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Politique

Le reconfinement israélien, symbole d’une faillite

Les pays cherchent tous à éviter, à tout prix, un nouveau confinement en leur sein. Israël, censé être un pays organisé, a en fait sombré et est le premier à céder sous la pression.

Lorsque le covid-19 est entré sur la scène de l’histoire, l’État israélien a beaucoup été valorisé pour ses capacités d’organisation, de prévention, etc. etc. En réalité, c’était simplement qu’il est très militarisé. Pour preuve, Israël est le premier pays à remettre en place un confinement, et ce pour trois semaines. Symbole de cette faillite, le confinement commencera le vendredi 18 septembre, veille du nouvel an juif (Rosh Hashana), une période importante de fêtes (Yom Kippour est notamment concerné).

C’est un coup au cœur de l’État israélien, qui a fait en sorte, ces quarante dernières années, de modifier l’idéologie sioniste en la transformant en idéologie sioniste religieuse, religion et sionisme étant désormais les deux facettes de la même pièce. Ce qui a d’ailleurs provoqué le reconfinement est le fait que les 10 % de la population vivant dans l’obscurantisme religieux n’en ont eu rien à faire des exigences sanitaires.

Vivant dans leur bulle, avec l’appui de l’État, les ultra-religieux ont littéralement précipité le désastre. D’ailleurs, la folie religieuse autour de la fin du monde, du retour imminent du Messie, etc. etc. se développe à grands pas… dans un contraste marquant avec la ville de Tel-Aviv, îlot de décadence libérale-libertaire. Israël est littéralement le capitalisme mondialisé en modèle réduit, avec les décadents d’un côté, la fuite romantique dans un passé idéalisé de l’autre, dans un climat de compétition et de concurrence sociale acharnée.

Il ne faut pas non plus, bien entendu, surestimer l’économie israélienne. Israël est un pays du tiers-monde, dont le « miracle » dans la construction ne doit qu’au capital investi depuis les pays riches (en 1956 pratiquement 90 % des revenus de l’État viennent des réparations allemandes). Les entreprises américaines sont omniprésentes, quelques grandes entreprises et grandes fortunes ont l’économie du pays en leurs main, alors que le pays profite de la main d’œuvre palestinienne bon marché, tout en étant intégré au dispositif militaire américain de contrôle du proche et moyen-orient, avec par conséquent un complexe militaro-industriel très développé.

Si l’on ajoute à cela un pays terriblement divisé en son sein, entre Arabes et Juifs, mais également entre Juifs ashkénazes et séfarades, religieux comme-ci et religieux comme-ça, religieux et non religieux ou moins religieux, sans parler d’une forte communauté de Russes restant russe coûte que coûte, tout comme d’ailleurs bien souvent les Français, etc. etc., alors on a une société schizophrène, divisée, désorganisée. Il y a même eu des Juifs russe formant… un groupe néo-nazi, faisant en Israël même la promotion de l’antisémitisme et cherchant à mener des attentats !

En vérité, il se passe en Israël ce qui se passe aux États-Unis : la société civile a implosé avec la crise. L’unité sociale, le maintien d’une norme dominante, des valeurs communes… tout cela ne peut pas être maintenu par une économie à bout de souffle, un État anti-populaire, une idéologie dominante en total décalage avec la réalité.

La crise balaie les pays un par un et on peut être certain que tout comme la Turquie, Israël cherchera à s’en sortir de manière agressive militairement, afin de parvenir à tenir les rangs au sein du pays. Il est en tout cas absolument évident que le reconfinement est la faillite d’un État se voulant « à la pointe » d’à peu près tout et n’importe quoi sur le plan de l’organisation. Toute la vanité du régime apparaît au grand jour.

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Écologie

Tribune: «Pour protéger l’Amazonie française et ses gardiens, reconnaissons leurs droits»

L’orpaillage illégal est un véritable catastrophe en Amazonie, qui s’est transformé ces dernières années en une agression de la nature à très grande échelle. Les peuples autochtones constituant les premières nations de Guyane, qui subissent de plein fouet la pollution au mercure consécutive à l’extraction de l’or, affirment leurs droits légitimes, directement liés à l’affirmation de la protection de la nature.

C’est l’objet d’une tribune signée dimanche 13 septembre 2020 par plusieurs associations qui se placent sur le plan du Droit pour contraindre l’État français à mettre en place un cadre démocratique nouveau en ce qui concerne la Guyane.

Aucune quête identitaire ici, ni quelconque démarche « inclusive ». Au contraire, la démarche est fondée sur une réalité matérielle tout à fait concrète, consistant en le rapport historique à la nature des peuples autochtones constituant les premières nations de Guyane. L’État français n’est pas rejeté en tant que tel, de manière abstraite, mais il est fait appel à la substance de sa réalité légale, c’est-à-dire le droit, pour établir un cadre démocratique nouveau et conforme à la réalité naturelle amazonienne.

Voici la tribune :

« Pour protéger l’Amazonie française et ses gardiens, reconnaissons leurs droits

Donner une personnalité juridique aux écosystèmes amazoniens de Guyane et enfin reconnaître le statut des premières nations permettrait une meilleure protection de leurs droits face au scandale écologique et sanitaire de l’orpaillage illégal qui frappe la France sur son territoire d’Outre mer. En ce 13eme anniversaire de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, les associations Wild Legal, Organisation des Nations autochtones de Guyane, Maiouri Nature Guyane, collectif Or de question ainsi tous les signataires de cette tribune souhaitent rappeler à l’Etat ses obligations pour la sauvegarde des droits de la nature et des amérindiens wayana.

Samedi 12 septembre, l’Ecosystème Darwin (Bordeaux) a été la scène de la première conférence-procès pour les droits de la nature et des peuples autochtones, un procès-simulé né de la collaboration entre étudiants en droit, associations guyanaises et métropolitaines et experts, au sein du programme Wild Legal.

Sur le banc des accusés : l’Etat français, attaqué en justice pour carence fautive dans la lutte contre l’orpaillage illégal. Face à lui : les organisations de défense du peuple autochtone wayana et des écosystèmes amazoniens de Guyane.

À la barre, les experts Alexis Tiouka, juriste en droit des peuples autochtones, Valérie Cabanes, juriste internationaliste, experte du crime d’écocide et Jean-Pierre Havard, humanitaire engagé pour la santé du peuple wayana ont éclairé les débats.

Rappel des faits

Au nord ouest de la Guyane, le fleuve Maroni sépare le Suriname et la France et se jette dans l’Océan Atlantique. Sur ses rives immensément riches en biodiversité, habitent les amérindiens wayana. Depuis plus de 30 ans, cette région de Guyane française souffre des impacts de l’orpaillage illégal responsable de la destruction de près de 12.000 ha de forêt et de 1.800 km de cours d’eau. Alors qu’il devrait s’agir d’un sanctuaire pour les espèces animales et végétales, 143 sites illégaux ont été recensés en janvier 2020 au sein du parc Amazonien de Guyane et on estime que 10.000 orpailleurs clandestins seraient présents sur le territoire.

La protection des droits humains à un environnement sain et à la santé

L’utilisation du mercure pour extraire l’or entraîne une contamination importante des écosystèmes terrestres et aquatiques. Des centaines de tonnes de ce produit chimique ont été déversées dans la nature, et remontent ainsi la chaîne alimentaire jusqu’à l’homme. Les dépistages réalisés chez les amérindiens wayana montrent des taux de contamination mercurielle bien supérieurs à la limite sanitaire de 10 μg/g de cheveu recommandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les enfants sont particulièrement exposés in utero et les habitants souffrent des effets de cette imprégnation excessive qui provoque des troubles cognitifs, l’altération du système nerveux et particulièrement des fonctions de la vue et de la coordination motrice.

Depuis 1994, les études se succèdent, mais l’Etat s’est contenté de mettre en place des mesures d’information pour conseiller aux Wayana de changer leurs habitudes alimentaires en renonçant à la consommation de poisson, fortement contaminé. Il semble échapper aux pouvoir publics qu’étant donné l’absence d’alternative pour ce peuple qui tire sa subsistance du fleuve, cette injonction ne peut que rester lettre morte sans la mise en place d’un programme alimentaire étatique de substitution.

Nous appelons l’Etat français à respecter ses engagement découlant de la ratification de la Convention de Minamata sur le mercure et à prendre au sérieux son obligation de garantir le droit à la santé des Wayana en mettant en place une veille sanitaire et une aide alimentaire, mais aussi et surtout, à leur assurer un environnement sain en renforçant massivement les moyens de la lutte contre l’orpaillage illégal.

La reconnaissance des droits des peuples autochtones

Treize ans aujourd’hui que la France a voté la Déclaration des Nations Unies pour les droits des peuples autochtones et pourtant, elle refuse toujours de reconnaître un statut particulier aux amérindiens de Guyane. Se cachant derrière une lecture restrictive et passéiste de l’article 1er de la Constitution posant le principe d’indivisibilité de la Nation, elle prive ces peuples de droits légitimes propres à leur histoire, leur lien à la terre et leurs cultures.

Sur le Maroni, les activités sociales, économiques, alimentaires et culturelles des peuples autochtones dépendent du lien étroit avec leur environnement, aujourd’hui menacé et en partie détruit par l’orpaillage illégal. Il est nécessaire d’affirmer que la conservation de la biodiversité amazonienne implique la protection des modes de vie et des cultures amérindiennes.

Nous demandons à l’Etat de reconnaître les droits fondamentaux et bio-culturels de ce peuple, son rôle déterminant dans la protection de la nature et par conséquent l’importance de mettre en place une gouvernance partagée ainsi qu’une coopération renforcée dans la lutte contre l’orpaillage illégal.

La défense des droits de la nature

Du fleuve Atrato en Colombie au mont Taranaki en Nouvelle-Zélande, de nombreux écosystèmes de par le monde se voient aujourd’hui reconnaître des droits propres ainsi qu’une personnalité juridique afin de mettre en place un nouveau régime de protection de la Nature. Il s’agit de garantir dans notre droit une nouvelle relation à la Nature, à la fois respectueuse du fonctionnement des écosystèmes et des besoins humains.

Afin de faire face aux ravages de l’orpaillage illégal en Guyane, nous demandons à l’Etat de reconnaître le Haut Maroni en tant qu’entité vivante bénéficiant du droit à la protection et à la conservation de son intégrité, du droit à la pleine santé et à être exempt de contamination, de pollution et de déchets toxiques, le droit à la régénération et à la continuité de ses cycles et processus vitaux, le droit à la restauration de ses écosystèmes. Nous soutenons également la création d’une commission des gardiens du fleuve composée des représentants amérindiens, exerçant une tutelle légale en collaboration avec les services de l’Etat afin de mettre en place un plan d’action visant à éliminer définitivement les activités minières illégales, un programme de soutien aux projets d’alternatives économiques locales pour garantir la sécurité alimentaire de ce peuple et l’organisation d’une campagne régionale de dépistage du mercure.

Le procès simulé pour l’Amazonie française et de ses gardiens est une première étape, par laquelle nous tenons à alerter l’opinion publique et l’Etat en donnant à voir de nouvelles solutions pour la protection des droits de la nature et des peuples autochtones. Nous attendons de la part du gouvernement une réponse quant aux engagements qui seront pris en ce sens pour mettre fin au scandale humain et écologique de l’orpaillage illégal, défendre l’intégrité du fleuve Maroni et enfin reconnaître les droits des premières nations de Guyane.

Signataires de cette tribune, nous réclamons une mutation profonde de notre modèle juridique afin de défendre les droits de la Nature et des peuples autochtones. Pour faire face aux enjeux écologiques majeurs de notre siècle, il est nécessaire de nous affranchir des jurisprudences obsolètes et de nous engager dans une évolution restructurante de notre gouvernance, reposant sur le respect des droits fondamentaux de tous les êtres vivants, humains et non-humains.

Signataires :

Wild Legal, Organisation des Nations autochtones de Guyane, Maiouri Nature Guyane, Or de question, Alexis Tiouka, juriste en droit des peuples autochtones, Valérie Cabanes, juriste experte du crime d’écocide, Marie Fleury, ethnobotaniste, présidente du Conseil scientifique du Parc amazonien de Guyane, Jean Pierre Havard, association Solidarité Guyane, William Bourdon, avocat, défenseur des droits humains, Eleonore Johannes, collectif des Premières nations, Michel Dubouillé, secrétaire général de Guyane Ecologie, Darwin Climax Coalitions »

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Politique

Les gilets jaunes le 12 septembre 2020 ou l’échec d’une proposition

Les gilets jaunes, c’est du passé. Cela a été un feu de paille plébéien, opposé au mouvement ouvrier sur toute la ligne. La tentative de se lancer pour la rentrée 2020 a échoué.

La rentrée 2020 est explosive, car la France endormie est travaillée au corps par des contradictions terribles. Il y a ceux qui font semblant que rien n’a changé, que tout est comme avant… et les autres qui se préparent.

Les gilets jaunes étaient ici entre les deux : ils préfiguraient la crise en exigeant déjà un retour en arrière dans les années 1960, pour être en mesure de vivre comme des beaufs vivant dans des pavillons dont, à l’époque, ils pouvaient encore se payer les crédits, et voyageant en voiture individuelle dont, à l’époque, ils pouvaient encore se payer l’essence. C’est la France version Sardou, un cauchemar.

Ce cauchemar n’a pas fait rêver grand monde, à part des syndicalistes et une ultra-gauche prête à tout mythe mobilisateur, alors que les personnes ancrées dans la Gauche historique étaient, quant à elles, totalement horrifiées, comprenant tout de suite la dimension plébéienne de la démarche.

Le mouvement s’est effondré de lui-même, après avoir été très vite totalement marginal et une simple expression de petits-bourgeois enragés, mais la « proposition » existait encore de manière virtuelle. Aussi s’est-elle remise sur la table ce samedi 12 septembre 2020, avec les discours traditionnels sur l’irruption potentielle de centaines de milliers de gens, des « vous allez voir ce que vous allez voir », etc.

Résultat, moins de 10 000 personnes se sont mobilisées, à Lyon, Marseille, Lyon, Lille, Nantes, Nice, Bordeaux, Strasbourg… dont 2500 à Paris où quasiment 300 personnes ont été arrêtées, les gilets jaunes ne formant plus que des restes encore plus hétéroclites qu’avant, ce qu’on appelle en politique des « décompos », des décomposés, et des décomposés de gilets jaunes, forcément, cela donne quelque chose qui ne ressemble à rien.

Cela fait donc une proposition en moins. Il va en y avoir beaucoup d’autres. Marion Maréchal attend l’effondrement de LR pour reformer un parti de Droite (très) dur, Michel Onfray va tenter de proposer « Front populaire » sur une déclinaison politique, la CGT a appelé à la mobilisation le jeudi 17 septembre, Jean-Luc Mélenchon veut relancer LFI, François Ruffin s’imagine un rôle national, EELV vise la présidence, etc.

C’est le début du renouveau de la politique, avec la formation de nouvelles tendances, de nouvelles sensibilités. Celui qui se rate dans cette période a tout perdu, il rate la matrice pour les années à venir, des années de crise qui plus est, donc très mouvementées. Il va de soi qu’une telle matrice ne se construit pas à la va-vite, qu’il ne suffit pas de quelques recettes, de quelques copiés-collés, de quelques actions « exemplaires » servant de modèle.

Il faut : une lecture des mentalités françaises, une pratique qui aille dans un sens ou un dans un autre et cela de manière assez lisible, des concepts bien délimités, des valeurs certaines, un programme, un dirigeant (ou plusieurs selon les conceptions) et surtout… une tradition. Car le temps ne respecte pas ce qui se fait sans lui.

De fait, un réel projet se construit sur au moins une génération, 25 ans, pour cerner assez d’aspects, pour avoir assez de profondeur humaine. Sans cela, impossible de tenir le choc. C’est pour cela, par exemple, que l’Action française, aussi insignifiante qu’elle puisse être, représente un danger : elle a un projet réel, clef en main. Et voilà pourquoi Marine Le Pen, inversement, qui représente quelque chose de très important, n’arrive à rien.

Les années à venir seront donc riches en proposition, en politique… et en rupture totale avec le passé ouaté, endormi, décérébré et insensible, qui a mené le monde à la catastrophe.

 

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Guerre

Vers la guerre: l’armée grecque se renforce avec du matériel militaire français

Alors que le conflit entre la Turquie et la Grèce est de plus en plus explosif, le premier ministre grec à annoncé que l’heure est venue pour son pays de renforcer ses forces armées et la France est là pour vendre du matériel de guerre.

Samedi 12 septembre 2020, le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est montré très menaçant à l’égard du président français en affirmant : « Macron, vous n’avez pas fini d’avoir des ennuis avec moi ».

En face, la France répond à l’escalade par l’escalade et ce même jour a été annoncé un plan d’achat de matériel militaire français par la Grèce. Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a expliqué :

« Notre force aérienne va acquérir immédiatement un escadron de 18 avions de chasse Rafale afin de remplacer les anciens Mirage 2000. Ce sont des avions excellents qui, avec nos F-16 modernisés, renforceront notre capacité de dissuasion. »

En plus de cela, l’achat de quatre navires de guerre a été évoqué et il s’agirait probablement de Frégates de défense et d’intervention du groupe français Naval Group.

La ministre française des Armées a immédiatement réagit à cette « bonne nouvelle » militaire (selon sont point de vue guerrier) :

« Cette annonce constitue un succès pour l’industrie aéronautique française, en particulier Dassault Aviation ainsi que les autres acteurs industriels français, et notamment les nombreuses PME concernées par la construction du Rafale. Ce choix en faveur d’un avion de combat Dassault Aviation, au plus haut niveau de la technologie mondiale, vient renforcer le lien entre les forces armées grecques et françaises, et permettra d’intensifier leur coopération opérationnelle et stratégique. »

Les Rafale achetés par la Grèce visent ouvertement à prendre le dessus sur la Turquie, dans une surenchère militariste. Les avions concernés seraient configurés pour emporter des missiles air-air longue portée METEOR capables d’engager une cible à environ 100 kilomètres. Cela leur donnerait un avantage important par rapports aux chasseurs turcs qui ne disposent pas de telles possibilité pour l’instant.

Cela s’inscrit dans tout un plan de l’armée grec visant à recruter 15 000 soldats supplémentaires et renforcer son financement. Des nouveaux hélicoptères de la marine sont prévus, ainsi que des armes anti-chars, des torpilles et des missiles. Il s’agit selon le gouvernement grec de former « un bouclier national», autrement de se préparer à la guerre.

En face, l’armée turque ne compte pas lâcher l’affaire et va chercher à se renforcer, dans une course folle menant à une guerre qui semble de plus en plus inévitable, tellement les États en faillite que sont la Grèce et la Turquie en ont besoin, poussés également par les grandes puissances avide d’une nouvelle répartition du monde.

> Lire également : La guerre entre la Turquie et la France (soutenant la Grèce) se fait chaque jour plus menaçante

On va déjà vers des accrochages et ceux-ci auront un effet de boule de neige : la guerre est déjà installée et elle étend son royaume.

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Société

Dans quelle mesure le confinement a-t-il changé les mentalités?

C’est une question d’une importance extrême pour saisir notre pays et son évolution. Dans quelle mesure le confinement a-t-il déboussolé, cassé le rythme du capitalisme, produit l’envie d’une autre vie ?

Emmanuel Macron a affirmé son mouvement politique comme étant celui des gagnants contre celui des perdants. Toute sa vision du monde est résumée dans ce propos donné à des entrepreneurs réunis dans la Halle Freyssinet à Paris en 2017 :

« Une gare, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien. Parce que c’est un lieu où on passe. Parce que c’est un lieu qu’on partage. »

Mais qui sont les gagnants et les perdants du confinement ? Le peuple a très bien vu que la partie privilégiée de la société a profité de ses maisons de campagne et du télétravail, alors que les travailleurs manuels, prisonniers de l’appareil productif, ont eux été clairement enserrés encore plus dans le capitalisme dans une situation sanitaire critique.

Pourtant, quelle que soit la situation, les gens se sont tous aperçus que, finalement, les règles du jeu social pouvaient réellement changer du jour au lendemain. Le confinement a été une mesure qui a révolutionné la vie quotidienne, tout comme le masque obligatoire, la distanciation sociale, etc. Ce n’est pas révolutionnaire au sens d’un progrès historique, aussi serait-il plus juste de parler de bouleversement.

Cela n’enlève toutefois rien au fait que tout le monde a compris que les choses pouvaient changer. Et beaucoup de monde ayant profité du confinement, d’une manière ou d’une autre, pour faire autre chose, pour vivre autrement, a changé son point de vue.

Certains seront irrattrapables pour le capitalisme, d’autres chercheront à vivre encore plus comme des capitalistes, au sens où certains voudront quitter le système de la course au profit à tout prix, cesser le rythme effréné du capitalisme avec sa compétition, sa concurrence… Alors que d’autres voudront beaucoup de richesses pour être en mesure de s’isoler.

Pour d’autres encore, et ils sont évidemment nombreux, vouloir ceci ou cela ne change rien puisque tout est bloqué. Un loyer ou un crédit, une situation non modifiable en raison de telle ou telle responsabilité familiale ou sociale, et on peut rêver ce qu’on veut, on ne l’aura pas. Cela frustre d’autant plus, cela provoque du ressentiment, cela peut également amener à une conscience sociale que le capitalisme impose une division sociale inacceptable.

Reste que tout cela est flou encore. Dans quelle mesure le confinement a-t-il changé les mentalités ? On ne peut pas le dire, encore. Cependant, c’est bien le cas et c’est d’autant plus vrai que tout le monde fait semblant que tout a repris comme avant. L’aspiration est niée, réprimée, intériorisée, tant parce que les gens n’osent pas que parce que le capitalisme ôte toute perspective concrète en ce sens.

Il y a alors deux possibilités. Soit il y a un exil intérieur, avec une sécession culturelle, sous la forme d’une contre-culture, d’une affirmation d’un mode de vie alternatif. Soit cela s’extériorise sous la formes d’incendies sociaux sur la base d’une révolte contre les cadences, la pression au travail, les exigences patronales, etc.

Il y a deux contre-arguments qu’on trouvera ici : culturellement, les Français sont des fainéants sur le plan des alternatives. Ils veulent tous le changement, mais aucun ne veut changer. Le véganisme a mis trente ans à arriver en France, l’idéologie des beaufs est omniprésente, il n’y a jamais eu de mouvement hippie de masse, ni une Gauche alternative à gauche du PCF (et non à sa droite comme le PSU). Socialement, les incendies sociaux ont disparu depuis belle lurette, remplacée par le substitutisme cégétiste.

Seulement voilà, le confinement a changé les mentalités. Donc, plus rien n’est pareil. Mais dans quelle mesure plus rien n’est-il pareil ?

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Écologie

Communiqué de One Voice sur la suspension de la chasse aux tourterelles des bois

Après la suspension de la chasse à la glu, voici une nouvelle victoire de la protection animale : la chasse à la tourterelle des bois est elle aussi suspendue ! L’État prétend qu’il y a là seulement un enjeu juridique avec la réglementation européenne à respecter. C’est en partie vrai, mais ce qu’il y a surtout, c’est le travail démocratique des associations de protection animale qui mettent sur la table ces pratiques dépassées et écocidaires. La France change et tout cela devient maintenant indéfendable.

Voici le communiqué de One Voice, qui résume très bien tout l’enjeu qu’il y a derrière la suspension de cette chasse en particulier :

« Les tourterelles des bois graciées !

Pour les tourterelles des bois, faire suspendre cet arrêté était bel et bien une urgence. Surtout quand on sait que leur espèce est en grand danger d’extinction (perte d’habitat, disparition des insectes, bruit, braconnage, et… chasse) ! Quel est le sens des priorités de ce ministère censé protéger la nature et qui se fait déjà taper sur les doigts par l’Union européenne car la France ne respecte pas la directive « oiseaux » ? Suite à notre recours et à celui de la LPO, le Conseil d’État a rendu sa décision, et elle va dans le sens des tourterelles, sauvées du massacre!

Un lobby si puissant qu’il s’insinue jusque dans les décisions préfectorales et ministérielles

Le jour de l’audience, nous apprenions que 68% des vertébrés avaient disparu de la surface terrestre en moins de 50 ans… Pourtant, nous interpellions justement le Conseil d’État une fois de plus sur une question concernant le droit ou non de tuer des dizaines de milliers de ces oiseaux, peuplant pacifiquement notre pays.

Des milliers de tourterelles déjà mortes, et des données toujours pas fiables!

En ce 10 septembre au matin et depuis sa publication, déjà 6287 tourterelles des bois avaient péri dans le cadre de cet arrêté. Au sortir de l’audience, ce chiffre mis à jour quotidiennement était passé à 6368 ! Mais ce qu’on ignore souvent, c’est que ces données déjà astronomiques sont bien en deçà de la réalité, de l’aveu même des intéressés, car elles sont déclaratives : les chasseurs doivent entrer eux-mêmes leurs prises dans l’application « ChassAdapt ». Autant dire, une révolution informatique… pas gagnée d’avance.

L’arrêté du ministère n’avait ni queue ni tête, les tourterelles vont vivre!

Muriel Arnal, présidente fondatrice de One Voice, déclare :

« Comment l’Etat pouvait-il exposer les tourterelles des bois, au bord de l’extinction, aux chasseurs qui, rappelons-le, les tuent pour leur récréation ? Les données fournies ne sont pas fiables, nous l’avons démontré. La chasse – ce passe-temps – ne fait qu’aggraver une situation très préoccupante pour ces oiseaux qui appartiennent au patrimoine commun de l’humanité. Au-delà des mentalités, il est grand temps de faire évoluer les actes ! Aujourd’hui le Conseil d’État nous a donné raison, c’est un immense soulagement. »

Notre équipe sur place a souligné les moments forts du procès et les incohérences du ministère et les a retranscrits sur notre fil Twitter. Après avoir analysé les éléments et les deux avis contradictoires, le Conseil d’Etat a tranché en défaveur du ministère public, donc en faveur des tourterelles!

Le combat pour les oiseaux continue. Que les préfets et ministres se le disent avant de publier de nouveaux arrêtés concernant la chasse quelle qu’elle soit, au tir, à la glu ou la vénerie : nous serons là. À tel point que nous serons d’ailleurs de retour au Conseil d’Etat pour l’audience contre les chasses traditionnelles (six arrêtés sur le piégeage des oiseaux) le 16 septembre 2020 à 10h. »

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Société

Tour de France: le maire EELV de Lyon méprise les classes populaires

Le nouveau maire EELV de Lyon, à l’image de son parti, n’a rien à voir avec la Gauche. Il fait partie d’une frange de la bourgeoisie violemment hostile aux classes populaires et sa critique méprisante du Tour de France en est un bel exemple.

Dans un pays, il y a des monuments. Cela peut être un bâtiment, une sculpture, un tableau, de la musique, une façon de faire certaines choses, ou bien encore un événement sportif. Le Tour de France fait partie des monuments français, du patrimoine de la France.

Cela ne veut pas dire que cela est figé et qu’il est interdit de le faire évoluer. Mais cela nécessite de connaître les choses de l’intérieur, en étant lié de manière organique au peuple, car le patrimoine par définition est porté par le peuple.

C’est tout le contraire d’EELV, qui représente la bourgeoisie cosmopolite vivant dans de riches appartements de centre-villes et s’imaginant écologiste en allant chercher son pain à bicyclette le dimanche matin.

Ainsi, quand Grégory Doucet le nouveau maire EELV de Lyon critique le Tour de France de manière méprisante, cela ne passe pas, car on ne peut pas s’en prendre au patrimoine populaire sans susciter de la réprobation.

Alors que la 14e étape de l’édition 2020 de l’épreuve arrive à Lyon samedi 12 septembre, il a en effet qualifié le Tour de « machiste et polluant ». Sa critique est ici typique du bourgeois de grande métropole, vivant dans sa petite bulle, raisonnant avec des concepts universitaires hors-sol et méprisant la vie quotidienne du peuple.

Cela est particulièrement flagrant quand il interroge de manière hautaine :

« Combien de véhicules à moteur thermique circulent pour faire courir ces coureurs à vélo ? »

En France, ainsi que dans de nombreux pays, des millions de gens adorent le Tour de France. Et comme à chaque fois qu’il y a quelque chose de populaire et massif, cela est fait avec beaucoup de sérieux.

Les coureurs sont donc des professionnels et ils ont logiquement avec eux tout un staff, lui aussi professionnel, engagé de manière très aboutie sur la course, qui est préparée pendant de longs mois.

Comme celle-ci a lieu sur la route, en parcourant une très grande distance quotidienne, cela nécessite des voitures pour suivre les coureurs, afin de leur porter assistance, les ravitailler, changer de roue en cas de crevaison, etc. C’est aussi simple que cela et il faut vraiment tout le mépris du bobo de centre-ville pour ne pas comprendre la raison de la présence de ces « véhicules à moteur thermique » pour suivre « ces coureurs ».

C’est la même chose pour les autres voitures et motos, que ce soit de l’organisation, des médias, des médecins, de la publicité, etc. Tout cela s’explique pour une raison simple : le professionnalisme de l’événement, d’autant plus important en raison de son caractère massif, extrêmement populaire.

Mais le peuple, les gens d’EELV n’en ont rien à faire. Tout ce qui compte pour eux est de calquer des concepts sur la réalité, pour se donner un genre moderne. Là encore, c’est particulièrement flagrant quand Grégory Doucet affirme de manière délirante :

« D’abord, le Tour de France continue à véhiculer une image machiste du sport. Quand on défend les valeurs du sport, on défend l’égalité femmes-hommes. Il devrait y avoir un Tour de France féminin depuis longtemps. C’est la dernière épreuve d’envergure à ne pas avoir franchi le pas. »

Qu’est-ce que cela peut bien lui faire qu’il n’y ait pas de Tour de France féminin ? Et d’ailleurs, pourquoi n’y a t-il pas d’équivalent féminin du Tour de France ? Tout simplement car il n’y a pas beaucoup de femmes cyclistes pratiquant ce sport avec le même niveau de professionnalisme que les hommes cyclistes. Point. Ce n’est ni bien, ni mal, c’est une simple réalité historique, un simple cheminement de l’évolution de la vie du peuple.

Depuis quand d’ailleurs l’horizon des femmes serait de faire forcément la même choses que les hommes ?

De toutes façons, cela ne signifie pas que les femmes sont en dehors du cyclisme masculin. Mais pour savoir cela, il faut faire partie du peuple et s’être déjà rendue sur une course cycliste amateur… où les femmes sont extrêmement nombreuses. Ce sont par exemple presque toujours des femmes qui prennent les photos sur les courses amateurs, de manière très sérieuse. Les mères des coureurs sont très présentes et impliquées, tout comme les femmes qui sont bénévoles dans l’organisation, pour distribuer les dossards par exemple ou servir à la buvette, ou encore dans l’arbitrage où il y a très souvent des femmes, etc. Il y a également les podiums où la tradition veut que ce soient des jeunes femmes qui donnent un bouquet au vainqueur de la course et lui fassent la bise, même sur la plus petite course de village.

On peut trouver cela ringard éventuellement, ou bien déplacé, caricatural, etc. mais cela ne donne pas pour autant le droit de critiquer avec mépris, et encore moins celui de prétendre pouvoir parler à la place des femmes participant à cela.

Mais nous ne vivons pas dans une société démocratique, et donc le peuple n’a jamais la parole. À la place, ce sont des bourgeois comme Grégory Doucet qui s’arrogent la prétention de savoir ce qui est bon ou mauvais. Les bourgeois comme Grégory Doucet d’EELV représente ici tout l’inverse de la Gauche historique, qui au contraire est liée organiquement au peuple en incarnant le meilleur de la tradition populaire dans tous les domaines.

Et on voit que le masque d’EELV tombe de plus en plus, alors que son espoir est de démolir définitivement la Gauche, de la cannibaliser pour devenir un parti politique majeur. Outre que son écologie est toujours plus au service d’un renouveau du capitalisme, son opposition à ce qui est le noyau de la Gauche populaire est toujours plus agressive.

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Société

Pornographie: communiqué de presse féministe dénonçant viol et proxénétisme

« Jacquie et Michel » est un site pornographique tellement connu en France qu’il est presque devenu un nom commun, ou en tous cas l’objet de blagues graveleuses systématiques de la part des beaufs. Aujourd’hui, il est l’objet d’une enquête préliminaire pour proxénétisme aggravé et viols.

Voici le communiqué de presse des associations Le Mouvement du Nid, Osez le Féminisme ! et Les Effronté.es à ce sujet, qui dénoncent à juste titre l’industrie de la pornographie comme une forme de prostitution. L’industrie de la pornographie est une offense permanente et sordide à la dignité des femmes en particulier, et à la dignité humaine en général ; il n’est pas étonnant que le viol y soit monnaie courante.

« Ouverture d’une enquête contre “Jacquie et Michel” pour viol et proxénétisme

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Le Mouvement du Nid, Osez le Féminisme ! et Les Effronté.es se réjouissent que, suite aux signalements  faits par nos associations au Procureur de la République le 27 février 2020, le parquet de Paris ait décidé d’ouvrir une enquête préliminaire à l’encontre de la société « Jacquie et Michel » pour proxénétisme aggravé et viols. Nous dénonçons les violences sexistes et sexuelles inhérentes au système pornocriminel et demandons justice pour les victimes. 

Le 18 février 2020, nous avions été en effet nombreuses et nombreux à être choqué.es, face aux révélations de la vidéo ”Les dessous sordides du porno amateur” diffusée sur la chaîne KONBINI : une enquête dénonçant les viols  lors des « tournages » de l’entreprise pornographique “Jacquie et Michel”. Y était également démontré le proxénétisme aggravé en bande organisée, expliqué par le co-fondateur lui-même dans un enregistrement téléphonique.

Le témoignage de Karima dans le journal 20 minutes paru ce soir décrit les mêmes pratiques de violences sexuelles, et d’abus de faiblesse. Il est aussi similaire aux témoignages reçus dans nos associations d’accompagnement des personnes prostituées. “Nous espérons ainsi que cette procédure judiciaire permettra de révÉler la réalité de “l’industrie pornographique, qui relève de la prostitution filmée. Nous recevons de nombreux témoignages de personnes accompagnées qui vont dans ce sens”, souligne Claire Quidet, présidente du Mouvement du Nid.

C’est donc un système organisé, des modes opératoires bien huilés à travers lesquels les proxénètes de “Jacquie et Michel” ciblent les femmes les plus vulnérables, pour commettre des violences sexuelles contre elles; un système déjà dévoilé par le livre-enquête “Judy, Lola, Sofia et moi” de Robin d’Angelo en 2018. Cette impunité doit cesser.

“Que pourrait-être un mouvement féministe de lutte contre les violences sexuelles comme #MeToo si nous ne nous pensons pas d’abord aux femmes qui subissent les pires viols et tortures, les violences organisées et systémiques du système pornocriminel et prostitueur”, souligne Céline Piques, porte-parole d’Osez le Féminisme !

La France a adopté en 2016 une législation pour lutter contre le système prostitueur : la loi abolitionniste a permis de décriminaliser les personnes prostituées, et de pénaliser le “client” prostitueur, mais aussi de renforcer la lutte contre le proxénétisme (+54% d’enquêtes ouvertes pour proxénétisme en 4 ans, selon le rapport interministériel de juillet 2020). Ces violences sexistes et sexuelles sont trop souvent concomitantes au trafic d’êtres humain.es, si colonialistes et racistes dans leurs racines profondes. Or, quelle est la différence entre prostitution et pornographie, sinon la présence d’une caméra dans la pièce ? Il est indispensable que le système pornocriminel cesse d’être l’angle mort de la politique abolitionniste de la France. Nous nous félicitons de cette réponse pénale aujourd’hui.

“Nous ne nous laisserons pas berner par la stratégie de glamourisation de la violence du système pornocriminel : loin d’être une marque populaire, fun et française, Jacquie et Michel est un cheval de Troie de la culture du viol, qui cible en priorité les plus jeunes”, souligne Claire Charlès, présidente des Effronté.es. 88% des vidéos pornographiques contiennent des scènes de violences sexuelles explicites.

Aujourd’hui, si nous nous félicitons de l’ouverture de cette enquête préliminaire pour viols et proxénétisme contre “Jacquie et Michel”, nous espérons toutefois que les actes de torture et barbarie et d’abus de faiblesse que nous avions également signalés seront retenus dans les qualifications pénales à venir.
Nous continuerons à dénoncer le proxénétisme et le système prostitueur sous toutes ses formes et à défendre une sexualité libérée des oppressions, pour toutes les femmes. »

Voici également un vidéo de prévention sur la prostitution filmée, par le Mouvement du Nid :

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Société

Covid-19: la gestion de la crise est une catastrophe sur toute la ligne, et ce n’est pas fini

Depuis le début de la crise du covid-19, les choses ont été très mal gérées par des autorités pétries de libéralisme et dépassés culturellement, à l’image d’une société capitaliste focalisée sur elle-même. Alors que le coronavirus circule à nouveau de manière intense, de nouvelles tensions hospitalières reflètent que le problème reste entier.

Au mois de juin, le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy trouvait qu’il en était « trop » fait à propos du covid-19 et qu’il fallait « laisser les gens vivre ». Il réclamait même des vacances avec la satisfaction du travail bien fait :

« Nous souhaiterions arrêter nos travaux à partir de début juillet. Nous nous sommes mis au service de la nation, en donnant les grandes directions basées sur la science pour éclairer les décisions politiques difficiles. Mais, à présent, les services de l’État sont en ordre de marche. »

Ces propos étaient ridicules, en plus d’être irresponsables…. Un peu plus de deux mois plus tard, le Conseil scientifique est déjà obligé de constater que la situation est à nouveau très mauvaise et que la gestion de la crise est un échec continue.

Le gouvernement est ouvertement fustigé, en raison notamment de la stratégie d’isolement des cas contacts, c’est-à-dire des personnes ayant côtoyée une personne porteuse. Le constat est très sévère, pointant du doigt :

« Une stratégie d’isolement sans cahier des charges ni budget à l’échelle nationale, des recommandations assez peu relayées auprès du public, le manque de données précises sur les conditions et le suivi de l’isolement ».

Si l’on ajoute à cela les mœurs libérales du pays, ou plutôt le je-m’en-foutisme ambiant, cela donne une cacophonie générale où rien n’est respecté. Il n’y a pourtant rien de compliqué : n’importe qui ayant été en contact du virus doit être placée à l’isolement, afin d’attendre le temps d’une période d’incubation.

C’est la même chose en cas de symptôme : il ne faut pas attendre d’être testé positif pour s’isoler, car c’est en fait trop tard et on a pris le risque de faire circuler le coronavirus. Là encore, rien de compliqué à mettre en place, surtout à notre époque avec les moyens de communication et technologiques à notre disposition.

Au lieu de cela, chacun fait ce qu’il veut et personne ne contrôle rien, comme est obligé de le constater le Conseil scientifique. L’État n’est même pas en mesure d’avoir des données sur les personnes ayant eu accès à des lieux d’isolement (en général des hôtels réquisitionnés), tellement pas grand-chose n’est fait, tellement la gestion même la plus basique des choses n’est pas là.

Le problème n’est pas qu’individuel d’ailleurs, mais concerne l’ensemble de la société, qui est atomisée, complètement désorganisée, incapable de saisir les choses à grande échelle. La France est larguée.

Tout cela est donc très grave et la gestion de la crise sanitaire est une catastrophe sur toute la ligne. Le virus circule beaucoup, avec officiellement 8577 nouveaux cas en France le 9 septembre, un chiffre en constante augmentation depuis la rentrée. Cela donne 5003 personnes hospitalisées (386 supplémentaires depuis la veille), dont 599 en réanimation (71 supplémentaires depuis la veille).

Localement, cela donne des situations alarmantes. À Bordeaux par exemple, où comme dans la plupart des grandes villes des personnes se rassemblent par centaines sans aucun respect pour les gestes barrières, il y a une très importante circulation du virus, particulièrement chez les 15-30 ans.

Le Pr Denis Malvy, chef du service maladies infectieuses et tropicales du CHU de Bordeaux et membre du Conseil scientifique, s’est ainsi indigné à juste titre :

« Ce n’est carrément pas possible, on ne peut pas laisser ce réservoir se constituer, […] cette bulle de circulation ».

Le nombre de personnes hospitalisées pour le Covid-19 à Bordeaux a doublé depuis la semaine dernière et la situation est jugée préoccupante, avec une réactivation de la cellule de crise locale.

Sur le plan national, la Direction générale de la santé parlait d’une « nette dégradation de la situation» mardi 8 septembre, et plus de la moitié du pays est considérée comme zone à risque par d’autre pays.

Le président du Conseil scientifique estime donc que « la reprise de la circulation du virus est plus importante que ce qu’on aurait pu imaginer en ce début septembre » et évoque de probables « décisions difficiles» à prendre par le gouvernement d’ici les prochains jours.

Celui qui prétendait en juin que « les services de l’État sont en ordre de marche », doit donc maintenant prévenir d’un risque d’«augmentation très rapide, exponentielle » de la circulation du coronavirus, et donc des tensions importantes à venir sur les services hospitaliers… Et il devra inventer de nouvelles justifications à ces retournements perpétuels de position, qui doivent tout au fait que l’État force à la reprise capitaliste, sans y parvenir réellement, tout en enfonçant les choses en distribuant des centaines de millions sans vérification ni contrepartie, etc.

Le pays s’enfonce dans la crise, c’est aussi simple que cela.

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Politique

Appel: «Nous, les Hauts-de-France !»

Voici un appel salutaire pour l’Union de la Gauche pour les Hauts-de-France aux élections régionales de mars 2021. Certains y verront avec regret l’absence d’une écologie tournée vers les animaux (et pas seulement réduite à la question de la limitation des rejets de CO2), d’autres esprits chagrins diront avec justesse sans doute que l’Aisne, l’Oise et la Somme cela a un nom : la Picardie.

Cela étant, c’est une initiative unitaire qui, si elle parvient réellement à porter quelque chose, serait une contribution réelle pour aider la Gauche à sortir du pétrin dans lequel elle est.

« 🥁 NOUS LES HAUTS-DE-FRANCE !

Nous les Hauts-de-France est un mouvement de citoyennes et de citoyens qui souhaitent ouvrir une nouvelle ère pour notre région. Venus de l’Aisne, du Nord, de l’Oise, du Pas-de-Calais et de la Somme, nous mettons en commun nos richesses, nos expériences et notre désir d’action pour être les moteurs de la transformation économique, écologique et démocratique qui redonnera aux Hauts-de-France la première place dans la France du XXIème siècle !

📢 NOTRE APPEL :

Des cités populaires aux grands ports du Nord, du cœur des métropoles aux territoires frontaliers, de la Baie de Somme aux plaines agricoles et au bassin minier, des bords de l’Escaut, à ceux de l’Aisne et de l’Oise, nous sommes fiers de notre région, les Hauts-de-France, de son histoire plurielle, souvent meurtrie, et de sa culture singulière, toujours chaleureuse.

Nous appelons à l’unité de projet et d’action pour changer son avenir qui s’assombrit.

Il n’est de richesse que d’hommes. Pourtant notre région est frappée d’une crise de vitalité : elle se vide et se dépeuple. Alors qu’elle comptait plus de 6 millions d’habitants en 2015, les Hauts-de-France sont désormais en voie de rétrécissement avec une population totale qui est passée sous les 6 millions d’habitants et qui perd, cette année, sa troisième place au niveau national en termes démographiques. Les territoires ruraux sont les premiers touchés. La faute à une politique régionale qui a négligé l’attractivité économique, environnementale et culturelle et a laissé partir nos talents.

Notre région est en mauvaise santé. Elle est malade de la pollution de l’air, des sols et des sous-sols. Naître dans les Hauts-de-France c’est, aujourd’hui, avoir l’espérance de vie la plus faible de tout l’Hexagone. En rupture avec les majorités précédentes, aucune politique de santé d’envergure n’a été mise en place durant cinq ans à l’échelle régionale pour lutter contre cette mortalité précoce. La prévention est faible, les déserts médicaux s’étendent, les maternités ferment, les hôpitaux sont saturés et la région regarde ailleurs.

Notre région continue de souffrir, plus que d’autres, d’un chômage massif et de taux records de précarité et de pauvreté, dévastateurs pour la cohésion sociale. Dans ce domaine le Président de Région semble faire mais en réalité fait semblant. La politique de la région en matière d’emploi est une gabegie financière et un échec économique. Gabegie financière car la région a dupliqué, sans aucune coordination et sans résultat probant, le service public national de l’emploi en créant un avatar régional de Pôle emploi. Proch’emploi c’est Pôle emploi en moins : pas d’accompagnement des demandeurs d’emploi, une simple mise en relation et un nombre de retours à l’emploi au niveau régional artificiellement gonflé par des entrées nombreuses en contrats d’apprentissage courts et donc peu professionnalisants. La région ferait mieux de promouvoir des solutions innovantes comme, par exemple, un outil bancaire public régional finançant des projets utiles créateurs d’emplois, à partir de critères écologiques et sociaux forts. Dans le même temps, la formation initiale a été délaissée avec notamment un sous-investissement de la région dans les lycées.

Notre région a aussi été privée d’ambition écologique alors même que les Hauts-de-France devraient être l’avant-poste d’une écologie sociale exigeante et populaire. Exigeante car la reconstruction écologique du pays implique de mettre la région au travail pour assurer la bascule dans un monde sans carbone. Populaire car l’écologie du quotidien c’est celle qui libère les habitants de la région des embouteillages sur leur trajet domicile-travail en leur offrant des solutions de transport en commun publiques, riches et diversifiées et en réduisant drastiquement le nombre de camions sur les routes par le ferroutage et le transport fluvial. C’est aussi celle qui permet de faire baisser la facture de chauffage par la rénovation thermique des logements et qui assure à tous une alimentation saine et de qualité. C’est enfin celle qui encourage le « vivre et travailler au pays » par le recours au télétravail, négocié avec les salariés, en assurant le financement de la construction d’espaces de travail partagés publics à proximité du lieu de résidence.

Nous, élus, citoyens volontaires, femmes et hommes libres, nous refusons que notre région continue de s’effacer et soit prisonnière de dogmes libéraux et d’un modèle de pensée, de gouvernance et de gestion périmés. Nous voulons redevenir la locomotive du pays, une région exemplaire pour son excellence sociale, environnementale, culturelle, numérique. Une région qui mise sur ses atouts et notamment son industrie mise en action pour accompagner les transitions à venir.

Nos priorités sont claires. Il s’agit de surmonter la crise sanitaire, économique et sociale issue de l’épidémie de la COVID-19, d’éviter la catastrophe climatique et d’empêcher le grand bond en arrière démocratique que constituerait la conquête de notre région par le Rassemblement national.

Pour ce faire, nous nous engageons dans la création d’un mouvement citoyen, de la gauche et de l’écologie, unitaire, qui portera les espoirs d’une reconstruction environnementale et sociale aux élections régionales de 2021 et permettra le dépassement des rivalités de personnes.

Nous les Hauts-de-France ! sera le lieu de l’enthousiasme collectif, du travail civique, du débat et de l’action pour l’avenir de notre Région et de ses habitants.

Rejoignez-nous !

✍️ LES PREMIERS SIGNATAIRES :

Thierry AURY (PCF, 60), Eric BOCQUET (PCF, 59), Jean-Louis BRICOUT (PS, 02), Thierry BROCHOT (EELV, 60), Rémi Cardon (PS, 80), Dominique CLINCKEMAILLIE (EELV, 60), Damien Carême (EELV, 59), Delphine DAMIS-FRICOURT (Generation.s, 80), Marie-Laure DARRIGADE (LFI, 60), Yves DAUDIGNY (PS, 02), Karima Delli (EELV, 59), Antoine DETOURNE (Generation.s, 62), Vincent DHELIN (EELV, 59), Jean Bruno GORNY (citoyen engagé à Hénin-Beaumont, 62), Frédéric FAUVET (militant associatif, 80), Martine Filleul (PS, 59), Brigitte Fournié-Turquin (EELV, 02), Aurélien GACK (LFI, 62), Aurélien GALL (PCF, 02), Michelle Greaume (PCF, 59), Jacky Hénin (PCF, 80), Thomas Hennequin (PS, 02), Patrick Kanner (PS, 59), Benjamin LUCAS (Generation.s, 80), Roxane LUNDY (Generation.s, 60), Christian MANABLE (PS, 80), Bastien MARGUERITE (PS, 62), Alain MOREAU (Responsable associatif, 02), Alexandre Ouizille (PS, 60), Fabien Roussel (PCF, 59), Laurence Rossignol (PS, 60), Émilie THÉROUIN (EELV, 80), Marine Tondelier (EELV, 62), Karine TROTTEIN (PCF, 59), François VEILLERETTE (militant écologiste, 60), Sarah ZEROUALI (citoyenne engagée dans une association étudiante d’accès aux droits, 59).

➜ Découvrez notre l’appel et les premiers signataires :
https://nousleshautsdefrance.fr/ »

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Politique

L’Angoisse a pris les commandes de la France

C’est un paradoxe qui finalement dit tout sur notre pays : 715 000 personnes ont perdu leur emploi, mais elles n’ont aucune réaction politique.

De manière officielle, 715 000 emplois ont été « détruits » au premier semestre 2020 et soi-disant il n’y aura que 2000 chômeurs de plus au second semestre. La croyance en le capitalisme est digne de l’irrationnel religieux. Quoi qu’il en soit, il faut croire qu’il n’y a pas que les journalistes et les commentateurs économiques pour avoir la foi dans le capitalisme. Car où sont les 715 000 personnes ayant perdu leur emploi ?

Pourquoi n’ont-elles pas protesté, exigé des soutiens, alors que les entreprises se voient arrosés d’une pluie d’argent ? Pourquoi n’ont-elles pas exigé un soutien de l’ensemble du pays alors que leur situation personnelle s’est subitement dégradée ?

C’est là qu’on voit une profonde passivité par rapport aux événements. Quant aux syndicalistes, toutes leurs prétentions se révèlent vaines une fois de plus. Les syndicats sont inexistants dans la situation présente et si les syndicats sont nécessaires, on voit bien que la question est politique.

C’est d’ailleurs pour cela qu’elle n’est pas posée. Les chiffres du chômage sont donnés de manière très discrète : on n’a pas de grand titre avec « 715 000 personnes perdent leur emploi », « explosion du chômage », « crise sociale sans précédent », etc. On l’aura compris, il s’agit de maintenir le calme, à tout prix. D’où le fait de parler d’autre chose, notamment de la question « raciale », toujours très pratique pour diviser, c’est un classique des dominants à travers l’Histoire.

Il faudrait la Gauche. Mais la Gauche n’a aucun maillage. Historiquement, elle a toujours été porteuse d’une perspective électorale et ses rangs ont toujours été très clairsemés, elle n’a jamais été ni vraiment un mouvement de cadres, ni vraiment un mouvement de masse, faisant des élections son épine dorsale. Le résultat c’est une fuite en avant et on le voit en 2020 avec la déliquescence complète : tant le PS que le PCF sont les ombres d’eux-mêmes. La Gauche, c’est grosso modo cent mille personnes, mais organisés de manière relativement lâche, plus adhérentes que militantes, plus en mode participatif que structurées et ne parlons même pas d’idéologie ou de cadre.

La seule chose qui sauve est que l’extrême-Droite est nulle : ses cadres sont nuls, ses démarches artisanales, ses propositions idéologiques incompréhensibles, etc. etc. et tout cela malgré l’immense boulevard qui existe. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas une forte extrême-Droite en France : elle apparaîtra forcément, comme reflet de l’ambition expansionniste d’une France voulant « tenir son rang ». On est cependant heureusement encore loin du compte.

La problématique est de ce fait la suivante : les Français vont-ils finir par bouger ou pas ? Faut-il avoir quelque chose de clef en main ou bien accompagner un lent processus de conscientisation, de contestation, de révolte ?

Tout cela dépend d’une crise que, en l’état actuel des choses, personne ne veut voir. Ce qui règne, en France, actuellement, c’est l’Angoisse. C’est elle qui tient le pays. C’est cela qui explique les 715 000 emplois détruits que personne ne veut voir, même pas les gens ayant perdu ces emplois. Il y a la peur de passer dans l’inconnu, car tout le monde sait bien que les Français veulent tous le changement, mais qu’aucun n’est prêt à changer lui-même. Là est la clef du problème.

La crise va les forcer, pourtant. Cela va être brutal, cela va être une déchirure. Cela va être l’adversité. Espérons qu’effectivement les Français aient bien comme style de n’être jamais aussi bon que dans une situation caractérisée par l’adversité.

Sans cela, la brutalité qui contamine largement le pays – brutalité niée par l’ultra-gauche et la gauche réformiste qui ne saisissent pas toute la décadence d’un capitalisme en perdition – emportera avec elle toujours plus d’esprits prompts à dérailler face à une situation devenue intenable. C’est la fin d’une époque, de toute une époque, tout simplement.

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Écologie

Comment le loup a été exterminé en France

Au XVIIIe siècle, il y avait encore des dizaines de milliers de loups en France. Mais avec le triomphe général de la bourgeoisie à la fin du XIXe siècle, l’extermination de cet animal fut décrétée.

L’obsession de la traque du loup remonte à loin. Au IXe siècle, entre 800 et 813, Charlemagne fondait déjà l’institution chargée de les chasser : les lieutenants de louveterie. Toutefois, c’est à l’époque du capitalisme triomphant que l’espèce a été exterminée.

Évalués en France à encore plusieurs milliers d’individus à la fin du XIXe siècle, objet de fantasme d’horreur autant que responsables de dégâts sur les cultures agricoles, le loup devait passer sous le rouleau compresseur de l’administration bourgeoise.

L’histoire de la IIIe République (1870-1940), c’est l’histoire de l’alliance entre la bourgeoisie libérale des villes et des paysans propriétaires des campagnes contre le mouvement ouvrier et le socialisme et c’est dans ce cadre politique qu’il faut comprendre l’extermination complète des loups.

En 1875, le journal L’Avenir Républicain, dont le nom trahit son orientation politique, fustigeait la SPA fondée en 1845 dont une partie de « philosophes profonds et mystiques » :

« ils veulent conserver tous les carnassiers : ours, loups, renards, fouines, éperviers, d’abord parce que ce sont des créatures de Dieu ! et ensuite par ce qu’ils détruisent les rats, les souris, les taupes. Ils veulent conserver les taupes parce qu’elles détruisent les insectes ; ils veulent conserver les insectes parce qu’ils se détruisent entre eux; mais ils veulent que cette destruction se borne à quelques individus qui se trouvent de trop, et que la race soit maintenue. »

La SPA avait en effet ici une approche relevant de la croyance religieuse, quoi qu’elle anticipait, sans le savoir, la compréhension scientifique de Planète comme Biosphère, où chaque espèce est inter-dépendante formant une dynamique générale.

Il faudrait également mentionner le pasteur lyonnais Georges Blot qui en 1907 rappelait dans un « plaidoyer pour les loups » leur filiation avec le chien, décrivant les choses avec une grande sensibilité :

« Mais le loup, que lui avons-nous fait ? De quelle infamie humaine a-t-il été victime ou témoin pour qu’il ne veuille plus, lui, nous tendre la patte ? (…)

L’homme a choisi, voilà tout. Oui, l’homme a choisi ; mais comment ? Là est la question ! Sans doute comme font les forts, en renvoyant d’un coup de pied ou d’un coup de pierre, le méprisé. Alors, dans son cœur de bête déjà ulcéré, peut-être par ce que son frère (le chien) était plus beau que lui, mieux tacheté, mieux fourré, plus gracieux ou plus habile à plaire, le loup sentit la jalousie, la haine devenir implacables ! »

Les défenseurs du loup étaient toutefois bien trop dénigrés pour être soutenus, d’autant plus que les argumentations mystiques les isolaient à la fois de la classe ouvrière, profondément anti-cléricale, que de la bourgeoisie républicaine.

Ainsi, le 12 juin 1880, Pierre Tirard, ministre de l’agriculture, déposait un projet de loi sur « la destruction des loups » dans laquelle il était proposé de relever les primes pour la chasse de l’espèce sauvage.

Les primes instaurées sous le Directoire (1795-1799) étaient devenues trop faibles pour espérer une extermination rapide. Le projet de loi relevait donc les primes à 200 francs s’il est prouvé que le loup a tenté d’agresser un humain, à 100 francs par loup ou louve « non pleine », à 150 francs par louve pleine et à 40 francs par tête de louveteau.

L’idée était également de contourner les lieutenants de louveterie, marqués par la culture monarchiste et plus tournés vers la traque « loisir » que vers l’élimination minutieuse et totale de l’espèce. En plus, cela ne pouvait que renforcer le soutien des petits paysans à la bourgeoisie républicaine.

Le 30 août 1880, le journal régional La Mayenne saluait la mesure et forçait même le trait en liant protection des agriculteurs et défense patriotique :

« Les loups qu’il s’agit en effet de détruire sont, pour la plupart, des envahisseurs qui ont passé la frontière en 1870, à la suite des armées allemandes.

Voilà de quoi, nous l’espérons, donner du cœur au ventre aux tueurs de loups. La Société d’agriculture l’a dit, c’est une question d’humanité. Nous ajoutons, nous : c’est une question patriotique. Donc guerre aux loups, sus aux loups ! »

C’est dire comment la destruction du loup à cette époque était liée à la culture militariste et à l’esprit revanchard nationaliste anti-allemand. Le 3 août 1882, la loi sur la destruction du loup était adoptée.

Et cela va fonctionner à plein régime, avec des pratiques d’une très grande cruauté. Des louves étaient surveillées afin de tuer les louveteaux dès leur naissance, que cela soit par étouffement ou par empoisonnement à la strychnine. En août 1913, le « Journal des débats politiques et littéraires » annonçait que 2 344 loups avaient été tués pour la seule année de 1882, et près de 8 000 entre 1883 et 1894.

La population de loups en France a ainsi été exterminée en l’espace d’une décennie, et cela du fait même de l’engouement général des populations des campagnes pour l’anéantissement du-dit « nuisible ».

Cela si bien qu’en janvier 1940, « le petit Journal » pouvait affirmer que l’éradication du loup n’avait pas été le fait des chasseurs professionnels, les « lieutenants de louveterie », mais par ce qu’il appelle de manière générale la « grande gargamelle » :

« Il faut reconnaître que les loups ont aujourd’hui disparu de nos campagnes, on le doit bien plutôt à l’action de la Grande Gargamelle et de ses émules qu’à celle des veneurs qui chassaient à cor et à cri. Le système de la prime est le plus efficace. (…)

La race dès loups est à peu près éteinte chez nous. Sans la tradition administrative qui maintient toujours là fonction de lieutenant de louveterie — laquelle, d’ailleurs, ne coûte rien au Trésor — qui songerait seulement qu’il y a eu naguère, dans nos campagnes, tant de bêtes malfaisantes qui dévoraient les moutons, et même, à l’occasion, les femmes et les petits enfants ? »

La « Grande Gargamelle » faisait référence au personnage éponyme du roman « Gargantua » écrit en 1534 par le grand classique de l’époque de l’Humanisme français, François Rabelais. « Gargamelle » était l’épouse de « Grandgousier » avec qui elle enfanta « Gargantua ». Ces personnages représentaient une famille de seigneurs mangeant salement et ne respectant aucune bien-séance à table.

Si dans l’esprit de François Rabelais, c’était une manière de critiquer de manière habile et humoristique le manque de raffinement de la classe dominante (seigneurs) de son époque, cela désigna ensuite de manière péjorative les personnes rustres des campagnes.

Ainsi, cette tranche d’histoire doit-elle se comprendre en lien avec le retour actuel du loup. Vraisemblablement venu d’Italie, sa présence a été remarquée dans les Alpes en 1992, avant leur expansion à partir du milieu des années 2000. On compterait aujourd’hui environ 500 loups, avec une forte présence dans le massif des Alpes.

N’est-il pas heureux et bienvenue que cet animal sauvage, liquidé de manière infâme, soit de retour ? N’est-ce pas le signe de la persévérance de la vie sauvage à se maintenir malgré une traque organisée ? Et surtout, cela n’est-il pas une invitation à ne pas répéter les erreurs du passé ?

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Politique

Critique du salon «désir d’enfant»: la Gauche absente cède le terrain à la Droite

La Gauche, particulièrement dans son orientation féministe, devrait être à la pointe de la critique de la GPA. La gauche aurait dû être présente massivement devant le salon « désir d’enfant » à Paris qui a promu la gestation pour autrui, cette agression barbare à la dignité des femmes.

Au lieu de cela, le champ est laissé libre à la Droite catholique et c’est l’association « Juristes Pour L’Enfance », très proche de « La manif pour tous », voire quasiment une émanation de la « La manif pour tous », qui s’est montrée face au salon et qui a été relayée par la presse.

C’est dramatique, d’autant plus que leurs slogans (sur les photos ci-dessous) ont été très justes, visant précisément le cœur du problème. Impossible de ne pas se dire que ces slogans devraient être ceux de la Gauche, et qu’il y a là une très lourde faute politique à les céder à la Droite…

En 2020 en France donc, des grands bourgeois assument (en toute illégalité) de louer le ventre d’une femme pour s’acheter un enfant, mais la Gauche ne dit rien. Pire, elle accompagne cela, en prétendant que l’extension de la PMA est un progrès, alors que ce n’est qu’une étape du processus de marchandisation de la vie elle-même. Et pendant ce temps, la Droite a un boulevard pour apparaître populaire avec une démagogie d’apparence anticapitaliste.

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Culture

Le vrai Michel 2, la hype prolétaire

Le vrai Michel 2 de Michel sortie vendredi 4 septembre met la barre très haut en combinant une esthétique prolétaire masculine très typique avec toute une attitude parisienne ultra-branchée. C’est d’une fraîcheur incroyable et il faudrait vraiment être en dehors du temps pour ne pas y être sensible.

Si l’on combine le meilleur de la musique de niche pour jeunes urbains branchés avec ce que la pop-rap, frôlant la variété, a de mieux à offrir, on a le rappeur-chanteur Michel. C’est léger, aérien, bien ficelé, entraînant et plein de subtilité, bref, c’est de la très très bonne musique.

> Lire également : Michel: beaux-arts style et culture pop

 

Michel vient de la périphérie de Valenciennes dans le Nord et sa culture est incontestablement prolétaire. Cela produit forcément un décalage quand on est artiste musical, tant en France les artistes musicaux sont dans une perspective petite-bourgeoise ou bourgeoise, surtout à Paris.

Il exprime cela avec une profondeur incroyable dans le morceau « Air Max », l’un des plus brillant qu’il ait fait jusqu’à présent :

À côté de cela, Michel communique beaucoup sur les réseaux sociaux avec un très grand sens de la mise en scène. Il s’est ainsi construit un personnage très subtil, à la fois outrancièrement benêt, qui ne pense qu’à jouer à Fifa ou à épater la galerie sans en avoir les moyens, et en même temps toujours très sincère, particulièrement avenant, etc.

Voici la compilation des petits épisodes ayant servit de teasing à la sortie de son EP (présentée comme une mixtape), qui sont franchement très drôles :

Michel est un des artistes musicaux les plus marquants de ce début des années 2020 et il reflète un véritable changement de fond dans la société. Les grilles de lecture s’estompent, s’effacent, le côté populaire part à la conquête du style, en assumant un haut niveau. C’est un signe des temps : en profondeur, le peuple prend toujours plus de hauteur, il a gagne en densité, il est prêt à prendre les commandes de la société.

Le peuple n’en a encore pas du tout conscience, il n’en entrevoit la nécessité que de manière floue, mais il est déjà dans l’affirmation.

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Politique

CNT-SO: «Covid-19: le cas des personnes vulnérables et de leurs proches»

Pour tout un nombre de travailleurs vulnérables sur le plan de la santé, une présence sur le lieu de travail était très délicate en raison du covid-19. Après avoir privilégié la santé générale de la population, l’État en est revenu à une lecture privilégiant l’efficacité capitaliste avant tout ; voici une présentation synthétique de la nouvelle situation légale pour les salariés quant à cette question, fournie par le syndicat CNT – Solidarité Ouvrière.

« Covid-19 : le cas des personnes vulnérables et de leurs proches

A contre courant de la reprise épidémique actuelle, deux nouveaux textes réduisent considérablement la prise en charge des personnes vulnérables et de leur entourage ! On fait le point 👇

Les salarié.e.s du privé présentant un risque face au COVID-19 avaient bénéficié d’un arrêt de travail dérogatoire jusqu’au 30/04, puis avaient basculé à compter du 01er mai dans le dispositif de chômage partiel. Ce dispositif était étendu à leurs proches partageant le même domicile. Dans le public les agent.e.s concerné.e.s étaient placé.e.s en télétravail ou bénéficiaient d’ASA.

Attention, depuis le 01er septembre, deux nouveaux textes réduisent considérablement la prise en charge des personnes vulnérables et de leur entourage !
- Dans le privé avec le décret n° 2020-1098 du 29 août 2020
- Dans le public avec la circulaire du 01er septembre relative à la prise en compte dans la Fonction Publique de l’État de l’évolution de l’épidémie de covid-19.

…………………..

A compter du 31 août 2020, le dispositif exceptionnel d’activité partielle pour les salarié.e.s partageant le même domicile qu’une personne vulnérable n’existe plus.

La liste permettant d’identifier les salarié.e.s vulnérables présentant un risque de développer une forme grave d’infection au virus SARS-CoV-2 et pouvant être placés en activité partielle (secteur privé) est largement diminuée.

Pour rappel, un décret du 5 mai 2020 fixait plusieurs critères de vulnérabilité permettant au salarié d’être placé en activité partiel.

A compter du 31 août 2020, il ne reste que 4 critères au lieu de 11 :

1° Être atteint de cancer évolutif sous traitement (hors hormonothérapie) ;
2° Être atteint d’une immunodépression congénitale ou acquise :
- médicamenteuse : chimiothérapie anticancéreuse, traitement immunosuppresseur, biothérapie et/ou corticothérapie à dose immunosuppressive ;
- infection à VIH non contrôlée ou avec des CD4 < 200/mm3 ;
- consécutive à une greffe d’organe solide ou de cellules souches hématopoïétiques ;
- liée à une hémopathie maligne en cours de traitement ;
3° Être âgé de 65 ans ou plus et avoir un diabète associé à une obésité ou des complications micro ou macrovasculaires ;
4° Être dialysé ou présenter une insuffisance rénale chronique sévère.

Attention ces critères ne sont pas automatiques : il faut qu’un médecin estime qu’ils présentent un risque de développer une forme grave d’infection au virus SARS-CoV-2.
Sans certificat médical, l’employeur ne peut pas placer le salarié en activité partielle.

La réduction des critères est préoccupante :
- les personnes souffrant de diabète ou d’obésité ne sont désormais considérées vulnérables que lorsqu’elles ont plus de 65 ans
- plusieurs pathologies respiratoires, même chroniques, ne sont plus considérées comme critère de vulnérabilité (asthme sévère, mucoviscidose,…)
- Les antécédents cardiovasculaires, ainsi que plusieurs affections graves ne rentrent plus dans les critères de vulnérabilité ;
- l’état de grossesse ne permet plus de bénéficier du statut de personne vulnérable
Le gouvernement réduit les critère de vulnérabilité pour obliger les travailleurs.euses à retourner à leur poste ! Cette mesure purement économique est totalement à contre-courant de la dynamique épidémique actuelle et des mesures sanitaires nécessaires à la protection collective.

…………………..

Dans le Public, la logique est la même.
Les agents publics présentant une des quatre pathologies mentionnées à l’article 2 du décret du 29/08/20 sont soit placés en télétravail lorsqu’il est possible, ou placés en autorisation spéciale d’absence (ASA) sur la base d’un certificat d’isolement délivré par un médecin.
Pour les autres agents présentant l’un des facteurs de vulnérabilité rappelés dans l’avis du Haut Conseil de santé publique du 19 juin 2020 , la circulaire préconise le télétravail lorsqu’il est possible. Lorsqu’il n’est pas possible ou si la reprise en présentielle est imposée par le chef de service, des conditions d’emploi aménagées, sont préconisées.
Comme dans le privé, ce texte est insuffisamment protecteur pour les agent.e.s concerné.e.s !

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La CNT-SO revendique : le maintien des critères précédents avec un télé-travail de droit ou un congé indemnisé à 100/100 par l’État et les employeurs du privé. Dans le public nous demandons le maintien des ASA ou le placement en télétravail de droit pour les agents concernés. »

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Société

Robin Leproux donne sa vision de la «pacification» du Paris Saint-Germain

Dans une interview, Robin Leproux explique comment il a fait en sorte que le PSG puisse être racheté par le Qatar, en cassant la dynamique de ses supporters, pour les remplacer par de sages consommateurs.

Robin Leproux joue la carte de l’humilité dans Le Parisien, mais c’est un grand bourgeois qui ne parvient pas à le masquer. Il dit ainsi qu’il n’est pas venu à la présidence du PSG pour l’argent, la preuve il ne gagnait que 10 000 euros par mois ! Faut-il être déconnecté pour raconter ce genre de choses !

Il est connu pour son « plan » de pacification des tribunes, en faisant en sorte que les places soient tirées au sort pendant plusieurs mois, pour briser l’unité des supporters au sein des tribunes Boulogne et Auteuil. C’est qu’il constate effectivement avec réalisme la chose suivante :

« Avec le phénomène de violence continue et historique autour du club et du Parc des Princes, on m’opposait souvent : « Robin, on t’aime beaucoup mais on ne peut pas s’associer à un club raciste et violent. »

Les gens sont amnésiques : dans l’histoire du PSG, il y a 20 ans de violences aux alentours du Parc avec des moments dramatiques et funestes. Il y avait eu un mort lors de la présidence d’Alain Cayzac ( NDLR : Julien Quemener en novembre 2006 ). J’étais dans ce contexte. Quand il y a eu le deuxième mort ( NDLR : Yann Lorence en février 2010 ), je ne peux pas vous dire. C’est un choc très personnel, un tournant dans ma vie (…).

A l’époque, il se dit ou s’écrit qu’il faut dissoudre le PSG, l’exclure du championnat, etc.. Je suis formel : le PSG a failli disparaître. »

Si en effet, les années 2000-2010 ont amené un changement profond, il est historiquement indéniable que les années 1980-2000 marquent l’hégémonie au PSG de la tribune Boulogne, entièrement composée de nationaliste avec de larges fractions de néo-nazis et apparentés. Le niveau de violence au sein de cette tribune était d’une grande brutalité et, si l’on peut dire, d’un vrai professionnalisme.

Julien Quemener, relevant de cette tribune Boulogne, a été tué par un policier alors qu’avec une centaine d’autres personnes il pourchassait trois fans du Hapoel Tel Aviv (un club israélien historiquement très à gauche). Yann Lorence s’est fait lynché lors d’une rixe, alors que supporters de la tribune Boulogne menaient une charge contre ceux de la tribune Auteuil, qu’ils harcelaient régulièrement, notamment lors des déplacements.

Si l’ancien président du PSG Robin Leproux ne le dit pas, mettant tous les « ultras » dos à dos, le début des années 2000 a correspondu pourtant à une énorme fracture sociale et raciale dans cette anomalie qu’était le Parc des Princes. La tribune Boulogne était composée de petits-bourgeois des milieux populaires, d’esprit lepéniste voire directement raciste et en tout cas nationaliste. C’était en décalage complet avec une banlieue parisienne immigrée et métissée, qui à l’époque s’orientait souvent vers l’Olympique de Marseille tellement le PSG apparaissait comme odieux. C’est encore le cas pour beaucoup de monde.

La tribune Auteuil a alors été marqué par la tentative progressive de former des « ultras » violemment hostiles à tout racisme, voire liés à une ultra-gauche anarchiste (Supras, Tigris, Authentiks,la Grinta, K-Soce Team…). Quand on dit « liés », il ne faut pas du tout croire que ce soit une liaison organique ou même politique. Les ultras de la tribune Auteuil étaient simplement anti-racistes, d’extraction populaire ou antiraciste, ils n’avaient rien contre l’ultra-gauche anarchiste (ou du NPA) dans laquelle certains étaient actifs, mais rien pour non plus.

Cela va faire un grand malentendu où l’ultra-gauche aida la tribune Auteuil à avoir une image « antifasciste », alors que des affrontements d’une extrême violence vont se développer entre les tribunes. Cela va amener un pillage de l’iconographie de la gauche radicale par les ultras et inversement une adoption du style « ultra » par l’ultra-gauche. Pour beaucoup de jeunes rejoignant l’ultra-gauche aujourd’hui, « militer » c’est utiliser des fumigènes lors des manifestations, s’habiller en ultra, faire de larges grafs sur les murs, etc. etc.

C’est là que Robin Leproux arrive. Il comprend que le PSG commence à ressembler à la région parisienne et qu’avec les activités des ultras il a un levier pour élargir gratuitement le public de l’entreprise PSG, de rompre l’isolement du PSG. Les « ultras » de la tribune Auteuil, en visant à rendre le club non raciste et également tourné vers les banlieues, ont été directement l’outil pour les capitalistes afin de former le « grand club de la capitale ».

Robin Leproux remodèle alors l’organisation des ultras avec son plan, alors que le PSG est racheté par le Qatar et que les ultras sont récupérés progressivement dans une version turbulente mais sélectionne et édulcorée (le CUP Paris, acceptant totalement la main-mise qatarie et la rupture avec l’histoire du club).

Pour les « historiques », avec le rachat par le Qatar, le PSG est un autre club. Pour toute l’immense vague de gens de la région parisienne passée dans la fascination pour le PSG, ce n’est pas bien grave : avec les millions, les centaines et centaines de millions, il y a le glamour et les victoires, et cela suffit.

> Lire également : La défaite du PSG est une (relative) défaite du football moderne

Robin Leproux a été l’artisan rusé de cette opération et il témoigne de l’intelligence des capitalistes par rapport à la sociologie et aux mentalités.

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Politique

Lionel Jospin, figure du recul de la Gauche depuis 2002

Il est la principale figure de la Gauche française de la seconde partie des années 1990, jusqu’à sa terrible défaite à la présidentielle de 2002. Lionel Jospin refait surface aujourd’hui avec un livre, mais il ne peut que constater les dégâts, c’est-à-dire l’effondrement de sa perspective politique. C’est le prix à payer pour avoir isolé la Gauche historique en réfutant la lutte des classes.

Lionel Jospin est un homme lucide. Quand il fut éliminé dès le premier tour de l’élection présidentielle de 2002, il s’est immédiatement retiré de la vie politique, conscient de la dimension historique de son échec.

Il était alors à la tête du gouvernement depuis juin 1997 avec une large coalition. Son mandat fut celui de la modernisation du capitalisme français : réduction de la base légale du temps de travail à 35 heures hebdomadaires, « emplois jeunes », prime pour l’emploi, lois sur la parité homme/femmes et les « discriminations », épargne salariale, libéralisation du secteur public de l’électricité, PACS, extension de l’IVG, limitation du cumul des mandats, etc.

Tout cela a créé un élan à l’époque, avec une sympathie populaire indéniable. Toutefois, il n’y avait pas de fondement solide à cela, si ce n’est l’aspiration quasi hégémonique dans les classes populaires à devenir soi-même un petit bourgeois, voir un bourgeois tout court.

Les classes populaires peuvent céder à cette chimère, mais elles ne peuvent pas la porter elles-mêmes. Cela fait que, malgré la grande force électorale de la « gauche plurielle », Lionel Jospin ne disposait pas d’une réelle base populaire, capable de le porter historiquement.

Ainsi, la Droite l’a emporté facilement en 2002, avec un second tour où il a fallu voter pour l’immonde Jacques Chirac contre l’abject Jean-Marie Le Pen. Lionel Jospin s’est retrouvé dévasté alors, car sa réussite avait été en même temps son échec.

En tant que chef du gouvernement, il avait réussi à pacifier la société française comme jamais avec le mensonge d’un capitalisme équitable et indépassable. Le problème, c’est que quitte à croire en ce mensonge du capitalisme, il n’y a plus de raisons de croire en le Parti socialiste et ses alliés.

Tel est le terrible dilemme de la Gauche des années 2000, que François Hollande a cru pouvoir résoudre en 2012, alors qu’il n’a fait qu’enfoncer encore plus la Gauche.

Lionel Jospin est un homme lucide, ce qui fait qu’aujourd’hui en 2020, il constate encore l’étendu de son échec. Dans un long entretien à L’Obs à l’occasion de la sortie de son livre Un temps troublé, il montre très bien tout cela.

Quand il fait le constat très habile d’un pays « insatisfait, tendu et sceptique », il sait très bien que c’est là l’expression de l’échec de la Gauche, qui n’incarne plus rien en France. Bien sûr, il y a de l’amertume et il reste persuadé qu’il aurait fait mieux si son élection n’avait pas été confisquée (notamment par Christiane Taubira, faut-il le rappeler) :

« Si les choses avaient tourné autrement, nous aurions peut-êtres servi notre pays mieux que cela n’a été fait ».

Il faut bien remarquer cependant que la critique est très molle, car il sait très bien qu’il s’agit avant tout de son propre échec à incarner quelque chose. La preuve de cela, c’est que Lionel Jospin n’a absolument rien à dire aujourd’hui, il n’a strictement rien à apporter au débat en 2020.

Ses propos sont d’un vide incroyable pour celui qui était censé avoir le rang d’un François Mitterrand, voire plus tant les défis historiques du 21e siècle s’annonçaient déjà en 2002 comme immenses.

Lionel Jospin n’a rien à dire, car la seule chose censée qu’il pourrait dire, ce serait de reconnaître que ce fut une erreur d’isoler la Gauche historique en réfutant la lutte des classes. Ce serait reconnaître que c’était là courir tout droit à la catastrophe en s’aliénant les classes populaires, qui en matière de capitalisme préfèrent finalement les originaux plutôt que leurs copies version « bourgeoisie de gauche ».

Mais Lionel Jospin ne le fait pas, il préfère croire, ou feindre de croire, que le marxisme appartient au passé :

« Le marxisme était centré sur la lutte entre les classes sociales. L’écologie a dévoilé les effets désastreux de l’action des hommes sur leur milieu naturel, la Terre. »

Ce ne sont pas les hommes en général qui décident pourtant des choix effectués… Ce ne sont pas des hommes en particulier non plus d’ailleurs, mais le capitalisme qui décide pour les hommes en général, par l’intermédiaire de quelques uns. Lionel Jospin le sait très bien, mais il préfère se voiler la face plutôt qu’admettre que l’époque est au retour de la Gauche historique, de la grande utopie socialiste avec la bataille contre la bourgeoisie.

On oubliera très vite cette fausse gauche des années 1990, 2000 et 2010, dont l’insipide Lionel Jospin a été la seule véritable figure.

 

 

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Société

Communiqué du CoRP dénonçant une prospection illégale à l’occasion du salon «désir d’enfant»

Ce qui se passe actuellement en France est très grave. La loi censée protéger les femmes afin qu’elles ne soient pas réduites à des marchandises en tant que « mères porteuses » est régulièrement piétinée. Dernier exemple en date : le salon « désir d’enfant » qui à lieu à Paris du samedi 5 septembre au dimanche 6 septembre enfreint ouvertement la loi, mais rien n’est fait.

Voici le communiqué du Collectif pour le Respect de la Personne (CoRP) qui présente cela de manière très précise et argumentée.

> À propos du salon « désir d’enfant », lire notre article«Désir d’enfant»: Un salon pour ouvrir le marché de la procréation en France

 

« Communiqué de presse : prospection pour une pratique illégale

Plusieurs instituts de reproduction humaine viennent à Paris ce week-end (les 5 et 6 septembre), dans le cadre d’un salon sur le désir d’enfant. Ils expliqueront notamment comment bien choisir une clinique et une agence de mères porteuses et à quels tarifs.

Selon la documentation d’un institut ukrainien, disponible avec le programme de la rencontre, le tarif le plus avantageux pour les commanditaires d’un enfant se situe entre 17 000 et 28 000 euros, si les futurs parents se présentent avec « leur propre mère porteuse », venue de leur propre pays. L’Institut s’occupe de tout le reste : nombre illimité de stimulations ovariennes en cas de recours à une donneuse d’ovocytes, FIV, transfert d’embryon, conseils juridiques. Au cas où la future mère souhaite cacher à ses amis le recours à une mère de substitution, on peut lui fournir un « pansement » (en guise de ventre postiche).

Les tarifs varient ensuite selon les prestations proposées: Diagnostic préimplantatoire pour écarter plus de 500 anomalies génétiques possibles ; Sélection du sexe de l’embryon; ou encore pour que l’accouchement de la mère porteuse ait lieu en Belgique (70 000 euros), en Grande-Bretagne (90 000 euros) ou aux USA (125 000 euros : « la meilleures solution »).

Selon le Collectif pour le respect de la personne, CoRP, les entreprises à but (très) lucratif qui viennent recruter une clientèle en France sous couvert de réunion d’information sont en infraction. Elles devraient encourir des sanctions en vertu de l’article 227-12 du code pénal.
En effet, cet article prévoit de punir par d’un an d’emprisonnement et une amende de 15000 euros « ceux qui s’entremettent entre un couple désirant un enfant et un parent acceptant d’abandonner son enfant né ou à naître ». Or l’article prévoit les mêmes peines pour ceux qui s’entremettent entre des personnes désirant un enfant et une « mère porteuse »: « Est puni des peines prévues au deuxième alinéa le fait de s’entremettre entre une personne ou un couple désireux d’accueillir un enfant et une femme acceptant de porter en elle cet enfant en vue de le leur remettre. Lorsque ces faits ont été commis à titre habituel ou dans un but lucratif, les peines sont portées au double.

La tentative des infractions prévues par les deuxième et troisième alinéas du présent article est punie des mêmes peines. »

Dans ces conditions, les entreprises qui, sur le territoire français, proposent publiquement à des personnes en désir d’enfant leurs services payants, consistant à leur remettre un enfant né d’une femme acceptant de porter cet enfant et de leur céder, agissent de façon illégale et devraient être sanctionnées.

La complaisance des autorités et des tribunaux en ce domaine serait un signe extrêmement inquiétant du renoncement de notre pays à ses exigences en matière de respect de la personne (celle de la mère comme celle de l’enfant, qui, avec la « GPA », partout commerciale, devient l’objet d’une convention et se voit attribuer un prix.

le bureau du CoRP

contact presse 07 81 14 92 41 »

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Culture

La nouvelle esthétique Puma, colorée et posée

Puma et Adidas ont été fondés par deux frères et historiquement Puma a toujours été dans l’ombre d’Adidas, en étant considéré comme assez intéressant, mais manquant de mise en perspective, alors qu’Adidas a su se forger une identité et vraiment décliner ses produits. Le fait que les deux frères se soient brouillés et que Puma soit à la remorque a donné à cette dernière une image de « looser », amenant son déclin complet dans les années 1990, alors que s’affirmaient Nike et Reebok.

La marque chercha alors à s’en sortir dans les 2000 en se tournant vers une approche lifestyle en tentant de se diriger vers le luxe, avec d’ailleurs Pinault-Printemps-Redoute qui racheta la marque en 2007. Ce fut pareillement un échec. Il y eut alors une nouvelle réorientation, cette fois réussi, en s’appuyant sur le sport pour l’étirer jusqu’au lifestyle. C’était là ni plus ni moins que puiser dans l’approche populaire et Puma a alors mené une véritable révolution et trouvé son propre style.

Cela se veut populaire, mais en même temps extrêmement stylé, à l’image de la vidéo réalisée pour le club (populaire historiquement) de Manchester City. Là où l’extraordinaire vidéo Nike x Liverpool s’assume dans la fraîcheur populaire et l’immédiateté liverpudlienne, la vidéo propose une démarche propre et conquérante avec une prétention toute mancunienne.

Puma, c’est froid mais stylé, coloré mais posé, dynamique mais calé, populaire mais sophistiqué, pratique mais esthétisé. Il y a ici une tentative de suivre une exigence populaire dans le streetwear qui est extrêmement poussée.

Il y a chez Puma un mélange de côté décontracté et en même temps assez strict, mêlé à d’énormes influences années 1970. Impossible de ne pas faire le parallèle avec l’évolution de Lacoste, sauf que Puma peut y parvenir sans sombrer dans le baroque, car c’est sa tradition.

Ce qui est ici très intéressant, c’est que Puma va directement dans la voie de la socialisation. Puma, ce n’est pas une marque de sport, ni même de streetwear stylé. C’est une esthétique, exactement comme dans le Socialisme il y aura de multiples esthétiques proposés qu’on pourra trouver pour s’épanouir. Puma, c’est déjà des robes, des maillots de bains, des soutiens-gorges, des sous-vêtements, des leggings, des chaussettes, des polos, des sacs à dos, des lunettes de soleil, des casquettes, des montres, des pantalons, des gants, des bonnets, etc. etc.

En soi, toutes les grandes marques le font, mais Puma y parvient particulièrement, avec réellement sa patte. En ce sens, la marque s’est révolutionnée et elle n’y est parvenue qu’en allant dans le sens de la socialisation. On nationalise et c’est bon !

Il va de soi que le style Puma n’est pas français. Il y a un côté chargé, pour ne pas dire bigarré, avec des couleurs orientées pastel ou fluo (très années 1970-1980) qui ne correspondent pas à l’esprit français dans la mode. Cela n’est pas une critique bien entendu, mais il va de soi qu’on a un certain mélange allemand voire scandinave de classe avec un surplus de motifs géométriques ou colorés, un peu comme pour Irie Daily même si la marque est elle vraiment berlinoise dans son style.

Là est d’ailleurs la grande difficulté de porter du Puma, il y a un savant équilibre entre le strict et l’esthétisé, ce qui fait que cela peut plaire, mais qu’on se dit : je ne pourrais pas le porter. Et ce qui est valable pour tel habit Puma n’est pas valable pour tel autre. En tout cas, il faut souligner qu’au niveau des prix c’est tout à fait accessible et d’autant plus lors des promotions. On est dans une production de masse et c’est là aussi qu’on voit tout un changement d’époque. Quelle qualité accessible ! Il n’y a qu’à pousser et le monde est nôtre, avec une esthétique populaire de masse et de haut niveau !

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Écologie

Néonicotinoïdes: Génération Écologie lance une campagne pour le maintien de l’interdiction

Le parti politique Génération Écologie lance une campagne pour dénoncer le grand recul gouvernemental quant à l’interdiction des néonicotinoïdes. Voici le communiqué du 2 septembre 2020 présentant cette campagne, incluant un lien vers une brochure d’information.

L’interdiction des néonicotinoïdes est un enjeu écologique majeur, que Génération Écologie présente de manière très précise dans une brochure de 20 pages. On regrettera cependant l’accent qui est mis sur les abeilles d’élevage, alors que l’apiculture ne relève aucunement de l’écologie et que la question des insectes pollinisateurs ne se résume aucunement à celles des abeilles d’élevage. Il y a là probablement un choix qui est fait en termes de communication, qui n’enlève toutefois rien au sérieux du propos sur le pesticide tueur d’insectes.

Voici le communiqué de Génération Écologie :

« Néonicotinoïdes : quand c’est non, c’est… NON !

Génération Ecologie lance une campagne contre le projet de loi remettant en cause l’interdiction des néonicotinoïdes.

L’enjeu est absolument vital : la toxicité des néonicotinoïdes a des conséquences monstrueuses qui entraînent l’effondrement accéléré des pollinisateurs, des insectes, des oiseaux, impactent l’ensemble du vivant, y compris la santé humaine.

L’objectif de notre campagne est de démontrer que la réhabilitation des néonicotinoïdes par le gouvernement est basée sur un mensonge.
Les propos des ministres témoignent d’un incroyable obscurantisme niant les conclusions de plus de 1 221 études scientifiques. Leur décision s’effectue sous la pression des lobbys de l’industrie du sucre, dont nous prouvons qu’ils n’ont jamais cessé d’agir dans les coulisses du pouvoir pour obtenir la remise en cause de la loi de 2016.

Génération Ecologie appelle à une mobilisation citoyenne indispensable et urgente

– par la diffusion de la brochure d’information « NÉONICOTINOÏDES : quand c’est non, c’est… NON ! »

Cliquez sur l’image pour télécharger la brochure :

 

– la création de collectifs citoyens avec des réunions publiques dans les territoires :

NANTES (44) le 10/09/20
PONT L’ABBE (29) le 11/09/2020
CABRIES-CALAS (13) le 13/09/20
AZAY-LE-BRÛLÉ (79) le 17/09/20
BORDEAUX (33) le 18/09/20
LE VIGAN (30) le 18/09/20
ITTEVILLE (91) le 19/09/20
GUINGAMP (22) le 20/09/20
ROUEN (76) le 24/09/20
PARIS & ILE-DE-FRANCE Facebook live le 24/09/20
PAU (64) le 25/09/20
MONT-DE-MARSAN (40) le 26/09/20
LYON (69) le 26/09/20
TOURS (37) le 26/09/20
BOURGES (18) le 26/09/20
BRESSUIRE (79) le 29/09/20
et aussi STRASBOURG, MONTPELLIER, LILLE, METZ, SAINT-JUNIEN, SAINT-DENIS DE LA REUNION, SAINT-ETIENNE… dates à venir !

Pour organiser une réunion dans votre commune : contact@generationecologie.fr

– une adresse à l’ensemble des partis démocratiques et syndicats afin d’envisager des initiatives communes pour cet enjeu vital qui n’est pas celui d’un camp politique mais concerne notre survie. »