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La tribune des organisations de jeunesse pour liquider la Gauche au nom de l’écologie

Des organisations de jeunesse ont publié une tribune appelant à l’unité politique, avec comme perspective ni plus ni moins que l’enterrement de la Gauche historique. Après avoir confisqué la Gauche pendant des années, les bourgeois et petit-bourgeois « progressistes » assument maintenant de vouloir la faire disparaître. L’écologie est pour eux un formidable prétexte.

La victoire électorale d’EELV dans quelques grandes villes aux municipales a été un grand succès pour toute une frange bourgeoise urbaine d’inspiration libérale-libertaire, s’imaginant avoir le monopole de la Gauche. Tous ces gens ont fait beaucoup de dégâts pendant des années en imposant leurs préoccupations, leur vision du monde et leurs aspirations, au sein même de la Gauche.

EELV a été un incubateur pendant des années de toutes cette démarche, consistant à la fois en une OPA sur la Gauche et en une liquidation de la Gauche, avec un public de plus en plus ouvertement bobo et « démocrate » à l’américaine, assumant tout un ensemble de thèmes sociétaux à la place du Socialisme. Pour ces gens, le « social » n’est qu’un thème parmi d’autres et les ouvriers n’existent plus, tandis qu’ils s’imaginent qu’avoir un peu de compassion pour leur caissière au supermarché fait d’eux des gens de gauche.

C’est une des grandes raisons de l’effondrement de la Gauche, avec surtout l’isolement par rapport aux classes populaires et particulièrement le mouvement ouvrier, alors que c’en est historiquement le cœur.

Il est clair qu’un cap a été passé récemment et c’est au nom de l’écologie que ces gens pensent maintenant pouvoir enterrer définitivement la Gauche, en tous cas la Gauche historique.

Une nouvelle tribune est parue en ce sens et largement relayée, où il est expliqué qu’elle est portée par des jeunes en tant que « représentant.e.s d’une génération qui vient à la politique pour sauver les conditions d’existence terrestres ».

Ces « jeunes » sont issus de différentes organisations (Jeunes Ecologistes et d’EELV, de Génération.s et des Jeunes Génération.s, de la France Insoumise, du Parti Communiste Français, de la Gauche Républicaine et Socialiste, du Mouvement des Jeunes Socialistes et du Parti Socialiste), mais ils assument ouvertement leur propre effacement politique. Il est ainsi expliqué que les signatures sont individuelles, sans juxtaposition du nom de l’organisation politique.

C’est une opération de liquidation de grande ampleur, car effacer cette affiliation, c’est liquider tout un cheminement historique et toute une filiation à la Gauche historique, y compris pour EELV qui n’en fait pas partie, mais qui en a longuement profité.

Il s’agit donc pour tous ces gens, pour tous ces « jeunes », de mettre à la remorque d’EELV tout ce qu’il reste de lié à la Gauche dans ce pays :

« Les résultats des municipales marquent une étape supplémentaire dans la recomposition de l’échiquier politique, actant l’intégration du paradigme écologique par les différentes forces de la gauche. L’écologie, loin d’être une pensée déconnectée de notre histoire politique, reprend et restructure l’imaginaire progressiste et humaniste propre à la gauche ; elle réencastre les luttes sociales dans le système-Terre. L’écologie propose un nouveau modèle de société, qui n’est pas un socialisme amendé d’écologie, ni le modèle libéral productiviste aveugle défendu par l’actuel gouvernement. L’écologie politique considère en premier lieu les ressources finies de notre environnement pour en proposer une utilisation équilibrée et une juste redistribution.

L’enjeu du moment est de consolider la transformation écologique de la gauche, dont EELV est désormais une composante essentielle, en vue de la prise de pouvoir d’une écologie de rupture. La pandémie planétaire et le confinement ont eu un effet de sidération qui en dernière instance conforte la revendication chez le grand nombre d’un changement de paradigme profond. Cette crise creuse la fracture entre celles et ceux qui, la vue courte, ne jurent que par la relance aveugle de la croissance économique, et celles et ceux qui exigent la reconstruction écologique de notre société. »

Ce discours n’a absolument rien de nouveau, c’est ce que dit EELV (et anciennement Les Verts) depuis des années et des années. C’est l’idée que la Gauche historique serait dépassées car « productiviste », alors qu’il faudrait selon eux mettre les individus et les thèmes sociétaux au centre de tout.

Dire cela est, sur le plan philosophique, une vaste escroquerie. La Gauche historique, qu’elle vienne du communisme ou du socialisme, provient elle-même de toute une filiation historique ayant eu une réflexion sur la nature, car c’est le propre même de l’intelligence humaine que de s’intéresser à la nature. Les philosophes grecs, de manière contradictoire souvent, n’ont jamais fait au fond autre chose que cela, puis les religions, puis toute l’histoire de la pensée, dont la Gauche se propose d’être un aboutissement propre à l’époque du capitalisme, pour dépasser le capitalisme.

Seulement, la Gauche n’a jamais rejeté l’industrie, car la classe ouvrière ne veut certainement pas d’un monde sans industrie, ce qui serait une utopie réactionnaire. Ce qui compte pour la Gauche historique, et là encore, qu’elle soit communiste ou qu’elle soit socialiste, c’est la collectivisation des moyens de production, à commencer par l’industrie, pour la planifier dans un sens conforme aux besoins.

On peut ajouter à notre époque, « y compris aux besoins de la Terre », car c’est possible de le formuler ainsi aujourd’hui, mais cela n’a rien de nouveau en soi. Et si la Gauche a des progrès à faire sur le plan culturel pour comprendre cela, elle n’a pas besoin de gens et d’idées extérieures à elle pour cela.

Par contre, dire cela à propos de la production n’est pas entendable par toute cette mouvance bobo, libérale-libertaire et « écolo », qui tourne autour d’EELV et du rejet du « productivisme ».

Ce n’est pas entendable pour eux, car ils savent bien que cela signifie le Socialisme et donc la primauté de la société, de l’organisation sociale et de l’intérêt collectif, sur les perspectives individuelles. Au contraire, tous ces gens ne veulent que des perspectives individuelles, qui s’agenceraient par rapport à des thèmes sociétaux. C’est la raison pour laquelle ils défendent en général la légalisation du cannabis, l’ouverture des frontières et l’idéalisation de l’immigration, la PMA, la GPA, l’hystérie anti-policière, le racialisme, les idéologies queer et LGBTQ+, etc.

Cela va d’ailleurs de pair avec le refus systématique de mettre sur la table la question du rapport aux animaux. Le postmodernisme s’accompagne toujours d’une négation du véganisme.

Pour justifier leur démarche, ces gens, qui sont des « jeunes », s’inventent une vie comme c’est l’usage de le dire chez les jeunes, en inventant que leurs idées seraient majoritaires dans la société :

« Des gilets jaunes aux marches pour le climat jusqu’aux mobilisations contre la réforme des retraites et plus récemment encore les mobilisations contre le racisme et les violences policières, l’appel à un changement de système est désormais majoritaire. »

Rien n’est plus faux pourtant, car l’abstention a été immense, car les classes populaires n’en ont rien à faire de leurs élucubrations, car leur « vague verte » ne concerne qu’un public bourgeois restreint à des quartiers de centre-ville de grandes métropoles.

Au passage, EELV n’a pas lésiné sur les moyens pour éjecter la Gauche aux municipales quand elle le pouvait, comme à Poitiers… ou encore à Marseille. La tribune évoque Marseille, mais se garde bien de dire qu’EELV a par exemple soutenu Samia Ghali de manière opportuniste dans les quartiers nord de la ville au second tour, mais pas le candidat du « Printemps marseillais » et dirigeant local du PCF.

« Il y a des murs à faire tomber », dit la tribune en conclusion, sans préciser que ces murs, ce sont ceux de la Gauche historique. À la Gauche historique de réagir, de s’assumer, de se reconstituer et de bâtir une forteresse. Il faut des murs rouges et solides, contre ces liquidateurs de l’intérieur, et contre l’offensive bourgeoise en général, libérale, de Droite et d’extrême-Droite.

Le président Emmanuel Macron a expliqué hier dans la presse que « la rentrée sera très dure ». Reste maintenant à savoir pour qui elle sera dure, si c’est pour la bourgeoisie qui devra mettre la main à la poche pour réparer ses propres dégâts, ou si c’est pour les travailleurs qui seront mis sous pression pour relancer la machine à profit. Seul la Gauche historique est à même d’être à la hauteur de cette actualité, mais certainement pas les élucubrations de bourgeois de centre-ville voulant liquider la Gauche, car ils imaginent une « vague verte » dans le pays.

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Tribune «l’écologie gagne en rassemblant à gauche!»

Voici la tribune, initialement publiée par le JDD, signée par des « jeunes » issus d’organisations liées à la Gauche et à EELV ce 2 juillet 2020.

> Lire également à propos de ce texte : La tribune des organisations de jeunesse pour liquider la Gauche au nom de l’écologie

« Municipales 2020 : l’écologie gagne en rassemblant à gauche!

Les résultats du second tour des élections municipales confirment que l’écologie est au centre du débat politique et des attentes électorales. La suite est claire : il nous faut prendre le pouvoir. Dans de nombreuses grandes villes les écologistes ont construit des listes d’alliance avec les partis de gauche, devenant les principaux adversaires des libéraux et des conservateurs.

Ce réveil écologique est le fruit de nombreuses étapes marquantes comme le projet de planification écologique de la France Insoumise largement plébiscité en 2017, les nombreuses marches climat ou bien le score inédit des écologistes aux européennes. On constate que l’écologie s’impose peu à peu comme le projet de société majoritaire.

Les résultats des municipales marquent une étape supplémentaire dans la recomposition de l’échiquier politique, actant l’intégration du paradigme écologique par les différentes forces de la gauche. L’écologie, loin d’être une pensée déconnectée de notre histoire politique, reprend et restructure l’imaginaire progressiste et humaniste propre à la gauche ; elle réencastre les luttes sociales dans le système-Terre. L’écologie propose un nouveau modèle de société, qui n’est pas un socialisme amendé d’écologie, ni le modèle libéral productiviste aveugle défendu par l’actuel gouvernement. L’écologie politique considère en premier lieu les ressources finies de notre environnement pour en proposer une utilisation équilibrée et une juste redistribution.

L’enjeu du moment est de consolider la transformation écologique de la gauche, dont EELV est désormais une composante essentielle, en vue de la prise de pouvoir d’une écologie de rupture. La pandémie planétaire et le confinement ont eu un effet de sidération qui en dernière instance conforte la revendication chez le grand nombre d’un changement de paradigme profond. Cette crise creuse la fracture entre celles et ceux qui, la vue courte, ne jurent que par la relance aveugle de la croissance économique, et celles et ceux qui exigent la reconstruction écologique de notre société.

Partout où EELV a gagné, les militant.e.s écologistes sont impliqué.e.s dans des listes de rassemblement avec les forces de gauche. Ainsi que le souligne Simon Persico ‘A l’échelon municipal, les écologistes choisissent de s’allier dans plus d’un tiers des cas ; toutes ces alliances de premier tour, sans exception, ont été nouées avec une ou des forces de gauche. Cela a mis les écologistes en position d’être têtes de listes d’alliance dans un nombre record de communes’. Les nombreuses victoires comme celles de Lyon, Strasbourg, Marseille, Bordeaux, Grenoble, Poitiers, Tours, Besançon, ont toutes été obtenues par des listes d’alliances des gauches, des écologistes et des citoyen.ne.s. En dépit des nombreux fronts anti-climat constitués, l’écologie s’est imposée comme une nouvelle alternative au libéralisme et au conservatisme.

Nous notons aussi que la vague verte de ce dimanche 28 juin a été largement portée par les forces de la société civile, qui se sont massivement mobilisées ces dernières années avec une conscience de plus en plus partagée que la lutte contre les inégalités, la contestation du système libéral-capitaliste, et le combat écologique ne faisaient qu’un. Des gilets jaunes aux marches pour le climat jusqu’aux mobilisations contre la réforme des retraites et plus récemment encore les mobilisations contre le racisme et les violences policières, l’appel à un changement de système est désormais majoritaire. De cette effervescence dans la société civile sont nées d’innombrables listes participatives ou citoyennes. La liste de l’Archipel Citoyen conduite par l’écologiste Antoine Maurice, le Printemps Marseillais de Michèle Rubirola ou encore celle de Poitiers Collectif menée par Léonore Moncond’huy, résultent d’une telle dynamique, qui ont grandement facilité le travail de coopération entre les partis.

Il faut se rendre à l’évidence : aucun parti n’a le monopole de l’écologie, aucun parti n’a le monopole de la gauche, aucun parti n’a le monopole de l’opposition, ni de l’insoumission. Aucun parti n’a le monopole de la politique, qui se fait aujourd’hui, plus que jamais, dans la rue, sur les ronds-points, au bas des tours et des barres dans les quartiers populaires, dans les collectifs, les associations, les syndicats…

L’abstention record confirme l’ampleur de la crise démocratique. Le chantier pour revitaliser et relégitimer nos institutions et la connecter aux formes puissantes de mobilisation politique qui émergent aujourd’hui est immense.

De tout cela nous devons tirer des enseignements : les tentations hégémoniques des partis de gauche, historiquement, n’ont mené qu’à des cycles mortifères alternant montée en puissance et descente aux enfers. Il n’y a aucune raison de penser qu’il en serait différemment pour le parti écologiste. L’enjeu est aujourd’hui de décrisper les identités partisanes et de regarder lucidement notre situation : nous entrons dans la décennie critique, où le changement devient un impératif dont dépend notre survie. La feuille de route est claire : il nous faut prendre le pouvoir. Les conditions de cette prise de pouvoir le sont aussi : nous n’y parviendrons pas éparpillés et divisés, nous n’y parviendrons pas si dominent les rancœurs, les ambitions et les méfiances. Y parvenir sera vain si nous faisons le pari d’une écologie libérale s’accommodant du système.

Nous, représentant.e.s d’une génération qui vient à la politique pour sauver les conditions d’existence terrestres, nous sentons loin des querelles passées et revendiquons deux choses : une ligne politique claire portant une écologie de rupture, et le dépassement du narcissisme des petites différences qui bien souvent n’est qu’au service des ambitions et des velléités de domination.

D’autres échéances électorales arrivent. Nous appelons à la construction de dynamiques territoriales rassemblant les gauches et les écologistes, en vue des départementales et des régionales, et en préparation de 2022. L’enseignement de ces municipales est qu’il n’y aura pas à choisir entre la gauche et l’écologie. La reconstruction de la gauche se fera par l’écologie. Le travail commun au niveau des partis et avec la société civile doit commencer dès aujourd’hui. Nous l’avons entamé pendant le confinement avec Résilience Commune qui réunit les mouvements de jeunesse de la gauche écologiste. Nous appelons tous les jeunes se revendiquant d’une écologie de rupture à se mobiliser avec nous, et appelons nos partis respectifs à se parler.

Il y a des murs à faire tomber. Rejoignons-nous!

Les signataires de cette tribune sont des militant.e.s des Jeunes Ecologistes et d’EELV, de Génération.s et des Jeunes Génération.s, de la France Insoumise, du Parti Communiste Français, de la Gauche Républicaine et Socialiste, du Mouvement des Jeunes Socialistes et du Parti Socialiste, ainsi que des militant.e.s de la société civile non affilié.e.s à un parti.

Nous avons choisi délibérément de ne pas mentionner nos appartenances à côté de nos noms, car, sans nier qui nous sommes, nous estimons qu’il est temps de mettre en avant ce que nous avons en commun.

Nous appelons tout un chacun à joindre leur signature à la nôtre en nous envoyant un mail à cette adresse [resiliencecommune@gmail.com]. Nous rendrons publique la liste des premiers soutiens dans une semaine, sur notre site. »

Premiers signataires :

  • Claire Lejeune
  • Adrien Sartre
  • Alice Bosler
  • Joakim Le Menestrel
  • Grégoire Verrière
  • Inès Muriot
  • Nathan Abou
  • Zoé Imbert
  • Hugo Guiraudou
  • Inès Heeren
  • César Bouvet

Signataires :

  • Théo Challande

  • Lucas Variol

  • Kerian Berose

  • Maxime Bongard

  • Cédric Vuillemot,

  • Léon Thébault

  • Etienne Cognet

  • Pierre Benassaya

  • Romane Rozencwajg

  • Rebecca Peyrière

  • Alexia Delfosse

  • Aneth Hembert

  • Emilie Alonso

  • Tanguy Laugel

  • Dimitri Biche

  • Axel Berriaux

  • Paul Puig

  • Melvin Richon

  • Tymothée Bougy

  • Augustin Lion

  • Bastua Soimadoune

  • Margot Belair

  • Nathan Freret

  • Paul Van Celst

  • Thibault Logereau

  • Dahman Richter

  • Damien Deville

  • Pepita Car

  • Matthieu Ponchel

  • Edouard Raffin

  • Sabrina Ben Mokhtar

  • Paul Bondot

  • Charles Busnel

  • Lambert Demma

  • Thomas Franck

  • Pierre Friedrich

  • Mathilde Lagadu

  • Julien Layan

  • Camille Menard

  • Tristan Peglion

  • Laurent Quenach

  • Nathan Petit

  • Arthur Ribolzi

  • Victor Lepère

  • Thibaud Eychenne

  • Joséphine Delpeyrat,

  • Izar Couillard

  • Elise Aebischer

  • Soukaïna Larabi

  • Céline Jeannesson

  • Luc Antoine

  • Sorayah Mechtouh

  • Adrien Guirimand

  • Constantin Bacher

  • Phebie Fontaine

  • Thomas Vogel

  • Clément Lanier

  • Mélissa Oswald

  • Laetitia Boutrais

  • Nihal Boutadarharat

  • Tom Sanmarty

  • Camille Hachez

  • Brice Couturier

  • Théo Lazaveric

  • Gaspar Drode

  • Alice de Chivré

  • Axel Dumont

  • Quentin Bernier Gravat

  • Alexis Cadoret

  • Benjamin Ferrié

  • Sarah Champagne

  • Jules Parez

  • Alexis Cadoret

  • Ivar Arnesen

  • Leo Hengebaert

  • Arthur Beal

  • William Doré

  • Hugo Guiraudou

  • Morgane Gonon

  • Catfish Tomei

  • Robin Ehl

  • Nesrine Mechkar

  • Tristan Luçon

  • Maxime Desmazeaud »

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Écologie

Lancement du projet «référendum pour les animaux»

Un référendum pour faire progresser la condition animale : tel est le projet lancé par en haut, mais avec le soutien logique d’associations disposant de peu de moyens et de peu de leviers pour faire avancer les choses.

Quand il n’y a pas d’initiative par en bas, il y en a par en haut, car un espace démocratique inoccupé se voit forcément utiliser. En l’occurrence, on a une proposition de référendum qui a été lancée à l’initiative de Hugo Clément, Marc Simoncini, Jennifer Bierna, Marie Tabarly, Xavier Niel et Jacques-Antoine Granjon.

Hugo Clément est un journaliste végétarien totalement extérieur à la tradition de la lutte vegan, mais ayant un énorme succès médiatique ces derniers mois autour du thème de la condition animale ; Marie Tabarly est une navigatrice et comportementaliste équin.

À leurs côtés on a donc des capitalistes chevronnés formant des poids lourds financiers : Xavier Niel (Free), Marc Simoncini (Meetic), Jacques-Antoine Granjon (vente-privee.com).

En ce qui concerne Jennifer Bierna, c’est une juriste, qui s’occupe de la communication du groupe Illiad auquel appartient Free (et accessoirement ou pas, elle est une cadre de la Droite, conseillère au plus haut niveau possible, y compris gouvernemental).

Ce sont eux qui sont à l’initiative du projet « référendum pour les animaux », présenté comme une « initiative citoyenne, engagée et politique en faveur de la cause animale ». Ce sont eux d’ailleurs qui ont pris la parole pour présenter pendant 1h30 le projet, à la Station F, un campus de startups ouvert par Xavier Niel à Paris.

Comme quoi, la politique c’est quand des citoyens multimillionnaires prennent la parole ? Et pourquoi le font-ils ? Par philanthropie à l’américaine ? Par calcul ? Par intérêt ?

En tout cas, de nombreuses associations se sont insérées dans l’initiative, n’ayant, de facto, pas le choix. En effet, la situation est dramatique : il n’y a ni relais, ni financement, ni investissement humain suffisant dans la défense des animaux. Pour faire du bruit, il y a toujours des gens. Pour remplir son Facebook ou son compte Instagram, les gens sont prêts à agir de manière véhémente. Mais dès qu’il y a toutefois un travail de fond à mener, silencieux et ingrat, invisible et difficile, il n’y a plus personne.

L’idée de pousser à un référendum apparaît donc comme soit une utopie formidable, soit au moins un levier de plus. Mobiliser en faveur de la signature de 185 parlementaires et de 10% des personnes inscrites sur les listes électorales (ce qui fait presque 5 millions de signatures à recueillir) va faire du bruit et c’est déjà bon à prendre. Et si cela marche, un référendum d’initiative partagée imposerait encore plus le thème de la condition animale.

Participent donc à la proposition d’un référendum pour les animaux les associations ASPAS, AVA, CIWF, Code Animal, CRAC, Fondation Brigitte Bardot, Fondation GoodPlanet, L214, L’alliance anti-corrida, LPO, On est prêt, One Voice, PAZ, PeTA, Pro Anima, Rewild, Sea Shepherd, la SPA, Welfarm.

On note évidemment tout de suite l’absence de la principale structure de refuges en France qu’est la Confédération Nationale Défense de l’Animal. C’est fort dommageable. En même temps c’est tout autant de galères en moins pour elle. Car les associations signataires se retrouvent dans une situation compliquée.

D’un côté, elles avaient, au moins pour beaucoup d’entre elles, intérêt à signer car le référendum consiste en des points les concernant directement :

1 : Interdiction de l’élevage en cage

2 : Interdiction des élevages à fourrure

3 : En finir avec l’élevage intensif

4 : Interdiction de la chasse à courre, du déterrage et des chasses dites traditionnelles

5 : Interdiction des spectacles avec animaux sauvages

6 : Fin de l’expérimentation animale

Cela va faire du bruit en leur faveur ; il y a déjà des soutiens people, artistiques, etc. comme avec Alessandra Sublet, Nicolas Hulot, Juliette Binoche, Tryo, Stéphane Bern, Nagui, Nicolas Sirkis, Julien Courbet, Sheila, Pascal Obispo, Bruno Solo, etc.

De l’autre, il y a trois obstacles, insurmontables.

Le premier, c’est l’arrière-plan. Les multimillionnaires à la barre, c’est quelque chose qui fait qu’on ne sait pas où on va. Le 30 juin 2020, Xavier Niel a racheté Paris Turf, le quotidien des courses hippiques. Et le 2 juillet 2020, il prend la défense des animaux ? C’est un bon exemple du fait que pour les grands capitalistes, tout sert de pion.

Le second, c’est que pour rassembler les signatures pour que le référendum se tienne, il faut d’abord avoir les 185 parlementaires. Cela signifie composer et se soumettre à ces parlementaires. Or, cela converge parfaitement avec l’apparition toute récente d’un nouveau mouvement « écologiste » et de « gauche » lancé par d’ex-macronistes.

Emmanuel Macron a besoin d’un mouvement écologiste en sa faveur aux prochaines présidentielles et là tout tombe très bien. Les lanceurs multimillionnaires de l’idée de référendum sont d’ailleurs eux-mêmes exactement des macronistes.

Le troisième, c’est l’obstacle culturel. Si on ne change pas les mentalités on ne change rien. Prenons par exemple le thème de la fin de l’expérimentation animale. C’est un combat tellement impossible que les vegans français ne l’ont absolument jamais assumé, à part le mouvement International Campaigns et bien entendu les tenants (très minoritaires) de la libération animale sans compromis.

C’est pourtant un combat juste. Cependant, c’est un combat culturel et il faut une base pour l’assumer. Et elle est de haut niveau. Même des végétariens ne peuvent ainsi pas l’assumer : on ne peut pas dire qu’on s’oppose à l’expérimentation animale tout en consommant du fromage qui contient par définition des morceaux d’estomac de jeunes ruminants.

Pour que ce référendum ait ainsi un sens, il faut un changement des mentalités, un changement culturel. Sinon, c’est de la rhétorique.

Et c’est là justement qu’on tombe sur l’Histoire. Car, finalement, la question animale est une problématique relevant du Socialisme. Soit on fait le Socialisme et on dit qu’on fait en sorte de l’élargir aux animaux, soit on parle des animaux mais cela tourne à l’abstraction, au fantasme bobo d’un capitalisme pacifié avec des élevages bio, qui est anti-historique par définition.

Ce référendum est donc voué à l’échec… Ou à une réussite, mais alors cela ne sera pas un référendum, mais un soulèvement en faveur des animaux. Et ce ne seront pas les multimillionnaires qui décideront de comment cela se passera, puisqu’ils sont une partie du problème, pas une partie de la solution.

> Le site de l’initiative : referendumpourlesanimaux.fr/

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Écologie

Expérimentation animale: le rôle néfaste de Loïc Dombreval

Loïc Dombreval, député LREM, a été mis en avant comme un grand défenseur des animaux. C’est en réalité de la mythomanie la plus complète et son rôle est de piéger les gens.

Le député Loïc Dombreval a réagi au décret tout récent sur l’expérimentation animale libéralisant de manière générale l’accès aux animaux comme véritables matières premières pour l’expérimentation animale. Toutefois, il l’a fait en surprenant même ses partisans. Car il l’a fait en posant une question à la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche… afin qu’elle dise que tout va bien !

Les associations de défense des animaux ayant critiqué le décret seraient en fait composées de gens stupides n’ayant rien compris au décret. Cela semble bien le cas : 30 millions d’amis recule d’ailleurs en se mettant sur la ligne de Loïc Dombreval. Et, d’ailleurs, il y a des associations dans la commission nationale de l’expérimentation animale (Fondation Brigitte-Bardot, Fondation droit animal, éthique et sciences, Graal). Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Il y en a heureusement qui ne reculent pas, tel One Voice. Car l’arnaque est la suivante : l’accès aux animaux hors élevages serait uniquement scientifique et pas économique. Ce serait pour des raisons exceptionnelles, pour se procurer des animaux particuliers introuvables ailleurs et bien spécifiques, que les laboratoires pourraient se procurer des animaux pour l’expérimentation. Un tel argument suffit évidemment pour les traîtres pactisant avec l’expérimentation animale, traîtres pour qui Loïc Dombreval est devenu la plaque tournante entre eux et le gouvernement.

Mais concrètement, rien n’empêche une entreprise X de chercher des animaux malades spécifiquement et de les acheter à des particuliers pour les revendre. Acheter ou autre chose. Loïc Dombreval, dans un commentaire ignoble validant le décret, après avoir fait miroiter auparavant qu’il le dénonçait, précise que le vol d’animaux à destination des laboratoires est impossible. Comme si cela n’avait pas été le cas par le passé, tout en disant officiellement que non !

Voici d’ailleurs son commentaire, pour bien comprendre le rôle néfaste de ce sinistre personnage… Il s’est d’ailleurs largement démasqué auprès des gens ayant cru en lui. Ils auraient dû davantage se renseigner, il a toujours assumé d’être simplement une sorte d’humaniste réformiste (Je ne veux pas un monde végan n’hésite-t-il pas à dire)

« Expérimentation sur les animaux – mon analyse du décret

Devant l’émotion suscitée par le décret lié à l’approvisionnement des animaux utilisés à des fins d’expérimentation, initié avec sincérité par certains défenseurs des animaux, j’ai souhaité apaiser la situation en rédigeant une question officielle à Mme la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal.

Mon analyse de ce décret et de ses conséquences est la suivante:

Le décret du 17 mars 2020 apporte une amélioration dans la transposition de la directive européenne sur la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques, directive transposée dans le droit français en 2013.

Le décret vient rétablir l’équilibre au sein de la Commission Nationale de l’Expérimentation Animale (CNEA) et double le nombre de représentants de la protection animale. Ils passent de 3 à 6.

L’autre modification est celle qui est à l’origine de la polémique : elle autorise l’utilisation d’un animal provenant d’un élevage non agréé, à la seule condition de fournir des «éléments scientifiques dûment justifiés ».

Avant ce décret, deux autres conditions alternatives existaient et ont été retirées : ⁃ une production des éleveurs agréés insuffisante ⁃ une production des éleveurs agréés qui ne conviendrait pas aux besoins spécifiques du projet de recherche.

Désormais la justification scientifique constitue donc la seule raison valable à la fourniture alternative d’animaux.

La modification apportée permet de clarifier le contexte dérogatoire exceptionnel, qui ne doit s’appuyer que sur des éléments scientifiques dûment justifiés auprès des ministres concernés (recherche, agriculture, environnement) en écartant toute contingence économique.

La provenance des animaux utilisés à des fins scientifiques est réglementée et les DDPP (Direction Départementale de la Protection des Populations) sont en charge de vérifier cette provenance.

Il est évidemment totalement illégal et impossible de s’approvisionner en dehors d’éleveurs et de fournisseurs agréés et, en aucun cas, les laboratoires ne peuvent utiliser des chiens volés, cédés ou vendus par des particuliers.

En l’attente d’une réponse officielle de Frédérique Vidal, j’appelle à un apaisement du débat autour de ce décret.

La règle dite des « 3R » qui consiste à Réduire, Raffiner et Remplacer l’expérimentation animale, doit être appliquée de façon plus volontaire en France, à l’image, par exemple, des pratiques de nos voisins anglais.Cette démarche essentielle, qui permet d’améliorer la protection des animaux, menée par le ministère de l’enseignement et de la recherche, est en cours.

Je reste bien sûr attentif à ce que la France se dote de vrais moyens et s’engage avec détermination pour développer autant que cela est possible les méthodes alternatives à l’expérimentation sur les animaux. »

Sur Facebook, il a ensuite annoncé :

« La polémique sur la modification du décret du 17 mars sur l’expérimentation animale est close. La réponse de la ministre à ma question est très claire. La France doit cependant s’engager plus fortement vers les méthodes alternatives à l’expérimentation. »

Circulez, il n’y a rien à voir ! Voilà le rôle de Loïc Dombreval, cet imposteur qui prétend défendre les animaux mais qui est là pour faire croire qu’il y aurait un progrès possible dans une telle société.

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Politique

Saint-Denis qui tombe, c’est le municipalisme PCF qui tombe

La banlieue rouge parisienne formait tout un réseau procurant des moyens immenses au PCF. La défaite électorale à Saint-Denis annonce la fin de ce système, et ainsi la chute du PCF.

On lit dans la presse que la ville de Saint-Denis avait une mairie PCF depuis 1945. C’est faux. Saint-Denis est la clef même du PCF. Ce parti ne s’est en effet jamais développé dans toute la France, mais dans des poches bien circonscrites. Il y a le Nord-Pas-de-Calais, cependant il y avait également là-bas une forte base socialiste. Le vrai bastion, c’est la région parisienne, la ceinture rouge autour de Paris, la « banlieue rouge », avec Saint-Denis comme grande base dès la fondation du PCF.

C’est d’ailleurs là que Doriot, le renégat du PCF passé au fascisme, formera son Parti Populaire Français, surfant sur l’esprit syndicaliste-révolutionnaire de la région parisienne et surtout de Saint-Denis. Saint-Denis, c’est une grande ville, un élément d’importance capitale dans la région parisienne. La bourgeoisie a développé d’ailleurs un contre-poids avec Boulogne-Billancourt, transformé en bastion du conformisme bourgeois alors qu’historiquement l’identité de la ville est ouvrière.

Le PCF s’est pris au jeu de cette bataille municipaliste. Il n’est pas possible de nier la sincérité de l’engagement de ses adhérents, de ses membres pour beaucoup. Pourtant, à partir des années 1960 la corruption municipale se généralise et dans les années 1980 c’est littéralement la fête ! Les vases communicants entre le PCF, la CGT, les mairies voient circuler littéralement des sacs d’argent, avec des magouilles à tous les niveaux.

Cela a joué énormément pour le prolongement d’un PCF relativement puissant encore après 1989 : il y avait trop de réseaux pour disparaître. La perte de Saint-Denis est ainsi une catastrophe et ne peut que produire une vague de panique dans les réseaux restants. Surtout que le PCF a également perdu Arles, Saint-Pierre-des-Corps, Champigny, Seclin, Givors, Fontaine. Si de tels bastions, des forteresses municipales existant depuis des décennies tombent, alors tout peut tomber.

Ainsi, si le PCF a encore Malakoff, Bagneux, Fontenay-sous-Bois, Bonneuil-sur-Marne, La Courneuve, Stains, Tremblay-en-France, Gentilly, Ivry-sur-Seine, Vitry-sur-Seine, Bobigny, Montreuil… ce n’est plus le même PCF pour autant.

Ce n’est plus le PCF profitant d’une base populaire puissante, de relais syndicaux massifs, capable ainsi de façonner toute une économie locale tout en la ponctionnant, en plaçant ses gens, en formant un véritable petit écosystème. Ce n’est plus le PCF comme appareil. C’est un PCF comme… on ne sait pas trop quoi et c’est pour cette raison que l’instabilité va prédominer, jusqu’à sa disparition.

En effet, un réseau municipal est par définition monopoliste. Or, si un basculement peut se faire, il n’y aura plus de soumission au PCF. Dans une mairie imprenable, les entreprises se soumettent, l’administration se soumet. Dans une mairie qui peut changer de bord, on évite les dossiers trop compromettants. La chute de Saint-Denis, c’est la chute de toute un socialisme féodal.

Désormais le PCF est celui de Ian Brossat : post-moderne et un appendice du PS, qui est lui-même devenu un appendice de la « social-écologie ». Finalement en termes de structure il n’y a plus trop de raisons d’exister et il y aura un dépassement « unitaire » qui est en réalité une liquidation de tout ce qui relève de la Gauche historique.

Il y a évidemment encore des tenants d’une ligne historique. Il y a ainsi le PRCF, qui veut faire redémarrer le PCF sur la base des années 1980. Il s’agit de la minorité du mouvement dont la majorité a quitté le PCF en 1999, pour former en 2016 le PCRF (sur une ligne PCF pro-Cuba des années 1960, les maoïstes considérant à l’instar du PCF(mlm) que le PCF est « révisionniste » depuis le milieu des années 1950, puis social-impérialiste).

Et le PRCF aurait pu réussir, d’une manière ou d’une autre, si le courant de la CGT qui lui est lié avait réussi son opération de harcèlement syndicaliste révolutionnaire durant le mouvement contre la réforme des retraites. Comme cela a été un échec, il n’y a cependant pas de base réelle. Et de toutes façons la démarche est syndicaliste, alors que le PCF a une base municipaliste avant tout. Il y a là une situation plus que délicate et le PCF ne peut que chuter alors que ses fondements concrets vacillent.

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L’opération de démantèlement de la Gauche par Olivier Faure du Parti socialiste

La stratégie du premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure est très claire : la Gauche doit s’effacer face à « l’écologie ». L’enjeu est selon lui la consolidation d’un nouveau « bloc social-écologiste », avec l’idée assumée à demi-mot de se ranger derrière un candidat « écologiste » pour les élections de 2022.

Cela fait longtemps que la direction du Parti socialiste a tourné le dos aux classes populaires au profit d’un cosmopolitisme bourgeois-moderniste, largement libéral sur le plan des valeurs. L’opération de liquidation du patrimoine historique de la Gauche, relevant du mouvement ouvrier, connaît un nouveau bond à l’occasion de ces élections municipales 2020.

Avec la victoire d’Europe Écologie-Les Verts dans de nombreuses grandes villes, victoire portée par les bobos métropolitains, le premier secrétaire du Parti socialiste s’imagine qu’il y a un « immense élan » auquel il faudrait se rattacher, acceptant par là de solder le compte de la Gauche. Ce n’est pas dit aussi ouvertement, car Olivier Faure aimerait faire du PS une force importante de ce « bloc », mais la perspective est évidente.

De son côté, se voyant en position de force, EELV assume ouvertement son rejet de la Gauche depuis plusieurs mois, si ce n’est plusieurs années. Grégory Doucet, victorieux à Lyon, explique par exemple que « l’écologie est l’alliée de l’économie » et qu’elle est au-delà du clivage Gauche/Droite, ne reconnaissant simplement que des « éléments » pouvant accessoirement venir de la Gauche. C’est un point de vue strictement équivalent à celui d’Emmanuel Macron, trustant la Gauche par le centre, pour ensuite tout ramener vers le libéralisme sur les plans économique et culturel.

Cela fait un moment qu’EELV ne fait plus semblant d’être de Gauche, à quelques exceptions près. Ce parti n’a eu aucun scrupule à vouloir rafler la mairie de Lille au PS, manquée de peu, ou bien à Poitiers et à Strasbourg, où là ce furent des réussites. À Marseille, où EELV revendique la victoire (qui n’est pas acquise au conseil municipal d’ailleurs, en raison de la spécificité locale du scrutin), la tête de liste Michèle Rubirola avait été suspendue de la formation écologistes alors qu’elle se rangeait du côté de la Gauche, ou en tous cas d’une dynamique largement portée par la Gauche pour les municipales.

Olivier Faure n’y voit aucune contradiction et explique au contraire qu’il se bat depuis deux ans pour « rassembler et fédérer ces forces qui ont tellement en commun ».

Ses propos dans médias, retranscrits sur le compte Twitter du PS avec l’écriture « inclusive » histoire de bien s’assumer bobo, sont ainsi d’une grande limpidité :

« Si nous ne voulons plus du duo #LePen / #Macron, il faudra nous rassembler. Il faudra un·e candidat·e du bloc social-écologiste. Peut [sic] importe d’où il vient. La seule question est de savoir où il va. »

C’est ni plus ni moins que l’affirmation de la liquidation de la Gauche, de ses principes, de ses valeurs, de sa tradition, au profit d’autre chose. Cet autre chose en l’occurrence, consiste en un libéralisme tout à fait classique, s’imaginant légitime à représenter à lui-même « l’écologie », comme si cela était une orientation politique en soi.

D’ailleurs, il ne faut vraiment rien connaître, ou ne rien vouloir connaître des mouvements écologistes en France (très faibles et marginaux), pour s’imaginer qu’EELV a une quelconque hégémonie sur la question. Ce parti n’a par exemple rien à voir avec ce que peuvent être les Verts en Allemagne, avec une véritable culture alternative et un ancrage indéniable dans tout un tas de mouvements. En France, EELV a surtout une culture de type « ONG », c’est-à-dire de grande structures institutionnelles, tout à fait bourgeoises tant dans l’expression que dans le fond même de leur démarche.

De son côté, le Parti socialiste est largement passé à côté de la question écologique pendant de nombreuses années et s’imagine maintenant pouvoir se moderniser à moindres frais en se mettant à la remorque d’EELV.

Olivier Faure croit pouvoir contourner la question, en expliquant par exemple :

« je suis d’accord pour dire qu’il y a une écologie de droite et une écologie de gauche »

C’est incohérent. Il n’y a pas d’écologie « de gauche », car la Gauche est une conception totale, c’est-à-dire embrassant en elle-même tous les sujets et prétendant être la seule à pouvoir résoudre les problèmes.

Il n’y a pas d’écologie « de gauche », car il y a une conception générale portée par la Gauche, consistant en la prise du pouvoir populaire pour dépasser le capitalisme par le Socialisme, ce qui inclut par définition l’écologie, comme question propre à notre époque. Cela signifie également, par définition, que seule la Gauche est à même d’être à la hauteur en matière d’écologie.

Pour la Gauche, l’écologie ne relève pas d’une coloration politique comme chez Emmanuel Macron ou bien chez EELV, mais d’une conception matérialiste de la nature, des choses naturelles en général. Tel n’est pas le cas chez Olivier Faure, pour qui l’idée de mettre la nature au-dessus de tout est une idée réactionnaire qui musellerait les gens, comme il l’a expliqué à la télévision hier. Spinoza, Denis Diderot ou Karl Marx apprécieront !

En attendant, tout cela est bien loin des préoccupations populaires et la Gauche en France continue de s’enfoncer, de s’isoler, de s’effriter au profit de bourgeois libéraux piétinant toutes ses valeurs, toutes ses conceptions, tout son patrimoine.

La Gauche historique doit se reconstruire par l’unité, mais cette unité ne sera possible et fructueuse qu’en écartant franchement des liquidateurs de la Gauche tels Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste.

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Le second tour des municipales du 28 juin 2020

Le second tour des municipales du 28 juin 2020 concernait surtout les grandes et moyennes villes, la majorité des communes en France ayant eu leur conseil municipal élu au premier tour en mars dernier (85 % d’entre elles). Le taux d’abstention est immense, avec un record historique de près de 60 % pour l’ensemble des 4820 communes où le scrutin avait lieu.

Ce record d’abstention, qui était déjà massif au premier tour dans un contexte de début de crise sanitaire avec un chiffre alors de 56 %, est supérieur de 22 point au précédent record en 2014 pour un second tour (près de 38 % d’abstention). C’est l’élément marquant de cette élection, comme expression de la crise dans laquelle s’enfonce la France, la dimension sanitaire de la crise n’en étant ici qu’un aspect confortant la crise en général, sur les plans politique, institutionnel, culturel, économique, etc.

Les élections municipales, historiquement un scrutin connaissant une importante participation en France, se sont déroulées de manière largement déconnectée du pays, et particulièrement des classes populaires, largement passives politiquement. Elles regardent d’assez loin des choses auxquels elles ne semblent pas vraiment croire… sans non plus les désapprouver.

En ce qui concerne les résultats, l’élection est marquée par plusieurs succès dans des grandes villes pour Europe Ecologie-Les Verts, dans le prolongement du score aux élections européennes. Sont ainsi concernées les villes de Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Besançon, Grenoble, Annecy, Poitiers, ou encore Tours.

Dans le même temps, les franges libérales et ouvertement post-industrielles du Parti socialiste se maintiennent dans des grandes villes métropolitaines comme Paris, Rennes ou Nantes.

Il faut noter le cas de Lille, terre historique du socialisme, où Martine Aubry, figure du PS, ne l’emporte qu’avec 227 voix d’avance… face à un candidat EELV. D’ailleurs, à Poitiers ou à Strasbourg, c’est face à la Gauche qui dirigeait ces villes qu’EELV remporte le scrutin. C’est tout un symbole d’une volonté de remplacement.

Le Parti socialiste conserve par ailleurs de nombreuses villes comme Clermont-Ferrand, Le Mans, La Rochelle, Rouen, Brest, Douai, Lens, Sedan, Créteil et enlève à la Droite la ville de Nancy, ainsi que celle de Montpellier dans la mesure où le maire sortant était un ex-PS passé du côté de la majorité présidentielle. Le PS arrache également la ville de Saint-Denis au PCF. Il y aurait ici énormément de choses à dire tellement c’est un symbole.

Qui plus est, le PCF, s’il regagne Bobigny en Île-de-France en la reprenant au Centre-droit (UDI), perd ses bastions historiques d’Aubervilliers et de Choisy-le-Roi, au profit du Centre-droit (UDI) dans le premier cas et de la Droite (LR) dans le second (allié à un EELV exclu pour cette raison). C’est très parlant, notamment pour Choisy-le-Roi qui passe donc à Droite dans le prolongement de l’absence de lutte sérieuse sur le site Renault local, en passe de fermer.

C’est la Droite également qui remporte le scrutin à Lorient, cette ville socialiste de longue date, depuis plus de 50 ans. La Droite, en généralisant avec le premier tour, bénéficie même d’un ancrage solide dans le pays en dehors de la plupart des très grandes villes. Elle s’enorgueillit par la voix du président de Les Républicains Christian Jacob, d’une « grande victoire », avec « plus de 50% des villes de plus de 9 000 habitants qui sont détenues par LR. »

La Droite conserve également les villes de Limoge, Bayonne, Toulouse, Nice… mais aussi Le Havre, avec la victoire écrasante du Premier ministre Édouard Philippe obtenant le score extrêmement élevé de près de 59 % des suffrages exprimés. En face, la Gauche portée par un candidat PCF connaît une défaite cuisante, incapable de mobiliser la base populaire de la ville face au premier représentant du gouvernement (58 % d’abstention).

Le cas du Havre est un résultat très significatif en ce qui concerne la Gauche historique, celle encore liée au mouvement ouvrier, car il y avait là la possibilité d’une expression prolétarienne majeure, alors que la crise économique s’impose déjà. C’est tout simplement une catastrophe.

Il faut aussi regarder du côté de Bruay-la-Buissière dans le Pas-de-Calais, un bastion de la Gauche, particulièrement populaire, où l’extrême-Droite l’emporte avec le RN, dans une ville qu’elle convoite depuis longtemps, ce qui est là encore une terrible défaite.

L’autre fait marquant en ce qui concerne l’extrême-Droite est bien sûr la victoire à Perpignan de Louis Alliot, cadre majeur du Rassemblement national. C’est une grande ville, avec une large frange populaire et elle constituera un point d’appui important pour le nationalisme en France… alors que la Gauche en face s’est retrouvée largement désemparée. L’extrême-Droite gagne quelques communes et conserve également Orange, alors qu’elle avait dès le premier tour conservé huit maires sortants, notamment à Fréjus et Béziers, mais aussi dans les petites villes populaires de Hénin-Beaumont et Hayange.

Par ailleurs, la grande absente de cette élection est la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, qui n’a existé que comme supplétive à des listes de rassemblement, mais est complètement hors-jeu dès qu’elle s’est positionné en dehors du PS, du PCF, d’EELV et des Radicaux de gauche. La France insoumise, qui a poussé énormément dans le sens du mouvement des gilets jaunes, prouve s’il en était besoin, à quel point le populisme plébéien qu’elle a soutenu ne représente aucune perspective politique, ni aucune possibilité de changement social.

Inversement, si le Parti socialiste peut être satisfait de se maintenir dans un certain nombre de communes importantes et d’en gagner quelques-unes, en n’en perdant presque pas, on peut douter de la pertinence du propos de son premier secrétaire Olivier Faure qui voit un « immense élan qui se lève dans toute la France », avec la naissance d’un « bloc social-écologique qu’il faut maintenant consolider ».

On a pourtant là un « élan » pour le moins restreint vu le taux d’abstention, mais qui surtout ne concerne pas du tout les classes populaires, mais simplement des franges modernistes et libérales des grands centres métropolitains.

Reste le cas de Marseille, deuxième plus grande commune de France, largement marquée par sa culture populaire. La ville a vu la large victoire de la liste d’union de la Gauche, malgré une campagne particulièrement hostile de la part de la Droite. La future maire, Michèle Rubirola, est membre de longue date d’EELV… mais elle en avait été exclue récemment, car elle préférait rejoindre la dynamique unitaire de la Gauche avec des associatifs et des syndicalistes, dynamique portée par l’émotion sociale et populaire suite au drame de l’effondrement des immeubles rue d’Aubagne.

Marseille, sur cette base, sera-t-elle un nouveau centre de gravité pour la Gauche, traçant la voix à une perspective unitaire, mais également sociale-populaire ? Ou bien ne sera-t-elle qu’une grande métropole de plus dans l’escarcelle « écolo-libéral » d’EELV et d’une partie du PS ? Ce sera là un enjeu politique majeur de ces prochains mois pour la Gauche, mais vu le taux d’abstention extrêmement fort à Marseille (65%), il faudra à la nouvelle équipe municipale prouver beaucoup de choses pour faire exister une réelle dynamique populaire.

Surtout que les temps qui s’annoncent vont être tempétueux.
 

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EELV ou le triomphe des bobos des centre-villes

Ils ont réussi leur pari : les bobos s’emparent de municipalités importantes au moyen d’EELV. Mais leur utopie libérale-libertaire représente en réalité la véritable agonie d’un système à bout de souffle.

Le jour même des élections est apparu un nouveau mouvement politique, « #Nous Demain ». Il a été constitué à partir du groupe parlementaire « Ecologie Démocratie Solidarité », une pseudo-scission de La République en Marche. Théoriquement « ni dans la majorité, ni dans l’opposition », « Ecologie Démocratie Solidarité » est en réalité un calcul machiavélique de la part d’Emmanuel Macron afin de former un bloc pour les prochaines élections présidentielles.

Dans les prochains jours, il sera d’ailleurs poussé en ce sens, « #Nous Demain » se voulant le point de rencontre des « associations, ONG, syndicats, coopératives, entrepreneurs sociaux ou mouvements de jeunesse ». Son discours libéral-libertaire rejoint la « gauche » postmoderne en pratiquement tous les points (cannabis légalisé, racisme systémique, etc.).

C’est qu’Emmanuel Macron a compris que la Gauche historique étant hors-jeu et l’extrême-Droite isolée, la « gauche » postmoderne se fera happer par EELV. Naturellement une telle analyse part du principe que le capitalisme est inébranlable et que la crise sera surmontée. On est là dans une fiction, mais ses acteurs se croient dans la réalité. Les partisans de François Ruffin, cet opportuniste patenté se prétendant écologiste depuis toujours, sont d’ailleurs en panique et soulignent bien qu’EELV serait de « gauche ».

EELV fait en effet la conquête d’Annecy, Poitiers, Besançon, Tours… et surtout de Lyon, Bordeaux et Strasbourg. Lille a été ratée de rien du tout, ce qui est étonnant tellement cette ville est un phare de la démarche bobo. Car on est là dans un phénomène urbain et plus exactement de centre-ville, bourgeois, de cette bourgeoisie cosmopolite et libérale, moderniste et relativiste.

C’est pour cela qu’EELV réussit à acquérir l’hégémonie sur la « gauche » postmoderne, qui se dilue d’ailleurs toujours plus dans ce pseudo-mouvement de la « social-écologie ». EELV est plus intellectuelle, plus éduquée, davantage capable de faire semblant de parler des animaux, bien plus apte à prôner le libéralisme culturel le plus complet, clairement plus efficace dans sa dynamique de modernisation du capitalisme.

Ceux qui disent qu’EELV est de « gauche », ce sont des gens qui ne le sont plus et qui ont besoin d’EELV comme moyen de se prétendre encore de gauche. Le panorama qui se déduit de cela, c’est d’ailleurs une mouvance libérale-libertaire gouvernementale avec une ultra-gauche postmoderne lui servant de levier, et une gauche syndicaliste et sociale ringardisée, figée, débordée. Pour prendre un exemple concret, on aura des relativistes modernistes libéraux ne voulant pas du véganisme et des syndicalistes ne sachant toujours pas ce que c’est !

Tout cela est cependant totalement vain, car la lutte des classes va se frayer son chemin à travers une crise qui s’annonce dévastatrice. Le triomphe d’EELV apparaîtra à l’avenir comme un des tout derniers épisodes des Bisounours que sont les bobos anti-politique et anti-ouvrier des centre-villes. C’est même une insulte aux Bisounours, car les bobos en question vivent de manière aisée et tranquille, dans le cynisme et l’hypocrisie. Ils ne croient pas en leur utopie, ils font simplement très bien semblants, étant avant tout des bourgeois.

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Un exemple d’incompréhension socialiste de la question animale en 1931

Le Populaire était le journal quotidien de la SFIO, l’ancêtre du Parti socialiste. On y trouve le 28 avril 1931 un article tout à fait représentatif d’une arriération culturelle pétrie de libéralisme, ici sur la question animale. C’est une petite chronique, qui est signée Jarjaille, en réalité Sixte Quenin (1870-1957).

Ayant défendu la corrida en Espagne (ainsi qu’en France) dans une chronique quatre jours auparavant, lui-même venant d’Arles, Jarjaille répond quelques jours après à une lettre ayant critiqué son positionnement. Ce faisant, il en arrive même à défendre la chasse à courre et l’aristocratie la pratiquant. Après tout, chacun peut faire ce qu’il veut selon lui et le socialisme n’aurait qu’une dimension économique.

C’est une position tout à fait caractéristique de l’incompréhension française du fait que le socialisme concerne tous les aspects de la vie. Le socialisme serait, selon cette conception erronée, simplement une meilleure répartition, mais pas une vision du monde. C’est la porte ouverte aux mœurs réactionnaires, au cynisme, à une défense des valeurs capitalistes assassines.

Tout ce que raconte Jarjaille est faux, depuis sa mise en valeur de la boxe par KO jusqu’à celle de la corrida, et son soutien au libéralisme.

La première chronique, du 24 avril 1931 :

« Pas de bêtises !

On imagine volontiers que les républicains et les socialistes d’Espagne savent ce qu’ils ont à faire et que les multiples conseils qui leur sont donnés généreusement, par des gens qui jugent les choses de loin et de haut, ne sont pas pour les influencer.

C’est pourquoi on a le droit de penser que l’invitation, que leur adresse M. Ernest Judet, de supprimer les courses de taureaux, laissera indifférents les hommes qui ont là-bas de lourdes responsabilités et qui ne vont pas s’amuser à compliquer inutilement la difficile tâche qu’ils ont à accomplir.

M. Judet – et s’est son droit – n’aime pas les corridas. Peut-être choisit-il mal son moment pour prétendre que ce spectacle écarte l’Espagne « de notre civilisation humaine ». L’attitude admirable du peuple espagnol au cours de ces derniers jours, semble plutôt prouver le contraire, ou tout au moins que les spectacles n’ont pas autant d’influence sur les spectateurs que le prétendent leurs dénigreurs ou leurs thuriféraires.

Sans quoi les Espagnols pourraient répondre à l’invite de M. Judet, qu’avant de faire la leçon aux autres, il conviendrait d’abord de se la faire à soi-même.

La vue d’un taureau piqué, ou d’un cheval encorné, émeut M. Judet. Nous comprenons cette sensibilité et nous conseillerions à M. Judet, s’il va en Espagne de ne pas assister à,une corrida. Il lui serait bien facile d’imiter les nombreux habitants de nos régions du Nord, qui craignent la vue du sang, et qui ne vont jamais voir ces combats de coqs, vers lesquels par contre se précipitent des milliers d’amateurs, qui trouveraient étrange qu’un journaliste espagnol les tienne, de ce fait, à l’écart de la civilisation humaine.

De même, il y a beaucoup de gens, à Paris, que dégoûte profondément la vue de deux athlètes demi-nus, se bourrant la figure de coups de poings Ces gens restent chez eux, cependant que des milliers d’autres payent très cher pour voir des émules de Dempsey et de Carpentier, la figure sanguinolente, s’allonger sur le tapis.

Personne, j’imagine, ne prétend que la boxe, voir le rugby, sont des spectacles propres à développer la douceur, la politesse et la passion du grec et du latin. Lorsque les travaillistes sont arrivés au pouvoir en Angleterre, ils auraient pourtant trouvé bizarre qu’un journaliste français leur dise que la première chose qu’ils avaient à faire c’était d’interdire toutes ces brutalités.

Enfin les républicains espagnols pourraient penser qu’avant que, de France, on leur demande de supprimer leur spectacle national, celui-ci devrait d’abord être interdit en France. Or, voici quarante ans qu’on redonne à Nîmes, Arles Bordeaux, Bèziers, Dàx, Perpignan et bien d’autres villes, ces corridas qui, en Espagne, indignent.

M. Judet ne le savait pas? Il ne demande qu’à voir fermer les arènes françaises? On ne lui conseille pas d’aller le dire dans le Midi !

JARJAILLE [Sixte Quenin] »

La seconde chronique, du 28 avril 1931 :

« Aujourd’hui les affaires sérieuses

Un lecteur a bien voulu me faire connaître que mon dernier papier sur les courses de taureaux n’avait pas eu l’heur [sic] de lui plaire. Et tandis que M. Judet estime que ce spectacle écarte l’Espagne de notre civilisation humaine, mon correspondant soutient qu’on ne peut pas être socialiste si l’on n’a pas pitié des animaux.

On m’a appris, il y a longtemps, que le socialisme avait pitié des êtres humains et parmi eux surtout des plus faibles : la femme, l’enfant. Mais si, pour être socialiste, il faut aussi me préoccuper des toutous à leur mémère et compatir aux souffrances du ver de terre que j’enfile sur mon hameçon, je suis, évidemment, indigne de préconiser la socialisation du sol et des moyens de production.

Mais je pense qu’il faudrait nous garder de mêler le socialisme et la civilisation à des histoires où ils n’ont rien à voir. Le socialisme est une chose, l’opinion que l’on peut se faire sur les relations de l’homme et des animaux en est une autre. Il peut y avoir d’excellents socialistes à la Société Protectrice des Animaux, on y compte aussi de parfaits réactionnaires. Et parmi les aficionados, les amateurs de combats de coqs, ou les pêcheurs à la ligne, qui trouvent leur plaisir au martyre d’animaux, gros ou petits, les opinions politiques sont bien mêlées.

Mais ce qu’il faudrait surtout c’est avoir vraiment le sens de la liberté. Que. M. Judet écrive des articles, voire des livres, pour convaincre ses contemporains que la corrida est un spectacle abominable, rien de mieux. Mais ne pourrait-on se garder de cette manie de vouloir imposer ses goûts, comme ses opinions, à son voisin? Tel spectacle ne vous plaît pas, très bien, n’y allez pas, mais s’il plaît à d’autres, pourquoi l’interdire?

J’avoue que l’étripement d’un cerf ne doit pas être quelque chose de bien ragoûtant. Pourtant, tant qu’une duchesse pourra disposer du terrain nécessaire, je ne vois pas pourquoi on empêcherait par la force, Mme d’Uzès de faire bénir par un évêque, les meutes qui vont pourchasser un malheureux animal.

Les catholiques, certes, pourraient faire observer que l’eau bénite n’a pas été inventée pour les chiens, ils ne le font même pas.

Alors qu’on laisse les républicains et les socialistes espagnols s’attaquer à des problèmes qui ont une autre importance sociale que les courses de taureaux.

JARJAILLE [Sixte Quenin] »

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Les chiffres de l’expérimentation animale en France en 2018, donnés deux ans après

Pratiquement deux millions d’animaux connaissent l’enfer de l’expérimentation chaque année en France. Dans l’ombre, on torture et on assassine ; dans l’ombre et dans le silence.

C’est censé être très bien organisé et pourtant on a les chiffres deux ans après. C’est que c’est trop bien organisé et que tout est fait pour neutraliser l’opinion publique. D’ailleurs, on n’a pas entendu le gouvernement ni les laboratoires expliquer qu’en raison du confinement, les animaux destinés à l’expérimentation ont été tués, car il n’y avait plus personne pour « s’en occuper ».

Telle est la réalité infernale imposée par des criminels.

Voici le rapport publié par le Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (tournez les pages avec le bouton en bas de page ou téléchargez directement le PDF ) :

STAT2018_Utilisation_animaux_fins_scientifiques_1287557

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Karl Marx, «penseur du racisme systémique»?

Faire de Marx, le grand activiste de la première Internationale, à la base du mouvement ouvrier, un auteur développant la thèse du « racisme systémique », il fallait oser. C’est ce qu’a fait Bruno Guigue, un ancien sous-préfet, c’est-à-dire lui-même une figure du « système ».

Bruno Guigue n’est pas n’importe qui. Né en 1962, il a fait l’École normale supérieure de la rue d’Ulm et de la fameuse ÉNA, l’École nationale d’administration. C’est donc quelqu’un qui fait partie de l’élite intellectuelle du pays. Il a ensuite été haut fonctionnaire du ministère de l’intérieur, directeur du contrat de ville de Saint-Denis, directeur général adjoint des services de la Région Réunion.

C’est donc quelqu’un qui sait ce qu’il dit et ce qu’il fait, il a d’ailleurs même affronté la ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie en publiant une tribune libre critiquant Israël, ce qui a amené son éjection de son poste de sous-préfet en 2008. Notons toutefois que l’article « Quand le lobby pro-israélien se déchaîne contre l’ONU » a été publié par le site musulman Oumma.com et qu’il n’hésite pas aux provocations plus que douteuses (par exemple l’article « analogie pour analogie, frappante est la ressemblance entre le Reich qui s’assied sur la SDN en 1933 et l’Etat hébreu qui bafoue le droit international depuis 1967 »).

Simple erreur ou abandon de la Gauche ? On a la réponse dans un article plus que surprenant. Depuis quelques années, Bruno Guigue s’est rapproché du Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF) et voilà qu’il publie sur le site du PRCF un article surréaliste intitulé : « Marx, penseur du racisme systémique ». Salvador Dali et André Breton sont battus.

Mentionnant les présentations assassines que Karl Marx fait du colonialisme, Bruno Guigue en déduit que, par conséquent, la « question raciale » était à la base même de la question capitaliste. Ce faisant, il fait comme Dieudonné et résume le capitalisme à une sorte de mise en esclavage parasitaire :

« Loin d’être indifférent à la question raciale, Marx en a perçu le caractère originaire, il a vu qu’elle était indissociable de la genèse du mode de production capitaliste. »

« La vérité, on le voit, c’est que Marx a compris que le racisme systémique inhérent à l’esclavagisme marchand était l’acte de naissance du capitalisme moderne ; que ce dernier épouserait bientôt la logique de ce que Samir Amin appellera le « développement inégal » ; qu’une fois les rapports de dépendance entre le Nord et le Sud institués, cette inégalité allait conférer sa véritable structure au système mondial ; qu’entre le centre et la périphérie s’instaurerait une division du travail assignant la seconde au rôle de fournisseur de main d’œuvre et de matières premières à bas prix ; que générant une exploitation en cascade, cette hiérarchisation du monde perpétuerait des rapports d’exploitation dont l’Occident capitaliste tirerait sa prospérité et dont les séquelles sont encore visibles. »

Il y aurait ainsi une sorte de « poison » dans la matrice du capitalisme. Bruno Guigue n’a donc pas lu le fameux Capital de Marx, sinon il saurait que chez lui le colonialisme n’est pas présent dans la « matrice » du capitalisme, qui par ailleurs n’existe pas, mais accompagne le développement des forces productives.

Karl Marx n’a jamais écrit, pour cette raison, d’analyses sur le racisme et encore moins sur le racisme « systémique ». Il n’y avait pour lui pas de « système », mais un mode de production. Friedrich Engels, dans son fameux « anti-Dühring », présente l’esclavage comme une étape nécessaire :

« Ce fut seulement l’esclavage qui rendit possible sur une assez grande échelle la division du travail entre agriculture et industrie et par suite, l’apogée du monde antique, l’hellénisme. Sans esclavage, pas d’État grec, pas d’art et de science grecs; sans esclavage, pas d’Empire romain.

Or, sans la base de l’hellénisme et de l’Empire romain, pas non plus d’Europe moderne. Nous ne devrions jamais oublier que toute notre évolution économique, politique et intellectuelle a pour condition préalable une situation dans laquelle l’esclavage était tout aussi nécessaire que généralement admis.

Dans ce sens, nous avons le droit de dire : sans esclavage antique, pas de socialisme moderne.

Il ne coûte pas grand chose de partir en guerre avec des formules générales contre l’esclavage et autres choses semblables, et de déverser sur une telle infamie un courroux moral supérieur. Malheureusement, on n’énonce par là rien d’autre que ce que tout le monde sait, à savoir que ces institutions antiques ne correspondent plus à nos conditions actuelles et aux sentiments que déterminent en nous ces conditions. »

Il ne coûte pas grand-chose pour Bruno Guigue de dénoncer l’esclavagisme aujourd’hui, alors qu’il n’existe plus et qu’il n’a surtout rien de capitaliste. Le capitalisme n’est pas raciste, il est même totalement anonyme. Ses blocs en compétition utilisent pour cette raison le racisme afin de mobiliser en leur faveur, mais il n’y a rien de systématique. Le capitalisme britannique méprise ou valorise l’Inde selon ses besoins : c’est le marché qui décide, pas un « racisme systémique » qui serait une « structure » comme dans le structuralisme.

Mais l’unique intérêt de son article, c’est de se demander ce que le PRCF est allé faire dans cette galère… Cette organisation se définit comme une initiative de reformation du PCF sur la base de ce qu’il a été dans les années 1980. On a pourtant ici quelque chose qui n’a rien à voir, qui est ouvertement postmoderne. C’est soit une erreur, une anecdote, soit directement une infiltration postmoderne, une bombe à retardement.

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Écologie

L’expérimentation animale française généralise son approvisionnement

Finies les élevages spécifiques : désormais l’expérimentation animale pourra se procurer les animaux auprès de n’importe qui.

Il y a eu pendant des décennies un énorme trafic en France : des animaux comme les chats et les chiens étaient volés et livrés à l’expérimentation animale. Cela sera désormais de nouveau possible, en raison du décret n° 2020-274 du 17 mars 2020 modifiant certaines dispositions relatives à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques.

On lit à l’article 1 que :

« 3° Au dernier alinéa de l’article R. 214-90, les mots : « lorsque la production des éleveurs agréés est insuffisante ou ne convient pas aux besoins spécifiques du projet » sont supprimés »

Cela signifie que l’approvisionnement exceptionnel ailleurs qu’à des éleveurs agréés – des criminels innommables qu’on devrait justement nommer – peut désormais être généralisé sans entraves aucune. On voit déjà les « chercheurs » dire que cela ne sera pas le cas, car il faut des animaux spécifiques, souvent génétiquement modifiés. Mais alors pourquoi la loi a-t-elle été modifiée ?

En réalité l’expérimentation animale est toujours autant généralisée, c’est une vision du monde. On ne cherche pas : on expérimente en essayant trouver. Au moyen de ce qui est concrètement de la torture de la part de tortionnaires.

Et c’est la règle. Le rapport 2020 de l’Echa, l’agence européenne sur les produits chimiques, sur l’utilisation d’alternatives à l’expérimentation animale constate d’ailleurs que rien n’a changé depuis 2017.

La modification de la loi est un appui complet à cette démarche, qui a largement été valorisée depuis l’émergence du Covid-19. L’ordre des vétérinaires a lui-même fait un éloge de l’expérimentation animale dans son communiqué de la fin mars 2020 :

« Selon l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), comme de l’avis de l’ANSES, à ce jour, rien ne prouve que les animaux de compagnie propagent la maladie (la propagation du COVID-19 est le résultat d’une transmission d’homme à homme) et il n’est donc pas justifié de prendre des mesures à l’encontre des animaux de compagnie qui pourraient compromettre leur bien-être.

De ce fait, des tests à grande échelle sur les animaux de compagnie ne sont actuellement pas recommandés par les autorités, et l’opportunité et la justification de telles initiatives apparaissent discutables dans les circonstances actuelles.

Mais cela ne veut pas dire que rien ne doit être entrepris : afin d’approfondir les connaissances scientifiques et de faire la lumière sur la dynamique possible de l’infection par le SARS-CoV-2 chez différentes espèces animales, des recherches avec des protocoles stricts sont menées actuellement en Europe sous le contrôle des autorités ou des agences sanitaires des États membres. »

Il est parlé de protocoles stricts : c’est une sinistre farce, et encore plus alors que désormais les bouchers expérimentateurs pourront s’approvisionner où bon leur semblera.

C’est tout à fait dans l’ambiance du moment : le vieux monde pratique la fuite en avant. Les animaux en sont les premières victimes.

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Politique

Jacques Toubon, figure de la Droite, héraut de la «Gauche» libérale

Le libéralisme mène au libéralisme et la fausse Gauche, vraie libérale, adore Jacques Toubon, le « Défenseur des droits ». Il est pourtant une figure de la Droite et ses positions ne relèvent aucunement d’un revirement, mais sont le prolongement d’une vision libérale plaçant l’individu et ses « droits » au centre de tout, au-delà même de la société.

La fausse Gauche, celle qui est libérale et métropolitaine, adore Jacques Toubon. Elle ne manque pas de le saluer depuis longtemps, et particulièrement en ce moment alors qu’il quittera bientôt sa fonction de « Défenseur des droits ». Il a été nommé à ce poste par François Hollande en 2014, ce qui fut approuvé par les commissions des lois de l’Assemblée nationale et du Sénat.

Rien que l’intitulé de sa fonction en dit très long sur l’idéologie qu’il porte. Son rôle, inventé de toute pièce lors de la révision constitutionnelle de 2008 (mise en place par la Droite), consiste à être une sorte de super-veilleur, au-dessus des institutions elles-mêmes et de tout processus démocratique. Il ne peut recevoir d’instruction de qui que ce soit, bien qu’il rende compte de son activité au Parlement et au président. Au sens strict cependant, il n’a pas réellement de pouvoir, si ce n’est celui d’interpeller, de mettre son nez un peu partout, et de saisir telle ou telle autorité.

Sur le plan politico-culturel, son rôle consiste en fait à tout considérer du point de vue de l’intérêt individuel (ou de ce qu’il semble être), et surtout pas celui de la société. C’est, au sens strict, une démarche de Droite, qui considère l’individu, avec ses réussites et ses échecs, mais aussi ses « droits », c’est-à-dire en fin de compte surtout ses intérêts, comme devant l’emporter sur l’intérêt collectif. Cela revient, par exemple, à justifier le fait qu’il y ait des individus riches, et d’autres pauvres, au nom du relativisme propre à chaque parcours.

C’est ainsi que Jacques Toubon s’est beaucoup illustré pour sa défense des « droits » des migrants présent illégalement sur le territoire. Dès 2015, il se faisait remarquer en « enquêtant » sur l’expulsion d’un bidonville de migrants à Paris. En 2018, il s’écharpait avec des élus de la majorité présidentielle (pourtant déjà très libérale), en leur reprochant un projet de loi « Asile et immigration » qui selon lui mal traitait les demandeurs d’asile (alors que ce droit d’asile est littéralement pris d’assaut et détourné au nom du libéralisme).

La fausse Gauche, qui adore l’immigration qu’elle idéalise et piétine sans cesse le droit d’asile dans sa substance, a donc adoré Jacques Toubon. Quelqu’un comme Ian Brossat l’a régulièrement salué, par exemple en 2018 en affirmant faire « partie de son fan club » ! Peu importe que celui-ci n’ait jamais renié ses convictions, en participant par exemple à l’organisation des primaires de la Droite en 2016 pour battre François Hollande.

Il faut savoir que Jacques Toubon a une longue et dense carrière au sein de la Droite française, bien qu’il ne soit pas forcément très connu. Il a été député RPR (l’ancêtre de l’UMP, puis de LR) dès 1981, alors qu’il était secrétaire général adjoint de ce parti depuis 1978 et qu’il en devint secrétaire général en 1984, étant un très proche de Jacques Chirac. Dans les années 1990, il a été ministre de la culture et ministre de la Justice de gouvernements de la Droite, puis député européen, avec de nombreuses responsabilités à différents postes et une riche actualité au sein de sa famille politique jusque dans les années 2000.

Récemment, Jacques Toubon, en tant que « Défenseur des droits », a publié un rapport dans lequel il reprend mot pour mot tout le discours identitaire-communautaire faisant du prétendu racisme de la police une actualité. Il a ainsi pu affirmer qu’un « profil Noir ou Arabe a 20 fois plus de probabilités d’être contrôlé [par la police] », ce qui n’a pas de sens formulé ainsi.

C’est donc toute la fausse Gauche, vraie libérale, qui déroule le tapis rouge à celui qui se décrit comme le « démineur des discriminations du quotidien ». Benoît Hamon lui dresse carrément des louanges, pour un discours strictement similaire à celui des Indigènes de la République :

« Il faut écouter et faire écouter la parole sobre et solide de Jacques Toubon qui dénonce le caractère systémique du racisme en France. »

C’est ainsi une grande victoire de la Droite sur le plan des valeurs, qui a totalement torpillé toute une frange liée à la Gauche, s’imaginant représenter la vraie Gauche, trustant publiquement l’idée même de « Gauche » et ne manquant jamais d’enfoncer la Gauche historique.

En faisant de Jacques Toubon leur héraut, ces gens tombent pourtant les masques, insultant profondément le fondement même de la Gauche : la primauté de l’intérêt collectif, qui n’est pas une addition d’intérêts individuels mais au contraire une question sociale en elle-même.

Il faut dire que tous ces gens ont une grande ressemblance. Ils gagnent en général beaucoup d’argent, comme Jacques Toubon dont le Canard Enchaîné affirmait que ses revenus cumulent à presque 30 000 euros mensuels. Il est vrai que c’est bien plus intéressant pour eux de promouvoir la création d’un «  observatoire des discriminations », plutôt que de laisser se développer la lutte des classes, renversant l’ordre dominant et confisquant les richesses et le pouvoir de la bourgeoisie…

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Politique

Statue de Colbert: la provocation fasciste de la «Brigade antinégrophobie»

En taguant « négrophobie d’État » sur le socle de la statue de Jean-Baptiste Colbert devant l’Assemblée nationale et en la maculant de peinture rouge, la « Brigade antinégrophobie » sert de provocateur fasciste afin de détourner l’attention de la crise, alors que d’intenses luttes de classe se profilent.

Le capitalisme américain se casse la figure et on en a un reflet déformé, malsain, en France. Loin de représenter une africanité passée, les « anti-négrophobie » sont à la pointe de la modernité ethno-différentialiste, avec d’ailleurs une prétendue ethnie « noire » aussi absurde que le concept de « blanc ».

Les « anti-négrophobie » argument que Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV, est à l’initiative de l’édit de mars 1685 pour la police des îles françaises d’Amérique, surnommé vulgairement le « code noir », qui précise le statut des esclaves dans les colonies françaises. Cependant, résumer Colbert à cela n’a strictement aucun sens, et d’ailleurs le colonialisme est propre à une époque, pas à une personne.

Il suffit de lire le début de l’édit :

« LOUIS, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre : À tous, présents et à venir, SALUT. Comme nous devons également nos soins à tous les Peuples que la Divine Providence a mis sous notre obéissance, Nous avons bien voulu faire examiner en notre présence les mémoires qui nous ont été envoyés par nos Officiers de nos Îles de l’Amérique […] pour y maintenir la discipline de l’Église catholique, apostolique et romaine, pour y régler ce qui concerne l’état et la qualité des esclaves dans nos dites îles […] ».

On a un roi nommé par Dieu, qui possède des territoires et à qui tout le monde doit la soumission : c’est la monarchie absolue. Mais les « anti-négrophobie » ne sont pas là pour saisir cette question historique, ils sont là pour mettre de l’huile pour le feu.

Le comité « justice pour Adama » et la mouvance des « Indigènes de la République » en général, ont cherché avec un certain succès à surfer sur l’affaire George Floyd aux États-Unis. Maintenant que tout cela se tasse grosso modo, ils viennent en rajouter dans le chantage émotionnel.

Leur but est subjectivement de dénoncer la « négrophobie », terme ne voulant rien dire dans un pays comme la France dont la capitale est Paris. Objectivement, il s’agit de provocateurs fascistes cherchant à détourner l’attention des conditions concrètes de l’économie et du grand conflit entre les classes qui se profilent.

La « Brigade antinégrophobie » converge avec les voix qui veulent un retour à la normale, qui veulent qu’on oublie que le Covid-19 est encore là, qu’il procède d’une crise écologiste, que l’économie capitaliste va connaître une crise sans précédent.

Le but est de parler de la « lutte des races » et non de la lutte des classes, de diviser les travailleurs en faisant de questions secondaires une question principale, une obsession. Cette manière de faire jouer la couleur de peau alors qu’il faut l’unité populaire face aux restructurations capitalistes à venir rend évident le rôle politique de cette affaire. On est en train de perdre un temps fou avec ces histoires, au lieu de préparer un affrontement d’une grande brutalité qui commence à s’installer.

Il ne s’agit pas tant de considérer que la « Brigade antinégrophobie » intéresse les gens. Cependant, elle attire l’attention, elle la détourne, elle parvient relativement à faire oublier la réelle actualité, alors que déjà le Medef dit que l’économie repart. On va en réalité dans le mur et il va falloir payer la casse. Soit ce sont les bourgeois qui payent, soit ce sont les couches populaires.

La « Brigade antinégrophobie » est, avec un tel arrière-plan, clairement une partie du problème, pas une partie de la solution. C’est un outil du capitalisme pour prétendre tout changer en ne changeant rien. C’est « Babylone » cherchant à maintenir le mode de vie destructeur, c’est l’auto-défense d’un système à l’agonie.

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Politique

Le Lycée Colbert devient le Lycée Rosa Parks à Thionville: un exemple parmi d’autres

Le capitalisme a besoin d’empêcher les luttes de classe et pour cela, il faut empêcher toute analyse rationnelle de l’Histoire. C’est donc liquidation sur liquidation : tout comme il n’y a plus l’étude des mouvements littéraires en français au lycée, on supprime les références historiques.

À Thionville, il y a l’impasse Colbert et dans cette impasse, le Lycée polyvalent Colbert. Juste à côté, il y avait le Lycée Sophie Germain, qui a fusionné avec l’autre en 2019. Sophie Germain (1776-1831) est une figure des mathématiques, Colbert c’est une figure de l’époque de Louis XIV, dont il fut contrôleur général des finances (1665-1683), secrétaire d’État de la Maison du roi et secrétaire d’État de la Marine (1669-1683).

Tout cela est français et historique, cela reflète un parcours dans un pays. Ce sont des figures importantes, reflétant tout un mouvement de progrès, de civilisation. Hors de question d’accepter cela pour le capitalisme. Par conséquent, le Lycée Colbert devient le Lycée Rosa Parks, du nom de cette activiste américaine dénonçant la ségrégation, dans les années 1950, aux côtés de Martin Luther King.

Ce qui est frappant ici, c’est que le capitalisme moderne est anti-historique, alors que le capitalisme soulignait auparavant ses grandes figures. Tant Colbert que Sophie Germain ont été l’expression d’un élan capitaliste, d’un éloignement du féodalisme. Le capitalisme, à l’époque, insistait sur la question de la civilisation.

Aujourd’hui, cela a disparu. Rosa Parks devient une figure cosmopolite : Américaine, luttant dans un contexte bien précis, elle voit sa figure colonisée par un capitalisme anonymisant le monde. Même Barbie a fait une poupée à son effigie ! Il y a une petite chaîne française de restauration de hamburgers qui s’appelle Rosaparks !

On a une rue, une avenue ou une place Rosa Parks à Lyon, Caen, Nantes, Rennes, Aubervilliers, Saint-Denis, Saint-Ouen, Vitry-sur-Seine, La Courneuve, Fleury-Mérogis, Lens… Un Espace Jeunes Rosa Parks à Besançon, un Centre Rosa Parks à Strasbourg, une école élémentaire Rosa Parks à Schiltigheim, une école maternelle Rosa Parks à Rouen, un Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale Rosa Parks à Lille, une Unité d’hospitalisation Rosa Parks à Saint-Maurice, un Lycée Rosa Parks à Neuville sur Saône, un collège Rosa Parks à Marseille, etc.

Paris est évidemment le bastion de cette démarche cosmopolite : on a une gare Rosa Parks, un quartier Rosa Parks, une résidence étudiante Rosa Parks, un Centre Social et Culturel Rosa Parks, une résidence hôtelière Rosa Parks, un centre commercial Le Parks, etc.

Cette liste n’est évidemment pas du tout exhaustive et à moins d’être naïf, impossible de ne pas y voir une opération culturelle et intellectuelle. En apparence, elle vise le « vivre-ensemble ». Elle dénonce le racisme. Sauf que nous ne sommes pas aux États-Unis : là-bas, un tel nom a du sens. En France, il n’en a aucun. Il sert simplement à faire tourner à fond la machine positiviste avec une France qui planerait au-dessus du monde afin de lui donner des leçons.

Ce faisant, on amène les gens sur le terrain de l’émotion, on empêche de comprendre les spécificités historiques à la France. Ce n’est pas pour rien que, pour prendre un exemple flagrant, il puisse y avoir un nom comme Rosa Parks pour des lieux et une dénonciation du racisme en France, alors qu’en même temps tout ce qui touche le protestantisme en France est passé aux oubliettes, comme si cela n’avait jamais existé.

Les Français ont été d’un esprit colonialiste et plein de préjugés, mais pas la classe ouvrière et le racisme n’a jamais été un marqueur significatif de l’histoire française. Avec Rosa Parks, on enfonce ainsi des portes ouvertes et c’est le but. C’est une contribution à l’infantilisme, à un cosmopolitisme coincé entre McDonald’s et Coca-Cola, entre Samsung et Apple, etc.

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Société

Un été sans dancefloors?

La veille de la fête de la musique, le gouvernement annonçait le maintien de la fermeture des clubs, discothèques ou boites de nuit jusqu’en septembre (au moins). La justification sanitaire est simple : ces lieux en intérieur, où la norme est par définition la promiscuité, favoriseraient forcément des foyers épidémiques alors que le coronavirus circule toujours.

Le cas de la Corée du Sud où un clubber avait contaminé plus de 50 personnes en fréquentant plusieurs établissements dans une même nuit est un exemple connu et mis en avant par les autorités, qui disent ne vouloir prendre aucun risque.

Cela est tout à fait entendable. Le problème par contre, c’est que la décision est prise par en haut, administrativement, avec le mépris habituel pour tout ce qui relève de la culture liée à la musique électronique et à la nuit en général.

Les clubs, discothèques ou boites de nuit, qu’ils relèvent d’une tradition alternative comme certains clubs techno (de moins en moins), ou d’une culture de masse avec des établissements plus classiques, sont souvent caricaturés comme étant des lieux de dépravation. Dans les faits, ils le sont en général bien moins que de simples bars où l’alcool coule à flots et les soirées décadentes type « tonus » étudiants ne sont pas la norme.

Ce sont des lieux de sociabilité majeur, très importants dans la culture populaire, particulièrement dans la jeunesse, particulièrement l’été.

La société se retrouve donc face à une contradiction majeure, mais, plutôt que d’envisager les choses démocratiquement, il est procédé à une interdiction de manière brutale.

Est-il possible de faire autrement que de maintenir ces fermetures ? Peut-être pas, mais peut-être aussi. Pour répondre à cela, il faudrait se pencher réellement sur la question, en impliquant les acteurs concernés, à commencer par le public. Il faut dire cependant que le public est en général, et de plus en plus, lui-même dans une attitude consommatrice, passive, abandonnant ces questions aux organisateurs.

Les organisateurs de soirées sont par contre très nombreux et multiples, bien au-delà des seuls propriétaires des établissements. Il y a là tout un écosystème à mi-chemin entre le commercial et l’associatif, avec de nombreuses de structures, de nombreuses personnes impliquées, et pas seulement dans les grandes villes.

Tout ce milieu se retrouve désemparé, assommé par une décision unilatérale de l’État, balayant la question d’un revers de la main.

Cela est d’autant plus insupportable que, dans le même temps, tout un tas d’activités très discutables sur le plan sanitaire sont autorisées, ou en tous cas largement tolérées. De nombreux bars sont bondés depuis plusieurs jours, avec parfois même une piste de danse ainsi que des DJ set. Administrativement cependant, ces lieux relèvent de la catégorie « P » (comme les restaurants), alors cela est possible…

De la même manière, on sait très bien que les soirées faussement privées vont se multiplier, alors qu’elles existent déjà depuis quelques semaines. La généralisation depuis quelques années en banlieue parisienne des warehouses (soirées dans des lieux occasionnels) semi-légales va forcément connaître un nouveau souffle cet été, mais cette fois en dehors de toute norme, de tout contrôle social. Il en sera très probablement de même pour les free parties à la campagne, qui en général ne sont pas déclarées de toutes manières. Que va faire l’État, envoyer les CRS tenter d’empêcher cela pour des raisons sanitaires, alors que dans le même temps dans les centre-villes on a des gens les uns sur les autres dans les bars depuis plusieurs semaines ? On imagine que non, ou en tous cas pas sans vague.

On n’aura donc rien gagné sur le plan sanitaire, alors qu’une concertation permettrait d’envisager des choses… ou même d’accepter collectivement une interdiction. Il faudrait cependant pour cela une cohérence générale à l’échelle de la société, avec une généralisation des masques obligatoires, des interdictions de rassemblement publics de plus de 10 personnes sans distanciation sociale qui soit réellement mises en place, un vrai suivi de l’épidémie, etc.

Il faudrait également, et surtout, une société fonctionnement réellement de manière démocratique, avec une implication totale de la population dans l’organisation de sa propre réalité quotidienne. C’est précisément le projet social de la Gauche historique, qui est à l’heure actuelle d’une faiblesse inouïe, avec une Gauche en général complètement dépassée sur le plan culturel. C’est alors le libéralisme qui va l’emporter comme d’habitude, tant économiquement que culturellement.

On se dirige donc vers un été sans dancefloors… mais avec des dancefloors quand-même, de manière dispersée, non-concertée, chaotique et finalement dangereuse sur le plan sanitaire.

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Politique

Michel Onfray dans le Figaro pour une «troisième voie»

Dénonçant la gauche postmoderne tout en attaquant la Gauche historique, Michel Onfray se place pour devenir un théoricien relevant de l’extrême-Droite au sens strict.

Michel Onfray a publié dans Le Figaro une sorte de petit « manifeste » : « La Gauche acéphale ». C’est un pas de plus de sa part vers un engagement politique avec une ambition extrême. De fait, il formule une thèse assez simple, malgré tout un saupoudrage de références diverses et variées digne d’Eric Zemmour.

Ce que dit Michel Onfray, pas en ces termes mais c’est pareil, c’est qu’auparavant il y avait la Gauche historique et que désormais il y a la « gauche » postmoderne. Les deux ont failli, il faut donc une troisième voie.

Cette troisième voie a déjà un nom : le Fascisme, mais Michel Onfray n’assume pas encore, bien que le contenu de sa future revue « Front populaire » va être toujours plus clair, surtout avec la propagation de la crise.

Surtout que, inévitablement, la Gauche historique va revenir en force. Michel Onfray fait fonction ici d’obstacle à cela. C’est pour cela que Le Figaro présente ce petit écrit comme un « texte lumineux ».

Voici comment Michel Onfray dénonce la Gauche historique, celle de la lutte des classes :

« Il y eut une guerre franco-allemande perdue par la France dont on ne parle pas: c’est celle qui a opposé l’idéaliste Marx au pragmatique Proudhon.

Marx a bien sûr gagné ce combat. Il eut un allié de poids avec Lénine puis Staline, qui ont appliqué la théorie communiste sur une grande partie de l’Europe. Je sais que les dévots du concept estiment que le goulag n’était pas chez Marx, mais la légitimation de la violence s’y trouve. Or, le goulag n’est jamais que l’une des formes prises par cette violence. »

Puis vient mai 1968 et une victoire, selon Michel Onfray, de la gauche postmoderne. C’est tout à fait erroné, car en réalité ce qui suit mai 1968, c’est une frange de la Gauche historique passant dans la violence et ébranlant plusieurs pays : l’Italie, l’Allemagne de l’Ouest, la France, le Japon, les États-Unis.

Toutefois Michel Onfray est un intellectuel et son horizon se réduit aux intellectuels. Comme le structuralisme l’emporte dans les universités, alors il n’y a que cela qui existe. Il est dénoncé en les termes suivants :

« Le structuralisme annonce, avec force démonstrations obscures, qu’il existerait des structures invisibles, indicibles, ineffables qui gouverneraient tout ce qui est! Exit l’Histoire, vive le règne des Idées pures (…).

Elle [= la gauche française après 1991] a donc tourné son regard vers l’ouest et, fascinée par les campus américains, elle a demandé du contenu idéologique aux néostructuralistes qui avaient dépassé le marxisme dogmatique au profit du gauchisme culturel (…) [qui] critique, entre autres: la raison occidentale, la possibilité d’une vérité, le «phallogocentrisme» pour utiliser le concept de Derrida qui dénonce ainsi le pouvoir des discours du mâle blanc occidental, les processus démocratiques du débat et de la décision, la séparation des sexes, l’écriture de l’Histoire par les Occidentaux.

En même temps, elle adoube les marges comme des centres: les homosexuels, les transgenres, les femmes, les Noirs et les Maghrébins, les immigrés, les musulmans, mais aussi, ce sont les sujets de prédilection de Foucault, les prisonniers, les fous, les hermaphrodites, les criminels, sinon, ce sont là les héros de Deleuze, les drogués ou les schizophrènes. »

Michel Onfray en conclut que :

« La gauche marxiste monolithique, perdue après la mort de Marx et de son empire, a laissé place à une gauche moléculaire. La première visait l’universalisation de sa révolution ; la seconde, la généralisation du communautarisme. L’ancienne faisait peur au capital, la seconde le réjouit. »

Il y a ici une allusion très précise. Le terme « moléculaire » est une allusion au principe de « révolution moléculaire » de Félix Guattari, l’auteur avec Gilles Deleuze de « Mille plateaux ». Ces deux auteurs sont des figures majeures du courant « désirant », dont Julien Coupat et « l’insurrection qui vient » sont grosso modo des représentants.

Ce courant « désirant », si puissant il y a peu de temps encore, a d’ailleurs laissé sa place à l’activisme postmoderne, tout comme justement le structuralisme a cédé la placé au post-structuralisme base de l’idéologie postmoderne.

Il y a des nuances et différences entre les deux, mais Michel Onfray s’en moque (ou ne saisit pas que ce n’est pas la même chose), avec raison somme toute puisque les deux sont assimilables, et en conclut… non pas qu’il faille un retour à la Gauche historique, mais une réaffirmation de Proudhon. Par « acéphale », faut-il voir une allusion à Georges Bataille, philosophe mystico-désirant ? Peut-être pas mais le problème est facile à comprendre : les tenants de Proudhon sont éclectiques et assument.

C’est le propre du style fasciste. Michel Onfray aborde les choses de la même manière et on voit mal comment il ne pourra pas toujours plus se révéler un pion au service du Fascisme… Même s’il espère en devenir le roi.

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Écologie

ASPAS: «Mobilisation générale contre la chasse estivale!»

Voici la dernière communication de l’ASPAS, l’Association pour la protection des animaux sauvages, qui alerte sur le retour de la chasse en été et pointe le caractère particulièrement anti-démocratique de cette décision.

« Mobilisation générale contre la chasse estivale !

21/06/2020

C’est officiel : depuis le 1er juin, les chasseurs peuvent cette année encore abattre chevreuils, daims, sangliers et renards (presque) partout en France. Et ce malgré une forte (et inédite !) opposition citoyenne exprimée via les consultations publiques. Face à ce déni de démocratie, l’ASPAS a imaginé pour vous de nouvelles actions contre le lobby chasse.

Jamais la chasse d’été n’aura autant fait parler d’elle. Et c’est une excellente nouvelle ! Car plus les Français prendront conscience de l’existence de ces tueries estivales, plus nous ferons poids pour faire changer la loi. Les nombreuses consultations publiques organisées partout en France ce printemps sont sans appel : une majorité écrasante de Français refuse de subir ces 3 mois et demi de chasse supplémentaires, de surcroit à une saison synonyme de vacances au grand air et de reconnexion avec la nature !

Épaulée par de vaillants bénévoles, l’équipe de l’ASPAS a décortiqué les deux tiers des arrêtés préfectoraux (soit une soixantaine de départements) qui autorisent la chasse d’été. Aucun n’a tenu compte, dans sa décision finale, de l’avis des citoyens opposés à cette pratique !

Quelques exemples de départements à éviter cet été :

  • Vendée : 258 contributions, dont 84% d’opposants
  • Morbihan : 1266 contributions, dont 85% d’opposants
  • Aude : 219 contributions, dont 89% d’opposants
  • Cantal : 599 contributions dont 90% d’opposants
  • Hérault : 364 contributions, dont 90% d’opposants
  • Dordogne : 169 contributions, dont 95% d’opposants
  • Ariège : 644 contributions, dont 97% d’opposants
  • Charente-Maritime : 505 contributions, dont 97% d’opposants
  • Pyrénées-Atlantiques : 247 contributions, dont 98% d’opposants
  • Isère : 403 contributions, dont 99% d’opposants (!)

Ces résultats pourraient nous décourager. Nous pensons au contraire qu’ils doivent raviver la flamme de notre indignation collective ! Ces chiffres, qui seront gravés à jamais dans les archives publiques, démontrent une fois de plus que les Français rejettent massivement les abus de la chasse.

Aussi, nous vous proposons d’aller plus loin, en mettant en œuvre ces 3 nouvelles actions :

1 – Écrivez à la préfecture de votre département et aux élu-e-s de votre circonscription (coordonnées plus bas) pour exprimer votre désapprobation quant à l’autorisation de la chasse en été et votre souhait de pouvoir mener des activités nature en toute sécurité et sérénité.

Cliquez ici pour envoyer votre mail

Si le lien ci-dessus ne fonctionne pas, vous pouvez faire un copier-coller manuellement du texte ci-dessous :

Madame, Monsieur,

La réglementation autorise la chasse à tir de septembre à mars, mais les préfets peuvent l’autoriser dès le 1er juin pour les chevreuils, sangliers et daims. Ce qui devait être une exception est devenu le principe puisque tous les départements appliquent cette mesure permettant des tirs pendant 10 mois de l’année !

Pourtant, les tirs d’été exercent une pression cynégétique insoutenable pour les populations sauvages concernées.

Dès lors que des tirs d’été du chevreuil ou du sanglier sont autorisés, le renard pourra être chassé dans les mêmes conditions que ces espèces alors qu’il subit déjà trop de persécutions : chasse à courre jusqu’à fin mars, déterrage et piégeage toute l’année.

Ces tirs d’été vont inévitablement perturber d’autres espèces dont la chasse n’est pas encore ouverte, ou encore des espèces protégées, alors que les jeunes ne sont pas encore sevrés.

Ces tirs d’été augmentent lourdement et de manière inacceptable les risques d’accidents de chasse impliquant des non-chasseurs. Ces derniers n’auront en effet que très peu de mois pour se promener en pleine nature sans être inquiétés. Une telle décision est inéquitable et va à l’encontre de tout impératif de sécurité publique dont le préfet est pourtant le garant.

Aussi, je vous demande d’agir pour que cette mesure ne s’applique plus dans notre département, et de mettre tout en œuvre pour faire évoluer la réglementation nationale.

Cordialement,> Pour trouver les coordonnées de la préfecture de votre département, cliquez ici (fichier PDF).
> Pour les coordonnées de vos députés, cliquez ici.
> Pour les sénateurs, c’est ici.

2 – Dialoguez avec votre maire ou les candidats à la mairie pour limiter au maximum le périmètre de la chasse sur votre commune.

Oui, un maire a certains pouvoirs sur la chasse. Retrouvez les actions possibles pour un maire sur la page : aspas-nature.org/municipales

3 – Interpellez et sensibilisez en diffusant les panneaux « Attention, promenade en cours » de façon virale ou, sur le terrain, lors de vos balades.

Non ce ne sont pas aux promeneurs de faire attention aux chasseurs ! La nature n’appartient à personne, et elle ne doit pas être une chasse gardée. Chaque citoyen doit pouvoir accéder à la nature en toute liberté et en toute sérénité, sans l’angoisse de se faire tirer dessus !

Pour inverser le message, l’ASPAS a donc créé une déclinaison de panneaux que vous pouvez partager autour de vous (par mail, sur les réseaux sociaux…), ou carrément imprimer et utiliser dans la nature lors de vos sorties : n’hésitez pas à nous envoyer vos photos une fois le panneau posé !

Pour toute question pratique sur ces actions, vous pouvez écrire à actions@aspas-nature.org.

Cliquez sur les visuels pour télécharger les panneaux en pdf

[Voici un exemple de visuel ; pour retrouver toute la série de visuels, rendez-vous sur le site de l’ASPAS]

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Politique

Décès de l’historien Zeev Sternhell

Zeev Sternhell (1935-2020) a été un historien assez connu en France, à défaut d’être reconnu. La raison est que cet Israélien a considéré que le Fascisme en tant qu’idéologie puise dans la « droite révolutionnaire » française du XIXe siècle. Les historiens français considèrent au contraire que la France est historiquement imperméable au Fascisme.

Jeune Juif polonais fuyant les persécutions nazies, Zeev Sternhell passa plusieurs années en France avant de rejoindre Israël en 1951. Cela explique son tropisme français et ses œuvres ayant provoqué une vive polémique dans les milieux intellectuels français : Maurice Barrès et le nationalisme français ; La Droite révolutionnaire, 1885-1914 : les origines françaises du fascisme ; Ni droite ni gauche : l’idéologie fasciste en France.

La problématique est la même que chez Bernard-Henri Lévy avec L’Idéologie française. Tant Lévy que Sternhell, tous deux Juifs, disent que l’idéologie du régime de Vichy ne tombe pas du ciel mais qu’il existe bien une tradition fasciste spécifiquement française, d’orientation spiritualiste et vitaliste, consistant en une Droite à prétention conservatrice « révolutionnaire ».

Tous deux se sont fait écharpés par le milieu universitaire français : on ne touche pas si aisément à Barrès, Péguy, Bergson, ces monstres sacrés, ces idoles du fond français régionaliste, paysagiste, décentralisateur, tourné vers le spirituel, célébrant le culte des ancêtres, adepte du terroir.

On avait ici le fond d’une véritable critique des mentalités, une chose que la Gauche de notre pays n’a jamais fait, au contraire notamment de la Gauche allemande, italienne, autrichienne, russe… qui a souvent voire toujours porté son attention sur les mœurs, les comportements, les attitudes, etc.

Tant Bernard-Henri Lévy que Zeev Sternhell reprenaient d’ailleurs, en fin de compte, la critique marxiste d’une France de gauche pétrifiée dans le syndicalisme et farouchement anti-intellectuelle, au point de converger avec l’extrême-Droite.

Ils l’ont cependant abandonné. Bernard-Henri Lévy, d’une famille richissime, a choisi d’abandonner toute prétention intellectuelle pour jouer au « nouveau philosophe » à travers des Essais et vivre une vie dans l’opulence. Zeev Sternhell a lui mené une carrière dans la Gauche israélienne, notamment avec Shalom Archav (La Paix Maintenant), cherchant à faire revivre un sionisme de gauche bien spécifique aux années 1930-1960.

C’est que Zeev Sternhell, comme Bernard-Henri Lévy, était un intellectuel pour qui l’histoire, c’était l’histoire des idées. Tous deux pensaient que si une idéologie était démolie dans un ouvrage, alors elle le serait concrètement sur le terrain matériel. Il s’agit concrètement d’hégéliens de gauche cherchant à faire avancer l’histoire au moyen d’une dynamique des idées.

Chez Zeev Sternhell, les idées ont leur propre vie : elles avancent toutes seules, elles reculent toutes seules, et elles envoûtent les gens – ou pas.

Ce qui est assez flagrant, par exemple, est qu’on lit toujours au sujet de Zeev Sternhell qu’il aurait le premier dit qu’il aurait existé un Fascisme français. Or, la Gauche historique l’a dit bien avant lui et il y a même eu… le Front populaire. Mais ni les partisans ni les détracteurs de Zeev Sternhell n’abordent cette question, ni même Zeev Sternhell. On est dans le monde des idées, dans un idéalisme universitaire tout à fait traditionnel, entièrement extérieur au mouvement ouvrier. Le Fascisme comme réalité concrète, Zeev Sternhell ne l’aborde pas.

Il aura d’ailleurs fallu attendre 2019 pour qu’il aborde les Croix de Feu, et encore sous sa direction seulement. C’est là trois années après un un dossier maoïste à ce sujet, qu’il a forcément vu, ce qui le place à la remorque dans l’analyse. Il rate pareillement totalement des figures comme Bernanos ou Drieu La Rochelle, ce qui est pour le coup ridicule quand on se propose de parler du Fascisme en France.

C’est que là est le problème de fond : une analyse de l’extérieur permet un regard critique plus incisif, ce qui aide beaucoup. L’ensemble des dirigeants de l’extrême-Gauche en 1968 était d’origine juive, à peu de choses près. Cependant, si ce n’est pas aligné sur un mouvement historique réel, on passe dans des idées qui deviennent des abstractions. Cela donne alors un Daniel Cohn-Bendit beauf et conformiste, à l’opposé du contestataire de mai 1968.

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Société

Nouvelle tribune libérale défendant la légalisation du cannabis

Le magazine L’Obs a publié une nouvelle tribune en faveur de la légalisation du cannabis. Les défenseurs de cette drogue reviennent à la charge après une proposition de loi l’an passé. Ils prennent cette fois le prétexte de la crise sanitaire, qui selon eux justifierait encore plus cette légalisation. L’appel a été publié le 18 juin, ce qui est une référence à l’appel du « 18 joints », parodiant l’appel du 18 juin du Général de Gaulle. Cet appel libéral date d’il y a bien longtemps puisque c’est en 1976 qu’il fut publié dans Libération puis repris dans les années 1990 et 2000 par le Collectif d’information et de recherche cannabique (CIRC).

Pour la Gauche historique, celle du mouvement ouvrier, un tel « combat » libéral et décadent pour la drogue est inacceptable, anti-populaire par nature. Telle n’est pas le cas de la fausse Gauche, vraie libérale et bourgeoise, qui a largement accompagné toute cette mouvance, se voulant alors contestataire. Dorénavant, ces gens sont rentrés dans le rang et c’est maintenant autour de la majorité présidentielle et du gouvernement que l’on retrouve le cœur de la dynamique en faveur du cannabis, qu’ils veulent voir intégrer au capitalisme légalement, et plus seulement de manière clandestine. Cela rapporterait même de l’argent à l’État et créerait des emplois !

Les arguments présentés dans la tribune reflètent extraordinairement bien l’approche de ces gens, qui est le stade ultime de l’individualisme et la pulvérisation de toutes considérations sociales, collectives, civilisationnelles. C’est, pour le dire en deux mots, franchement réactionnaire. Pour la Gauche historique au contraire, le vrai combat est de sauver la jeunesse de l’emprise de la drogue et d’écraser véritablement les réseaux mafieux la distribuant.

Voici la tribune :

« Après la crise du Covid-19, il faut légaliser le cannabis, vite ! »

En juin 2019, avec une vingtaine de députés, nous déposions une proposition de loi relative « à la légalisation contrôlée de la production, de la vente et de la consommation de cannabis » [PDF]. La même semaine, le Conseil d’analyse économique (CAE), think tank rattaché à Matignon, préconisait dans un rapport très documenté [PDF] la légalisation du cannabis récréatif et une tribune dans « l’Obs », signée par 70 médecins, économistes et élus nationaux et locaux, plaidait pour cette légalisation.

Ces initiatives pour la légalisation du cannabis dénoncent les effets contre-productifs de la politique prohibitionniste mise en place avec la loi de 1970 mais s’attachent surtout aux avantages de cette légalisation.

L’argument économique revient en force à l’heure où nous cherchons des milliards d’euros pour faire face à la crise sanitaire, économique et sociale provoquée par le Covid-19. La légalisation permettrait en effet de faire rentrer chaque année dans les caisses de l’Etat entre 2 et 2,8 milliards d’euros et elle créerait entre 30 000 et 80 000 emplois, notamment dans le secteur agricole.

L’argument sécuritaire qui démontre que la légalisation permettrait de soulager les forces de police de plus de 120 000 interpellations par an pour simple usage et de plus d’un million d’heures de travail des forces de l’ordre est largement partagé. N’oublions pas que le coût de la répression par l’appareil policier et judiciaire est estimé entre 550 et 700 millions d’euros par an.

L’argument sanitaire qui place la protection de la jeunesse au cœur des politiques de prévention est tout aussi pertinent. Légaliser, c’est maîtriser la distribution du produit, sa composition tout en permettant de développer des vraies politiques de santé publique, de prévention et d’accompagnement à destination des usagers.

L’argument social ou sociétal, enfin, qui consiste à cesser de faire de la consommation de cannabis un problème judiciaire et un problème médical sans voir la banalisation du produit, la diversité de ses consommateurs, son ancrage dans la société et ses multiples usages. Il s’agit également d’être à l’écoute des évolutions des politiques publiques sur le sujet en s’inspirant des expériences conduites à travers le monde.

Développer une approche pragmatique et adaptée à notre pays

La France devrait s’inspirer des modèles étrangers, en construisant une politique publique à la lumière de leurs forces et de leurs faiblesses. Le Canada, les Etats de Washington, de la Californie et du Colorado aux Etats-Unis, l’Uruguay, ou le Portugal, représentent des expériences diverses et une formidable opportunité afin de développer une approche pragmatique et adaptée à notre pays. On ne peut ignorer les profonds changements en cours à l’international comme au sein de l’Union européenne : récemment le Luxembourg et Israël ont déclaré vouloir avancer vers des processus de légalisation du cannabis.

Il est plus que jamais nécessaire que nous puissions avancer sur des fondements objectifs, notamment via la mission d’information à l’Assemblée nationale, d’autant plus que la crise du Covid-19 a posé la question de la dépendance et du rôle du cannabis en période de confinement et de crise sanitaire.

Une enquête inédite CANNAVID pilotée par les associations marseillaises Bus 31/32 et Plus Belle La Nuit, en partenariat avec l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), lancée fin avril, s’est intéressée aux conséquences du confinement sur les usages, les pratiques et la santé des consommateurs réguliers de cannabis. Les résultats indiquent une augmentation sensible de la consommation avec des motivations très largement thérapeutiques ou d’automédication liée au stress, aux insomnies, à la douleur. Pour beaucoup, le confinement est resté une douloureuse épreuve que le cannabis est parvenu à soulager.

Les services de police soulignent que la logistique des trafics s’est réinventée pour faire face à la crise. Ni la prohibition ni le confinement n’ont eu d’effet sur la consommation. Demain, la logistique des trafics s’organisera aussi en fonction des nouvelles frontières de la légalisation.

On fera du marché noir en France tandis qu’on pourra aller s’approvisionner sans contrainte au Luxembourg qui va devenir le premier pays européen à légaliser la culture, le commerce et la consommation du cannabis à usage récréatif. L’absurdité de notre système est avérée.

La légalisation du cannabis à échéance 2021 contribuerait donc à sécuriser l’ensemble de la population sur un plan sanitaire et les consommateurs en premier.

Mais avant de légaliser il s’agit très vite de dépénaliser l’usage tout en permettant un réel débat public. Dépénaliser comme l’ont fait la plupart de nos voisins européens serait sans doute un signe fort et responsable vis-à-vis des millions de Français qui consomment et en ont assez qu’on ne les considère que comme des malades ou des délinquants.

LES SIGNATAIRES

François-Michel LAMBERT député et coprésident de LEF (Liberté écologie fraternité) ; Caroline JANVIER, députée LREM ; Jean-Luc BENNAHMIAS, membre du CESE (Conseil économique social et environnemental) et ancien député européen ; Sylvia PINEL, députée PRG ; Guillaume CHICHE, député ; Aurelien Taché, député ; Delphine BAGARRY, députée ; Sébastien NADOT, député MDP (Mouvement des progressistes) ; Jean Lassalle, député ; Michèle VICTORY, députée PS ; Loïc PRUD’HOMME, Député LFI ; Esther BENBASSA, sénatrice EELV ; Olivier CADIC, sénateur UDI ; Frédérique DUMAS, députée ; Jean-Michel CLEMENT, député ; Valérie PETIT, députée ; Hubert JULIEN-LAFERRIERE, député ; Annie CHAPELLIER, députée ; Moetai BROTHERSON, député Tavini huiraatira ; Sonia KRIMI, députée LREM ; Guillaume GONTARD, sénateur ; Joël GIRAUD, député LREM ; Gil AVEROUS, Maire de Châteauroux, LR ; Jean-Luc ROMERO, Conseil Régional IdF, Président de l’ADMD (Association droit de mourir dans la dignité) ; Olivia HICKS, 1er adjoint au Maire de Paris 2eme, EELV ; Stéphane GATIGNON, ancien Maire de SEVRAN ; Gaspard KOENIG, Philosophe et Fondateur de Génération Libre ; Dr Béatrice STAMBUL, psychiatre, Présidente d’honneur d’AFR (Association française réduction des risques) ; Martin VICTOR, chargé de projet RDR BUS 31/32 ; Robert J. GARY-BOBO, membre CREST ENSAE (Centre de recherche en économie et statistique) ; Benoît VAN DERMAEUSEN, 1er Vice-Président JAP coordinateur ; Bénédicte DESFORGES, Collectif Police contre la Prohibition ; Khalid TINASTI, secretaire général de la commission mondiale pour la politique des drogues ; Henri BERGERON, directeur recherches au CNRS ; Dr Aurélie TINLAND, psychiatre ; Dr Michèle BOURELLY, docteur en Pharmacie ; Sandra LA BERTHE, coordinatrice RESAD84 ; Dr William LOWENSTEIN, Président SOS addiction ; Jean-Pierre CECCALDI, Fondateur Magazine le Cannabiste ; Catherine AUMOND Professeur ; Michel KAZATCHKINE, membre commission mondiale pour la politique des drogues ; Renaud COLSON, enseignant chercheur ; Farid GHEHIOUECHE Porte-Parole de Cannabis sans frontières ; Florian CLARTE ; Tom DECORTE Institute For Social Drug Research ; Stéphane MONTIGNY, Président AIDES Paca ; Anne COPEL, GRECC (Groupe de recherche et d’études cliniques sur les cannabidoïdes) ; Dr Christian SUEUR, GRECC ; Nicolas BONNET, GRECC ; Dr Olivier BAGNIS, Médecin Référent du CSAPA (centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie) des Baumettes ; Dr Eric MALBOS, psychiatre ; Dr Guillaume BAYET ; Dr Muriel GREGOIRE, Addictologue ; Dr Rodolphe INGOLD, GRECC ; Fabrice RIZZOLI, Président de CRIM’HALT ; Dr Laurent GOURARIER, Psychiatre ; Pierre CHAPPARD, Membre de psychoactifs ; Fabienne LOPEZ, Principe Actif ; Le CIRC – Le Collectif d’Information et de Recherche Cannabique »