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Bolloré et Zemmour veulent-ils rejouer La Rocque et le PSF en rachetant Le Figaro ?

L’extrême-droite a besoin d’élargir sa base et de gagner en crédibilité.

L’information est sortie dans le milieu des journalistes comme quoi Vincent Bolloré veut racheter Le Figaro. Vrai ou non, c’est en tous cas plausible, car ce journal serait une pièce de choix dans le dispositif Bolloré d’appui au populisme nationaliste.

Vincent Bolloré dispose déjà de la radio Europe 1, du magazine Paris Match et du Journal du dimanche. Il a surtout la chaîne Cnews, devenue un laboratoire pour l’hystérie populiste et les déchaînements réactionnaires. Cnews a servi de catapulte politique pour Eric Zemour qui y a eu une tribune quotidienne dans laquelle il pouvait longuement s’étaler, se poser comme un rationnel au-dessus du lot et disant vraiment les choses, etc.

En fait, il y a eu convergence entre les intérêts de Vincent Bolloré, représentant une fraction bien précise de la bourgeoisie française, et la personnalité Eric Zemour qui s’est retrouvée propulsée historiquement comme figure présidentiable. D’ailleurs, il ne s’agit même pas d’imaginer une opération organisée de longue date (encore que cela est possible), mais surtout un déroulement naturel des choses entre gens allant dans le même sens à une époque qui leur est favorable !

Toujours est-il que cela serait on ne peut plus logique pour Vincent Bolloré, pour appuyer sa dynamique politique, d’avoir également le Figaro (où Eric Zemour a d’ailleurs beaucoup écrit jusqu’à très récemment). Ce serait là beaucoup plus crédible politiquement aux yeux de la bourgeoisie traditionnelle française, que les étalements type « comptoir de bistro » sur Cnews.

Le Figaro est en effet une institution en France, à droite certes, mais pas seulement. C’est avec Le Monde l’un des deux journaux nationaux majeurs, disposant tous deux, suivant les milieux, d’une image de rigueur et ayant une autorité politico-culturelle incontournable en termes d’information et de traitement de l’information.

La Figaro, qui appartient au Groupe Dassault, dispose de beaucoup de moyens pour apporter à la partie de la bourgeoisie française à laquelle il s’adresse une information considérée comme étant de qualité, fiable, utile, constructive. Vincent Bolloré pourrait très bien vouloir en faire quelque-chose de plus, en élargissant l’audience non plus seulement à la bourgeoisie cultivée et urbaine (voire surtout parisienne), mais à une large partie de la population française droitisée.

Ce ne serait pas une première historiquement. Dans les années 1930, le Figaro a justement été le journal de La Rocque et du PSF, servant directement l’extrême-droite en tant qu’outil politico-culturel. Rappelons qu’il s’agissait alors d’un gigantesque mouvement en France, à la fois de masse et militaire, incontournable pour qui s’intéresse vraiment à l’Histoire de France au 20e siècle.

Cela serait tout à fait conforme à la dynamique enclenchée par Eric Zemour d’un mouvement de droite « populaire », et surtout opposé à la bourgeoisie moderniste (représentée en l’occurrence par Le Monde, France inter, etc.).

De toutes façons, Le Figaro, malgré une ligne générale allant dans le sens de la rationalité libérale bourgeoise (avec par exemple de nombreux articles reconnus sur les questions médicales, des analyses précises et ultra-synthétiques sur l’actualité internationale, etc.), n’est pas en reste quant au populisme délirant dans la veine d’Eric Zemour.

On a par exemple l’édition du site internet dans la soirée du dimanche 21 novembre 2021 où un article grotesque « Ces contraintes qui dégoûtent les Français de la voiture » était mis en avant, accompagné d’un sondage proposant de répondre à la ridicule question « Limitation de la vitesse, prix du stationnement… Approuvez-vous les politiques anti-voitures ? » En fin de soirée, avec 65 000 votants, il y avait une écrasante majorité (80%) de « non ». L’article pour sa part était un modèle du genre d’individualisme de droite malhonnête :

« Aux prises avec une circulation urbaine de plus en plus compliquée pour eux, en raison du règne du vélo et de la trottinette décrété par les municipalités, [les automobilistes] sont chaque année rattrapés par de nouvelles contraintes […] »

Eric Zemour, le candidat des chauffards, ne dirait pas mieux. Et ce genre de considération justement, haineuse dans leur base, étriquée dans l’état d’esprit et surtout profondément opposée à la société et au collectivisme, c’est exactement ce dont à besoin un Vincent Bolloré, figure des milieux les plus agressifs de la bourgeoisie française.

L’actualité de l’extrême-Droite en France, ce n’est pas des groupuscules ultra jouant la provocation dans les manifestations parisiennes libérales-démocratiques, pour faire parler d’eux grâce aux « antifa » tombant dans le panneau…

L’actualité, c’est la mise en place d’un dispositif politique et culturel massif, visant les masses, visant à encercler mentalement les masses. C’est exactement la raison d’être d’un Eric Zemour, dans l’intérêt direct d’un Vincent Bolloré !

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Interview d’un Français parti au Rojava

Très utile pour connaître une vision du monde irriguant l’ultra-gauche.

L’idéologie du Rojava – la petite région autonome de Syrie à majorité kurde – irrigue très largement l’ultra-gauche. Cette idéologie est façonnée par le PKK agissant en Turquie et son dirigeant emprisonné Abdullah Öcallan (surnommé Apo).

Le PKK est pourtant né sur une base marxiste-léniniste, mais il l’a rapidement abandonné pour une démarche patriotique (ou nationaliste de gauche) se tournant finalement vers le principe confédéral / décentralisé (du moins officiellement), considérant qu’Abdullah Öcallan a formulé la solution à toutes les questions révolutionnaires du monde, au moyen du « municipalisme libertaire » et du « confédéralisme démocratique ».

L’ennemi, c’est très clairement ici la Gauche historique et en général c’est comme si tout ce qui a existé avant les années 1990 aurait été invalidé et ne serait même pas à prendre en compte. Une large partie de l’ultra-gauche post-anarchiste et post-trotskiste s’est d’ailleurs, depuis quelques années, d’une manière ou d’une autre reconnue dans cette approche (c’est par exemple une référence pour la « Jeune Garde »).

De nombreux Français ont de ce fait rejoint le Rojava pour combattre aux côté des Kurdes dans les YPG (Unités de protection du peuple), afin de combattre Daech, mais également par sympathie pour le projet au Rojava (mis concrètement en place par le PYD – Parti de l’union démocratique, lié au PKK). Ils sont intervenus das un contexte régional de guerre et pour cette raison la situation a été complexe, teinté parfois de pragmatisme de la part des forces kurdes, les États-Unis couvrant le Rojava depuis quelques années (il y a pratiquement mille soldats américains dans la région), des experts militaires français ayant également aidé à la formation des YPG, etc.

Voici justement une interview d’un Français parti là-bas, réalisé par le média d’ultra-gauche Lundi matin (qui consiste en la « suite » de la mouvance de « l’insurrection qui vient » de Julien Coupat).

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L’article à charge du Monde contre « E-Z-B »

Les turbocapitalistes attaquent frontalement les conservateurs.

Source : WIkipédia

C’est un très long article du Monde, « Comment Vincent Bolloré mobilise son empire médiatique pour peser sur l’élection présidentielle », qui témoigne de la dimension du conflit qui existe au sein des capitalistes.

Loin d’être un monde uniforme, les capitalistes ont des centres d’intérêt très différents au-delà de leur intérêt justement commun. On a donc aussi l’affrontement entre les turbocapitalistes, partisans de la modernité, et les conservateurs nationalistes. Ici, Le Monde défend naturellement Emmanuel Macron, président ayant à faire face aux vilains projets d’un vilain PDG conservateur.

Il s’agit en l’occurrence du milliardaire Vincent Bolloré, dénoncé au point qu’à l’Élysée Eric Zemmour est apparemment, selon l’article, appelé E-Z-B, soit Eric Zemmour Bolloré. Dans cette perspective, l’article du Monde présente Eric Zemmour comme la créature de Vincent Bolloré, avec de nombreux détails.

On apprend ainsi que les deux personnages se parlent au téléphone tous les jours, qu’Emmanuel Macron tente de bloquer les investissements de Vincent Bolloré pour élargir son « empire », que Vincent Bolloré a placé à la tête de Paris Match et du Journal du Dimanche des proches :

« Vincent Bolloré n’ignore rien de leur parcours. A 20 ans, Patrick Mahé militait au sein d’Occident, mouvement d’extrême droite dissous en 1968 – comme Michel Calzaroni, le conseiller com’ de Bolloré, qui s’amuse aujourd’hui d’avoir commencé « à l’extrême droite de Vincent et de se retrouver à sa gauche ». Longtemps proche de Jean-Marie Le Pen, Mahé est aussi un ancien de Jeune Europe, groupuscule ultra-nationaliste et antiaméricain de « fafs », disait-on à l’époque, dont l’emblème était la croix celtique.

A Jeune Europe, « Patrig » côtoyait l’éditeur Jean Picollec, un autre Breton qui habitait à vingt kilomètres du fief familial des Bolloré et auquel Vincent et son oncle Gwenn-Aël Bolloré avaient confié en 1987 leur chère maison des Editions de La Table ronde – avant que Picollec ne publie lui-même dans sa propre maison des auteurs sulfureux, comme l’ancien combattant SS belge Léon Degrelle (…).

La seconde recrue, Jérôme Bellay, désormais à la tête du JDD, appelle Bolloré « le cousin ». Sa quatrième épouse, Isabelle Morizet, alias Karen Cheryl, serait, aime rire Bellay devant ses collaborateurs, une parente éloignée du premier actionnaire de Vivendi. Le couple partage d’ailleurs quelques cocktails sur le pont du Paloma, lorsque le yacht du milliardaire mouille l’été dans la baie de Cannes. »

Ce dernier passage sur les cocktails est révélateur. Car bien évidemment Le Monde dénonce CNews et son rôle pro-Eric Zemmour. Mais l’article prend alors un tournant assez unique. On sait qu’en France il est de règle de ne pas aborder la vie privée des personnalités. C’est mal vu. Il y a bien évidemment des médias people surfant là-dessus, mais c’est considéré comme un sous-genre proche du caniveau.

Or, l’article du Monde déroge à la règle, de manière outrancière, allant jusqu’à l’intime de la vie privée de Vincent Bolloré, jusqu’au détail, comme pour montrer que tout était su. Cet étalage sordide vise en apparence à dénoncer le rôle activiste de Vincent Bolloré le conservateur pro-catholique, mais dans le fond il y a quelque chose de rance, une sorte d’agression personnelle, comme pour en faire une cible.

Voici quelques passages qui reflètent ce mélange de dénonciation individuelle et d’accusation politique.

« Ils sont nombreux à observer la mue de Vincent Bolloré, mais rares sont ceux à avoir compris le raid politique et idéologique qu’il a lancé. Il faut dire que le capitaine d’industrie a toujours entretenu le flou sur ses convictions politiques. Personne n’ignore qu’il est un homme de droite. Ou que sa figure tutélaire reste son oncle, Gwenn-Aël Bolloré, débarqué à 19 ans, le 6 juin 1944, sur les plages de Normandie avec le commando Kieffer.

Plus que son propre père, Michel, le héros Gwenn-Aël est sa référence. Patron des éditions de La Table ronde, lecteur passionné et éditeur des « hussards » Antoine Blondin, Roger Nimier et cette petite bande d’écrivains désenchantés de l’après-seconde guerre mondiale, l’oncle était aussi partisan de l’Algérie française et de l’OAS, dont il a publié bon nombre de soutiens (de Jean Bastien-Thiry, l’organisateur de l’attentat contre de Gaulle au Petit-Clamart en 1962, à Jean-Louis Tixier-Vignancour, l’ancien compagnon de route de Jean-Marie Le Pen.) (…)

Plus fidèle à ses relations qu’à la politique, il avait renoncé à soutenir François Fillon en 2017, quoique le candidat prône l’union du libéralisme économique et du conservatisme sociétal (comme l’interdiction de la procréation médicale assistée) – l’idéal de Vincent Bolloré. C’est qu’il ne voulait pas déplaire à Nicolas Sarkozy, cet ami auquel il a prêté son yacht, au lendemain de son élection en 2007, et qui lui a remis la Légion d’honneur deux ans plus tard (…).

Mais il a chaque jour besoin de nouvelles distractions. Divorcé, plusieurs fois séparé, Vincent Bolloré s’est plusieurs fois affiché avec la volubile Valérie Hortefeux, l’ex-épouse de Brice Hortefeux, ancien ministre de l’immigration et de l’identité nationale. Il s’inquiète de la maladie et de la mort et semble gagné par un sentiment d’urgence.

« Lorsque l’homme est plus près du couchant que du levant, il lui vient insidieusement l’envie dérisoire de marquer son passage », écrivait l’oncle « Gwenn » dans ses mémoires. A mesure qu’approche son 70e anniversaire et la date fixée pour son départ, il veut peser sur l’avenir politique du pays. Cette passation des pouvoirs à ses fils aura lieu lors du bicentenaire du groupe, le 17 février 2022, lors d’un grand fest-noz dans le fief familial d’Ergué-Gabéric, près de Quimper (…).

La croisade pour l’Occident chrétien de Vincent Bolloré prospère sur un terreau favorable : une foi de charbonnier qui se décline en images pieuses dans son portefeuille, un syncrétisme « bretonnisant » qui balance entre tradition celte et piété mariale. La devise de la famille est la même depuis 1789 : « A genoux devant Dieu, debout devant les hommes ». Superstitieux, Vincent Bolloré garde à portée de main une statuette de la Vierge Marie et rapporte des bouteilles d’eau bénite de son pèlerinage annuel à Lourdes.

Il se vante de se rendre à la messe tous les dimanches « quel que soit l’endroit où [il se] trouve » (…).

On présente souvent l’abbé Grimaud comme le « confesseur » de Vincent Bolloré. Il ressemble surtout à un directeur de conscience politique. C’est Gabriel Grimaud qui a présenté au patron le journaliste Guillaume Zeller, ce petit-fils d’un des quatre généraux du putsch d’Alger (aujourd’hui « directeur de projet » au sein du groupe). L’industriel l’avait propulsé malgré son inexpérience à la tête d’i-Télé, avant de licencier 70 journalistes et de transformer la chaîne en CNews. Cette fois, Vincent Bolloré tient à présenter à Gabriel Grimaud un journaliste juif qui se dit aussi « chrétien » et veut comme lui contrer l’islam : Eric Zemmour. »

Cet article sordide restera dans l’histoire du journalisme français comme un exemple d’agression individuelle, qu’on devine clairement téléguidé par Emmanuel Macron. Il s’agit de présenter Vincent Bolloré comme une personne âgée pleine de préjugés et capricieuse comme un milliardaire, ayant décidé d’une lubie sans fond, qui n’existe que médiatiquement.

Ces « délires » d’un capitaine d’industrie censé être gâteux seraient utilisés par une poignée de réactionnaires – losers, mais tout cela serait déconnecté de la réalité.

C’est là insultant pour Vincent Bolloré et cela montre le niveau infect des contradictions inter-bourgeoises. Cependant, et là c’est réellement grave historiquement, cela individualise ou personnalise un phénomène de fond, rendant impossible son interprétation correcte.

On ne saurait en effet interpréter la montée d’Eric Zemmour comme le font les turbocapitalistes et Emmanuel Macron. Il faut voir les choses historiquement et comprendre qu’Eric Zemmour est une expression historique de la crise, et qui dit crise capitaliste dit aussi : nationalisme, protectionnisme, mise au pas intérieure, guerre.

Vincent Bolloré ne « choisit » rien du tout. Il est une figure historique du capitalisme français qui est poussé par la crise. On n’en a rien à faire que Vincent Bolloré jouait aux cartes, dans sa jeunesse, avec le président Georges Pompidou. L’Histoire n’est pas réalisée par des individus, mais par des classes agissant de manière inéluctable.

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Position du PCRF sur la présidentielle 2022

Elle se fonde sur une longue analyse.

Le Parti Communiste Révolutionnaire de France (PCRF) a rendu public, le 11 novembre 2021, sa position pour la présidentielle 2022. Voici le document de 14 pages l’explicitant.

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Emmanuel Macron propose la ligne conservatrice-moderniste du capitalisme triomphant

C’est une ligne électorale pour la présidentielle 2022.

L’allocution télévisée d’Emmanuel Macron le 9 novembre 2021 a surpris par le manque d’annonce réelle effectuée. En lieu et place de décisions, on a eu droit à un programme électoral pour 2022. C’est qu’Emmanuel Macron sait bien qu’il ne peut pas conjuguer la systématisation du pass sanitaire sur le long terme et le populisme électoral.

Le pass sanitaire va se prolonger, la 3e dose sera inévitable, puis sans doute la 4e, la 5e, etc. Il a juste été dit que le rappel va être obligatoire, comme troisième dose, pour les plus de 65 ans, et les plus de 50 ans ont été appelés à faire de même, mais c’est juste pour lancer un effet d’entraînement. Le pass sanitaire va s’instaurer à l’échelle du pays, les tests PCR et antigéniques ne seront plus à terme reconnus nulle part.

Ce n’est guère encourageant comme perspective et Emmanuel Macron a donc préféré éviter le sujet. Il a donc surtout affirmé que le capitalisme était florissant, que les entreprises cherchaient des employés dans de multiples domaines, que les entreprises avaient profité du soutien de l’Etat, que la France profite de l’économie la plus vive en Europe, que le niveau de vie s’est élevé, etc.

En un sens, il a raison, car le capitalisme avance. Mais il ne fait pas qu’avancer, cependant cela Emmanuel Macron ne le voit pas ou plus. Il représente une bourgeoisie conservatrice croyant en un capitalisme de modernisant par l’intermédiaire de l’Union Européenne. Mais qu’un libéral moderniste se retrouve à devenir conservateur révèle déjà le problème.

L’absence de perspective du capitalisme est évident, le capitalisme survit, les seules choses proposées consistent en ce qui existe déjà. On ne touche à rien : telle est la ligne d’Emmanuel Macron. C’est cela qu’il va proposer pour la présidentielle de 2022.

D’où des mesures libérales modernistes comme si la crise n’avait pas eu lieu : si la réforme des retraites est repoussée, il y aura bien réforme de l’assurance-chômage, élévation de l’âge de la retraite et construction de centrales nucléaires.

Cela a un côté rassurant pour la bourgeoisie et même pour la petite-bourgeoisie. Car, pour l’instant, la crise est contournée grosso modo sur le plan économique – renforçant d’autant plus la tendance à la guerre. Et Emmanuel Macron a mentionné les grandes puissances américaine, chinoise et russe, disant que l’Union Européenne était le meilleur moyen de faire face aux tensions internationales.

L’idée est de continuer à faire tourner le capitalisme français et d’échapper aux tempêtes sous le parapluie européen. C’est exactement la ligne allemande et à l’arrière-plan il y a clairement le tandem franco-allemand. Il y a ici l’espoir d’éviter le conflit sino-américain et, au moyen d’un fort tandem franco-allemand, de profiter du résultat du conflit pour s’imposer. C’est du cynisme « géopolitique ».

Et c’est vain. Penser comme Emmanuel Macron – et comme tous les Français – que la France va échapper à une crise mondiale, à un affrontement mondial, c’est un chauvinisme aberrant. S’imaginer que le capitalisme est en panne sèche et endetté dans le monde entier mais que le génie français va permettre une exception, c’est du chauvinisme délirant.

Mais, encore une fois, tous les Français sont ici d’accord avec Emmanuel Macron… Sauf la haute bourgeoisie qui exige une capacité bien plus élevée de conflictualité. Et qui, à la première crise économique venue, va jeter de l’huile sur le feu comme jamais. C’est tout le régime qui va être en jeu.

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Eric Zemmour candidat, la principale menace

Il représente l’aspect principal du problème et donc de la solution.

En l’espace de quelques semaines, Eric Zemmour a été propulsé sur le devant de la scène politique. Il dispose de cadres et de soutiens financiers, il a des appuis politiques et l’aval de la haute bourgeoisie. Son émergence est la même qu’Emmanuel Macron, mais cette fois pas au service du libéralisme moderniste : c’est cette fois du nationalisme et du militarisme qu’il s’agit.

C’est tout aussi artificiel. Mais ce ne sont pas les mêmes catégories sociales qui en sont la source. Et force est de constater qu’Eric Zemmour a réussi à largement affaiblir Marine Le Pen, ce qui est une nouveauté d’une haute signification, puisque c’est elle qui représentait l’extrême-Droite jusqu’à présent. C’est dire si tout a changé.

Avant, Marine Le Pen était un vecteur. Désormais, il y a Eric Zemmour, qui doit être un outil. Il ne s’agit plus de faire un contre-poids nationaliste et militariste. Il s’agit d’avancer en mode rouleau compresseur. Et cela marche.

En quelques semaines, on a assisté à une réorganisation générale de la Droite nationaliste, avec une recomposition générale, l’émergence de cadres et surtout – surtout – la mise en place d’une ligne. C’est toujours la ligne qui décide de tout. Et là, l’aspect principal de la crise, dans son expression politique du côté de la haute bourgeoisie, c’est Eric Zemmour.

Son « Z » est le symbole d’une nouvelle mythologie, d’une nouvelle rhétorique, d’une orientation nationaliste ouvertement tournée vers le militarisme.

Et dans une France glauque, avec des gens dépolitisés, aliénés par le travail, exploités par le capital, le capitalisme régnant en maître, Eric Zemmour est le nouveau panorama, l’actualité – événement, le moyen d’occuper les esprits, d’encore plus les réduire, les assécher, les éteindre… et même, par la suite, de les mobiliser.

Cela ne veut pas dire que Marine Le Pen ne soit plus une menace. Son influence dans le milieu ouvrier est énorme. Mais Marine Le Pen a justement eu un tel succès populaire que cela ne permettait plus à la Droite nationaliste proposer une stratégie. L’enfermement mental des ouvriers était si réussi qu’il était impossible d’en sortir sans remettre tout en cause.

Eric Zemmour est lui un levier pour aller de l’avant, avoir une démarche offensive. Les ouvriers endormis par Marine Le Pen, la haute bourgeoisie peut passer à l’offensive avec la crise, tandis que les libéraux modernistes espèrent maintenir leur place… si la crise ne s’exprime pas trop, si la tendance à la guerre ne s’impose pas trop rapidement.

Eric Zemmour est ainsi l’aspect principal de la question, il est le fil qui, une fois tiré, tire tout le reste. C’est vrai pour la haute bourgeoisie, cela doit être vrai pour la Gauche. Malheureusement, envoûté par le capitalisme, même à gauche les gens ont une mentalité petite-bourgeoise, ils ne sont pas en mesure de saisir la menace.

C’est donc un processus prolongé qui s’ouvre, de prise de conscience à travers de profondes remises en causes. L’Histoire se met en branle, les choses sérieuses commencent – comme avant 1914, comme avant 1939.

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Quand Eric Zemmour pose la question de la nature de l’antifascisme

Eric Zemmour pose des défis politiques et culturels.

Lors de son passage à Nantes le 30 octobre, Eric Zemmour a directement abordé la question du fascisme et de l’antifacisme. Il l’a fait de manière bien calculée, car Nantes est un bastion anarchiste et évidemment 450 personnes ont pratiqué une ligne substitutiste, cherchant à perturber le meeting d’Eric Zemmour en entrant dans l’enceinte du Zénith pour essayer de le bloquer, ainsi qu’en collant la veille des affiches avec une cible sur le visage d’Eric Zemmour. C’est inefficace et même contre-productif, puisque cela ne fait que renforcer le « buzz » d’Eric Zemmour.

Il est tout à fait logique qu’Eric Zemmour aborde, dans un même meeting, la question du fascisme et celle de la chasse, prenant pour la première fois position sur cette dernière. A rebours des anarchistes qui ne comprennent rien à rien, Eric Zemmour a compris que ce qui était en jeu, c’était la question du mode de vie fondé sur une certaine vision du monde. Il a a saisi que la question animale était fondamentale pour le camp du changement, et comme il ne veut pas le changement, et que de toutes façons le véganisme est trop « difficile » pour des Français fainéants et libéraux, il sait qu’il a un boulevard.

Quant à l’antifascisme défini comme « une colonisation intellectuelle de l’humanité, voulue par le cerveau malade de Staline », c’est une référence très précise à l’Histoire. L’antifascisme comme démarche a en effet été défini par le Bulgare Georgi Dimitrov et systématisé par le mouvement communiste dans le cadre du septième congrès de l’Internationale Communiste en 1935.

Le siège central des communistes en Allemagne, en 1932, avec le symbole de l’Action antifasciste sur le bâtiment et le slogan « Dans les rangs de l’Action antifasciste contre la guerre, la faim et le fascisme! »

Cela est très peu connu en France, car les anarchistes ont pratiqué un lessivage sur le plan des idées afin de se présenter comme « antifas » alors qu’en réalité, ils ont toujours nié la nécessité du « front » antifasciste. Le « front » est historiquement l’alliance des socialistes et des communistes (principalement), les anarchistes et l’ultra-gauche dénonçant une trahison de la révolution. Cela dit ce n’est pas toujours exact : dans le front populaire espagnol, on trouvait la CNT au gouvernement, et seule une frange d’ultra-gauche s’y opposait.

En France c’est cette ligne d’ultra-gauche qui prévaut chez les « antifas », avec un soutien naturel de la part des libéraux, comme cet article du Monde du 26 octobre 2021, L’antifascisme, un renouveau par la jeunesse, qui fait leur éloge, notamment de la « Jeune Garde ». Le capitalisme libéral apprécie que l’antifascisme soit réduit à une défense des migrants et un rejet des bandes fascistes, à une critique de l’autoritarisme de l’État, etc. Des éditions anarchistes viennent même d’ailleurs de sortir un jeu de société « antifa » dans cet esprit.

Le souci, ce n’est pas simplement que ce soit faux, c’est que c’est suicidaire. Comme en témoignent les propos triomphalistes sur porte-parole de la Jeune Garde (à la suite du passage chez Hanouna ou de l’article du Monde).

On n’arrive à rien du tout, oui. CNews utilise les « antifas » pour montrer aux bourgeois qu’Eric Zemmour est efficace pour polariser. S’imaginer qu’un bourgeois puisse craindre quelque chose dans un contexte comme le nôtre, c’est littéralement délirer. L’offensive bourgeoise est gigantesque. C’est un rouleau compresseur qui déboule, parce que la situation est celle d’une crise.

Alors, oui les antifas forment une mouvance importance de plusieurs centaines de personnes, mais leur impact sur la société est à l’image de celui de la Gauche, pratiquement inexistant. La dernière manifestation « antifa » à Lyon a rassemblé 2 000 personnes le 23 octobre 2021 et c’est présenté comme une victoire. Lyon, c’est avec son environnement direct pratiquement deux millions de personnes. Dans les sondages, Eric Zemmour est à 17%, Marine Le Pen à 16%. Les meetings d’Eric Zemmour sont pleins et tout un pan de la bourgeoisie le soutient, avec à l’arrière-plan la haute bourgeoisie désireuse d’une sorte de Brexit à la française. La majorité des ouvriers est peu ou prou sous l’hégémonie de Marine Le Pen.

Voilà pourquoi les seules réponses antifascistes réelles peuvent et doivent être politiques. L’ultra-gauche a failli, comme le montrent d’ailleurs son soutien aux gilets jaunes et aux anti-pass sanitaire. C’est la Gauche historique qu’il faut réactiver.

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Eric Zemmour et l’antisémitisme de Jean-Luc Mélenchon

2021 devient toujours plus ignoble.

Jean-Luc Mélenchon a mené une sortie électorale antisémite tout à fait calculé, dans la perspective de la présidentielle de 2022. Il a dit deux choses très précises : tout d’abord il a dit qu’Eric Zemmour était juif, ce que tout le monde sait et ce dont tout le monde se moque parce qu’on est en France et que ce genre de choses ne compte pas. Il est le premier dans le cadre de la campagne présidentielle à affirmer cela, faisant tomber un tabou républicain.

Ensuite, il a dit qu’Eric Zemmour avait des positions politiques qui reflétaient le fait qu’il soit juif. Ce faisant, il lance une offensive antisémite, ou plus exactement anti-judaïque. Pratiquement personne ne sait en effet qu’Eric Zemmour a ou a eu du moins un positionnement personnel de juif profondément croyant et relativement orthodoxe dans sa pratique. Jean-Luc Mélenchon a dû le savoir et balance la chose.

Concrètement, il vise très clairement à une polarisation judéo-arabe pour un clivage religieux et/ou raciste, dont il profiterait électoralement. Il agit ainsi comme l’ultra-gauche française qui manie autant les drapeaux palestiniens qu’elle ne fait strictement rien, en pratique, pour les Palestiniens dont la situation est toujours plus dramatique.

Voici les propos de Jean-Luc Mélenchon, tenus sur BFMTV:

Le journaliste: Il est antisémite ou pas? C’est une vraie question que se pose la communauté juive notamment.

Jean-Luc Mélenchon: Ah bon (…). Après, qu’un juif soit antisémite est une nouvelle. Sur le moment cela m’a fait sourire, j’aime bien ce type de paradoxes. Je me suis dit comment c’est possible un truc pareil.

Mais, oui, parce qu’il me semble qu’il se trompe. Monsieur Zemmour ne doit pas être antisémite parce qu’il reproduit de nombreux scénarios culturels : “On ne change rien à la tradition, on ne bouge pas, la créolisation mon dieu quelle horreur”. 

Et tout ça, ce sont des traditions qui sont beaucoup liées au judaïsme. Ça a ses mérites, ça lui a permis de survivre dans l’histoire. Donc moi je ne crois pas qu’il soit antisémite.

Enfin je sais pas car à véritablement c’est pas mon problème. S’il est antisémite il sera condamné. Il est raciste, ça c’est sûr. Il a été condamné pour ça.

Jean-Luc Mélenchon ment. Il sait très bien que les propos d’Eric Zemmour sur Pétain ont provoqué un scandale chez les Juifs. Il ne peut pas ne pas le savoir.

Il sait sans doute aussi que la communauté juive religieuse a une démarche l’amenant à être hostile à tout ce qui pourrait la faire remarquer. C’est une tradition remontant au début du moyen-âge où il s’agissait de subsister comme minorité sans se faire remarquer et écraser par les autorités politique et religieuse.

Il sait par contre forcément que l’histoire regorge de juifs antisémites, de juifs ayant la haine de soi. C’est un phénomène très répandu historiquement. Eric Zemmour en est un exemple classique d’ailleurs. C’est typiquement le Juif ressemblant à un Arabe cherchant à fuir dans un imaginaire ce qu’il est lui-même.

Quant à l’interprétation du judaïsme que fait Jean-Luc Mélenchon, elle est digne de Dieudonné et de Soral. Car le judaïsme est une religion qui se prétend traditionnelle, mais ne l’est pas du tout. Ses traditions ont sans cesse été renouvelées par de multiples commentateurs et autorités religieuses, il existe une multitude de courants se tolérant mais d’approches fondamentalement différentes. Le judaïsme est ainsi un véritable kaléidoscope d’opinions et de conceptions différentes voire antagoniques, littéralement un chaos sans nom, même si les pratiques restent les mêmes pour tous, mais même là avec une tolérance maximale pour leur degré d’acceptation.

Autrement dit, le judaïsme c’est n’importe quoi niveau structure et considérations intellectuelles, tout comme l’Islam d’ailleurs : l’absence de centralisation induit des courants et des sous-courants sans fin, des conceptions et des points de vue différents innombrables, etc. Parler d’un judaïsme traditionnel ou d’un Islam traditionnel, c’est croire les mensonges des fondamentalistes apparues les deux derniers siècles et leurs fictions d’un « retour aux sources ».

Mais de toutes façons le but de Jean-Luc Mélenchon est de dire que l’antisémitisme, on s’en moque, que ce qui compte c’est le racisme, sous-entendu politiquement : opposons les Arabes aux Juifs en faisant en sorte de présenter les premiers comme les opprimés les seconds comme les valets ou les maîtres du pouvoir en place.

La preuve de tout cela est que Jean-Luc Mélenchon, devant le tollé, a publié sur son facebook un texte aussi intelligent et juste que ses propos sur BFMTV étaient ignobles. Une telle différence montre qu’il savait ce qu’il faisait.

Jean-Luc Mélenchon dit à l’oral qu’il ne sait pas si Eric Zemmour est antisémite et il écrit qu’en fait il serait le porte-parole de l’antisémitisme français. Il faudrait savoir ! Mais tel est le populisme de Jean-Luc Mélenchon que de chercher à construire une sorte de narration politique l’amenant à triompher à la présidentielle… à tout prix.

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Eric Zemmour, candidat des chauffards

Le chauffard sur la route est typiquement un petit salaud de droite, à la Eric Zemmour.

Être de droite est quelque chose de très concret. Cela se manifeste clairement sur certains thèmes comme celui de l’automobile, qui est un classique. Pour quelqu’un de droite, la voiture a un caractère sacré. Elle représente à elle seule toute la force d’une petite bulle autocentrée, lancée à vive allure contre la société et les normes sociales.

Autrement dit, pour quelqu’un de droite, la code de la route est vécu comme une entrave à l’étalement de sa petite individualité partout et tout le temps. D’ailleurs, un chauffard est forcément quelqu’un de droite, car son comportement conspue la société et le contrat social. De la même manière, un véritable homme politique de droite va forcément dans le sens des chauffards, car ils sont des alliés dans sa bataille anti-sociale.

C’est la raison pour laquelle le candidat non-officiel Eric Zemmour a lancé une pique contre le code de la route, en l’occurrence contre le permis à point qui serait soit-disant un « racket organisé par l’État ». Dire cela ne coûte pas grand-chose mais peut rapporter beaucoup politiquement. Cela place un homme de droite, et comme la France est pleine de ce genre de salopards détestant les normes et la collectivité, alors il y a un boulevard. Ou plutôt une autoroute.

Et en parlant d’autoroute, Eric Zemmour a aussi dit évidement en ce qui les concerne qu’il est contre les limitations de vitesse (sans s’engager pour autant à les supprimer…). Ces limitations n’auraient pas de sens, dit-il. Ses propos n’ont aucun fondement, mais il y a effectivement beaucoup de gens qui pensent comme lui, qui s’imaginent au dessus des autres et des lois de la physiques. Ces gens sont tellement intoxiqués par leur propre individualité, ils sont tellement centré unilatéralement sur eux-même, qu’ils n’envisagent pas que ce soit dangereux d’autoriser n’importe qui à rouler à 200 km/h ou plus au milieu des autres roulant entre 110 km/h et 130 km/h !

Il faut vraiment être délirant pour penser ça, comme il faut vraiment être délirant pour s’imaginer que l’État a mis en place le permis à point pour « racketter » les gens. Ce ne sont pas quelques stages de récupération de points à 300 euros, pour une minorité de chauffards, qui vont changer quoi que cela soit aux comptes publics.

Mais peu importe, Eric Zemmour est un polémiste, alors il met une pièce dans le machine à polémique. Il conspue donc le permis à point qui serait « inutile » et « infantilisant », en plus de servir à prendre l’argent d’honnêtes individus n’ayant rien fait de mal…

Pourtant, il faut y aller pour perdre ses 12 points. Déjà car les contrôles de police sont malheureusement très rares et seul un nombre infime d’infractions et de délits est effectivement constaté. Mais surtout, car 12 points c’est énorme, cela laisse beaucoup de marge aux chauffards.

Conduire 29 km/h au dessus de la vitesse autorisée ? Seulement 2 points de retirés, il en reste 10 pour continuer à rouler comme un chauffard.

Griller un feu rouge ? Seulement 4 points de retirés, il en reste 8 pour continuer à ne pas respecter les autres sur la route.

Conduire avec une alcoolémie supérieure à 0,8 g / litre de sang ou en état d’ivresse manifeste ? Seulement 6 points de retirés, il en reste 6 autres pour continuer à se comporter comme un criminel sur la route.

Rappelons d’ailleurs qu’il existe une récupération automatique de point, au bout de 6 mois, 2 ans, 3 ans ou 10 ans suivant les cas. Mais il faudrait quand-même pleurer ces pauvres chauffards, qui malgré tout cela doivent quand-même passer un simple stage à 300 euros car la police a eu l’occasion de constater plusieurs de leurs infractions et délits ?

De toutes manières, l’argument économique ne tiens pas. Perdre ses points, c’est rouler vite et nerveusement, ce qui coûte très cher. En carburant bien sûr, car une conduite nerveuse peut consommer énormément plus qu’une conduite souple et intelligente respectant les limitations. Mais il y aussi l’usure des pneus et des disques de frein, de la pression exercée sur la courroie de transmission ou l’embrayage, les amortisseurs, etc.

Mais là encore, peu importe. Ce qui compte n’est pas d’avoir des arguments rationnels. Au contraire, plus c’est absurde, plus c’est délirant, plus cela est utile à un personnage comme Eric Zemmour, qui n’est pas là pour remettre la société dans l’ordre, mais qui n’est qu’un produit de la décomposition sociale et institutionnelle.

C’est à la Gauche d’être le parti de l’ordre justement et cela signifie entre autres de réprimer les chauffards sur la route. Ceux-là même qu’Eric Zemmour veut séduire. Être pour ou contre la société, il faut choisir. C’est là le cœur du clivage historique Gauche/Droite, qu’il faut réactiver sur ses justes fondements.

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Politique

« 10 choses à retenir du discours d’Anne Hidalgo à Lille »

10 choses surtout totalement hors sol.

Le Parti socialiste n’a pas froid aux yeux après le sidérant fiasco du lancement de la campagne d’Anne Hidalgo à Lille : il assume en bloc en résumant comme suit les mesures proposées, faisant ainsi comme s’il n’y avait ni crise, ni menace de l’extrême-Droite, ni des tensions ininterrompues allant dans le sens de conflits et d’une guerre mondiale à travers l’affrontement sino-américain pour le repartage du monde.

1 – Une rémunération digne pour chacun

« Notre politique du travail sera d’abord celle d’une rémunération digne pour chacune et chacun. Digne pour les « premiers de corvée », en augmentant les salaires. Et digne pour les « premiers de cordée », qui doivent partager équitablement la valeur ajoutée dans les entreprises ! »

2 – Droit de vote à 16 ans

« Pour faire davantage participer les citoyens, le prochain gouvernement d’Allemagne propose d’abaisser l’âge du vote à 16 ans : nous le ferons !

Qu’est-ce qui justifie encore d’exclure de la vie démocratique ceux qui seront le plus concernés par les décisions d’aujourd’hui ? »

3 – Une assurance chômage universelle

« Pour la protection sociale, nous mettrons en place une assurance chômage universelle, nous reviendrons sur la suppression des 5 700 lits d’hôpitaux et nous ferons de la santé mentale, qui est à l’abandon aujourd’hui en France, une grande cause de mon quinquennat. »

4 – Un service public de la petite enfance

« Pour la famille, le cœur de nos vies, nous créerons un service public de la petite enfance. Dans l’attente, nous garantirons aux familles monoparentales un accès renforcé à la garde d’enfants. »

5 – Un droit à mourir dans la dignité

« Par ailleurs, nous ne pouvons pas tolérer que les femmes, les hommes frappés par l’irréversible perte de leur autonomie soient reclus et abandonnés. Nous ferons tout pour les accompagner le mieux possible, en développant massivement les soins palliatifs et en soutenant les aidants pour laisser aux familles la possibilité d’accompagner leurs proches sans risque de perdre leur travail. 

Et nous ouvrirons à celles et ceux qui le veulent le droit de mourir dans la dignité. Je souhaite qu’une loi encadre ce droit nouveau dès l’année prochaine. »

6 – Un droit réel à la sécurité

« Comment assurer aux Français un droit réel à la sécurité quand la police est éloignée des lieux de vie ? C’est une véritable police de la sécurité du quotidien qu’il faut bâtir ! Une police républicaine respectée et présente partout sur le territoire, dans les petites communes et bien sûr dans nos quartiers. »

7 – 60 % d’une classe d’âge diplômé du supérieur et suppression de ParcourSup

« Le premier objectif sera de porter à 60 % d’une classe d’âge, le nombre de diplômés du supérieur (car il faut préparer la France de demain). 

Je souhaite que les étudiants et les apprentis, plus nombreux soient mieux guidés dans leur choix de formation. Nous abrogerons Parcoursup ! 

Nous donnerons aux universités les moyens de fonctionner, d’investir et d’innover ! 

Nous créerons un dispositif national de suivi et d’accompagnement pour les plus de 100 000 jeunes qui sortent du système scolaire sans diplôme ni formation, avec les conséquences dramatiques que l’on connaît sur la suite de leur vie. 

Parce que l’école, c’est l’âme de la République, nous bâtirons une République de l’école. »

8 – Atteindre la neutralité carbone en 2050 et instaurer un ISF climatique

« Le deuxième objectif cest d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Je serai pour cela la candidate de l’écologie des solutions. 

Et je veux le dire ici en toute sincérité : ce combat pour l’environnement ne doit pas nous diviser, car ce sont les plus pauvres, les plus fragiles qui souffrent en premier du dérèglement climatique.

Nous créerons une écologie des droits, droits du vivant, droits de la nature, en intégrant la protection des biens communs dans la Constitution, en définissant un crime d’écocide et en instituant un Défenseur de l’environnement, chargé de veiller à son respect en France. »

« Nous conduirons une écologie du partage. Un ISF climatique pèsera sur les ménages aisés dont le patrimoine émet le plus de carbone. »

9 – Egalité totale des salaires en cinq ans

« Ce quinquennat, je m’y engage, sera celui du droit des femmes comme une nation moderne doit le garantir !

Je veux être la première présidente de l’histoire de France parce qu’il est temps d’accomplir une grande avancée, celle de l’égalité des femmes et des hommes au travail. 

Je sais, (pour les avoir vues, pour les avoir subies), ce que les différences de traitement et les discriminations peuvent faire !

Ça suffit les attaques au respect des femmes et de leur corps ! La primauté du droit à la contraception et à l’interruption volontaire de grossesse sera assuré sur l’ensemble du territoire.

Ça suffit les 20 % de discriminations salariales ! Je m’engage à ce qu’une loi de programmation sociale soit votée dès l’été 2022, pour atteindre l’égalité totale des salaires en cinq ans

Ce sera notre première mesure, notre première loi. »

10 – Le droit à la contraception et à l’IVG assurés sur tout le territoire national

« Ça suffit les attaques au respect des femmes et de leur corps ! La primauté du droit à la contraception et à l’interruption volontaire de grossesse, sera assurée sur l’ensemble du territoire. »

Le Bonus  

Parce qu’en vérité, on a pas réussi à en faire que 10…

Garantir qu’aucun ménage ne consacre plus d’un tiers de ses revenus pour se loger et encadrement des loyers

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Guerre Politique

L’appel ouvertement militariste et anti-américain d’Eric Zemmour

Les dés sont jetés.

C’était une grande question encore en suspens. Eric Zemmour n’avait pas encore pris position au niveau « géopolitique », se contentant de se positionner en « conservateur révolutionnaire ». Allait-il franchir le pas et assumer la ligne anti-américaine caractéristique des velléités expansionnistes à la française? On pouvait en douter, car il provient de la Droite du 16e arrondissement parisien, qui est traditionnellement totalement pro-américaine, par fascination pour le capitalisme triomphant.

Son parcours le poussait normalement à assumer la ligne du RPR, pro-américain mais gaulliste à la base. Cependant, la crise est passée par là et Eric Zemmour assume un néo-gaullisme forcené. Ce qui prouve deux choses :

– qu’il est poussé par toute une tendance historique;

– que cette tendance se cristallise déjà politiquement pour qu’il puisse tenir des propos militaristes et expansionnistes.

En clair, il y a une véritable opération de la haute bourgeoisie et elle a réussi. Jusqu’à quel point, cela reste à voir, mais en tout cas, en se positionnant de ce fait ouvertement en militariste acharné, il remplace Marine Le Pen à la tête de l’option nationaliste.

Car ce qu’il a dit à Rouen, lors d’un meeting le 22 octobre, est édifiant. Il faut que la France dispose de deux nouvelles frégates et deux nouveaux porte-avions. Pourquoi cela? Parce que:

« Soyons honnêtes : si la France est encore écoutée en Europe et dans le monde, elle le doit à son armée et à sa force de frappe nucléaire. Il n’y a pas de politique étrangère forte sans des armées fortes.

C’est l’assurance de pouvoir frapper n’importe qui, n’importe où, n’importe quand. Peu de pays ont cette capacité. Elle est à portée de main pour la France, arrêtons de tergiverser, saisissons-la! »

Ce timing militariste est évidemment parfaitement calculé, puisque le même jour Valeurs actuelles publiait une tribune signée « Les Militaires avec Zemmour ». De la même manière, Eric Zemmour a dénoncé le tandem franco-allemand de l’Union Européenne et c’est exactement ce qu’a fait Marion Maréchal dans une interview au média américain de type conservateur révolutionnaire IM-1776, publié le 23 octobre.

C’est là une véritable offensive politique et les propos suivants tenus par Eric Zemmour le 22 octobre en définissent bien la nature:

« Rassurez-vous : La France peut rester une grande puissance, à condition qu’elle aussi s’en donne les moyens économiques, diplomatiques et stratégiques. »

« Pour commencer, il faut sortir de cette chimère de la « diplomatie européenne ». Arrêtons d’adapter notre politique étrangère aux pudeurs de Bruxelles et aux intérêts de Berlin. »

« En vérité, Emmanuel Macron veut nous confiner dans une Europe trop petite pour la France. »

« Notre allié américain met nos dirigeants sur écoute et laisse la Turquie nous menacer. Ce même allié américain nous empêche d’établir une relation saine avec la Russie et nous fait perdre des milliards d’euros du contrat des sous-marins australiens. »

« Une grande partie du destin du monde se jouera dans la zone Asie-Pacifique, où la France joue déjà un rôle stratégique grâce à notre espace maritime, grâce à la Polynésie, mais aussi grâce à la Nouvelle-Calédonie, qui doit absolument rester française ! »

Abandon du tandem franco-allemand, la superpuissance américaine considérée comme hégémonique au point d’être néfaste, reprise du lien stratégique objectif « traditionnel » de la France avec la Russie, affirmation de l’expansionnisme impérialiste français au moyen du militarisme. C’est on ne peut plus clair.

Cela a été la ligne de Marine Le Pen, mais sans la cristallisation de la crise et pour cette raison avec une dynamique toujours plus sociale-populiste. C’est du passé et on a désormais une ligne fasciste se développant, portée par la haute bourgeoisie appelant à une grande « reprise en main ».

Quel dommage que cette mise en place se soit déroulée si facilement pour elle. Elle a réussi un grand coup, il faut en avoir conscience. Et cela passe aussi par une compréhension réelle du fascisme et par conséquent un rejet catégorique des courants liés au trotskisme pour qui le fascisme serait un « césarisme » avec un dictateur apparaissant pour « dépasser » les contradictions d’une société bloquée.

Le fascisme, c’est la militarisation et la guerre. Ce n’est pas une militarisation facultative, une guerre hypothétique. C’est une marche inexorable. Seul le socialisme peut s’y opposer, s’y confronter, briser ce processus en le renversant.

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Sidérant fiasco du lancement de la campagne d’Anne Hidalgo à Lille

Le Parti socialiste est totalement auto-intoxiqué.

Le samedi 23 octobre s’est tenue à Lille la convention socialiste lançant de manière officielle la campagne d’Anne Hidalgo, même si celle-ci avait déclaré plus d’un mois auparavant qu’elle se lançait dans la présidentielle 2022. Deux faits marquants se sont déroulés entre-temps. Le premier, c’est la faiblesse totale d’Anne Hidalgo dans les sondages, puisqu’elle est crédité de 4 à 7% des voix. Le second, c’est l’affirmation par le dirigeant actuel du Parti socialiste, Olivier Faure, lors du Conseil national du Parti socialiste, qu’Eric Zemmour était un fasciste et proposant une ligne tendant à un certain antifascisme.

Il y avait deux possibilités : soit le premier aspect, électoraliste tranquille, l’emportait et les socialistes s’auto-intoxiquaient, considérant qu’ils allaient inexorablement progresser de toutes façons, ce que l’opposant interne Stéphane Le Foll a parfaitement résumé en disant que « le Parti socialiste fonce dans le mur en klaxonnant ». Soit le second aspect l’emportait et c’était l’affirmation, tel un electro-choc, d’une ligne combative contre le libéralisme et l’extrême-Droite, forçant à une unité de la Gauche dans les faits.

Le résultat est édifiant : cela a été le suicide. 1700 personnes (et certainement pas 2200 « militants » comme le prétend le Parti socialiste) ont constaté qu’Anne Hidalgo a été mièvre comme peut l’être la maire d’une ville bourgeoise et cosmopolite comme Paris. Enfin, constaté est un grand mot car le public a consisté en des bourgeois propres sur eux, modernistes, dont on se demande ce qu’ils peuvent bien reprocher à Emmanuel Macron à part ne pas avoir légalisé encore la consommation de cannabis.

Anne Hidalgo a sciemment tourné le dos à la Gauche historique, elle ne voit ni la guerre venir – alors que c’est une évidence indiscutable -, ni une quelconque crise (que ce soit sanitaire ou économique ou morale ou culturelle), ni une menace fasciste. Sa ligne c’est celle du réformisme béat radical – socialiste – franc-maçon, bien symbolisé par les uniques refrains présents, ceux de la Marseillaise et de l’Hymne à la joie.

La guest star était d’ailleurs Bernard Cazeneuve, ancien ministre de l’Intérieur et premier ministre, qui a tenu un discours de centre-gauche tout à fait lisse. Anne Hidalgo n’a guère fait mieux avec comme leitmotiv:

« Fidèle à notre histoire, je serai la candidate de la reconquête républicaine. Notre impératif n’a pas changé depuis Jean Jaurès : c’est porter la République « jusqu’au bout » pour réinventer notre beau modèle français. »

Et tout cela est censé, on ne sait trop comment, produire une « génération Hidalgo » (c’est un slogan officiel) au moyen de revendications comme l’ISF climatique, le droit de vote à seize ans, l’assurance chômage universelle, etc.

C’est un suicide politique. La situation historique se tend chaque jour avec une vigueur cruelle, angoissante, et le Parti socialiste s’imagine que rien n’a changé, qu’on est encore dans les années 1990-2000. Tout cela parce que les cadres socialistes sont hors-sol, corrompus, vivant au quotidien comme des bourgeois, car ils sont bourgeois.

Ce qui se profile ici, c’est un véritable déchirure politique en France, alors que plus aucun parti politique ne représente rien de connecté à la réalité. Quelque chose va se passer, la balance va commencer à pencher… lourdement.

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Politique

Jean-Luc Mélenchon sur la classe moyenne supérieure qui hésite

C’est un aperçu « sociologique » révélateur.

Jean-Luc Mélenchon a accordé une interview au Nouvel Obs à la fin octobre 2021, ce qui est un exercice risqué pour lui. Le Nouvel Obs, c’est en effet la « seconde gauche », c’est-à-dire l’alliance des radicaux de gauche, des banquiers de gauche, des intellectuels de gauche du quartier latin, de la gauche caviar du Parti socialiste.

Jean-Luc Mélenchon a été au Parti socialiste pendant quarante ans, il est issu de cette « seconde gauche », opposée à la Gauche historique au nom d’un capitalisme moderniste et social, voire carrément post-capitaliste (comme l’espéraient le PSU et la CFDT des années 1970). Mais il l’a quitté en prônant le populisme qui se veut transformateur et « utopiste ». Cela a provoqué un grand conflit mais en raison des élections présidentielle de 2022, Jean-Luc Mélenchon arrondit les angles.

Et, dans cette interview, il est un passage très intéressant sur la classe moyenne supérieure qui « hésite » justement. C’est même remarquable. En effet, la classe moyenne supérieure est ni plus ni moins qu’aux portes de la bourgeoisie socialement parlant et même il faut d’ailleurs plutôt ici parler de « bourgeoisie intellectuelle ».

C’est tout à flagrant d’ailleurs vu comment Jean-Luc Mélenchon en parle et en en parlant comme il le fait au Nouvel Obs, dont cette bourgeoisie intellectuelle est le public (les publicités pour les logements chics et les montres de luxe en font foi), il dit: attention ex-amis de la seconde gauche, nous avons le même public et nous risquons tous deux de tout perdre.

On notera, intellectuellement, la chose suivante. Tout d’abord, une classe ne peut pas flotter, si on prend le marxisme, et d’ailleurs il n’y a pas de « classe moyenne ». Ce serait anti-dialectique pour le marxisme d’avoir une troisième classe en plus des deux camps opposés. La « classe moyenne » est donc une couche sociale petite-bourgeoise qui oscille justement car elle n’est pas une classe. On remarquera au passage que les paysans ne sont pas une classe pour le marxisme non plus, qu’ils oscillent ainsi également.

Jean-Luc Mélenchon fait également référence à un ouvrage très célèbre à l’ultra-gauche dans les années 1960-1970, « Psychologie de masse du fascisme », dont l’auteur est un disciple dissident de Sigmund Freud, Wilhelm Reich. Il définit par contre de manière erronée ce que dit l’ouvrage, qui n’aborde pas tant la question du « déclassement » que du « refoulement » qui amènerait les gens à se comporter de manière volontaire comme des êtres soumis, serviles et pervers. C’est ce qu’on appelle du « freudo-marxisme ».

Mais l’idée de Jean-Luc Mélenchon est donc la suivante. Il existe une couche sociale intellectuelle favorisée en France, allant du cinéma aux hauts fonctionnaires en passant par les médias. Celle-ci a largement intégré le camp de la propriété de par son succès historique et par là même elle risque en ce moment, dans ce contexte, de basculer dans le camp des propriétaires historiquement nullement lié à la seconde gauche.

C’est le risque de tout perdre, avec une division de cette couche sociale entre ultra-modernistes cosmopolites à la EELV et conservateurs repliés de l’autre. Il y a d’ailleurs un article du Figaro au sujet de cette fracture, Les médias de gauche face à une fracture idéologique générationnelle.

On y lit entre autres que :

« Dans des rédactions comme L’Obs , Libération et Le Monde , engagées dans la protection des droits des minorités, une partie des journalistes pointent un fossé idéologique autour de sujets comme la laïcité, le genre ou l’école (…).

une partie des journalistes s’inquiètent du conflit latent entre le courant multiculturaliste et la notion d’universalisme républicain. Ce dernier incarnant une conception de la citoyenneté centrée sur l’individu en tant que membre de la collectivité nationale, indépendamment de toute communauté d’appartenance. «Au quotidien, on ne rit plus des mêmes choses, on ne s’indigne plus des mêmes choses», lance un journaliste de L’Obs (…).

Plusieurs plumes historiques du magazine redoutent aujourd’hui l’érosion de leur lectorat historique. Alors que dans le même temps, l’Obs peine à conquérir de nouveaux abonnés numériques (21.000 selon l’ACPM), dans la bataille qui oppose les grands sites d’information. »

Jean-Luc Mélenchon veut se présenter par conséquent comme celui qui peut maintenir la seconde gauche, en utilisant les couches populaires de manière « populiste » tout en intégrant une aile « post-moderne », permettant ainsi à la bourgeoisie intellectuelle de gauche, avec également ses banquiers, de maintenir ses positions alors que la Droite mène une gigantesque offensive, notamment avec Eric Zemmour.

Son projet, c’est celui des radicaux de gauche de la IIIe République et il va de soi que c’est totalement vain dans un capitalisme non pas seulement à bout de souffle, mais en crise, avec la guerre à l’horizon et des perturbations internes dans chaque pays toujours plus violente. Jean-Luc Mélenchon, de par sa position historique, ne peut tout simplement pas voir que le château de cartes capitaliste est en train de dégringoler.

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Olivier Faure au Conseil national du Parti socialiste: Éric Zemmour est un fasciste

L’explication est limpide.

La définition du fascisme donné par Olivier Faure est, grosso modo, celle d’Albert Camus bien plus que celle de la Gauche historique, mais elle converge tout de même avec elle. C’est une prise de position résolue et absolument nette, faisant la preuve que même réformiste et composé d’élus, le Parti socialiste porte en lui des choses positives, à l’opposé des populistes post-gauche de La France Insoumise et autres ultras.

Olivier Faure contribue ici positivement à poser le curseur, il indique une tendance politique par un apport en termes de position. Il souligne bien que l’actualité, ce sont les crises.

C’est de la politique et cela montre le sens politique du Parti socialiste (le discours parle même de lutter contre ceux « qui placent l’Etat au service du capital », s’appuie de manière fondamentale aux Francs-Tireurs Partisans Main d’Oeuvre Immigrée pourtant communiste, fait référence au roman Aden Arabie de Paul Nizan alors communiste où est dit le fameux « J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie »…).

Le Parti socialiste voit bien qu’il y a une barre à Gauche qui est nécessaire, qui est possible, qui a besoin d’être posé rationnellement pour se mettre en place. C’est bien qu’il porte quelque chose!

Voici la vidéo, puis le texte du discours, fait en clôture du Conseil national du Parti socialiste, avec en gras la partie particulièrement marquante.

« Chers camarades,

Nous venons aujourd’hui de clore notre congrès. Je vous remercie toutes et tous de votre implication pour mener à bien ce long processus qui s’achève avec la désignation de l’équipe de direction.

Sa vocation, son ambition, sont d’accompagner les prochains mois, les campagnes présidentielle et législatives et, au- delà, de continuer la renaissance de notre formation politique.

Dans quelques jours, nous désignerons celle ou celui qui nous représentera lors de la prochaine élection présidentielle.

Comme Pierre vient de le rappeler, nous avons, conformément au vote unanime du congrès, veillé à ce que chacun puisse communiquer la semaine prochaine en direction de l’ensemble des militants, par écrit sous la forme d’une profession de foi détaillée, et sous la forme d’un long échange vidéo.

Et à partir du 15 octobre au matin, dès que les résultats seront connus, nous entrons en campagne !

Dans la nuit, nous ferons partir à l’impression un premier tract de campagne et les premières affiches avec l’identité de celle ou celui que nous aurons élu·e.

Les camarades du Secrétariat national se mettront immédiatement en mouvement. En lien avec l’équipe de campagne du candidat, nous mettrons en place une équipe opérationnelle qui fera le lien avec l’ensemble des fédérations.

Dès réception des premiers outils de campagne, physiques et numériques, nous organiserons une première semaine de mobilisation. Sur les marchés, dans les gares, sous les préaux, nous montrerons que nous entrons dans le débat avec la ferme volonté de défendre des positions claires dans un moment de confusion.

Le 23 octobre, nous organiserons la convention d’investiture à Lille où nous serons accueillis par Martine Aubry et la fédération du Nord.

La période exige beaucoup de nous. Sans doute plus encore qu’au cours du demi-siècle passé.

Nous enchaînons les crises. Les Français en font l’expérience douloureuse sur le plan social, économique, démocratique, écologique, sanitaire.

Dans cette France qui se cherche un destin, la question identitaire est venue remplir un vide de sens et s’est imposée dans les médias.

Le polémiste Éric Zemmour est sur toutes les antennes. Et c’est par lui que je voudrais entamer mon propos. Non pas pour contribuer, à mon tour, à en faire le centre de toutes les attentions, mais pour dénoncer avec force la place qui lui est faite. Dans la compétition que se livrent les médias, la course à l’audience a remplacé le devoir d’informer, le buzz s’est substitué aux idées. Les jeux du cirque ont leur règle : sans outrance, pas d’existence.

Alors désormais, on fait salon avec monsieur Zemmour, on discute volontiers de ses saillies racistes comme s’il s’agissait d’opinions défendables puisqu’elles sont enveloppées dans la soie de l’érudition.

Alors je le dis, puisque personne ne le dit. Éric Zemmour est un fasciste.

Je sais qu’en prononçant ces mots, certains me répondront qu’il ne faut pas exagérer. Après tout, Zemmour n’a quand même pas proposé d’ouvrir des camps de concentration.

Ces réflexions font écho à ces phrases d’Umberto Eco prononcées à l’occasion du cinquantième anniversaire de la libération de l’Europe : « le fascisme est toujours autour de nous, parfois en civil. Ce serait tellement plus confortable si quelqu’un s’avançait sur la scène du monde pour dire : je veux rouvrir Auschwitz.

Hélas la vie n’est pas aussi simple. Le fascisme est susceptible de revenir sous les apparences les plus innocentes. Notre devoir est de le démasquer, de montrer du doigt chacune de ses nouvelles formes, chaque jour dans chaque partie du monde ».

S’il n’y eut qu’un seul nazisme, il est possible de jouer au fascisme de mille façons. Et c’est à ce travail de reconnaissance que nous invitait ce grand humaniste il y a déjà trente ans. Il fixait ainsi les caractéristiques du fascisme primitif :

– Le culte de la tradition : la vérité a été annoncée une fois pour toutes. On ne peut que continuer à interpréter son obscur message,

– Le refus du modernisme, c’est-à-dire le rejet de l’esprit de 1789, du siècle des Lumières, conçu comme le début de la dépravation,

– La suspicion envers le monde intellectuel,

– Le désaccord présenté comme une trahison,

– L’exacerbation de la peur de la différence,

– L’instrumentalisation des frustrations individuelles et l’appel aux classes moyennes épouvantées par la pression de groupes sociaux inférieurs,

– La nationalité comme privilège de gens à qui on signifie qu’ils sont assiégés,

– La dénonciation d’un complot qui vient de l’intérieur,

– La vie présentée comme une guerre permanente,

– Le culte de l’héroïsme étroitement lié à celui de la mort,

– Puisque la guerre permanente et l’héroïsme sont des jeux difficiles à jouer, le transfert de la volonté depuissance sur les questions sexuelles. Avec à la clé le mépris des femmes et la condamnation des mœurs non conformistes,

– Un leader, interprète du peuple et de la volonté commune, en lieu et place d’un parlement présenté comme corrompu.

Voilà la définition du fascisme.

Que nous manque-t-il pour comprendre ce qui s’installe sous nos yeux, au grand jour ?

Ses nouveaux admirateurs me rétorqueront que ces caractéristiques s’appliquent aussi bien à l’islamisme radical. Oui, l’islamisme radical est un fascisme. Mais on ne combat pas une forme de fascisme par une autre forme de fascisme !

On l’affronte avec les valeurs de ceux qui sont morts pour la France. Morts pour que l’on puisse continuer à vivre ensemble quelles que soient nos convictions religieuses ou civiques, nos origines, ou nos prénoms.

Il n’y a pas plus français que ces prénoms : Missak, Spartaco, Szlama, Celestino… Ils le sont par le sang versé. Ils étaient la France quand le maréchal Pétain collaborait dans la honte, livrait des juifs, hommes, femmes et enfants, français ou étrangers.

Alors je sais que d’autres vont lever les yeux au ciel et, bardés de leur impuissance, me diront : à quoi bon employer les grands mots, ressortir l’affiche rouge et les visages hirsutes du groupe Manouchian ? De toute façon, la dénonciation, ça ne marche plus.

Mais je ne suis pas venu vous parler de dénoncer, mais de combattre !
Et le combat, ça commence par mettre des mots sur des idées, sur des faits, « pour ne pas ajouter aux malheurs du monde » pour reprendre Camus.

Le combat, ça commence par le refus de la banalisation. Le refus de céder à ce que l’on croit être l’esprit du temps. Le refus de débattre poliment des propos d’un raciste récidiviste. Le refus de suivre une pente que l’on croit facile.

Oui, je sonne l’alerte.

Je sonne l’alerte parce que je ne veux pas que les plus jeunes puissent mettre un signe d’équivalence entre ce que nous disons et ce que disent les fascistes. Je ne veux pas que le travail de mémoire, l’éducation des générations après- guerre, tout ce travail pour que le pire ne soit plus notre avenir, soit réduit à néant.

Je sonne l’alerte parce que je vois la droite – canal historique – emboiter le pas de l’extrême droite.

Parce qu’elle est incapable de se distinguer d’Emmanuel Macron qui applique son programme économique et social, elle se lance dans une surenchère folle. Au lieu de bâtir des digues, elle n’ose déjà plus dire comme monsieur Jacob, qu’Éric Zemmour est raciste.

Madame Pécresse veut réviser la Constitution, monsieur Bertrand a pour priorité d’abaisser la majorité pénale, et même le placide monsieur Barnier en vient à contester les institutions européennes et à réclamer un « électrochoc de sécurité ».

Avant, on avait les « chocs », choc de simplification, choc de compétitivité, choc de confiance, etc. Visiblement, c’était trop peu.

Pas plus tard qu’hier, c’est le vice-président des mal nommés Républicains qui évoquait une « épuration ethnique » en cours dans les banlieues !

Voilà, je m’agace et m’indigne de voir cette droite qui se dit républicaine s’oublier par peur d’être siphonnée. Oui, la République est en danger quand ses défenses immunitaires faiblissent par lâcheté ou par calcul.

C’est à ce moment de la discussion que d’autres encore me diront, « tu as raison. L’heure est grave et le péril est grand. Il faut donc se protéger derrière un rempart. Et le seul rempart connu, c’est Emmanuel Macron ».

Mais non !

mmanuel Macron n’est pas un rempart, il est le pont-levis qui s’abaisse, année après année.

Oh ! je ne dis pas qu’il a décidé de faire entrer le loup dans la bergerie. Mais il a décidé depuis l’origine d’utiliser la peur du loup pour mieux maîtriser le troupeau. Au lieu de discuter des propositions alternatives que nous présentions, il a sans cesse cherché à valoriser l’affrontement avec les forces les plus extrêmes pour jouer le rôle du rempart.

Quel rempart contre l’obscurantisme, le nationalisme et le populisme est-il, lui qui a valorisé Bigard, Raoult, Villiers, Zemmour… ?

Tous ont eu droit aux attentions complices du chef de l’État. Mais ce n’est pas avec Bigard que l’on comprend le peuple, avec Raoult que l’on vainc la pandémie, avec Villiers que l’on évoque le destin de la France, et à Éric Zemmour que l’on demande une note sur l’immigration !

Il n’a cessé de donner des gages à la droite de la droite, en restreignant le droit d’asile, en refusant l’Aquarius, en produisant une loi sensée nous protéger du séparatisme, en passant de « la colonisation est un crime contre l’humanité » à un discours sur la « rente victimaire » des ex-colonisés.

La campagne ne fait que commencer et je suis déjà excédé.

Je n’en peux plus de ces débats rances. L’époque mérite tellement mieux que ça. Elle est formidablement enthousiasmante ! En tous cas, elle pourrait, elle devrait l’être.

Nous faisons face à des défis majeurs qui nous imposent de penser le monde qui vient.

Partout en France naissent des initiatives citoyennes, associatives. La solidarité se réinvente dans des tiers lieux. L’économie sociale et solidaire n’est plus regardée avec condescendance. Les nouvelles technologies réinventent nos manières de travailler. Le monde de l’entreprise lui-même s’interroge sur son modèle économique et, même si c’est trop lent, s’interroge sur son empreinte carbone.

L’agro-écologie, c’est-à-dire la conception de nos systèmes de production en s’appuyant sur les fonctionnalités de l’écosystème, gagne du terrain. Le monde de la culture ne s’est jamais autant démocratisé. Le rapport à la nature et au vivant fait évoluer notre conception de l’universel. Les tabous sur les violences sautent. Les victimes sortent du silence. Les femmes revendiquent leur place.

Et le débat politique devrait tourner autour d’un supposé « grand remplacement » des chrétiens par des musulmans fanatiques ? Sur la responsabilité de Vichy, débat déjà tranché par les historiens.

J’ai écouté hier la voix grave de Robert Badinter, s’interrogeant au soir de sa vie. Après avoir évoqué l’arrestation de sa grand-mère en novembre 1942 par la Milice française, il prononce ces mots « Ça me paraissait un orage emporté par les vents de l’Histoire, je n’en suis plus si sûr, aux jeunes générations d’y veiller ».

Nous ne laisserons pas Robert Badinter partir en ayant le sentiment que tout recommence. C’est à nous de veiller, de transmettre, et pour cela d’engager la France sur un projet qui fédère. La société française bouge. Elle veut du mouvement. Elle aspire à la justice.
Elle demande des comptes aux puissants.

Elle demande des comptes, y compris cette semaine à l’Église catholique. Quelques cas de viols sur mineurs, c’est une honte. Des centaines de milliers de cas, couverts par une hiérarchie soucieuse de sa réputation, cela relève du crime organisé. Aucune autorité n’est incontestable. Le silence n’est plus une option.

Oui, la société bouge.

Elle réclame l’égalité, à commencer par l’égalité entre les femmes et les hommes.

À cette génération #MeToo, je dis que nous voulons en finir avec l’omerta qui a trop longtemps couvert les violences faites aux femmes. Nous ferons tomber les tabous qui pèsent sur la prise en charge de leur santé, sur leur parentalité, sur leur sexualité. Parce que oui, le privé est politique.

Nous voulons augmenter le pouvoir d’achat des Français parce qu’il est temps de leur rendre la part qui leur revient. Mais je le dis aussi, nous commencerons par les Françaises, et dans le prochain quinquennat, l’objectif doit être l’égalité salariale entre les femmes et les hommes.

Ce sont ces femmes dont on a loué les vertus de premières de corvée qui en seront les premières bénéficiaires : caissières, femmes de ménage, aides soignantes, infirmières, aides à domicile. Sans oublier ces sages-femmes qui, hier encore, n’ont eu d’autre choix que de manifester pour être payées dignement pour l’exercice de l’un des plus beaux métiers du monde…

Ouvrons les yeux ! Une société qui dévalorise les métiers de l’attention aux autres et qui, « en même temps », tolère l’évasion fiscale, diminue l’imposition des plus riches quand tous les autres s’appauvrissent, est une société en sursis.

Cette semaine, la presse d’investigation a révélé le nouveau scandale des Pandora Papers. Après les « offshore Leaks, Luxleaks, Panama Papers, Paradise Papers »…

Et qu’apprend-t-on le lendemain ? Bruno Le Maire et les ministres des finances de l’Union européenne trouvent le moyen de réduire la liste noire des paradis fiscaux !

C’est la nausée. C’est ce que j’ai dit dans l’hémicycle et que je redis devant vous.

Chaque année, la France et l’Union européenne voient ainsi s’évader 20 % de leurs recettes au titre de l’impôt sur les sociétés. Ce que ne paient pas ces individus ou ces entreprises, ce sont tous les autres qui le paient ! Il est là le vrai ras- le-bol fiscal des Français !

La frontière entre fraude et optimisation fiscale agressive est bien mince. Toutes ces opérations ne sont pas illégales, mais elles sont immorales parce qu’elles laissent à tous les autres le soin de payer la contribution aux biens communs : hôpitaux, écoles, police, services publics…

Quand à la fraude s’ajoutent les cadeaux fiscaux sur l’ISF, la flat tax ou l’exit tax, pour ne citer que les plus célèbres, il y a de quoi bouillir.

Sur ce quinquennat, 220 milliards de cadeaux aux plus riches et d’aides aux plus grandes entreprises sans contreparties.

Les solutions existent. Nous les avons défendues. Elles ont été jusqu’ici systématiquement repoussées par le gouvernement. Nous les défendrons à nouveau dans cette élection présidentielle parce qu’il n’est pas de cohésion sociale sans justice fiscale.

Nous voulons la transition écologique. Cette transition n’est plus seulement un objectif, elle est devenue un impératif. Elle va supposer de changer nos façons de consommer, de nous déplacer, de nous loger.

Mais la transition écologique suppose aussi la justice sociale ! Sans la justice sociale, la transition n’aura pas lieu. Elle sera contestée sur les ronds-points et dans les rues.

Le prix de l’énergie augmente de façon vertigineuse. Cet hiver, il y a des familles qui vont devoir arbitrer entre se chauffer et manger. D’autres devront emprunter, non plus pour investir, mais simplement faire face à ces dépenses de la vie courante.

Le gouvernement a inventé le blocage des prix après la hausse, le parapluie après la pluie. Il concède un chèque de 100 euros quand l’augmentation représente, pour un couple avec deux enfants, 800 euros par an. Et ce chèque n’est accordé qu’aux foyers cumulant un revenu de moins de 1 800 euros par mois…

Trop peu et trop tard ! Par comparaison, le gouvernement espagnol de Pedro Sanchez a baissé de 50 % la TVA sur le gaz et l’électricité !

Les plus précaires dont le gouvernement se soucie si peu, ce sont encore ceux qui vont payer sa réforme de l’assurance chômage. Et parmi eux, d’abord les plus jeunes qui se verront priver de l’accès à l’indemnisation. Qu’il ne vienne pas ensuite nous dire que « 20 ans reste le plus bel âge de la vie ».

L’entrée dans l’âge adulte ne peut pas ressembler à un parcours du combattant, un bizutage cruel qui oblige à passer par les files des soupes populaires. C’est pourquoi nous portons l’idée d’un « minimum jeunesse ».

Ce débat sur l’assurance chômage n’est que la préfiguration d’un autre : qui va payer la facture du « quoi qu’il en coûte » ? Aujourd’hui, ce sont les chômeurs qui paient l’acompte. Demain, les retraités. Et ensuite tous les autres, les classes moyennes, les classes populaires qui règlent pour tous ceux que le gouvernement épargne.Ils sont là les débats de la présidentielle.

La justice, c’est la seule boussole possible. C’est la nôtre. Je pourrais multiplier les exemples hors de l’actualité immédiate, mais ce n’est pas le jour.

Vous l’avez compris, chers camarades, j’ai simplement hâte d’entrer en campagne. Hâte de rendre les coups. Hâte de démonter avec vous tous les discours déclinistes, défaitistes, fatalistes. Hâte de combattre les discours populistes, complotistes, nationalistes. Hâte de faire face aux néolibéraux, globalisés, qui placent l’État au service du capital, détruisent nos biens communs, refusent le partage équitable de la valeur ajoutée et ne respectent ni les hommes ni la nature.

Oui, j’ai hâte de parler aux côtés de notre candidate, ou candidat, de cette République sociale, écologique, féministe, démocratique à laquelle j’aspire. Hâte de dire avec vous toutes et tous, ce que les socialistes portent.

Tenez-vous prêts.
Le 14, tout commence.
Vive les socialistes, vive la gauche, vive la République et vive la France !

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Les pérégrinations beaufs du candidat PCF Fabien Roussel

La candidature de Fabien Roussel à la présidentielle 2022 sera très probablement anecdotique, tellement ce genre de personnage ringard et hors-sol n’intéresse pas grand monde. Il y a cependant que Fabien Roussel se présente avec l’étiquette « PCF » et que ce parti représente historiquement quelque chose d’immense en France, surtout pour le patrimoine de la Gauche et des classes populaires.

Alors, il est vraiment pénible de constater la décrépitude du PCF avec quelqu’un d’aussi lamentable que Fabien Roussel. Lors d’une conférence de presse, il a fait une pique anti-écolo d’une beauferie assumée qui en dit long sur sa perspective politique et sur ce qu’il représente politiquement.

Sa beauferie est d’autant plus assumée qu’il a ensuite appuyer dessus en relayant cela sur Twitter, cette poubelle du débat public (et par ailleurs d’un « militantisme » fictif ultra-gauchiste).

Voici la capture de son message :

On notera d’ailleurs que son message est mensonger, puisqu’il ne compte pas « libérer » les animaux d’élevage, mais simplement leur donner accès au « plein-air ». Peut-être s’imagine-t-il que la misère vécue par les animaux parqués dans les élevages est moins pénible avec quelques rayons de soleil ? En tous cas, pour ceux qui avaient des doutes, le slogan du PCF « l’humain d’abord » est maintenant très clair : il signifie « la nature et les animaux éventuellement après ». Le capitalisme appréciera.

En bon opportuniste, Fabien Roussel s’est ensuite imaginé pouvoir gagner un peu d’audience en répondant à Hugo Clément, figure médiatique du moment sur le thème des animaux. Cependant, soit il le fait exprès (et c’est grave), soit il ne comprend vraiment rien à rien (et c’est encore plus grave), car il met les pieds dans le plat et s’enfonce encore plus dans la beauferie :

On notera au passage, populisme beauf oblige, que Fabien Roussel a salué la mémoire du businessman mégalomane Bernard Tapie :

C’est vraiment lamentable, tant on sait à quel point Bernard Tapie représente le football moderne anti-populaire, le foot business faisant du spectacle anti-sportif, la tricherie, etc.

C’est lamentable et que dire de ce que ressent la base du PCF qui s’attendait à un Fabien Roussel assumant des fondamentaux et un certain retour aux sources. Là on a un beauf qui montre juste que le 21e siècle est trop compliqué pour lui…

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La « Jeune Garde » dans la revue Politis

C’est un tournant pour toute une mouvance.

La revue Politis, qui exprime un point de vue anti-libéral selon un point de vue gauche moderniste, a publié un numéro faisant la part belle au groupe « la Jeune Garde« . C’est là quelque chose de très intéressant, car c’est là une contribution assez importante à la liquidation de la Gauche historique.

La Jeune Garde, qui existe à Lyon, Paris et Strasbourg, est un mouvement qui se définit par l’antifascisme. Son nom est une référence indéniable à la chanson socialiste d’avant 1914 qui s’est prolongée chez les socialistes et les communistes par la suite, et jusqu’aux années 1990 dans différentes organisations d’extrême-Gauche. Le groupe utilise également le symbole des trois flèches qui fut employé par la social-démocratie allemande des années 1930 et autrichienne des années 1930 et 1950 (voire jusqu’à aujourd’hui).

C’est très paradoxal, car dans sa démarche, la Jeune Garde n’a rien à voir avec le mouvement ouvrier. En effet, on ne parle pas ici d’une structure en mode partidaire, sur une base idéologique avec une insistance sur la conscience du monde, mais d’une mouvance s’appuyant sur un style.

Ce style est celui des ultras du football, avec un mélange fumigènes – marques de mode appréciés dans les stades (comme Stone Island) – focalisation sur la police (en mode « ACAB ») – esprit de bande – photos de groupes sur les réseaux sociaux – coups de poing.

Les coups de poing se déroulent en l’occurrence contre l’extrême-Droite : le groupe est originaire de Lyon, une ville où l’extrême-Droite n’hésite pas à parader et à agresser, jusqu’au cutter à la barre de fer, comme encore tout récemment (voir ici et ).

Il faut bien saisir qu’on parle ici d’un mouvement de masse : il existe de nombreux groupes ayant le même style que la Jeune Garde, mêlant pour cette raison le style ultra au rap, à du militantisme anarchiste et syndicaliste, etc. Mentionnons notamment le Groupe Antifasciste de Lyon dont des activistes ont été arrêtées ces derniers jours, jusqu’à sur leur lieu de travail, pour des affrontements avec l’extrême-Droite lors d’une manifestation anti-pass (voir le communiqué du groupe ici).

Le symbole des trois flèches provient de la social-démocratie allemande, mais arrive sans doute ici par l’intermédiaire du RASH, un regroupement international anarchiste et communiste de skinheads antifascistes (sans rapport donc avec le symbole originel non plus)

Pour cette raison, il y a également dans toute cette mouvance des gens largement influencés par la Gauche historique et aborder même cette question n’a pas de sens pour les gens de cette mouvance, qui ont une approche spontanéiste, non idéologique ni partisane. Le principe est de combattre le racisme et les structures d’extrême-Droite, de se revendiquer des classes populaires, tout le reste semble très lointain pour la plupart.

Cela fait que, pour beaucoup de jeunes étudiants cherchant à rejoindre la « gauche radicale », la seule chose qui existe vraiment à leurs yeux est cette mouvance. D’où, forcément, l’intérêt qu’y voit Politis, d’autant plus que la Jeune Garde a passé un cap en parvenant à systématiser son approche, au point de disposer d’un porte-parole (ce qui est extrêmement courageux à Lyon de par les agressions d’extrême-Droite).

Du point de vue de la Gauche historique, il ne faut par contre pas s’attendre à quelque chose d’élaboré ; comme on le voit dans une interview dans la revue hipster Vice ou bien dans une interview au site La Horde, où l’on a on a cette définition suivante de l’antifascisme par le groupe parisien de la Jeune Garde:

« L’antifascisme c’est lutter contre les idées racistes, xénophobes, islamophobes, sexistes, antisémites, transphobes et homophobes »

Cette définition fera soupirer quiconque a ses racines dans la Gauche historique, pour qui le fascisme est une expression historique d’un capitalisme en crise cherchant des solutions par la guerre. Mais sans nul doute les gens de cette mouvance diront qu’ils n’ont rien contre cette définition et c’est bien là tous les avantages et les défauts d’une telle mouvance, ballottée dans les idées, influencée par l’extrême-Gauche comme par des théoriciens universitaires, suivant les modes activistes tout en cherchant une certaine loyauté populaire.

Cela étant, la valorisation par Politis fait passer un cap, car là on est dans le néo-réformisme assumé, on est dans une prétention à élaborer un nouveau discours « antifasciste », à remplacer ce qui a existé dans le passé car tout serait périmé, etc. C’est donc l’apogée pour cette mouvance, mais en même temps sa fin car toute ossification implique sa disparition comme « style » activiste.

Soit elle prolonge le tir et adopte un réformisme néo-anarchiste, totalement influencé par les valeurs libérales du post-modernisme, soit c’est le maintien d’une ligne du « coup de poing » et c’est l’écrasement, en raison du substitutisme et de l’aventurisme, par la combinaison de la répression étatique et des agressions d’extrême-Droite.

C’est le prix à payer quand on suit une ligne d’ultra-Gauche, qu’on rejette la Gauche historique et sa démarche programmatique-consciente.

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Ne jamais insulter l’avenir, en sachant de quoi il sera fait

Peu importe les illusions du moment, il faut envisager les choses sur le long terme.

Il y a historiquement deux gauches en France : une qui est électorale, carriériste, portée par des gens qui ont des valeurs mais qui sont ravis de s’insérer dans une vie bourgeoise tranquille, et une qui est syndicaliste, peu évoluée, prompt au simplisme et qui se complaît dans des discours d’autant plus contestataires qu’il ne se passe rien.

Il est temps de construire une nouvelle Gauche, qui s’inscrit vraiment dans la réalité, tout en conservant ses valeurs. Ce n’est évidemment pas facile, parce qu’il y a le risque de l’opportunisme d’un côté, de l’isolement « radical » de l’autre. Il faut être à la fois avec les gens et surtout pas avec eux, il faut avoir une vie normale et, en même temps, surtout pas une vie normale.

Il ne faut pas céder aux appels sucrés d’un plan de carrière, pas plus qu’il ne faut s’enfermer dans un petit milieu coupé de la réalité où les idées fonctionnent en cercle fermé.

C’est d’autant plus vrai que l’avenir appartient à la vraie Gauche, celle qui porte les valeurs historiques. Les raisons sont d’une double nature: d’abord, le capitalisme vit à crédit et il va chercher à faire payer ce crédit aux travailleurs. La crise sanitaire a coûté une fortune, coûte une fortune, coûtera une fortune au capitalisme. Le niveau de vie des travailleurs va baisser et là il y aura de moins en moins de marge de manœuvre pour le capitalisme à visage humain.

Ensuite, la marche à la guerre est inexorable. Il suffit de lire la presse pour entendre parler, de plus en plus, de tensions, d’escalade militaire, d’un affrontement sino-américain comme bataille pour la position dominante dans le monde. Et lorsque la guerre s’impose, plus rien n’est pareil, aucune pierre ne reste posée au même endroit.

Le sondage fait en ligne par Le Figaro fin septembre 2021 aborde directement la question de la guerre

Le paradoxe est que, pour être présent dans les futures terribles circonstances, il ne faut pas fermer certaines portes, il ne faut pas bloquer les perspectives permettant d’agir dans l’avenir. Du choix de ces portes dépendent les capacités optimales ou au contraires très faibles d’agir par la suite.

Prenons un exemple concret. Il était impératif d’appeler à voter Emmanuel Macron contre Marine Le Pen pour le second tour de la présidentielle en 2017. Pourquoi? Parce que c’est un marqueur essentiel, dont on aura besoin par la suite. C’est une manière de s’adapter à la prochaine configuration, où le fascisme ne sera pas seulement relativement là, mais absolument.

De la même manière, il faut regarder ce que fait la Gauche réformiste, d’ailleurs très affaiblie. Pourquoi, parce qu’elle sera encore là à moyen terme, alors que tous les mouvements post-gauche, populiste, comme par exemple La France Insoumise, ne le seront plus, ou ne seront de toutes façons pas crédible.

Le terme de crédibilité est essentiel, parce que c’est le concept qui décide de tout !

A quoi servirait en effet qu’il existe une situation de contestation générale, si la Gauche historique n’est pas crédible? Celui qui l’emporte est toujours celui qui possède le plus de crédibilité, parce qu’il transporte plus de force sociale, parce qu’il véhicule davantage de valeurs à même de répondre à la crise.

C’est pourquoi dans une situation de crise, le camp qui l’emporte, ce sont les réformistes ou l’extrême-Droite, ou bien la Gauche historique!

Alors il faut toujours savoir quelle porte il y a besoin de laisser ouverte, quelle porte est à fermer, et si on se trompe, on ne peut pas avancer, ou pas adéquatement… Et tout cela, bien entendu, ne peut pas se faire sans erreurs, incompréhensions, difficultés… Mais au bout, il y a vraiment le moyen de gagner, de faire vaincre la Gauche historique, à travers la crise, de battre les réformistes et l’extrême-Droite!

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Allemagne : 25% pour les sociaux-démocrates et triomphe du référendum berlinois pour exproprier les grands promoteurs

Un signal qui est fort.

Les élections du 26 septembre 2021 en Allemagne ont été particulièrement serrées, mais finalement les sociaux-démocrates l’ont emporté avec 25,7% des voix. Leur progression s’est faite notamment aux dépens du parti à sa gauche, Die Linke, juste en-dessous de 5% désormais, mais c’est un marqueur que, contrairement à la France, il existe une Gauche réelle et concrète en Allemagne.

D’ailleurs, Berlin a réalisé quelque chose de très fort, de très marquant. Un référendum a en effet eu lieu le même jour que les élections nationales, concernant pas moins que l’expropriation des grands promoteurs immobiliers. Il est le produit du rassemblement de 346 000 signatures permettant son organisation officielle.

La source du référendum est simple à comprendre. La chute du mur a fait de la ville de Berlin la capitale du jour au lendemain, la sortant de son statut de ville à part. Résultat, depuis 20 ans, elle connaît l’assaut des grands promoteurs immobiliers, qui ont investi plus qu’à Paris et à Londres réunis, les loyers grimpant en moyenne de 85 % en un peu plus de dix ans.

Cela joue particulièrement dans une ville où pratiquement 90% des gens sont locataires et où l’existence passée de très nombreux squats – une centaine dans les deux vagues historiques des années 1980-1990 (voir ici la carte) – implique une contestation puissante sur ce thème.

Le référendum – qui n’a pas d’implication légale et est juste une force de proposition – appelait à « socialiser » 240 000 logements en expropriant les grands promoteurs immobiliers que sont Deutsche Wohnen, Vonovia, Akelius, Covivio SE, DVI, Adler Group SA, TAG Immobilien AG, Pears Global Real Estate et d’autres.

Sont en fait concernées toutes les entreprises possédant plus de 3 000 logements. Vonovia compte d’ailleurs prendre le contrôle de Deutsche Wohnen, ce qui formerait un monstre capitaliste possédant plusieurs centaines de milliers de logements!

On attend d’ailleurs de disposer d’une liste de telles entreprises en France, cela serait plus qu’intéressant.

Et, donc, le référendum a été victorieux. Sur 2 447 600 inscrits, 1 835 115 ont voté (soit 74,98 %), avec 56,4 % de soutien à l’expropriation (et 39 % contre).

Dans l’esprit, le mouvement pour l’expropriation, qui a été très bien organisé comme on s’en doute, est une sorte de mélange de l’aile gauche des sociaux-démocrates (visant à remettre en cause la direction berlinoise par ailleurs contrôlant la mairie), de hippies alternatifs à l’allemande, de post-autonomes, bref de toute une scène berlinoise (dont la marque de vêtements Irie Daily est représentative).

Ce n’est pas pour rien qu’à Berlin, les 34 restaurants et cafétérias universitaires ne proposent que des plats végétariens ou vegans, en soutien aux animaux et au climat. Il y a une forte tradition d’implication et de confrontation.

Le thème de l’expropriation est ainsi ouvertement assumé et, comme on le voit, avec succès. Bien entendu cela n’a pas de conséquence directe et au final le vote n’amène rien de concret, tout comme d’ailleurs même l’expropriation impliquerait un rachat (pour autour de 30 milliards d’euros) et non une socialisation par la force, sans contrepartie, une réelle expropriation.

Mais tout de même, quel signal, quel marqueur de pour la Gauche! C’est du réformisme, mais un réformisme qui dit qu’il veut mettre les capitalistes au pas. C’est quelque chose !

Alors que nous, en France, on doit se contenter pour le thème du logement des story-telling de Paris, la ville grande-bourgeoise, où Ian Brossat, le délégué PCF au logement, parade sur les réseaux sociaux en présentant régulièrement quelques bienheureux choisis au compte-goutte…

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Le Parti Communiste d’Autriche fait 29% dans la seconde ville du pays

Il s’agit de la ville de Graz.

Le Parti Communiste d’Autriche a quatre particularités historiques bien à lui. Né en novembre 1918, il est ainsi le premier Parti Communiste fondé à la suite de la révolution d’Octobre. Par contre, il a paradoxalement toujours été pratiquement inexistant en Autriche, en raison du poids immense de la social-démocratie dont Vienne est historiquement le bastion et qui a toujours eu une ligne à la fois très à gauche et culturelle.

Pourtant, lors de l’accession de l’Autriche à l’indépendance du pays en 1955, il fait partie des quatre partis politiques signataires de la nouvelle constitution et il tient donc particulièrement à ce prestige. Cela doit à la présence soviétique, mais également au fait que dans les années 1930, les communistes autrichiens ont été les seuls sur le terrain politique à affirmer que l’Autriche était une nation distincte de l’Allemagne.

Enfin, c’est aussi un parti qui a été au cœur des magouilles avec les pays de l’Est durant les années 1960-1980, principalement la République Démocratique Allemande; il a ainsi alors été à la fois littéralement inexistant politiquement au niveau national avec quelques milliers d’adhérents et possesseur de centaines de millions d’euros.

Se maintenant avec difficulté après 1989, il a réussi le tour de force de s’imposer pas moins que dans la seconde ville d’Autriche, Graz, en Styrie. Cette ville d’un peu moins de 300 000 habitants est devenu son bastion, à force d’un travail local important l’amenant même, lors des élections municipales du 26 septembre 2021, à obtenir 29,11% des voix.

Il est vrai que même la tête de liste, Elke Kahr, a été particulièrement surprise d’un tel haut score, même si le Parti Communiste d’Autriche faisait en fait d’habitude déjà 20%. Il y a un vrai ancrage et un faisceau de valeurs rendant un ancrage culturel réel.

Cela reflète concrètement une tendance de fond en Autriche où, à l’opposé d’en France, tant les sociaux-démocrates que le Parti Communiste d’Autriche font un « retour aux fondamentaux » en parlant ouvertement des travailleurs, et surtout en s’adressant directement les gens au niveau de la vie quotidienne.

Au-delà de la question de l’idéologie, il y a une perspective de filiation avec le mouvement ouvrier qui est ouvertement assumé et possède surtout de solides traditions.

Le Parti Communiste d’Autriche à Graz pour ses cent ans, avec le drapeau rouge et le marteau et la faucille

Il faut cependant remarquer que ce qui est vrai pour la Gauche l’est également pour la Droite et l’extrême-Droite. Chaque force dispose de ses traditions, ses bastions ; ainsi les élections en Haute-Autriche le même jour était un triomphe pour la Droite (37,6%), alors que l’extrême-Droite perd un tiers mais reste massive (19,9%), avec également 18,6% pour les sociaux-démocrates, 12,2% pour les Verts, 6,2% pour un parti anti-vaccin et 4,2% pour des néo-libéraux (le Parti Communiste d’Autriche n’existant pas électoralement à part à Graz!).

Au Tyrol, le Parti Communiste d’Autriche n’est même pas en position de présenter une liste ; à Vienne il fait 2%. Comme le pays est qui plus est fédéral, avec une décentralisation administrative massive, cela forme littéralement autant de petits royaumes indépendants.

Il est en tout cas intéressant de voir que la « peur du rouge » n’existe pas chez les gens, tout est une question de travail mené. C’est particulièrement important comme exemple alors qu’Europe Ecologie Les Verts prône une ligne « citoyenniste » refusant tout marqueur à gauche.

Et cela montre aussi qu’il est tout à fait possible d’écraser l’extrême-Droite, s’il y a les bons leviers. La Gauche qui s’assume, c’est celle qui gagne, et inversement.

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L’importance de la manifestation antifasciste de Leipzig du 18 septembre 2021

Les antifascistes allemands ne se laissent pas distancer.

A rebours d’une ultra-gauche française ayant choisi de manifester avec les anti-pass, la gauche radicale allemande maintient des fondamentaux en termes de contenu. Il est vrai que la situation est différente puisqu’il y a eu en Allemagne un mouvement anti-mesures et anti-vax multipliant dès le début de la pandémie les initiatives, porté par l’extrême-Droite (comme en France par la suite), la scène antifasciste organisant des contre-rassemblements, par exemple à vélo.

Il y a également une extrême-Droite activiste bien plus virulente et c’est ce qui a amené la manifestation antifasciste du 18 septembre 2021, à Leipzig. A la suite de la chute du mur de Berlin, cette ville s’est ajouté à Berlin et Hambourg comme bastion de la gauche radicale. La manifestation s’est d’ailleurs terminé dans le quartier de Connewitz, bastion de ce qu’on peut appeler la scène post « autonome » allemande.

On trouve à l’origine de la manifestation l’extrême-agressivité policière contre la gauche radicale à Leipzig, avec même une « soko linx », commission spéciale pour la gauche (qui se dit « links » en allemand et s’écrit parfois de manière argotique « linx » à l’extrême-Gauche) multipliant les arrestations, perquisitions, surveillances, etc. Ces enquêteurs anti-gauche radicale sont directement liés à l’extrême-Droite, qui leur fournit même des dossiers sur des militants de la Gauche. Cela rend la situation particulièrement explosive à Leipzig, avec d’importantes confrontations de part et d’autre.

C’est dans ce cadre qu’a été arrêtée Lina, une étudiante accusée d’attaques violente contre des activistes d’extrême-Droite. La manifestation, dont voici la vidéo (on voit bien le cortège à partir de la 22e minute), était en solidarité avec elle. Elle a rassemblé 4 000 personnes.

L’initiative se déroule avant le procès de Lina et les élections parlementaires. La manifestation exige la dénazification des services de sécurité allemand, la dissolution de la commission spéciale de Leipzig et la liberté pour les antifascistes.

Les allusions au marteau dans le cortège font référence au nom qu’aurait eu le groupe auquel appartenait Lina (le « groupe au marteau »). Le groupe aurait utilisé cet outil pour agresser treize activistes d’extrême-Droite entre 2018 et 2020. Lina est considérée comme la dirigeante du groupe et est en prison depuis novembre 2020, trois autres personnes étant également accusées (mais pas emprisonnées en préventive). Tous sont considérés comme ayant formé un groupe criminel (l’équivalent français de l’association de malfaiteurs). La mère de Lina était présente à la manifestation et a pris la parole.

On peut remarquer aussi des blocs assez distincts lors de la manifestation ; cela tient à des options très différentes pour la ligne antifasciste, même si l’ensemble relève de la gauche radicale allemande formant une seule scène. On peut par exemple voir sur la fin les tenants d’une ligne « dure », se cachant avec des parapluies pour se masquer et dont la banderole annonce que le responsable de la commission spéciale va terminer dans le coffre d’une voiture (allusion au chef du patronat allemand et ex nazi Hanns Martin Schleyer terminant ainsi après son enlèvement par la RAF en 1977).

La manifestation se terminant dans le quartier de Connewitz a d’ailleurs culminé avec des barricades, la police intervenant alors très brutalement, ayant été resté à l’écart jusque-là, même si un hélicoptère survolait en permanence la manifestation.

La scène allemande étant conséquente en termes numérique et culturel, il y a évidemment toute une série de produits lifestyle qui sont réalisés en soutien et pour obtenir des fonds, avec le symbole du marteau (« hammer » en allemand qui s’emploie également pour signifier « génial »).

Les différences avec la France sont flagrantes. Tout d’abord le niveau de violence est bien plus élevé en Allemagne de la part de l’extrême-Droite et les institutions penchent clairement vers celle-ci. Le niveau de tension est élevé et la répression réelle, régulière. L’Etat allemand n’hésite pas à arrêter des « politiques » et à la présenter tel quel.

C’est tout à fait différent de la France où l’Etat pratique une « désescalade » symbolique permanente, comme à Nantes où l’ultra-gauche démolit le centre-ville à chaque grande manifestation sans aucune criminalisation ni arrestation.

Il est vrai que la Gauche radicale allemande forme un bloc à part, est ainsi relativement isolée socialement, propose du contenu « sécessionniste », alors que l’ultra-gauche française a un écho réel dans la société mais se limite à « suivre » de manière violemment anti-intellectuelle les protestations en s’imaginant son aile radicale.

Autrement dit, l’ultra-gauche française est petite-bourgeoise populiste et se limite à une approche relevant des ultras du football, alors que la gauche radicale allemande est petite-bourgeoise culturelle et a un patrimoine alternatif issu des autonomes.

L’antifascisme de l’ultra-gauche française est une escroquerie jouant sur les mots (antifascisme étant ici « anti-autoritaire » en mode libéral libertaire), l’antifascisme de la gauche radicale allemande réel, pour des raisons historiques évidemment.

Ce qui est plutôt rassurant en 2021 car cela montre que les antifascistes allemands sont là, qu’ils vont tenir dans la tourmente des prochaines années. Et qu’ils vont apporter des choses dont on pourra apprendre.