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Restructurations économiques

Brexit à la française : « Cinq plans pour reconstruire la souveraineté économique »

C’est un rapport de la commission des affaires économiques du Sénat.

Le 8 juillet 2022, le sénateur socialiste Franck Montaugé a été nommé par le président du Sénat au  Conseil Supérieur de l’Énergie, qui comme son nom l’indique est une interface entre l’Etat et le secteur de l’énergie. C’est tout à fait symbolique de comment le haut personnel institutionnel fonctionne toujours dans la convergence avec les orientations du capitalisme. En effet, Franck Montaugé avait deux jours auparavant rendu public un document de la commission des affaires économiques du Sénat dont il fait partie avec Amel Gacquerre et Sophie Primas.

Et ce document est littéralement un plan pour un Brexit à la française !

On ne doit pas s’étonner de la présence d’un sénateur socialiste, de sa participation à un tel projet. L’Etat est façonné par le capitalisme et il sert de grand accompagnateur aux tendances de fond. Comme le mouvement général est d’aller à la guerre, tout le monde suit.

D’ailleurs, si l’on prend ces trois principaux membres de la commission (la quarantaine d’autres sénateurs servant de support technique), on peut voir qu’en plus d’un socialiste, on a Sophie Primas qui relève de la Droite traditionnelle avec Les Républicains – elle est d’ailleurs élue dans les Yvelines, un bastion des cadres d’entreprise – et Amel Gacquerre, une centriste.

C’est l’union « Gauche » – Centre – Droite. Et le plus édifiant ici, c’est qu’Amel Gacquerre, qui relève des ultras-modernistes du capitalisme, est élue… dans le Pas-de-Calais. Le Pas-de-Calais, qui devrait être le bastion de la Gauche historique ! C’est dire le problème qu’on a avec des masses passives laissant de tels gens s’installer, se former, faire des propositions pour réimpulser le capitalisme…

On a là une faillite historique et on va le payer très cher.

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La renationalisation d’EDF par Emmanuel Macron

C’est le début du Brexit à la française.

La crise commencée en 2020 a tout chamboulé. Hier, on voulait se passer des énergies fossiles, désormais l’Union européenne considère que l’énergie atomique et le gaz sont écologiques. Hier, on voulait privatiser à tour de bras afin de contribuer à la mondialisation, désormais on se replie sur le capitalisme national pour être au taquet dans la bataille du repartage du monde.

Le 6 juillet 2022, le Premier ministre Élisabeth Borne, qui rappelons le ne dispose pas d’une majorité pour appliquer ses mesures, a annoncé la renationalisation d’EDF, qui appartient à l’État à 84% mais dispose d’une structure très compliquée, à quoi s’ajoutent 96 milliards de dettes, 12 réacteurs nucléaires arrêtés pour corrosion sur 56, etc.

Comme c’est toutefois un mastodonte de la production électrique mondiale, le capitalisme français se précipite pour le revaloriser… C’est le début du Brexit à la française. C’est le début d’un mouvement de repli national du capitalisme français, afin de disposer d’une base la plus solide possible pour faire face aux chocs des affrontements mondiaux.

Élisabeth Borne a d’ailleurs directement abordé cette question de la souveraineté :

« Nous devons assurer notre souveraineté face aux conséquences de la guerre et aux défis colossaux à venir. Nous devons prendre des décisions, que, sur ces bancs mêmes, d’autres ont pu prendre avant nous, dans une période de l’histoire où le pays devait aussi gagner la bataille de l’énergie et de la production. »

On voit déjà tous les nationalistes de gauche, PCF en tête, se précipiter pour saluer la mesure. Pas seulement eux d’ailleurs, car il s’agit de relancer le parc nucléaire français, ce qui va amener un engouement impérial à la française, une grande mobilisation pour un « renouveau » français. Le nationalisme est à l’ordre du jour, le nationalisme « impérial », à la BREXIT ou à l’opération spéciale russe, qui amène à revenir sur ses « fondamentaux » pour disposer de suffisamment de force de frappe dans la bataille pour le repartage du monde.

Vu comment également Europe Écologie Les Verts est désormais entièrement pro-OTAN, il n’y aura rien à attendre de ce côté là niveau anti-nucléaire. En fait, il n’y a même rien à attendre de personne : à moins que le prolétariat ne se ressaisisse, s’organise et assume la lutte de classes, toute les restructurations capitalistes vont passer comme une lettre à la poste.

La renationalisation annoncée d’EDF montre en tout cas bien qu’on a totalement changé d’époque. Emmanuel Macron le libéral qui renforce le rôle de l’État, et il aura l’appui de la CGT très clairement, cela en dit long sur la situation. Et cette tendance à « l’unité nationale » va se renforcer toujours plus. Comme au Royaume-Uni et en Russie, malheur à qui ne soutient pas les plans impériaux !

En ce sens, la renationalisation complète d’EDF est un pas vers la guerre. C’est l’annonce faite à la société qu’il va falloir être unifiée pour insérer le capitalisme français dans l’affrontement mondial. La France se lance elle aussi et il faut s’attendre à d’autres mesures de la même ampleur !

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Engie, EDF et TotalEnergies : « Le prix de l’énergie menace notre cohésion »

C’est un appel à restructurer.

L’appel du 26 juin dans le Journal du Dimanche est une initiative anti-populaire de la plus grande envergure. En apparence, c’est un appel à la sobriété solidaire de la part de Catherine MacGregor, directrice générale d’Engie, Jean-Bernard Lévy, président-directeur général d’EDF, et Patrick Pouyanné, président-directeur général de TotalEnergies.

En pratique, c’est un appel à restructurer pour écraser les masses qui vont devenir menaçantes. C’est un avertissement à la bourgeoisie : attention, nous voyons que les choses tournent mal ! Attention il faut prendre des mesures centralisées pour gérer la crise !

C’est une intervention directe, de la plus haute importance, des monopoles dans la vie politique française – et ce n’est qu’un début.

Depuis maintenant des mois, le système énergétique européen subit de fortes tensions et le système énergétique français n’est pas épargné. Les livraisons de gaz russe par pipeline ont fortement baissé pour certains pays, dont la France.

Bien qu’en augmentation, les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) sont aujourd’hui encore trop limitées pour compenser ces baisses. Le niveau d’alerte sur les stocks de gaz au niveau européen est dès lors élevé et des mesures de rationnement sont mises en place dans certains pays.

Les capacités de production électrique pilotable en Europe sont également en tension à la suite de choix nationaux ou pour des programmes de maintenance. Les conditions climatiques et la sécheresse viennent amputer la production hydraulique.

​La flambée des prix de l’énergie qui découle de ces difficultés menace notre cohésion sociale et politique et impacte trop lourdement le pouvoir d’achat des familles.

​C’est pourquoi nous lançons cet appel commun.

​Nous voulons contribuer à affronter ces échéances de court terme avec détermination, aux côtés des pouvoirs publics qui ont su, depuis le début de cette crise, prendre avec courage des mesures d’assouplissement qui vont dans le bon sens.

​Nous, énergéticiens, prenons nos responsabilités en agissant sur l’offre. Nous avons déjà mis en œuvre des actions de court terme pour répondre à cette urgence : la diversification des approvisionnements de gaz, le remplissage proactif des stockages, l’installation en cours d’une unité flottante de stockage et de regazéification (FSRU) dans le port du Havre pour accélérer les importations de GNL, la remise en fonction des installations “sous cocon”. Nos moyens humains et financiers sont mobilisés avec la plus grande détermination pour accroître l’offre.

Mais – plus que jamais – la meilleure énergie reste celle que nous ne consommons pas. Nous devons, collectivement, agir sur la demande en énergie en réduisant notre consommation pour nous redonner des marges de manœuvre. Nous en aurons besoin pour gérer les futures pointes de consommation et pour amortir les aléas techniques ou chocs géopolitiques que nous pourrions devoir affronter. Agir dès cet été nous permettra d’être mieux préparés pour aborder l’hiver prochain et notamment préserver nos réserves de gaz.

​Nous appelons donc à une prise de conscience et à une action collective et individuelle pour que chacun d’entre nous – chaque consommateur, chaque entreprise – change ses comportements et limite immédiatement ses consommations énergétiques, électriques, gazières et de produits pétroliers.

​Nous devons engager un grand programme d’efficacité énergétique et une chasse au gaspillage nationale. L’effort doit être immédiat, collectif et massif. Chaque geste compte. Et ne nous trompons pas : économiser l’énergie, c’est augmenter le pouvoir d’achat et c’est aussi réduire les émissions de gaz à effet de serre.

​Cet appel est une évidence pour nous, énergéticiens, qui avons à cœur de servir au mieux nos clients particuliers, entreprises ou collectivités. Pour accompagner nos concitoyens dans cette nécessaire sobriété d’exception, nous disposons d’outils, d’expertises, que nous entendons mobiliser pour atteindre cette sobriété dans la durée sans affecter significativement nos modes de vie.

​Nos objectifs de long terme en faveur de la neutralité carbone seront encore plus vite atteints par cette mobilisation. Nous poursuivons nos engagements et actions pour accélérer la transition énergétique. Elle n’est plus seulement un impératif face à l’urgence climatique, mais une réponse aux enjeux de souveraineté énergétique.

Elle nécessite des investissements massifs dans l’efficacité énergétique et dans toutes les sources d’énergie bas carbone, électriques et gazières. Et demande, dans un dialogue transparent, le soutien des populations, des élus qui les représentent et de l’administration qui applique la loi.

​Il faut également agir à l’échelle de l’Europe et être solidaires. Nos marchés sont interdépendants. Cette interconnexion européenne, électrique et gazière est plus fondamentale que jamais. Des investissements ciblés permettront de renforcer les équilibres entre pays et de pérenniser les solidarités entre pays, en particulier d’Europe centrale et orientale.

​Acteurs industriels responsables, nos trois groupes s’engagent à collaborer activement face à ces enjeux.

Nous proposons de mobiliser des ressources humaines, financières et technologiques considérables pour relever un défi qui engage notre mode de vie à court terme et notre futur à long terme. Cette collaboration sera pleinement efficace sous l’égide des services de l’État et avec l’aide des collectivités, des acteurs économiques et de nos concitoyens.

​Ainsi, nous travaillerons ensemble au service de la cohésion sociale et de la transition durable de notre pays. 

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Recul du PIB français au premier trimestre 2022

L’économie capitaliste française recule.

Nous rentrons dans une nouvelle période, celle de la restructuration économique, ou plus exactement des restructurations économiques. Car l’inflation de 5,2% pour la période mai 2021 – mai 2022 est l’expression d’un capitalisme en crise qui cherche à surmonter ses faiblesses aux dépens des prolétaires. Il faut faire payer la crise aux prolétaires. Et l’affaire devient urgente alors que la crise commencée avec la pandémie, désormais accentuée par la guerre Russie-Ukraine, prend une ampleur toujours plus grande.

Ainsi, au premier trimestre 2022, le PIB français a reculé de 0,2% et il est déjà considéré que le prochain trimestre sera également caractérisé par le recul. Autrement dit, on sait maintenant pourquoi il y a une ambiance de mort dans la société française depuis plusieurs semaines, comme le présentent de nombreux articles sur agauche.org (La société française vers le crash, « Surtout ne touchez à rien », etc.).

D’ailleurs, si agauche.org a depuis quelques semaines toujours plus de lecteurs (soit une croissance habituelle de plusieurs pour cents), le nombre de lecture d’articles a baissé de 50%. C’est très révélateur de comment les gens sont KO debout (y compris à gauche depuis la présidentielle).

Il n’est ici nul besoin de rechercher des causes précises à ce phénomène de recul du PIB. Car au sens strict, il ne devrait pas avoir lieu. Il est en effet considéré du côté capitaliste que la crise est finie, que la pandémie est terminée, que tout revient comme avant. C’est d’ailleurs ce que disent absolument tous les candidats aux législatives 2022, aucun ne disant : le capitalisme est en crise, il va fracasser les prolétaires au moyen de restructurations et nous précipiter dans la guerre. Tous disent qu’on est revenu au monde « d’avant ».

Les faits disent le contraire et la catastrophe monte chaque jour en puissance. Il commence à y avoir un rapport profond entre les mentalités et le cours de la crise. C’est précisément dans une telle période que les choses tournent très mal – ou très bien. L’instabilité gangrène toute la société, les repères s’effacent, les événements se précipitent.

Et là il est évident que la bourgeoisie française va regretter d’avoir remis Emmanuel Macron à la présidence. Il n’a plus le charisme d’avant, il est trop hautain, il persiste trop dans la « start up nation », il est trop facilement une cible à dénoncer.

Ce qu’on vit en ce moment est un grand basculement – ce qui reste à prouver, ce qu’on ne va pas trop tarder à savoir.

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Plan gouvernemental de « résilience » pour subventionner les entreprises

La collectivité va payer la crise, pour sauver le capitalisme.

La guerre en Ukraine a déclenché une nouvelle vague de tensions économiques. Le secteur de l’énergie, décisif, est directement impacté avec une envolé de certains prix, alors que ceux-ci ont déjà fortement augmenté depuis le début de la crise sanitaire en 2020.

Cette inflation des prix de l’énergie ne tombe pas du ciel. Elle n’est pas non-plus un plan machiavélique de la part de « spéculateurs » sur les marchés financiers. Non, c’est une application concrète et immédiate de la crise, qui touche de manière profonde et générale le capitalisme depuis 2020. C’est une crise dans la crise, un aspect particulier (et primordial), de la crise, sur le plan économique.

On pourra toujours chercher les aspects particuliers et précis qui expliquent tel ou tel prix, telle ou telle envolée. C’est important, ce serait toutefois perdre de vue l’essentiel. Ce qu’il faut comprendre surtout, c’est que le mode de production capitaliste est instable par nature, qu’il ne peut qu’aller de crises en crises, comme l’a montré de manière scientifique Karl Marx dans son fameux ouvrage Le Capital.

Face à ce constat, il y a deux réponses possibles. Soit une réponse ouvrière, consistant en le dépassement du capitalisme pour orienter l’économie de manière nouvelle, collective, démocratique, planifiée. Soit une réponse bourgeoise, qui consiste à vouloir sauver les meubles par la force, en restructurant le capitalisme au moyen d’une pression accrue sur la société.

C’est exactement ce qui est en train de se passer en ce moment, avec une nouvelle étape franchie en France au moyen d’un nouveau plan, cette fois nommé « plan de résilience » présenté par le gouvernement le 16 mars 2022.

Déjà, rien qu’avec le nom, on comprend la nature de la chose. La « résilience » est une métaphore pour exprimer l’idée de capacité à surmonter un choc ; en physique la résilience est la valeur caractérisant la résistance au choc d’un métal. La crise est là, et il va falloir y faire face par la force, pour sauver le capitalisme coûte que coûte.

En l’occurrence, pour l’instant, la « force » consiste en le fait de mettre de l’argent sur la table, beaucoup d’argent, énormément d’argent, pour les entreprises. Voici les principales mesures de ce nouveau plan :

  • aide spéciale pour les entreprises dont les dépenses en énergie (gaz, électricité) pèsent plus de 3% du chiffre d’affaires et avec une facture énergétique augmentée d’au moins 40% depuis le début de la guerre en Ukraine. Cela concerne beaucoup d’entreprises, et surtout beaucoup d’argent : le ministre de l’Économie Bruno Le Maire estime cette mesure à… 3 milliards d’euros.
  • prolongement et renforcement du PGE (prêt garantie par l’État) mis en place avec la crise sanitaire, ainsi que des mesures de report de charges.
  • aide financière exceptionnelle, équivalente à 35 centimes par litre de gazole de pêche pour les pêcheurs, 400 millions d’euros pour compenser les pertes dues à l’envolée du coût de l’alimentation animale pour les éleveurs et acompte de 25% du remboursement de la TICPE sur le gazole non routier pour tous les agriculteurs.
  • 15 centimes par litre de remise sur le prix de l’essence et du gaz naturel véhicule (GNV) pour les entreprises du transport.
  • aides spécifiques pour les entreprises exportant une partie de leur production à l’étranger.
  • mesures en faveurs des entreprises du bâtiment pour inclure les hausses de coûts non prévues dans les contrats initiaux.

En plus de cela, dans sa concurrence acharnée contre la Russie, l’État français lance un « appel à projet » pour subventionner jusqu’à la fin d’année les entreprises voulant couper les ponts avec la Russie.

Ce qui saute aux yeux, c’est évidemment que l’État n’a pas du tout cet argent. L’État français était très endetté et déficitaire avant la crise sanitaire. Il s’est encore plus endetté avec la crise sanitaire pour porter à bout de bras des pans entiers du capitalisme, en mettant de nombreuses entreprises sous perfusion. Et cela continue, l’État s’endette à nouveau drastiquement pour subventionner directement les entreprises.

C’est donc là le premier aspect de la restructuration du capitalisme dans le cadre de la crise : faire payer la crise à la collectivité au moyen de la dette publique.

Ce n’est là qu’une première étape, car l’argent magique n’existe pas, et il va bien falloir payer toutes ces subventions aux entreprises. Ce qui va se passer ensuite, et probablement très bientôt, est évident. La prochaine étape de la restructuration du capitalisme sera une accentuation drastique de la pression sur le travail, pour faire payer la crise aux travailleurs et non pas aux entreprises.

Baisse des salaires qui ne suivent pas l’inflation, moins bons remboursements de sécurité sociale, moins bonne assurance chômage, recul du droit à la retraite, augmentation du temps de travail et intensification du travail lui-même, effondrement des services publics et des dépenses sociales-culturelles : telle est l’actualité, qui va se renforcer drastiquement dans la période qui s’ouvre.

C’est ni plus ni moins que la lutte des classes, qui va redevenir la grande actualité de la société française.

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«France 2030» : le projet de restructuration capitaliste d’Emmanuel Macron

C’est un projet présidentiel.

Le président Emmanuel Macron a présenté mardi 12 octobre un grand plan d’investissement intitulé « France 2030 ». C’est sa version de la restructuration capitaliste, et cela constituera la base de son programme électoral pour 2022.

La restructuration capitaliste est une actualité incontournable, tous les candidats à présidentielle 2022 vont devoir s’y coller : la question sera de savoir quelle sera leur proposition, leur vision.

En l’occurrence, Emmanuel Macron compte entraîner tous le pays dans une sorte de grande machinerie techno-innovante, qui serait censée sauver le capitalisme français de la concurrence mondiale. Il est ici très clairement fait appel aux fameux état d’esprit ingénieux à la française (en tous cas tel que les français se l’imaginent), pour concurrencer les grandes puissances (même l’Allemagne) en se voulant plus « malins » que les autres.

So French !

C’est la grosse artillerie qui est sortie :

Investir 1 milliard d’euros dans le nucléaire

Devenir le leader de l’hydrogène vert en 2030

Accélérer la décarbonation de l’industrie

Produire 2 millions de véhicules électriques et hybrides

Produire à l’horizon 2030 le premier avion bas carbone

Accélérer la robotisation et la numérisation de l’agriculture

Avoir 20 bio-médicaments contre le cancer et créer les dispositifs médicaux de demain

Remettre la France « en tête de la protection des contenus culturels et créatifs »

Réinvestir la conquête spatiale

Explorer les fonds marins

«Près de 6 milliards d’euros» d’investissements dans les composants électroniques »

Ce qui saute au yeux bien sûr est que la moindre goutte de prétention écologique est jetée à la poubelle ; c’est soit la planète, soit la restructuration du capitalisme et c’est bien entendu le capitalisme qui est choisi.

La France, avec Emmanuel Macron, doit donc s’attendre à toujours plus de déchets nucléaires. Il est aussi envisager d’aller encore plus loin pour racler de sol des grands fonds marins afin de trouver des « métaux rares » et n’importe quelles autres choses à piller pour servir le capitalisme français.

Et cela est assumé de manière très claire :

« Qui peut accepter que nous laissions dans l’inconnue la plus complète une part si importante du globe »

C’est l’expansion capitaliste à tout prix !

C’est la même chose pour l’espace, la France d’Emmanuel Macron compte bien participer de plus bel à la pollution de l’espace (véritable fléau très documenté) avec tout un développement de mini-lanceurs réutilisables ou de micro-satellites, pour «prendre part à l’aventure spatiale».

On notera d’ailleurs un cynisme particulièrement machiavélique à propos de la question écologique. La France appuie régulièrement sur la question des émission de gaz à effet de serre : elle entend se servir de cette aspect pour avoir un avantage concurrentiel par rapport aux puissances concurrente. Notamment en raison du nucléaire, et c’est ici directement le concurrent allemand qui est visé.

C’est là, au fond, toute l’essence du plan « France 2030 » : face à l’industrie « lourde » et aux gros moyens classique du capitalisme allemand, Emmanuel Macron entends jouer la carte de l’ultra-technique.

Au passage, on comprend très bien que le corollaire est que les ouvriers sont censés se plier aux exigences des « ingénieurs », pour relancer l’économie, en fait la restructuration du capitalisme. Les autres qui ne rentrent pas dans les plans… seront passés par pertes et profits.

Et tout cela va coûter beaucoup d’argent, énormément d’argent : 30 milliards d’euros sont déjà annoncés. Dans un capitalisme déjà à crédit, c’est un gros risque. Une partie des classes dominantes préférera ne pas le prendre et aller directement au conflit, avec la guerre plutôt que la restructuration.

Même si historiquement, on aura les deux si la table n’est pas renversée.

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Les restructurations vont se multiplier

La vraie Gauche doit s’y opposer frontalement.

Le 7 octobre, relate Révolution permanente, le Ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance Bruno Le Maire a choyé les entrepreneurs dans leur rôle dans la crise sanitaire et il a exprimé un grand optimisme :

« Nous avons mis en place tous les instruments nécessaires pour protéger les entrepreneurs français. La France va sortir plus forte de cette crise économique. »

Pourtant, comme le relate l’édition d’Octobre 2021 de la revue pdf Crise, la France n’a pas encore récupéré son niveau économique d’avant-crise. C’est espéré pour la toute fin d’année, et on voit mal comment le capitalisme français va sortir plus fort alors qu’il a reculé pendant une longue période, que le développement s’est enrayé en conséquence, tout en se retrouvant qui plus est avec des dettes littéralement colossales.

La raison de cet optimisme est cependant tout simple : les travailleurs ont continué de dormir, leur niveau de conscience est toujours lamentable. On en est au point où Yves Veyrier, le dirigeant de la CGT-Force Ouvrière, est obligé de se réjouir que le 5 octobre 2021, pour la mobilisation des fonctionnaires, il y a eu :

« plus de deux cents manifestations et, à chaque fois, les adhérents et drapeaux FO étaient là, même quand il a fallu affronter la pluie ».

Affronter la pluie est une gageure, alors affronter les capitalistes, n’en parlons même pas… Surtout qu’on parle en plus de fonctionnaires, ayant un emploi très largement assuré. Le confort petit-bourgeois, même s’il n’est parfois pas si confortable, envoûte les gens.

Reste qu’il y a une seconde étape qui s’ouvre désormais en conséquence : les restructurations. Puisque les travailleurs sont endormis, il y a d’autant plus d’espace pour leur faire payer les pots cassés. Les restructurations vont se multiplier, accélérant les situations de monopoles.

Elles ont lieu partout, avec plus ou moins de réactions des travailleurs. Il y a en ce moment une grève à Albertville (qui en appelle à la direction !) contre une restructuration à la Poste, il y a un plan de restructuration de trois ans chez Renault pour 2022-2024, il y a toute une série sans précédent d’acquisitions dans l’habillement et les chaussures (comme le rachat de Go Sport, de GAP et de 511 magasins Camaïeu par la Financière Immobilière Bordelaise)…

Et cela va être le grand thème de la prochaine présidentielle. Chaque candidat va représenter une forme de restructuration différente. Et il ne faut pas ici sous-estimer le candidat du PCF, Fabien Roussel, car même s’il y a des tensions PCF-CGT, leur ligne est exactement la même, comme en témoigne cette position de la CGT en octobre 2021 expliquant qu’il faut « développer l’industrie » :

« Le progrès social et l’intérêt général doivent guider l’État dans la planification d’un développement industriel qui vise à satisfaire les besoins de la population. Des investissements massifs, publics comme privés, doivent être affectés au développement des capacités productives.

Marie-Claire Cailletaud, co-responsable des questions industrielles au sein de la Confédération, rappelait que « les salariés sont les mieux placés pour dire ce qu’ils peuvent produire et comment ils peuvent le produire ». »

Ce discours est celui du PCF depuis les années 1970, avec le remplacement de la « dictature du prolétariat » par « l’autogestion » permise par la soumission du « capitalisme monopoliste d’État » grâce à des élections et des mobilisations populaires victorieuses. La CGT est l’expression de cette ligne, à moins que cela soit l’inverse et que le PCF soit le bras politique de la CGT, mais cela ne change rien au fond ici.

Ce qui compte, c’est de voir quelle est la position de la Gauche qui est nécessaire. Faut-il proposer une meilleure restructuration, une autre restructuration, pas de restructuration ou bien s’opposer frontalement aux restructurations, car le capitalisme a fait son temps?

Là est la question de fond, celle qui change tout. Parce que soit on aide le capitalisme, soit on ne l’aide pas, soit on cherche à le bousculer, soit on cherche à le faire tomber. Et dans une situation de crise cela se polarise vite en une alternative avec/contre le capitalisme.

Il faut donc suivre les restructurations qui se développent, les interpréter correctement et voir les positions des uns et des autres, qui révéleront dans quel camp ils seront, celui des capitalistes ou celui des travailleurs.