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L’intervention du 19 avril 2020 du premier ministre Édouard Philippe

D’un côté, Emmanuel Macron presse le déconfinement pour se donner une bonne image. De l’autre, le premier ministre gère la réalité. La situation est intenable.

Le premier ministre Édouard Philippe a un triste rôle : celui de chercher à temporiser. Le président Emmanuel Macron fait des promesses sur un ton lyrique et lui passe derrière pour dire qu’en fait… on ne sait pas, ou en tout cas pas comme ça. Car le problème de fond est simple : tant qu’il n’y a pas de vaccin, cela sera la distanciation sociale. Édouard Philippe répond donc sans répondre.

Un plan complet ? « Ce n’est pas le moment. » Le 11 mai comme retour à la normal ? « Pas tout de suite et probablement pas avant longtemps. » Le port du masque obligatoire dans les transports en commun après le 11 mai ? « Probable. » La réouverture des écoles le 11 mai, sur quel mode ? « On peut imaginer beaucoup de choses. » Le second tour des municipales en juin ? « Peut-être, mais je ne sais pas. »

Là pour le coup c’est explosif et Marine Le Pen se frotte les mains. Elle a en effet expliqué au sujet des élections :

« Je ne suis pas sûr que septembre soit la meilleure date, pour une raison simple, c’est que nous serons dans une situation de grave crise économique et ce sera l’urgence du moment ».

Et de fait elle demande des élections en mars 2021, histoire d’avoir récolté les voix entre-temps !

Car la situation est malheureusement simple, dans l’état actuel des choses. S’il n’y a pas une vraie vague de lutte de classes, alors ce sera soit la stabilité crispée d’Emmanuel Macron, soit le populisme agressif de Marine Le Pen avec une voie royale vers le militarisme, le fascisme. On semble tout à fait mal parti, très mal parti.

Il faudrait une Gauche capable, dans le cadre de la crise sanitaire, de poser des principes stricts, de montrer qu’il y a une capacité étatique de gérer, mais il n’y a rien. La Gauche est hors-jeu. Et ne parlons pas des anarchistes, de l’ultra-gauche… qui ont la même mentalité que les partisans de Donald Trump : le confinement serait un empiétement de l’État sur les droits, etc.

De plus, il faudrait pour que la Gauche avance que les Français aillent dans un sens ou dans un autre. Or, là on a bien d’un côté des capitalistes qui poussent au déconfinement et de l’autre des travailleurs rageant de la situation où ils sont au front : 70 % d’entre eux travaillent !

Mais le souci est que dans l’opinion publique, la tendance qui prime dépasse la lutte de classes et elle est incohérente : les gens ne croient pas du tout en le déconfinement promis, mais ils veulent y croire car ils en ont assez !

Cette double opposition est quelque chose définissant la France en ce moment. C’est cela qui définit les mentalités, les attitudes, les comportements, les raisonnements… Et cela n’apporte rien à la Gauche, qui est obligé d’attendre la prochaine étape.

Seulement tout va aller de plus en plus vite, et la crise va être de plus en plus profonde. Le tissu social français va se déchirer, tout va être d’une immense brutalité et le peuple est totalement déconnecté de la réalité, il ne comprend pas ce qui va lui tomber dessus.

Les responsabilités de la Gauche sont donc immenses. Si elle se rate, elle ne s’en relèvera pas.

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Société

Villeneuve-la-Garenne : le désemparement de l’État face au cannibalisme social

Un homme a été blessé à Villeneuve-la-Garenne en banlieue parisienne après avoir percuté la portière d’une voiture de police, alors qu’il roulait à contre-sens sur une piste cyclable, sans casque, à toute allure, de nuit, sur une moto très bruyante. Qu’un tel comportement anti-social soit possible, et récurent, montre une grande faiblesse de la part de l’État, alors que nous sommes dans une période nécessitant la plus grande discipline collective et le plus strict respect des consignes sanitaires pour préserver les personnes âgées et fragiles.

Faut-il être complètement arriéré pour, à 30 ans, en plein confinement sanitaire, « s’amuser » à faire des aller-retours en moto la nuit à pleine vitesse, sans aucune considération pour qui que ce soit ? Et dire que cet homme a le toupet de porter plainte contre la police, comme l’a annoncé le populiste Taha Bouahafs ayant parlé avec l’avocat…

On a affaire ici à ce qu’il faut qualifier de véritable cannibalisme social, consistant en le mépris total pour toute perspective collective, pour toute considération sociale. Le vrombissement insupportable des moto-cross, des mini-motos et des quads est l’illustration sonore habituelle de ce mépris pour les autres, y compris pendant le confinement. Surtout pendant le confinement.

Les habitants des quartiers HLM se retrouvent alors complètement désemparés, abandonnés par un État incapable de faire respecter les règles de vie commune les plus élémentaires. Ces derniers jours, des attaques délibérées contre la police ont été recensées dans de nombreuses cités, comme avec ce guet-apens contre des motards de la police filmé à Hem dans le Nord. Il y a eu des incidents de ce type à Chanteloup-les-Vignes, à Grigny, au Val Fourré, à Trappes, à Villiers-sur-Marne, à Bordeaux, à Évreux ou encore au Havre, en plein confinement donc.

Le chiffre donné par la police du nombre de verbalisations pour non-respect des autorisations de sortie est d’ailleurs monstrueux : plus de 800 000, pour 13,5 millions de contrôles. Comment l’État peut-il prétendre que le confinement est bien respecté par la population française avec un tel chiffre ?

À Villeneuve-la-Garenne, il y a eu après la chute du délinquant à moto (qui est de surcroît sous contrôle judiciaire depuis le 16 mars pour menaces de mort d’après la presse), un attroupement de plusieurs dizaines de personnes menaçant la police, filmant de manière hargneuse en prétendant qu’une jambe était arrachée, etc. S’en est suivi dans la journée de dimanche le cinéma habituel sur les réseaux sociaux avec une dénonciation des « violences policières », allant jusqu’à la diffusion de la photo d’un des policiers et à des appels à la vengeance.

Il existe ainsi en France toute une attitude, tout un réseau de gens, valorisant ou défendant ce cannibalisme social, justifiant cela par tout et n’importe quoi. La palme de l’indécence revient certainement ici à Mélanie Luce, la présidente de la moribonde Unef (le syndicat étudiant historiquement lié à la Gauche), qui a trouvé opportun de faire ce commentaire stupide :

«  #VilleneuveLaGarenne Encore, encore et encore. Le #confinement ne justifie ni tabassage, ni perte de membre, ni mort. Marre de ces #ViolencesPolicieres qui se répètent ds les quartiers populaires, souvent sur les personnes racisées.

@gouvernementFR

à quand 1 vraie réponse?  »

Le confinement pour préserver la santé des personnes les plus fragiles semble donc à ses yeux moins important que la fracture à la jambe (soignée dans les heures suivantes) d’un délinquant cassant les oreilles de tout le monde en pleine nuit.

La victimisation petite-bourgeoise, de type postmoderne, montre ici son visage anti-populaire, au service du cannibalise social.

La Gauche, si elle ne veut pas se faire broyer par le mouvement de l’Histoire, doit absolument se débarrasser de ces usurpateurs comme Mélanie Luce qui pourrissent de l’intérieur toutes les questions démocratiques, tous les combats populaires. La Gauche, c’est la haine des comportements anti-sociaux, d’où qu’ils soient, du bas de la société ou de ses plus hautes sphères.

Et même encore plus quand c’est en bas de la société, car sans le socialisme le peuple bascule dans l’ignorance, la déchéance morale, l’aliénation, le désespoir…

Face à une telle décomposition sociale, et en pleine crise sanitaire, il faut un État fort, s’appuyant solidement sur les classes populaires car étant leur expression directe,  avec comme seule boussole l’intérêt collectif.

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Séquence lunaire et dramatique de Luc Montagnier sur Cnews

Le professeur Luc Montagnier, prix Nobel de médecine en 2008 pour ses travaux sur la définition scientifique du VIH, a été utilisé de manière racoleuse au plus haut degré par les animateurs de la chaîne CNews en mal de sensation forte. Face à de telles personnes jouant sur l’irrationnel et les peurs de l’opinion publique, la société devrait répondre de la manière la plus sévère qu’il soit.

Pascal Praud est un formidable animateur de notre époque, au sens où il est un brillant comédien. Ce qu’il pense, on ne le sait pas, mais il a un rôle tout à fait défini et il le joue admirablement. C’est le rôle du sceptique oscillant entre questions béates et réponses cyniques, pour forcer à ce que soit exprimé des choses marquantes.

La démarche est évidemment commerciale de bout en bout et Pascal Praud est ici un simple outil. Le 16 avril il lançait ainsi :

« Quand j’entends les professeurs, qui ne vont pas aider Emmanuel Macron le 11 mai prochain – parce que les profs ne vont pas l’aider – dire qu’ils ne vont pas rentrer parce que la sécurité, parce que le sanitaire, parce que ceci, etc… Il y aura toujours des bonnes raisons de ne pas rentrer (…).

Alors je ne vais pas me faire des amis en disant ça, mais à un moment, globalement les profs, faut y aller ! Il faut y aller le 11 mai. Mais je vous dis qu’ils ne l’aideront pas ! »

Le passage du professeur Luc Montagnier dans son émission dépasse pourtant ce cadre déjà dégoûtant, en passant dans l’infâme. Le tout sans aucun respect pour les consignes de distanciation sociale sur le plateau. La séquence est lunaire et dramatique. Le professeur, très âgé, est débordé, dépassé, sciemment utilisé pour aller dans le sens de remarques frappantes, traumatisantes, bref allant dans le sens de l’utilité pour une chaîne d’infos en mal de « buzz ».

https://www.youtube.com/watch?v=ZVSN1D5TwOQ

Si cela a été possible, c’est que Luc Montagnier, c’est comme Didier Raoult : des intuitions lumineuses mélangées à des conceptions irrationnelles dues à l’incompréhension de ce qu’ils comprennent. C’est là le défaut d’une absence d’une vue d’ensemble ou, pire, de la présence d’éléments seulement d’une vue d’ensemble.

Les propos les plus décalés des scientifiques ne tombent pas du ciel : ils sont une réponse déformée à ce qui est vu mais incompris dans ses fondements. Par exemple, Didier Raoult a bien compris que les statistiques rataient le réel, que même les expériences menées en série rataient le mouvement réel des choses. Mais il ne sait pas pourquoi donc bascule dans une démarche rupturiste anti-rationnel.

De la même manière, Luc Montagnier a déversé sur Cnews une série d’absurdités mêlée à des remarques de la plus haute pertinence. Bien malin celui qui trie le bon grain de l’ivraie.

Luc Montagnier dit la chose suivante :

a) il y aurait selon lui des fragments d’ADN du VIH dans le génome de SARS-CoV-2 ;

b) il pense que cela proviendrait de tests pour mettre au point un vaccin contre le SIDA ;

c) comme ce virus n’est pas naturel, la nature va s’en débarrasser à terme, car il est artificiel et non viable ;

d) on peut essayer d’utiliser des ondes pour détruire en attendant la maladie et il y a un rapport avec les ondes 5G utilisés massivement à Wuhan, qui auraient renforcé la maladie.

Le point c) est d’une intelligence rare et c’est la preuve que la nature est comprise comme système : c’est tout à fait matérialiste. Le point d) relève par contre lui de la science-fiction dans l’état actuel des choses.

Le point b) est le fétichisme du chercheur en laboratoire et le point a) une illusion. Pourquoi ? Car même en admettant qu’il ait raison, rien ne dit que cela ne peut pas être naturel, ce qu’ont d’ailleurs constaté les autres chercheurs, qui pensent même qu’il y a trop peu d’éléments pour prouver inversement que cela ne le serait pas.

Luc Montagnier sous-estime ici la richesse du mouvement naturel, parce qu’il la voit statiquement et cela ruine toute son approche. D’où son basculement dans la logique complotiste : on sait mais on veut pas dire que cela vient du laboratoire P4 de Wuhan, etc.

Le timing rend tout cela encore plus encore plus douteux, puisque c’est précisément au moment où nombre de médias américains pro-Trump affirment cela, afin de dédouaner celui-ci par rapport à son échec dans la réponse sanitaire.

Et quand bien même il aurait raison sur tout, comme Didier Raoult, la formulation de ces thèses, le mode de présentation, les attitudes accompagnent celle-ci, tout cela confine à l’absurde. Le passage de Luc Montagnier à Cnews, avec celui-ci passant à côté des questions, répétant ses propos comme un disque rayé et visiblement ravi de les dire… est une farce mais surtout un drame.

Nous avons besoin d’une société socialiste rien que déjà pour que les responsable de cette triste farce aient des comptes à rendre.

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Une tribune hallucinée de maires de gauche en faveur du déconfinement

La tentative de déborder Emmanuel Macron conduit certains maires de gauche à une démarche hallucinée. Il faudrait que les municipalités soient en première ligne pour un déconfinement dès le 11 mai. C’est absurde ou manipulatoire.

Dans une tribune, des maires franciliens de gauche disent qu’ils sont prêts à gérer les mesures mises en place en théorie le 11 mai. Les maires listent les masques pour les écoles, les tests de dépistages, les moyens financier, la gestion des cas signalés.

Les signataires de la tribune sont soit des menteurs soit des naïfs complets. Ces maires prennent en effet très au sérieux le déconfinement et cherchent à déborder Emmanuel Macron en disant qu’ils sont prêts à être en première ligne, si l’État les soutient.

Soit ils y croient vraiment et à ce moment là ils sont d’une naïveté confondante. Soit ils n’y croient pas, tablant sur la déception, et là c’est du machiavélisme le plus ignoble.

Soit ils y croient et servent le capitalisme qui veut redémarrer le plus vite, en force. Ils sont alors à dénoncer. Soit ils n’y croient pas, imaginant qu’il n’y ait pas ces moyens ou que la date de déconfinement sera repoussé… Et alors ils sont manipulateurs. Ils sont alors à dénoncer également.

Il faudra se souvenir d’eux le 11 mai !

« Depuis le début de la crise sanitaire épidémique, les élus locaux – en première ligne pour protéger leurs populations – ne cessent de constater que les ravages du coronavirus frappent les plus fragiles. Nos personnes âgées sont les premières à en mourir, si elles ne sont pas condamnées à vivre le confinement dans la solitude. Dans nos villes, s’exacerbe l’agacement qui oppose ceux qui observent strictement les règles de confinement, à ceux qui s’en affranchissent trop facilement, au risque de mettre en danger leurs vies et celles des autres.

On ne compte plus dans notre Région les cas de familles recluses dans quelques mètres carrés et désormais privées d’activités de plein air en journée. Et que dire de celles et ceux qui n’ont pas toujours pas accès à une connexion internet satisfaisante ou une imprimante pour suivre la continuité des cours mis en place par nos professeur.e.s pour nos enfants. Lundi dernier, le président de la République a annoncé sa volonté de voir la vie des Français reprendre progressivement son cours à partir du 11 mai prochain. Comme trop souvent depuis le début de la crise, ses annonces ont été éclipsées dès le lendemain par les propos ambigus voire même contradictoires de certains ministres.

Pourtant, pour les Français, le 11 mai est tout sauf théorique. C’est un objectif, et pour l’atteindre, un travail concerté entre l’État et les collectivités locales est nécessaire. Pour le réussir, nos Villes sont devenues de l’aveu même du chef de l’Etat incontournables. Et il est vrai que nous prenons – depuis le début de la crise – plus encore que notre part dans la préparation du « déconfinement ».

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Dans de nombreux territoires la résilience face à la crise doit beaucoup au services municipaux mais aussi à de nombreux volontaires qui ont donné de leur temps

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Pourtant, les communes ne sont pas toutes égales devant ce fléau, certaines doivent être plus aidées que d’autres. Les services de l’État et des moyens supplémentaires doivent y être déployés pour qu’elles soient prêtent le 11 mai. Dans de nombreux territoires la résilience face à la crise doit beaucoup au services municipaux mais aussi à de nombreux volontaires (agents, citoyen.ne.s, élu.e.s, associations) qui ont donné de leur temps pour des missions de soutien sanitaire auprès des personnes isolées ou en difficulté.

  • D’ici au 11 mai, nous sommes prêts à mettre à disposition de nos écoles, des protections sanitaires (masques, gels,…) contre le COVID-19 pour que les enfants puissent reprendre les chemins du savoir… si l’État nous accompagne.
  • D’ici au 11 mai, nous sommes prêts à organiser la mise en œuvre concrète d’un dépistage massif de nos populations, pour qu’elles puissent se rendre au travail…si l’État nous accompagne.
  • D’ici au 11 mai, nous sommes prêts à débloquer des fonds de secours à destination de nos petits commerces de proximité pour sauver le plus possible d’emplois…si l’État nous accompagne.
  • D’ici au 11 mai, nous sommes prêts à organiser la gestion des cas signalés d’infections – pour permettre de les suivre avec précision, proximité et humanité – sans que nous ayons à recourir à des technologies intrusives… si l’État nous accompagne.

Alors que 73% des Français conservent aux Maires leur confiance pendant la crise, il est temps pour l’État d’accorder enfin la sienne aux Maires. Bien plus qu’une coopération, c’est un principe d’action commune qui s’impose désormais entre l’État et nos Villes. A la subordination doit désormais succéder la coordination. A la dépendance doit désormais succéder l’autonomie. A la défiance, doit désormais succéder la confiance. Pourtant, depuis le début de cette crise sans précédent, les initiatives locales n’ont pas été assez soutenues, quand elles n’ont pas été tout simplement freinées par l’État.

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Nous pouvons collectivement réussir le déconfinement du 11 mai… si l’État nous accompagne

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L’achat de masques ou la mise en place de mesures barrières spécifiques à l’environnement local n’ont pas toujours été comprises par les services préfectoraux. Il devient urgent de coordonner nos initiatives et de les porter collectivement quand cela est possible. Aussi, nous proposons sans plus attendre de créer une « Coordination Bouclier Anti-Covid » des maires franciliens, pour que notre région s’arme pour : – Lutter contre les effets sanitaires, sociaux et économiques du virus – Pour mutualiser les bonnes pratiques locales d’accompagnement des habitants durant le confinement – Pour préparer les mesures qui rendront possible le déconfinement et permettront d’accompagner ses conséquences économiques et sociales.

Cette Coordination aura vocation à présenter au Gouvernement un Livre blanc – dans les prochaines semaines – qui recensera nos bonnes pratiques locales pour lutter contre l’épidémie et pour préparer la société de l’après-Covid. Il listera aussi l’ensemble des besoins de nos Villes pour réussir le déconfinement. Enfin, nous rappelons que pour retrouver une liberté plus grande dans nos déplacements, un plan sanitaire d’envergure – masques, tests, lits de réanimation supplémentaires – sera indispensable pour ne pas surcharger à nouveau nos hôpitaux. Oui, nous pouvons collectivement réussir le déconfinement du 11 mai… si l’État nous accompagne.

Les signataires :

Alfortville – Luc CARVOUNAS
Arcueil – Christian MÉTAIRIE
Boissy-Saint-Léger – Régis CHARBONNIER
Bondy – Sylvine THOMASSIN
Bonneuil-sur-Marne – Patrick DOUET
Cachan – Hélène de COMARMOND
Créteil – Laurent CATHALA
Fontenay-Sous-Bois – Jean-Philippe GAUTRAIS
Fresnes – Marie CHAVANON
Gonesse – Jean-Pierre BLAZY
Lognes – André YUSTE
Nanterre – Patrick JARRY
Orsay – David ROS
Paris Vallée de la Marne – Paul MIGUEL
Pontault-Combault – Gilles BORD
Sarcelles – Patrick HADDAD
Vitry-sur-Seine – Jean-Claude KENNEDY »
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Politique

La crise économique est déjà majeure aux États-Unis, annonçant une crise mondiale et gigantesque

Alors que le gouvernement français tient encore à faire croire que les activités reprendront progressivement leur cours à partir du 11 mai, la crise économique, elle, s’installe durablement. La situation américaine est probablement un avant-goût de ce qui attend la France et elle aura de toutes manière des répercussions partout dans le monde.

De par la nature de son fonctionnement, le capitalisme américain vit en accéléré ce que d’autres pays vivront bientôt. Les millions de chômeurs américains sont ainsi l’équivalent des millions de chômeurs partiels français, mais en plus brutal, en plus rapide.

Et encore, les effets de la crise y sont aussi en partie temporairement endigués, reportés. La législation a été réformée à la hâte fin mars pour allonger les possibilités de retards de paiement, que ce soit d’hypothèques ou de diverses échéances. Les saisies de propriétés sont suspendues pour plusieurs semaines, repoussant à plus tard tout un tas de problèmes de ce type. Il est estimé que le semaine dernière, il y a déjà eu une augmentation de 1200 % par rapport à la normale des demandes de délais pour des dettes ou factures.

Les États-Unis, donc, la première puissance économique mondiale, dont la monnaie structure directement ou indirectement quasiment tous les échanges économiques internationaux, s’enfonce d’ores et déjà dans une crise de grande ampleur. Le choc est considéré comme étant d’une violence inégalée depuis la Grande Dépression après le crack boursier de 1929.

Ce sont 22 millions d’emplois qui ont déjà disparus, pour certain du jour au lendemain, en seulement quatre semaines. C’est équivalent au total des création d’emplois dans le pays… depuis onze ans, c’est-à-dire depuis la crise de 2008-2009. Le taux de chômage prévu pour avril est de 20 %.

Autre comparaison : les ventes au détail se sont effondrées en un mois de presque autant qu’en seize semaine au cours de la crise des subprimes de 2008-2009. Cela alors que les ventes en ligne explosent dans le même temps, les géants Walmart et Amazon cherchant actuellement à embaucher… 500 000 nouvelles personnes. La consommation actuelle d’essence est revenue à ce qu’elle était en 1968. L’économie du Texas, producteur majeur de pétrole, est pour cette raison déjà sinistrée.

Comme presque partout dans le monde, des secteurs entiers de l’économie sont à l’arrêt, de nombreuses usines comme celles de Boeing ou de l’industrie automobile sont fermées et ne produisent plus aucune valeur. L’américain Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie 2001, estime ainsi que la vague va être terrible pour de nombreux américains, avec des pertes de revenus considérées comme dévastatrices.

Certains prévisionnistes imaginent une reprise massive et drastique des activités bientôt, avec une croissance faisant un bond pour rattraper le retard. Donald Trump pousse en ce sens en annonçant des déconfinements hâtifs dès le mois de mai… Sauf que la situation sanitaire, comme en France, n’est absolument pas sous contrôle et les gouverneurs de nombreux États ne sont aucunement en mesure de desserrer les confinements avant un moment. Rien que l’État de New York, dont la population est de 20 millions d’habitants, a déjà près de 13 000 morts du Covid-19.

Le capitalisme, pour se relancer, a besoin que soient produites massivement des marchandises, et donc qu’elles soient achetées. Sauf que dans un telle situations de crise, d’incertitude, la population a tendance à freiner ses dépenses, soit par manque d’argent tout simplement, soit par volonté de se prémunir. Cela précipite d’autant plus l’effet de crise. Ce problème redouté aux États-Unis l’est également en France, le ministre des finance s’en étant d’ailleurs publiquement inquiété, constatant une hausse massive de l’épargne ces derniers jours.

La situation catastrophique de l’économie américaine engendrera forcément une pressions accrue sur les pays pauvres, sur les travailleurs eux-mêmes. La France, en tant que puissance secondaire, sera aussi directement impactée par ce vacillement, alors qu’elle voit déjà son économie mise sous tension.

EDF a annoncé que des réacteur nucléaires vont être mis à l’arrêt, la baisse de la production d’électricité d’origine nucléaire étant actuellement de 20 % par rapport à ce qui était prévue sur la période, correspondant à une baisse de la consommation énergétique de 20 % également. C’est absolument gigantesque, marquant un ralentissement profond de l’activité industrielle du pays. La perte de chiffre d’affaire pour EDF contribue également à alimenter la dynamique de la crise.

Cela est d’autant plus vrai que, comme l’a expliqué dans la presse un économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques, Mathieu Plane, rien ne dit que les restaurants, hôtels, cinémas ou centres commerciaux seront de nouveau ouverts en juillet et août. De nombreux secteurs vont être durablement et profondément impactés, affaiblissant toute la chaîne économique.

La crise va être de grande ampleur… Elle l’est déjà. Le capitalisme est dans une situation de grande faiblesse et précipitera forcément de nombreuses personnes dans sa chute. En plus de la pression accrue sur les travailleurs, les tensions vont être exacerbée entre les pays, contre la planète elle-même.

Les jours à venir n’ont rien d’« heureux », il faut s’attendre à des bouleversements gigantesques. Conduire ces bouleversements pour passer un cap est le rôle de la Gauche.

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Un inspecteur du travail suspendu: réaction de la CGT

Voici le communiqué de la CGT suite à la suspension d’Anthony Smith, inspecteur du travail dans la Marne, lui-même de la CGT.

« Pénicaud met à pied un inspecteur du travail qui tente de faire appliquer le droit, la politique de mise en danger des salarié-es doit cesser !

Communiqué commun de la confédération CGT, de l’Union fédérale des syndicats de l’Etat, du SNTEFP-CGT et la CGT de la Marne

Anthony Smith, inspecteur du travail du département de la Marne, ancien secrétaire général de la CGT TEFP, membre de son bureau national et représentant des inspecteur-trices du travail au Conseil national de l’inspection du travail, vient de se voir notifier la suspension immédiate de ses fonctions « dans l’intérêt du service », à titre conservatoire, dans l’attente de la mise en œuvre d’une possible sanction disciplinaire.

Le motif de cette procédure d’une extrême violence ? Notre collègue et camarade a voulu continuer à exercer ses missions de contrôle du respect du droit du travail dans cette période où les salarié-es qui continuent de travailler sont encore davantage exposé-es qu’en temps normal. Il lui est ainsi notamment reproché d’avoir adressé des lettres de rappel de la réglementation aux entreprises de son secteur, et surtout d’avoir engagé « hors du cadre collectif de l’unité de contrôle » une procédure de référé visant une structure d’aide à domicile n’ayant pas pris de mesures suffisantes pour préserver la santé et la sécurité des travailleur-euses qu’elle emploie. Il lui est également expressément reproché d’avoir demandé à l’employeur de cette structure de mettre des masques de protection et d’autres équipements de protection individuelle à disposition des aides à domicile alors même que des salarié-es de l’association ont été hospitalisé-es et plusieurs autres  en arrêt pour suspicion de COVID 19.

Depuis le début de la crise sanitaire que nous traversons, l’orientation du ministère du travail est la poursuite de l’activité économique à tout prix, et quel qu’en soit le coût pour les salariés. La suspension de notre collègue et camarade s’inscrit dans la droite ligne de cette doctrine. Muriel Pénicaud veut faire régner la terreur dans les rangs de l’inspection du travail, perçue comme un obstacle à cette orientation, afin de dissuader les agents de contrôle de faire usage des pouvoirs que leur confère le code du travail. L’objectif est notamment d’éviter que les procédures en référé, comme celles qui ont été couronnées de succès dans le département du Nord, ne se généralisent sur le territoire.

A cette fin, comme le dénonce depuis maintenant plusieurs semaines l’intersyndicale CGT-SUD-FSU-CNT du ministère du travail qui vont saisir l’OIT, le ministère du travail est prêt à toutes les dérives et n’hésite pas à violer allégrement les textes nationaux et internationaux, notamment l’article 6 de la convention n°81 de l’OIT qui rend les agent-es de l’inspection du travail indépendant-es « de toute influence extérieure indue ».

Car cette procédure infâme est engagée sur fond de complète collusion entre la hiérarchie locale et l’employeur visé par l’assignation en référé, important pourvoyeur d’emplois à Reims. Relayant les pressions du pouvoir politique et du patronat, la responsable départementale de la DIRECCTE de la Marne a ainsi ouvertement invité par écrit l’employeur à faire obstacle au contrôle engagé en lui conseillant de ne plus répondre aux sollicitations de l’inspecteur du travail et de « mettre cette correspondance de côté ». L’employeur s’est même enquis par courriel du 11 avril 2020, soit avant que notre collègue ne soit informé de son existence, de l’avancement de la procédure disciplinaire en ces termes éloquents : « où en êtes-vous de la procédure le concernant ? ».

Les responsables nationaux du ministère du travail qui ont choisi de relayer et d’amplifier ces manigances se couvrent de honte et devront en répondre. Car en empêchant sciemment une procédure de référé, pouvoir propre de l’inspecteur-trice du travail, d’aller à son terme, l’administration engage aussi sa responsabilité quant aux conséquences possibles et prévisibles pour les salarié-es concerné-es dont l’exposition au risque perdure aujourd’hui.

La CGT invite l’ensemble du monde du travail à dénoncer cette mesure grave qui participe d’une offensive généralisée contre les droits des salarié-es au prétexte de l’urgence sanitaire. Elle exige le retrait immédiat de la mise à pied d’Anthony Smith et l’abandon de toute procédure disciplinaire.

Elle demande l’arrêt de toutes les pressions et représailles à l’encontre des agent-es du ministère du travail qui tentent de mener à bien leurs missions dans ces circonstances exceptionnelles. »

 

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Distanciation sociale en raison du covid-19: horizon 2021

Le gouvernement français est passé, depuis l’intervention d’Emmanuel Macron du 13 avril 2020, dans le mensonge, celui d’un déconfinement qui serait à court terme et complet. C’est là le signe d’une décadence du « haut » de la société française, mais également du « bas » : les Français, consuméristes et immatures, sont incapables de faire face à la crise.

Des menteurs ou des fous : il n’y a pas d’autre mot pour qualifier les membres d’un gouvernement et d’un appareil d’État tout deux en perdition. Ce jeudi 16 avril, le ministre de la culture Franck Riester a expliqué sur France Inter que les petits festivals pourraient sans doute se tenir, et ce dès le 11 mai.

« On a à préparer, d’ici deux semaines, des éléments pour préparer le déconfinement dans tous les secteurs d’activité. C’est ce que nous a demandé le président de la République, sous l’autorité du Premier ministre (…).

Nous souhaitons que la privation de spectacle vivant, de cinéma, soit limitée (…).

Dans le cas de la culture, on regarde tout les points. La priorité c’est la sécurité des spectateurs, des artistes, des techniciens. Si des festivals sont adaptés à des jauges petites, qu’il n’y a pas de problème de sécurité, nous les accompagnerons. »

Franck Riester est au mieux farfelu et le président de la République ne vaut pas mieux. Le monde entier est bloqué et les Français, seuls au monde, feraient mieux que tout le monde ? C’est menteur ou fou, et tout cela pour complaire à des Français immatures qui ont cru en l’éternité de consumérisme béat et aliéné.

Par exemple, la règle exigée par l’Allemagne et l’Autriche actuellement pour le vélo, c’est 20 mètres de distance. 20 mètres ! Cela donne un festival avec les gens tous les 20 mètres ? Certaines études disent que pour le vélo deux mètres suffisent. Admettons. Cependant, si cela est formulé ainsi, c’est car les gens sont en mouvement. Dans une festival, on reste au même endroit. Même deux mètres d’écart, cela ne suffit pas. Avec des masques ? Il suffit qu’un l’enlève un peu et tout peut recommencer.

Le gouvernement français prend donc les gens pour des idiots, et cela tombe bien car les Français le sont. Ils veulent y croire et étant cartésiens, ils pensent que si c’est un choix en toute conscience, cela va se réaliser. Eh bien, non. La réalité matérielle l’emporte. Et elle est comprise par ceux qui admettent qu’elle s’impose. Le gouverneur de Los Angeles a ainsi annoncé à partir de quand il y aurait peut-être de nouveau des concerts et des matchs. Il n’a pas dit mai. Il n’a pas dit août. Il n’a pas dit octobre. Il a dit : janvier 2021.

Janvier 2021, peut-être. En Allemagne, les organisateurs du fameux Oktoberfest de la mi-septembre se disent déjà que c’est plié. Au Japon, une partie des organisateurs des jeux olympiques d’été, repoussés d’un an, pense même que c’est même mal parti pour l’été 2021 !

Et, finalement, ce qui est dit est clair. Il y en a au moins pour des mois : voilà ce que n’hésite pas à répéter en boucle le chancelier autrichien Kurz, à la tête du premier pays ayant mené un déconfinement partiel. En Allemagne, aux États-Unis, on dit pareil.

L’Allemagne fait tout pour relancer les matchs de football professionnels. Mais elle sait qu’il faudrait isoler les joueurs et les préparateurs pour tout le reste de la saison et employer 20 000 tests. C’est difficilement acceptable par l’opinion publique.

Seul au monde, le professeur Didier Raoult dit que « l’épidémie est en train de disparaître progressivement » et qu’il est « possible qu’elle disparaisse au printemps ». Espérons qu’il ait raison, mais on peut en douter tellement il joue la politique de la Droite, tellement il parle, tellement il se met en avant. C’est là le signe d’un égocentrisme sans rapport avec la science au service du peuple.

Et c’est tellement solitaire que c’est sans rapport avec le reste du monde : on a une crise mondiale, mais un Français aurait raison sans en faire part au monde entier ? Et personne dans le monde ne s’y intéresserait ?

La France est ici en totale décalage avec ce qui est dit ailleurs sur la planète. On y dit quelque chose de simple : tant qu’il n’y aura pas de remède ou de vaccin, la distanciation sociale restera. Pour un mois, pour six mois, pour un an, pour deux ans.

L’horizon, c’est 2021. De tous les pays, c’est la France ayant basculé dans le culte de l’individualisme, du chacun fait ce qu’il veut dans le dédain et le mépris de la réalité, qui est en passe d’être culturellement le plus ébranlé.

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Politique

Emmanuel Macron et la tentation du chauvinisme agressif

En pleine crise sanitaire, alors qu’il admet lui-même ne pas savoir si on en est au début ou au milieu de la crise, Emmanuel Macron s’est offert le luxe de quelques digressions philosophiques au Financial Time. La « nature de la mondialisation » et la « structure du capitalisme international » seront bouleversés explique-t-il. En « espérant » que le traumatisme unira les pays contre la crise, car il s’agirait de donner la « priorité aux vies humaines plutôt qu’à la croissance économique ».

Ce serait même à l’en croire l’occasion de s’attaquer enfin au désastre environnemental et aux inégalités sociales…

Ce lyrisme du chef de l’État français n’intéresse et ne convainc personne évidemment, alors qu’il s’agit maintenant de faire face à la crise. Ce qui a été retenu et remarqué par contre, ce sont ses propos à l’encontre de la Chine :

« Ne soyons pas si naïfs pour dire que cela a été beaucoup mieux géré. Nous ne le savons pas. Il y a clairement des choses qui sont apparues que nous ignorons. »

Avec ce genre d’allusion, Emmanuel Macron imagine pouvoir échapper à ses responsabilités, en reportant la faute sur les autorités chinoises. Sauf que, quand le virus a commencé à circuler dans le monde, les choses étaient connues. Les scientifiques chinois ont partagé à ce moment-là les informations sur le coronavirus en question. Depuis, les autres pays n’ont pas appris grand-chose de plus, si ce n’est rien.

La France était au courant du confinement de tout une région de la Chine, mais elle n’a pas pour autant fermé ses frontières ni mis en place des mesures sanitaires de contrôle dans les aéroports. Elle ne s’est pas inquiétée de ses stocks de masques. Quand il a été avéré que le Covid-19 était massivement présent dans le nord de l’Italie, Emmanuel Macron et sont gouvernement n’ont pas fait interdire la venue de supporters turinois à Lyon, comme beaucoup de personnes le suggéraient.

Il faut donc un sacré culot pour s’imaginer légitime à tenir de tels propos à l’encontre de la Chine, alors que rien n’est encore réglé, que les masques sont toujours introuvables en France, que les hôpitaux ont été totalement débordés, que des milliers de personnes âgées meurent du coronavirus dans les Ehpad ou bien de manière solitaire chez elles…

Alors que la France est en train de couler, le chef de l’État s’essaye donc au chauvinisme anti-chinois. C’est une tentation guerrière évidente, irresponsable, très dangereuse. Il ne faut d’ailleurs pas s’y tromper et bien voir qu’il s’agit exactement de la même dynamique quand il est parlé des fameux « coronabonds ».

Emmanuel Macron en parle dans son entretien au Financial Time, faisant passer l’Allemagne et les Pays-Bas pour des pays riches et égoïstes à l’encontre des pays du sud de l’Europe. Ces pays refusent en effet de payer pour les dettes des pays à qui ils reprochent justement depuis des années de ne pas les endiguer. Mais Emmanuel Macron se pense légitime à prévenir  : ce sera à cause d’eux si les populistes gagnent en Italie, en Espagne et peut-être en France…

C’est une sorte de chantage au fascisme, ce qui reflète un président d’un pays à la dérive, complètement débordé par la crise sanitaire et pétrifié face à la crise économique à venir. Pétrifié au point de s’imaginer un destin, le long entretient se concluant ainsi de la part d’Emmanuel Macron :

« Je n’ai jamais rien imaginé car je m’en suis toujours remis entre les mains du destin. On doit être disponible pour son destin… C’est donc là que je me trouve, prêt à combattre et à promouvoir ce en quoi je crois tout en restant disponible pour essayer et comprendre ce qui semblait impensable. »

Emmanuel Macron est un homme pétrifié s’imaginant une statue de bronze.

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Écologie

Adoption d’animaux malgré le confinement: la SPA provoque l’imbroglio

La SPA ne représente pas l’ensemble des refuges pour animaux, ni même la majorité. En faisant un accord de son côté avec le ministère de l’Intérieur, elle contribue à la division et à la confusion au sein du mouvement pour la défense des animaux.

À partir de ce 16 avril, il sera possible malgré le confinement d’adopter un animal dans les refuges si l’on a pris rendez-vous avant. Un animal ? Le ministère de l’Intérieur parle sur son Twitter et son Facebook des chats et des chiens seulement.

Et de quels refuges parle-t-on ? Le message du ministère de l’Intérieur parle de tous les refuges. Mais les médias diffusant l’information depuis plusieurs jours mentionnent un formulaire obligatoire disponible sur le site de la SPA, et de la SPA seulement.

La SPA n’a cessé de communiquer depuis plusieurs jours à ce sujet également, ne mentionnant pas les autres refuges ! Le formulaire d’adoption sur son site ne concerne d’ailleurs que la SPA.

Le communiqué du ministère de l’Intérieur du 11 avril 2020 ne parle également que de la SPA :

« Déplacements pour l’adoption d’animaux en refuge

Le 9 avril, la Société Protectrice des Animaux (SPA) a alerté le Gouvernement sur les risques liés à la saturation de ses refuges. Face à l’impossibilité pour les adoptants de venir chercher leurs animaux lors de la période de confinement, les refuges de la SPA pourraient être débordés et devoir refuser les animaux recueillis par les fourrières, avec pour conséquence de risquer leur euthanasie.

Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, s’est entretenu avec le président de la SPA, M. Jacques- Charles Fombonne. Afin de remédier à cette situation, sur proposition de la cellule interministérielle de crise, il a été décidé qu’une tolérance sera accordée concernant les déplacements pour l’adoption d’animaux en refuge.

Afin de limiter les risques, des règles strictes devront être respectées :

-l’animal devra être choisi en amont sur le site internet de la SPA ;

– un rendez-vous précis sera fixé et le refuge de la SPA concerné émettra une attestation 
dématérialisée comportant l’horaire du rendez-vous ;

– en se rendant au rendez-vous, le candidat à l’adoption devra se déplacer seul et être muni, en plus 
de l’attestation délivrée par la SPA, d’une attestation de déplacement dérogatoire pour « motif familial impérieux ».

Ce dispositif entrera en vigueur à compter du jeudi 16 avril.

Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, déclare : « Pleinement engagé pour la cause du bien-être animal, le Gouvernement a entendu l’appel de la SPA et nous avons eu à cœur, immédiatement, de trouver une solution responsable. Elle va permettre le respect des règles sanitaires et de sauver la vie de nombreux animaux. »

Il n’est pas ici parlé du type d’animal. Il est en tout cas bien parlé seulement de la SPA, avec ses 62 refuges. On voit comment la SPA se l’est joué solitaire, clairement dans le dos des autres associations… Et notamment la Confédération Nationale Défense de l’animal, qui regroupe 270 associations.

Et à côté de cela, il y a plus de 400 refuges indépendants !

Tout cela a provoqué des remous et finalement le député LREM Loïc Dombreval, un vétérinaire qui préside le groupe d’étude parlementaire « Condition animale » à l’Assemblée nationale, a modifié les mesures et élargi le périmètre associatif.

Sauf qu’on revient à la case départ, car qui connaît les refuges sait que les moyens manquent et qu’il n’y a bien souvent qu’une page Facebook gérée artisanalement… Et donc pas de moyen de fournir une attestation digitale. La Fondation 30 Millions d’Amis s’est à juste titre émue de cette question :

« Un cadre strict qui exclut les refuges ne disposant pas de site Internet pour présenter leurs animaux à adopter.

Contacté par 30millionsdamis.fr, le ministère de l’Intérieur affirme « ne pas avoir encore les réponses » à toutes les questions, notamment sur le problème des sites internet. Mais il planche actuellement sur le modèle d’attestation qui sera délivrée par le refuge. »

Et elle note, avec un grand sérieux en s’appuyant sur son expérience de soutien à 250 refuges :

« La Fondation 30 Millions d’Amis appelle à la plus grande vigilance ! Il conviendra de faire toute la pédagogie et la sensibilisation pour que l’on n’assiste pas dans les jours qui viennent à des adoptions « low-cost » de circonstance, de personnes confinées qui tout à coup souhaiteraient trouver une compagnie opportune, de personnes qui verraient dans cet animal adopté à la hâte un motif supplémentaire de sortie dérogatoire… »

La SPA de Belfort – qui ne dépend pas de la « SPA » (qu’on appelle dans le milieu de la défense animale la « SPA de Paris ») – a d’ailleurs pour cette raison refusé toute cette histoire d’adoption par internet.

La Confédération Nationale Défense de l’animal, de son côté, s’est réjoui de la mesure, mais a mis les pieds dans le plat par rapport à la SPA (« de Paris ») qui avait arrêté les adoptions, puisqu’elle a expliqué que le processus d’adoption n’avait jamais été interrompu de son côté !

« Le processus d’adoption n’avait jamais été interrompu puisque certaines de nos associations, depuis le début du confinement, avaient dématérialisé l’adoption grâce, par exemple, aux techniques de la visioconférence. La seule différence de taille était que nous préconisions que l’animal soit amené par nos soins, c’est-à-dire par des membres de l’équipe du refuge, nantis de protections individuelles et formés aux gestes barrière et à la distanciation.

Nous vous invitons à contacter l’association proche de chez vous pour connaître son protocole d’adoption. »

La SPA (de Paris) a comme on le voit agi seul, semant la confusion et il faut ici souligner le rôle néfaste de son président, Jacques-Charles Fombonne. Il se comporte comme le PDG d’une entreprise, montrant bien par son action son mépris pour l’ensemble du mouvement de défense des animaux.

D’ailleurs, Jacques-Charles Fombonne est un général de brigade de la Gendarmerie à la retraite, qui est tombé du ciel en juillet 2018 pour rejoindre la SPA… et directement en être le président.

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Écologie

Les arguments de la SPA de Belfort refusant l’adoption par internet

Voici le communiqué de la SPA de Belfort, expliquant pourquoi il est refusé la possibilité des adoptions par internet permise par le gouvernement. Qu’on soit d’accord ou non avec cette idée, il y a la des arguments très intéressants, de la part de personnes dévouées et profondément engagées pour les animaux dont elles s’occupent.

MEDIA ET ADOPTIONS EN LIGNE

Suite à toutes les informations qui circulent actuellement sur la possibilité d’adoption via un formulaire en ligne et des autorisations spécifiques, le refuge est saturé d’appels téléphoniques et de messages depuis ces annonces. C’est pourquoi nous souhaitons porter à votre connaissance le positionnement du refuge.

Cette pratique est mise en place en premier lieu par la SPA de Paris, dont nous ne dépendons pas et des SPA et refuges qui sont saturés depuis le confinement par un nombre très important d’abandons dont leur capacité d’accueil est arrivée à saturation.

Le refuge de Belfort n’est pas concerné par ce manque de places.
De ce fait, aucune adoption ne se fera par ce procédé, aucune adoption n’aura lieu avant la fin du confinement.

Il n’y aura aucune adoption sur rendez-vous ce n’est pas la politique du refuge, ni aucune adoption via Internet. D’ailleurs nous n’avons pas de formulaire en ligne avec signature électronique.

Une adoption est un acte posé et réfléchi qui demande de la part des potentiels adoptants, plusieurs visites (minimum 4) pour faire connaissance avec l’animal ainsi qu’une étude par les responsables de la situation personnelle et des conditions d’accueil avec parfois une visite pré-adoption de chaque futur adoptant.

Il n’y aura pas non plus d’euthanasies comme nous avons pu le lire. L’euthanasie n’est pas un acte banal qui peut se pratiquer comme çà.
Bien évidemment que nous trouverions une solution si le refuge venait à être surchargé, ce n’est pas le cas aujourd’hui.

Le refuge n’est pas non plus en recherche de Familles d’Accueil dans cette période de crise sanitaire.

Par ailleurs, nous recevons aujourd’hui une quinzaine d’appels par jour de personnes qui souhaitent prendre un chien le temps du confinement pour le ramener après !!!

Prendre un animal comme alibi pour braver les interdictions de sorties est inentendable et inadmissible et pendant que la personne répond au téléphone pour ce genre d’appels, elle n’est pas auprès des animaux. Un peu de sérieux et de respect pour les animaux SVP !!!

D’autre part, pour toutes les personnes qui prennent des informations sur tel ou tel animal qu’elles envisagent d’adopter, sachez que lors de la réouverture du refuge, vous ne serez pas prioritaires pour l’adoption. En effet, pour un animal nous pouvons avoir 5 voire 10 personnes intéressées. Chaque cas sera étudié. La recherche d’informations ne veut pas dire adoption.

Enfin sachez que tous les pensionnaires se portent tous bien, ils sont pris en charge de façon très satisfaisante avec beaucoup d’amour et de respect par chaque membre du Personnel, qui travaille, certes dans l’ombre, dans cette crise sanitaire majeure, mais effectue un travail formidable à qui l’on doit beaucoup de respect et de sympathie car ils prennent des risques tous les jours en sortant de chez eux, alors que l’on est à l’heure du confinement, pour venir s’occuper de chaque animal.

Merci de bien vouloir respecter la décision du Refuge. Par ailleurs, sachez que tout commentaire désobligeant qui dénigrerait le refuge suite à cette information sera systématiquement supprimé.

A DIFFUSER LARGEMENT MERCI A VOUS »

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Politique

Crise sanitaire: comment l’Allemagne et l’Autriche contrastent avec la France

La gestion millimétrée de la crise sanitaire provoquée par le covid-19 de la part de l’Allemagne et l’Autriche montre que la France est structurellement en perdition. C’est inquiétant pour le passé de par ce que cela révèle, mais également de par ce que cela augure. Le capitalisme français va vouloir relancer brutalement la machine pour ne pas se faire déclasser.

L’Autriche a procédé mardi 14 avril 2020 à un déconfinement partiel, avec les magasins de moins de 400m² pouvant ouvrir, soit 15 000 commerces, à quoi s’ajoutent les jardins publics et les magasins de bricolage et de jardinage. C’est un contraste saisissant avec le discours la veille du président français précipitant la France dans un confinement d’au moins un mois de plus.

L’Autriche relance sa machine économique de manière claire, tout en gérant de manière stricte : dans les transports en commun et les commerces on est obligé de porter un masque, tout comme dans les supermarchés depuis une dizaine de jours, avec des masques qui sont… donnés aux entrées.

Car des masques il y en a, tout comme des lits de réanimation il y en a dans les hôpitaux allemands. Les capitalismes allemand et autrichien tournent à plein régime et peuvent se le permettre. La raison est très simple à comprendre : de tête de pont américaine, l’Allemagne de l’Ouest s’est transformée en Allemagne unifiée puissante. Quant à l’Autriche, elle est devenue son satellite. Les deux sont partie à l’assaut des pays de l’Est, pratiquant une colonisation économique massive, tout en profitant d’une immigration massive, encore renforcée avec la crise syrienne.

Rien que là, malgré le confinement, l’Allemagne a organisé des charters et des voyages individuels pour des travailleurs roumains pour les récoltes et l’Autriche des auxiliaires de santé roumaines ! Faut-il un pays capitaliste puissant, sans gêne, pour être tranquillement en train de mettre en place de tels voyages !

Et le choix du 14 avril 2020 pour le déconfinement ne doit rien au hasard : l’Autriche est un pays enferré dans le catholicisme et « libérer » les esprits au moment de Pâques est un choix politique culturellement puissant effectué par le premier ministre Sebastian Kurz, né en… 1986. Il ne faut pas se leurrer et bien sûr voir qu’ici l’Autriche sert de laboratoire à l’Allemagne, où Angela Merkel déroule tranquillement sa gestion de la crise.

Mais les faits sont là : on a ici des exemples de capitalisme efficaces, formant d’ailleurs le cœur de l’Union européenne et regardant d’un air à la fois ahuri et mécontent les pays méditerranéens toujours si turbulents à chaque occasion. Il va de soi qu’un tel décalage avec l’Allemagne est inacceptable pour le capitalisme français, ce qui lui met une pression de plus pour se relancer le plus vite possible… sans en avoir les moyens.

Il faut, pour comprendre l’arrière-plan, regarder un tableau comparatif (au 14 avril 2020).

Nombre de morts

Nombre de morts par million d’habitants

Nombre de tests de dépistage

Nombre de tests de dépistage
par million d’habitants
France

15 729

241

333 807

5 114

Allemagne

3 294

39

1 317 887

15 730

Autriche

384

43

151 796

16 854

Il suffit d’ajouter à cela que la France avait avant la crise plus que moitié moins de lits de soins aigus que l’Allemagne, moitié moins que l’Autriche, mais également moins que la Suisse, la Grèce, la Slovaquie, la Lituanie, le Portugal, la Lettonie, la Tchéquie, etc.

Impossible de voir ici en la France une puissance majeure. Et pourtant son système de santé est littéralement le meilleur au monde ! Sauf qu’il est entièrement au service du capitalisme français. Quand tout va bien, il tourne bien… mais la crise venue, il révèle ses fondements. Et c’est en fait valable pour tout en France, depuis les ingénieurs jusqu’à l’armée.

Quand tout va bien, la France déroule. Mais dès qu’il y a un choc, tout s’effondre comme un château de carte. C’est littéralement une caractéristique de l’État et du capitalisme français et c’est ce qui explique les « sauvetages » en catastrophe (les figures les plus connues étant Clemenceau, Pétain et De Gaulle, puis de nouveau De Gaulle). Cet appel à un sauveur par en haut risque d’en être que plus prégnant de par cette « tradition » réactionnaire.

Cela sera d’autant plus vrai s’il y a une grande déception, un grand désarroi. En Allemagne et en Autriche, il est ouvertement dit qu’il y en a pour des mois… En France, il est vendu des solutions clef en main qui ne servent que le populisme.
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Société

CFDT: Covid-19 : Les personnels des Ehpad face au confinement

Voici un communiqué de la CFDT alarmant sur la situation du personnel des Ehpad, de plus en plus souvent confiné dans les établissements…

« Covid-19 : Les personnels des Ehpad face au confinement

« Depuis quelques jours, nous constatons qu’un certain nombre de professionnels d’Ehpad, sous l’impulsion de leur direction, se confinent dans leur établissement », alerte Eve Rescanières, secrétaire générale de la fédération Santé-Sociaux CFDT.

Alors que le nombre de décès se multiplient au sein des 7 000 établissements public et privé du territoire, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé une mesure radicale pour les 700 000 résidents et l’ensemble des personnels soignants et accompagnants. « Partout où cela sera possible, j’encouragerai toute démarche pour que le personnel (…) des Ehpad puisse sortir le moins possible de ces établissements. » Une décision aussitôt dénoncée par la fédération Santé-Sociaux. « Elle a été faite mépris des règles d’hygiène élémentaires, du respect des gestes barrières, de la législation sur le temps de travail et du dialogue social. »

Un confinement imposé aux agents et salariés

Fabienne Deconchat, secrétaire générale du syndicat Santé-Sociaux Haute-Vienne déplore l’attitude de plusieurs directions. Dans le sud du département, les responsables d’un établissement ont convoqué les agents le vendredi pour un confinement effectif dès le lundi, sans en informer les organisations syndicales. « Une façon de faire honteuse ! » Dans le Lot-et-Garonne, trois établissements ont mis en place ce confinement. « On s’assoit complétement sur le code du travail. Que se passe-t-il en cas d’accident en dehors du temps de travail ? Comment sont pris les temps de repos ? s’interroge Julia Morel, secrétaire générale du syndicat Santé-Sociaux 47. Dans un établissement, elles dorment à sept par dortoirs, il n’y a pas de respect des règles de distanciation sociale… » Dans les Landes,Béatrice Jayo, secrétaire générale du syndicat CFDT Santé-Sociaux 40, fait le même constat. A Biscarosse, la direction d’un EHPAD a convoqué les agents pour leur signifier la mise en place quasi-immédiate du confinement. « Devant les inquiétudes légitimes des agents, les incompréhensions et les réticences des personnels, la direction a tenu des propos extrêmement culpabilisant afin de les faire céder. Les contractuels étaient particulièrement ciblés ». Le syndicat a condamné ces méthodes. Il alerté la DIRECCTE et l’agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine et a fini par faire reculer la direction. « Grâce à notre action, l’ARS a rapidement réagi. Elle a rappelé qu’il n’existait aucune preuve scientifique que le confinement soit efficace. Elle a aussi signifié son opposition au confinement total, se félicite Béatrice. L’ARS a néanmoins fait savoir qu’elle restait ouverte à l’adaptation des cycles de travail, sur la base d’une négociation et de l’accord formel des représentants des salariés. »

« Le Président qui fait des soignants des héros, ne doit pas en faire des martyrs »

Une option pour le syndicat Santé-Sociaux des Landes, à condition que cela soit assortie de règles strictes : protection de la santé des personnels et des résidents, conditions de logements dignes, rémunérations adéquates, temps de travail respectés et congés supplémentaires. « Nous tenons à rappeler que ces préconisations ne sauraient être déployées sans obtenir, en amont, l’assentiment individuel de tous les professionnels concernés. Aucune forme de pression ou de contrainte ne saurait être tolérée. Seuls les personnels volontaires peuvent s’y inscrire. Le Président qui fait des soignants des héros, ne doit pas en faire des martyrs », martèle Béatrice. Même son de cloche du côté la fédération. « Le dialogue social doit être privilégié. Il est inadmissible que les personnels doivent se sacrifier pour pallier les insuffisances du système. Si les professionnels possédaient les équipements nécessaires suffisants, s’ils avaient accès au dépistage et à du renfort de personnel, ils ne seraient pas contraints de se confiner. » Pour la CFDT Santé-Sociaux cette situation est inacceptable. « Nous demandons au gouvernement de la faire cesser immédiatement ».

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Politique

Emmanuel Macron le 13 avril 2020: toute la vanité d’une France pétrifiée

Le discours du 13 avril 2020 d’Emmanuel Macron au sujet de la crise sanitaire a été entièrement franco-français. Déni des faits, absence d’esprit autocritique, volontarisme forceur, spiritualisme vaniteux, chauvinisme outrancier… Rien n’aura été épargné alors que la France capitaliste va dans le mur.

Le 16 mars, Emmanuel Macron expliquait qu’on était en guerre ; le 13 avril, il a expliqué qu’on avait gagné. Le système aurait tenu, dit un président passant sous silence toutes les personnes âgées mortes seules chez elles ou dans les EHPAD. Il faut dire que le mensonge était inévitable de sa part, vu que tous ses fondamentaux sont par terre. L’Europe ? Elle est aux abonnés absents. L’individualisme relativiste ? Il ne saurait être à l’ordre du jour. Le libéralisme moderniste vaguement social ? Il est en-deça des exigences d’organisation nécessitant un État fort.

Emmanuel Macron a donc eu recours au mythe mobilisateur pour chercher une sortie par le haut. Le 11 mai rouvriront, « progressivement », les écoles et les crèches, les administrations et les entreprises. Quant aux personnes âgées ou malades, elles devront continuer seules le confinement, la société ne ralentira rien pour elles. On reconnaît ici le cynisme de la démarche, mais aussi son idéalisme. Pourquoi le 11 mai ? Pourquoi pas le 7 ou le 20 ? Personne n’en sait rien, mais à partir du 11 il y aura des masques pour tout le monde, des tests de dépistage pour beaucoup de monde. Bref, le 11 mai, il y aura tout… tout ce qu’il n’y a pas eu.

Pour convaincre, Emmanuel Macron a parlé pendant 27 minutes. Là où Angela Merkel se contente de quelques minutes, Emmanuel Macron a cherché à développer tout un lyrisme existentialiste : «  nous aurons des jours meilleurs et nous retrouverons les Jours Heureux », nous promet-il. Le peuple français se régénérerait même face à l’adversité : « On disait que nous étions un peuple épuisé, routinier, bien loin de l’élan des fondations »… « On disait que nous étions un peuple indiscipliné »…

Sauf que, oui, effectivement, les Français sont totalement routiniers. Qu’ils pensent que tout va changer après la crise ou pas, ils considèrent tous qu’il va être possible de s’en sortir au moyen d’un rationalisme mesuré, d’une philosophie cartésienne bien française. Et tous pensent que la crise va se terminer à court terme, voire même, sans le dire, que le confinement finira bien par s’effacer avant le 11 mai. Et Emmanuel Macron les a confortés en cela.

Il a pourtant dit que les lieux culturels et sportifs ne rouvriront pas avant mi-juillet… Ce qui est totalement incohérent avec la logique du déconfinement. Mais la France capitalistes est coincée : elle veut redémarrer le plus vite possible, quitte à basculer dans l’irrationnel. Et les Français veulent que tout recommence comme avant, le plus vite possible. Ils ne veulent surtout pas voir !

Voir que c’est fini, qu’un mode de vie est par terre, que c’est la fin d’une civilisation ou, plutôt son dépassement. Qu’on est en pleine crise, que c’est le début de la crise, qu’elle va se généraliser à tous les domaines. Rien que le conflit sino-américain devrait faire froid dans le dos.

Le 13 avril, Emmanuel Macron a menti et les Français se sont mentis à eux-mêmes. Ils sont ébranlés, doutent fortement, mais espèrent encore. Ils ne veulent pas encore être réalistes. C’est pourtant trop tard. La France capitaliste ne fait pas que vaciller : elle bascule.

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Politique

Le Medef veut forcer le déconfinement et provoque la colère des pro-Macron

Le président du Medef a appelé à forcer les choses et à faire payer la crise aux travailleurs. Cela rend fou furieux les grands capitalistes représentés par Emmanuel Macron qui sont illico intervenus pour protéger leur représentant.

C’est une tempête dans un verre d’eau capitaliste. Il n’est évidemment pas facile de se retrouver dans ce verre d’eau plutôt invisible avec des petits capitalistes et des gros, différents clans, différentes factions aux intérêts divers et variés. Mais la crise étant présente, il faut abattre les cartes. Il faut en effet des options à mettre sur la table, et il n’y en a pas tant que cela, il n’y en a que trois :

a) on continue comme avant ;

b) on galvanise socialement on ne sait pas trop comment mais on y va prudemment ;

c) on rentre dans le tas en exigeant une unité nationale vigoureuse et militarisée.

La dernière option est bien entendu représentée par Marion Maréchal, ainsi que Marine Le Pen. Elles ne cessent de dérouleur leurs discours et on peut être certain que leur travail de sape est efficace. Ce sont cependant les deux autres factions qui sont concernées ici.

La première, c’est celle de la bourgeoisie prise en grand, avec de multiples ramifications, avec plus ou moins d’unité, etc. Le Figaro en est le vecteur idéologique. Et dans ce journal, à l’occasion d’une interview, le dirigeant du Medef, le syndicat patronal, est allé droit au but. Geoffroy Roux de Bézieux a dit qu’il fallait reprendre le travail le plus vite possible, qu’il fallait retrouver la normalité à marche forcée :

« L’important, c’est de remettre la machine économique en marche et de reproduire de la richesse en masse, pour tenter d’effacer, dès 2021, les pertes de croissance de 2020. »

Naturellement, il faut que quelqu’un paie tout cela. Ce sera les travailleurs :

« Il faudra bien se poser tôt ou tard la question du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise économique et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire. »

On aurait tort cependant de penser que c’est là l’expression de la bourgeoisie en général. Ainsi, la revue Challenges, un très important porte-parole du milieu économique, a littéralement dézingué le président du Medef. Pour que les choses soient bien comprises, il s’agit d’un éditorial. Le titre a été choisi comme une savante provocation : « Quand le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux se caricature tout seul ».

Cette réponse du dimanche à 12 avril à l’interview du Figaro du 11 n’y va pas par quatre chemins. Il faut un « Grenelle social », une unité nationale. On se moque du Figaro, « quotidien de la droite bourgeoise et du monde des affaires » et du « prêt-à-penser libéral » du patronat.

La raison de tout cela, c’est que la France est socialement à deux doigts d’exploser :

« Depuis le choc du coronavirus, une fracture s’est encore creusée.

D’un côté, des travailleurs anonymes, dont une partie fut gilets jaunes, qui assurent les activités indispensables à la collectivité et prennent ainsi des risques; de l’autre, en seconde ligne pourrait-on arguer, les « confinés », souvent des cadres qui contribuent eux aussi, depuis leur domicile et en télétravail, à ce que l’économie ne sombre pas tout à fait.

Mais ceux-là, admettons-le, sont plus « conforts », sinon plus tranquilles.

A l’abri, contrairement à tous les exposés précités, sans oublier les démunis, reclus, eux, dans des conditions souvent éprouvantes. Deux France, voire trois, qu’on ne peut traiter comme si rien ne s’était passé. »

Par conséquent, le patronat doit céder et l’éditorial se conclut par un appel à une remise au pas :

« Il faudra bien que ce fameux « capital » en passe par une baisse de ses rémunérations au profit du travail. Autrement dit, si Emmanuel Macron entend que « ça reparte vraiment », et pourquoi répétons-le ne le voudrait-il pas, il lui faudra à l’exemple du général De Gaulle, faire plier le patronat. L’archéo-patronat… »

Il faut être ici très intelligent, très subtil. En effet, il ne s’agit pas d’un éditorial appelant à un coup de force militariste : l’extrême-Droite y est ouvertement dénoncé. Et s’il y a des revendications sociales prononcées, on est dans Challenges, et il y a un appel à Emmanuel Macron qui doit être le grand dirigeant mettant le patronat au pas !

On l’aura compris : cet éditorial représente les intérêts de grosses fortunes, évidemment celles qui ont permis à Emmanuel Macron d’être élu président de la République en montant un mouvement du jour au lendemain. Ce sont des grands capitalistes et à ce titre, extérieurs au capitalisme traditionnel.

Ils peuvent donc exiger que celui-ci paie la crise. Mieux vaut cela que l’instabilité en pressurisant les travailleurs encore plus ! Ce refus d’aller dans le sens de l’extrême-droite tient à la base économique de ces grands capitalistes. Ils ne sont pas dans la tradition des monopoles français, ni économiquement, ni culturellement ; ils relèvent du business international. Ils ne peuvent donc pas appeler à une unité nationale, au nationalisme, au militarisme.

Mais leur sort est scellé, comme dans les années 1930. Le capitalisme tend à la guerre et le business international, flottant au-dessus des nations allant au militarisme, se fait violemment mettre au pas. Il n’y a pas de sortie libérale internationale, seulement la destruction avec le fascisme ou l’avenir avec le socialisme.

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Politique

Appel des présidents de département PS pour un revenu de base face à la crise

Les 19 présidents de département socialistes ont publié un appel dans le JDD pour un revenu de base dans le cadre de la crise du Covid-19. Cela a l’apparence d’une mesure de gauche, c’est en fait surtout du keynésianisme reformulé. La Gauche, pour reconquérir le cœur socialiste des masses ouvrières, devra trouver mieux que ce genre de mesure technique, abstraite, qui n’est au fond qu’un équivalent de la « monnaie hélicoptère » défendue par Donald Trump aux États-Unis (c’est-à-dire de la monnaie de banque centrale directement distribuée à la population).

On n’est pas ici dans la lutte de classe, mais dans l’illusion d’une mesure prise par en haut pouvant empêcher l’effondrement économique inéluctable. À moins que les présidents socialistes de département s’imaginent que tout reprendra comme avant, qu’il y aura des richesses à profusions à distribuer, que le capitalisme ne sera pas à l’affût pour mettre la pression sur le monde du travail ? D’ailleurs, le revenu universel était une revendication phare du candidat socialiste Benoît Hamon et il a reçu beaucoup de moqueries pour cela. Un tel retournement fait perdre en crédibilité.

Voici l’appel :

« Il y a un an, une proposition de loi pour l’expérimentation locale du revenu de base, issue des travaux de nos départements avec l’appui de la Fondation Jean-Jaurès, a été présentée par le groupe socialiste à l’Assemblée nationale, où la majorité présidentielle l’a rejetée sans aucun débat contre l’avis de nombreux groupes parlementaires de toutes sensibilités. Aujourd’hui, alors que la crise sanitaire du Covid-19 évolue chaque jour un peu plus en une crise économique mondiale, poussant nos systèmes de solidarité dans leurs retranchements, le revenu de base apparaît dans toute l’Europe, en Espagne, en Allemagne ou au Royaume-Uni, comme une solution pour amortir le choc social qui risque de faire basculer nombre de nos concitoyens dans la précarité. Le débat émerge aussi aux Etats-Unis et au Canada.

Parce que nous sommes garants des solidarités humaines, nous sommes en première ligne pour affronter les dégâts sociaux de cette crise. Nous avons besoin d’un dernier rempart. Nous proposons d’avancer avec pragmatisme pour lutter contre la pauvreté.Nous souhaitons pouvoir mettre en œuvre un revenu de base sans contrepartie mais avec un accompagnement renforcé, automatique pour résoudre le problème du non recours aux droits, ouvert dès 18 ans pour lutter contre la précarité des plus jeunes, dégressif en fonction des revenus d’activité et d’un montant égal au seuil de pauvreté.

Pour les allocataires du revenu de solidarité active (RSA), alors qu’elles étaient controversées il y a un an, certaines de ces mesures ont déjà été prises au niveau national en faveur de la reconduction automatique des droits et de la suspension des sanctions, afin d’éviter toute rupture de prise en charge pendant la durée du confinement. Nous appelons le gouvernement à aller plus loin et à mettre en œuvre l’ensemble du dispositif de manière immédiate, pérenne et soutenable financièrement pour répondre aux besoins de long terme de la population.

Cette démarche pourrait être portée également au sein de l’Union européenne, échelle particulièrement adaptée pour apporter une réponse globale. Un plan de relance économique qui oublierait les ménages pourrait ne pas suffire à sauver le projet européen. La priorité est d’assurer à tous ceux qui en ont besoin, un soutien monétaire et un accompagnement social pour faire face à cette crise inédite. C’est aussi le moyen de donner à toutes les personnes vulnérables l’appui nécessaire pour se réorienter vers le monde du travail alors que le redémarrage de notre appareil productif aura besoin de toutes les forces disponibles.

Comme l’a justement dit le président de la République le 12 mars dernier, des décisions de rupture sont aujourd’hui nécessaires. Cette solution solidaire changera le référentiel des solidarités humaines pour redonner aux Françaises et aux Français confiance en un système créé pour leur apporter, à la fois, la sécurité de l’existence et les outils de leur autonomie.

Un nouveau pacte social devra fonder le monde d’après la crise du Covid-19. Une fois sortis de l’état de guerre dans lequel nous sommes, nous devrons préparer activement la résilience de notre société. Nos départements sont prêts à expérimenter cette solution et à en évaluer les bénéfices escomptés pour les personnes qu’ils accompagnent. »

Les signataires :

Sophie Borderie (Lot-et-Garonne), Denis Bouad (Gard) ; Jean-Luc Chenut (Ille-et-Vilaine) ; Xavier Fortinon (Landes) ; Jean-Luc Gleyze (Gironde) ; Philippe Grosvalet (Loire-Atlantique) ; Mathieu Klein (Meurthe-et-Moselle) ; Alain Lassus (Nièvre) ; Philippe Martin (Gers) ; René Massette (Alpes-de-Haute-Provence) ; Georges Méric (Haute-Garonne) ; Kléber Mesquida (Hérault) ; Christine Tequi (Ariège) ; Germinal Peiro (Dordogne) ; Serge Rigal (Lot) ; Nathalie Sarrabezolles (Finistère) ; Stéphane Troussel (Seine-Saint-Denis) ; Laurent Ughetto (Ardèche) ; André Viola (Aude) »

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Réflexions

Une page d’Histoire qui s’écrit et qui attend ses artistes pour la conter

Nous vivons une page d’Histoire. Mais est-ce un aléa dans un mouvement plus profond, ou bien sommes-nous en plein dans l’équivalent de la chute de l’empire romain ? Et si c’est la chute d’une civilisation, où sont nos artistes pour la conter ?

« Wu Shixian, Village au bord du fleuve avant la pluie, 1912 »

Pour beaucoup, la crise sanitaire actuelle est temporaire. Elle est grave, mais elle n’est qu’un accident dans quelque chose de plus large, de plus profond. C’est là une profonde illusion. Cette crise sanitaire n’est pas dans l’Histoire, elle est l’Histoire. Et il ne faut pas raisonner en semaines, ni même en mois, mais en années. Ce qui s’écrit là, c’est la fin, ainsi un début.

La fin de quelque chose d’équivalent à l’empire romain, mais à un autre niveau, une autre qualité. Un moment de transition, non pas délicat et accompagnateur, mais violent et en rupture. Un moment qu’on ne choisit pas, qui s’impose, et qui s’impose à tous. De par l’ampleur de l’époque, cela est même vrai à l’échelle de la planète. Cela fait peur et cela rassure.

Cela fait peur, car les gens ne sont pas prêts et ne veulent pas l’être. Cela rassure, car cela fait trop longtemps que le capitalisme engloutit la planète et que rien ne vient stopper cette machine destructrice. Quel terrible faillite d’ailleurs que cela ne soit pas la sagesse humaine qui soit venue s’interposer avec l’engloutissement de la nature. Mais sans doute était-ce inévitable de par l’engourdissement des esprits dans un capitalisme hypnotiseur.

Reste qu’on voit mal comment les plus de vingt ans vont être, d’une manière ou d’une autre, à la hauteur des immenses transformations nécessaires. Les plus de soixante ans savaient déjà que le monde allait dans le mur, mais ils considéraient qu’après eux, le déluge. Ceux entre vingt et soixante ans ont cherché surtout un plan de carrière, faisant confiance à l’efficacité des entreprises, à la vigueur du capitalisme.

Quel désenchantement c’est aujourd’hui pour le trentenaire ingénieur, social dans l’esprit mais parcimonieux dans les faits, ouvert au changement mais lui-même toujours changeant, découvrant que tout son univers n’a, finalement, aucune base, aucune dynamique, aucune valeur, que tout cela est vain ! Quelle misère morale pour celle, mariée trop tôt, enfermé dans un carcan anti-féministe qu’elle a elle-même choisi en pensant le maîtriser, et voyant ses certitudes si chèrement acquises n’être qu’illusion !

Il y a ici un nombre immense de profils à étudier, à cataloguer, pour en dresser le portrait à la Balzac, pour raconter la fin d’une époque, la fin d’une société, littéralement l’effacement de personnalités types, de figures sociales stéréotypées. Un monde agonise, un autre laisse entrevoir sa nature, foncièrement collective – que dit-on là, non pas collective, mais collectiviste ! Le 21e siècle sera collectiviste ou ne sera pas.

Les artistes pessimistes ne peuvent plus basculer dans le cynisme : ils sont obligés de convertir leur dépression dans un sens positif, pour annoncer la nouvelle ère qui s’ouvre. Et ce n’est pas du lyrisme. Seuls les prisonniers du capitalisme peuvent encore croire en un grand rétablissement. Seuls les aliénés peuvent ne pas voir que le mot de nature va reprendre ses droits, que désormais l’humanité va changer et que les êtres humains vont être nouveaux.

Les artistes doivent être en première ligne pour conter cela, pour raconter le grand retour au réel d’une humanité partie dans de vains rêves de toute puissance consommatrice, de réduction de l’esprit à une utilisation de marchandises, d’une destruction des sentiments – notamment l’amour – au profit d’un pragmatisme égocentrique.

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Société

À 108 ans, les enseignements du cycliste Robert Marchand sur la crise actuelle

Robert Marchand est figure très connue dans le milieu du cyclisme et chez les amateurs de sport, lui qui enfourche encore sa bicyclette à 108 ans ! Ce qui est moins connu, c’est qu’il est communiste et ce qu’il raconte dans une interview donnée au Parisien à propos de la crise actuelle est forcément très marquant.

Robert Marchand a établi en 2017 le record de l’heure des plus de 105 ans à vélo, en parcourant 22,547 km sur la piste du vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines. La performance est anecdotique si l’on veut, bien qu’admirable. Ce que cela révèle par contre, c’est la formidable vivacité de ce monsieur, forcément marqué par un amour profond de la vie ainsi qu’une abnégation à toute épreuve.

S’il en est là, à 108 ans, c’est qu’il entretient son corps et son esprit comme il se doit. Malgré une vue perturbé, une ouïe disparue et un corps rongé par la vieillesse, il dévore des livres, il est au courant de toute l’actualité et il fait de la gymnastique ou du vélo sur son home trainer presque chaque jour, en plus de marcher dans son appartement.

Ce qu’a à dire Robert Marchand sur la crise que nous traversons avec le Covid-19 est alors forcément très intéressant. C’est un enseignement d’une richesse rare.

Né le 16 novembre 1911, il a connu tout le XXe siècle, le Front populaire, la Libération, et donc bien sûr ses deux guerres atroces, ainsi que l’accélération de la guerre menée contre la nature. D’ailleurs, il ne mange plus de viande (seulement du poisson), refusant le sort réservé aux animaux dans les abattoirs.

Il est forcément frappé par ce qui arrive, notamment en raison des perturbations des service de la Poste, l’empêchant de recevoir son journal… L’Humanité, évidemment. « Cela m’a énervé et manqué », confit-il au Parisien.

Reflet de son époque, il se trompe bien sûr quand il dit que le coronavirus est un ennemi qui « vient de la nature ». Nous savons pourtant qu’il provient, au contraire, d’un rapport erroné à la nature, d’une lutte de l’humanité contre la nature. Pour autant, on ne peut qu’humblement l’écouter expliquer :

« La guerre, et croyez-moi, je sais de quoi je parle puisque j’ai connu deux conflits mondiaux, ce n’est pas ça. La guerre, c’est une volonté des hommes. Ce sont eux qui la causent et personne d’autre. Ils le font souvent pour des questions plus ou moins d’argent et pas pour autre chose. »

On ne peut, à la lecture de ces propos, qu’avoir un profond dégoût pour tout ces gens se plaignant de quelques semaines de confinement, alors qu’ils ont accès à une quantité énorme de richesses, qu’ils ont internet, tout ce qu’ils veulent à manger, des divertissements à profusion, etc. Rien à voir avec la guerre. Et si Robert Marchand dit cela, ce n’est pas par dédain, mais avec un regard profondément humaniste, intéressé au sort de l’humanité, comme le raconte son ami cité par le Parisien :

« Il ne le dit pas mais la chose qui l’attriste le plus, malgré son grand âge, c’est la folie du monde. Robert est meurtri et triste à chaque fois qu’il voit qu’on se bat quelque part sur la planète, qu’il y a des catastrophes, des gens qui souffrent. »

Et malgré cela, ou plutôt en raison de cela, il ne se fait pas vraiment d’illusion. Pour lui qui a vécu tout le XXe siècle, et qui vit pleinement cette entrée fracassante dans le XXIe siècle, le regard est finalement très pessimiste sur la sortie de la crise :

« Elle ne fera pas tout changer. Vous savez, la France reste le troisième fabricant d’armes dans le monde. Elle le sera toujours quand on aura éradiqué ce virus. Les hommes penseront toujours autant à l’argent qu’avant. Ça ne changera jamais. Moi je clame : Liberté, Égalité, Fraternité ! »

C’est en quelque sorte tout un résumé du PCF, avec ses volontés de changement historique et sa réduction à un humanisme beau, mais idéaliste, car sorti des rails des exigences du Socialisme.

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Politique

La faillite de l’idéalisme européen face au Covid-19

L’Union européenne est d’abord un marché commun, mais elle repose aussi sur un idéalisme fort consistant en le rêve d’une coexistence transnationale et d’une puissance collective. Face à une crise majeure comme celle que nous vivons actuellement avec le Covid-19, tout l’édifice s’effondre et ce sont les enjeux nationaux qui priment logiquement.

La situation est rude, c’est celle d’une faillite. L’Union européenne n’a pas été en mesure de lancer des achats groupés pour les masques, les sur-blouses, les gels hydroalcooliques, etc., alors qu’une procédure le permettant avait pourtant été mise en place suite à la crise de la grippe A (H1N1) il y a dix ans.

Les ministres des finances des pays de l’Union européenne sont parvenus malgré tout à un accord jeudi soir consistant en une série de mesures pour 500 milliards d’euros. Là aussi, ce n’est qu’une façade masquant des tensions très profondes.

Rien que cette réunion des ministres des finances, aboutissant à un accord jeudi soir, a en fait été précédée d’une première réunion en début de semaine qui avait été catastrophique. Les ministres des finances s’étaient écharpés pendant toute une nuit, en commençant à 16h mardi pour ne finir qu’à 8h du matin mercredi sans aucun accord, certain s’endormant même devant leur écran de téléconférence, d’autre s’éclipsant pour des coups file en apartés, etc.

Ce sont les Pays-Bas qui ont endossé le rôle du pays contestataire, refusant de payer pour les autres. En réalité, la position hollandaise est portée de manière bien plus large et n’a rien de nouvelle. En février déjà, lors du sommet européen extraordinaire consacré au budget de la période 2021-2027, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte était venu avec une pomme et une biographie de Chopin. Il expliquait aux journalistes que c’était pour tromper l’ennui, car il n’y avait « rien à négocier », refusant par la suite d’être séparé des représentants danois, autrichiens et suédois, sur la même position que lui.

Ces tensions se sont exacerbées depuis le début de la crise sanitaire, paralysant toute possibilité d’action et d’organisation commune. On a ainsi des « nordistes » adaptent de la rigueur budgétaire refusant de payer pour les « latins » et leurs dettes abyssales, leurs infrastructures mal gérées et leurs populations indisciplinées.

Le contraste est saisissant en effet entre une Allemagne où, avec un part du budget moindre, le système de santé encaisse assez bien le choc et la France où, malgré d’immenses moyens, les places en réanimation sont trop peu nombreuses et les hôpitaux doivent recruter à la hâte des étudiants, des infirmières libérales ou des médecins d’autre secteurs. C’est la même chose pour les tests, massifs en Allemagne, mais en pénurie en France, en Italie. Pareil encore pour les masques, introuvables chez nous, alors qu’en Autriche ils sont distribués gratuitement quand on fait ses courses en supermarché.

On a donc une Union européenne disparate, avec des particularités non pas simplement régionales, mais relevant de toute une culture, de tout un état d’esprit national propre à chaque pays… et bien entendu à la situation du capitalisme. Les idéalistes européens ont cru, ou prétendu croire, qu’il suffisait de faire sauter les barrière douanières pour les marchandises, pour que les populations suivent et s’unissent, que l’Union européenne prenne le dessus.

En réalité, ce sont au départ les États-Unis qui ont poussé à l’unité ouest-européenne et désormais c’est l’Allemagne qui a le dessus… Au grand dam par exemple d’un Jean-Luc Mélenchon, un social-chauvin revendiqué qui veut que ce soit la France qui prime.

Et avec la crise, cette unité par en haut vacille ou en tout cas témoigne que les puissants font ce qu’ils veulent. L’exemple le plus marquant est celui de l’absence de « coronabonds » ou « eurobonds ». Cela consisterait à mutualiser de la dette entre tous les pays européens, en souscrivant des obligations européennes sur les marchés financiers. La France est pour, l’Italie imagine difficilement s’en sortir sans cela tellement le pays est endetté, mais les pays aux budgets plus équilibrés ne veulent logiquement pas en entendre parler, à commencer par l’Allemagne.

Un pays, une nation, est capable d’assumer collectivement (de manière démocratique ou non) une dette. Une union d’échange commerciale ne le peut pas et l’Union européenne apparaît de plus en plus comme n’étant rien de plus que cette union commerciale, ce grand marché commun sans frontière pour les marchandises… ou bien une utopie réactionnaire au service d’une puissance majeure, en l’occurrence en ce moment l’Allemagne.

Il est bien connu que la ligne d’Emmanuel Macron est de coller à l’Allemagne. Mais le moteur franco-allemand qui porte cette union commerciale se fait de plus en plus faible, de moins en moins puissant. Les compromis sont de plus en plus difficiles à obtenir et de plus en plus coûteux.

En l’occurrence, la France, à l’idéologie profondément keynésienne, pousse pour un « plan de relance », mais les libéraux plus stricts ne peuvent accepter que soit dépensé de l’argent sans contre-partie derrière, ce que l’Italie considère comme une entorse à sa souveraineté, etc. L’Allemagne a accepté un compromis cette semaine, poussant les Pays-Bas à reculer, mais cela reste très fragile et surtout, peu contraignant pour les économies les plus solides et peu efficace pour les capitalismes plus faibles.

Le ministre hollandais ayant de toutes manières tenu à préciser :

«Ce qui a été décidé nous convient. Mais pour chaque euro du MES [mécanise européen de solidarité] qui sera dépensé sur l’économie, les règles normales de la conditionnalité devront pleinement s’appliquer».

L’Union européenne sortira très affaiblie de la crise sanitaire actuelle et aura bien des difficultés à affronter collectivement la crise économique qui va suivre. Au milieu de tout cela, la France apparaît de plus en plus comme un maillon faible, de par notamment son incapacité à considérer réellement la crise, à envisager que tout puisse s’effondrer.

Gageons que la fin de l’idéalisme européen agisse comme un électro-choc en France, poussant à la prise de conscience… et pas dans un sens chauvin. La Gauche a un défi face à cette crise sanitaire, cette crise du capitalisme : comment échapper au Charybde du nationalisme autoritaire et au Scylla libéralisme libertaire pour qui il faut tout continuer comme si de rien n’était ?

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Écologie

Communiqué d’Eau et rivière de Bretagne sur les pulvérisations de pesticides

Voici le communiqué d’Eau et rivière de Bretagne s’insurgeant contre le coup de force anti-démocratique des préfectures bretonnes, en pleine crise sanitaire. Il a en effet été balayé d’un revers de main toute concertation sur les distances minimales par rapport aux habitations pour la pulvérisations de pesticides.

« Distance de pulvérisation des pesticides réduites sans concertation, la double-peine pour les riverains

L’arrêté pesticides paru le 27 décembre 2019, prévoit des distances de sécurité minimales pour la pulvérisation des pesticides à proximité des lieux habités, des Zones de Non-Traitements (ZNT) de 5 m en culture basse et de 10 m en culture haute. Le premier avril, 25 départements, dont tous les département bretons, ont accepté les chartes élaborés par la FNSEA qui réduisent ces distances à 5 m pour les cultures hautes et 3 m pour les cultures basses.

Eau et Rivières de Bretagne a déposé un recours devant le conseil d’État avec 8 autres associations contre l’arrêté du 27 décembre, le jugeant très insuffisant pour assurer la protection des riverains des expositions aux pulvérisations de pesticides.

En pleine crise sanitaire, sans aucune concertation, au moment même où Air Breizh, l’agence de contrôle de la qualité de l’air, alerte sur les émissions d’ammoniac « qui proviennent des élevages de porcs, bovins et volailles », les préfets de tous les départements bretons valident une charte qui divise par deux les distances de précaution pour pulvériser des pesticides. Si nous nous inquiétions de l’inéquité de ces chartes au niveau des territoires selon les rapports de force existant, nous ne nous attendions tout de même pas à ce que cette concertation soit balayée d’un revers de main !

Pour Eau & Rivières, il s’agit purement et simplement d’un déni de démocratie. Comment peut-on parler d’une concertation alors même que, seuls, les utilisateurs de pesticides sont à la manœuvre ? Comment les représentants de l’État dans les régions et les départements peuvent cautionner ces passe-droits ? Le contexte sanitaire actuel ne doit pas être une parenthèse déconnectée de toute réalité. Les riverains sont exceptionnellement obligés de rester chez eux et ne peuvent se soustraire au éventuelles pulvérisation à leurs fenêtres.

Eau et Rivières de Bretagne demande qu’en cette période d’épidémie grave, soit suspendue la décision scandaleuse de valider ainsi des chartes qui auront des conséquences négatives sur la santé. Il sera temps, après la grave crise sanitaire actuelle, de savoir s’il faut diviser par 2 les distances de sécurité pour épandage de pesticides ou les augmenter sensiblement comme le souhaitent toutes les associations. Ces dernières jugent déjà bien insuffisantes les distances de 5 m et 10 m prévues par la loi.

Pour Eau & Rivières de Bretagne, l’objectif reste la sortie complète des pesticides dans les plus brefs délais en accompagnant les agriculteurs dans cette démarche. »

 

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Politique

Décès de Liliane Marchais, la fin d’une époque

Liliane Marchais, veuve de Georges Marchais, est décédé en raison du covid-19. C’est la fin de toute une époque, celle d’un PCF avec une immense base populaire et une abnégation formidable. Tout cela pour, il faut le dire, strictement rien comparé à ce qui était espéré.

La photographie employée par le PCF à l’occasion du décès de la veuve de Georges Marchais correspond à l’esprit d’une époque. Il suffit, pour s’en convaincre, de regarder l’arrière-plan. On y voit une femme fière, elle sait qu’elle est derrière la dirigeante du PCF. Nous sommes alors en 1982 et le PCF n’était pas passé dans le camp de la postmodernité, comme en témoigne l’homme barbu avec son bob.

La Fête de l’Humanité était alors monumentale et il ne s’agissait pas, comme cette dernières décennie, de voir les copains et de se faire de l’argent pour la section à coups de boissons fortement alcoolisées. Les odeurs de merguez étaient déjà là, mais elles n’étaient qu’un accompagnement à un militantisme franc et rude. Impossible de faire deux mètres, trois mètres, sans être alpagué par un membre du PCF ou de la JC proposant l’adhésion.

C’est que le PCF était, il faut bien le dire, le peuple. Pour le meilleur et le pire, car le PCF ne voulait pas de la révolution, il espérait un changement total, mais faisait confiance au « Parti ». Georges Marchais pouvait annoncer à la télévision l’abandon du principe de la dictature du prolétariat, avant même la tenue du congrès, ce n’était pas grave. La victoire de François Mitterrand avait montré qu’avancer était possible et l’URSS était alors à son apogée militaire, dépassant les États-Unis, disposant d’un prestige douteux, mais réel.

Le PCF avait alors une telle assise de masse que, si une crise comme celle du covid-19 s’était alors produite, il aurait pu pratiquement prendre le pouvoir. Il disposait de tels relais dans les masses, d’un tel engouement populaire, qu’il aurait été capable de souder un mouvement de masse immense et de littéralement briser un État dépassé. Et les armes étaient là, comme les 5000 « trouvées » en 1991 par les Nouvelles messageries de la presse parisienne (NMPP) dans des entrepôts de la banlieue parisienne et qu’il a fallu discrètement refiler au gouvernement d’alors.

Le PCF avait alors le niveau pour gouverner. Il ne l’a plus depuis longtemps, ou bien seulement en force d’appui aux socialistes et aux écologistes d’EELV. C’est d’ailleurs cela qui met en rogne les syndicalistes « durs » de la CGT : le PCF n’est-il pas, en fin de compte, leur bras politique ? N’est-il pas là pour réaliser les plans de la CGT concoctés parallèlement aux patrons, avec la prétention de pouvoir mieux gérer, mieux produire ?

Tout cela est très loin désormais et il y a ici une source d’enseignement. L’idée de « dégager » un gouvernement sans être en mesure de le remplacer est vaine. Et c’est d’autant plus valable si on a des ambitions encore plus grandes et que, par volonté révolutionnaire, on veuille en plus remplacer l’État !

On peut bien entendu jouer aux ultras et dire : le peuple fera tout, tout marchera tout seul et en attendant on peut se contenter de jouer aux révolutionnaires. Mais quel sens cela a-t-il ? Aucun. Et pareillement, pourquoi vouloir construire un parti gouvernemental, si on n’a pas les moyens de faire quoi que cela soit ? François Hollande apparaît ici comme le suprême cynique, celui qui a accepté de gouverner en sachant qu’il ne pouvait rien faire.

Le PCF, c’était quelque chose ! Mais c’est du passé. Et cette chose n’a pas suffi, ou n’a pas voulu. Tout reste à faire.