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Société

Les réserves de l’Académie de médecine sur l’extension de la PMA

Alors que le débat sur le projet de loi de bioéthique incluant l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) doit s’ouvrir à l’Assemblée nationale, l’Académie de médecine s’est invitée à la discussion en publiant samedi 21 septembre 2019 un document très critique.

L’Académie de médecine a produit un Rapport sur le Projet de loi relatif à la bioéthique dans lequel elle émet notamment de larges réserves au sujet de la PMA, dénommée AMP (Aide médicale à la procréation, le terme utilisé par les médecins). Il est considéré que « la conception délibérée d’un enfant privé de père constitue une rupture anthropologique majeure », affirmant même que la disposition du projet de loi est « contraire à la Convention internationale des droits de l’enfant de 1989 ».

La ministre de la Santé Agnès Buzyn a réagit en considérant que le propos était « peut-être daté », mais sans argumenter sur le fond. Le gouvernement a en effet tout fait pour éviter un débat de société sur une question pourtant d’une grande importance.

L’Académie de médecine rappelle des choses essentielles, alors que l’ultra-libéralisme veut tout réduire à l’état de marchandise. Voici un long extrait du rapport concernant le Titre I du projet de loi de bioéthique, au sujet donc de la PMA, mais aussi de l’autorisation de l’autoconservation des ovocytes :

« POSITIONS DE L’ACADEMIE NATIONALE DE MEDECINE sur le titre I

1)
Pour l‘ANM [Académie nationale de médecine, NDLR] l’extension de l’AMP aux couples de femmes et aux femmes seules relève davantage d’une loi sociétale s‘inscrivant dans la suite des lois sur le Pacte civil de solidarité et du Mariage pour tous, que de la loi de bioéthique dans la mesure où les techniques utilisées sont anciennes et ne soulèvent pas de nouvelles questions d’ordre médical. S’agissant, selon elle, d’une mesure à caractère sociétal et au-delà des convictions de chacun, l‘ANM ne s’estime pas à même de donner un avis hors du champ de ses missions. En revanche, elle se sent impliquée et estime de son devoir de soulever un certain nombre de réserves liées à de possibles conséquences médicales.

L’ANM reconnaît la légitimité du désir de maternité chez toute femme quelle que soit sa situation, mais elle veut souligner que si l‘invocation de l’égalité des droits de toute femme devant la procréation est compréhensible, il faut aussi au titre de la même égalité des droits tenir compte du droit de tout enfant à avoir un père et une mère dans la mesure du possible.

Sur ce point, il y a donc une rupture volontaire d’égalité entre les enfants. A ce titre, la conception délibérée d’un enfant privé de père constitue une rupture anthropologique majeure qui n‘est pas sans risques pour le développement psychologique et l’épanouissement de l’enfant.

L’argument régulièrement avancé pour rejeter le risque pour l’enfant se fonde sur certaines évaluations, essentiellement dans quelques pays anglo-saxons et européens, faisant état de l’absence d’impact avéré sur le devenir de l’enfant.

L’ANM ne juge pas très convaincantes ces données au plan méthodologique, en nombre de cas et en durée d’observation sur des enfants n’ayant pas toujours atteint l’âge des questions existentielles. Quoi qu’il en soit, l’ANM rappelle que l’incertitude persiste sur le risque de développement psychologique de ces enfants au regard du besoin souvent exprimé de connaître leurs origines. Cela conduit donc à souhaiter qu’il y ait des études en milieu pédopsychiatrique à partir d’enfants privés de pères, parmi lesquels ceux issus de l’AMP pour des femmes seules ou en couples.

Cela permettra d’évaluer le devenir de ces enfants au nom du principe de précaution si souvent évoqué pour des sujets d’importance moindre. II apparaît, à l’ANM que cette disposition est contraire à la Convention internationale des droits de l’enfant de 1989, ratifiée par la France. Celle-ci mentionne le droit de l’enfant à connaître ses parents en insistant sur le «bien de l’enfant » comme sur son «intérêt supérieur». De fait, on quitte le domaine de la vraisemblance puisque deux parents du même sexe ne suffisent pas pour donner vie à un enfant. Il s’agira pour la première fois de permettre à deux femmes d’être les deux mères d’un même enfant. Pourtant, l’existence de deux mots distincts, père et mère, signifie que l’un ne peut se substituer à l’autre car le rôle des mères et des pères ne sont pas équivalents.

L’ANM estime que, de plus en plus malmenée par les évolutions sociétales, la figure du père reste pourtant fondatrice pour la personnalité de l’enfant comme le rappellent des pédopsychiatres, pédiatres et psychologues qui demeurent dans leur majorité pour le moins réservés sur cette innovation radicale. A la différence notoire des situations subies par certaines familles monoparentales, des réserves médicales sont également exprimées sur l’extension de la procréation volontaire aux femmes seules en raison de l’observation d’une vulnérabilité, source d‘anxiété et de fragilité maternelle avec des couples mère/enfant qui peuvent être pathologiques comme cela a été souligné lors des auditions par la commission spéciale à l’Assemblée nationale. Dans tous les cas d’extension de l’AMP, on ne peut méconnaître la question de l’altérité et celle de la différence homme-femme.

2)
Concernant la question de l’anonymat du donneur, l’ANM rappelle que ce choix fait par les CECOS dès le début de l’Insémination artificielle avec sperme de donner (lAD) a été régulièrement rediscuté. On sait, désormais, que le maintien de l’anonymat a suscité chez un certain nombre d’adolescents ou jeunes adultes connaissant leur mode de conception, le besoin de rechercher leur géniteur et leurs origines biologiques.

Cette quête pouvait même devenir obsessionnelle et nuire à leur épanouissement comme à leur équilibre psychologique, ce qu’on ne peut ignorer. En outre, l’accès de plus en plus facile au séquençage de son génome et aux réseaux généalogiques sur internet a déjà permis à certains de retrouver leur géniteur ou des demi-frères ou demi-soeurs. La nécessité de faire évoluer le processus est donc légitime. Les dispositions proposées dans le projet de loi permettant d’accéder à des données non identifiantes sont satisfaisantes et peuvent être utiles sur le plan médical.

Quant à l’accès à l’identité du géniteur lui-même, il sera rendu possible à la condition que celui-ci y consente au moment de la demande d’accès. Un dispositif semblable à celui du Centre National d’Accès aux Origines Personnelles (CNAOP) créé en 2002 pour répondre au même besoin exprimé par les enfants nés sous X de mère anonyme, sera organisé pour guider les demandes. L’ANM est favorable à une telle évolution maîtrisée vers l’accès aux origines. Elle observe néanmoins que 75% des candidats au don de sperme sont pour le maintien total de l’anonymat et pourraient revenir sur leur intention initiale en cas de sa levée, même partielle.

Sur ce point, l’ANM veut souligner l’actuel équilibre fragile entre donneurs et couples hétérosexuels infertiles demandeurs d’une IAD, avec un délai moyen d’un à deux ans entre la demande et sa réalisation. II apparaît évident que la demande accrue du fait de l’extension prévue de l’AMP entrainera un déficit de spermes et un allongement des délais portant préjudice aux couples hétérosexuels souffrant d’une infertilité qui relève pourtant d’une indication véritablement médicale.

Dans les faits, il s’agira donc pour ces couples d’une régression dans leur prise en charge et il reviendra aux médecins de l’expliquer aux patients. Les médecins ne comprennent pas qu’on puisse considérer de la même façon les indications médicales et les demandes sociales. Dans de telles conditions où la demande sera supérieure à l’offre, l’ANM exprime sa crainte de voir s‘établir un marché déjà en voie d’organisation dans certains pays voisins.

L‘éventuelle marchandisation des produits du corps humain est donc un réel danger qui menace le principe essentiel de l’éthique française, à savoir la gratuité du don et la non-marchandisation du corps humain. En outre, l‘ANM estime que le financement de ce choix sociétal personnel par l’Assurance-Maladie n‘est pas cohérent avec les missions qui lui sont assignées.

3)

Concernant la filiation qui ne va pas de soi pour deux femmes qui souhaitent être toutes les deux les mères du même enfant, nonobstant les réserves de l’ANM sur l’extension prévue de l’AMP, elle estime que la procédure de filiation retenue semble la plus à même de créer un cadre aussi rassurant que possible pour l’enfant bien que reposant sur des critères non biologiques et en dehors de toute vraisemblance.

4)
Concernant la possibilité pour les femmes de conserver leurs ovocytes en dehors de tout motif médical, sans s’y opposer formellement, l’ANM souligne que si les risques que pourrait entraîner une telle pratique sont bien connus des professionnels, ils ne sont pas mentionnés dans l’exposé des motifs de la loi et n’ont pas été réellement discutés lors des débats préparatoires,ce qui est éminemment regrettable. Ils n’ont donc pas été repris par les medias et les femmes n’ont généralement pas une juste idée de la réalité de l’entreprise. D’une part, le recours à l’autoconservation des ovocytes augmenterait davantage encore la surmédicalisation des grossesses.

D‘autre part, elle pourrait contribuer au recul de l’âge moyen de la première grossesse. Or, on sait l’augmentation significative des Infirmités motrices-cérébrales qui en découlent pour l’enfant. Enfin, la présentation banalisée qui en est faite semble sous-estimer, voire méconnaitre, les risques que la méthode induit par elle-même. Ceux liés aux inductions de l’ovulation, souvent répétées pour obtenir le nombre d’ovocytes nécessaires.

Ceux concernant lesrisques d’échecs non négligeables dont il n’est pratiquement pas fait mention alors que le taux de réussite est estimé à 60% après quatre tentatives et décroit notablement avec l’âge. L‘ANM regrette que, dans les débats,l’information des femmes ne soit pas présentée de façon suffisamment objective et que l’autoconservation de leurs ovocytes puisse apparaître commeune garantie de réussite lorsqu‘elles décideront du moment de leur grossesse. En pareil cas, il s’agirait d’une grave mésinformation que les médecins auront du mal à réparer sans décevoir.

En outre, l’ANM déplore qu’à aucun moment il ne soit fait mention de la nécessaire information sur la fertilité d’une femme et sa décroissance en fonction de l’âge. L‘ANM veut encore souligner que l’extension de l’AMF à toutes les femmes comme celle de l’autoconservation des ovocytes par volonté personnelle correspondent à des demandes sociétales pour des femmes qui ne souffrent d’aucune pathologie de la reproduction.

Il ne s‘agit aucunement d’indications médicales conformes à la mission de la médecine qui est de soigner. Ce changement de nature de l’acte médical n’est pas sans soulever de sérieuses questions de fond pour l’avenir de la pratique médicale. D‘autant qu’auregard d’une aspiration sociétale vers le report banalisé de l’âge de la conception, l’importance d’un avertissement des femmes n’est même pas mentionnée quant aux pertes de chance de fertilité et de risque foetal. L’ANM insiste à nouveau sur l’information nécessaire des femmes sur l’évolution de leur fertilité et souligne qu’il s’agit là d’un enjeu de santé publique majeur. »

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Écologie

«Marche pour le climat», le début d’une prise de conscience planétaire

Ces derniers mois, on a beaucoup parlé du dérèglement climatique et de grands espoirs étaient placés dans la « Marche pour le climat » du 21 septembre 2019. La désillusion n’en est que plus grande : toute la France était au courant, mais les manifestants n’étaient finalement que peu nombreux, avec qui plus est une ambiance délétère provoquée par l’ultra-gauche et les gilets jaunes . Cependant, il reste l’essentiel, le tout début d’une prise de conscience planétaire.

Une manifestation, c’est toujours avant tout des chiffres et plus on est dans une cause que tout un chacun peut rejoindre, plus on est en droit d’espérer que ceux-ci soient hauts. C’est d’autant plus vrai que la question climatique a été marquée par une grande prise de conscience dans la jeunesse ces derniers mois.

Cependant, même avec les chiffres des organisateurs, on est dans une initiative classique. 50 000 personnes à Paris, 15 000 à Lyon, quelques milliers à Strasbourg et Grenoble, un peu moins à Rouen, et des cortèges clairsemés à Marseille, Lille, Bordeaux, Metz, Caen, Nancy, Tours, Angers, Bayonne et Caen… Cela ne fait pas lourd.

Cela a, qui plus est, parfois tourné au vinaigre, en raison des « 1 000 individus à risques » comme les appelle la Préfecture de police, c’est-à-dire l’ultra-gauche et les restes des gilets jaunes, en quête éperdue d’un rôle à jouer. Cela a donné des accrochages sur les Champs-Élysées – une vraie obsession, ces Champs-Élysées -, ainsi qu’autour du palais omnisports de Bercy, avec 163 interpellations et une réaction de rejet par les ONG de la marche pour le climat comme Greenpeace.

Tout cela n’est utile à rien, à part aux racoleurs de service, qu’ils soient populistes ou médiatiques.

C’est donc objectivement un échec, mais aussi, de fait, une réussite. En effet, rien que 150 jeunes dans les rues de Metz appelant à s’engager, c’est quelque chose qui bouge, qui commence à bouger.

Dire qu’il y a quelque chose qui se passe serait faux. Il n’est pas bien difficile de voir qu’on est ici dans l’amusement général, dans la posture se voulant engager, dans le bruit et non dans le contenu. L’écologie mise en avant est très virtuelle, très hypothétique, d’autant plus que le dérèglement climatique impose un grand chambardement que personne ne peut faire à son échelle.

Mais il y a un remue-ménage, un changement de culture qui s’opère. Il y a une considération planétaire qui en fait son charme et son intérêt, car n’oublions pas que la marche pour le climat a eu lieu dans de très nombreux pays. Être de Gauche, c’est avant tout, au-delà de la faiblesse ou de la vanité, se réjouir d’une dimension de plus en plus planétaire.

Certains s’imaginent que là n’est pas l’important, qu’il faut transformer les manifestants de la marche pour le climat en « anticapitalistes ». C’est là un vain racolage qui passe à côté de la véritable dynamique en cours : la prise de conscience des destructions de la vie naturelle sur la planète. C’est cela qui émeut les gens.

Bien sûr, toutes ces destructions n’auraient pas lieu sans le capitalisme. Mais les destructions ont un contenu et c’est ce contenu qui est le vecteur de la mobilisation.

Une mobilisation, bien entendu, qui a littéralement 30 ans de retard. Tout ce qui est dit a déjà été dit et même en mieux, il y a 30 ou même 50 ans. Le décalage est encore immense et seule une minorité se met en branle qui plus est. Le processus est toutefois enclenché et il ne s’arrêtera plus.

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Politique

L’UEJF et SOS Racisme font annuler un spectacle de Dieudonné à Paris

Voici les communiqués de l’Union des étudiants juifs de France et de SOS Racisme, qui ont obtenu l’annulation d’un des deux spectacles de l’antisémite Dieudonné à Paris cette semaine. L’intervention était malheureusement largement confidentielle, probablement parce qu’elle s’est organisée au dernier moment ; c’est en tout cas une victoire marquante. Partout en France, il faut empêcher Dieudonné de répandre sa propagande antisémite.

UEJF :

« Le 19 septembre 2019, des étudiants de l’UEJF et de SOS racisme, rejoints par des passants ont scandé des slogans dénonçant le racisme et l’antisémitisme de Dieudonné pendant la première représentation de la soirée. Un important dispositif policier a été mobilisé et la préfecture de police a finalement demandé à Dieudonné d’annuler la seconde représentation de son spectacle prévue en fin de soirée Porte Maillot.

Dieudonné propage depuis des années l’antisémitisme et le complotisme, organise son insolvabilité et se joue des forces de l’ordre pour continuer à se produire.

Alors que l’antisémitisme a augmenté de 74% en France en 2018, l’UEJF demande aux maires et préfets de France de tout mettre en œuvre pour l’empêcher de se produire. Les autorités doivent agir et faire appliquer les décisions de justice.

Pour Sacha Ghozlan président de L’UEJF « Cette annulation est une étape supplémentaire dans le combat contre Dieudonné. Dans son dernier spectacle, il prétendait que les chambres à gaz n’ont jamais existé, tout en incitant à la haine. Malgré ses subterfuges pour échapper à la justice, nous continuerons à mener ce combat pour défendre des valeurs bafouées par un multirécidiviste haineux.

Après cette annulation, nous demandons aux pouvoirs publics de prendre les mesures nécessaires pour empêcher toutes les représentations de Dieudonné ».

SOS Racisme :

« Ce jeudi 19 septembre, des militants de SOS Racisme et de l’UEJF (Union des Etudiants Juifs de France) ont manifesté devant le bus dans lequel Dieudonné donnait son spectacle. Dans le 17ème arrondissement parisien, ils étaient munis de banderoles et scandaient des slogans afin de créer un trouble à l’ordre public et d’interrompre la représentation de l’«humoriste ».

Ce fut chose faite puisqu’un important dispositif policier a été mobilisé et que la préfecture de police a finalement demandé à Dieudonné d’annuler la seconde représentation du spectacle prévue en fin de soirée Porte Maillot. Une victoire pour les deux associations qui rappellent que Dieudonné a été maintes fois condamné pour incitation à la haine raciale.

En effet, depuis plusieurs semaines, Dieudonné, multirécidiviste antisémite, se produit au cœur de Paris dans un bus aménagé pour son spectacle « Gilets Jaunes ». Il propage depuis des années l’antisémitisme et le complotisme, organise son insolvabilité et se joue des forces de l’ordre pour continuer à se produire… Ce contre quoi les associations se battent au quotidien et ce qu’elles dénonçaient lors de cette action. Nous demandons désormais à ce que les maires et préfets de France mettent tout en œuvre pour l’empêcher de se produire. Les autorités doivent agir et faire appliquer les décisions de justice !

SOS Racisme rappelle enfin que les mobilisations militantes comme celle-ci permettent des avancées dans la cause antiraciste. C’est pourquoi nous devons être toujours plus nombreux ! »

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Politique

Michel Onfray fait enfin son coming-out de facho

Cela fait des années que Michel Onfray pourrit la Gauche de l’intérieur avec ses thèses proudhonistes d’une totale hostilité aux valeurs historiques du mouvement ouvrier. Il a enfin tombé le masque pour la rentrée en affirmant souscrire aux thèses de l’UPR, le mouvement de François Asselineau.

On avait déjà Aurélien Enthoven, très médiatisé fils de Carla Bruni et Raphaël Enthoven, qui avait rejoint l’Union populaire républicaine (UPR). C’est un exemple important, car celui qui est désormais un inconditionnel du Brexit (et donc du « Frexit ») était présenté hier comme un progressiste faisant une chaîne Youtube de vulgarisation intellectuelle (Motorsport Gigantoraptor), comme un adepte du véganisme, etc.

C’est un excellent exemple de comment des intellectuels bourgeois viennent pourrir les choses de l’intérieur, Aurélien Enthoven assumant somme toute la posture du dandy au-dessus de la mêlée se permettant de donner des leçons.

Michel Onfray a fait cela pendant des années, avec un gigantesque soutien médiatique. Sa pensée était brouillonne, incohérente, anti-historique, mais bon nombre de gens de la Gauche, par fainéantise ou faiblesses intellectuelles, ont cédé devant lui. Sa démarche a toujours été celle d’un « nietzschéen », se baladant de révolte en cercle intellectuel, racontant tout et n’importe quoi en cherchant l’éclat à coups de références éclectiques.

Il va de soi que personne de la Gauche historique n’a jamais pu porter attention à ses élucubrations, voyant aisément une sorte d’anarchiste de Droite cherchant un assentiment médiatique et populaire. Ce qui s’appelle, au sens strict, une démarche fasciste.

De toutes manières, on peut voir que Michel Onfray a soutenu en 2002 Olivier Besancenot de la Ligue communiste révolutionnaire (devenu depuis 2009 NPA) aux présidentielles de 2002, affirmant que « la gauche doit être de gauche ». En 2006, il explique finalement qu’il n’est pas contre le capitalisme ni la propriété privée. Il se dit alors post-anarchiste et pour un « capitalisme libertaire », pour soutenir le Front de gauche aux élections européennes de 2009, pour de nouveau changer d’avis, etc.

Finalement, ces derniers mois il s’est posé comme climato-sceptique et souscrit désormais ouvertement aux thèses de l’UPR. Ce coming out s’est fait à la toute fin d’une conférence de deux heures dans une librairie, avec une question « tombée du ciel » prétexte à une véritable apologie. C’est naturellement un coup politique.

On vivrait dans un « État supranational », il y aurait un « empire maastrichtien » : c’est tout le discours nationaliste, qui s’associe impeccablement au discours sur la décadence de « l’Occident » fait par Michel Onfray.

De manière très intéressante, il défend également les gilets jaunes des origines, contre ceux ensuite manipulés par Jean-Luc Mélenchon, la CGT, SUD, etc. Au lieu de faire une critique par la Gauche – et donc de rejeter les gilets jaunes, ainsi que l’opportunisme à ce sujet – il fait une critique par la Droite.

Il est à ce niveau dans la tendance, car les gilets jaunes ne vont ramener que de mauvaises choses, relevant de la boîte de Pandore du populisme, de l’éclectisme des idées au point de mélanger revendications sociales et nationalisme. Ce qui se déroule sous nos yeux est de l’Histoire à l’état pur.

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Nouvel ordre Politique

L’Appel de Stockholm (1950)

Le 18 mars 1950, le Congrès mondial des partisans de la paix, impulsé par les communistes, lançait l’Appel de Stockholm, un manifeste pour la paix qui eut un retentissement énorme. Il faisait suite à une dynamique mondiale importante dans toute la Gauche européenne, avec le Congrès mondial des intellectuels pour la paix à Wrocław en Pologne en 1948 puis les Assises pour la paix et la liberté à Paris.

En France, 14 millions de personnes signèrent la pétition liée à l’Appel de Stockholm, ainsi que 560 millions de personnes dans toute l’Europe. Ce fut un moment important pour la Gauche, marquant l’émergence d’un mouvement de masse en faveur de la paix, à l’époque où les États-Unis lançaient la construction de la bombe H.

C’est de cette époque et de cette dynamique que provient la fameuse colombe comme symbole de la paix, dessinée par Pablo Picasso. Le premier signataire de l’Appel fut le scientifique communiste français Frédéric Joliot-Curie, en tant que Président du Congrès mondial des partisans de la paix.

« APPEL

Nous exigeons l’interdiction absolue de l’arme atomique, arme d’épouvante et d’extermination massive des populations.

Nous exigeons l’établissement d’un rigoureux contrôle international pour assurer l’application de cette mesure d’interdiction.

Nous considérons que le gouvernement qui, le premier, utiliserait, contre n’importe quel pays, l’arme atomique, commettrait un crime contre l’humanité et serait à traiter comme criminel de guerre.

Nous appelons tous les hommes de bonne volonté dans le monde à signer cet appel.

— Stockholm, 19 mars 1950 »

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Politique

Oskar Lafontaine sur la progression de l’extrême-Droite en Allemagne

Le texte suivant, à propos des victoires électorales de l’extrême-droite lors d’élections partielles en Allemagne, est un excellent exemple d’affirmation de la Gauche historique. Il a été écrit par Oskar Lafontaine.

Celui-ci a dirigé le SPD, le parti socialiste en Allemagne, de 1995 à 1999. Il a ensuite contribué à fonder le Mouvement Die Linke (La Gauche), né de l’unité de la gauche du SPD avec le PDS, issu du SED ayant dirigé l’Allemagne de l’Est. Il est par ailleurs marié à Sahra Wagenknecht, fondatrice du mouvement Aufstehen.

Les élections dans le Brandebourg et en Saxe montrent qu’il y a eu beaucoup de mécontentement à l’égard de la politique de ces dernières années et que de plus en plus de gens se sentent marginalisés et déconnectés.

Et que les partis qui devraient en réalité représenter des améliorations sociales et donc les intérêts de la grande majorité de la population n’ont pas la confiance nécessaire de l’électorat. De plus, il ne faut pas se leurrer quant aux progrès des Verts, qui deviennent de plus en plus un parti bourgeois des plus aisés.

Mais les élections montrent également à quel point il est important de créer un mouvement au-delà des partis qui conduise, au Bundestag allemand, de nouveau à une majorité pour des salaires et des retraites plus élevés, de meilleures prestations sociales, une politique étrangère pacifique et une politique environnementale, qui détermine les produits et la production, force à la responsabilité les monopoles et n’impose pas un fardeau de plus pour les personnes à faible revenu.

L’expérience montre que les personnes qui se sentent lésées placent leur espoir dans les partis de gauche. Si elles sont déçues par ceux-ci, ils se subordonnent aux démagogues de droite.

Si l’AfD assumait une responsabilité gouvernementale, les travailleurs seraient comme Gribouille plongeant dans l’eau pour ne pas se mouiller sous la pluie.

L’AfD représente une politique fiscale qui aggrave encore plus l’inégalité croissante des revenus et des possessions – leur mot d’ordre : pas de taxe sur les successions, pas d’impôt sur la fortune – elle vote au Bundestag contre les améliorations sociales et préconise une augmentation des dépenses militaires et une participation aux guerres d’intervention.

Les partis du camp de la gauche doivent de nouveau placer au centre de leur travail les questions qui sont vraiment au cœur de la vaste majorité de la population, et non pas se concentrer uniquement sur des thèmes symboliques pour des minorités.

Au lieu de s’attaquer à la pauvreté et aux inégalités grandissantes, les partis de gauche se sont pliés à la logique de la propagande néolibérale, selon laquelle toute inégalité repose uniquement sur la discrimination et non sur les scandaleux rapports de propriété, qui donnent à une minorité la possibilité de largement déterminer l’économie et la vie politique.

Le prix de cette politique symbolique, qui s’épuise sur les identités, afin de ne pas avoir à faire face aux questions de pouvoir et de propriété, ces partis l’ont connu dimanche. Nous ne devons jamais oublier : la concentration croissante de richesses mène à l’autoritarisme et finalement au fascisme.

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Écologie

Des scientifiques français réévaluent les prévisions du réchauffement climatique

Des scientifiques français ont produit de nouveaux modèles de simulation du réchauffement climatique d’ici à 2100. Les différents scénarios envisagés montrent une situation pire que ce qui était estimé auparavant, allant jusqu’à un réchauffement de +7°C dans le cas le plus pessimiste.

Pour rédiger le prochain rapport du GIEC prévu en 2021, des scientifiques de toute la planète doivent participer afin de compiler les informations et procéder à différentes analyses ou super-calculs. En France, ce sont notamment des chercheurs du CEA, de Météo-France et du CNRS qui sont chargés de ce travail. Cela concerne une centaine de personnes, des climatologues, océanographes, glaciologues, spécialistes de l’atmosphère, de la végétation et des sols ou des experts en calcul intensif.

Ces scientifiques ont rendu public cette semaine une partie de leurs travaux. Ceux-ci ont consisté à élaborer des nouveaux modèles pour estimer l’évolution climatique. Ces modèles simulent un réchauffement plus important à l’horizon 2100 que les modèles établis en 2012.

Le chiffre de « +7°C », qui a été largement relayé dans les médias toujours avides de sensationnalisme, ne correspond pas à la situation qu’ils estiment la plus probable. Cela correspond à ce qui pourrait se produire si l’humanité suit le pire scénario envisagé (une croissance économique rapide alimentée par des énergies fossiles). Toutefois, les scénarios de 2012 prévoyaient déjà une augmentation de la température moyenne globale de 5°C à 7°C par rapport à l’ère pré-industrielle.

Cette nouvelle information n’apporte pas grand-chose en soi, si ce n’est l’hypothèse que la pire des situations pourrait être encore pire que ce que l’on envisageait déjà. La publication de ces travaux confirment cependant une chose : l’humanité n’est toujours pas à la hauteur, elle ne se donne pas les moyens d’évoluer positivement dans son rapport à la planète.

On savait déjà que les accords de Paris destinés à limiter le réchauffement climatique à +2°C étaient bidons, car non contraignants. D’après leurs nouveaux modèles, les scientifiques français montrent maintenant que, même s’ils étaient respectés, ce qui n’est pas du tout le cas, cela ne permettrait pas de rester sous l’objectif des 2°C.

Seul le scénario dit « SSP1 1,9 », qui correspond à des efforts d’atténuation de l’émission de gaz à effet de serre très important, permettrait de rester sous l’objectif de 2°C de réchauffement global à l’horizon 2100, mais avec malgré tout un dépassement temporaire au cours du siècle.

Quand on sait cela, il n’y a aucune raison de ne pas aller dans le sens des efforts d’atténuation les plus drastiques, pour éviter le pire. Aucun gouvernement dans le monde n’envisage pourtant d’assumer une telle position et l’humanité court vers une catastrophe qu’elle décrit elle-même avec de plus en plus de précision. C’est une contradiction intenable, explosive. Alors on se dit qu’il y aura forcément, bientôt, partout dans le monde, une nouvelle génération prête à prendre le problème à bras le corps pour changer réellement les choses.

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Guerre

Communiqué du Secteur international du PCF sur les Marches Pour un Climat de Paix

Voici le communiqué du Secteur international du PCF sur les Marches Pour un Climat de Paix prévues demain samedi 21 septembre 2019 :

« «Action climatique, action pour la paix» est la thématique portée à l’occasion de ce 21 septembre, Journée internationale de la paix. Comme l’a affirmé Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, en juin dernier, «l’urgence climatique mondiale menace la sécurité collective et la stabilité du monde».

C’est pourquoi, à l’occasion de ce 21 septembre 2019, à l’initiative des près de cent organisations membres du collectif « En marche pour la paix », dont le PCF, et à l’appel de la Grève mondiale pour le Climat, de grands rassemblements convergents sont organisés dans de nombreuses villes en France. Fidèle à son engagement pour la paix et la solidarité internationale, le PCF appelle à participer et à contribuer au succès de ces marches pour la paix et pour le climat.

Réchauffement climatique, sécheresse, famines, catastrophes naturelles, épuisement des ressources naturelles: notre planète, la flore, la faune et les êtres humains de tous les continents souffrent comme jamais de l’exploitation à outrance des matières premières par les multinationales, de la course à la rentabilité des exploitations agricoles, de l’agressivité des accords de libre-échange, de la pollution des écosystèmes, des terres, des mers, de l’air! Autant de facteurs qui vont aggraver les tensions, les conflits, les risques de nouvelles guerres.

La civilisation humaine a pourtant les capacités intellectuelles et techniques de surmonter tous ces défis, mais il faut pour cela une volonté politique forte et une solidarité internationale, des coopérations renforcées, démocratiques et centrées sur les besoins humains, sociaux et écologiques.

Pour relever les défis climatiques et écologiques, celui du développement et du combat contre les inégalités et injustices sociales, le monde, chacun de nos pays a besoin d’envisager de nouveaux modes de production, de développement, de consommation.

Urgence pour le désarmement nucléaire et la paix
Les relations internationales sont soumises comme jamais aux rapports de domination économique et de conquête des marchés, aux chantages, aux menaces militaires et aux sanctions. L’OTAN est mise au service de cette logique d’exploitation et de mise en concurrence entre les peuples et participe activement à la relance de la course aux armements: en 2018, les ventes d’armes ont progressé pour attendre 1800 milliards de dollars et dont la moitié provient des seuls pays membres de l’OTAN!

Les perspectives pour 2019 et 2020 sont encore plus alarmantes après la fin du Traité sur les armes nucléaires intermédiaires (INF) entre les États-Unis et la Russie: L’annonce par les États-Unis de nouvelles armes nucléaires de moyenne portée, le développement de nouveaux types d’armes utilisant les drones ou les satellites et le renforcement général des capacités militaires dans le monde et le processus en cours en France visant au quasi doublement des crédits pour les armes nucléaires dans le cadre de la loi de programmation militaire en cours.

Faire reculer la guerre, agir pour la coopération entre les peuples et promouvoir un modèle de développement partagé et solidaire en utilisant autrement l’argent gaspillé dans la course aux armements, c’est aussi répondre à la crise climatique.

Urgence climatique et écologique
Les politiques libérales et de libre-échange ne sont pas compatibles avec la préservation des écosystèmes, la préservation des ressources, la profonde transformation des modes de production, d’échanges et de consommation qu’appelle l’urgence climatique. Ce que les sociétés humaines ont besoin, c’est d’abord de coopérations économiques et d’échanges commerciaux dont les finalités servent le développement économique, social et humain et non la finance. Le 4 novembre, le CETA passera devant le Sénat. La mobilisation du mois de juillet est parvenue à mettre ses partisans en difficulté, nous pouvons maintenant gagner la bataille et un vote de rejet du traité.

Urgence sociale
Les politiques austéritaires menées en France, en Europe et partout où règne le capitalisme mondialisé remettent en cause le pouvoir d’achat, les droits démocratiques et sociaux conquis, et les libertés. Tout de suite, il est possible de faire autrement: en récupérant l’argent versés aux actionnaires au détriment des salariés ou des investissements, en récupérant les sommes astronomiques planquées dans les paradis fiscaux et «optimisés» à bon frais, en privilégiant la rémunération du travail, l’investissement dans les services publics.
L’action pour la paix, l’action pour le climat, l’action pour la justice sociale sont indissociables. Elles sont l’affaire de toutes et de tous. Soyons nombreuses et nombreux à être présents et visibles samedi dans tous les rassemblements.

Secteur international du PCF »

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Société

Un grand plan «anti-stups» qui ne vise pas à endiguer le trafic de drogue

Le ministre de l’Intérieur a annoncé mardi un grand plan « anti-stups », non pas pour en finir avec les trafics de drogue, mais pour encadrer cela dans un sens administratif/anti-démocratique. La drogue est acceptée, mais la grande marche quotidienne du capitalisme ne doit pas être perturbée par les trafics illégaux.

Le trafic de drogue est tellement implanté en France, il est si omniprésent et conquérant, que l’État doit réagir pour ne pas être débordé. Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a présenté à Marseille mardi 17 septembre un plan national censé lutter contre les stupéfiants. Il était accompagné de son secrétaire d’Etat Laurent Nunez, de la garde des Sceaux Nicole Belloubet et du ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, pour présenter en grandes pompes une nouvelle organisation des services.

Depuis l’hôtel de police de Marseille, il a annoncé la création d’un nouvel Office anti-stupéfiants (Ofast) en 2020, accompagné de 55 mesures censées parer à l’urgence de la situation. En lien avec les autorités judiciaires, cette nouvelle entité doit coordonner les services de police, de gendarmerie, des douanes ainsi que ceux du secrétariat général de la mer, du ministère de l’Europe et des affaires étrangères et du ministère des Armées.

Il s’agit surtout de mieux organiser les renseignements, tout en ayant une surveillance plus fine des territoires. L’enjeu pour l’État est de reprendre la main dans un certain nombre de quartiers et sur un certain nombre de réseaux, après avoir littéralement laissé pourrir des situations pendant de nombreuses années. Le choix de la cité phocéenne pour annoncer ce plan n’est pas anodin puisque la ville est littéralement rongée par les trafics, rendant certains quartiers invivables pour la population, avec déjà 9 morts issus de règlements de compte depuis le début de l’année. D’autres villes comme Lille ou Grenoble, ainsi que bien-sûr certains endroits de la région parisienne, sont aussi particulièrement touchés.

Cela concerne néanmoins tout le pays à des degrés divers. Il est expliqué dans le document présentant les mesures que le trafic de drogue a explosé ces 50 dernières années et particulièrement depuis le début du siècle. Le nombre de trafics identifiés aurait doublé entre 2000 et 2017 et si l’on s’en tient au cannabis, les saisies auraient augmenté de 343 % simplement entre 2010 et 2017.

On apprend également qu’en 1996, la France interpellait 46 000 personnes pour des affaires de stupéfiants, alors que le seuil des 200 000 a été franchi en 2013. En 1968, ces personnes n’étaient que… 283 ! L’État n’envisage pas cependant d’en finir avec la drogue et d’en revenir au moins à ce qui existait il y a 50 ans. Les annonces du ministère de l’Intérieur ne visent qu’à mieux encadrer un trafic qui a simplement été laissé faire avec peu de contrôle et une simple répression à la marge.

Il est estimé que le marché des stupéfiants génère 3,2 milliards d’euros de revenus en France. Ce chiffre est probablement donné à la volée, car on n’imagine pas que l’État sache véritablement ce qu’il se passe dans une situation qu’il admet ne pas contrôler. Il donne cependant un ordre de grandeur, qui correspond grosso modo à n’importe quel autre secteur commercial traditionnel.

C’est important donc, mais pas suffisamment pour justifier autant de troubles, comme l’insécurité chronique dans certains quartiers qui a tendance à s’étendre, mais surtout des comportements mafieux qui troublent de plus en plus l’ordre public ailleurs que dans les quartiers pauvres. Le trafic se « professionnalise », mais de manière chaotique, générant une grande instabilité. Le ministère estime que 80 % des règlements de comptes en France sont liés à la drogue et que 3 milliards d’euros sont blanchis chaque année grâce aux trafics.

Voici comment sont résumées les choses :

« Les réseaux du narco-banditisme utilisent toutes les nouvelles technologies et, de plus en plus, des méthodes violentes jusque-là réservées au grand banditisme ou au terrorisme (utilisation de moyens de géolocalisation, de vidéo et de sonorisation pour déjouer les surveillances de la police ou piéger une équipe concurrente, guetteurs dissimulés sur des points hauts et communiquant à distance, nouveaux lieux de stockage des stupéfiants en dehors des cités, utilisation d’armes de guerre pour sécuriser les lieux de vente ou procéder à des intimidations ainsi qu’à des règlements de comptes, vie en clandestinité de certains chefs de réseaux…). »

On annonce donc qu’on va faire du ménage, avec la prétention que la situation sera rapidement sous contrôle. Il est hors de question pour l’État d’accepter que les réseaux mafieux empiètent sur les autres secteurs industriels et commerciaux, perturbant la marche générale du capitalisme.

Il n’est nullement question cependant de procéder à un véritable plan d’éradication de la drogue dans le pays. Tout juste est-il question de « prévention », mais encore que cela n’est qu’un aspect annoncé au passage, avec une énième « campagne de prévention » bidon qui est annoncée, ne faisant même pas partie des 55 mesures opérationnelles du plan « anti-stups ».

> Lire également : Des familles face aux dealers devant une école de Saint-Denis

La volonté n’est pas de combattre démocratiquement ce fléau qu’est la drogue, en harcelant les trafiquants à la base, avec l’appuie de la population et particulièrement de la jeunesse. Cela reviendrait à donner du pouvoir aux habitants des quartiers populaires, ce qui est dangereux pour le capitalisme. Le trafic de drogue est au contraire très utile pour maintenir la tête sous l’eau aux habitants des quartiers populaires, afin d’endiguer tout esprit de révolte.

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Guerre

Journée internationale de la paix samedi 21 septembre 2019

Voici le texte du Collectif National En marche pour la paix, diffusé par le Mouvement de la Paix :

« Partout en France le samedi 21 septembre 2019, marchons ensemble pour un monde de solidarité, de justice, de liberté, d’égalité, de fraternité et de Paix !

En marche pour la paix – Stop la guerre – Stop la violence – Stop la misère

L’aspiration des peuples à vivre ensemble en paix dans la solidarité, la justice et la fraternité est immense.
Nous sommes persuadés qu’aucune de nos différences de convictions, d’appartenance ou de sensibilités philosophiques, politiques, religieuses, syndicales ou autres ne doit faire obstacle à l’expression de cette aspiration commune.

Nous sommes révoltés face à l’augmentation incessante des dépenses militaires qui sont passées de 1.144 milliards de dollars en 2001 à 1822 milliards en 2018 (Sipri en USD) et favorisent un commerce des armes immoral et dangereux, alors que le budget des Nations Unies pour les opérations de paix est de seulement 8,7 milliards et que la lutte contre le réchauffement climatique nécessite des moyens importants tout comme la réalisation des Objectifs du Développement Durable (ODD).

Nous sommes indignés de savoir que seulement 5 % des dépenses militaires mondiales pendant 10 ans permettraient selon le programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) de résoudre les principaux problèmes de l’humanité (alimentation en eau, faim, analphabétisme, principales maladies…)

Nous sommes conscients que la guerre est toujours un échec. Elle conduit au chaos et enfante des monstruosités dont sont victimes les populations civiles jetées sur le chemin de l’exil.

Au moment où le gouvernement français vient de doubler les dépenses annuelles consacrées à la production de nouvelles armes nucléaires en France (de 3.3 à 7 milliards d’Euros par an), n’est-ce pas le moment opportun pour dire que notre aspiration au développement d’une culture de la paix (voir “La culture de la paix c’est quoi ?”) est inconciliable avec une nouvelle augmentation des dépenses consacrées aux armes nucléaires dans notre pays et dans le monde ?

Enfin nous sommes convaincus que lorsque la guerre se développe, que les dépenses militaires augmentent et que la paix est menacée il est nécessaire d’agir pour obtenir des politiques sociales, économiques, culturelles et de paix s’inspirant de la charte des Nations Unies et des huit domaines de la culture de la paix définis par l’Unesco afin de contribuer à la construction d’un monde de justice, de solidarité, de fraternité, de Paix !

C’est pourquoi nous appelons à organiser partout en France, et dans le plus grand nombre possible de communes et de villes, le samedi 21 septembre 2019, des Marches pour la paix dans le cadre de la Journée Internationale de la Paix et du présent appel, l’appel fondateur du Collectif National “En marche pour la paix”. »

La liste des rassemblements en France est disponible ici : 21septembre.org/evenements

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Politique

Emmanuel Macron ouvre le thème de l’immigration avec la question «bourgeoise»

Emmanuel Macron a annoncé l’ouverture de l’immigration comme thème politique. Normalement marginalisé en raison des besoins économiques pour le capitalisme français, ce thème n’a fait que se renforcer au cœur de la société, c’est-à-dire dans les couches populaires.

Le thème de l’immigration apparaît désormais comme hautement explosif, notamment dans un contexte marqué par des déstructurations sociales toujours plus massives.

Emmanuel Macron n’y est donc pas allé de main-morte. Il sait que son « progressisme » fait ici face à un nationalisme conquérant, alors que la Gauche est totalement hors-jeu, quand elle ne sert pas carrément de force d’appoint au « progressisme ».

Le nationalisme conquérant veut faire en sorte que la réponse à la crise soit identitaire-sociale et militariste, comme dans les années 1930. L’affirmation politique indirecte de Marion Maréchal et la vigueur de Marine Le Pen rendent donc la situation incontournable, même pour les capitalistes modernistes, « progressistes », dont Emmanuel Macron est le représentant.

Devant les parlementaires de la majorité présidentielle, il a donc parlé de l’immigration et affirmé les choses suivantes :

« La question est de savoir si nous voulons être un parti bourgeois ou pas. Les bourgeois n’ont pas de problèmes avec ça : ils ne la croisent pas. Les classes populaires vivent avec. »

« La gauche n’a pas voulu regarder ce problème pendant des décennies. Les classes populaires ont donc migré vers l’extrême droite. On est comme les trois petits singes: on ne veut pas regarder. »

« Vous n’avez qu’un opposant sur le terrain: c’est le Front national [en fait le Rassemblement national, NDLR]. Il faut confirmer cette opposition car ce sont les Français qui l’ont choisie. Il y a deux projets : celui du repli, tout faire peur ou bâtir une solution ouverte mais pas naïve. »

Ce que veut dire ici Emmanuel Macron, c’est que l’immigration massive utilisée par un capitalisme tournant à fond comme lors des « 30 glorieuses » (1945-1975) ne peut plus être de rigueur. Il ne l’a pas dit ainsi, mais un bon observateur politique comprend qu’il sous-entend la nécessité de passer à l’immigration choisie.

Le libéralisme conçoit en effet que chacun aille où il veut, mais seulement s’il fait tourner la machine capitaliste. On peut donc parier qu’il annoncera une « sélection » dans l’immigration dans son prochain programme, à l’occasion des présidentielles.

Il va de soi que la réaction de l’extrême-Droite a été vive, comme ici avec Stéphane Ravier, sénateur Rassemblement national des Bouches-du-Rhône :

« Emmanuel Macron non plus ne croise pas l’immigration. Il en parle sans doute parce que les sondages ont dû lui être présentés.

Les Français en ont assez d’une immigration de peuplement, de remplacement, d’une immigration qui ne s’intègre pas, qui est de plus en plus communautariste, revendicative et conquérante. Il y a le feu à la maison ! »

On aura compris que Stéphane Ravier entend ne pas accepter la logique d’Emmanuel Macron, afin de pouvoir continuer à faire de l’immigration un thème identitaire et populiste. Sa logique, c’est qu’au quotidien le capitalisme actuel est trop chaotique et ne parviendra pas à réguler quoi que ce soit, alors autant y aller à fond dans ce qu’on doit comprendre comme un appel au fascisme.

À l’arrière-plan, toute la question des « progressistes » et des nationalistes est de savoir comment se placer par rapport à la bourgeoisie. Les « progressistes » représentent une bourgeoisie ultra-puissante, mondialisée, « connectée », mais sans ancrage dans les masses. À l’opposé, la haute bourgeoisie est ambitieuse et capable donc d’assumer le populisme le plus démagogique.

C’est, somme toute, une simple réédition des années 1920-1930. La bourgeoisie libérale, expression du capitalisme triomphant, s’enlise dans son ghetto de profiteurs et n’a plus d’emprise sur les masses, se faisant ainsi dépasser par les nationalistes, les capitalistes ultra-agressifs.

Emmanuel Macron prétend avoir la clef pour empêcher ce qui s’est passé à l’époque, c’est-à-dire la montée du fascisme : personne à Gauche ne doit croire à une telle fantasmagorie. Un bourgeois libéral comme Emmanuel Macron n’empêchera jamais le fascisme, seul un nouveau Front populaire sera en mesure de le faire.

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Écologie

L’enquête de l’ASPAS dénonçant la chasse en enclos

Un large front contre la chasse se développe actuellement en France avec de nombreuses associations et structures qui parviennent enfin à mobiliser sur le sujet. Certains groupes comme AVA sont directement issus d’une mobilisation populaire sur le terrain, d’autres sont le fruit d’une pratique associative plus ancienne et maîtrisent très bien leur sujet.

Il faut parler ici de l’ASPAS, l’Association pour la protection des animaux sauvages, qui est une association totalment indépendante, ne recevant aucune subvention publique. L’ASPAS a publié ce week-end une enquête de haute qualité sur la pratique méconnue de la chasse dans des enclos.

Les faits dénoncés sont effroyables, la vidéo de l’enquête est même assez dure à regarder car on y voit une barbarie pleinement assumée et froidement organisée. Il faut la regarder, pour saisir au plus profond de soi-même à quel point les choses doivent être bouleversées dans notre pays. On ne peut plus accepter que cela existe, il faut vite une grande révolution sur le plan culturel pour pulvériser les mentalités réactionnaires qui produisent de telles horreurs.

Voici la vidéo de l’enquête :

Soulignons au passage le courage de l’ASPAS pour avoir infiltré ces chasses. Cela a du être particulièrement difficile d’assister à ces scènes.

Voici l’enquête en entier sur le site de l’Aspas, qu’il faut absolument lire : « Carnage derrière le grillage »

On trouvera également une pétition à signer pour réclamer l’interdiction de la chasse d’animaux maintenus en captivité : Stop à la chasse en enclos.

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Culture

Dugudus et l’affiche de la fête de l’Huma de 2019

L’affiche de la fête de l’Huma est tout à fait représentative de la nouvelle identité PCF : très lisse, très neutre, avec quelques détails restreints comme signes de reconnaissance. Son créateur, le graphiste Dugudus, est d’ailleurs entièrement un produit de cette démarche post-ouvrière, post-nationale, post-industrielle, post-moderne.

Le graphiste Dugudus se veut influencé par les affiches polonaises, cubaines et de mai 1968 ; il a même étudié le graphisme à Cuba après avoir milité dans les jeunesses du PCF. De manière plus concrète, on comprend qu’il a une démarche de simple publicitaire « progressiste », ce qu’on comprend tout à fait quand il parle de toucher « à l’inconscient collectif à travers des symboles ».

On n’est pas ici dans la culture, mais dans la pub ; on n’est pas dans les valeurs, mais dans le mythe mobilisateur. Dugudus est d’ailleurs passé par Nuit Debout.

Un simple regard sur ses affiches montre bien qu’il ne relève en rien des exigences culturelles de la Gauche historique, qui assume la conscience, la politique. On est dans la référence symbolique à la fois dans un style pétillant-pop rondement mené, mais pseudo-poétique et sciemment sans contenu déterminé.

C’est une démarche très fête de l’Huma des années 1990, avec le principe de ne pas choquer, de dépolitiser au maximum, de donner une image très lisse, sans aucune aspérité, avec une tonalité plutôt naïve censée être un gage de sincérité.

L’affiche en faveur de la PMA est tout à fait exemplaire d’une telle approche démagogique, de ce fameux progressisme ayant produit le triomphe d’Emmanuel Macron. L’affiche de la fête de l’Huma de cette année est du même acabit, si l’on s’intéresse aux détails.

La référence de l’image, c’est bien sûr Élévation du drapeau sur Iwo Jima, une photographie montrant des soldats américains sur une île japonaise en 1945. Toute la pose des personnages est ouvertement empruntée à cette photo de propagande américaine.

Les symboles censés toucher le pseudo inconscient collectif sont tous placés dans une partie très réduite de l’image.

Dressons la liste de ces symboles.

On a le keffieh palestinien, référence à un peuple opprimé mais surtout, pour de nombreux secteurs de la Gauche française, un symbole pop pour apparaître comme solidaire et engagé en surfant sur l’ambiguïté d’un prétendu anticapitalisme de nature antisémite. Le keffieh est très clairement l’outil post-moderne pour jeter le drapeau rouge aux oubliettes.

On a une étoile rouge, savamment placée sur une chaussure de type Converse, qui a justement une étoile. C’est une allusion, sans prétention.

On a deux badges, objet très années 1970-1980 : un avec le symbole de la paix, l’autre avec le symbole féministe. Là encore, c’est une référence pop, pas une affirmation politique, d’ailleurs tout est trop petit pour être clair.

On a deux drapeaux : celui de Cuba, celui symbolisant la démarche LGBT. Là encore, un pur symbole sans contours déterminés, laissant libre cours à une interprétation totalement romantique, sans rapport avec la réalité.

Sur le côté, on a le drapeau de la Seconde République espagnole, là encore une démarche symbolique, allusion aux années 1930 et à l’antifascisme, puisque le PCF n’assume plus le renversement de la monarchie espagnole depuis bien longtemps.

Comment Dugudus en est-il arrivé là? Très simplement en se posant la question : comment faire une image pour avoir l’air de Gauche, mais sans montrer, et ce à tout prix, les ouvriers, le drapeau rouge, le marteau et la faucille ?

C’est la Gauche de l’apparence, la Gauche de la critique sociale sans contenu, s’appuyant sur des références symboliques pour surtout nier tout rapport avec l’Histoire et les valeurs de la Gauche historique.

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Culture

Once Upon a Time in Hollywood de Quentin Tarantino : encore de l’ultra-violence

Once Upon a Time in Hollywood, le nouveau film de Quentin Tarantino est encore une fois accueilli avec ferveur par la critique. Toutefois, on peut légitimement être très sceptique quant au message délivré par ce film.

Quentin Tarantino est devenu une icône de la culture populaire moderne pour ses films « cool », dans lesquels s’entremêlent B.O mythique, violence esthétisée et références à différents cinémas de genre très populaires (film de kung fu, western, film de guerre, etc.) Dans ses films, la technique est au service d’un scénario souvent minime, au profit d’une œuvre esthétique qui fonctionne sur la citation et la parodie.

Once Upon a Time in Hollywood se déroule en 1969, une époque hautement symbolique durant laquelle la contestation sociale et politique est particulièrement intense à travers le monde : les États-Unis sont quant à eux déchirés par la guerre du Vietnam.

Quentin Tarantino choisit volontairement de placer son film à cette période, dans un Hollywood fantasmé et totalement coupé des réalités sociales et politiques du monde. Certains diront qu’on ne peut lui faire de procès d’intention, le titre, écrit à la manière d’un conte assume cette déréalisation. C’est justement le cœur du problème. Le réalisateur nous livre là un de ses films les plus réactionnaires.

Comme à son habitude, il utilise la réalité historique pour y placer ses obsessions. L’épicentre mondiale de l’industrie du divertissement de masse est filmé avec nostalgie, la nostalgie d’une époque révolue : celle de la pseudo insouciance des sixties, avec ses voitures de sports, ses fast-foods et ses soirées débridées dans le manoir Playboy. Une période que Quentin Tarantino semble regretter lorsqu’il se perd dans de longs plans descriptifs faisant la part belle aux grosses cylindrées et à l’industrie du spectacle hollywoodien.

Comme à son habitude il s’applique à rendre cool et à sublimer une certaine « culture populaire » et ses représentations, à travers ce haut lieu symbolique qu’est Hollywood. Son cri d’amour à cette période révolue résonne aujourd’hui comme particulièrement anachronique et réactionnaire. Toute l’effusion sociale et politique de l’époque est gommée : il ne reste que le portrait de la ville aux illusions et ses symboles, voiture, virilité, consommation. Tout ce dont nos sociétés ont besoin de se libérer.

Un des personnages principaux joué par Brad Pitt, héros ultra-violent, incarnation de la virilité la plus rétrograde, est accusé d’avoir tué sa femme. Le film joue sur l’ambiguïté du personnage, sans jamais questionner sa violence. Au contraire, tout est fait pour le sublimer et le rendre attrayant.

La place des femmes, comme souvent dans ses films, est hautement problématique. Dans Once Upon A Time In Hollywood, il n’y a que trois types de femmes : les femmes légères du Playboy mansion, la femme fétichisée (Sharon Tate) et les épouvantables femmes de la communauté de Charles Manson.

1969, dans la mémoire collective idéaliste, c’est la période qui marque la fin des illusions, la fin de l’insouciance de l’après guerre. Ici, la transition est symbolisée par le massacre de Sharon Tate par la « famille » de Charles Manson. C’est cette charnière que Quentin Tarantino veut représenter et comme à son habitude, il utilise un procédé habituel de ses longs métrages : la déréalisation. Comme dans Inglorious Basterds ou Django Unchained, il s’affranchit volontairement de toute vraisemblance historique pour représenter l’histoire telle qu’il la fantasme.

Une fois encore, le procédé est abject, puisque toute l’intrigue du film conduit à cette ultime scène d’ultra-violence : véritable défouloir et apologie de la vengeance et de la justice par soi-même, qui réécrit l’histoire comme le réalisateur l’aurait aimé. C’est du pur subjectivisme, qui aide simplement la société à se reproduire dans ses caractères les plus violents et social-darwinistes.

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Politique

La Gauche à la Fête de l’Humanité : l’unité «salade, tomate, union»

Traditionnellement, la Fête de l’Humanité marque la rentrée politique de la Gauche. Cette année encore, à peu près toutes les figures y étaient et se sont échangées les amabilités d’usage, en souhaitant l’unité la plus large. Cela n’est cependant pas très convaincant, de la part de gens qui s’écartent toujours plus des classes populaires et ne sont pas à la hauteur des enjeux historiques.

Lors d’un de ces nombreux discours à la Fête de l’Humanité, le dirigeant du PCF Fabien Roussel a expliqué qu’il lançait un appel à « travailler ensemble », pour une union à construire « de la base au sommet ». Ce sont là de bien belles paroles, mais elles sont sans contenu. La preuve, il a ensuite fait dans l’humour, comme il le fait souvent, en ajoutant :

« [l’union] ici à la Fête de l’Huma on en a même dans nos assiettes, on peut manger des sandwiches salade, tomate, union ! Et à la sauce marxiste. Et c’est ce repas qu’on préfère, nous les communistes ».

Cette référence au kebab (salade, tomate, oignon) est d’un populisme hallucinant, indigne d’un discours politique. Ce n’est pas sérieux, comme il n’est pas sérieux de parler de « sauce marxiste » quand on parle d’unité de la Gauche, alors que se profilent les élections municipales. Le PS, Génération-s, éventuellement les Verts ou la France insoumise à tel ou tel endroit, ne sont pas « marxistes » : faudrait-il ne pas faire l’unité, dans ce cas ?

Bien sûr que si, il faut faire l’unité, car ce qui compte n’est pas la « sauce marxiste », mais le contenu commun, les valeurs de Gauche, pour le Front populaire. Ce qui se profile en face, c’est l’union de la Droite et de l’extrême-Droite, avec notamment Marion Maréchal comme figure de proue. Pas pour les municipales évidemment, mais pour après. Or, si la Gauche perd un certain nombre de municipalités en 2020, ce sera autant de points d’appuis en moins pour faire face au nationalisme. C’est aussi simple que cela.

Fabien Roussel n’aide donc ici aucunement les forces de Gauche avec ses guignolades populistes en référence au kebab et sa « sauce marxiste ». Celle-ci est d’ailleurs bien fade, le pauvre Karl Marx doit se retourner dans sa tombe en entendant une telle horreur qui est non seulement pas marxiste, mais même pas vraiment de gauche :

« [nous voulons] faire marier le drapeau rouge du mouvement ouvrier avec le drapeau bleu, blanc, rouge, de la République française. »

Cela ne date pas d’aujourd’hui cependant, on ne va pas s’étonner ici que le vieux PCF en soit encore à chanter la Marseillaise le poing levé. Là n’est pas la question. Ce qui est vraiment problématique par contre, c’est de voir la Gauche s’éloigner encore et toujours plus des classes populaires françaises et du cœur de la classe ouvrière.

Ces propos du dirigeant du PS Olivier Faure lors du débat commun en disent très long :

« En un an, nous avons connu trois grands mouvements protestataires entre #MeToo, les Gilets jaunes et la Marche pour le climat. Et ils se sont tous construits en dehors de nous. »

Encore heureux que la Gauche n’était pas au cœur de ces « mouvements », qui n’ont rien de populaires ! Il faut en dire de même pour l’immigration, rengaine d’à peu près tous les dirigeants de gauche ce week-end : tant que la Gauche persistera à défendre l’immigration aujourd’hui, elle n’arrivera à rien auprès des classes populaires, particulièrement de la classe ouvrière.

Alors, oui le PCF a raison de dire qu’il faut s’unir pour gagner ou conserver des municipalités avec un programme de gauche écologiste. Le PS et Génération-s, ainsi que quelques autres forces qui leur sont respectivement liées, disent aussi la même chose. Il convient donc de le faire.

Par contre, si ce programme ne consiste qu’en des invectives populistes sans contenu populaire réel, comme avec cette autre touche d’« humour » de Fabien Roussel évoquant la chanson Disney de La Reine des neiges, alors cela ne fonctionnera jamais :

« Nous rêvons d’une France libérée, délivrée du capitalisme et de la finance. »

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Écologie

Communiqué d’AVA pour la reprise de la chasse à courre

« 📆 15 SEPTEMBRE : REPRISE DE LA CHASSE À COURRE 🗡️

Aujourd’hui reprend officiellement une nouvelle saison de chasse à courre dans toute la France. Cette date est bien sûr annonciatrice d’une grande souffrance pour les animaux sauvages qui seront déplacés, traqués et tués plusieurs fois par semaine pendant les 6 prochains mois. 🦌🐗🦊🐇🐰

Cette date signifie aussi le début de beaucoup d’inquiétudes pour la population humaine autour des forêts, sur les routes, dans les bois, dans les villages… 🏡🗣️

Mais, depuis quelques années maintenant, c’est aussi devenu une date porteuse d’une mobilisation positive : chaque semaine, les habitants vont se retrouver et s’organiser pour défendre la Nature, pour, chacun à son niveau, faire barrage à la barbarie d’un monde suranné qui n’en finit pas de s’éteindre. 🏰🗡️

Avec AVA, chaque 15 septembre est devenu une date de retrouvaille autour de ce qui nous tient à cœur, autour d’une culture de résistance qui reste à bâtir, autour d’une Culture tout court qui prend vie à travers ce mouvement populaire.

Contactez le groupe AVA le plus proche de chez vous, rejoignez les en forêt, signalez leur tout incident, envoyez-leur vos dessins, vos chansons, vos poèmes, vos idées ! 🎼📖🎨

Que l’abolition de la chasse à courre soit l’occasion d’une floraison tous azimuts. 💐🌳

Bon courage à tous en forêt et ailleurs ! ✌🏻💚

Merci Miss Plume pour ce magnifique dessin.
https://www.facebook.com/MissPlume5/»

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Politique

Les pitoyables provocations entre Alexandre Benalla et Alexis Corbière

Alexandre Benalla était à la Fête l’Humanité ce samedi à un stand de MMA, un sport de combat dont toute compétition est interdite en France car très violent. Alors qu’il échange depuis quelques jours des invectives sur Twitter avec Alexis Corbière de La France insoumise, il a provoqué ce dernier en l’invitant à venir s’entraîner avec ses « potes » sur le stand, un combat étant plus ou moins sérieusement prévu entre-eux. C’est affligeant et en dit long sur la décadence des « élites » politiques du pays.

Pauvre France ! On ne peut que penser cela en voyant cet épisode de la vie politique française, qui n’a rien d’anecdotique. Car ces gens ne sont pas n’importe qui. Alexandre Benalla est un proche du Président de la République. Très proche même, au point qu’il ne l’a jamais lâché malgré ses affaires pour le moins compromettantes, et inversement. Alexis Corbière quant à lui, est un des principaux cadres du mouvement politique qui s’imaginait il y a encore quelques mois représenter l’opposition en France, en chipant la place du Rassemblement national (qui a lui-même failli, heureusement, à incarner l’opposition, en tous cas pour l’instant).

Leurs échanges sur Twitter sont lamentables, à coup de moqueries absolument ahurissantes pour des gens avec de telles responsabilités. L’humoriste Guillaume Meurice s’est moqué d’eux tellement c’est ridicule, en proposant un « octogone ». C’est une référence à ce que se disent les adolescents dans les cours de récréation, eux-mêmes en référence moqueuse aux accrochages entre les rappeurs Booba et Kaaris qui sont censés se battre dans un octogone suite à des chamailleries.

L’octogone est la cage qui sert de lieu de combat pour le MMA. C’est quelque-chose de très impressionnant où deux personnes s’empoignent violemment, bien plus violemment qu’à la boxe, en se jetant l’une-l’autre contre le grillage, en ayant le droit de s’étrangler et même de frapper leur adversaire quand il est au sol et soumis.

Ugo Bernalicis, autre cadre de la France insoumise, s’est cru malin en s’invitant dans la conversation. Il s’est proposé de « représenter » son « camarade » Alexis Corbière dans l’octogone, car « #OnTouchePasAuxCamarades ». Ce n’est pas tout. L’échange a continué, puis qu’Alexandre Benalla a accepté et a continué dans la surenchère de provocation moqueuse. Alexis Corbière est complètement parti en vrille en répondant ensuite à la manière beauf :

« Et en quoi étiez vous déguisé cette fois ci ? En chef indien ? En ouvrier du bâtiment ? En cow-boy ? En marin ? Comme vous avez deja fait le policier, vous pourriez faire tout le groupe YMCA »

C’est alors qu’Alexandre Benalla s’est filmé depuis la Fête de l’Humanité en invitant ses rivaux, trop content de pouvoir les provoquer directement.

On se demandera au passage ce qu’Alexandre Benalla pouvait bien faire à la fête de l’« Huma »… Le PCF ne représente-t-il à ce point plus rien pour être incapable d’empêcher la venue d’un tel personnage grossier, honni de la Gauche ? Le PCF était pourtant connu encore récemment pour ses « gros bras » qui lui permettaient d’assumer un certain style dure, « prolétarien », allant au moins en apparence au bout des choses et ne se laissant pas marcher sur les pieds. Alexandre Benalla au milieu de la fête de l’« Huma », c’est une humiliation incroyable pour le PCF, le marqueur de la fin de quelque-chose, indéniablement.

Il faut en dire de même de ce stand MMA, d’ailleurs. Cette activité, heureusement interdite malgré le fait que le gouvernement d’Emmanuel Macron pousse pour la légaliser, n’a rien à faire à une fête prétendant incarner la rentrée politico-culturelle de la Gauche. C’est une faillite complète sur le plan de la morale d’avoir un tel stand ici.

> Lire également : La ministre des Sports va légaliser les combats de MMA

La présence d’Alexandre Benalla à ce stand, très bien accueilli d’ailleurs par des gens qu’il présente comme ses « potes » et qui posent sur sa vidéo, en dit très long sur ce que représente culturellement le MMA. C’est absolument conforme à son style et ses valeurs, mais certainement pas au style et aux valeurs de la Gauche.

Alexis Corbière a répondu, avec une photo où on le voit entouré des « potes » d’Alexandre Benalla du stand de MMA. Il porte même le tee-shirt et explique qu’au stand, « personne ne connaît Benalla » ». Ils assument donc leur surenchère mutuelle, dans un spectacle minable, d’une stupidité sans nom.

Certaines personnes disent que c’est du niveau « cour de récréation ». Ce n’est pas vrai, car les enfants et les adolescents dans les cours de récréation n’en sont pas à ce niveau-là, ils sont beaucoup plus subtils et sincères dans leurs querelles. Alexandre Benalla et Alexis ne sont que deux membres d’une même « élites » complètement corrompue moralement, décadente culturellement, en dessous de tout sur le plan politique.

Ces gens se feront bientôt broyer très violemment par les classes populaires entrant dans l’histoire et assumant enfin de prendre en mains le cours des choses.

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Culture

L’événement qu’est le nouvel album de Tool

C’est l’un des groupes de musique les plus importants de ces trente dernières années et pour autant sa reconnaissance populaire est nulle. La sortie du nouvel album du groupe américain Tool vient contrebalancer cette situation incohérente, grâce à son succès lui ouvrant enfin de nouvelles portes. Culturellement, c’est un événement incontournable.

Tool est un groupe américain né au tout début des années 1990 et n’ayant sorti en tout que cinq albums. Fear inoculum, le dernier, vient de sortir après une absence de treize ans et aux États-Unis il y a un engouement massif en sa faveur.

C’est que Tool, c’est Nirvana en version métal progressif, avec des longs morceaux obsédants et terriblement expressifs, dans une atmosphère à la fois sourde et tordue. On est pris dans un donjon de sons prégnants et lancinants, largement enveloppant et envoûtant si on entend le tout avec un son relativement fort.

C’est une musique intelligente et non commerciale, savamment construite mais accessible. Seule une petite avant-garde en a saisi la dimension, parfois d’ailleurs sans la saisir dans tous ses aspects, exactement comme pour le grunge en général. C’est tout le mal civilisationnel qui s’exprime avec force.

C’est tout le reflet d’une époque, dont les rares vidéos sont particulièrement marquantes de par leur dimension tourmentée, torturée.

La sortie du nouvel album a de l’impact, car c’est une réussite. Tool ne s’est pas vendu et reste une rencontre des Melvins avec King Crimson, deux de leurs principales références. Les sept chansons, pour un total de 79 minutes, reste dans l’optique de départ.

Les limites sont évidemment patentes : on est dans l’esthétisation, dans un style s’auto-nourrissant, dans une fascination pour le sordide. Tout cela est par ailleurs propre au grunge. Cependant, c’est réellement authentique et cela possède une véritable profondeur, un haut niveau musical. PNL est, en quelque sorte, la caricature française de Tool, si l’on veut.

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Politique

Grève du 13 septembre 2019: les travailleurs de la RATP ne font pas rêver

Le trafic RATP a été pratiquement entièrement plombé par la grève, le 13 septembre 2019, avec pratiquement 90% de grévistes pour le personnel roulant, 60 % pour l’encadrement. Un succès pour les travailleurs de la RATP et les syndicats participants. Mais cela ne fait pas rêver, parce que c’est une simple défense sur un mode corporatiste.

Les conséquences de la grève ont un impact littéralement insupportable sur le quotidien de millions de personnes. Par conséquent les travailleurs de la RATP et les syndicats s’accordent des plaisirs symboliques, mais sortent de toute lutte des classes, et vont donc à la défaite.

La défense des acquis est juste. La conquête de nouveaux acquis aussi. Mais le repli corporatiste est erroné. Il est culturellement erroné, car c’est une logique de caste. Il est moralement erroné, car il est une trahison des autres travailleurs. Il est erroné dans les faits, car il amène la défaite. Seule l’unité populaire triomphe de l’État. Rien d’autre.

La grève de la RATP est donc ici un mauvais exemple et il faut vraiment vivre dans le fantasme permanent de la grève générale et autres balivernes anarcho-syndicaliste pour dire, comme Manon Aubry, députée européenne LFI :

« Total soutien à la grève RATP, qui lance la mobilisation générale pour la défense de nos retraites. »

La grève de la RATP ne lance rien du tout. Il peut y avoir une mobilisation, espérons la, mais ce ne sera pas cette grève qui sera le déclencheur. D’ailleurs voici le communiqué de presse, commun aux syndicats UNSA / CGT/ CFE-CGC de la RATP.

Il est d’une faiblesse terrible, il n’a aucune envergure. Il est même déjà l’expression de la défaite, parce qu’il pose le problème comme étant celui d’un affrontement travailleurs de la RATP / gouvernement. La dernière phrase prétend le contraire, symboliquement, mais la méthode, l’approche, la conception, tout montre qu’il tourne purement et simplement, uniquement, autour de la question de la RATP.

COMMUNIQUE DE PRESSE
13 septembre 2019

Nos trois organisations syndicales représentatives de la RATP ont été reçues ce jour par la direction de l’entreprise au sujet du projet de réforme des retraites.

Sans surprise, la direction de la RATP n’a aucune proposition à faire pour répondre à la forte mobilisation des salariés dans toutes les catégories professionnelles.

Nous avons insisté auprès de la direction qu’elle remonte auprès des pouvoirs de tutelle nos analyses de la situation. Nous réclamons de véritables négociations, le maintien des compensations au regard des contraintes et des garanties concrètes rapidement

En réponse à cette mobilisation d’un très haut niveau, notre engagement est total et nous sommes déterminés à défendre l’intérêt de tous les salariés qu’ils soient ou non sous statut RATP.

Paris, le 13/09/2019 – 15H30

Sud Ratp a un communiqué plus long, mais en substance similaire. C’est extrêmement mauvais. En effet, cette démarche particulariste, qui refuse de se placer das l’optique de tous les travailleurs du pays, était déjà fausse hier. Elle l’est encore davantage aujourd’hui. Parce que Paris, et même la région parisienne en partie, connaît désormais Uber et Jump, Blablalines, Klaxit, Lime, Smovengo, etc.

Le capitalisme a encore plus investi les modes de vie et les fuites dans les démarches individuelles sont une règle. L’esprit vivifiant qu’on trouvait en 1995 en région parisienne, avec la sympathie pour la grève à l’arrière-plan malgré les galères insupportables, ne peut plus être de règle.

La grève a essayé de contourner ce problème en réactivant certaines lignes en fin d’après-midi pour trois heures, et encore de manière très partielle. Mais c’est trop ou pas assez. Et de toutes façons le problème de fond n’est pas que technique, il est culturel. Les travailleurs de la RATP ne veulent pas aller vers les usagers, qui sont d’ailleurs désormais en fait des clients. Ils veulent s’en sortir tout seul.

Comme tout le monde. Chacun raisonne en termes d’intérêts individuels, parfois collectivement, mais toujours pour soi en fin de compte. Il n’y a aucune envergure, aucune lecture de classe, encore moins une volonté d’utopie.

On peut même dire, et c’est encore pire, que les travailleurs de la RATP font du chantage émotionnel en disant : protégez nos acquis sinon le gouvernement ira encore plus loin. Très franchement, on n’est pas loin de la vérité en disant cela.

Cela montre la nature de tout un syndicalisme et de tout son cinéma. Car après tout les cheminots de la CGT, l’année dernière, annonçaient bien qu’ils allaient faire tomber le gouvernement…

Tel est le syndicalisme français : bavard, bruyant, entièrement minoritaire chez les travailleurs, totalement intégré aux institutions. Un sacré paradoxe qui a mené de défaite en défaite, et cela va continuer.

Car non, les acquis n’ont pas été apportés par le syndicalisme. Ils l’ont été par la lutte de classes, la politique, la culture… dont le syndicalisme n’est qu’une méthode annexe.

Les travailleurs qui n’assument pas une telle vision vont à la défaite.

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Écologie

Le collectif AVA contre la chasse à courre rejoint Convergence Animaux Politique

Le collectif Abolissons la chasse à courre aujourd’hui annonce dans un communiqué son partenariat avec le regroupement Convergence Animaux Politique :

« 🤝Nous sommes nous aussi heureux de vous annoncer aujourd’hui l’officialisation de notre partenariat avec Convergence Animaux Politique et nous remercions ses membres pour leur confiance et le travail déjà accompli.

« L’objet de CAP (Convergence Animaux Politique) est de faire le lien entre le monde politique et les associations de défense des animaux.

Grâce à la constitution d’un réseau de parlementaires et d’un travail d’influence, CAP amène les politiques à agir en se basant sur le travail d’expertise des associations.

L’opinion publique doit être enfin entendue et des avancées significatives en faveur des animaux inscrites dans la loi ! »

👍A quelques jours de la reprise de la saison de chasse à courre dans nos forêts , c’est une bonne nouvelle pour les citoyens qui composent AVA de pouvoir compter sur CAP pour porter leur parole au delà des forêts de France.

Abolissons la barbarie,
Abolissons la vénerie 🐗🦌🦊🐰

Rejoignez-nous ! »