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La guerre continue et tant l’Arménie que l’Azerbaïdjan basculent dans le fanatisme

L’Arménie et l’Azerbaïdjan continuent de s’affronter malgré des cessez-le-feu non suivis ; ils sont lancés dans un jusqu’auboutisme nationaliste forcené.

La situation militaire est toujours aussi tendue et sanglante au Nagorny-Karabagh, malgré des appels plus ou moins hypocrites de la Russie et des accords de cessez-le-feu non suivis d’effets. C’est que les protagonistes se sont auto-intoxiqués dans un nationalisme ultra catastrophique ; les appels à la mobilisation totale sont de rigueur, avec la haine nationaliste la plus farouche largement diffusée, avec toute la force que peuvent avoir des États.

Cela fait très peur du côté arménien. Car l’Arménie a tout à perdre et pourtant ceux aux commandes sont des fous furieux. Ainsi, à Etchmiadzin, à la périphérie d’Erevan (la capitale arménienne), on trouve le catholicossat de tous les Arméniens. Une église abrite la croix de l’armée arménienne, avec prétendument un morceau de la croix sur laquelle fut crucifié Jésus Christ… Et cette croix vient d’être amené au Nagorny-Karabakh !

C’est là une expression du délire nationaliste-religieux quant à une Arménie existant depuis la nuit du temps, avec un fanatisme anti-« turc » où par turc on entend turc, tatar, azéri, musulman, etc.

Tant en Arménie qu’en France on a de ce fait une intense activité de la Droite la plus réactionnaire et religieuse, dont Nouvelles d’Arménie Magazine se fait l’écho notamment, comme avec cette tribune ultra-réactionnaire de Mooshegh Abrahamian, se résumant aux propos suivants :

« L’avant-poste arménien de ce combat millénaire pour la civilisation chrétienne tiendra-t-il jusqu’à la prise de conscience des nations occidentales seules capables de stopper ce rouleau compresseur qui atteint désormais leurs rives ? »

Ces propos relèvent de la guerre de civilisation et sont tout à fait conformes à l’idéologie de Jean-Marie Le Pen des années 1980 ; on est d’ailleurs dans un contexte d’une Droite « populaire », beauf, brutale et anti-communiste à l’offensive. C’est tellement vrai que début octobre Libération a été obligé de retirer face à la pression un de ses articles, « Face à l’Azerbaïdjan, l’extrême droite française défend l’Arménie », qu’on peut retrouver sur un site de Gauche l’ayant republié en étant passé à côté d’une polémique hallucinante et malheureusement symptomatique.

Cette « sainte-alliance » des réactionnaires « occidentalistes » a évidemment son pendant du côté azerbaïdjanais. Les victoires militaires azerbaïdjanaises, avec la conquête de quelques villages, ont amené une propagande nationaliste sans limite, parlant de victoire totale à l’horizon, sans évidemment un seul mot pour la population arménienne. Ici, il n’est pas parlé d’épuration ethnique mais c’est très clairement sous-entendu. Il n’y a aucun appel envers la population arménienne du Nagorny-Karabagh et il est évident que l’État azerbaïdjanais fera tout pour qu’elle s’enfuit.

Le président du parlement turc, Mustafa Sentop, est également en visite officielle en Azerbaïdjan, ajoutant de l’huile sur le feu ; sa visite témoigne du rôle de la Turquie pour accentuer les violences, l’offensive, la démarche anti-démocratique.

À l’arrière-plan, on a aussi l’Azerbaïdjan qui a balisé le terrain avec de multiples contacts, voire des contrats directs comme celui de l’ambassade d’Azerbaïdjan en France signé en 2018 avec Albera conseil, une agence de communication dirigée par Patricia Chapelott.

La situation est vraiment celle d’une guerre dont on voit mal la sortie et il est d’ailleurs intéressant de voir à ce sujet le positionnement de la Gauche relevant de la tradition communiste.

Le PCF ne prend pas position sur le découpage géographique de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan à l’époque de l’URSS, tout en prenant ouvertement partie pour que le Nagorny-Karabakh devienne une république indépendante arménienne. Le PRCF a une position relativement similaire, publiant même un communiqué de communistes arméniens appelant Poutine à intervenir pour mettre un terme à cette situation.

Le PCRF souligne quant à lui que la guerre est l’expression du démantèlement de l’URSS et des visées géopolitiques des uns et des autres ; du côté du PCF(mlm) on a une longue présentation du rapport arméno-azerbaïdjanais avec une valorisation de l’esprit du bolchevisme caucasien, tenant d’une unité transcaucasienne visant à assécher toute expression de nationalisme.

C’est que la question est finalement simple : la solution au conflit passe-t-elle par un retour en arrière à la ligne communiste des années 1920, avec une unité caucasienne opposée aux nationalismes, ou à la scission radicale des deux pays, avec un encadrement international ?

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Arménie: une tribune de droite soutenue par des gens de «gauche»

S’il est une question où la Droite et la Gauche sont totalement séparés, c’est bien sur celle de la guerre. La Droite justifie celle-ci quand ça l’arrange ; la Gauche veut la justice et déteste le militarisme, l’expansionnisme.

Aussi ne doit-on pas être étonné de voir, dans la tribune de « soutien » à l’Arménie signée par 176 élus et publiée dans le Journal du Dimanche, des figures de la Droite et non des moindres. On a ainsi Laurent Wauquiez (président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes), Christien Estrosi (maire de Nice), Damien Abad (président du Groupe LR à l’Assemblée nationale), François-Xavier Bellamy (président de la délégation française du Groupe PPE), Valérie Pecresse (présidente de la Région Ile-de-France), etc.

La tribune exige en effet que la France intervienne, qu’elle prenne partie, bref qu’elle assume une politique néo-coloniale franche, ouverte. La France fait partie du groupe de Minsk qui depuis 25 ans cherche sans succès à réaliser un dialogue entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan : la tribune appelle à ce que cela cesse.

« Face à l’ensemble de ces événements, force est de constater que l’espace de neutralité dans lequel la France s’efforçait depuis plusieurs décennies de créer un chemin vers la paix n’existe plus (…).

Nous considérons que la diplomatie française doit réexaminer sa stratégie dans le conflit du Haut-Karabakh : dénoncer avec force l’agression azerbaïdjanaise et exiger l’arrêt immédiat des violences de la part de l’Azerbaïdjan sous peine d’un soutien massif aux autorités du Haut-Karabakh qui passera par la reconnaissance de leur légitimité pleine et entière. »

Cette dernière phrase implique naturellement un soutien militaire à l’Arménie ; le soutien « passera par la reconnaissance », mais évidemment il ne saurait se contenter de cela puisqu’il doit être « massif ».

On est là dans une prise de partie unilatérale tout à fait classique de la Droite, mais de nombreuses figures se revendiquant de la Gauche ont également signé cette tribune où on cherchera en vain une dimension démocratique. C’est comme si ne comptaient que les Etats et en rien les peuples.

On a ainsi les signatures d’Eliane Assassi (présidente du Groupe communiste républicain citoyen et écologiste au Sénat), de Clémentine Autain, de Raphael Glucksmann, de Benoît Hamon, d’Anne Hidalgo, de Yannick Jadot d’EELV, de Pierre Laurent du PCF, de Marie-Noëlle Lienemann, etc.

Il suffira de faire remarquer à ces gens une simple chose. Il est dit dans la tribune, au sujet du Haut-Karabakh :

« Ce territoire, berceau de la civilisation arménienne et dont la population fut de manière ininterrompue au cours de l’histoire composée essentiellement d’Arméniens »

C’est tout à fait vrai. Alors posons la question aux signataires de gauche : puisqu’il y a ce mot « essentiellement », il y a donc des gens qui ne sont pas arméniens. Ils sont azéris, kurdes, etc. Où sont-ils alors ?

Eh bien ils ne sont plus là, car ils sont été expulsés. La conquête du Haut-Karabakh par l’Arménie s’est accompagnée d’une politique d’expulsion massive. Il y a 800 000 réfugiés azerbaïdjanais, qui ont été éjectés de leurs foyers au nom de la pureté ethnique arménienne valable « depuis trois mille ans ». Car c’est de cela qu’il s’agit également.

Source : Wikipédia

Bien entendu, les fauteurs de guerre sont aujourd’hui l’Azerbaïdjan et à l’arrière-plan les va-t-en-guerre turcs. Il faut les dénoncer et c’est le principal. Il faut toutefois pour être authentiquement démocratique ne pas se mettre à la remorque d’un État arménien corrompu, bureaucratique, militariste, qui a unilatéralement décidé d’annexer une partie du territoire azerbaïdjanais.

L’ONU a par de nombreuses résolutions insisté là-dessus. Les signataires de gauche ont-ils conscient que leur tribune foule aux pieds le principe d’intégrité territoriale et que n’importe quel envahisseur peut pareillement justifier une intervention « libératrice » ? Ont-ils compris qu’ils démolissent le principe même de droit international et qu’ils contribuent au principe de poussée expansionniste ?

La vérité est que l’Arménie et l’Azerbaïdjan sont dirigés par des nationalistes, qui poussent au crime, qui veulent l’épuration ethnique, parce que pour eux l’autre peuple est constitué de monstres. Alors, oui il faut stopper l’Azerbaïdjan, mais cela ne peut être qu’au profit du peuple et ce peuple est constitué du peuple arménien et du peuple azerbaïdjanais.

Quelle idée de se remettre à la remorque tant de la Droite qui veut renforcer les positions stratégiques françaises que des fantasmagories annexionnistes des nationalistes d’Arménie !

Le pire de tout cela est que c’est fait au nom de l’Arménie. Et ce pays se retrouve maintenant le dos au mur, à jouer son existence, parce que des fanatiques ont ouvert la boîte de Pandore de la haine entre les peuples, la haine implacable, celle de l’épuration ethnique, de la liquidation.

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Les Palestiniens, grands perdants de la crise mondiale

S’il est à la mode à l’ultra-gauche de profiter de la question palestinienne pour se faire valoir, la situation en Palestine même se dégrade toujours plus et un soutien démocratique se fait urgent.

L’élection de Donald Trump avait ouvert une nouvelle séquence très difficile pour les Palestiniens, mais l’irruption de la crise rend la situation intenable. Pour preuve, on a la normalisation avec l’État israélien de la part des Émirats arabes unis et du Bahreïn. C’est une fissure dans un front du refus du côté arabe et la tendance ne peut aller que dans ce sens là.

En effet, alors que les affrontements entre États vont se faire de plus en plus violents, qui va penser à aider les Palestiniens, alors que ceux-ci sont divisés qui plus est ? Les Palestiniens risquent littéralement de se retrouver totalement isolés et d’être écrasés, lentement mais sûrement, par vagues successives. C’est d’ailleurs ce qui se passe depuis 1948.

Cette pression est tellement grande que, ces derniers jours, l’OLP (bureaucratique et corrompue) et le Hamas (islamiste et féodal) ont entamé des discussions. Or, comme on le sait, l’OLP (avec sa principale composante, le Fatah) domine l’Autorité palestinienne en Cisjordanie et le Hamas Gaza. Leur capacité à s’unir est terriblement faible, voire inexistante.

Les deux sont en fait prêts à s’unir… mais à condition de prendre la direction. Cela n’a rien de nouveau : depuis 2017 pour le Hamas et 2018 pour le Djihad islamique, il y a l’acceptation d’une nouvelle OLP, avec les factions laïques et religieuses cette fois. Cependant, là, tout s’accélère, la crise fait que la Palestine doit exister vide, ou ne pas exister du tout.

Le grand problème, on le sait bien, c’est que les Palestiniens ne parviennent pas à trouver une unité populaire qui leur conférerait l’élan nécessaire. La Gauche palestinienne, auparavant si puissante notamment à Gaza, a été balayée et si le FDLP et le FPLP subsistent, ils n’ont pas la dynamique pour s’extirper du pétrin où ils se retrouvent depuis 1989 (ils avaient en effet choisi de se situer dans le camp soviétique).

On pourrait penser que la Gauche française, si tournée vers la Palestine, pourrait aider à débloquer la situation. Malheureusement, pour elle, la question palestinienne est un outil. Il y a des aides humanitaires, un soutien politique en général, parfois un soutien à telle ou telle organisation, mais il n’y a aucune mise en perspective et c’est un choix, un choix opportuniste. L’idée est simple : pourquoi faire de la politique, parce que c’est de cela qu’il s’agit, alors qu’on peut faire du clientélisme en se donnant une bonne image auprès des gens d’origine arabe simplement en arborant un drapeau palestinien ?

Pourquoi s’ennuyer à analyser la situation et à chercher un espace démocratique, alors qu’il suffit de dénoncer « les sionistes » pour acquérir automatiquement une image « anti-impérialiste »? Pourquoi chercher le dialogue avec la Gauche palestinienne alors que, de toutes façons, l’important n’est pas de dialoguer, mais d’obtenir une aura ?

Ce qui est dramatique, c’est que si l’on regarde la situation depuis 1948, la Palestine perd toujours du terrain. Si l’on omet la période des années 1960-1970, où par la force la question palestinienne s’est imposée à l’opinion publique mondiale, c’est à la fois l’isolement et le recul face à un État israélien dépendant économiquement et militairement de la puissance américaine omniprésente dans le pays.

Les prochaines années, les prochains mois même, vont être véritablement décisifs. Si les Palestiniens ne parviennent pas à relancer leur processus d’affirmation et d’unité, ils vont se faire broyer par une crise mondiale consistant en une compétition toujours plus armée des grandes puissances. C’est d’ailleurs évidemment le rêve israélien que de se débarrasser définitivement de la question palestinienne en la remplaçant par la question de confettis territoriaux.

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Vers la guerre: les peuples d’Arménie et d’Azerbaïdjan victimes de grandes manœuvres

La guerre au Haut-Karabagh a, bien entendu, des raisons d’une bien plus grande ampleur qu’un simple conflit local : derrière, on a les manœuvres militaristes de puissances expansionnistes, conquérantes.

Le premier ministre arménien Nikol Pachinian a accordé une interview au Figaro le 2 octobre 2020 et dès la première question, il révèle le fond de la question alors qu’au Haut Karabagh, la guerre fait rage entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.

« Le Figaro : Vous accusez l’Azerbaïdjan d’être soutenu militairement par la Turquie. De quelles preuves disposez-vous ?

Nikol Pachinian : Oui nous avons des preuves. La Russie, la France et l’Iran ont déjà reconnu l’implication de l’armée turque dans l’offensive de grande ampleur contre l’Artsakh [= le Haut Karabagh du point de vue des Arméniens pro-annexion]. »

On aura naturellement compris que dès le départ le premier ministre arménien insiste sur trois puissances épaulant l’Arménie et refusant l’expansionnisme turco-azéri : la Russie qui maintient l’Arménie comme satellite, l’Iran qui est juste sous l’Arménie géographiquement et ne veut pas de présence turque, la France qui est une grande puissance cherchant à satelliser également autant qu’elle le peut.

Or, il y a un souci dans ce panorama. L’Arménie a en effet connu un soulèvement populaire en 2018 et Nikol Pachinian est arrivé au pouvoir comme représentant des forces pro-Union européenne, la ligne officielle étant de décrocher doucement mais sûrement de la Russie.

Les forces pro-russe au pouvoir auparavant étaient farouchement nationalistes et agressives quant à la question du Haut-Karabagh et Nikol Pachinian a modifié la ligne. Il y a alors eu dans la foulée l’établissement d’une ligne directe entre les gouvernements d’Arménie et d’Azerbaïdjan, alors que les incidents à la frontière se sont pratiquement éteints.

Mais Nikol Pachinian a cédé devant les forces agressives en Arménie ; il est allé au Haut-Karabagh en août 2019 et a dit : « le Karabach, c’est l’Arménie, point final ». Le président azéri Ilham Aliyev lui a répondu par : « le Karabach, c’est l’Azerbaïdjan, point d’exclamation ! ».

On a ici une démagogie nationaliste de la part de gens représentant des couches dominantes jouant à la guerre avec leurs propres peuples. Et avec la crise économique, politique, militaire… ouverte par la crise sanitaire du covid-19, tout cela a pris une ampleur explosive à laquelle les protagonistes ne s’attendaient pas forcément.

La situation est déjà mauvaise à la base, mais désormais, la crise précipite tout, les tensions s’aiguisent comme jamais, la fuite dans la guerre devient une règle. Comment faire sinon pour trouver les milliards et les milliards dépensés pour sauver les économies et les couches dominantes ?

Les démagogues nationalistes se retrouvent ainsi pris au piège de leur démarche qu’ils doivent, qu’ils le veulent ou non, suivre jusqu’au bout. Les dirigeants arméniens se retrouvent dans un piège qu’ils ont eux-mêmes participé à tendre. Cela est d’autant plus vrai que… l’Azerbaïdjan est également un satellite russe et que la Turquie fait un forcing généralisé pour s’en faire son propre satellite, au nom de leur proximité historique définie de manière extrapolée par le principe « une nation, deux États ».

La Russie cherche donc à revenir en force auprès de son satellite arménien, alors que la Turquie cherche à s’implanter coûte que coûte dans une Azerbaïdjan satellisée par la Russie… et ce sont les peuples qui en paient le prix. La Russie a d’ailleurs annoncé le premier octobre qu’elle s’efforçait avec la Turquie de trouver une solution. Les peuples devront donc se soumettre aux injonctions et s’ils ne le font pas, ils seront pousser à un processus menant au bain de sang.

C’est le chantage poussé dans des proportions toujours plus insoutenables par la crise. Il faut le drapeau rouge de l’amitié des peuples, sinon la conflagration est inévitable !

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Qui sauvera l’Arménie de l’expansionnisme turc?

La guerre fait rage entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, avec à l’arrière-plan l’expansionnisme turc.

Qui aidera l’Arménie face à l’expansionnisme turc ? La situation est dramatique. L’Arménie se retrouve entourée de deux terribles ennemis, la Turquie et l’Azerbaïdjan, avec qui elle n’a aucune relation diplomatique. D’ailleurs, 834 kilomètres des 1000 formant ses frontières sont fermés ! Et elle n’a que trois millions d’habitants, alors qu’il y a 10 millions d’habitants en Azerbaïdjan et 82 millions en Turquie.

Ce n’est pas moins que l’existence même de l’Arménie qui est ainsi en jeu, alors que la guerre arméno-azérie fait rage au Haut-Karabagh. L’Azerbaïdjan revendique la mort de 2300 « séparatistes » arméniens, la destruction de 130 chars, 200 pièces d’artillerie, 25 batteries antiaériennes et de missiles sol-air S-300. L’Arménie revendique la destruction de 137 chars et blindés, de 72 drones et 7 hélicoptères et d’un avion militaire, ainsi 790 soldats azerbaïdjanais tués, et 1 900, blessés.

Qui aidera l’Arménie face à l’expansionnisme turc ? Certainement pas les dirigeants bureaucratiques et corrompus de l’Arménie, ni les grands bourgeois arméniens vivant à l’étranger, qui trahissent le peuple au profit de fantasmes grand-arméniens. Car seule la démocratie peut se confronter efficacement à l’expansionnisme et au militarisme… et l’expansionnisme et le militarisme turcs sont d’une virulence absolument terrible.

La Turquie a compris qu’elle ne serait pas en mesure de bousculer la Grèce en Méditerranée comme elle l’espérait, alors qu’en plus la France est intervenue et qu’elle est une grande puissance militaire maritime. Alors elle s’appuie sur l’Azerbaïdjan pour renforcer sa perspective panturque, voire pantouranienne, puisque l’objectif c’est « l’unité » de tous les peuples « turcs » jusqu’à la Chine.

L’objectif c’est – outre de provoquer la Grèce et la France indirectement – de chasser la population arménienne du Haut-Karabakh et même de démolir l’État arménien lui-même, afin d’étendre le territoire azérie. C’est l’existence même qui est en jeu. Elle le sait, elle se militarise depuis trois décennies afin d’être en mesure de préserver son existence, mais le régime étant corrompu, bureaucratique, il n’y a pas de mobilisation démocratique et de quête d’appuis internationaux sur une base démocratique. L’Arménie se retrouve seul, étant tombé dans le piège du nationalisme.

La question du Haut-Karabagh avait justement été subtilement réglé par l’URSS. Lénine et Staline voulaient neutraliser les nationalismes dans une partie du monde où ce travers était particulièrement prégnant. Ils ont ainsi rattaché le Haut-Karabagh, à majorité arménienne mais liée depuis quelques centaines d’années à l’Azerbaïdjan, notamment par l’intermédiaire de populations nomades, à la république soviétique d’Azerbaïdjan. Cependant, le Haut-Karabagh a obtenu une grande autonomie culturelle.

Cela a « forcé » l’Azerbaïdjan à reconnaître la culture arménienne et l’Arménie à se tourner vers l’Azerbaïdjan où vivait une minorité arménienne. Qui plus est, à l’ouest de l’Arménie et sans frontière avec l’Azerbaïdjan, se trouvait la République soviétique autonome du Nakhitchevan. Cela forçait d’autant plus à des interrelations arméno-azérie, pour deux peuples qui par ailleurs ont un parcours historique déjà fortement lié, comme en témoigne la culture commune des bardes, les ashiks.

Les peuples de l’Azerbaïdjan et de Turquie ne veulent pas la guerre. Mais ils sont entraînés par le nationalisme, le militarisme, l’expansionnisme. Il est pourtant possible d’empêcher cela. Il faut un drapeau de la démocratie qui soit fortement levé, qui assume l’internationalisme des travailleurs, l’amitié entre les peuples. Seul un tel drapeau peut amener le soulèvement face aux forces réactionnaires et on sait bien qu’en Turquie, et même en Azerbaïdjan, les forces en faveur de la démocratie existent, mais ont besoin d’aide. Il en va de la survie même de l’Arménie.

Seule la mobilisation démocratique des peuples du monde, à l’échelle la plus grande et en particulier dans le Caucase, peut sauver l’Arménie !

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Liban: Emmanuel Macron s’imagine au temps du mandat français au Proche-Orient

L’État français est en perdition dans son propre pays, il ne pèse plus vraiment dans le monde et sa dette publique abyssale le rend très vulnérable sur le plan économique. Mais cela n’empêche pas la France de donner des leçons au monde entier, comme Emmanuel Macron à propos du Liban. En vérité, le Liban court à sa perte et la France l’aide à s’y précipiter.

Après la terrible catastrophe du port de Beyrouth, le président français Emmanuel Macron s’est sentie investi d’une mission : relancer l’État libanais. Cela avait l’apparence d’une carte facile à jouer pour la France, une puissance devenue moyenne qui s’imagine encore grande. La catastrophe de Beyrouth a ému le monde entier, alors Emmanuel Macron s’est dit qu’il pouvait apparaître comme un grand chef d’État en intervenant au Liban.

Près de deux mois après la catastrophe du 4 août 2020, c’est un échec diplomatique cuisant. Le président du Liban Michel Aoun, qui n’est président de pas grand-chose, a même expliqué ce dimanche 27 septembre à propos de l’impossibilité de former un gouvernement : « Nous allons en enfer. »

En effet, le pays s’enfonce, comme le reste du Proche-Orient. La destruction de quartiers entiers de la capitale fut une catastrophe de trop pour le Liban, rongé par la corruption et les divisions communautaires/religieuses. Et comme dans le même temps l’instabilité est mondiale, avec notamment la crise sanitaire du covid-19 qui accompagne et s’accompagne d’une crise économique, un petit pays comme le Liban ne tient plus.

Le président français apparaît alors complètement décalé dans son discours condescendant du 27 septembre 2020, expliquant avoir « pris acte de la trahison collective » (des dirigeants du pays). Emmanuel Macron pointe « l’entière responsabilité » des partis politiques libanais, qui ne parviennent pas (ou ne souhaitent pas) à se mettre d’accord sur un cabinet gouvernemental et une feuille de route gouvernementale.

Il a même menacé, sans que l’on sache d’où il tenait son mandat, de façonner lui-même un gouvernement pour le Liban :

« S’il n’y a aucune avancée sur le plan interne, alors nous serons obligés d’envisager une nouvelle phase de manière très claire et de poser la question de confiance: est ce qu’un gouvernement de mission sur la base de la feuille de route est encore possible ? Ou est-ce qu’il faut à ce moment-là changer la donne et aller peut-être dans une voie plus systémique de recomposition politique au Liban? »

Tout cela est extrêmement ridicule, car c’est de la fiction, du cinéma, un très mauvais cinéma. Emmanuel Macron s’imagine peut-être à l’époque du mandat français au Proche-Orient après la Première guerre mondiale, lorsque la France était une grande puissance coloniale s’arrogeant le contrôle de la Syrie (ou en tous cas ce qui fut appelé la Syrie). Mais la France ne pèse plus grand chose et cela fait déjà très longtemps qu’elle n’a plus la main au Liban, qui a même dégagé la langue française de sa constitution. Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’Emmanuel Macron ne parvienne à rien pour forcer à la formation d’un gouvernement au Liban.

Le Liban, comme toute la région du Proche-Orient, et finalement comme presque partout dans le monde, réuni en fait tous les ingrédients pour une situation de guerre. Et pas seulement de guerre civile comme ce fut le cas entre 1975 et 1990. Le monde a déjà beaucoup changé depuis le 20e siècle et les grandes recompositions qui ont lieu actuellement ne sont que le reflet de tensions en profondeurs entre différents pays, différentes puissances, grandes, petites, moyennes, ne voulant pas sombrer, voulant s’étendre, etc. Les divisions au Liban ne sont que le reflet de ces divisions à plus grande échelle, par exemple entre la France (via des dirigeants politiques chrétiens maronites) et l’Iran (via les dirigeants politique musulmans chiites du Hezbollah), avec en arrière plan le jeu de la superpuissance américaine dans son affrontement avec la Chine dans ses efforts pour devenir une superpuissance.

La situation est terrible pour la population du Liban, mais la France ne l’aide en rien : elle ne fait que jouer sa carte dans le grand échiquier mondiale, dans une situation de crise généralisée qui mène toujours plus ouvertement à la guerre. Tel est le triste panorama où le peuple est toujours perdant.

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Turquie/Grèce: le racisme au service de la guerre

La haine historique et réciproque entre la Grèce et la Turquie est bien connue. Les hydrocarbures méditerranéens l’alimentent ces dernières semaines de manière dramatique et inquiétante.

Ce qui est inquiétant, outre la faiblesse d’une Gauche capable de s’opposer au conflit annoncé (encore qu’en Grèce, elle puisse s’exprimer de manière plus grande qu’en Turquie), c’est le profond racisme qui gangrène les deux pays et qui sert naturellement les intérêts guerriers.

Ce phénomène est particulièrement visible en Turquie ou chez les gens d’origine turque installés à l’étranger. En Turquie, mais également sur les réseaux sociaux, on voit fleurir les appels au meurtre et les insultes visant les peuples que le nationalisme turc a souvent massacré : les Arméniens, les Kurdes et, surtout en ce moment, les Grecs. Ceux-ci sont qualifiés de « bâtards », de « résidus de Byzance », ou même de « bâtards pontiques », en référence à cette population grecque qui a subi un véritable génocide. À ce propos, il est ironiquement ignoble que les mêmes qui nient le caractère génocidaire de ces massacres (dont l’odieux génocide arménien) insinuent quand même que « c’était bien fait pour eux », et appellent parfois même à renouveler l’horreur.

En 2019, le rapport de la fondation Hrant Dink étudiant les discours haineux notait que dans les médias turcs, la haine visant les Grecs (de Grèce, de Chypre et de Turquie) était bien plus fréquente que la haine des Syriens (premières victimes de la haine raciste, si on compte séparément Grecs de Grèce et Grecs de Chypre et Turquie séparément), des Juifs et des Arméniens. On constate une véritable focalisation sur les Grecs, entretenue par les médias dont on sait à quel point leur dépendance par rapport au pouvoir est grande.

Ce racisme sert évidemment les projets expansionnistes et agressifs du régime qui joue sur la corde néo-ottomane pour attiser la haine et le soutien à ses projets. La reconversion de Hagía Sophía en mosquée en a été une marque importante, mais on doit noter également que le régime laisse détruire des monuments historiques liés à la Grèce et au christianisme dans cette même optique.

Face à cela, la haine anti-turque en Grèce est, pour ainsi dire, tout aussi culturellement ancrée. Comme en Turquie d’ailleurs, cette haine est associée à la haine d’autres peuples, notamment les Roms ou les Macédoniens, auxquels beaucoup nient même le droit de se dire macédoniens, sans parler des Juifs, au centre de tous les fantasmes conspirationnistes, que ce soit par antisémitisme chrétien ou par « anticapitalisme » (au sens de « socialisme des imbéciles », comme disait August Bebel). À ce titre, on ne rappellera jamais assez que les amis grecs de Jean-Luc Mélenchon, après avoir participé aux manifestations nationalistes contre le droit pour les Macédoniens de se dire Macédoniens, font désormais campagne contre « l’israélisation » de l’État grec, soi-disant sous contrôle.

Ainsi, dans le langage courant, de nombreuses insultes sont forgées à partir de termes désignant ces nationalités. Beaucoup même les emploient naturellement, sans forcément avoir des arrières-pensées racistes, tellement elles sont courantes. On peut citer le terme de « τουρκόγυφτος », littéralement le « turco-gitan ». Le mot « γυφτος », cousin étymologique de « gypsy » et de notre « gitan », a déjà en grec une connotation souvent péjorative (on lui préférera d’autres mots, comme « τσιγγάνος », tsigane, par exemple). En lui ajoutant le préfixe « turco », on renforce le côté péjoratif et le sens premier de « Rom venu de Turquie » s’efface derrière une insulte adressée à quelqu’un de mauvais, malhonnête, sale, malpropre, etc.

Après quatre cents ans d’occupation, puis deux siècles de tensions, les Grecs ne sont pas davantage prêts que leurs voisins à faire la paix et à tourner le dos au nationalisme que leurs dirigeants et les classes dirigeantes instillent entre eux. D’autant que, si Recep Tayyip Erdoğan exprime un néo-ottomanisme islamo-turc, la Grèce reste également encadrée par ses deux piliers institutionnels : l’Église hortodoxe toute-puissante et réactionnaire, et l’Armée, bastion du fascisme, voire même du nazisme.

La situation est alarmante et le pire est à craindre si la Gauche de ces deux pays ne parvient pas à mener le combat pacifiste et à rassembler largement les masses autour du refus de la guerre, de la défense de la démocratie et du recul des monopoles. Là-bas comme ici, il faut le Front populaire. D’urgence.

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Communiqué du PCF sur les ventes d’armes françaises à la Grèce

Voici le communiqué du PCF du 14 septembre 2020, dénonçant les ventes d’armes françaises à la Grèce, dont nous parlions récement :

« Vente d’armes à la Grèce : « Cette escalade militaire est une mauvaise réponse » (Fabien Roussel – PCF)

Dans le contexte de tensions et d’agressivité du dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan en Méditerranée orientale, Emmanuel Macron choisit… de vendre des armes à la Grèce ! Un contrat pour 18 Rafales, 4 hélicoptères, des missiles et des torpilles francais vient dêtre signé, comme une forme de réponse aux provocations du président turc dans les eaux grecques. Cette escalade militaire est une mauvaise réponse.
Après avoir mobilisé deux chasseurs Rafale et deux navires de guerre, la France avait déjà procédé, le mois passé, à un exercice militaire conjoint avec la Grèce, l’Italie et Chypre, au sud et au sud-ouest de Chypre.

La ministre française des Armées, Florence Parly, s’est aussitôt réjouie de ce qu’elle voit comme le renforcement du « lien entre les forces armées grecques et françaises » considérant, selon elle, qu’il s’agit d’un pas « en faveur d’une Europe de la défense plus forte, plus autonome et unie ». Quel aveuglement ! Paris nourrit l’escalade militaire dans l’une des zones les plus sur-militarisées du monde, où le risque nucléaire est présent, et participe à une surenchère agressive entre membres de l’OTAN. On voit mal une « défense européenne » déjà arrimée à l’OTAN – et dont la Turquie est la 2e armée en matière d’effectifs – fonder une cohérence dans ses orientations et sortir « renforcée » de l’amplification de la crise interne de l’alliance politico-militaire qui est placée au service des intérêts stratégiques nords-américains depuis sa fondation.

Pour le Parti communiste français, il est indispensable de mettre un coup d’arrêt net aux évolutions dramatiques qui se dessinent, qu’il s’agisse des visées expansionnistes du dirigeant turc que d’un sur-armement de la Grèce. De plus, le peuple grec devra payer ces achats d’armement par de nouvelles politiques d’austérité.

Dans une région où, déjà, peuples grec et turc ont vécu les plus effroyables conflits, la France et l’ensemble des pays de la région doivent construire un chemin diplomatique pour sortir de crise qui contrait la Turquie à respecter le droit international, les accords internationaux existants, le droit de la mer, et découragent les visées militaristes des protagonistes.

Le PCF, préoccupé et inquiet de l’escalade belliciste en Méditerranée, appelle au rassemblement et à la mobilisation des forces de la paix en France et en Europe pour peser en ce sens. »

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Vers la guerre: l’armée grecque se renforce avec du matériel militaire français

Alors que le conflit entre la Turquie et la Grèce est de plus en plus explosif, le premier ministre grec à annoncé que l’heure est venue pour son pays de renforcer ses forces armées et la France est là pour vendre du matériel de guerre.

Samedi 12 septembre 2020, le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est montré très menaçant à l’égard du président français en affirmant : « Macron, vous n’avez pas fini d’avoir des ennuis avec moi ».

En face, la France répond à l’escalade par l’escalade et ce même jour a été annoncé un plan d’achat de matériel militaire français par la Grèce. Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a expliqué :

« Notre force aérienne va acquérir immédiatement un escadron de 18 avions de chasse Rafale afin de remplacer les anciens Mirage 2000. Ce sont des avions excellents qui, avec nos F-16 modernisés, renforceront notre capacité de dissuasion. »

En plus de cela, l’achat de quatre navires de guerre a été évoqué et il s’agirait probablement de Frégates de défense et d’intervention du groupe français Naval Group.

La ministre française des Armées a immédiatement réagit à cette « bonne nouvelle » militaire (selon sont point de vue guerrier) :

« Cette annonce constitue un succès pour l’industrie aéronautique française, en particulier Dassault Aviation ainsi que les autres acteurs industriels français, et notamment les nombreuses PME concernées par la construction du Rafale. Ce choix en faveur d’un avion de combat Dassault Aviation, au plus haut niveau de la technologie mondiale, vient renforcer le lien entre les forces armées grecques et françaises, et permettra d’intensifier leur coopération opérationnelle et stratégique. »

Les Rafale achetés par la Grèce visent ouvertement à prendre le dessus sur la Turquie, dans une surenchère militariste. Les avions concernés seraient configurés pour emporter des missiles air-air longue portée METEOR capables d’engager une cible à environ 100 kilomètres. Cela leur donnerait un avantage important par rapports aux chasseurs turcs qui ne disposent pas de telles possibilité pour l’instant.

Cela s’inscrit dans tout un plan de l’armée grec visant à recruter 15 000 soldats supplémentaires et renforcer son financement. Des nouveaux hélicoptères de la marine sont prévus, ainsi que des armes anti-chars, des torpilles et des missiles. Il s’agit selon le gouvernement grec de former « un bouclier national», autrement de se préparer à la guerre.

En face, l’armée turque ne compte pas lâcher l’affaire et va chercher à se renforcer, dans une course folle menant à une guerre qui semble de plus en plus inévitable, tellement les États en faillite que sont la Grèce et la Turquie en ont besoin, poussés également par les grandes puissances avide d’une nouvelle répartition du monde.

> Lire également : La guerre entre la Turquie et la France (soutenant la Grèce) se fait chaque jour plus menaçante

On va déjà vers des accrochages et ceux-ci auront un effet de boule de neige : la guerre est déjà installée et elle étend son royaume.

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La guerre entre la Turquie et la France (soutenant la Grèce) se fait chaque jour plus menaçante

Le régime turc est dans une perspective guerrière ultra-agressive. En face, la France soutient la Grèce et pousse elle-même à la guerre en s’érigeant comme le gendarme de la Méditerranée.

Lors des célébrations du Jour de la victoire dimanche 30 août 2020, une fête nationale turque marquant une victoire militaire contre la Grèce en 1922, Recep Tayyip Erdoğan a tenu des propos particulièrement agressifs. Il assumait ouvertement la possibilité de faire la guerre en raison du litige concernant les eaux territoriales en Méditerranée orientale :

« Lorsqu’il s’agit de combattre, nous n’hésitons pas à donner des martyrs […] La question est la suivante : ceux qui s’érigent contre nous en Méditerranée et (au Proche-Orient) sont-ils prêts aux mêmes sacrifices ? »

On n’est plus dans la provocation comme il y a encore quelques jours, mais directement dans un discours guerrier assumant l’affrontement contre la Grèce et la France, avec la menace du sang versé :

« Le peuple grec accepte-t-il ce qui risque de lui arriver à cause de ses dirigeants cupides et incompétents ?

Le peuple français sait-il le prix qu’il devra payer à cause de ses dirigeants cupides et incompétents ? »

Parallèlement à cela, le président turc déroulait son habituelle rengaine ultra-nationaliste, s’adressant directement à « Atatürk », c’est-à-dire Mustafa Kemal surnommé le père des Turcs, pour justifier sa logique guerrière actuelle. Ce message écrit dans un « livre d’or » du mausolée de Mustafa Kemal et largement relayé dans la presse est un modèle du genre, typique du régime :

« Cher Ataturk, au 98e anniversaire de la Grande Victoire, nous saluons une nouvelle fois votre mémoire et celle de nos martyrs. Nous œuvrons pour glorifier et renforcer la République de Turquie que vous nous avez confiée. Nous sommes déterminés à devenir en 2023, au centenaire de notre République, un pays encore plus puissant, plus indépendant et plus prospère du point de vue économique, militaire, politique et diplomatique.

Les réussites importantes que nous avons notées sur divers terrains allant de la Syrie à la Libye, de la mer Noire à la Méditerranée orientale, sont les preuves les plus claires de notre volonté à protéger les droits et intérêts de notre pays.

La Turquie ne cédera pas aux menaces, intimidations et chantages, spécialement en Méditerranée orientale, et continuera de défendre ses droits découlant du droit international et des accords bilatéraux. Paix à votre âme ».

Tous les hauts personnages de l’État s’y sont mis, à l’instar du ministre de la Défense qui a expliqué :

« Cette grande victoire [en 1922 contre la Grèce] est la proclamation au monde entier que notre nation protégera à tout prix sa patrie qui l’importe plus que sa vie, et que l’Anatolie restera indéfiniment une terre turque ».

Le même jour, la ministre française des Armées, Florence Parly faisait comprendre dans une émission de radio que la France ne comptait certainement pas faire baisser la tension, insistant surtout sur le « comportement escalatoire [sic] » turc.

En arrière-plan, il y a la prétention de la France à être une grande puissance, au moyen de son armée qui agirait comme un gendarme en Méditerranée :

« Il y a un droit de navigation dans les eaux de la Méditerranée. Il n’y a pas de droit d’accaparement de ressources énergétiques et gazières, surtout lorsque celle-ci ont été reconnues conformément aux traités internationaux.

La démarche de la France n’est nullement escalatoire [sic]. Ce que nous avons fait, c’est ce que nous faisons régulièrement, c’est-à-dire que nous naviguons régulièrement en mer Méditerranée. C’est tout de même un espace naturel pour notre pays ».

Parler « d’espace naturel » pour qualifier une zone maritime à plusieurs milliers de kilomètres des côtes françaises, surtout quand on est ministre des Armées, c’est clairement agir dans le sens de la guerre. C’est s’arroger la responsabilité du « droit international » par les armes, de surcroît en ce qui ne concerne pas ses propres frontières.

C’est tout à fait conforme aux prétentions d’Emmanuel Macron qui, à l’occasion d’un « Forum Moyen-Orient Méditerranée » mercredi 29 août, a tenu un discours que l’on croirait sortie du XXe siècle et de l’époque du « mandat » français au Proche-Orient.

Cela donne des ailes au régime turc, qui dénonce ainsi facilement la France comme l’a fait le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères le lundi 31 août. Avec un discours particulièrement bien ficelé, il a rétorqué à Emmanuel Macron :

« Ceux qui croient tracer des lignes rouges contre la juste cause de la Turquie, ne feront que constater la position déterminée de notre pays.

S’il y a une ligne rouge dans la région, il ne peut s’agir que des droits découlant du droit international de la Turquie et des Turcs de Chypre.

Il est temps, pour ceux qui se voient dans un miroir grossissant, d’accepter la réalité : l’époque où les impérialistes traçaient les lignes sur les mappemondes est révolue. »

La veille, il prévenait dans un communiqué que « la Turquie est capable de dissuader, tous ceux qui tentent d’usurper par la force, ses intérêts et droits légitimes, en envoyant des armadas », dénonçant des « provocations d’acteurs externes à la région ».

On le comprend, et c’est chaque jour de plus en plus flagrant, on a là tous les ingrédients d’un cocktail explosif, menaçant de s’embraser à chaque instant.

L’épisode le plus récent est la publication de photos, par l’Agence France presse (liée en grande partie à l’État français), montrant des militaires grecs armés sur l’île de Kastellorizo, à quelques kilomètres des côtes de la Turquie.

> Lire également : Vers la guerre: l’Armée française se déploie avec la Grèce face à la Turquie

Le régime turc a immédiatement réagi, parlant d’acte de « piraterie » (l’île est censée être démilitarisées depuis un traité de 1947), faignant de découvrir la présence de ces militaires, qui n’a rien de nouvelle. La Grèce de son côté assume totalement la présence de ses militaires, assumant là encore le parti de la guerre.

Désormais, ce sont la crise ainsi que la tendance à la guerre qui forment l’actualité…

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Vers la guerre: l’Armée française se déploie avec la Grèce face à la Turquie

L’Armée française a annoncé mercredi 26 août 2020 mener des exercices militaires en Méditerranée orientale pendant trois jours. Les manœuvres visent ouvertement la Turquie dont le conflit avec la Grèce prend chaque jour une tournure plus guerrière, avec la France parmi les belligérants.

La ministre des Armées Florence Parly a annoncé que trois avions Rafale, la frégate La Fayette et un hélicoptère français prennent part à un exercice commun avec l’armée de Grèce en Méditerranée orientale, du mercredi 26 août au vendredi 28 août 2020. Les armées italienne et chypriote sont également concernées par l’opération dans les eaux situées entre la Crète et Chypre, précisément là où la Turquie a un navire prospectant des hydrocarbures.

Quelques jours plus tôt, la Grèce émettait un télex de navigation (Navtex) annonçant des manœuvres dans cette zone. Le président turc Recep Tayyip Erdoğan y a répondu de manière très hostile :

« L’émission d’un Navtex par la Grèce n’est autre qu’un acte irresponsable menaçant la sécurité de tous les navires présents dans la région ».

La Turquie considère que la Grèce n’avait pas le droit de l’émettre et s’est faite très menaçante, expliquant que ceux à qui elle sera confrontée devront « en assumer les conséquences ». La France est visée, sans la nommer ouvertement, en dénonçant le fait qu’elle pousse la Grèce à la guerre :

« Il serait bon pour la Grèce de prendre en considération que ceux qui la poussent devant la flotte turque, ne se montreront pas si un problème survient ».

C’est ainsi qu’on assiste à une escalade guerrière où la France répond à la Turquie en déployant sa force, assumant par là son appui militaire à l’armée grecque dans le cadre d’une « Initiative quadripartite de coopération (SQAD) ». Les manœuvres sont appelées « Eunomia », en référence à une déesse grecque dont le nom renvoie aux notions de justice, d’équité, de bon ordre.

Si la France prétend agir au nom du « droit international » comme l’a affirmé Florence Parly, il faut bien voir que le régime turc dit exactement pareil de son côté. La Turquie considère que ses provocations récurrentes contre la Grèce sont légitimes, sans par ailleurs que ni l’Allemagne, ni les États-Unis, ne le lui reprochent vraiment.

Mardi 25 août, le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas était à Ankara (après s’être rendu à Athènes) pour y prôner le dialogue, mais aussi pour réaffirmer la question de l’OTAN et donc de la superpuissance américaine dont dépend encore la Turquie. À ses côtés, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Çavuşoğlu a expliqué que ce n’est pas son pays qui fait monter les tensions.

Il a affirmé que la Grèce devait renoncer à « jouer les gâtés » et que :

« Il ne faut pas que la Grèce se laisse entraîner par les pays [sous entendu la France principalement] qui souhaitent la jeter devant la flotte turque. Nous sommes voisins. Nous souhaitons un partage juste ».

Il suffit pour mieux comprendre la situation de regarder cette carte montrant les frontières maritimes (ZEE) selon la convention de Montego Bay de l’ONU en 1982 :

Comme on le voit, les eaux territoriales grecques couvrent toute la zone, notamment en raison de la petite île de Kastellorizo. La Turquie n’a jamais reconnu cette convention (à l’image de nombreux pays dont les États-Unis) et maintenant qu’elle sait qu’il y a d’importants gisements gaziers dans la région, elle y revendique activement ses frontières.

C’est la raison pour laquelle le navire Oruç Reis prospecte depuis plusieurs jours dans ces eaux, escorté par une flotte militaire. La France avait immédiatement réagi à cela en déployant de premiers exercices militaires communs avec la Grèce, comme avertissement à la Turquie.

On a depuis un embrasement continu. Il y a là une situation inextricable, avec des intérêts capitalistes qui se font face et sont prêts à toutes les escalades, comme l’histoire en a tant connu.

L’Armée française agit ici au nom du capitalisme français, qui a besoin d’une grande puissance militaire à défaut d’être encore une grande puissance économique et diplomatique, et alors que le groupe Total est potentiellement concerné par les ressources de la région.

Inversement, la Turquie agit de manière particulièrement provocatrice, poussée par les intérêts expansionnistes de son économie, elle-même portée par un nationalisme néo-ottoman très agressif depuis plusieurs années.

Le discours du régime turc est particulièrement virulent, comme ces propos ultra-provocateurs de Recep Tayyip Erdoğan ce mercredi 26 août 2020, à propos des tensions avec la Grèce :

« Ceux qui ne méritent même pas d’être les héritiers de Byzance aujourd’hui, se cachent derrière les Européens pour agir comme des pirates qui ignorent le droit. Il est évident qu’ils n’ont pas retenu les leçons du passé ».

Ces propos étaient tenus lors d’une célébration de la bataille de Manzikert en 1071, une défaite byzantine consacrant la montée en puissance de ce qui deviendra l’empire Ottoman et utilisée de manière nationaliste aujourd’hui par le régime turc.

De manière particulièrement martiale, il a également lancé lors de son discours (en direct à la télévision) :

« Si nous n’avons aucune visée sur les terres, la souveraineté et intérêts des autres, cela ne veut pas dire que nous allons abandonner ce qui nous appartient. Ceux qui se dressent contre nous et qui sont prêt en en payer le prix, nous les attendons. Sinon qu’ils se retirent de notre chemin.

Il faut désormais que tout le monde voit que la Turquie n’est plus un pays dont on peut tester la patience, la détermination, les moyens et le courage ».

C’est terrifiant. Pour autant, il ne faut pas être dupe de la communication de la ministre des Armées Florence Parly qui explique, en s’imaginant que le la France est une grande puissance :

« Notre message est simple : priorité au dialogue, à la coopération et à la diplomatie pour que la Méditerranée orientale soit un espace de stabilité et de respect du droit international. Elle ne doit pas être un terrain de jeu des ambitions de certains ; c’est un bien commun. »

La France n’est pas l’ONU, elle n’est qu’une grande puissance en déclin s’imaginant retrouver de sa superbe grâce à une confrontation avec la Turquie.

> Lire également : Turquie: la Gauche française doit avoir le courage du pacifisme

La situation est extrêmement explosive et nécessite plus que jamais d’affirmer le pacifisme, c’est-à-dire l’opposition active à la guerre. La Gauche française doit dénoncer ici avec une grande vigueur les opérations militaires françaises en Méditerranée orientale, car elles mènent tout droit à la guerre. Une guerre qui relève de la course à la guerre générale avec en toile de fond l’affrontement sino-américain.

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Guerre contre la Turquie: les positions de la Gauche en Grèce

Dans le contexte de tension extrême entre la Grèce et la Turquie, il est important de se pencher sur la gauche grecque, historiquement très puissante.

La Gauche de Grèce est historiquement une composante très importante du mouvement ouvrier ; la résistance victorieuse à l’occupation nazie puis l’affrontement avec la Grande-Bretagne et les États-Unis après 1945 ont manqué de faire basculer le pays. Si par la suite il y a un écrasement du mouvement ouvrier par une répression sanglante, il y a un redémarrage régulier dans la formation de courants se revendiquant de la Gauche. Quelle sont leurs positions dans la situation actuelle ?

Déjà, ont signé une déclaration commune contre la guerre le KKE (Parti communiste de Grèce) et son équivalent turc le TKP (Parti communiste de Turquie), qui sont liés au PCF en France historiquement (le KKE étant toutefois désormais proche du Parti Communiste Révolutionnaire de France). Cela tranche résolument avec le nationalisme exacerbé caractérisant les deux pays. Ce sont leurs bourgeoisies respectives qui sont visées par le texte, de même que l’OTAN, l’Union européenne et les États-Unis. Il y a une dénonciation de la transformation de la Hagia Sophia en mosquée comme étant une manœuvre fanatique destinée à alimenter la haine et à mobiliser les masses turques dans un affrontement avec la Grèce.

Plus généralement, il est considéré que le cœur du problème est une « concurrence inter-capitaliste » pour le contrôle des hydrocarbures de la méditerranée orientale. En appelant à la classe ouvrière, les deux partis affirment qu’au-delà du pacifisme, c’est pour le socialisme qu’il faut lutter. Ils rappellent en effet que « la seule garantie de coopération et de fraternité entre les peuples » est liée à la prise du pouvoir des travailleurs et à l’établissement de relations sincères, solidaires et internationalistes.

On retrouve le même genre de position du côté des organisations issues du maoïsme que sont le KKE-ML (Parti communiste de Grèce – marxiste-léniniste) et le ML-KKE (Parti communiste marxiste-léniniste de Grèce). Elles dénoncent des intérêts « impérialistes » et « capitalistes » dans la région, ainsi qu’une tendance à la guerre et au nationalisme dans les deux pays. L’agression turque est dénoncée, mais il est considéré qu’il ne faut pas être dupe à propos du « capitalisme » et de « l’État grec » dans cette affaire.

L’organisation ANTARSYA, assez proche de notre NPA en France, dénonce également les « intérêts capitalistes » et le conflit opposant « les bourgeoisies grecque et turque », tout en rejetant le « droit international » comme étant bourgeois.

En apparence, il y a un peu la même logique avec les organisations SYRIZA en Grèce et son équivalant en Turquie, le HDP (Parti démocratique des peuples). Ils ont produit une courte déclaration commune dénonçant « la transformation de musée en mosquée de la Hagia Sophia, haut lieu du patrimoine de toute l’humanité et de toutes les religions ». Dénonçant le nationalisme, les deux organisations parlent de « culture partagée » entre les peuples grecs et turcs, en promouvant une « coexistence ».

Cependant, ces deux organisations ne relèvent pas de la Gauche historique et n’ont aucune base idéologique solide pour assumer réellement l’opposition à la guerre. Mardi 25 août, le président de SYRIZA Alexis Tsipras s’est entretenu directement avec le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas pour lui demander d’intervenir pour « la défense des droits souverains de la Grèce et de Chypre », réclamant même une « perspective de sanctions fortes » contre la Turquie. C’est là faire le jeu du nationalisme grec, avec l’option d’une soumission à l’Allemagne comme grande puissance « protectrice ».

D’ailleurs, SYRIZA gouvernait encore récemment en alliance avec un parti d’extrême-droite ouvertement nationaliste, militariste et raciste, ayant une perspective d’affrontement avec la Turquie.

On retrouvera le même genre de position avec le groupe « Unité populaire », issue de l’aile anti-Union européenne au sein de SYRIZA. Il est appelé pour la Grèce à se séparer de l’OTAN, des États-Unis et de l’Union européenne (un trio décrit comme étant « l’impérialisme ») et à se défendre de manière indépendante face à la Turquie. C’est du nationalisme, mais avec l’objectif affiché d’assurer la paix.

Du côté de « Cap vers la liberté », l’autre scission de SYRIZA, fondé par Zoé Konstantopoulou qui est très proche de Jean-Luc Mélenchon en France, il est prétendu que le responsable des tensions actuelles avec la Turquie serait… Israël ! En conséquence, ce parti ouvertement nationaliste (qui a soutenu des manifestations anti-Macédoine) veut libérer le pays de « l’israélisation de sa politique » et lui redonner les moyens « de se défendre face à la Turquie ». C’est la même logique nationaliste que « Unité populaire », avec un arrière-plan franchement antisémite (l’antisémitisme étant très répandu en Grèce).

Pour finir, il faut parler du KINAL, le « mouvement pour le changement », qui est le successeur du PASOK (Mouvement socialiste panhellénique), équivalent et allié du Parti socialiste en France. Ce mouvement, devenu très faible en Grèce, a demandé à plusieurs reprises au gouvernement de droite de Kyriakos Mitsotakis de « se montrer ferme » face à la Turquie, tout en appelant l’Union européenne à appuyer la Grèce dans cet affrontement.

Le KINAL échoue ici honteusement à s’allier avec le CHP en Turquie (le Parti républicain du peuple), alors qu’ils sont censés appartenir à la même « internationale socialiste » (la même que celle du PS en France), ainsi qu’au Parti socialiste européen (le CHP en est un « membre associé »). Il faut dire que de son côté le CHP, qui dirige la municipalité d’Istanbul, est tout autant nationaliste et aussi peu de gauche que le KINAL. Dans la plus pure tradition kémaliste, il s’affiche moderniste, mais prône un nationalisme très agressif, menaçant régulièrement de faire « respecter » la Turquie en mer Egée face à la Grèce.

Les prises de positions anti-nationalistes de la véritable Gauche en Grèce et en Turquie sont très importantes dans un tel contexte. Elles ne préjugent pas forcément du meilleur : on se rappelle comment à la veille de la guerre de 1914 toute la Gauche d’Europe était contre la guerre, avant de passer en majorité dans l’autre camp à la suite de la déclaration de guerre. Néanmoins, elles sont une contribution importante à la tâche essentielle qui est l’opposition à toute guerre, dans un contexte de crise renforçant d’autant plus la bataille pour le repartage du monde.

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Vers la guerre: le coup d’État pro-Islam et pro-Russie au Mali

Le coup d’État militaire au Mali s’appuie sur une mobilisation islamiste pour mettre en place un régime pro-Russie. On est dans la redistribution des cartes dans le cadre de la compétition entre grandes puissances.

L’ultra-gauche française a vivement salué les rassemblements de masse contre Ibrahim Boubacar Keïta, le président du Mali, notamment en raison du fait qu’ils ont été accompagnés de slogans hostiles à la présence française. Il faut pour cela une grande naïveté, car c’était évidemment une mise en scène, avec une démagogie absolument typique de tels pays.

Ce qu’il y avait derrière, c’est le mouvement de l’islamiste Mahmoud Dicko, un imam qui a annoncé qu’il retournait à la mosquée à la suite de la victoire du coup d’État militaire du 20 août 2020. Le président sortant était lui-même issu d’un coup d’État en 2012.

Mahmoud Dicko est un salafiste ; formé en Arabie Saoudite, il est désormais considéré comme lié au Qatar. Le coup d’État militaire a été rendu possible grâce au passage du mouvement islamiste de Mahmoud Dicko, le Coordination des mouvements, associations et sympathisants, dans le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques, lançant la contestation à la fin juin 2020.

Il représente les forces néo-féodales du Mali, un pays de vingt millions d’habitants qui était avant 1991 dans l’orbite soviétique et française, pour ne plus devenir que française. Mais l’on sait que la France a du mal à maintenir son pré carré. La situation est d’autant plus instable que ce pays misérable, avec 4 des 20 millions de Maliens travaillant à l’étranger, a été construit artificiellement par le colonialisme.

Il y a une quinzaine d’ethnies en concurrence, le pays a été initialement membre de la Fédération du Mali avec le Sénégal, il y a eu une grande rébellion touareg et islamiste au début des années 2010, avec en conséquence notamment l’Opération Serval puis Barkhane de l’Armée française dans la région, avec en plus du Mali le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.

> Lire également : Opération Barkhane: l’armée française s’enlise, Emmanuel Macron exige le soutien africain

Le nouveau régime s’est d’ailleurs empressé de dire qu’il n’avait rien contre la présence militaire française. Pourquoi alors cette révolution de palais ? Il y a deux principales raisons.

La première, c’est la dimension internationale. L’opération Barkhane implique des forces françaises, mais également dans une bien moindre mesure américaine, canadienne, britannique, allemande, estonienne, danoise, tchèque. Mahmoud Dicko est lié au Qatar.

Le chef du coup d’État militaire, le colonel Assimi Goïta, a été formé par la France, l’Allemagne, les États-Unis. Le colonel Malick Diaw, organisateur du coup d’État, et le colonel Sadio Camara, l’instigateur de celui-ci, ne sont revenus au Mali qu’une semaine avant le coup d’État : ils étaient en Russie depuis le début de l’année, pour une formation militaire dans les institutions militaires à Moscou !

Et le premier ambassadeur reçu par les putschistes, organisés en Comité national pour le salut du peuple, a été… l’ambassadeur russe. On notera que des accords de défense avec la Russie ont déjà été signés par les pays voisins : le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger, le Tchad. Avec le Mali ces pays forment le G5 Sahel ; avec le coup d’État, la boucle est bouclée. On l’aura compris, on se situe dans le cadre d’un repartage du monde amplifié par la crise mondiale ouverte en 2020.

La seconde raison de ce coup d’État militaire, c’est que le régime malien est à bout de souffle. Il est clairement inféodé à la France, corrompu et sans aucune perspective alors que le pays est une poudrière depuis quelques années. La sortie de la crise au moyen de l’Islam pour « unifier » le pays sur une nouvelle base est l’espoir entretenu à l’arrière-plan de cette révolution de palais.

Y a-t-il ici une alliance franco-russe, ou bien la Russie a-t-elle pris le dessus ? Dans tous les cas, ce sont les gens du peuple au Mali qui vont en payer le prix et dans tous les cas on a une accélération du militarisme et des tensions menant à la guerre.

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Turquie: la Gauche française doit avoir le courage du pacifisme

Emmanuel Macron se fait chef de guerre en déployant des arguments et des moyens militaires contre la Turquie et ses visées expansionnistes. En face, Recep Tayyip Erdoğan explique que la France agit comme un « caïd » et mobilise de manière nationaliste au nom des « droits de la Turquie ». C’est une escalade militariste typique et le rôle de la Gauche est de s’y opposer fermement, au nom de la paix, au nom de l’amitié entre les peuples, au nom de la lutte des classes.

Après la pénétration turque au large de l’île grecque de Kastellorizo, Emmanuel Macron a décidé de renforcer la présence militaire française dans la zone. Jeudi 13 août, ce sont deux avions Rafale B, le porte-hélicoptères amphibie Tonnerre (en route vers Beyrouth) ainsi que la frégate La Fayette, qui ont participé à un exercice avec la marine grecque dans le sud est de la mer Égée, précisément là où sont les navires turcs.

Le ministère français des armées a expliqué :

« [La] présence militaire [française] a pour but de renforcer l’appréciation autonome de la situation et d’affirmer l’attachement de la France à la libre circulation, à la sécurité de la navigation maritime en Méditerranée et au respect du droit international ».

Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a réagi de manière virulente, en répondant que :

« La France, en particulier, devrait cesser de prendre des mesures qui accentuent les tensions. Ils n’obtiendront rien en se comportant comme des caïds ».

Il faut bien voir ici que la Turquie ne considère pas avoir une visée agressive. Elle n’a jamais reconnu les accords internationaux faisant de la zone en question un territoire grecque et considère être légitime.

Recep Tayyip Erdoğan présente ainsi les choses à la télévision turque :

« Revendiquer une souveraineté maritime en se servant de l’île de kasteloriso située à 2 kilomètres des côtes turcs ne peut s’expliquer rationnellement ou avec bon sens.

Vous savez à quelle distance se situe la Grèce ? 580 kilomètres ! J’invite à nouveau la Grèce à respecter les droits de la Turquie. »

Un accrochage avec un navire grec a déjà eu lieu jeudi 13 août et la Turquie en parle de manière ultra-offensive, menaçant de faire payer « au prix fort » toute attaque contre son navire de prospection l’Oruç Reis.

Pour la France, il y a bien sûr en jeu les intérêts du groupe Total, à qui entre autre la Grèce a promis des accès aux gisements gaziers de la mer Égée convoités par la Turquie. Mais cela n’est qu’un aspect de la situation, qui n’est pas simplement « géopolitique », mais concerne le capitalisme dans son fonctionnement même.

La France est une puissance en perdition qui s’enfonce économiquement, mais aussi socialement et culturellement. Pour compenser, elle s’imagine pouvoir peser militairement, en étant en quelque sorte le bras armé de l’Union européenne. C’est le principe du nationalisme pour qui la guerre est une voie de sortie à la crise, comme une étape obligée pour maintenir l’ordre capitaliste qui a besoin d’expansion.

Dans cette perspective, et alors qu’Emmanuel Macron met régulièrement sur la table la question d’une alliance militaire européenne, les tensions entre la Grèce et la Turquie sont considérées comme une occasion à ne pas manquer.

En arrière plan, il y a la question libyenne où le gouvernement officiellement reconnu par l’ONU est allié à la Turquie et reconnaît l’espace maritime revendiqué par la Turquie, alors que la France soutient ouvertement une fraction adverse.

Il y a aussi le Liban où la France aimerait profiter de la catastrophe de Beyrouth pour retrouver de son influence dans le cadre de sa politique arabe, alors que la Turquie accuse le président français de vouloir « rétablir l’ordre colonial ». Le président turc se voit pour sa part en leader du monde sunnite, avec une ligne ultra-réactionnaire s’appuyant directement sur le féodalisme pour servir son expansionnisme néo-ottoman.

On a là tous les ingrédients pour un embrasement guerrier très dangereux, que la Gauche doit absolument dénoncer et refuser. La pandémie de covid-19, qui n’en finit plus de commencer, nous montre à quel point l’humanité a une destinée commune ; les peuples du monde ont bien mieux à faire que perdre du temps, de l’énergie et des vies dans la guerre.

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La Gauche en France, en Grèce et en Turquie, doit se lier d’une puissante fraternité pour dénoncer ses gouvernements respectifs et les intérêts du capitalisme qui mènent à une escalade guerrière dévastatrice. Il faut de toute urgence construire le camp de la paix, en renouant avec l’internationalisme fondateur de la Gauche historique.

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Vers la guerre: les tensions grandissantes entre la Grèce et la Turquie en méditerranée

Cela fait plusieurs mois que la Grèce et la Turquie s’écharpent publiquement et violemment sur la question de leurs eaux territoriales, alors que des gisements gaziers ont été découverts. L’escorte d’un bateau de prospection turc par des navires militaires lundi 10 août 2020 a été vécue comme une véritable provocation par la Grèce, qui en retour déploie ses troupes avec l’appui militaire de la France.

Les relations entre la Grèce et la Turquie sont historiquement tendues, on le sait. La Grèce ayant gagné son indépendance en affrontant l’Empire ottoman, son identité comme État moderne repose sur la confrontation avec son voisin. Au début du siècle précédent, le génocide pontique (500 000 grecs massacrés par le régime turc en quête de pureté ethnique, dans la même logique que le génocide arménien) et les transferts de population dans les deux sens ont durablement marqué tant la Turquie que la Grèce.

Les deux pays ont en commun un nationalisme très fort, les uns rêvant de la « Grande idée » (une grande Grèce, étendant davantage son territoire), les autres rêvant, comme Recep Tayyip Erdogan, de reconstituer l’Empire ottoman.

La Grèce, c’est bien connu, est constituée d’un très grand nombre d’îles en mer Égée, et c’est là une autre sujet de tensions entre les deux pays. En effet, il y a un désaccord sur la propriété des eaux territoriales. Ces zones maritimes étant potentiellement riches en hydrocarbures, la Turquie entend y mener des activités de prospection minière, empiétant sur la zone officiellement attribuée à la Grèce. En 1987, Andreas Papandreou, premier ministre socialiste, avait momentanément retiré son pays de l’OTAN, dont la Turquie est également membre, dans le cadre d’une montée des tensions que l’on retrouve aujourd’hui. Son successeur, Constantin Simitis, avait lui aussi été confronté à cette même situation.

Aujourd’hui, parallèlement à la reconversion en mosquée de la basilique Sainte-Sophie, à Istanbul (perçue comme une nouvelle provocation islamo-ottomane par la Grèce et son Église orthodoxe puissante) c’est encore une fois à travers cette question des eaux territoriales et de la prospection minière que le conflit se fait sentir.

La Turquie a en effet délibérément provoqué Athènes en envoyant l’Oruç Reis, un navire d’exploration chargé de mener des études sismiques, dans une des zones que la Turquie revendique comme sienne. Le 11 août, le régime a augmenté la pression en annonçant qu’il allait accorder des permis d’exploration et de forage dans de nouvelles zones de la Méditerranée orientale d’ici la fin du mois. L’Oruç Reis était, quant à lui, à 83km à l’intérieur de la zone maritime grecque, escorté de sept frégates militaires. En réaction, le gouvernement grec a placé ses forces armées en état d’alerte et des unités de la marine et de l’armée de l’air ont été mobilisées dans cette zone.

La Grèce, bien évidemment, dénonce une attaque de sa souveraineté et une menace pour la paix. Le premier ministre de droite, Kyriakos Mitsotakis, demande un sommet d’urgence de l’Union européenne. La Commission européenne se dit très préoccupée et affiche son soutien à la Grèce et à Chypre (d’autant plus concernée par les agressions turques que l’île elle-même est en partie contrôlée par la Turquie), tandis que l’Otan (dont les deux pays font partie) appelle à la résolution des tensions dans le calme.

Tout ceci fait également suite aux deux accords signés par les deux États avec leurs alliés respectifs pour réaffirmer leurs droits maritimes. La Turquie a signé un accord avec la fraction libyenne qu’elle soutient (le gouvernement officiel) dans le conflit dans cette région dont elle espère tirer profit. La Grèce, pour sa part, a signé avec l’Égypte du maréchal Sissi. C’est dans cette recherche d’alliés que la Grèce se tourne naturellement vers l’Union européenne, et Emmanuel Macron a annoncé le renforcement de la présence militaire française en méditerranée orientale, envoyant sur place deux chasseurs Rafale et deux bâtiments de la marine nationale.

Une fois de plus, l’appât du profit (motivé ici par les récentes découvertes de vastes gisements gaziers en Méditerranée orientale) mène toute une région du monde au conflit armé dont on peut être certain que les populations locales pâtiront. On le voit également, le conflit ne concerne pas que la Grèce et la Turquie mais également Chypre et les alliés respectifs de ces pays, dont la France. La Turquie est particulièrement agressive et expansionniste ces dernières années, puisqu’on la retrouve directement ou indirectement en Syrie, Irak, Libye, Azerbaïdjan (cet État de plus en plus pro-turc a relancé les tensions avec l’Arménie voisine) mais également aux portes de l’Union européenne, où l’utilisation cynique des vagues de migrants constitue pour la Turquie un moyen de pression. On a également vu, dans Beyrouth dévastée, des manifestations appelant la Turquie à la rescousse, ses partisans faisant officiellement allégeance à Erdogan.

> Lire également : La Turquie célèbre le traité de Lausanne par une prière musulmane à la Hagia Sophia

Ce pays constitue donc la menace principale pour la paix, mais il ne faudrait pas pour autant s’imaginer que ses opposants soient des anges. La France, la Russie, l’Allemagne, les États-Unis, le Royaume-Uni, etc. : tous ces pays connaissent la même tendance à la guerre et au renforcement de leur impérialisme. C’est donc bien d’un mouvement pacifique international dont on a besoin d’urgence. Et cela commence en France, où il faut dénoncer les va-t-en-guerre qui sont déjà émoustillés à l’idée que la France affronte Erdogan.

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Tribune: «Nous devons refuser les armes nucléaires»

Voici une tribune de la branche française de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires. À l’occasion des 75 ans des « horreurs des bombardements nucléaires de Hiroshima et Nagasaki », elle rappelle à quel point cette question est plus que jamais d’actualité, particulièrement en France. Le démantèlement immédiat de l’arsenal nucléaire de notre pays doit être point fondamental et indiscutable du programme de la Gauche. Rien ne peut justifier un tel pouvoir de destruction, aucun gouvernement véritablement démocratique et populaire, pacifique et internationaliste, n’est possible sans se débarrasser immédiatement de telles armes.

« Nous devons refuser les armes nucléaires

Soixante-quinze ans après les horreurs des bombardements nucléaires de Hiroshima et Nagasaki, les Etats disposant d’armes nucléaires investissent toujours des dizaines de milliards d’euros, en vue de leur modernisation et de leur renouvellement. Devant la complexité de la tâche de parvenir à l’élimination de ces armes de destruction massive, il serait tentant de rester dans le déni, comme le font trop de personnes à l’égard du changement climatique. Mais nos organisations, regroupées dans la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (Ican en France), pour paraphraser les mots de Camus au lendemain du 6 août 1945, se refusent à tirer d’une aussi grave nouvelle autre chose que la décision de plaider encore plus énergiquement pour la mise en œuvre de l’interdiction et de l’abolition des armes nucléaires. (Tribune publiée, le 5 août 2020 sur Libération par les organisations membres de ICAN France)

Nous revenons de loin. Si l’on se retourne sur le temps écoulé depuis les 6 et 9 août 1945, nous avons eu beaucoup de chance : entre course aux armements – avec un arsenal nucléaire mondial qui a atteint le chiffre astronomique de 69 368 ogives en 1986 –, accidents nucléaires militaires qui ont avorté par chance (Goldsboro en 1961, Palomares en 1966, Thulé en 1968…) ou par courage (26 septembre 1983, colonel Petrov) et des tensions extrêmes (Cuba en 1962, confrontation indo-pakistanaise du Kargil en 2001). Par ailleurs, face au risque d’utilisation de ces armes, l’importante mobilisation d’un grand nombre d’organisations et d’individus a permis d’obtenir la mise en place d’un droit international de plus en plus contraignant en faveur de la non-prolifération et du désarmement nucléaire, notamment le Traité de non-prolifération (1968) et le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (1996).

Alors que le risque de détonation nucléaire avec son flot de potentielles conséquences humanitaires, environnementales et sanitaires, n’a jamais été aussi imminent en ce début de siècle, l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (Tian) par 122 Etats le 7 juillet 2017 à l’ONU montre que la résistance d’une large majorité d’Etats non-possesseurs et de nombreuses ONG (dont la campagne Ican) s’est amplifiée. Ce n’est pas une vue de l’esprit ou une croyance, mais une réalité avec l’entrée en vigueur d’ici quelques mois du Tian. Cette nouvelle norme de droit est d’ores et déjà efficace, si l’on en juge par les pressions diplomatiques exercées par la France et les autres puissances nucléaires pour dissuader Etats, villes et même des opérateurs privés de rejoindre ou de soutenir un traité dont l’ambition est de renforcer la sécurité internationale…

Résistons aux côtés des Hibakushas

«Nous avons vécu le feu des bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki, il y a soixante-quinze ans. Nous avons consacré notre vie à nous assurer que notre génération serait celle du dernier hibakusha – les survivants des bombes atomiques. Nous avons appris à être courageux, pleins d’espoir et audacieux. Nous avons appris que c’est à des gens comme vous et moi de se dresser contre les armes nucléaires et les dirigeants qui menacent le monde avec elles. Le dernier grand défi auquel nous sommes confrontés est d’interdire et d’éliminer ces armes. Affrontez-le avec nous, nous y sommes presque.» (Engagement à soutenir les Hibakusha, Ican, juillet)

Résister, c’est s’engager avec détermination devant ce qui apparaît «intouchable». Comme citoyen français, nous sommes confrontés à chaque instant à cette bombe. Le budget dissuasion, issu de nos impôts, nous coûte 9 000 euros par minute en 2020, à l’heure où des acteurs du service de santé crient devant l’urgence sanitaire. Des banques, en contradiction avec leur politique de responsabilité sociétale de l’environnement (RSE), investissent notre épargne dans les entreprises fabriquant des systèmes d’armes nucléaires. Notre génération et les futures vont devoir gérer et payer pour le stockage d’un minimum de 15 000 m3 de déchets nucléaires militaires. Quant à la protection de l’environnement et de la biodiversité, cause essentielle, les efforts et luttes seront réduits à néant si le «bouton» nucléaire est poussé. La liste serait longue de tous les effets dangereux auxquels notre Etat nous expose en conservant une politique de dissuasion, qui consiste à être prêt en permanence à utiliser des moyens de destruction sur des populations civiles et en engageant les Etats de l’Union européenne à la soutenir.

Les campagnes (par exemple, via le Mouvement de la paix, Pugwash, Abolition 2000…) pour le désarmement nucléaire sont nées au lendemain de Hiroshima et Nagasaki. Mais la résistance est devenue plus organisée, plus active, non seulement à travers ces organisations, mais aussi avec de nouveaux acteurs (voir les signataires de cette tribune), comme le sont des villes françaises (dont Paris, Grenoble, Cordes-sur-Ciel et une vingtaine d’autres) et à travers le monde (plus de 300) qui sont convaincues que leurs habitants ont le droit de vivre dans un monde libéré de cette menace nucléaire et qui, pour cela, soutiennent l’interdiction des armes nucléaires.

Notre pays a une position et un rôle singulier. Certes, son arsenal est moindre (300) par rapport aux Etats-Unis (5 800) ou à la Russie (6 375), mais la France a le quatrième plus grand arsenal au monde. Cette France dont un sous-marin transporte en permanence un millier de Hiroshima, alors que dans le même temps son ministre des Affaires étrangères affirme que «le respect du droit international humanitaire n’est pas une option [mais] c’est une obligation» (Conférence nationale humanitaire, 22 mars 2018) et que son Président s’interroge sur la prise en compte d’un crime d’écocide… alors qu’il pourrait lui-même en être l’auteur !

Nous engageons les associations et les individus à nous rejoindre pour agir et faire résonner cet appel des Hibakushas. Nous pouvons tous résister et agir à notre niveau en interrogeant l’action des élu·e·s (parlementaires et maires), en s’informant, en sollicitant sa banque de respecter ses engagements d’acteur responsable, dans l’objectif de contraindre le Parlement et le pouvoir exécutif d’engager le processus de signature et de ratification du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

Signataires :

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La Turquie célèbre le traité de Lausanne par une prière musulmane à la Hagia Sophia

Le 24 juillet 1923, le Traité de Lausanne scellait le sort de l’Empire ottoman, démantelé et donnant, pour l’Anatolie, la Turquie. Le 24 juillet 2020 le président turc a retransformé en mosquée le musée de la Hagia Sophia, une ancienne basilique devenu mosquée puis musée.

On parle beaucoup du régime « libéral », voir « démocratique » de la Turquie de Mustapha Kemal. Mais rien que son surnom, Atatürk, le « père des Turcs », en dit long sur un régime qui, en réalité, est né sur le sang des Arméniens de Turquie et dans l’oppression des Kurdes, avec en toile de fond une absence de réforme agraire. La Turquie a ainsi été « laïque » mais surtout un pays dominé en toile de fond par l’armée et entièrement vassalisé par les États-Unis qui en a fait une plaque tournante de l’OTAN.

La Gauche a été pourchassée, ses militants torturés, enlevés et tués, emprisonnés, alors que des coups d’État militaire nombreux venaient rétablir « l’ordre » le cas échéant. Le régime de Recep Tayyip Erdogan a ceci de différent qu’il est religieux, mais c’est un simple aléa historique. C’est que pour justifier l’expansionnisme turc, seule la référence à l’empire ottoman est valable.

Rappelons qu’historiquement cet empire a soumis les populations arabes pendant de longs siècles (ainsi que de nombreux peuples européens). Il a été un concurrent des puissances européennes, faisant deux fois le siège de Vienne. Les fameux croissants viennois sont une référence à la victoire sur l’envahisseur musulman, l’empire ottoman étant en effet le « califat », dont l’effondrement en 1918 a donné naissance à l’islamisme.

Et lorsque le Traité de Lausanne a été mis en place en 1923, le sultan l’a accepté, mais pas « Atatürk ». Recep Tayyip Erdogan est ainsi dans le prolongement d’un régime laïc pour qui toutes les langues du monde viennent du turc et autres fadaises ultra-nationalistes.

Recep Tayyip Erdogan va simplement plus loin qu’Atatürk, car la situation est différente. Lorsqu’Atatürk fait en 1934 un musée de la Hagia Sophia à Istanbul, il en avait besoin pour en faire un symbole d’unité nationale. La Hagia Sophia (soit Sainte Sophie ou Sagesse de Dieu) est une basilique du VIe siècle établi par l’Église catholique orthodoxe ; elle avait ensuite été transformée en mosquée à la chute de Constantinople en 1453.

En la « neutralisant », Atatürk appuyait une « modernité » étatique. En en refaisant une mosquée, Recep Tayyip Erdogan prolonge cette modernité jusqu’à l’expansionnisme. Fini de se tourner vers l’intérieur pour écraser les incessantes rébellions de la Gauche ou des nombreuses minorités, dont principalement les Kurdes. Désormais, la Turquie se tourne vers l’extérieur.

C’est pour cela qu’elle a appuyé l’État islamique, c’est pour cela qu’elle a mené une provocation extrêmement grave envers des bateaux de guerre français, alors qu’en même temps elle appuie les provocations azéries contre l’Arménie, où la tension est devenu extrême.

C’est pour cela aussi qu’elle a envoyé un navire de forage sur les côtes de Chypre, une manière de s’approprier un territoire marin, ce qui rend la Grèce folle de rage. D’ailleurs, alors que la Hagia Sophia redevenait une mosquée, toutes les cloches des églises grecques ont sonné. Le chef de l’Église en Grèce, l’ultra-réactionnaire archevêque Iéronymos, a qualifié la transformation « d’acte impie souillant » et a affirmé qu’«  aujourd’hui est un jour de deuil pour toute la chrétienté ».

On notera que le nom du navire de forage est « Fatih ». C’est le nom du quartier d’Istanbul où il y a la Hagia Sophia, car il englobe la partie historique de Constantinople, justement conquis par Mehmet le conquérant (soit en turc Mehmed Fatih).

Comme on le voit on est dans la symbolique à tous les niveaux, une symbolique outrancière, néo-féodale, qui va avec l’augmentation de 16 % cette année du budget de la Défense turque et l’augmentation de 335 % en dix ans de l’autorité des Affaires religieuses.

On va vers la guerre, à grande vitesse, et la Grèce n’attend que cela, car elle est également aux mains des militaires. Il faut se souvenir ici que le gouvernement de Gauche d’Aléxis Tsípras (du parti Syriza), qui a duré de 2015 à 2019, avait comme allié un petit parti nationaliste, symbole de la soumission à l’armée.

De toutes manières, tout le monde partout se prépare à la guerre : le capitalisme à bout de souffle implique des tentatives de sortie de crise par l’expansion. On a ici à l’horizon un affrontement gréco-turc, avec un soutien sans doute direct de la France et de la Russie à la Grèce. La politique de la canonnière est de retour.

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Vers la guerre: Florence Parly officialise la nouvelle appellation « armée de l’air et de l’espace »

Depuis la base aérienne 701 de Salon-de-Provence, la ministre des Armées Florence Parly a officialisé la nouvelle appellation de l’armée de l’air en y ajoutant « l’espace ». Le discours guerrier est assumé pour faire du spatial un des grands enjeu de l’affrontement entre grandes puissances.

Le changement de nom de l’armée de l’air pour devenir l’armée de l’air et de l’espace n’a pas fait grand bruit. C’est pourtant un changement d’une importance fondamentale, marquant un tournant majeur. Bien qu’elle ne soit pas encore inscrite dans la loi, cette nouvelle appellation a été officialisée vendredi 24 juillet 2020 par Florence Parly devant les élèves officiers de l’École de l’air.

Les futurs officiers se verront dorénavant dispenser une formation poussée dans le domaine spatial, au même titre que pour l’aérien terrestre.

Dans une entretien au quotidien La Provence, la ministre des Armées a présenté son projet en assumant totalement la militarisation de espace, effaçant toute approche civile de la question spatiale  :

« L’espace est d’abord vu comme un environnement dans lequel la science a vocation à progresser ; moins comme un milieu de confrontation éventuelle. Or c’est ce passage d’une vision d’un espace « bien commun », au service de la science, à un espace dans lequel les puissances continuent de se disputer la suprématie mondiale, qu’il nous faut désormais prendre en compte. »

Preuve de cela, c’est à Toulouse que sera localisé le futur siège grand commandement de l’espace de l’armée :

« nous avons décidé de le localiser à Toulouse car c’est le cœur battant du spatial français et c’est là que nos officiers de l’armée de l’air se forment au pilotage des satellites, auprès des opérateurs du CNES. »

Le CNES, c’est le Centre national d’études spatiales, qui est avec l’Agence spatiale européenne dont il est partie prenante, un l’équivalent de la NASA américaine. Sa visée est normalement scientifique, bien qu’il ait toujours été associé au militaire. Il dépend d’ailleurs à la fois du ministère de la Recherche et de celui des Armées, mais pas du tout de celui de l’écologie, alors que cette approche devrait être sa principale préoccupation à notre époque.

Officiellement, la question militaire est secondaire pour le CNES, ne représentant que 12 % de son budget en 2018. En pratique, cela est de moins en vrai et déjà en 2010 la France se dotait d’un commandement interarmées de l’espace collaborant directement avec le CNES. Les choses vont donc de plus en plus loin et la France va même plus loin que les État-Unis qui se sont dotés en décembre 2019 d’une « US Space Force » au sein de l’« US Air Force ».

Bien sûr, la France prétendra toujours avoir le bon rôle, ne faire que s’aligner sur les enjeux mondiaux, etc. Cette fois, le prétexte viendrait de la Russie et d’un acte hostile en 2017 contre un satellite français. Tout récemment, la Grande-Bretagne et les État-Unis dénonçaient également un tel acte à leur encontre.  En tous cas, la France assume ouvertement de gonfler les muscles et de bomber le torse, dans une course en avant militariste. S’il faut aller à la guerre, la ministre des Armée s’y prépare allègrement, avec un discours qui fera froid dans le dos à tout pacifiste :

« Le but est de faire savoir aux autres puissances spatiales que nous avons des yeux, des connaissances propres. Nous disposerons bientôt de petits satellites patrouilleurs qui nous permettront de détecter, caractériser et attribuer à leurs auteurs, ce type de manœuvres inamicales. Nous avons également fait savoir très officiellement que nous nous réservions le droit de développer des moyens d’autodéfense pour nos satellites. Je souhaite que nous puissions, dans les meilleurs délais, équiper certains nos satellites de lasers de puissance, pour tenir à distance et le cas échéant, éblouir ceux qui tenteraient de s’approcher de trop près. »

Quoi que dise la ministre des Armées, dont le ministère a d’ailleurs changé de nom sous son mandat, car on parlait avant de ministère de la « Défense », son discours est agressif, militariste. Elle peut bien prétendre n’être « en aucun cas engagés dans une course aux armements », il y a pourtant là une escalade assumée.

Le budget alloué au renouvellement des satellites militaires et des radars spatiaux était de 3,6 milliards d’euros dans la loi de programmation militaire votée en 2018 : il devrait finalement être porté à 4,3 milliards d’euros. Le grand commandement de l’espace lancé en 2019 avec 200 personnes devrait en compter 500 d’ici 2025, qui seront installées dans un bâtiment de 5000 m².

L’armée française utilise de plus en plus l’espace pour ses opérations, à des fins de communication, d’observation, de positionnement de l’armement, etc. L’enjeu est majeure pour la France, qui s’assume toujours plus comme une puissance militaire, alors qu’elle devient toujours plus secondaire économiquement et politiquement dans le monde.

Le capitalisme mène à la concurrence entre des grandes puissances, qui mène directement à la guerre. Comme avant 1914, comme avant 1939, le monde se prépare à un affrontement généralisé, avec cette fois l’espace comme enjeu militaire majeur. C’est une actualité essentielle pour la Gauche, qui doit s’y opposer fermement, qui doit s’engager profondément dans le tissage d’une grande alliance des peuples du monde opposés à la guerre et à la destruction de la Terre par les grandes puissances du capitalisme.

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Vers la guerre: le M51 nucléaire français testé le même jour que le lancement du Prince Vladimir par la Russie

La France a testé son missile nucléaire mer-sol M51 le même jour qu’était lancé le sous-marin lanceur de missiles nucléaires Prince Vladimir. Qui croit au hasard ne comprend pas la tendance à la guerre.

Pour comprendre ce qui se trame en France à l’arrière-plan, il suffit de porter son attention sur l’ignoble film de 2019 avec Omar Sy et Matthieu Kassowitz, Le chant du loup. Cette production française, acclamée par la critique locale, qui met sur un piédestal la force de frappe française. C’est littéralement criminel et cela correspond à toute une mise en place d’un certain état d’esprit.

Dans les années 1970, l’extrême-Gauche aurait attaqué les salles de cinéma. Dans les années 1980, le PCF aurait protesté contre l’esprit d’intervention militaire. Dans les années 1990, la Gauche aurait dit en général que ce film, tout de même, va trop loin. Depuis les années 2000 la thématique n’existe plus. Or, là, on est comme dans les années 1980, avec une course aux armements et deux superpuissances prêts à se taper dessus pour décider du sort du monde en leur faveur.

Et la France vaut bien la Russie niveau militarisme. On sait que la Russie est économiquement de la taille de l’Italie, mais qu’elle est aux mains d’une oligarchie prolongeant les grands monopoles de l’URSS organisés autour du complexe militaro-industriel. Il y a ainsi des technologies de pointe qui sont utilisées pour renforcer artificiellement la dimension militaire meurtrière du pays. Cela coûte une fortune, bien entendu aux dépens de la population, tout cela pour des projets comme l’expansion aux dépens de l’Ukraine.

Mais si l’on regarde bien, la France fait pareil niveau course aux armements. Et le choix français d’un test le même jour que le lancement du sous-marin russe – ou inversement – est une contribution à la tension mondiale.

Le sous-marin nucléaire de 4e génération Prince Vladimir est ainsi un véritable monstre au service de la guerre dans tout ce qu’elle a de plus terrifiante. C’est un sous-marin nucléaire lanceur d’engins, avec 16 missiles Bulavas. Chaque missile Bulava – masse d’armes en russe – transporte dix ogives nucléaires. Chaque missile, c’est donc… entre sept-cents et mille fois Hiroshima.

C’est monstrueux. Mais c’est exactement pareil pour la France : chaque sous-marin nucléaire lanceur d’engins a 16 missiles M51, l’équivalent direct des Bulavas. La folie criminelle des uns vaut bien celle des autres. Surtout que ces missiles, il y en a beaucoup, car il y a beaucoup de têtes nucléaires… La France en a 300. La Russie et les États-Unis en ont 2000 chacun.

Que faut-il alors penser de militaires assez cinglés pour faire un test militaire le même jour que le lancement officiel d’un tel sous-marin, et inversement ? C’est un choix que de choisir le même jour, sur les 365 de l’année, alors que les tests de missiles sont très rares d’ailleurs (cent millions d’euros l’unité). Il y a eu neuf tests de M51 depuis 2006… et il a fallu choisir ce jour-là ?

Qu’importe d’ailleurs de savoir si l’armée française est responsable de la date ou l’armée russe. Les deux sont dirigés par des généraux qui devraient tous être révoqués et emprisonnés pour leurs activités bellicistes. Et il ne faut pas croire que cela s’arrête. La France travaille sur une troisième version du M51, afin d’ajouter encore plus de kilomètres, encore plus de résistance aux anti-missiles…

Et chaque pays capitaliste d’envergure pousse en ce sens. Il y a une course à l’armement, à la suprématie technologique, chaque pays cherchant à trouver un moyen de déborder les autres. L’Allemagne, par exemple, est ouvertement orientée vers les drones militaires et espère avoir trouvé une véritable clef pour la domination dans les batailles futures. Tous les partis politiques allemands pratiquement sont tout à fait d’accord avec ce programme.

Tout comme d’ailleurs tous les partis politiques français sont d’accord avec le développement du programme nucléaire français. Jamais on ne verra le PS, le PCF ou La France Insoumise exiger l’abandon de l’arme atomique. Et pourtant, c’est là une revendication évidente. Quelle personne de Gauche peut accepter l’anéantissement de millions d’êtres vivants ? Quelle personne de Gauche peut accepter qu’une personne décide de l’ordre de tir pour cet anéantissement ?

> Lire également : Le film Le chant du loup et l’angoissante question de la bombe nucléaire

Rien que pour cela la Ve République est un régime ultra-autoritaire, comme d’ailleurs toute la Gauche le pensait en 1958 à la suite du coup d’État militaire de de Gaulle. Cela montre que pour combattre la course aux armements, il faut une réelle démocratie fondée sur le peuple : un régime organisé par en haut ne peut que resservir les intérêts de la compétition internationale, de la bataille pour se repartager le monde pour plus de profits.

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Missile M51: communiqué de l’ICAN France en réaction à l’essai nucléaire français d’hier

Voici le communiqué de l’ICAN – France, le relais national de la Campagne Internationale pour Abolir les Armes Nucléaires (ICAN), en réaction à l’abominable tir d’essais du missile nucléaire M51 par la France, hier.

« Alerte presse – Essai missile nucléaire M51

En réaction au tir de missile M51, parle SNLE-NG Le Téméraire, ce 12 Juin 2020

Patrice Bouveret – directeur de l’Observatoire des armements, co-porte-parole de ICAN France

  • « L’absence volontaire d’actions concrètes de la France en faveur du désarment nucléaire est dangereuse car elle est une incitation à la prolifération. Il est urgent que la France s’ancre dans la nouvelle réalité du monde en respectant la démocratie, et s’engage au côté de la majorité des États de la communauté internationale qui soutient le Traité d’interdiction des armes nucléaires. »
  •  « Cet exercice nucléaire est contraire à l’esprit du traité de non-prolifération nucléaire qui prévoit que les États dotés de l’arme atomique doivent, de bonne foi, tendre vers la suppression de toutes les armes nucléaires de la planète. »
  • « Croire que la politique de dissuasion nucléaire nous mettrait à l’abri de menaces étatiques repose sur des mythes et ne tient absolument pas compte  de la réalité des angles morts qui existent et des risques d’utilisation par erreur ou par accident. »

Jean-Marie Collin – expert sur le désarmement nucléaire et co-porte-parole de ICAN France

  • « En réalisant ce test, la France montre ses muscles sur sa capacité de créer des conséquences humanitaires et environnementales catastrophiques. Ce test est une nouvelle fois la démonstration que la politique de dissuasion se traduit par une acceptation de renoncer à l’ensemble des règles de droit international, dont le droit international humanitaire. »
  • « Le coût de développement des forces de dissuasion ne cesse de progresser au détriment  d’une véritable sécurité humaine. En 2020 c’est 8 999 € par minute dépensée par l’ensemble des contribuables Français, en 2025 ce sera 11 415 € ! »
  • « Il est urgent que la commission des Affaires étrangères mette en place la délégation permanente à la dissuasion nucléaire, à la non-prolifération, à la maîtrise de l’armement et au désarmement adoptée en juillet 2018. Ce format permettrait d’engager une plus grande transparence sur ce domaine qui reste bien opaque. Les parlementaires qui ont multiplié les tribunes pour « changer de monde » doivent agir au plus vite. Sinon, nous allons rester dans ce « monde d’avant » ; toujours sous la menace des armes nucléaires ». »