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Guerre

Le plan de partition de la Russie « décolonisée »

Le régime ukrainien en est le vecteur.

La photographie qu’on peut voir ici présente Kyrylo Boudanov, le directeur du renseignement militaire ukrainien, dans ses bureaux. C’est une figure majeure du régime ukrainien. Derrière lui, il y a une carte de la Russie. Il a fait exprès de l’avoir en accueillant des journalistes occidentaux, tout en refusant de répondre à des questions à ce sujet.

On peut voir que la Russie a connu une partition. C’est la « fameuse » décolonisation de la Russie prônée par désormais tous les pays occidentaux.

Seule la France considère qu’il serait grosso modo malencontreux d’aller si loin, mais elle n’a pas vraiment voix au chapitre et de toutes façons elle suit le mouvement général. De plus, idéologiquement, l’idéologie « inclusive », « décoloniale », « post-moderne », « woke »… est totalement installée en France et pousse dans le sens de la soumission aux perspectives de la superpuissance américaine.

La carte divise la Russie en plusieurs États. L’idée n’est pas nouvelle, au XXe siècle c’est le Royaume-Uni qui a été l’un des plus fervents partisans d’une telle partition.

Regardons la carte en détail, car elle représente l’objectif stratégique de la superpuissance américaine. Notons que cette version n’est pas forcément aisée à appréhender, car elle est du type mappemonde.

Regardons en extrême-Orient d’abord, car comme la superpuissance chinoise est liée à la Russie, il faut donner des gages à celle-ci.

C’est pourquoi il y a un État, ici dénommé « K », peut-être pour « Kray », territoire, mais en réalité bien plus vraisemblablement pour… Kitaï, la Chine. Cet État « K » n’a d’ailleurs pas de frontière marquée avec la Chine.

Il s’agit surtout de la Yakoutie actuelle, la lettre K étant d’ailleurs placée à son niveau.

On retrouve également le mot « Japon » tout à droite, au niveau des îles Kouriles.

Il faut savoir qu’il n’y a jamais eu de traité de paix entre l’URSS et le Japon à la fin de la seconde guerre mondiale. Le Japon, soutenu par la superpuissance américaine, revendique ces îles, alors qu’il a signé un accord impliquant le contraire. Son argument est toutefois qu’il n’a pas signé d’accord comme quoi les îles reviennent à la Russie !

A l’occasion du conflit militaire entre la Russie et l’Ukraine, le Japon s’est précipité pour désigner comme « illégal » la présence russe sur ces îles.

A l’ouest de cet État fantôme ou de ce territoire devenu chinois « K », on trouve l’État désigné comme « Tsar » (en ukrainien, en russe il manquerait une lettre d’accentuation). On parle ici d’un vaste territoire tenant surtout au district fédéral sibérien actuel, avec notamment Novossibirsk.

Quand on dit « surtout », c’est en fait un peu plus de la moitié. Et rien que ce district, faisant donc un peu plus de la moitié de l’État « Tsar », c’est pratiquement neuf fois la France (avec 20 millions d’habitants)…

Cet État avec un immense territoire serait évidemment la principale cible de la superpuissance américaine. Il permettrait de relancer le capitalisme occidental sans commune mesure.

Regardons maintenant la partie occidentale. Tout en haut à gauche, il y a les lettres RFA, indiquant que la région Kaliningrad est censée revenir à la République Fédérale d’Allemagne.

Tout en haut à droite, c’est le « F » de Finlande. Cette dernière obtiendrait un vaste territoire, la Karélie, la péninsule de Kola, et sa frontière serait directement avec Saint-Pétersbourg. Comme la Finlande rejoint l’Otan, celle-ci serait à quelques kilomètres de la ville…

Voyons maintenant où est l’Ukraine. La carte est accolée à une autre, afin de parvenir à saisir ce qu’il en est. Sur la partie gauche, on a « RFA » (pour Kaliningrad). Comme il n’y a pas de marquage de frontière ni avec Pologne, ni avec la Biélorussie, on en déduit que cette dernière a été intégrée par la première.

En-dessous on a « Ukraine ». Celle-ci… s’agrandit : elle prend à la Russie les régions de Rostov, de Krasnodar, de Belgorod et de Koursk.

Rien que cet aspect de la carte révèle la nature fondamentale du régime ukrainien. Il est nationaliste et expansionniste.

Le mot tout en bas, c’est Ichkeria, en français Itchkérie, terme employé pour désigner leur pays par les nationalistes islamistes tchétchènes.

Au centre, on a « RF », pour « Fédération de Russie », avec une taille forcément devenue restreinte à la suite des découpages.

Que dire ! Ce plan, plutôt ce fantasme ukrainien, directement au service de l’empire américain, a une substance totalement impérialiste.

L’Ukraine est utilisée comme vecteur pour la désagrégation de la Russie. Et ce qui est très clair ici, c’est que si la nation ukrainienne est bien opprimée, le régime ukrainien ne le représente nullement et est entièrement au service de la superpuissance américaine. Et tant que les Ukrainiens soutiennent ce régime, c’est la catastrophe assurée pour eux.

Quant à nous, en France, nous devons constater qu’il y a une guerre américaine contre la Russie, par l’intermédiaire du régime ukrainien porté à bout de bras par l’Otan et l’Union européenne.

Et nous sommes une composante de cette guerre, car notre régime fait partie de l’Union européenne, de l’Otan, de ce bloc servant la superpuissance américaine sur les plans économique, financier, politique, militaire, social, idéologique, culturel.

Pas de convergence avec notre capitalisme ! Sabotez la guerre américaine contre la Russie !

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Guerre

L’Otan s’arme massivement

Le rapport du SIPRI en fait foi.

L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm vient de publier son nouveau rapport, bien évidemment catastrophique.

Les importations d’armes à l’échelle mondiale ont augmenté de 47% de 2018 à 2022 ; pour les pays de l’Otan, le pourcentage est même de 65%. Sur tous les continents, les importations ont en fait chuté, sauf en Europe.

Et il y a deux exceptions majeures en Asie : la Corée du Sud et le Japon, qui ont acheté massivement des armes à la superpuissance américaine, avec respectivement une augmentation de 61% et de 171%.

Les Philippines, qui sont entre les superpuissances américaine et chinoise, ont augmenté de 64% leurs dépenses militaires.

Et on notera que les exportations d’armes américaines vers la Turquie se sont effondrées depuis 2007.

La part de la France dans ce commerce criminel est passé dans la même période de 7,1% à 11%. Un tiers des armes vendus par la France est parti en Inde, ce qui est notable : cela montre bien que ces ventes relève d’un redécoupage de l’influence des puissances, de la bataille pour le repartage du monde.

Le rapport du 12 pages du SIPRI est disponible en anglais ici.

En voici une synthèse de trois pages.

rapsipri2023

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Politique

L’intersyndicale pleurniche auprès d’Emmanuel Macron

Monsieur le Président, je vous fais une lettre, que vous lirez peut-être…

Le mouvement syndical du 7 mars 2023 censé bloquer l’économie n’ayant été rien d’autre que traditionnel, c’est-à-dire gesticulatoire, il ne restait plus qu’une carte pour l’intersyndicale, vite abattue. Cela consiste à rappeler aux institutions étatiques que les syndicats sont eux-mêmes une partie de ces institutions, un appendice du capitalisme.

Sauvez-nous, disent les syndicats, ou bien les masses vont agir de manière autonome par rapport aux institutions, et là le capitalisme peut être remise en cause.

Les gens sont contre la réforme, disent les syndicats, et si nous n’aboutissons à rien nous n’aurons plus ni légitimité ni crédibilité, « la situation pourrait devenir explosive ». Donnez-nous au moins des miettes, pour sauver la face !

Et pour que cette soumission syndicale soit sans ambiguïtés, elle passe par une lettre envoyée au président de la République, qui comme on le sait est censé être, dans le régime de la Ve République, « au-delà » des intérêts partisans.

Cela révèle parfaitement la nature des syndicats, un appendice du capitalisme pour corrompre et neutraliser, accompagner un mode de vie beauf.

Il y a par ailleurs des idiots utiles du capitalisme qui depuis des mois (ou des années), surtout à gauche de la gauche, présentent la CGT comme un rempart populaire : c’est mensonger, et cette lettre de soumission complète qu’elle signe avec tous les autres en témoigne parfaitement.

Les syndicats sont simplement un aspect du 24 heures sur 24 du capitalisme, ils sont une partie du problème, certainement pas de la solution. C’est tout l’occident qui doit tomber, avec son mode de vie, avec ses institutions. Les syndicats de la cogestion ou de la prétendue cogestion de la richesse occidentale sont en opposition aux intérêts des masses mondiales !

Intersyndicale-Lettre-au-PR-8-mars-2023

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Politique

L’opportunisme du NPA sur l’Ukraine

Les perpétuelles contorsions de l’opportunisme.

Il existe deux « Nouveau Parti Anticapitaliste ». Celui représentant le canal historique, avec Philippe Poutou et Olivier Besancenot, est totalement favorable au régime ukrainien, et a été par exemple partie prenante de la récente « mobilisation » parisienne, aux côtés de LFI, d’EELV et des nationalistes ukrainiens actifs en France. La raison en est que ce NPA se veut « compatible » avec le populisme de « gauche » à prétention gouvernementale.

Le NPA représentant le canal habituel se veut un retour aux sources, aussi sa position sur l’Ukraine pouvait-elle être attendue. Il l’a exposé dans un article du 9 mars 2023 intitulé « Les révolutionnaires et la guerre en Ukraine : quelle voie pour les travailleurs et les peuples ?« .

Ce qu’on lit un monument d’opportunisme. Il tente tout d’abord de se la jouer à la française en mettant dos à dos les pro-régime ukrainien et ceux qui veulent la « paix » à tout prix. C’est le principe franco-français du « juste milieu ».

Puis, comprenant qu’agauche.org fait très mal à tout cet opportunisme en disant que l’ennemi est dans notre propre pays – ce que nous sommes les seuls à dire -, l’article du NPA cherche à imiter cette position. Voici ce que cela donne :

« La question qui se pose pour les révolutionnaires internationalistes en France, une métropole impérialiste occidentale, est celle de pouvoir faire émerger un mouvement qui, dans la rue, s’opposerait à la spirale militaire et guerrière dans laquelle les impérialistes entraînent l’humanité.

Un mouvement qui ne se contenterait pas de dénoncer l’invasion de l’Ukraine par la Russie, d’affirmer sa solidarité avec les peuples d’Ukraine, et également de Russie, de Biélorussie, mais qui s’opposerait également, ici et maintenant, aux plans militaires de notre propre bourgeoisie, à la course aux armements à laquelle se livrent marchands d’armes et gouvernements occidentaux qui en profitent, dont celui de Macron. »

Est-ce à dire que le NPA considère que la France est en guerre contre la Russie ? Que le NPA fait de l’Otan et de la superpuissance américaine l’ennemi principal? Que le NPA va se positionner contre le soutien militaire occidental au régime ukrainien ?

Pas du tout ! Ce qui est reproché aux Etats occidentaux, c’est de livrer des armes… avec des arrière-pensées.

« C’est bien l’État russe qui est à l’œuvre directement militairement sur le sol ukrainien, et c’est pourquoi notre premier mot d’ordre, en tant que révolutionnaires internationalistes, doit être celui du retrait inconditionnel des troupes russes d’Ukraine.

Ce qui en découle, c’est la reconnaissance du droit à la population ukrainienne de se défendre, y compris avec les armes livrées par les impérialistes.

Tout autre chose est d’appeler à la livraison d’armes, et de ne rien dire sur la politique des impérialistes occidentaux.

Révolutionnaires des pays occidentaux, nous devons rappeler que « l’ennemi principal est dans notre pays », c’est pourquoi nous devons dénoncer la partition jouée par les impérialistes sur le dos du peuple ukrainien, le renforcement de la militarisation. 

Donc selon le NPA il faut soutenir les livraisons occidentales d’armes à l’Ukraine, mais être contre parce que cela renforce la militarisation, tout en soutenant le régime ukrainien sans le soutenir. L’article dit explicitement d’ailleurs qu’il n’y a rien de nazi dans le gouvernement ukrainien, c’est qui est tout de même un comble.

Et la raison de toute cette incohérence, c’est que de toutes façons il faut que tous les travailleurs du monde se donnent la main.

Voilà bien l’opportunisme, la manipulation ! On prétend être contre la guerre en général avec une grande rhétorique, pour ensuite justifier au nom de la réalité qu’il faut converger avec son propre capitalisme, tout en prétendant le critiquer.

Tout cela est faux, contre-productif. L’État ukrainien est un État fasciste servant de marionnette occidentale : combattre son propre capitalisme, c’est vouloir la défaite de son propre capitalisme, donc de l’État ukrainien bandériste.

Quant à la Russie, que l’article présente somme toute comme l’ennemi principal, ce n’est pas notre affaire. Nous sommes en occident, nous combattons de manière principale l’occident. Nous voulons la défaite de notre camp, pas la paix en général, pas le pacifisme en général.

Du point de vue occidental, quand on est réellement de gauche, on souhaite la défaite de toutes les entreprises de la superpuissance américaine, ainsi que de ses jouets que sont l’Otan et l’Union européenne !

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Politique

Les femmes doivent s’unir contre la guerre

Les acquis féministes disparaissent avec la guerre pour le repartage du monde.

Les femmes sont comme les hommes en France : elles pensent qu’elles vivent dans un îlot protégé du cours du reste du monde. L’occident serait une forteresse où les acquis progresseraient inéluctablement, comme le niveau de vie.

C’est une illusion. Toutes les puissances, grandes, moyennes et petites, vont à la bataille pour le repartage du monde. Cela passe par la guerre et la guerre, c’est la systématisation du patriarcat, parce que les armées des pays capitalistes sont ainsi faites.

Il suffit de voir le conflit en Ukraine pour voir comment, tant en Ukraine qu’en Russie, les valeurs patriarcales ont totalement triomphé, comment les femmes servent uniquement de support, de soutien, de faire-valoir.

L’impact sera dévastateur pour les années après la guerre – et après la guerre, on en est encore très loin ! Le conflit continue et il charrie chaque jour davantage de mise à l’écart des femmes. La guerre pour le repartage du monde est aussi une machine de guerre contre les femmes !

Une même tendance militariste sera forcément à l’œuvre en France, pays partie prenante de la guerre américaine contre la Russie. Le patriarcat en sortira indéniablement renforcé, à tous les niveaux.

Et il profitera de ce qui existe déjà partout. Car à côté du féminisme bourgeois « revendicatif » des réseaux sociaux, la situation des femmes dans le peuple est désastreuse. La chirurgie esthétique est devenue un véritable classique féminin, la psychologie féminine est façonnée par le souci de plaire aux hommes avec toute une consommation spécifique de différents produits (de beauté, habillement, etc.).

Jamais on aura atteint un tel degré d’aliénation, avec la femme réduite au niveau d’une femme-objet, d’une femme marchandise. C’est inévitable dans une société où tout devient marchandise, où les rapports humains sont façonnés dans leur plus grande mesure par les rapports capitalistes.

Il est juste de dire que c’est toute la psyché féminine qui doit se libérer, dans un processus historique millénaire. La guerre de repartage du monde qui se met en place se pose par conséquent comme le grand défi aux femmes du monde entier.

Si elles ne s’y confrontent pas, elles se feront historiquement encore mettre de côté. Il faut que les femmes deviennent protagonistes ! Il faut qu’elles assument leur différence, leur rapport différent aux animaux et à la Nature, qu’elles ne se laissent pas pourrir, ni par l’idéologie LGBT qui nie la différence hommes-femmes, ni par le conservatisme qui leur propose un rôle « rassurant » dans la soumission.

Les femmes portent les valeurs du monde à venir – mais elles ne peuvent les porter que si elles s’arrachent à leur approche de ne faire évoluer les choses, d’agir, d’avancer qu’indirectement ! Cette méthode de « l’indirect » est le fruit de milliers d’années de soumission des femmes forcées, par leur mise à l’écart, de tenter de changer les choses sans agir directement.

C’est avec cela qu’il faut rompre ! Les femmes doivent être en première ligne, contre la guerre, pour le Socialisme, pour les orientations de la société !

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Politique

La Gauche historique ne fantasme pas sur la « grève générale »

L’anarchisme, l’anarcho-syndicalisme : une plaie dans notre pays.

Ce 7 mars 2023, les syndicats visent à organiser en France une vaste grève. Cette grève n’est pas organisée selon les principes de la Gauche historique. Elle relève de l’économisme, du trade-unionisme, c’est-à-dire du réformisme, dans son alliance à l’anarcho-syndicalisme qui rêve qu’une « grève générale », soit le prélude du « grand soir ». On est là dans le mythe mobilisateur théorisé par Sorel et tous les « socialistes français » rejetant le marxisme.

Rosa Luxembourg rappelle, dans Grève de masse, parti et syndicat, écrit en 1905, que la Gauche historique ne conçoit le mouvement ouvrier qu’à travers le prisme de la conscience politique. Elle nous dit de la position historique de la social-démocratie, du marxisme :

« Elle est dirigée contre la théorie anarchiste de la grève générale qui oppose la grève générale, facteur de déclenchement de la révolution sociale, à la lutte politique quotidienne de la classe ouvrière.

Elle tient tout entière dans ce dilemme simple : ou bien le prolétariat dans son ensemble ne possède pas encore d’organisation ni de fonds considérables – et alors il ne peut réaliser la grève générale – ou bien il est déjà assez puissamment organisé – et alors il n’a pas besoin de la grève générale.

Cette argumentation est, à vrai dire, si simple et si inattaquable à première vue, que pendant un quart de siècle elle a rendu d’immenses services au mouvement ouvrier moderne, soit pour combattre au nom de la logique les chimères anarchistes, soit pour aider à porter l’idée de la lutte politique dans les couches les plus profondes de la classe ouvrière.

Les progrès immenses du mouvement ouvrier dans tous les pays modernes au cours des vingt-cinq dernières années vérifient de la manière la plus éclatante la tactique de la lutte politique préconisée par Marx et Engels, par opposition au bakouninisme : la social-démocratie allemande dans sa puissance actuelle, sa situation à l’avant-garde de tout mouvement ouvrier international est, pour une très grosse part, le produit direct de l’application conséquente et rigoureuse de cette tactique. »

Dans ce même ouvrage, Rosa Luxembourg constate qu’en Russie un nouveau phénomène est apparu, qui exige de recalibrer la notion de grève. Il y avait en effet, dans toute la période menant aux deux révolutions russes de 1917, de multiples grèves. Mais elles avaient un caractère contestataire visant le régime et c’est pourquoi Rosa Luxembourg parle de « grève politique de masse ».

Ce qui se passe en France n’a rien à voir avec un tel mouvement secouant le régime. On est dans le réformisme, purement et simplement.

La Gauche historique, celle qui s’appuie sur la social-démocratie et le marxisme, refuse d’accorder une valeur à un tel réformisme qui rejette le Socialisme comme objectif incontournable.

Elle n’accepte pas non plus une ligne populiste visant à « manipuler » les travailleurs pour qu’ils passent sans s’en apercevoir de revendications au camp du socialisme – comme si une telle chose était possible.

Cette conception d’amener les travailleurs comme malgré eux dans le camp du Socialisme est celle, trompeuse, mensongère, du réformisme à prétention « révolutionnaire », du trotskisme avec le « programme de transition ». C’est une négation de l’importance de la conscience, et ce d’autant plus dans un pays comme la France où règne le 24 heures sur 24 du capitalisme.

La Gauche historique affirme que tout dépend du niveau de conscience. Dans son fameux ouvrage Que faire?, en 1902, Lénine salue comment le dirigeant de la social-démocratie Karl Kautsky valorise la conscience, lui reconnaissant le rôle central. Et il pose que :

« Du moment qu’il ne saurait être question d’une idéologie indépendante, élaborée par les masses ouvrières elles-mêmes au cours de leur mouvement , le problème se pose uniquement ainsi : idéologie bourgeoise ou idéologie socialiste.

Il n’y a pas de milieu (car l’humanité n’a pas élaboré une « troisième » idéologie ; et puis d’ailleurs, dans une société déchirée par les antagonismes de classes, il ne saurait jamais exister d’idéologie en dehors ou au-dessus des classes).

C’est pourquoi tout rapetissement de l’idéologie socialiste, tout éloignement vis-à-vis de cette dernière implique un renforcement de l’idéologie bourgeoise.

On parle de spontanéité. Mais le développement spontané du mouvement ouvrier aboutit justement à le subordonner à l’idéologie bourgeoise, Il s’effectue justement selon le programme du Credo, car mouvement ouvrier spontané, c’est le trade-unionisme, la Nur-Gewerkschaftlerei ; or le trade-unionisme, c’est justement l’asservissement idéologique des ouvriers par la bourgeoisie.

C’est pourquoi notre tâche, celle de la social-démocratie est de combattre la spontanéité, de détourner le mouvement ouvrier de cette tendance spontanée qu’a le trade-unionisme à se réfugier sous l’aile de la bourgeoisie, et de l’attirer sous l’aile de la social-démocratie révolutionnaire. »

La question est politique, toute question est politique. Une grève sur une base économique peut exister, mais en dernier ressort elle dépend d’une orientation politique : les syndicats sont une courroie de transmission du Parti menant au Socialisme.

Sinon, tout se joue dans le cadre du capitalisme et, en dernier ressort, sert le capitalisme pour trouver des manières de se ré-impulser, de se relancer!

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Culture Culture & esthétique

Un film ne se décide pas au montage

L’abstraction n’est jamais l’aspect principal d’une oeuvre.

Il est bien connu qu’une des principales tendances erronées chez les artistes, c’est de chercher des recettes miracles. Le problème est que dans le cinéma capitaliste, cette tendance erronée est valorisée et même survalorisée.

Il y a tellement une surproduction de marchandises dans ce secteur capitaliste qu’on a droit à une machinerie reproduisant des recettes à n’en plus pouvoir.

Cela se voit tant avec les suites des films et avec la généralisation des séries. Une fois qu’une base est trouvée, et celle-ci a toujours sa dignité, on décline non stop, jusqu’à ce que le public cesse de consommer, écœuré.

Le capitalisme recommence alors avec autre chose. Et rien de cela ne serait possible sans des cinéastes qui vendent leur âme, acceptant de manière volontaire de produire et surtout de re-produire.

Il est flagrant ici comment le capitalisme produit, et reproduit, comment le capital ce n’est pas que la production, mais la reproduction de capital, la reproduction de marchandises.

Et la clef ici, c’est la question du montage : c’est toujours le capitalisme qui formate les choses, décide des marchandises, et il le fait au montage, dans la délimitation finale du produit.

Voici inversement comment il faut concevoir les choses. Andreï Tarkovski nous parle du montage, dans Le temps scellé (Cahiers du Cinéma 2004 ou bien Philippe Rey 2014). Il ne critique pas le montage dans le capitalisme, mais une approche convergeant avec le principe général du montage comme « décision finale », détermination finale d’un film.

« Aucun élément d’un film ne peut trouver de sens pris isolément: l’œuvre d’art est le film considéré dans son ensemble.

Ses composantes ne peuvent être séparées artificiellement que pour quelque discussion théorique.

Je ne peux être d’accord avec ceux qui prétendent que le montage est l’élément déterminant du film. Autrement dit, que le film serait créé sur une table de montage, comme l’affirmaient dans les années 1920 les partisans du « cinéma de montage », Koulechov et Eisenstein.

On dit souvent, à juste titre, que tout plan nécessite un montage, c’est-à-dire une sélection, un assemblage et un ajustement d’éléments.

Mais l’image cinématographique naît pendant le tournage et elle n’existe qu’à l’intérieur du plan. C’est pourquoi en tournant je suis si attentif à l’écoulement du temps dans le plan, pour essayer de le fixer et de le reproduire avec précision.

Le montage articule ainsi des plans déjà remplis par le temps, pour assembler le film en un organisme vivant et unifié, dont les artères contiennent ce temps aux rythmes divers qui lui donne la vie.

L’idée des partisans du « cinéma de montage » (le montage assemble deux concepts pour en engendrer un troisième, un nouveau) me semble totalement contraire à la nature même du cinéma.

Car un jeu de concepts ne peut être le but ultime de l’art, tout comme son essence ne se trouve pas dans un assemblage arbitraire.

L’image est liée au concret, au matériel, pour atteindre, par des voies mystérieuses, à l’au-delà de l’esprit. Et c’est peut-être à cela que pensait Pouchkine quand il disait :  »la poésie doit être un peu bête ». »

Tarkovski oppose, à une pseudo-dialectique en réalité vrai formalisme, une reconnaissance de la complexité du réel, complexité déterminant en dernier ressort ce que doit être le montage.

Les plans tournés ne sont pas des éléments bruts au service d’une mécanique raffinée que serait le montage. Bien au contraire, le montage n’est que le support des plans tournés.

C’est comme lorsqu’on écrit un roman ou qu’on peint un tableau. Il n’y a pas un plan de montage et des applications tentées dans la pratique pour aboutir au montage. Aucune production artistique ne se réalise ainsi, de manière mécanique, froide, suivant un plan linéaire établi bien à l’avance.

Il y a au contraire un rapport interne entre ce qu’on porte lors de la production artistique, en tant qu’être sensible, dans une activité artistique directe, et l’agencement final concluant l’œuvre pour qu’elle forme un tout cohérent et complet.

Dans ce rapport interne, ce n’est jamais la dimension formelle qui prime, mais la reconnaissance du réel dans sa dimension inépuisable.

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Politique

Ukraine : appel hypocrite à la paix de l’UEC et du MJCF

Courageux, ou pas ?

L’Union des Etudiants Communistes et le Mouvement Jeunes Communistes de France ont signé une tribune commune par l’intermédiaire de leurs dirigeants. En tant qu’organes de mouvement de jeunesse, les deux structures appellent à la paix en Ukraine.

C’est très hypocrite. Les raisons, flagrantes, sont les suivantes. Tout d’abord, tous les torts reviendraient à Vladimir Poutine. C’est là une personnalisation de l’Histoire tout à fait ridicule.

C’est cependant bien pratique pour ces deux mouvements qui ainsi « oublient » de nommer les réelles raison de la guerre : le capitalisme, la crise, la bataille pour le repartage du monde.

Ensuite, il n’est pas appelé à saboter l’effort de guerre français. Il n’est pas considéré que la France est en guerre contre la Russie, seulement qu’elle contribue à une escalade et qu’elle peut mieux faire.

Non seulement ce n’est là pas correct, car il faut combattre le militarisme de son pays avant tout, mais en plus c’est « oublier » au passage que la France est devenue une marionette de la superpuissance américaine.

Si l’on veut aller encore plus loin, on peut voir également que ni l’UEC ni le MJCF n’ont compris quoique ce soit à la question de l’effondrement de l’occident – ou plutôt qu’ils expriment le souhait que surtout tout reste comme avant.

Sous l’aspect de pacifisme, sous la forme positive du refus de l’engrenage, l’UEC et la MJCF ne font en réalité que proposer de « faire autre chose » tout en accompagnant les initiatives militaires de l’Etat français qui contribue matériellement, idéologiquement, économiquement à la guerre américaine contre la Russie.

Un an de guerre en Ukraine : la jeunesse aspire à la paix !

LÉON DEFFONTAINES
Secrétaire général du MJCF
LÉNA RAUD
Secrétaire nationale de l’UEC

Voilà un an que la Russie a envahi l’Ukraine. Il y a un an, Vladimir Poutine a bafoué l’intégrité territoriale d’un pays et, depuis, il fait peser le risque d’un conflit mondial aux conséquences dramatiques pour l’avenir de la planète.

Grâce à sa possession de l’arme nucléaire, qu’aucune grande puissance ne remet en cause, il a pu commettre les pires exactions tout en menaçant plus ou moins explicitement d’en faire usage.

Derrière cette guerre, c’est autant de jeunes dont l’avenir est brisé : assassinats, enfermements, chômage, déscolarisation, enrôlement forcé dans les conflits… C’est alors l’avenir entier d’une nation qui est hypothéqué.

Aujourd’hui, plus personne ne semble avoir la paix comme boussole. Les deux belligérants comme les puissances occidentales disent vouloir la paix, mais n’envisagent qu’une seule et même logique : la guerre, toujours la guerre.

L’aide militaire apportée ces derniers mois n’a pas montré son efficacité. En toute logique, avec cette stratégie, nous assistons au concours du pays qui enverra le plus d’armes possible en Ukraine. Cette surenchère guerrière ne fait qu’ajouter de la guerre à la guerre.

Qu’allons-nous faire lorsque nous constaterons que les armes lourdes ne suffiront plus ? Faudra-t-il envoyer directement des militaires sur le sol ukrainien et plonger le monde dans une guerre contre la Russie ?

Nous le disons clairement, les armes n’ont jamais fait cesser le feu. La paix doit redevenir notre horizon.

Notre génération aspire à la paix et à faire taire les armes. La jeunesse refuse la banalisation de la guerre. Nous ne voulons pas de la militarisation des relations diplomatiques et aspirons à un monde basé sur la coopération entre les peuples.

La France doit devenir un promoteur de la paix. Pour ce faire, l’envoi d’armes de plus en plus lourdes doit prendre fin et l’ONU doit être réaffirmée comme l’organisation centrale pour obtenir un cessez-le-feu et engager des pourparlers pour la paix avec l’Ukraine et la Russie.

Seule une issue pouvant assurer à l’Ukraine sa souveraineté et le contrôle de ses frontières pourra aboutir à une paix juste et durable.

Enfin, nous savons qu’aucun horizon de paix sera possible tant que la menace nucléaire persistera. Nous demandons à la France de cesser toute modernisation de son arsenal nucléaire, de ratifier le traité pour l’interdiction des armes nucléaires (Tian) et d’en faire la promotion.

Nous refusons la guerre et appelons les dirigeants français à agir concrètement pour la paix.

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Restructurations économiques

La grève du 7 mars 2023 sera un échec, car anti-historique

On n’avance pas à rebours de l’Histoire.

Le 7 mars 2023 est censé être le point culminant du mouvement contre la réforme gouvernementale des retraites. Depuis quinze jours, cette date est présentée comme celle de la mobilisation générale, de la grande bataille. Le 2 mars, les secrétaires généraux de cinq fédérations CGT (Ports et Docks, Cheminots, Industries chimiques, Verre et Céramique et Mines-Energie) se sont même réunis au siège de la centrale syndicale, à Montreuil, pour annoncer qu’il s’agit « de mettre à genoux l’économie française ».

« Ce qui va se passer à partir du 7 est hors du commun » a même osé Jean-Luc Mélenchon.

Est-ce possible ? Le 7 mars 2023 sera-t-il caractérisé par une déferlante de grèves et de mouvements de lutte ?

La réponse est non. Tout cela relève de la fiction syndicaliste-révolutionnaire, c’est une tromperie bien française. Les Français aiment se mentir à eux-mêmes !

Il faut une preuve ? En voici quatre !

La première preuve : l’état d’esprit

La grève ne doit pas avoir lieu que le 7 mars. Elle est censée se dérouler en continu par tranche de 24 heures. C’est-à-dire que le syndicalisme révolutionnaire se la joue à la « révolution permanente ».

On est là dans un maximalisme revendicatif. Or, si on regarde la société française, on ne voit rien chez les gens indiquant un niveau de tension corroborant un épisode majeur dans la société.

Pour un conflit, il faut des acteurs, et on ne voit pas du tout des travailleurs français prêts à l’affrontement jusqu’au boutiste.

La deuxième preuve : Dassault

La première preuve semblera trop idéologique pour certains. Alors regardons ce qui se passe avec un exemple concret. Il y a un important mouvement de grève en ce moment chez Dassault. Sont concernés toutes les usines de cette entreprise d’armement, avec également les sous-traitants de mobilisés.

C’est une lutte réelle, avec de l’agitation, des blocages dans les 3/4 des usines, un état d’esprit qui remue et est revendicatif. Niveau revendication, justement, il est exigé 6 % d’augmentation et 250 euros brut.

Anthony Dupuy, délégué syndical CGT Dassault Mérignac dit que c’est dans l’ordre des choses :

« Notre demande est tout à fait acceptable, car le carnet de commandes est plein pour les dix prochaines années. Nous demandons un meilleur partage des richesses ! »

On a donc des ouvriers qui sont… très contents de travailler pour le capitalisme, de produire des armes, de produire des armes qui se vendent, et qui veulent leur part du gâteau.

Jamais de tels travailleurs n’iront au conflit général avec le capitalisme. C’est mal parti donc pour un mouvement de conflictualité qui déborde le cadre institutionnel…

Il y aura du remue-ménage, mais il n’est dans l’intérêt de personne que les choses aillent trop loin. Le 7 mars 2023 vise à « sauver » le cadre institutionnel des retraites, voilà tout.

La troisième preuve : le niveau

Il ne faut pas se leurrer sur le niveau des travailleurs français et des Français en général. C’est l’effondrement culturel généralisé, la passivité dans la corruption capitaliste, un esprit régressif tendant au niais.

Et à gauche tout ce qui existe est simpliste, anti-culturel, anti-intellectuel. Soit dans une version beauf, soit dans une version LGBT moderniste, mais cela ne change rien à la substance de la chose.

Même chez les jeunes il n’y a rien à sauver. Les jeunes sont vifs, mais ils n’ont pas de culture et se laissent aller à suivre le cours des choses. Ils ne veulent surtout pas heurter ou entrer en conflit.

Comment peut-on être jeune et mettre l’amour au même niveau que la retraite à 60 ans ? Humainement, quel désastre.

La quatrième raison : la restructuration économique

Le capitalisme est ce qu’il est. En l’occurrence, le capitalisme français est imbriqué dans le capitalisme américain, et l’heure est à la guerre contre la Russie.

Tout cela demande un certain budget et il faut procéder, en fonction, à une restructuration économique. La question a bien sûr déjà été abordée ici.

Donc tout le délire d’une « bataille pour le repartage des richesses » sans rien contextualiser, à caricaturer le président Emmanuel Macron comme un vilain, à dénoncer les milliardaires qui ne partagent rien, c’est du cinéma.

Il n’y a pas de bataille pour le « repartage » des richesses sans affrontement avec la bourgeoisie. Mais comme personne ne la veut, personne ne mentionne cette classe et préfère parler des milliardaires et de l’affreux gouvernement, en espérant grapiller…

Grapiller quoi ? Des miettes. Ce que le capitalisme voudra bien donner pour assurer la paix sociale, le consensus afin d’aller à l’affrontement militaire contre la Russie.

Et sinon ? Sinon ce sera la violence contre les travailleurs, le fascisme pour porter la guerre aux visées impériales.

Alors, franchement, le 7 mars, il ne tient pas debout. C’est une vantardise anti-historique, une tromperie, qui s’associera aux multiples gueules de bois de plus de la société française et surtout des travailleurs.

Travailleurs qui vont alors s’empresser… d’encore plus pour voter pour l’extrême-Droite. L’absence de substance du 7 mars 2023 est le rêve éveillé de Marine Le Pen pour la prochaine présidentielle.

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Guerre

Plan de l’Union européenne pour les munitions de l’armée ukrainienne

L’Union européenne est cobélligérante.

Peu de gens le savent, mais l’Union européenne est dotée d’un budget pour la guerre. Personne ne le sait même, parce que l’idéologie de l’Union européenne, pour les gens, c’est le « marché commun ». Sauf qu’on en est plus là depuis longtemps, en admettant même que cela ait été simplement ça.

En pratique, l’Union européenne sert d’homogénéisation des Etats ouest-européens pour les utiliser comme vecteur au service de la puissance américaine. Le tout sans toucher au consensus passif de la société occidentale de consommation.

Pour cette raison, le mot « guerre » n’est évidemment pas employé et il est parlé de « Facilité européenne pour la paix [FEP] » dans le but de « prévenir les conflits, à consolider la paix et à renforcer la sécurité internationale ».

Ce sont ainsi près de 6 milliards d’euros qui sont budgétés pour la période 2021-2027, mais ouvertement avec « des implications militaires ou dans le domaine de la défense ».

Avec l’utilisation désormais de l’Ukraine comme chair à canon contre la Russie, ce FEP devient d’autant plus important. En l’occurrence, plus de la moitié du budget, soit 3,5 milliards d’euros, est déjà passé à la trappe pour financer l’armée ukrainienne, sous-traitante des États-Unis pour faire la guerre contre la Russie.

Et ce n’est pas terminé. Le budget va totalement exploser avant 2027 puisqu’il est déjà prévu, en mars 2023, de prélever encore un milliard d’euros de cette dotation pour servir en Ukraine.

C’est en tous cas ce que préconise Josep Borrell, le Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, proposition qui devra être discutée par les ministres concernés des 27 États membres. On ne doute toutefois pas de l’issue, l’Union européenne étant inlassablement en première ligne du soutien à la guerre américaine.

Le tout naturellement sans aucune consultation des « citoyens » des pays de l’Union européenne. Tout se passe par en haut et passe comme une lettre à la poste. L’Union européenne est à ce niveau une superstructure efficace des pays ouest-européens aux masses torpillées par la consommation, l’aliénation, l’exploitation ultra-raffinée.

Et l’un des principaux acteurs de cette organisation industrielle européenne de ce plan de soutien militaire est Français : c’est Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur. Il ne cache même pas que l’objectif à moyen terme, c’est la « victoire », par l’intégration de l’Ukraine dans l’Otan et dans l’Union européenne :

« Il faut se préparer à avoir une frontière de 4 000 kilomètres avec la Russie. »

Il faut se préparer, et donc faire en sorte que le régime ukrainien l’emporte à tout prix ! Il est donc question de renforcer le jeu de massacre en livrant, pour un milliard d’euros donc, pas moins de 250 000 obus de 155 mm. C’est le genre de munitions dévastatrices qui servent dans les fameux canons Caesar français.

C’est gigantesque, et cela signifie directement pour les États membres de devoir puiser dans leurs stocks stratégiques. Et d’ailleurs cela ne suffira pas ; c’est une industrie de guerre qui doit se mettre en branle pour assurer une telle cadence.

L’Union européenne n’est certainement pas dans une perspective de paix, et on ne peut même plus dire qu’elle prépare la guerre. Elle est activement et concrètement déjà en guerre, avec une économie de guerre qui se met en place, voire qui est déjà en place depuis quelques mois.

Sur le plan opérationnel, ces 250 000 obus signifient un renforcement de la puissance de frappe ukrainienne, qui appelle forcément directement un renforcement de la puissance de frappe russe. C’est un engrenage dévastateur, mais cela est pleinement assumé. En tous cas dans les coulisses, puisque tous ces gens ne s’en vantent pas, pas plus que les médias occidentaux qui ne relatent ce genre d’information qu’à la marge, de manière anecdotique, simplement pour informer les personnes devant savoir, et surtout pas les autres qui de toutes façons s’en moquent.

Pourtant, c’est là l’actualité, la brûlante et terrifiante actualité. Des milliards d’euros européens, ici pour un quart de million d’obus dévastateurs, comme cela peut-il ne pas faire la Une ? On dit souvent que le silence est complice. Il est ici directement coupable, comme sont coupables les gens qui se désintéressent volontairement de cette guerre et de ce que font les dirigeants, leurs propres dirigeants.

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Politique

Bien loin de l’occident

Loin des richesses de l’occident.

Si on parle parfois en occident des pays du tiers-monde en guerre, on oublie tout le temps que la vie quotidienne des masses mondiales est marquée par une grande violence. Un pays comme la Corée du Sud connaît un despotisme psychologique terrible, la lutte pour la vie quotidienne est affreuse au Nigéria, alors qu’en Amérique latine la violence des gangs provoque des dizaines, des centaines de milliers de morts.

Les gangs au Brésil font plus de morts que la guerre civile en Syrie, la violence est partout au Venezuela et à Haiti, le Mexique est partout aux mains des narcotrafiquants liés à la corruption des institutions…

Le tiers-monde mène une vie invivable, il ne peut pas rester serein, il veut bousculer l’ordre mondial. L’hégémonie de l’occident est immanquablement condamné et il faut choisir son camp !

La vidéo suivante est marquante à ce niveau, elle a été publiée par le président salvadorien, elle présente une nouvelle prison construite pour accueillir les gangs qui pullulent dans le pays, dans des cellules de 100m2 avec seulement deux toilettes et deux endroits pour se laver.

Violence, misère, militarisation… la majorité de l’humanité ne connaît pas les privilèges de l’occident.

C’est une vidéo littéralement terrible, qui peut hanter. Mais elle reflète la réalité, elle est la réalité, une autre réalité bien loin de l’occident !

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Guerre

Allemagne : 50 000 personnes contre la guerre en Ukraine

Avec Alice Schwarzer et Sahra Wagenknecht.

Nous avions déjà parlé en mai 2022 de la Lettre ouverte au chancelier Olaf Scholz, lancée par la revue féministe historique EMMA avec Alice Schwarzer. Depuis, un vrai travail de fond a été mené, avec notamment également et bien entendu Sahra Wagenknecht, la principale figure de la Gauche historique en Allemagne.

Sahra Wagenknecht et Alice Schwarzer

Leur manifeste pour la paix mis en ligne le 10 février 2023 a ainsi obtenu plus de 650 000 signatures. Il demande l’arrêt de l’escalade militaire de la part des pays occidentaux et la mise en place d’une véritable diplomatie pour la paix. Il met en avant un appel à manifester comme « soulèvement pour la paix ».

50 000 personnes se sont rendus à Berlin à la suite de cet appel, le 25 février 2023, manifestant sous la neige, exigeant la cessation de l’envoi d’armes au régime ukrainien.

Quel contraste avec la France où toutes les forces politiques, de La France Insoumise au Rassemblement national sont sur la ligne du gouvernement et de l’Otan, même si parfois avec certaines « réserves »!

Le drapeau du mouvement pacifiste (et non pas celui LGBT)

Là on voit la différence, avec une vraie position sur celle de la Gauche historique. Disons le, c’est exemplaire. Cela fait chaud au cœur !

C’est d’autant plus brillant qu’en Allemagne, contrairement à en France et à en Italie, l’extrême-Droite est opposée aux États-Unis. Les médias ont ainsi essayé de dénoncer le mouvement anti-guerre en l’assimilant à l’extrême-Droite, dans un matraquage ininterrompu dans tous les médias.

Mais l’entreprise a échoué ! L’intelligence politique et la légitimité d’Alice Schwarzer et de Sahra Wagenknecht ont permis l’émergence d’une vraie opposition, sur une ligne relevant de la Gauche historique.

« Bas les armes ! La guerre en Ukraine peut et doit être terminé au moyen de la diplomatie »
Bas les armes ! est une allusion au titre d’un ouvrage éponyme majeur dans les pays de langue allemande au début du 20e siècle, écrit par l’activiste Bertha von Suttner

Sahra Wagenknecht a avec justesse souligné d’ailleurs que ceux qui dénoncent l’extrême-Droite feraient bien de voir l’Ukraine et ses représentants, alignés sur le bandérisme !

Quel contraste avec la France où, le même jour, à Paris, le Parti socialiste, La France Insoumise, Ensemble et bien d’autres manifestaient avec les bandéristes !

En Allemagne, il y en a qui assument de se confronter avec leur propre militarisme !

1812 Napoléon 1914 L’empereur Guillaume 1941
Hitler 2023 Scholz / Baerbock?

Et il ne faut pas croire qu’en Allemagne, il n’y ait pas d’ailleurs en général le même matraquage qu’en France, bien au contraire ! L’Allemagne a même placé un… tank russe détruit il y a quelques mois devant l’ambassade de Russie à Berlin ! Les couleurs ukrainiennes ont été hissées sur les bâtiments officiels, etc.

C’est le même bourrage de crâne, la même guerre psychologique, la mobilisation pour l’Otan, pour la guerre américaine contre la Russie.

Les camarades allemands montrent l’exemple : c’est un mouvement démocratique et populaire qu’il faut générer contre la guerre !

Pas d’armes pour le régime ukrainien, et pression maximale sur les gouvernements pour forcer à aller dans le sens de la diplomatie !

Dans la compréhension, pour les éléments les plus conscients, qu’on est là dans la bataille pour le repartage du monde, et que c’est le Socialisme qui est à proposer comme horizon véritable pour empêcher ou stopper la nouvelle guerre mondiale qui se met en place !

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Politique

Le Rassemblement national s’aligne sur l’OTAN

C’est la soumission à la superpuissance américaine.

Le Rassemblement national de Marine Le Pen est en train de réaliser le même alignement sur l’OTAN que La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Historiquement, ces deux formations insistent particulièrement sur la notion d’indépendance, comprise au sens nationaliste. La France serait une grande puissance et elle devrait elle-même décider de ses orientations.

Le déclenchement du conflit militaire en Ukraine en février 2022 a tout changé. Il a immédiatement mis KO debout Marine Le Pen et Eric Zemmour. La première voyait clairement la Russie comme un allié essentiel à une France nationaliste (et inversement), Eric Zemmour aurait profité du conservatisme russe tout en étant pro-américain.

La France insoumise et Jean-Luc Mélenchon se sont de leur côté rapidement effacé, prônant encore une « solution » pacifique, mais votant à l’instar des députés européens en faveur du soutien militaire au régime ukrainien. Le refus de l’OTAN est passé à la trappe également.

Le Rassemblement national devait soit faire de même, soit assumer de représenter la fraction la plus agressive, la plus nationaliste de la haute bourgeoisie française. Cependant, cette dernière s’est faite marginalisée par le reste de la bourgeoisie, qui s’est alignée sur la superpuissance américaine.

Alors, c’est le changement de ligne. Il a été officialisé par Jordan Bardella, 27 ans, président du Rassemblement national depuis novembre 2022. Le vecteur de ce changement a été L’Opinion. C’est un quotidien de droite libérale confidentiel, mais jouant un rôle auprès des « décideurs ». L’interview de Jordan Bardella publié le 23 février 2023 par ce quotidien correspond ainsi à une reconnaissance, une intronisation par la bourgeoisie.

Jordan Bardella reconnaît ainsi avoir été là le 9 février 2023 lorsque, au parlement européen, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a reçu une standing ovation (voire notre article – Zelensky à Bruxelles devant une assemblée hystérique).

Ses propos expriment la soumission à la ligne générale de la bourgeoisie :

« Nous avons dès le début du conflit émis une condamnation très claire, franche, et sans aucune retenue de cette agression. Je crois qu’être patriote et souverainiste, c’est être, en réalité, attaché à la défense de l’intégralité territoriale de l’Ukraine. On ne peut pas être patriote et souverainiste et être insensible à la violation de la souveraineté d’un État européen. »

« Il n’y aura pas d’issue à ce conflit sans le retrait des troupes russes et sans le retour à une souveraineté pleine et entière de l’Ukraine dans les territoires aujourd’hui occupés par la Russie. »

« Le réel est revenu frapper à nos portes et il est clair que le Vladimir Poutine d’il y a cinq ans n’est pas celui qui, cinq ans plus tard, décide d’envahir l’Ukraine et de commettre des crimes de guerre à Odessa ou à Marioupol. »

« Je suis favorable à l’envoi de tout ce qui peut permettre à l’Ukraine de défendre sa souveraineté et de protéger ses frontières. »

« Le soutien moral, politique et matériel à l’Ukraine relève pour moi de l’évidence. La cause ukrainienne a ému l’ensemble des opinions européennes. Et c’est peut-être là aussi ce qu’a sous-estimé Vladimir Poutine. Nous avons une proximité culturelle avec l’Ukraine. »

« Oui il y a entre la France et la Russie une guerre d’intérêt et une guerre d’influence qui s’étend jusqu’à l’Afrique (…). La Russie est un concurrent et un adversaire dangereux. »

On ne trouve naturellement pas un mot sur l’OTAN. Et, dans la foulée, Marine Le Pen a publié le 24 février 2023 un texte sur le conflit militaire en Ukraine qui a désormais un an. Le quotidien Libération a voulu voir un rappel à l’ordre fait à Jordan Bardella. Mais bien au contraire, Marine Le Pen conforte cette ligne.

Elle fait juste de la politique, avec la même ligne que Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise d’ailleurs : le gouvernement a raison dans le fond, mais il fait les choses mal, on les ferait mieux en veillant mieux aux intérêts de la France, etc.

Il n’est pas de hasard qu’il y a, strictement parallèle à cela, la déclaration d’une même soumission à l’OTAN, à la guerre américaine contre la Russie, de la part de l’intersyndicale menant la lutte contre la réforme des retraites.

C’est l’Union sacrée et tout le monde doit se soumettre. Et à Gauche, peu bien résistent et maintiennent leur opposition !

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Politique

Un an de conflit en Ukraine : la Gauche surtout silencieuse et complice

Le bilan est très mauvais.

Elle est belle la « Gauche » française, ou plutôt cette variété française de « Démocrates » à l’américaine. Un an de conflit en Ukraine et même là, elle ne trouve rien à dire, ou alors… surtout pour soutenir l’OTAN. On en est là..

Et encore parle-t-on là de ceux qui font de la politique. Pour d’autres, c’est déjà trop. Les manifestations de la CGT et une vague agitation étudiante leur suffit. Ils ne sont même pas en mesure de comprendre que le premier anniversaire d’un tel conflit interpelle nécessairement les gens. Que c’est faire de la politique, la plus élémentaire même, que de donner sa vision du monde, de montrer qu’elle permet d’éclairer les faits, de dégager des tendances, de tracer des perspectives.

Faisons un petit bilan de ces « politiques » et « antipolitiques » au sujet du triste anniversaire de la première année de conflit militaire en Ukraine.

Les politiques

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, député du Nord, a régulièrement soutenu le régime ukrainien, tout en dénonçant le risque d’engrenage. C’est une position intenable, mais qui permettait de sauver la chèvre et le chou. D’un côté le PCF est aligné sur le régime pro-Ukraine au niveau de ses élus, de l’autre il prône la paix pour satisfaire sa base.

Le document « Ukraine : Agir pour la Paix, en priorité » est en ce sens. Fabien Roussel dénonce la Russie, appelle le gouvernement français à devenir l’organisateur de la paix et égratigne l’OTAN. Ce n’est pas cohérent, mais c’est bien amené, ça passe politiquement.

Le Nouveau Parti Anticapitaliste appelle à soutenir la « résistance ukrainienne », sans prendre en compte la nature du gouvernement ukrainien. Tout est de la faute de la Russie et il faut soutenir les opposants là-bas (Assez de la guerre de Poutine ! Troupes russes hors d’Ukraine ! Solidarité avec la résistance ukrainienne !). Cela revient à être un appendice de l’OTAN, mais ça tient debout, c’est cohérent politiquement (si l’on adopte la ligne du NPA).

Lutte Ouvrière a pris position dans son éditorial des bulletins d’entreprise. Son mot d’ordre est Aucun soutien à leur sale guerre ! et l’opposition à la guerre. Lutte Ouvrière est montée en gamme depuis quelques semaines dans sa dénonciation de la guerre, reflétant le fait que pour les travailleurs, la menace d’une 3e guerre mondiale interpelle. Citons le bulletin :

« Les travailleurs n’ont à se ranger ni dans un camp, ni dans un autre. La seule porte de sortie qui puisse garantir que le conflit prenne fin et ne recommence pas demain, c’est que les travailleurs refusent de servir de chair à canon et se retournent contre leurs propres dirigeants.

Sans les travailleurs, rien ne peut se produire. Rien ne peut s’échanger, rien ne peut fonctionner. Même pour faire la guerre, produire les armes et les acheminer, les gouvernements ont besoin de nous. Sans notre consentement, il n’y a pas de guerre possible.

Alors, préparons-nous à refuser l’union sacrée derrière Biden et Macron. Reprenons le mot d’ordre de Marx : prolétaires de tous les pays, unissons-nous contre la classe capitaliste qui nous exploite. Unissons-nous contre ses politiciens qui dressent les peuples les uns contre les autres et nous mènent à la guerre ! »

Le PCF(mlm) considère quant à lui qu’on est déjà dans le processus de 3e guerre mondiale. Celle-ci est le fruit pourri de la crise générale du capitalisme commencé en 2020 et les choses vont empirer en raison de la contradiction américano-chinoise. On est dans le repartage du monde et l’ennemi est avant tout dans son propre pays (Un an de conflit armé en Ukraine: faire face à la guerre de repartage du monde, à l’exemple de Rosa Luxembourg).

Citons le document :

« Quel est le point de vue à l’arrière-plan de toutes les initiatives concernant l’Ukraine ?

Ce pays devrait devenir une base industrielle pour le capital financier occidental, en profitant des ressources d’une Russie démantelée en de multiples petits États et payant des sommes colossales de « réparations ».

Une Ukraine vassalisée, une Russie colonisée, tel est le plan des impérialistes occidentaux, superpuissance impérialiste américaine en tête !

Tel est leur souhait, afin de relancer le capitalisme ! »

Révolution permanente a également pris position, ne ratant pas une telle occasion politique, bien que normalement il n’est jamais parlé du conflit militaire en Ukraine. Comme traditionnellement dans ce courant politique, l’article est prétexte à une analyse « géopolitique » où les tendances sont évaluées. Ce qui donne par exemple :

« Les scénarios sont multiples et nous ne pouvons pas tous les évoquer ici. Cependant, tout semble indiquer qu’une ouverture rapide de négociations et la fin des combats n’est pas la perspective la plus probable.

Les pronostics les plus optimistes estiment que ces négociations ne pourraient commencer que d’ici quelques mois, c’est-à-dire après une éventuelle offensive russe et une probable contre-offensive ukrainienne. Autrement dit, les populations locales vont encore endurer beaucoup de souffrances avant que la guerre s’arrête, même selon les plus optimistes. »

Cette position concerne de toutes façons seulement l’Ukraine et la Russie et il n’est pas considéré dans le document que tout cela ait une incidence politique en France (Ukraine. A un an du début d’une guerre réactionnaire).

On a enfin le Parti socialiste, dont la ligne est ouvertement favorable au régime ukrainien et à l’OTAN. Il faudrait d’ailleurs un soutien total, indéfectible comme le dit la déclaration.

Les anti-politiques

Il y a, à rebours des « politiques », les anti-politiques. Eux veulent de l’agitation et rien d’autre. Les positionnements ne les intéressent pas : ils sont une variété pseudo-politique du syndicalisme. Ils ne parlent strictement jamais du conflit militaire en Ukraine et ils ne voient même pas pourquoi il faudrait en parler.

La France insoumise s’est ainsi contentée d’un communiqué de presse de quelques lignes signé par ses parlementaires, pour demander le soutien au régime ukrainien mais également d’aller dans le sens d’une solution négociée. Pas un mot sur l’OTAN, naturellement. Jean-Luc Mélenchon ne dit quant à lui rien du tout sur son blog, lui pourtant si bavard au sujet de tout.

Les anarchistes conservent pareillement le silence. Rien chez l’Union Communiste Libertaire, rien chez la Fédération anarchiste, rien chez Contre-attaque (ex-Nantes révoltée), rien chez la CNT, rien chez la CNT-SO, rien chez la CNT-AIT, rien chez l’OCL.

C’est tout de même notable, car il existe en France une tradition anti-militariste. Il faut croire qu’elle s’est évaporée et que l’armée française peut soutenir le régime ukrainien autant qu’il l’entend.

Du côté « marxiste-léniniste » ou pseudo-maoïste version étudiant, on ne trouve rien non plus. Ils ne parlent jamais de la guerre, ils ne vont pas s’y mettre même à l’occasion d’une année de conflit d’une telle importance. C’est « politique » et ça ne les intéresse pas.

Le Parti Communiste des Ouvriers de France, le Parti Communiste Révolutionnaire de France, Unité Communiste, La Cause du peuple, Nouvelle époque, l’UPML, l’OCML-VP… tous ces gens, qui normalement sont censés dénoncer « l’impérialisme », continuent de ne rien dire.

Initiative Communiste, le site du PRCF, ne dit rien non plus à cette occasion, mais au moins parle-t-il de manière assez régulière du conflit en Ukraine, dénonçant l’OTAN et appelant à la paix.

Le panorama des « politiques » n’est guère brillant, mais celui des « anti-politiques » révèle encore plus le fond du problème, qui est que la Gauche française est surtout sans fondamentaux et sans envergure.

Comment être pris au sérieux sans économie politique développée ? Comment prétendre changer le monde, transformer les choses, sans valeurs développées, sans vision du monde ?

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Guerre

Ukraine un an après: pour la défaite de l’OTAN

Nous avons annoncé cette guerre, nous l’analysons correctement.

Le 24 février 2022, très tôt le matin, nous étions quelques uns à surveiller les informations afin de vérifier ce qui avait été compris la veille : la Russie allait intervenir militairement en Ukraine. Cela afin de ne pas rater un moment historique, et de publier dans la foulée une série d’articles.

Nous étions parfaitement prévenus. Nous avions compris que 2020 avait une césure avec la pandémie et, dès avril 2021, nous avons commencé à publier régulièrement des articles sur l’Ukraine, parce qu’il était évident qu’on allait à la guerre.

Nous l’avons expliqué et répété de manière ininterrompue depuis cette période, en analysant tout ce qui se passait, strictement pour « rien » : cela n’a intéressé personne. La triste blague, c’est que même lorsque le conflit militaire a commencé… nous n’avons pas eu de lecteurs en plus, ni aucune reconnaissance.

Car nous touchions là un immense tabou en France. Dans notre pays, chacun peut dire ce qu’il veut, pour plus ou moins de social, plus ou moins de conservatisme ou de libéralisme… mais personne ne doit toucher, ni même oser parler du capitalisme qui tourne tranquillement à l’arrière-plan, de la marche à la guerre qu’il exige. Il y a deux tabous : le régime et ses institutions (dont les syndicats font partie), son armée.

C’est pourquoi même les plus contestataires en France convergent entièrement avec l’OTAN. Tant l’ensemble des syndicats français, la CGT y compris bien sûr, que le Rassemblement national, soutiennent le régime français dans sa participation à l’OTAN et à la transformation de l’Ukraine en chair à canon.

La réforme des retraites ? Cela se passe dans le cadre du capitalisme : on peut être pour ou contre. L’armée française, la guerre pour le repartage du monde ? Cela sort du cadre, c’est tabou, et résultat il n’y a plus personne. Il faut soutenir, ou ne rien dire.

Cela n’a rien d’étonnant. Dès avril 2021, la situation était claire, on allait à la guerre ouverte, pourtant le silence régnait à ce sujet. Il était révélateur. Le 5 avril 2021, nous condamnions L’incroyable silence sur le conflit Russie-Ukraine, et nous disions :

« Comment peut-on alors garder le silence ? Comment la menace réelle de la guerre, avec des troupes armés jusqu’aux dents se faisant face, peut-elle être autant passée sous silence ?

Comment la participation de la France peut-elle passer comme une lettre à la poste ? C’est là qu’on voit qu’il y a en France un énorme problème : le soutien général à l’armée française, l’acceptation du militarisme. »

Ces mots, plus d’un an et demi après, sont toujours aussi forts. Rien n’a changé depuis le début du conflit militaire en Ukraine, à part en empirant. L’ensemble du spectre politique français soutient la marche à la guerre contre la Russie, tout en ne disant rien à ce sujet, ou en relayant la propagande du régime ukrainien et de l’OTAN.

Le youtubeur très connu HugoDécrypte fait tranquillement la promotion du régime ukrainien et d’un « sympathique » skater dont le sac comporte un patch d’un symbole nazi, le « soleil noir »

Et nous le disons d’autant plus avec clarté que, pendant six mois avant le conflit, nous avons appelé à soutenir la nation ukrainienne. Nous avons été les premiers à appelé à sa protection. La nation ukrainienne est une victime.

Pour autant, nous ne nous alignons pas sur le régime ukrainien, ultra-nationaliste et rempli de nazis, entièrement au service de l’OTAN, qui valorise l’Union européenne et est fanatiquement contre tout ce qui a un rapport au Socialisme.

Les intérêts des masses mondiales priment et il n’y a pas à servir la soupe pour les pays riches qui pillent le tiers-monde et cherchent à maintenir leur ordre mondial !

Nous sommes fiers de ne pas nous aligner comme « tout le monde » sur notre propre impérialisme. Nous savons que l’ennemi est dans notre propre pays. Comme le dit la chanson l’Internationale, « nos balles sont pour nos propres généraux ».

Nous sommes pour la défaite de l’OTAN, parce que quand on a les valeurs de la Gauche historique, telle est la règle. Nous sommes pour la victoire du tiers-monde sur le mode de vie occidental.

Pour la défaite de l’OTAN, pour la déroute de l’occident, tel est le juste mot d’ordre, telle est la ligne véritablement démocratique et populaire au niveau mondial, révolutionnaire en France.

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Guerre

Ukraine : rassemblements pour la paix les 24 et 25 février 2023

La liste des dates et des lieux.

Voici la liste des appels aux rassemblements impulsés par le Mouvement pour la paix, avec grosso modo la CGT et le PCF pas trop loin.

Il va de soi que l’esprit est plutôt sympathique, mais il est hors sol. Déjà parce que l’engrenage est déjà là et que la France est partie prenante de la guerre contre la Russie. Ensuite, parce qu’être de Gauche c’est vouloir la défaite de son propre impérialisme.

Il est bien trop tard pour s’inquiéter des conséquences du conflit armé en Ukraine. Tout est déjà là et les choses empireront immanquablement, parce que le capitalisme en crise implique la bataille pour le repartage du monde. Aucun retour en arrière n’est possible.

Et puis bon, à un moment, il faut tout de même avoir le courage de critiquer la superpuissance américaine ! Apparemment ce n’est même plus possible et ça, c’est une vraie convergence avec le capitalisme français entièrement aligné sur Washington.

Moulins (03) : Rassemblement vendredi 24 Février à 18h devant la préfecture

Cannes (06) : Rassemblement vendredi 24 Février à 18h30 devant la Gare SNCF

Nice (06) : Rassemblement samedi 25 Février à 14h Place Garibaldi

Marseille (13) : Rassemblement “Ensemble pour la paix”, RDV sur le Vieux Port au pied de la Canebière, samedi 25 février à 10h30 – prise de parole avant une marche jusqu’à la préfecture

La Rochelle (17) : Rassemblement le 25 février à 10h30 devant la préfecture avec la CGT, la Libre Pensée, l’AFPS et le Mouvement de la paix

Bourges, Vierzon (18) : Samedi 25 février 2023 à Vierzon de 10h à 12h, marché du samedi au centre-ville
Cercle de silence et de paix : Samedi 25 février 2023 de 15h à 16h, place Gordène à Bourges

Brive (19) : Rassemblement samedi 25 février à 10h30 dans les jardins de la Guierle, devant l’arbre de la paix

Ajaccio (20) : Rassemblement le 24 février Place Abbatucci à 18h

Dijon (21) : Rassemblement devant la préfecture vendredi 24 février à 18h, avec RDV avec le préfet. Et dimanche 26, à Marsannay la cote près de Dijon à 18h devant le monument aux morts en hommage à Lucien Dupont, résistant fusillé le 26 février 1942, et à la demande de sa fille, Christiane Dupont-Lauthelier, adhérente du Mouvement de la Paix, pour redire là aussi, notre refus de toute guerre

Guéret (23) : Rassemblement le 24 février à 18h devant la mairie de Guéret

Besançon (25) : Rassemblement le 25 février 2023 à 14h sur la place du 8 Septembre. http://mvtpaix25.free.fr

Pont Saint Esprit (30) : Rassemblement samedi 25 février dès 9h30 sur le marché hebdomadaire (près du bar de l’Univers) – Comité Pax Rhona

Toulouse (31) : Rassemblement  vendredi 24 février à 17h30, square du Capitole, devant la stèle Jean Jaurès à l’appel de la CGT, de Solidaires, du Mouvement de la Paix, du MRAP, de France Cuba, de la Libre Pensée, de “Stop Fuelling War”, du Parti de Gauche, du PCF et du Centre de la Communauté Démocratique Kurde de Toulouse

Libourne (33) : Rassemblement le 24 février à partir de 18h place centrale

Biganos (33) : Rassemblement du comité de Gironde le 24 Février à 18h Halle du Marché

Béziers (34) : Rassemblement samedi 25 février à 11h sur la place Jean Jaurès

Rennes (35) : Rassemblement et marche unitaire samedi 25 février à 17h RDV Bd du Mail François Mitterrand.
Et vendredi 24 février RDV Place de la République à 17h avec Bretagne solidarité Ukraine.
Distribution des appels Mouvement de la paix et BIP à l’Université Rennes 2 mercredi midi 22/01. Universite Rennes 1 jeudi midi 23/02. Marché des lices samedi 25 au matin 10h à 13h. 

Saint Malo (35) : Rassemblement sur le Parvis de la gare à 17h30 le vendredi 24 février

Tours (37) : Rassemblement le 24 février à partir de 16h devant l’Hôtel de Ville, Place Jean Jaurès

Grenoble (38) : Rassemblement rue Félix Poulat (face à l’Eglise St Louis) le samedi 25 février à 14h30

Saint-Etienne (42) : « Piquet de Paix » symbolique aux torches autour de la statue de Jean Jaurès vendredi 24 février de 18h à 19h – Comité-Loire du Mouvement de la paix

Nantes (44) : Rassemblement le samedi 25 février 2023 à 16h, rue de la paix sur la place devant Decré

Angers (49) : Rassemblement vendredi 24 fevrier à 18h devant la préfecture Place Michel Debré, pour dépôt d’une motion

Cherbourg (50) : Rassemblement vendredi 24 février 2023 Place du théâtre à 18h à l’appel de la CGT, FSU, CNT, Mouvement de la Paix, PCF, GENERATION.S, France Insoumise

Lorient (56) : Vendredi 24 février à 17h30, place Aristide Briand, Rassemblement suivi d’une Marche de la Paix à l’appel de : Mouvement de la Paix, Association France Palestine Solidarité, ATTAC, UD CGT 56, FSU 56, CFDT 56, PCF 56, PS Lorient

Nevers (58) : Rassemblement vendredi 24 février à 17h30 devant la Préfecture. A l’initiative du Comité de la Nièvre

Vaulx-en-velin (69) : Rassemblement vendredi 24 à 18h30 au jardin de la Paix et des Libertés, rue Condorcet

Paris (75) : Rassemblement samedi 25 février à 15h Place Edmond Michelet (juste à côté du Centre Pompidou et non loin du Forum des Halles)

Le Havre (76) : Rassemblement samedi 25 février à 14h30 devant le Volcan – Rue de Paris, à l’initiative du collectif Urgence Ukraine Le Havre auquel participe la section havraise du Mouvement de la Paix

Avignon (84) : Rassemblement devant la mairie le 24 février à 18h00 et débat “Osons la Paix” le 2 mars 2023 à 18h30 au Centre culturel des cheminots. Comité Vaucluse du Mouvement de la paix

Epinal (88) : Manifestation à l’appel du Mouvement de la Paix et des organisations membres du collectif “En marche pour la Paix”, vendredi 24 février, 18h devant la préfecture des Vosges

Nanterre (92) : Rassemblement vendredi 24 février à 16h en bas des escaliers de la Grande Arche de la Défense et à 17h, rassemblement devant la Préfecture des Hauts de Seine pour remise d’un courrier au Préfet

Saint-Denis (93) : Rassemblement vendredi 24 février à partir de 18h devant la mairie

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Guerre

Discours de Vladimir Poutine le 21 février 2023

Pour que rien ne change, tout doit changer.

Le discours du président russe Vladimir Poutine au matin du 21 février 2023 était particulièrement attendu en Russie. Il était annoncé 24 heures avant, par un décompte, sur la chaîne Rossia 24 ; y allait-il avoir une décision majeure, alors que « l’opération spéciale » est en passe d’atteindre sa première année ?

Vladimir Poutine a en fait tenu devant l’Assemblée fédérale de la Fédération de Russie des propos en accord avec l’esprit et le caractère social de cette institution. C’est une sorte de mélange du parlement et du sénat, en mode virtuel toutefois car il ne se réunit vraiment que pour l’allocution du président.

Son discours, d’un peu moins de deux heures, était divisé en deux parties. Dans la première, qui a duré à peu près pour un petit tiers, Vladimir Poutine a tenu un discours particulièrement volontaire et exigeant. Profitant des discours occidentaux désormais ultra-agressifs, il a mis en avant que depuis 2014, la Russie a été trompée afin d’être mieux poignardée :

« Les accords de Minsk étaient un vaste bluff de l’Occident. »

Il a souligné que le régime ukrainien était entièrement aux mains des pays occidentaux et que l’objectif assumé était de détruire la Russie.

« Les élites de l’Occident ne cachent pas leur objectif: infliger une défaite stratégique à la Russie, c’est-à-dire en finir avec nous une bonne fois pour toute. »

Partant de là, plus les pays occidentaux fournissent des armes au régime ukrainien, plus la Russie sera obligée de repousser la menace.

Vladimir Poutine n’a pas parlé d’une nouvelle mobilisation ou d’un changement de statut de « l’opération spéciale ». C’est une manière de souligner qu’il a encore cette carte en main.

Il a d’ailleurs évidemment dénoncé les pays occidentaux comme ayant des intérêts opposés à ceux de la majorité des gens dans le monde. Il a rappelé que les Etats-Unis ont des bases partout sur la planète, qu’ils n’ont cessé de mener des guerres, etc.

Forcément, il est donc nécessaire de prolonger l’opération spéciale afin de briser le régime ukrainien et sa base idéologique nazie :

« Pour assurer la sécurité de notre pays, pour éliminer les menaces venues d’un régime néonazi existant en Ukraine depuis le coup d’Etat de 2014, il a été décidé de mener une opération militaire spéciale. Et nous allons régler pas à pas, soigneusement et méthodiquement, les objectifs qui se posent devant nous. »

Il s’agit également de soutenir par une fondation tant les familles des soldats tués que les vétérans. Personne ne doit être mis de côté. Il a bien entendu, à la fin de cette partie, salué les régions désormais russes de Louhansk, Donetzk, Zaporijjia, Kherson, sous les longs applaudissements du public (consistant, rappelons-le, en les élus).

En soi, il n’y a rien de nouveau, mais cela brise totalement la position de ceux qui, en Europe occidentale, espéraient qu’on passe dans le processus où les deux combattants étaient épuisés, sans pouvoir vaincre l’autre, et passent aux négociations. On parle ici notamment d’une partie de la bourgeoisie française, très minoritaire politiquement mais existant tout de même socialement.

L’heure n’est pas à la négociation et le conflit durera encore de longs mois. Pour la Russie, seule la victoire compte, de manière existentielle.

La superpuissance américaine a immédiatement réagi, avant même la fin du discours. Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a expliqué (sans rire malgré le caractère ridicule du propos) :

« Personne n’attaque la Russie. Il y a une sorte d’absurdité dans l’idée que la Russie était sous une forme de menace militaire de la part de l’Ukraine ou de quiconque d’autre. »

La seconde partie n’avait rien à voir. Le ton de Vladimir Poutine était particulièrement posé, sérieux, sans affect, et que certains désigneraient comme ennuyeux. C’était le traditionnel discours gestionnaire d’un chef d’État d’un Etat traditionnel.

Vladimir Poutine a parlé de l’économie, qui était stable. Le PIB n’a reculé que de 2,5 %, l’inflation est à 4 %, le chômage à 3,7 %. Il y avait même un développement notable dans le bâtiment et l’agriculture. Il a dressé le portrait des aspects macro-économiques, des développements des infrastructures, abordant même succinctement la situation des autoroutes, des chemins de fer, etc.

La principale mesure présentée par Vladimir Poutine a consisté en le soutien aux investissements financiers dans le pays, qui devaient disposer de solides assurances afin de les permettre. La liberté d’entreprendre est fondamentale, il faut une croissance propre au pays, afin d’affronter idéalement les sanctions occidentales.

Cela veut simplement dire que Vladimir Poutine table sur la réimpulsion du capitalisme russe, particulièrement bureaucratique et oligarchique, en considérant que la situation davantage autarcique laisse un espace pour un développement du capitalisme local, à petite échelle mais se généralisant. Cette sorte de révolution capitaliste qu’il espère de ses vœux, peut d’autant plus réussir si elle ne se tourne pas vers l’occident.

Comme il fallait toutefois donner un caractère « populaire » au propos, Vladimir Poutine a dénoncé les nouveaux riches issus des années 1990, ceux qui ont investi à l’Ouest en oubliant la Russie. Cela ne sert à rien de chercher à récupérer ce qui a été confisqué, cela irait bien plus vite d’investir en Russie et de profiter du développement.

Il faut également développer l’éducation, afin de permettre aux étudiants d’avoir des carrières adaptées. C’est un aspect essentiel, car la Russie perd beaucoup de ses diplômés appâtés par les salaires occidentaux.

C’est un appel à une unité capital-travail, de manière volontariste. Tout cela correspond parfaitement à ce qui été dit ici déjà concernant cet aspect : l’opération spéciale, c’est un Brexit à la russe.

C’est la même démarche conservatrice révolutionnaire : pour que rien ne change, tout doit changer.

La Russie a considéré qu’un orage allait arriver, elle se met à l’écart. Et le discours de Vladimir Poutine, c’est le rappel de cette considération – autrement dit, de bien souligner qu’il n’y a pas de dimension « nationale-révolutionnaire », que la Russie n’est pas un facteur de chaos, qu’elle s’aligne juste sur une nouvel ordre mondial en train de s’installer.

En ce sens, le caractère tout à fait calme des propos de la seconde partie, majoritaire dans le discours tranchait, naturellement, avec les premiers propos, bien plus dramatiques.

Ce que cela implique, concrètement :

– il n’y aura pas de sortie de crise à court terme, le conflit armé continue ;

– il n’y aura pas à court terme de modification des institutions russes, de mobilisation générale, d’industrie de guerre systématique ;

– ne voulant pas apparaître facteur d’instabilité, il n’y aura pas à court de terme de fuite en avant de la part de la Russie, et donc pas de soutien massif aux « contestataires » occidentaux (cela va décevoir toute une petite scène d’extrême-Droite) ;

– la Russie considère que le temps joue en sa faveur et assume le « temps long ».

Ce qu’on en déduit forcément, c’est que pour la Russie assume cette ligne « stable » dans une situation aussi instable, c’est qu’elle s’attend à un orage à relativement court terme. On le comprend : la superpuissance chinoise va entrer en scène.

C’est l’engrenage inévitable de la bataille pour le repartage du monde.

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Guerre

La France a livré secrètement des Akeron à l’Ukraine

La France fait la guerre à la Russie.

Jean-Louis Thiériot est le vice-président de la commission de Défense Nationale. Il a accordé une interview à une Newsletter (payante) consacrée à la Défense, Opexnews. Il y explique que la France a livré à l’armée ukrainienne des systèmes de missiles anti-chars AKERON MP (Moyenne Portée).

C’est la première fois qu’une telle information est rendue publique. Ce sont naturellement des médias étrangers qui s’en sont fait l’écho, les médias français, inféodés à la superpuissance américaine, ne diffusant que ce qui sert directement le storytelling anti-Russie.

Les systèmes AKERON MP fonctionnent grosso modo comme les systèmes anti-chars portatifs. On dispose d’une sorte de tube muni d’un groupe informatique avec caméra, de 15 kilos au total, on verrouille la cible sur une distance allant jusqu’à 4 kilomètres, et on tire.

Un missile de 2 kilos rejoint alors la cible, en étant capable de percer 2 mètres de béton armé ou plus d’un mètre de blindage homogène laminé.

GuillaumeFrantz, wikipedia

Ce matériel n’a que quelques années ; l’armée française en dispose d’une quantité assez réduite : 414 postes de tir et 1200 missiles. Naturellement, il n’existe aucun chiffre concernant ce qui a été offert à l’armée ukrainienne. Mais le chiffre est certainement conséquent, car ce « produit » de MBDA est « valorisé » pour l’exportation en étant employé, et cet emploi est également directement analysé « en pratique » par l’armée française.

Et de toutes façons l’Ukraine sert de chair à canon dans la guerre à la Russie. C’est l’aspect principal. La livraison d’un tel matériel le montre d’ailleurs parfaitement, et le caractère secret de ce « don » montre qui dirige vraiment en France.

La révélation de ce don ne doit évidemment rien au hasard non plus. En fournissant l’information à des gens spécialisés dans la Défense, on s’adresse avant tout à eux. Et, dans un jeu typiquement français où on procède par la bande, comme au billard français, on travaille l’opinion publique, lentement mais sûrement.

Il s’agit également d’en arriver au point de non-retour. Jusqu’au moment où on sera tellement engagé avec l’Ukraine… qu’il faudra bien y aller.

Ce piège belliciste n’a rien de subtil, mais il fonctionne très bien dans une société de consommation où les gens n’ont aucun horizon à part leur propre ego.

C’est à la Gauche, sur ses valeurs historiques, de s’y confronter. Sabotons la guerre américaine contre la Russie !

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Guerre

Ukraine : la guerre des drones

Les drones forment un élément déterminant.

Ce drone aux contours inquiétants transporte deux roquettes anti-chars PG-7VL, de 2,6 kilos chacun qui percent 1,2 mètres de béton armé, 0,5 mètre de blindage homogène. Ces roquettes sont surtout connues pour être utilisés avec le RPG-7, un lance-grenade produit en URSS au début des années 1960.

Il est évident que l’emploi d’un tel drone transforme le champ de bataille. La guerre de la première moitié du 21e siècle ne se conçoit tout simplement plus sans drone. Voici une tentative de présentation de cette nouvelle réalité, avec un numéro hors-série de la revue PDF Crise qui lui est consacrée.

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Réflexions

Le tiers-monde regarde s’effondrer l’occident

Les masses mondiales sont conscientes de ce qui se passe.

Le souci avec les Français, c’est qu’ils regardent les choses en français. Ils n’ont pas de lecture mondiale, de lecture historique. Ils ne voient pas les choses avec envergure. Leur horizon est mesquin : travail, famille, patrie. On travaille, on fonde une famille, puis on prend sa retraite en profitant d’un pays où il fait « bon vivre ».

Pendant tout ça, si on est de « gauche », on valorise le travail, si on est de « droite », on met en avant la famille. Si on est très à « gauche », on fait des reproches à la patrie, si on est très à « droite », on exprime des rancoeurs à la patrie. Voilà tout.

Les Français n’ont donc rien compris au fait que le monde entier a changé en 2020, et qu’il n’en finit pas de changer. Ils n’ont pas saisi qu’avec la pandémie, il n’est rien qui n’ait été modifié, et qui ne continue d’être modifié.

Ils sont aveuglés par la corruption capitaliste. Ils ne voient même pas la guerre occidentale à la Russie ! Ce qu’ils veulent, au fond, c’est que rien ne change vraiment, seulement que les choses penchent davantage en leur sens. La réforme des retraites de 2023 est exemplaire de cela. C’est une lutte pour le partage du gâteau capitaliste.

Or, la majorité des masses mondiales trouve la situation intolérable. Elle constate la crise, avec un regard éclairé, car ce qui vacille c’est un ordre mondial à leurs dépens. Elles vivent d’un côté dans leur chair même cette crise, elles sont encore plus appauvries, tourmentées. Mais de l’autre côté, elles savent, de par l’accumulation de richesses de ces 30 dernières années, qu’une vie digne est à portée de main. Elles savent que tout ne dépend pas de l’occident. Que tout est même possible sans, contre l’occident.

Le tiers-monde regarde s’effondrer l’occident. C’est pour cela que la défaite du régime ukrainien est historiquement un grand marqueur. S’il réussit à se maintenir, c’est la preuve que l’occident a les moyens matériels d’empêcher d’être débordé. Mais s’il tombe, s’il effondre, alors cela veut dire que l’occident n’est plus une forteresse imprenable. Cela veut dire qu’on passe à autre chose.

Naturellement, c’est la superpuissance chinoise qui compte récupérer les fruits de l’effondrement de l’occident. Elle n’a cependant pas les moyens d’un contrôle mondial en cas de victoire. La victoire de la Chine comme superpuissance ne saurait être prolongée. C’est tout le capitalisme mondial, avec son chaos, ses divisions, son exploitation… qui ne peut que s’effondrer comme un château de cartes.

Ce que nous vivons, c’est la fin du mode de vie occidental – et il faut être au premier rang de cette déroute. Cela, afin d’être dans l’élan historique de la transformation mondiale en cours – et afin de prôner la sortie historique nécessaire : le Socialisme.

L’avenir appartient aux masses mondiales. C’est là le vrai camp de l’Histoire – et ce camp exige la défaite de l’Otan, la déroute de l’occident!