Catégories
Guerre

« Tolstoïevski »

Le nationalisme ukrainien, encore et toujours plus.

Il a déjà été parlé de comment le nationalisme ukrainien a particulièrement ciblé Dostoïevski. Néanmoins, Tolstoï fait toujours partie de cette cible, au point qu’on a maintenant même le concept de « Tolstoïevski ».

Il a été mis en avant par Andriy Melnyk, le numéro 2 des Affaires étrangères du régime ukrainien. Il avait été auparavant ambassadeur d’Ukraine en Allemagne de 2015 à 2022, mais il a dû partir car vraiment ses discours ultra-nationalistes ukrainiens rendaient sa position trop délicate par rapport à l’opinion publique allemande.

L’occasion a été une interview accordée le 6 avril au média ukrainien RBC. Il dit la chose suivante : oui, l’Allemagne nous soutient. Mais il y a un problème de fond, c’est que dans le dispositif culturel et idéologique allemand, la Russie existe.

Il faut que ça change, sinon l’Allemagne ne s’engagera jamais à fond pour le régime ukrainien.

Il faut bien saisir ici que pour le régime ukrainien, la Russie n’existe pas. Selon le nationalisme ukrainien, la Russie serait un empire maléfique dominé par la « Moscovie » criminelle. D’où l’intérêt du nationalisme ukrainien pour la superpuissance américaine dans sa guerre contre la Russie.

L’objectif, assumé, est la partition de la Russie en plusieurs entités.

Andriy Melnyk reprend donc le discours sur la Russie qui serait par nature criminelle, assassine, à l’instar de Dostoïevski. Tolstoï est devenu de plus en plus cité, il est désormais officialisé, mis au même niveau que Dostoïevski.

Voici donc son propos, qui fantasme d’ailleurs beaucoup sur les relations des classes dominantes allemandes avec la Russie : avant 1945, c’est le racisme anti-slave le plus brutal qui prédominait, dans l’esprit prussien. Ce n’est pas pour rien que les nazis voulaient exterminer tous les Slaves.

« D’autre part, les relations de l’Allemagne avec la Russie ont une histoire particulière qui remonte à la guerre froide ou à l’étroite coopération entre la Première et la Seconde Guerre mondiale.

– Jusqu’à l’époque de la Prusse ?

– Du moins de Frédéric le Grand, qui doit son salut à Catherine II. Pas étonnant que son portrait ait été accroché dans son appartement (…).

Je suis déjà silencieux sur les liens dynastiques les plus étroits entre les deux nations, les Allemands sont toujours fiers de leur contribution à l’établissement de l’État russe, et pas seulement sous Catherine, qui était une princesse allemande. 

Mais le fondement principal est la culture, la proximité idéologique. 

Les Allemands, malgré cette guerre barbare de la Russie, adorent toujours la musique classique, la littérature, le ballet, l’art russes, ils maintiennent une vision romantique des Russes en tant que grande nation culturelle, croient en un « bon » Russe, non seulement en Navalny, mais en un sorte d’image collective de Tolstoïevski.

Bien sûr, quand les Allemands ont vu toutes les atrocités que les Russes commettent en Ukraine, ils ont eu un véritable choc. Pour eux, il s’agit d’un test de résistance à la barbarie, qu’ils n’ont pas connu depuis la Seconde Guerre mondiale.

Bien sûr, la majorité de la société allemande condamne cette terrible cruauté, car il ne peut en être autrement parmi les peuples civilisés. 

Mais malgré tout cela, tant au niveau public qu’au niveau des élites politiques en Allemagne, il est entendu que la Russie en tant que grande puissance, en tant que facteur de la politique internationale – même malgré cette guerre – n’ira nulle part, personne croit qu’il va s’effondrer. Les Allemands ne croient même pas qu’il y aura une réinitialisation sérieuse au sein de la Fédération de Russie. »

Ce discours n’a rien de nouveau : c’est la ligne de l’effacement de la culture russe prônée par le régime ukrainien. Nous avons parlé de l’appel en ce sens fait par le ministre ukrainien de la culture Oleksandr Tkachenko.

Ce qui est par contre notable, c’est la surenchère permanente, la conceptualisation au service d’une narration pour nier la Russie et légitimer son dépeçage. C’est là qu’on voit très bien comment le régime ukrainien est totalement au service de la ligne américaine de conquête pour le repartage du monde.

Le régime ukrainien ne représente en rien les intérêts ukrainiens ; il est un appareil au service de la superpuissance américaine par l’intermédiaire d’une fiction nationale inventée par le nationalisme ukrainien. Et le pays, devenu zombie, court ainsi à sa perte.

Catégories
Politique

Tribune « antifasciste » anticapitaliste

Un bricolage militant pour justifier un activisme dispersé.

De nombreux groupes activistes ont signé une tribune. Celle-ci, pour résumer, s’exprime contre la répression étatique généralisée qui existerait, notamment en raison des mobilisations contre la réforme des retraites.

Il y a toujours quelque chose étrange, du point de vue de la Gauche historique, de voir un activisme dispersé, un actionnisme se définissant comme « subversif », se définir comme antifasciste. Pourquoi ces gens ne se disent-ils pas simplement révolutionnaires?

L’une des choses les plus incohérentes qui soient en France est vraiment que des gens d’orientation anarchiste (ou trotskiste) se revendiquent de l’antifascisme, alors que l’antifascisme est purement « frontiste », « étapiste », à rebours donc de tout « anticapitalisme » en mode révolution permanente.

Et, justement, ces gens utilisent « l’antifascisme », défini à leur manière, pour la surenchère revendicative et la critique du « système ». Cela n’a pas de sens et le caractère velléitaire de la tribune commune qu’ils signent est patent.

Imaginaire et fictif même, parce que prétendre qu’en France il y aurait une « répression », alors qu’on est bien au chaud en occident et qu’il ne se passe rien, que des vitrines sont tout le temps cassées en manifestations sans réelle réaction étatique… Franchement… Ce n’est pas réaliste.

C’est vraiment de l’imagination dans la France bien aseptisée du 24 heures sur 24 du capitalisme, où le relativisme culturel le plus grand domine, au service du libéralisme généralisé.

Et, de toutes façons, si on veut parler « constructivement ». Il n’y a pas un mot sur la guerre, déjà. Alors que le fascisme sert toujours des projets de guerre. Peut-on être antifasciste sans dénoncer l’Otan, sans combattre la guerre occidentale contre la Russie?

Non, on ne le peut pas. Le fascisme est toujours une réorganisation de la société pour la guerre impérialiste. On ne peut pas séparer le fascisme de la guerre.

Ensuite, en France toute la scène activiste d’extrême-Droite se revendique des nazis ukrainiens d’Azov, les prend comme modèle, est en lien avec eux, envoie des gens là-bas.

C’est tellement vrai que la scène d’extrême-Droite française a abandonné le nationalisme raciste, pour passer au racialisme « européen ». Ce qui est un changement majeur, rendu nécessaire par leur mise au service de l’Otan et la guerre en Ukraine.

Peut-on alors faire l’économie de parler d’Azov, alors que c’est l’exemple suivi à tous les niveaux par les activistes brutaux de l’extrême-Droite française ?

Non, on ne le peut pas. C’est bien la preuve que l’antifascisme n’est pas un levier pour « l’anticapitalisme », mais une étape défensive de type démocratique – populaire. C’est là la conception de la Gauche historique, à l’opposé de l’anarchisme (et du trotskisme) que reflète la tribune.

« La lutte antifasciste est indissociable de la lutte anticapitaliste

Depuis plusieurs mois, nous assistons à une montée en puissance de la contestation contre la réforme des retraites et surtout à une répression qui s’intensifie.

En France ou ailleurs, c’est bien le pouvoir en place qui a le monopole de la violence et la police représente son bras armé chargé d’assurer une répression constante envers les habitant-es des quartiers populaires, les personnes LGBTQIA+, les personnes handies/fols, les personnes racisées et celles qui subissent le sexisme, les militant-es écolos, syndicaux, politiques et associatifs ou encore les ultras dans les stades.

En bref, tout celleux jugé-es dangereu-x-ses, deviant-es, susceptible de menacer la stabilité du système en place et de l’idéologie dominante,

Notre antifascisme est culturel et social. Nous nous élèverons toujours contre la casse de nos conquis sociaux, la montée de la précarité, le renforcement des dispositifs sécuritaires, la violence d’état et la haine.

L’avenir de notre société ne doit pas être entre leurs mains, mais bel et bien entre les mains de ceux et celles qui cherchent à dépasser le système actuel et à proposer une alternative solidaire, cohérente, dénuée de toute oppression liée au genre, à la race et bien évidemment à la classe.

Mais l’idée qui fait de nous des antifascistes ne s’arrête pas là. Car la lutte antifasciste est indissociable de la lutte anticapitaliste.

Diviser les peuples, à travers des frontières, des barrières de papiers et de barbelés, considérer tel ou tel groupe supérieur aux autres, faire la guerre sans répit, écraser, piller des peuples entiers pour accéder aux richesses et au pouvoir absolu n’est pas l’obsession de quelques tyrans idéologues mais l’aboutissement mécanique du système économique capitaliste.

Ce système, en place depuis de trop nombreux siècles, s’accommode bien du fascisme, il le façonne et s’en nourrit. C’est même un outil précieux pour la bourgeoisie lorsqu’elle est en danger face à la lutte de celles et ceux qu’elle exploite.

Comment alors éradiquer le fascisme sans se débarrasser définitivement du capitalisme ?

Face aux réformes injustes qui profitent aux plus aisés et sont toujours subies par les plus démunis. Face aux gouvernants qui ne souhaitent ni entendre les syndicats, ni le peuple dans la rue. Face aux violences policières et aux nombreuses atteintes portées aux droits de grève et de manifestation. Face à leur projet de société, l’ordre en place qui s’écroule et leur vieux monde. Face à leur passage en force, montrons la nôtre.

Mobilisons nous toutes et tous immédiatement, avec détermination et radicalité jusqu’à la victoire. À l’intransigeance de la bourgeoisie, répondons par l’intransigeance de la rue. Quelles qu’en soient les méthodes.

Signataires :

Comité Antifa Saint-Étienne, AFA Paris-Banlieue, RAFAHL Le Puy, Metz Antifasciste, Antifa Social Club Marseille, Paris Queer Antifa, Collectif Antifa Picardie, Réseau Angevin Antifasciste, Offensive Antifasciste Bordeaux, Poitiers Antifasciste, Action Collective Antifasciste Valence, Collectif de Vigilance Antifa Saint-Brieuc, Red Wolfs Clermont, Clermont et environs Groupe Antifasciste, Jeune Garde (Lyon, Lille, Montpellier, Strasbourg, Paris), Action Antifasciste Grenoble, Groupe Antifasciste Lyon et Environs, Collectif Populaire Contre l’Extrême Droite (Toulouse), Collectif Antifasciste Orléans, Action Antifasciste Alpes-de-Haute-Provence, Union Antifasciste Tarn-et-Garonne, Bloc Antifasciste Nancy, Action Antifasciste Strasbourg, Collectif Antifasciste Tourangeau, Action Antifasciste Tolosa. »

Catégories
Politique

6 avril 2023 : une mobilisation sans envergure

Comme d’habitude.

La mobilisation du 6 avril 2023 contre la réforme gouvernementale des retraites s’annonçait mal. La plupart des observateurs qui auparavant avaient de l’espérance dans le mouvement se rendaient à l’évidence : ça ne prend pas.

Encore, si cela produisait quelque chose d’électrique, il y en aurait quelque chose à tirer. Sauf que non, il n’y a rien de rien. C’est mou, sans envergure, très beauf, apolitique, sans perspective, sans exigence.

Si on ajoute à ça tout le style d’extrême-Droite qui a pris – avec les marches aux flambeaux, la casse nihiliste, le populisme anti-Macron – c’est plus Marine Le Pen qui va en profiter qu’autre chose.

Des cheminots ont d’ailleurs occupé les locaux parisiens de l’entreprise américaine de fonds d’actifs BlackRock.

C’est là du populisme et il est facile de le prouver : tous les syndicats ont appelé à soutenir le régime ukrainien dans la guerre contre la Russie, aucun n’a dénoncé l’Otan, aucun n’assume d’oser dire qu’on est en plein dans un processus de 3e guerre mondiale.

Au grand maximum, on a : les méchants financiers nous privent de nos acquis qui, en tant qu’occidentaux, nous reviennent de droit. BlackRock, la plus grande entreprise dans son genre, sert d’épouvantail. Encore et toujours, il n’est jamais parlé de la bourgeoisie française.

Dès le début nous avions dit que ce mouvement avait une base erronée et, depuis, le calvaire continue. Il n’en finit plus d’ailleurs, puisqu’il y a une nouvelle journée de mobilisation le 13 avril, la veille d’un rapport du Conseil constitutionnel sur la réforme.

L’espoir est pour l’Intersyndicale de s’en sortir par une pirouette juridique, pour sauver la face d’un échec complet.

Donnons les chiffres, d’ailleurs. Deux millions de personnes se sont mobilisées dans toute la France selon la CGT, 570 000 selon le ministère de l’Intérieur. Comme d’habitude, ces chiffres ne laissent penser que deux choses. Soit la mobilisation n’a pas pris et c’est faible, soit elle a pris et alors tout ça pour ça?

C’est d’ailleurs le vrai problème. On a dépassé la dizaine de grandes journées de mobilisation et il n’y a rien. Alors il va y avoir une réaction. Soit une passivité complète en mode désespéré encore plus qu’avant, soit un déclic vers on ne sait quoi. Mais c’est la fin d’un cycle, d’une illusion.

Catégories
Culture

Ce qu’est l’âme russe

Une introduction efficace et peut-être simple.

Les peuples slaves se caractérisent par un certain flottement de l’âme et chez les Russes, cela prend une tournure très prononcée. La découvrir, la redécouvrir est toujours un plaisir, et une nécessité alors que l’incessant bourrage de crâne occidental explique que la Russie n’existerait pas.

Le passage peut-être le plus représentatif de cette âme russe se situe dans le fameux roman de Léon Tolstoï, Guerre et paix, paru entre 1864 et 1869.

Nous sommes à la campagne et, après avoir entendu une mélodie, de manière irrépressible, un vieil aristocrate se met à la guitare, et une jeune aristocrate se met à danser.

Voici une scène d’une version filmée de 1966 et l’extrait de Guerre et paix.

Mais le génie national russe de ce passage de Guerre et paix ne tient pas seulement au contenu. De manière admirable, Léon Tolstoï s’abstient de décrire la danse. C’est un choix, un choix russe : la pudeur dans l’émotion pourtant montrée. C’est cela, l’âme russe.

https://rutube.ru/video/3124b48526de283aeff6603122728689/

« C’est mon cocher Mitka qui joue : aussi lui en ai-je acheté une excellente, cette musique me plaît ! » Il était d’habitude qu’au retour de la chasse, Mitka se livrât à ses fantaisies musicales, pendant que le « petit oncle » l’écoutait avec bonheur.

– C’est vraiment très joli, dit Nicolas avec une feinte indifférence, comme s’il était honteux d’avouer qu’il trouvait du charme à cette musique.

– Comment, très joli ? s’écria Natacha d’un ton de reproche, mais c’est charmant, mais c’est ravissant ! » Et en effet la chanson qu’elle écoutait lui semblait la plus idéale des mélodies, tout comme les champignons, le miel et les confitures d’Anicialui avaient paru être les meilleurs qu’elle eût jamais mangés !

« Encore, encore, je t’en prie, » dit Natacha, lorsque la
« balalaïka » se tut. Mitka l’accorda et reprit de nouveau la Barina, avec variations et changements de ton. L’oncle, la tête légèrement inclinée, un vague sourire sur les lèvres, écoutait religieusement.

Le motif revint une centaine de fois sous les doigts exercés du musicien, et les cordes répétèrent à satiété les mêmes notes, sans fatiguer les oreilles de l’auditoire, qui ne cessait de les redemander. Anicia Fédorovna écoutait aussi, appuyée contre le linteau de la porte :

« Faites attention, mademoiselle, dit-elle avec un sourire
qui rappelait celui de son maître. Il joue très bien !

– Voilà une mesure manquée, s’écria tout à coup le « petit
oncle » en faisant un geste énergique. Ces notes-là doivent être plus vivement… enlevées, affaire sûre, marche !

– Sauriez-vous jouer de la balalaïka ? demanda Natacha
surprise.

– Aniciouchka !… – et le « petit oncle » sourit malicieusement. – Vois un peu si les cordes de la guitare y sont toutes, il y a si longtemps que je ne l’ai eue entre les mains. »

Anicia exécuta cet ordre avec une visible satisfaction, et lui apporta la guitare.

La prenant avec soin, il souffla dessus pour en enlever
quelques grains de poussière, et en tendit les cordes de ses doigts osseux ; puis, s’asseyant bien à son aise, et arrondissant d’une façon un peu théâtrale son coude gauche, il saisit le manche de l’instrument, cligna de l’œil à Anicia Fédorovna, et, pinçant un accord plein et sonore, commença, sans la moindre hésitation, à improviser sur le thème d’une chanson très populaire.

Le rythme en était lent, mais le refrain exprimait une gaieté si douce, si discrète, la gaieté d’Anicia, qu’il pénétra jusqu’au cœur de Nicolas et de Natacha… et leur cœur chanta à l’unisson !

Anicia, dont la figure rayonnait, rougit, se cacha la figure dans son mouchoir et quitta le cabinet en souriant toujours ; le « petit oncle » continuait avec précision et avec aplomb à moduler ses cadences et ses variations, et son regard vaguement inspiré se portait vers la place qu’elle avait occupée.

Un léger sourire flottait sous sa moustache grise, et s’accentuait vivement, lorsqu’il accélérait la mesure, que la chanson redoublait d’entrain, et qu’une corde criait aux passages difficiles.

« Ravissant, ravissant !… » Et Natacha, sautant de sa place,
entoura le « petit oncle » de ses bras et l’embrassa : « Nicolas, Nicolas ! » ajouta-t-elle en se retournant vers son frère, comme pour lui faire partager sa surprise.

Mais le « petit oncle » avait recommencé à jouer. Anicia
Fédorovna et plusieurs autres gens de la maison montrèrent leurs figures dans l’entrebâillement de la porte, pendant qu’il attaquait le : « Là-bas, là-bas, derrière la source fraîche, la jeune fille m’a dit : attends ! », et, brisant un accord, il remua légèrement les épaules.

« Eh bien, eh bien après ! » dit Natacha d’un ton si suppliant, que sa vie semblait dépendre de ce qui allait suivre.

Le « petit oncle » se leva ; on aurait dit qu’il y avait en lui deux hommes différents, dont l’un répondait par un grave sourire à la naïve et pressante invitation à la danse exécutée par l’autre, par le musicien :

« En avant, ma nièce ! s’écria-t-il tout à coup, et Natacha,
se débarrassant vivement de son châle, s’élança au milieu de la chambre, posa ses mains sur ses hanches et attendit, en imprimant à ses épaules un balancement imperceptible.

Comment, par quel procédé inconnu cette petite comtesse, élevée par une émigrée française, avait-elle pu et su s’assimiler, sous la seule impression de son air natal, ces mouvements, inimitables et indescriptibles de l’enfant du peuple, si vrais, si typiques, si russes en un mot, et que le fameux pas du châle de Ioghel [dont les bals étaient les plus fameux] aurait dû depuis longtemps lui avoir fait oublier ?

Lorsqu’on la vit se préparer à répondre au signal, avec ses yeux pétillants de malice et son air souriant et assuré, la défiance involontaire de Nicolas et du reste de l’auditoire s’envola comme par enchantement ; il n’y avait plus à en douter, elle justifierait leur attente, et ils pouvaient hardiment l’admirer !

Elle mit une telle perfection à tout ce qu’elle avait à faire,
qu’Anicia Fédorovna, après lui avoir aussitôt donné le petit mouchoir, complètement indispensable à ses attitudes, se mit à rire de bon cœur et à s’attendrir en même temps, pendant qu’elle suivait des yeux les pas et les gestes de cette fine et gracieuse créature.

C’est que Natacha, si supérieure à cette jeune comtesse élevée dans le velours et la soie, savait si bien comprendre et exprimer non seulement ce qu’elle, Anicia, comprenait et sentait, mais encore tout ce qui faisait aussi battre le cœur de son père, de sa mère, de tous les siens, en un mot et pour mieux dire, tout cœur véritablement russe !

« Bravo, petite comtesse, affaire sûre, marche ! s’écria le
« petit oncle » à la fin de la danse… Il ne te manque plus qu’un beau garçon pour mari !
– Mais pas du tout, il est tout choisi, dit Nicolas.
– Ah bah ! » reprit le vieux, stupéfait.

Natacha répondit d’un signe de tête avec un joyeux sourire : « Et comme il est bien », ajouta-t-elle. »

Catégories
Guerre

L’armée ukrainienne et l’idéalisme activiste nazi en Europe

L’armée ukrainienne est le principal vecteur de l’activisme d’extrême-Droite.

En ce tout début du mois d’avril 2023, la mort d’un combattant ukrainien a été annoncé, Modzhahed. Il était musulman et combattait à Bakhmout.

Avant d’être musulman, Modzhahed, Daniil Liashuk de son vrai nom, était un néo-nazi biélorusse.

Lors de la guerre en Ukraine dans le Donbass à l’issue de la révolte pro-occidentale du Maïdan de 2013-2014, il avait été membre du bataillon « Tornado ». Ce bataillon était allé tellement loin dans la torture et le massacre de civils que même le nouveau régime ukrainien avait été obligé d’en juger les membres. Daniil Liashuk a été condamné à dix ans de prison en 2016 et libéré en 2021.

La fascination pour l’Islam est très présente dans l’extrême-Droite de l’armée ukrainienne. On voit souvent ensemble des barbus levant le doigt et des gens au look nazi affirmé. On est ici dans le nihilisme et la fuite en avant.

Un exemple très parlant est Denis Kapustine, se faisant appeler Denis Nikitine. Lui aussi n’est pas ukrainien, c’est un Russe. Il a vécu en Allemagne, pays qui a interdit son entrée dans l’Union européenne depuis 2019.

Denis Nikitine avait monté « White rex », une marque d’habits très connue dans la scène néo-nazie en raison de la mise en place de nombreux et importants combats de MMA. Elle été fondée en 2008 et a existé pendant une dizaine d’années, jouant un rôle incontournable pour le développement de l’idéologie prônant les muscles et l’assassinat au service du racisme.

Denis Nikitine a joué un rôle essentiel comme intermédiaire entre les nazis ukrainiens d’Azov et l’extrême-Droite européenne. Il rejoint d’ailleurs Azov en 2017, s’installant à Kiev.

Depuis, Denis Kapustine a mis en place le Corps des Volontaires russes de l’armée ukrainienne. Le logo reprend un symbole de « l’armée de libération russe » mise en place par l’armée allemande pendant la seconde guerre mondiale.

La Russie a toujours assumé d’être multi-ethnique et les néo-nazis russes assument pour cette raison une démarche « accélérationniste ». Ils pensent que le découpage de la Russie permettra l’instauration d’une Russie ethniquement « pure ».

Ce corps de volontaires a notamment réalisé une incursion en Russie, début mars 2023, depuis l’Ukraine. Dans l’opération, un jeune russe de 10 ans a été blessé. Denis Nikitine s’est moqué de lui apprenant que sa mère était une Tatar de Crimée venue du Tadjikistan. Il a posé sur un réseau social une image d’une famille en tenue nationale tadjuk avec des croix gammées formant un halo au-dessus des parents et des enfants, écrivant « La Russie sera aryenne ou sans vie ».

Très logiquement, un des porte-paroles des Services secrets de l’armée ukrainienne, Andrey Yusov, a présenté ce Corps de volontaires russes comme « une des forces qui formeront la nouvelle configuration de la Russie post-Poutine ».

Il est en effet évident que, puisque le but du capitalisme est de stopper le Socialisme, il est absolument parfait qu’une idéologie se répande en Europe poussant à la mise en place de structures provocatrices et menant des agressions.

En ce sens, l’armée ukrainienne est le principal vecteur de l’activisme d’extrême-Droite. Des cadres nazis de différents pays vont voir Azov, qui est une composante même de l’armée. Ils participent pour certains aux combats. Ils reviennent dans leur pays. Ils diffusent un style bien précis.

En France, « Ouest casual » (dont le logo est aux couleurs de l’Ukraine) est le principal acteur de ce nihilisme provocateur.

KOTS signifie « King of the streets », le roi de la rue, et désigne une entreprise organisant des combats ultra-violents de MMA sans règles et sans rounds

De tels gens, de telles structures ne représentent pas du tout une menace de prise de pouvoir, contrairement à ce que pensent beaucoup de gens sincères mais pris au piège. Car il est évident qu’au début du 21e siècle aucun projet raciste ne peut devenir majoritaire dans un pays d’Europe.

Le but de tels fous furieux est d’obnubiler, d’empêcher d’avancer de manière autonome à Gauche.

C’est pourquoi depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites, il y a des attaques de la part de ces structures contre des syndicalistes et des étudiants. Il s’agit d’accaparer l’attention, de troubler les esprits, de perturber, d’amener dans des voies de garage.

Ces structures parasitent les esprits, apportent la confusion, par le spectaculaire et l’ultra-violence. Et le fond même de la démarche de ces structures sert clairement le chaos et le nihilisme, donc les intérêts de la superpuissance américaine qui profite de la déstructuration générale des pays capitalistes occidentaux pour mieux les satelliser.

La superpuissance américaine profite ainsi sur tous les tableaux au niveau culturel et idéologique.

Elle a avec la « Gauche » française des idiots utiles du libéralisme, diffusant le relativisme mercantile, le culte de l’identité maxi-individualiste en mode LGBT, les migrations (pour en réalité amener une main d’œuvre corvéable à merci)…

Bref toutes les inventions de la « gauche » américaine universitaire.

Et elle a avec l’extrême-Droite activiste des idiots utiles jouant le rôle de provocateurs sans perspective, de contributeurs au militarisme dans le cadre de l’Otan, d’agents de décomposition sociale et politique dans une France à encore plus satelliser.

C’est l’effondrement civilisationnel en France, accompagné par la superpuissance américaine.

Catégories
Politique

Décomposition de la CGT: fin de partie pour les populistes et syndicalistes

Ils paient le prix et n’ont pas fini de payer.

Le 53e congrès de la CGT a donc été d’une grande brutalité interne. Sophie Binet, la nouvelle secrétaire générale, a été obligé de le reconnaître. Elle a parlé d’un  « congrès difficile et compliqué », « violent parfois », de « plaies qui sont importantes ».

Et effectivement, à Clermont-Ferrand, les délégués CGT ont magouillé par derrière, se sont rentrés dedans de manière violente. Il y a eu de la rage, des pleurs. Parvenir dans un tel contexte à élire une secrétaire générale « consensuelle » est apparu comme un soulagement.

Mais il est une chose dont il faut parler, qu’il faut souligner. C’est le désespoir de tous les populistes et syndicalistes composant l’écrasante majorité de la Gauche en France. Lorsque le premier jour, la majorité a été désavouée, ils voyaient la victoire se profiler. Tout allait se radicaliser!

Et en fait, rien du tout, le week-end post-congrès est d’une terrible amertume. Rien n’a changé dans la CGT, rien n’a été obtenu. Ils espéraient profiter d’une CGT en mode agitation, afin de continuer leur propre cuisine. Le rêve s’est évanoui.

Les réactions des populistes et des syndicalistes expriment une déception aiguë, avec des solutions invraisemblables. Il faudrait se battre pour les orientations dans la CGT, ce qui ne veut rien dire tant qu’on ne dit pas de quoi on parle. Il faudrait faire sans la direction, ce qui est impossible. Il faudrait que les gens se prennent en main et fassent sans la CGT – comment être crédible en disant ça alors qu’il a été dit le contraire pendant des années et des années ?

Mais ce n’est pas tout. Car nous, nous détestons l’idéologie syndicaliste, nous avons toujours justement promu l’Assemblée générale et non l’intersyndicale, et nous voyons la CGT comme un appendice du capitalisme depuis 50 ans. C’est une position ultra-minoritaire à Gauche, mais elle est juste.

Eh bien, que voyons-nous, de par notre place extérieure aux faux espoirs ? Que la CGT utilise l’écriture inclusive. Qu’une femme a été mise secrétaire générale, parce qu’il a été considéré qu’il fallait bien être dans l’air du temps. Sauf que ce féminisme par en haut se heurte à une culture à la base totalement viriliste et empreinte d’une beauferie sans bornes.

La question écologiste est pareillement vue comme moderne par la direction, mais il existe une hégémonie des pro-nucléaires et une tradition effrénée des grillades de merguez.

La vérité, c’est que la direction de la CGT vise à se mettre au niveau de la CFDT au niveau de la « propreté » syndicale moderne, avec une ligne post-syndicaliste de partenariat modernisateur.

Et qu’à la base, la seule tradition vivace, c’est un syndicalisme révolutionnaire dépassé en 2023 parce qu’il l’était déjà il y a cent ans. L’action directe, la minorité agissante, le mythe mobilisateur de la grève générale… c’est de l’anarchisme du début du siècle dernier et c’est lamentable.

La conclusion d’un tel constat, c’est que le congrès de la CGT exprime sa décomposition. Les protagonistes se croient des acteurs, en réalité ils sont les victimes de l’Histoire. Ils ont perdu le fil et plus rien ne tient. Ils agissent dans l’effondrement, croient donc agir, mais survivent simplement, et pour pas longtemps.

C’est comme la mascarade du mouvement contre la réforme des retraites, où des gens pensent que manifester encore une fois à beaucoup c’est changer les choses, ou que jeter une poubelle sur des policiers est un acte insurrectionnel.

Eh bien, non. Tout ça n’est que de la fiction à la française, du théâtre social à la française. C’est tout ce que la Gauche historique a toujours dénoncé.

Et c’est ce qu’il faudra dénoncer, même si là c’est l’agonie. Car le chantage au « mouvement des masses » n’est qu’une arnaque de ceux qui s’inventent une vie. Quand on est sérieux, on a mieux à faire que de perdre son temps à la remorque, au service des populistes et des syndicalistes.

Au début du mouvement contre la réforme des retraites, nous avons eu affaire à beaucoup de scepticisme en raison de notre refus de tout ce cinéma. Aujourd’hui, notre position apparaît comme sérieuse. Demain, elle apparaîtra avoir été comme il fallait.

A bas les marchands de tapis et les vendeurs de rêves!

Catégories
Guerre

Nouveau concept de la politique étrangère de la Fédération de Russie

Il établit la stratégie mondiale de la Russie.

La Russie a mis à jour sa ligne stratégique. Voici le document officiel, les parties les plus significatives à notre sens sont mis en gras par nos soins.

Pour résumer formellement : la Russie considère que l’ordre mondial implose. Elle dit qu’elle n’a rien contre l’occident, mais que celui-ci a fait une erreur en pensant réussir à triompher sur elle.

En réalité, la Russie est placée adéquatement, tournée vers les pays qui émergent, notamment la Chine et l’Inde, mais aussi la Turquie, le Brésil, le Mexique, l’Arabie Saoudite…

La Russie est donc là pour rester et dans cette optique, suivre les Etats-Unis se relève une impasse que certains pays feraient bien de comprendre selon elle (allusons à la France et l’Allemagne).

Pour résumer synthétiquement : la Russie espère que les Etats-Unis et la Chine s’épuiseront comme la Grèce et la Perse, et que ça laissera la place à Rome, ici conçue comme une Europe structurée avec la Russie.

*********************************

31.03.2023 

Concept de la politique étrangère de la Fédération de Russie

Traduction non-officielle

APPROUVÉ
par le Décret du Président
de la Fédération de Russie
du 31 mars 2023 No 229

CONCEPT
de la politique étrangère de la Fédération de Russie

I. Dispositions générales

1. Le présent Concept est un document de planification stratégique et représente un système d’attitudes envers les intérêts nationaux de la Fédération de Russie dans le domaine de la politique étrangère, les principes de base, les objectifs stratégiques, les taches essentielles et les axes prioritaires de la politique étrangère de la Fédération de Russie.

2. Le présent Concept a pour base juridique la Constitution de la Fédération de Russie, les principes et les normes généralement reconnus du droit international, les traités internationaux de la Fédération de Russie, les lois fédérales et d’autres actes juridiques et réglementaires de la Fédération de Russie régissant le fonctionnement des organes fédéraux du pouvoir d’État dans le domaine de la politique étrangère.

3. Le présent Concept concrétise certaines dispositions de la Stratégie de la sécurité nationale de la Fédération de Russie et prend en compte les dispositions principales des autres documents de planification stratégique concernant les relations internationales.

4. L’expérience continue d’État indépendant qui dure plus de mille ans, l’héritage culturel de l’époque précédente, des liens historiques profonds avec la culture européenne traditionnelles et d’autres cultures d’Eurasie, la capacité d’assurer la coexistence harmonieuse de différents peuples, groupes ethniques, religieux et linguistiques, élaborée au cours des siècles, déterminent la situation particulière de la Russie en tant que pays-civilisation unique, vaste puissance eurasiatique et euro-pacifique ayant consolidé le peuple russe et d’autres peuples faisant partie de l’ensemble culturel et civilisationnel du Monde russe.

5. La place de la Russie dans le monde est définie par ses ressources importantes dans toutes les sphères de la vie, par son statut de membre permanent du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU), de participante des organisations et associations internationales majeures, d’une des deux puissances nucléaires les plus grandes, d’État successeur en droits de l’URSS.

La Russie, vu son apport décisif à la victoire dans la Seconde guerre mondiale et sa participation active à la création du système contemporain des relations internationales et à la liquidation du système mondial du colonialisme, est un des centres souverains du développement mondial et assume sa mission historique unique qui consiste à maintenir la balance globale des puissances et à construite un système international multipolaire, à assurer les conditions pour l’évolution paisible et progressive de l’humanité sur la base d’un agenda unifiant et constructif.

6. La Russie poursuit une politique étrangère indépendante et multidimensionnelle dictée par ses intérêts nationaux et sa responsabilité particulière pour le maintien de la paix et de la sécurité au niveau global et régional.

La politique étrangère russe est pacifique, ouverte, prévisible, cohérente et pragmatique, elle est basée sur le respect des normes et principes universellement reconnus du droit international et l’aspiration à la coopération internationale équitable et la promotion des intérêts communs. L’attitude de la Russie envers les autres États et les associations interétatiques est définie par le caractère constructif, neutre ou inamical de leur politique envers la Fédération de Russie.

II. Monde contemporain : tendances et perspectives principales

7. L’humanité traverse une époque de changements révolutionnaires. Un monde plus équitable et multipolaire continue à se former. Le modèle inéquitable du développement mondiale qui a assuré pendant des siècles la croissance économique accélérée des puissances coloniales à force de s’approprier les ressources des territoires et des États dépendants en Asie, en Afrique et dans l’hémisphère occidental appartient désormais au passé.

La souveraineté des puissances mondiales non-occidentales et des pays leaders régionaux se renforce, leurs capacités concurrentielles augmentent.

La restructuration de l’économie mondiale, sa transition vers une nouvelle base technologique (y compris le déploiement des technologies de l’intelligence artificielle, des technologies d’information et de communications, énergétiques et biologiques de pointe et de nanotechnologies), la croissance de la conscience nationale, la diversité culturelle et civilisationnelle et d’autres facteurs objectifs accélèrent la redistribution du potentiel de développement au profit des nouveaux centres de la croissance économique et de l’influence géopolitique, favorisent la démocratisation des relations internationales.

8. Les changements en cours, plutôt favorables, suscitent quand même le rejet de certains États habitués à penser conformément à la logique de la prédominance globale et du néocolonialisme.

Ils refusent de reconnaître les réalités d’un monde multipolaire et de se mettre d’accord sur les paramètres et les principes de l’ordre mondial en partant de ce fondement. Des tentatives sont entreprises de retenir la course naturelle de l’histoire, d’éliminer les concurrents dans les domaines militaire, politique et économique, de réprimer la dissidence.

Un large éventail d’instruments et méthodes illégaux est employé, y compris l’application de mesures coercitives (sanctions) en contournant le Conseil de sécurité de l’ONU, l’incitation aux coups d’État, aux conflits armés, les menaces, le chantage, la manipulation des consciences des groupes sociaux séparés et des peuples entiers, les opérations offensives et subversives dans l’espace informatique.

L’ingérence dans les affaires intérieures des États souverains prend souvent la forme de l’imposition des orientations idéologiques néolibérales, destructives et contredisant les valeurs spirituelles et morales traditionnelles. En conséquence, l’influence destructive s’étend à toutes les sphères des relations internationales.

9. Une pression sérieuse est exercée sur l’ONU et les autres institutions multilatérales dont la mission en tant que forums pour la coordination des intérêts des puissances majeures est dévaluée artificiellement.

Le système du droit international est soumis à rude épreuve : un groupe limité d’États essaie de le substituer par le concept d’ordre mondial basé sur des règles (imposition de règles, de standards et de normes élaborés sans avoir assuré la participation égale de tous les États intéressés).

Nous voyons se compliquer l’élaboration des réponses collectives aux défis et menaces transnationaux, tels que le trafic des armes, la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs, des agents pathogènes dangereux et des maladies infectieuses, l’utilisation des technologies d’information et de communication à des fins criminelles, le terrorisme international, le trafic illicite de stupéfiants, de substances psychotropes et de leurs précurseurs, la criminalité transnationale organisée et la corruption, les catastrophes naturelles et les accidents technologiques, la migration illégale, la dégradation de l’environnement.

La culture de dialogue dans les affaires international se dégrade, l’efficacité de la diplomatie comme moyen du règlement pacifique des différends se réduit. Le manque de confiance et de prévisibilité dans les affaires internationales se fait sentir de manière aigüe.

10. La crise de la globalisation économique se renforce. Les problèmes existants, y compris sur le marché des ressources énergétiques et dans le secteur financier, sont dus à la dégradation de nombreux modèles et instruments de développement précédents, aux décisions macroéconomiques irresponsables (y compris l’émission incontrôlée et l’accumulation de dettes non garanties), aux mesures restrictives unilatérales illicites et à la concurrence déloyale.

L’abus par certains États de leur position dominante dans certains domaines renforce les processus de morcellement de l’économie mondiale et l’inégalité du développement des États. De nouveaux systèmes de paiement nationaux et transfrontaliers se multiplient, l’intérêt augmente pour de nouvelles monnaies de réserve nationales, des prémisses se forment pour la diversification des mécanismes de la coopération économique internationale.

11. Le rôle du facteur de la force dans les relations internationales augmente, l’espace conflictuel s’élargit dans plusieurs régions stratégiques. L’accroissement et la modernisation déstabilisants du potentiel militaire, la destruction du système des traités dans le domaine du contrôle des armements sapent la stabilité stratégique.

L’utilisation de la force militaire en violation du droit international, l’exploitation de l’espace cosmique et informatique en qualité de nouveaux terrains des hostilités, la dilution de la limite entre les moyens militaires et non-militaires de la confrontation interétatique, l’aggravation des conflits armés de longue date dans plusieurs régions augmentent la menace à la sécurité générale, aggravent les risques des affrontements entre les États majeurs, y compris avec la participation des puissances nucléaires, la probabilité d’une escalade et de la transformation de ces conflits en une guerre locale, régionale ou globale.

12. Le renforcement de la coopération entre les États soumis à la pression extérieure devient une réponse légitime à la crise de l’ordre mondial. La formation des mécanismes régionaux et transrégionaux pour l’intégration économique et l’interaction dans de différents domaines s’intensifie, aussi bien que la création des partenariats de divers formats pour le règlement des problèmes communs.

D’autres pas sont entrepris (y compris unilatéraux) visant à la protection des intérêts nationaux vitaux. Le niveau élevé de l’interdépendance, la portée mondiale et le caractère transfrontalier des défis et menaces limitent les possibilités pour assurer la stabilité, la sécurité et la prospérité sur le territoire des États concrets, des alliances militaires et politiques, économiques et commerciales.

Seule l’association des capacités des efforts de bonne foi de toute la communauté internationale, basée sur l’équilibre des puissances et des intérêts, peut assurer la solution efficace des nombreux problèmes de la modernité, le développement pacifique et progressif des grands et des petits États et de l’humanité en général.

13. Considérant le renforcement de la Russie en tant qu’un des centres majeurs du développement du monde contemporain et sa politique étrangère indépendante comme une menace à l’hégémonie occidentale, les États-Unis d’Amérique (États-Unis) et leurs satellites ont utilisé les mesures prises par la Fédération de Russie afin de protéger ses intérêts vitaux sur le vecteur ukrainien comme prétexte pour exacerber leur politique antirusse qui date depuis longtemps et déclencher une guerre hybride d’un nouveau type.

Elle vise à affaiblir pleinement la Russie, y compris à saper son rôle civilisationnel créateur, ses capacités économiques et technologiques, à limiter sa souveraineté dans la politique intérieure et extérieure, à détruire son intégrité territoriale.

Ce vecteur de l’Occident a pris un caractère global et a été fixé au niveau doctrinal. Ce n’était pas le choix de la Fédération de Russie.

La Russie ne se positionne pas comme ennemie de l’Occident, ne s’en isole pas, n’a pas d’intentions hostiles à son égard et compte que dans l’avenir les États faisant partie de la communauté occidentale prendront conscience de l’inutilité de leur politique conflictuelle et des ambitions hégémonique, prendront en compte les réalités compliquées d’un monde multipolaire et reviendront à l’interaction pragmatique avec la Russie en se basant sur les principes d’égalité souveraine et de respect des intérêts mutuels.

C’est dans ce contexte que la Fédération de Russie est prête au dialogue et à la coopération.

14. En réponse aux actions inamicales de l’Occident la Russie a l’intention de défendre son droit à l’existence et au développement libre par tous les moyens disponibles. La Fédération de Russie concentrera son énergie créatrice sur les vecteurs géographiques de sa politique étrangère présentant des perspectives évidentes du point de vue de l’élargissement de la coopération internationale mutuellement avantageuse.

La plupart de l’humanité est intéressée par les relations constructives avec la Russie et le renforcement de ses positions sur la scène internationale en tant que puissance mondiale influente qui apporte une contribution décisive au maintien de la sécurité globale et au développement paisible des États. Cela offre de vastes possibilités pour l’activité réussie de la Fédération de Russie sur la scène internationale.

III. Intérêts nationaux de la Fédération de Russie dans la politique étrangère, objectifs stratégiques et buts essentiels de la politique étrangère de la Fédération de Russie

15. Compte tenu des tendances de l’évolution de la situation mondiale à long terme, les intérêts nationaux de la Fédération de Russie dans la politique étrangère sont :

1) la protection de l’ordre constitutionnel, de la souveraineté, de l’indépendance, de l’intégrité territoriale et étatique de la Fédération de Russie contre l’influence étrangère destructive ;

2) le maintien de la stabilité stratégique, le renforcement de la paix et de la sécurité internationales ;

3) le renforcement du cadre législatif des relations internationales ;

4) la protection des droits, des libertés et des intérêts légitimes des citoyens russes et la protection des organisations russes contre les atteintes étrangères illicites ;

5) le développement d’un espace informatique sûr, la protection de la société russe contre l’influence informationnelle et psychologique étrangère destructive ;

6) la préservation du peuple russe, le développement du potentiel humain, l’augmentation de la qualité de vie et du bien-être des citoyens ;

7) l’aide au développement durable de l’économie russe sur une nouvelle base technologique ;

8) le renforcement des valeurs spirituelles et morales traditionnelles russes, la préservation de l’héritage culturel et historique du peuple plurinational de la Fédération de Russie ;

9) la protection de l’environnement, la préservation des ressources naturelles et la gestion de l’environnement, l’adaptation aux changements climatiques.

16. Vu les intérêts nationaux et les priorités stratégiques nationales de la Fédération de Russie, la politique étrangère vise à atteindre les objectifs suivants :

1) assurer la sécurité de la Fédération de Russie, sa souveraineté dans tous les domaines et son intégrité territoriale ;

2) créer des conditions extérieures favorables pour le développement de la Russie ;

3) raffermir les positions de la Fédération de Russie comme un des centres responsables, influents et indépendants du monde contemporain.

17. Les objectifs de la politique étrangère de la Fédération de Russie sont atteints par la réalisation des buts essentiels suivants :

1) l’établissement d’un ordre mondial équitable et durable ;

2) le maintien de la paix et de la sécurité internationales, de la stabilité stratégique, la garantie de la coexistence pacifique et du développement progressif des États et des peuples ;

3) l’aide à l’élaboration des réponses complexes efficaces de la communauté internationale aux défis et menaces communs, y compris les conflits et crises régionaux ;

4) le développement de la coopération mutuellement avantageuse et égale en droits avec tous les États étrangers ayant une attitude constructive et leurs alliances, la garantie de la prise en compte des intérêts russes dans le cadre des institutions et mécanismes de la diplomatie multilatérale ;

5) l’opposition à l’activité antirusse des États étrangers et de leurs alliances, la création des conditions pour l’arrêt de cette activité ;

6) l’établissement des relations de bon voisinage avec les États limitrophes, l’aide à la prévention et à l’élimination des foyers de tension et de conflits sur leurs territoires ;

7) l’assistance aux alliés et partenaires de la Russie pour la promotion des intérêts communs, la garantie de leur sécurité et leur développement durable indépendamment de la reconnaissance internationale de ces alliés et partenaires et de leur statut de membres au sein des organisations internationales ;

8) la libération et le renforcement du potentiel des associations régionales multilatérales et des structures d’intégration avec la participation de la Russie ;

9) le renforcement des positions de la Russie dans l’économie mondiale, l’atteinte des objectifs nationaux du développement de la Fédération de Russie, la garantie de la sécurité économique, la réalisation du potentiel économique de l’État ;

10) la promotion des intérêts de la Russie dans l’océan mondial, l’espace extra-atmosphérique et aérien ;

11) la formation de l’image objective de la Russie à l’étranger, le renforcement de ses positions dans l’espace informatique global ;

12) le renforcement de l’importance de la Russie dans l’espace humanitaire global, le renforcement des positions de la langue russe dans le monde, l’aide à la sauvegarde de la vérité historique et de la mémoire sur le rôle de la Russie dans l’histoire mondiale à l’étranger ;

13) la défense exhaustive et efficace des droits, libertés et intérêts légaux des citoyens et des organisations russes à l’étranger ;

14) le développement des relations avec les compatriotes résidant à l’étranger et l’assistance exhaustive à ces derniers pour la réalisation de leurs droits, la protection de leurs intérêts et la préservation de l’identité culturelle générale russe.

IV. Priorités de la politique étrangère de la Fédération de Russie
Formation d’un ordre mondial juste et stable

18. La Russie aspire à la formation d’un système des relations internationales qui assure la sécurité stable, la préservation de l’identité culturelle et civilisationnelle, les possibilités égales du développement pour tous les États indépendamment de leur situation géographique, dimensions du territoire, potentiel démographique, militaire et de ressources, organisation politique, économique et sociale. Afin de répondre auxdits critères, le système des relations internationales doit être multipolaire et se baser sur les principes suivants :

1) l’égalité souveraine des États, le respect de leur droit de choisir les modèles du développement, de l’organisation sociale, politique et économique ;

2) le rejet de l’hégémonie dans les affaires internationales ;

3) la coopération basée sur l’équilibre des intérêts et du bénéfice mutuel ;

4) la non-ingérence dans les affaires intérieures ;

5) la primauté du droit international dans le règlement des relations internationales, l’abandon de la politique des doubles standards par tous les États ;

6) l’indivisibilité de la sécurité dans l’aspect global et régional ;

7) la diversité des cultures, des civilisations et des modèles de la société, le refus de tous les États d’imposer aux autres pays leurs modèles de développement, leurs principes idéologiques et leurs valeurs, l’appui sur une orientation spirituelle et morale commune pour toutes les religions traditionnelles du monde et les systèmes éthiques laïques ;

8) le leadership responsable des États majeurs visant à assurer les conditions de développement stables et favorables aussi bien pour eux-mêmes que pour tous les autres pays et peuples ;

9) le rôle primordial des États souverains lors de la prise des décisions concernant la paix et la sécurité internationales.

19. Afin de contribuer à l’adaptation de l’ordre mondial aux nouvelles réalités d’un monde multipolaire, la Fédération de Russie intente accorder une attention prioritaire :

1) à l’élimination des rudiments de la prédominance des États-Unis et des autres États inamicaux dans les affaires internationales, à la création des conditions pour que tout État renonce aux ambitions néocoloniales et hégémoniques ;

2) au perfectionnement des mécanismes internationaux de sécurité et de développement au niveau global et régional ;

3) au rétablissement du rôle de l’ONU en tant que mécanisme central pour la coordination des intérêts des États membres de l’ONU et de leurs action pour la réalisation des objectifs de la Charte de l’ONU ;

4) au renforcement du potentiel et à l’augmentation du rôle international de l’alliance interétatique BRICS, de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), de la Communauté des États indépendants (CEI), de l’Union économique eurasienne (UEEA), de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), du format RIC (Russie, Inde, Chine) et des autres associations interétatiques et organisations internationales, aussi bien que des mécanismes avec la participation importante de la Russie ;

5) au soutien de l’intégration régionale et sous-régionale dans le cadre des institutions multilatérales, forums de dialogue et alliances régionales amicaux en Asie-Pacifique, Amérique latine, Afrique et au Moyen-Orient ;

6) à l’augmentation de la durabilité et au développement progressif du système du droit international ;

7) à l’accès équitable de tous les États aux biens de l’économie mondiale et de la division internationale du travail, aussi bien qu’aux technologies modernes en faveur du développement juste et équitable (y compris le règlement des problèmes de la sécurité énergétique et alimentaire globale) ;

8) au renforcement de la coopération dans tous les domaines avec les alliés et partenaires de la Russie, à la prévention des tentatives des États inamicaux d’empêcher cette coopération ;

9) à la consolidation des efforts internationaux visant à assurer le respect et la protection des valeurs spirituelles et morales universelles et traditionnelles (y compris les normes éthiques communes pour toutes les religions du monde), la neutralisation des tentatives d’imposer des orientations pseudo-humanistes et d’autres orientations idéologiques néolibérales entraînant la perte par l’humanité des repères spirituels et moraux et des principes traditionnels ;

10) au dialogue constructif, au partenariat et à l’enrichissement mutuel entre différentes cultures, religions et civilisations.
 

Primauté du droit dans les relations internationales

20. La primauté du droit dans les relations internationales est une base de l’ordre mondial juste et stable, du maintien de la stabilité globale, de la coopération pacifique et fructueuse des États et de leurs alliances, un facteur de la baisse des tensions internationales et de la hausse de la prévisibilité du développement global.

21. La Russie a toujours préconisé le renforcement du cadre juridique de la vie internationale et respecte de bonne foi ses obligations de droit international. En même temps les décisions des organes interétatiques prises en vertu des dispositions des traités internationaux de la Fédération de Russie dans leur interprétation qui contredit la Constitution de la Fédération de Russie, ne sont pas exécutoires en Fédération de Russie.

22. Le mécanisme de formation des normes universelles du droit international doit être basé sur la libre volonté des États souverains, et l’ONU doit rester le terrain clé pour le développement progressif et la formalisation du droit international. La promotion ultérieure du concept de l’ordre mondial basé sur les règles risque de détruire le système du droit international et est lourde d’autres conséquences dangereuses pour l’humanité.

23. Afin d’augmenter la stabilité du système du droit international, d’éviter son morcellement et affaiblissement, de prévenir l’application sélective des normes du droit international universellement reconnues, la Fédération de Russie veille particulièrement à :

1) s’opposer aux tentatives de substituer, revoir et interpréter de façon arbitraire les principes du droit international stipulés dans la Charte de l’ONU et dans la Déclaration relative aux principes du droit international touchant les relations amicales et la coopération entre les États conformément à la Charte des Nations Unies du 24 octobre 1970 ;

2) favoriser le développement progressif, y compris en tenant compte des réalités d’un monde multipolaire, et la formalisation du droit international, avant tout dans le cadre des efforts sous l’égide de l’ONU, et assurer la participation aussi large que possible des États aux traités internationaux de l’ONU, leur interprétation et application unifiée ;

3) consolider les efforts des États qui se prononcent pour le rétablissement du respect général pour le droit international et le renforcement de son rôle comme fondement des relations internationales ;

4) éliminer des relations internationales la pratique de prendre des mesures coercitives unilatérales illicites en violation de la Charte de l’ONU ;

5) perfectionner le mécanisme d’application des sanctions internationales en se basant sur la compétence exclusive du Conseil de sécurité de l’ONU pour l’imposition de ces mesures et la nécessité d’assurer leur efficacité pour maintenir la paix et la sécurité internationales et de prévenir la dégradation de la situation humanitaire ;

6) intensifier le processus de la formalisation juridique internationale de la frontière d’État de la Fédération de Russie, ainsi que des frontières des espaces maritimes où la Russie exerce son droit souverain et sa juridiction, en se basant sur la nécessité d’assurer inconditionnellement ses intérêts nationaux, l’importance du renforcer les relations de bon voisinage, la confiance et la coopération avec les États voisins.

Renforcement de la paix et de la sécurité internationales

24. La Fédération de Russie part du principe de l’indivisibilité de la sécurité internationale (dans son aspect global et régional) et aspire à la garantir de manière égale pour tous les États sur la base du principe de mutualité. À ces fins la Russie est ouverte aux actions communes visant à la formation d’une architecture renouvelée et plus durable de la sécurité internationale avec tous les États et alliances interétatiques intéressés. Afin de maintenir et de renforcer la paix et la sécurité internationales la Fédération de Russie intente accorder une attention prioritaire à :

1) l’utilisation des moyens pacifiques, avant tout de la diplomatie, des négociations, des consultations, de la médiation et des bons offices, pour le règlement des différends et conflits internationaux basé sur le respect mutuel, les compromis et l’équilibre des intérêts légitimes ;

2) l’établissement d’une large interaction afin de neutraliser les tentatives de tous États et alliances interétatiques d’obtenir la prédominance globale dans le domaine militaire, de projeter leur force au-delà de leur zone de responsabilité, de s’approprier la responsabilité prioritaire pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, de tracer des lignes de division et d’assure la sécurité de certains États au détriment des intérêts légitimes des autres pays. Ces tentatives sont incompatibles avec l’esprit, les objectifs et les principes de la Charte de l’ONU et représente pour la génération actuelle et future une menace de conflits globaux et d’une guerre mondiale ;

3) l’intensification des efforts politiques et diplomatiques visant à prévenir le recours à la force militaire en violation de la Charte de l’ONU, avant tout les tentatives de contourner les prérogatives du Conseil de sécurité de l’ONU et de violer les conditions pour l’exercice du droit naturel de légitime défense, garanti par l’article 51 de la Charte de l’ONU ;

4) la prise de mesures politiques et diplomatiques pour prévenir l’ingérence dans les affaires intérieures des États souverains visant en premier lieu à l’aggravation de la situation politique interne, au changement inconstitutionnel du pouvoir ou à la violation de l’intégrité territoriale des États ;

5) la garantie de la stabilité stratégique, l’élimination des prémisses pour l’éclatement d’une guerre globale, des risques de recours aux armes nucléaires et des autres types des armes de destruction massive, la formation d’une architecture renouvelée de la sécurité internationale, la prévention et le règlement des conflits armés internationaux et intérieurs, la lutte contre les défis et menaces transnationaux dans certaines sphères de la sécurité internationale.

25. La Fédération de Russie se base sur le fait que ses Forces armées peuvent être utilisées conformément aux principes et normes universellement reconnus du droit international, aux traités internationaux de la Fédération de Russie et à la législation de la Fédération de Russie. La Russie considère l’article 51 de la Charte de l’ONU comme un cadre juridique approprié et non susceptible de révision pour le recours à la force en cas de légitime défense.

L’utilisation des Forces armées de la Fédération de Russie peut viser, notamment, à repousser et prévenir une agression armée contre la Russie et (ou) ses alliés, à régler des crises, à maintenir (rétablir) la paix conformément à la décision du Conseil de sécurité de l’ONU, des autres structures de sécurité collectives avec la participation de la Russie dans les limites de leur champ de responsabilité, à assurer la protection de ses citoyens à l’étranger, à lutter contre le terrorisme international et la piraterie.

26. En cas d’actes hostiles de la part des États étrangers ou de leurs alliances qui menacent la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Fédération de Russie, y compris ceux liés avec l’imposition des mesures restrictives (sanctions) politiques ou économiques ou avec l’utilisation des technologies modernes d’information et de communications, la Fédération de Russie estime légitime de prendre des mesures symétriques et asymétriques nécessaires pour mettre fin à ces actes hostiles et prévenir leur répétition ultérieure.

27. Afin d’assurer la stabilité stratégique, d’éliminer les prémisses au déclenchement d’une guerre globale et aux risques d’emploi des armes nucléaires et des autres types d’armes de destruction massive, de former une architecture renouvelée de la sécurité internationale, la Fédération de Russie intente veiller en premier lieu à :

1) assurer la dissuasion stratégique, prévenir l’aggravation des relations interétatiques jusqu’au niveau susceptible de provoquer des conflits militaires, y compris avec l’emploi des armes nucléaires et des autres types des armes de destruction massive ;

2) raffermir et développer le système de traités internationaux dans le domaine de la stabilité stratégique, du contrôle des armements, de la non prolifération des armes de destruction massive, de leurs vecteurs et des produits et techniques connexes (y compris en tenant compte du risque que les composantes de ces armes tombent entre les mains des sujets non-étatiques) ;

3) raffermir et développer les fondements (accords) politiques internationaux pour le maintien de la stabilité stratégique, des régimes de contrôle des armements et de non-prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs avec la prise en compte intégrée obligatoire de tous les types des armes de destruction massive et des facteurs qui influencent la stabilité stratégique ans leur ensemble ;

4) prévenir la course aux armements et exclure son transfert dans de nouveaux milieux, créer des conditions pour la réduction ultérieure échelonnée des capacités nucléaires en tenant compte de tous les facteurs qui influencent la stabilité stratégique ;

5) augmenter la prévisibilité dans les relations internationales, appliquer et perfectionner en cas de nécessité les mesures de confiance dans le secteur militaire et international, prévenir les incidents armés involontaires ;

6) remplir les garanties de sécurité à l’égard des États parties aux traités régionaux sur les zones exemptes d’armes nucléaires ;

7) contrôler les armes conventionnelles et lutter contre le trafic illicite d’armes légères et de petit calibre ;

8) renforcer la sécurité nucléaire technique et physique au niveau global et prévenir les actes du terrorisme nucléaire ;

9) développer l’interaction bilatérale et multilatérale des États dans le domaine de l’énergie nucléaire pacifique afin de satisfaire les besoins de tous les pays concernés en combustible et énergie, tout en gardant aux États leur droit de définir leur politique nationale dans ce domaine ;

10) renforcer le rôle des mécanismes multilatéraux de contrôle des exportations dans les domaines de la sécurité internationale et de la non prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs, empêcher de transformer ces mécanismes en un instrument de limitations unilatérales à la coopération internationale légale.

28. Afin de renforcer la sécurité régionale, prévenir les guerres locales et régionales, régler les conflits armés internes (avant tout sur les territoires des États limitrophes), la Fédération de Russie intente accorder une attention prioritaire :

1) à la prise des mesures politiques et diplomatiques pour prévenir l’apparition ou réduire le niveau des menaces à la sécurité de la Russie provenant des territoires et États limitrophes ;

2) à l’assistance à ses alliés et partenaires visant à assurer leur défense et sécurité, à la neutralisation des tentatives d’ingérence externe dans leurs affaires intérieures ;

3) au développement de la coopération militaire, politique et technique avec ses alliés et partenaires ;

4) à la participation à la création et au perfectionnement des mécanismes de la sécurité régionale et du règlement des crises dans les régions importantes pour les intérêts de la Russie ;

5) à l’augmentation du rôle de la Russie dans les activités de maintien de la paix (y compris dans le cadre de l’interaction avec l’ONU, les organisations régionales et internationales et les parties des conflits), au renforcement des capacités de maintien de la paix et de règlement des crises de l’ONU et de l’OTSC.

29. Afin de prévenir les menaces biologiques et assurer la sécurité biologique, la Fédération de Russie envisage de prêter une attention particulière a :

1) l’enquête des cas de création, de déploiement et d’emploi présumés des armes biologiques et à toxines, avant tout sur les territoires des États limitrophes ;

2) la prévention des actes terroristes et (ou) de sabotage avec l’utilisation d’agents pathogènes dangereux et la liquidation de leurs conséquences ;

3) l’élargissement de la coopération avec ses alliés et partenaires dans le domaine de la sécurité biologique, avant tout avec les États membres de la CEI et de l’OTSC.

30. Afin d’assurer la sécurité informatique internationale, lutter contre les menaces à son égard, raffermir la souveraineté russe dans l’espace informatique global, la Fédération de Russie intente mettre un accent particulier sur :

1) le renforcement et le perfectionnement du régime du droit international pour prévenir et régler les conflits interétatiques et gérer l’activité dans l’espace informatique global ;

2) la formation et le perfectionnement du cadre du droit international pour la lutte contre l’utilisation des technologies d’information et de communications à des fins criminelles ;

3) l’aide au fonctionnement et au développement stable et sûr du réseau d’information et de télécommunications « Internet » sur la base de la participation égale des États à la gestion de ce réseau et la prévention du contrôle étranger du fonctionnement de ses segments nationaux ;

4) la prise de mesures politiques, diplomatiques et autres destinées à faire face à la politique des États inamicaux visant à la militarisation de l’espace informatique global, à l’utilisation des technologies d’information et de communications pour l’ingérence dans les affaires intérieures des États et à des fins militaires, aussi bien qu’à la restriction de l’accès des autres États aux technologies d’information et de communications de pointe et au renforcement de leur dépendance technologique.

31. Afin d’éradiquer le terrorisme international, de protéger l’État et les citoyens russes contre les actes terroristes, la Fédération de Russie intente veiller particulièrement à :

1) augmenter l’efficacité et la coordination de la coopération multilatérale dans la lutte contre le terrorisme, y compris dans le cadre de l’ONU

2) renforcer le rôle déterminant des États et de leurs organismes compétents dans l’élimination du terrorisme et de l’extrémisme ;

3) prendre des mesures politiques, diplomatiques et autres visant à empêcher les États d’utiliser les organisations terroristes et extrémistes (y compris néonazies) en tant qu’instrument de la politique extérieure et intérieure ;

4) lutter contre la propagation, y compris sur le réseau d’information et de télécommunication « Internet », de l’idéologie terroriste et extrémiste (y compris le néonazisme et le nationalisme radical) ;

5) dépister les citoyens et les organisations engagées dans des activités terroristes et bloquer les canaux de financement du terrorisme ;

6) dépister et éliminer les lacunes dans la base de droit international pour la coopération dans la lutte contre le terrorisme, y compris en tenant compte des risques des actes terroristes avec l’utilisation des substances chimiques et biologiques ;

7) renforcer l’interaction multilatérale avec ses alliés et partenaires dans la lutte contre le terrorisme, leur prêter une assistance pratique pour la mise en place des opérations antiterroristes, y compris pour la protection des chrétiens au Moyen-Orient.

32. Afin de lutter contre le trafic et la consommation illicites de stupéfiants et de substances psychotropes présentant une menace grave pour la sécurité internationale et nationale, la santé et les fondements spirituels et moraux de la société russe, la Fédération de Russie envisage de prêter une attention particulière à :

1) l’élargissement de la coopération internationale afin d’éviter l’assouplissement ou la révision du régime global du contrôle des stupéfiants en vigueur (y compris leur légalisation à des fins non-médicales) et l’opposition aux autres initiatives pouvant entraîner l’augmentation du trafic et de la consommation illicites de la drogue ;

2) l’assistance pratique à ses alliés et partenaires dans les activités antidrogues.

33. Aux fins de la lutte contre la criminalité organisée transfrontalière et la corruption qui représentent une menace croissante pour la sécurité et le développement durable de la Fédération de Russie, de ses alliés et ses partenaires, la Fédération de Russie envisage de prêter une attention prioritaire à l’élargissement de la coopération internationale afin de liquider les  » havres  » où s’abritent les criminels et au renforcement des mécanismes multilatéraux ciblés qui répondent aux intérêts nationaux de la Russie.

34. Afin de réduire les risques pour le territoire de la Fédération de Russie à la suite des catastrophes naturelles ou accidents technologiques à l’étranger, aussi bien que pour augmenter la résistance des États étrangers à ces menaces, la Fédération de Russie envisage de prêter une attention particulière :

1) au renforcement du cadre du droit international et au perfectionnement des mécanismes d’interaction bilatérale et multilatérale dans le domaine de la protection de la population contre les urgences naturelles et technologiques et à l’augmentation des possibilités pour l’alerte rapide et la prévision de ces urgences, aussi bien que le règlement de leurs effets ;

2) à l’assistance pratique aux États étrangers dans le domaine de la protection de la population contre les urgences naturelles et technologiques, y compris avec l’utilisation des technologies russes uniques et de l’expérience de secours d’urgence.

35. Afin de lutter contre la migration illégale et perfectionner le règlement des processus internationaux de migration, la Fédération de Russie envisage de prêter une attention particulière au renforcement de la coopération dans ce domaine avec les États membres de la CEI menant une politique constructive envers la Fédération de Russie.

Garantie des intérêts de la Fédération de Russie dans l’océan mondial, l’espace extra-atmosphérique et aérien

36. Afin d’étudier, d’exploiter et d’utiliser l’océan mondial pour assurer la sécurité et le développement de la Russie, faire face aux mesures restrictives unilatérales des États inamicaux et de leurs alliances à l’égard de l’activité maritime russe, la Fédération de Russie intente accorder une attention prioritaire à :

1) la garantie de l’accès libre, fiable et complet de la Russie aux espaces, voies de transports et ressources vitaux, importants et autres de l’océan mondial ;

2) l’exploitation responsable et raisonnable des ressources biologiques, minérales, énergétiques et autres des océans, le développement fonctionnement des conduites maritimes, les recherches scientifiques, la protection et la préservation de l’environnement maritime ;

3) la fixation de la limite extérieure du plateau continental de la Fédération de Russie conformément au droit international, la protection de ses droits souverains sur le plateau continental.

37. Aux fins de l’exploration et l’utilisation pacifique de l’espace, de l’affermissement de ses positions de leader sur le marché des produits, travaux et services spatiaux et la confirmation de son statut comme une des plus grandes puissances spatiales, la Fédération de Russie intente accorder une attention prioritaire à :

1) la promotion de la coopération internationale visant à prévenir la course aux armements dans l’espace, avant tout par la mise en place et la signature d’un traité international approprié, et en qualité de mesure intermédiaire – par l’engagement de tous les États de ne pas déployer en premier des armes dans l’espace ;

2) la diversification géographique de la coopération internationale dans le secteur spatial.

38. Afin d’utiliser l’espace aérien international pour la sécurité et le développement de la Russie, de faire face aux mesures restrictives unilatérales des États inamicaux et de leurs alliances à l’égard des aéronefs russes, la Fédération de Russie intente accorder une attention prioritaire à :

1) L’accès garanti de la Russie à l’espace aérien international (ouvert) compte tenu du principe de liberté de survol ;

2) la diversification géographique des vols internationaux des aéronefs russes et le développement de la coopération dans le domaine du transport aérien, de la protection et de l’utilisation de l’espace aérien avec les États menant une politique constructive à l’égard de la Russie.

Coopération économique internationale et contribution au développement durable

39. Afin d’assurer la sécurité économique, la souveraineté économique, la croissance durable, la mise à jour structurelle et technologique, l’augmentation de la compétitivité internationale de l’économie nationale, de préserver les positions de leader de la Russie dans l’économie mondiale, de réduire les risques et de profiter des opportunités liées aux changements profonds dans l’économie mondiale et les relations internationales, aussi bien qu’en relation avec les actions hostiles des États étrangers et de leurs alliances, la Fédération de Russie intente accorder une attention prioritaire à :

1) l’adaptation des systèmes mondiaux commercial, monétaire et financier aux réalités d’un monde multipolaire et aux conséquences de la crise de la globalisation économique, avant tout afin de limiter les possibilités des États inamicaux d’abuser de leur situation monopole ou dominante dans certaines sphères de l’économie mondiale et d’élargir la participation des États en voie de développement dans la gestion économique globale ;

2) la réduction de la dépendance de l’économie russe des actions hostiles des États étrangers, avant tout par le développement d’une infrastructure de paiement internationale non politisée, sécurisée, indépendante des États inamicaux et par l’élargissement de la pratique de règlements avec les alliés et partenaires étrangers en monnaies nationales ;

3) le renforcement de la présence russe sur les marchés mondiaux, l’augmentation de l’exportation non-pétrolière et non-énergétique, la diversification géographique des liens économiques en les réorientant vers les États menant une politique constructive et neutre envers la Fédération de Russie, tout en préservant la disponibilité à la coopération pragmatique avec les milieux d’affaires des États inamicaux ;

4) l’amélioration des conditions pour l’accès de la Russie aux marchés mondiaux, la protection des organisations, investissements, produits et services russes à l’étranger contre la discrimination, la concurrence déloyale, les tentatives des États étranger de gérer unilatéralement les marchés clés pour l’exportation russe ;

5) la protection de l’économie russe et des liens commerciaux et économiques internationaux contre les actions hostiles des États étrangers par le recours aux mesures économiques spéciales en qualité de réponse à ces actions ;

6) l’aide à l’attraction en Russie de l’étranger en Russie des investissements, des connaissances et des technologies de pointe, des spécialistes hautement qualifiés ;

7) la promotion des processus d’intégration économique régionale et transrégionale répondant aux intérêts de la Russie, avant tout dans le cadre de l’État de l’Union, de l’UEEA, de la CEI, de l’OCS et de BRICS, aussi bien qu’aux fins de la formation du Grand partenariat eurasiatique ;

8) l’utilisation de la situation géographique unique et du potentiel de transit de la Russie pour développer l’économie nationale et renforcer le réseau de transport et de l’infrastructure dans l’espace eurasiatique.

40. Afin de rendre le système des relations internationales résistant mieux aux crises, d’améliorer la situation sociale, économique et humanitaire dans le monde, d’éliminer les conséquences des conflits armés, de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, de renforcer la perception positive de la Russie dans le monde, la Fédération de Russie intente contribuer au développement international en prêtant une attention prioritaire au développement social et économique de la République d’Abkhazie, de la République d’Ossétie du Sud, des États membres de l’UEEA, des États membres de la CEI entretenant les relations de bon voisinage avec la Russie, aussi bien que des États en voie de développement menant une politique constructive envers la Fédération de Russie.


Protection de l’environnement et santé globale

41. Afin de préserver l’environnement favorable, d’améliorer sa qualité, d’adapter raisonnablement la Russie aux changements climatiques pour le bien de la génération présente et des générations futures, la Fédération de Russie intente accorder une attention prioritaire à :

1) l’encouragement des efforts internationaux scientifiquement fondés et non politisés visant à limiter l’influence négative sur l’environnement (y compris la réduction des émissions des gaz à effet de serre), préserver et augmenter la capacité d’absorption des écosystèmes ;

2) l’élargissement de la coopération avec ses alliés et partenaires afin d’empêcher la politisation de l’activité environnementale et climatique internationale, avant tout son utilisation aux fins de concurrence déloyale, l’ingérence dans les affaires intérieures des États et la limitation de la souveraineté des États sur leurs ressources naturelles ;

3) le soutien du droit de chaque État de choisir indépendamment les mécanismes et moyens optimaux pour ce dernier pour la protection de l’environnement et l’adaptation aux changements climatiques ;

4) l’aide à l’élaboration des règles globales de la gestion climatique environnementale, communes pour tous, claires, équitables et transparentes, tout en tenant compte de l’Accord de Paris sur le climat du 12 décembre 2015 adopté sur la base de la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques du 9 mai 1992 ;

5) l’augmentation de l’efficacité de la coopération internationale pour élaborer et mettre en place des technologies de pointe contribuant à la préservation de l’environnement favorable et la préservation de sa qualité, à l’adaptation des États aux changements climatiques ;

6) la prévention des dommages transfrontaliers à l’environnement de la Fédération de Russie, avant tout de sa pollution par les substances polluantes (y compris radioactives), les ravageurs de quarantaine, particulièrement dangereux et dangereux, les agents pathogènes des plantes, les mauvaises herbes et les microorganismes apportés des autres États.

42. Afin de contribuer à la protection de la santé et au bien-être social des peuples de la Russie et des autres États, la Fédération de Russie intente accorder une attention prioritaire à :

1) l’augmentation de l’efficacité de la coopération internationale dans le domaine de la santé et l’opposition à sa politisation, y compris au sein des organisations internationales ;

2) la consolidation des efforts internationaux visant à prévenir la propagation des maladies infectieuses dangereuses, assurer la réponse opportune et efficace aux urgences de caractère sanitaire et épidémiologique, lutter contre les maladies chroniques non transmissibles, surmonter les conséquences sociales et économiques des pandémies et des épidémies ;

3) l’augmentation de l’efficacité des recherches scientifiques internationales dans le domaine de la santé, avant tout pour la création de nouveaux moyens de prévention, de dépistage et de traitement des maladies.


Coopération humanitaire internationale

43. Afin de renforcer le rôle de la Russie dans l’espace humanitaire mondial, de former sa perception positive à l’étranger, de raffermir les positions de la langue russe dans le monde, de s’opposer à la campagne russophobe menée par les États étrangers inamicaux et leurs alliances, aussi bien que d’augmenter la compréhension mutuelle et renforcer la confiance entre les États, la Fédération de Russie intente accorder une attention prioritaire à :

1) la promotion et la protection contre la discrimination à l’étranger des progrès nationaux dans les domaines de la culture, de l’art, de l’éducation et de la science et le renforcement de l’image de la Russie comme un pays agréable pour la vie, le travail, les études et le tourisme ;

2) l’aide à la diffusion et le raffermissement des positions de la langue russe en tant que langue de communication internationale, une des langues officielles de l’ONU et d’une série d’autres organisations internationales ; l’aide à l’étude et à l’utilisation de la langue russe dans les États étrangers (avant tout dans les États membres de la CEI) ; la préservation et le renforcement de la langue russe dans la communication internationale et interétatique, y compris dans le cadre des organisations internationales ; la protection de la langue russe contre la discrimination à l’étranger ;

3) le développement des mécanismes de la diplomatie publique avec la participation des représentants et institutions de la société civile à l’attitude constructive envers la Russie, des cercles politologiques, académiques et d’experts, de la jeunesse, des mouvements de volontariat et de recherche et d’autres mouvements sociaux ;

4) l’assistance au développement des liens externes des autres organisations religieuses appartenant aux confessions traditionnelles de la Russie, à la protection de l’Église orthodoxe russe contre la discrimination à l’étranger, y compris afin d’assurer l’unité de l’orthodoxie ;

5) l’aide à la formation d’un espace humanitaire uni entre la Fédération de Russie et les États membres de la CEI, la préservation des liens civils et spirituels du peuple russe avec les peuples de ces pays qui datent de plusieurs siècles ;

6) la garantie du libre accès des sportifs et des organisations sportives russes à l’activité sportive internationale, l’aide à sa dépolitisation, le perfectionnement de l’activité des organisations sportives internationales intergouvernementales et sociales et le développement des nouveaux formats de la coopération sportive internationale avec les États menant une politique constructive à l’égard de la Russie.

44. Afin de s’opposer à la falsification de l’histoire, à l’incitation à la haine envers la Russie, à la propagation de l’idéologie du néonazisme, de l’exclusivisme racial et national, du nationalisme agressif et de renforcer les fondements moraux, juridique et institutionnels des relations internationales modernes basées essentiellement sur les résultats universellement reconnus de la Seconde guerre mondiale, la Fédération de Russie intente accorder une attention prioritaire à :

1) la diffusion de l’information fiable à l’étranger sur la place et le rôle de la Russie dans l’histoire mondiale et la formation d’un ordre mondial équitable, surtout sur le rôle décisif de l’Union soviétique dans la défaite de l’Allemagne nazie et dans la création de l’ONU, sur son assistance considérable à la décolonisation et à l’édification des nations des peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine ;

2) l’adoption des mesures nécessaires, aussi bien dans le cadre des forums internationaux ciblés qu’au niveau des relations bilatérales avec ses partenaires étrangers pour lutter contre la distorsion des événements significatifs de l’histoire mondiale concernant les intérêts de la Russie, y compris le silence devant les crimes, la réhabilitation et la glorification des Nazis allemands, des militaristes japonais et de leurs acolytes ;

3) l’adoption des mesures de riposte à l’égard des États étrangers et de leurs alliances, des fonctionnaires, organisations et citoyens étrangers impliqués dans les actions hostiles à l’égard des sites russes à l’étranger présentant une signification historique et mémorielle ;

4) l’aide à la coopération internationale constructive visant à préserver le patrimoine historique et culturel.


Protection des citoyens et organisations russes contre les atteintes illégales étrangères, soutien des compatriotes résidant à l’étranger,
coopération internationale dans le domaine des droits de l’homme

45. Afin de protéger les droits, les libertés et les intérêts légaux des citoyens étrangers (y compris les mineurs), de protéger les organisations russes contre les atteintes illégales étrangères et de s’opposer à la campagne russophobe déclenchée par les États inamicaux, la Fédération de Russie intente accorder une attention prioritaire :

1) au suivi des actions hostiles envers les citoyens et les organisations russes, telle que la mise en place des mesures restrictives (sanctions) politiques ou économiques, la poursuite juridique infondée, les crimes, la discrimination, l’incitation à la haine ;

2) à la mise en place des interventions et des mesures économiques spéciales à l’égard des États étrangers et de leurs alliances, des fonctionnaires, organisations et citoyens étrangers impliqués dans les actions hostiles envers les citoyens et organisations russes et dans la violation des droits et libertés fondamentaux des compatriotes résidant à l’étranger ;

3) à l’augmentation de l’efficacité des mécanismes globaux, régionaux et bilatéraux de la protection internationale des droits, libertés et intérêts légaux des citoyens russes et de la protection des organisations russes, aussi bien qu’à la formation, le cas échéant, de nouveaux mécanismes dans ce domaine.

46. Afin de développer ses liens avec les compatriotes et de leur prêter le plein soutien (vu leur contribution importante à la préservation et la diffusion de la langue et de la culture russes) en raison de leur discrimination systématique dans certains États, la Fédération de Russie, en tant que noyau de l’entité civilisationnelle du Monde russe, intente accorder une attention prioritaire à :

1) l’aide à la consolidation et le soutien dans la protection des droits et des intérêts légaux des compatriotes résidant à l’étranger et ayant une attitude constructive envers la Russie, avant tout dans les États inamicaux, à la préservation de leur identité culturelle et linguistique commune russe et des valeurs spirituelles et morales russes, de leurs liens avec leur patrie historique ;

2) la promotion de la réinstallation volontaire en Fédération de Russie des compatriotes ayant une attitude constructive envers la Russie, surtout de ceux qui sont victimes de discrimination dans leurs États de résidence.

47. La Russie reconnaît et garantit les droits et libertés de l’homme et du citoyen conformément aux principes et normes universellement reconnus du droit international, considère le rejet de l’hypocrisie et l’exécution de bonne foi de leurs obligations par les États comme une des conditions pour le développement progressif et harmonieux de toute l’humanité. Afin de veiller au respect des droits et des libertés de l’homme dans le monde, la Fédération de Russie intente accorder une attention prioritaire à :

1) la prise en compte garantie des intérêts de la Russie, de ses particularités nationales, socioculturelles, spirituelles, morales et historiques lors du perfectionnement du cadre de droit international et des mécanismes internationaux dans le domaine des droits de l’homme ;

2) le suivi et la publication de la situation réelle concernant le respect des droits et des libertés de l’homme dans le monde, surtout dans les États insistant sur leur propre exclusivité en ce qui concerne le respect des droits de l’homme et la définition des normes internationales dans ce domaine;

3) l’élimination de la politique de  » doubles standards  » dans la coopération internationale dans le domaine des droits de l’homme afin de lui donner un caractère non-politisé, égal et mutuellement respectueux;

4) l’opposition aux tentatives d’utiliser l’agenda des droits de l’homme comme instrument pour la pression extérieure et l’ingérence dans les affaires intérieures des États, l’influence négative sur l’activité des organisations internationales;

5) la mise en place de l’intervention à l’égard des États étrangers et de leurs alliances, des fonctionnaires, organisations et citoyens étrangers impliqués dans la violation des droits et libertés fondamentaux de l’homme.

Accompagnement médiatique de l’activité en politique étrangère de la Fédération de Russie

48. Afin de former la perception objective de la Russie à l’étranger, de renforcer sa présence dans l’espace informatique global, de faire face à la campagne coordonnée de propagande antirusse menée systématiquement par les États inamicaux et comprenant la désinformation, la diffamation et l’incitation à la haine, aussi bien que d’assurer l’accès libre de la population des États étrangers aux informations véridiques, la Fédération de Russie intente accorder une attention prioritaire à :

1) porter à la connaissance de l’audience étrangère la plus large l’information fiable sur la politique intérieure et extérieure de la Fédération de Russie, son histoire et ses progrès dans différents domaines de la vie, aussi bien que d’autres informations véridiques sur la Russie ;

2) favoriser la diffusion à l’étranger des informations contribuant au raffermissement de la paix et de la compréhension mutuelle internationales, au développement et à l’établissement des relations amicales entre les États, le renforcement des valeurs spirituelles et morales traditionnelles en tant que facteur unifiant pour toute l’humanité, aussi bien qu’au renforcement du rôle de la Russie dans l’espace humanitaire mondial ;

3) assurer la protection contre la discrimination à l’étranger et aider au renforcement des positions dans l’espace informatique global des moyens de communication ou d’information de masse russes, y compris les plateformes numériques russes, et des médias des compatriotes résidant à l’étranger et ayant une attitude constructive envers la Russie ;

4) perfectionner les instruments et méthodes de l’accompagnement médiatique de la politique étrangère de la Fédération de Russie, y compris l’augmentation de l’efficacité des technologies d’information et de communications modernes, y compris les réseaux sociaux ;

5) perfectionner les mécanismes et normes internationaux pour la gestion et la protection de l’activité des moyens de communication et d’information de masse, la garantie de libre accès à ces derniers, la création et la diffusion de l’information ;

6) créer des conditions favorables pour le fonctionnement des médias étrangers sur le territoire de la Russie dans le cadre du droit international et sur la base du principe de mutualité ;

7) continuer à former l’espace informatique commun entre la Fédération de Russie et les États membres de la CEI, intensifier la coopération dans le domaine informatique avec les États menant une politique constructive envers la Russie.

V. Vecteurs régionaux de la politique étrangère de la Fédération de Russie


Étranger proche

49. Les priorités pour la sécurité, la stabilité, l’intégrité territoriale et le développement social et économique de la Russie, pour le renforcement de ses positions comme un des centres souverains influents du développement mondial et de la civilisation sont les relations de bon voisinage stables et de longue durée et l’association des potentiels dans différents domaines avec les États membres de la CEI et d’autres États limitrophes liés à la Russie par les traditions d’identité nationale partagée datant de plusieurs siècles, une interdépendance profonde dans différents domaines, une langue commune et des cultures proches.

Aux fins de la transformation ultérieure de l’étranger proche en une zone de paix, de bon voisinage, de développement durable et de bien-être la Fédération de Russie intente accorder une attention prioritaire à :

1) la prévention et le règlement des conflits armés, l’amélioration des relations interétatiques, la stabilité dans l’étranger proche, y compris la répression de l’inspiration des  » révolutions de couleur  » et des autres tentatives d’ingérence dans les affaires intérieures des alliés et partenaires de la Russie ;

2) la protection garantie de la Russie, de ses alliés et partenaires dans n’importe quel scénario militaire et politique, le renforcement du système de sécurité régionale basé sur le principe d’indivisibilité de la sécurité et le rôle clé de la Russie dans la préservation et le renforcement de la sécurité régionale, de complémentarité de l’État de l’Union, de l’OTSC et des autres formats d’interaction entre la Russie et ses alliés et partenaires dans le domaine de la défense et de la sécurité ;

3) l’opposition au déploiement ou renforcement de l’infrastructure militaire des États inamicaux et aux autres menaces à la sécurité de la Russie dans l’étranger proche ;

4) l’intensification des processus d’intégration répondant aux intérêts de la Russie et de l’interaction stratégique avec la République de Biélorussie, le renforcement du système de coopération multilatérale intégrale et mutuellement avantageuse basée sur l’association des potentiels de la CEI et de l’UEEA, aussi bien que le développement des formats multilatéraux complémentaires, y compris le mécanisme d’interaction entre la Russie et les États d’Asie centrale ;

5) la formation d’un large contour d’intégration en Eurasie à long terme ;

6) la prévention et la répression des actions hostiles des États inamicaux et de leurs alliances provoquant des processus de désintégration dans l’étranger proche et créant des obstacles à la réalisation du droit souverain des alliés et partenaires de la Russie au renforcement de la coopération intégrale avec elle ;

7) l’emploi du potentiel économique du bon voisinage, avant tout avec les États membres de l’UEEA et les États intéressés à développer les relations économiques avec la Russie, aux fins de la formation d’un contour d’intégration plus large en Eurasie ;

8) le soutien global de la République d’Abkhazie et de la République d’Ossétie du Sud et l’aide à la réalisation du choix bénévole et bas sur le droit international de ces peuples au profit de l’intégration approfondie avec la Russie ;

9) le renforcement de la coopération dans la région de la mer Caspienne en partant de la compétence exclusive des cinq États caspiens pour le règlement de toutes les questions concernant cette région.


Arctique

50. La Russie aspire à préserver la paix et la stabilité, à augmenter la viabilité écologique, à réduire le niveau des menaces à la sécurité nationale en Arctique, à créer des conditions internationales favorables pour le développement social et économique de la zone arctique de la Fédération de Russie (y compris la protection de l’habitat et du mode de vie traditionnel des petites minorités autochtones résidant dans cette zone), aussi bien que pour le développement du passage du Nord-est en tant que voie nationale compétitive de communication et de transport avec la possibilité de son utilisation internationale pour assurer le transit entre l’Europe et l’Asie. À ces fins la Fédération de Russie intente accorder une attention prioritaire :

1) au règlement pacifique des questions internationales concernant l’Arctique en partant de la responsabilité particulière des États arctiques pour le développement durable de la région et la suffisance de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982 pour régler les relations interétatiques dans l’océan Arctique (y compris la protection du milieu marin et la délimitation des espaces maritimes) ;

2) à la neutralisation des aspirations des États inamicaux à la militarisation de la région et la limitation des possibilités de la Russie de réaliser ses droits souverains dans la zone arctique de la Fédération de Russie ;

3) à l’immuabilité du régime historique du droit international concernant les eaux marines intérieures de la Fédération de Russie ;

4) à l’établissement de la coopération mutuellement avantageuse avec les États non-arctiques menant une politique constructive envers la Russie et intéressés à l’activité internationale en Arctique, y compris le développement d’infrastructure du passage du Nord-est.

Continent eurasien.
République populaire de Chine, République de l’Inde

51. L’approfondissement global des relations et de la coordination avec les centres globaux souverains amicaux de force et de développement situés sur le continent eurasien et attachés aux approches qui coïncident principalement aux approches russe au futur ordre mondial et au règlement des problèmes clés de la politique mondiale présente une importance particulière pour la réalisation des objectifs stratégiques et les buts essentiels de la politique étrangère de la Fédération de Russie.

52. La Russie aspire au renforcement ultérieur des relations de partenariat exhaustif et de coopération stratégique avec la République populaire de Chine et prête une attention particulière au développement de la coopération mutuellement avantageuse dans tous les domaines, à l’entraide et au renforcement de la coordination sur la scène internationale afin d’assurer la sécurité, la stabilité, le développement durable aux niveaux global et régional en Eurasie comme dans les autres parties du monde.

53. La Russie renforcera davantage son partenariat stratégique particulièrement privilégié avec la République de l’Inde afin d’élargir la coopération et d’en augmenter le niveau dans tous les domaines sur une base mutuellement avantageuse, aussi bien que de prêter une attention particulière à l’augmentation des volumes des relations bilatérales commerciales, technologiques et d’investissements et à leur résistance aux actions destructives des États inamicaux et de leurs alliances.

54. La Russie aspire à transformer l’Eurasie en un espace continental de paix, de stabilité, de confiance mutuelle, de développement et de bien-être. La réalisation de cet objectif prévoit :

1) le renforcement global du potentiel et ultérieur du rôle de l’OCS pour assurer la sécurité et favoriser le développement durable en Eurasie par le perfectionnement de l’activité de l’Organisation en tenant compte des réalités géopolitiques modernes ;

2) la création d’un vaste contour d’intégration du Grand partenariat eurasiatique en unissant les potentiels de tous les États, organisations régionales et associations d’Eurasie en s’appuyant sur l’UEEA, l’OCS et l’Association des nations de l’Asie du Sud-est (ASEAN), la conjugaison des projets du développement de l’UEEA avec l’initiative chinoise  » Une ceinture, un chemin  » tout en préservant l’ouverture de ce partenariat à la participation de tous les États et associations multilatérales intéressés du continent eurasien et, en conséquence, la formation d’un réseau des organisations de partenariat en Eurasie ;

3) l’augmentation de la connectivité économique et de transports en Eurasie, y compris par la modernisation et l’augmentation de la capacité des lignes ferroviaires Baïkal-Amour et Transsibérien, le lancement le plus rapide possible du corridor de transport international Nord-Sud, le perfectionnement de l’infrastructure du corridor de transport international  » Europe – Chine Occidentale « , des régions des mers Caspienne et Noire, du passage du Nord-est, la création des zones de développement et de corridors économiques en Eurasie, y compris le corridor économique  » Russie – Mongolie – Chine « , aussi bien que par l’augmentation de la coopération régionale dans le domaine de la coopération numérique et la formation du partenariat énergétique ;

4) le règlement de la situation en Afghanistan, l’aide à sa restauration en qualité d’État souverain, pacifique, neutre avec une économie stable et un système politique répondant aux intérêts de tous les groupes ethniques qui l’habitent, ce qui ouvrira les perspectives pour l’intégration de l’Afghanistan dans l’espace eurasiatique de coopération.


Région Asie-Pacifique

55. Vu le potentiel multidimensionnel en croissance dynamique de la région Asie-Pacifique, la Fédération de Russie intente accorder une attention prioritaire à :

1) l’augmentation de la coopération dans les domaines de l’économie, de la sécurité, dans le secteur humanitaire et dans d’autres sphères avec les États de la région et de l’ASEAN ;

2) l’aide à la création dans la région d’une architecture exhaustive, ouverte, indivisible, transparente, multilatérale et égale de sécurité et de coopération mutuellement avantageuse sur une base collective en dehors des blocs, aussi bien que l’emploi du potentiel de la région pour la formation du Grand partenariat eurasiatique ;

3) l’encouragement d’un dialogue constructif non politisé et de l’interaction interétatique dans différents domaines, y compris en utilisant les possibilités du forum de l’Association de coopération économique Asie-Pacifique ;

4) l’opposition aux tentatives d’ébranler le système d’associations multilatérales autour de l’ASEAN dans le domaine de la sécurité et du développement, basé sur les principes de consensus et d’égalité de ses participants ;

5) le développement d’une vaste coopération internationale afin de faire face à la politique visant à tracer des lignes de démarcation dans la région.


Monde islamique

56. Les partenaires de plus en plus sollicités et fiables de la Russie dans les questions de sécurité, de stabilité et de règlement des problèmes économiques aux niveaux global et régional sont les États de la civilisation amicale islamique qui voit s’ouvrir devant elle dans les réalités d’un monde multipolaire de vastes perspectives d’établissement en tant que centre indépendant du développement mondial. La Russie cherche à renforcer la coopération intégrale et mutuellement avantageuse avec les États membres de l’Organisation de la coopération islamique, tout en respectant leurs régimes sociopolitiques et les valeurs spirituelles et morales traditionnelles. À ces fins la Fédération de Russie intente accorder une attention prioritaire à :

1) l’élargissement de l’interaction exhaustive et de confiance avec la République islamique d’Iran, du soutien intégral de la République arabe syrienne, l’approfondissement du partenariat multidimensionnel et mutuellement avantageux avec la République turque, le royaume d’Arabie saoudite, la République arabe d’Égypte et les autres États membres de l’Organisation de la coopération islamique, compte tenu de leur degré de souveraineté et du caractère constructif de leur politique envers la Fédération de Russie;

2) la formation d’une architecture exhaustive durable de sécurité régionale et de coopération au Proche-Orient et en Afrique du Nord à la base de l’association des potentiels de tous les États et associations interétatiques des régions, y compris la Ligue des États arabes et le Conseil de coopération des États arabes du Golfe. La Russie envisage une interaction active avec tous les États et associations interétatiques intéressés afin de mettre en place le Concept russe de la sécurité collective dans la zone du golfe Persique, considérant la réalisation de cette initiative comme un pas important vers l’assainissement durable et complet de la situation au Proche-Orient ;

3) la promotion du dialogue interreligieux et interculturel et de la compréhension mutuelle, de la consolidation des efforts pour la protection des valeurs spirituelles et morales traditionnelles, la lutte contre l’islamophobie, y compris dans le cadre de l’Organisation de la coopération islamique ;

4) la résolution des contradictions et la normalisation des relations entre les États membres de l’Organisation de la coopération islamique, aussi bien qu’entre ces États et leurs voisins (avant tout la République islamique d’Iran et les pays arabes, la République arabe syrienne et ses voisins, les pays arabes et l’État d’Israël), y compris dans le cadre des efforts visant au règlement exhaustif et durable de la question palestinienne ;

5) l’aide au règlement et à la liquidation des conséquences des conflits armés au Proche-Orient, en Afrique du Nord, en Asie du Sud et du Sud-est et dans d’autres régions où les États membres de l’Organisation de la coopération islamique sont situés ;

6) l’emploi du potentiel économique des États membres de l’Organisation de la coopération islamique pour la formation du Grand partenariat eurasiatique.


Afrique

57. La Russie est solidaire avec les États africains dans leur aspiration à établir un monde multipolaire plus équitable et à éliminer l’inégalité sociale et économique qui se renforce à cause de la politique néocoloniale ingénieuse de certains États occidentaux à l’égard de l’Afrique.

La Fédération de Russie intente aider à l’établissement ultérieur de l’Afrique comme un centre authentique et influent du développement mondial en prêtant une attention particulière :

1) au soutien de la souveraineté et de l’indépendance des États africains intéressés, y compris en prêtant assistance dans les domaines de sécurité, incluant la sécurité alimentaire et énergétique, de coopération militaire et technique ;

2) à l’aide au règlement et à la liquidation des conséquences des conflits armés, surtout internationaux et ethniques, en Afrique, soutenant le rôle leader des États africains dans ces efforts et en partant du principe formulés par eux-mêmes de  » solution africaine au problèmes africains  » ;

3) au renforcement et à l’approfondissement de l’interaction russo africaine dans différents domaines sur une base bilatérale et multilatérale, avant tout dans le cadre de l’Union africaine et du Forum du partenariat Russie Afrique ;

4) à l’augmentation du chiffre de commerce et des investissements avec les États africains et les structures d’intégration d’Afrique (avant tout la zone de libre-échange continentale africaine, la Banque africaine d’import-export et d’autres organisations sous-régionales majeures), y compris dans le cadre de l’UEEA ;

5) à l’assistance et au développement des liens dans le domaine humanitaire, y compris la coopération scientifique, la formation des cadres nationaux, le renforcement des systèmes de santé, l’octroi d’autres types d’assistance, la promotion d’un dialogue interculturel, la protection des valeurs spirituelles et morales traditionnelles et du droit à la liberté de religion.


Amérique latine et les Caraïbes

58. Vu le renforcement progressif de la souveraineté et du potentiel pluridimensionnel des États d’Amérique latine et des Caraïbes, la Fédération de Russie intente développer ses relations avec eux sur une base pragmatique, non-idéologique et mutuellement avantageuse en prêtant une attention particulière :

1) au soutien des États d’Amérique latine intéressés qui sont soumis à la pression des États-Unis et de leurs alliés pour assurer leur souveraineté et leur indépendance, y compris en établissant et en élargissant l’interaction dans les domaines de la sécurité, de la coopération militaire et technique ;

2) au renforcement de l’amitié, de la compréhension mutuelle et à l’approfondissement du partenariat pluridimensionnel et mutuellement avantageux avec la République fédérative du Brésil, la République de Cuba, la République du Nicaragua, la République bolivarienne du Venezuela, au développement des relations avec les autres États d’Amérique latine, compte tenu de leur degré d’autonomie et du caractère constructif de leur politique envers la Fédération de Russie ;

3) à l’augmentation des volumes su commerce mutuel et des investissements avec les États d’Amérique latine et des Caraïbes, y compris dans le cadre de la coopération avec la Communauté des États latino-américains et Caribéens, le Marché commun du Sud, le Système d’intégration de l’Amérique centrale, l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique, l’Alliance du Pacifique et la Communauté caribéenne ;

4) à l’élargissement des échanges culturels, scientifiques, éducationnels, sportifs, touristiques et des autres liens humanitaires avec les États de la région.


Région européenne

59. La plupart des États d’Europe mènent une politique agressive envers la Russie visant à créer des menaces à la sécurité et la souveraineté de la Fédération de Russie, obtenir des avantages économiques unilatéraux, saper la stabilité politique intérieure et diluer les valeurs spirituelles et morales traditionnelles russes, créer des obstacles à la coopération de la Russie avec ses alliés et partenaires.

À cet égard la Fédération de Russie continuera de défendre ses intérêts nationaux en prêtant une attention prioritaire à :

1) la réduction et la neutralisation des menaces à la sécurité, l’intégrité territoriale, la souveraineté, les valeurs spirituelles et morales traditionnelles et le développement social et économique de la Russie et de ses alliés et partenaires provenant des États européens, de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, de l’Union européenne et du Conseil de l’Europe ;

2) la création des conditions pour la cessation des actions hostiles des États européens et de leurs alliances, l’abandon complet du vecteur antirusse par ces États et leurs alliances (y compris l’ingérence dans les affaires intérieures de la Russie) et pour leur passage vers une politique durable de bon voisinage et de coopération mutuellement avantageuse avec la Russie ;

3) la formation par les États européens d’un nouveau modèle de coexistence permettant d’assure le développement sûr, souverain et progressif de la Russie, de ses alliés et partenaires, la paix durable dans la partie européenne de l’Eurasie, y compris en tenant compte du potentiel des formats multilatéraux, y compris l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe.

60. Les prémisses objectives pour la formation d’un nouveau modèle de coexistence avec les États européens sont la proximité géographique, les liens historiques culturels, humanitaires et économiques profonds des peuples et des États de la partie européenne de l’Eurasie.

Le facteur principal qui complique la normalisation des relations entre la Russie et les États d’Europe est le vecteur stratégique des États-Unis et de certains de leurs alliés visant à tracer et à approfondir les lignes de démarcation dans la région européenne afin d’affaiblir les économies de la Russie et des États d’Europe, de saper leur compétitivité, de limiter la souveraineté des États européens et d’assurer la prédominance globale des États-Unis.

61. La compréhension par les États d’Europe de l’absence d’alternatives à la coexistence pacifique et la coopération égale mutuellement avantageuse, l’augmentation du niveau de leur autonomie politique et la transition à la politique de bon voisinage avec la Fédération de Russie seront bénéfiques pour la sécurité et le bien-être de la région européenne et aideront les États européens à prendre une place digne au sein du Grand partenariat eurasiatique et du monde multipolaire.

Les États-Unis et les autres États anglo-saxons

62. La politique de la Russie à l’égard des États-Unis a un caractère combiné, compte tenu du rôle de cet État en tant qu’un des centres souverains influents du développement mondial et en même temps l’inspirateur, organisateur et réalisateur essentiel de la politique antirusse agressive de l’Occident collectif, source des risques essentielles pour la sécurité de la Fédération de Russie, la paix internationale, le développement équilibré, équitable et progressif de l’humanité.

63. La Fédération de Russie a intérêt au maintien de la parité stratégique, à la coexistence pacifique avec les États-Unis et à l’établissement de l’équilibre des intérêts entre la Russie et les États-Unis, vu leur statut des puissances nucléaires majeurs, leur responsabilité particulière pour la stabilité stratégique globale et l’état de la sécurité internationale en général. Les perspectives de l’établissement de ce modèle des relations russo-américaines dépendent du degré de disponibilité des États-Unis à renoncer à la politique de domination par la force et à revoir la politique antirusse au profit de l’interaction avec la Russie sur la base des principes d’égalité souveraine, de profit mutuel et de respect mutuel des intérêts.

64. En ce qui concerne les relations avec les autres États anglo-saxons, la Fédération de Russie intente les construire en fonction de leur degré de disponibilité à abandonner la politique inamicale envers la Russie et à respecter ses intérêts légaux.

Antarctique

65. La Russie souhaite préserver l’Antarctique en tant qu’espace démilitarisé de la paix, de la stabilité et de la coopération égale en droits, maintenir la stabilité environnementale et élargir sa présence dans la région. À ces fins la Fédération de Russie continuera à prêter une attention prioritaire à la préservation, à la mise en place efficace et au développement progressif du système du Traité sur l’Antarctique du 1 décembre 1959. 

VI. Formation et mise en œuvre de la politique étrangère
de la Fédération de Russie

66. Le Président de la Fédération de Russie, conformément à la Constitution de la Fédération de Russie et aux lois fédérales, définit les vecteurs principaux de la politique étrangère de l’État, la dirige et, en tant que chef de l’État, représente la Fédération de Russie dans les relations internationales.

67. Le Conseil de la Fédération de l’Assemblée fédérale de la Fédération de Russie et la Douma d’État de l’Assemblée fédérale de la Fédération de Russie assurent conformément à leurs pouvoirs l’encadrement législatif de la politique étrangère de la Fédération de Russie et le respect de ses engagements internationaux et contribuent à la mise en œuvre des objectifs de la diplomatie parlementaire.

68. Le Gouvernement de la Fédération de Russie assure la mise en œuvre de la politique étrangère de la Fédération de Russie et de sa coopération internationale.

69. Le Conseil d’État de la Fédération de Russie participe conformément à ses pouvoirs à l’élaboration des objectifs et des buts stratégiques de la politique étrangère de la Fédération de Russie et prête son assistance au Président de la Fédération de Russie pour définir les vecteurs essentiels de la politique étrangère de la Fédération de Russie.

70. Le Conseil de sécurité de la Fédération de Russie élabore les vecteurs principaux de la politique étrangère nationale, anticipe, dépiste, analyse et évalue les menaces à la sécurité nationale et élabore des mesures pour les neutraliser, formule les propositions à l’attention du Président de la Fédération de Russie sur les mesures économiques spéciales visant à assurer la sécurité nationale, examine les questions relatives à la coopération internationale dans le domaine de la sécurité, assure la coordination des activités des organes exécutifs fédéraux et des organes exécutifs des sujets de la Fédération de Russie pour la mise en œuvre des décisions prises par le Président de la Fédération de Russie afin de garantir les intérêts nationaux et la sécurité nationale, la protection de la souveraineté de la Fédération de Russie, de son indépendance et de son intégrité territoriale, la prévention des menaces extérieures.

71. Le Ministère des affaires étrangères de la Fédération de Russie élabore la stratégie générale de la politique étrangère de la Fédération de Russie et soumet au Président de la Fédération de Russie des propositions correspondantes, assure l’application du vecteur de la politique étrangère, coordonne les activités des autres organes exécutifs fédéraux dans le domaine des relations internationales et de la coopération internationale, aussi bien que les relations internationales des sujets de la Fédération de Russie.

72. L’Agence fédérale pour la Communauté des États indépendants, les compatriotes vivant à l’étranger et la coopération humanitaire internationale apporte son concours au Ministère des affaires étrangères de la Fédération de Russie dans la mise en œuvre de la politique étrangère unifiée en ce qui concerne la coordination des programmes dans le domaine de la coopération humanitaire internationale, aussi bien que dans la mise en œuvre de la politique d’État visant à favoriser le développement international au niveau bilatéral.

73. Les autres organes exécutifs fédéraux mènent leur activité étrangère conformément à leurs pouvoirs, le principe de l’unité de la politique étrangère de la Fédération de Russie et en coordination avec le Ministère des affaires étrangères de la Fédération de Russie.

74. Les sujets de la Fédération de Russie maintiennent leurs rapports internationaux et économiques extérieurs conformément à leurs pouvoirs, compte tenu du rôle important de la coopération régionale et frontalière pour le développement des relations de la Fédération de Russie avec les États étrangers.

75. Lors de l’élaboration et la réalisation des décisions relatives à la politique étrangère, les organes exécutifs fédéraux coopèrent avec les deux chambres de l’Assemblée fédérale de la Fédération de Russie, les partis politiques russes, la Chambre publique de la Fédération de Russie, les organisations non-gouvernementales, les associations culturelles et sociales, l’Église orthodoxe russe et d’autres associations religieuses traditionnelles russes, la communauté scientifique et d’experts, les milieux d’affaires et les médias pour favoriser leur participation à la coopération internationale. L’implication massive des institutions de la société civile dans la politique étrangère contribue à la formation d’un consensus national sur la politique étrangère de la Fédération de Russie, favorise sa mise en œuvre et revêt une grande importance pour résoudre plus efficacement un large éventail de questions de l’agenda international.

76. Les initiatives relatives à la politique étrangère peuvent être financées à titre bénévole par des fonds non-budgétaires dans le cadre de partenariat public-privé.

Catégories
Politique

La décomposition du mouvement contre la réforme des retraites

Inévitable, elle est triste et sordide.

Nous avions dit le départ que le mouvement contre la réforme des retraites était d’une nature petite-bourgeoise, menant à l’échec. Il fallait être étudiant ou d’esprit syndicaliste pour s’imaginer que, sans culture, ni politique, on puisse arriver à quelque chose.

Un mouvement qui exprime le seul souhait de vivre comme avant, à l’instar des gilets jaunes, n’a pas de place dans l’Histoire. Il n’exprime qu’une décomposition : celle de la société occidentale et de ses acquis.

Alors que se profile une énième journée de mobilisation, déjà se profile l’amertume, le constat d’échec. Anasse Kazib, figure de « Révolution permanente », un mouvement surtout étudiant ayant été aux premières loges de ce lamentable cinéma, constate lui-même le 29 mars 2023 que tout est mal barré.

Naturellement ce constat est fait sur un réseau social, Twitter en l’occurrence, en phase avec la « post-modernité ».

Et il le fait en confondant mouvement social d’un pays riche et luttes des classes, en pleurnichant que l’intersyndicale serait ce qu’elle est, que la grève ce n’est pas évident, etc.

Il ne comprend pas que ni lui, ni les grévistes ne sont à la hauteur de rien. On improvise pas un mouvement de masse affrontant une décision gouvernementale de politique. Il faut du niveau !

Comme là il n’y a rien, il est cherché des boucs émissaires.

« Nous avons tous vu les deux temporalités du mouvement, celle du 19 janvier au 15 mars, des journées certes avec beaucoup de monde, mais avec une radicalité qui ne s’est pas exprimée, notamment du fait du contrôle par l’intersyndicale.

Et depuis le 49.3 nous sommes entrés dans une nouvelle séquence, du moment « Berger » au moment « pré-révolutionnaire ». Malgré la distance qu’à pris l’IS, par son silence médiatique ou encore sa condamnation des violences des manifestants. Le 23 mars a été le pic de la mob.

La journée du 28 mars même si elle a était plus faible, reste dans des niveaux de mobilisation important surtout avec 4 jours d’écart. Cela s’explique pour moi par le rythme en dent de scie, des dynamiques plus faibles de grève à cause de l’isolement des journées.

Néanmoins les cortèges restent très important et nous avons vu l’arrivée massive de la jeunesse depuis 1 semaine qui fait prendre un tout autre visage à la contestation, bien plus qu’une lutte contre une simple réforme des retraites, mais un caractère éminemment politique.

Tout cela témoigne du fait que ce n’est pas l’intersyndicale qui met le monde dans la rue, mais c’est parce qu’il y’a du monde en colère, une opposition massive que l’intersyndicale est contrainte d’appeler encore a des journées.

L’unité est de façade entre les syndicats plus combatifs et les syndicats de collaborations de classe. Ils sont uni car aucun n’aurait pu soutenir la réforme comme Berger l’a fait en 2019 avec la réforme Delevoye. Surtout quand des deputés RN et LR sont contre.

Imaginez vous le syndicat qui aurait osé soutenir la réforme et ne pas appeler à la grève alors que 94% des actifs sont opposés. Cela aurait été du suicide. Berger est contraint par la rue de suivre, mais aussi car il est fasse à un macronisme radicalisé.

La 2eme séquence que l’on connait est le résultat du passage au force mais également d’une forme de maturité du mouvement à comprendre que la passivité ne marché pas. Le fameux 7 mars « France à l’arrêt » était déjà une réponse de l’IS à la colére qui montait du terrain.

Mais à aucun moment l’IS n’a cherché à gagner le mouvement, elle a cherché à le contrôler et en tirer sa plus value pour espérer retrouver une place dans le système institutionnel. Ils n’ont pas arrêté d’envoyer des signaux d’affaiblissement alors que le mouvement est explosif.

Nous avons eu le droit à plein de parade, « attention on tiendra plus les troupes », la lettre à Macron, l’interpellation des députés, le refus de l’appel à la reconductible, le refus d’elargir les mots d’ordre à la question des salaires etc…

Depuis la deuxième phase du mouvement qui combine entré de la jeunesse, manif sauvage, blocage, action, grève reconductible, l’IS cherche à faire des pauses ou encore la parade de la médiation, afin de voir comment sortir de ce mouvement sans perdre des plumes.

Ils savent pertinemment que ce qui se joue aujourd’hui, fait entrer la France dans une crise profonde du régime, la possibilité réelle d’une généralisation de la grève et d’entrée dans une séquence révolutionnaire. C’est le mouvement le plus subversif depuis des décennies.

Berger et Martinez l’on dit, ils ne font pas de politique ( ce sont bien les seuls à le penser ), ils sont la pour parler des gobelets qui manque à la machine à café et aujourd’hui ce n’est plus le cas du mouvement, alors ils veulent tailler la route.

Mais comment faire ? Comment se casser sans voir son syndicat exploser et se faire déborder par la base. Vous aurez remarqué déjà que Martinez et Berger ne mettent plus leur tête dans l’IS depuis le 49.3. Avant ils etaient la à tous les communiqués…

Maintenant ils envoient les remplaçants que personne ne connait. Ils n’interviennent que très rarement dans les médias, sinon pour envoyer des appels de phare à Macron et dénoncer les manifestants. Pas une présence sur un piquet depuis 2 mois, ni même face aux réquisitions.

La méthode est d’éloigner la prochaine date, pour casser définitivement les grèves reconductibles, c’est ce qui est en train de se passer malheureusement dans certains secteurs si nous n’agissons pas. Je vous donne un exemple concret.

Avec mes collègues nous sommes en grève depuis le 7 mars, soit 23 jours au total, attendre le 6 avril cela veut dire de faire 9 jours de grève reconductible supplémentaire. Vous imaginez 9 jours seul avant la prochaine date interpro… C’est criminel quand on connait le terrain.

Alors moi et les militants nous tiendrons, mais comment faire tenir des salariés de base, 9j de plus avec des payes à 0 pour attendre 1 journée interpro sans savoir encore quand sera la prochaine, ptete le 16 avril etc… Comment faire tenir ?

Il y’a pas 36 solutions, la plus part vont reprendre car plus d’argent, d’autre grâce à leur caisse de grève maintiendront un peu les choses. Mais au final cela fait que pendant 10j, les grèves vont s’affaiblir et la dynamique va diminuer si nous ne faisons rien.

De plus le congrès de la CGT qui enlève des centaines de dirigeants syndicaux, de militants de terrain, empêche aussi la possibilité d’intervenir dans cette séquence, de discuter avec la base.Comment tenir un mouvement si les militants sont en train de débattre dans un congrès?

Voilà comment casser une dynamique à bon prix, d’un côté vous apparaissez toujours dans le coup en appelant à une date de grève, mais de l’autre vous l’a mettez assez loin pour que la dynamique se casse et que cela apparaissent comme un baroud d’honneur.

11 journées isolées qui si elles avaient été collé aurait changé le caractère des choses. Même 5j aurait eu plus d’efficacité. Mais l’IS a dit nous ne sommes pas pour le blocage de l’économie car Berger l’a dicté. De plus ils ont fragilisé l’auto-organisation à la base.

Avec l’attente des appels le soir de la manif interpro, ils ont vidé de leur sens les assemblées générale pour la reconduction. Comment discuter d’un plan de bataille en AG le matin, si vous devez attendre le soir quelle sera la prochaine date ?

Voila pourquoi aujourd’hui personne ne doit taire ce qu’il se passe, l’IS joue définitivement contre le mouvement et il faut le dénoncer HAUT et FORT, sinon toutes ces journées ces sacrifices financier n’auront servi à rien. La situation est GRAVE !!! »

La candeur de ce propos est quasi surprenante. On voit vraiment qu’on a affaire à des gens découvrant le monde. On est totalement en dehors de la moindre connaissance historique – et le type se prétend « marxiste ».

C’est comme chez les étudiants, c’est vide de contenu. C’est grotesque, baroque. Il n’y a plus aucun lien, sur aucun plan, avec le mouvement ouvrier historique.

Cette pancarte lamentable se veut même humoristique car reprenant la forme d’un « meme » d’extrême-Droite – une récupération typique chez des gens n’ayant rien à dire

La vérité, c’est que dans ce mouvement contre la réforme des retraites, il y a eu ceux qui ont menti en disant que ce serait simple, ceux qui se sont mentis à eux-mêmes en se disant que ce serait simple.

Sauf que rien n’est simple. Et pour comprendre les choses, il faut étudier Le capital de Marx, pas traîner sur les réseaux sociaux. Il faut organiser les gens avec comme critère le niveau de conscience, et pas pratiquer le spontanéisme des mouvements sociaux d’un pays parmi les plus riches du monde.

Et encore moins alors qu’on est dans le contexte de la 3e guerre mondiale s’érigeant en aspect principal dans tous les domaines.

Catégories
Guerre

Les États-Unis organisent un tribunal pour juger Vladimir Poutine

La superpuissance américaine veut la conquête.

Le secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken parlant de l’Ukraine à des ministres des Affaires étrangères en mars 2023

La superpuissance américaine vise le point de non-retour contre la Russie, car elle a besoin de mobiliser le plus largement possible contre la Chine. Il s’agit de maintenir son hégémonie, coûte que coûte.

En ce sens, le ministère américain des Affaires étrangères, appelé « secrétaire d’État », organise un tribunal « international » pour juger Vladimir Poutine.

C’est Beth Van Schaack, « ambassadrice » pour les questions du droit international, qui a expliqué à quoi ça ressemblerait. Il y aurait une cour pénal internationale avec des juges ukrainiens. Et l’accusation serait la « guerre d’agression ».

Rappelons qu’il y a déjà une cour pénale internationale, basée à La Haye, qui vient justement d’émettre mi-mars un mandat d’arrêt contre le président russe Vladimir Poutine. Mais cette manœuvre mise en place par les pays occidentaux a une faille de taille : ni les États-Unis, ni l’Ukraine (ni la Russie), n’ont signé la participation à cette cour.

Hors de question pour les États-Unis d’y adhérer. Eux-mêmes étalent régulièrement leur droit au monde entier… mais refusent de dépendre de qui que ce soit. Ils ont l’hégémonie mondiale et veulent la conserver.

Beth Van Schaack n’a pas perdu cet aspect de vue. Parlant en cette fin mars 2023 à l’Université catholique de Washington, le 27 mars pour être précis, elle a rappelé qu’il ne fallait pas former un précédent qui pourrait amener à juger de la même manière des dirigeants américains.

Il faut donc pour la superpuissance américaine bricoler un autre tribunal.

Depuis mars 2022, on peut lire « Poutine, La Haye t’attend » sur le fronton de la mairie de Vilnius, capitale de la Lituanie ; la mairie est en face de l’ambassade russe

Il faudrait donc que le tribunal soit un mélange de droit international et de droit ukrainien, avec un cadre juridique pour le procès qui soit mi-ukrainien, mi-international. Ce serait un procès spécial, unique.

Comment le justifier ? Car l’idéal pour la superpuissance américaine, ce serait de juger le président russe pour des « crimes de guerre ».

Problème : c’est déjà du ressort de la cour pénale internationale. Mais si la cour pénale internationale considère qu’elle peut juger les dirigeants des pays, elle ne peut pas juger sans leur aval ceux des pays non signataires.

Il y a alors l’idée de s’appuyer sur l’Ukraine. Le souci est que l’Ukraine se situe dans le cadre juridique des États posant que ses dirigeants ne peuvent pas être jugés pour leurs activités. Si on se fonde donc uniquement sur le droit ukrainien, on ne pourra pas juger Vladimir Poutine pour ses décisions, ce serait malaisé comme opération.

L’idée américaine est alors la suivante : le nouveau tribunal se contenterait de juger les « crimes d’agression », un concept non employé par la cour pénale internationale.

On utiliserait l’Ukraine comme base juridique justificatrice et on placerait une superstructure de juges internationaux (en fait, occidentaux).

Cela permet de contourner la cour pénale internationale, de pouvoir juger le président russe sur la base du droit ukrainien, et en plus niveau dénonciation de « l’empire russe » c’est adéquat. Pour la superpuissance américaine, une telle construction artificielle est un jackpot.

Beth Van Schaack a présenté ainsi la conception de ce tribunal:

« A ce moment critique de l’histoire, je suis heureux d’annoncer que les États-Unis soutiennent le développement d’un tribunal internationalisé dédié à la poursuite [pénale] du crime d’agression contre l’Ukraine.

Bien qu’un certain nombre de modèles aient été à l’étude, et qu’ils aient été analysés de près, nous pensons qu’un tribunal internationalisé ancré dans le système judiciaire ukrainien, mais qui comprend également des éléments internationaux, fournira la voie la plus claire pour établir un nouveau Tribunal et maximiser notre chances de parvenir à une responsabilisation significative.

Nous envisageons un tel tribunal doté d’éléments internationaux importants – sous la forme de droit substantiel, de personnel, de sources d’information et de structure.

Il pourrait également être situé ailleurs en Europe, du moins dans un premier temps, pour renforcer l’orientation européenne souhaitée par l’Ukraine, donner de la gravité à l’initiative et permettre une implication internationale, notamment par le biais d’Eurojust [Unité de coopération judiciaire de l’Union européenne].

Ce type de modèle – un tribunal national internationalisé – facilitera un soutien international interrégional plus large et démontrera le leadership de l’Ukraine en matière de responsabilité pour le crime d’agression.

Il s’appuie également sur l’exemple d’autres mécanismes de justice hybride réussis.

Nous nous engageons à travailler avec l’Ukraine et les pays épris de paix du monde entier pour mettre sur pied, doter en personnel et financer un tel tribunal de manière à obtenir une responsabilité complète pour les crimes internationaux commis en Ukraine (…).

Il s’agit véritablement d’un moment historique du droit pénal international. Tout comme les Alliés à la fin de la Seconde Guerre mondiale ont fait progresser l’impératif de justice et inauguré une nouvelle ère de responsabilité pour les pires crimes imaginables, il nous incombe à tous de veiller à ce que les promesses de Nuremberg ne soient pas de l’histoire passé.

Les États-Unis restent inébranlables dans leur soutien au gouvernement et au peuple ukrainiens alors qu’ils défendent leur pays et leur liberté. Le peuple ukrainien mérite justice, et nous devons tous rester unis pour demander des comptes aux responsables, quel que soit le temps que cela prendra.

Naturellement, pour qu’un tel procès ait lieu, il faut que la Russie ait été vaincue et n’existe plus comme État… Ce qui est bien le but de la superpuissance américaine et de son auxiliaire ukrainien.

Ce tribunal est à la fois une propagande de guerre et un mode prévu pour la division de la Russie, dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde.

C’est une puissante contribution à la guerre. Une guerre dont nous, Français, sommes une partie, car notre État participe entièrement à l’Union européenne, à l’Otan.

Sabotez la guerre américaine contre la Russie !

Catégories
Politique

L’Assemblée nationale reconnaît « l’Holodomor »

La propagande de guerre, totale !

Aujourd’hui en Ukraine, dans une trentaine d’endroits différents dans le pays, vous pouvez prendre le bus pour aller… à Moscou. Le bus passe par la Pologne ou la Lituanie. Tels sont les liens si forts entre les Russes et les Ukrainiens.

Ce sont ces liens que l’alliance du nationalisme ukrainien et de la superpuissance américaine veut supprimer. Encore de nouvelles lois sont passées en Ukraine cette semaine pour supprimer tout ce qui a un rapport avec l’Empire russe dans l’espace public : noms de rues, de places, etc.

Cela va avec la destruction par millions d’ouvrages en russe, l’effacement de Pouchkine, la négation des liens historiques avec l’empire russe comme avec Catherine II, la dénonciation de Dostoïevski, le projet ouvert de démantèlement de la Russie, appelée « Moscovie ».

L’un des principaux vecteurs de cette narration, c’est l’Holodomor. C’est un concept élaboré dans le milieu universitaire américain et britannique durant la guerre froide. L’URSS aurait organisé une famine pour provoquer un génocide en Ukraine, durant les années 1930.

Cela ne tient pas debout une seule seconde, puisque c’est l’URSS qui a reconnu l’Ukraine et a procédé à son « ukrainisation »: reconnaissance et systémisation de la langue, développement de la culture nationale, etc.

Nous avions déjà parlé de la statue de Taras Chevtchenko, la grande figure nationale ukrainienne, protégée par des sacs de sable à Kharkiv… et mise en place en 1935 par l’URSS. Cela contredit totalement la thèse de « l’effacement » de l’Ukraine.

D’ailleurs, le président russe Vladimir Poutine dénonce à chaque fois l’Ukraine comme une « invention » soviétique.

Les nationalistes ukrainiens cherchent à nier cette réalité historique, et l’Holodomor est un outil en ce sens. Il a été conceptualisé aux États-Unis afin de soutenir les nationalistes ukrainiens pour affaiblir l’URSS (et depuis son effondrement, la Russie).

C’est un bourrage de crâne pour justifier les plans de conquête.

Forcément, les satellites occidentaux de la superpuissance américaine s’alignent sur cette narration. Le 28 mars 2023, l’Assemblée nationale en France a reconnu l’Holodomor.

Il y a 577 députés, même pas la moitié était présent. Voici les positions des 170 députés présents.

Les 53 députés du regroupement pro-président de la République « Renaissance » ont voté pour. L’ensemble des députés pro-Emmanuel Macron est signataire du texte proposé.

Les 25 députés centristes du Modem ont voté pour, ainsi que les 9 députés centristes de Horizons.

Les 29 députés du Rassemblement national ont tous voté pour. Cela exprime tout à fait leur alignement sur l’Otan et la superpuissance américaine réalisé en février 2023.

La députée de Droite dure Emmanuelle Ménard a voté pour.

Les 20 députés de la Droite classique, avec Les Républicains, ont voté pour.

La France insoumise a expliqué qu’elle était totalement d’accord avec l’esprit de la résolution, qu’elle soutenait entièrement le régime ukrainien. Elle considère toutefois que la définition de génocide est ici insuffisamment élaborée et que ce serait nuire à cette définition sur le plan international.

Les 74 députés LFI se sont donc abstenus, mais se sont focalisés sur la dénonciation absolue de la Russie, uniquement de la Russie, et revendiquent leur soumission à la ligne de l’Otan et de la superpuissance américaine !

Les 12 députés socialistes ont voté pour.

Les 8 députés EELV ont voté pour.

Les 11 députés du Groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (centristes, régionalistes corses et réunionnais…) ont voté pour.

Les 2 députés PCF ont voté contre. Ils sont expliqué que l’Holodomor n’était pas un génocide, mais le fruit de la désorganisation du régime criminel de Staline. Ils pensent que c’est aux historiens d’analyser ça, que la mise en avant du vote obéit seulement à des impératifs politiques, et que c’est mal.

Mais ils ont participé à la dénonciation de la « folie furieuse » qui serait si typiquement russe, et qui relève du discours appelant à justifier la guerre contre la Russie pour la « décoloniser ».

Voilà où nous en sommes en France – ce vote exprime littéralement que nous sommes une province de l’empire américain.

Le but de la manœuvre : dénoncer la collectivisation d’une part, trouver des prétextes pour mobiliser dans la guerre « décoloniale » contre la Russie, d’autre part.

Sabotez la guerre américaine contre la Russie !

Voici le texte voté à l’Assemblée nationale.

– 1 –

EXPOSÉ DES MOTIFS

Mesdames, Messieurs,

Entre 1930 et 1933, plusieurs régions agricoles de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) – parmi lesquelles le Kazakhstan, le Caucase du Nord et l’Ukraine – ont connu une effroyable famine. Celle‑ci a été à l’origine de la mort d’entre 7 et 8 millions de personnes.

En Ukraine, cette famine, causée artificiellement, s’est distinguée par son ampleur. Systématisée par les autorités soviétiques, elle faucha la vie d’environ 4 millions d’Ukrainiens, principalement des paysans.

L’épisode a débuté en novembre 1929, avec l’annonce par la Pravda de l’avènement du « Grand tournant », à l’origine de la collectivisation forcée et de la « dékoulakisation », décidées par Joseph Staline.

Leurs objectifs ? L’industrialisation rapide de l’URSS et le contrôle des campagnes.

La répression s’est alors mise en place : expropriations, arrestations et déportations massives des propriétaires terriens, désormais désignés sous l’appellation « koulak ». Des entreprises agricoles collectives ont été instaurées, et ont pris la forme de fermes nationalisées (sovkhozes) et de coopératives (kolkhozes). Placées sous l’autorité de l’État, environ 30 % de leurs récoltes étaient prélevées.

En Ukraine, en réponse à ces réquisitions démesurées et à une répression croissante, la paysannerie s’est soulevée dès le début de l’année 1930.

Craignant la résurgence d’un nationalisme ukrainien, les autorités soviétiques ont accusé les paysans révoltés d’être des saboteurs et des ennemis du prolétariat.

Des brigades ont alors été envoyées pour mater les émeutes, fouiller les fermes, et confisquer récoltes, bétails et semis, ce qui eut des conséquences désastreuses sur la récolte suivante.

Alors que des foyers isolés de « difficultés alimentaires » ont commencé à être répertoriés dès cette période, les autorités soviétiques ont réquisitionné près de 43 % de la récolte ukrainienne l’année suivante.

En 1932, face à une situation alimentaire aggravée, un exode rural de masse a débuté. Par ailleurs, les collectes n’ont plus atteint les niveaux fixés.

Entre fin octobre 1932 et janvier 1933, les autorités ont intensifié la répression, fermé les frontières et instauré un blocus. Des patrouilles ont ainsi été mises en place, condamnant les personnes à rentrer chez elles, à être emprisonnées ou déportées en Sibérie et dans les camps du Goulag.

La vente des billets de chemin de fer a été suspendue et les paysans privés de leur passeport. En outre, de nouvelles mesures ont été instaurées pour les districts « mis au tableau noir » : retrait des produits manufacturés et alimentaires, remboursement immédiat des crédits, arrêt du commerce, imposition exceptionnelle.

A la fin du mois de janvier 1933, la moitié des kolkhozes et villages ukrainiens – 11 000 sur 23 000 – étaient ciblés.

« Grenier de blé » devenu « terre de sang », le paroxysme de ce crime de masse a été atteint dans les premiers mois de 1933 : chaque jour, des milliers de paysans ukrainiens sont morts, affamés.

La famine instaurée artificiellement a alors pris l’appellation d’Holodomor : « l’extermination par la faim ».

En parallèle de cette tragédie, entre 1930 et 1933, plusieurs millions de tonnes de céréales ukrainiennes confisquées ont continué à être exportées. Les réserves de l’État soviétique, plusieurs millions de tonnes également, n’ont quant à elles pas été touchées.

En février 1933, les autorités soviétiques ont débloqué une aide dérisoire et destinée en priorité aux villes, également touchées par les disettes, afin d’éviter des émeutes d’ouvriers.

Bien que de rares témoignages parvinrent à l’Ouest à l’époque, la chute de l’URSS et l’ouverture de l’accès à certaines archives ont permis de lever le voile et le silence sur cette période dramatique.

Le 24 mars 2005, le ministère des Affaires étrangères français, interrogé par le sénateur Jean‑Pierre Vial sur l’absence de reconnaissance de ce crime contre la population ukrainienne, avait répondu qu’il appartenait aux États concernés de donner une interprétation historique, politique et juridique de ces événements tragiques.

Or, en 2006, le parlement de l’Ukraine a reconnu la famine ukrainienne de 1932‑1933 comme génocide contre le peuple ukrainien. Cette reconnaissance incarne le consensus au sein de la population concernant la qualification de ce crime de masse.

Le 21 octobre 2022, dans le contexte de la guerre menée par la Fédération de Russie en Ukraine, le ministre des Affaires étrangères ukrainien, M. Dmytro Kuleba, a appelé les parlements des nations qui soutiennent l’Ukraine à reconnaître le caractère génocidaire de l’Holodomor.

Cet appel a été repris par le Parlement ukrainien, la Verkhovna Rada, le 16 novembre 2022.

Le 15 décembre 2022, le Parlement européen, dans sa résolution « 90 ans après l’Holodomor : reconnaître que le massacre par la famine constitue un génocide », a reconnu l’Holodomor comme un génocide du peuple ukrainien.

La présente résolution vise à la reconnaissance par les autorités françaises de cette famine forcée de la population ukrainienne comme génocide, et à la condamnation des actes commis, caractérisés par une extermination et des violations massives des droits humains et des libertés.

PROPOSITION DE RÉSOLUTION

Article unique

L’Assemblée nationale,

Vu l’article 34‑1 de la Constitution

Vu l’article 136 du Règlement de l’Assemblée nationale,

Vu la Déclaration universelle des droits de l’Homme du 10 décembre 1948,

Vu la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales du 4 novembre 1950,

Vu la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide du 9 décembre 1948,

Vu l’article 6 de la Convention portant statut de la Cour pénale internationale, adoptée à Rome le 17 juillet 1998,

Vu les déclarations communes sur les anniversaires de l’Holodomor adoptées lors des sessions plénières de l’Assemblée générale des Nations unies,

Vu la loi ukrainienne relative à l’Holodomor de 1932‑1933 en Ukraine, adoptée le 28 novembre 2006,

Vu la résolution 1481 (2006) de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) sur la nécessité d’une condamnation internationale des crimes des régimes communistes totalitaires,

Vu la déclaration du Président du Parlement européen, du 21 novembre 2007, à l’occasion du 75e anniversaire de la famine en Ukraine (Holodomor),

Vu la déclaration finale et les recommandations de la 10e réunion de la commission de coopération parlementaire UE‑Ukraine, adoptées le 27 février 2008,

Vu la résolution du Parlement européen du 23 octobre 2008 sur la commémoration de l’Holodomor, la famine artificiellement provoquée en Ukraine (1932‑1933) et la résolution du Parlement européen du 15 décembre 2022 « 90 ans après l’Holodomor : reconnaître que le massacre par la famine constitue un génocide » ;

Considérant que la collectivisation forcée imposée par le régime soviétique de Joseph Staline a entraîné la mort de millions de personnes, notamment parmi les minorités ethniques de l’ex‑Union soviétique ;

Considérant qu’en vertu de la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide, sont considérés comme des crimes de génocide les actes ci‑après, commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial et religieux : le meurtre de membres du groupe, l’atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe, la soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle, les mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe, le transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe ;

Considérant la mise en place par les autorités soviétiques d’une famine forcée en Ukraine, à l’origine de la mort de près de plusieurs millions d’Ukrainiens, pour imposer par la force et par la terreur leur politique de collectivisation ;

Constatant le caractère intentionnel de détruire en tout ou partie l’identité nationale et le peuple ukrainien, et plus particulièrement la paysannerie ukrainienne, en confisquant les récoltes et les semences, en intensifiant la répression, en fermant les frontières et en instaurant un blocus des villages ;

Considérant que les autorités soviétiques ont occulté, déformé ou supprimé des éléments d’information sur la famine et les crimes de masse perpétrés à l’encontre des Ukrainiens en 1932 et 1933, et que les autorités russes actuelles continuent de limiter l’accès aux archives mentionnant ces événements ;

Considérant que l’emploi du terme de « grande famine » passe sous silence la responsabilité du régime soviétique dans cette famine intentionnellement provoquée ;

Considérant que cette « grande famine » a été reconnue par le Parlement européen, les parlements ou d’autres institutions nationales représentatives de plus de 20 pays, comme un génocide ou comme un crime contre le peuple ukrainien et contre l’humanité ;

Considérant que la reconnaissance des génocides perpétrés au cours de l’histoire de l’Europe devrait permettre d’éviter la répétition de crimes semblables à l’avenir ;

Considérant le devoir d’honorer la mémoire des victimes de crimes de masse commis par des régimes totalitaires en reconnaissant leurs souffrances et la nature des actes commis ;

Considérant que les années 2022‑2023 consacrent le 90e anniversaire de l’un des plus grands crimes de masse du début du XXe siècle ;

Reconnaît officiellement le caractère génocidaire de la famine forcée et planifiée par les autorités soviétiques à l’encontre de la population ukrainienne en 1932 et 1933 ;

Condamne le génocide commis par les autorités soviétiques, connu sous le nom de l’Holodomor ;

Affirme son soutien au peuple ukrainien dans son aspiration à faire reconnaître les crimes de masse commis à son encontre par le régime soviétique ;

Invite le Gouvernement français à reconnaître officiellement et à condamner publiquement le caractère génocidaire de ces crimes de masse commis à l’encontre du peuple ukrainien et connus sous le nom d’Holodomor ;

Invite le Gouvernement français à rendre hommage à toutes les victimes de l’Holodomor et à exprimer sa solidarité avec le peuple ukrainien qui a souffert de cette tragédie ;

Invite le Gouvernement français à poursuivre ses initiatives diplomatiques visant à la reconnaissance internationale de l’Holodomor ;

Invite le Gouvernement français à encourager sur la scène internationale un libre accès aux archives relatives à l’Holodomor, plus particulièrement en Fédération de Russie, afin de permettre aux historiens de poursuivre leurs recherches visant à établir et documenter les faits.

Catégories
Écologie

Sainte-Soline ou la « découverte » de la force de l’Etat

Un ridicule dramatique.

Auto-intoxiquée par ses propres mensonges, la « contestation » à la française s’est faite méchamment démolir à Sainte-Soline. On parle ici de la mouvance post-anarchiste, post-trotskiste, syndicaliste, populiste, néo-écolos.

Elle a réellement pensé qu’elle pourrait réaliser une démonstration de force avec une manifestation pour bloquer un projet étatique. Il s’agit en l’occurrence d’une mégabassine, où l’on pompe l’eau des nappes phréatiques en hiver pour alimenter l’agriculture en été.

Les mégabassines sont une aberration écologique. Mais la révolte contre ces mégabassines est aussi artificielle que celles-ci. Car il s’agit simplement de trouver un « thème » pour faire une contestation en contournant la question de tout contenu historique.

C’est littéralement de l’agitation fictive pour remplacer la luttes des classes. Et, problème, tous ces gens farouchement opposés au Socialisme, à la lutte des classes, au drapeau rouge, ont cru leurs propres mensonges.

Le 25 mars 2023 ils sont allés au casse-pipe. Ils pensaient manifester bruyamment et se faire bien voir, comme de nombreux députés EELV et La France insoumise. Ou bien agresser brutalement la police, impunément, comme dans les grandes villes.

Sauf que dans les grandes villes, l’État laisse faire, car c’est sa manière de pacifier et d’épuiser. Cela fait des décennies que c’est comme ça.

Pour le reste par contre, l’État révèle qu’il est très puissant. Il ne fait plus semblant il ne laisse pas faire.

Il a donc cogné à Sainte-Soline. Et nos « contestataires » n’en sont pas revenus de forces de répression suréquipés roulant en quad à travers champs pour balancer massivement des grenades lacrymogènes…

Libération, un média important de cette mouvance « contestatrice », nous raconte :

« Près de 4 000 grenades en moins de deux heures. Soit environ une toutes les deux secondes. C’est à ce rythme que les gendarmes mobiles ont usé de la force samedi, pour garder un cratère, un chantier de bassine à Sainte-Soline (Deux-Sèvres).

Ils ont fait face à des manifestants (au nombre de 30 000, selon les organisateurs) qui contestent la construction de ces ouvrages de stockage d’eau.

Conséquence, selon la même source : 200 blessés, dont un grand nombre gravement. Sur place, Libération a constaté le transport de plusieurs d’entre eux sur des brancards de fortune.

Parmi les blessés, trois ont été pris en charge en «urgence absolue», a indiqué dimanche le parquet des Deux-Sèvres : «un homme de 30 ans avec un traumatisme crânien dont le pronostic vital reste engagé» ; «une femme de 19 ans avec un traumatisme facial» ; «un homme de 27 ans présentant une fracture au pied». Le parquet de Niort a ouvert une enquête pour déterminer les «circonstances» de ces blessures. 

«De manière générale, nous avons constaté un usage immodéré et indiscriminé de la force sur l’ensemble des personnes présentes sur les lieux, avec un objectif clair : empêcher l’accès à la bassine, quel qu’en soit le coût humain», a indiqué la Ligue des droits de l’homme (LDH).

Lundi.am, un autre média essentiel de cette mouvance, fait semblant de s’étonner (en réalité il s’agit des restes de la mouvance « insurrectionaliste », devenus littéraires gauchiste).

« Le rassemblement contre les méga-bassines de Sainte-Soline devait être une fête. Les défenseurs de l’eau, venus par dizaines de milliers, devaient se rejoindre pour marcher jusqu’au cratère absurde, symbole de l’accaparement par quelques-uns d’un « bien commun ».

Il y avait bien eu les menaces de la préfecture, l’interdiction de s’y rassembler et le déploiement de 3200 forces de l’ordre. Comme la fois précédente, le 29 et 30 octobre dernier, on comptait sur l’audace, la ruse et l’inventivité du mouvement pour contrecarrer le siège ridicule et policier d’un trou.

Trois cortèges et leurs totems se sont élancés, les anguilles turquoise, les loutres jaunes, les outardes roses. S’il s’agissait d’un jeu grandeur nature, chacun savait qu’il faudrait déjouer le dispositif policier, par endroit le percer.

Tout le monde pensait la victoire acquise, comment empêcher 30 000 personnes déterminées à rejoindre un objectif, à pénétrer le cratère vide mais plein de sens ? Personne ne pensait que l’État serait prêt à toutes les violences et brutalités pour ne pas perdre la face, pour défendre le trou.

En 1h30, 4000 munitions ont été tirées, des grenades lacrymogènes, des grenades de désencerclement, des balles en caoutchouc. 200 personnes ont été blessées, 40 grièvement, 2 en réanimation neuro-chirurgicale dont une entre la vie et la mort. »

Depuis samedi, ce sont les lamentations ininterrompues… Ces gens n’en reviennent pas, continuant dans leur fiction, leur auto-intoxication.

« Le média », un média mis en place par La France insoumise et qui n’a jamais décollé, parle de « mobilisation historique », de « répression effroyable »…

Tout cela n’a aucune valeur, aussi dramatique que ce soit. C’est ridicule. C’est ridiculement occidental.

Zéro culture, zéro connaissance historique, zéro réflexion… Un vrai luxe sur le dos du tiers-monde, alors que pendant ce temps-là l’occident met en place la guerre contre la Russie et la Chine, afin de préserver son hégémonie mondiale.

C’est de la vaine agitation réformiste – populiste et anarchisante, l’un n’allant pas sans l’autre. Historiquement, cela n’existe pas.

Et quelle vanité, tout de même, de la part de ces gens, que d’arriver et de dire qu’ils vont tout changer, alors qu’ils sont des clones produits par la société, des clones qui font la même chose depuis l’instauration en France de la société de consommation !

Catégories
Guerre

La narration américaine sur l’Ukraine

Une propagande ciselée.

Le Département d’Etat américain est l’équivalent du Ministère des Affaires étrangères. Il vient de publier un document sur le conflit militaire en Ukraine, donnant évidemment le point de vue de la superpuissance américaine.

Il faut étudier ce document, riche d’enseignements.

Il indique déjà qu’il y a une narration américaine très précise, dont le régime ukrainien est par ailleurs la voix. Cela indique bien que la propagande marche à fond, que tous les médias occidentaux la reprennent. Cela montre l’ampleur de la question et du bourrage de crâne qu’on connaît depuis plus d’un an.

Ensuite, on voit très bien comment la superpuissance américaine a un mal fou à masquer les traits fascistes du régime ukrainien. Elle a également énormément de difficultés à faire passer le message (ridicule) comme quoi il ne s’agit pas de détruire la Russie (alors que l’objectif est avoué).

Enfin, la superpuissance américaine montre bien qu’elle est engagée à fond et qu’elle ira au bout. Il y a bien une guerre américaine contre la Russie.

Et nous, en France, soutenons objectivement cette guerre car notre pays est partie prenante dans le camp occidental. C’est ça qu’il faut saboter – il faut la défaite de l’Otan et la déroute de l’occident !

Voici ce document de la superpuissance américaine.

« La roulette de la désinformation : un an de mensonges du Kremlin pour justifier une guerre injustifiable

 Il est évident que les missiles ou l’artillerie de la Russie ne parviendront ni à briser notre unité ni à nous faire vaciller. Et il devrait être tout aussi évident que l’unité ukrainienne ne peut pas être brisée par les mensonges ou l’intimidation, par les fausses informations ou les théories du complot. » – Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy , le 16 juillet 2022

Le 24 février 2022, des millions de personnes en Ukraine ont été réveillées par un concert de sirènes annonçant un raid aérien , du jamais vu depuis 80 ans .

La Russie venait de lancer une invasion massive. Jusqu’à cette matinée fatidique, et pendant toute l’année qui a suivi, l’écosystème de désinformation et de propagande de la Russie a déployé tout un éventail de messages mensongers dans le but de duper le monde quant aux intentions néo-impérialistes du Kremlin, de dépeindre au peuple russe sa guerre choisie contre l’Ukraine comme une riposte nécessaire à de prétendues menaces émanant des États-Unis et de l’OTAN, et de tenter de justifier une guerre injustifiable.

Le Kremlin a régulièrement modifié ses affirmations mensongères pour faire oublier ses échecs sur le champ de bataille et son isolement politique. Ce rapport mettra en évidence cinq des narratifs les plus saillants diffusés par l’écosystème de désinformation et de propagande de la Russie :

1) La Russie était encerclée  par l’OTAN  avant l’invasion de février 2022 ; 2) L’Ukraine est en train de commettre un génocide  au Donbass ; 3) Le gouvernement ukrainien doit être « dénazifié et démilitarisé »  ; 4) Le rétablissement des valeurs traditionnelles exige la « désatanisation » de l’Ukraine ; et 5) La Russie doit combattre en Ukraine pour défendre sa souveraineté contre l’Occident.

Narratif mensonger no 1 : « L’encerclement » par l’OTAN et la Russie « n’est pas l’agresseur »

L’une des premières justifications fabriquées par le Kremlin à propos de la guerre est l’affirmation fallacieuse selon laquelle l’OTAN et « l’Occident » seraient des agresseurs menaçant la sécurité de la Russie. Pendant les mois qui ont précédé le 24 février 2022, la Russie a exigé des garanties sécuritaires , notamment des restrictions sur l’adhésion de pays à l’OTAN, une position qui rejetait le droit souverain de l’Ukraine et d’autres pays de choisir eux-mêmes leur politique étrangère.

Tandis que Moscou massait jusqu’à 190 000 soldats  à la frontière de l’Ukraine, le ministère russe des Affaires étrangères diffusait de fausses informations pour brouiller les intentions du Kremlin, affirmant  que les troupes russes ne se trouvaient pas à la frontière avec l’Ukraine et reprochant simultanément aux États-Unis et à leurs alliés de semer l’hystérie .

Le président Poutine a accusé à tort l’OTAN d’être responsable de l’escalade des tensions ; il a prétendu qu’il ne planifiait pas d’invasion , et il a accusé les États-Unis de se servir de l’Ukraine comme d’« un outil pour contenir la Russie » .

Cherchant à rejeter la faute, des organes  de désinformation liés au Service fédéral de sécurité russe (FSB), à la Direction du renseignement militaire (GRU) et au Service du renseignement extérieur (SVR) ont amplifié ces allégations mensongères, qualifiant les avertissements émis par les États-Unis et l’OTAN quant à une possible offensive militaire de la Russie contre l’Ukraine d’« hystérie occidentale  » visant à « entraîner l’Ukraine dans la guerre » .

Au cours de cette année de guerre, le Kremlin a changé son narratif mensonger sur les Occidentaux qui pousseraient à la guerre, et adopté la thèse selon laquelle les États-Unis et l’OTAN, en aidant l’Ukraine à se défendre, prolongeraient ou intensifieraient la guerre. À la suite d’une réunion ministérielle de l’OTAN en novembre 2022, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a affirmé  que la « majorité du monde » comprenait les menaces posées par l’OTAN, accusant  l’Alliance d’avoir soi-disant poussé l’Ukraine à poursuivre la guerre.

Des organes de désinformation, tels que Newsfront  (mandaté par le FSB) et Sputnik  (géré par l’État) ont tous deux cité de prétendus « experts » selon lesquels l’OTAN « versait de l’huile sur le feu » en promettant de l’aide supplémentaire à l’Ukraine. La Strategic Culture Foundation  et l’Oriental Review , deux organisations dirigées par le SVR, ont prévenu que l’Ukraine allait tenter d’« entraîner l’OTAN dans une guerre à l’intérieur des frontières de l’Ukraine » et ont affirmé avoir démontré que le conflit en Ukraine avait été provoqué par l’OTAN.

Le Kremlin ressuscite ces messages fallacieux à chaque fois que les partenaires de l’Ukraine annoncent de l’aide militaire supplémentaire à l’Ukraine. Le dernier en date accuse l’OTAN de russophobie après que les États-Unis et l’Allemagne ont accepté de fournir des chars modernes Abrams M1 et Leopard à l’Ukraine.

Le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Ryabkov a repris ce narratif  à son compte en janvier 2023, affirmant : « L’OTAN, avec une persévérance maniaque (…), a systématiquement rampé jusqu’aux frontières russes, tout en zombifiant nos pays voisins avec des histoires d’horreurs russophobes. »

La Russie diffuse de fausses informations dépeignant l’OTAN comme l’agresseur afin de jeter la confusion. La Russie est la seule à avoir déclenché cette guerre, pas l’Ukraine. La Russie est l’agresseur, pas l’OTAN. Comme l’a déclaré  le secrétaire d’État Antony Blinken au Conseil de sécurité des Nations unies le 22 septembre 2022, « si la Russie arrête de se battre, il n’y a plus de guerre. Si l’Ukraine arrête de se battre, il n’y a plus d’Ukraine. »

Narratif mensonger no 2 : « Les provocations ukrainiennes » et « le génocide contre le Donbass »

Pendant que la Russie entretenait le mythe de l’agression de l’OTAN, elle a simultanément tenté de dépeindre à tort l’Ukraine comme étant en train de planifier une action militaire contre les Russes de souche dans la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine.

En janvier 2022, des responsables de la Fédération de Russie ont affirmé que Kyiv avait envoyé « la moitié de son personnel militaire » dans les zones du Donbass occupées par la Russie, et que l’Ukraine avait intensifié ses attaques  contre les pseudo-Républiques populaires de Donetsk et de Louhansk  (RPD/RPL).

Le Kremlin a affirmé  que l’incursion de Kyiv dans le Donbass contrôlé par la Russie était imminente, tandis que les autorités alliées de la Russie ont prétendu  que l’Ukraine avait l’intention d’utiliser des armes chimiques le long de la ligne de contact entre les forces de défense de l’Ukraine et celles déployées en Ukraine par la Russie et ses alliés.

La fréquence avec laquelle cette fausse affirmation a été répétée s’est intensifiée après que les États-Unis ont révélé  le projet du Kremlin de mener une opération sous faux drapeau dans le Donbass contrôlé par la Russie, qui servirait de prétexte à une nouvelle invasion.

Le 3 février, les États-Unis ont discrédité ce narratif en levant le voile  sur le projet secret du Kremlin d’employer une vidéo fabriquée de toutes pièces par les services de renseignement russes et remplie de scènes choquantes d’explosions, de cadavres, de bâtiments et d’équipements militaires détruits, ainsi que d’acteurs se faisant passer pour des personnes en deuil.

L’écosystème de désinformation et de propagande de la Russie a également accusé à tort l’Ukraine de terrorisme, prétendant que le pays préparait une « catastrophe chimique »  et suggérant que l’Ukraine allait mener une « frappe écrasante »  contre la centrale nucléaire de Zaporijia.

Le président Poutine a transformé ce narratif mensonger en prétexte à la guerre. Dans une déclaration  du 15 février, il a affirmé à tort qu’« un génocide avait lieu au Donbass ». À la suite de cette déclaration de Poutine, le Comité d’enquête russe a ouvert  une procédure pénale liée aux allégations de « fosses communes de civils »  au Donbass.

L’appareil de désinformation et de propagande du Kremlin a continué à promouvoir des messages fallacieux accusant l’Ukraine de « génocide », notamment par le biais du site Web « Tragedy of Donbas »  (La tragédie du Donbass), qui selon le Washington Post , est géré par les services du renseignement militaire russes. Les agents d’influence financés par le gouvernement russe utilisent un réseau de sites Web  et de blogs  ciblant l’Ukraine, l’OTAN, l’Union européenne et les États-Unis pour amplifier la désinformation, y compris pour diffuser ce narratif .

Le discours  télévisé de Poutine, le 21 février 2022, a cimenté cette thèse infondée pour justifier la guerre. Prétendant reconnaître comme des États indépendants les pseudo-Républiques populaires de Donetsk et de Louhansk sous contrôle russe, la Russie a ordonné  le déploiement de troupes de « maintien de la paix » au Donbass.

Pour diaboliser l’Ukraine aux yeux de l’opinion russe, Poutine a accusé à tort l’Ukraine d’avoir commis « un génocide » et d’avoir fait preuve de discrimination à l’égard de la population russophone du Donbass depuis 2014. Il a ainsi créé un prétexte à la prétendue nécessité de « protéger les nôtres », faisant passer de manière peu convaincante son agression pour une opération visant à arrêter « un génocide » inexistant.

Des médias indépendants, des experts de la lutte contre la désinformation et des organisations internationales multilatérales de défense des droits humains ont rigoureusement réfuté ce narratif. L’équipe de fact-checking de la BBC  a souligné : « Il n’y a aucune preuve de génocide ». Polygraph.info  a discrédité cette affirmation en signalant que Poutine et d’autres responsables de la Fédération de Russie avaient « employé librement le terme de génocide » contre la Géorgie lors de l’invasion du pays par la Russie en 2008.

Polygraph.info a également fait remarquer : « L’incident le plus proche [d’un génocide] a peut-être été commis en 2014 par les forces russes à Sloviansk, où les forces ukrainiennes qui ont repris la ville ont trouvé une fosse commune contenant 20 corps. » Le Conseil de l’Europe , le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme  et la Mission d’experts établie dans le cadre du Mécanisme de Moscou de l’OSCE  ont conclu de manière indépendante qu’il n’y avait aucune preuve que des personnes d’origine russe ou russophone aient été persécutées par les autorités ukrainiennes.

Ces messages mensongers resurgissent à chaque fois que la guerre d’agression du Kremlin subit des revers stratégiques. L’analyse des narratifs à partir des données de médias sociaux sur Telegram, menée par le GEC, montre des pics de conversations en russe à propos du « génocide au Donbass » lors de ces revers.

Par exemple, le Kremlin a ressorti du placard ces fausses informations en juin 2022, un mois marqué par plusieurs échecs stratégiques pour Moscou. Quand le premier système de roquettes d’artillerie à haute mobilité (HIMARS) est arrivé en Ukraine , et quand l’Ukraine s’est vu accorder le statut de candidate à l’UE , le département de la Justice des États-Unis a annoncé  des mesures de responsabilisation visant à « aider à identifier, appréhender et poursuivre en justice les personnes impliquées dans des crimes de guerre et des atrocités » en Ukraine.

L’ambassade de Russie à Washington a riposté en répétant les allégations fallacieuses du Kremlin  selon lesquelles des Ukrainiens auraient commis un génocide contre la population russophone.

Le début de la contre-offensive de Kherson en Ukraine en septembre, la libération rapide de la région de Kharkiv et les annonces de mobilisation faites par la Russie qui ont suivi ont donné une impulsion supplémentaire au Kremlin pour relancer ce narratif. Le président Poutine a démarré le mois de septembre par des déclarations  truffées de fausses informations, affirmant que la Russie essayait seulement d’arrêter « le génocide »  qui aurait été perpétré par Kyiv depuis 2014.

Dans son discours du 30 septembre  annonçant la soi-disant annexion des régions de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijia après les pseudo-référendums, Poutine a répété à tort que « pendant huit longues années, les habitants du Donbass ont été soumis à un génocide, à des bombardements et des blocus, et qu’ils ont fait l’objet d’une politique criminelle visant à cultiver la haine envers la Russie et tout ce qui est russe », et il a accusé l’Ukraine de « réserver aux russophones à l’intérieur de ses frontières le même sort que celui que l’Occident ‟colonialiste” cherche à infliger au monde entier ».

Le Kremlin prétend défendre le peuple russophone d’Ukraine contre « un génocide » inexistant. Pourtant, depuis huit ans, les forces d’invasion russes et leurs alliés ont semé la mort et la destruction dans des régions majoritairement russophones de l’Ukraine.

Des millions de personnes ont fui les zones occupées par la Russie dans l’est et le sud du pays. La destruction de Marioupol , ville russophone, est catastrophique. Au mois mars 2022, le gouvernement américain a estimé que des membres des forces russes avaient commis des crimes de guerre  en procédant à des opérations de filtration  et en expulsant illégalement des milliers de civils ukrainiens.

Au mois de février 2023, s’appuyant sur des preuves de plus en plus nombreuses provenant des régions russophones de l’Ukraine libérées de l’occupation russe, le gouvernement américain a déterminé que des membres des forces russes et des responsables russes avaient commis des crimes contre l’humanité  en Ukraine, notamment en torturant des civils en détention au moyen de passages à tabac, d’électrocutions et de simulacres d’exécution, ainsi que par le viol et le meurtre relevant de l’exécution d’hommes, de femmes et d’enfants ukrainiens.

La Russie cherche à priver l’Ukraine de sa souveraineté et de son indépendance, et à supprimer son histoire et sa culture. Pendant que la Russie occupait Kherson, les autorités de la ville ont vidé les bibliothèques de la littérature ukrainienne et pillé des objets culturels  dans les musées.

Le gouvernement russe a déporté systématiquement  et illégalement  au moins 6 000 enfants d’Ukraine vers un réseau d’établissements en Crimée occupée par la Russie et dans toute la Russie, où ils sont « rééduqués »  ou mis en adoption  aux quatre coins du pays. Ces enfants ne sauront peut-être jamais qu’ils viennent d’Ukraine . Le Kremlin semble déterminé à rejeter l’existence de l’Ukraine en tant qu’État, en tentant de faire table rase de son passé — et de son avenir .

Narratif mensonger no 3 : « La dénazification et la démilitarisation »

Le président Poutine a invoqué le récit de désinformation le plus persistant du Kremlin dans son discours, avant l’aube, annonçant le lancement de l’invasion massive du 24 février . Il a déclaré : « L’objectif de cette opération est de protéger des personnes qui, depuis huit ans, sont confrontées à l’humiliation et au génocide perpétrés par le régime de Kiev. À cette fin, nous chercherons à démilitariser et à « dénazifier » l’Ukraine. »

Il a porté des accusations sans queue ni tête  contre le gouvernement démocratiquement élu de l’Ukraine, le comparant à « un gang de toxicomanes et de néonazis qui se sont installés à Kiev et ont pris en otage le peuple ukrainien tout entier ».

Il est absurde d’accuser de néonazisme le président de l’Ukraine, Zelensky, qui est juif. Mais les allégations de la Russie sont aussi calculées qu’elles sont abracadabrantes. Depuis des années, le Kremlin assimile méthodiquement la soi-disant « russophobie » au néonazisme.

Le gouvernement russe a eu recours à l’antisémitisme  à plusieurs reprises pour diffuser de fausses informations sur la guerre de Moscou en Ukraine. Cela fait longtemps que le Kremlin instrumentalise l’histoire de la Seconde Guerre mondiale pour encourager un sentiment nationaliste en Russie lorsqu’il promeut ses ambitions géopolitiques.

En janvier 2023, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a lancé la formule  « Soutien à l’Ukraine = russophobie = néonazisme » en comparant à tort l’aide fournie par l’Occident à l’Ukraine pour se défendre contre la Russie à l’invasion de l’Union soviétique par l’Allemagne nazie. Lavrov a invoqué le génocide intenté par Hitler contre les Juifs pour résoudre ce qu’il appelait « la question juive », accusant l’Occident de comploter « pour enfin résoudre la question russe » .

Ce narratif a émergé au premier plan lorsque la Russie a essuyé de lourdes pertes sur le champ de bataille au début de la guerre. Dans son discours du 9 mai marquant la victoire des Alliés lors de la Seconde Guerre mondiale, Poutine a amplifié ce narratif, déformant l’histoire pour justifier sa guerre brutale contre l’Ukraine. Poutine a affirmé à tort que sa guerre de choix était un acte « sacré » et « patriotique », semblable à la lutte des Soviétiques contre l’Allemagne nazie (appelée en Russie la Grande Guerre Patriotique) ou à toute guerre dans laquelle la Russie « s’est défendue ».

En répétant ses arguments habituels de propagande, Poutine a accusé l’Occident de « mettre fin » aux valeurs traditionnelles, de falsifier l’histoire et de promouvoir la russophobie. Le Kremlin manipule et déforme sans arrêt l’histoire afin d’exploiter le sentiment de fierté animant le peuple russe qui a consenti des sacrifices pour vaincre le nazisme.

En outre, le Kremlin qualifie régulièrement de « coup d’État fasciste »  la Révolution de la dignité qui a eu lieu en Ukraine de 2013 à 2014. Ces distorsions de l’histoire ont un objectif stratégique, à savoir susciter le patriotisme et rallier le soutien de la Russie à la guerre de Poutine contre l’Ukraine.

Si la thèse de « la dénazification »  a servi à Poutine de justification principale dans son discours du 24 février 2022, il semble qu’elle n’ait pas fait écho longtemps au sein du public russe. L’analyse par le GEC des conversations en russe sur Internet montre une légère hausse du volume des conversations en ligne impliquant ce narratif à la fin février, immédiatement après le discours.

Dès mars 2022, les responsables russes ont progressivement réduit  l’utilisation de cette version du narratif. Tout au long du mois de mars, les délégations russe et ukrainienne ont entamé plusieurs séries de négociations  pour établir des couloirs humanitaires afin d’aider à évacuer les civils et de parvenir à un cessez-le-feu.

La diminution du nombre de fois où est mentionné le narratif de « la dénazification » est peut-être un signe que, même pour le Kremlin, la dissonance cognitive était trop forte pour faire avaler au public le fait qu’il négocie avec les responsables ukrainiens tout en essayant de les « dénazifier ».

Cependant, le sursis de la « dénazification » a été de courte durée. Ce narratif a atteint son point culminant dans les messages en russe sur Telegram fin mars et début avril. Lorsque des preuves de crimes de guerre et de charniers ont commencé à émerger à Boutcha  après le retrait des troupes russes, l’écosystème de désinformation et de propagande du Kremlin a répondu au tollé mondial suscité par ces sinistres révélations en niant, dans un premier temps, l’implication de ses forces, puis en contestant la véracité des informations et en renouvelant la thèse de la « dénazification ».

Accusant à tort l’Ukraine d’employer des tactiques que la Russie elle-même utilise, le ministère russe de la Défense a affirmé  à tort : « Les photos et les vidéos de Boutcha sont une autre imposture, une mise en scène et une provocation par le régime de Kiev à l’intention des médias occidentaux. » Le ministère russe des Affaires étrangères a prétendu  à tort qu’il y avait « des signes de vidéos contrefaites et d’autres falsifications ».

Les ambassades et les médias russes dans le monde entier ont amplifié ces conspirations pourtant facilement discréditées , notamment les affirmations selon lesquelles l’Ukraine aurait utilisé de faux cadavres  qui se sont « réanimés » une fois les caméras éteintes. En dépit des preuves abondantes fournies par le New York Times Bellingcat  et la BBC  contredisant les affirmations de la Russie et démontrant son implication, la machine à désinformer du Kremlin a continué d’essayer  de cacher la vérité.

Le média d’État russe RIA Novosti a tenté de détourner l’attention en publiant un article qui plaidait pour « la dénazification de la majorité de la population ukrainienne »  par « la rééducation, la répression idéologique (…) et une censure stricte : non seulement dans la sphère politique, mais obligatoirement aussi dans la sphère de la culture et de l’éducation ». En outre, l’article préconisait le gommage de l’Ukraine en tant qu’État, notamment par la « désukrainisation », affirmant qu’« un pays dénazifié ne peut pas être souverain ».

Malgré la nature grotesque de ce narratif, il reste utile à l’écosystème russe de désinformation. Par rapport aux quatre autres narratifs du Kremlin abordés dans ce rapport, celui de la « dénazification » a été le plus souvent utilisé si l’on regarde le volume quotidien de publications, et il continue de provoquer le plus haut niveau d’engagements si l’on mesure le nombre de réactions et de partages.

L’écosystème russe de désinformation et de propagande renoue avec la thèse de « la dénazification », destinée à rejeter la faute, à chaque fois que Moscou subit des revers stratégiques.

Un narratif que le président Poutine a une fois de plus brandi sans vergogne dans son message du 27 janvier 2023  à l’occasion de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste. « Oublier les leçons de l’Histoire, a-t-il dit, conduit à la répétition de terribles tragédies. Les crimes contre les civils, le nettoyage ethnique et les actions punitives organisées par les néonazis en Ukraine en sont la preuve. »

Il a persisté dans la même veine lors de son discours du 1er février marquant le 80e anniversaire de la bataille de Stalingrad, pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’il a accusé l’Occident de nazisme  : « Nous constatons aujourd’hui que, malheureusement, l’idéologie du nazisme – cette fois sous sa forme moderne – crée à nouveau des menaces directes pour notre sécurité nationale, et nous sommes, encore et toujours, contraints de résister à l’agression de l’Occident collectif. »

L’escalade de ses joutes oratoires faisait suite à l’annonce, quelques jours plus tôt, que l’Allemagne et les États-Unis allaient livrer des chars  Leopard et Abrams M1 à l’Ukraine pour l’aider à se défendre contre l’attaque brutale de la Russie.

Les éléments de preuve des crimes du Kremlin contre les civils ukrainiens dans les zones occupées par la Russie s’accumulent aussi rapidement que les mensonges flagrants du Kremlin. À la fin du mois de janvier 2023, l’Ukraine enquêtait sur près de 67 000 crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés  – tels que des exécutions sommaires, des viols, des tortures, des enlèvements et des déportations forcées, des bombardements aveugles ainsi que des attaques ciblées contre des civils et des biens civils.

Des enquêtes indépendantes, des organisations médiatiques , la Commission d’enquête indépendante des Nations unies sur l’Ukraine  et des missions d’experts dans le cadre du Mécanisme de Moscou de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe  ont toutes démontré que des membres des forces russes ont documenté une série de crimes de guerre et d’autres atrocités commis par des membres des forces russes en Ukraine.

Ces crimes contre l’humanité  ne sont pas un phénomène isolé. Ils s’inscrivent dans le droit fil de l’attaque généralisée et systématique du Kremlin  contre la population civile de l’Ukraine. Le narratif de la « dénazification » colporté par le Kremlin et la déshumanisation méthodique  du peuple ukrainien dans les propos tenus jouent un rôle dans ces abus inadmissibles.

Les survivants de l’occupation russe de Boutcha ont rapporté que les forces russes faisaient du porte-à-porte et fouillaient les immeubles résidentiels « à la recherche de nazis  ». Lorsque la ville de Kherson a été libérée par l’Ukraine, des témoins ont évoqué  la vie sous l’occupation russe : « Si les Russes vous entendent parler ukrainien, ils vous prennent pour un nazi. Ils vérifient les réseaux sociaux, les tatouages ; si vous avez des symboles ukrainiens sur votre corps, ça va vous attirer des ennuis. »

Narratif mensonger no 4 : Redéfinir la guerre comme non plus une « dénazification » mais une « désatanisation »

Maintenant que la guerre franchit le cap de la première année, le Kremlin tente de justifier ses actions injustifiables en affirmant désormais qu’il combat « le satanisme occidental ». Certes, les propagandistes du Kremlin diabolisaient  déjà les Ukrainiens au moins depuis avril 2022, mais l’assimilation par le président Poutine de ce qu’il appelle les valeurs occidentales à du « satanisme pur et simple », dans son discours du 30 septembre 2022 , a propulsé cette accusation au rang de narratif officiel.

Le Kremlin de Poutine s’est autoproclamé le gardien des « valeurs traditionnelles » contre les valeurs étrangères dépravées que, selon lui, l’Occident avance en Ukraine et tenterait d’imposer à la Russie. Ce narratif est apparu pour la première fois en avril 2022, après la découverte des atrocités commises par la Russie à Boutcha.

L’un des plus ardents défenseurs du concept de « Russkiy mir » (monde russe), le chef de l’Église orthodoxe russe, le patriarche Kirill, a prêché que la Russie se battait en Ukraine pour la « véritable indépendance » du « monde russe », qu’il considère comme le dernier bastion contre l’Occident immoral et dépravé. Cette action, dit-il, reflète « la vérité de Dieu  » et repousse « l’Antéchrist  » contre l’épouvantail de la puissance mondiale , adversaire de la Russie.

Le patriarche considère  que l’Ukraine fait partie du « territoire canonique » de l’Église orthodoxe russe, bien que la majorité des croyants orthodoxes ukrainiens se réclament  de l’Église orthodoxe autocéphale indépendante d’Ukraine  ou se disent « simplement orthodoxes ». Kirill dépeint les actions du Kremlin comme une guerre sainte « fratricide »  que la Russie doit livrer à ceux qui veulent faire des Ukrainiens, « partie intégrante de la sainte Rus’ unie », un État « hostile à la Russie ».

L’écosystème de désinformation et de propagande du Kremlin a amplifié le message du patriarche Kirill par le biais de ses nombreux piliers . Les personnalités publiques des organes de propagande d’État  ont commencé à dépeindre la Russie comme « l’incarnation des forces du bien », évoquant un « affrontement métaphysique entre les forces du bien et du mal » et une « guerre sainte » dont la Russie doit sortir vainqueur.

Les sites  de désinformation agissant pour le compte  du Kremlin, tels que News Front , qui relève du FSB, et Tsargrad , sur la liste de désignation des États-Unis, un maillon du réseau d’influence malveillante de l’oligarque russe Konstantin Malofeyev inculpé par les États-Unis , sont allés encore plus loin en qualifiant  les Ukrainiens de « satanistes ». Le Kremlin a ainsi ajouté une « croisade » à sa liste de prétextes pour mener une guerre brutale et commettre des atrocités contre le peuple ukrainien.

Ce narratif a refait surface lorsque la Russie a essuyé des revers cuisants sur le champ de bataille tout au long de l’été et de l’automne.

En juillet 2022, lorsque le gouvernement russe proposait d’étendre l’interdiction de la « propagande » sur les « relations sexuelles non traditionnelles  » – une proposition qui est devenue loi après la signature de Poutine en décembre 2022 – des personnalités  du Kremlin ont présenté l’exclusion  de la Russie du Conseil de l’Europe en mars 2022 comme l’échec des « efforts visant à imposer des valeurs étrangères et le mariage homosexuel » à la Russie, alors que la décision du Conseil de l’Europe était motivée par l’agression de la Russie contre l’Ukraine.

Les commandants militaires de la République de Tchétchénie, dirigée par l’homme fort Ramzan Kadyrov, sous le coup de sanctions des États-Unis, ont proclamé  à maintes reprises que la Russie menait une guerre sainte en Ukraine  contre « l’armée de l’Antéchrist » et « les valeurs sataniques LGBT ».

Dans un discours en septembre , le président Poutine a attaqué l’Occident et sa « dictature des élites occidentales » pour leur « déni radical des normes morales, de la religion et de la famille », qu’il a qualifié de « satanisme pur et simple ». Poutine a laissé entendre que les pays occidentaux menaient des « expériences monstrueuses  » sur des enfants. Les lois  de la Russie et la rhétorique du Kremlin amalgament à tort  personnes LGBTQI+ et pédophilie.

Poutine n’est pas le seul à tenir des propos extrêmes. Emboîtant le pas au Kremlin, Ivan Okhlobystine, acteur excentrique, prêtre défroqué et fervent partisan de Poutine, a appelé  à pleins poumons à la « guerre sainte » lors d’un rassemblement organisé le 1er octobre sur la Place Rouge en soutien à la tentative d’annexion de quatre régions d’Ukraine par la Russie.

Apparemment à la stupéfaction  d’une partie de l’assistance, Okhlobystine a crié  Goyda ! (Гойда), un vieux cri de guerre russe que poussait Ivan le Terrible pour appeler sa police secrète . Okhlobystine continue sur un ton théâtral : « Aie peur, vieux monde ! Dénué de la vraie beauté ! De la vraie foi ! De la vraie sagesse ! Gouverné par des fous, des pervers, des satanistes ! Aie peur, on arrive ! »

Fin octobre, d’autres responsables du Kremlin ont amplifié les appels  à la « désatanisation » de l’Ukraine, affirmant que l’Occident s’employait, par la promotion de cultes sataniques, à « reformater » l’esprit des Ukrainiens pour les dresser contre les valeurs traditionnelles incarnées par la Russie.

L’homme fort de Tchétchénie, Kadyrov, a exhorté  les hommes russes à prendre les armes et à partir en « djihad  » contre les satanistes ukrainiens, appelant à « rayer de la carte  » les villes de l’Ukraine. Selon des sources  dignes de foi, les combattants tchétchènes de Kadyrov en Ukraine ont commis des atrocités .

Face à la vigueur des contre-offensives des forces ukrainiennes dans la région de Kharkiv et de Kherson, le narratif de la « désatanisation » a refait surface et s’est intensifié.

À mesure que la Russie continue de subir des pertes sur le champ de bataille et dans l’opinion publique mondiale, le Kremlin cherche un argument qui va tenir, en avançant des idées chacune plus absurde que la précédente.

Les efforts du Kremlin pour diaboliser les Ukrainiens en les qualifiant de « satanistes » ne sont qu’une tentative à peine voilée destinée à expliquer ses pertes au peuple russe et à justifier celles qui suivront. A priori dénué de pertinence, le narratif de la « désatanisation » déshumanise le peuple ukrainien et tente de justifier la dépravation et les atrocités cruelles à son encontre.

Narratif mensonger no 5 : « Défendre la souveraineté de la Russie » contre l’Occident

Les plans de Poutine relatifs à des simulacres de référendum et à une mobilisation militaire ayant été mis à mal par la contre-offensive de l’Ukraine en septembre 2022, le Kremlin a changé de discours : sa guerre de choix est devenue une guerre de nécessité « pour défendre la souveraineté de la Russie  ».

Un an seulement après avoir présenté ses « exigences sécuritaires » soi-disant pour éviter un conflit, le Kremlin a bouclé la boucle, revenant à son narratif de désinformation initial selon lequel l’Occident serait le véritable agresseur et voudrait détruire la Russie au moyen d’une guerre par acteurs interposés en Ukraine. Perdre du terrain face à l’Ukraine, un État membre de l’ONU que Poutine a rejeté  comme n’étant « pas un vrai pays », serait inconcevable.

Confronté à la libération de la région de Kharkiv par l’armée ukrainienne, le Kremlin a opté pour un nouveau narratif selon lequel la Russie se bat pour défendre sa souveraineté contre l’Occident. Le 21 septembre 2022, Poutine a allégué que la mobilisation partielle  et les simulacres de référendum  étaient nécessaires pour « protéger la souveraineté, la sécurité et l’intégrité territoriale de la Russie ».

Le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou , et le le président de la Douma, Viatcheslav Volodine , se sont fait l’écho de cette interprétation en arguant que la mobilisation était nécessaire parce que la Russie combattait l’Ukraine ainsi que l’OTAN et « l’Occident collectif ».

Lorsque l’Ukraine a libéré la ville de Kherson de l’occupation brutale de la Russie et que des milliers d’hommes ont fui la Russie pour éviter la mobilisation , Poutine a de nouveau rejeté la responsabilité de la guerre sur l’Ukraine et l’Occident. Dans son discours du 15 novembre, Poutine a soutenu , à tort, que la guerre résultait des efforts  déployés par l’Occident en vue de déstabiliser l’Ukraine, accusant l’Occident de vouloir affaiblir la Russie et présentant la guerre comme une mesure défensive contre le sabotage.

Dans son discours à la nation  à la Saint-Sylvestre 2022, le président Poutine a dépeint « l’opération militaire spéciale » de la Russie sous le jour d’une lutte existentielle visant à garantir la « souveraineté » et « l’indépendance véritable » de la Russie. Flanqué de membres présumés des forces armées russes, dont certains étaient peut-être des acteurs , dans un décor qui rompait avec la toile de fond traditionnelle du Kremlin, il a recyclé des narratifs de désinformation sur l’hypocrisie de l’Occident.

Poutine a affirmé que les « élites occidentales » faisaient seulement semblant d’aider à résoudre « le conflit dans le Donbass » et « encourageaient les néonazis » à poursuivre « les actions terroristes contre des civils pacifiques ». Il a ensuite accusé l’Occident de « mentir en parlant de paix tout en se préparant à l’agression » et d’« utiliser cyniquement l’Ukraine comme moyen d’affaiblir et de diviser la Russie ». Il a ajouté que l’Occident avait déchaîné « une vaste guerre de sanctions », mais que la Russie avait prévalu.

Enfin, il a affirmé que cette « lutte » servait d’exemple aux autres pays « en quête d’un ordre mondial multipolaire juste ». Au-delà des prétextes habituels, Poutine a fait appel au patriotisme, déclarant que la défense de la patrie était un « devoir sacré » et que la « vérité morale et historique » se trouvait du côté de la Russie.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a renforcé  ce narratif le 18 janvier 2023  en dressant le bilan de la diplomatie russe pour l’année 2022.

Il a déclaré : « Comme Napoléon, qui a mobilisé presque toute l’Europe contre l’Empire russe, et Hitler, qui a occupé la majorité des pays européens et les a déchaînés contre l’Union soviétique, les États-Unis ont créé une coalition rassemblant presque tous les États européens membres de l’OTAN et de l’Union européenne, et utilisent l’Ukraine pour mener une guerre par acteurs interposés contre la Russie dans le but d’en finir une fois pour toutes avec la « question russe », comme Hitler, qui cherchait une solution finale à la « question juive ».

À la fin du mois de janvier 2023, donnant suite aux demandes des médias après la conférence de presse susmentionnée, Lavrov persiste et signe  : « Il est clair depuis longtemps pour nous que l’existence même de la Russie en tant que l’un des éléments constitutifs du vaste espace eurasiatique pose problème à nos adversaires. »

Dans une version de ce narratif particulièrement tirée par les cheveux, le Kremlin présente le partenariat et la coopération  à l’échelle internationale sur la réduction des menaces biologiques en Ukraine comme une menace pour la souveraineté de la Russie et l’ethnicité russe. La machine à désinformer du Kremlin a organisé une attaque généralisée  contre la vérité dans les organisations multilatérales , cherchant à dépeindre des travaux de recherche pacifiques  en Ukraine comme des expériences sur des armes biologiques qui consisteraient à dresser des oiseaux migrateurs  et des chauves-souris  malades destinés à menacer la Russie.

En juillet 2022, les médias d’État  et ceux agissant au nom de la Russie  ont fait passer la désinformation sur les « laboratoires biologiques gérés par les États-Unis » dans le domaine de la science-fiction lorsqu’ils ont donné la parole à des responsables russes selon lesquels  les soldats ukrainiens étaient soumis à des expériences  capables « de neutraliser les dernières traces de conscience humaine et de faire d’eux les monstres les plus vicieux et les plus mortels possible » ainsi que des « machines cruelles sous le contrôle des États-Unis ».

Ces déclarations font suite aux accusations portées en mars 2022 par le ministère russe de la Défense selon lesquelles les États-Unis développaient en Ukraine des « armes bioethniques  » destinées à cibler les Slaves de souche, comme les Russes. Ces affirmations farfelues servent à alimenter les théories du complot et à dépeindre la guerre de la Russie contre l’Ukraine comme une « lutte pour la souveraineté » existentielle face à l’Occident, ainsi qu’à détourner l’attention pour dissimuler la performance médiocre des forces russes.

Selon un autre élément grotesque de ce type de désinformation, les Ukrainiens subiraient un lavage de cerveau de la part de l’Occident. Dans une interview  du 30 janvier 2023, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a accusé l’OTAN de « zombifier » délibérément les pays voisins de la Russie en leur racontant « des histoires d’horreur russophobes » et en montant des actions « dont le but est de détruire notre code historique et culturel ».

La propagandiste du Kremlin Margarita Simonyan  a amplifié ce narratif : si l’idée de combattre leurs « frères » ukrainiens est une pilule difficile à avaler pour les Russes, a-t-elle déclaré, l’Occident « lui a enlevé son goût amer pour ce qui est de se battre avec les Ukrainiens ou même pour eux. Il apparaît clairement maintenant que la lutte contre l’Occident était peut-être inévitable. »

Pour tenter de justifier l’invasion de la Russie en 2022, le Kremlin a prétendu que l’Occident refusait de négocier, alors même que c’était Moscou qui s’était retiré des négociations . Cherchant à justifier la poursuite de la guerre, le Kremlin accuse à tort l’Occident de vouloir démembrer la Russie et détruire la culture russe.

Pour faire accepter à la population russe le mensonge selon lequel Moscou a attaqué à juste titre ses voisins, un peuple « frère » aux yeux de nombreux Russes, le Kremlin affirme que l’Occident a zombifié les Ukrainiens.

Dans cette version pervertie de la réalité, la Russie peut faire valoir qu’elle combat non pas des « frères » ukrainiens, mais des Ukrainiens « zombifiés », « néonazis » et « satanistes ». Pour rendre les pertes de la Russie acceptables, le Kremlin prétend qu’il n’est pas en guerre contre l’Ukraine mais qu’il se bat noblement en Ukraine pour « défendre sa souveraineté » contre l’incursion de l’Occident.

Conclusion : « Nos terres historiques »

Le courage et la résilience du peuple ukrainien, sa détermination absolue à défendre l’indépendance et la démocratie de son pays, l’unité des États-Unis et de leurs alliés et partenaires pour soutenir la légitime défense de l’Ukraine, et la condamnation mondiale de l’agression par la Russie, forcent le Kremlin à changer constamment de narratifs pour tenter de justifier sa guerre auprès de la population russe et de la communauté internationale.

Les mensonges de la Russie ne changent rien à la vérité. Le Kremlin a choisi de commencer cette guerre, et le Kremlin peut choisir d’y mettre fin.

L’Ukraine est un État indépendant et membre des Nations unies. Elle a le droit souverain de défendre son territoire et de choisir sa politique étrangère. La guerre de la Russie contre l’Ukraine a commencé en 2014, lorsque les forces russes se sont emparées de la péninsule ukrainienne de Crimée et ont dirigé, financé et entraîné des agents pour fomenter des troubles dans la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine. L’Ukraine démocratique n’est pas infestée de nazis ni de satanistes – le Kremlin a créé ces mythes pour attiser la ferveur de sa propre population. Les citoyens ukrainiens de toutes les ethnies ont élu démocratiquement un président juif, Volodymyr Zelensky, et la communauté internationale a reconnu la légitimité de son gouvernement.

Dans les mois qui ont précédé le lancement de l’invasion massive par la Russie, les États-Unis et d’autres pays se sont joints à l’Ukraine dans le cadre d’une diplomatie de bonne foi afin d’explorer les moyens de répondre aux prétendus problèmes de sécurité de la Russie sans compromettre la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. La Russie a préféré la guerre.

La Russie a lancé son invasion massive en février 2022, en violation flagrante des principes de la Charte des Nations unies concernant le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États et le non-recours à la force. La Russie a brutalement saisi et occupé des parties des oblasts de Louhansk, de Donetsk, de Zaporijia et de Kherson, puis a organisé des simulacres de référendum et décrété leur annexion, tout comme elle l’a fait en Crimée, dans le but de réaliser les ambitions territoriales prédatrices du Kremlin.

Toutes les contorsions rhétoriques de la Russie ne servent qu’un seul objectif : dissimuler les tentatives manifestes faites par la Russie pour rayer de la carte l’État souverain et indépendant d’Ukraine, et subjuguer son peuple . Ses mensonges cachent des signes révélateurs des véritables ambitions néo-impériales  du Kremlin. La missive de Poutine en juillet 2021 dans laquelle il déclare que les Russes et les Ukrainiens ne forment qu’« un seul peuple  », et ses discours pro-guerre  de février 2022 empreints de révisionnisme historique et de désinformation niant le statut d’État  et la souveraineté de l’Ukraine, ont donné au monde un aperçu de ses objectifs.

Les mêmes arguments sont fréquemment repris par les figures de la propagande du Kremlin, comme Margarita Simonyan , qui a récemment réitéré la contre-vérité selon laquelle l’Ukraine aurait été construite par la Russie et devrait sa puissance aux dons de la Russie . La vision de Poutine, qui est de réaliser les ambitions  expansionnistes impériales de Pierre Ier et de « récupérer les territoires perdus  », et les commentaires  sans fard  des responsables du Kremlin, trahissent leur véritable intention.

Des représentants du Kremlin  ont indiqué que Moscou pourrait exercer des représailles contre la prétendue « russophobie » et le « génocide contre les Russes », inexistant, dans des endroits  autres que l’Ukraine qu’elle considère comme ses terres historiques. Des observateurs du Kremlin ont déjà avancé l’idée que la Russie pourrait devoir « dénazifier » le Kazakhstan , la Moldavie  et tout autre pays présumé être un foyer de « russophobie ».

Dans un discours en janvier 2023 , Poutine n’a guère laissé planer le doute quant à sa vision de l’avenir : « L’objectif, comme je l’ai dit à de nombreuses reprises, est avant tout de protéger les populations et de protéger la Russie elle-même des menaces qu’ils essaient de créer sur nos propres terres historiques voisines. Nous ne pouvons pas le permettre. »

Quel que soit le narratif que déploie le Kremlin à un moment ou à un autre dans son jeu perdant de la roulette de la désinformation, l’Ukraine reste un État souverain et indépendant reconnu par la communauté internationale. Son peuple courageux restera inébranlable dans la défense de son pays et de sa démocratie, et les États-Unis resteront aux côtés de l’Ukraine  aussi longtemps qu’il le faudra. »

Catégories
Politique

Réquisitions à Gonfreville-l’Orcher

Tout un symbole de l’échec.

Il faut bien vivre, et on fait avec ce qu’on a. Mais enfin il y a des limites. Même en France, un pays capitaliste parmi les plus riches du monde. Et parmi ces limites, on a Gonfreville-l’Orcher.

On est là en Seine-Maritime, près du Havre. On y trouve une raffinerie TotalEnergies et l’impact est juste insoutenable. Alors, bien sûr, il y a des organismes pour dire que la pollution de l’air ceci, les odeurs cela, tout va bien alors ne vous inquiétez pas.

Mais enfin ce n’est juste pas possible. Et les incidents sont réguliers, provoquant encore plus de pollution et d’odeurs. Tout cela est incroyablement passé sous silence depuis des années.

Il y a bien eu une tenative, toute récente, très polie d’ailleurs. C’est l’émission Vert de rage, avec début mars 2023 « Les damnés du pétrole« . Par très polie, il faut comprendre qu’au lieu d’appeler à tout casser, on rentre dans le rang dès le départ, tout en voulant que, quand même, on change les choses :

« Nos analyses montrent des pics de pollution qui sont parfois préoccupants : près de l’usine, et aussi d’une école, les niveaux de benzène sont les mêmes que ceux que l’on trouve dans un tunnel en Île-de-France alors que l’on est à l’air libre, décrit Martin Boudot. C’est vraiment problématique, ça doit poser question. »

Ce qui est problématique, c’est que les gens à Gonfreville-l’Orcher n’ont pas tout cassé. Voilà tout.

Bon, et ils en pensent quoi, quand même, là-bas ? Ils ne votent pas vraiment, mais quand ils le font, la majorité est de Gauche de manière tout à fait écrasante. Très bien ! Pour autant Gonfreville-l’Orcher n’est pas connu pour être le bastion de la Cause du Socialisme.

Ce qui est fou. Si même à Gonfreville-l’Orcher on ne veut pas fusiller les occupants de l’Elysée et de Matignon pour y placer le drapeau rouge, c’est que vraiment personne ne le veut dans notre pays.

Bon s’il y a des gens qui doivent vraiment être énervés contre la réforme des retraites, c’est à Gonfreville-l’Orcher. Deux ans de plus à bosser dans un tel contexte, c’est juste impossible.

Effectivement, cela s’énerve. Certains petits malins l’ont vu à Paris, appelant à y aller en bus, pour aider à empêcher les réquisitions des travailleurs pour faire tourner la raffinerie. Car l’oléduc va jusqu’à Paris et alimente l’aéroport Charles-de-Gaulle.

C’est Révolution permanente qui a été à l’initiative des bus, et qui raconte comme suit :

« Des centaines de travailleurs et d’étudiants ont répondu présent : des dockers et éboueurs du Havre, des travailleurs du dépôt pétrolier de la CIM, de la centrale nucléaire de Paluel, des militants de l’union locale CGT Harfleur et du Havre, de l’union départementale CGT de l’Eure, du personnel de l’éducation, des énergéticiens, des travailleurs de la CGT Sidel et de la CGT Chevron, ou encore le rappeur havrais Médine.

À eux se sont joints ajouté 150 étudiants et travailleurs venus avec deux bus affrétés depuis Paris par le réseau pour la grève générale. Parmi eux, des étudiants, des cheminots, des travailleurs de la RATP, des raffineurs du site Total de Grandpuits, mais aussi la comédienne Adèle Haenel et le philosophe Frédéric Lordon.

https://twitter.com/Alainklain2/status/1639276289654661120?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1639276289654661120%7Ctwgr%5E39077b8af7ba4083e5192ce49ec99673ed2c92f0%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.leparisien.fr%2Feconomie%2Fadele-haenel-medine-frederic-lordon-des-personnalites-au-soutien-des-grevistes-de-la-raffinerie-total-normandie-24-03-2023-X72NYT3UWRBU3J6JU6CRN7ZC4M.php

C’est triste à dire, mais les travailleurs français ont la défaite qu’ils méritent. Se dire qu’il faut faire grève en suivant les syndicats et en étant appuyés par des étudiants parisiens, lorsqu’on a une vie quotidienne mise à l’écart de l’épanouissement… C’est une servitude volontaire.

Elle a son sens : il faut bien vivre. Mais elle a une signification : l’aliénation, l’exploitation, l’écrasement de tout perspective culturelle, naturelle. L’acceptation de la guerre à venir et déjà installée, la soumission à la destruction de la Nature à l’échelle mondiale, la tolérance vis-à-vis de l’asservissement des animaux…

Il faut savoir ce qu’on veut, à un moment. Si on prend les gens un par un, personnellement, tout s’explique, la dignité l’emporte, d’une manière ou d’une autre.

Mais en 2023 là, collectivement, ce n’est juste pas possible!

Catégories
Politique

Lénine contre la grève générale

Un point de vue qui est celui de la Gauche historique.

Toute la gauche de la Gauche parle en ce moment en France de la grève générale comme grand espoir. Le mouvement contre la réforme des retraites aurait une perspective de victoire par la grève générale, qui ferait reculer le gouvernement.

Ce n’est pas le point de vue de la Gauche historique, avec raison.

La grève générale est une fiction anarchiste. Elle ne prend pas en compte la politique. Ce n’est pas par là que passe la victoire.

Le jeune Lénine, figure déjà éminente de la social-démocratie russe, résume cette conception de la Gauche historique de la manière suivante en 1899, dans son article A propos des grèves.

Les grèves apprennent aux ouvriers à s’unir ; elles leur montrent que c’est seulement en unissant leurs efforts qu’ils peuvent lutter contre les capitalistes ; les grèves apprennent aux ouvriers à penser à la lutte de toute la classe ouvrière contre toute la classe des patrons de fabrique et contre le gouvernement autocratique, le gouvernement policier.

C’est pour cette raison que les socialistes appellent les grèves « l’école de guerre », une école où les ouvriers apprennent à faire la guerre à leurs ennemis, afin d’affranchir l’ensemble du peuple et tous les travailleurs du joug des fonctionnaires et du capital.

Mais « l’école de guerre« , ce n’est pas encore la guerre elle-même.

Lorsque les grèves se propagent largement parmi les ouvriers, certains d’entre eux (et quelques socialistes) en viennent à s’imaginer que la classe ouvrière peut se borner à faire grève, à organiser des caisses et des associations pour les grèves, et que ces dernières à elles seules suffisent à la classe ouvrière pour arracher une amélioration sérieuse de sa situation, voire son émancipation.

Voyant la force que représentent l’union des ouvriers et leurs grèves, même de faible envergure, certains pensent qu’il suffirait aux ouvriers d’organiser une grève générale s’étendant à l’ensemble du pays pour obtenir des capitalistes et du gouvernement tout ce qu’ils désirent.

Cette opinion a été également celle d’ouvriers d’autres pays, lorsque le mouvement ouvrier n’en était qu’à ses débuts et manquait tout à fait d’expérience. 

Mais cette opinion est fausse.

Les grèves sont un des moyens de lutte de la classe ouvrière pour son affranchissement mais non le seul ; et si les ouvriers ne portent pas leur attention sur les autres moyens de lutte, ils ralentiront par là la croissance et les progrès de la classe ouvrière.

En effet, pour assurer le succès des grèves, il faut des caisses afin de faire vivre les ouvriers pendant la durée du mouvement.

Ces caisses, les ouvriers en organisent dans tous les pays (généralement dans le cadre d’une industrie donnée, d’une profession ou d’un atelier) ; mais chez nous, en Russie, la chose est extrêmement difficile car la police les traque, confisque l’argent et emprisonne les ouvriers.

Il va de soi que les ouvriers savent aussi déjouer la police, que la création de ces caisses est utile et nous n’entendons pas la déconseiller aux ouvriers.

Mais on ne peut espérer que ces caisses ouvrières, interdites par la loi, puissent attirer beaucoup de membres ; or, avec un nombre restreint d’adhérents, elles ne seront pas d’une très grande utilité.

Ensuite, même dans les pays où les associations ouvrières existent librement et disposent de fonds très importants, même dans ces pays la classe ouvrière ne saurait se borner à lutter uniquement par des grèves.

Il suffit d’un arrêt des affaires dans l’industrie (d’une crise comme celle qui se dessine actuellement en Russie) pour que les patrons des fabriques provoquent eux-mêmes des grèves, parce qu’ils ont parfois intérêt à faire cesser momentanément le travail, à ruiner les caisses ouvrières.

Aussi les ouvriers ne peuvent-ils se borner exclusivement aux grèves et aux formes d’organisation qu’elles impliquent.

En deuxième lieu, les grèves n’aboutissent que là où les ouvriers sont déjà assez conscients, où ils savent choisir le moment propice, formuler leurs revendications, où ils sont en liaison avec les socialistes pour se procurer ainsi des tracts et des brochures.

Or ces ouvriers sont encore peu nombreux en Russie et il est indispensable de tout faire pour en augmenter le nombre, pour initier la masse des ouvriers à la cause ouvrière, pour les initier au socialisme et à la lutte ouvrière.

Cette tâche doit être assumée en commun par les socialistes et les ouvriers conscients, qui forment à cet effet un parti ouvrier socialiste.

En troisième lieu, les grèves montrent aux ouvriers, nous l’avons vu, que le gouvernement est leur ennemi, qu’il faut lutter contre lui.

Et, dans tous les pays, les grèves ont en effet appris progressivement à la classe ouvrière à lutter contre les gouvernements pour les droits des ouvriers et du peuple tout entier.

Ainsi que nous venons de le dire, seul un parti ouvrier socialiste peut mener cette lutte, en diffusant parmi les ouvriers des notions justes sur le gouvernement et sur la cause ouvrière.

Nous parlerons plus spécialement une autre fois de la façon dont les grèves sont menées chez nous, en Russie, et de l’usage que doivent en faire les ouvriers conscients.

Pour le moment, il nous faut souligner que les grèves, comme on l’a dit ci-dessus, sont « l’école de guerre » et non la guerre elle-même, qu’elles sont seulement un des moyens de la lutte, une des formes du mouvement ouvrier.

Des grèves isolées les ouvriers peuvent et doivent passer et passent effectivement dans tous les pays à la lutte de la classe ouvrière tout entière pour l’émancipation de tous les travailleurs.

Lorsque tous les ouvriers conscients deviennent des socialistes, c’est-à-dire aspirent à cette émancipation, lorsqu’ils s’unissent à travers tout le pays pour propager le socialisme parmi les ouvriers, pour enseigner aux ouvriers tous les procédés de lutte contre leurs ennemis, lorsqu’ils forment un parti ouvrier socialiste luttant pour libérer tout le peuple du joug du gouvernement et pour libérer tous les travailleurs du joug du capital, alors seulement la classe ouvrière adhère sans réserve au grand mouvement des ouvriers de tous les pays, qui rassemble tous les ouvriers et arbore le drapeau rouge avec ces mots : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !

Tant que les travailleurs n’assumeront pas la politique, ce sera l’échec. Il ne sert à rien de pleurer que l’intersyndicale ne lutte pas assez, car une telle chose est normale. Les syndicats accompagnent le capitalisme. Ce qu’il faut comprendre, c’est le caractère central de la politique.

Catégories
Guerre

La France veut fournir des Mirage 2000 au régime ukrainien

Une cobélligérance qui ne dit pas son nom.

Le régime ukrainien a démenti l’information, mais on se doute pourquoi. La France est en train de former une trentaine de pilotes de l’armée ukrainienne à l’utilisation de Mirage 2000. Cela se déroule sur les bases aériennes de Mont-de-Marsan et de Nancy.

Il s’agit d’avions de chasse mis en service en 1984, mais encore en service suite à des modernisations. La mise en place d’avions de chasse totalement nouveaux prend en effet beaucoup de temps. Si les Mirage 2000 ont été utilisés pendant la guerre du golfe, ce qui remonte à loin désormais, ils sont encore employés par les armées de France, du Brésil, de Grèce, d’Inde, du Qatar, etc.

Prudemment, l’armée française a laissé entendre qu’il ne s’agissait que de la formation de « personnels militaires aériens » s’occupant de l’avion. Mais c’est impossible. Apprendre le maniement d’un avion de chasse est extrêmement compliqué et chaque système est différent.

Cela signifie que si une décision est prise, et elle a été prise, alors c’est le paquet qui est mis, et ce à tous les niveaux de la chaîne de décision. Si l’on forme de pilotes de l’armée ukrainienne à des Mirage 2000, c’est pour leur en fournir. La Slovaquie et la Pologne viennent de fournir d’ailleurs respectivement 17 et 4 Mig à l’armée ukrainienne.

Le principe est toujours le même : un pays ouvre la brèche et les autres suivent. Comme ça, l’escalade passe tranquillement. La France avait joué ce rôle avec les canons Caesar et les véhicules blindés Amx. Et le régime ukrainien vient également tout juste de poster sur un réseau social l’emploi par son armée du système français de défense aérienne à courte portée Crotale NG.

Le Conseil européen, avec les chefs d’État et chefs de gouvernement, va également valider les 23 et 24 mars 2023 la décision du Conseil de l’Europe d’un plan de deux milliards d’euros pour rembourser les États ayant déjà fourni des obus au régime ukrainien et pour lui en fournir un million de plus.

Et l’armée américaine a annoncé être « confiant » de pouvoir livrer les Patriots dans un délai « accéléré » en raison de la formation accélérée de soldats ukrainiens à ce système de défense aérienne. La superpuissance américaine a annoncé aussi 350 millions de dollars de matériel militaire pour l’armée ukrainienne, dont des munitions pour les fameux Himars. Et le premier ministre japonais Fumio Kishida s’est rendu à Kiev le 20 mars 2023.

Tout cela indique clairement que la France est en guerre avec la Russie, les soldats ukrainiens servant de chair à canon. Tout le bloc occidental s’évertue à utiliser le régime ukrainien pour mener la guerre… sans officiellement la mener.

Un régime ukrainien très content de faire la guerre par ailleurs, puisque dans les mains de fanatiques voulant détruire la Russie.

Les Français peuvent fantasmer comme ils veulent sur l’accession à la petite propriété, à la consommation occidentale. Ils peuvent bien rêver que la lutte actuelle contre la réforme des retraites a une incidence historique. Ce n’est pas le cas. C’est un événement intérieur au mode de vie occidental.

On est déjà dans le cadre d’une bataille pour le repartage du monde, alors que toutes les crises possibles se généralisent : économique, financière, culturel, morale, écologique, dans le rapport aux animaux…

Nous assistons à la fin du monde et la seule impression que donnent les Français, c’est de vouloir protéger leurs acquis individuels. C’est insensé.

Il n’y a de dignité qu’en se plaçant en première ligne pour faire tomber l’occident. La défaite de l’Otan et la déroute de l’occident, voilà la réelle actualité historique !

Catégories
Société

Réforme des retraites et luttes « sauvages »

Le mythe du « spontanéisme ».

Depuis que la réforme des retraites est passée, on assiste à une systématisation des initiatives « sauvages ». Le plus souvent il s’agit de manifestations avec des petits débordements contre la police ou des incendies de poubelles. Parfois, il s’agit d’occupations (comme celle de la faculté de Tolbiac à Paris), ou même bien plus rarement de grèves.

Dès qu’on atteint un certain nombre de gens dans le cadre du mouvement de lutte contre la réforme des retraites dans une ville donnée, ce phénomène a lieu.

Il rappelle que le grand idéologue des « mouvements sociaux » en France, c’est Georges Sorel. Il est passé à la trappe, personne ne le mentionne, ou même ne le connaît. Mais c’est sa conception qui est à la base de tout ce qui se passe depuis que la Gauche historique n’a aucun poids en France.

Georges Sorel affirme au début du 20e siècle qu’il faut une minorité agissante qui agisse comme faction agressive, en utilisant des « mythes mobilisateurs », principalement celui de la « grève générale ». Le progrès se fait suivant l’action des « combattants ».

C’est une conception qui est entièrement opposée au marxisme et à son expression politique alors, la social-démocratie. Et on la retrouve aujourd’hui à l’ultra-gauche, chez les anarchistes, et même chez La France Insoumise avec le « populisme » dont elle se revendique ouvertement.

Jean-Luc Mélenchon fait du Sorel lorsqu’il appelle l’agitation à servir de levier pour faire « bouger » les choses, plus exactement en réalité à forcer les choses.

C’est qu’il y a un côté puissamment fasciste chez Sorel, une dimension viriliste, guerrière : Mussolini s’en revendiquera pour le fascisme italien. Et on retrouve très précisément cela lorsqu’en France lorsque des hommes habillés tout en noir se disant anarchistes scandent « ahou ahou » en manifestation, reprenant ce « mot d’ordre » au film d’extrême-Droite assumé « 300 » sur les Spartiates.

Les manifestations « sauvages » actuelles tiennent clairement de cette démarche « guerrière » spontanéiste, violemment anti-intellectuelle, anti-politique même. On est ici dans une forme de lutte qui est de droite, qui relève de l’anti-parlementarisme traditionnel à droite de la Droite.

On remarquera ici qu’un des vecteurs de cette démarche tient à l’emprunt assumé de méthodes aux « ultras » des stades de football. Des méthodes virilistes, agressives et provocatrices, avec un esprit de bande ou de clan.

Quiconque lit les ouvrages de l’historien Zeev Sternhell sur cette droite « contestataire » née en France ne peut que constater les rapprochements évidents avec ce qui se passe en France.

On avait déjà vu cela pendant les confinements : dans toute l’Europe, c’était l’extrême-Droite qui s’y opposait… Sauf en France où c’était toute cette scène de la révolte « sauvage », mêlant ultra-gauche, gilets jaunes, syndicalistes, etc.

Ces gens veulent faire tomber le régime pour faire tomber le régime. Ils n’ont ni valeurs, ni programme. La contestation est leur seul fond et ils racolent autant que possible, ils pratiquent la surenchère permanente.

Il n’est guère étonnant que dans un pays où la Droite a l’hégémonie sur le plan des valeurs, où la Gauche historique est isolée, l’agitation sociale s’aligne sur un spontanéisme à la fois beauf et nauséabond. Il suffit de voir des gens se revendiquer du syndicalisme et organiser des marches aux flambeaux pour voir qu’on a touché le fond.

Tout ça est le prix de la négation du rôle des idées, de la connaissance de l’Histoire, de l’importance des valeurs. La base de tout ça, c’est la corruption par le capitalisme dans un pays qui est l’un des plus riches du monde.

On s’amuse à se faire peur, la dimension « sauvage » permet de faire beaucoup de bruit, sans n’engager à rien. Car tous ces révoltés en mode « sauvage » n’ont aucune activité politique. Ils vivent le « grand soir » à petite échelle simplement pendant un temps.

Le contraire d’une lutte « sauvage », c’est bien entendu une lutte consciente, organisée à la base avec l’ensemble des travailleurs (et donc pas sur une base syndicale ou bien d’intersyndicale). Le contraire d’une lutte « sauvage », c’est une assemblée générale de travailleurs prenant démocratiquement des décisions en étant portés par la conscience de la lutte des classes.

La négation du rôle de la conscience, voilà ce qui amène tout ce mouvement contre la réforme des retraites à la fois à l’échec et à la honte. Non seulement les larges masses sont évitées, mais l’agitation prend des formes relevant de la Droite.

Les conséquences de tout cela vont être terribles.

Catégories
Politique

La réforme des retraites passe dans la confusion

Une confusion indéniablement occidentale.

On dit aux gens qu’ils doivent travailler plus longtemps, alors forcément ils sont mécontents, ils ne veulent pas. Mais le gouvernement en place peut parvenir à réformer les retraites quand même, car les gens accompagnent de toutes façons le capitalisme.

Comme certains ne le comprennent pas, cela donne des petites révoltes éparses, bruyantes, médiatiques, cependant cela ne change rien à l’affaire.

Formulé différemment, cela donne : bien au chaud en occident, les gens peuvent faire les malins mais se plient de toutes façons aux adaptations du capitalisme.

Regardons la séquence qui vient de se terminer, pour y voir clair, et pour saisir ce qui va se passer ensuite.

Le gouvernement, avec à sa tête Élisabeth Borne, met en place une réforme des retraites, avec notamment le recul de 62 à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite.

La majorité des Français est contre, il y a toute une série de manifestations massives. Malgré toutefois la participation de millions de personnes, aucune critique du capitalisme n’émerge. Pareillement, le soutien militaire au régime ukrainien par l’intermédiaire de l’Otan et de l’Union européenne est passée sous silence.

L’ensemble reste d’esprit uniquement syndical. Il n’y a aucune effervescence politique ou culturelle sur une base de gauche.

C’est un simple constat : sur le plan des valeurs, de la culture, la France n’a connu aucun changement.

Continuons. Comme le gouvernement dispose d’une majorité relative, la réforme passe les 15 et 16 mars 2023.

Deux phénomènes parallèles s’enclenchent : du côté politique d’un côté, du côté protestataire de l’autre.

Les partis politiques d’opposition tentent en effet de profiter de l’aubaine. Une telle contradiction entre un gouvernement et l’opinion publique, ça ne se rate pas. Il y a alors le 20 mars 2023 deux motions de censure proposée pour faire tomber le gouvernement.

La première est proposée par le RN, elle n’obtient que 88 voix. La seconde est proposée par des centristes, du groupe « Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires ». Elle obtient le soutien de tout le monde dans l’opposition : de la part des élus du RN, de LFI, du PS, d’EELV, du PCF, et également d’une partie de la Droite traditionnelle (Les Républicains).

Seulement il aurait fallu que tous les députés « Les Républicains » soient de la partie. La motion de censure a donc échoué, avec 278 votes contre 287 requis.

On a donc une perte de légitimité gouvernementale : la majorité des gens est contre la réforme, la majorité gouvernementale n’a pas de réelle stabilité. Pour autant, la réforme est passée.

On doit donc dire que ça passe, mais que ça casse en même temps. C’est typique d’une situation de crise. C’est conforme à notre affirmation comme quoi c’est la crise générale depuis 2020. L’instabilité gouvernementale est un critère de la crise générale, bien évidemment.

Quel est le second aspect ? Une telle situation produit, vu l’état de la France, l’assaut des forces populistes. Gilets jaunes, ultra gauche, syndicalistes… toutes ces forces « antiparlementaires », étrangères et hostiles aux valeurs de la Gauche historique, pensent que c’est leur heure.

Les heurts sont nombreux dans de nombreuses villes, avec des centaines d’interpellations. Paris, Marseille, Lyon, Nantes, Toulouse, Rennes, Saint-Étienne, Amiens, Brest, Strasbourg…

Un bilan de ce phénomène est impérativement à mener. Ce qu’on peut et doit dire déjà pourtant, c’est que ces gens n’ont rien de gauche, ils ne sont que le produit de l’appel d’air de la crise gouvernementale.

L’instabilité produit toujours l’activation des « antiparlementaires ». Autrement dit, c’est fondamentalement réactionnaire.

Maintenant, quelle va être la suite?

Soit l’Histoire, cette vieille taupe, profite de ce moment de faiblesse du capitalisme occidental version française pour faire émerger une forme de lutte de classes, dont les contours nous surprendront…

Soit la décomposition politique française va conduire encore plus à l’aigreur et à l’apolitisme, avec des gens égoïstes prêts à tout accepter et à mettre le pays au service de la superpuissance américaine dans sa guerre contre la Russie (et la superpuissance chinoise).

Naturellement, la dialectique de la réalité implique la coexistence de ces deux phénomènes.

Tel est le cours de l’Histoire et ses contradictions : il faut des déchirures internes pour que les choses apparaissent… et s’affrontent.

Catégories
Culture

La situation de la musique classique russe en France

La musique classique russe a-t-elle été « effacée » en France ?

La légende de Sadko, qui a notamment inspiré un opéra de Nikolaï Rimski-Korsakov, ici dans une peinture de 1876 d‘Ilia Répine, peintre russe majeur désormais « effacé » et transformé en peintre ukrainien

« Cadences » est une petite revue gratuite, d’une trentaine de pages. En voici sa définition :

« CADENCES est le magazine sur l’actualité des concerts de musique classique, opéra, musique baroque, musique contemporaine à Paris et en Ile-de-France.

Il est aujourd’hui l’outil préféré des mélomanes parisiens avec son agenda des concerts, ses dossiers musicologiques et ses interviews d’artistes. »

Tirant à 50 000 exemplaires, on peut trouver cette revue dans les lieux concernés. Elle est très sérieuse, de haut niveau. C’est tout à fait parfait pour voir si la propagande de guerre a réussi à pénétrer la Culture ou non.

Regardons le numéro 361-362 de février mars 2023 (disponible ici en pdf), afin de voir comment la culture russe y a été effacée, ou non.

Sur la couverture est annoncé un article intitulé « Rachmaninov L’oeuvre pour piano ». Pages 4 et 5, on trouve un article au sujet de la Symphonie n°5 de Prokofiev, qualifiée de « grandiose ». Les premières lignes soulignent qu’il l’a composée en Union Soviétique, en 1944. Et on lit :

« Sans doute a-t-il été sensible aux sirènes du régime soviétique qui lui offre les conditions lui permettant de se consacrer pleinement à la composition. De fait, son activité créatrice reste intense après son retour et son inspiration ne faiblit pas.

Si son style s’est quelque peu assagi par rapport aux audaces des années 1910 et 1920, il produit plusieurs chefs-d’œuvre : le Second Concerto pour violon, le ballet Roméo et Juliette, le célèbre conte Pierre et le Loup, la musique pour le film d’Eisenstein Alexandre Nevski. »

Rien de plus objectif.

Page 6 est présenté un concert d’un pianiste russo-lituanien, Lukas Geniusas, jouant Schubert et Rachmaninov. Page 9 est annoncé un concert du grand pianiste ukrainien Vadym Kholodenko jouant Schubert et Prokofiev.

Pages 12 et 13 on a un article sur « Rachmaninov magicien du piano », soulignant l’importance de ce compositeur, alors que le très grand pianiste russe Nikolaï Luganski en proposait en début d’année une intégrale à Paris. Il y a un regain vers ce compositeur, Rachmaninov étant la pièce maîtresse de la « seconde vague » de la musique classique russe.

Page 28 est présenté la sortie d’œuvres pour piano d’Alexandre Scriabine, par Vincent Lardenet, « le plus grand des scriabiniens actuels ».

Constatons quelques autres choses : le lac des cygnes de Tchaïkovski est joué à l’opéra royal du château de Versailles, la pianiste russe Olga Pashchenko (dont le nom est ukrainien par ailleurs) joue à la Cité de la musique, Prokofiev est joué à la Philarmonie, le pianiste russe Mikhaïl Pletnev joue à la Philarmonique de Radio France, l’illustre pianiste Ievgueni Kissine (d’origine russe et devenu israélien) joue notamment du Rachmaninov au Théâtre des Champs-Élysées…

Rien n’a donc été abîmé. La propagande de guerre, le bourrage de crâne… n’ont pas fonctionné. L’effacement d’une partie de la culture mondiale au nom d’intérêts impérialistes n’a pas eu lieu.

C’est une joie. Et une preuve que la défense de la culture est toujours le véritable fondement de la civilisation. La préservation de ce qui a de la valeur transcende les préjugés et met à l’écart le nationalisme, les sordides manipulations.

Ce non-effacement de la musique russe est une contribution réelle au refus de l’auto-destruction du monde et une haute expression du besoin existentiel de la paix universelle, de l’unité du monde pour la Culture.

Quand on admire la danse des chevaliers au Bolchoï, on fait partie de l’humanité toute entière – comme avec toute œuvre culturelle de grande valeur de chaque pays du monde.

Catégories
Guerre

Mer Noire : la Russie intercepte un reaper américain

L’escalade est patente.

Nous vivons une époque de bouleversement en raison de la crise ouverte en 2020 avec la pandémie ; plus rien ne peut rester pareil. Résultat, alors que la société française est en décomposition et que cela produit une crise gouvernementale, la guerre mondiale s’installe toujours davantage.

Le dernier épisode en Mer Noire est ici très clair. Il concerne un drone américain de type « reaper ». Les drones ont désormais acquis une signification majeure dans la guerre moderne. On notera d’ailleurs que l’Ukraine a utilisé pour la première fois un drone dans le Donbass en octobre 2021, soit avant « l’opération spéciale » russe.

Le « reaper » américain est ici un MQ-9 Reaper, soit un drone d’une vingtaine de mètres de long, coûtant 20 millions de dollars et bourré de technologie pour intercepter les communications électroniques et surveiller une large zone.

Il a d’ailleurs été intercepté par des chasseurs russes Su-27 à une soixantaine de kilomètres de Sébastopol en Crimée. Cela s’est passé le 15 mars 2023.

Le reaper volait sans avoir allumer son transpondeur, donnant un prétexte à l’armée russe pour « aller voir ». Les avions russes sont alors passés 19 fois très près du drone, en lâchant même du carburant. « Manque de chance », à cause de ce carburant lâché ou d’une petite collision, le « reaper » est tombé à l’eau.

Il va de soi que l’armée russe s’est précipitée sur place avec ses navires pour tenter de le récupérer, mais c’est une opération très difficile à 1000 ou 1500 mètres de profondeur.

La superpuissance américaine a tout à fait relativisé l’incident. L’armée américaine s’est contentée de dire que les aviateurs russes, pour résumer, étaient nuls et avaient réalisé une manoeuvre dangereuse (ce qui donne « volé devant le MQ-9 d’une manière imprudente, peu respectueuse de l’environnement et non professionnelle »). Le pentagone a même sorti une petite vidéo censée montrer l’incident.

Du côté français, il est bien entendu repris l’antienne des pilotes russes jouant au fou. Tout cela ne serait pas sérieux, c’est exemplaire de la nullité russe, etc.

La vidéo de Pierre-Henri « Até » Chuet est ici à conserver dans les annales pour sa pseudo-rationalité française, sa prétention occidentale gigantesque et digne de Top gun, une de ses références d’ailleurs bien évidemment. On est ici dans le modèle de pensée français fat et replet, qui considère que « ce qui est excessif est insignifiant ».

De manière sérieuse, il est à l’inverse évident que la Russie a mené une action dans le sens de l’escalade, en la formulant de manière tout à fait « subtile » en ce sens que cela ne met pas immédiatement en soi le feu aux poudres. L’avertissement est cependant tout à fait clair.

Depuis le début du conflit militaire en Ukraine, les drones occidentaux parcourent le plus de territoires possibles pour fournir des informations à l’armée ukrainienne. Tout l’occident utilise son matériel pour épauler le régime ukrainien. L’occident est objectivement en guerre avec la Russie.

Et en faisant se crasher un « reaper » américain juste devant la Crimée, la Russie lance un avertissement comme quoi elle ne cédera pas, et surtout pas la Crimée.

Tout cela a sa rationalité, mais surtout cela rentre dans le cadre de la guerre pour le repartage du monde. On est très mal ! Il n’y a pas une journée qui ne passe sans que l’escalade soit plus ou moins prononcée. La Pologne vient d’ailleurs de décider de fournir quatre avions de type mig à l’armée ukrainienne.

Et les Français ne suivent rien à tout ça, ils ne se sentent pas du tout concernés. Ils s’imaginent que la question des retraites est l’alpha et l’oméga du cours de l’Histoire : quelle folie !

Catégories
Société

Retraites : fiasco des manifestations des 11 et 15 mars 2023

Le syndicalisme accompagne simplement le capitalisme.

Ce 15 mars 2023 avait lieu la huitième mobilisation syndicale contre le projet gouvernemental de réforme des retraites. La CGT revendique 1,7 million de manifestant, le ministère de l’Intérieur affirmant qu’il n’y en avait que 480 000.

C’est un second fiasco, après celui, autrement douloureux du 11 mars. Car le 11 mars était un samedi et il était espéré qu’il y aurait un appui de la part des gens « ne pouvant pas » faire grève. Un million de personnes se sont alors déplacées selon la CGT, 370 000 selon le ministère de l’Intérieur, un chiffre important mais nullement historique, et même le plus bas depuis le début des mobilisations.

Tout cela pose un problème majeur pour les syndicats : cela ne permet pas de rattraper la mobilisation du 7 mars, qui était censée mettre l’économie française à l’arrêt. Il ne s’est strictement rien passé et toute la crédibilité syndicale s’est envolée. Nous avions annoncé cet échec et nous en avons expliqué l’origine.

Les syndicats avaient bien essayé entretemps de faire bouger le président Emmanuel Macron au moyen d’une lettre, mais il n’y a pas eu la reconnaissance attendue. Pourtant, les syndicats avaient fait preuve de bien de dispositions en faveur du capitalisme, comme avec un appel unanime à soutenir le régime ukrainien et de fait l’Otan.

Mais rien n’y fait, le capitalisme a des impératifs. Les syndicats sont là pour accompagner, donc ils accompagnent, voilà tout. Quant aux travailleurs, ils agissent de manière corporatiste, pensant avant tout à leur retraite, et ne dépassent pas les revendications syndicales au rythme des manifestations et des merguez.

Ainsi, la majorité des Français est contre la réforme des retraites, il y a des millions de gens prenant des initiatives, allant de participer à une manifestation à celle d’essayer d’organiser, et il ne se passe rien.

Eh oui ! C’est comme ça dans le 24 heures sur 24 du capitalisme.

Qu’est-ce qui est pire ? Que la CGT mente et qu’il n’y a pas eu 3,5 millions de personnes le 7 mars 2023, ou bien qu’il y ait réellement eu 3,5 millions de personnes et que cela ne change rien ?

Le syndicalisme, c’est la défaite, et encore on ne peut pas dire ça, car le syndicalisme n’a pas de prétentions réelles, à part celles d’accompagner vers des plus grands acquis sociaux. Les syndicats sont là pour servir le cadre capitaliste, pour gérer le partage du gâteau selon les possibilités, cependant ils ne décident de rien en dernier ressort.

C’est une sacrée preuve que les mouvements des années 1960-1970 rejetant le syndicalisme – que ce soit les maos français et italiens, les autonomes allemands et la contestation italienne pratiquement en général – avaient tout à fait raison.

Ce qui compte, c’est la vision du monde et la culture, qui seules permettent des démarches qui ont du sens, une valeur historique, s’extraient du 24 heures sur 24 du capitalisme.

Tout le mouvement actuel contre le projet gouvernemental de réforme des retraites est donc condamné à la défaite. Nous l’avions dit dès le départ, cela a pu provoquer l’étonnement, car tout de même, il se passe quelque chose…

Sauf que non, il ne se passe paradoxalement rien du tout ! Et la preuve absolue est que toute la société française soutient dans les faits la machine de guerre occidentale mise en place pour la guerre américaine contre la Russie !