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Décomposition de la CGT: fin de partie pour les populistes et syndicalistes

Ils paient le prix et n’ont pas fini de payer.

Ils paient le prix et n’ont pas fini de payer.

Le 53e congrès de la CGT a donc été d’une grande brutalité interne. Sophie Binet, la nouvelle secrétaire générale, a été obligé de le reconnaître. Elle a parlé d’un  « congrès difficile et compliqué », « violent parfois », de « plaies qui sont importantes ».

Et effectivement, à Clermont-Ferrand, les délégués CGT ont magouillé par derrière, se sont rentrés dedans de manière violente. Il y a eu de la rage, des pleurs. Parvenir dans un tel contexte à élire une secrétaire générale « consensuelle » est apparu comme un soulagement.

Mais il est une chose dont il faut parler, qu’il faut souligner. C’est le désespoir de tous les populistes et syndicalistes composant l’écrasante majorité de la Gauche en France. Lorsque le premier jour, la majorité a été désavouée, ils voyaient la victoire se profiler. Tout allait se radicaliser!

Et en fait, rien du tout, le week-end post-congrès est d’une terrible amertume. Rien n’a changé dans la CGT, rien n’a été obtenu. Ils espéraient profiter d’une CGT en mode agitation, afin de continuer leur propre cuisine. Le rêve s’est évanoui.

Les réactions des populistes et des syndicalistes expriment une déception aiguë, avec des solutions invraisemblables. Il faudrait se battre pour les orientations dans la CGT, ce qui ne veut rien dire tant qu’on ne dit pas de quoi on parle. Il faudrait faire sans la direction, ce qui est impossible. Il faudrait que les gens se prennent en main et fassent sans la CGT – comment être crédible en disant ça alors qu’il a été dit le contraire pendant des années et des années ?

Mais ce n’est pas tout. Car nous, nous détestons l’idéologie syndicaliste, nous avons toujours justement promu l’Assemblée générale et non l’intersyndicale, et nous voyons la CGT comme un appendice du capitalisme depuis 50 ans. C’est une position ultra-minoritaire à Gauche, mais elle est juste.

Eh bien, que voyons-nous, de par notre place extérieure aux faux espoirs ? Que la CGT utilise l’écriture inclusive. Qu’une femme a été mise secrétaire générale, parce qu’il a été considéré qu’il fallait bien être dans l’air du temps. Sauf que ce féminisme par en haut se heurte à une culture à la base totalement viriliste et empreinte d’une beauferie sans bornes.

La question écologiste est pareillement vue comme moderne par la direction, mais il existe une hégémonie des pro-nucléaires et une tradition effrénée des grillades de merguez.

La vérité, c’est que la direction de la CGT vise à se mettre au niveau de la CFDT au niveau de la « propreté » syndicale moderne, avec une ligne post-syndicaliste de partenariat modernisateur.

Et qu’à la base, la seule tradition vivace, c’est un syndicalisme révolutionnaire dépassé en 2023 parce qu’il l’était déjà il y a cent ans. L’action directe, la minorité agissante, le mythe mobilisateur de la grève générale… c’est de l’anarchisme du début du siècle dernier et c’est lamentable.

La conclusion d’un tel constat, c’est que le congrès de la CGT exprime sa décomposition. Les protagonistes se croient des acteurs, en réalité ils sont les victimes de l’Histoire. Ils ont perdu le fil et plus rien ne tient. Ils agissent dans l’effondrement, croient donc agir, mais survivent simplement, et pour pas longtemps.

C’est comme la mascarade du mouvement contre la réforme des retraites, où des gens pensent que manifester encore une fois à beaucoup c’est changer les choses, ou que jeter une poubelle sur des policiers est un acte insurrectionnel.

Eh bien, non. Tout ça n’est que de la fiction à la française, du théâtre social à la française. C’est tout ce que la Gauche historique a toujours dénoncé.

Et c’est ce qu’il faudra dénoncer, même si là c’est l’agonie. Car le chantage au « mouvement des masses » n’est qu’une arnaque de ceux qui s’inventent une vie. Quand on est sérieux, on a mieux à faire que de perdre son temps à la remorque, au service des populistes et des syndicalistes.

Au début du mouvement contre la réforme des retraites, nous avons eu affaire à beaucoup de scepticisme en raison de notre refus de tout ce cinéma. Aujourd’hui, notre position apparaît comme sérieuse. Demain, elle apparaîtra avoir été comme il fallait.

A bas les marchands de tapis et les vendeurs de rêves!