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Dépêche

La fin du jour ne peut juger l’aube

Les enfantements sont douloureux, car tout processus menant au nouveau est tortueux, inégal, connaissant des détours, des reculs, des avancées qui n’en sont pas, etc. Les choses ne vont jamais en ligne droite. Ainsi, si une nouvelle époque doit apparaître, cela ne peut que passer par des troubles, des remises en cause, des perturbations profondes, des chocs.

Il serait bien vain de penser que la pandémie est terminée, que le capitalisme a surmonté la crise, car la pandémie est encore là, car la tendance à la guerre est devenue prédominante, car le capitalisme s’est payé lui-même à crédit de manière gargantuesque. En même temps, tout a bien repris son cours. Le monde d’avant est revenu. Il y a là une contradiction explosive, de dimension historique.

Il est inévitable qu’historiquement le drapeau rouge du Socialisme resurgisse donc. On ne voit encore rien venir. Ce n’est pas rassurant ! En même temps, c’est une preuve que rien n’avance mécaniquement, que tout procède par bond. Il ne s’agira heureusement pas de convaincre les gens un par un, dans un processus n’en finissant plus. Non, on va rentrer dans l’ère des masses !

Et les masses veulent le drapeau rouge, les valeurs, les principes, la conscience, la culture. C’est cela qui les détermine dans leurs orientations, dans leurs actions et leurs non-actions. C’est cela qui fait que la Gauche historique a été de masse et a orienté à un moment l’Histoire… Et qu’elle va de nouveau jouer ce rôle alors que le capitalisme rebascule dans la crise. La fin du jour ne peut juger l’aube !

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Politique

Législatives 2022 : ce que dit la nature sociale des candidats de Lutte Ouvrière

Un aperçu instructif.

Il fut un temps où Lutte Ouvrière, comme l’ensemble des organisations révolutionnaires des années 1960-1970, accordait une grande place à la clandestinité. Il fallait montrer le moins possible ce qu’on fait, et qui fait quoi, parce que c’est seulement le public visé – le peuple, les prolétaires – qui était concerné. Il ne s’agissait pas de faire du « buzz » mais de viser des consciences et d’organiser. Tout cela est bien loin et aujourd’hui un graffiti politique est pris en photo et mis sur les réseaux sociaux comme « preuve » d’une activité super-ultra révolutionnaire.

Le principe de ne surtout pas travailler à ciel ouvert, qu’appliquait Lutte Ouvrière, est ainsi passé aux oubliettes en général, à part pour une toute petite poignée de structures (comme les maoïstes du PCF(MLM) par exemple) refusant de céder à l’air du temps. Lutte Ouvrière fournit ainsi non seulement la liste des candidats, mais également leur photographie, avec leur emploi.

C’est là une personnalisation étonnante de la part de Lutte Ouvrière pour qui ce qui compte c’est le message général avant tout. Mais regardons ce que cela donne, en piochant au hasard des circonscriptions des législatives 2022. C’est en effet riche d’enseignements.

On a alors comme emplois : Postière, Employée, Enseignante, Enseignant, Ouvrière, Professeur de lycée professionnel, Employée de bureau, Infirmier, Ouvrier en plasturgie, Formatrice retraitée, Employée de la vente à distance retraitée, Femme de ménage, Aide-soignant, Enseignant, Professeur de lycée professionnel, Enseignant, Professeur de lycée professionnel, Ouvrier de l’automobile, Enseignant, Enseignant, Enseignant en lycée du bâtiment, Postier retraité, Ouvrier à la retraite, Employée de bibliothèque, Postier retraité, Enseignante en lycée professionnel, Enseignante, Enseignante, Aide-soignant retraité, Cheminote, Ingénieure, Postier, Statisticienne, Postière, Enseignant, Enseignant, Technicien de l’industrie Automobile, Instituteur retraité, Enseignante retraitée, Enseignante retraitée, Assistante sociale retraitée, Ouvrier retraité, Retraitée SNCF, Instituteur retraité, Enseignante, Postier retraité, Employée retraitée, Instituteur retraité, Institutrice retraitée, Infirmière retraitée, Éducatrice, Enseignant en lycée professionnel, Infirmière, Électricien, Bibliothécaire, Secrétaire administrative, Agente hospitalière, Professeur des écoles, Technicien dans l’industrie pharmaceutique, Enseignante en collège, Cheminot, Étudiant, Cheminote, Ouvrier métallurgiste, Ouvrier dans la chimie, Ouvrier de l’aéronautique retraité, Technicien de l’industrie pharmaceutique retraité, Employée à Pôle Emploi, Technicien, Enseignante, Infirmier retraité, Ouvrière, Enseignante en collège, Enseignant en lycée professionnel.

Le constat qu’on peut faire ici est très simple et concerne en générale toute la Gauche qui n’a pas basculé dans le sociétal : les gens sont souvent âgés, les gens sont souvent liés à l’Éducation nationale, les gens ont souvent un parcours syndical marqué. Autrement dit, c’est une Gauche qui disparaît parce que les gens qui la portent disparaissent en raison de leur âge avancé ou bien sont totalement décalés de la société de par leur présence dans une bulle « éducative » ou syndicale.

Et plus on va vers le réformisme dans les structures de la Gauche non « sociétale », plus cela change mais uniquement avec une élévation du niveau d’éducation et du niveau d’intégration dans la bourgeoisie.

Pour résumer, soit vous avez des enseignants révolutionnaires mais déconnectés, soit des réformistes embourgeoisés parvenant à suivre une partie du réel. Mais le peuple n’est clairement pas là. Il n’est d’ailleurs absolument nulle part, vivant à la marge de l’Histoire, chacun en son sein se cantonnant dans un repli individuel en cherchant à se mettre à l’abri de la pression générale.

L’aspect essentiel est donc de parvenir à une recomposition du prolétariat, sans quoi rien de concret ne peut se produire. Il faut cela pour que l’Histoire se remette en marche, dans une France aseptisée depuis les trente glorieuses (1945-1975) instaurant une société de consommation généralisant la petite-bourgeoisie.

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Politique

Législatives 2022 : positions de la Fédération de la Gauche Républicaine à l’étranger

On voit ce qui va et ce qui ne va pas.

Les élections législatives 2022 sont dans deux semaines et pourtant les professions de foi ne sont bien souvent pas en ligne. On a cependant une exception avec celles des candidats pour les Français habitant à l’étranger, ceux-ci ayant le droit de voter en ligne à l’avance. C’est une excellente occasion de regarder ce que disent les candidats de la Fédération de la Gauche Républicaine, qui sont d’ailleurs toutes des femmes.

En effet, comme ces candidates s’adressent aux Français vivant à l’étranger, c’est toute une vision du monde qui se révèle. Comme il n’y a pas directement le cadre de l’actualité française, il faut trouver d’autres leviers. Cela peut être le fait de s’adresser aux « expats » que sont les cadres faisant carrière ailleurs, de parler de la place de la France dans le monde, de vouloir renforcer les services publics, etc.

Et on peut voir effectivement dans ces professions de foi que si la seconde page est la même pour tout le monde, en raison de l’unité de la Fédération (avec les radicaux de gauche, la Gauche Républicaine et Socialiste, le MRC, l’Engagement d’Arnaud Montebourg, le mouvement « Les Socialistes » créé par des « frondeurs » en 2016, la Nouvelle Gauche Socialiste, Ecologie Populaire), concrètement les positionnements des uns et des autres révèlent des approches bien différentes.

Certains font peur de par leur nationalisme pro-entreprises, d’autres proposent un cadre social affirmé. Il n’y a en tout cas pas d’unité organique apparent, pas de réel socle commun et cela va du jauressisme le plus à droite au jauressisme de gauche le plus ferme.

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Politique

Législatives 2022 : la Fédération de la Gauche Républicaine comme seul vote utile

C’est le seul choix rationnel si on veut en faire un.

La Fédération de la Gauche Républicaine est le phénomène majeur à gauche ces dernières semaines, si l’on met de côté l’alliance électorale NUPES de Jean-Luc Mélenchon. La Fédération ne se pose pourtant pas de manière antagonique ou concurrentielle à la NUPES, mais c’est tout à fait flagrant si l’on voit les choses de manière historique. Alors qu’en effet Jean-Luc Mélenchon a adopté le populisme et n’hésite pas à s’agripper à tout et n’importe quoi afin de grappiller des points, la Fédération a une démarche extrêmement posée, rationnelle, tout à fait dans la tradition socialiste historiquement.

Comme la Fédération présente de nombreux candidats aux élections législatives 2022, il est évident que cela représente par conséquent un pôle tout à fait intéressant, vers lequel on peut se tourner avec sincérité et intelligence. Cela ne veut pas dire naturellement qu’il faille faire un tel choix. Les limites de la Fédération sont patentes : elle ne parle ni de l’OTAN et de la menace de guerre généralisée, ni des animaux, ni de la société de consommation comme aliénant et exploitant au maximum les travailleurs.

Cependant, il est évident qu’en même temps seule la Fédération propose un ancrage rationnel de la Gauche dans la société française. Voici comment la Fédération présente elle-même sa perspective :

Dans plus d’une centaine de circonscriptions, nous partons sous nos couleurs pour défendre les thèmes qui nous sont chers et qui, de notre point de vue, sont aujourd’hui insuffisamment défendus dans le débat public : la priorité absolue à l’Éducation nationale, la défense des services publics, l’égalité entre les territoires, la réindustrialisation du pays, la promotion du « Made in France », la défense vigilante de la laïcité, la sortie du pétrole avant 2040, la souveraineté alimentaire, l’indépendance de la France.

Nous voulons ainsi proposer aux électrices et aux électeurs de renforcer le camp républicain, laïque, attaché aux services publics et à l’État, au réformisme de transformation sociale.

On est ici dans le prolongement de l’approche de Jean Jaurès. S’agit-il d’un jauressisme de droite ou d’un jauressisme de gauche, cela dépend comment on le prend. Si on en reste à l’insistance sur le côté « fait en France », alors on peut se dire que c’est du capitalisme protectionniste et rien d’autre. Si on considère par contre que c’est une affirmation de la cohérence de la société française, contre la décomposition générale, alors cela converge avec le principe du Socialisme.

Il vaut donc tout à fait le coup de porter son regard sur les différents candidats, pour voir de quel côté ils tendent, et ainsi le cas échéant voter pour eux. Voire même, on peut tout à fait être enclin à considérer que la Fédération, aux législatives 2022, est une partie de la solution et non du problème. Il y a quelque chose ! Si c’est au niveau des défis de l’Histoire est une autre question.

Il est en tout cas évident que l’apolitisme anti-électoraliste est totalement faux, tout comme l’est l’engouement pour la NUPES. Ce qui compte, c’est la rationalité, l’organisation, le niveau de conscience. C’est le b-a-BA du Socialisme.

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Réflexions

La société française vers le crash

La domination de l’individualisme va se payer cher.

N’importe qui peut voir qu’autour de soi, les gens ne conçoivent aucune autre perspective qu’individuelle. Ils ne se disent à aucun moment qu’il y a une société, un pays, une classe ; tout ce qu’ils peuvent considérer, c’est leur propre existence individuelle, formant le seul horizon, avec tout le reste formant un arrière-plan à la fois flou et secondaire. Même l’idée d’une guerre en Europe ne les dérange que dans la mesure où cela aurait un impact à leur propre petite échelle.

Il n’y a aucune vue d’ensemble, aucune mise en perspective, aucune réflexion. La situation est celle d’un désastre complet. On paie ici le prix de trente années de croissance capitaliste très forte de 1990 à 2020. Tout a été lessivé et tout continue d’être lessivé, puisque le capitalisme prolonge sa lancée en ouvrant encore des marchés nouveaux, comme les livraisons à domicile, les séries à la demande ou encore les postures identitaires LGBTQ+.

La société française est ainsi en droite ligne vers le crash. La crise du COVID-19, qui n’est pas terminée, n’a amené strictement rien de tangible sur le plan d’une critique de la situation de la Nature terriblement malmenée par le capitalisme. Les efforts financiers hallucinés des capitalistes pour maintenir la stabilité à coûts de crédits géants n’ont provoqué aucune interrogation. La guerre en Ukraine a provoqué des inquiétudes, mais de manière vague mais sans aucun effet.

Or, c’est naturellement impossible. Tous ces phénomènes historiques de grande ampleur, de très grande ampleur même, à quoi il faut ajouter le réchauffement climatique, ont nécessairement un impact à la fois profond et dans la durée. La société française ne peut pas ne pas être touchée, modifiée, transformée. Cela signifie que plus elle regarde ailleurs, plus elle retarde les échéances, plus cela va très mal se passer.

Plus la crise est repoussée et plus il ne se passe rien… Plus la crise va apparaître d’autant plus fortement, d’autant plus violemment. Ce processus peut être court comme il peut être long, le crash peut se dérouler à la rentrée 2022 comme une année, deux années, cinq années plus tard, selon les événements, mais on n’y coupera pas. Une société entière ne peut vivre à crédit et dans le déni, c’est intenable.

Le souci bien sûr est que plus la crise est repoussée, plus cela tourne mal dans la tête des gens. L’exploitation et l’aliénation brisent les gens, qui partent ainsi de toujours plus loin et ont toujours plus de mal avec les défis de toute une époque. Il va falloir tout un processus de décantation, de remise en cause, d’étude. Le peuple n’aura certainement pas besoin de populistes lui disant que tout ce qu’il fait est bien, mais bien au contraire d’une éducation.

Cette éducation ne pourra qu’être raisonnable, s’appuyer sur les valeurs de la Gauche historique, avec la mise en valeur claire, sans ambiguïtés, de la nécessité d’une société démocratique et populaire, allant au Socialisme. Elle ne devra céder en rien aux courants « ultras » qui ne manqueront pas de se renforcer dans une situation de désarroi général.

Mais comme on est loin d’un tel désarroi dans cette société française entièrement pacifiée. Et comment on en est proche, si proche, alors qu’on va droit dans le mur !

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Dépêche

La question animale a disparu des radars

On remarquera aisément, si on y prend attention, que la question animale a disparu de l’actualité présentée par les médias. La pandémie avait donné un premier coup terrible à la Cause animale, la guerre en Ukraine en a asséné un second, littéralement assassin. Dans une société capitaliste qui va à la guerre, il n’y a pas de place pour une remise en cause aussi grande que celle qu’exige la Cause animale, ne serait-elle même que symbolique.

De toutes manières, le capitalisme recycle tout ce qui ne dispose pas de fondements solidement établis à la fois dans le peuple et dans les principes. En ce sens la Cause animale a été mise de côté, alors qu’en même temps un commerce végétalien s’est développé, avec un arrière-plan flexitarien conforme à l’esprit libéral de la société de consommation.

Au lieu d’un grand bond en avant de la Cause animale, on a donc eu une intégration – désintégration. Il va de soi pourtant que les choses ne peuvent pas en rester là. Il est hors de question de capituler ou d’accepter un tel désastre. Il faut absolument aller de l’avant et être en mesure de faire vivre une culture nouvelle à ce niveau, à rebours de tous les comportements beaufs ou criminels qui sont une constante de la société capitaliste dans son rapport aux animaux.

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Guerre

Reddition à Marioupol, éditorial du New York Times… le premier grand tournant en Ukraine

Le découpage de l’Ukraine est désormais officialisé.

La nation ukrainienne est en train de payer très cher le fait d’être entièrement aux mains d’un régime totalement furieux sur le plan du nationalisme et soumis aux exigences américano-britanniques les plus acharnées. En effet, si le régime ukrainien prétend toujours que son armée va surclasser militairement l’armée russe et récupérer les territoires perdus, tout le Donbass et même la Crimée, il est désormais tout à fait clair que cela ne sera pas le cas.

L’armée ukrainienne est en train de perdre du terrain dans le Donbass, avec de nombreuses zones encerclées et une action méthodique de l’armée russe. Pour celle-ci, l’objectif c’est désormais de reformer une « Nouvelle Russie » dans le sud de l’Ukraine, et partant de là il n’est plus besoin de prendre des gants niveau bombardements comme pendant les deux premiers mois. C’est donc désormais le rouleau compresseur.

Autrement dit, les petits groupes de snipers, de saboteurs et d’unités antichars ne sont plus en mesure de désarçonner un ennemi ayant eu comme objectif principal de procéder de manière large, en étalant ses troupes. C’est désormais une bataille petite zone par petite zone, où l’artillerie – la base même de l’armée russe – peut opérer librement.

C’est d’autant plus efficace qu’en se retirant du nord de l’Ukraine, l’armée russe oblige l’armée ukrainienne à devoir utiliser ses troupes pour récupérer les zones concernées, tout en les laissant sur place pour éviter un retour russe.

Situation en Ukraine le 22 mai – © Ministère des armées

On est ainsi très loin d’une situation où, à partir de juin, l’armée ukrainienne serait en capacité de lancer une contre-offensive générale, comme elle le prétend. Cela commence à sentir le roussi. Surtout qu’il ne faut pas croire que l’armement massif fourni par les pays occidentaux peut suffire à rétablir l’équilibre.

Il faut en effet une logistique pour le répartir, parfois il faut être formé pour l’employer, et qui plus est l’armée russe continue de massivement bombarder l’Ukraine.

Et il y a également la défaite ukrainienne à Marioupol. Cette ville russophone avait été massivement occupée par les fascistes d’Azov, pour empêcher son basculement, et l’usine Azovstal, disposant d’abris anti-atomiques, a été transformée en forteresse. Le régime ukrainien espérait beaucoup que cela servirait de symbole de résistance et permettrait une mobilisation mondiale ; c’était encore le grand leitmotiv des gagnants ukrainiens de l’Eurovision.

Toutefois, au bout de 82 jours, cela a été la reddition, avec 2439 membres d’Azov et d’unités régulières qui se sont constitués prisonniers du 16 au 20 mai 2022. Le régime ukrainien a prétendu que cela rentrait dans le cadre d’un échange de prisonniers par la suite, mais il n’y a rien de tel qui est prévu en tant que tel. Surtout que les nationalistes ukrainiens avec leurs tatouages nazis sont du pain béni pour la Russie.

La situation n’est donc pas favorable à une confiance unilatérale en les Ukrainiens. C’est d’autant plus vrai que la propagande ukrainienne, à force d’être tellement unilatérale et répétitive, convainc de moins en moins. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky intervient tous les jours pour mettre en avant des affirmations plus ou moins délirantes, il est même intervenu avec une vidéo pour le début du festival de cinéma de Cannes, mais cela ne passe plus. Et ce que demande le régime ukrainien implique, dans les faits, une intervention armée générale des pays occidentaux.

Seulement cela, c’est la troisième guerre mondiale. Et il y a donc d’importantes tendances dans les bourgeoisies des différents pays pour dire : attention, où va-t-on ? Le New York Times a ainsi publié un éditorial, le 19 mai 2022 (The War in Ukraine Is Getting Complicated, and America Isn’t Ready), qui a provoqué une colère noire du côté du régime ukrainien. Ce que dit ce très important quotidien américain est très simple : c’est très bien que les États-Unis viennent de décider de fournir 40 milliards de dollars d’aides à l’Ukraine.

Cependant, la trajectoire de la guerre est devenue imprévisible. Or, il n’est pas question de s’engager dans une confrontation militaire avec la Russie. Il faut donc bien expliquer à l’Ukraine que le soutien américain a des limites. De plus, il y a le souci que les États-Unis ont dit que Vladimir Poutine devait être destitué, que le régime russe devait changer, que la Russie paierait tout, etc. C’est un problème, car à un moment il faudra bien qu’il y ait un accord de paix.

Autrement dit, le régime russe tient la route, il ne va pas tomber, l’armée russe ne sera pas défaite. Il faut donc calmer les Ukrainiens et leur expliquer qu’ils seront obligés de signer un accord qui sera inévitablement au moins un peu à leurs dépens. Emmanuel Macron a sous-entendu la même chose, alors que le régime italien a d’ailleurs proposé justement un accord de paix russo-ukrainien avec un statut spécial pour le Donbass et la Crimée.

C’est même la ligne française désormais, puisque le 22 mai 2022, Clément Beaune, le ministre chargé des Affaires européennes dans le gouvernement venant d’être mis en place, a rappelé ce qui avait été déjà dit par Emmanuel Macron :

« Si on dit que l’Ukraine va rentrer dans l’UE dans 6 mois, 1 an ou 2 ans, on ment. Ce n’est pas vrai. C’est sans doute 15 ou 20 ans, c’est très long.

Je ne veux pas qu’on vende aux Ukrainiens des illusions et des mensonges. Si l’on dit aux Ukrainiens :  »Bienvenue dans l’UE », mais vous n’avez pas lu sur le contrat, en note de bas de page,  »Coucou c’est dans 15 ans », je pense qu’on prépare demain des déceptions pour toute une génération du peuple ukrainien. »

Emmanuel Macron avait justement proposé la mise en place d’une Communauté Politique Européenne, avec l’appui du chancelier allemand Olaf Scholz, pour au moins intégrer l’Ukraine dans une structure commune, mais sans les implications qu’aurait eu une acceptation dans l’Union européenne. Cependant, tant la Grande-Bretagne que le président Volodymyr Zelensky ont totalement rejeté le projet. Ce dernier a affirmé lors d’une d’une conférence de presse à Kiev avec le Premier ministre portugais Antonio Costa que :

« Nous n’avons pas besoin d’alternatives à la candidature de l’Ukraine à l’Union européenne (UE), nous n’avons pas besoin de tels compromis.

Parce que, croyez-nous, ce ne seront pas des compromis avec l’Ukraine en Europe, ce sera un autre compromis entre l’Europe et la Russie. J’en suis absolument sûr. C’est l’influence et la pression politique et diplomatique des officiels et des lobbyistes russes sur la décision d’un pays européen de soutenir ou non l’Ukraine. »

Le président polonais Duda est sur cette même ligne, au parlement ukrainien il a affirmé que :

« Après Bucha, Borodyanka et Mariupol, il ne peut y avoir de relations avec la Russie. »

Si les États-Unis et la Grande-Bretagne poussent de folie, avec le soutien des pays baltes et de la Pologne, il y a des inquiétudes qui s’expriment sur les conséquences, tant aux États-Unis, que du côté de la France et de l’Allemagne. On a ainsi l’exemple de Ségolène Royal qui a expliqué qu’il fallait que la diplomatie prenne autant de place que le soutien militaire à l’Ukraine.

On a ainsi deux aspects dans ce grand tournant : le fait que la propagande sur la nullité de l’armée russe était… de la propagande, et le fait que les contradictions entre grandes puissances s’expriment toujours plus librement alors que la possibilité d’une victoire rapide sur la Russie disparaît. La guerre pour le repartage du monde implique nécessairement ces alliances et dissensions, ces retournements d’alliance, etc., selon les affrontements.

Cela prouve que nous sommes d’ailleurs déjà pieds et poings liés sur le plan de la marche à la guerre et que le processus de troisième guerre mondiale est clairement enclenché, le point de non-retour étant passé.

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Politique

Très violentes querelles intestines antifascistes à Lyon

Ce sont des événements graves.

C’est une expression de toxicité tout à fait propre à une période catastrophique pour la Gauche. A Lyon, ville où l’extrême-Droite est très active et violente notamment en centre-ville, il s’est formé plusieurs structures antifascistes, qui ont connu ces derniers jours des querelles intestines qui auraient pu extrêmement mal se terminer. C’est une expression très grave de décomposition.

Le communiqué suivant d’organisations lyonnaises raconte cela, avec exactitude. Néanmoins, il faut bien voir que le communiqué en question est totalement apolitique, s’empressant en même temps d’opposer les méchants – les « groupes autonomes », aux gentils, les « militant·es du mouvement social lyonnais ».

Car ce dont il s’agit ici, c’est somme toute au fond un affrontement entre d’un côté des antifascistes « constructifs » mais n’ayant pas d’ambition révolutionnaire et oeuvrant au « mouvement social », à l’instar de Raphaël Arnault, porte-parole de la Jeune Garde de Lyon et se présentant désormais aux législatives de juin 2022 dans cette ville en soutenant ouvertement Jean-Luc Mélenchon… Et de l’autre des antifascistes pour qui l’antifascisme est une subversion sur un mode d’ultra-gauche, ciblant spécifiquement l’extrême-Droite et la police, cherchant en permanence le débordement.

Un tel affrontement alors que la France est dans l’OTAN et de fait impliquée, même si indirectement encore, dans une guerre conventionnelle avec le conflit Russie-Ukraine, montre bien qu’il y a un problème à la base, un trop grand décalage avec le réel et son cours.

« Information publique sur plusieurs agressions contre des militant·es de la Jeune Garde et des militant·es du milieu antifasciste à Lyon

Lyon, le 20 mai 2022

Le milieu militant antifasciste et plus largement luttant contre l’extrême droite et ses idées est secoué depuis quelques semaines par une vague d’agressions, perpétrées non pas par un groupuscule fasciste mais par des militant·es se revendiquant elles et eux-mêmes de l’antifascisme. À Lyon, Paris, et ailleurs, ces agressions blessent déjà, menacent des manifestations, remettent en cause des initiatives unitaires.

Des versions mensongères ou approximatives des faits sont propagées par les auteur·rices des agressions, cherchant à aggraver la crise. Au contraire, pour les organisations lyonnaises signataires de ce texte, l’urgence est au rétablissement du calme, à l’exposition claire des faits, à la condamnation des agressions et à la désescalade. L’heure est également à la remise en cause des pratiques virilistes dans les milieux antifascistes sur des bases féministes claires.

Nous analysons aujourd’hui que nous devons collectivement et clairement communiquer sur les faits qui se sont déroulés et ne pas laisser les réseaux sociaux être envahis par des versions des faits mensongères ou approximatives. Nous espérons que cette communication clarifiera à Lyon et dans les autres villes l’origine de la crise, ses tenants et aboutissants, éclairera les nécessaires prises de position, et nous permettra ensuite de reprendre notre lutte contre l’extrême droite et pour de nouvelles conquêtes sociales.

Le contexte

Nous nous sommes jusque là abstenu de toute communication publique, compte tenu de la procédure de dissolution qui visait la GALE, afin de ne pas donner prise à une instrumentalisation répressive par le gouvernement. De plus, nous n’avons pas comme pratique de diffuser des conflits sur les réseaux sociaux, ceci pour ne pas donner d’éléments à nos ennemis et à la police.

Les agressions par des groupes autonomes, en particulier la GALE, contre les militant·es du mouvement social lyonnais ne sont pas nouvelles : le 1er mai 2021 contre des militant·es CGT et de l’intersyndicale, en juin 2021 contre un militant LFI qui avait dû être exfiltré d’une manifestation, pour ne citer que les événements les plus récents.

Malgré ces pratiques détestables, nos organisations n’ont jamais considéré que le gouvernement puisse être un « arbitre » face à de telles pratiques, et nous nous sommes opposé·es à la procédure de dissolution visant ce groupe et avons participé au rassemblement de soutien et l’avons fait connaître.

La vague actuelle d’agressions a démarré après la manifestation du 16 avril 2022 et cible des militant·es de la Jeune Garde. La Jeune Garde est une organisation antifasciste partenaire d’autres organisations signataires de ce texte dans le cadre du collectif unitaire Fermons les locaux fascistes. À travers la Jeune Garde, c’est avant tout une conception unitaire et populaire de l’antifascisme qui est attaquée. Même si, pour certain·es, les organisations antifascistes Jeune Garde et GALE peuvent sembler proches, les bases politiques ne sont pas les mêmes et la Jeune Garde s’est toujours intégrée dans les collectifs et organisations unitaires.

Les faits des 16 et 17 avril

Alors que la manifestation contre l’extrême droite du 16 avril 2022, organisée par l’organisation unitaire Fermons les locaux fascistes, s’était déroulée sans incident, et que les organisateur·rices et des membres de la Jeune Garde quittaient en groupe la manifestation, un membre de la GALE a pris à partie un membre de la Jeune Garde, en multipliant les insultes sexistes devant de nombreux témoins. Plus tard dans l’après midi, ce même individu et deux autres personnes ont agressé un militant de la Jeune Garde,alors que celui-ci marchait dans la rue avec des amies, elles aussi insultées. Cela a entraîné cinq jours d’ITT (Incapacité Temporaire de Travail) pour le militant agressé.

Le lendemain 17 avril, alors que des membres de la Jeune Garde venaient demander des comptes aux auteur·rices de l’agression, une bagarre a éclaté au cours de laquelle l’agresseur de la veille a dégainé un couteau et tenté à plusieurs reprises de poignarder un militant de la Jeune Garde, heureusement sans succès. Ces faits ont eu lieu devant de nombreux témoins, attablés dans un bar.

Cela n’a pas empêché pour autant la GALE de diffuser une version totalement mensongère des faits, prétendant que des militants de la Jeune Garde avaient agressé une militante féministe antifasciste isolée.

Les faits du 19 avril

Par la suite, à Paris, un des porte-paroles de la Jeune Garde a été pris à partie sur la foi de cette version mensongère par des militantes de la CFA (Coordination féministe antifasciste, dirigée par une ancienne militante de la GALE) accompagnées par des militants de l’AFA Paris Banlieue. Pourtant, ce porte-parole n’était pas présent lors des faits des 16 et 17 avril.

Une altercation entre les militants de la Jeune Garde et la CFA s’en est suivie au sortir d’une conférence. Une femme de la Jeune Garde s’est vue rouée de coups par 6 femmes de la CFA tandis que les autres camarades tentaient de s’interposer pour temporiser la situation. Deux militants de l’AFA Paris Banlieue ont été reconnus, portant chacun un protège-dents. Il ne s’agissait donc pas d’une situation involontaire mais bien d’un guet-apens, étant donné que les militants étaient préparés pour l’affrontement.

Les faits du 1er mai

Le 1er mai, une nouvelle étape a été franchie. Alors que la manifestation lyonnaise s’était déroulée sans incident, la GALE, assistée par des personnes venues pour l’occasion de Paris et d’ailleurs, appartenant à la CFA, à l’AFA Paris Banlieue ou en étant proches, a agressé une militante de la Jeune Garde en pleine fête de quartier où se trouvaient de nombreuses familles avec enfants.

Les autres militant·es de la Jeune Garde présent·es ont défendu leur camarade, et s’en est suivie une violente bagarre pendant laquelle plusieurs personnes, y compris extérieures aux groupes cités, ont été blessées.

Si la confusion et la méconnaissance des différents groupes expliquent que certaines personnes sur la place n’ont pas compris l’origine de la bagarre, le déclencheur, à savoir l’agression initiale, ne fait aucun doute, celle-ci ayant été filmée. De même, si l’arrivée tardive et en groupe de la Jeune Garde sur la place a pu être interprétée comme une préparation à la bagarre, les témoignages que nous avons recueillis indiquent que c’est la GALE et ses allié·es qui ont tendu une embuscade et ont provoqué par texto la Jeune Garde. La Jeune Garde a donc rejoint la place en sachant qui s’y trouvait mais en espérant que le bon sens l’emporterait.

Plus tard dans l’après-midi et ailleurs dans Lyon, des militant·es de la Jeune Garde ont été attaqué·es de nouveau par ces mêmes agresseur·euses, équipé·es de casques et armé·es de bombes lacrymogènes et de bâtons, à 15 contre 7, heureusement sans faire de blessé·es. Ils et elles avaient auparavant essayé de tendre un guet-apens au domicile d’un militant de la Jeune Garde, sans succès.

Simultanément, à Paris, des membres de l’AFA Paris Banlieue ont proféré pendant la manifestation des menaces de mort contre des membres de la Jeune Garde.

Les faits depuis le 1er mai 2022

L’agression du 1er mai à Lyon montrant que les risques d’attaque physique des membres de la Jeune Garde par des membres de la Gale sont importants, des précautions extraordinaires sont désormais prises.

De ce fait, la Jeune Garde fait le choix difficile de ne pas se rendre à certains évènements politiques auxquels elle est pourtant invitée dans le but d’éviter toute situation de confrontation dans des moments où l’unité et la cohésion sont nécessaires pour notre camp politique. Autre exemple, l’hommage annuel à Clément Méric, militant antifasciste assassiné le 5 juin 2013, ne pourra pas se tenir cette année à Lyon dans des conditions normales et les organisations signataires sont encore en train d’en chercher les modalités.

Face à cette situation, la Jeune Garde a cherché la désescalade et un règlement politique de la situation notamment en faisant appel au collectif Fermons les Locaux Fascistes. C’est également en ce sens que nous avions diffusé une première interpellation en interne de certaines de nos organisations nationales, afin d’éviter tout étalage de telles pratiques sur les réseaux sociaux et de mettre fin à de tels actes inacceptables.

Mais suite à cette interpellation, de nouveaux faits graves se sont ajoutés de la part de proches de la GALE et de la CFA. Tout d’abord, une version mensongère des faits a été diffusée sur les réseaux sociaux par la CFA, et reprise à leur compte – sans susciter de réaction de la CFA et de la GALE – par les médias d’extrême droite.

Puis, des comptes créés par des proches de la GALE ont diffusé le 16 mai 2022 l’adresse d’un militant de la Jeune Garde Lyon sur les réseaux sociaux, en invitant les fascistes à s’en servir. Il est à noter que ce militant était lui aussi absent les 16, 17 avril et 1er mai. Cela a contraint le militant à quitter son domicile pour une durée indéterminée.

La proximité des comptes en question et de la GALE ne fait aucun doute au vu de certains messages, dont nous avons gardé trace. Enfin, démontrant bien la non prise en compte réelle des questions féministes, un enchaînement de propos et injures sexistes a eu lieu sur les réseaux sociaux.

Nos conclusions

Il y a une volonté manifeste de nuire, comme en témoigne un certain nombre de messages sur les réseaux sociaux. Celles et ceux qui perpétuent ces agressions ne peuvent plus se revendiquer du même antifascisme que nous. Car à qui profitent de tels actes si ce n’est au pouvoir en place et aux fascistes, qui marquent régulièrement Lyon de leurs violences ?

Les organisations signataires de ce texte dénoncent les comportements virilistes de la part de la GALE et de ses allié·es. Elles appellent à un travail en profondeur sur le virilisme dans l’ensemble du milieu antifasciste, y compris dans les organisations signataires. Nous rejetons également toute instrumentalisation de nos luttes et de nos modes de dénonciation des violences sexistes et patriarcales.

Nous déplorons les amalgames qui sont faits entre « agression » et « autodéfense ». Il faut le rappeler : à Lyon, une partie du mouvement autonome antifasciste s’est rendu coupable de pratiques d’intimidation, d’insultes et de comportements virilistes visant, et subis par, les féministes lors de manifestations féministes récentes.

Les organisations signataires, qui mènent depuis de nombreuses années une activité soutenue contre l’extrême droite, invitent à :

-dénoncer avec la plus grande fermeté ces agissements ;

– réfuter les versions mensongères des évènements ;

– ne pas s’allier avec des individus soutenant ces agressions et ces méthodes ;

– remettre en question la culture du virilisme dans les milieux antifascistes qui entretiennent des rivalités délétères.

Organisations lyonnaises ou du Rhône signataires : Alternatiba, EcoDéfense, Ensemble !, Jeune Garde, La France Insoumise, MeTooLyon, Nouveau Parti Anticapitaliste, Parti Communiste Français, Parti de Gauche, Section Départementale FSU, Union Communiste Libertaire, Union Départementale CGT, Union Départementale Solidaires, Unité Communiste »

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Société

L’Happy hour permanent de la bourgeoisie française

L’hiver politique n’en finit plus !

Il a été maintes fois répété sur agauche.org que la société française est congelée, que les esprits ont été corrompus par le capitalisme et qu’en France, un pays riche puissamment développé, les gens acceptent tout du moment que la société de consommation reste ce qu’elle est. Et il faut le répéter, car on a là la caractérisation de toute une époque.

Il n’est pas bien difficile de voir que les couches sociales favorisées de la société capitaliste se goinfrent, que les riches deviennent de plus en plus riches, que leur style de vie devient toujours plus ostensible, décalé par rapport au reste des gens. Mais comme les gens vivent leur petite vie avec une réalité matérielle suffisante, même si parfois compliquée, cela anesthésie tout. La France peut même participer activement dans l’OTAN, cela n’y change rien.

C’est à croire que cela n’en finira plus. Et c’est peut-être le cas. Peut-être que nous vivons une période de transition relativement longue où la société de consommation périclite lentement mais sûrement. Cela accorderait à la critique de la société capitaliste une valeur d’autant plus grande, d’autant plus importante, afin d’obtenir un regard historique adéquat.

Peut-être également que cette période est relativement courte, même à échelle humaine, ce qui implique alors que le choc va être brutal, les gens étant en total décalage avec les exigences de l’époque. On parle ici d’une cassure historique, d’une césure, et là forcément sur le plan émotionnel, le plan psychologique, sans parler des plans sociaux, économiques, c’est rude.

Dans tous les cas, on voit bien que quelque chose ne tourne pas rond. La société française se décompose et cela est visible malgré que la bourgeoisie domine entièrement la situation. Il faudrait être naïf en effet pour penser que le projet électoral NUPES de Jean-Luc Mélenchon pour les élections législatives de juin 2022 représente quoi que ce soit d’historiquement concret. Il n’y a même pas de nationalisations au programme, ce qui est tout de même très parlant.

Alors que va-t-il se passer alors que la bourgeoisie française vit une sorte de Happy hour permanent, vivant l’ivresse d’un paradis artificiel ? Quand y aura-t-il enfin un décrochage réel, significatif, un mouvement de fond faisant enfin vivre l’utopie autrement que de manière gesticulatoire ou électoraliste – opportuniste?

Autrement dit, quand est-ce que cet odieux monde en noir et blanc va reprendre de la couleur et enfin se transformer de manière profonde, avec ampleur, pour correspondre aux exigences de notre époque ?

Et où sont les artistes pour exprimer cela ? Et où sont les artistes correspondant à cette phase historique, à cette grande transition, à ce déchirement intérieur de la société française ?

Il y a véritablement quelque chose qui ne tourne pas rond. Ce calme précède la tempête. Mais quelle sera la forme de la tempête, alors que tout relève d’un calme insupportable aux prolétaires exploités et aliénés, aux animaux tourmentés, à un monde bétonné, à une culture défigurée, à une science dénaturée ?

Qu’importe ! On saura la reconnaître. Et en faire partie.

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Politique

Législatives 2022 :  la Fédération de la Gauche Républicaine aura une centaine de candidats

C’est l’espoir d’une nouvelle impulsion à gauche.

Voici le communiqué de la Fédération.

« Nous serons présents et mobilisés dans le débat démocratique des élections législatives

Au deuxième tour de l’élection présidentielle, nous avons écarté le danger Le Pen. Aux élections législatives, nous pouvons faire échec à Emmanuel Macron. Jamais la gauche n’a gagné sans rassemblement.

Mais jamais le rassemblement ne s’est opéré au moyen de candidatures uniques dans toutes les circonscriptions ! La gauche unie n’est pas la gauche unique. L’expression de la diversité politique reste salutaire dans une démocratie, et souvent efficace électoralement.

C’est la raison pour laquelle la Fédération de la Gauche Républicaine sera présente dans le grand débat démocratique que constituent les élections législatives. 

Dans plus d’une centaine de circonscriptions, nous partons sous nos couleurs pour défendre les thèmes qui nous sont chers et qui, de notre point de vue, sont aujourd’hui insuffisamment défendus dans le débat public : la priorité absolue à l’Éducation nationale, la défense des services publics, l’égalité entre les territoires, la réindustrialisation du pays, la promotion du « Made in France », la défense vigilante de la laïcité, la sortie du pétrole avant 2040, la souveraineté alimentaire, l’indépendance de la France.

Nous voulons ainsi proposer aux électrices et aux électeurs de renforcer le camp républicain, laïque, attaché aux services publics et à l’État, au réformisme de transformation sociale.« 

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Guerre

Pourquoi Helsinki va connaître la menace atomique

La menace est tout à fait évidente.

Pour comprendre la question que soulève l’entrée de la Finlande dans l’OTAN, il suffit de regarder quelques cartes.

Voici, en rouge sur la carte de la Russie, la baie de Kola. On y trouve le port de Mourmansk, qui a la particularité de ne jamais être pris dans les glaces durant l’année. La ville de Mourmansk a un peu moins de 300 000 habitants. On y trouve également le port de Severomorsk et la base navale de Poliarny.

Or, comme on le voit, la Finlande a une longue frontière avec cette partie du monde. Mais pas seulement : la Finlande longe la seule voie ferrée russe menant à la baie de Kolma.

Voici une autre carte où l’on voit la situation de Mourmansk, avec la principale route menant au sud, et où on voit également comment la Finlande est toute proche de Saint-Pétersbourg, la distance étant de 300 km avec Helsinki (et d’un peu plus de 200km avec la frontière finlandaise).

Maintenant ajoutons le fait que la Suède rejoint également l’OTAN. Si auparavant il n’y avait que la Norvège membre de l’OTAN, et que la baie n’était menacée que par une petite bande au nord, désormais l’OTAN peut par la Finlande couper la baie de Kola de la Russie, une zone hyper forestière où une armée conquérante peut aisément s’établir, qui plus est avec un appui suédois formant un arrière-pays militaire à la tête de pont finlandaise.

Et alors que la flotte du Nord russe serait de fait isolée ou détruite, Saint-Pétersbourg tomberait plus ou moins rapidement ou connaîtrait du moins un danger immense. C’est le scénario apocalypse pour la Russie, qui alors serait totalement mise en échec et dans une position où elle ne pourrait pas récupérer cette partie du pays face à l’OTAN. Le seul choix serait la capitulation totale.

Comme le régime russe rejette par définition cette option considérée comme revenant à un effacement définitif de la nation russe, la réaction immédiate à une offensive dans la zone sera forcément le choix de l’emploi de l’arme atomique.

Les commentateurs bourgeois se sont moqués du président russe Vladimir Poutine en disant que si celui-ci avait prétendu réagir à l’entrée de la Finlande et de la Suède dans l’OTAN, il ne pourrait concrètement rien faire. C’est aberrant, il n’a au contraire qu’une seule chose à faire, très simple : faire de Helsinki une cible atomique.

Et il faut bien voir la part de cynisme militariste existant dans le monde ici, car il n’y aura pas de guerre atomique même si Helsinki est atomisé. La Finlande sert ici d’idiot utile de la guerre mondiale, comme de l’Ukraine, dans le sens où ces pays sont utilisés comme pions afin de contourner la menace d’une confrontation atomique directe. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne peut pas y avoir d’utilisation de l’arme atomique à petite échelle.

On est dans une situation où l’affrontement principal entre la superpuissance américaine et son challenger chinois s’inscrit dans une utilisation « modernisée » des pays en général comme vecteurs des combats. La bataille pour le repartage du monde modifie le visage même des pays dans leur situation politique, militaire, culturel, idéologique, économique, diplomatique, etc.

L’État finlandais ne peut d’ailleurs pas ne pas savoir qu’il fait de Helsinki une cible atomique. Il s’en moque et le parlement finlandais a voté avec une quasi unanimité le choix de rentrer dans l’OTAN. Tel est l’engrenage belliciste, qui aveugle et qui pousse au crime.

Et le processus n’en est qu’à son début, chaque pays se voyant radicalement « changé », ce qui impose d’ailleurs de dresser un panorama mondial de ces changements pour arriver à suivre le phénomène et combattre la tendance à la guerre.

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Guerre

Entrée dans l’OTAN : le suicide des nations finlandaise et suédoise

Les deux pays entrent dans le bal de la guerre.

Après la pandémie, le capitalisme espérait redémarrer dans un même élan. La guerre en Ukraine a torpillé cet espoir… avant que cet espoir ne réapparaisse en ce moment dans un redémarrage post-pandémie intégrant cette fois la guerre à la Russie. Lundi 16 mai 2022, la Suède et la Finlande se lancent dans ce nouveau redémarrage, en annonçant leur demande d’entrée dans l’OTAN.

C’est en fait une simple officialisation. Dans la pratique, tant la Suède que la Finlande, deux pays surarmés, sont déjà une composante de l’OTAN. Leur armement est déjà compatible avec l’OTAN, il y a déjà eu des initiatives communes, bref l’interopérabilité est déjà là. La Russie le savait bien depuis le départ et là il n’y a donc que les masques qui tombent. L’intégration de la Suède et de la Finlande n’est nullement une « conséquence » de l’invasion russe.

Cela étant, les pays de Moumine et Nils Holgersson viennent de réaliser leur propre suicide en se lançant dans ce processus (qui sera accéléré) d’adhésion à l’OTAN. En effet, à la base ces pays ont une idéologie nationale les présentant comme neutres, ouverts, pacifiques, constructifs, démocratiques, etc. Ils se veulent des pays tranquilles, la Finlande se présentant souvent comme le pays où il fait le mieux vivre au monde. C’est la démarche idéologique bisounours bien connue des pays nordiques, qui souvent se proposent pour cette raison comme intermédiaires pour des accords de paix auprès de belligérants de par le monde.

Or, l’adhésion à l’OTAN modifie totalement cette ligne pacifique. Elle amène d’une part ces pays à se placer directement dans l’opposition à la Russie, en assumant d’être prêts se lancer dans le conflit. Elle amène surtout ces pays à révéler leur propre fond.

La Suède est un pays ultra-nationaliste, avec un nationalisme qui est il est vrai soft, mais implacable et lancinant, exactement comme en Angleterre, la Suède étant d’ailleurs également une monarchie. En Suède, il n’est socialement pas possible de dire que le pays va mal, que les choses ne vont pas, que les gens sont malheureux, etc. Il y a un consensus idéologique monstrueux.

La Finlande est un pays pareillement ultra-nationaliste, mais sans l’appareil de la monarchie. Cela tient à la nature du régime en place, né de l’écrasement sanglant de la révolution finlandaise de 1918. La dimension conservatrice anti-Gauche est systématique, alors qu’en Suède il y a eu reconnaissance et intégration de la social-démocratie. Cette dernière a d’ailleurs justement validé l’intégration suédoise dans l’OTAN. En Finlande, la société ne s’appuie pas sur un tel consensus social-nationaliste, mais sur une pesanteur généralisée, avec un esprit de forteresse assiégée.

L’entrée dans l’OTAN fait toutefois sauter l’idéologie dominante savamment distillée ; ces pays qui se voulaient inactifs, passifs, à l’écart, tranquilles pour ainsi dire, se retrouvent propulsés dans l’action et même en première ligne, de par les frontières avec la Russie.

La menace russe a bon dos d’ailleurs quand on sait que la Finlande autoritaire voire fasciste des années 1930 s’était alliée à l’Allemagne nazie, et que la Suède est historiquement un des grands concurrents de l’expansionnisme russe dans la région (la Finlande a d’ailleurs été une colonie de la monarchie suédoise avant de devenir une colonie de l’empire russe).

La Suède et la Finlande tombent ainsi concrètement le masque, ces deux pays n’entrent pas dans l’OTAN pour rien, c’est bien pour participer à dépecer la Russie. Ce basculement dans le bellicisme revient à un suicide national, car cela transforme à terme le pays en simple force armée de l’OTAN, exactement comme c’est le cas pour l’Ukraine déjà.

Cela souligne l’importance grandissante de la question nationale dans la bataille pour le repartage du monde. Les nations passant sous le joug des grandes puissances doivent obtenir leur libération nationale pour ne pas disparaître, et cela va être un processus particulièrement tourmenté.

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Politique

Raphaël Arnault candidat aux élections législatives 2022 à Lyon

Raphaël Arnault a quitté le rôle de porte-parole de la Jeune Garde, un mouvement de jeunesse contre l’extrême-Droite, il y a quelques jours sans dire pourquoi, et lundi 16 mai 2022 il a informé qu’il était candidat aux élections législatives à Lyon.

Cet ancien membre du Nouveau Parti Anticapitaliste se lance dans la campagne en saluant la Nouvelle union populaire écologique et sociale (NUPES), en souhaitant la renforcer, mais en refusant le choix de celle-ci d’investir le député sortant Hubert Julien-Laferrière, de Génération Ecologie et ancien membre du parti présidentiel d’Emmanuel Macron, La République En Marche.

On peut ainsi dire que la Jeune Garde soutient la NUPES ou du moins une de ses tendances internes, parce qu’il n’y a aucun moyen qu’un tel projet se lance du jour au lendemain. C’est alors qu’il était le porte-parole de la Jeune Garde qu’il s’est lancé dans le projet. Le discours proposé est d’ailleurs celui de la Jeune Garde : de gauche, sympathique, mais sans aucune affinité ni lien intellectuel ou culturel avec le mouvement ouvrier. Raphael Arnault ne parle ni de classe ouvrière, ni de Socialisme, ni d’ailleurs d’antifascisme, ni de guerre pour le repartage du monde, etc.

L’ennemi, c’est le « libéralisme », la base c’est le mouvement associatif, les revendications sont réformistes sociales, etc.

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Dépêche

Préparez-vous à lutter contre la guerre

Quand on en arrive au point où le porte-parole de l’OTAN Mircea Geoana salue la victoire de la « magnifique » chanson ukrainienne à l’Eurovision 2022, c’est que vraiment on est dans une situation de mobilisation belliciste à tous les niveaux. Pour l’instant, c’est l’Ukraine qui sert de chair à canon. On constate cependant en France un nombre effarant de propos et d’articles en faveur d’une armée française prête pour la guerre conventionnelle. On ne parle pas encore forcément d’une guerre avec des millions de soldats, mais au moins d’un engagement conventionnel à petite échelle dans un horizon relativement proche.

C’est cela la grande réalité politique française du moment, c’est cela qui décide de tout aujourd’hui, et pour demain. Il faut prévoir à l’avance comment pouvoir faire de la propagande et de l’agitation contre une guerre conventionnelle, en prenant en compte que la marge de manœuvre de l’agit-prop anti-guerre va être très restreinte. L’opinion publique sera chauffée à blanc, la censure médiatique sera aussi grande que la désinformation, la répression sera franche.

Si une telle séquence est ratée, alors ce sera la catastrophe assurée dans la foulée, puisque le bellicisme aura entièrement le dessus, embarquant tout le pays dans la bataille pour le repartage du monde. Il y a un moment politique clef qui se profile, un moment décisif pour la suite. On peut déjà voir que ce sera un désastre au Royaume-Uni, avec un militarisme débridé sans aucune opposition. A nous de faire en sorte qu’en France il en soit différemment.

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Guerre

La vidéo fasciste pour la chanson ukrainienne gagnante de l’Eurovision 2022

Un exemple de bourrage de crâne.

Une fois le concours de l’Eurovision gagné avec la chanson « Stefania », le groupe ukrainien Kalush Orchestra a rendu public une vidéo pour celle-ci. Impossible de la rendre publique avant, cela aurait été trop belliciste. Et, en même temps, on comprend tout de suite que la vidéo a été faite en prévision de la victoire, afin de servir de propagande belliciste.

C’est entièrement une opération psychologique, visant à manipuler les émotions, avec au milieu des ruines, des femmes-soldats et des enfants, culminant dans un moment dans une église russe orthodoxe.

Ce qui est intéressant ici, c’est que, à part les femmes-soldats (qui d’ailleurs n’existent pas au sens strict dans l’armée ukrainienne), l’atmosphère proposée correspond très exactement à ce qui était mis en avant par le Donbass séparatiste pour dénoncer le régime ukrainien. C’est une sorte de pied-de-nez et en tout cas cela souligne qu’à tous les niveaux, le discours narratif sur le régime ukrainien est extrêmement bien élaboré, tout à fait calculé.

On chercherait d’ailleurs en vain un article de presse européenne relatant de manière détaillée que Kalush Orchestra a été présenté au concours comme représentant de l’Ukraine après l’éviction bureaucratique et nationaliste de la chanteuse Alina Pash, qui avait été initialement nommée avec sa chanson à l’esprit positif et culturel.

Cela montre qu’il y a un bloc. Il y a un élan général de convergence avec la puissance française se lançant dans la guerre de repartage du monde.

Il suffit d’ailleurs de se tourner vers les sites d’information, les blogs, les Twitter, les Instagram des structures de Gauche, d’extrême-Gauche ou d’ultra-Gauche : il n’est pratiquement jamais parlé de la guerre en Ukraine, ou plutôt il n’en est jamais parlé, ou juste en passant. C’est un arrière-plan accepté : le capitalisme français peut bien avoir des visées impériales, du moment qu’il maintient des garanties sociales dans le pays. C’est une ignoble corruption par le capitalisme qui est clairement visible si on veut la voir.

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Culture

L’Ukraine gagne l’Eurovision 2022, mais ce n’est pas Alina Pash

Le côté sombre de l’Ukraine l’a emporté.

L’Ukraine était grande favorite de l’Eurovision 2022, parce qu’il était considéré qu’on avait le moyen de valoriser la combinaison de tout ce qui fait l’idéologie de l’Union européenne : la société inclusive et la consommation capitaliste.

L’Eurovision, c’est en effet un spectacle kitsch par des gens LGBT revendiqués la plupart du temps, avec une musique de variété, dans une ambiance régressive assumée. Cela pouvait être vaguement sympathique il y a trente ans car sans prétention, cela avait un certain sens il y a cinquante ans quand c’était un spectacle de pure variété, mais là c’est très sérieux dans sa niaiserie et son esprit « ouvert ».

Les résultats sont d’ailleurs donnés après une heure du matin, ce qui reflète bien le choix d’un public passant une soirée d’abrutissement assumé. L’Eurovision ne vise pas les gens en général, mais relève d’un secteur particulier du divertissement capitaliste.

Dans l’ordre des choses, de par l’immense campagne en faveur du régime ukrainien, il était donc cohérent de s’attendre à ce que l’Ukraine soit largement mise en avant. Cela aurait formé un beau package idéologique, une sorte de mise en condition de tout un état d’esprit. Et ce fut le cas.

Cela ne fut en fait pas du tout le cas au niveau des jurys nationaux, composés de cinq personnes de l’industrie musicale. L’Ukraine a bien reçu des points d’un peu tout le monde, terminant même en quatrième position pour cette raison, car les goûts des pays sont très différents quant au reste, ce qui disperse les points.

Cependant, les seuls pays ayant mis l’Ukraine premier au classement, avec les fameux « twelve points », ont été des pays d’Europe de l’Est s’impliquant politiquement de manière agressive dans la guerre Ukraine-Russie. On a ainsi la Moldavie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie et la Pologne, avec dans ce dernier cas la présentatrice parlant d’unité européenne sur un mode militant.

Le caractère forcé de l’entreprise est évident. Même la Suède n’a donné aucun point à l’Ukraine, alors que le pays est en discussion pour rentrer dans l’OTAN !

Puis, tout à la fin de l’émission, il y a le vote du public comptant pour 50 % des points. Et là, ce fut le raz-de-marée en faveur de l’Ukraine. C’est là qu’on voit que, en profondeur, il y a une vague de fond de mobilisation de l’Ukraine, ou plus précisément en faveur de la guerre, avec également une intégration « européenne ».

En fait, menacée par la Russie qui la nie comme nation, l’Ukraine est en train de se dissoudre comme pays en se transformant littéralement en appendice territorial de l’Union européenne et de l’OTAN. C’est une Ukraine de pacotille qui se systématise, sur la base d’idéologues nationalistes se conjuguant au capitalisme occidental.

D’où le rap à prétention folklorique du groupe ukrainien Kalush Orchestra, mélange idéologique représentatif. C’est une fusion forcée, un bricolage artificiel. C’est, pour qui s’intéresse à l’Ukraine, une addition commerciale du rap délirant du groupe Gribi (avec également le coup d’apparaître masqué) et de l’excellent groupe folk moderne Dakhabrakha.

Kalush Orchestra avait d’ailleurs donné le ton en amont. Par la voix de son chanteur Oleh Psiuk, il a été expliqué avant le concours que la chanson… n’était pas l’hymne de la paix, mais celui de la victoire. Que si la chanson gagnait l’Eurovision, alors

« Le prochain concours sera dans la nouvelle Ukraine souveraine dans son intégralité territoriale. »

On est ici sur le terrain du nationalisme le plus clair, dans un bricolage idéologique. Nous avions déjà parlé d’ailleurs du scandale que fut en février 2022, avant le début de la guerre, l’éviction d’Alina Pash par le régime ukrainien, elle qui devait représenter l’Ukraine au concours et qui a été chassée dans un élan nationaliste ultra-agressif et fanatique.

Rien que cette histoire d’éviction, avec ses détails, est sordide. Le message d’Alina Pash était puissant, réel, populaire ukrainien. L’Ukraine est en train de perdre totalement son âme : c’est l’autre aspect de la guerre.

Voici la chanson ukrainienne pour l’eurovision 2022.

Voici la chanson d’Alina Pash, qui aurait dû être la chanson choisie, avant qu’elle ne soit chassée.

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Guerre

Adrien Bocquet sur Azov en Ukraine: propagande d’extrême-Droite sur Sud Radio

Un témoignage marquant… relativement mis en scène.

Sud Radio est un média appartenant à Fiducial, dont la figure-clef est Christian Latouche, un milliardaire français très discret, mais souvent considéré comme d’extrême-Droite. Sud Radio, depuis dix ans, accorde d’ailleurs un espace significatif aux thèses d’extrême-Droite. Quand on sait cela, on saisit tout de suite que l’émission avec Adrien Bocquet ne doit rien au hasard.

Celui-ci est un ancien soldat français qui avait connu une mauvaise chute et était devenu paraplégique. Heureusement il s’en est sorti, malgré la très grande gravité de ce qui lui est arrivé. Il raconte son expérience dans Lève-toi et marche grâce à la science (éditions Max Milo). Et en passant à Sud Radio à ce sujet, il raconte comment il a été deux fois en voyage humanitaire en Ukraine. En fait, cet aspect a pris le dessus, tournant à des propos chocs sur l’armée ukrainienne, en particulier les soldats du bataillon Azov.

Il raconte comment il a assisté à des crimes de guerre, ainsi que d’autres faits marquants, comme l’armement venant d’Europe stocké dans des lieux civils à l’insu des gens, ou encore qu’à Bucha il y a eu au moins une part de mise en scène. Des propos accusatoires, lui-même affirmant avoir des preuves en ayant filmé ce qui s’était passé. Cette vidéo a pour cette raison déjà été extrêmement vue en France.

Ce qu’il dit est connu de qui s’y intéresse et Adrien Bocquet peut tout à fait être sincère, même si sur la fin on sent, de par ses propos sur le Donbass, qu’il n’est pas tellement un candide découvrant Azov. Par contre, quand on voit les propos des auditeurs prenant la parole à sa suite, tous plus savamment calculés que les autres, on comprend tout de suite que la séquence est totalement politique, totalement construite, formant clairement une propagande d’extrême-Droite.

Il y a deux possibilités. Soit c’est une anecdote, avec quelque part des gens d’extrême-Droite cherchant à former une contre-opinion, mais sur le tas, éventuellement avec un petit coup de pouce russe. Soit c’est une composante d’une véritable opération de propagande au sens le plus large.

Par exemple, l’un des auditeurs encourage à voir ce que dit Stratpol. Stratpol est une sorte de think tank totalement, fanatiquement pro-Russie, avec à sa tête un Français vivant en Russie. Ce n’est sans pas du hasard. Mais dans quelle mesure cela est-il réellement calculé dans le sens d’une campagne plus massive ?

Il n’en reste pas moins que c’est un épisode marquant, et inquiétant. Non seulement on a un régime français allant à la guerre, mais la seule « opposition » à cette guerre parvenant à s’exprimer réellement, ce serait désormais l’extrême-Droite qui est en fait tout aussi belliciste, mais pour d’autres alliances…

Un scénario cauchemardesque.

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Politique

Suite et fin de la polémique entre le NPA et Lutte Ouvrière

Deux courriers closant la question.

A la suite de la polémique lors du meeting en mémoire du dirigeant du Nouveau Parti Anticapitaliste le 30 avril 2022, Lutte Ouvrière a fait une réponse, à quoi le NPA a répondu, témoignant d’une vraie cassure. Il n’y a d’ailleurs plus de « salutations révolutionnaires ».

La lettre de Lutte Ouvrière.

Lettre adressée au NPA en réponse à sa lettre du 5 mai

Chers camarades,

Dans votre lettre du 5 mai, vous osez qualifier notre intervention à votre réunion d’hommage à Alain Krivine, de « provocation irrespectueuse », comme si le fait de formuler une appréciation politique aurait été inconvenant. C’est pour le moins étonnant.

Vous saviez que si nous intervenions au cours de cette réunion, bien distincte des obsèques qui avaient eu lieu un mois plus tôt, notre hommage à Alain Krivine ne pourrait qu’avoir un contenu politique critique. Nous en avions discuté au préalable, et vous en étiez d’accord. L’appréciation politique formulée par Michel Rodinson en notre nom au cours de son intervention ne pouvait d’ailleurs vous surprendre, puisque nous avons eu bien des occasions de l’exprimer dans le cadre de nos relations.

Libre à vous de considérer que cette intervention était une dénonciation « au vitriol », ou de lui attribuer une tonalité « insultante et méprisante », ce qui n’était nullement le cas. Chacun peut évidemment en juger en lisant le texte de cette intervention ou en en regardant l’enregistrement vidéo.

L’essentiel pour nous est dans les considérations politiques qu’elle contenait et qui à notre avis méritaient autre chose que les hurlements par lesquels une partie de la salle les a accueillies. Nous discutions d’une orientation de fond de votre courant politique, dont Alain Krivine a été longtemps un inspirateur et dont, soit dit en passant, votre orientation actuelle dans les élections ne peut être séparée.

Y compris par respect pour la mémoire d’Alain Krivine, nous ne pouvions que formuler nos appréciations. Elles avaient tout à fait leur place dans une réunion au cours de laquelle différentes tendances s’exprimaient. Quant à la discussion qu’elles méritent, elle ne peut pas être remplacée par des cris d’orfraie.

En ce qui nous concerne, nous retiendrons de votre lettre qu’une critique de vos orientations s’assimile pour vous à une provocation. C’est du moins le cas quand cela vient de nous car il n’en est visiblement pas de même quand cela vient d’autres bords politiques, puisque la même salle a applaudi sans problème diverses personnalités qui ont été formées par la LCR avant de l’abandonner pour mener soit une carrière, soit même une autre politique.

Nous savons que la confrontation politique est parfois rugueuse, comme vous le notez d’ailleurs. Visiblement, votre épiderme ne ressent pas cette rugosité de la même façon suivant le coté d’où elle vient. Nous le regrettons, surtout pour vous, mais nous n’avons aucune raison de nous en excuser et cela ne peut évidemment en rien modifier nos opinions.

Pour nous, un comportement digne du mouvement ouvrier révolutionnaire consiste à formuler les critiques, à confronter honnêtement et sans concession les points de vue des uns et des autres pour en tirer les leçons, sans chercher à les noyer sous des cris ou des sifflets.

La façon dont vous nous avez accueillis et dont vous réagissez ne change cependant rien à l’invitation à venir à notre prochaine fête et à y débattre avec nous, si vous le souhaitez. Nous pouvons dans ce cas vous assurer que vos représentants y seront comme d’habitude bien accueillis, de façon fraternelle et bien mieux en tout cas que vous n’avez accueilli le nôtre en cette réunion du 30 avril.

Bien cordialement,

Le 7 mai 2022,Le Comité exécutif de Lutte Ouvrière

La réponse du NPA.

Réponse du NPA au courrier de Lutte ouvrière du 7 mai

Camarades,

Nous prenons acte de la réponse que vous nous avez faite (et rendue publique), suite au courrier que nous vous avions adressé quelques jours plus tôt. Pour tout dire, nous trouvons cette réponse tout aussi choquante que l’intervention que vous vous êtes permis de faire lors de l’hommage à Alain Krivine.

D’abord parce que vous justifiez dans votre courrier de ne pas avoir respecté le cadre proposé. Le fait que les obsèques aient eu lieu quelques semaines plus tôt ne change absolument rien au fait qu’il s’agissait bien d’une réunion dont l’objectif était de rendre hommage à notre camarade disparu.

Si rendre hommage ne vaut pas quitus d’une orientation et des nuances ou francs désaccords que l’on peut avoir, vous reconnaîtrez qu’il y a une différence à faire entre, d’une part, la façon dont on s’exprime dans ce type de cadre et, d’autre part, les débats que nous pouvons avoir régulièrement dans le cadre de votre fête annuelle ou de notre université d’été.

Le contenu même du texte lu par Michel Rodinson au nom de Lutte ouvrière (1/5e d’hommage à Alain, et 4/5e de polémique avec notre courant politique, jusqu’à la période actuelle pour laquelle Alain n’a aucune responsabilité) illustre d’ailleurs bien le peu de soucis que vous avez eu de rendre hommage à notre camarade, et la façon dont vous le justifiez dans votre courrier nous navre une nouvelle fois.

De plus, comme vous le savez pertinemment, à la différence de ce que vous écrivez dans votre courrier, nous n’avons aucun problème avec le fait de discuter, y compris publiquement, de notre orientation. Nous le faisons d’ailleurs bien plus régulièrement que vous, dans différents cadres unitaires, et y compris avec vous lorsque vous nous y invitez.

Nous voulons d’ailleurs rappeler ici que nous vous avions écrit mi-avril pour vous proposer une discussion autour de la situation et de la question des législatives… proposition de rencontre que vous aviez alors décliné.

Vous savez donc que la question n’est pas là, mais bien dans la façon dont vous vous êtes servis en toute conscience du cadre d’un hommage militant sans autre considération que de polémiquer contre notre courant.

Et à cette erreur d’appréciation politique s’ajoute maintenant l’incorrection militante, avec dans votre dernier courrier la critique des autres invité.e.s venus, eux, rendre véritablement hommage à Alain Krivine.

Enregistrant votre fuite en avant et votre incapacité à prendre le moindre recul sur votre attitude le samedi 30 avril (sans même parler de regrets), nous vous informons donc que, au vu de la nature de nos relations actuelles, les conditions ne sont pas réunies pour que le NPA participe cette année à votre fête.

Cela signifie que, contrairement aux années précédentes, notre organisation ne tiendra pas de stand dans l’espace politique, et que personne ne participera au nom du NPA au débat que vous nous avez proposé.

Pour faire le point sur l’état de nos relations, nous vous proposons de nous rencontrer prochainement.

Le comité exécutif du NPA, le mercredi 11 mai 2022

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Guerre

Vidéo et discours du 9 mai 2022 à Moscou

C’était une séquence très attendue.

Le 9 mai est pour les pays de l’ex-Union Soviétique l’équivalent du 8 mai pour nous en France, le jour de la victoire sur le nazisme ; le décalage tient à la différence de fuseau horaire lors de la reddition de l’Allemagne nazie.

Cela dit le régime ukrainien a désormais modifié la date en le 8 mai, « arrangeant » son contenu, afin de se conformer à l’idéologie des pays capitalistes occidentaux, c’est-à-dire de gommer le côté « soviétique » donc, ce qui converge avec sa propre approche de se revendiquer du nationalisme ukrainien allié au nazisme.

Rappelons qu’en Ukraine, toute valorisation de l’URSS à quelque niveau que ce soit est interdite, tout comme tout ce qui relève de l’idéologie communiste. Les monuments célébrant la résistance soviétique au nazisme sont systématiquement détruits, tout comme d’ailleurs tout ce qui a une dimension « soviétique » dans l’architecture, la décoration, etc.

Le discours de Vladimir Poutine, incontournable pour qui veut saisir les tenants et aboutissants de la guerre en Ukraine, prend bien entendu cette position à contre-pied, insistant sur le passé soviétique, présentant la Russie comme le vrai rempart multi-ethnique au nationalisme, etc.

On notera ici que les commentateurs occidentaux n’ont cessé de dire qu’il n’y aurait pas assez de troupes pour le défilé, que Vladimir Poutine déclarerait officiellement la guerre, car l’armée russe est en train d’être défaite, etc.

Le 9 mai 2022 s’est cependant tenu très exactement comme il se déroule chaque année, à tous les niveaux. Tout est très protocolaire, et c’est resté entièrement traditionnel.

Voici donc la vidéo du défilé militaire, suivi du discours de Vladimir Poutine. On notera au passage que de tels défilés militaires ont lieu dans toutes les principales villes de Russie, comme les manifestations de masse du « régiment des Immortels », où les gens défilent en tenant des pancartes avec une photographie d’un ancêtre ayant participé à la « grande guerre patriotique » contre l’Allemagne nazie et ses alliés.

On notera également absolument, à la fin de la vidéo du défilé militaire, le moment profondément intense et pathétique où le président russe Vladimir Poutine assume un air débonnaire et profondément mélancolique, typiquement russe, foncièrement russe, au moment il pose une fleur sur chaque symbole des « villes héroïques » de la grande guerre patriotique, dont Kiev et Odessa.

Citoyens russes, Chers vétérans, Camarades soldats et marins, sergents et sergents-majors, aspirants et sous-officiers, Camarades officiers, généraux et amiraux,

Je vous félicite pour le Jour de la Grande Victoire !

La défense de notre Patrie lorsque son destin était en jeu a toujours été sacrée.

C’est avec le sentiment du vrai patriotisme que la milice de [Kouzma] Minine [simple boucher qui souleva Moscou contre les Polonais au 16e siècle] et [du prince Dmtri] Pojarski [qui participa à cette lutte et devint le « Sauveur de la mère-patrie »] s’est soulevée pour la patrie, que les soldats sont passés à l’offensive sur le champ de Borodino [contre Napoléon, non loin de Moscou] et ont chassé l’ennemi de Moscou et Leningrad, Kiev et Minsk, Stalingrad et Koursk, Sébastopol et Kharkov.

Aujourd’hui, comme par le passé, vous vous battez pour notre peuple dans le Donbass, pour la sécurité de notre mère-patrie, pour la Russie.

Le 9 mai 1945 a été inscrit à jamais dans l’histoire du monde comme un triomphe du peuple soviétique uni, sa cohésion et sa puissance spirituelle, un exploit sans précédent sur les lignes de front et sur le front intérieur.

Le Jour de la Victoire est intimement cher à nous tous. Il n’y a pas de famille en Russie qui n’ait été brûlée par la Grande Guerre patriotique.

Sa mémoire ne s’efface jamais.

Ce jour-là, les enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants des héros défilent dans un flux sans fin du Régiment Immortel. Ils portent des photos des membres de leur famille, des soldats tombés qui sont restés jeunes pour toujours et des anciens combattants qui sont déjà partis.

Nous sommes fiers de la génération courageuse invaincue des vainqueurs, nous sommes fiers d’être leurs successeurs, et il est de notre devoir de préserver la mémoire de ceux qui ont vaincu le nazisme et nous ont confié la vigilance et tout pour contrecarrer l’horreur d’une autre guerre mondiale.

C’est pourquoi, malgré toutes les controverses dans les relations internationales, la Russie a toujours prôné la mise en place d’un système de sécurité égal et indivisible, indispensable à l’ensemble de la communauté internationale.

En décembre dernier, nous avons proposé de signer un traité sur les garanties de sécurité. La Russie a exhorté l’Occident à mener un dialogue honnête dans la recherche de solutions significatives et de compromis, et à tenir compte des intérêts de chacun.

En vain. Les pays de l’OTAN ne voulaient pas nous écouter, ce qui signifie qu’ils avaient des plans totalement différents. Et nous l’avons vu.

Une autre opération punitive dans le Donbass, une invasion de nos terres historiques, dont la Crimée, était ouvertement en préparation. Kiev a déclaré qu’il pourrait parvenir aux armes nucléaires. Le bloc de l’OTAN a lancé un renforcement militaire actif sur les territoires qui nous sont adjacents.

Ainsi, une menace absolument inacceptable pour nous se créait à nos frontières en montant en puissance. Tout indiquait qu’un affrontement avec les néo-nazis et les banderistes soutenus par les États-Unis et leurs sbires était inévitable.

Permettez-moi de répéter que nous avons vu l’infrastructure militaire se construire, des centaines de conseillers étrangers commencer à travailler et des équipements d’armes de pointe être régulièrement livrées en provenance des pays de l’OTAN.

La menace grandissait chaque jour.

La Russie a lancé une frappe préventive contre l’agression. C’était une décision forcée, opportune et la seule correcte. Une décision d’un pays souverain, fort et indépendant.

Les États-Unis ont commencé à revendiquer leur exceptionnalisme, en particulier après l’effondrement de l’Union soviétique, dénigrant ainsi non seulement le monde entier mais aussi leurs satellites, qui doivent faire semblant de ne rien voir et docilement le suivre.

Mais nous sommes un pays différent. La Russie a un caractère différent. Nous n’abandonnerons jamais notre amour pour notre mère-patrie, notre foi et nos valeurs traditionnelles, les coutumes de nos ancêtres et le respect de tous les peuples et cultures.

Pendant ce temps, l’Occident semble prêt à annuler ces valeurs millénaires. Une telle dégradation morale sous-tend les falsifications cyniques de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, aggravant la russophobie, célébrant les traîtres, se moquant de la mémoire des victimes et effaçant le courage de ceux qui ont remporté la Victoire dans la souffrance.

Les milices du Donbass aux côtés de l’armée russe se battent aujourd’hui sur leur terre, où les serviteurs des princes Svyatoslav et Vladimir Monomakh [tous deux grands-ducs de la Rus’ de Kiev au 10e-11e siècle], les soldats sous le commandement de Roumiantsev et Potemkine, Souvorov [tous d’immenses grandes figures militaires du 18e siècle] et Brusilov [responsable militaire durant la première guerre mondiale rejoignant l’armée rouge] ont écrasé leurs ennemis, où les héros de la Grande Guerre patriotique [le commandant du premier front ukrainien libérant Kiev et tué par les banderistes en 1944] Nikolai Vatoutine, [la grande figure des partisans anti-nazis l’Ukrainien] Sidor Kovpak et [la tireuse d’élite ukrainienne] Lyudmila Pavlichenko ont résisté jusqu’au bout.

Je m’adresse à nos forces armées et aux milices du Donbass. Vous vous battez pour notre patrie, son avenir, pour que personne n’oublie les leçons de la Seconde Guerre mondiale, pour qu’il n’y ait pas de place dans le monde pour les tortionnaires, les escadrons de la mort et les nazis.

Aujourd’hui, nous nous inclinons devant la mémoire sacrée de tous ceux qui ont perdu la vie dans la Grande Guerre patriotique, les mémoires des fils, filles, pères, mères, grands-pères, maris, épouses, frères, sœurs, parents et amis.

Nous inclinons la tête à la mémoire des martyrs d’Odessa qui ont été brûlés vifs à la Maison des syndicats en mai 2014 [par les nationalistes ukrainiens], à la mémoire des personnes âgées, des femmes et des enfants du Donbass qui ont été tués dans des bombardements atroces et barbares par des néo-nazis [de 2014 à 2022].

Nous inclinons la tête devant nos camarades combattants qui sont morts courageusement dans la juste bataille – pour la Russie.

Je déclare une minute de silence.

[Une minute de silence.]

La perte de chaque officier et soldat est douloureuse pour nous tous et une perte irrémédiable pour les familles et les amis.

Le gouvernement, les autorités régionales, les entreprises et les organismes publics feront tout pour entourer ces familles et les aider. Un soutien particulier sera apporté aux enfants des compagnons d’armes tués et blessés.

Le décret présidentiel à cet effet a été signé aujourd’hui.

Je souhaite un prompt rétablissement aux soldats et officiers blessés, et je remercie les médecins, les ambulanciers, les infirmières et le personnel des hôpitaux militaires pour leur travail désintéressé. Notre plus profonde gratitude va à vous pour avoir sauvé chaque vie, n’épargnant souvent aucune pensée pour vous-mêmes sous les bombardements sur les lignes de front.

Camarades,

Des soldats et des officiers de nombreuses régions de notre immense mère-patrie, y compris ceux qui sont directement arrivés du Donbass, de la zone de combat, se tiennent maintenant côte à côte ici, sur la Place Rouge.

Nous nous souvenons comment les ennemis de la Russie ont essayé d’utiliser des gangs terroristes internationaux contre nous, comment ils ont essayé de semer des conflits interethniques et religieux afin de nous affaiblir de l’intérieur et de nous diviser.

Ils ont complètement échoué.

Aujourd’hui, nos guerriers de différentes ethnies se battent ensemble, se protégeant mutuellement des balles et des éclats d’obus comme des frères.

C’est là que réside la puissance de la Russie, une grande puissance invincible de notre nation multiethnique unie.

Vous défendez aujourd’hui ce pour quoi vos pères, grands-pères et arrière-grands-pères se sont battus. Le bien-être et la sécurité de leur patrie étaient leur priorité absolue dans la vie.

La loyauté envers notre patrie est la principale valeur et un fondement fiable de l’indépendance de la Russie également pour nous, leurs successeurs.

Ceux qui ont écrasé le nazisme pendant la Grande Guerre patriotique nous ont montré un exemple d’héroïsme pour tous les âges. C’est la génération des vainqueurs, et nous les admirerons toujours.

Gloire à nos forces armées héroïques ! Pour la Russie ! Pour la victoire ! Hourra !

[Les soldats répondent par plusieurs « Hourras », suit l’hymne russe fondé sur le thème musical l’hymne soviétique, alors que sont tirées des salves d’artillerie par des armes d’époque, rappelant la tradition soviétique de marquer les victoires pendant la « grande guerre patriotique ».]

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Politique

La Convention de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale

Elle s’est tenue le 7 mai 2022.

L’alliance électorale organisée autour de Jean-Luc Mélenchon, dénommée Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale, a tenu sa première grande réunion officielle. Voici le compte-rendu officiel sur le site de Jean-Luc Mélenchon.

On n’y trouve pas les termes de capitalisme, exploitation, aliénation, consommation, bourgeoisie, prolétaires, ouvriers, guerre, pandémie, animaux, socialisme… C’est dire de quoi il s’agit. C’est simplement l’expression d’une bulle, de gens coupés de la réalité car vivant bien au chaud dans l’un des pays les plus riches du monde.

Et on remarquera par contre que l’ensemble de ces termes est habilement contourné, pour satisfaire ceux qui tendraient en cette direction. Il est parlé d’un « système », on ne sait pas lequel précisément, qui « épuise les êtres humains », ce qui est un contournement de l’exploitation et de l’aliénation. Il est demandé la fermeture des « fermes-usines qui sont des sources d’émergences de zoonoses » : s’agit-il de toutes? Est-ce pour les animaux en soi ou pour protéger l’humanité seulement?

Ce flou, ces ambiguïtés, ces contournements montrent qu’il ne s’agit pas seulement d’une bulle, mais aussi d’un rempart contre une montée de la lutte des classes. Cela sert de voie de garage pour les prolétaires. Et pour les bourgeois aussi Jean-Luc Mélenchon a un rôle, il sert de mobilisateur : il serait un bolchevik, voulant instaurer le communisme ! Et ce alors qu’il n’y a même pas de nationalisation de prévu !

Le 7 mai 2022 se tenait la Convention de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale à Aubervilliers.

Manon Aubry a commencé par rappeler que cet événement était historique, avec la présence de représentants de différents mouvements politiques réunis derrière un programme ambitieux pour les élections législatives des 12 et 19 juin. Manuel Bompard a souligné que la Convention marquait officiellement le début de cette campagne et que la victoire était à portée de main.

Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a ensuite appelé les Français à voter pour le programme qui sera proposé par l’Union populaire en juin afin d’aller chercher la victoire ensemble. Aurélie Trouvé a expliqué qu’en envoyant Jean-Luc Mélenchon à Matignon cela permettrait d’avoir la retraite à 60 ans, le SMIC à 1 400€ ou encore le blocage des prix.

Fabien Roussel, secrétaire national du Parti Communiste Français, s’est ensuite exprimé à la tribune pour dire qu’il était possible, grâce à la nouvelle Union populaire, de battre Emmanuel Macron à l’Assemblée nationale et qu’il s’agissait d’un immense espoir pour tous les salariés, les retraités, les familles et la jeunesse.

Le secrétaire national d’EELV, Julien Bayou, a abordé le thème de l’urgence climatique, en expliquant que grâce au programme proposé sous la bannière commune, il sera enfin possible de relever ce défi majeur.

Mathilde Panot a pris la parole pour annoncer que les députés de l’Union populaire nouvellement élus redonneront toute sa dignité à l’Assemblée nationale et en feront un lieu du peuple.

Clémence Guetté a ensuite évoqué le programme, qui constitue la base de l’accord pour une Nouvelle Union Populaire. Elle a indiqué qu’il s’agissait d’un programme de gouvernement avec des marqueurs de rupture pour changer la vie des gens à partir du 19 juin. Plusieurs intervenants sont ensuite revenus sur ces marqueurs forts qui seront partagés pendant la campagne des législatives.

Jean-Luc Mélenchon a enfin prononcé un discours en clôture de la Convention. Il a souligné que c’était une nouvelle page de l’Histoire politique de la France qui était en train de s’écrire. En effet, c’est la première fois dans l’Histoire de France qu’il y a un accord global avec un candidat commun dans toutes les circonscriptions. Il a indiqué que cela doit permettre de rompre avec ce système qui pille la nature et épuise les êtres humains.

Il a appelé à ce que la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale soit une force pérenne qui dure davantage qu’une élection par la camaraderie et la fraternité. Il a précisé que cette Nouvelle Union Populaire était un parlement, que chaque composante aurait un groupe à l’Assemblée nationale et qu’un intergroupe permettra de réunir l’ensemble des forces.

Il a également dit que ce n’est pas qu’un accord électoral. Il s’agit d’un accord programmatique qui pose un acte de résistance collective à une ère de maltraitance sociale, écologique et démocratique qui a été imposée par un pouvoir qui s’est fait élire par la contrainte, sans programme.

Il a rappelé que pour éviter la retraite à 65 ans, la seule manière de faire était d’élire une majorité de députés de l’Union populaire.

Il a souligné la nécessité de relocaliser tout ce que nous pouvons pour ne pas connaître les pénuries de production auxquelles nous expose le système du libre-échange généralisé. Il a également appelé à s’organiser pour faire face aux épidémies, notamment en fermant les fermes-usines qui sont des sources d’émergences de zoonoses.

Il a ajouté que le changement climatique était commencé et irréversible, mais que nous pouvons empêcher le franchissement de nouveaux seuils qui aggraveraient la mise en danger de l’humanité sur les points essentiels, comme le cycle de l’eau.

Sur la question du partage des richesses, il a répété que c’était insupportable de constater, qu’en France, 5 personnes possèdent autant que 27 millions d’autres. Il a rappelé que les inégalités fragilisent nos sociétés parce qu’elles les rendent moins aptes à résister alors qu’au contraire il faut construire une société d’entraide et d’harmonie.

Pour conclure, Jean-Luc Mélenchon a expliqué que l’élection présidentielle n’avait rien réglé puisque Macron était un président sans mandat. C’est pourquoi il appelle à un 3e tours afin de mettre du législatif dans la monarchie présidentielle.

Lors des es élections législatives, pour élire le Premier ministre il faudra voter pour des députés de la nouvelle Union Populaire qui forment une majorité à l’Assemblée nationale. À l’inverse, il a rappelé que le vote pour la Rassemblement national ne servait à rien puisqu’une fois élus, ils ne viennent pas. Par exemple, lors des débats à l’Assemblée sur les retraites, Marine Le Pen était absente.

Les 3h30 de la convention sont en vidéo ici.