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L’Ukraine tente de mettre le feu à sa frontière polonaise

Une provocation criminelle.

Le régime ukrainien est en totale décomposition et il tente d’attirer avec lui le monde entier dans l’abîme. C’est ni plus ni moins le sens des accusations de Vladimir Zelenski et de son entourage envers la Russie, qui aurait selon eux volontairement bombardé la Pologne le 15 novembre 2022.

Cette accusation s’est propagée méthodiquement le 16 novembre, avec en soirée les médias occidentaux qui se sont déchaînés dans la foulée, accusant l’armée russe.

L’arrière-plan, c’est l’envoi par l’armée russe de cent missiles sur l’Ukraine le 15.

L’Ukraine a en fait tenté une provocation afin de chercher à se sortir de sa situation désespérée à terme. D’où l’accusation d’un missile russe tombé en Pologne, alors que factuellement il était facile de savoir qu’il était ukrainien.

L’objectif du régime ukrainien était l’escalade militaire. La Pologne étant dans l’Otan, une attaque russe signifierait le déclenchement de l’article 5 du traité de l’Alliance atlantique, donc l’intervention des alliés contre la Russie, et donc la 3e guerre mondiale.

Évidemment, tout cela n’a pas de sens, du moins pour l’instant ; la Russie n’a aucun intérêt à tirer sur un tracteur dans une ferme polonaise pour tuer deux personnes. Mais le ridicule n’effraie pas les dirigeants d’un régime aux abois, qui ont été livrés en pâture à la Russie par les Américains, et qui maintenant se rendent compte de l’immense pétrin dans lequel ils sont. L’Ukraine est terrassée par ce conflit qui tue des vagues entières de mobilisés sur le front et envoie des vagues encore plus grandes d’Ukrainiens se réfugier à l’étranger – y compris en Russie.

Sur le plan militaire, c’est une Bérézina pour l’Ukraine, malgré les propos ridicules que l’on peut entendre dans les médias français décrivant une armée russe connaissant revers sur revers, et une Russie au bord de l’effondrement… Alors qu’il est en même temps expliqué que l’armée russe risque d’envahir toute l’Europe de l’Est. La propagande est ininterrompue, afin de préparer les opinions publiques occidentales à accepter l’intervention de l’OTAN pour sauver le régime ukrainien.

Du côté de l’état-major américain par contre, là où se décide véritablement le sort de l’Ukraine, le discours est très clair. Le général Mark Milley a tenu une conférence de presse dans la journée du 16 novembre pour dire qu’il est peu probable que l’Ukraine déloge bientôt la Russie de l’ensemble des territoires occupés :

«La probabilité d’une victoire militaire ukrainienne, expulsant les Russes de tout l’Ukraine y compris (…) la Crimée, la probabilité que cela se passe de sitôt n’est pas très élevée militairement. »

L’Ukraine est également terrassée par la campagne massive de bombardements russes visant ses infrastructures électriques et stratégiques, au point que des millions de gens sont régulièrement coupés du réseau. Malgré la fourniture d’armes et de missiles occidentaux, l’armée ukrainienne n’a pour ainsi dire aucune défense anti-aérienne.

L’armée ukrainienne utilise des missiles sol-air avec les moyens du bord, ceux-ci atterrissent parfois sur des civils et c’est justement ce qui s’est passé à Przewodow en Pologne, comme l’ont confirmé tant les Américains que les Polonais. Bien sûr, c’est surtout l’Otan, directement concernée, qui devait réagir pour calmer le jeu, à moins d’assumer dès aujourd’hui la 3e guerre mondiale.

Jens Stoltenberg a donc mis fin à toutes les spéculations en déclarant le 16 novembre, après avoir lui-même mis de l’huile sur le feu en disant qu’il fallait attendre, que l’OTAN se réunissait, etc. :

« Notre analyse préliminaire suggère que l’incident a été probablement causé par un missile de système ukrainien de défense anti-aérienne tiré pour défendre le territoire ukrainien contre les missiles de croisière russes. »

Mais les dirigeants ukrainiens sont tellement furieux dans leur nationalisme fanatique qu’ils accusent encore la Russie pour faire monter la pression, quitte à déformer les faits comme ce fut le cas à Bucha et à la gare de kramatorsk, d’ailleurs.

Vladimir Zelenski expliquant dans une vidéo aux dirigeants du G20 à Bali que ce missile en Pologne ne serait « rien d’autre qu’un message de la Russie adressé au sommet du G20 » ayant eu lieu en même temps à Bali en Indonésie, alors que le ministre ukrainiens des Affaires étrangères qualifie de « théories du complot » toutes les affirmations contredisant son récit quant à un missile russe.

Malgré les explications américaines, et celles de l’Otan, récusant la thèse ukrainienne, le président ukrainien continuait d’ailleurs ses accusations hystériques dans la soirée du 16 novembre :

« Je n’ai aucun doute que ce missile n’était pas à nous. Je crois que c’était un missile russe conformément au rapport des militaires. »

Cet acharnement en dit long sur l’état de délabrement du régime ukrainien, au bord de la faillite.

On aura remarqué aussi le niveau hallucinant de bellicisme en France, où cette information a été dans un premier temps traitée en assumant totalement la possibilité de la thèse ukrainienne du missile russe, contre toute vraisemblance. Jusque tard dans la journée du 16 novembre, Emmanuel Macron était encore très timoré sur les faits, laissant planer le doute quant à la possibilité d’un tir de missile russe et donc d’un emballement vers la 3e guerre mondiale.

Il ne faut pas s’attendre à ce qu’il en soit toujours ainsi et que les choses ne s’emballent pas, bien au contraire. Cet épisode fait encore monter les choses en gamme !

Voici, pour documentation, la déclaration le 16 novembre 2022 du Canada, de la Commission européenne, du Conseil européen, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, du Japon, des Pays-Bas, de l’Espagne, du Royaume-Uni et des États-Unis, en marge du Sommet du G20 à Bali.

Aujourd’hui, les dirigeants du Canada, de la Commission européenne, du Conseil européen, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, du Japon, des Pays-Bas, de l’Espagne, du Royaume-Uni et des États-Unis se sont réunis en marge du Sommet du G20 à Bali et ont publié la déclaration suivante :

Nous condamnons les attaques de missiles barbares que la Russie a perpétrées mardi contre des villes et des infrastructures civiles ukrainiennes.  

Nous avons discuté de l’explosion qui a eu lieu dans la partie orientale de la Pologne, près de la frontière avec l’Ukraine. Nous offrons notre plein soutien et notre assistance à l’enquête en cours en Pologne. Nous avons convenu de rester en contact étroit afin de déterminer les prochaines étapes appropriées à mesure que l’enquête progresse. 

Nous réaffirmons notre soutien indéfectible à l’Ukraine et au peuple ukrainien face à l’agression russe, ainsi que notre volonté constante de tenir la Russie responsable de ses attaques contre les communautés ukrainiennes, alors même que le G20 se réunit pour faire face aux conséquences plus larges de la guerre. Nous exprimons nos condoléances aux familles des victimes en Pologne et en Ukraine. 

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Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise roulent pour la superpuissance américaine

Main dans la main avec Emmanuel Macron contre la Russie.

Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise sont des escrocs. Non seulement ils n’ont rien de gauche, car ils torpillent l’héritage de la Gauche historique, mais en plus ils ne sont même pas de vrais opposants au régime.

Ils ne sont que des nationalistes de pacotille qui au premier soubresaut du 21e siècle, à savoir la guerre en Ukraine déclenchant la guerre mondiale pour le repartage du monde, se sont précipités au service du régime français vassal de la superpuissance américaine.

C’est ainsi que Jean-Luc Mélenchon et plusieurs députés de la France insoumise ont accueilli à l’Assemblée trois opposants russes à Vladimir Poutine avec l’aval d’Emmanuel Macron. Jean-Luc Mélenchon remerciant Emmanuel Macron pour avoir aidé « d’un bout à l’autre » à faire venir ces opposants russes.

Et Mathilde Panot récitant à l’Assemblée nationale exactement le discours du régime français, vassal de la superpuissance américaine :

« C’est Poutine et son oligarchie, eux seuls, qui portent la responsabilité de la guerre en Ukraine ».

Elle explique ensuite qu’il faut :

« travailler pour isoler le pouvoir russe. Accueillir et soutenir ses opposants y participe ».

Faire tomber Poutine en Russie, c’est exactement le plan américain. C’est très facile à voir et à comprendre. La superpuissance américaine veut dépecer la Russie (depuis 2014) pour affaiblir la superpuissance chinoise, car la Russie est tendanciellement dans son camp. En effet, la guerre mondiale pour le repartage du monde est l’actualité principale de notre époque, et cela signifie l’affrontement entre les États-Unis et la Chine, son challenger pour l’hégémonie mondiale.

Quiconque prend position à notre époque s’inscrit forcément par rapport à cette actualité principale. Et en France, pays membre de l’Otan, aligné sur la superpuissance américaine, l’ennemi du peuple est obligatoirement principalement la superpuissance américaine. Aucune position intermédiaire n’est possible, à moins de mentir au peuple et de le désarmer politiquement.

Dire, en France en 2022, qu’il faut renverser Poutine, n’a aucun sens pratique, à moins de rouler pour la superpuissance américaine.

Non pas qu’il ne faille pas renverser le régime russe : mais ça, c’est le travail des Russes de gauche. Mais ce n’est pas à l’Assemblée nationale française que ça se joue, surtout quand cette Assemblée nationale est entre les mains d’un régime vassal de la superpuissance américaine ayant justement pour projet de renverser Poutine.

C’est aussi simple que cela. Les Français qui ne dénoncent pas principalement la superpuissance américaine et l’Otan ne peuvent pas prétendre être dans le camp démocratique luttant pour la paix. Alors, quand les « insoumis » prononcent exactement le discours nécessaire à la superpuissance américaine, ils sont non seulement disqualifiés pour le pacifisme, mais en plus ils sont la 5e colonne de la superpuissance américaine.

Parmi les opposants russes accueillis, il y a surtout Alexey Sakhnin, l’un des principaux dirigeants d’une grande alliance réformiste issue de la Gauche en Russie. Il a quitté cette coalition suite à l’invasion de l’Ukraine, et explique :

« Je ne regrette pas la position adoptée par le Front de gauche durant l’année tragique 2014 en Ukraine, position à laquelle j’ai largement contribué. Nous avons alors condamné les deux parties prenantes du conflit et avons appelé les peuples concernés par ce conflit à ne pas se dresser les uns contre les autres mais à se dresser contre ceux qui les ont poussés à commettre ce meurtre fratricide.

En tant que vrais communistes et socialistes nous avons reconnu le droit des peuples à l’autodétermination. Nous avons condamné la guerre monstrueuse du Donbass et les attaques de l’armée ukrainienne contre des villes pacifiques. Personnellement je vivais à cette époque-là en Suède et cette position m’a coûté cher. Mais aujourd’hui je considère que cette position était juste. Et aujourd’hui quand les agents de propagande du Kremlin, accusés d’avoir déclenché une guerre fratricide, répondent « pourquoi vous avez gardé le silence quand on tuait des enfants dans le Donbass », j’ai parfaitement le droit moral de répondre : « moi je n’ai pas gardé le silence ». 

Mais aujourd’hui c’est la clique de Poutine qui a déclenché une agression armée d’une ampleur sans précédent. Et c’est là le fait principal. On ne peut pas cacher ce fait en disant lâchement que ce sont les manœuvres des impérialistes américains (et de fait ces manœuvres existent) ; ou que ce sont les crimes de l’ultradroite ukrainienne (et ces crimes sont nombreux) ; ou justifier le sang des innocents de Kharkov, Odessa, Kiev par le sang versé à Donetsk et à Lougansk. »

Cela est absurde. Soit Alexey Sakhnin pense toujours qu’il faut condamner les deux parties prenantes du conflit et appeler les peuples concernés par ce conflit à ne pas se dresser les uns contre les autres, soit il prend position pour un camp contre l’autre. En venant à l’Assemblée nationale d’un pays partie prenante, la France qui est membre de l’Otan, avec l’aval du régime Français, pour dire exactement ce que veut entendre le régime français conformément au besoin de la superpuissance américaine, il prend de fait position pour un camp contre un autre.

Avec la France insoumise, il prend position pour la superpuissance américaine et participe à la guerre mondiale pour le repartage du monde, plutôt que de lutter contre celle-ci.

C’est exactement pareil quand Jean-Luc Mélenchon dit face à cette même Assemblée nationale :

« Plus que jamais, la France doit œuvrer à la paix et l’immense honneur que constitue le soutien à ses ardents défenseurs. »

Ce n’est là qu’une position de supplétif au régime français, pour lui donner un vernis démocratique. Car la vérité est que la France participe déjà à la guerre, en fournissant des armes, des renseignements, du matériel, des formations, et probablement des hommes.

Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise ne la dénoncent pas et prétendent même qu’elle pourrait jouer un rôle pour la paix. C’est de la manipulation, et cela signifie tout simplement qu’ils roulent totalement pour la superpuissance américaine et son organisation militaire internationale qu’est l’Otan.

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Guerre

Le 11 novembre 2022, rien de nouveau

C’était la première guerre mondiale.

La guerre est une horreur tout à fait concrète, épuisant les hommes au plus profond du corps et de l’esprit. Quand elle ne tue pas. C’est ce que raconte avec puissance le fameux roman À l’Ouest, rien de nouveau (Im Westen nichts Neues en allemand), publié par Erich Maria Remarque en 1929.

En voici les premières lignes, racontant la vie d’une poignée d’hommes au front. Ils sont les rares survivants d’une compagnie de 150 personnes et se retrouvent alors très content d’avoir une immense ration de nourriture et de tabac à se partager.

Il faut lire ce livre, ainsi que voir le film éponyme sorti l’année suivante en 1930, car la guerre mondiale est à nouveau d’actualité le 11 novembre 2022, l’Humanité n’ayant toujours pas compris la leçon.

« À L’OUEST RIEN DE NOUVEAU« 

1

Nous sommes à neuf kilomètres en arrière du front. On nous a relevés hier. Maintenant, nous avons le ventre plein de haricots blancs avec de la viande de bœuf et nous sommes rassasiés et contents. Même, chacun a pu encore remplir sa gamelle pour ce soir ; il y a en outre double portion de saucisse et de pain : c’est une affaire ! Pareille chose ne nous est pas arrivée depuis longtemps ; le cuistot, avec sa rouge tête de tomate, va jusqu’à nous offrir lui-même ses vivres. À chaque passant il fait signe avec sa cuiller et lui donne une bonne tapée de nourriture. Il est tout désespéré parce qu’il ne sait pas comment il pourra vider à fond son « canon à rata ». Tjaden et Müller ont déniché des cuvettes et ils s’en sont fait mettre jusqu’aux bords, comme réserve. Tjaden agit ainsi par boulimie, Müller par prévoyance. Où Tjaden fourre tout cela, c’est une énigme pour tout le monde : il est et reste plat comme un hareng maigre.

Mais le plus fameux, c’est qu’il y a eu aussi double ration de tabac. Pour chacun, dix cigares, vingt cigarettes et deux carottes à chiquer : c’est très raisonnable. J’ai troqué avec Katczinsky mon tabac à chiquer pour ses cigarettes, cela m’en fait quarante. Ça suffira bien pour une journée.

À vrai dire, toute cette distribution ne nous était pas destinée. Les Prussiens ne sont pas si généreux que ça. Nous la devons simplement à une erreur.

Il y a quinze jours, nous montâmes en première ligne pour relever les camarades. Notre secteur était assez calme, et par conséquent le fourrier avait reçu, pour le jour de notre retour, la quantité normale de vivres et il avait préparé tout ce qu’il fallait pour les cent cinquante hommes de la compagnie. Or, précisément, le dernier jour il y eut, chez nous, un marmitage exceptionnel ; l’artillerie lourde anglaise pilonnait sans arrêt notre position, de sorte que nous eûmes de fortes pertes et que nous ne revînmes que quatre-vingts.

Nous étions rentrés de nuit et nous avions fait aussitôt notre trou, pour pouvoir, enfin, une bonne fois, dormir convenablement ; car Katczinsky a raison, la guerre ne serait pas trop insupportable si seulement on pouvait dormir davantage. Le sommeil qu’on prend en première ligne ne compte pas et quinze jours chaque fois c’est long.

Il était déjà midi lorsque les premiers d’entre nous se glissèrent hors des baraquements. Une demi-heure plus tard chacun avait pris sa gamelle et nous nous groupâmes devant la « Marie-rata », à l’odeur grasse et nourrissante. En tête, naturellement, étaient les plus affamés : le petit Albert Kropp, qui, de nous tous, a les idées les plus claires, et c’est pour cela qu’il est déjà soldat de première classe ; Müller, numéro cinq, qui traîne encore avec lui des livres de classe et rêve d’un examen de repêchage (au milieu d’un bombardement il pioche des théorèmes de physique) ; Leer, qui porte toute sa barbe et qui a une grande prédilection pour les filles des bordels d’officiers ; il affirme sous serment qu’elles sont obligées, par ordre du commandement, de porter des chemises de soie et, pour les visiteurs à partir de capitaine, de prendre un bain préalable ; le quatrième, c’est moi, Paul Baümer. Tous quatre âgés de dix-neuf ans, tous quatre sortis de la même classe pour aller à la guerre.

Tout derrière nous, nos amis. Tjaden, maigre serrurier, du même âge que nous, le plus grand bouffeur de la compagnie. Il s’assied pour manger, mince comme une allumette et il se relève gros comme une punaise enceinte ; Haie Westhus, dix-neuf ans aussi, ouvrier tourbier, qui peut facilement prendre dans sa main un pain de munition et dire : « Devinez ce que je tiens là » ; Detering, paysan qui ne pense qu’à sa ferme et à sa femme ; et, enfin, Stanislas Katczinsky, la tête de notre groupe, dur, rusé, roublard, âgé de quarante ans, avec un visage terreux, des yeux bleus, des épaules tombantes et un flair merveilleux pour découvrir le danger, la bonne nourriture et de beaux endroits où s’embusquer.

Notre groupe formait la tête du serpent qui se déroulait devant le canon à rata. Nous nous impatientions, car le cuistot était encore là immobile et attendait ingénument.

Enfin, Katczinsky lui cria :

« Allons, ouvre ta cave à bouillon, Henri ; on voit pourtant que les fayots sont cuits ! »

L’autre secoua la tête d’un air endormi :

« Il faut d’abord que tout le monde soit là. »

Tjaden ricana :

« Nous sommes tous là. »

Le caporal cuisinier ne s’était encore aperçu de rien.

« Oui, vous ne demanderiez pas mieux. Où sont donc les autres ?

— Ce n’est pas toi qui les nourriras aujourd’hui ! Ambulance et fosse commune. »

Le cuistot fut comme assommé lorsqu’il apprit les faits. Il chancela.

« Et moi qui ai cuisiné pour cent cinquante hommes ! »

Kropp lui donna une bourrade :

« Eh bien, pour une fois, nous mangerons à notre faim. Allons, commence ! »

Mais, soudain, Tjaden eut une illumination. Sa figure pointue de souris prit un teint luisant : ses yeux se rapetissèrent de malice, ses joues tressaillirent et il s’approcha le plus qu’il put :

« Mais alors… mon vieux !… tu as reçu aussi du pain pour cent cinquante hommes, hein ? »

Le caporal, encore estomaqué et l’esprit ailleurs, fit un signe de tête affirmatif.

Tjaden le saisit par la veste.

« Et aussi de la saucisse ? »

La tête de tomate fit oui de nouveau.

Les mâchoires de Tjaden tremblaient.

« Et aussi du tabac ?

— Oui, de tout. »

Tjaden regarda autour de lui, d’un air radieux.

« Nom de Dieu ! c’est ce qu’on appelle avoir de la veine ! Alors tout va être pour nous ! Chacun va recevoir… Attendez donc… ma foi oui, exactement double ration. »

Mais voici que la tomate revint à la vie et déclara :

« Non, ça ne va pas. »

Alors, nous aussi, nous nous éveillâmes et nous poussâmes en avant.

« Pourquoi donc que ça ne va pas, vieille carotte ? demanda Katczinsky.

— Ce qui est pour cent cinquante hommes ne peut pas être pour quatre-vingts.

— C’est ce que nous te ferons voir, grogna Müller.

— Le fricot, si vous voulez ; mais, les rations, je ne puis vous en donner que pour quatre-vingts », persista la tomate.

Katczinsky se fâcha.

« Tu veux te faire ramener à l’arrière, n’est-ce pas ?… Tu as de la bectance, non pas pour quatre-vingts hommes, mais pour la deuxième compagnie, suffit ! Tu vas nous la donner. La deuxième compagnie, c’est nous. »

Nous serrâmes de près le gaillard. Personne ne pouvait le souffrir : plusieurs fois déjà il avait été cause que dans la tranchée nous avions reçu la nourriture avec beaucoup de retard et toute froide, parce que, quand il y avait un peu de bombardement, il n’osait pas s’avancer suffisamment avec ses marmites, de sorte que nos camarades, en allant chercher le manger, avaient à faire un chemin beaucoup plus long que ceux des autres compagnies. Bulcke, de la première, par exemple, était un bien plus chic type. Il avait beau être gras comme une marmotte, lorsque c’était nécessaire, il traînait lui-même les plats jusqu’à la première ligne.

Nous étions précisément de l’humeur qu’il fallait et, à coup sûr, il y aurait eu de la casse, si notre commandant de compagnie ne s’était pas trouvé à venir. Il demanda la raison de la dispute et se contenta de dire :

« Oui, nous avons eu hier de fortes pertes…» Puis il regarda dans la chaudière.

« Les haricots ont l’air bon. » La tomate fit signe que oui.

« Cuits avec de la graisse et de la viande. »

Le lieutenant nous regarda. Il savait ce que nous pensions. Il savait aussi beaucoup d’autres choses, car il avait grandi parmi nous, et il n’était que caporal quand il était venu à la compagnie. Il souleva encore une fois le couvercle de la chaudière et renifla. En s’en allant il dit :

« Apportez-m’en aussi une pleine assiette. Et on distribuera toutes les rations : ça ne nous fera pas de mal. »

La tomate prit un air stupide, tandis que Tjaden dansait autour de lui.

« Ça ne te fait aucun tort, à toi. On dirait que les subsistances lui appartiennent ! Allons, commence, vieux fricoteur, et ne te trompe pas en comptant…

— Va te faire foutre ! » hurla la tomate.

Il était tout dérouté ; une pareille chose ne pouvait pas entrer dans son esprit ; il ne comprenait plus le monde où il se trouvait. Et, comme s’il eût voulu montrer que maintenant tout lui était égal, de son propre mouvement il distribua encore par tête une demi-livre de miel artificiel.

Aujourd’hui, c’est vraiment une bonne journée. Même le courrier est là ; presque tout le monde a reçu des lettres et des journaux. Maintenant nous déambulons vers le pré derrière les baraquements. Kropp a sous son bras le couvercle d’un fût de margarine. »

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Politique

Éviction de Steeve Briois : la fin du « rêve » national-social

Le Rassemblement national met Hénin-Beaumont de côté.

Fraîchement élu président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a recomposé son bureau exécutif, l’organe décisionnel du parti. L’éviction de ce bureau exécutif de Steeve Briois, maire depuis 2014 d’Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais, est particulièrement marquante.

C’est en effet lui qui a ancré Marine Le Pen dans ce territoire populaire depuis le début des années 2010, au point de la faire élire députée du département. Le « nord », et particulièrement cette ville d’Hénin-Beaumont, a représenté pour le Front national devenu Rassemblement national tout un symbole, et même une stratégie à part entière.

Il s’est agi d’un tournant social entièrement assumé, en captant la base prolétaire et petite-bourgeoise d’un territoire « périphérique » avec un discours nationaliste à prétention sociale. Loin des grandes métropoles technocratiques et modernistes donc, loin de la Droite traditionnelle et de la Gauche bobo.

De fait, Marine Le Pen a siphonné des pans entiers de l’électorat de la Gauche, mais surtout elle a coupé l’herbe sous le pied de la Gauche historique avec cette orientation. Localement, c’est une véritable catastrophe tellement ce mouvement a été, et est encore, puissant.

Immédiatement après son éviction du bureau exécutif du Rassemblement national, Steeve Briois a réagi avec des mots très durs à l’encontre de son parti, l’accusant de se tourner unilatéralement vers la Droite :

« Je ne peux qu’y voir un rabougrissement, et j’espère que le Rassemblement national n’est pas en train de céder au grand compromis nationaliste, cette stratégie d’union des droites radicales, qui a échoué à la présidentielle, plutôt que de l’ensemble des patriotes de droite comme de gauche ».

De fait, il considère que son éviction marque « un début de purge contre ceux qui défendent la ligne sociale », au profit de courants « droitards » qu’il qualifie d’identitaires et intégristes. On comprendra qu’il s’agit là de la ligne portée par Eric Zemmour et Marion Maréchal.

Cette nouvelle orientation du Rassemblement national, si elle s’avère réelle, sera forcément une bonne chose pour la Gauche historique. Elle ouvrira à nouveau l’espace qu’elle a odieusement abandonné au nationalisme.

Le prix à payer en revanche sera très cher, car il y aura forcément une radicalisation très forte de la Droite, qui va chercher à avancer tel un rouleau compresseur dans le contexte de crise, pour non plus séduire les classes populaires, mais les annihiler puis les écraser.

Il y a là probablement une nouvelle phase politique qui se dessine en France, et il s’agit d’être à la hauteur. La fin du « rêve » national-social en mode Hénin-Beaumont est une occasion à ne pas rater, mais il va falloir travailler dur pour être à niveau.

Car la Gauche historique part de loin, de très loin, et il y a toute à reconstruire. Et ce n’est pas avec le populisme de La France insoumise et son racolage lamentable sur le racisme et l’immigration qu’on arrivera à quelque-chose.

Il va falloir une sévère remise en cause, à tous les niveaux, pour se mettre à la hauteur des exigences. Cela va être rude, très rude, et dans un contexte toujours plus explosif. Cela va être un grand déchirement intérieur !

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L’Ukraine au bord des ténèbres, l’OTAN cherche l’escalade

Le mois de novembre s’annonce terrifiant.

Il n’y a plus aucun doute sur les intentions de la Russie visant à terrasser l’ouest de l’Ukraine passée aux mains de l’OTAN. Elle a procédé à une nouvelle série de frappes militaires lundi 31 octobre 2022, oeuvrant à pratiquement liquider le réseau électrique. L’approvisionnement en électricité dans le pays est largement perturbé, les métros de Kiev et de Kharkov ont cessé de fonctionner, 80% des habitants de Kiev n’ont plus d’eau et 350 000 foyers de la ville sont sans électricité d’après les autorités municipales.

Ont été touchées à l’aide d’une cinquantaine de missiles de croisière de type X-101/X-555 lancés par des avions les centrales électriques 5 et 6 de Kiev, celles de Lviv et Krementchouk et les centrales hydroélectriques de Zaporojié et Novodnestrovskaïa. Des dizaines d’installations pour la plupart liées au système énergétique ont également été visées partout dans le pays.

Ces frappes ont été qualifiées de « catastrophiques » lors d’une réunion d’urgence du gouvernement ukrainien. Le réseau du pays, en tension maximale en raison des frappes depuis le 10 octobre, s’est pratiquement effondré lundi 31 octobre.

La carte des frappes du 31 octobre 2022

Si probablement plus de la moitié de la capacité de production d’électricité est encore en fonctionnement, notamment la capacité nucléaire, c’est en fait surtout le réseau qui a été détruit et particulièrement les transformateurs des réseaux de 330 kV. Les réseaux de 750 kV recevant l’électricité des centrales nucléaires ukrainienne sont alors inutiles sans les réducteurs vers les réseaux de 330 kV.

Non seulement l’Ukraine est pratiquement plongée dans le noir, mais en plus la restauration du système énergétique va être extrêmement longue et coûteuse. Le pays est à genoux. De son côté, la Russie manœuvre comme elle le souhaite, malgré les pseudo contre-offensives ukrainiennes, et elle fait la pluie et le beau temps sur la Mer Noire.

Suite d’ailleurs à une attaque repoussée contre des navires de la flotte de la mer Noire et des navires civils du port de Sébastopol durant le week-end, la Russie a annoncé suspendre unilatéralement sa participation à l’accord (sous l’égide de l’ONU) sur les exportations de céréales des ports ukrainiens. Un décision rude, car la Russie accuse désormais directement, et c’est une chose tout à fait nouvelle, le Royaume-Uni.

Il y a quelques jours déjà, les Britanniques ont été accusés d’avoir participé à la planification et à l’exécution des sabotages des gazoducs Nord Stream 1 et 2. Cette fois ils sont désignés comme coupables de l’attaque sur Sébastopol au moyen de la gestion de drones. La Russie affirme qu’elles sont menées par des spécialistes britanniques situés dans la base navale de Ochakov, dans l’oblast de Mykolaiv, entre Nikolaev et Odessa.

On comprend tout de suite que cette accusation est lourde de sens et implique à très court termes un basculement du conflit avec un engagement direct de l’OTAN. Il ne fait aucun doute que la guerre n’est plus entre la Russie et l’Ukraine, mais entre la Russie et l’OTAN, même si cela reste encore indirect et contenu.

Cela n’empêche pas que la Russie accuse déjà directement l’OTAN, affirmant que l’Ukraine est un terrain d’essai pour les armes de l’OTAN et une bataille contre la Russie « jusqu’au dernier Ukrainien ».

À l’Assemblée générale des Nations unies, le représentant russe Nebenzia a souligné que, pour l’OTAN, l’escalade du conflit est un tremplin vers un plan de longue date visant à vaincre ou à affaiblir la Russie, pour lequel l’Ukraine est depuis longtemps mise sous contrôle.

Le 31 octobre 2022 également, la Norvège, membre de l’OTAN, partageant une frontière avec la Russie, a relevé son niveau d’alerte militaire. Le premier ministre norvégien explique pourtant qu’il n’y a aucune menace directe contre le pays de la part de la Russie…. Il précise même :

« Je dois souligner qu’il ne s’est rien produit au cours du dernier jour ou des dernières journées qui fait que l’on monte d’un cran maintenant. C’est une évolution dans le temps qui fait que l’on passe à cela ».

C’est donc une escalade militaire tout à fait assumée, avec en arrière plan les États-Unis qui commandent directement la conduite à tenir pour la Norvège, comme pour tous les pays vassalisés à sa superpuissance.

La course à l’abîme continue… le désastre à venir montre toujours plus son hideux visage à la vue de tous, dans l’indifférence pourtant.

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Société

L’heure n’est plus aux doléances

L’approche « citoyenne » fait désormais face à un mur.

En France, il existe un secteur très important, qui brasse beaucoup d’énergie humaine et d’argent, appelé le « monde associatif ». C’est dans cet écosystème que s’expriment la majorité des opinions et des causes, que les gens participent aujourd’hui le plus à l’exercice politique. C’est potentiellement en cela un secteur démocratique important, qui au début du siècle dernier, était même très politisé, les structures étant d’une manière ou d’une autre liées à la SFIC, la SFIO ou à l’Église.

À partir des années 1970, avec la désagrégation progressive des différents blocs politiques, le secteur associatif a été intégré de plus en plus aux institutions, les structures se liant à l’État matériellement par le biais de subventions, ou politiquement en se concentrant sur l’envoi de doléances aux différents services, en publiant des sondages, en négociant lors de rendez-vous en ministère.

Pour les plus grosses structures, c’est aujourd’hui le format « ONG » qui est privilégié, c’est à dire salarier quelques personnes et orienter leur travail vers la « sensibilisation des élus », pour les convaincre d’obtenir quelques ajustements. Le régime a mis au point tout un panel d’outils pour nourrir cela, comme les consultations publiques, les Conventions Citoyennes ou encore les divers « Grenelles ». Localement, les petites structures sont poussées à se fédérer dans de larges interfaces  (comme par exemple France Nature Environnement) pour justement accéder aux institutions.

En parallèle de tout cela, des vagues associatives naissent et disparaissent, parfois sans laisser de trace : Extinction Rébellion, Youth for Climate, les Colleuses contre les Féminicides…

Participer à une association aujourd’hui est lié au sentiment soit de participer aux institutions de manière indirecte, soit de palier à ses manques. L’état d’esprit se dégageant de tout cela étant que l’histoire avancerait en ligne droite, plus ou moins vite bien sûr, mais toujours vers le progrès, et qu’il suffirait de peser dans le bon sens.

C’est en tous cas la séquence dans laquelle se trouve généralement le monde associatif français à l’heure où nous parlons. Sauf que voilà, toute période touche à sa fin un jour, et la crise générale du capitalisme vient aujourd’hui enterrer cette époque naïve. La guerre mondiale apparaît à l’horizon, la crise économique est déjà là et l’État n’a soudainement plus rien à faire de la société civile. La culture, l’art, l’éducation, l’environnement, les animaux, tout cela doit passer à la trappe devant les exigences des classes dominantes.

Et l’actualité nous donne des exemples frappants de ce changement de situation. C’est le cas notamment de l’initiative « Un Jour Un Chasseur ».

En décembre 2020, un habitant du Lot, Morgan Keane, est abattu devant chez lui par un chasseur. Dans la foulée, quelques unes de ses amies proches créent un collectif pour dénoncer le crime et permettre une prise de conscience générale du problème, en cherchant le contact avec d’autres familles de victimes et en publiant des témoignages (absolument glaçants) provenant de toute la France. De fait, l’outil principal d’ « Un Jour Un Chasseur » est la publication de ces témoignages, ce qui a en soi une grande valeur démocratique. Voici un des nombreux récits collectés :

« Un jour, des plombs sont passés au-dessus du landau de mon bébé.

Lors d’une balade sur un chemin de halage aménagé, nous étions en famille et avons entendu des coups de feu qui semblaient très proches. Deux minutes plus tard, trois coups de feu tirés de très près et l’écorce de l’arbre qui se trouvait à ma droite a éclaté. Les plombs sont passés à deux centimètres au-dessus du landau de mon bébé et à quelques mètres de mon fils de quatre ans qui courait devant nous. Nous avons vu les chasseurs dans un champ à 200 mètres de nous et nous avons hurlé. Ils nous ont fait des bras d’honneur et nous ont mis en joue. Nous avons rebroussé chemin… »

En octobre 2021, cherchant un débouché politique à leur démarche, le collectif se saisit d’une procédure mise en place par le Sénat : les « E-Pétitions ». Le site du Sénat décrit cela en ces termes : « Les pétitions ayant recueilli au moins 100 000 signatures dans un délai de 6 mois sont transmises à la Conférence des Présidents qui peut décider d’y donner suite ».

En deux mois, 122.000 signatures sont collectées, notamment grâce à la poussée de quelques influenceurs sur les réseaux sociaux, et la « Conférence des Présidents » daigne ouvrir une « Mission de Contrôle sur la sécurisation à la chasse ».

Pendant un an, les sénateurs de la mission organisent des sorties lors de battues avec les services de communication de la Fédération de Chasse, reçoivent tous les représentants des Fédérations de sport d’extérieur, les assurances, l’Office National des Forêts et même le philosophe réactionnaire Charles Stépanoff, grand défenseur de la chasse comme rapport au sauvage…

Le rapport de la Mission est enfin publié le 14 septembre 2022. Sans grande surprise, l’avant-propos présente une série de statistiques en faveur du statu quo (toutes les victimes non-chasseurs sont par exemple écartées !) et dénonce même une « instrumentalisation des victimes » de la part des associations.

Parmi les demandes de la pétition, trois sont retenues dans le rapport : l’interdiction formelle de chasser en état d’ébriété, l’instauration d’un examen médical annuel pour les chasseurs et la communication des dates de battues au public (on se demande comment tout ceci n’était pas déjà obligatoire). Le reste des propositions est une série de cadeaux aux chasseurs, allant dans le sens d’un « circulez, il n’y a rien à voir » :

– Création d’un délit d’entrave à la chasse, sanctionnant de prison quiconque « poursuit des chasseurs pour prendre des photos ou des vidéos »

– Accroissement du pouvoir de police de la chasse des agents de la Fédération des Chasseurs

– Participation des chasseurs aux syndicats mixtes des parcs naturels

– Participation des chasseurs aux Commissions Départementales des Espaces, Sites et Itinéraires

– Remplacement de certaines poursuites pénales en cas de comportement dangereux de chasseurs par des stages alternatifs de formation

– Déduction fiscale pour les lieutenants de louveterie

C’est un véritable mur auquel s’est heurté le collectif, qui qualifie ce rapport d' »indécent » et d' »insultant pour les victimes de la chasse ». Et avec raison !

Face à cette assemblée de notables élus au suffrage indirect, dont la chasse est une sorte de ciment, quel danger peuvent bien représenter quelques tweets d’Hugo Clément ou la signature de 0,18% de la population ? Si, il y a encore quelques années, ce genre d’institution pouvait se permettre de jouer le jeu et d’au moins traiter cette démarche avec respect, il est évident qu’aujourd’hui ces pétitions seront mises dans un tiroir, voire même utilisées pour torpiller les associations signataires qui remuent trop les choses, comme cela a été le cas ici.

Qui va croire que le rapport de cette mission n’a été qu’une anomalie, ou que le prochain serait en faveur des animaux ou de la société civile en général ? Le lancement de « E-Pétitions » similaires par l’ASPAS ou le Parti Animaliste pour interdire certains modes de chasse démontre néanmoins la difficulté à saisir ce changement d’époque. Ce mur qui s’est élevé, les personnes engagées doivent le voir, et rapidement, pour ne pas envoyer les gens dans une impasse.

Pire, tous les acteurs de la société civile doivent prendre conscience de la situation pour ne pas servir de caution aux institutions qui vont maintenant assumer pleinement le cynisme et la destruction. La société française est à un vrai tournant, et l’heure doit passer maintenant à la mobilisation populaire et à la politisation la plus large possible. Ça ne sera pas chose aisée vu la démobilisation générale des masses dans tous les secteurs collectifs. Mais c’est le seul moyen d’éviter la catastrophe climatique, économique et même nucléaire qui approche, pour le moment sans rencontrer grande résistance.

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Guerre

Bombe sale ukrainienne : la France recadrée par les États-Unis

Le régime français n’a plus aucune indépendance.

La France s’est-elle fait rappeler à l’ordre directement par le Secrétaire d’État américain ? Toujours est-il qu’après le communiqué relativement « neutre » du 23 octobre 2022 de la part du ministère français des Armées relatant l’inquiétude russe quand à une bombe sale ukrainienne (voir notre article), le ministère des Affaires étrangères s’est fendu à son tour d’un communiqué dès le lendemain.

Celui-ci a la particularité d’être commun avec les États-Unis et le Royaume-Uni de reprendre mot pour mot la narration américaine. Plus question cette-fois de concevoir l’inquiétude russe et d’en appeler à la résolution pacifique.

Le nouveau communiqué, conformément aux intérêts américains, est très agressif contre les Russes, les accusant unilatéralement de mensonge, de chercher un prétexte pour jouer eux-mêmes l’escalade. Le document est très bref et consiste notamment en ce passage :

« Nos pays ont clairement indiqué qu’ils rejettent les allégations, à l’évidence fausses, de la Russie selon lesquelles l’Ukraine se prépare à utiliser une bombe sale sur son propre territoire. Personne ne serait dupe d’une tentative d’utiliser cette allégation comme prétexte à une escalade. Nous rejetons plus généralement tout prétexte d’escalade de la part de la Russie. »

Il faut bien se rappeler ici que les États-Unis n’en ont strictement rien à faire de l’Ukraine et des Ukrainiens, mais que seule compte la possibilité d’affaiblir la Russie. La Russie est, en tous cas tendanciellement, alliée du grand rival qu’est la superpuissance chinoise, et cela fait des années que l’Ukraine est utilisée pour provoquer la Russie. Cela se fait d’autant plus facilement que la Russie elle-même est expansionniste et considère l’Ukraine comme un satellite en niant totalement l’existence de la nation ukrainienne.

Il n’en reste pas moins que les États-Unis arment et encadrent le régime ukrainien depuis 2014 et assument ses pires dérives, tant idéologiques que guerrières, surtout en ce qui concerne le Donbass. Alors du point de vue américain, lorsque la Russie évoque l’Ukraine, c’est donc comme si elle évoquait directement les États-Unis. Hors de question donc de laisser la Russie faire sa narration et critiquer d’une manière ou d’une autre l’Ukraine sur la scène internationale.

La France qui avait laissé un millimètre de porte ouverte aux inquiétudes russes, retourne donc bien sagement dans le rang américain. Le nouveau communiqué du ministère des Affaires étrangères rejette absolument toute perspective de pourparler de paix, alors qu’il était parlé la veille de résolution pacifique et de contact gardé entre les ministre des Armées de la France et le ministre de la Défense de la Russie.

Les États-Unis, ainsi que leur premier allié qu’est le Royaume-Uni, ne veulent certainement pas de la paix, bien au contraire. La France, faisant partie du commandement intégré de l’OTAN, s’est donc fait recadrer et est sommée de s’aligner totalement sur la superpuissance américaine en rejetant son communiqué de la veille.

C’est typique de notre époque et de la guerre pour le repartage du monde, avec des alliances qui vacillent, des tendances qui se forment, des contradictions qui s’exacerbent. La France, ancienne grande puissance, maintenant puissance secondaire, oscille entre ce qu’elle aimerait être (une puissance indépendante jouant sa propre partition) et ce qu’elle est vraiment (une puissance relative, inféodée à la superpuissance américaine).

Le communiqué du ministère des Affaires étrangères du 24 octobre 2022 montre bien que c’est cette dernière tendance qui l’emporte historiquement. La France n’a pas les moyens d’être une « troisième voix » sur la scène mondiale, et elle aurait trop à perdre à se ranger du côté des soit-disant « non alignés « , en fait du côté de la Chine. Alors la France se couche bien sagement face aux États-Unis et va donc continuer de mener la guerre à la Russie, quand bien même l’Ukraine jouerait de sa bombe sale.

Voici le communiqué en entier.

« Ukraine – Déclaration conjointe des ministres des Affaires étrangères de la France, du Royaume-Uni et des États-Unis (24 octobre 2022)

Nous, ministres des Affaires étrangères de la France, du Royaume-Uni et des États-Unis, réitérons notre soutien indéfectible à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine face à l’agression que mène la Russie. Nous restons déterminés à poursuivre notre soutien aux efforts de l’Ukraine pour défendre son territoire aussi longtemps qu’il le faudra.

Plus tôt ce jour, les ministres de la défense de nos trois pays se sont entretenus avec le ministre russe de la défense, Sergueï Choïgou, à sa demande. Nos pays ont clairement indiqué qu’ils rejettent les allégations, à l’évidence fausses, de la Russie selon lesquelles l’Ukraine se prépare à utiliser une bombe sale sur son propre territoire. Personne ne serait dupe d’une tentative d’utiliser cette allégation comme prétexte à une escalade. Nous rejetons plus généralement tout prétexte d’escalade de la part de la Russie.

Nous avons également évoqué notre détermination commune à continuer de soutenir l’Ukraine et le peuple ukrainien par une assistance en matière sécuritaire, économique et humanitaire face à la guerre d’agression brutale du président Poutine. »

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Guerre

Formations de militaires, livraisons d’armes : la France mène de plus en plus concrètement la guerre à la Russie

La France est co-belligérante.

L’armée française va former 2000 militaires ukrainiens, au sein de plusieurs unités des forces armées. Il est parlé de manière très vague d’une instruction généraliste du combattant, de formations spécialisées et de formations aux équipements français livrés à l’armée ukrainienne. Le plan de formation étant directement « validé » par Emmanuel Macron.

Cela signifie une implication accrue de la France dans le conflit entre l’Ukraine et la Russie, alors qu’elle a depuis le début engagé des moyens gigantesques contre la Russie. Selon les mots même du ministre Sébastien Lecornu, il est maintenant « changé d’échelle », alors qu’il y avait déjà eu des formations d’artillerie pour les canons les CAESAr.

Mais il est expliqué que la guerre va durer, et la France entend bien contribuer à ce qu’elle dure bel et bien, avec l’idée de « former une nouvelle génération de soldats, pour tenir dans la durée ».

Il faut au moins ça, pour servir docilement les intérêts américains voulant affaiblir durablement la Russie, et à plus long terme le camp de la Chine, dans le cadre de la grande bataille pour le repartage du monde. La France prend donc un risque énorme, en s’enfonçant elle-même dans la guerre, en participant de plein pied à la généralisation mondiale du conflit, et plus particulièrement en s’affrontant concrètement à la Russie.

Qu’il est ridicule alors d’entendre le ministre expliquer :

« Nous faisons cela en respectant les règles de droit, sans jamais être dans la cobelligérance car nous ne sommes pas en guerre. Nous aidons un pays qui est en guerre ».

Sébastien Lecornu peut bien tordre la réalité dans tous les sens, changer la signification des mots, cela ne change rien au fait que la France mène effectivement la guerre contre la Russie. En théorie, le ministre français s’appuie sur de la littérature juridico-universitaire, par exemple celle de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire qui explique :

« le fait de financer, équiper, par le biais de fourniture d’armements par exemple, renseigner ou entraîner d’autres forces armées que les siennes (…) n’est pas de nature à permettre de considérer qu’un État puisse recevoir la qualification de ‘partie à un conflit armé’ international, et donc de ‘cobelligérant’ au sens du droit des conflits armés ».

Mais la guerre, ce n’est pas de la littérature. Ce sont des canons et des fusils, avec des hommes s’en servant contre d’autres hommes, y compris des civils. Et en cela, la France est impliquée, et la Russie considère évidemment que la France est impliquée. Il y a alerte rouge à ce niveau, comme l’a d’ailleurs très bien dit le président français lui-même évoquant le risque d’une troisième guerre mondiale.

Ces gens ne sont donc pas seulement des fous furieux, ils sont aussi des criminels, car ils savent très bien ce qu’ils font, ils savent très bien à quoi ils s’engagent. A ce rythme, on se demande comment la guerre mondiale est évitable.

On ajoutera aussi que la France envisage pour bientôt une livraison de lance-roquettes unitaires [LRU], alors que l’Armée de Terre n’en possède que 13 (dont 8 opérationnels). Avec ce genre d’annonce, on n’est évidemment plus dans la simple aide et le soutien, mais bien dans l’implication militaire avec ses propres moyens mis au service d’un allié.

Le ministre des Armées a également confirmé la livraison de missiles sol-air français à courte portée Crotale, présentés comme « robustes » et « particulièrement utiles dans la lutte anti-drones et contre les bombardements aériens ». Mais là encore, la France ne possède pas des stocks immenses correspondant à ce système, et donc elle assume pleinement de livrer son propre matériel, en plus de former directement les militaire ukrainiens.

Le gouvernement français n’est plus seulement « va-t-en guerre », il est concrètement et activement dans la guerre à la Russie ! Il est en service commandé, via l’OTAN, pour défendre les intérêts de la superpuissance américaine, et cela va dégénérer. C’est la terrible réalité du mois d’octobre 2022, que nie pourtant la population française. Mais l’Histoire se chargera bientôt de le lui rappeler, et ce sera la douche froide… ou plutôt les balles froides et les missiles chauds bouillants.

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Guerre

Emmanuel Macron terrorisé par la 3e guerre mondiale

Il ne fallait pas jouer avec le feu.

Emmanuel Macron s’est montré très inquiet et paniqué à propos de la guerre en Ukraine lors d’un long entretien à la télévision, sur France 2, mercredi 12 octobre 2022. C’est quelque-chose de nouveau, qui montre que la guerre est à un tournant décisif et que les choses sérieuses commencent.

Pendant près de 8 mois, depuis le début de l’invasion du territoire ukrainien, la France s’est alignée de manière acharnée sur la superpuissance américaine contre la Russie, relayant systématiquement les pires propagandes, taisant les pires vérités. Cela dure d’ailleurs depuis 2014 et le coup d’État pro-américain à Kiev. Et cela n’a souffert d’aucune contestation politique, à part de deux secteurs particuliers, qui sont très isolés et minoritaires : la Gauche historique, dont nous nous revendiquons, et les franges nationalistes révolutionnaires françaises pro-Poutine.

Toujours est-il que le président ukrainien Zelensky s’est vu paré de toutes les vertus, et rien n’a été dit sur l’immonde régime nationaliste qu’il dirige. Inversement, la Russie a été présentée comme une puissance barbare dirigée par un fou furieux à liquider par tous les moyens. La France s’est engagée pleinement dans cette guerre, principalement en boycottant économiquement la Russie, en livrant du matériel militaire au régime ukrainien, et en relayant tout un tas de contre-vérités et de manipulations quant à la réalité de l’invasion russe.

Pendant huit mois, la France a donné une image de fermeté, jouant le jeu de l’Otan à fond, mais en vérité cela restait très virtuel. Personne dans le pays n’a considéré sérieusement le fait que la France soit en guerre contre la Russie, pas même le président Emmanuel Macron. L’Ukraine a été agité comme un totem, mais de manière très abstraite, superficielle.

Sauf que la guerre en Ukraine a pris une toute autre tournure depuis cette semaine, et maintenant c’est la panique.

Jusqu’à présent, l’invasion russe, aussi brutale et illégale soit-elle formellement, avait en pratique été menée avec beaucoup de doigté. Mais le régime russe a considéré que les choses ont été trop loin et qu’il est maintenant temps d’assumer la guerre totale. Ainsi que l’affrontement avec l’Otan. La France est sommée de choisir immédiatement son camp.

L’ambassadeur français en Russie a été convoqué publiquement pour cette raison la semaine dernière, et on comprendra facilement après avoir entendu Emmanuel Macron qu’il y a aussi eu en arrière plan une discussion diplomatique informelle entre les deux pays.

C’est logique. Si la France forme des militaires ukrainiens et livre des canons d’artillerie de longue portée, l’Ukraine en demandant encore et encore comme en témoigne l’ignoble vidéo officielle à ce sujet du 12 octobre 2022, et que ceux-ci servent contre la Russie (qui considère maintenant l’Est de l’Ukraine comme relevant de son territoire), de surcroît contre des civils (qui sont maintenant citoyen russes), alors forcément la France devient co-belligérante.

La conséquence de cela est dévastatrice évidemment, puisque cela signifie ni plus ni moins qu’un emballement vers la 3e guerre mondiale. Et c’est ce que semble découvrir le président Emmanuel Macron qui s’est justifié pendant de longues minutes à la télévision pour dire que la France n’est surtout pas en guerre contre la Russie, qu’elle ne veut pas d’escalade… et même qu’il va falloir discuter de paix !

C’est tout à fait ridicule, car la France, comme tous les membres de l’Otan, a largement contribué à ce que le conflit dégénère, comme nous l’avons systématiquement documenté et expliqué ici depuis le début du conflit.

D’ailleurs, la France était censée depuis 2014 faire respecter les accords de Minsk, puis de Minsk 2, devant pacifier et encadrer le conflit entre les populations du Donbass et le régime nationaliste ukrainien. Sauf que rien n’a été fait, bien au contraire. Ces accords ont été piétinés et c’est justement le prétexte à l’intervention russe.

De quelle paix parle donc alors Emmanuel Macron lorsqu’il explique maintenant qu’il va bien falloir se mettre autour de la table entre russes et ukrainiens pour négocier ? C’est absurde, car c’est trop tard, bien trop tard.

Emmanuel Macron ne peut pas à la fois fournir des armes à l’Ukraine qui réclame le retour de la Crimée dans son territoire, et demander à la Russie de discuter alors que celle-ci a totalement intégré la Crimée, et que de toute manière la population de la région est ultra-majoritairement russe et déterminée à rester russe.

C’est exactement pareil pour le Donbass, et probablement tout l’Est de l’Ukraine, où la population dans sa majorité s’est résolue à préférer la Russie à la terreur nationaliste anti-russe du régime ukrainien.

Il n’y a donc pas d’issue. A moins que le régime ukrainien s’effondre, qu’il cède tout l’Est et le Sud de son territoire, jusqu’à Odessa, la Russie ne négociera probablement rien du tout. Ou alors il va falloir que les pays de l’OTAN, dont la France, s’engagent concrètement contre la Russie et provoquent la 3e guerre mondiale.

Le problème d’Emmanuel Macron, c’est qu’il sait très bien que la France n’a pas les moyens d’un conflit militaire de haut intensité avec la Russie, qu’elle est incapable de faire une mobilisation ne serait-ce que partielle, qu’elle se ferait terrasser par la Russie… à moins que la planète entière se fasse terrasser par un échange dramatique de tirs nucléaires.

Voilà le terrible dilemme du président français, vulgaire dirigeant d’une puissance en perte de vitesse, totalement corrompue par le libéralisme, qui n’a plus comme perspective que le militarisme destructeur.

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Guerre

Attentat du pont de Crimée : vers la guerre totale

Les deux camps sont chauffés à blanc.

Exactement comme en 1914, le sol se dérobe sous le pied des Européens avec une succession d’événements de plus en plus graves et rapprochés entraînant avec eux d’ailleurs la population mondiale dans un gigantesque conflit généralisé. L’attaque le 8 octobre 2022 du pont reliant la Crimée à la région de Krasnodar marquera forcément un tournant majeur dans cette direction.

La Russie, qui depuis le début de l’invasion en février 2022, et voire même depuis 2014, joue une minutieuse partition semi-militaire, semi-diplomatique, avec une définition ultra-légaliste et politique de son « opération spéciale » en Ukraine, se retrouve maintenant entraînée sans retour sur la voie de la guerre totale.

On peut dire que le sabotage des gazoducs Nordstream 1 et 2 était déjà un marqueur de cela, mais au fond il s’agissait surtout d’une attaque visant l’Allemagne, en l’obligeant à se détourner entièrement de la Russie puisqu’il n’y a plus de gaz à en attendre.

En revanche, l’explosion d’un camion chargé d’engrais (qui est par nature explosif), croisant précisément la route d’un train chargé de carburant sur la partie supérieure du pont enjambant le détroit de Kertch, est une attaque majeure sur le territoire russe, équivalent concrètement à une déclaration de guerre. Ou plus précisément, c’est un événement dont le but est de provoquer l’entrée en guerre totale de la Russie contre l’Ukraine, ce qui jusqu’à présent n’est pas le cas.

La surenchère est totale pour pousser en ce sens. Le régime ukrainien n’a certes pas revendiqué l’attaque, à part de manière détournée et relative. On a par exemple Mykhailo Podolyak, conseiller du président ukrainien Zelensky, déclarant :

« Le pont de Crimée, ce n’est que le début. Tout ce qui est illégal doit être détruit, tout ce qui a été volé doit être restitué à l’Ukraine, tout ce qui est occupé par la Russie doit être expulsé ».

Tous les comptes Twitter des institutions ukrainiennes ont été dans le genre, le président Volodymyr Zelensky disant qu’il faisait beau sur toute l’Ukraine à part en Crimée où c’était brumeux. On notera que la veille le président ukrainien a également appelé à ce que les îles russes réclamées par le Japon reviennent à celui-ci. Histoire de mettre encore plus d’huile sur le feu.

Typiquement des opérations de guerre psychologique, visant à semer le trouble, un conseiller ukrainien a de son côté pointé une responsabilité russe pour l’action contre le pont, évoquant des luttes internes.

Et du côté des États-Unis il y a immédiatement eu dans la journée une campagne pour désigner la responsabilité de l’Ukraine sur la base de sources « sûres » et pousser à l’emballement.

En l’occurrence c’est l’un des principaux titres de presse du régime américain, le Washington Post, qui explique que les services spéciaux ukrainiens sont à l’origine de l’explosion, tout en précisant que l’infrastructure est un « symbole des ambitions du président Vladimir Poutine de contrôler l’Ukraine ».

En effet, l’ouvrage construit en trois ans a marqué le rattachement concret de la péninsule de Crimée, annexée en mars 2014, au reste de la Russie. C’est le plus long pont d’Europe, 19 km, avec une portée diplomatique et économique majeure ; Vladimir Poutine l’avait inauguré en 2018, pilotant lui-même devant des caméras un camion le traversant… Puis repassant dans l’autre sens cette fois en pilotant un train, dans une mise en scène soulignant que le pont combine en effet voie ferrée et voie routière.

L’attaque, qui est une attaque terroriste ayant fait au moins deux victimes civiles (dans une voiture), et probablement trois victimes civiles s’il s’avère que le conducteur n’est pas un kamikaze, vise donc précisément le symbole, la provocation.

L’attaque n’a pas une visée stratégique militaire, car il est quasiment impossible de détruire un tel pont et justement la circulation ferroviaire et automobile a été rétablie le soir même sur le pont de Crimée. Il faudrait énormément de missiles exactement au même endroit pour parvenir à des dégâts réellement structurels.

Ce qui compte par contre, c’est de marquer les esprits, de faire monter la pression. Cela fonctionne : il y a du côté russe un emballement généralisé avec de nombreuses personnes appelant à en finir rapidement et violemment avec l’Ukraine, voire à assumer le conflit contre l’OTAN directement.

Cela coïncide avec la nomination d’un nouveau commandant pour l’opération spéciale, sur fond de fortes critiques internes et dans l’opinion publique quant à la faiblesse des opérations militaires. Il s’agit de Sergueï Sourovikine, considéré comme ayant de bons résultats sur la partie sud des opérations qu’il dirigeait jusqu’à présent. Il a une réputation d’intransigeance et d’efficacité, ayant commandé en Tchétchénie et en Syrie, recevant pour cette dernière guerre l’étoile de Héros de la fédération de Russie.

Le nom du précédent commandant pour l’opération spéciale n’a jamais été divulgué officiellement.

Dans une même perspective,  le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov a été promu colonel-général, soit le 3e plus haut niveau dans l’armée russe, et cela après ses propos incendiaires ces dernières semaines quant à une guerre qui n’est pas menée avec assez de fermeté du côté russe.

Cela va cogner encore plus fort donc, alors qu’en plus de cela l’arrivée imminente sur le front des troupes apportée par la mobilisation partielle va favoriser une nouvelle vague en faveur de la Russie.

En face, l’OTAN ne compte certainement pas abandonner la partie. Les mercenaires et militaires occidentaux sont de plus en plus systématiquement repérés et dénoncés par la Russie. Le dirigeant temporaire de la République « populaire » de Donetsk Denis Pouchiline expliquait par exemple dans la semaine :

« Maintenant, la présence de l’OTAN est de plus en plus voyante et pas seulement en termes d’armes et de munitions. Au départ, il s’agissait d’instructeurs et maintenant ils deviennent des commandants de formations mixtes. Nous voyons beaucoup de mercenaires, polonais et britanniques. L’entraînement le plus récent a eu lieu sur le territoire de la Grande-Bretagne. Ils ont déjà cessé d’être gênés et manifestent leur présence de plus en plus ouvertement. Et la seule chose qui nous reste à faire est de gagner ».

Cela concerne bien entendu la France et ce de manière officielle depuis que le Figaro a révélé la présence de plusieurs dizaines d’agents du service Action de la DGSE, l’équivalent français de la CIA américaine.

La France, qui fournit énormément de matériel militaire depuis le début du conflit, a également annoncé dans la semaine une sorte de bon d’achat de 100 millions d’euros de matériel militaire à utiliser directement par Kiev auprès des industriels français. Le discours est sans ambiguïté quant au but qui est de « soutenir l’effort de guerre » ukrainien selon les mots du présidents français qui ne prétend plus à aucun pacifisme.

En plus de cela, la France s’organise pour dérouter vers l’Ukraine 6 canons CAESAr initialement vendus au Danemark. Il y a 18 systèmes d’artillerie de ce type qui ont déjà été livrés à l’Ukraine, qui les utilise notamment pour tirer sur les populations civiles au Donbass. L’ambassadeur français en Russie a été convoqué récemment pour cela, car les choses vont très loin et la France est sommée par la Russie de choisir définitivement son camp…

On va donc vers une guerre totale en Ukraine, qui a tout pour dégénérer en guerre mondiale, et la France est impliquée au premier plan dans cette guerre, participant à l’escalade avec un consensus politique total. Il n’y a personne ou presque pour dénoncer cette nouvelle union sacrée. Exactement comme en 1914.

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Culture

Cyberpunk 2077, un monde sans idéal

« Il ne s’agit pas de sauver le monde mais de se sauver soi-même. »

L’univers de science-fiction cyberpunk est un pur produit culturel des années 1980, dans son esthétique très marquée et reconnaissable de tous mais surtout dans la vision du monde qu’il porte. Pour résumer simplement les codes de cet univers : le monde est aux mains de mega corporations ayant acquis plus de pouvoir que les États, l’usage de prothèses cybernétiques et de robots est généralisé dans la population, et le tout donne lieu à des aventures d’individus marginaux, des anti héros luttant pour leur survie dans un monde injuste, brutal et ultra high-tech. D’abord un mouvement strictement littéraire, le cyberpunk a débordé sur de nombreux autres formats et surtout le cinéma, le fameux Blade Runner en étant issu.

En 2020, une société de jeu vidéo polonaise, CD Projekt Red (ayant développé notamment les jeux The Witcher), décide d’adapter le jeu de rôle « Cyberpunk 2020 » de Mike Pondsmith, mettant en place une énorme production (330 millions de dollars investis soit le record mondial à l’époque). L’acteur Keanu Reeves est même engagé pour jouer le principal personnage de l’histoire. La sortie initiale du jeu « Cyberpunk 2077 » est plombée par de nombreux bugs, corrigés progressivement, mais génère tout de même 20 millions de ventes. La semaine dernière, la très attendue mise à jour « Edgerunners » a été publiée, accompagnée d’une série de dessins animés sur Netflix du même nom. Dans la foulée, l’éditeur annonce même qu’une suite est en développement « Cyberpunk Orion » ainsi qu’un mode de jeu multijoueur.

Le jeu, aidé donc par des graphismes de très haut niveau, nous projette dans un futur proche, tout à fait crédible vu d’aujourd’hui : des zoonoses ont fait disparaître la plupart des animaux domestiques et sauvages, les inégalités sociales sont étirées à leur maximum et le capital est plus concentré que jamais, les mégalopoles sont autant de furoncles invivables et polluants qui pourrissent ce qui reste de nature (des déserts servant de décharge), les gens trouvent un refuge ultra-individualiste dans la surconsommation, jusque dans leur propre corps ou leur domicile, la culture est totalement gangrenée par le porno, la vanité et la violence…

Le rejet des corporations (des monopoles capitalistes en fait) est le seul horizon politique existant dans Cyberpunk 2077. Cela a bien sûr sa dignité, vu le niveau de corruption qu’on observe dans toutes les strates de la population liées au mode de vie « corpo ». Cet esprit de rébellion passe principalement par le personnage joué par Keanu Reeves, un rockeur connu pour avoir posé une bombe nucléaire au siège social d’une des ces corporations (en plein centre-ville), ou encore Judy Alvarez, une hackeuse anarchiste qui lutte pour l’autogestion des maisons closes. Au long de l’aventure, les espoirs d’un monde un tant soit peu meilleur sont constamment douchés, tant par le monde lui-même que par le jeu.

Toutes les quêtes ayant un minimum de dimension politique finissent mal, invariablement, comme pour enfoncer la tête du joueur sous l’eau, dans le fatalisme : la maison close « autogérée » est reprise par un gang, les policiers corrompus s’en sortent et le lanceur d’alerte River capitule, le candidat aux élections municipales Jefferson Peralez est contrôlé par une IA et sombre dans l’amnésie, le siège social de la corporation Arasaka atomisé est reconstruit à l’identique, le guitariste Kerry Eurodyne se laisse corrompre par l’industrie du divertissement…

Le parti pris de Cyberpunk 2077, c’est d’embrasser cet horrible monde, le colorer et nous le faire vivre à travers les pérégrinations d’un lumpen-prolétariat hyper stylisé. Et, en cela, l’esprit originel de l’univers est absolument respecté : « Il ne s’agit pas de sauver le monde mais de se sauver soi-même », comme se plaisait à répéter Mike Pondsmith au début de chaque partie de son jeu de rôle. L’obsession de quasiment tous les personnages peuplant la ville de Night City est de laisser une trace avant de mourir, d’entrer personnellement dans la légende, que ce soit en se sacrifiant pour une cause perdue ou grâce à des faits d’arme dans le gangstérisme.

Au début du jeu, on peut choisir la « classe » de son personnage (au sens donné dans les jeux de rôle), ce qui influence (toutefois assez marginalement) le déroulement de l’histoire : un arriviste corpo raté, un nomade de type Mad Max ou un voyou urbain. À travers ces personnages, le joueur trouve évidemment intérêt à profiter du chaos pour tirer son épingle du jeu, en piétinant les autres sur son chemin. En errance dans une métropole sans visage, où les seules œuvres d’art sont des publicités ou des tags, visitant le pire du cannibalisme social à travers des quêtes, accumulant une quantité astronomique d’objets de consommation inutiles dans son inventaire, le game-play du jeu n’est par ailleurs qu’une boucherie constante où pas une mission ne se déroule sans meurtre.

La seule catégorie qu’on a pas le choix d’incarner, c’est au final la classe ouvrière, pourtant omniprésente dans le jeu, mais sous la forme d’une masse silencieuse de PNJs (Personnages Non Jouables), tout juste bons à être écrasés en voiture ou victimes collatérales des guerres de gangs. Ouvrir un tel arc aurait forcément impliqué un minimum de dimension collective, un refus de la destruction et donc une expérience de jeu originale, sans en faire nécessairement un brûlot révolutionnaire pour autant. Mais on est bien loin de ce genre de parti pris dans ce blockbuster, finalement très proche d’un GTA-like.
Tout cela rend l’expérience de jeu assez frustrante, avec une impression désagréable d’être confiné à un tunnel de violence gratuite, d’être contraint à passer ses nerfs sur ses semblables, les autres options nous étant interdites.

Cyberpunk 2077 est un jeu graphiquement éblouissant. Son monde est très riche, l’architecture très variée, l’ambiance bien travaillée et tout cela permet de flâner des heures dans Night City, de quartier en quartier, sans s’ennuyer. La bande sonore est aussi très réussie, avec la participation de groupes comme Converge, A$AP Rocky et Run The Jewels. Mais, malgré l’aspect technique, le manque totale de décalage et de perspective générale éloigne largement Cyberpunk 2077 de la qualité de chef-d’œuvre. La grande force d’un outil comme la science fiction, c’est de prévenir le futur : là où les textes d’Asimov ou encore Star Trek ont façonné notre idée du progrès, Cyberpunk 2077 peut clairement être vu comme une ode au nihilisme. Si on pouvait voir l’aspect dystopique d’œuvres comme Ranxerox ou Judge Dredd comme une dénonciation, dans Cyberpunk 2077 c’est la mécanique du jeu lui-même qui participe à assombrir notre horizon.

Plus généralement, le cyberpunk est un monde où le capitalisme pourrissant réussit à perdurer indéfiniment. C’est un monde sans la perspective du socialisme. La résonance d’un tel univers aujourd’hui montre bien que la phase historique des années 1980-1990 (qui a vu naître le genre) a du mal à se clore : nous sommes toujours coincés entre la disparition de l’URSS et la reconstruction de l’idéal socialiste.
Et sans idéal, l’an 2077 s’annonce gris et sans joie : les premières victimes du capitalisme pourrissant sont toujours la vie et la culture.

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Écologie Planète et animaux

Super Cow

Un clip saisissant.

Moby, musicien et artiste renommé ayant adopté une démarche démocratique, socialement consciente au sujet de la question animale au point de devenir vegan, a sorti une nouvelle vidéo réalisée avec l’écrivain et réalisateur Dustin Brown et l’organisation Last Chance for Animals sur laquelle il est impossible, en 2022, de faire l’impasse.

Tout y est. Tout brûle d’empathie pour les vaches victimes des abattoirs, dans un clip dont le style artistique très réussi et le message véhiculé par le scénario et son « twist final » ne peuvent laisser personne indifférent si ce ne sont les individus sans conscience ayant déjà depuis longtemps perdu la capacité de s’émouvoir de quoi que ce soit.

Ce clip rappelle un fait que tout le monde préfère ignorer pour éviter d’avoir à y faire face : les animaux sont des êtres sensibles, capables d’émotions, de construction sociale et qui, rongés par la terreur, préféreraient évidemment fuir les couloirs froids d’un lieu de mort pour rejoindre l’herbe et la chaleur du soleil à l’air libre s’ils en avaient la possibilité.La musique accompagnant le clip est une reprise de sa propre chanson « Why does my heart feel so bad ? » de 1999, que l’on pourrait traduire par « Pourquoi ai-je si mal au coeur ? (et à l’âme, dans la suite des paroles) ». Déjà à l’époque associée à son clip original, cette chanson était d’une mélancolie arrachante… La reprise est ici est donc très pertinente, et compte tenu de la scène qui se déroule au long de ces 2 minutes et 33 secondes, la mélancolie est décuplée et se mue en véritable sentiment de tristesse face à une porte scénaristique qui se referme violemment, exactement comme le rideau métallique menant à l’enclos de mise à mort du début de la vidéo.

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Politique

Fiasco de la grève nationale du 29 septembre 2022

Le misérabilisme ne paie pas.

Prise avec Lumia Selfie

La société française ne sort pas de sa léthargie, et il ne faudra évidemment pas compter sur la CGT pour faire bouger les choses. Ce vendredi 29 septembre 2022, une énième « mobilisation interprofessionnelle pour les salaires  » était ainsi organisée dans le pays, avec un résultat pathétique.

On ne trouvera d’ailleurs aucun décompte sérieux et concret des français grévistes du jour, car on est dans la mise en scène, avec la CGT qui revendique même 250 000 manifestant défilant à 200 endroits en France (le ministère de l’intérieur dit pour sa part 120 000 personnes), ce qui est dans tous les cas extrêmement faible alors que c’est la misère qui est censée se propager à grande vitesse, que le pays est censé être à genoux avec l’inflation, etc.

En réalité, c’est un défilé réactionnaire de plus qui a eu lieu, une marche corporatiste, avec notamment les enseignants, quelques emplois du secteur public tels les personnels de restauration des cantines, les machinistes RATP, qui connaissent traditionnellement une proportion de gens sensibles à l’agitation syndicale.

Ce fut une marche comme il y en a eu un nombre incalculable, avec aucune dimension, ni sur le plan historique, ni sur le plan culturel, ni sur aucun plan d’ailleurs. C’était une grève et ce n’était pas une grève, en fait ce n’était rien.

Pratiquement personne en France ne savait d’ailleurs qu’il devait y avoir une grève ce jour et, pire encore, le soir même, la plupart des français l’ignoraient encore, à moins d’être passé pile à l’heure d’une manifestation dans un centre-ville, d’avoir eu la cantine de ses enfants fermée, ou bien, à Paris, d’avoir vu son bus annulé.

Cela n’empêche pas la CGT d’avoir un discours triomphaliste qui est son fond de commerce :

« Au vu des luttes engagées dans de nombreux secteurs professionnels, depuis des mois, autour de la question des salaires, tout portait à penser que la mobilisation par la grève allait s’amplifier et se généraliser ce jeudi.

Cela s’est vérifié avec des taux forts de grève : dans l’agro-alimentaire, la fédération a recensé près de 400 appels à la grève pour aujourd’hui. Le taux de gréviste allant de 30 à 100% des salariés dans les entreprises de ce secteur, ce représente au bas mot, 50 000 grévistes. »

La CGT propose en ce sens « de poursuivre et renforcer ces mobilisations, sans attendre et dans l’unité la plus large ». C’est la démagogie traditionnelle. En vérité, la CGT est complètement dépassée, coupée de la réalité concrète et quotidienne du pays, totalement hors-sol.

Il n’y a qu’à voir son affiche pour la mobilisation du jour, qui utilise l’écriture « inclusive » décadente des universitaires post-modernes, et qui fait tomber du chapeau la revendication loufoque d’une semaine de travail à 32 heures, d’un SMIC à 2000 euros. Comme si c’était possible de par le rapport de force actuel!

Tout cela ne mène à rien, et ne mènera jamais à rien. C’est un simulacre de lutte des classes, et même un simulacre de lutte tout court. C’est du vide et comme le vide n’existe pas, cela implique que cela joue un rôle néfaste. Cela épuise, cela trompe, cela invalide les luttes.

Bien sûr, il y a la grève dans les raffineries françaises depuis le début de semaine, avec la plupart des capacités de productions bloquées. C’est bien, ou plutôt c’est la moindre des choses dans un des rares secteurs ouvriers ou la capacité d’organisation est encore là. Pour autant, cela ne sort pas du cadre et est tout à fait sous contrôle de la bourgeoisie, il ne faut pas se faire d’illusions là dessus.

Le manque d’envergure, le manque d’ambition, la soumission complète au capitalisme, l’absence totale d’utopie, le refus des valeurs historiques du mouvement ouvrier… tout cela saute aux yeux. Concrètement, il ne se passe rien en France. Il n’y a pas de lutte des classes. Tout est à construire, à re-construire, minutieusement, avec de grandes ambitions, celles de la Gauche historique, celles du Socialisme.

Il faut œuvrer à former cette base – qui seule pourra être à la hauteur de l’Histoire lorsque les choses vont mal, très mal tourner!

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Écologie

Ceux qui s’en prennent aux animaux sont des dangers pour tout le monde

La barbarie entraine la barbarie.

L’homme interpellé ce week-end près de Cannes pour le meurtre présumé de sa compagne, dont il avait caché le corps dans un réfrigérateur avec celui d’un de ses chiens, avait été pris en flagrant délit par les policiers dans la nuit du 7 au 8 septembre alors qu’il était en train de tabasser violemment sa chienne, une petite bull-terrier de trois mois seulement, sur un parking.

Les caméras de la ville avaient enregistré la scène d’une violence inouïe : soulevée par le collier, jetée au sol, rouée de coups, la tête tapée contre le bitume. Rose, la chienne, avait été saisie et prise en charge par l’Association Au Service des Animaux 06 (ASA06). Elle souffrait d’une fracture à la patte datant de plus de dix jours avant les faits, de nombreux hématomes, d’une anémie …

Le détenteur, un riche ressortissant danois louant une villa luxueuse dans les hauteurs de Mandelieu-la-Napoule, avait pourtant écopé dune simple contravention pour maltraitance !

Aucun fait d’exercer « des sévices graves ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique » n’a été retenu contre lui.

La petite chienne a pourtant vécu un enfer depuis qu’elle est venue au monde alors qu’elle n’a que trois mois ! Achetée par cet homme trois semaines auparavant pour 6000 euros sur une plate forme hongroise, la société Euro Puppy, elle avait déjà subi le transport depuis la Hongrie jusqu’en France, les coups, la maltraitance, le stress … quelle tristesse que tout cela soit passé inaperçu et quelle honte que de telles « transactions » puissent avoir lieu. Mais qu’est ce qu’on pourrait attendre à la fin de tout un système où les animaux sont de simples objets commandables sur internet ?

Le procureur, loin de prendre conscience du danger que représente un concentré de violence comme celui-ci, a autorisé l’homme à sortir mais l’a aussi autorisé à récupérer la chienne ! Le monde à l’envers. Cette décision avait été jugée inacceptable par l’association ASA06 et le maire de Mandelieu-la-Napoule qui avaient fait bloc pour ne pas rendre Rose à son tortionnaire.

Si le procureur avait pris cette affaire au sérieux, le meurtre de la jeune femme aurait peut-être pu être évité. Mais la justice ne prend que très rarement en considération le fait que les violences sur les animaux vont de pair avec les violences sur les humains. Pourtant, la barbarie c’est la barbarie, il n’y a pas de barrière, ou de frontière qui ne soit poreuse.

C’est ainsi qu’un homme peut passer son chien à tabac, être relâché avec une toute petite tape sur les doigts, une amende ridicule au regard de la somme que cette personne a versée pour acheter le chien, puis ressortir, tuer sa concubine, placer leurs corps respectifs dans un frigo pour l’acheminer ensuite dans une déchetterie.

Combien de personnes et d’animaux cet homme a t-il déjà tués ? Son autre chien, un staffordshire avait disparu du jour au lendemain d’après ses voisins peu avant l’été. Une voisine se souvient d’avoir entendu un coup de feu à cette période et un autre chien serait également enterré dans le massif de l’Esterel, à quelques kilomètres de Mandelieu-la-Napoule. On sait que cet homme a acheté plusieurs chiots sur le site Euro Puppy : où sont-ils passés ?

Entre ce déchaînement de violence d’un côté et cette indifférence de l’autre, il y a Rose qui est toujours en vie aujourd’hui grâce à une association qui n’a pas cédé face à la pression : si elle l’avait restituée à son bourreau, elle serait morte. Mais si lui avait été interpellé pour l’acté de cruauté qu’il a commis, peut-être que la jeune femme serait encore en vie, tout comme le chien.

Le mouvement pour la défense des animaux est porté essentiellement par des femmes parce qu’il y a refus du virilisme et de tous ces actes profondément barbares qui en découlent. Les personnes qui s’en prennent aux animaux sont dangereuses pour tout le monde ! On en a régulièrement l’exemple avec les chasseurs et les « accidents de chasse » où des personnes se font blesser, tuer …

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Société

Pour ou contre la voiture électrique ?

La question de la route doit être posée démocratiquement.

Lorsque le peuple organisé de manière démocratique prendra en mains la question des déplacements sur la route, il lui faudra discuter de ce qu’est un véhicule. Quel usage doit-il avoir, comment doit-il être produit, qui doit s’en servir, et quel énergie doit-il utiliser pour se mettre en mouvement ?

Il a déjà été dit à maintes reprises que l’électrique, vendu comme l’avenir du transport notamment par le bourgeois décadent Elon Musk avec sa marque de voitures tragiquement nommée Tesla, est une supercherie. Cela produit des véhicules lourds, aux batteries polluantes et non-recyclables, qui reposent avant tout sur le développement du nucléaire pour continuer de fonctionner… Il faudrait passer au tout électrique d’ici une poignée d’années, rien que ça. Alors même que le prix de l’énergie monte en flèche, alors même que des coupures de courant sont déjà prévues de par l’incapacité de la bourgeoisie à produire les conditions nécessaires au maintien d’une grille énergétique saine.

Plus un véhicule est lourd, plus ses freins doivent être puissants pour stopper l’inertie de la masse en mouvement. Or, l’usure des freins provoque des rejets de particules fines. Plus un véhicule est lourd, plus ses pneus sont soumis à de fortes contraintes, et des pneus qui s’usent rejettent aussi des particules fines dans l’atmosphère. Tous ceux qui se posent sérieusement la question de l’avenir écologique de l’humanité le savent déjà, et savent également que les véhicules électriques ne sont en réalité qu’une manière à peine dissimulée derrière un maigre argument écologique d’ouvrir en grand les portes d’un marché qui ne demande qu’à grossir.

Alors quoi ? Vive les véhicules thermiques, puisque l’électrique n’est pas meilleur ? Évidemment, les choses ne sont pas si simples. Il ne faut pas confondre dénonciation du tout électrique et défense unilatérale du thermique. Il s’agit avant tout de comprendre comment fonctionnent ces véhicules. Un moteur thermique utilise un carburant à brûler pour générer de l’énergie mettant des pièces mécaniques en mouvement, mouvement lui-même transmis jusqu’aux roues motrices par divers moyens plus ou moins complexes. Un moteur fonctionne sur une plage régime idéale, et des rapports (ou vitesses) sont utilisés pour démultiplier la puissance et le couple moteurs. C’est en fait comme un vélo : il y a des plateaux et des pignons qui permettent de démultiplier la force de nos jambes, ce qui permet d’atteindre des vitesses élevées. Difficile de commencer à pédaler sur le grand plateau et le petit pignon, car la démultiplication de force est énorme en comparaison de l’énergie que nos jambes peuvent développer : on ne peut pas développer assez de couple (force qui entraîne la roue dans sa rotation) pour pédaler dans ces conditions. Pour une voiture thermique, c’est pareil : difficile de démarrer en 6e par manque de couple, et difficile d’atteindre 110kmh en 1ère par manque de puissance (vitesse à laquelle la roue sera en mesure de tourner).

Mais en électrique, le moteur donne toute sa puissance et tout son couple immédiatement, car il n’y a pas de pistons qui montent et descendent dans des cylindres pour générer de l’énergie envoyée jusqu’aux roues par la transmission, il n’y a pas de combustions avec des temps morts mécaniques liés à l’injection de carburant et à l’évacuation des gaz d’essence brûlée et d’air pollué via l’échappement. Ce n’est qu’une histoire de dosage de l’accélérateur que le conducteur doit gérer seul. En électrique, tout est instantané, il n’y a pas de mollesse jusqu’au moment où le moteur est dans sa plage de régime idéale. Cela donne des véhicules extrêmement nerveux, qu’il faut manier avec prudence pour ne pas faire d’excès… Et qui à cause du poids extrême des batteries doivent être stoppés par une force de freinage très élevée.

La pertinence de la voiture électrique, et des véhicules électriques en général, est par conséquent à remettre en question, et à réserver à certains usages. Un magasinier en entrepôt fermé a bien évidemment besoin d’un chariot élévateur électrique plutôt que thermique pour des raisons de pollution de l’air sur l’espace de travail. Des travailleurs couvrant de larges distances en véhicule tôt le matin ou tard le soir, aux heures où les bruits de moteur gênent le plus de monde, auraient eux aussi besoin de l’électrique. Mais ont-ils absolument besoin d’une voiture électrique pour se rendre au travail ? Plus on creuse le sujet, plus on s’aperçoit qu’en réalité, ce sont avant tout les moyens de transport individuels qui posent problème. Combien de fois remarque-t-on, coincés dans les bouchons, que nous sommes seul dans notre voiture cinq places ? Et que les dizaines, les centaines, les milliers d’autres automobilistes sont tous aussi seuls que nous dans leurs propres voitures ?

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Guerre

Septembre 2022 : que restera-t-il de l’Arménie ?

La situation est catastrophique.

Depuis maintenant plus d’une semaine les forces armées de l’Azerbaïdjan assaillent les frontières de la République d’Arménie. Les opérations ont jusque là fait officiellement plus de 280 morts de chaque côté parmi les militaires, et l’Azerbaïdjan occuperait plusieurs dizaine de km2 du territoire arménien.

Depuis novembre 2020, et de fait déjà auparavant, il est attentivement suivi la situation se développant en Arménie et plus largement dans le Caucase. Les personnes lisant agauche.org peuvent aisément consulter les archives documentant et analysant de manière approfondie tout ce contexte, ses implications et ses développements.

Il était annoncé depuis l’effondrement du Karabagh arménien que les régimes nationalistes, profondément bellicistes, de Bakou et d’Ankara ne contenteraient pas de l’écrasement du Karabagh arménien. Ceci d’autant que celui-ci reste encore incomplet dans une certaine mesure, puisqu’il se maintient, péniblement, sous occupation russe.

Les développements de la guerre en Ukraine devaient immanquablement avoir des répercussions
sur le Caucase, et pour l’Arménie, cela signifiait de notre point de vue, que c’était son existence
même en tant qu’État qui était en jeu.

Conformément à nos analyses donc, les régimes de Bakou et d’Ankara s’élancent dans la bataille pour le repartage du monde, sur la base de leur idéologie guerrière et expansionniste du « pantourisme ». Plus spécifiquement même, sur l’idée considérant que l’Azerbaïdjan et la Turquie forment « deux États, mais une nation ».

Voici les éléments d’analyse qu’il faut prendre en compte ici :

– La Turquie et l’Azerbaïdjan forment une alliance sur la base idéologique du pantouranisme (c’est-à-dire de l’idée d’unifier un supposé ensemble de pays « turcs ») allant au fascisme sur le plan interne, et justifiant sur le plan externe un écrasement large, sinon total de l’État arménien.

Il faut donc voir au-delà de la question de la réoccupation et de l’épuration ethnique du Karabagh arménien. La charge nationaliste attendue de cette conquête est l’aspect principal sur le plan idéologique du régime de Bakou. Pour la Turquie d’Erdogan, c’est une question parmi d’autres de son idéologie néo-ottomane, sur laquelle il est assuré quasiment d’une victoire.

– L’objectif territorial vise en priorité la conquête du sud du territoire arménien, appelé le Syunik
en arménien (en Zangezur en turc), mince bande territoriale peu peuplée permettant de relier l’Azerbaïdjan à la Turquie de manière directe. A minima, il s’agit d’obtenir un « corridor » ouvert entre les deux pays, c’est-à-dire le contrôle direct de la route Latchine-Nakhtichevan qui traverse cette région.

Cela suppose bien sûr la réoccupation complète de ce qui reste du Karabagh arménien, sous protection russe. À ce stade, les troupes d’Azerbaïdjan occupent toute la ligne de crête séparant le Karabagh arménien reconquis de l’Arménie, notamment suite à la prise du mont Ichkanasar (Işıklı en turc) qui domine de ses 3550 mètres toute la partie centrale de la route que visent les Azerbaïdjanais.

À cet objectif militaire principal s’ajoute une revendication supplémentaire sur le lac Sevan, qui fait partie sur le plan hydrologique du bassin de la Koura, et qui historiquement est tourné vers la ville de Gandjak, aujourd’hui en Azerbaïdjan. La carte ci-dessous permet de voir l’étendue des revendications territoriales maximum du régime, qui imaginent donc réduire l’Arménie à la zone de sa capitale, Yerevan, et aux secteurs où sont déployées les forces russes (frontière avec la Turquie et base de Gyumri).

Mais de toute façon en réalité, les revendications azerbaïdjanaises, et turques, sur l’Arménie concernent potentiellement l’ensemble du territoire, dont selon cette perspective, l’effacement doit être à terme total, afin de souder l’Azerbaïdjan et la Turquie de manière complète, ce qui serait autant pour Ilham Alyev, le président de l’Azerbaïdjan, que pour Recep Tayyip Erdogan, dirigeant de la Turquie, un triomphe « historique » validant le militarisme et toute la rhétorique néo-ottomane folle furieuse d’Erdogan.

L’action de Bakou est soutenue par la Turquie d’Erdogan, et plus discrètement par l’OTAN à travers l’appui des services de renseignement britannique.

La Turquie a déployé ses drones d’attaque Bayraktar TB2, dont l’un s’est écrasé en Iran, officiellement de manière accidentelle. L’ouverture d’un éventuel nouveau conflit de haute intensité dans le sud-Caucase est clairement une manière d’affaiblir la Russie, et l’Azerbaïdjan tout comme la Turquie entendent saisir cette opportunité pour leur propre agenda expansionniste, alimentant la marche précipitant le monde dans la guerre.

– Une telle offensive ouvre potentiellement les possibilités de repartage du Caucase, menaçant
les positions russes et iraniennes, et donnant un éventuel espace d’intervention à la France dans le cadre de sa confrontation croissante avec la Turquie, en laissant l’Arménie se faire écraser afin de satelliser ce qui reste, reprenant de fait à son compte la stratégie russe. La Droite française, par ses figures politiques ou ses médias, y pousse avec insistance, sans que cela ne prenne encore forme d’engagement concrète.

– L’Arménie et son peuple sont désormais complètement aux abois, réalisant de manière vertigineuse à quel point leur rhétorique nationaliste fondée sur une vision romantisée à outrance d’une « Grande Arménie » illusoire, qui a nourri la vie politique du pays, masquant le militarisme et la corruption du régime a été une catastrophe.

C’est ce que tente désespérément d’enrayer le gouvernement de Nikol Pachinian, mis en place suite à une vaste révolte populaire contre le régime et cherchant aujourd’hui, mais en vain, à ouvrir un dialogue avec l’Azerbaïdjan ou la Turquie, sous l’égide de la Russie. Cela avec le seul horizon déprimant de trouver une pauvre voie d’existence comme État satellisé entre deux blocs expansionnistes, poussés de toute façon à un moment ou un autre à la confrontation.

À ce contexte lamentable s’ajoute encore les agissement des puissances occidentales, jouant toutes les cordes permettant d’affaiblir les uns et les autres pour prendre pied dans le secteur, ou du moins pour y bloquer tous leurs rivaux.

Les forces de Gauche authentiquement démocratiques et populaires doivent donc mobiliser Arméniens et Turcs de notre pays contre cet abominable machine à broyer les peuples, à dresser des murs et à faire couler le sang.

Il faut dénoncer sans aucune concession les idéologies bellicistes maquillant l’expansionnisme d’États piégés dans les contradictions du mode de production capitaliste. La Turquie comme l’Azerbaïdjan sont entraînés vers l’abyme par leurs régimes chauvins, cultivant un pseudo-romantisme identitaire et territorial flattant les pires préjugés nationaux des uns et des autres. Voilà pourquoi il faut opposer à la guerre impérialiste du capitalisme en Crise un projet, une perspective.

Cette perspective ne peut être que celle de la Gauche historique, reposant sur les valeurs les plus avancées du mouvement ouvrier. Seule la classe ouvrière échappe à la décadence, et dialectiquement ce n’est que consciente qu’elle peut transformer l’Histoire comme l’exige notre époque.

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Guerre

Les États-Unis s’engagent à défendre militairement Taïwan

Joe Biden est prêt à faire la guerre à la Chine.

Le 19 septembre 2022, le président américain Joe Biden a franchi une nouvelle ligne rouge. Il a affirmé que les États-Unis défendraient directement l’île de Taïwan en cas d’attaque par la Chine. Pour comprendre, c’est comme si juste avant le conflit ukrainien, les États-Unis avaient dit qu’ils défendraient militairement l’Ukraine en faisant la guerre à la Russie. On comprend tout de suite ce que cela sous-entend militairement, cela ne signifie ni plus ni moins que le fait d’assumer la troisième guerre mondiale.

Pierre après pierre, la superpuissance américaine se défait de tous ses engagements diplomatiques vis-à-vis de la République populaire de Chine et provoque le conflit.

Bien entendu, Joe Biden prétend toujours ne pas faire interférence et ne pas pousser le gouvernement de l’île à déclarer son indépendance. Il assume toutefois l’engagement militaire, ce qui revient de fait au même, faisant ouvertement de l’île de Taïwan ce qu’elle est : un avant-poste américain en Mer de Chine.

Le gouvernement de la République populaire de Chine a immédiatement réagit à cette provocation, dénonçant « une grave violation de l’engagement important des États-Unis à ne pas soutenir l’indépendance de Taïwan . »

Le ministère chinois des Affaires étrangères explique qu’il est envoyé « un mauvais signal « , poussant les séparatistes à l’indépendance. En effet, du côté chinois la pression est également immense.

La République populaire de Chine, en tant que superpuissance challenger de la superpuissance américaine, joue sa place dans le monde et elle considère comme un devoir de conquérir enfin l’île de Taïwan et d’écraser le gouvernement « rebelle » de la République de Chine.

D’ailleurs, la pression militaire chinoise contre l’île est de plus en plus grande, avec récemment tout une série de drones militaires qui sont envoyés, comme partie d’un dispositif militaire très poussé.

En plus des avions de chasse classique, on a donc des drones de haute technologie militaire déployés aux abords de l’île. Ils sont probablement armés, en tous cas c’est ce que considèrent les autorités de l’île. Il y a des Guizhou BZK-007, ayant l’apparence d’un avion de tourisme, des BZK-005, avec une autonomie immense, de 40 heures, des KVD-001, servant de relais de communication pour les hélicoptères d’attaque et des Tengden TB-001, probablement armés.

De plus, mi-septembre, il a été signalé par les autorités de Taïwan la présence du drone de haute altitude et longue endurance WZ-7, qui est conçu par l’armée chinoise pour des missions de reconnaissance et de ciblage pour les missiles

Cela est assumé par la partie chinoise, et il est expliqué dans la presse du régime :

« davantage de drones de l’APL [l’armée chinoise] devraient rejoindre les patrouilles et les exercices de routine autour de l’île de Taïwan dans le but de sauvegarder la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale au milieu des provocations des sécessionnistes taïwanais et des forces d’ingérence extérieure ».

L’agressivité est de part et d’autre, l’emballement militaire est inéluctable dans la région, d’autant plus qu’une loi vient d’être voté par le congrès américain pour une aide militaire directe à Taïwan, en plus d’un plan récent de vente d’un milliard de dollars d’armes.

Et ce n’est là qu’un des fronts mondiaux, car la puissance américaine pousse à la guerre de manière acharnée, comme en Ukraine face à la Russie. De manière très significative, les États-Unis viennent de lever leur embargo sur les armes à destination de la République de Chypre, directement en concurrence avec la Turquie.

C’est un point chaud depuis des décennies : avec cette décision américaine, la situation est directement explosive là encore. Tout se met en place, la bataille pour le repartage du monde est déjà en cours.

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Restructurations économiques

La situation énergétique de la France est catastrophique

C’est la grande panique avant l’hiver.

Lors de la conférence de presse du gouvernement pour évoquer la « situation énergétique » du pays en vu de l’hiver, il a été dit la chose suivante par la Premier ministre Élisabeth Borne :

« si chacun prend ses responsabilités, il n’y aura pas de coupures »

Si on interprète correctement, il faut comprendre : c’est tout à fait possible qu’il y ait des coupures de courant et de gaz, alors le gouvernement cherche le moyen de faire porter la responsabilités à d’autres.

D’ors et déjà il est prévu une campagne de communication à destination de la population. On y apprendra des choses du genre il faut éteindre la lumière en quittant une pièce ou lancer une machine à laver en dehors des heures pleines sur le réseau. C’est que les gens sont censés y mettre du leur, parce que la bourgeoisie française n’est plus sûre de sa capacité à fournir le standard de confort et de consommation vanté (et surtout, indispensable au capitalisme).

La crise frappe de plein fouet le pays, et cela va commencer à se voir cet hiver. Il y a clairement une panique au sommet de l’État français, terrifié de voir la population gronder face aux prix, ainsi que l’économie paralysée par des black-out en série.

La situation est en effet catastrophique. En ce qui concerne le gaz déjà, en raison de la guerre économique menée à la Russie par l’OTAN et ses pays membres. Les réserves de gaz pour l’hiver sont faites (à 94%), mais tous cela est précaire s’il n’y a pas de continuité dans l’approvisionnement.

Le directeur général de GRTgaz, le gestionnaire du réseau français, a été on ne peut plus clair dans sa conférence de presse précédent celle du gouvernement le matin même :

« Dans un hiver moyen, la France est capable de faire face à la demande de gaz tout en soutenant le système électrique et en contribuant activement à la solidarité européenne. Mais si l’hiver est froid ou très froid, on pourrait se retrouver en situation de tension plutôt en fin d’hiver, et donc il faut vraiment un effort de sobriété indispensable dès maintenant pour préserver les stockages tout au long de l’hiver ».

Difficile de faire plus explicite : si la population française ne joue pas le jeu, c’est la catastrophe annoncée. Le problème, c’est que le directeur général de GRTgaz a également parlé du mécanisme de solidarité européenne qui fait qu’à partir de la mi-octobre, du gaz doit être livré à l’Allemagne par la France : 100 GWh/jour, « soit la puissance de quatre tranches nucléaires ».

C’est gigantesque, et forcément cela ne passera pas. Les nationalistes et populistes ont déjà sauté sur l’occasion pour critiquer l’Allemagne de manière chauvine. Cela d’autant plus qu’il est déjà prévu des délestages pour les industriels gros consommateurs, c’est-à-dire les secteurs du verre, des engrais, des métaux, de la pétrochimie et de l’agroalimentaire, à moins que ceux-ci ne réduisent la voilure d’eux-mêmes.

On voit là clairement que la crise renforce elle-même la crise, ici en contraignant directement les capacités productives françaises. En parlant de capacités productives françaises, c’est d’ailleurs la catastrophe en ce qui concerne le nucléaire, censé être le fleuron industriel français.

Près de la moitié des réacteurs nucléaires français, soit 26, sont à l’arrêt pour des raison de maintenance. EDF, sous la pression immense du gouvernement, a fournis un calendrier très précis : 5 réacteurs doivent repartir en septembre, 5 en octobre, puis 7 en novembre, 3 en décembre, 3 en janvier et enfin 2 en février.

Sauf que concrètement, rien ne garantit le suivi d’un tel calendrier tout simplement car il n’y a pas la main d’œuvre. La France a des millions de gens dans des bureaux, mais manque d’ouvriers. EDF manque cruellement de tuyauteurs, de soudeurs, de robinetiers, de chaudronniers, pour assurer les travaux nécessaires.

Au passage, on notera que c’est la même chose pour la branche commerciale d’EDF : l’opérateur public a subi pendant des années une fuite de clients suite à l’ouverture du marché à la concurrence. Sauf qu’avec la crise, les prix explosent littéralement chez les opérateurs privés et EDF voit affluer des masses de clients voulant revenir à l’opérateur historique pour bénéficier du tarif réglementé… mais n’a pas le personnel et les moyens techniques pour absorber cela.

En tous cas, la tension sur le réseau électrique français cet hiver va être extrême. Sans compter l’explosion de tarifs pour les collectivités, qui doivent se fournir au prix du marché. La région Ile-de-France a communiqué là-dessus : « la hausse absolument colossale des prix de l’énergie va déferler sur les transports du quotidien ».

Il est prévu une augmentation de 950 millions d’euros des coûts pour l’exploitation du réseau, soit presque un milliard, pour un budget actuellement de 11 milliards.

C’est évidemment pareil pour toutes les villes, surtout celles avec tramways ou métro. Pour la SNCF, le problème se pose également. Et puis il y a le transport de marchandises, essentiellement thermique par camion en France, qui fait face à une explosion des coûts d’exploitation, qui vont forcément être répercutés et renforcer la crise.

Le gouvernement français est face à un mur qui menace de s’effriter. Il continue à vouloir boucher les fuites une par une, en déployant ici un bouclier tarifaire limitant la hausse des prix de l’énergie à 15% en 2023, là des chèques énergie exceptionnels pour 12 millions de foyers considérés comme modestes, etc.

Cela coûterait 45 milliards d’euros à l’État en tout, car il y a aussi des mesures prévues pour les entreprises, surtout les PME. Tout cela alors que l’État français est déjà au bord de la faillite, et que la croissance capitaliste du pays va être totalement chamboulée par les pénuries énergétiques et l’inflation cet hiver.

Les français cigale, ayant chanté tout l’été, un été qui dure depuis des décennie d’abondance capitaliste, vont se trouver fort dépourvus quand la crise sera clairement venue… Ils iront forcément crier famine chez la fourmi voisine, c’est-à-dire l’État, mais il les enverra danser, comme il l’annonce déjà.

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Écologie

Jets privés: Kylian Mbappé s’est brutalement coupé de la société française !

Dis moi ton emprunte carbone, je te dirais qui tu es ?

En pouffant de rire à propos des voyages en avion privé, le joueur de football Kylian Mbappé a fait une très grosse erreur : la condescendance.

C’est quelque chose qui ne passe pas du tout dans la société française. Autant on peut reprocher aux Français d’être hypocrites (faites ce que je dis, pas ce que je fais), autant ils n’acceptent pas d’être pris de haut par des gens qui assument de n’en avoir rien à faire des autres et des préoccupations collectives.

On est en France quand même, un pays avec une haute exigence historique !

A l’origine, il y a une question banale en conférence de presse de la part d’un journaliste à propos de la possibilité de prendre le train pour se déplacer à Nantes depuis Paris, plutôt que d’affréter un avion privé. L’entraîneur du Paris Saint-Germain a eu un comportement de beauf tout à fait exemplaire en méprisant la question, puis en répondant de manière provocante qu’il était envisagé par le PSG de se déplacer en char à voile.

Sa réponse est indigne et ce genre de personnage aura intérêt à bien se cacher le jour où le peuple prendra les armes pour faire table rase du passé. C’est typiquement le genre de tête que beaucoup de gens voudront faire tomber. Mais, au fond, c’est assez anecdotique, car le fait que Christophe Galtier soit un beauf n’aura surpris personne, et d’ailleurs personne n’attendait quoi que ce soit de lui.

C’est bien différent en ce qui concerne Kyllian Mbappé, qui aux côtés de son entraîneur a explosé de rire de manière dédaigneuse. Déjà, car celui-ci est jeune et on pouvait s’attendre à un minimum d’intérêt pour la question. Ensuite, car il a un statut de part sa carrière de footballeur et son rôle majeur en équipe de France. D’autant plus que Kylian Mbappé n’est pas connu comme étant quelqu’un de stupide. Au contraire, sa maturité est louée depuis ses 17 ou 18 ans, sa communication est toujours bien maîtrisée et il apparaît comme quelqu’un de raisonnable et pas (trop) déconnecté du monde réel. Que cela soit de la mise en scène ou non ne change rien à l’affaire, car c’est bien entendu l’image qui compte ici.

En termes d’image, Kyllian Mbappé a donc renvoyé celle d’un jeune tellement pourri gâté qu’il n’imagine pas une seconde de ne pas se déplacer en jet privé, au point d’exploser de rire à l’évocation de cette idée. Cela a choqué, bien entendu. Cela a méchamment choqué, même.

On en revient ici à l’hypocrisie des Français. En France, les footballeurs peuvent bien être aussi riches qu’ils le veulent, avoir des grosses voitures, se pavaner sur un voilier à l’autre bout du monde pendant la coupure hivernale, cela ne dérange pas. Par contre, il faut savoir se tenir et y mettre du sien quand il s’agit de faire bonne figure, surtout pour les stars. C’est le (modeste) prix à payer, étant considéré que c’est bien la moindre des choses.

C’est là qu’a pêché Kyllian Mbappé, assumant en fait totalement sa position de nanti coupé de la société française et de ses préoccupations. D’ailleurs, la suite de la conférence est moins connue, mais encore plus révélatrice de cette attitude détestable :

« – Et vous, sur les jets privés Monsieur Mbappé ?

– Comment ?

– Sur les jets privés. Vous, vous en pensez quoi ?

– Oh je pense rien ! [Il rigole encore avec dédain et quitte la conférence de presse sans même dire au revoir]. »

C’est comme s’il avait dit le Covid je m’en fiche, ou bien la crise énergétique ne m’intéresse pas je continuerai à mettre le chauffage à 25°C cet hiver et à chauffer ma piscine privée. Qu’il pense et fasse cela ne dérange pas les français… tant qu’il ne s’étale pas et fait au moins semblant de faire attention !

Cela paraît absurde, totalement hypocrite. Ça l’est en grande partie. Mais au fond, c’est plus subtil que cela en a l’air. Il y a l’idée, tout à fait française, que la volonté transforme la réalité matérielle, et que donc les personnalités ont cette responsabilité de prêcher la bonne parole pour faire changer les mentalités… Dialectiquement, les choses sont censées alors évoluer dans le bon sens, petit à petit, sans brusquer le quotidien.

C’est l’idée des « Restos du Cœur ». Les chanteurs de variété française sont pleins aux as et ont une vie décadente, mais c’est accepté tant qu’ils prétendent donner à manger aux pauvres et éradiquer la faim dans le pays.

Ce qui est marquant ici en tous cas, c’est de voir que l’écologie fait partie des préoccupations françaises dorénavant. On est encore loin du compte, évidemment. Par exemple, tout le monde critique la coupe du Monde au Qatar en novembre prochain avec ses stades climatisés en plein désert, mais personne n’a appelé l’équipe de France à ne pas s’y rendre.

On est très loin du compte aussi quand on entend le président de la République raconter que « la chose la plus efficace » en terme de sobriété énergétique « est de baisser un peu la clim »…

On est encore très loin du compte, mais les Français savent au moins maintenant sur qui il ne faut pas compter pour avancer. Les superstars médiatiques tels que Kylian Mbappé n’apportent rien à la société française et ce n’est pas là qu’il faudra chercher de la substance.

C’est au plus profond des couches populaires, dans le quotidien le plus évident, qu’on trouve en réalité le plus de dignité et de force pour avancer. C’est cela le grand enseignement historique de la Gauche, et c’est vers cela que se tourneront les Français quand ils chercheront de la cohérence plutôt que leur hypocrisie maladive.

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Politique

Le manifeste de Bernard Cazeneuve pour reformer le centre-gauche

Un long manifeste qui ne fera pas rêver.

Bernard Cazeneuve a été Premier ministre de François Hollande pendant près de six mois, après avoir été ministre de l’Intérieur pendant près de trois ans. Il tire une certaine légitimité de cette période et incarne dorénavant une perspective de renouveau pour tout le courant issu du Parti socialiste qui est amèr du grand recul de celui-ci.

Ces gens considèrent que la Gauche s’est trahie en se rangeant derrière les populistes de la France insoumise pour former la NUPES. Selon eux, il faut une Gauche centriste, qui ne déborde pas du cadre des institutions, qui apparait comme raisonnable et conciliante. Autrement dit, une « Gauche » bourgeoise, bien ancrée dans le capitalisme qu’il s’agit simplement d’accompagner de manière « sociale » et « égalitaire ». Les 400 personnes entourant Bernard Cazeneuve dans sa démarche sont d’ailleurs tout à fait représentatives de la bourgeoisie et intégrées au sein de celle-ci.

Leur manifeste publié en cette rentrée 2022 est très long, mais ne dit pas grand chose pour autant. Le discours est typique du vieux monde qui tente de se maintenir en niant la crise et la tendance à la guerre mondiale, en faisant comme s’il suffisait du combo services publics / Union européenne / syndicats pour préserver le train-train de la vie quotidienne française.

Tout cela est vain, car justement ce train-train de la vie quotidienne française ces cinquante dernières années a été dévastateur et ne peut plus durer : il a lessivé le mouvement ouvrier et la perspective du Socialisme, il a fait triompher le libéralisme et le turbo-capitalisme, il a écrasé la Nature et les animaux. Le prix à payer pour cela va être très élevé pour la société française pétrie de ses illusions, qui ne voit toujours rien venir.

Bernard Cazneuve et sa clique font en tous cas partie du passé, car ils n’ont rien à apporter, comme l’illustre parfaitement leur manifeste aussi ringard que prétentieux. C’est en quelque sorte le pendant réformiste et vide du populisme débridé et bavard de La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon.

« Manifeste pour une gauche sociale-démocrate, républicaine, humaniste et écologique

L’abstention massive des Français témoigne également de la perte de confiance dans les institutions de la République, mais aussi dans les forces politiques constituées, dont les citoyens doutent désormais qu’elles seront capables de se mettre au service du bien collectif. Il est fort probable que la communication débridée d’une majorité dévitalisée, sans boussole ni projet, et que les postures théâtrales des oppositions radicalisées ne suffiront pas à répondre à l’épuisement démocratique, qui prive la République de sa force vitale.

Alors que notre système politique et institutionnel voit sa légitimité contestée et son efficacité amoindrie, les Français aspirent à un gouvernement qui puisse agir de nouveau en les respectant, c’est-à-dire en s’adressant à leur intelligence collective. C’est dans ce contraste entre la situation politique et les aspirations profondes des Français que réside le risque d’un grave court-circuit démocratique : le blocage potentiel des institutions, la montée de la violence dans l’espace du débat public, l’effacement de la notion de respect, la volonté de certains de susciter, à chaque instant, la contestation de tout, en poussant la foule à s’emparer de la rue, offrent de sombres perspectives à notre pays.

Le mal est profond. Le divorce entre le peuple et les responsables politiques est consommé. Les Français sont de plus en plus nombreux à ne pas se sentir écoutés et – bien plus grave  – respectés. Le ressentiment le dispute au fatalisme, à l’insécurité culturelle s’ajoute une précarité existentielle débouchant sur le sentiment de vivre dans une société à durée déterminée. L’insécurité au quotidien, couplée à l’incertitude du lendemain, attise l’incompréhension mais aussi la colère. Pourtant, comme une lueur d’espérance, l’aspiration à la justice, à la concorde et au progrès est toujours aussi présente. Les énergies sont partout et l’envie de servir demeure infinie. Comme souvent face aux grandes épreuves, la France n’a pas perdu foi en elle-même.

Au fond, ce nouveau paysage politique souligne aussi le vide laissé par la sociale-démocratie et les humanistes de gauche. C’est ainsi qu’il faut lire ce texte, qui n’est autre qu’un appel à la refondation et donc à la constitution d’une dynamique collective. Un progrès qui protège, une République revivifiée, un État profondément restauré et un humanisme véritablement écologique : voici ce qui manque aux débats, voilà le cœur d’un nouveau mandat pour l’action. Il nous revient donc à nous, républicains de gauche et d’où que nous venions, de nous organiser pour rassembler nos forces et conjuguer nos efforts afin de redonner aux Français l’espérance à laquelle ils ont droit.

Voilà le mandat des militants de l’espérance : démontrer jour après jour qu’une autre gauche est possible, qui rompe avec l’outrance et le sectarisme, mais qui demeure ardente dans le refus des inégalités, des injustices et des discriminations, dans la défense des valeurs de la République et dans sa détermination à réussir le grand combat pour le climat, dont la jeunesse du monde entier porte avec audace le flambeau.

Un risque de dislocation de la société française

Les Français aspirent à un profond changement. Ils demandent à être convaincus que le progrès est encore une promesse possible pour eux-mêmes et leurs enfants. Certains aspirent au souffle des grandes espérances, qui a parfois permis dans l’Histoire d’enjamber un monde pour en faire jaillir un autre, qui soit plus juste et moins violent.  Beaucoup s’inquiètent du climat de tensions extrêmes dans lequel la Nation se trouve plongée. À l’occasion de l’élection présidentielle, le sentiment a dominé que la faiblesse de l’offre politique imposait au pays un choix par défaut. Ce que l’on a appelé le vote utile s’est traduit, pour bien des citoyens, par la résignation au moindre mal, dans un contexte où aucune force ne parvenait plus à apaiser le peuple, encore moins à l’unir.

Le délitement du débat public et du pacte civique résulte de l’affaissement des institutions, de l’abaissement des comportements dans la violence verbale et numérique, au point qu’il ne demeure presque plus rien de l’esprit républicain qui fit l’unité et l’indivisibilité de la Nation. Le passage au quinquennat a privé, mécaniquement, le chef de l’État du temps nécessaire à l’affirmation de son pouvoir d’arbitrage ; l’élection des députés dans la foulée a abouti à une désincarnation du Parlement assujetti à une technostructure froide, déconnectée et à l’exercice isolé du pouvoir présidentiel. L’accoutumance à la violence et à la transgression a convaincu chacun qu’il peut tout dire, tout faire et tout oser, pour atteindre ses buts. Les partis ont peu à peu cessé de jouer leur rôle d’enceinte de délibération où s’élaborent les propositions et les projets, pour se transformer en écuries d’ambitieux qu’anime la tactique plutôt que le bien commun. Les artifices de communication et les mises en scène théâtrales, auxquelles bien des responsables politiques se livrent pour dissimuler leur impuissance ou leur absence d’imagination réduisent la politique à un art de la séduction, éventuellement de la disruption, sans place pour le courage et les convictions. De ce jeu dont ils jugent sévèrement les acteurs, les Français ne sont pas dupes. Ils s’abstiennent de plus en plus ou choisissent le bulletin blanc afin de n’apporter à ce triste spectacle ni leur concours ni leurs voix. Il y a désormais un blocage, un refus d’obstacle, la démocratie représentative est en danger.

La société française fait face à un risque de dislocation. Pour prévenir cette désagrégation, quatre défis appellent des solutions urgentes : celle de la lutte contre les inégalités, à l’heure où les injustices accroissent les risques de fracturation de la société française ; celle du défi écologique et climatique, qui relève désormais d’une course effrénée contre la montre ; celle du nécessaire ré-ancrage républicain de la Nation, alors que des forces extrémistes, identitaires et violentes, assument de plus en plus ouvertement leur rupture avec l’universalisme, dont les républicains sont les héritiers ; celle de la réparation de l’État, abîmé et fragilisé par de funestes réformes, la réduction inconsidérée  de ses moyens, comme de sa capacité d’agir, notamment pour protéger les Français et la banalisation de son statut.

À gauche, l’aspiration au « rassemblement » est indissociable de l’espérance. Mais l’union est une discipline, qui revêt une part d’exigence morale et suppose la fidélité à des convictions, à des valeurs et à un héritage. C’est pourquoi la gauche de gouvernement, dans le temps long de son histoire, a toujours accepté de se confronter à la réalité, en faisant de l’éthique de la responsabilité l’instrument de sa crédibilité. Renoncer à cette identité reviendrait pour elle à se perdre, en laissant le champ libre à l’alliance de la droite extrême et à l’extrême droite. Dans la tempête et face au danger la faute funeste consiste à laisser tomber sa boussole.

La gauche de transformation, du fait de sa tradition pluraliste, est en outre la seule en capacité de réunir les différentes aspirations au progrès social, économique, environnemental, démocratique, sans transiger avec les valeurs de la République, le respect de l’État de droit et l’ambition d’une Europe plus forte et plus solidaire. La reconstruction d’une véritable perspective sociale-démocrate est urgente, si nous voulons pour nos enfants une société plus juste et plus écologique.

Refaire Nation

En nous attaquant aux inégalités, nous affirmons notre détermination à refaire Nation, en offrant à tous la perspective d’une vie digne et en protégeant le plus grand nombre du risque de déclassement. La société française, plus que jamais fragmentée et polarisée, hystérisée par les postures de confrontation entretenues en son sein ne se pense plus comme le creuset d’aspirations communes, mais comme la juxtaposition de groupes sociaux se représentant en communautés recroquevillées et hostiles les unes à l’égard des autres, où la revendication individuelle domine, au détriment des ambitions collectives et des préoccupations d’intérêt général. Face à la relégation vécue ou redoutée qu’éprouvent intimement nos concitoyens dans bien des territoires   – et qui se fait plus vive à mesure que l’on s’éloigne des centres urbains denses et connectés – les services publics sont à juste titre perçus comme l’instrument d’une possible solidarité, comme le levier de l’égalité réelle.

Les crises les plus récentes, par leur effet de souffle – le mouvement des gilets jaunes qui notamment a mis en lumière les fractures profondes au sein de la société française –, ont souvent conduit les gouvernants à privilégier la gestion politique immédiate, destinée à éteindre l’incendie, au détriment de la compréhension en profondeur des colères dont ils n’avaient que rarement anticipé l’avènement. Alors que les récentes poussées de fièvre ont, partout en France, résulté en grande partie d’un sentiment d’oubli des villes moyennes, des communes rurales reculées et des Outre-mer, une réponse plus ample, alliant le renforcement de la présence de l’État et des services publics et le retour à une ambitieuse politique de développement du territoire, aurait sans doute été plus efficace.

La question de la qualité et de la répartition des services publics sur le territoire national, face aux besoins affirmés de protection des Français, est devenue le critère à partir duquel s’opère ou non le consentement à l’impôt, ainsi que la capacité des citoyens à adhérer aux réformes qui leur sont proposées. Il en est ainsi des décisions visant à promouvoir les grandes politiques publiques de lutte contre le réchauffement climatique. Le renoncement à l’automobile dans les métropoles comme dans les campagnes n’est envisageable que si les transports sont non seulement accessibles, mais offrent un niveau de régularité, de sécurité et de confort conforme aux attentes des salariés modestes, des jeunes en formation, au travail ou en recherche d’emploi, encore très dépendants de la voiture pour leur activité et leur vie quotidienne.

Rétablir la possibilité de l’ascension sociale et garantir des conditions égales de dignité

S’engager pour la justice, c’est d’abord s’engager résolument dans le combat pour les droits des femmes et pour l’éradication des violences dont elles sont les victimes. Le féminisme est indissociable du combat pour le progrès. La belle idée théorisée par Gisèle Halimi en 2008, « la clause de l’Européenne la plus favorisée », doit enfin se concrétiser. Dans tous les domaines de la vie en société, nous devons prendre comme référence les pays européens où les législations sont les plus progressistes sans se laisser intimider par les lobbies conservateurs, aussi puissants soient-ils.

Pour plus de justice, il nous faut renouveler les conditions d’adhésion au contrat social en rétablissant la possibilité de l’ascension sociale et en garantissant des conditions égales de dignité. Cela suppose notamment de mieux prendre en compte les difficultés de nos concitoyens en situation de handicap : revalorisation des aides, valorisation du rôle des aidants familiaux, meilleur accès aux services publics et donc aussi à l’école. En effet, la dignité de notre société se mesure à sa capacité à réduire les inégalités notables et inacceptables qui subsistent en son sein. La société, lorsqu’elle se fige, consacre toujours les héritiers et n’assure plus la promesse républicaine d’un avenir meilleur pour les générations nouvelles et les plus vulnérables.

Porter le projet d’un progrès qui protège c’est aussi combattre fermement les inégalités en matière de santé. Trop souvent encore, nos concitoyens en situation de précarité ne bénéficient pas d’une garantie d’accès aux soins. Améliorer leurs conditions de vie et assurer leur dignité passe donc par le déploiement de politiques publiques plus volontaristes, notamment par le renforcement de la médecine préventive dont on sait qu’elle est encore plus indispensable pour les plus précaires et les plus isolés. Au-delà, la consolidation de l’hôpital comme pilier des politiques publiques d’accès à la santé de tous les Français doit redevenir l’une des priorités de l’action de l’État, en revalorisant les métiers, en soulageant les urgences et en luttant contre les déserts médicaux grâce à une politique d’incitation véritablement attractive.

Pour que le futur ne soit pas une fatalité, notre système éducatif doit être repensé comme la pierre angulaire d’une société renouant avec la bienveillance, le respect et la confiance dans la science, le progrès, les savoirs. Cela suppose la revalorisation des salaires des professeurs, qui doit manifester toute l’estime dans laquelle la société les tient mais aussi leur recrutement en nombre suffisant – au même titre d’ailleurs que pour les soignants, les « gardiens de la paix », ou les personnels de justice. La centralité de l’école dans les projets et les budgets, c’est aussi celle de la laïcité. La séparation des églises et de l’État est un principe de liberté – celle de croire ou de ne pas croire – et de concorde – la foi des uns ne fait pas la loi des autres, encore moins celle de tous. Face aux séparatismes religieux ou ethniques, au différentialisme et aux relativismes culturels, face à l’affirmation d’un islam politique qui hait l’universalisme français et soumet nos compatriotes de confession musulmane au joug d’une radicalité religieuse – alors même que ces derniers aspirent à vivre en paix dans la communauté nationale – la laïcité est ce trésor commun qu’il nous faut défendre sans relâche. Vouloir encore et toujours la République laïque c’est désirer ardemment l’égalité et le respect de l’autre, dans sa singularité, en raison du creuset de valeurs que nous avons en partage et qui nous permet de transcender nos différences. Les inégalités de destin s’inscrivent aussi dans les difficultés d’accès au logement. Les communes qui dérogent au principe même de la mixité sociale, malgré les pénalités financières, doivent être conduites à relancer la construction de logements sociaux. Les logements existants doivent être remis aux normes en alliant l’objectif d’une amélioration de la qualité de la vie à celui de la transition écologique. Enfin, vecteur d’insertion et de stabilité, l’accès au logement pour les familles monoparentales et les ménages sans domicile doit constituer une priorité. Le sans-abrisme n’est pas une fatalité, pas plus que l’attente prolongée de milliers de familles et d’enfants dans les hôtels sociaux. C’est par une politique ambitieuse et exigeante en matière de logement que les Français les plus en difficulté pourront recommencer à adhérer au contrat social et républicain.

Il est aujourd’hui encore du devoir des sociaux-démocrates de rappeler que les victimes des inégalités, les citoyens relégués par les effets de l’injustice de la naissance ou de l’existence, n’ont pas à être privés de la possibilité d’une redistribution équitable des fruits de leur travail. Notre politique ne peut plus seulement être celle de l’emploi mais bien celle du travail qui doit être repensée à l’aune de la transition écologique avec les travailleurs, les syndicats et le patronat. S’il faut rompre avec le toujours-plus, la simple affirmation de ce mantra ne trace aucune piste et dissimule la complexité des réformes à venir.

L’un des enjeux du monde du travail est de fournir des emplois de qualité, assurant non seulement un plus grand bien-être des salariés, mais aussi des progrès en matière de productivité et d’efficacité globale. L’ensemble des secteurs professionnels devront se faire plus sobres sans pour autant renoncer à l’ingéniosité française. Les progrès du travail et des technologies, en un mot du génie mécanique à l’œuvre dans toutes les réalisations humaines, sont un fait : il sera le moteur des solutions de demain, dans les secteurs qui demandent beaucoup de main-d’œuvre comme dans ceux qui en mobilisent moins. Pour que le progrès soit réel, il faut qu’il soit complet. Cela suppose qu’il soit maîtrisé, qu’il s’appuie sur les formidables potentialités du génie humain mais qu’il reste sans cesse guidé par les principes éthiques. Car le progrès n’est digne de sa promesse que s’il sert à lutter contre les injustices et les inégalités. Nécessairement technique, il doit être impérativement mis au service du quotidien des employés, augmentant la qualité de leur travail. Ainsi, le progrès pourra s’incarner dans l’efficacité de nouvelles méthodes qui assurent la protection des salariés, et non le sacrifice de la qualité de leur vie au travail ou de leur sécurité. Cette exigence est d’autant plus indispensable à l’âge de l’individualisation des métiers et de la numérisation des organisations. Cette mutation ne peut se faire que si le travail paie, que si la dignité des Français résulte aussi de leur labeur. Dans cette place reconnue donnée au travail, la plus grande intégration des syndicats et de leurs représentants à la vie de l’entreprise sera essentielle autant que fondatrice. Elle permettra un meilleur partage de l’information, une plus grande représentation des salariés dans les instances de décisions et de rémunérations, une redistribution plus juste de la valeur produite. C’est l’entreprise tout entière qui doit redevenir un espace de discussions et de compromis et non le lieu de toutes les confrontations et dominations, car elle est une communauté humaine essentielle pour relever les défis collectifs et favoriser un accomplissement individuel.

De progrès, la réforme des retraites doit l’être impérativement. Celle qui consisterait à repousser toujours plus loin l’âge de départ serait injuste et inefficace, en perpétuant l’idée que toute réforme est destinée à imposer d’abord des reculs de notre système de protection sociale, en niant les différences d’espérance de vie entre les Français, la pénibilité de certains métiers et en négligeant l’enjeu essentiel de l’emploi des seniors. Une telle approche n’aurait pour résultat que de dégager des marges budgétaires dans le cadre d’une politique sans vision ni projet à long terme. De surcroît, aucune modernisation du système visant à sauvegarder le principe solidaire de la répartition se sera possible sans que soient prises en compte la pénibilité du travail et la possibilité de partir en retraite de manière anticipée – en particulier dans le cas des carrières longues. La question du niveau des retraites les plus basses reste centrale : elles devront être réévaluées.

Face au changement climatique, l’immobilisme est criminel

Il appartient aussi aux sociaux-démocrates de ne jamais rendre incompatibles, par dogmatisme, la réduction des inégalités et l’ambition écologique. Cette politique sans nuance aboutirait au risque de voir les élites divorcer définitivement des classes populaires et d’une part croissante des classes moyennes, sans le concours desquelles les objectifs climatiques échoueraient à trouver leurs débouchés démocratiques. Le mouvement des ronds-points, à l’automne 2018, a témoigné de l’ampleur de ce dilemme et de l’impasse que représente, pour les gouvernements, la mise en opposition du sauvetage de la planète et du besoin de protection des populations les plus fragiles. Il est donc du devoir des nations de faire converger les objectifs de politiques publiques, définis dans le cadre des conférences pour le climat, au sein d’un agenda international crédible qui rende le marché et la justice sociale possibles, en privilégiant les filières d’excellence de la grande mutation écologique.

Face au changement climatique, l’immobilisme est criminel. Les conclusions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), dans son dernier rapport, sont sans appel, qui pointent notre responsabilité collective dans le réchauffement global de l’atmosphère, des océans et des continents. Le lien entre les émissions de CO2, résultant des activités humaines, les dérèglements climatiques, les manifestations météorologiques extrêmes impactant les territoires où nous vivons, donnent une dimension d’urgence au défi climatique. Le moment d’agir ne peut plus être différé. L’urgence environnementale, celle qui concerne le climat et la biodiversité, la qualité de l’air et l’accès à l’eau, est une urgence vitale. Elle est devenue existentielle au sens où de son issue dépend, à très brève échéance, la possibilité même de la vie. Le bouleversement climatique est en effet sans précédent. Il s’accélère comme un processus désormais hors de contrôle, face auquel il faudrait une volonté unanime des États et des organisations internationales pour retrouver la maîtrise de notre destin. La hausse du niveau des mers, la fonte des calottes glaciaires et le réchauffement climatique qui s’accélèrent constituent un point de basculement dont les conséquences, à court terme, pourraient se révéler à la fois irréversibles et imprévisibles. S’il est encore possible de limiter la hausse des températures à l’horizon 2050, l’effort pour y parvenir sera tel qu’il ne s’accomplira pas en faisant l’économie d’une stratégie concertée des nations, elles-mêmes armées d’un surcroît de détermination ou de volonté.

En 2015, lors de la conférence de Paris pour le climat, la France a incarné une ambition pour la planète. Ce qui paraissait alors hors de portée s’est traduit par un accord historique, dont la feuille de route a soulevé une espérance, en montrant le chemin d’une possible réconciliation entre la production, maîtrisée dans ses effets, et l’indispensable transition écologique. Depuis, la trajectoire des émissions de gaz à effet de serre de la France indique qu’elle ne tiendra pas ses objectifs climatiques de Paris. La production bas-carbone de notre électricité grâce à la filière nucléaire française constitue l’une de nos forces pour tenir nos engagements. Mais elle est largement compensée par nos retards – dont nos nombreuses importations très intenses en charbon – nos mobilités encore trop polluantes ou encore notre filière renouvelable insuffisamment développée.

Une nouvelle approche de l’intervention de la puissance publique

La réussite de la transition passe par une nouvelle approche de l’intervention de la puissance publique. Il est pour les Français inconcevable que les compétences, les investissements et les actions conjointes de l’État, de la puissance publique locale, et d’abord des régions et des métropoles, des grands opérateurs publics et des entreprises ne soient pas mieux coordonnés et planifiés pour permettre la réduction de la fracture territoriale dans des conditions qui soient compatibles avec l’urgence climatique. La politique énergétique doit trouver son équilibre entre la promotion du renouvelable, la modernisation du parc nucléaire, la poursuite des programmes de réduction de la consommation d’énergie. Dans cette perspective, l’accélération de la mise aux normes environnementales des bâtiments publics et privés doit continuer à mobiliser les pouvoirs publics nationaux et locaux. De même, la commande publique doit être plus responsable et ses acteurs   –État, collectivités locales, bailleurs, etc. – activer les nouveaux leviers de la loi sans attendre. Le combat de la transition est aussi celui de l’Europe. Les plans de relance européens et les capacités d’investissement des différents instruments de l’Union ne peuvent être une chance pour les territoires soumis à l’urgence climatique que si, dans chaque pays, des capacités d’anticipation et de planification s’organisent autour de la transition énergétique. Encore faut-il associer les territoires à la définition des projets et déconcentrer l’État pour qu’il coordonne leur mise en œuvre.

Pour réussir le défi écologique, nous devons bâtir une méthode et tracer des perspectives en nous appuyant sur nos entreprises. Notre industrie est composée d’un maillage de milliers d’entreprises qui conçoivent et développent des solutions pour la neutralité carbone collective, favoriser l’écoconception des produits, réduire l’empreinte de leurs productions sans en altérer la qualité et l’utilité, réinventer les modèles économiques pour qu’ils soient fondés sur la circularité et la fonctionnalité – sur l’économie des usages. Le combat qu’elles mènent est d’intérêt général et le renforcement du soutien public à leurs initiatives, une nécessité. Mais il faut aller plus loin et porter une véritable vision d’avenir. En lien avec nos partenaires européens, nous devons faire émerger de grands champions dans les domaines clés de la transition écologique – énergies, mobilités, infrastructures numériques et portuaires, éco-matériaux, agro-écologie. C’est un impératif de soutenabilité et de souveraineté. L’Europe, qui dispose de nombreux atouts pour une croissance en conscience et au sein de laquelle la France doit assumer un rôle de chef de file, permettra la sauvegarde durable de notre environnement en fournissant aux États les moyens de faire face de manière stratégique aux crises à venir.

L’Union européenne demeure pour nous la grande espérance pour notre pays

L’Union européenne demeure pour nous la grande espérance et le grand projet non seulement pour le continent mais pour notre pays. La construction européenne repose sur le principe d’un ordre en droit, inscrit dans la Constitution de la République. L’Europe est à la fois notre meilleur bouclier dans un monde chaotique et notre meilleur chemin pour le futur. Elle montre depuis 2016 sa résilience et son efficacité face aux crises. Qu’il s’agisse de l’unité enfin trouvée des Vingt-Sept face au Brexit, de la politique de vaccination continentale, du plan de relance et de la mutualisation des dettes, ou encore de la réponse commune face à la guerre que la Russie de Vladimir Poutine a engagée contre l’Ukraine et son peuple. Certains pensent que l’Union se trouve à l’origine de l’incapacité du continent à défendre ses intérêts, alors même que c’est la faiblesse de l’ambition européenne qui seule explique cet échec. Efficace face aux crises, l’Union est par ailleurs indispensable pour pouvoir peser dans ce qu’il convient d’appeler l’Ère des Empires. Sans l’Union, l’Europe restera la cible trop passive des appétits chinois, américains et russes. Elle est aussi un pôle de puissance et de stabilité dans un ordre mondial menacé par des organisations nouvelles, conjuguant terrorisme, trafics, cyber-criminalité. La géopolitique du futur est aussi celle des défis climatique, migratoire, sanitaire, des batailles pour l’accès à l’eau, au soin et à la démocratie. Avec l’Union et dans le fracas du monde, l’Europe pourra organiser la défense de ses valeurs, de ses intérêts et de ses emplois, et assurer enfin la mise en œuvre d’une volonté politique et stratégique réaffirmée.

À l’instar de notre filière nucléaire, la France a montré par le passé qu’elle était capable de lancer de grands programmes technologiques, industriels et de recherche destinés à maintenir son rang dans le monde et à garantir son indépendance et sa souveraineté. Il a fallu attendre l’étrange concept d’entreprises sans usines – c’est-à-dire l’avènement d’une conception exclusivement libérale de la division du travail à l’échelle planétaire – pour que notre pays accepte, comme une fatalité, le lent déclin de son industrie, dont les effets sur sa capacité de résilience ont été durement éprouvés au moment de la crise sanitaire. Beaucoup ont préconisé la réindustrialisation à marche forcée de la France, sans jamais faire la part de ce qui était désormais stratégique pour elle et de ce qui avait cessé de l’être depuis longtemps. Dans toutes les hypothèses évoquées et retenues, on peinait à trouver la méthode et le début d’un chemin de crédibilité. À grand renfort de slogans parfois grandiloquents, annonçant la démondialisation, on semble faire l’impasse sur la dimension internationale des grandes causes à défendre – et d’abord la lutte contre le réchauffement climatique – qui suppose que les nations les plus engagées puissent projeter, par-delà leurs frontières, une ambition universelle, en coordonnant leurs initiatives. Il s’agit de faire en sorte que les efforts accomplis par les uns, avec la préoccupation de la vie sur la planète, ne soient pas détruits par le nationalisme égoïste des autres, soucieux d’affirmer la domination de leurs produits, de leurs industries, de leurs normes et de leurs capitaux sur le reste du monde. L’utilisation extraterritoriale du droit a montré que dans cette compétition pour l’affirmation d’intérêts parfois puissants, tous les coups pouvaient être portés, et que l’Union européenne se trouvait généralement désarmée lorsque de grands pays transformaient en instrument assumé de leur hégémonisme certaines réglementations ou législations élaborées par eux. Ce chemin qui consiste à réduire le monde à un affrontement entre blocs économiques n’est ni viable ni durable.

Redonner à la puissance publique les moyens d’opérer la transformation sociale et écologique

Pour porter cette ambition de renouveau, notre vision sociale-démocrate est plus que jamais pertinente et fait preuve de sa modernité : elle affirme la nécessité de donner à la puissance publique, à l’échelle européenne, nationale et locale, les moyens d’opérer la transformation sociale et écologique. Rien de significatif ne se fera donc sans le renforcement de l’intervention de la puissance publique, sans l’affirmation par l’État de ses prérogatives, sans l’association des citoyens à une ambition commune et qui donne un sens au tout qu’ils constituent ensemble, au cœur des territoires où ils vivent. Cette ambition porte le beau nom de Nation.

Elle ne peut pas être un repli ni une fermeture sans dommages dont il suffirait d’évoquer les vertus pour nous guérir de nos insuffisances et nous protéger d’un monde hostile. Dans le lent processus historique ayant abouti à son avènement, la France a vu l’État préexister à la Nation. Le pacte qui s’est noué entre des citoyens aspirant à la liberté et formant pour l’humanité des vœux universels a donné à la souveraineté une dimension singulière, indissociable d’une irrépressible aspiration à la démocratie et dont la forme républicaine a mis du temps à éclore. C’est dans le temps long de son histoire que la République est parvenue à se doter d’institutions à même de réaliser son projet. Parmi les thuriféraires de la VIe République, figurent nombre de ceux qui rêvent du retour de la IVe, amputée de ses talents. Ce serait sans doute là le terrain le plus favorable à l’assouvissement des calculs d’appareils et des ambitions personnelles les plus indicibles. Alors que depuis plus de soixante ans, notre pays a connu de multiples alternances qui ont permis à des majorités de sensibilités différentes de mettre en œuvre leurs programmes, que les cohabitations successives se sont déroulées sans heurts, que des crises le plus souvent profondes ont pu être surmontées sans que l’indivisibilité de la Nation ne soit rompue, on voudrait s’en prendre à ce qui tient encore, comme pour faire oublier ce qui ne tient plus aux yeux des Français et qui relèvent d’un lent processus d’abaissement des comportements politiques. Faut-il pour autant ne rien faire du tout et ne plus rien oser ? Doit-on tout conserver en l’état, au motif qu’il y aurait dans le mouvement possible des choses une prise de risque dont la France n’aurait plus les moyens ? On ne peut avoir été si longtemps au pouvoir et prétendre y revenir un jour, sans avoir une juste idée des urgences de l’époque et des moyens à mobiliser pour y faire face en conduisant les réformes nécessaires.

Rien de l’ambition nationale ne peut se concevoir sans un État déconcentré fort, retrouvant sous la coordination des préfets les moyens d’une action ancrée dans les territoires et donnant un visage humain à l’administration. Dans cet esprit, tout entier tendu vers l’objectif de l’amélioration de la qualité du service public, nous pouvons parvenir à recréer une efficacité de l’action publique, en rompant avec les logiques d’attrition qui ont prévalu.

Rien de tout cela ne peut se réaliser sans un pacte de confiance renforcé avec les collectivités locales. Notre République vit du fait que des personnes sont prêtes à assumer des fonctions publiques et à assurer sur le terrain l’indispensable dialogue quotidien avec leurs concitoyens, sans se défausser de leurs responsabilités sur l’État. Ces femmes et hommes sont les maillons essentiels de la démocratie représentative et sont le gage d’une action publique de proximité à tous les échelons-clés, municipalités, intercommunalités, départements et régions.

Ainsi, les territoires sont le socle démocratique de notre République. Pour nous, sociaux-démocrates, la décentralisation est une démocratisation. Elle n’affaiblit pas l’État, elle est même le levier indispensable de la réindustrialisation de notre pays et donc de sa souveraineté, en s’appuyant notamment sur l’excellence des régions. Il n’y aura donc pas de modernisation de l’économie et du plus globalement du pays sans une nouvelle étape de décentralisation qui soit ambitieuse.

Multiplier les espaces de dialogue et de concertation

Ce n’est qu’en multipliant les espaces de dialogue et de concertation que l’on évite les courts-circuits politiques. Pour donner du sens à la vie de la Nation, nous souhaitons des corps intermédiaires structurés et puissants : des partis, des syndicats, ainsi que des institutions valorisées dans leur rôle et fonctionnant régulièrement. Il faut un Parlement qui ne soit pas un théâtre d’ombres et des représentants du peuple qui ne rompent pas le lien avec ceux qui leur ont témoigné leur confiance, au prétexte qu’il faut « faire moderne » et que les réseaux dits sociaux, avec leurs injonctions et leur bruit, suffiraient à dégager un chemin de crédibilité et de raison. On ne peut faire en politique l’économie du lien réel au citoyen. C’est pourquoi la primauté et la centralité du suffrage universel doivent être réaffirmées dans notre contrat social et démocratique.

Il n’est qu’à constater l’effacement progressif des deux assemblées législatives pour mesurer combien l’arrivée d’une classe politique sans ancrage n’a encore rien engendré de nouveau et que l’éloignement d’une base à laquelle on s’astreint à rendre des comptes réduit la politique à un jeu exclusivement tactique, destiné à se sauver soi-même. Il faut à la Nation un gouvernement qui ne soit pas composé que de collaborateurs serviles, fébriles à l’idée de tout perdre, en prenant le risque d’offenser le prince.

Et que reste-t-il des organisations qui firent si longtemps battre le cœur de la démocratie en défendant les intérêts des salariés ? Certaines d’entre elles se sont parfois montrées plus préoccupées de la préservation de leur pré carré que de la recherche des compromis utiles, permettant de faire progresser des causes justes, après avoir été arrachées de haute lutte. Encore faut-il qu’elles soient considérées par le pouvoir comme des partenaires et non des adversaires.

Quant aux associations et aux mouvements de l’éducation populaire, ils n’ont cessé d’être négligés, recevant les saluts enflammés à la fin des discours alors que leurs bénévoles méritent reconnaissance, leur contribution au pacte social et à l’autonomie de la jeunesse exigent le respect, et leurs missions imposent accompagnement moral et financier.

Enfin, le soutien à la culture et la promotion des activités culturelles dans toute leur diversité doit être assumé comme une tâche impérative de la puissance publique. La culture est nécessaire à la vie et indispensable aux citoyens pour voir et comprendre le monde.  Pour affronter ses nombreux défis, la Nation a bel et bien besoin de femmes et d’hommes éclairés à l’esprit civique et donc critique, libérés du seul économisme et rétifs à l’uniformisation culturelle, sensibilisés aux arts, épris de l’amour du beau, de tout ce qui fait aussi la France. Éducation, urbanisme, paysages, création, le droit au beau est bien plus qu’une exigence esthétique, il est un impératif catégorique d’émancipation individuelle, de transmission et de construction collectives, et de rayonnement national.

La conviction d’appartenir à la même condition humaine

C’est dans l’affirmation à chaque instant de ce que l’on est et de ce à quoi on croit que réside le vrai courage. Il n’est pas de grand fleuve qui ne procède d’une source claire. Il en va de même en politique. La victoire appelle toujours une force suffisamment puissante, pour que le courant imprime sa vitesse et que plus rien ne parvienne à l’interrompre. La satisfaction qu’engendrent les concessions faites à la radicalité est par la force des choses éphémère. Elle est comme une tentative de dérivation du fleuve par ceux qui ont oublié qu’il se dirige inéluctablement vers la mer, lorsqu’il demeure fidèle à sa source.

Il nous faut donc libérer un paysage politique dévasté et reconstruire pas à pas ce qui doit l’être : des organisations politiques tournées vers la Nation et son bien, armées de la sincérité sans laquelle il ne peut y avoir de confiance et portant un projet où l’audace ne va pas sans la part de risque qu’appelle la recherche constante de la juste position. Pour y parvenir, on aurait tort de se satisfaire des postures grandiloquentes de l’insoumission, en acceptant le mariage de l’inconséquence et de la violence, dans un nihilisme où la colère empêcherait l’avènement de l’espérance. L’amour de la justice et de l’égalité ne place pas spontanément ceux qui en sont les porte-drapeaux sur un chemin de roses. La gauche à laquelle nous croyons est pétrie de l’esprit de nuance, dont il est de notre devoir moral de faire l’éloge pour restituer au peuple des citoyens la complexité d’un monde dont nous aspirons à maîtriser le destin.

L’indignation est nécessaire mais ne suffit pas à mettre en mouvement des sociétés où des fossés se creusent, au point que les plus vulnérables, désespérés de ne pouvoir un jour rencontrer le progrès, se jettent dans les bras de populismes et d’extrémismes qui les instrumentalisent et les dupent, peu soucieux de résoudre les problèmes dont l’aggravation leur sert de rente électorale. Mais ce cynisme, enkysté depuis des décennies dans le débat public et dont l’élection présidentielle a montré l’extension géographique et sociale, n’est pas une fatalité. Il nous présente simplement les comptes de nos manquements et de nos renoncements successifs, lorsque nous abandonnons le peuple à ceux qui le trompent et que nous avons depuis longtemps cessé de lui parler, pour ne privilégier que des catégories d’intérêts ou des communautés d’appartenance.

Les combats de la gauche sont indissociablement liés à la passion de la République et à la nécessité d’en préserver toujours les valeurs, les institutions et la citoyenneté. L’unité et l’indivisibilité de la Nation appellent un effort constant de ses représentants pour ne pas perdre le fil d’une histoire faite de conquêtes, de reculs, de déceptions, mais aussi de conscience et de culture politique constamment soumises à l’examen critique d’esprits demeurant libres, en même temps que profondément unis les uns aux autres par la conviction d’appartenir à une même condition humaine.

C’est cette conviction qui constitue le creuset de la promesse universelle de la République et de la France, celle avec laquelle on ne peut transiger : ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui pourrait nous diviser un jour. De là vient que le premier de nos devoirs est d’affirmer que l’unité de la Nation relève du travail de chacun, c’est-à-dire d’un effort qui conditionne la réussite et l’avènement des ambitions que nous pouvons porter collectivement et au premier rang desquelles doit subsister, à tout prix, le désir de demeurer ensemble. Car la République n’est pas seulement l’enjeu des gouvernants : elle est d’abord l’affaire des citoyens.

Qui s’estime comptable de cette histoire ne peut admettre que les grandes causes qui firent les plus ardents combats de la gauche soient ainsi abandonnés. La suspicion cyniquement entretenue à l’égard de chacun dans la compétition de tous contre tous ne conduit qu’à excommunier les plus modestes et leur interdire de participer à la grande aventure humaine pour la reconnaissance de leurs droits et de leur singularité. Il n’y a rien dans cette tension délibérément entretenue qui puisse ressembler au progrès, rien qui puisse susciter l’espérance. Les exigences d’égalité et de justice, le rejet du racisme, de l’antisémitisme, des discriminations, de la violence à l’encontre des plus vulnérables ne peuvent pas être simplement portés par une partie de la Nation, mais par elle tout entière. La laïcité, la liberté, l’égalité et la fraternité continueront à perdre leur force d’entraînement, aussi longtemps qu’elles n’auront pas retrouvé leur utilité pratique, celle d’outils qu’on utilise pour atteindre un but, comme on construit une maison ou cultive un jardin.

Il n’y a pas l’inéluctabilité de la droitisation de la société, de la réaction et de l’extrémisme de droite ou de gauche accomplissant leur œuvre destructrice. Il n’y a que le risque pour les forces sociales de se tromper de route et de laisser à leurs opposants le soin de préempter un héritage séculaire en le dilapidant et en le trahissant. C’est là pour nous l’essentiel qui prévaut face aux agitations d’estrade et aux ambitions pour soi-même. C’est cette quête du sens profond de l’égalité et de la Nation que nous porterons, car elle seule peut porter notre espérance.

Premiers signataires

Patricia ADAM, Ancienne députée du Finistère (29) ;  Jérôme ALEMANY, Conseiller départemental (44) ;  Sylvie ALFRED, Meulles (14) ;  Kevin ALLENO , Élu municipal Lanester – Morbihan (56) ;  Arthur ALLIZARD, Artiste (61) ;  Jean ALMARCHA, Conseiller départemental Montpellier (34) ;  Rado ANDRIAMANIO, Psychiatre hospitalier (61) ;  Cédric ARDOUIN, Socialiste d’Indre-et-Loire (37) ;  Louis ARSAC, Consultant à l’international – Caen (14) ;  Bernard ATTALI, Consultant ;  Edwige AVICE, Ancienne ministre , IAG ;  Jean-Paul BACQUET, Député honoraire (63) ;  Orod BAGHERI (38) ; Guy  BAILLART, Ancien député du Calvados (14) ;  Sylvie BALON, Conseillère départementale et première adjointe au maire de Longwy (54) ;  Marie-Annick BARTHE, Économiste, POLLEN ;  Chantal BEAUFILS, Enseignante à la retraite – Senlis (60) ;  Yves BEGUIN, IAG ;  Flavien BENAIN-LIOT,  Trésorier – IAG ;  Jean-Marie BENIER, Conseiller départemental (22) ;  Alain BERGOUNIOUX, VP de IAG, Président de l’OURS ;  Ludovic BIASOTTO, Maire de Lavardac – Vice-président d’Albret Communauté (47) ;  Gisèle  BIEMOURET, Ancienne députée du Gers (32) ;  Clément BIJOU, Périgueux (24) ;  Erwann BINET, Ancien député de l’Isère (38) ;  Philippe BLET, CA Les Engagé.e.s ;  Martyne BLOCH, Socialiste (59) ;  Angela BOGROS, Principale de collège à la retraite – Lisieux (14) ;  Monique BOINEAU-SERRANO, Maire de Chassaignes (24) ;  Jean-Paul BOISSON, Socialiste – Retraité INSEE – Niort (79) ;  Baptiste BONDU,  TÉLÉMAQUE ;  Jérôme BORNET, Conseiller municipal d’Orléans (45) ;  Thomas  BOS, étudiant ;  Claude BOUCHAFA, Militant associatif (62) ;  Pierre-Etienne BOUCHET, Socialiste – conseiller municipal de Chantilly (60) ;  Christophe BOUILLON, Ancien député de Seine-Maritime, maire de Barentin et conseiller départemental (76) ;  Isabelle BOUILLOT, IAG ;  Pascal BOURDEAU, Vice-président du CD 24 ;  Hussein  BOURGI , Sénateur de l’Hérault, conseiller régional d’Occitanie (34) ;  Robert BOUSBA, Provins (77) ;  Maxime BOUTRON, SGA Les Engagé.e.s ;  Bertrand BRASSENS, Haut fonctionnaire à la retraite ;  Maurice  BRAUD , Socialiste – Conseiller municipal délégué de Créteil et conseiller communautaire (94) ;  Jean-Louis  BRICOUT , Député de l’Aisne (02) ;  François BROTTES, ancien député de l’Isère et président de commission (38) ;  Pierre BRUYNOOGHE, Administrateur du cercle POLLEN ;  Hélène BURGAT, Maire de Mondeville et vice-présidente de Caen-La-Mer (14) ;  Philippe BUISSON, Maire de Libourne (33) ;  Mathieu CAHN,  Strasbourg (67) ;  Jean-Philippe CALMUS, (75) ;  Jean-Christophe CAMBADÉLIS, NOUVELLE SOCIÉTÉ (75) ;  Pierre CASELLAS, Conseiller municipal délégué – Tournefeuille (31) ;  Laurent  CATHALA, Ancien député du Val-de-Marne, maire de Créteil (94) ;  Christophe CATHUS, Conseiller régional, maire de Cales (24) ;  Michelle CAZANOVE, Haut fonctionnaire en retraite, POLLEN ;  Maïté CAZAUX, Socialiste – Bordeaux (33) ;  Bernard CAZENEUVE, Ancien Premier ministre (50) ;  Jean-Pierre CERDAN, SG de l’ONG Électriciens sans frontières, IAG ;  Pierre CHABERT , Terre de progrès, POLLEN ;  Fanny CHAPPÉ, Maire de Paimpol, conseillère régionale (22) ;  Robert CHAPUIS, Ancien ministre – IAG ;  Nathalie CHARLES, Cadre territorial (61) ;  Vasilica CHARNAY, Ancienne collaboratrice parlementaire, POLLEN ;  Christelle CHASSE, Maire de Herbignac (44) ;  Raphaël CHAUVOIS, Conseiller municipal de Ouistreham, ancien conseiller régional (14) ;  Jean-Luc CHENUT , Président du département d’Ille-et-Vilaine (35) ;  Loïg  CHESNAISGIRARD, Président de la Région Bretagne (35) ;  Pascale CHEVALLIER DEVERRE, Rédactrice territoriale (61) ;  Sylvie CHEVALLIER , Vice-présidente du Conseil départemental (24) ;  Françoise CHOPARD, PRG – Le centre gauche ;  Francis  CHOUAT , Ancien député de l’Essonne et maire d’Evry (91) ;  Léo CHRISTOPHE, Étudiant (15) ;  Gérard CICUREL, Consultant informatique ;  Jacques CLAUDÉ, Haut fonctionnaire à la retraite – Saint-Denis (93) ;  Thomas CLAY, Avocat et Professeur de Droit ; Jérôme CLÉMENT,  ;  Christian COAIL , Président du département des Côtes-d’Armor (22) ;  André COENT , Maire de Plouzélambre  – Côtes d’Armor (22) ;  Gérard COLIN, Ancien conseiller départemental (61) ;  Sylvie COLIN, Militante associative (61) ;  Antoine COLOMBANI, TÉLÉMAQUE ;  Dominique COMBLES DE NAYVES, Ancien ambassadeur, IAG  – Secrétaire général ;  Denis  COMPINGT,  ;  Corentin  CONDUTIER , Consultant en finances publiques – Betton (35) ;  Josette CONNAN, Maire de Lanleff (22) ;  Pierre-Yves COSSE, Ancien commissaire général au Plan – IAG ;  Michel COSSON, Bénévole association (61) ;  Anthony COURTALHAC, Militant socialiste Puy-de-Dôme (63) ;  François CUILLANDRE, Maire de Brest (29) ;  Frédéric CUVILLIER, Ancien ministre, ancien député du Pas-de-Calais, maire de Boulogne-sur-Mer (62) ;  Corinne  DALDOSSO, Attachée territoriale (31) ;  Arsène DEHEC, Étudiant – Cognac (16) ;  Valérie DELAGE, Bureau Les Engagé.e.s ;  Denis  DELASALLE, Ancien maire de Villers-Canivet (14) ;  Serge  DELAVALLEE, Vice-président de la CDC Pays de l’Aigle (61) ;  Gérard DELFAU, Président association laïque ;  Carole DELGA, Présidente de la région Occitanie – Ancienne Ministre (31) ; Halima DELIMI, Communicante (Genève- Suisse) ;  Pierre DENIZET, IAG ;  Bernard DEROSIER,  Ancien député du Nord (59) ;  Jean-Philippe DEROSIER, SGA Les Engagé.e.s ;  Yvon DESCHAMPS, Ancien premier fédéral PS (69) ;  Jacques DÉSIDÉRI, Responsable syndical interprofessionnel – Aix-en-Provence (13) ;  Michel DESTOT, Président IAG, Ancien député de l’Isère et maire de Grenoble (38) ;  Serge  DEVERRE, Commercial (61) ;  William DIAS RAMALHO, CA Les Engagé.e.s ;  Meiling DINGGENTIL, Cheffe d’entreprise – Senlis (60) ;  Marie-Claire DONNEN, Conseillère régionale Grand Est ;  Mathieu  DRUILLOLE, Secrétaire fédéral PS – Responsable associatif (24) ;  Jean-Marc DUBARRY, Balma (31) ;  Jeanine DUBIE, Ancienne députée des Hautes-Pyrénées – PRG (65) ;  Alain DUBOIS, Président des Acteurs régionaux du développement durable (59) ;  Sandrine DUBOS, Socialiste (24) ;  Katia DUBOUCHETBUISSON, Élue de Villeurbanne et doctorante en droit public (69) ;  Jean-Paul DUCOULOMBIER, Ancien maire de Saint-Aubin-sur-Mer (14) ;  Pauline DUCOULOMBIER, Cadre dans une structure culturelle (14) ;  Anne Lise DUFOURTONINI, Maire de Denain – Ancienne députée du Nord (59) ;  Jean-Louis DUPIN, Cugnaux (31) ;  Yves DURAND , Ancien député et ancien maire de Lomme (59), POLLEN ;  Christian  ECKERT , Ancien ministre, ancien député de Meurthe-et-Moselle (54) ;  Éric ELKHOUBY, Ancien député et ancien adjoint au maire de Strasbourg (67) ;  Fabrice EPSTEIN, Avocat ;  Matthias FEKL, Avocat, ancien ministre ;  Marie-José FERCOQ , Maire de Mellionnec (22) ;  Corinne  FERET , Sénatrice du Calvados  (14) ;  Martine FILLEUL, Sénatrice du Nord (59) ;  Daniel FILOCHE, Bénévole associatif (61) ;  Jacqueline FILOCHE, Bénévole associatif (61) ;  Sandrine FLOUREUSSES, VP du conseil départemental (31) ;  Marc FONTECAVE, Professeur au Collège de France (75) ;  Hugues FOURAGE, Ancien député de Vendée (85) ;  Serge FOURCAUD, Maire de Bonneville-et-Saint-Avit-de-Fumadières (24) ;  Jean-Marc FOURNEL, Maire de Longwy (54) ;  Sébastien FOURNIER, DG délégué d’Eurocom Éditions – IAG ;  Jacques FOURRE, Socialiste – secrétaire de section (14) ;  Grégory GABORET, Conseiller municipal d’Amilly (45) ;  Jean-Louis GAGNAIRE, Ancien député de la Loire (42) ;  Jean-Bernard GAILLOTRENUCCI, Conseiller politique, POLLEN ;  Arthur des GARETS, Étudiant SciencesPo ENS ;  Julie GARCINSAUDO, Conseillère départementale – Pézenas (34) ;  Roland GARRIGUES, Ancien maire de Montauban (82) ;  Vincent  GAUDY, Vice-président du conseil départemental – Maire de Florensac (34) ;  Yacinthe GBODOGBE, Conducteur d’engins – Creil (60)  ;  Robert  GELLI , Magistrat honoraire ;  Jean-Louis GELY, Vice-président du Département – Montpellier (34) ;  Hélène GEOFFROY, Ancienne ministre, maire de Vaulx-en-Velin (69) ;  Florence GINISTY, Avocate – Toulouse (31) ;  Mathieu GITON, Délégué des Français de l’étranger ( Bruxelles – Belgique)  ;  Jean GLAVANY, Ancien ministre, ancien député des Hautes-Pyrénées (65) ;  Mathieu GLAZ, Conseiller départemental (56) ;  Yves GOASDOUÉ, Maire de Flers et président de Flers Agglo (61) ;  Serge GODARD, IAG ;  Sandrine GOMBERT, Conseillère régionale des Hauts-de-France – Maire de Petite-Forêt (59) ;  Mario GOMES, Artisan – Chantilly (60) ;  José-Luis GOMEZLLANOS, IAG ;  Marc GOUA, Ancien député de Maine-et-Loire (49) ;  Rémy GOUBERT, Étudiant en droit (15) ;  Pierrick GOURONNEC, Maire de Pleumeur-Gautier – Côtes d’Armor (22) ;  Sébastien GRICOURT, Expert international – Socialiste Bagnolet (93) ;  Charles-Henry GRIGY, Agent hospitalier (61) ;  Karine GROSJEAN, Ancienne PSF, présidente association laïque – Pontarlier (25) ;  Guillaume GROSSO, VP PRG – Élu à l’Assemblée des Français de l’étranger – Genève ;  Alain GUEGUEN, Maire de Plouguernével (22) ;  Davy GUIHAIRE, Infirmier hospitalier (61) ;  Daniel GUILLIET, Inspecteur du travail à la retraite – Chantilly (60) ;  Loris GUILLOTEAU, Socialiste – étudiant (77) ;  Muriel GUIN, Fonctionnaire européenne (Bruxelles- Belgique) ;  Éric GULINO, Maire de Ogy-Montois-Flanville (57) ;  Béatrice GUYOT, Conseillère départementale (61) ;  David  HABIB , Député des Pyrénées-Atlantiques, ancien maire de Mourenx (64)  ;  François HADA, Ancien conseiller de Jean-Marc Ayrault ;  Yoan HADADI, Socialiste (57) ; Seid HASSIM, Chef d’entreprise (31) ;  Angélique HAVARD, Écologiste – Conseillère municipale Lisieux (14) ;  Bertrand HAVARD, Adjoint au maire de Mondeville (14) ;  Claire HEBERSUFFRIN, Co-créatrice du mouvement des réseaux d’échanges des savoirs (91) ;  Marc HEBERSUFFRIN, Co-créateur du mouvement des réseaux d’échanges des savoirs (91) ;  Lori HELLOCO, Conseiller départemental, premier adjoint au maire de Flers (61)  ;  Quentin HENAFF, Directeur d’hôpital, IAG ;  Thomas  HENNEQUIN, Maire de Montcornet (02) ;  Gabrielle HENRY, VP du conseil départemental (34) ;  Francis  HERBAYS, Maire de Fillières (54) ;  Annie HILY, Infirmière, socialiste – Chantilly (60) ;  Antoine HOAREAU, Adjoint au maire de Dijon (21) ;  Jean-Michel  HOULLEGATTE , Sénateur de la Manche (50) ;  Sylvaine HOULLEMARE, Maire déléguée de Familly – Livarot – Pays d’Auge (14) ;  Jean-Pierre HUREL, Adjoint au maire de Flers (61) ;  Fabrice HURET, Universitaire, POLLEN ;  Joris HURIOT, Maire de Mattaincourt (88) ;  association Inventer à Gauche  ;  Marc-Antoine JAMET, Maire de Val-de-Reuil (27) ;  Hervé JAVERZAC, Conseiller municipal de Sanilhac (24) ;  Laurent JOFFRIN, Président LES ENGAGÉS ;  Gilles JOVIADO, Maire de Buzet-sur-Tarn – VP CDC Val Aïgo (31) ;  Laurent  JUMELINE, Vice-président de Flers Agglo (61) ;  Régis KERDELHUE , Élu municipal Morbihan (56) ;  Patrice KERVAON, Conseiller départemental (22) ;  Romain KIRCHDORFER, IAG ;  Patrick KLUGMAN, Avocat (75) ;  Yann KOEBERLÉ ARNOULT, Les Engagé.e.s ;  Marie-Rose KORO, Conseillère des Français de l’étranger (Turquie) ;  Annie LACOUR, Socialiste – Lisieux (14) ;  Guillaume LACROIX, Président du Parti radical de gauche ;  Michel  LALANDE , Ancien haut-fonctionnaire (94) ;  Delphine LALU, LES ENGAGÉS ;  Jérôme LAMBERT, Ancien député de la Charente (16) ;  Bruno LAMONERIE, Vice-président du Conseil départemental, président EPCI (24) ;  Pascal LAMY, Ancien commissaire européen, ancien DG de l’OMC, IAG ;  Nadège LANGLAIS, Conseillère départementale (22) ;  Benjamin LANIER, IAG  ;  Nathalie LANZI, Socialiste – Niort (79) ;  Ange LAUNAY, Socialiste (14) ;  Thibault LAVAUDVAVASSEUR, Étudiant – Lisieux (14) ;  Paul LE BIHAN, Maire de Lannion (22) ;  Béatrice LE COUSTER, Conseillère départementale (22) ;  Stéphane LE FOLL, Ancien ministre, ancien député, maire du Mans (72) ;  Anthony LE FOLLIC , Conseiller municipal de Saint-Geniès (24) ;  Philippe LE GOFF, Maire de Guingamp (22) ;  Philippe LE GOUX, Maire de Pléguien (22) ;  Claude LE HEN , Militant syndical (56) ;  Vincent  LE MEAUX , Président de l’agglomération Guingamp-Paimpol (22) ;  Annaïg LE MOËL RAFLIK, Élue municipale Lanester (56) ;  Marie-Christine LE MOUËL, Élue municipale Pontivy (56) ;  Gaëlle LE STRADIC , Conseillère régionale (56) ;  Jean-Claude LEBLOIS , Président du Conseil départemental (87) ;  Didier LEBRET , Ancien ambassadeur, associé senior chez ESL&Network (58) ;  André LEDRAN, Ancien maire de Ouistreham – Ancien député et conseiller général (14) ;  Denis LEFEBVRE, Historien ;  Dominique LEFEBVRE , Ancien député du Val-d’Oise et ancien maire de Cergy-Pontoise (95) ;  Annick LEFEUVRE , Bénévole association (61) ;  Nicole LEFOUR, (60) ;  Magali LEFRANCOIS, Ancienne conseillère départementale (14) ;  Roselyne LEFRANCOIS, IAG ;  Patrick LEGEAY, Élu municipal Lanester (56) ;  Thierry LEGOUIX, Ancien conseiller départemental (14) ;  Jacky LEHUGEUR , Maire de Gouvix (14) ;  Bernadette LEMOINE, Institutrice – Chantilly (60) ;  Aubin-Dominique LENGHAT, Ancien ministre de Centrafrique – Bussy-Saint-Georges (93) ;  Claudine LEPAGE, Ancienne sénatrice (Français établis hors de France) ;  Christine LEPELTIER-FLEURY, Infirmière hospitalière (61) ;  Fabienne LEPERS, Hem (59) ;  Philippe LEPINAY, IAG ;  Isabelle LERALLE, Élue syndicale –  Hôpital de Lisieux (14) ;  Jean-Paul LEROY, Élu municipal, ancien maire de Pleslin-Trigavou (22) ;  Jean-Paul LETOUZÉ,  ;  Michel LEVALLET , Socialiste – Ouistreham (14) ;  Jean LEVIOL, 29 ;  Martial  LONGUET, Adjoint au maire de Gouvix (14) ;  Jérôme LOPEZ, Conseiller départemental – Maire de Saint-Mathieu-de-Tréviers (34) ;  Guillaume LOUIS, Conseiller départemental (22) ;  Sylvie LYONS, Socialiste (05) ;  J.-C. MACQUAIRE, Retraité (26) ;  Jean-Michel  MADELAINE, Professeur de karaté – Lisieux (14) ;  Lydie MAHE, Conseillère départementale (44) ;  Saliha MAKHLOUF, Consultante en communication – Conseillère municipale déléguée – Corbas (69) ;  Jean-Claude MALAISE , Retraité de la banque – Orry-la-Ville (60) ;  Hermeline  MALHERBE , Présidente du Conseil départemental (66) ;  Vincent  MALHERBE , Délégué départemental TDP POLLEN (66) ;  Jean MALLOT, Ancien député de l’Allier (03) ;  Mario MAMBOLE, Technicien voirie- Saint-Maximin Village (60) ;  Louis-Joseph MANSCOUR, Ancien député européen et ancien député de la Martinique ;  Marie-Lise MARSAT, Vice-présidente du Conseil départemental, maire de  Le Buisson-de-Cadouin (24) ;  David  MARTI, Maire Le Creusot – Président CU Creusot-Montceau (71) ;  David  MARTINEAU, Conseiller départemental (44) ;  Christophe MARTY, Logisticien (31) ;  Frédérique MASSAT, Ancienne députée de l’Ariège (09) ;  Jean-Luc MATHIEU, Magistrat honoraire, POLLEN ;  Pierre MAULNY, Doctorant – Enseignant d’histoire (75)   ;  Ginette MAUREL, (34) ;  Daniel MAURIN, Toulouse (31) ;  Nicolas MAYER-ROSSIGNOL, Maire et Président de la Métropole de Rouen (76)  ;  Michel  MENARD , Président du département de Loire-Atlantique (44) ;  Baptiste MÉNARD , Président de Lueurs républicaines – (59) ;  Alexandre MENNUCCI, Avocat (75) ;  Patrick MENNUCCI, Membre du bureau national du PS ;  Jean-François MERLE, Animateur de MichelROCARD.org – IAG ;  Kléber  MESQUIDA , Président du Conseil départemental (34) ;  Vanessa MILER-FELS, TÉLÉMAQUE ;  Jean-Jacques MIRASSOU, Ancien sénateur (31) ;  Nina MITHA, CA Les Engagé.e.s ;  Serge  MOATI , Journaliste ;  Xavier MOINIER, Enseignant-Chercheur – Université de Poitiers (86) ;  Jean-Philippe MONTEIL,  Principal de collège (31) ;  Christophe MORALES, (34) ;  Henry MOREIGNE, Délégué départemental Terre de Progrès, POLLEN ;  Patrick MOREL, Maire de Urville (14) ;  Michel MORIN , Élu municipal Saint-Brieuc (22) ;  Jean-Pierre MOUSSY, IAG ;  Brigitte NABET, Libourne (33) ;  Jérôme NARBONNE, Perthuis (84) ;  Philippe NAUCHE, VP Conseil régional d’Aquitaine – Ancien député de Corrèze ;  Hakima NECIB, Grenoble (38) ;  Alain NERI, Ancien député (63) ;  Ségolène NEUVILLE, Ancienne ministre (66) ;  Laurent OLLÉON, Avocat (75) ;  Thierry ORVEILLON, Maire de Pleslin-Trigavou – Côtes d’Armor (22) ;  Nassima OULD OUALI, Étudiante – Chaville (92) ;  Wilfrid PAILHES, Conseiller municipal de Bourg-lès-Valence,  conseiller agglomération de Valence (26) ;  Laurent  PANIFOUS, Député de l’Ariège (09) ;  Pierre PAPON, Ancien DG CNRS, IAG ;  Germinal  PEIRO , Président du Conseil départemental (24) ;  Martine PELAN, Conseillère départementale (22) ;  Philippe  PERDRIZET, Enseignant à la retraite – Lisieux (14) ;  Christiane PERRET, Syndicaliste « CFDT retraités » (61) ;  Sandrine PERRET, Consultante (61) ;  Philippe PEYRELEVADE, VP IAG – Rédacteur du manifeste pour la social-démocratie de IAG ;  Joël PHILIPPE, Maire de Tonquédec (22) ;  Christine PIERRAT, Conseillère municipale Val de Briey (54) ;  Delphine PINEDA, Citoyenne engagée à gauche (75) ;  Gaëlle PIOLINE , Adjointe au maire de Flers (61) ;  Édouard PODYMA, Socialiste – Caen (14) ;  Marie-Pierre PONS, VP du département de l’Hérault, canton de Saint-Pons-de-Thomières, maire de Cessenon (34) ;  Dominique POTIER, Député de Meurthe-et-Moselle  (54) ;  Martial POUPINEL, Directeur adj. EREA (61) ;  Sylvie PRADELLE, Conseillère départementale Frontignan (34) ;  Jean-Mael PRESTI, VP JRG Lyon (69) ;  Pascal PRIDO, Maire de Le Foeil (22) ;  Elie PUIGMAL, Ancien maire et ancien conseiller départemental (66) ;  Bruno RANSON, Fonctionnaire de l’État – Chantilly (60) ;  Maryse RAOULT, Ancienne maire, militante associative (22) ;  Robert RAULT , Conseiller départemental (22) ;  Régine RAYNARD, Militante syndicale (32) ;  Ali REBOUH, Conseiller départemental (44) ;  Farida REBOUH, Conseiller départemental (44) ;  Colette REGIS, Socialiste (75) ;  Daniel REGIS,  Socialiste – Élu de Villemur (31) ;  Bastien RENDU, TÉLÉMAQUE ;  Bruno RESSORT, CA Les Engagé.e.s ;  Jean-Michel RIBES ; Alain RICCI, CA Les Engagé.e.s ;  Marie RICHARD, IAG ;  Jacques RIGAUD, Vice-président du Département, conseiller de Lodève (34) ;  Michel RIGAUD, Chef d’entreprise (31) ;  Brigitte ROBERT, Assistante maternelle – Chantilly (60) ;  Arnaud ROHMER, TÉLÉMAQUE ;  Dominique RODA, Chef d’entreprise – Senlis (60) ;  Rozenn ROUILLER, Conseillère départementale, maire de Montpon-Ménestérol (24) ;  Martine ROURE, ancienne Députée européenne (69) ;  Gaëlle ROUTIER, Conseillère départementale (22) ;  Didier ROUX, Socialiste (31) ;  Bernard RULLIER, Les Engagé.e.s ;  Catherine  SABBAH , Déléguée générale de l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement  ;  Philippe SABUCO,  TÉLÉMAQUE ;  Gildas SALAUN, Adjoint à la maire de Nantes (44) ;  David  SAMZUN, Maire de Saint-Nazaire (44) ;  Michel SANTOUL, Conseiller municipal de Villemur – Conseiller communautaire (31) ;  Michel SAPIN, Ancien ministre  ;  Gilles SAVARY, Ancien député européen et ancien député de la Gironde – POLLEN (33) ;  Virginie SCHAEFFER-MONTEILS, Socialiste – Ouistreham (14) ;  Pierre SCHAPIRA, ancien Adjoint au Maire de Paris (75) ; Jean-Luc SECHET, Conseiller départemental (44) ;  Anne-Marie SEGUIN, Conseillère municipale de Livarot-Pays-d’Auge (14) ;  Odette SEGUIN , Vice-présidente d’une association d’éducation populaire des Hauts-de-France – Mouy (60) ;  Yohan SENEZ, Président club sportif professionnel (59) ;  Françoise SENOUQUE, Socialiste – Villemur (31) ;  Marc SENOUQUE, Socialiste – Villemur (31) ;  Christophe SIRUGUE, Ancien ministre et ancien député de Saône-et-Loire (71) ;  Thierry SOTHER, Socialiste, premier secrétaire fédéral (67) ;  Denis  SOUBEYRAN, Haut-Fonctionnaire, POLLEN ;  Jeff SOUBIEN , Président de la régie de quartier – Caen (14) ;  Louis SOUCHAL, CA Les Engagé.e.s ;  Serge SOULA, Enseignant chercheur – Ancien conseiller général (31) ;  Jean-Claude SOULBIEU, Retraité de la fonction publique – Lisieux (14) ;  Stessy SPEISSMANN, Maire de Gérardmer (88) ;  Jean SUHAS, Cadre de banque (États-Unis) – Secrétaire fédéral Écologie à la FFE ;  Nicolas SULTAN, Chef d’entreprise ;  Olivier TACONET, CA Les Engagé.e.s ;  Geneviève TAPIE, CESR Occitanie – Présidente de l’Observatoire de la parité ;  David  TAUPIAC, Député du Gers (32) ;  Christian TEILLAC , Vice-président du Conseil départemental, maire-adjoint (24) ;  Matthieu TERENTI, IAG ;  Sylvie  TOLMONT , Ancienne députée de la Sarthe (72) ;  Jean-Paul TRAN THIET, Avocat – Président du Conseil d’Orientation du Cercle POLLEN ;  Catherine  TRAUTMANN, Conseillère municipale de Strasbourg, ancienne ministre (67) ;  Nathalie TRAVERT-LE ROUX, Maire de Landéhen (22) ;  Marina TYMEN, Conseillère nationale Terre de Progrès, POLLEN ;  Mathias ULMANN, Consultant en stratégie – Français de l’étranger ;  Clément VACHÉ, CA Les Engagé.e.s ;  Isabelle VAILLANT, Économiste ;  Romain VAILLANT, Maire de Villeneuve-Tolosane, vice-président de Toulouse métropole, Les Engagé.e.s (31) ;  Clotilde  VALTER , VP agglomération Lisieux-Normandie, Ancienne ministre (14) ;  Alain VAN DER MARLIERE, Haut fonctionnaire à la retraite (72) ;  Robert VANOVERMEIR, Adjoint honoraire – Villeneuve-d’Ascq (59) ;  Claudine VASSAS-MEJRI, Vice-présidente du conseil départemental – Maire de Castries (34) ;  Franck VERHERBRUGGEN, Consultant (13) ;  Vincent  VERON, Socialiste, premier secrétaire fédéral (61) ;  Michèle  VICTORY, Ancienne députée de l’Ardèche (07) ;  Philippe VIDAL, VP Conseil départemental – Maire de Cazouls-lès-Béziers (34) ;  Philippe VOIRON , Retraité du travail social (92) ;  Michael WEBER, Maire de Woelfling-lès-Sarreguemines, conseiller régional Grand Est, président de la fédération nationale des Parcs régionaux (57) ;  Patricia WEBER, Vice-présidente du département – Lattes (34), conseillère de Montpellier Méditerranée Métropole ;  Ariel WEIL, Maire de Paris Centre (75) ;  Didier YON, Conseiller départemental (22) ;  François ZIMERAY, Avocat. »