes de droite. Elle devrait porter fièrement l’engagement des personnels de santé qui se sont fait vacciner depuis le début, au nom de l’exigence collective.

Mais là CGT n’a plus aucun repère social. Elle n’est qu’un organisme à la dérive, riche car richement financé institutionnellement, riche également de par son passé, mais très pauvre de part ce qu’elle représente socialement. Alors il est raconté n’importe quoi, pour faire du bruit, en espérant peser. Plutôt que du bruit, il est en fait surtout brassé du vent, car personne en France n’en a grand-chose à faire de ces personnels de santé non-vaccinés, ni des quelques centaines de cégétistes ayant manifesté en France mardi 14 septembre 2021 contre l’obligation vaccinale.

Quelle misère intellectuelle, morale, culturelle !

Il ne faut pas sous-estimer cependant les dégâts que font culturellement de telles manifestations. Car en faisant cela, la CGT Santé et action sociale abîme profondément l’héritage sociale de la lutte des classes, confortant la population dans l’idée qu’il n’y a rien à attendre de la lutte des classes.

En se rangeant du côté d’une minorité d’anti-sociaux, la CGT se coupe ouvertement de la majorité de la population et surtout de l’intérêt collectif. Elle ne propose plus qu’une caricature de syndicalisme, avec des arguments grotesques ne pouvant convaincre personne.

La CGT (y compris la centrale fédérale) voudrait faire croire qu’elle n’est pas contre la vaccination, mais seulement contre l’obligation. Cela n’a aucun sens. Si on considère que la vaccination est une bonne chose, alors il n’y a aucun problème à obliger les personnels soignant à être vaccinés. Sinon, c’est donner de la valeur aux pérégrinations de quelques anti-vaccins hystériques, pour qui d’ailleurs le vaccins n’est en général qu’un prétexte.

La plupart de ces gens refusent le vaccin non pas en tant qu’acte médical auquel ils ne croient pas – même s’il y en a bien sûr -, mais en tant que norme sociale imposée par la collectivité. La CGT Santé et action sociale elle-même adopte la même posture à la fois sinistre et mensongère, comme lorsqu’elle dit:

« Il s’agit de la mise en place d’une obligation vaccinale et de sanctions possibles qui concernent aujourd’hui des millions de salarié.e.s, et cela, dans différents secteurs d’activités. »

Cela est faux, pour la simple et bonne raison que la plupart des travailleurs sont déjà vaccinés ou envisagent de le faire, et ne sont donc par définition pas concernés par une éventuelle « obligation ». Il est complètement mensonger de parler ici de « millions » de personnes se faisant potentiellement « discriminer » ou pénaliser par l’obligation vaccinale. Il faut vraiment être hors sol pour raconter de telles absurdités.

Mais la CGT est hors sol, à tous les niveaux, comme d’ailleurs le syndicalisme en général dès qu’il se pose une question politique, culturelle, sociale… Et, d’ailleurs, toute question politique, culturelle, sociale. Les syndicats doivent savoir se subordonner à la politique, à la Gauche historique!

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Politique

Suspension de la réforme de l’assurance chômage

Le Conseil d’État n’a pas jugé sur le fond le réforme de l’assurance chômage, mais il l’a suspendu en attendant (elle était prévue pour le 1er juillet 2021). Voici les communiqués de la CGT, de la CFDT et de la CGT-FO qui s’en félicite, tout en rappelant que la mobilisation doit continuer à ce sujet :