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Le rôle renforcé de l’armée dans l’aéronautique

Après l’automobile, l’industrie aéronautique figure parmi les secteurs les plus impactés par l’arrêt de l’économie suite au Covid-19. À la fin du mois d’avril, on comptait 16 000 avions immobilisés, bloquant ainsi toute la chaîne de renouvellement de la flotte mondiale. Le secteur ne devrait pas retrouver son niveau de croissance avant plusieurs années.

Le ministre de l’économie Bruno Le Maire a donc annoncé un plan d’aide de 15 milliards d’euros, compte tenu déjà des 7 milliards de prêts garantis à Air France. De ces 15 milliards, un milliard va être dirigé vers un fonds d’investissement avec la participation d’Airbus, Safran, Dassault et Thalès. Le reste aidant à la recherche/développement et à la modernisation (robotisation et numérisation).

De la même manière que les grandes entreprises de l’automobile s’imposent par le projet d’Alliance Européenne des Batteries (le « Airbus des batteries »), c’est le même processus qui s’instaure dans l’aéronautique. Avec la pression technologique à l’avion « décarboné », les grandes entreprises se placent à la tête de la modernisation. Et comme dans l’automobile, la question réside dans la souveraineté nationale comme l’a bien rappelé le ministre de l’économie Bruno Le Maire :

« La crise sanitaire a mis un coup d’arrêt à la croissance du secteur aéronautique. Nous devons à tout prix éviter un décrochage de notre industrie face à la Chine et aux États-Unis »

Ce renforcement des grandes entreprises ne va pas manquer d’imposer leur rythme aux sous-traitants, aux petites et moyennes entreprises. Celles qui ne pourront suivre, seront forcément hors course.

En parallèle à la mise en avant des grandes entreprises, il y a le renforcement de l’armée dans l’aéronautique, qui a d’ailleurs toujours été importante pour les commandes de ce secteur. Les commandes effectuées par la loi de programmation militaire 2019-2025 vont ainsi être accélérées.

Ces commandes concernent 3 avions A330, transformés ultérieurement en avions ravitailleurs, 8 hélicoptères et des drones pour la marine nationale, pour un coût de 600 millions d’euros. À cela s’ajoute une commande d’environ 100 millions pour la construction d’avion de surveillance et de reconnaissance, ainsi que de drones pour la marine nationale. Et ces commandes sont très pragmatiques, comme l’a rappelé la ministre des armées Florence Parly :

« Chacune de ces livraisons, chacun de ces nouveaux équipements a une fin et une destination : nos opérations militaires […] Chacune de ces commandes, ce sont des emplois français non délocalisables, ce sont des territoires qui vivent, ce sont des régions fières de leur savoir-faire. Et c’est, au fond, notre souveraineté qui est en jeu »

Si ces commandes étaient déjà prévues et sont simplement avancées, il n’en est pas de même de l’augmentation de la participation du ministère à Definvest, un fonds d’investissement public spécifique à l’armée fondé en novembre 2017 pour soutenir les PME stratégiques en difficultés.

Cogéré par ce ministère et la Banque Publique d’Investissement, Florence Parly a annoncé passé sur cinq ans d’actuellement 50 millions à 100 millions d’investissements. Dans le même temps, une cartographie de 1 500 entreprises va être effectuée par ce ministère pour protéger ces entreprises. Florence Parly a d’ailleurs rappelé l’augmentation ces trois dernières années de l’investissement du ministère des armées dans l’aéronautique.

Les industries de l’automobile et de l’aéronautique, voient se produire le même schéma de relance : la domination de plus en plus unilatérale des grandes entreprises. A cela s’ajoute donc dans l’aéronautique une prise de contrôle plus grande de l’armée elle-même sur le rythme productif.

On a un appareil productif qui se fait de plus en plus la caisse de résonance des intérêts des grosses entreprises capitalistes, avec en arrière-plan la mainmise de l’armée sur une partie d’un secteur clef. C’est là une nouvelle illustration de la tendance à la guerre.

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Space X et la tendance à la guerre

Alors qu’une grave crise sociale secoue les États-Unis en parallèle à son effondrement économique, les grandes entreprises les plus avancées au plan technologie s’approprient de plus en plus la direction générale de l’État. Cela ne fait qu’aggraver la tendance à la guerre contre la superpuissance chinoise.

« Nous ne deviendrons nulle part numéro deux », telle a été l’une des expressions de Donald Trump après le lancement de la mission Space X ce samedi 30 mai 2020. Après le lancement de nouveaux satellites starlink, le géant capitaliste Elon Musk, dirigeant de Space X, continue son assaut vers l’espace en partenariat avec la Nasa.

Cette mission consistait à envoyer un vaisseau cargo spatial « Crew Dragon » vers la station spatiale Internationale (ISS). Ce lancement a été largement médiatisé puisque depuis 2011 les États-Unis n’avait plus les moyens d’envoyer des astronautes dans l’espace, cela signifiant son retour grâce à une entreprise privée (Space X).

La citation de Trump fait ainsi directement allusion à la compétition avec la Chine en visant le maintien du leadership international des États-Unis dans tous les domaines.

Depuis les années 1990, la Chine a lancé un programme spatial qui n’a cessé de prendre de l’ampleur. Un pallier a été franchi dans les années 2010, pour devenir à la fin de cette décennie le numéro un des lancements de fusées dans l’espace. Avec un budget estimé à plus de 8 milliards d’euros, la Chine a lancé en 2018, 39 fusées en orbite, contre 31 pour les États-Unis, 20 pour la Russie et 8 pour l’Europe. En janvier 2019, la Chine a par exemple déposé Change-4, un robot d’exploration sur la Lune.

Voilà une illustration de la fuite en avant des États-Unis qui se pensent une puissance redoutable alors qu’elle est en fait toujours plus affaiblie. C’est à la suite d’accidents spatiaux que la navette spatiale américaine a été supprimée en 2011, les États-Unis devenant alors dépendant des fusées russes Soyouz.

Tout cela accompagne en fait une militarisation généralisée de l’espace. Le 14 juillet 2019, Emmanuel Macron annonçait déjà « un grand commandement de l’espace ». Et Donald Trump n’a pas manqué de préciser que la réussite de Space X ouvrait la perspective de la conquête de Mars, ce qui donnerait aux États-Unis les « armes les plus extraordinaires jamais imaginées ».

Cela n’a pas manqué de susciter des réactions, notamment de la Russie parlant de l’« hystérie » de Trump. Car le lancement de SpaceX réussie en ce mois de juin 2020 fait suite en fait à un échec en 2014, ce qui a permis à Elon Musk de répondre directement à la Russie par « le trampoline fonctionne », en allusion à la moquerie des Russes à ce propos.

A l’image des années 1930 ou du début du XXe siècle, on a là tous les ingrédients de la fuite en avant vers la guerre. Ces ingrédients sont évidemment l’accentuation de la crise sociale et économique, avec en arrière-plan des grandes entreprises qui s’imposent de plus en plus massivement aux commandes de l’État lui-même.

La situation sociale aux USA est explosive, exprimant déjà des craquements à la suite du meurtre de George Floyd, et le pays avance de plus en plus dans la décomposition généralisée. Mais, la Chine est également très affaiblie, avec une croissance économique en chute libre.

Ces deux superpuissances s’enferment dans une logique autoritaire étouffante à l’intérieur et maintiennent une perspective de conquête extérieure. La fuite en avant semble inéluctable, avec la question d’un repartage générale du globe par le conflit armé.

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Le dossier des services secrets américano-britanniques dénonçant la Chine

Un dossier de plusieurs services secrets a prétendument « fuité » et dénonce violemment la Chine. Il s’agit en réalité d’une expression de l’offensive américaine pour justifier la guerre contre la superpuissance ennemie.

Nous allions à la guerre sino-américaine et nous y allons désormais encore plus. La crise sanitaire accélère l’urgence de la compétition au niveau international et cela d’autant plus que les États-Unis sont en mauvaise posture et qu’ils ont un boulevard de propagande contre la Chine qu’ils peuvent accuser de tous les maux.

Le dossier « fuité » est d’autant plus une offensive idéologique qu’il est une œuvre commune des services secrets américain, britannique, australien, néo-zélandais, canadien. Il va de soi que les trois derniers services secrets concernés sont largement dépendants des deux premiers et que l’hégémonie revient de toutes façons aux États-Unis.

Le dossier, qui fait 15 pages, dit que la Chine aurait menti au sujet de l’ampleur de la crise sanitaire. Elle aurait caché ou détruit des documents au sujet de celle-ci. La Chine aurait masqué tant la transmission entre humains que son ampleur.

Ce dossier n’est évidemment pas reconnu officiellement par les pays l’ayant produit, qui cependant en sous-main en reconnaissent toutes les thèses. C’est une opération de guerre psychologique : la haine de la Chine doit augmenter toujours plus pour justifier la guerre. On a ici la superpuissance américaine qui veut garder sa place face au concurrent chinois et des pays comme la Grande-Bretagne comptent en profiter, tout comme le Canada, ainsi que l’Australie et la Nouvelle Zélande qui sont proches géographiquement de la Chine.

Il va de soi que le conflit sino-américain est monstrueux et doit être récusé comme une horreur. Tant la superpuissance américaine que la Chine, une superpuissance relative mais clairement allant à la guerre, doivent être dénoncés. Le « coup » de propagande américain doit être dénoncé, mais cela ne suppose évidemment pas qu’on s’aligne sur la Chine, un régime terroriste.

On notera pourtant qu’une partie de la Gauche française est ouvertement ici passée dans le camp « pro-chinois ». Il ne s’agit pas du tout des maoïstes, qui rejettent évidemment violemment la Chine depuis 1976, mais de toute la scène marxiste-léniniste de la gauche du PCF. La Chine serait un pays construisant le socialisme, favorable à la paix, etc.

Un communiqué commun a même été signé juste avant le premier mai en ce sens (par le Rassemblement Communiste, le PRCF, les JRCF, le CISC, l’ANC, le collectif communiste, les Éditions prolétariennes). Dans « Halte à l’intox antichinoise et aux menaces des dirigeants impérialistes occidentaux contre la République Populaire de Chine », on a un éloge de la gestion chinoise de la crise, présenté comme un modèle dans une première phrase d’une rare longueur, la dernière présentant les cibles à critiquer :

« Confrontées au discrédit populaire qui frappe les gouvernants néolibéraux des Etats-Unis, de l’UE et de ses Etats-membres (au premier rang desquels le gouvernement français), toutes plus incapables les unes que les autres de traiter la crise sanitaire, inquiètes de voir la République populaire de Chine, la République socialiste du Vietnam ou la République de Cuba, tous rescapés du camp socialiste, obtenir des résultats remarquables dans la lutte contre le virus, rageuses de voir que les Italiens, les habitants des Antilles, etc. accueillent avec gratitude l’aide des médecins cubains, chinois et vénézuéliens ainsi que l’envoi de matériel sanitaire fourni par la Chine et la Russie, cherchant en permanence de nouveaux prétextes pour augmenter les dépenses de l’OTAN, prêtes à tout pour attirer dans une fallacieuse « union sacrée » les couches populaires qu’elles exposent sans vergogne à la contagion, les oligarchies capitalistes ont engagé une ignoble campagne médiatique visant à calomnier la Chine populaire en l’accusant d’être la principale fauteuse de pandémie alors qu’elle en fut la première victime et qu’elle a, dès qu’elle l’a pu, transmis au monde entier ses observations scientifiques (notamment le séquençage du virus) et ses résultats thérapeutiques (…).

Plus que jamais, – la pandémie actuelle en est l’effarant révélateur – le capitalisme-impérialisme, ses Etats et ses institutions, parmi lesquelles l’UE, l’OTAN et l’OMC, FMI et Banque Mondiale, n’apportent plus que désorganisation, angoisse et mort. Plus que jamais, face au virus mortel du capitalisme, de l’impérialisme et de l’UE/OTAN, doit être repris le mot d’ordre de Fidel, « la patrie ou la mort, le socialisme ou mourir, nous vaincrons ». »

Il ne faut rien connaître à la Chine, le Vietnam ou Cuba pour y voir quelque chose de socialiste, des pays ayant une démarche terroriste alors que, de manière très claire, les capitalistes y accumulent les richesses. On devine évidemment ici que cela permet un anti-impérialisme à peu de frais, sans compter un soutien inévitable de la part de la Chine elle-même, d’une manière ou d’une autre.

Il ne faut pas cependant considérer qu’on a là un phénomène marginal. Ce qui est ici contaminé par une approche romantique, idéaliste, délirante même, c’est toute la gauche du PCF et donc la gauche de la CGT, bref toute la scène sociale ayant porté la bataille contre la réforme des retraites il y a quelques mois. C’est l’expression de la vision du monde du délégué syndical chauvin et bureaucratique, du nostalgique du PCF des années 1970.

Discuter avec de tels gens comme quoi – pour donner un simple exemple – manger de la viande, c’est mal, n’est même pas concevable ; ils ne verraient même pas en quoi cela a un rapport avec la gauche, ou même la politique en général. C’est une tendance réactionnaire, surfant justement sur le populisme de la lutte contre la réforme des retraites, de l’esprit CGT.

Cela n’en rend que plus nécessaire la clarté dans l’opposition à la guerre en général, le refus de toute soumission à un « bloc ».

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Nucléaire: «La France affaiblit le Traité de non-prolifération (TNP)»

Voici le communiqué d’ICAN France, le relais national de la Campagne Internationale pour Abolir les Armes Nucléaires (ICAN) sur le renoncement de la France à sortir de l’arme atomique :

« La France affaiblit le Traité de non-prolifération (TNP)

Ce 5 mars 2020, marque le 50e anniversaire de l’entrée en vigueur du Traité de non-prolifération nucléaire. La conférence d’examen quinquennale du Traité de non-prolifération (TNP) commencera dans moins de deux mois (27 avril-22 mai) et tout montre que la France, comme les autres États nucléaires, renonce à prendre des mesures pour mettre en œuvre le désarmement nucléaire et rend ainsi plus vulnérable la sécurité collective mondiale.

Le TNP repose sur trois piliers (désarmement nucléaire, non-prolifération nucléaire et utilisation pacifique de l’énergie nucléaire) dont l’équilibre est aujourd’hui largement menacé par l’absence de respect des obligations de désarmement contenues dans le traité, comme les mesures adoptées dans les plans d’action des conférences d’examen de 1995, 2000 (12 étapes) et de 2010 (22 mesures)

Ce « rempart irremplaçable », comme le qualifie la diplomatie française (M. Nicolas de Rivière, Conseil de sécurité, 26 février 2020), est fragilisé par ceux là même qui prétendent le protéger…

En effet, alors que 2020 marque aussi le 25e anniversaire de la prolongation illimitée du TNP, Patrice Bouveret observe que « les puissances qui détiennent des armes nucléaires modernisent toutes et conservent une politique de dissuasion comme pilier central de leur politique de défense ». La France ne cesse ainsi d’augmenter son budget annuel consacré à ses forces de dissuasion (4,45 Mds € en 2020 pour parvenir à 6 Mds en 2023) pour renouveler les deux composantes nucléaires.

Outre le non respect des obligations de l’article 6 du TNP, le discours sur la dissuasion du Président Macron (7 février) est pour Jean-Marie Collin un « appel très clair à rompre avec l’esprit de ce texte comme à alimenter la course aux armements ». En effet en proposant aux « partenaires européens » de s’associer aux exercices français de simulation de frappe nucléaire, la France engage des États à accepter de préparer une catastrophe humanitaire et ne peut créer chez d’autres acteurs internationaux que de la défiance.

La Campagne ICAN France regrette cette remise en cause directe du principal régime de non-prolifération nucléaire, dont l’affaiblissement ne peut que provoquer une plus grande instabilité mondiale. Une action poursuivie également par la France en ne cessant de dénoncer le Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN) adopté à l’ONU par 122 États le 7 juillet 2017, véritable instrument juridique de la mise en œuvre du pilier sur le désarmement du TNP…

Il ne tient qu’a la France de corriger son positionnement en cette année du 75e anniversaire des bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki et de rendre ainsi véritablement hommage à toutes les victimes des armes nucléaires. »

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NON au SNU (Service National Universel)

Une petite pétition a été diffusée contre le Service National Universel, signée notamment par Europe Écologie – Les Verts avec différentes associations et organisations d’extrême-Gauche. Toute mobilisation contre le SNU et la militarisation est évidemment très bonne, mais impossible de ne pas mentionner des bizarreries. On apprend ainsi qu’il y aurait une mobilisation générale de la jeunesse. Et on apprend que l’armée n’aurait pas voulu du SNU. Dans les deux cas, cela ne tient évidemment pas debout. La jeunesse est passive, consommatrice et atomisée, l’armée est fort ravie de la structurer en sa faveur.

« Le Service national universel que le gouvernement veut rendre obligatoire pour les jeunes de 16 ans

  • Une opération de soumission de la jeunesse: il s’agit d’inculquer un esprit d’obéissance aux règles, un respect absolu des normes… Règles et normes qui, pour la plupart, ne visent qu’à perpétuer les inégalités et injustices inhérentes à l’organisation actuelle de la société. Cette volonté de soumission passe aussi par un contrôle renforcé, notamment à travers la mise en fiches de tous les jeunes de 16 à 25 ans ; on sait comment ce genre de fichier peut être utilisé ! Volonté de soumission, enfin, car elle ne reconnaît comme « engagement » des jeunes que les dispositifs étatiques.
  • La remise en cause des droits des travailleurs et travailleuses : les jeunes du SNU seront utilisé/es pour remplacer des emplois aujourd’hui occupés par des employé/es qui ont un salaire, une convention collective ou un statut, la possibilité de s’organiser syndicalement, des droits individuels et collectifs. Avec le SNU, chaque année, 800000 jeunes seront exploité/es, sans aucun de ces droits, pour des durées variables ; ils et elles seront très vivement encouragé.es à poursuivre leur « engagement volontaire » par un service civique, dans les mêmes conditions de précarité.
  • Des dépenses considérables : 6 milliards €/an, selon un rapport sénatorial de 2017. Ces milliards seraient bien plus utiles pour le service public de l’Éducation, qu’aux mains des militaires !
  • Le renforcement de la militarisation. Encadrement militaire, levée du drapeau, chant guerrier, uniforme, parcours du combattant, raid commando, etc. contribueront à l’endoctrinement des jeunes. La propagande visera à banaliser encore plus le rôle de l’armée, alors que celle-ci est en pointe dans la répression, sur le territoire français, dans les colonies et diverses régions du monde. Sans surprise, il n’est nullement question dans le programme de pacifisme, de non-violence, ni de remise en cause du rôle de l’armée.

Le gouvernement nous dit : Il faut que les jeunes s’engagent. Mais c’est déjà le cas !

Ils et elles s’engagent pour lutter contre le racisme, pour que cesse la destruction de la terre, pour défendre leur droit à étudier, pour le partage des richesses, pour le droit au logement, pour l’égalité des droits et contre les discriminations, etc. Ce n’est pas à l’État de les forcer à s’engager !

Comment peut-on parler d’apprendre la citoyenneté, lorsqu’on confie l’encadrement à l’armée (qui, par ailleurs, n’était pas demandeuse) ?

Non au SNU! Abrogation du SNU!

Signé entre autres par :

Union pacifiste, Union syndicale Solidaires, Solidaires Étudiant.e.s, ASSO-Solidaires, SUD éducation, SUNDEP Solidaires Sud Enseignement privé, Solidaires Jeunesse et Sports, Fédération SUD Collectivités Territoriales, Fédération Éducation de la Confédération Nationale du Travail, Émancipation tendance intersyndicale, Mouvement National Lycéen, Fédération Indépendante et Démocratique Lycéenne, Fédération nationale de la Libre Pensée, Droits Devant !!, Ni guerres ni état de guerre, Causes communes, Anciens Appelés en Algérie et leurs Ami(e)s Contre la Guerre, Réseau des Centres de Recherche, d’Etude et de Formation à l’Animation et au Développement, Mouvement de la paix, Parti Communiste des Ouvriers de France, Europe Écologie – Les Verts, Fédération Anarchiste, Union Communiste Libertaire, L’insurgé, Les Jeunes écologistes, Union des Jeunes Révolutionnaires, Union Prolétarienne, Unité Communiste de Lyon, Groupe libertaire Jules Durand, Radio-Libertaire, Revue Silence, Arc en ciel théâtre réseau coopératif.

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Vers la guerre: l’affrontement sino-américain à la conférence de Munich de 2020

La conférence internationale de Munich, traitant de la sécurité, a vu les États-Unis viser clairement la Chine en la présentant comme la grande menace pour la division du monde telle qu’elle existe actuellement. Le challenger est officiellement présenté et on marche toujours plus clairement vers la guerre.

Mike Pompeo est le responsable de la diplomatie américaine et il a donné le ton ces derniers mois. En octobre 2019, il avait accusé la Chine d’être « ouvertement hostile » aux États-Unis. En novembre, il a avait expliqué que la Chine portait une « nouvelle vision de l’autoritarisme ».

Courant janvier 2020, il avait demandé aux entreprises de la Silicon Valley de faire en sorte que « nos sociétés ne concluent pas des contrats qui renforcent l’armée de notre rival ou favorisent sa répression dans certaines parties de ce pays». A la fin du même mois, lors d’une rencontre avec Dominic Raab, le responsable des affaires étrangères du Royaume-Uni, il avait dit que « Le Parti communiste chinois représente la principale menace de notre époque ».

Lors de la 56e conférence de Munich sur la sécurité à la mi-février 2020, où étaient présents 150 chefs d’État et de gouvernement, il a affirmé que :

« La Chine empiète sur les zones économiques exclusives du Vietnam, des Philippines et de l’Indonésie. Et sur ce point, la Chine a eu un différend frontalier ou maritime avec presque tous les pays qui la bordent (…).

Et parlons une seconde de l’autre domaine, la cybersécurité. Huawei et d’autres entreprises technologiques chinoises soutenues par l’État sont des chevaux de Troie pour le renseignement chinois. »

Mark Esper, secrétaire à la Défense, a dit quant à lui qu’il fallait « se réveiller face aux défis présentés par la manipulation chinoise de l’ordre international au long cours, avec ses règles », et que la Chine était le principal souci pour le Pentagone.

Les Chinois n’étaient évidemment pas très contents et cela d’autant plus que la conférence de Munich avait comme thème « westlessness », terme signifiant grosso modo « déclin de l’occident ». Mike Pompeo, venu avec deux autres secrétaires d’État, s’est d’ailleurs empressé de dire que l’occident était en train de gagner.

Emmanuel Macron a déclaré en réponse que « l’ère des policiers mondiaux américains omniprésents est révolue », tout en soulignant en même temps que son ouverture appuyée récente à la Russie avait comme but de sortir celle-ci d’un rapprochement fort avec la Chine. Car de toutes façons, on ne sort pas de l’affrontement sino-américain, et Le Figaro titrait son article :

« À Munich, la rivalité entre les États-Unis et la Chine éclate au grand jour »

Les Chinois ne répondent rien, car ils ne veulent pas encore se présenter comme le challenger, même si leurs documents stratégiques disent évidemment tout autre chose. On est pour l’instant encore dans la mise en place, avec le jeu d’alliances qui se forme, mais qui peut connaître de grands changements. L’Allemagne notamment n’apprécie guère tout cela, car cela nuit à sa propre affirmation, qui exige une Europe renforcée, ce qui n’est guère possible si tout passe soit par les États-Unis, soit la Chine.

Le multilatéralisme n’est en fait que le renforcement des contradictions entre les puissances et ce n’est que reculer pour mieux sauter. Les États-Unis ne veulent pas de changements dans la division du monde, ou alors en leur sens – la Chine veut un nouveau partage. Les autres se placent prêts à en profiter, car ils ont tout autant besoin d’aller de l’avant pour tenir. Le capitalisme porte en lui la guerre, sans quoi il ne peut pas se maintenir.

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Forum international de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires vendredi et samedi à Paris

La Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN) organise ces vendredi 14 et samedi 15 février 2020 à Paris son forum international. Les inscriptions officielles sont closes, mais il reste possiblement des disponibilités, sur demande via ce formulaire de contact.

Le site internet de l’événement est entièrement en anglais, ce qui est regrettable pour un événement se déroulant à Paris. La branche française de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires propose toutefois une présentation de l’événement en français, que nous reproduisons ci-dessous.

Le ton de l’événement est très incisif, « contre la pensée unique », « changer le monde », avec un volontarisme optimiste qui peut surprendre, mais qui est forcément intéressant, tant l’enjeu de la cause défendue est immense.

À noter par ailleurs pour les Parisiens que Setsuko Thurlow, survivante d’Hiroshima et principale figure de l’ICAN, dont nous reproduisions lundi la lettre ouverte en réponse à Emmanuel Macron, sera à la Sorbonne à 19h30 ce soir mercredi 12 février 2020 (organisé par l’Association des Droits de l’Homme de la Sorbonne).

Une projection du film « Sécurité nucléaire le grand mensonge » (film visible ici) est également organisée ce jeudi 13 février à 18h à l’université parisienne Assas (organisé par Initiatives pour le Désarmement Nucléaire).

Voici la présentation du forum international de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires :

« CAN PARIS FORUM – Comment interdire les armes nucléaires et créer une mobilisation citoyenne  ?

Nous vivons aujourd’hui une vague d’activisme, de manifestations et de campagnes politiques à travers le monde : La Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires qui a remporté le prix Nobel de la paix en 2017 en raison de son action pour l’interdiction des armes nucléaires, la mobilisation de millions de personnes en faveur du changement climatique, de l’égalité des genres et de la justice en sont des témoignages. Cette période pourrait ainsi se révéler être une fenêtre d’opportunité unique pour se mobiliser et mener à bien une campagne en faveur de mutations politiques concrètes.

Dans cette vague d’activisme, une nouvelle génération de militants cherche à infléchir la trame politique. Mais, comment des marches et des manifestations peuvent-elles se transformer en mouvement capable d’impacter les orientations politiques, les lois et les politiques publiques ?

Les succès passés dans les domaines du désarmement, des droits de l’homme et des droits civils démontrent qu’une société civile engagée et unie, derrière une cause claire et un programme d’action réalisable, peut modifier l’action gouvernementale.

Les 14 et 15 février 2020, la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN) et ICAN France invitent militants, étudiants et toute autre personne voulant changer le monde à se réunir à Paris pour s’informer et échanger à propos de comment construire un mouvement, faire changer les politiques et devenir militant.

Durant deux journées intensives, mais pleines de passion, nous discuterons de ces grands sujets avec les voix militantes les plus emblématiques et les plus inspirantes. Nous écouterons le témoignage de personnes qui ont fait preuve de courage en se dressant contre la pensée unique. Ensemble, nous développerons nos campagnes et compétences de plaidoyer et rencontrerons cette prochaine génération qui peut changer le monde.

Ces deux jours seront composés de sessions plénières, de discus- sions modérées et de présentation éclairs. En marge de la conférence, des activités interactives mettront en vedette des artistes, des scientifiques, des activistes et des étudiants. Les participants approfondiront leurs connaissances sur l’activisme stratégique, les liens entre la culture et le changement politique, et étudieront comment aborder les grands défis d’aujourd’hui et comment travailler avec différentes coalitions. Nous tirerons les leçons de nos propres actions pour l’interdiction des armes nucléaires, et nous bénéficierons également de la contribution d’acteurs provenant d’autres mouvements. Ceci permettra aux étudiants et aux militants de tout âge, de comprendre plus globalement les enjeux et les ressorts de l’activisme.

Inscription : https://paris.icanw.org

Pour toute question ou demande d’information, veuillez contacter: paris@icanw.org »

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Setsuko Thurlow, survivante d’Hiroshima, répond à Emmanuel Macron sur l’arme nucléaire

Setsuko Thurlow est une survivante du bombardement atomique d’Hiroshima au Japon le 6 août 1945. Figure de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (Ican), elle répond dans une lettre ouverte (initialement publiée dans Libération) à Emmanuel Macron et son discours de vendredi dernier assumant l’arme atomique.

« Le président Emmanuel Macron a prononcé aujourd’hui un discours sur les centaines d’armes nucléaires de la France, refusant le désarmement nucléaire et invoquant le manque de réalisme des efforts en vue de les abolir au niveau mondial. Mais il n’a jamais fait l’expérience de l’inhumanité absolue de ces armes. Moi, oui. Et j’ai passé ma vie entière à avertir le monde de la menace réelle que ces armes posent, et à faire comprendre l’illégalité et le mal ultime qu’elles représentent.

Le président Macron n’a pas répondu à ma demande de le rencontrer à Paris la semaine prochaine afin de partager avec lui les réalités de ce que sont les armes nucléaires et de ce qu’elles font aux personnes et à l’environnement. Mais les Français, et notamment les jeunes, méritent de connaître l’entière vérité sur les armes nucléaires.

En août prochain, cela fera 75 ans que les Etats-Unis ont complètement anéanti ma ville natale, Hiroshima. J’avais 13 ans. À 8h15, j’ai vu par la fenêtre un éclair aveuglant, blanc bleuté. Je me souviens d’avoir eu la sensation de flotter dans l’air.

Alors que je reprenais conscience dans un silence total et une profonde obscurité, je me suis retrouvée prise au piège du bâtiment qui s’était effondré sur moi. J’ai commencé à entendre les cris faibles de mes camarades de classe : «Maman, aide-moi. Dieu, aide-moi.» Alors que je sortais en rampant, les ruines étaient en feu. La plupart de mes camarades de classe ont été brûlés vifs. J’ai vu tout autour de moi une dévastation totale, inimaginable.

Des processions de figures fantomatiques se sont mises à défiler. Des personnes grotesquement blessées saignaient, brûlées, noires et enflées. Des parties de leurs corps avaient disparu. Leur chair et leur peau pendaient, laissant leurs os à. vif. Certains tenaient leurs yeux dans leurs mains. D’autres, le ventre ouvert, les intestins pendants. La puanteur nauséabonde de la chair humaine brûlée remplissait l’air.

Chaque fois que je me souviens d’Hiroshima, la première image qui me vient à l’esprit est celle d’Eiji, mon neveu de 4 ans. Son petit corps a été transformé en un morceau de chair fondue méconnaissable. Il n’a cessé de mendier de l’eau, d’une voix faible, jusqu’à ce que la mort le libère de son agonie.

Ainsi, avec une bombe atomique, ma ville bien-aimée a été anéantie. La plupart de ses habitants étaient des civils – parmi eux, des membres de ma propre famille et 351 de mes camarades de classe – qui ont été incinérés, vaporisés, carbonisés. Dans les semaines, les mois et les années qui ont suivi, des milliers d’autres personnes sont mortes, souvent de façon aléatoire et mystérieuse, des effets à retardement des radiations. Aujourd’hui encore, les radiations tuent des survivants.

Monsieur le président Macron, vous voulez maintenir et moderniser des centaines de ces armes inhumaines, instruments de génocide, qui menacent d’indicibles souffrances tous les êtres vivants ? Il est profondément naïf de croire que le monde peut conserver indéfiniment des armes nucléaires sans qu’elles ne soient à nouveau utilisées. Toute utilisation d’arme nucléaire serait contraire aux règles et aux principes du droit international humanitaire. En perpétuant le mythe de la dissuasion, en en faisant un élément central de la politique de défense de la France, en investissant massivement dans ces armes (à hauteur de 37 milliards pour les cinq prochaines années), vous mettez en péril la sécurité européenne ; vous mettez en péril la sécurité mondiale. Soyez réaliste.

Chère France, vous pouvez faire un autre choix.

En 2017, j’ai accepté le prix Nobel de la paix au nom de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires – distinction obtenue pour le travail que nous avons accompli avec l’adoption de la première interdiction juridique internationale des armes nucléaires, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. A ce jour, 35 Etats ont ratifié ce traité et 81 l’ont signé.

Près de 20 villes françaises, dont Paris et Grenoble, ainsi que des dizaines d’élus français appellent la France à adhérer à ce traité et à s’engager sur la voie d’un monde sans armes nucléaires. La jeunesse française, cette nouvelle génération, a compris la menace inacceptable que représentent les armes nucléaires pour l’humanité. Selon un sondage publié en janvier par le Comité international de la Croix-Rouge, 81% des «milléniaux» pensent que l’utilisation des armes nucléaires n’est jamais acceptable. Et la semaine prochaine, des centaines d’étudiants et des militants se réuniront à Paris pour une conférence sur l’abolition des armes nucléaires.

Comme l’a déclaré le pape François à Nagasaki en novembre dernier, l’histoire jugera sévèrement les dirigeants qui rejettent le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et qui, au contraire, prononcent des discours à la gloire de leurs armes atomiques conçues avec l’intention de commettre une tuerie de masse. Les théories abstraites ne doivent plus masquer la réalité génocidaire de ces pratiques. Ne considérons la «dissuasion» comme rien d’autre que ce qu’elle n’est : la mise en péril certaine des peuples. N’acceptons plus d’avoir cette épée de Damoclès nucléaire au-dessus de nos têtes.

Monsieur le président Emmanuel Macron, vos stratèges de la défense ont peut-être étudié la théorie nucléaire, mais j’ai moi-même fait l’expérience bien réelle de l’enfer atomique. Vous devez choisir un avenir meilleur pour la France et pour l’Europe. Adhérez au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, et éradiquez à jamais la menace de l’anéantissement nucléaire. »

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Vers la guerre: Emmanuel Macron à l’École de guerre

Pour la première fois depuis 1959, un président français s’est rendu devant les stagiaires d’une promotion de l’École de guerre, l’institution formant les officiers supérieurs. Emmanuel Macron y a exposé les visées « géopolitiques » françaises.

Lorsque Charles de Gaulle alla rendre visite à l’École de guerre en 1959, peu après le coup d’État de 1958, c’était pour annoncer la mise en place de la « force de frappe ». Emmanuel Macron considère que le contexte a totalement changé et il se met dans les pas de de Gaulle, pour proposer une nouvelle mise en perspective. Emmanuel Macron parle même de « rupture d’ordre stratégique » dans la situation mondiale.

Mais attention ! Il n’y aura pas d’abandon des armes nucléaires. Emmanuel Macron le refuse catégoriquement. La France n’est pas favorable à une interdiction des armes nucléaires. Partant de là, tout est dit. On est dans une visée impérialiste, car qui d’autres qu’un impérialisme peut être prêt à lancer des missiles nucléaires, ces terribles armes de mort ? Seul un régime totalement cynique peut le faire.

Emmanuel Macron a beau dire que l’arsenal français est moindre que celui des États-Unis et de la Russie, la monstruosité de son approche est patente. Et cela n’est pas modifié par son numéro d’équilibriste… Car d’un côté il faut prétendre que la France veut la paix pour faire bien, de l’autre il faut que le message soit clair pour l’armée. Cela donne des contrastes sévères, tel celui-ci :

« La France ne menace personne. Elle veut la paix, une paix solide, une paix durable. Elle n’a nulle part de visée expansionniste (…).

La France oui, est insérée dans un réseau de relations résultant de l’histoire et de la géographie. Dans ce cadre, elle continuera à développer et à approfondir des partenariats stratégiques sur tous les continents. Elle prend d’ailleurs aujourd’hui sa part dans toutes les grandes coalitions au Levant comme en Afrique. »

Reflétant donc que la France est une des principales puissances du monde, Emmanuel Macron a souligné la très haute importance de terrains bien particuliers : « la haute mer, les espaces aériens et exo-atmosphériques [= la guerre par satellites], le numérique ».

Il faut ainsi que la France élève à tout prix son niveau technologique et soit toujours prête à taper fort. C’est le seul moyen pour elle de maintenir son rang, alors que le multilatéralisme s’effondre, que les États-Unis et la Chine orientent de manière stratégique la situation mondiale par leur affrontement, et que « les équilibres dissuasifs entre puissances sont ainsi devenus plus instables ».

Deux possibilités s’ouvrent selon Emmanuel Macron, et il choisi la première :

« Le choix qui se pose à nous est en effet celui d’une reprise en main de notre destin ou celui, renonçant à toute stratégie propre, d’un alignement sur quelque puissance que ce soit.
C’est pourquoi un sursaut est nécessaire. »

Tout seul, ce n’est pas possible, pour Emmanuel Macron, qui se distingue ici de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon, qui représentent tous deux la ligne du « cavalier seul ». Emmanuel Macron prône donc une alliance européenne, une temporisation générale en faveur de la paix, un retour au multilatéralisme.

Il revendique également d’avoir mis en place un partenariat avancé avec l’Australie, l’Inde et le Japon, ce qui s’ajoute à celui avec des pays du golfe arabo-persique. Cela parce que :

« Nous sommes aussi une puissance Indo-Pacifique, avec des ressortissants, des bases, des intérêts. »

Cependant, il faut bien faire des choix. La France va-t-elle pencher plus du côté américain, ou du côté chinois ? Bien entendu, pour la Gauche elle doit pencher contre toutes les guerres, contre toutes les menées militaristes. Il ne s’agit pas de choisir les États-Unis ou la Chine, ni même la France elle-même, qui reste un pays dominateur, écrasant, une grande puissance contribuant au désordre du monde. Mais Emmanuel Macron a une fonction de stratège dans une perspective de renforcement capitaliste. Il lui faut se placer dans la marche à la guerre.

Emmanuel Macron fait ainsi le choix suivant. Il dit qu’il faut choisir les États-Unis, en cherchant à en profiter dans le cadre européen :

« La France, enfin, est convaincue que la sécurité à long terme de l’Europe passe par une alliance forte avec les États-Unis. Je l’ai redit lors du sommet de l’OTAN à Londres, et la France en fait chaque jour l’expérience dans ses opérations.
 
Mais notre sécurité passe aussi, inévitablement, par une plus grande capacité d’action autonome des Européens. »

Cela signifie qu’Emmanuel Macron dit : laissons passer l’orage américano-chinois, et comme Athènes et Sparte se sont épuisés, laissant la Macédoine l’emporter sur tout le monde, nous avec l’Europe aurons accumulé des forces et prendrons en fin de compte le dessus.

Inversement, cela veut dire que les Marine Le Pen, les Jean-Luc Mélenchon, ou encore les tenants du Frexit… revendiqueront l’urgence d’adopter la position du « cavalier seul », au nom du fait qu’il n’y aura pas de second tour et qu’il faut être tout de suite de la bataille.

Et comme le capitalisme, en France a toujours eu les yeux plus gros que le ventre, dans tous les cas il ira toujours plus dans le sens de l’engagement dans un repartage du monde par la violence…

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Le plan de Trump pour le conflit israélo-palestinien

Donald Trump a présenté, en compagnie des dirigeants israéliens mais d’aucun palestinien, une solution dite à deux États pour la région. Dans les faits, les zones palestiniennes sont encore plus réduites géographiquement et avec comme seul horizon de pouvoir de servir de réserves de main d’œuvre et de consommation.

Depuis 1948, la Gauche oscille entre plusieurs positions au sujet du conflit israélo-palestinien. Que le sionisme soit une utopie identitaire séparée de l’idéal socialiste, cela a toujours été clair pour le mouvement ouvrier. Le fait qu’une partie significative du mouvement sioniste se soit défini comme une composante elle-même du mouvement ouvrier n’y a rien changé.

Puis, la Seconde Guerre mondiale et ses crimes antisémites a modifié la donne ; il y a eu un basculement concret. Ainsi, la reconnaissance de l’État d’Israël par l’ONU n’aurait jamais pu avoir lieu sans l’appui de l’URSS et des pays de l’Est lui étant liés. L’URSS est d’ailleurs le premier pays à avoir reconnu Israël. C’est également la Tchécoslovaquie qui a vendu les armes permettant à l’État israélien de tenir dans la guerre commençant dès sa fondation.

Cette guerre ne s’est jamais terminée et d’autant moins qu’Israël a immédiatement choisi de se mettre sous direction américaine. Car derrière l’image des colons transformant le pays pour le fructifier, il y a une manne financière américaine énorme, et ce jusqu’à aujourd’hui. L’économie est d’ailleurs dans les mains d’une vingtaine de familles d’un côté, des entreprises américaines de l’autre, et cela pour le commerce, les services, l’agriculture, le transport, l’industrie comme la finance, etc.

Joseph Alpher : Settlements and Borders, Centre Jaffee d’études stratégiques, université de Tel-Aviv, 1994.

Le prix de ce qu’on y achète contient une part de 20-30 % allant droit dans les poches de ces entreprises de dimension monopolistique. Il s’agit d’ailleurs même souvent de conglomérats, tel IDB Holdings, regroupant une des deux compagnies d’assurance, la plus grande chaîne de la grande distribution, le plus grand opérateur de télécom, l’un des trois plus grands propriétaires dans l’immobilier, le monopole du ciment, le monopole du papier, etc.

De manière officielle, 1,8 millions d’Israéliens (sur 9 millions) vivent sous le seuil de pauvreté et ce alors que le revenu moyen a doublé en quinze ans. C’est que l’État israélien, loin de ses prétentions utopistes initiales, fonctionne à marche forcée. Une marche forcée dans la technologie militaire, dans l’élargissement territorial, avec un nationalisme à outrance désormais ouvertement allié à la religion.

Il n’y a aucune place possible pour la Gauche dans une telle situation, et ce depuis le départ, puisque le fondement même est une fuite en avant. Le plan de paix de Donald Trump en est d’ailleurs le prolongement assumé, puisqu’il s’agit de faire pleuvoir des milliards de dollars sur une sorte de micro-Palestine satellisée et divisée, afin de la rendre fonctionnelle pour l’État israélien.

Cela a une chance de réussir, malgré tout, parce que les Palestiniens sont dans une situation dramatique. Trompée par l’opinion internationale qui fait semblant de s’intéresser à eux – en particulier avec un antisionisme irrationnel, souvent masque de l’antisémitisme – les Palestiniens sont terriblement divisés et aux mains soit d’une OLP corrompue au maximum, soit d’islamistes. Leur capacité d’affirmation démocratique unitaire est pour cette raison terriblement faible. La résistance des années 1960 et 1970 avait permis l’émergence d’une conscience nationale, mais celle-ci déjà faible est désormais désagrégée, détournée.

Entre le sionisme (désormais religieux) étouffant toute perspective démocratique et un camp démocratique pratiquement inexistant du côté palestinien, c’est un véritable drame historique. C’est là dessus que veut jouer Donald Trump, aux dépens bien entendu de tous les réfugiés palestiniens qui sont trois millions dans des camps dans les pays voisins et qui sont censés disparaître comme par enchantement.

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Marine Le Pen candidate en 2022: lui barrer la route coûte que coûte

Le 16 janvier, Marine Le Pen a annoncé qu’elle sera candidate aux élections présidentielles de 2022. Il faut l’unité de la Gauche dès le premier tour et quoi qu’il arrive, il faudra empêcher l’accession d’une figure d’extrême-droite au poste de Président.

Marine Le Pen a confirmé à Nanterre, dans les locaux du Rassemblement national, qu’elle sera candidate à la Présidentielle de 2022, confirmant des propos tenus en octobre 2019. Le moment choisi est idéal évidemment à ses yeux puisqu’elle a dénoncé les syndicats réformistes et s’est placée contre la réforme des retraites. Comme aux municipales un bon score est déjà prévu, elle se présente comme la véritable figure de l’opposition.

Si, en plus, l’ouverture à la Droite fonctionne, alors il y a effectivement les moyens de réussir pour elle. Il suffira de proposer un pacte gouvernemental en intégrant diverses figures, telle Marion Maréchal, pour asseoir une base suffisamment large.

Il n’y a donc pas le choix. Il faut un candidat unique de la Gauche dès le premier tour de la présidentielle. Il faut s’opposer dans tous les cas au second tour à Marine Le Pen, si elle y parvient.

Il est courant d’entendre des gens dire avoir voté pour Emmanuel Macron pour contrer Marine Le Pen, mais qu’ils ne le referont pas. C’est là totalement erroné, car c’est oublier ce qu’est le Fascisme. Évidemment, il y a l’ultra-gauche pour qui la France est déjà un État policier, une dictature. Mais si on connaît l’Histoire, on sait que c’est n’importe quoi et que le Fascisme c’est totalement autre chose qu’un régime autoritaire bourgeois classique.

Qui plus est, les gens ne comprennent pas qu’avec une posture de dégoût, ils tombent dans la démagogie du Fascisme justement, qui vise à rejeter la politique comme quelque chose de dégoûtant, corrompu, etc. Pour dire les choses plus simplement, une lecture anarchiste des choses, anti-politique, contribue aux tendances anti-démocratiques représentées par le Fascisme.

Le constat est simple. Il faut sauver les principes démocratiques et cela n’est pas possible si la démagogie de l’extrême-Droite l’emporte. Il faut donc rassembler les efforts coûte que coûte et il est évident qu’une Gauche non unie au premier tour n’accédera pas au second tour. Il ne s’agit pas de penser que le régime présidentiel de la Ve République est démocratique – il ne l’est pas. Il s’agit d’empêcher l’extrême-Droite de réaliser un saut qualitatif.

Et si jamais la Gauche ne parvient pas au second tour, il faudra voter même pour Emmanuel Macron, là encore pour bloquer la route à l’extrême-Droite. Il y aura bien sûr les « ultras » pour dire que ce serait cautionner Emmanuel Macron et empêcher l’émergence d’une contestation à Gauche, mais en réalité le fond de cette posture, c’est la position de la terre brûlée. C’est l’idée qu’il faudrait que les gens connaissent le pire pour réagir. C’est du suicide.

Nous ne sommes pas à la veille de la révolution ou d’un basculement à Gauche. Qui le dit ment et ne peut mentir que sciemment, car il est frappant que le niveau de conscience populaire est faible, que le nombre d’activistes de gauche est misérable, que l’individualisme règne, que le nationalisme imprègne les valeurs.

Ce que nous risquons, c’est le basculement dans l’hégémonie d’une figure à la Donald Trump, Boris Johnson, Jair Bolsonaro, Vladimir Poutine, Xi Jinping, Recep Tayyip Erdoğan, Rodrigo Duterte.

Ce serait amener la France sur le terrain des va-t-en guerre ouverts, de l’aventurisme militaro-expansionniste ouvert.

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Vers la guerre: l’opération américaine en Irak de janvier 2020

Il n’y a pas que les grandes puissances qui veulent la guerre parce qu’elles en ont besoin. C’est également vrai des pays cherchant une forme d’hégémonie : l’Inde, le Pakistan, la Turquie… et bien entendu l’Iran. Les États-Unis s’approprieraient bien l’Iran et l’Iran s’approprierait bien l’Irak. Dans un contexte de repartage du monde, c’est une poudrière.

Lorsque les États-Unis ont envahi l’Irak de Saddam Hussein, dans ce qui fut appelé la guerre du golfe en 1990-1991, la Gauche s’est lourdement trompée en dénonçant simplement les États-Unis, alors que le conflit avait deux aspects. Les gens comme l’Irakien Saddam Hussein ou le Serbe Slobodan Milošević, il y en a encore aujourd’hui et ils s’appellent Recep Tayyip Erdoğan en Turquie ou Hassan Rohani en Iran.

On est ici dans une tendance à la guerre – c’est Saddam Hussein qui envahit le Koweït initialement – qui s’oppose à la paix et à la démocratie. Des puissances grandes, moyennes, petites… oppriment leur peuple et cherchent l’hégémonie aux dépens d’autres pays, ou bien carrément la prise de contrôle complète. Les petites puissances sont en partie aux mains des moyennes, les moyennes aux mains des grandes.

Mais aucune de ces puissances n’a besoin de quelqu’un d’autre pour être antidémocratique et pour chercher la guerre comme échappatoire à la crise. L’Iran, une théocratie horrible, opprimant les peuples de ce pays de manière terroriste, pratique ainsi la fuite en avant et le militarisme généralisé, et n’a besoin de personne pour cela. Les manifestations de novembre dernier ont d’ailleurs été réprimées dans le sang avec des centaines de morts.

L’un des moyens de ce terrorisme d’État, ce sont les Pasdaran ou Gardiens de la révolution, une force à côté de l’État disposant d’un armement massif et qui contrôle 30% de l’économie iranienne. Qassem Soleimani en a été un de ses principaux commandants historiques, dirigeant ensuite sa section « non-conventionnelles » avec notamment des opérations « extérieures », dénommées Force Al-Qods (nom arabe de Jérusalem), en Syrie lors de la guerre civile.

Il a été dans ce cadre le stratège de la très forte pénétration iranienne au Liban, ainsi qu’en Irak, et c’est dans ce dernier pays, à Bagdad, qu’il est mort dans un bombardement américain.

Les États-Unis montrent ainsi qu’ils veulent reprendre la main sur l’Irak, passé pour beaucoup sous hégémonie iranienne, alors qu’une révolte contre le régime en décembre 2019 a déjà fait 460 morts et 25 000 blessés, notamment sous les coups des milices pro-iraniennes appelées Hachd al-Chaabi (Unités de mobilisation populaire).

Les bases américaines étaient régulièrement harcelées militairement, avec un contractant américain tué par la milice Kataëb Hezbollah récemment. Le 29 décembre, les États-Unis avaient alors visé une faction armée pro-iranienne en Irak, juste à la frontière avec la Syrie, faisant 25 morts.

En réponse, une manifestation était allée jusqu’à l’ambassade américaine à Bagdad, cherchant à y pénétrer et n’étant repoussé que par les forces américaines armées, le 31 décembre. Donald Trump avait alors publié un tweet, où il disait notamment :

« Ils paieront LE PRIX FORT ! Ceci n’est pas une mise en garde, c’est une menace. Bonne année ! »

Qassem Soleimani est alors victime du bombardement américain, le 3 janvier 2020.

Pour comprendre l’affront à l’État iranien, il suffit de voir que ce dernier a rétabli en mars 2019 la décoration de l’Ordre de Zulfikar, aboli lors de la « révolution iranienne » de 1979 et auparavant mise en place par le régime monarchique. C’est alors Qassem Soleimani qui l’a obtenu. La revue de politique extérieure Global Thinkers avait également placé Qassem Soleimani numéro un à son classement de 2019 des gens les plus influents dans le domaine de la défense et de la sécurité.

On est donc déjà dans une guerre, une guerre larvée, mais qui annonce la guerre ouverte. Et derrière l’Iran, il y a aussi la Russie et la Chine, l’aspect principal du conflit mondial, c’est l’affrontement sino-américain. Ce qui ne signifie pas que les pays européens, y compris la France, ne contribuent pas puissamment à cette tendance à la guerre.

On en est revenu à la veille de 1914 – et on a besoin d’une Gauche capable de l’emporter pour stopper la guerre.

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Vers la Guerre: les tensions militaires dans le détroit d’Ormuz

Depuis ce vendredi 27 décembre, un vaste exercice militaire conjoint entre l’Iran, la Russie et la Chine a lieu en mer d’Oman. L’exercice doit durer plus de quatre jours et sonne comme un nouveau avertissement quant aux jeux d’alliances entre puissances qui tendent à faire basculer le monde dans un conflit généralisé.

C’est une nouvelle épreuve de force que l’exercice de coopération navale militaire entre l’Iran, la Chine et la Russie qui se déroule entre le 27 et le 30 décembre dans le détroit d’Ormuz.

La Russie a dépêché trois de ses navires, dont une frégate, un pétrolier et remorqueur. La Chine en a, quant à elle, profité pour renouveler les tests sur l’un de ses redoutables destroyer, le Xining 052D mis en route en janvier 2017 et composé de missiles guidés.

Cela n’est pas anodin puisque ce type de destroyer, considéré comme l’un des meilleurs au monde et le plus moderne de l’armée chinoise, a été lancé à la construction en 2012 avec l’objectif d’en détenir à l’horizon 2030 une douzaine, le Xining 052D étant le cinquième mis en service.

Le partenariat militaire de la Chine dans cette zone est capitale pour s’assurer d’une totale souveraineté commerciale vis-à-vis des États-Unis, stratégie consolidée par la militarisation des îles en mer de Chine orientale et l’ouverture d’une « nouvelle route de la soie » à l’ouest du pays.

Cet exercice militaire a ainsi été salué par l’Iran, y voyant là la constitution d’un « nouveau triangle de pouvoir maritime », taclant les États-Unis sur le fait que le pays ne pouvait « être isolé ».

C’est une question essentielle pour l’Iran, rongé par une contestation intérieure contre le régime à la suite de l’élévation du prix du carburant (notamment à cause de l’embargo américain).

Tirant sa position de la rente pétrolière, la fraction au pouvoir en République islamique d’Iran vacille. Il lui faut assurer son pouvoir, en assurant un leadership militaire régional et cela passe par l’unité militaire et nationale pour contre-carrer les pressions populaires intérieures.

Il faut dire que depuis 2018, la tension est des plus fortes dans le détroit d’Ormuz, véritable poudrière en tant que carrefour stratégique pour le transit d’un cinquième du pétrole mondial.

Après la sortie unilatérale des États-Unis en 2018 de l’accord de Vienne signé en 2015 afin d’encadrer le programme nucléaire Iranien, de nouvelles sanctions économiques contre l’Iran ont mis en difficulté le pays.

À cela s’est ajoutée l’attaque de pétroliers par des mines flottantes au large de l’Iran le 13 juin 2019, suspectée par les États-Unis d’être commanditée par l’Iran. Les États-Unis avaient ainsi renforcé leur présence locale en débarquant mille nouveaux soldats.

Bref, avec cette opération de coopération navale en mer d’Oman, on assiste à la constitution d’un bloc militaire supervisé par la Chine opposé au bloc militaire de l’OTAN supervisé par les États-Unis.

Ce nouveau bloc militaire s’était déjà rendu visible avec l’opération Vostok en septembre 2018, un immense exercice entre Extrême-Orient russe rassemblant la Russie, la Chine et la Turquie. Ce furent plus de 30 000 soldats, un millier d’engins aériens, 36 000 véhicules terrestre, et 8 navires qui participèrent à cette manœuvre.

Ces deux blocs sont bien évidemment traversés par des contradictions, comme lorsque les États-Unis ne parviennent pas à convaincre le Japon ou l’Allemagne de constituer une coopération navale dans la zone du moyen-orient.

La guerre générale prend une tournure toujours plus réelle, toujours plus concrète, alimentée par des poudrières régionales et dont les contours relèvent de plus en plus d’un affrontement entre ces deux blocs.

Ce qui se joue, c’est la mécanique infernale des jeux d’alliance entre puissances sur fond d’aiguisement de la concurrence économique et de tensions sociales. Cette mécanique est terriblement connue comme celle ayant fait basculer le monde dans d’atroces guerres mondiales au siècle dernier.

Il est temps que la Gauche et l’ensemble des forces démocratiques se ressaisissent pour construire une mobilisation populaire contre cette nouvelle guerre qui vient.

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La France dans le «top 5» des pays à la plus grande dépense militaire

Selon le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), la France est entrée dans le « top 5 » des pays à la plus grande dépense militaire, passant devant la Russie. En 2018, la France a vu ses commandes d’exportation d’armes augmenter de 30 %, ce secteur industriel ayant généré en 2018 près de 379 milliards d’euros de chiffre d’affaire (en hausse de plus de 47 % par rapport à 2002). La tendance à la guerre généralisée est de plus en plus marquée pour la décennie 2020-2030.

Au début du mois de septembre 2017, voici ce qu’affirmait le Premier ministre Édouard Philippe :

« Nous allons l’année prochaine augmenter, dans le budget que je présenterai, le budget des Armées de plus de 1,6 milliard (d’euros). Cet effort sera poursuivi en 2019 puis en 2020 parce que le monde dans lequel nous vivons est dangereux ».

Il faut dire que la pression des secteurs les plus agressifs et militaristes de la classe dominante se faisaient toujours plus sentir.

Dès le mois de mars 2017, dans le journal économique La Tribune, Pierre Le Jolis de Villiers de Saintignon, chef d’état major des armées, appelait à augmenter le budget militaire à 2 % du P.I.B dès 2022. Depuis, il renouvelle régulièrement ce rappel à l’ordre, que cela soit lors de sa démission à l’été 2017 ou il y a peu dans son possible recours émis par le journal réactionnaire Valeurs Actuelles.

Si l’objectif de 2 % du PIB dès 2022 n’a pas été retenu, il reste que la Loi de Programmation militaire (LPM) promulguée le 14 juillet 2018 prévoit d’atteindre cet objectif en 2025. En effet, la hausse est bien réelle : alors que la LPM de 1997-2002 atteignait 85,308 milliards d’euros, le budget 2019-2023 table déjà sur 197, 8 milliards d’euros.

Cela a des conséquences économiques et sociales concrètes. C’est d’abord le progressif embrigadement national avec le service national universel impliquant un mois obligatoire pour les jeunes de 15 et 16 ans. Ce service doit se généraliser à l’horizon 2021-2023.

Au plan économique, ce sont six entreprises françaises qui sont dorénavant dans le « top 100 » des entreprises d’armement (hors sociétés chinoises), dont Thalès (10e), le Commissariat à l’énergie atomique (47e), Naval group (21e), Nexter (83e). Ces entreprises sont elles-mêmes portées par le « moteur » que constitue Dassault Aviation qui a vu ses ventes d’avions augmenter de 30 % en 2018.

La France, pesant pour 3,5 % des dépenses militaires mondiales, est ainsi le second plus gros vendeur d’armes de l’Union européenne (20, 96 milliards d’euros), après le Royaume-Uni (31,72 milliards d’euros) et le quatrième vendeur au niveau mondial.

Cette hausse des dépenses militaires n’est qu’un simple reflet des crispations militaires qui ont lieu dans le monde, avec le regain de tensions entre les deux superpuissances que sont les États-Unis et la Chine. Ces deux superpuissances sont des mastodontes de l’armement, avec des États-Unis pesant pour 36 % des dépenses mondiales militaires et la Chine pour 14 %, loin devant donc l’Arabie Saoudite (3,7%), l’Inde (3,7%) et la France (3,5%).

> Lire également : Valeurs Actuelles en appelle au militaire Pierre de Villiers pour la tête de l’État

Il faut être bien naïf pour penser que la relance des armements, dont la France est plus que bien placée, n’est qu’une stratégie de dissuasion. Comment peut-on penser cela sérieusement après les deux guerres mondiales du siècle dernier ?

Le seul rempart à la guerre, c’est la mobilisation démocratique et populaire, massive en faveur de la paix. Elle ne peut être portée que par la Gauche historique, celle qui n’a jamais cédé aux sirènes du libéralisme et qui a toujours su que le capitalisme mène inévitablement à la guerre.

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Vers la guerre: triomphe de Boris Johson et du Brexit

La catastrophe tant redoutée est arrivée : les élections au Royaume-Uni ont été marquées par un triomphe pour la Droite, la Gauche se faisant dévaster. La voie est libre pour une vague nationaliste et la mise en place d’un bloc assumant de batailler pour le repartage du monde.

Lors des élections de 1987, la Droite de Margaret Thatcher avait obtenu 376 sièges à la Chambre des Communes, la Gauche de Neil Kinnock 229. Aux élections de décembre 2019, la Droite de Boris Johnson a obtenu 365 sièges, la Gauche de Jeremy Corbyn 202 sièges. Cela veut dire que la défaite de la Gauche nous ramène directement à la période la plus sombre du Royaume-Uni, lorsque la Droite avait tellement le dessus qu’elle allait de victoire en victoire. En 1987, Margaret Thatcher obtenait même sa troisième victoire, et la plus grande.

La situation est d’ailleurs au sens strict encore pire et il faut remonter à 1935 pour un résultat aussi mauvais. Mais l’esprit correspond à celui des années 1980, où le libéralisme prédominait dans tous les secteurs culturels du pays, à part dans une toute petite Gauche activiste se confrontant au racisme sur le terrain et très influente dans le milieu des musiciens, ainsi que du côté de l’IRA.

Il est vrai que la raison fondamentale de tout cela, c’est que le mouvement ouvrier britanique ne s’est jamais élevé au Socialisme, formant un « travaillisme » sans envergure. Le Parti travailliste (Labour Party) était ainsi une construction des syndicats (en Allemagne ce fut l’inverse : la social-démocratie marxiste construisit les syndicats). Toute la Gauche pouvait et peut adhérer au Labour, critiquer comme il l’entend, le Parti étant une sorte de vaste fédération.

Pour cette raison, la tendance bascule dans un sens ou dans un autre. Les réformistes l’emportent à la direction, perdent à un moment les élections, sont remplacés par des activistes plus engagés qui échouent dans leur entreprise, ce qui amène un rebasculement, etc. En l’occurrence, le Labour était dirigé par Jeremy Corbyn, depuis 2015, très à gauche, avec un véritable engouement, le parti passant de 190 000 à 515 000 membres en raison de sa popularité.

La démarche était très proche de celle de Jean-Luc Mélenchon ; le populisme anticapitaliste a d’ailleurs permis l’émergence d’une vague antisémite violente dans le Labour. Pris au piège entre le travaillisme et les philosophies post-modernes à la mode (et si puissantes en Angleterre), Jeremy Corbyn refusa même de prendre position pour ou contre le Brexit. Tout ce qu’il proposa fut une meilleure négociation et surtout un nouveau référendum, lui-même ne donnant jamais son point de vue.

C’était là un suicide politique, laissant se déchaîner la Droite soutenue par toute la haute bourgeoisie afin de former un bloc britannique autonome. Donald Trump a évidemment été le premier à saluer Boris Johnson, alors que Morgan Ortagus, porte-parole de la diplomatie américaine, a rappelé la volonté américaine de former un bloc de libre-échange entre les deux pays.

On l’a compris : le bloc britannique se met dans l’orbite américaine, assumant de s’impliquer dans l’affrontement sino-américain, les pays du continent européen étant encore à l’écart à ce niveau. Cela ne se fera pas sans difficultés, car le Parti national écossais a obtenu 48 des 59 sièges d’Écosse, prônant l’indépendance. Mais il se fera inévitablement mettre au pas, car le Royaume-Uni rentre dans une période sombre, celle de l’élan nationaliste dans le militarisme.

Il suffit pour l’admettre de voir les chiffres de participation aux élections : ils sont de 67,3 %. Un tiers du pays est resté entièrement à l’écart d’une élection décisive pour l’avenir du Royaume-Uni ! Le capitalisme a littéralement broyé la société britannique, atomisé les individus, anéantit les esprits dans le nationalisme et mobilise dans un sens militariste.

Comme dans les années 1930, seule une poignée de pays-îlots vont se retrouver à résister à la montée et l’installation du Fascisme !

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La Déclaration de Londres de l’OTAN

Voici la déclaration de Londres publiée par l’OTAN ce 4 décembre 2019. C’est un document historique puisque la Chine y est pour la première fois ouvertement désignée, ainsi que la conquête spatiale militaire. La Russie est quand à elle considérée de manière très hostile, mais avec une volonté affichée de la voir se soumettre rapidement au bloc formé par l’OTAN.

> Lire également : Vers la guerre: l’OTAN assume la Chine comme menace principale

« Déclaration de Londres

publiée par les dirigeants des pays de l’OTAN à leur réunion tenue à Londres les 3 et 4 décembre 2019

Aujourd’hui, nous sommes réunis à Londres, là où l’OTAN a établi son premier siège, pour célébrer le 70e anniversaire de l’alliance la plus solide et la plus réussie de l’histoire, ainsi que pour commémorer le 30e anniversaire de la chute du rideau de fer. L’OTAN garantit la sécurité du territoire de nos pays et celle de leurs citoyens, au nombre d’un milliard, ainsi que notre liberté et les valeurs que nous partageons, parmi lesquelles la démocratie, la liberté individuelle, les droits de la personne et l’état de droit. La solidarité, l’unité et la cohésion sont des principes fondamentaux de notre Alliance. Alors que nous œuvrons ensemble à prévenir les conflits et à préserver la paix, l’OTAN reste le fondement de notre défense collective et le forum essentiel pour les consultations et la prise de décision en matière de sécurité entre Alliés. Nous réaffirmons le lien transatlantique qui unit durablement l’Europe et l’Amérique du Nord, notre adhésion aux buts et principes de la Charte des Nations Unies, ainsi que notre engagement solennel, inscrit dans l’article 5 du traité de Washington, selon lequel une attaque contre un Allié est considérée comme une attaque contre nous tous.

Nous sommes résolus à partager le coût et les responsabilités qu’implique notre sécurité, qui est indivisible. Grâce à notre engagement en matière d’investissements de défense, nous augmentons ces investissements pour nous conformer aux seuils de 2 % et de 20 % qui y sont définis, nous investissons dans de nouvelles capacités et nous fournissons plus de forces pour les missions et opérations. Les dépenses de défense hors États-Unis ont augmenté pendant cinq années consécutives ; un montant supplémentaire supérieur à 130 milliards de dollars des États-Unis est investi dans la défense. Conformément à notre engagement inscrit dans l’article 3 du traité de Washington, nous continuons de renforcer notre capacité individuelle et collective de résistance à toute forme d’attaque. Nous accomplissons des progrès appréciables. Nous devons et nous allons faire davantage.

Nous sommes confrontés, en tant qu’Alliance, à des menaces et défis distincts, qui émanent de toutes les directions stratégiques. Les actions agressives de la Russie constituent une menace pour la sécurité euro-atlantique ; le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations demeure une menace persistante pour nous tous. Des acteurs étatiques et non étatiques mettent à mal l’ordre international fondé sur des règles. L’instabilité observée au-delà de nos frontières favorise aussi la migration irrégulière. Nous sommes confrontés à des menaces cyber et hybrides.

L’OTAN est une alliance défensive et ne représente une menace pour aucun pays. Nous adaptons nos capacités, notre stratégie et nos plans militaires dans l’ensemble de l’Alliance conformément à notre approche à 360 degrés en matière de sécurité. Nous avons pris des décisions afin d’améliorer la disponibilité opérationnelle de nos forces pour qu’elles puissent répondre à tout moment à n’importe quelle menace, d’où qu’elle vienne. Nous restons déterminés dans notre engagement à lutter contre le terrorisme et nous agissons ensemble avec une plus grande fermeté pour en venir à bout. Nous agissons et continuerons d’agir d’une manière mesurée et responsable face au déploiement par la Russie de nouveaux missiles de portée intermédiaire, qui sont à l’origine de l’extinction du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) et qui font peser des risques importants sur la sécurité euro-atlantique. Nous intensifions notre action pour protéger nos libertés, en mer et dans les airs. Nous renforçons encore notre aptitude à assurer la dissuasion et la défense par une combinaison appropriée de capacités nucléaires, conventionnelles et de défense antimissile, que nous continuons d’adapter. Aussi longtemps qu’il y aura des armes nucléaires, l’OTAN restera une alliance nucléaire. Nous sommes pleinement attachés à la préservation et au renforcement d’un système efficace de maîtrise des armements, de désarmement et de non-prolifération, compte tenu de l’environnement de sécurité du moment. Les Alliés sont fermement attachés à la pleine mise en application du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) dans tous ses aspects, à savoir le désarmement nucléaire, la non-prolifération et les utilisations de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. Nous restons ouverts au dialogue, et à la perspective d’établir une relation constructive avec la Russie lorsque les actions de cette dernière le permettront.

Nous nous employons à accroître la sécurité pour tous. Nous avons renforcé les partenariats dans notre voisinage et au-delà, approfondissant le dialogue politique, le soutien et la collaboration qui s’exercent avec les pays partenaires et les organisations internationales. Nous réaffirmons notre engagement en faveur de la sécurité et de la stabilité à long terme en Afghanistan. Nous accroissons notre coopération avec l’Organisation des Nations Unies ; des progrès sans précédent sont enregistrés dans la coopération OTAN-UE. Nous sommes attachés à la politique de la porte ouverte de l’OTAN, qui renforce l’Alliance et a apporté la sécurité à des millions d’Européens. La Macédoine du Nord, présente à nos côtés en ce jour, deviendra bientôt le tout nouveau membre de notre Alliance. Nous sommes déterminés à assurer la réussite de toutes nos opérations et missions. Nous rendons hommage à tous les hommes et à toutes les femmes qui ont servi au nom de l’OTAN, et nous honorons la mémoire de tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour préserver notre sécurité.

Pour maintenir notre sécurité, nous devons regarder ensemble vers l’avenir. Nous prenons en compte l’éventail et l’étendue des nouvelles technologies pour conserver notre avance technologique, tout en préservant nos valeurs et nos normes. Nous continuerons d’accroître la résilience de nos sociétés, ainsi que de nos infrastructures critiques et de notre sécurité énergétique. L’OTAN et les Alliés, dans les limites de leurs compétences respectives, sont déterminés à garantir la sécurité de leurs communications, y compris la 5G, conscients de la nécessité de recourir à des systèmes sécurisés et résilients. Nous avons déclaré l’espace en tant que milieu d’opérations de l’OTAN, reconnaissant ainsi son importance s’agissant de préserver notre sécurité et de relever les défis en la matière, dans le respect du droit international. Nous étoffons nos moyens d’action face aux cyberattaques, et nous renforçons notre aptitude à assurer la préparation, la dissuasion et la défense face aux tactiques hybrides visant à porter atteinte à notre sécurité et à nos sociétés. Nous développons le rôle de l’OTAN en matière de sécurité humaine. Nous sommes conscients que l’influence croissante et les politiques internationales de la Chine présentent à la fois des opportunités et des défis, auxquels nous devons répondre ensemble, en tant qu’Alliance.

Compte tenu de l’évolution de l’environnement stratégique, nous invitons le secrétaire général à présenter aux ministres des Affaires étrangères une proposition approuvée par le Conseil pour que soit mené, sous les auspices du secrétaire général, avec le recours à l’expertise pertinente, un processus de réflexion prospective visant à renforcer encore la dimension politique de l’OTAN, y compris la consultation.

Nous exprimons notre gratitude au Royaume-Uni pour l’accueil généreux qui nous a été réservé. Nous nous réunirons de nouveau en 2021.

En des temps difficiles, nous sommes plus forts de par notre Alliance, et nos populations plus en sécurité. Le lien qui nous unit et notre engagement mutuel garantissent nos libertés, nos valeurs et notre sécurité depuis 70 ans. Nous agissons aujourd’hui afin de faire en sorte que l’OTAN soit la garante de ces libertés, de ces valeurs et de cette sécurité pour les générations à venir. »

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Vers la guerre: l’OTAN assume la Chine comme menace principale

Il y a eu la passe d’armes diplomatique extrêmement violente entre la France et la Turquie ces derniers jours, preuve d’une concurrence acharnée entre pays dans le repartage du monde. Mais en assumant de reconnaître ouvertement de la Chine comme menace principale, l’OTAN admet aux yeux de tous que le centre de la prochaine guerre mondiale sera l’affrontement sino-américain.

La France entend jouer sur tous les tableaux : celui de l’aventure individuelle, celui du moteur franco-allemand, celui de l’OTAN. C’est là propre à la mégalomanie du capitalisme français, qui existe depuis bien longtemps puisqu’elle a mené aux défaites en 1871 face à la Prusse, en 1940 face à l’Allemagne nazie, puis à l’effondrement de son immense empire colonial.

Grâce au gaullisme, elle a su se placer entre les deux blocs de la guerre froide, mais là il est difficile pour elle de jouer des épaules. En expliquant il y a peu que l’OTAN était en « mort cérébrale » à la suite de l’intervention turque en Syrie contre les forces kurdes, Emmanuel Macron a cherché à renforcer la ligne autonome de la France.

Hier, au sommet de l’OTAN à Londres, le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, parlant de la position d’Emmanuel Macron, en a donc profité pour rappeler à la France sa dimension réelle :

« C’est très insultant. Il y a un très haut niveau de chômage en France. La France ne va pas bien du tout économiquement. C’est une déclaration très dure quand vous avez de telles difficultés. Vous ne pouvez pas faire des commentaires comme ça. C’est très irrespectueux (…). Personne n’a plus besoin de l’OTAN que la France. Faire une déclaration comme celle-là est très dangereux. »

C’est une manière de rappeler à la France qu’elle n’a pas les moyens de sa mégalomanie, car ce sont les États-Unis qui sont la superpuissance disposant de l’hégémonie. Comme il n’y a pas de moteur franco-allemand puissant, la France ne peut pas se permettre de saborder sa position dans l’OTAN.

Tout à fait conscient de cette situation française, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait adressé à Emmanuel Macron des propos violents :

« Fais d’abord examiner ta propre mort cérébrale. Ces déclarations ne siéent qu’à ceux dans ton genre qui sont en état de mort cérébrale. »

Des propos qui sidèrent, mais qui sont permis par la faiblesse française, comme d’ailleurs de toutes les puissances intermédiaires, y compris la Turquie qui reste d’ailleurs largement arriérée malgré son hypertrophie militariste. Car l’arrière-plan qui définit principalement les choses et qui détermine la tendance à la guerre, c’est l’hégémonie américaine et le besoin de la Chine d’exiger un repartage du monde.

Pour cette raison, le texte qui va être signé par les 29 membres de l’OTAN prévoit de reconnaître que l’influence grandissante de la politique chinoise forme tant des chances que des défis, à quoi il faut répondre en tant qu’alliance.

Le fait d’assumer de faire de la Chine la principale menace est un pas de plus vers la guerre. C’est une manière de dire : oui il peut y avoir des contradictions, comme entre la France et la Turquie, cela compte, cela joue, mais c’est secondaire et il ne faut pas perdre de vue l’essentiel.

Et plus ces contradictions secondaires vont se renforcer, plus cela va accentuer la cristallisation de l’affrontement sino-américain. Plus le capitalisme sombre dans la crise, plus cela s’accélérera.

La guerre, ce monstre engendré inévitablement par la concurrence, la compétition entre pays, détermine toujours plus cours des choses.

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L’armée française à l’offensive: la dénonciation de Charlie Hebdo

Quand l’armée commence à ouvrir la bouche, on comprend que l’époque est tourmentée et que les forces les plus réactionnaires sont à l’offensive. Quand c’est en plus pour dénoncer l’antimilitarisme de Charlie Hebdo, on comprend qu’une sacrée digue est tombée. En s’exprimant, par deux fois, le chef d’état-major de l’armée de terre Thierry Burkhard cherche à siffler la fin d’une récréation : désormais, dans la nouvelle époque qui est celle du repartage du monde, on ne touche plus à l’Armée. Il échouera : la dénonciation de la guerre et de l’armée française ne fera que s’accentuer !

On sent que c’est la crise et la pression est là. L’ambiance est à serrer les rangs derrière le capitalisme français, sous le drapeau national. La CGT chômeurs du Morbihan a ici payé cher sa naïveté, en mettant sur Twitter le message suivant à la suite de la mort de 13 militaires au Mali :

« Toutes nos pensées aux familles de militaires morts pour le colonialisme au #Mali »

Rien de bien choquant pour qui est de gauche. Insupportable pourtant dans la culture de la CGT, qui est depuis cinquante ans un soutien indéfectible à l’Armée française et à la production d’armes. Le communiqué officiel a la main lourde :

« La CGT adresse toutes ses condoléances aux familles et aux proches des soldats disparus lundi 25 novembre, au Mali.

Aussi, la Confédération générale du travail condamne fermement et se désolidarise des propos tenus dans un tweet de « chômeurs CGT 56 ».
Ce tweet est le résultat d’une initiative personnelle qui ne saurait engager ni le Comité de chômeurs 56, ni l’Union locale CGT de Lorient, ni l’Union départementale CGT du Morbihan qui a également fait un communiqué en ce sens.

Montreuil, le 27 novembre 2019 »

Même l’Union Départementale y est allé dans l’opération de dénonciation.

« Communiqué UD CGT 56 suite au tweet du 26 novembre 2019 de CGT Chômeurs 56

L’union départementale CGT du Morbihan s’associe à la douleur des familles des soldats disparus dans l’exercice de leur métier. Ce tweet est le résultat d’une initiative personnelle qui ne saurait engager ni le Comité de chômeurs 56, ni l’union locale de Lorient, ni l’union départementale du Morbihan. Nous condamnons les propos tenus. Ils vont à l’encontre des engagements de la CGT pour la paix.

Christèle Rissel pour l’Union Départementale CGT du Morbihan »

Tout cela est pathétique et quelle honte encore sur la question militariste de la part de la CGT. Tout cela serait relativement anecdotique, de par son absence totale de nouveauté et ce depuis cinquante ans, toutefois si le chef de l’armée de terre n’avait pas fait les mêmes remontrances, cette fois à Charlie Hebdo.

Le chef d’état-major de l’armée de terre Thierry Burkhard a d’abord publié un message sur twitter.

Puis, il a fait une lettre ouverte.

Tout cela, donc pour dénoncer Charlie Hebdo se moquant de la campagne de recrutement de l’armée.

Le quotidien Le Monde a cherché à se renseigner et voici ce qu’on apprend alors :

« L’entourage du chef d’état-major précise : « Ce ne sont pas les caricatures en tant que telles qui nous choquent, nous connaissons l’antimilitarisme de Charlie, mais cette façon de s’en prendre aux familles ». L’une d’elles a décidé de porter plainte, selon cette même source. »

Qu’a-t-on ici ? Hypocrisie, coup de pression et Le Monde au service de cela. Et cela au moment où Valeurs Actuelles en profite pour affirmer son soutien total au militaire Pierre de Villiers pour la conquête du pouvoir.

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Valeurs Actuelles en appelle au militaire Pierre de Villiers pour la tête de l’État

La revue représentative de la haute bourgeoisie favorable à l’alliance de la Droite et de l’extrême-Droite a publié un article élogieux au sujet de Pierre de Villiers, ancien chef d’État-Major des armées devenu une idole militariste depuis son affrontement ouvert avec les autorités civiles en 2017. On est là dans une logique du coup d’État militaire absolument typique de la culture politique française.

Alors que le chef d’état-major de l’armée de terre Thierry Burkhard pourfend Charlie Hebdo pour son antimilitarisme, Valeurs Actuelles fait une sort d’allégeance à Pierre de Villiers. C’est un signe de notre époque, un signe résolument fort.

Celui-ci a été chef d’État-Major des armées de 2014 à 2017 ; il est connu pour avoir lancé lors du huis-clos de la commission de la Défense de l’Assemblée nationale, en 2017 :

« Je ne me laisserai pas baiser comme ça »

Recadré par Emmanuel Macron, il s’est alors fendu d’une tribune dans Le Figaro (« Soyons fiers de nos armées françaises »), puis d’un long message sur Facebook. Il finit par démissionner avec un message formant une sorte d’appel du pied nationaliste et militariste, alors qu’il est ouvertement soutenu par une lettre ouverte au Président de la République de 15 hauts gradés à la retraite.

Nous sommes alors en juillet 2017 et dès novembre, Pierre Le Jolis de Villiers de Saintignon (c’est son nom complet) publie un ouvrage, Servir. Il publie l’année d’après Qu’est-ce qu’un chef ? et est recruté par le Boston Consulting Group, un cabinet international de conseil en stratégie.

Le président de la partie française, avec 600 personnes, de ce groupe brassant des milliards de dollars, est Guillaume Charlin, l’un des tout premiers soutiens d’Emmanuel Macron.

Puis, à l’occasion des gilets jaunes, Pierre de Villiers y est allé fort, parlant d’une « crise de l’autorité dans notre pays mais aussi dans les démocraties occidentales », du besoin du chef de se tourner « vers le plus faible, le plus petit », etc.

Il n’est pas étonnant donc qu’il soit considéré comme un recours, dans la grande tradition putschiste française ; rappelons que la Ve République est elle-même née d’un putsch militaire !

Après donc des gilets jaunes, des groupes d’extrême-droite, on a désormais la très importante revue Valeurs Actuelles qui s’y met, à l’occasion de la grande offensive actuelle pour présenter l’armée comme « au-dessus » de la politique, comme le seul garant de la nation, etc.

Offensive qui est, bien sûr, strictement parallèle à l’immense pression sociale actuelle. C’est la lutte de classes qui connaît un saut dans son histoire.

Valeurs Actuelles a ainsi publié un article intitulé Élection présidentielle : Pierre de Villiers, candidat rêvé d’une France désespérée. Ce qu’on y lit est d’une clarté limpide :

« Il en est un autre qui n’échappe pas à ce phénomène et qui ne peut plus dire ou écrire sans que ses moindres faits et gestes soient interprétés comme la première pierre d’une hypothétique candidature présidentielle.

La semaine dernière, [le quotidien très à droite] L’Opinion assurait que Pierre de Villiers cultivait les doutes… Diantre… Un militaire bientôt en campagne de France, voilà de quoi alimenter bien des chroniques. La postface que le général cinq étoiles a ajouté à l’édition poche de son Qu’est-ce qu’un chef ?, « nourrira les commentaires en vue de 2022 », ajoute le quotidien avec des airs de gourmandise.

Qu’a donc pu écrire Pierre de Villiers pour qu’on lui prête à nouveau l’ambition de faire de la politique ? (…) « Nos élites sont parfois de bons tacticiens ; ils sont souvent de piètres stratèges. (…) Nos élites manquent de profondeur. (…) Il nous manque des chefs qui incarnent une voix et fixent la voie. »

Il n’en fallait pas davantage pour que ceux qui sont convaincus que le général jouera un jour à nouveau un rôle de premier plan, y voient une sorte d’autoportrait (…).

Reste un problème majeur : si le général a le profil de candidat idéal pour beaucoup, si nombre de Français, à commencer par les lecteurs de Valeurs actuelles, rêvent de le voir jouer un rôle actif (au point de l’imaginer premier ministre pour 16 % d’entre vous, ministre de l’intérieur pour 24 % ou ministre de la Défense pour 45 % dans un gouvernement que vous auriez façonné à votre idée), s’il est l’homme qui a dit non à Emmanuel Macron, Pierre de Villiers n’entend pas être l’homme du recours. »

La fin est un classique : les militaires disent toujours refuser de faire de la politique… avant d’en faire. L’option d’un coup d’État par un maréchal a traversé la France de 1918 à 1940… jusqu’à ce que le maréchal Pétain s’y colle.

En 2019, voici donc Valeurs Actuelles jouant à souffler sur les braises de cette option. C’est tout à fait cohérent. Le fascisme, en France, a nécessairement l’armée au centre de son dispositif, pour contrer le poids démocratique existant dans notre pays.

Le coup d’État du 18 Brumaire en 1799 par Napoléon Ier, celui du 2 décembre 1851 par Napoléon III, celui du maréchal Pétain en 1940, celui de De Gaulle en 1958… Tous ont en commun d’avoir prétendu répondre à l’appel de la nation pour un sauvetage par le haut.

S’il était vraiment un démocrate, Pierre de Villiers combattrait résolument cette tendance, défendrait le principe du pouvoir au peuple. Mais comme on le sait, il veut un chef… Comme d’ailleurs, malheureusement, une bonne partie du pays – et la haute bourgeoisie en premier lieu.

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Offensive turque en Syrie: en marche vers la guerre mondiale pour le repartage du monde

L’invasion d’une partie de la Syrie par la Turquie n’est pas qu’un exemple d’expansionnisme, mais bien une démonstration de la réalité du monde. On va vers une nouvelle guerre mondiale pour le repartage. On peut même dire qu’on est déjà engagé dans ce processus.

Le capitalisme en crise implique la crispation nationale, le repli stratégique et la conquête militariste. Les Kurdes de Syrie, en s’étant placé dans l’orbite américaine, en font les frais maintenant.

Les Kurdes vivent un nouveau drame, un de plus et pour ainsi dire traditionnel, puisqu’ils ont une énième fois été trahis. Ils ont espéré en Syrie avoir enfin trouvé une voie, avec le combat contre l’État islamique, en se plaçant sous le parapluie américain, qui a fourni des stocks d’armes et une couverture aérienne, alors que les Français envoyaient des cadres pour former les troupes.

Mais les Kurdes connaissent de nouveau la trahison, en étant abandonnés par leurs puissances tutélaires face à une opération de grande envergure de l’État turc. L’idée de celui-ci est officiellement d’instaurer une zone tampon. Seulement, quand on sait qu’elle doit faire 32 kilomètres de profondeur, il voit qu’il s’agit plutôt de former un protectorat, notamment au moyen de l’installation sur zone des 3,6 millions de réfugiés syriens en Turquie.

Les Kurdes de Syrie subissent donc le même sort que la Tchécoslovaquie en 1938 – à moins que les choses ne soient plus compliquées. Car les Kurdes ont eux-mêmes profité du dépeçage de la Syrie avec la guerre civile se développant et l’État islamique lançant également de son côté une offensive, justement avec le soutien de la Turquie.

Les forces kurdes de Syrie en ont profité pour établir leur pouvoir dans une vaste région – avec par ailleurs la grande majorité des zones pétrolières. Et ils ont entièrement assumé de passer sous contrôle américain, ainsi que français en partie.

On peut apprécier les Kurdes et espérer qu’ils trouvent un moyen pour s’en sortir, mais devenir les forces supplétives des États-Unis, par définition cela ne pouvait que mal tourner, dans un sens ou dans un autre. Et c’est ce qui se passe maintenant.

Le contre-argument rejetant cette critique aux États-Unis est que cela a permis de mener la lutte contre l’État islamique et même l’établissement d’un nouveau régime local, le « Rojava ».

Il s’agit d’un projet muncipaliste-fédéraliste des Kurdes en Syrie, qui est appuyé au niveau international par certains courants de la Gauche, en l’occurrence les marxistes-léninistes (surtout historiquement liés à l’Albanie), ainsi que les anarchistes, avec dans ce dernier cas également des Français partant là-bas pour s’impliquer dans le social, l’humanitaire ou le militaire.

Le souci est que ce projet est directement issu de l’arrestation en 1999 d’Abdullah Öcalan, le dirigeant du PKK. Abandonnant toute revendication indépendantiste, il avait prôné le confédéralisme multi-étatique des Kurdes à travers quatre États (Turquie, Syrie, Irak, Iran – les zones considérées étant définies comme le Kurdistan respectivement du Nord, de l’Ouest, du Sud et de l’Est).

Cela fait donc l’impasse totale sur la question de la démocratie en général dans les pays concernés. Les Kurdes de Syrie ont espéré que le choix américain permettrait de forcer le passage tout de même, mais dans le contexte explosif de bataille pour le repartage, c’était illusoire.

Aucune cause, fut-elle juste, ne peut échapper à l’exigence de démocratie pour les peuples et de rejet complet des interventions des grandes puissances.