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Guerre

Annexion du Donbass par la Russie: extrême tension militaire avec l’OTAN

La Russie va-t-elle annexer le Donbass ? Le spectre de la guerre s’incarne et ce n’est qu’un début.

La crise est là, la crise sanitaire n’est qu’un aspect d’une crise bien plus profonde et la bataille pour le repartage du monde s’accélère chaque jour. Ce qui se passe est un premier moment de terrible danger, dont les victimes seront toujours les peuples.

La Russie est en effet en train de procéder à une importante mobilisation de troupes à sa frontière avec l’Ukraine, plus exactement avec les parties de l’Ukraine gérées par les forces séparatistes pro-russes. Des convois ferroviaires très nombreux et très longs transportent massivement des véhicules militaires et tout ce qu’il faut comme approvisionnement.

C’est au point qu’est désorganisé le transport pour le matériel agricole, alors que le printemps est arrivé et avec lui le début des récoltes !

Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, a affirmé que :

« La Russie déplace ses forces armées sur son territoire comme elle l’entend, mais cela ne représente une menace pour personne et ne doit inquiéter personne. »

Sauf que l’accord de cessez-le-feu d’usage à la frontière entre l’Ukraine et les régions séparatistes a pris fin le premier avril, en raison du refus de la Russie de le prolonger.

La Russie va-t-elle tenter de réaliser par la force ce qu’elle a prévu depuis le début du conflit, à savoir l’annexion de la région du Donbass, à la suite de celle de la Crimée ?

La carte des régions séparatistes (source: wikipédia)

Surtout que la pseudo-République populaire de Donetsk, une fiction pro-russe, a décidé le premier avril la mobilisation de la classe d’âge 1994-2003, tout comme la Crimée de son côté. La pseudo-République populaire de Lougansk semble mettre en place un dispositif militaire, alors que des troupes russes se déplacent en Biélorussie, juste à la frontière ukrainienne.

L’ordre de circonscription la pseudo-République populaire de Donetsk

La réponse américaine est très claire. Les forces armées américaines en Europe sont activées pour faire face à une :

 « crise imminente potentielle » .

La question ukrainienne a également été abordée au sein de l’OTAN. En clair, si la Russie annexe la partie orientale de l’Ukraine, actuellement devenue « séparatiste », ce sera le conflit militaire.

Les services de renseignement ukrainien ont également publié le premier avril une note intitulée :

« La Fédération de Russie est prête pour des provocations à grande échelle contre notre État »

Il y est expliqué que la Russie chercher à faire intervenir militairement l’Ukraine au moyen de provocations. Sauf qu’il y a eu des déplacements militaires en Ukraine tout au long du mois de mars ! Et les États-Unis, avec la Grande-Bretagne, sont clairement dans une volonté d’affrontement, poussant l’Ukraine en ce sens.

De plus, la Crimée est alimentée en eau à 84% par le Canal de Crimée du Nord, qui commence en Ukraine, mais bien évidemment les liens sont coupés et le lac artificiel de Simferopol, faisant 35 millions de mètres cubes, se retrouve à sec, assoiffant la Crimée.

Le Canal de Crimée du Nord, construit entre 1961 et 1971 juste après que la Crimée ait été « offert » par la Russie à l’Ukraine (source : Wikipédia)

Les deux camps montent en fait en agressivité. Et en Ukraine il ne faut pas oublier l’agitation néo-nazie. 3 000 néo-nazis ont manifesté le 20 mars 2021 à Kiev, incendiant la plaque officielle du bâtiment présidentiel, le jour de l’anniversaire de Sergey Sternenko, un ancien dirigeant du « Pravdy Sektor » pour la région d’Odessa, condamné en février à sept ans et demi de prison pour le kidnapping d’un homme politique.

Ces agitateurs nationalistes jettent également de l’huile sur le feu. Pour l’anecdote, il existe deux centres culturels ukrainiens à Paris.

Le premier s’appelle Symon Petlioura, du nom d’un dirigeant nationaliste ayant combattu la révolution russe et assassiné à Paris en 1926 par Samuel Schwartzbard pour venger les pogroms dont il était responsable (Samuel Schwartzbard sera acquitté en 1927 grâce à la campagne de la Gauche).

Le second, dépendant de l’ambassade ukrainienne, s’intitule Wassyl Slipak. Cet Ukrainien, chanteur de l’opéra de Paris, a adopté la coiffe cosaque et a rejoint les volontaires néo-nazis luttant contre les séparatistes sur le front, où il a été tué en 2016.

C’est sinistre… alors que l’Ukraine c’est Taras Shevchenko, Nicolas Gogol, Vladimir Vernadski, Reinhold Glière, Fyodor Pirotsky, Alexandra Exter, Iouri Kondratiouk, Tatiana Iablonskaïa, Sergueï Korolev, Oleg Antonov, Lyubomyr Romankiv…

Kateryna, une peinture de 1842 du poète national ukrainien Taras Shevchenko

Depuis la littérature à l’invention du tramway électrique, du rendez-vous orbital pour alunir ou l’invention de la RAM des ordinateurs, le peuple ukrainien a puissamment contribué à la culture et à la science.

Mais le peuple d’Ukraine, qui vit dans une terrible misère, pratiquement la pire en Europe, est ainsi la victime de l’expansionnisme russe, d’une oligarchie possédant littéralement le pays, de l’agitation racialiste des nazis, des influences toujours plus grandes de la superpuissance américaine et de l’OTAN.

Et il risque en plus d’être victime d’un conflit ouvert… Nous avons besoin de construire une opinion publique anti-guerre, capable de mobiliser pour lancer des signaux internationalistes ! Le peuple ukrainien ne doit pas être seul !

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Réflexions

Mélenchon, Marx et la nature comme « corps inorganique de l’homme »

La question de la définition de la Nature en dit long sur une France marquée par Descartes.

C’est un exemple de la dimension grotesque de la vie intellectuelle française. Du Marx mal lu, pas lu, interprété à tort et à travers, des références à des intellectuels universitaires hors sol… Que dire ?

La chose se passe ainsi : Jean-Luc Mélenchon tient des propos à l’Assemblée… Il dit qu’il ne s’agit pas de défendre la Nature, qui se défend elle-même, mais un écosystème compatible avec l’être humain. C’est un anthropocentrisme masqué : on sait que Jean-Luc Mélenchon avait parlé de manger du quinoa lors de la dernière élection présidentielle, mais c’était de la démagogie.

Et il dit alors que Marx appelle cela le « corps inorganique de l’homme » (ce qui n’est pas vrai du tout). Les éditions sociales, qui sont les éditions historiques du PCF, s’en réjouissent.

Dans la foulée, les éditions sociales mentionnent un ouvrage au sujet de cette expression. De manière délirante, cet ouvrage publié au éditions sociales a été écrit par… l’universitaire américaine Judith Butler, l’une des principales figures de la philosophie post-moderne, principalement de la théorie du genre. On ne peut pas faire plus éloigné de Karl Marx.

On peut trouver en ligne un extrait des discours délirants de Judith Butler. Rien que le début suffit :

« Ce que j’entends montrer aujourd’hui est relativement simple. L’objectif général de mon propos est de déterminer la meilleure façon de reconsidérer les Manuscrits économico-philosophiques de 1844 de Karl Marx afin de savoir si, selon l’hypothèse couramment admise, Marx est anthropocentrique. »

L’hypothèse couramment admise n’existe pas. Les gens ayant lu Marx sérieusement, et non pas de seconde main à travers des universitaires, savent très bien que Marx n’est pas du anthropocentriste (et non pas « anthropocentrique » d’ailleurs), qu’il se situe dans le prolongement de Spinoza et de Hegel, avec une lecture universelle s’exprimant justement dans une dialectique de la Nature.

Rien que le passage où Karl Marx parle du « corps inorganique de l’homme » dans les Manuscrits de 1844 le montre très clairement d’ailleurs : la dernière phrase le souligne clairement. Et d’ailleurs Karl Marx n’oppose pas du tout l’être humain à la Nature : il dit que l’être humain avec le travail est sorti de la Nature mais pour mieux y retourner. C’est le sens du communisme.

« La vie générique tant chez l’homme que chez l’animal consiste d’abord, au point de vue physique, dans le fait -que l’homme (comme l’animal) vit de la nature non-organique, et plus l’homme est universel par rapport à l’animal, plus est universel le champ de la nature non-orga­ni­que dont il vit.

De même que les plantes, les animaux, les pierres, l’air, la lumière, etc., constituent du point de vue théorique une partie de la conscience humaine, soit en tant qu’ob­jets des sciences de la nature, soit en tant qu’objets de l’art – qu’ils constituent sa nature intel­lec­tuelle non-organique, qu’ils sont des moyens de subsistance intellectuelle que l’hom­me doit d’abord apprêter pour en jouir et les digérer – de même ils constituent aussi au point de vue pratique une partie de la vie humaine et de l’activité humaine. Physiquement, l’homme ne vit que de ces produits naturels, qu’ils apparaissent sous forme de nourriture, de chauffage, de vêtements, d’habitation, etc.

L’universalité de l’homme apparaît en pratique précisément dans l’universalité qui fait de la nature entière son corps non-organique, aussi bien dans la mesu­re où, premièrement, elle est un moyen de subsistance immédiat que dans celle où, [deuxième­ment], elle est la matière, l’objet et l’outil de son activité vitale.

La nature, c’est-à-dire la natu­re qui n’est pas elle-même le corps humain, est le corps non-organique de l’homme. L’homme vit de la nature signifie : la nature est son corps avec lequel il doit main­te­nir un processus cons­tant pour ne pas mourir.

Dire que la vie physique et intellectuelle de l’homme est indis­so­lu­blement liée à la nature ne signifie pas autre chose sinon que la nature est indissoluble­ment liée avec elle-même, car l’homme est une partie de la nature. »

On voit donc que Jean-Luc Mélenchon cite Karl Marx pour dire le contraire de ce dernier : pour Karl Marx la situation où la Nature fait face à l’être humain est temporaire et mauvaise, il faut retourner à la Nature, que l’être humain redevienne un animal en son sein, mais en profitant de son évolution. C’est le sens du communisme.

Pour Jean-Luc Mélenchon par contre, la scission entre l’être humain et la Nature est consommée, la Nature étant réduite à un écosystème à gérer. Cela n’a rien à voir et on comprend au passage pourquoi il est un fervent partisan de cette horreur absolue qu’est « l’aquaculture », avec des millions et des millions de poissons enfermés sous l’eau.

Alors pourquoi tout cela ? Judith Butler le dit dans l’extrait mentionné plus haut. Elle valorise Louis Althusser, bien connu pour proposer un post-marxisme structuraliste, où il rejette le jeune Marx comme « humaniste », pour mettre en avant un Marx de la maturité « structuraliste » avant l’heure. En clair, Althusser = le meilleur lecteur de Marx.

C’est une escroquerie spécifiquement française, où l’on s’imagine que la philosophie anthropocentriste du libre-arbitre élaboré par Descartes serait un ancêtre du marxisme… Alors qu’en réalité le marxisme un naturalisme déterministe dans le prolongement de Spinoza.

Voici donc ce que dit Judith Butler :

« Ce que je voudrais mettre en avant, c’est que la plupart d’entre nous qui travaillons dans le sillage du structuralisme et du post-structuralisme au cours des dernières décennies avons une grande dette envers le bouleversement intellectuel opéré par le geste révolutionnaire d’Althusser. Ma propre dette envers celui-ci pour le changement de perspective qu’il a fait advenir est immense, que cette dette ait été consciente ou non. »

Structuralistes de tous les pays, unissez-vous ! Tel est le mot d’ordre et on voit que les éditions sociales participent à cette démarche lamentable, ce qui n’est guère étonnant puisque le marxisme français est faux et pourri à la base, par incapacité à se mettre à l’école de la social-démocratie allemande. Là est la source historique du problème.

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Société

Mineurs vaccinés, un président fantomatique, un libéralisme sanitaire généralisé…

La crise du COVID-19 est un crash-test et la France plonge dans l’échec après s’être enlisée.

Il y a en France de nombreux mineurs qui sont vaccinés. C’est normalement impossible, mais en France tout est possible, justement. Le libéralisme a triomphé dans les mentalités et l’esprit de corruption prédomine tendanciellement partout. Personne ne se sent responsable de rien.

D’ailleurs, non seulement il y a des doses de vaccins qui sont jetées, ce qui est une honte mais parfois il y a même des gens arrivant « comme par hasard » avant que ces doses soient jetés, et ils sont vaccinés. On devine qu’il s’agit évidemment souvent de magouilles bien plus que de gens tentant leur chance. L’administration n’est même pas capable de faire comme dans d’autres pays et d’avoir des gens bien précis à appeler pour se faire vacciner en cas de doses restantes.

Dans un État de droit, comme on sait forcément qui est vacciné, on devrait retrouver aisément ces mineurs. Une simple recherche informatique de la part des organismes sanitaires concernés permettrait très facilement de retrouver les médecins et les parents coupables. Les médecins responsables d’un tel acte, surtout, alors qu’on ne connaît pas les effets secondaires sur les mineurs, devraient être réprimés.

Mais en France l’État n’est même plus celui d’un droit bourgeois, c’est celui d’un droit post-bourgeois, où les choses tiennent comme elles peuvent, par la force de l’habitude capitaliste. Quand on voit le rassemblement impuni à Lyon le 30 mars…

Lyon, le 30 mars 2021

On a pu d’ailleurs voir que dans allocution du 31 mars 2021, le président Emmanuel Macron a été d’une faiblesse inouïe. Il n’a pas été capable d’être ferme, il n’a pas été capable d’aller à contre-courant de l’opinion publique partisane d’une absence de vraies mesures.

D’ailleurs, lui-même est finalement content de faire tourner le capitalisme autant que possible, et tant pis pour les morts. Il fait comme si les choses sont allées en s’améliorant, comme si ne pas confiner plus tôt s’est avéré une bonne chose pour continuer à vivre… Et comme les Français ne veulent pas voir les choses en face de toutes façons, Emmanuel Macron a pu faire son satisfecit.

Les mesures prises sont d’ailleurs le minimum possible vue la situation : un couvre-feu à 19 heures partout en France métropolitaine (qui n’est pas vraiment respecté), un appel à un télétravail systématique (qui ne concerne qu’une minorité de gens), une fermeture de certains commerces (qui arrive trop tardivement), pas de déplacements inter-régionaux après le 5 avril sauf motif impérieux (ce qu’on ne peut pas vérifier), pas de déplacement en journée au-delà de 10 kilomètres du domicile sauf motif impérieux (ce qu’on ne peut pas vérifier non plus).

Emmanuel Macron a de toutes façons dit qu’il faisait confiance aux Français, ce qui implique de jouer les Ponce Pilate. Pour parer aux extrêmes, il y a le passage à 10 000 lit en réanimation (contre 7600 en ce moment, et 5 000 en janvier), et il y a le grand espoir d’une vaccination de masse. Cela passera et cela cassera, mais surtout cela passera, tel est le raisonnement cynique.

Et c’est conforme à une masse de Français passifs et poseurs, apolitiques et anti-politiques, individualistes et régressifs, attendant que cela passe pour que tout retourne comme avant, dans un cocooning capitaliste coupé de la réalité du monde et de ses exigences. C’est une faillite historique… Qui montre la maturité de la situation historique, mais aussi sa gravité.

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Guerre

Déclaration du réseau « Non à la guerre – Non à l’OTAN » sur le nouvel agenda OTAN 2030

Le réseau formé en 2008 appelle à refuser la guerre et l’OTAN, au nom de la solidarité entre les peuples. Il dénonce le nouvel agenda de l’OTAN.

Le réseau Non à la guerre – Non à l’OTAN condamne les propositions pour un nouvel agenda de l’OTAN, exposées dans OTAN 2030: Unis pour une nouvelle ère . Ce rapport présente un dangereux plan d’expansion qui augmentera les tensions et les risques de guerre. Le voici :

 » Introduction

En 2020, le secrétaire général de l’OTAN, Stoltenberg, a chargé un groupe de 10 « experts » de réfléchir à l’avenir de l’OTAN. Dans leur rapport OTAN 2030:Unis pour une nouvelle ère, ils présentent 138 propositions censées aider l’alliance militaire à relever les principaux défis de la prochaine décennie. Le rapport, bien qu’il n’ait pas encore été officiellement adopté par l’OTAN, sera utilisé pour inspirer le prochain sommet de l’OTAN qui se tiendra à Bruxelles plus tard cette année.

Principes de la démocratie

Le document réitère l’affirmation propagandiste selon laquelle l’alliance est basée sur « les principes de la démocratie, de la liberté individuelle et de l’État de droit… pour promouvoir la stabilité et le bien-être dans la région de l’Atlantique Nord ». 

En réalité, l’histoire de l’OTAN est trempée de sang. L’alliance militaire et plusieurs de ses États membres ont contribué à déclencher des coups d’État et soutenu des dictatures. Ils ont mené des guerres dans le monde entier, déstabilisant des pays tels que l’Algérie, le Vietnam, les Balkans, l’Afghanistan, l’Irak et la Libye, avec pour conséquences des millions de victimes innocentes et ce qu’on appelle les « États défaillants ». Le nouvel agenda continuera la guerre sans fin.

Chine + Russie – ennemis désignés

OTAN 2030 développe une vision du monde en termes de menaces, avec pour objectif principal de légitimer le réarmement et l’expansion militaire mondiale, alors même que l’OTAN et ses États membres sont souvent responsables de nombre de ces menaces. 

Le rapport utilise un langage hostile stigmatisant la Chine et la Russie en tant que « rivaux systémiques » avec des recommandations qui mèneront à une confrontation croissante. Bien qu’il n’y ait aucune menace immédiate de la part de l’un ou l’autre de ces pays, l’OTAN intensifie sa propagande pour justifier l’augmentation des dépenses militaires, alors même que la pandémie COVID-19 a un impact énorme sur les budgets des gouvernements.

OTAN 2030 regorge d’images désignant l’ennemi, diabolisant avant tout la Russie et la Chine. Des solutions non militaires sans domination ni agression sont impensables pour l’OTAN. Cela vaut y compris pour les défis tels que le changement climatique, la perte de la biodiversité et la protection de l’environnement.

Armes nucléaires, TNP et TIAN

Tout en se déclarant du bout des lèvres en faveur de la maîtrise des armements, le rapport insiste sur la nécessité de la dissuasion et du maintien des armes nucléaires, préconisant la revitalisation des accords de partage nucléaire en tant qu’élément essentiel de la politique de dissuasion de l’OTAN. L’OTAN exige que ses membres s’engagent dans un partage de la charge du nucléaire. 

Trois membres de l’OTAN, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, possèdent des armes nucléaires et modernisent leurs arsenaux. Cinq membres de l’OTAN, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie et la Turquie, hébergent des armes nucléaires américaines sur leur territoire.

Le réseau Non à la guerre – Non à l’OTAN s’oppose à la politique d’armement nucléaire de l’OTAN en violation des engagements de désarmement nucléaire du TNP et condamne la campagne de désinformation de l’alliance contre le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). 

Un plan doit être élaboré, sur la base de négociations à court terme, pour œuvrer en faveur d’une zone dénucléarisée en Europe, étape importante vers un monde sans armes nucléaires. 

Les États membres ne devraient pas se laisser intimider par l’OTAN et ses États-membres dotés d’armes nucléaires pour ne pas signer le TIAN. C’est une honte que l’Alliance empêche ses membres d’adhérer au Traité.

UE et OTAN

Bien que certains membres de l’UE s’en tiennent à une politique de neutralité et ne soient pas membres de l’OTAN, le rapport suggère un approfondissement des liens institutionnels avec l’UE dans le domaine militaire. 

Les capacités de défense européennes indépendantes complémentaires et les actions militaires alignées sur les objectifs de l’OTAN sont encouragées comme contribution au programme de partage des coûts qui renforce la puissance militaire de l’OTAN. L’objectif de dépenser 2% du PIB à des fins militaires est partagé par l’OTAN et l’UE.

Sécurité

Le réseau Non à la guerre – Non à l’OTAN rejette l’approche militariste de la sécurité telle qu’exprimée dans le rapport OTAN 2030 ; cela détourne des milliards de dollars vers l’armement et l’expansion militaire et ne fera qu’augmenter la probabilité d’une confrontation militaire. Notre société a besoin de désarmement, de diplomatie et de coopération, d’investissements dans la santé, les services sociaux et les mesures pour éviter le changement climatique. 

Seuls un système de sécurité globale comprenant des accords diplomatiques conclus avec la Russie et la Chine sur le désarmement, des mesures de confiance et la coopération économique et politique peuvent apporter une paix juste et durable. 

L’UE ne doit pas être réduite à n’être qu’ une branche de l’OTAN. En collaboration avec ses États membres, elle devrait mener une politique de sécurité autonome, pacifique et démilitarisée, fondée sur les principes de l’Acte final d’Helsinki.

2% du PIB et complexe militaro-industriel

OTAN 2030 confirme que l’OTAN est une alliance de guerre qui sert les intérêts du complexe militaro-industriel, et non ceux du peuple. Elle n’apportera pas de sécurité humaine. 

Le réseau Non à la guerre-Non à l’OTAN appelle à l’abrogation de la norme des 2% pour les dépenses militaires et de l’obligation d’armement (20% des budgets militaires) – décidée de manière antidémocratique lors du sommet de l’OTAN au Pays de Galles. Au lieu de cela, ces ressources doivent être utilisées pour combattre la pandémie du COVID-19 et pour renforcer la sécurité humaine en général. 

La demande de l’OTAN d’augmenter les dépenses militaires empêche les pays d’investir de manière adéquate dans la santé, les services sociaux et l’action climatique. Le désarmement est le défi central.

Dissolution de l’OTAN et renforcement de l’ONU

Le réseau Non à la guerre – Non à l’OTAN continuera d’agir pour la dissolution de l’OTAN. Il s’emploiera à renforcer l’ONU, ainsi que les institutions civiles régionales, dans la recherche de plates-formes internationales compétentes pour le règlement des conflits, la sécurité commune et le développement durable.

En conséquence, le réseau Non à la guerre – Non à l’OTAN rejette fermement OTAN 2030. En détournant l’attention et les ressources vers la militarisation, OTAN 2030 empêchera également la communauté internationale d’atteindre les objectifs climatiques urgents de l’Accord de Paris et les objectifs de développement durable des Nations Unies d’ici 2030.

Nous avons besoin de la solidarité mondiale et d’une coopération internationale pour résoudre nos défis communs: la pandémie, l’urgence climatique et les inégalités. 

Avec la diplomatie, le désarmement et le développement durable dans le cadre du système des Nations Unies, il n’est nul besoin de cette alliance militaire anachronique dominée par l’hémisphère occidental. Nous continuons d’appeler à la dissolution de l’OTAN. »

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Guerre

OTAN 2030: révolte d’une partie de l’armée française

Les néo-gaullistes de l’armée française s’opposent à la ligne d’intégration stratégique de la France à l’OTAN.

Si la France est partante pour la ligne américaine d’affronter la Russie et la Chine, il y a bien sûr des nationalistes partisans d’un cavalier seul. La révolte en question provient du « Cercle de Réflexion Interarmées ». C’est une structure formée par des hauts gradés de l’armée française qui ne sont plus en service et qui, par conséquent, ont le droit d’exprimer leurs opinions, ce qu’ils ne pourraient pas sinon.

Le Cercle en question s’est déjà exprimé à plusieurs reprises, visant à former, sans le dire ouvertement, une fraction dans l’armée française. La ligne que le Cercle vise à faire triompher correspond aux options de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon : la France doit avoir une politique de grande puissance sans établir des alliances lui imposant telle ou telle mise en perspective.

C’est grosso modo du néo-gaullisme et les hauts gradés en question se revendiquent ouvertement de lui d’ailleurs.

La nouvelle initiative du Cercle passe une pseudo  lettre ouverte à Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN. La mise en perspective stratégique prend tellement ouvertement les positions russes qu’il n’y a (officiellement) qu’un signataire, un général de brigade aérienne.

C’est un bon exemple de la complexité de la question en France. Comment refuser l’OTAN sans faire le jeu des nationalistes ? Et comment s’opposer aux nationalistes sans faire le jeu de l’OTAN, de l’Union européenne ? Comment ne pas être pris entre Charybde et Scylla ?

Voici la « lettre ouverte » reflétant le point de vue néo-gaulliste, tout aussi militariste que l’OTAN, mais dans une autre perspective stratégique :

« Le jeudi 18 février 2021 l’étude « OTAN 2030 », produite à votre demande, vous a été présentée. Elle indique ce que doivent être les missions de l’OTAN pour les dix prochaines années. D’entrée, il apparaît que toute l’orientation de l’OTAN repose sur le paradigme d’une double menace, l’une russe, présentée comme à l’œuvre aujourd’hui, l’autre chinoise, potentielle et à venir. Deux lignes de force majeures se dégagent de cette étude.

La première, c’est l’embrigadement des Européens contre une entreprise de domination planétaire de la Chine, en échange de la protection américaine de l’Europe contre la menace russe qui pèserait sur elle.

La deuxième, c’est le contournement de la règle du consensus, de plusieurs manières: opérations en coalitions de volontaires; mise en oeuvre des décisions ne requérant plus de consensus; et surtout la délégation d’autorité au SACEUR (Commandant Suprême des Forces Alliées en Europe, officier général américain) au motif de l’efficacité et de l’accélération de la prise de décision.

Mais la lecture de ce projet «OTAN 2030» fait clairement ressortir un monument de paisible mauvaise foi, de tranquille désinformation et d’instrumentalisation de cette « menace Russe », « menace » patiemment créée puis entretenue, de façon à « mettre au pas » les alliés européens derrière les États-Unis, en vue de la lutte qui s’annonce avec la Chine pour l’hégémonie mondiale.

C’est pourquoi, Monsieur le Secrétaire général, avant toute autre considération sur l’avenir tel qu’il est proposé dans le projet OTAN 2030, il est important de faire le point sur les causes et la réalité de cette menace russe, par les quelques rappels historiques ci-dessous.

En effet, l’histoire ne commence pas en 2014, et c’est faire preuve d’une inébranlable mauvaise foi historique concernant les relations euro et américano-russes, que de passer en une seule phrase (au tout début du paragraphe « Russie ») directement du « partenariat constructif » lancé par l’Otan au début des années 90 à l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, comme s’il ne s’était rien passé entre 1991 et 2014, entre « la gentille Russie » de l’époque, et le méchant «Ours russe» d’aujourd’hui.

C’est bien l’OTAN qui, dès les années 1990, s’est lancée à marche forcée dans son élargissement vers l’est, certes à la demande des pays concernés, mais malgré les assurances données à la Russie en 1991 lors de la signature du traité de Moscou (2), et qui d’année en année a rapproché ses armées des frontières de la Russie, profitant de la décomposition de l’ex URSS.

C’est bien l’OTAN qui , sans aucun mandat de l’ONU, a bombardé la Serbie (3) pendant 78 jours, avec plus de 58 000 sorties aériennes, et ceci sur la base d’une vaste opération de manipulation et d’intoxication de certains services secrets de membres importants de l’Alliance, (le prétendu plan serbe « Potkova » et l’affaire de Racak ), initiant ainsi, contre toute légitimité internationale, la création d’un Kosovo indépendant en arrachant une partie de son territoire à un état souverain, au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, humiliant ainsi la Russie à travers son allié serbe.

Ce principe serait-il à géométrie variable, lorsqu’il s’agit de la Crimée composée à plus de 90% de Russes, et rejoignant la Russie sans un coup de feu?

C’est bien l’OTAN qui en 2008, forte de sa dynamique «conquête de l’est», refusa la main tendue par la Russie pour un nouveau « Pacte de sécurité européen » qui visait à régler les conflits non résolus à l’est de l’Europe (Transnistrie, Abkhazie, Ossétie du Sud), en échange d’une certaine neutralité de la Géorgie, de l’Ukraine, de la Moldavie – c’est à dire de l’immédiat « hinterland » russe – vis-à-vis de l’OTAN.

Et c’est toujours avec ce même esprit conquérant, perçu comme un réel étranglement par la Russie, qu’il a été choisi, en 2010, d’encourager les graves troubles de l’« Euromaïdan », véritable coup d’état qui a abouti à l’élimination du président ukrainien légalement élu, jugé trop pro-russe, en vue de continuer la politique de rapprochement de l’Ukraine avec l’OTAN.

On connaît la suite, avec les sécessions de la Crimée et du Donbass.

C’est bien l’OTAN qui au début des années 2000, après avoir associé la Russie à une défense anti-missiles de théâtre censée « protéger les États-Unis et ses alliés, dont la Russie » , d’une attaque de missiles tirés par des «États voyous» , notamment l’Iran et la Corée du Nord (sic), transforma de facto en 2010 lors du sommet de Lisbonne, ce système en une architecture globale de défense antimissile balistique en Europe (BMDE), non plus de théâtre, mais en un véritable bouclier tourné cette fois-ci contre la Russie et non pas la protégeant.

C’est encore l’OTAN qui donna l’assurance à la Russie que les sites de lancement des missiles antimissiles balistiques (ABM) ainsi déployés devant sa porte ne pourraient jamais être retournés en sites offensifs contre son territoire tout proche, « oubliant de préciser » qu’en réalité ces lanceurs (MK 41) de missiles ABM pouvaient tout aussi bien servir à tirer des missiles offensifs Tomahawk contre son territoire (nucléaires ou conventionnels de portées supérieures à 2000 km selon les versions) en contradiction flagrante avec le traité INF toujours en vigueur à l’époque de leur déploiement; on dépassait là, et de loin la question de savoir si le 9M729 russe portait à 480 km ou à 520 !

La menace potentielle ainsi exercée sur la capacité de frappe en second de la Russie, base de sa dissuasion nucléaire, a sérieusement remis en cause l’équilibre stratégique américano-russe , poussant alors la Russie à suspendre toute coopération au sein du COR (Conseil OTAN-Russie) fin 2013, donc dès avant l’affaire de la Crimée de 2014, laquelle sera ensuite utilisée par l’OTAN pour justifier – a posteriori – la protection BMDE de l’Europe face à la nouvelle « menace russe » !

Alors oui, Monsieur le Secrétaire général, au terme de ces vingt années d’efforts soutenus de la part de l’OTAN pour recréer « l’ennemi russe», indispensable à la survie d’une organisation théoriquement purement défensive, oui, la Russie a fini par se raidir, et par chercher à l’Est la coopération que l’Ouest lui refusait.

L’entreprise de séparation de la Russie d’avec l’Europe, patiemment menée au fil des années, par vos prédécesseurs et par vous-même sous l’autorité constante des États-Unis, est aujourd’hui en bonne voie, puisque la Russie, enfin redevenue « la menace russe » , justifie les exercices les plus provocateurs comme Defender 2020 reporté à 2021, de plus en plus proches de ses frontières, de même que les nouveaux concepts d’emploi mini-nucléaires les plus fous sur le théâtre européen sous l’autorité de…l’allié américain qui seul en possède la clef.

Mais non, Monsieur le Secrétaire général, aujourd’hui, et malgré tous vos efforts, la Russie avec son budget militaire de 70 Md€ (à peine le double de celui de la France), ne constitue pas une menace pour l’OTAN avec ses 1000 Md€ , dont 250 pour l’ensemble des pays européens de l’Alliance! Mais là n’est pas votre souci car ce qui est visé désormais à travers ce nouveau concept OTAN 2030, est un projet beaucoup plus vaste: à savoir impliquer l’Alliance atlantique dans la lutte pour l’hégémonie mondiale qui s’annonce entre la Chine et les États-Unis.

La vraie menace, elle réelle, est celle du terrorisme. L’étude y consacre bien un développement, mais sans jamais se départir du mot « terrorisme », ni en caractériser les sources, les ressorts, les fondements idéologiques et politiques.

Autrement dit, on n’aurait comme menace, en l’occurrence, qu’un mode d’action, puisque telle est la nature du « terrorisme ». On élude donc une réalité dérangeante, celle de l’islamisme radical et de son messianisme qui n’a rien à envier à celui du communisme d’antan. Le problème est que ce même messianisme est alimenté par l’immense chaos généré par les initiatives américaines post Guerre Froide , et qu’il est même porté au plan idéologique tant par la Turquie d’Erdogan, membre de l’Otan, que par l’Arabie Saoudite, allié indéfectible des États-Unis.

Comme on pouvait s’y attendre, il apparaît dès les premières lignes que ce document n’augure rien de bon pour l’indépendance stratégique de l’Europe, son but étant clairement de reprendre en mains les alliés européens qui auraient seulement pu imaginer avoir une once d’un début d’éveil à une autonomie européenne.

Ce n’est pas tout, car non seulement vous projetez de transformer l’OTAN, initialement alliance défensive bâtie pour protéger l’Europe face à un ennemi qui n’existe plus, en une alliance offensive contre un ennemi qui n’existe pas pour l’Europe, (même si nous ne sommes pas dupes des ambitions territoriales de la Chine, de l’impact de sa puissance économique et du caractère totalitaire de son régime) , mais ce rapport va plus loin, carrément vers une organisation à vocation politique mondiale, ayant barre sur toute autre organisation internationale.

Ainsi, selon ce rapport:

– L’OTAN devrait instaurer une pratique de concertation entre Alliés avant les réunions d’autres organisations internationales (ONU, G20, etc..) , ce qui signifie en clair « venir prendre les instructions la veille» pour les imposer le lendemain massivement en plénière !

– L’OTAN doit avoir une forte dimension politique, qui soit à la mesure de son adaptation militaire. L’Organisation devrait envisager de renforcer les pouvoirs délégués au secrétaire général, pour que celui-ci puisse prendre des décisions concrètes concernant le personnel et certaines questions budgétaires.

– L’OTAN devrait créer, au sein des structures existantes de l’Alliance, un mécanisme plus structuré pour la formation de coalitions. L’objectif serait que les Alliés puissent placer de nouvelles opérations sous la bannière OTAN même si tous ne souhaitaient pas participer à une éventuelle mission.

– L’OTAN devrait réfléchir à l’opportunité de faire en sorte que le blocage d’un dossier par un unique pays ne soit possible qu’au niveau ministériel.

– L’OTAN devrait approfondir les consultations et la coopération avec les partenaires de l’Indo-Pacifique : l’Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la République de Corée,

– L’OTAN devrait commencer de réfléchir en interne, à la possibilité d’établir un partenariat avec l’Inde.

Monsieur le Secrétaire général,

C’est parce que cette organisation lorsqu’elle a perdu son ennemi, n’a eu de cesse que de se lancer à corps perdu dans la justification politique de la préservation de son outil militaire, en se reforgeant son nouvel ennemi russe, qu’elle tend aujourd’hui à devenir un danger pour l’Europe.

Car, non contente d’avoir fait manquer à l’Europe l’occasion d’une véritable paix durable souhaitée par tous, y compris par la Russie, l’OTAN animée du seul souci de sa survie, et de sa justification par son extension, n’a fait que provoquer un vaste réarmement de part et d’autre des frontières de la Russie , de la Baltique à la Mer Noire, mettant en danger la paix dans cette Europe, qu’elle ne considère plus désormais que comme son futur champ de bataille,

Et maintenant, à travers ce document OTAN 2030, et contre la logique la plus élémentaire qui veut que ce soit la mission qui justifie l’outil et non l’inverse – les Romains ne disaient-ils pas déjà « Cedant arma togae » ? – vous voudriez, pour l’avenir, justifier l’outil militaire de cette alliance en le transformant en un instrument politique, incontournable, de gestion de vastes coalitions internationales, au profit d’une véritable gouvernance planétaire, allant même jusqu’à passer outre les décisions de l’ONU et écrasant les souverainetés nationales!

Alors non, Monsieur le Secrétaire général! Il faut stopper ce train fou, avant qu’il ne soit trop tard! La France, quant à elle, dans le droit fil des principes énoncés voici plus d’un demi-siècle par le général de Gaulle, ne saurait, sans faillir gravement, se prêter à cette entreprise d’une acceptation aventureuse de la tutelle américaine sur l’Europe.

Pour le Cercle de Réflexion Interarmées (4), le Général de Brigade aérienne (2S) Grégoire Diamantidis

Notes.

1- Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, structure militaire de l’Alliance Atlantique.

2- Traité de Moscou: ou « traité deux plus quatre », signé le 12 septembre 1990 à Moscou, entre les représentants des deux Allemagnes et ceux des quatre puissances alliées de la Seconde Guerre Mondiale, est le «traité portant règlement définitif concernant l’Allemagne» qui a ouvert la voie à la réunification allemande et fixé le statut international de l’Allemagne unie.

3-Opération «Force Alliée» . Cette opération, décidée par l’OTAN, après l’échec des négociations entre les indépendantistes kosovars et la Serbie sous l’égide de l’OSCE (Conférence de Rambouillet 6 février-19 mars 1999) , fut déclenchée sans mandat de l’ONU, le 24 mars sur la base d’une vaste campagne dans les médias occidentaux, concernant un plan d’épuration ethnique (plan Potkova) mené à grande échelle au Kosovo par la Serbie. Plan qui se révéla par la suite, avoir été fabriqué de toute pièce par les services secrets bulgares et allemands .

4- Le Cercle de Réflexion Interarmées (CRI), est un organisme indépendant des instances gouvernementales et de la hiérarchie militaire. Il regroupe des officiers généraux et supérieurs des trois armées ayant quitté le service et quelques civils et a pour objectif de mobiliser les énergies, afin de mieux se faire entendre des décideurs politiques, de l’opinion publique et contribuer ainsi à replacer l’Armée au cœur de la Nation dont elle est l’émanation. « 

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Guerre

Militarisme sino-américain: terrible menace en mer de Chine

Le challenger chinois pousse la superpuissance américaine à renforcer son agressivité, et inversement.

La superpuissance américaine a un énorme problème. La marine militaire coûte extrêmement cher, 160 milliards de dollars chaque année, en raison des exigences techniques. Et lorsque les choses se passent mal, il s’agit bien souvent de destructions totales du matériel, les navires partant par le fond : il faut donc voir les choses en grand et avoir des troupes massives. Pour les États-unis, c’est un vrai gouffre financier, surtout que la doctrine Monroe de 1823 implique que toutes les Amériques sont sous tutelle.

Face à la superpuissance soviétique se plaçant comme challenger dans les années 1970-1980, cela allait encore, car l’URSS était très en retard dans ce domaine, les questions européenne et chinoise étant au premier plan avec des troupes terrestres massivement aux frontières, à quoi s’ajoute la flotte aérienne et les missiles atomiques.

Mais avec la montée de la Chine comme challenger, les États-Unis sont obligés de se focaliser sur la marine militaire, de par la question de la mer de Chine. Cela coûte cher… sans garantie aucune, de par la fragilité des bâtiments militaires face au missiles. Mais accepter l’offensive chinoise serait risquer de perdre sa place de numéro 1 mondial.

Il faut donc que la superpuissance américaine donne une réponse au militarisme chinois qui a déjà amené l’établissement en 2014-2016 de sept îles artificielles dans le sud de la mer de Chine, dans une zone immense que la Chine entend contrôler de manière hégémonique, au grand dam du Vietnam, des Philippines et des autres pays de la région.

Les ambitions chinoises lèsent allègrement les pays voisins

La Chine s’arme ainsi massivement dans cette perspective ; rien que de 2015 à 2021, sa marine militaire est passée de 255 bâtiments à 360. C’est déjà plus que la superpuissance américaine.

Mais cette dernière a bien plus de qualité, avec d’ailleurs 330 000 marins contre 250 000 pour la Chine. Les bâtiments ont en effet plus de tonnages, avec plus de destroyers par exemples, plus de croiseurs lance-missiles. Et elle a également 50 sous-marins à propulsion nucléaire, contre 7 pour la Chine.

Et si la Chine vise rapidement à disposer de 400 bâtiments, la programmation américaine compte rattraper et dépasser ce chiffre, en maintenant l’hégémonie qualitative. D’ici 2045, les États-Unis disposeront de plus de 400 bâtiments également, avec en plus de cela autour de 200 bâtiments sans équipage. C’est dire la militarisation, puisqu’on va avoir des sortes d’énormes drones marins.

Mais arrivera-t-on jusque là ? Tous les observateurs militaires assument déjà de parler de guerre possible d’ici 5-6 ans. Et du point de vue de la Gauche, cette guerre pour le repartage du monde apparaît même comme inévitable. Les Américains ne vont pas attendre que la Chine soit à son niveau, surtout celle-ci doit importer son pétrole par l’océan et une coupure des communications maritimes serait terrible pour elle…

Du côté chinois, l’objectif est clairement la récupération de Taïwan pour obtenir l’hégémonie en mer de Chine et satelliser les pays autour. L’affrontement régional semble ainsi inévitable, la Chine voulant prendre le dessus pour déstabiliser l’hégémonie de la superpuissance américaine, cette dernière voulant inversement étouffer son challenger avant qu’il soit à son niveau.

L’engrenage est monstrueux et correspond aux exigences capitalistes de la superpuissance dominante et de son challenger, comme hier lors de l’affrontement américano-soviétique.

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Politique

Anne Hidalgo : une allée des jardins des Champs-Elysées prend le nom du seigneur de la guerre Massoud

Anne Hidalgo a en tant que maire de Paris réalisé quelque chose qui n’a rien à voir avec la Gauche, ni de près ni de loin.

Voici comment l’association des femmes afghanes RAWA décrit quelques épisodes de ce qui se passe en Afghanistan, à l’occasion de la journée de la femme, le 8 mars 2001 (L’Alliance du nord : les violateurs les plus meurtriers des droits de l’homme) :

« Cette année l’Association Révolutionnaire des Femmes Afghanes (RAWA) souhaitait ardemment célébrer la Journée internationale des droits de l’homme en Afghanistan.

Mais, la réapparition des criminels de l' »Alliance du nord » dans différentes parties du pays, au service des forces américaines, a mis fin à cet espoir.

L' »Alliance du nord » ne saurait oublier les années 1992 à 1996 lorsqu’elle était au pouvoir, lorsque la bande maudite de Golbodin Hekmatyar (Hezb-i-Islami) a anéanti Kaboul par des bombardements et des tirs de roquettes aveugles ; lorsque la bande infâme de Mazari-Khalili (Wahdat-i-Islami) arrachait les yeux des non-Hazaras ; lorsque la bande sauvage de Sayyaf (Ittehad-i-Islami) enfonçait des clous de 15 cm dans le crâne des Hazaras et les brûlait vifs dans des containers métalliques ; lorsque les bandes perfides de Rabbani-Massoud (Jamiat-i-Islami et Shorai Nazar) massacraient les habitants de Afshar et d’autres quartiers résidentiels de Kaboul et qu’ils blanchissaient les pires meurtriers, violeurs et pillards de l’histoire en terme d’infamies et de barbaries perpétrées contre de nombreuses femmes, filles et garçons innocents et sans défense. »

L’Alliance du Nord, c’est un rassemblement de clans et de groupes armés dirigé par Ahmed Chah Massoud, très connu en France sous la désignation de « commandant Massoud ». Il est toujours présenté comme une sorte de Che Guevara de l’Afghanistan, un musulman modéré qui ne serait pas anti-occidental et même pro-démocratie.

En réalité, Massoud fut simplement un seigneur de la guerre et l’extrait du texte de RAWA montre bien de quoi il est responsable !

Anne Hidalgo montre ici son caractère vraiment opportuniste. Il est impossible de se prétendre favorable aux droits des femmes et de valoriser un seigneur de la guerre mêlant religion islamique, nationalisme (tadjik) et traditionalisme. On voit tout de suite que Massoud, chef de « l’Alliance du Nord » composé en fait de clans tadjiks, est valorisé parce qu’il a lutté contre l’URSS et ensuite contre les talibans, et qu’il a accepté d’être un pion pour des grandes puissances.

Tout part d’ailleurs de l’invasion de l’Afghanistan en 1979 par un monstre soviétique ayant des visées impériales. L’Afghanistan s’est effondré avec cette attaque militaire divisant les ethnies et renforçant les clans. La grande victime a alors été l’ethnie hazara, à la fois de culture persane et musulmane chiite. Déjà victime historiquement de la domination pachtoune, avec des viols, de l’esclavage et des meurtres en masse de proportion génocidaire, les Hazaras ont été attaqués de toute part.

Dont régulièrement, donc, par les troupes de Massoud, notamment en mars 1995, alors qu’il était « ministre de la Défense », lors de la prise de contrôle de Karte Seh, majoritairement hazara, près de Kaboul. Les troupes de Massoud s’étaient également fameusement illustrés avec l’incendie en masse d’ouvrages de la bibliothèque de l’université de Kaboul, en 1993.

Et comme Massoud était tadjik, et même le dirigeant des clans tadjiks, il s’opposait aux clans d’ethnie pashtoune, qui formaient les talibans. Ces derniers étaient appuyés par le Pakistan ; les Tadjiks étaient eux appuyés par l’Inde, qui construisit d’ailleurs l’hôpital en Afghanistan où Massoud fut déclaré mort après un attentat taliban deux jours avant le 11 septembre 2001.

Massoud était également appuyé par la Russie et la France, à un moment aussi par les États-Unis. Le Parlement européen l’avait d’ailleurs officiellement invité il y a exactement vingt ans de cela. D’où une allée des jardins des Champs-Elysées portant son nom, comme symbole des chefs de clans et autres féodaux qui font allégeance aux grandes puissances.

Et c’est cela qu’on valorise qu’on est opportuniste et qu’on soutient le jeu criminel des grandes puissances. C’est le contraire de la Gauche et de ses valeurs.

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Société

Un révélateur index de la vie végétarienne dans les grandes villes du monde

La France est totalement en retard dans son rapport aux animaux et cela se lit forcément aussi avec les lieux de restauration.

Nestpick est une base de données d’appartements meublés visant à servir d’entremetteurs pour la location dans un autre pays, pour une durée plus ou moins longue, visant ainsi les étudiants et les expatriés. Elle fait des études afin de promouvoir les départs et a réalisé un index concernant la pratique du végétarisme.

Il est évident qu’un tel choix est assez flou, car le végétarisme a perdu tout son sens (moral et pratique) depuis l’irruption du véganisme et l’entreprise a fait en sorte de mélanger les deux pour simplifier. Dans ses informations, on trouve cependant également le pourcentage de restaurants vegans, à côté du prix dans la ville concernée des fruits et des légumes, des protéines végétales et des restaurants, et également une note reflétant la tenue d’événements et de festivals.

Le top 5 des villes « végétariennes » donne Londres, Berlin, Munich, Vienne, Glasgow, rappelant que les Britanniques et ceux relevant de la culture allemande sont les plus tournés vers les animaux (la sixième ville est d’ailleurs Zurich, Genève étant 40e). Pour les restaurants vegans, le top 5 est Ubud en Indonésie (à Bali), Édimbourg, Bristol, Glasgow et Tel Aviv.

Mais regardons vers la France pour voir ce qu’il en est. Paris étant la métropole internationale qu’on connaît, on pourrait s’attendre à au moins une situation un peu positive sur ce plan. La ville n’est cependant qu’à la 61e place. Cela en dit long sur plein de choses : sur la nature des touristes qui viennent (soit consommateurs superficiels, soit grands bourgeois visant le luxe), sur la nature des gens vivant en région parisienne (d’esprit consommateur petit-bourgeois, pas prêts à se plier à des conformités morales).

La première ville française est Strasbourg, à la 42e place, et on connaît la part immense de la culture allemande dans la culture de cette ville, dont bon nombre de gens ne parlaient d’ailleurs nullement le français en 1918. Dans le classement, qui regroupe 75 villes, on a également Nice à la 71e place. Rappelons que cette ville a une dimension internationale, de par la porte d’accès qu’elle présente pour la Côte d’Azur.

Du côté de nos voisins belges, Bruxelles est à la 34e place, devancé par Gand à la 24e. Même les Italiens et les Espagnols font mieux que les Français, avec Palma de Majorque (7e), Madrid (29e) et Barcelone (55e), ainsi que Rome (11e), Milan (27e), Turin (37e) et Naples (44e). Disons « mêmes » non pas parce que les Italiens et les Espagnols seraient « moins bien » que les Français, mais afin de bien souligner qu’on ne peut pas prétendre que les « latins » seraient en général indifférents aux animaux, comparé au caractère « hippie » des Allemands, par exemple.

Une des multiples productions d’Alba.Paris

Bien entendu, ce sont seulement des comparaisons entre les villes. Il n’en reste pas moins que l’arriération française est évident. Si Pittsburgh (30e) est devant toutes les villes françaises, avec ses 300 000 habitants, ou encore Oklahoma City (32e, avec 650 000 habitants)…

Non, la vérité est que les ambiguïtés et le racolage à la L214 ont démoli le mouvement pour les animaux, que la crise sanitaire a liquidé la question, que la forteresse beauf française est toujours là. Ceux qui ont vendu comme une avancée que la question animale soit intégrée dans le panorama générale n’ont pas compris qu’ainsi elle était désintégrée, ou plutôt n’ont pas voulu voir car ils ont profité d’un prestige médiatique, universitaire, social, économique !

Et encore comme on le voit les petit-bourgeois et les bobos qui ont dévie le mouvement pour les animaux n’ont même pas réussi à faire un vrai capitalisme vegan, ni même un capitalisme végétarien ! L’index montre la faillite de toute une approche anti-populaire et incapable d’assumer la question de manière franche. Le relativisme français est insupportable particulièrement en ce domaine et là on en paie le prix.

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Culture

« Petit soldat » d’Ascendant Vierge

Le duo français installé Bruxelles montre encore une fois qu’il a une profondeur artistique réelle, à la hauteur de notre époque.

L’incroyable faible nombre de vues sur Youtube du pourtant excellent (ou exceptionnel, extraordinaire, etc.) Impossible mais vrai n’a pas déçu Ascendant Vierge, qui avec Petit soldat ajoute à sa patte une dimension engagée avec un texte de reproche très développé de celui qui va à la guerre.

Pour trouver quelque chose comme Petit soldat, c’est-à-dire une sorte de critique d’un aspect de la société avec un point de vue intime, dans une atmosphère oppressante correspondant aux faits, il faut indéniablement remonter aux années 1980. Les groupes « gothiques » (au sens vraiment le plus large et distordu), loin d’être autocentrés ou narcissiques, ont au contraire une démarche romantique. Si l’on prend Ascendant Vierge, on a une symbiose entre les Sisters of mercy et Siouxsie and the Banshees… Difficile de ne pas être terriblement impressionné.

On pourra arguer qu’Ascendant Vierge utilise un tempo plus dansant, plus marqué par la techno, pour ne pas dire le gabber. C’est assez écrasant. Cependant, on n’échappe pas à son époque et celle-ci est marquée par un vrai rentre-dedans. De plus, il y a un côté danse collective qui est considéré comme une valeur refuge.

Petit soldat apparaît ici comme une sorte de lointain successeur au fameux Nineteen de Paul Hardcastle, de 1985, mais remis au goût du jour, dans une ambiance sombre, tel dans un hangar avec une musique étouffante.

Et, d’ailleurs, pour conclure, remarquons que le fait qu’ascendant vierge n’ait pas atteint un succès mérité, cela doit indéniablement également au fait que la chanteuse Mathilde Fernandez propose une figure de magicienne qui fait immanquablement peur à une société superficielle.

Il faut se rappeler de l’incroyable dévaluation qu’a connu Niagara dans les années 1980, malgré une qualité indéniable de par son sens de la mélodie et des recherches très élaborées si l’on passe les petites chansons moqueuses. Alors que rien que Soleil d’hiver est une chanson d’une immense profondeur!

Espérons qu’Ascendant Vierge n’aura pas un tel dédain immérité!

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Politique

Le PRCF et le « méga-empire »

Mélangeant les thèses du PCF des années 1960, 1970 et 1980, le Pôle de Renaissance Communiste en France considère que le capitalisme est passé sous la coupe d’un méga-empire.

C’est une thèse à la fois osée et tout à fait classique que met en avant le Pôle de Renaissance Communiste en France à travers un article d’une de ses principales figures historiques, l’idéologue Georges Gastaud. C’est au sujet des mesures de relance faites aux États-Unis.

L’idée est la suivante : ces mesures serviront principalement les grandes entreprises.

« Pour relancer l’économie américaine, Joe Biden vient de faire voter au Congrès un plan de “soutien à l’économie” de 1200 milliards de dollars.

Une partie de cet argent public ira aux particuliers, et tant mieux pour les travailleurs américains en graves difficultés auxquels cette manne provisoire apportera une bouffée d’oxygène. Mais, vous l’avez deviné, la plus grande partie de cet argent ira aux grandes entreprises, c’est-à-dire au profit capitaliste puisque ce subventionnement public massif du capital privé sera distribué sans contrepartie (…).

Gare au retour de bâton sur les salaires, les emplois publics, les pensions, les indemnités chômage, le logement social, les remboursements sécu, etc.! (…)

Derrière le Père-Noël, le Père-Fouettard: il s’agit d’un nouvel avatar, à l’occasion de l’épidémie mondiale, de ce capitalisme monopoliste d’État travesti en “néolibéralisme” qui repose sur un mécanisme unique État bourgeois/monopoles capitalistes, en voie de redéploiement à l’échelle continentale (l’Empire européen centré sur Berlin) et transcontinentale (ce que le MEDEF appelle l’Union transatlantique) et qui consiste, avec des faux-semblants quasiment socialistes, à doper le profit capitaliste privé en l’abondant en permanence avec l’argent du contribuable.

C’est pourquoi les euro-réformistes keynésiens qui croient “contrebalancer” l’ultra-capitalisme “néolibéral” en réclamant plus d’État (bourgeois) et “plus d’Europe”, ont tout faux.

Il faut de plus en plus, à notre époque, combattre l’UE et sa transformation en méga-Empire continental RENFORÇANT la mainmise capitaliste sur les travailleurs et sur tout le peuple, et combattre TOUTES les variantes du capitalisme qui, selon des dosages différents mais en frappant toujours les mêmes, et que ce soit par l’austérité à tous crins ou par le subventionnement massif des mastodontes privés, appauvrit toujours À L’ARRIVÉE les travailleurs salariés et les couches moyennes pour toujours IN FINE, enrichir le grand capital dont les grands actionnaires américains et français ont énormément profité de la crise… »

Pour résumer : le capitalisme, sous toutes ses formes aujourd’hui, renforce inéluctablement les plus grandes entreprises, et cela au-delà même des frontières nationales. C’est le triomphe d’un capital financier qui, quoi qu’il arrive, fait des profits car il a pris le contrôle des États. C’est la thèse du Capitalisme Monopoliste d’État, élaboré en URSS par Eugen Varga dans les années 1950 et particulièrement développé en France par le PCF dans les années 1960-1970 à travers son économiste Paul Boccara.

Il n’est pas difficile de voir que cette thèse est fausse alors qu’on voit l’ensemble des États se concurrence de manière très profonde, même la France et l’Allemagne. Chaque État tend à jouer le chacun pour soi et à établir des alliances : il est tout à fait évident qu’on va à la guerre pour le repartage du monde.

Le PRCF nie cela : pour lui il y a un capitalisme transnational tentaculaire, un super-impérialisme. Il faut bien d’ailleurs noter que, de manière ouverte, la thèse du capitalisme monopoliste d’État considère comme périmé la thèse de Lénine sur l’impérialisme. Mais même si on n’est pas d’accord avec Lénine et qu’on considère qu’avec le capitalisme la guerre est possible et non pas inéluctable, ce qu’il faut voir c’est que pour le PRCF la guerre est impossible.

Les grands monopoles qui dominent le monde de manière transnationale ne vont en effet pas se faire la guerre… Ou bien s’ils la font c’est telle une conspiration afin de manipuler les gens, ce qui est d’ailleurs une sous-thèse du PRCF.

Tout ce discours du PRCF n’étonnera pas, car il représente l’aile gauche du PCF et de la CGT, avec sa focalisation sur les services publics formant sa base. Cependant, là où c’est grave, c’est que cela désarme totalement face à la compétition mondiale pour le repartage du monde. La conception d’un capitalisme « transational » justifiant un socialisme « patriotique » est non seulement fausse à la base, mais elle est un obstacle à la dénonciation du militarisme se généralisant dans chaque pays.

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Société

L’Europe se confine davantage, pas la France

Les mesures sont toujours plus dures en Europe, mais pas en France malgré une situation toujours plus catastrophique.

Depuis des mois, les Français font comme avant et les mesures sont à l’image de la pesanteur française. Par exemple, ce n’est que le 24 mars 2021 qu’il a été décidé qu’une personne positive au COVID-19 débarquant à l’aéroport Charles-de-Gaulle serait nécessairement stoppée ! Autant dire que rien que l’absence d’une telle mesure coule à la base toute lutte sanitaire concrète…

Il est vrai, de toutes façons que la vie quotidienne des Français prime sur tout le reste : il ne faut pas déranger. Et braver la loi mérite de toutes façons la bienveillance du capitaliste cynique, de l’anarchiste proudhonien, de l’indifférent individualiste. Et ce même pour des initiatives se prétendant pittoresques mais étant grotesques tel ce carnaval à Marseille.

Jean-Luc Mélenchon a justement défendu les participants au carnaval en exprimant bien ce point de vue franco-français :

« Je ne suis pas leur papa ni leur maman, ça suffit maintenant.

Les gens qui vont faire un carnaval le font en responsabilité, en sachant ce qu’ils sont en train de faire, en prenant certaines précautions et ils ont raison de rire au nez des bonnes consciences qui leur font des reproches, quand vous voyez comment ça se passe tous les matins sur les quais du métro ou du RER en région parisienne.

Dans le monde entier il y a des actes de rébellion contre ces confiscations de libertés, pas contre les gestes barrières. En France évidemment, comme nous sommes un peuple de tradition assez rebelle nous avons des événements comme celui qu’on a vu à Marseille »

Marine Le Pen a pareillement dit que la culpabilisation des Français l’excédait. Tous les populistes ont le même discours et il faut citer François Ruffin, l’un des pires de tous dans le genre, qui à l’Assemblée a été véhément :

« Nous n’allons plus attendre. Nous n’allons plus attendre votre permission pour vivre, pour rire, pour danser, pour chanter, même masqués. »

Pour dire, il y a même le 29 mars des rassemblements « Pour une vraie loi climat » prévus dans plus d’une centaine de villes ! C’est totalement irresponsable. La France est un vaste théâtre rempli d’acteurs jouant une très mauvaise pièce : celle de leurs egos.

Personne ne prend rien au sérieux, le niveau politique est à zéro, l’individualisme est complet, le degré de culture commence à passer en-dessous de zéro. Les Français ne veulent pas changer leurs habitudes, ceux qui veulent du collectivisme ou de la réflexion sont ignorés ou traités en ennemis empêchant le cinéma de continuer.

Mais la crise sanitaire, d’immense ampleur, comme l’ont compris les gens sérieux il y a un an, se dresse telle une immense vague. Les gens qui ont une conscience ont par contre observé que les pays voisins confinaient encore davantage… alors qu’ils avaient déjà des mesures strictes et de meilleurs chiffres. Il faut dire la France est tellement libérale en comparaison…

Comparons la France à l’Allemagne, l’Autriche et la Belgique. Leurs populations respectives sont de 70 millions d’habitants, 83 millions, 8,8 millions et 11,5 millions. Voici le nombre de cas confirmés par jour.

Voici l’évolution du nombre de décès, avec deux graphiques différents. Selon qu’on se focalise sur l’un ou l’autre, on ne « voit » en effet pas la même chose. Le premier montre le nombre de mort déclarés par jour, le second montre le nombre général.

Le gouvernement français s’appuie sur le premier tableau, il pense qu’on n’est pas si mal en ce moment… en comparaison et de toutes façons les Français ne veulent pas de mesures « liberticides ». Donc peu de choses sont faites. Les autres pensent : troisième vague, on doit freiner à tout prix, sinon cela va mal tourner.

L’Autriche a ainsi décidé de faire en sorte que pour aller dans les magasins, il faudra s’être fait testé au préalable. Il est vrai qu’il existe des centres de tests à travers tout le pays. Et quand on est avec quelqu’un en lieu clos, il faudra porter un masque FFP2, déjà nécessaire dans les magasins et dans les transports.

La Belgique ferme les écoles sauf les maternelles, les commerces non essentiels fonctionneront par rendez-vous, les voyages hors du pays sont interdits. L’Allemagne voulait accentuer les mesures pour Pâques, ce qu’elle ne fera pas, mais dans ce pays sont fermés  les lieux de culture et de loisirs, les bars et les restaurants, les commerces non essentiels.

Tout cela est on ne peut plus clair. Mais les Français ont choisi de nier la réalité et d’en plus de se croire intelligent pour cela. C’est un travers très triste qu’on voit souvent chez nous… Gageons qu’une prise de conscience matérialiste se dégagera et que cela signifiera aussi que seront balayés tous les escrocs peuplant la vie intellectuelle de notre pays.

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Politique

UNEF: la grande polémique

La crise politique autour de l’UNEF reflète un immense problème de fond à Gauche.

Il y a cinquante ans, en mars 1971, l’Union nationale des étudiants de France était marquée par une scission produisant deux UNEF concurrentes. Une sorte de réunification bancale a eu lieu en 2001 et depuis l’UNEF ne cesse de sombrer qualitativement et quantitativement. L’affaire politique de ces derniers jours témoigne d’une crise toujours plus profonde.

Tout part de propos de Mélanie Luce, présidente de l’UNEF, lors de son passage sur la radio Europe 1 le 17 mars 2021. Elle y déclarait qu’il y avait au sein de l’UNEF des réunions « non mixtes racisées ». L’idée est, on l’aura compris, de combattre le racisme en donnant la parole aux gens victimes de racisme dans un cadre rassurant, mais l’approche va également dans le sens d’une logique identitaire-communautaire.

Cela a provoqué une vague de critiques de la part du gouvernement et de la Droite. Le soir même le député des Alpes-Maritimes (Les Républicains), Eric Ciotti, appelait à la dissolution de l’UNEF. Le 19 mars, sur BFMTV, le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer déclarait que de telles réunions étaient « racistes », alors que François-Xavier Bellamy parlait de « dérive raciste assumée » et appelle à la dissolution de l’UNEF, etc.

Le 22 mars Le Figaro lance ensuite une offensive anti-UNEF, avec notamment à plusieurs reprises la question de la possibilité de la dissolution de l’UNEF, parlant de « décadence idéologique » de la Gauche ; le même jour Le Monde lance inversement la mission il faut sauver le soldat UNEF avec différents articles, ainsi que la publication d’un appel anti-dissolution de 300 figures de la Gauche (un article en accès payant, l’appel date du week-end et a été lancé par un adjoint de la maire de Paris Anne Hidalgo).

Cet appel anti-dissolution est signé par des gens relevant de l’UNEF d’avant 1971, des deux UNEF nées en 1971 (celle liée au PCF, celle liée aux trotskistes dits lambertistes puis au Parti socialiste), ainsi que de l’UNEF réunifiée de 2001.

Cependant, l’UNEF actuelle n’a rien à avoir avec ces UNEF passées. L’UNEF est aujourd’hui un mouvement de jeunesse, qui porte des luttes sociales et « sociétales », avec des individus plus ou moins impliqués.

Avant, l’UNEF était un conglomérat des activistes de gauche, qui agissaient de manière unie mais en se bataillant à travers des tendances et des fractions. Aujourd’hui, l’UNEF c’est un simple lieu de passage de gens « en lutte ». Et comme on est en France, les luttes sont conçues dans une perspective « syndicaliste révolutionnaire », c’est-à-dire sur la base de la minorité agissante, dans une démarche substitutiste où une pseudo assemblée générale parle au nom de tout le monde, etc.

Dans une interview au Figaro, Jean-Christophe Cambadélis tient d’ailleurs des propos assez hallucinés à ce sujet. Lui-même a été président d’une des deux UNEF, l’UNEF-ID, de 1980 à 1984 (il représente le passage des étudiants trotskistes dits lambertistes au Parti socialiste). Il pense que l’UNEF d’aujourd’hui a une mentalité de « gardes rouges » chinois avec l’idée de rédemption par l’exemple.

C’est totalement faux et on se demande où il va chercher cela. Il y a eu des scissions de l’UNEF en mode maoïste dans les années 1980, elles étaient hyper structurées et insistaient sur le travail de masse pour élever le niveau de conscience politique. Cela n’a rien à voir avec l’UNEF actuelle qui récuse les idéologies au nom des principes de la « déconstruction ».

Il est vrai qu’on peut avoir l’illusion que l’UNEF est hyper-activiste et cette illusion est d’ailleurs vrai pour l’ensemble de l’ultra-gauche française. Mais enfin poster sur les réseaux sociaux des images de slogans écrits sur les murs ou d’une table de presse n’est pas une preuve de réel activisme. Il faut être naïf pour suivre l’auto-intoxication de gens s’imaginant « militer » alors qu’ils ne font que brasser du vent.

Et c’est là la vraie question de la polémique autour de l’UNEF, du point de vue de la Gauche. Quels doivent être les critères pour évaluer les luttes, les phénomènes ? Faut-il partir de la Gauche historique ou accepter les conceptions post-modernes de la « gauche » à l’américaine ?

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Société

Carnaval à Marseille: 6500 vitalistes symbole d’une France en perdition

Rassemblés sans masques, 6500 personnes ont témoigné de leur caractère arriéré et petit-bourgeois.

Il y avait déjà eu un carnaval du même type à Toulouse le 7 mars 2021, avec autour de 700 personnes. Mais là avec au moins 6500 personnes, les « carnavaliers » marseillais ont fait aussi fort que les « teufers » du nouvel an. C’est une gifle aux soignants, aux personnes fragiles, une gifle à l’esprit de collectivité, une gifle à leur propre dignité, aussi.

Que dire de ce carnavalier déguisé en… médecin ? Quelle punition pourrait être adéquate pour une personne aussi insultante ? Et il ne faut pas se leurrer, cela reflète une bonne partie de la France. Ces gens sont d’ailleurs à l’image des bourgeois parisiens fuyant le pseudo « confinement » de la capitale, le 19 mars 2021, engorgeant les routes et emplissant les trains, propageant inévitablement le COVID-19 ailleurs.

Les Français sont pourris par le capitalisme, ils sont individualistes et égoïstes. Ce n’est pas qu’ils soient naturellement ainsi : le 17e siècle qui a formé l’esprit français a produit une mentalité ingénieuse, pas ces traits sordides qui ressortent en raison du libéralisme économique et culturel.

Et on ne le redira jamais assez : en Europe, seule l’extrême-Droite manifeste contre les mesures de confinement. En Allemagne, en Autriche, il y a eu des rassemblements de plusieurs milliers de personnes le 20 mars 2021 : que des fachos et des cinglés ésotériques. Et à Marseille les « Patriotes » avaient d’ailleurs fait un rassemblement contre les mesures gouvernementales, peu avant le carnaval.

Mais on peut être certain que les carnavaliers marseillais ne s’imaginent pas du tout être d’extrême-Droite ; ce sont des petits-bourgeois s’imaginant des révoltés, des anarchistes, des gens tenant aux libertés, etc. Ils sont trop peu cultivés et conscients pour comprendre que leur vitalisme spontanéiste relève historiquement très précisément de ce qu’on a appelé le Fascisme. Le Fascisme c’est historiquement la « révolte contre la vie commode », le « mépris » de la mort, l’appel à se transcender au-delà de la réalité et des faits, dans une transe collective.

On est en plein dedans.

La France est vraiment en perdition. Quand des gens qui sont individuellement sympathiques, ouverts à l’esprit alternatif, dédaignent les efforts intellectuels, méprisent les travailleurs et dénoncent la collectivité, rejetant le collectivisme… cela signifie qu’une large partie de la population est déjà passé dans le camp du cynisme.

Comment veut-on après combattre un capitalisme qui va être particulièrement agressif avec la crise ? Les « carnavaliers » sont à des lieux de saisir que le monde est au bout du gouffre, que de terribles guerres se préfigurent. Pire, même, ils contribuent à faire perdre les esprits, à nier les difficultés de la réalité.

Est-ce le début de la fin ou la fin du début ? Dans tous les cas cela va mal tourner. On est coincé entre Charybde et Scylla, entre l’individualisme cynique et la tentative de sortie de la crise du capitalisme au moyen de la guerre. Toute la France se révèle être en faillite.

Il faut un sursaut de la classe ouvrière pour proposer un ordre nouveau, sans quoi…

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Politique

La question des vaccins dans la concurrence entre pays

Derrière la question de la répartition des vaccins, il y a aussi les États en lutte pour le repartage du monde.

L’organisation Lutte Ouvrière aborde une question épineuse : celle de la capacité des États à exiger des entreprises la production de vaccins. L’article Contre la pénurie de vaccins, il faut réquisitionner les laboratoires ! pose une question de fond et propose une réponse concrète :

« En temps de guerre, il est arrivé aux États de réquisitionner et de prendre le contrôle de certaines industries pour les mettre au service de l’effort de guerre. Si ces réquisitions ont dépossédé temporairement les propriétaires bourgeois, elles se sont toujours accompagnées d’indemnités et de dédommagements conséquents. Eh bien, aujourd’hui, dans la guerre contre la pandémie, ce minimum-là n’est même pas imaginé !

Les trusts se cachent derrière le secret commercial et industriel pour échapper à tout contrôle. Les chefs d’État ne savent même pas combien de vaccins leur seront livrés, ni à quelle date, et ils l’acceptent car il s’agit du fonctionnement normal du capitalisme qu’ils défendent ardemment (…).

Pour lutter efficacement contre la pandémie et fabriquer les vaccins en masse, et cela au niveau mondial, il faudrait s’appuyer sur tous les centres de production existants et sur la planification. Les droits de propriété et la soif de profits d’une poignée de parasites richissimes s’opposent à ce qui devrait être un effort de production collectif. C’est un gâchis sans nom et c’est criminel car cette pénurie sera payée par des dizaines de milliers de nouveaux morts à l’échelle du monde.

Les bourgeois et leurs serviteurs politiques ont intérêt à ce que ce système perdure, mais pas les travailleurs. Contre l’impuissance du gouvernement, affirmons la nécessité de réquisitionner les laboratoires et de les faire fonctionner sous le contrôle des travailleurs ! »

Dans l’idée, on a un point de vue éminemment de gauche et c’est plutôt sympathique de voir un tel niveau d’exigence, surtout dans une période où pour beaucoup être de « gauche » c’est refuser le confinement.

Pour faire avancer toutefois la compréhension de cette question, on peut considérer qu’il faut ajuster la critique. En effet, il n’est pas exact qu’une intervention étatique permettrait la vaccination en masse. Il faut en effet six mois – un an pour mettre en place une unité de production de vaccins, en raison de la complexité. Bien sûr si on met les moyens, cela peut être raccourci, mais là n’est pas l’aspect principal et d’ailleurs plusieurs État comptent mettre en place de tels unités.

Ce qui compte essentiellement, c’est la soumission des laboratoires aux États. Lutte Ouvrière dit que ce n’est pas le cas, mais dans les faits on voit bien que c’est le cas. AstraZeneca est clairement dans les mains de l’État britannique qui oriente cela selon ses besoins (plus de 40% des Britanniques sont vaccinés), au point qu’Ursula von der Leyen, président de la Commission européenne, a menacé de bloquer les exportations de vaccins de cette entreprise.

L’Union européenne, au premier trimestre, a reçu seulement 30 millions de doses de vaccins d’AstraZeneca, contre 90 millions prévus, et au second trimestre ce sera 70 millions de doses au lieu de 180.

Pareillement, le vaccin de Pfizer-BioNtech dépend du bon vouloir américain (pratiquement le quart des Américains est vacciné). Et dans la chronologie de la crise sanitaire proposée par la revue pdf Crise, on voit aisément également comment la Russie (avec le Spoutnik – V) et la Chine (avec le Sinovac) jouent de la vaccination pour établir des rapports avec toute une série de pays dans le monde. Plus de cinquante pays se sont déjà tournés vers le Spoutnik – V… alors qu’en Russie, moins de 4% des gens sont vaccinés ! On reconnaît le sens des priorités.

C’est un aspect essentiel à la compréhension de la diffusion ou non des vaccins, et c’est d’autant plus complexe qu’il existe des accords secrets entre les entreprises et les États. La crise des vaccinations risque d’accentuer par conséquent encore plus la bataille pour le repartage du monde, et c’est même déjà le cas.

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Écologie

L’absence de confinement est un rude coup pour la Nature

Le premier confinement avait été marqué par de nombreux retours de la vie sauvage dans les villes. Le refus de confiner est également un refus de laisser la Nature reprendre du terrain.

Les êtres humains ne veulent pas changer leurs habitudes. Pourquoi ? Parce qu’ils sont pétris par le capitalisme, leurs comportements s’insèrent dans une société où le capitalisme se trouve au début, au milieu et à la fin de toute chose. Il y a bien entendu des tendances contraires, mais globalement les gens se comportent comme le capitalisme le veut.

Or, le capitalisme a besoin de rassurer, en particulier face à ce qui est naturel. Être naturel n’est pas acceptable pour le capitalisme qui veut qu’on rajoute des couches et des couches de consommation dans ses attitudes, ses comportements. Quelqu’un qui est naturel, qui est simplement lui-même… ce n’est pas bon pour le commerce.

D’où la grande valorisation des « trans » par le capitalisme moderne, puisque c’est un choix de consommation, avec toute une industrie, la constitution d’une identité « au-delà » de la Nature. L’idéologie LGBTQ+ est à la fois le reflet et le vecteur du capitalisme ayant conquis un maximum d’aspects de la vie. Si elle est valorisée par la CIA, Apple et le gouvernement américain, c’est qu’il y a une raison objective…

Alors, forcément, les canards se baladant en ville ne sont pas conformes à l’idéologie de la consommation. Il ne faut donc pas tolérer cela et c’est aussi une raison pour le capitalisme d’éviter un véritable confinement. Ce n’est pas du tout la seule raison et il ne faut pas se dire que c’est calculé. Le capitalisme ne calcule rien du tout et les fantasmes d’une « surveillance » généralisée sont totalement petit-bourgeois. C’est simplement une question de valeurs et de réflexes par rapport à ces valeurs. Pour le capitalisme, chaque aspect de la vie doit être consommable, comme chaque vie d’ailleurs.

Inversement, ce n’est pas pour rien que la Nature est valorisée par les humanistes, les Lumières, le mouvement ouvrier. Pour ces trois mises en perspective, qui relèvent d’une seule et même chose d’ailleurs, le « matérialisme », l’espèce humaine est une espèce animale. Il n’y a pas de séparation entre le corps et l’esprit, pas de « moi » s’imaginant être dans un mauvais corps, pas de « pensée » qui soit indépendante.

Comme Spinoza l’a formulé il y a déjà plusieurs siècles,  l’homme dans la Nature n’est pas comme un empire dans un empire, il n’a certainement pas de toute puissance sur elle, bien au contraire il est lui-même un animal. Un animal avec un parcours spécial… mais qui ne devrait pas être contre-productif par rapport à l’ensemble, sinon les choses se dérèglent et on voit le résultat avec la crise sanitaire…

Il ne s’agit pas d’une « punition », mais de la simple cohérence d’un ensemble qui est la planète Terre, avec tous ses aspects. Les générations du début du 21e siècle seront-elles celles qui paieront passivement le prix du réchauffement climatique et de la crise sanitaire, conséquences de la guerre humaine contre la Nature ? Ou seront-elles celles d’un vaste soulèvement contre une vision du monde capitaliste qui asservit la vie ?

Parce qu’à bien regarder les choses, l’humanité va avoir à volontairement se confiner, à grande échelle pour cesser la destruction de la Nature… et cela crise sanitaire ou pas. Qu’est-ce qu’on s’imagine, une planète avec du béton et des Humains ? Et quand on a tout cassé, on trouve une autre planète et on fait de même ?

Non, c’est également pour cela que le capitalisme veut éviter le confinement en France : confiner, pour le capitalisme, c’est reculer, et il préfère ne pas reculer alors que la situation sociale se tend : cela pourrait fournir une aide à la lutte des classes, qui comprendrait qu’il faut voir les choses en grand, et non pas comme les syndicalistes avec leurs merguez ou bien les anarchistes avec leur obsession policière.

La vérité est que de toutes façons tout a changé, tout le monde a changé, que les nouvelles générations sont telle une page blanche sur laquelle s’écrit la réalité. Et quand les nouvelles générations voudront tout simplement vivre, vivre tout simplement, elles renverseront tout. Les décennies à venir seront ceux de changement comme jamais vus encore par l’humanité… pour le plus grand biens des animaux et de la Nature.

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Réflexions

Le 18 mars ou comment Jean Castex fait le fou

Les Français veulent du romanesque, mais en en restant à la forme, ils auront un drame.

La France est un pays littéraire, où ce qui se vit doit s’écrire comme un roman. C’est la base de toute démarche de Français cherchant à avoir une existence qui lui donne du sens. Que ce soit pour une relation sentimentale, une coucherie hasardeuse franchement douteuse, une carrière d’homme politique, un travail associatif, des études ou même des vacances : le Français veut qu’il y ait un certain grain de folie, un petit quelque chose donnant un aspect romanesque à l’ensemble.

Que ce soit le coup d’État de De Gaulle en 1958, mai 1968, la « grève » des footballeurs français lors de la coup du monde en Afrique du Sud, l’élection d’Emmanuel Macron, toute attitude à la française implique ce petit plus, un comportement romancé souvent enclin au panache.

Seulement voilà, bien souvent les Français perdent pied avec la réalité, au nom de ce romancé. Lorsque Caroline s’imagine être un homme et entend s’appeler Gaspard ou bien lorsque Gaspard s’imagine être une Caroline, c’est vain: la crise d’identité et la mutilation corporelle peuvent donner l’image d’un roman, mais enfin cela ne change rien à l’absence de sens et de culture. Et des exemples de faux romans à la française, ce n’est pas cela qui manque. Le plus connu ces derniers temps est d’ailleurs ce roman ayant présenté Emmanuel Macron comme un J.F. Kennedy à la française.

Nommé premier ministre, Jean Castex avait sans doute oublié tout cela. Haut fonctionnaire, il comptait en rester aux faits. Mais les Français ont choisi, pétri par le libéralisme, ouvert au capitalisme, de se moquer des faits. Donc le confinement qui aurait dû être mis en place il y a une semaine, trois semaines, un mois, trois mois… eh bien les Français ont dit oui, mais non. Et Jean Castex a cédé à chaque fois, en disant : ah bon, en ce cas… on va voir ce qu’on peut faire.

D’où ce scénario ahurissant du 18 mars 2021, avec Jean Castex disant qu’on a bien fait de ne pas confiner plus tôt, sinon on aurait dû continuer à confiner, alors que cela implique qu’on n’a rien fait du tout. Citons cette phrase, qui montre comment on est passé dans un film, comment la réalité a cédé la place au discours :

Contrairement à beaucoup de nos voisins, nous avons écarté fin janvier l’option d’un confinement au long cours à l’échelle du pays et c’était la bonne décision : nous aurions alors infligé au pays un confinement de probablement 3 mois. Cela aurait été excessif et insupportable.

C’est à ce genre de propos d’un (très) haut fonctionnaire qui, avant sa nomination comme premier ministre, gagnait 200 000 euros par an, qu’on voit que la France est passée dans le camp de la fiction. On est comme avant mai 1968, dans une société fausse de menteurs.

Tel dans le film Pierrot le fou, de Jean-Luc Godard, Jean Castex part donc à l’aventure, en espérant que le discours l’emportera sur les faits et que le pseudo-confinement annoncé le 18 mars 2021 pour la région parisienne et quelques autres départements opérera comme par magie. C’est la méthode Coué : à force d’y croire, cela deviendra vrai. Et comme de toutes façons les Parisiens ne veulent pas du confinement…

Une telle fuite en avant a une portée historique, non seulement en raison de la question sanitaire. C’est aussi historique parce qu’un travers français se révèle au grand jour. Cette manière absurde de romancer sa vie est erronée. Vouloir donner une grande portée, une portée romanesque, c’est bien. Confondre la fiction avec la réalité, c’est par contre faux. On peut même dire que le faux roman est d’autant plus présent qu’il est triché avec la réalité. Les Français croient écrire un roman, ils se déconnectent en fait du réel.

Ces raisonnements à la française « jusqu’ici tout va bien », « point trop n’en faut » et autres médiocrités sont une catastrophe. Le 18 mars 2021, Jean Castex a romancé le réel, jusqu’à le défigurer. Et tout cela en raison d’une médiocrité maquillée comme gestion pragmatique du quotidien. C’est à l’image des Français : englués dans une absence de perspective, complaisants avec eux-mêmes jusqu’au sordide, infantiles jusqu’à la négation de l’avenir au profit d’un présent étroit, borné, insipide.

La France déraille, la France décroche, la France sombre. Il va lui falloir de l’intelligence pour s’en sortir, et cette intelligence c’est le réalisme, le peuple systématisant la démocratie, le socialisme.

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Guerre

La président américain traite le président russe de « tueur »

Le nouveau président américain Joe Biden affirme chaque jour davantage la tendance à la guerre contre la Russie.

Le secrétaire à la Défense des États-Unis s’appelle Lloyd Austin et du point de vue de la gauche libérale, c’est une bonne chose que ce soit un Afro-américain. En réalité, c’est un masque pseudo-progressiste pour cacher le fait que c’est un militaire. Imaginez qu’en France un haut gradé soit ministre de la Défense, ce serait un acte inqualifiable. Eh bien aux États-Unis c’est pourtant le cas, sans aucune opposition.

Lloyd Austin a participé à l’invasion de l’Irak et de l’Afghanistan, il a été commandant des forces d’occupation américaines en Irak, il travaille pour la société de conseil WestExec Advisors qui agit dans le secteur de l’armement, il est membre du conseil d’administration de Nucor, le plus grand producteur américain d’acier (et numéro 1 dans ce secteur pour l’armée américaine), ainsi que de celui de l’entreprise d’aérospatiale et de défense Raytheon Technologies et celui de l’entreprise de santé  Tenet Healthcare.

L’équivalent du ministre de la Défense aux États-Unis est donc un militaire haut gradé payé par trois multinationales et actif dans une société de conseil de l’armement… On reconnaît ici la monstruosité qu’est le complexe militaro-industriel américain. Et cela s’inscrit dans la vague militariste que représente Joe Biden.

Photo officielle du secrétriat à la Défense pour le serment sur la Bible de Lloyd Austin lors de nomination (Source Wikipédia)

Donald Trump était le représentant d’une ligne isolationniste visant à prendre des forces pour affronter la Chine et seulement la Chine. Il n’a pas déclenché de guerre, contrairement à tous ses prédécesseurs. Il comptait reculer pour mieux sauter. Joe Biden, lui, a comme ligne d’affronter la Russie d’abord, pour ensuite étouffer la Chine.

Et le 17 mars, dans une interview à ABC News, Joe Biden est allé droit au but, tenant des propos explosifs à l’encontre de la Russie. Lorsqu’on lui a demandé s’il pensait que Vladimir Poutine était un « tueur », Joe Biden a simplement répondu « oui ». Il assume ainsi ouvertement de criminaliser la Russie, justifiant la prochaine intervention guerrière.

Il a d’ailleurs accusé la Russie d’interférence lors des dernières élections présidentielles américaines et il a souligné que Vladimir Poutine aurait à en payer le prix.

Ces propos ne sont pas simplement l’instauration d’un climat de guerre, on est déjà dans l’élan militaire lui-même, avec la mise en place des paramètres du conflit. Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France sont très clairement dans la même perspective de pousser la Russie à la faute, de la déstabiliser, de changer le régime. Trois zones sont déjà présentés comme les lieux de confrontation armée : les États baltes, la Mer Noire et l’espace.

Il va de soi que plus la crise économique va s’amplifier, plus les tensions monteront formidablement, d’autant que la Russie n’est pas en reste sur le plan de l’agressivité. Ce sont néanmoins les États-Unis qui sont le plus pressés pour le conflit, parce que derrière ils comptent s’occuper de la Chine, et le Royaume-Uni est sur la même longueur d’onde, comme le montre le long document stratégique « Global Britain in a competitive age« .

Les velléités impérialistes ne se cachent en fait même plus… le temps presse pour eux, la crise du capitalisme donne le rythme, elle impose la fuite en avant dans la guerre comme espoir de solution.

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Guerre

Un pas immense vers la guerre: le Royaume-Uni augmente de 40% son stock d’armes atomiques

Le projet stratégique « Global Britain in a competitive age » est clairement sur la ligne américaine la Chine d’accord, la Russie d’abord.

On le sait trop peu, mais le symbole de la paix ou du mouvement pacifiste en général, ou bien des hippies mêmes, est le logo de l’organisation britannique anti-nucléaire CND – Campaign for Nuclear Disarmament (Campagne pour le désarmement nucléaire), fondé en 1957.

Ce mouvement est historiquement très fort, dans un pays qui comme la France insiste particulièrement sur sa force de frappe. Mardi 16 mars 2021, le premier ministre Boris Johnson a annoncé des mesures très importantes et très graves à ce sujet, dans le cadre du long document stratégique « Global Britain in a competititve age ».

Ce projet de « Grande-Bretagne mondiale dans une époque de compétition » est l’officialisation du choix stratégique fait avec le BREXIT : la Grande-Bretagne se replie sur les restes de son empire en alliance directe et ouverte avec les Etats-Unis. Le premier voyage post-BREXIT du premier ministre sera ainsi en Inde en avril.

D’ailleurs, le document « Global Britain in a competititve age » fait de la zone Indo-Pacifique « le nouveau centre géopolitique du monde ». Mais il dresse les mêmes constats et priorités que le nouveau président américain Joe Biden. La Chine est présentée comme un « défi systémique » et il y a encore clairement trop de liens économiques pour une rupture.

La Russie est par contre, comme chez Joe Biden, « la menace directe la plus aiguë pour le Royaume-Uni », avec « tout un spectre de dangers », à qui il faut donc régler le compte. D’où la hausse très importante des investissements militaires pour la modernisation des troupes, et le passage des missiles ICBM lancés depuis les sous-marins, les « Trident », de missiles Trident de 180 à 260. En fait, il devait y avoir une réduction à 180 : celle-ci est interrompue et au contraire on passe à une augmentation du stock.

Histoire de forcer le trait, le document « Global Britain in a competititve age » explique également qu’il est:

 « probable qu’un groupe terroriste parvienne à lancer avec succès une attaque chimique, biologique ou nucléaire d’ici à 2030. »

Le document de 114 pages est disponible en pdf sur le site du gouvernement britannique

Dans l’introduction au document, Boris Johnson souligne également l’importance de la campagne COVAX visent à fournir en vaccin tous les pays du monde sous l’égide de l’ONU : il s’agit en fait très clairement d’une campagne anglo-américaine (avec à l’arrière-plan Pfizer et AstraZeneca).

De toutes façons Boris Johnson dit également très clairement qu’un nouveau chapitre historique s’est ouvert avec le BREXIT, pas moins. Le document explique que le Royaume-Uni doit devenir une « superpuissance scientifique et technologique » en 2030, en « attirant les meilleurs et les plus brillants du monde entier » au moyen d’une nouvelle politique de visas.

Rien que le fait d’être en mesure de réaliser 114 pages de stratégie détaillée pour les années à venir, en visant une position parmi les premiers pays capitalistes, montre l’agressivité du Royaume-Uni, qui est clairement partie prenante de manière très volontaire dans la tendance à la guerre.

La ligne conflictuelle, pour être aussi aisément assumée, montre bien ce qui nous attend. Et ce serait une formidable contribution à la paix dans le monde que de faire basculer la France, cette puissance déchue en perdition. Soit l’extrême-Droite triomphe pour relancer la France au combat pour le repartage du monde, soit on se débarrasse enfin du militarisme et des monopoles démantelant le tissu social du pays.

Reste évidemment à faire en sorte que la classe ouvrière française sorte de son indifférence…

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Société

Le Parti des salauds ne veut pas de confinement

Que ce soit pour protéger le capitalisme ou critiquer l’État, par cynisme ou indifférence, il y a tout un Parti anti-confinement en France.

S’il faut le faire on le fera » : tels ont été les propos dimanche 14 mars 2021 de Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé. Il parle bien entendu du confinement. Or, en réalité, il fallait le faire et il n’a pas été fait. Le confinement de plusieurs régions du pays n’a pas été fait :

– parce que les Français sont des individualistes et qu’ils ne veulent pas changer leurs habitudes pour une question collective ;

– parce que le capitalisme apprécie le « marche ou crève » qui maintient l’économie à un certain rythme ;

– parce que les anarchistes et les syndicalistes sont des gens ignobles qui veulent la réouverture des lieux, la fin des lois « liberticides » et autres stupidités corporatistes et individualistes ;

– parce qu’une partie du pays se complaît dans les comportements anti-sociaux.

C’est tellement vrai qu’on chasse les malades des hôpitaux d’Île-de-France afin d’éviter le confinement ! On préfère perturber les malades et prendre des risques en les mettant artisanalement dans un train plutôt que d’assumer la bienveillance. C’est la honte !

Alors qu’en plus en Île-de-France il y a un nombre affolant de soirées, de gens se regroupant chez les uns ou les autres après 18h ! Sans qu’il n’y ait aucun contrôle pratiquement, l’État ne gère rien du tout et ne veut pas le faire, et ne peut pas le faire.

Seulement, les faits sont têtus comme le disait Marx et le confinement apparaît tel un spectre : celui de l’exigence collective. Tout comme le réchauffement climatique exige une dimension collective qu’on le veuille ou non, la crise sanitaire oblige à révolutionner les esprits et les pratiques. Pour les Français, la situation va être ainsi toujours plus douloureuse. Le Parti des salauds va se faire gifler par la réalité.

La France petite-bourgeoise va vaciller face au poids de la réalité. Et si on ajoute à cela la crise économique d’ampleur gigantesque et la tendance à la guerre, cela va être toutes les certitudes qui vont disparaître. Et à quoi les gens s’attendaient-ils ? Pensaient-ils réellement que rien ne changerait ? Qu’on pouvait vivre en en ayant rien à faire de la réalité, qu’on pouvait consommer sa vie selon les exigences du capitalisme sans qu’il y ait un prix à payer ?

La France a totalement déraillé, elle est passée dans l’idéalisme, mais franchement, qui aurait pu penser que le refus du confinement soit d’une telle ampleur, que le cynisme soit un tyran si bien installé…

L’Histoire va mettre une terrible claque à la France petite-bourgeoise !

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Société

Pandémie: les milieux du spectacle et du cinéma soutiennent le « marche ou crève » capitaliste

Alors que le gouvernement devrait organiser le confinement pour faire face à la pandémie, mais refuse de le faire pour préserver au maximum le capitalisme, voilà que les milieux du spectacle et du cinéma exigent la reprise de leurs activités, appuyant le cynisme général.

La France devrait être confinée, du moins certaines régions et en particulier l’Île-de-France. Seulement cette dernière est un poumon économique du capitalisme, les banlieues sont ingérables et les Parisiens embourgeoisés veulent vaquer autant que possible à leurs occupations. Donc le gouvernement ne fait rien : tel est le cynisme qui domine.

Que dire alors du fait que les milieux du spectacle et du cinéma appellent… à la reprise de leurs activités ? Il faudrait que les théâtres et les cinémas rouvrent, aussi simplement que cela. Comme par magie, cela ne pourrait pas former de cluster.

Cela révèle leur nature petite-bourgeoisie égocentrique : alors qu’on est dans le cadre d’une pandémie, que dans le monde entier on se bat avec les moyens du bord pour éviter la propagation du virus, les milieux du spectacle s’imaginent disposer de lieux comme préservés par magie.

Telle est l’auto-intoxication de gens qui s’imaginent relever de la culture, alors qu’ils forment un secteur du capitalisme en tant que tel. Aussi dépendent-ils d’un capitalisme qui fonctionne normalement. Ils ne veulent donc surtout pas que les choses changent, alors ils exigent un retour au monde d’avant.

Ils pourraient assumer le thème de la pandémie, poser des questions sur le devenir de l’humanité. Hors de question : ces « gens de culture » veulent juste vivre comme avant. Le président de la Fédération nationale des cinémas français, Richard Patry, s’est ainsi fendu d’une lettre ouverte :

« Monsieur le président, rouvrez les cinémas: nos concitoyens n’ont que trop attendu! »

On reconnaît ici aisément comment les intérêts corporatistes des cinémas se masquent derrière les discours sur la culture en général, les besoins psychologiques des Français, etc. C’est hypocrite et criminel en raison de la pandémie : un gouvernement populaire devrait exister pour exiger que ces gens rendent des comptes. De toutes manières, vues les horreurs commerciales racoleuses ou psychologisantes que les cinémas proposent le plus souvent, ils sont condamnés par avance.

On notera d’ailleurs dans la lettre ouverte ce misérabilisme réduisant la culture à une sorte de consommation passive :

« Le cinéma est la première et souvent la seule pratique culturelle pour ceux qui peuvent être éloignés de toutes les autres formes d’accès à la culture. »

C’est tout à fait réactionnaire et il en va de même pour les milieux du spectacle, qui depuis des décennies diffusent les horreurs contemporaines d’un capitalisme qui n’a rien à dire et existent justement grâce aux subventions des institutions. Eux aussi veulent retourner en arrière et ils ont entamé un mouvement d’envergure nationale.

Sont occupés le Théâtre de l’Odéon de Paris, le Cirque Jules Verne d’Amiens, le Théâtre de la Colline de Paris, l’Opéra de Rennes, le Théâtre de Merlan de Marseille, le Grand Théâtre de Tours, le Centre dramatique national de Besançon, le Théâtre national populaire de Villeurbanne, le Centre Chorégraphique National de Montpellier, le Moulin à Roc de Niort, le Théâtre national de Strasbourg, le Quartz de Brest, le Théâtre Graslin de Nantes, le Théâtre de la Cité de Toulouse, le CDN de Rouen, etc.

Il ne faut pas se leurrer : si c’est la culture qui est mise en avant, et bien sûr les artistes, en réalité derrière tout cela on a la Prodiss (l’organisation patronale représentative des principales entreprises du spectacle musical et de variété), l’ASTP (Association pour le Soutien du Théâtre privé), les scènes nationales subventionnées, les opéras, les cabarets, les cirques, les intermittents… c’est-à-dire les capitalistes de la culture. Les intermittents sont en effet ni plus ni moins que des libéraux, dans la même perspective que les médecins libéraux. Ce sont des entrepreneurs.

D’où le double discours : davantage de droits sociaux d’un côté (abandon de la réforme de l’assurance-chômage, plan massif pour la culture…), réouverture des salles de l’autre. Et rien que pour cette dernière revendication on voit que ces gens sont en-dehors de la société, qu’ils vivent en vases clos, que leur raisonnement est corporatiste, que leur démarche est entièrement fausse à la base.

Il suffit de lire le texte des élèves de l’école supérieure de théâtre de Bordeaux Aquitaine pour reconnaître le misérabilisme, le déni de la réalité générale au profit de secteurs bien particuliers présentés bien entendu comme incontournables, à l’agonie, etc. Le tout bien entendu en écriture inclusive, témoignage de l’entre-soi d’un monde totalement coupé de celui du travail.

On notera dans le cadre de cette lutte spectacle que le Théâtre national de l’Odéon à Paris, le premier lieu occupé, l’a été par…  la CGT-Spectacles, en référence à l’occupation du même bâtiment en mai 1968 (un mouvement auquel la CGT était alors totalement opposé). C’est une preuve de plus de corporatisme.

Et c’est la démonstration que ces milieux petits-bourgeois parlent de culture, mais ne s’aperçoivent même pas que culturellement, le monde a entièrement changé depuis l’année dernière…