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Inceste: la vidéo « Deux cauchemars dans mon histoire »

Alors que ces derniers jours des témoignages de personnes ayant subit des violences incestueuses ont afflué sur les réseaux sociaux sous le hashtag #MeTooInceste, l’association Face à l’Inceste accélère sa mobilisation pour y apporter une réponse juridique.

Le viol est quelque chose qui détruit profondément et durablement la personne attaquée, c’est d’autant plus traumatisant lorsque cette intrusion intime se produit à un âge où l’on ne conçoit pas ou que très vaguement la sexualité. Ces phénomènes traumatiques peuvent aller de la dissociation à une sorte d’amnésie.

C’est ce que la psychiatre française Muriel Salmona met en lumière dans ses travaux, et tente de faire reconnaître depuis des années aux côtés des victimes de pédophilie et d’inceste avec son association Mémoire traumatique et victimologie.

C’est cette « perte de mémoire » qui pousse ces associations à demander l’imprescriptibilité de ces crimes.

Avec cette vidéo, l’association Face à l’Inceste souhaite sensibiliser à la nécessité d’établir un âge de présomption de non-consentement. Car à l’heure actuelle on peut considérer que si l’enfant ne dit pas non, ne se débat pas, à 6 ans, à 9 ans, à 13 ans, à 15 ans… C’est qu’il est consentant, que c’est une forme d’amour, comme ont pu le défendre l’ignoble « gauche » libérale libertaire sauce Libération des années 1970. Cette notion du consentement est déjà parfois compliquée à établir dans des cas concernant les adultes, alors chez l’enfant la notion est d’autant plus inappropriée.

Selon les mots de l’association :

« La campagne a pour objectif d’inviter les Français à signer une pétition pour changer la loi. En se plaçant à hauteur d’enfant, le film entièrement réalisé en animation soulève la violence de la question du consentement et fait prendre conscience au spectateur combien le cadre légal peut entretenir le cauchemar physique et psychologique que vivent les enfants. »

Voici la vidéo et en dessous, le texte de la pétition.

« Aucun(e) mineur(e) ne saurait consentir à une relation sexuelle incestueuse. Il est temps de changer la loi pour qu’elle prenne en compte les spécificités de l’inceste et qu’elle protège tous les enfants contre la pédocriminalité.

10% des Français soit 6,7 millions de personnes ont subi l’inceste selon un sondage Ipsos du 5/11/2020 pour l’association « Face à l’Inceste ». L’inceste représente les trois quarts des violences sexuelles sur mineurs et pourtant le mot « inceste » reste tabou, ce qui empêche la France d’adopter une véritable politique de prévention afin de protéger les enfants de ce fléau de santé publique.

Dans la loi française, un enfant qui porte plainte pour un viol ou une agression sexuelle de nature incestueuse doit prouver que l’acte a été commis avec menace, violence, contrainte ou surprise, autrement dit qu’il n’était pas « consentant ».Pour un enfant survivant de violences sexuelles et qui a déjà le courage de dénoncer ce qu’il subit, s’entendre poser la question de son « consentement » par les autorités judiciaires est d’une violence extrême. Cela sonne comme une remise en question de sa parole, ou pire, cette question induit qu’il est responsable de la situation, qu’il a bien cherché ce qui lui est arrivé.

Ainsi, au cauchemar de l’agression sexuelle succède le cauchemar de se voir poser cette question de son « consentement » impossible à l’inceste. Les agresseurs ont tout intérêt à plaider le « consentement » de l’enfant car cela permet de requalifier le viol en « atteinte sexuelle sur mineur » en minimisant les peines encourues de 20 ans à 10 ans. La structure du Code Pénal encourage cela. Le procès de l’agresseur devient donc celui de l’enfant victime !

Malgré les promesses faites par le gouvernement lors du vote de la « Loi Schiappa » sur les violences sexuelles du 3 août 2018, un enfant de tout âge peut encore être considéré comme consentant. Ainsi le tribunal de St Malo, en septembre 2019, a condamné un père incestueux pour « atteinte sexuelle » sur sa fille de 4 ans ! La peine prononcée (8 mois avec sursis, 1€ de dommages et intérêts) montre à quel point certains juges minimisent la gravité du crime d’inceste et de ses conséquences.

Le 12 novembre 2020, la Cour d’Appel de Versailles a redit qu’une fille de 13 ans pouvait être jugée « consentante » en requalifiant les plaintes pour viol en réunion contre 20 pompiers de Paris en « atteinte sexuelle sur mineur » pour 3 d’entre eux (les 17 autres ne sont même pas poursuivis !).

Par ailleurs, la prescription pénale, véritable passeport pour le viol d’enfant, demeure un obstacle aux poursuites notamment dans le cas des agresseurs en série qui multiplient les victimes pendant des décennies. À cause de la prescription, empêchant toute poursuite au-delà d’un certain temps, les victimes dites “prescrites” ont le statut de simple « témoin » au procès de leur agresseur, ce qui est injuste et absurde. Il faut que toutes les victimes soient traitées à égalité.    

Ce que nous demandons :

1. Tout acte sexuel incestueux commis sur un(e) mineur(e) doit être qualifié de crime incestueux et puni par la loi sans qu’un hypothétique « consentement » de la victime ne soit examiné.

2. Tout acte sexuel non incestueux commis sur un(e) mineur(e) de moins de 15 ans doit être qualifié d’infraction pédocriminelle sans que le critère additionnel de « menace, surprise, contrainte ou violence » soit nécessaire.

3. Les crimes sexuels sur mineur(e)s doivent être imprescriptibles. »

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Les Inrockuptibles mentent au sujet de la free party du nouvel an et d’un possible cluster

Le média bobo Les Inrockuptibles tente de dédouaner les gens ayant participé à la free party antisociale du nouvel an.

Les Inrockuptibles, c’est un magazine et un site internet qui appartient à la galaxie bobo possédée par Matthieu Pigasse (Radio Nova, des parts dans le groupe Le Monde et dans le Huffington Post, le festival Rock en Seine etc.), une figure historique de la banque Lazard, qui est une plaque tournante de banquiers de « gauche ».

Ce sont des ennemis acharnés de la gauche historique, des tenants absolus des questions « sociétales », des valeurs postmodernes. Ce sont des gens tellement caricaturaux que dès qu’ils disent quelque chose, l’extrême-Droite gagne des points.

Le court article paru le 20 janvier 2021 sur la fameuse free party anti-sociale du nouvel an en Bretagne est un exemple ô combien significatif.

« Aucun cluster déclaré après la rave party du Nouvel An en Bretagne

20/01/21 17h02

À Lieuron, en Île-et-Vilaine, la fête avait réuni 2500 personnes pour célébrer la nouvelle année.

Avec plus de 2000 invité·es pour 36 heures non-stop de teuf, le rassemblement techno illégal a fait polémique à l’aube de 2021. D’emblée, l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Bretagne avait invité tou·tes les pariticipant·es à suivre les recommandations sanitaires. Sur Franceinfo le 4 janvier, l’ARS se disait sceptique quant au respect de ces recommandations mais confirmait, au même moment, qu’il n’y avait – pour l’instant – aucun cas positif. Deux semaines plus tard, elle affirme au Parisien qu’ “aucun cluster lié à cet événement n’a été identifié”.

Selon L’Obs, une perquisition avait permis de saisir de l’argent, des stupéfiants et du matériel, notamment de la sono et un véhicule lourd. De son côté, Trax confirme que, parmi les organisateurs interpellés après la fête, un jeune homme de 22 ans est toujours incarcéré. Il a été mis en examen pour organisation illicite de cette manifestation, mise en danger de la vie d’autrui ou encore tenue illicite d’un débit de boissons. »

C’est là une tentative de manipulation complète de l’opinion. On voit bien que les comportements anti-sociaux sont ici protégés, afin de servir la vision du monde libérale-libertaire. Car naturellement, l’article ne mentionne pas un aspect essentiel : savoir combien de gens ont été testés sur les 2500 présents !

C’est que naturellement, les « inrocks » ne vont pas s’empresser de soulever le fait que non seulement les 2500 « teufeurs » ont un comportement antisocial, mais qu’en plus ils persistent après en ne se faisant pas massivement tester…

Le journal Le Télégramme donne l’information manquante. 400 personnes ont choisi de se faire tester sur la demande de l’Agence Régionale de Santé de Bretagne, dont seulement 40 juste après la rave party. Au total, on a donc seulement 16 % des gens qui se sont fait tester.

On peut considérer qu’une partie des gens aurait voulu se faire tester, mais sans être associé à une free party illégale, et qu’ils se sont fait tester de leur côté. Mais enfin ces gens ne forment certainement pas les 84 % restants.

Et la question n’est pas là, de toutes façons. La question est de savoir ce qui prime : les individus avec leurs intérêts égoïstes ou la société. Pour les « inrocks », pour les bobos, pour les banquiers de « gauche », il va de soi que c’est l’individu. Pour des gens comme Matthieu Pigasse et même malheureusement Benoît Hamon, être de gauche c’est renforcer les droits individuels.

La dimension collective leur échappe totalement. Ils ont été corrompus par le capitalisme, ils l’acceptent, cherchant simplement à en former une version « sociale » – ce qui veut simplement dire aider le capitalisme à trouver de nouveaux marchés.

Il suffit de voir d’ailleurs les commentaires sur la publication Facebook des « inrocks » concernant l’article. Entre l’apologie des drogues et le relativisme, tout y passe (avec heureusement des esprits clairs également). Ce commentaire-ci est tout à fait exemplaire de la personne n’ayant strictement rien compris à la question collective… ou plutôt l’ayant trop compris la réfutant : on est jeune, on en meurt pas, donc on s’en moque et de toutes façons rien n’est de notre responsabilité.

« les hôpitaux surchargés (potentiellement hein) , c’est la faute des teufeurs aussi donc ? ou la faute des gouvernements successifs qui ont fermés vla les lits en réa et niqué le service hospitalier ? tu te trompe de cible je crois …

les clusters réels en maison de retraite on en parle ? c est papy et mamie qui font la Java obligé ^^

bref ces quelques jeunes ont eu 1 nuit de plaisir .1 seule . c est pas ils abusent ouvertement tous les week-end. donc soit indulgent stp …

et je parle pas du taux de letalité , ni de la tranche d age la plus touchée, etc etc

paix et compassion cependant »

Ce libéralisme libertaire est non seulement anti-social, mais il est en plus d’une vanité à peine croyable. Des gens prennent de la kétamine et des ecstas fournis par des mafias et ils s’imaginent des grands rebelles anti-État, alors qu’ils sont le pur produit de l’atomisation du capitalisme.

Ce que l’État accepte tout à fait, d’ailleurs. Il y a eu, à la suite de cette free party que l’État n’a fait qu’accompagner seulement, 1 225 infractions covid (masques-rassemblement-couvre feu) et 420 infractions diverses dont 225 en lien avec les stupéfiants. Cela fait qu’il y a 1225 personnes dont on ne sait qui elles sont.

L’État force-t-il ces gens à se tester ? Pas du tout ! Il les laisse dans la nature. N’ont été testés que ceux qui le voulaient, car dans le capitalisme tout est choix individuel et l’État ne va surtout pas affirmer le collectivisme, alors qu’il est au service du capitalisme.

C’est très exactement pourquoi on ne s’en sort pas. Et cela montre ce qu’il faut : un État au service du collectivisme et un changement culturel des gens, pour qu’ils s’arrachent au libéralisme libertaire, au relativisme, à l’individualisme, à l’égoïsme.

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Masque FFP2 : après la Bavière et l’Autriche, la France devra bien suivre

L’État français suivra-t-il les exemples bavarois et autrichien sur les masques FFP2 ? Il doit bien. Mais en a-t-il seulement les moyens ?

Emmanuel Macron et Jean Castex ont dû être horrifiés et ils se disent forcément qu’ils vivent un cauchemar. Les Français sont déjà ingérables, mais alors là…

La Bavière et l’Autriche ont décidé que dans les transports publics et dans les lieux où l’on fait les courses pendant le confinement, il faudra que les gens portent des masques de type FFP2, qui filtrent au moins 92 % des particules dans l’air. C’est un tournant intéressant, car l’Autriche sert de laboratoire aux décisions allemandes et on sait que ces pays gèrent bien mieux la pandémie que la France.

En clair, la Bavière a ouvert la voie, l’Autriche a décidé de faire de même le 17 janvier 2021 et il faut s’attendre à ce que l’Allemagne entière suive, en profitant des acquis sur le plan de l’expérience. Cela montre déjà qu’il n’y a pas une croyance absolue en les vaccins. Il a été compris que les vaccins ne permettraient pas une réussite complète avant la fin de l’année. De plus, il y a les mutations qui font qu’on va – il faut bien le dire – vers l’idée d’une sorte d’accompagnement permanent de la pandémie. Jamais un État ne déciderait un tel saut, avec les magasins devant vendre les masques FFP2 à prix coûtant, si ce n’était pour l’instaurer dans la durée.

Il faut bien cerner la dimension de la question. Le masque FFP2 est désagréable à porter. C’est grosso modo un masque chirurgical du type FFP1 mais bien plus rigide, qui tient mieux : on le reconnaît facilement à ce qu’il est plus bombé que les masques FFP1 ou ceux en tissu. Psychologiquement, sa relative rigidité interpelle, son serrage aussi. Ce n’est pas quelque chose qui est posé, mais vraiment quelque chose qui s’impose comme une sorte de prolongement de soi.

On s’y habitue évidemment et il faut ce qu’il faut. Mais pour une société qui est rétive, c’est difficile à adopter. On voit déjà que les gens en France n’achètent pas de jolis masques en tissus, car ils ne veulent pas admettre que la pandémie est installée. Il suffit de voir les Parisiens si « chics » avec des masques chirurgicaux ne ressemblant à rien pour deviner cette psychologie. Alors assumer un masque de qualité en en prenant soin, en le changeant chaque jour, etc., cela apparaît comme impossible vu comme cela.

Car il faut en prendre soin. Le masque de type FFP2 ne peut d’ailleurs être produit qu’industriellement et il n’est pas lavable ; on ne peut le remettre qu’au bout d’une semaine d’attente et encore n’est-ce pas idéal, car il est fait pour être à usage unique normalement. On peut donc faire la manœuvre cinq fois, après il faut le jeter. Au lieu d’attendre une semaine, on peut également le placer sous une chaleur entre 80 et 100°C, après une journée d’attente. On ne peut en tout cas pas le laver ni à la main ni en machine, car il se détériorerait.

Bref, cela demande une certaine intendance, ce n’est pas un bout de chiffon qu’on se place sur la bouche. Cela demande une certaine attention, des précautions pour ne pas l’abîmer. Les gens sont-ils prêts pour cela ? On imagine les sueurs froides du gouvernement français. Il soufre déjà pour chercher à faire passer le prochain confinement. Alors si en plus il doit imposer le port des masques FFP2 ! Et il faut les trouver, il faut q’ils soient distribués, il faut que les Français les achètent, chacun coûtant quelques euros…

Le gouvernement sait qu’il a déjà l’extrême-Droite contre lui. Il a vu avec les manifestations du samedi 16 janvier 2021 que la petite-bourgeoisie « branchée » est également contre des mesures anti-covid, au nom des « libertés ». Pour le reste, les Français sont des Français : prompts à relativiser et à protester pour le plaisir de le faire. Le masque FFP2 apparaissant comme une mesure utile dans un tel panorama est littéralement explosif, mettant à nue la base libérale de la société.

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L’émetteur des Cars incendié par le « Comité pour l’abolition de la 5G et de son monde »

L’action relève d’un anarchisme individualiste typiquement français.

L’émetteur des Cars dans le Limousin culmine à 230 mètres ; accompagnée d’une tour hertzienne de 44 mètres, son rôle est de permettre la diffusion de la TNT, des radios FM et de la téléphonie mobile à 1,5 million de personnes de la région. Il a été incendié le 11 janvier 2021 par un « Comité pour l’abolition de la 5G et de son monde » venant d’envoyer un communiqué au style halluciné.

Ce style n’est cependant pas surprenant, puisqu’il relève de toute une idéologie anarchiste individualiste réactivée dans les années 2010 et multipliant les petites actions clandestines, notamment des dizaines et des dizaines d’attaques contre les antennes-relais. L’individualisme y voit en effet tout ce qui lui déplaît : la technologie, les grands projets décidés de manière centrale, la dimension collective.

Il y a toute une esthétique très sombre, avec une mentalité petite-bourgeoise combinant catastrophisme paniqué devant tout ce qui est collectif et amènerait la fin du monde, avec un culte de la conspiration construite par la « propagande par le fait ».

Un exemple typique d’esthétique d’ultra-gauche anarchiste individualiste

C’est là un tournant assez important sur le plan des idées. Il y a eu en effet à la fin des années 1990 et au début des années 2000 une vague de contestation, dont l’ouvrage à succès L’insurrection qui vient fut l’expression. Cela donna une mouvance contestataire de plusieurs milliers de personnes, vivant en marge de la société de manière relativement invisible et finalement décapitée par l’arrestation en 2008 de multiples personnes à Tarnac (qui s’empressèrent de refuser de politiser l’affaire et mirent fin à l’aventure). Or, si on est là dans un anarchisme rêvant du grand soir et cherchant à vivre en communautés séparées dans la société, il y avait aussi une grande influence de l’autonomie italienne des années 1970, avec un certain état d’esprit communiste, une volonté de former un mouvement général subversif, etc.

On n’a désormais plus rien de tout cela dans une mouvance assumant entièrement l’anarchisme individualiste en reprenant toute la tradition française petite-bourgeoise du début du XIXe siècle. C’est une vraie scène, avec un véritable écho, avec des médias très bien faits et des blogs artisanaux, tels Nantes révolté, Dijoncter, Paris Luttes infos, NumérO zérO (de Saint-Etienne), Rebellyon, IAATA (de Toulouse), Expansive (de Rennes), CRIC (de Grenoble), la rotative (de Tours), Sans nom, Non fides, etc.

Dans un pays riche avec une petite-bourgeoisie très importante, l’existence d’une telle vaste scène n’étonnera nullement. L’anticommunisme y est acharné, le rejet de la Gauche historique absolu et naturellement toute cette mouvance est en première ligne pour « la marche des libertés » du 16 janvier 2021. Les discours sont ouvertement anti-rationnels, paranoïaque anti-étatique et anti-collectiviste, le communiqué contre l’émetteur des Cars étant tout à fait classique du genre.

lundi 11 janvier 2021
Opération « voix du vent et chants d’oiseaux »

Le Comité pour l’abolition de la 5G et son monde (CLA5GSM) existe depuis très longtemps

peut-être depuis toujours

les mouvements que nous avons fondés au fil des siècles ont arboré différents noms et différentes leadeures, mais toutes s’inscrivaient d’une manière ou d’une autre dans notre guerre contre la 5G.

c’est seulement aujourd’hui que nous dévoilons notre existence, dissimulées derrière de frêles masques, parce que le danger est à notre porte

malgré notre grand âge et notre connaissance de certains secrets, nous ne sommes pas puissantes,

nous ne sommes qu’une poignée, pourchassées, terrifiées, mais nous vaincrons malgré notre faiblesse

le Comité pour l’abolition de la 5G et son monde (CLA5GSM) postule 5 principes fondamentaux :

1) jamais l’iphone ne réjouira l’humanité

2) nous ne nous déplacerons jamais plus vite que la lumière

3) la vie est probablement un phénomène tout à fait anodin

4) la race humaine vivra et mourra sur ce rocher

5) cette destinée nous convient

rejoignez-nous

inutile de nous chercher : nous vous trouverons

vous mettrez un pied dehors le matin et tomberez sur un petit oiseau qui vous dévisagera depuis les branches tremblotantes d’un arbre secoué par la rigueur de l’hiver 2021

ou bien

vous verrez un rideau de pluie venir à votre rencontre depuis le bout de votre rue

ou bien

des brins d’herbes germeront d’une fissure dans le ciment de votre façade

vous comprendrez

et par un processus aussi mystérieux et dénué de sens que la course des étoiles, vous aurez été invité à rejoindre les rangs du Comité pour l’abolition de la 5G et son monde (CLA5GSM)

Les propos tenus dans ce communiqué puisent résolument dans les discours spiritualistes français des années 1930, avec le rejet de la technologie et de la technique, avec le questionnement tourmenté sur le sens de l’existence, avec l’envie de trouver un sens à la vie, etc. On doit clairement assimiler cela au fascisme, surtout dans une période de crise.

Les franges les plus en panique de la petite-bourgeoisie s’agitent sans commune mesure, afin de trouver une « troisième » voie entre capitalisme et socialisme. Les actions spectaculaires visent à happer les énergies dans le sens des lubies d’une petite-bourgeoisie cherchant à stopper la roue de l’Histoire.

Un aspect très intéressant de cette question se retrouve à ce titre à la lecture des communiqués des actions clandestines pro-animaux diffusés par le site international Bite back. L’anarchisme individualiste a cherché à s’approprier cette démarche, s’imaginant que cela correspondait à son idéologie de l’action directe. Les communiqués des actions françaises sont ainsi très différents selon que cela relève d’un anarchisme individualiste poétique et prenant les animaux comme prétexte ou bien que cela relève d’une vraie dynamique historique comme celle de l’ALF.

L’anarchisme individualiste cherche à dévier dans un sens petit-bourgeois les luttes réelles et l’action contre l’émetteur des Cars relève de cette logique du spectaculaire pour tromper les esprits, pour les détourner de la lutte des classes et de l’analyse rationnelle des valeurs.

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Le premier ministre Jean Castex n’a pas le courage d’affronter une France dépressive

Lors de sa prise de parole, le premier ministre Jean Castex a présenté la situation sanitaire, mais il n’ose pas assumer la gravité de la situation face à une France dépressive.

Face à une pandémie, on court toujours derrière des évolutions qualitatives, comme le variant « britannique » en est un exemple. Alors dire qu’on va résoudre les soucis en faisant passer le couvre-feu de 20h à 18h, c’est absurde, car c’est poser une petite réponse quantitative sans rapport avec la question de fond.

La seule réponse, c’est un shut down complet, un confinement absolu à court terme et hyper verrouillé, mais aucune société libérale ne peut le faire. Alors le premier ministre Jean Castex s’est dégonflé. Les Français ne veulent pas l’entendre, alors on ne le dit pas. Et quand il faudra affronter les faits… eh bien on espère que tout ira bien, d’une manière ou d’une autre.

On en a un excellent exemple avec le fait que le portail Sante.fr destiné à la prise de rendez-vous pour se faire vacciner quand on a plus de 75 ans a planté le jour de son ouverture, repoussant de 24 heures son ouverture. En toute bonne logique, un tel échec est condamnable. Pas dans une société libérale où chaque jour est un nouveau jour et la mémoire est celle de la consommation des gens et des faits.

C’est une faillite de l’État, qui n’est pas capable de mettre en place une chose élémentaire. Mais l’État, la société, la civilisation… ne sont que des fictions relatives pour des gens totalement emprisonnés dans le capitalisme et rêvant du monde d’avant.

Que dire alors du fait qu’il y en a encore pour des mois et des mois ?

Il est vrai que l’État affirme encore et toujours qu’il maîtrise la situation. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé qu’il y aurait désormais jusqu’à un million de tests par mois dans les établissements scolaires, alors qu’en plus les vaccinations à l’échelle du pays sont censés être terminés à la fin du printemps. Cela neutralise les esprits… mais si c’est l’échec ? La société française, dépressive déjà, va sombrer moralement.

En fait, elle a déjà sombré moralement. Comme quoi plus que jamais on a besoin de boussole, d’orientation, de valeurs bien déterminées, bien délimitées. C’est le socialisme face à la barbarie.

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L’Assemblée nationale « consulte » sur le cannabis récréatif

Afin de forcer à la légalisation du cannabis, le gouvernement fait procéder à une « enquête » sur l’avis des gens.

Du 13 janvier au 28 février 2021, l’Assemblée nationale met en place une consultation en ligne, avec un questionnaire au sujet du « cannabis récréatif ». Notons immédiatement que rien que par ce terme de récréatif, même mis entre guillemets, l’Assemblée nationale tombe sous le coup de la loi en raison d’une présentation d’une drogue sous un jour favorable.

Mais il est bien loin le temps où le policier zélé, souvent obtus mais finalement avec raison, alpaguait quelqu’un pour le moindre symbole lié au cannabis sur un de ses habits. Désormais, le libéralisme libertaire du capitalisme élargit toujours davantage le champ des consommations et le cannabis fait partie des prochains terrains d’accumulation. Il l’est déjà avec les mafias, mais là il s’agit de passer à grande échelle, de proposer un loisir abrutissant de plus à la société toute entière.

Voici ce que cela donne dit dans le langage à la fois complètement hypocrite et administratif-technique de l’Assemblée nationale :

« Il s’agit, pour la mission, de dresser le bilan des politiques publiques menées en matière de prévention et de répression des trafics et usages du cannabis, de proposer un panorama des expériences étrangères de légalisation ou de dépénalisation et de contribuer à une réflexion sur l’éventuelle évolution du cadre réglementaire français relatif à cette substance. »

Les dés sont d’ailleurs tellement pipés que, dans le questionnaire, si l’on est pour la légalisation, on doit répondre à sept questions particulières, dont deux avec du texte libre, alors que si on est contre, on a deux questions seulement, dont une avec texte libre.

On aura compris qu’il s’agit de pousser à l’expression les tenants d’une légalisation et de faire passer ceux du maintien de l’interdiction pour des conservateurs bornés, dépassés, etc. Et il sera dit finalement, pour l’emporter : vous voyez, même des gens contre le cannabis considère que légaliser est la moins pire des solutions, etc.

Naturellement, il sera également expliqué que tous les partis sont d’accord là-dessus, que cela dépasse les orientations politiques, que c’est une question sociétale. Il sera ajouté comme cerise sur le gâteau les ressources fiscales et le tour sera joué.

Cependant, il y a heureusement une société qui n’a pas encore été délavée à ce point quant à la question du cannabis. Si la jeunesse des grandes villes est très favorable au cannabis, qu’elle voit comme relevant d’un mode de vie distancé et branché en même temps, le reste de la jeunesse n’y est nullement favorable. Et l’opposition au cannabis dans la société reste puissante dans un pays où les bonnes manières relèvent d’une tradition historique depuis le 17e siècle.

De plus, les Français ont assez de conscience sociale pour saisir la problématique. Tout le monde sait très bien que le cannabis est une fuite – une fuite contre l’anxiété, contre un malaise personnel et social. Il y a donc une compréhension de cette question et un refus de chercher à ostraciser. Mais accepter la légalisation en tant que telle, accepter le cannabis dans le panorama… là c’est carrément autre chose.

Reste qu’il faut une voix pour exprimer ce refus du cannabis. Et les digues sont toutes tombées à Gauche. Même Lutte Ouvrière est favorable à la dépénalisation, c’est dire ! Il faut dire que le cannabis fait partie du pack post-moderne aux côtés des LGBT, des migrants, des thèses « décoloniales », de la fascination identitaire pour la couleur de peau et les religions, etc.

Ce pack consiste en des thèses sociétales à l’anglo-saxonne pour empêcher celles de la Gauche historique de s’affirmer… mais on est en France, un pays où la lutte des classes a un grand patrimoine. Cela ne sera certainement pas aussi simple que cela pour le capitalisme qui veut faire passer dans la société son marché du cannabis. Et ce d’autant moins dans un contexte de crise où l’opération d’abrutissement des gens apparaîtra comme d’autant plus claire.

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Le nécessaire troisième confinement et l’impossible société française

Le troisième confinement est nécessaire, mais l’État tergiverse, car la société française, pourrie de libéralisme, en a assez des exigences collectives.

La société française sait qu’il faudrait un troisième confinement ; de nombreux médecins de haut niveau s’inquiètent et prônent également cette mesure. Ce qui travaille les esprits, c’est bien sûr ce qui est appelé de manière pittoresque le « variant britannique », plus contagieux, qui a été au moins présent déjà à Bagneux, Rennes et Marseille. En raison de ce variant, il y a une situation sanitaire désastreuse en Irlande, avec une croissance exponentielle des gens malades.

Le problème, c’est que la société française n’en peut plus ou, du moins, elle pense être à bout. Elle est en fait tellement travaillée au corps par le libéralisme que tous ses efforts allant dans un sens collectif lui semblent insupportables. Pour les libéraux, c’est un chemin au collectivisme ; pour les gens c’est un obstacle à leurs libertés et une remise en cause de leur mode de vie.

Le dilemme de l’État est ainsi très simple : d’un côté il faut rassurer les gens comme quoi rien ne change, comme quoi rien ne peut changer, et de l’autre il faut en même temps colmater les brèches alors que le navire capitaliste prend l’eau de partout avec la pandémie.

Pour renforcer la gravité de la situation, il y a une haute bourgeoisie qui voit tout cela d’un très mauvais œil, car la France « c’est un sacré bordel » et cela implique un déclassement dans la hiérarchie des puissances. Une telle chose, à l’ombre d’une bataille pour le repartage du monde, est bien sûr inacceptable pour la haute bourgeoisie.

Et pour rendre le tout explosif, il y a les vaccins, qui ont été vendus comme le remède miracle. Non seulement il y en a plusieurs et on s’y perd, mais en plus les campagnes de vaccinations ne sont pas à la hauteur des attentes. On a fait croire aux gens que la sortie du tunnel allait apparaître en mars, que tout allait redevenir comme avant pour l’été… alors que l’année 2021 va être en réalité tourmentée, complexe, nullement un « retour à la normale ».

Pour comprendre cette machine à illusions, il suffit de voir la couverture du Nouvel Obs, l’organe des bobos s’imaginant à Gauche, lors du passage à la nouvelle année. La couverture n’a pas deux semaines et elle apparaît déjà comme totalement dépassée, entièrement déconnectée du réel.

C’est que les choses vont à la fois très vite et très lentement. Et pour le comprendre, il faut voir les choses en grand, à l’échelle du pays, en pleine connaissance des mentalités, de la culture, des évolutions économiques, politiques, idéologiques. C’est cela qui permet de garder le fil et de lire les développements en cours.

Car il faut se rappeler tout de même de quelque chose. Ces trois dernières années, on nous a vendu comme très radicaux, voire révolutionnaires, à la fois les cheminots en grève, les gilets jaunes et l’opposition à la réforme des retraites. Le pays allait se soulever, nous disait-on ; il faut relire les médias d’ultra-gauche et les communiqués syndicaux d’alors : quel triomphalisme y trouvait-on !

En pratique, tout cela était du vent, une simple expression de décomposition d’un capitalisme se ratatinant sur lui-même, avec des secteurs corporatistes défendant leurs acquis en n’en ayant rien à faire de rien, quand ils ne passaient pas dans le nihilisme de type fasciste comme les gilets jaunes.

La preuve, c’est qu’il ne reste rien de tout cela, rien de rien, à part quelques miettes d’agités isolés socialement ici et là. Il n’y a pas eu d’engouement populaire, de mise en branle de choses nouvelles, de production culturelle. C’était une vanité complète, typiquement petite-bourgeoise dans ses prétentions hallucinées.

Les deux confinements ont été vécus de manière d’autant plus dépressives dans un tel panorama prétexte aux bouffées d’angoisse, à l’anxiété qui ronge, au désespoir. On se prend le capitalisme en plein face, comme jamais peut-être. Et c’est corrosif. Il va falloir que les gens s’en sortent, s’en arrachent, s’en extraient. La décennie 2020 va être un traumatisme historique. Et c’est de là qu’il va falloir partir pour porter l’utopie.

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Le film Elle pleure en hiver

La vidéo version longue de la chanson d’Ichon Elle pleure en hiver est un film synthétisant tout un esprit français concernant le couple.

C’est une chanson d’Ichon qui date de décembre, mais la version longue de la vidéo consiste en un petit film de sept minutes. Et cela ne peut qu’interpeller tellement c’est une sorte de synthèse de tout un esprit français, depuis la psychologie des personnages jusqu’à la typographie employée dans la vidéo… avec naturellement comme thème la relation d’un couple.

C’est là une obsession française, avec ses psychodrames, la question de la reconnaissance des deux partenaires (qui se veulent indépendants mais tout de même ensemble), l’attente d’un premier mouvement de la part de l’autre, etc. C’est si vrai que cette vidéo apparaîtra brutal à beaucoup.

On dira avec raison que tout cela, c’est tout de même très bourgeois, très parisien, comme le montre le décor (qui fait immanquablement penser à Jean-Luc Godard). C’est tout à fait vrai, mais il faut bien voir que le couple en France, au début du 21e siècle, est largement défini par le couple bourgeois parisien. C’est indéniablement un problème, mais une telle chose ne s’abolit pas, elle se dépasse. Et pour l’instant, la société française n’a pas dépassé ce modèle.

On considère en France qu’un couple réussi, c’est celui où ses deux composantes s’engueule de manière régulière, que c’est la réalité du couple d’avoir une situation déséquilibrée, avec des reproches à l’autre qui sont déplacés mais qui permettent d’échapper à la pression sociale, avec cette idée temporaire du couple même après des années ensemble, etc. Bref, le couple français, s’il n’y a pas de malaise, c’est qu’il n’y a plus rien !

Tout cela est peut-être discutable, mais cette vidéo de la chanson d’Ichon témoigne de la réflexion en découlant forcément, sur cet aspect fondamental de la réalité française. En ce sens, on doit bien parler de film et ce film parle plus de la réalité qu’une quantité industrielle d’autres films et séries. Peut-être que l’époque commence enfin à être mûr pour passer à autre chose !

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2021: à chacun de faire un pas vers les animaux

Dans un monde toujours plus insensible, se tourner vers d’autres êtres sensibles, en détresse, est moralement nécessaire et un appui à sa propre sensibilité.

Si des esprits petits-bourgeois prétendant que la condition animale s’améliore en France, si certains sont satisfaits de coller deux affiches et de ramasser des bouteilles abandonnées dans un parc, les gens sérieux savent que la situation de la Nature est toujours plus catastrophique en France. C’est tout à fait logique puisque la logique du marché implique que tout soit dénaturé, que tout soit marchandise.

Il ne faut pas ainsi dire que les animaux ne sont pas des marchandises. Il faut au contraire le dire et en même temps expliquer que c’est une mauvaise chose. L’expliquer est une chose cependant très difficile de par le poids de la société de consommation capitaliste, où l’on a toujours le moyen de consommer et de se détourner de la sensibilité, de la compassion, de l’empathie.

L’explication passe donc par l’expérience concrète. Avoir un être vivant en face de soi n’est pas une abstraction et si beaucoup se détourne, préférant le faux confort de la consommation capitaliste, d’autres assument de ne pas nier cela. Ils prennent les gens comme ils sont, ils prennent les animaux comme ils sont, ils prennent les végétaux comme ils sont. Ils ne prétendent pas vouloir devenir insensibles et se réfugier dans la consommation, ils ne cherchent pas à trouver « mieux » sur le marché.

L’abandon des animaux, par exemple, ne doit pas masquer le fait qu’une partie de cette tendance consiste à se procurer « mieux », avec un autre animal, ou bien d’en « utiliser » un nouveau pour la prochaine saison. Et, cela, les gens le font pour leurs habits comme parfois pour leur partenaire dans la vie. Les gens ne savent plus rester entiers – et ceux qui le restent passent pour des bizarres, surtout que souvent ils ne savent pas comment agir adéquatement dans une telle société.

On aura compris que la société de consommation capitaliste implique l’indifférence, une perte de sensibilité, une esquive systématique à tout ce qui est entier.

Il appartient donc à chacun, en 2021, de faire un pas en direction des animaux en détresse. Le moindre effort compte pour ceux-ci, et le moindre effort non pas affaiblit sa propre part d’humanité, d’animalité, d’être vivant. C’est d’autant plus important comme tendance à une époque où, avec la pandémie, le social-darwinisme triomphe, prônant le nationalisme, l’individualisme, la sortie de crise par la guerre, aux dépens des autres. C’est la guerre de chacun contre chacun et la guerre entre les pays.

Les possibilités d’aider sont innombrables. Il y a partout dans le pays des refuges dans le besoin. Il y a partout des coups de main à apporter. Rien que servir d’interface pour récupérer du matériel est par exemple très utile ; plus on implique d’autres gens, mieux c’est. Et il ne faut pas hésiter à mettre la main à la pâte, à se salir. C’est difficile de voir la détresse, ou même de faire face à la mort, les conditions de travail sont dures, mais il faut ce qu’il faut. La reconquête de sa sensibilité a aussi ce prix.

Et cela ne veut nullement dire qu’il faille se mettre en avant parce qu’on a fait une bonne action. Il faut au contraire rester anonyme, servir les animaux en général, ne jamais réduire les choses au prisme individuel. Les gens qui mettent leur photo en expliquant qu’ils ont aidé à un refuge devraient retourner sur Instagram et laisser la Cause tranquille, ils n’ont rien compris à la vie.

Quand on veut aider les animaux, on les aide pour ce qu’ils sont et il ne s’agit pas d’apporter des mauvaises manières venant de la société de consommation capitaliste. Il appartient à chacun, en 2021, de faire un pas en ce sens.

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«Il faut des meufs subversives qui ne boivent pas»

Claire Touzard est rédactrice en chef du magazine Grazia Hommes. Elle est une parisienne tout à fait typique, ancrée dans un monde d’ultra-sociabilité, très portée sur la culture et la modernité, avec des mondanités qui s’imaginent toujours sophistiquées, subversives, et en tous cas au dessus d’une existence morne, plate.

Dans ce monde, il y a l’alcool, qui est une véritable norme. L’alcool n’est pas propre à la bourgeoisie intellectuelle parisienne évidemment, mais il y a en tous cas chez ces gens là une esthétisation de la défonce, comme une sorte d’élégance aristocratique.

Le grand mérité de Claire Touzard, c’est d’avoir compris la vanité de tout cela, et d’avoir choisi de rompre. Elle a assumé le fait d’être alcoolique et a décidé d’arrêter de boire. Elle le raconte dans un livre à paraître le 13 janvier 2021, intitulé Sans alcool, avec écrit en couverture une belle phrase : « Être sobre est bien plus subversif qu’on ne le pense. »

Les 30 premières pages qui sont accessibles sur le site de l’éditeur Flamarion laissent entrevoir un récit très intéressant.

Un tel passage par exemple, aide beaucoup à saisir la substance de ce qu’est l’alcoolisme :

« Il y a plein de raisons à ma quête de l’ivresse. La solitude. Mon caractère dépendant. L’anxiété sociale. Le monde extérieur m’effraie, il représente une masse puissante qui m’attend à chaque recoin, pour mieux me broyer.

J’aime voyager, fuir le réel.

J’aime simplement le fait d’être ailleurs, de transcender la vie sans la vivre : mon quotidien est une chasse à la déconnexion, à la mise sous le tapis. Je cherche à toucher le moins possible la réalité de choses. »

Les mots sont à chaque fois bien choisis, et on comprend à travers cet autre passage qu’elle a eu une réflexion très approfondie à propos de son alcoolisme, qu’elle exprime avec des mots simples mais d’une grande signification :

« Et puis, il y a eu tous ces amis perdus, comme tous ces vêtements que j’ai oubliés sur des bancs de discothèques, dans les trains, dans les cafés, quand mon cerveau ne marchait plus. Ces bouts de moi que j’ai confiés à l’alcool, laissant s’étioler mon amour-propre, mon existence. Moi. »

Elle s’est également exprimée dans une vidéo Brut, pour faire la promotion de son livre. Là encore, ce qu’elle raconte est très intéressant.

Il y a bien sûr tout le début, où elle raconte avec une grande modestie et surtout une grande dignité son parcours alcoolique. L’explication quand au rapport entre sa défonce et l’expression de sa féminité, la pression sociale allant avec, etc. est également très bien vue.

« On a l’impression que c’est ce qui nous rends plus fort » dit-elle de manière très naturelle, démontrant en quelques mots comment l’alcool est un formidable piège.

Mais ce qu’il y a de plus intéressant, c’est qu’elle a compris à quel point tout cela relève de la culture. En effet, l’alcool n’est pas tant un choix individuel, un dérapage, qu’un choix de société. Et ce n’est pas pour rien, comme elle le raconte dans la vidéo, qu’elle se sentait rassurée « de voir des femmes à l’écran qui buvaient toutes seules. »

Puisque l’alcool est une norme, alors il faut la combattre, ou la « déconstruire » comme on dit en langage parisien moderniste. Et c’est là que Claire Touzard dit cette chose très perspicace :

« Il faut des meufs subversives qui ne boivent pas et qu’on se dise « ah bah tiens, on peut être subversive sans picoler » » !

Cela doit également nous rappeler que, dans le mouvement ouvrier, au 19e siècle, le combat contre l’alcool était une tendance importante ; il était considéré que dans le socialisme, l’alcool disparaîtrait plus ou moins de lui-même. Il y a ici un apport culturel qui doit être valorisé comme un aspect de l’héritage de la Gauche historique, à rebours du libéralisme libertaire au service d’un turbo-capitalisme détruisant les personnalités également au moyen de l’alcool.

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Covid-19: refuser la vaccination serait une erreur

L’humanité est confrontée à une pandémie de grande ampleur et la vaccination apparaît comme une solution, en tous cas à court terme. La refuser serait une erreur, car ce serait accepter de ne rien faire contre une maladie très dangereuse et dévastatrice sur le plan sanitaire. Voici, de manière très synthétique, une réponse aux principales questions qui peuvent être posées à propos de la vaccination contre le Covid-19.

Qui réalise les vaccins, qui les met en place ?

Les vaccins sont réalisés par des monopoles de l’industrie pharmaceutique. On parle ici de CureVac, AstraZeneca, Moderna, Sanofi-GSK, Pfizer et Johnson&Johnson.

Il y a une mise en place au niveau européen. Les 27 pays, sous l’égide de la Commission européenne, ont passé en effet des contrats avec ces monopoles.

On ne sait pas en quoi consiste ces contrats, mais il apparaît déjà que les monopoles concernés seront à l’abri en cas d’effets secondaires des vaccins qu’ils ont réalisé.

C’est là ni démocratique, ni populaire, mais le souci est qu’on a besoin de ces vaccins…

Pourquoi et comment les vaccins ont pu arriver aussi rapidement ?

Ce qui est marquant à propos de la vaccination contre le Covid-19, c’est la rapidité avec laquelle les candidats-vaccins ont été mis au point puis testés, puis déployés.

On peut se demander pourquoi pour certaines maladies, par exemple contre le VIH responsable du SIDA, aucune vaccination n’a encore été mise au point, alors que les premiers vaccins contre le Covid-19 sont déjà déployés.

Il y a en fait une très grande différence entre ces deux maladies, et celle-ci tient en la réaction naturelle de l’organisme face au virus. Dans le cadre du VIH, il y a une grande difficulté du système immunitaire à se défendre. Dans le cas du Covid-19, le système immunitaire réagit très bien et dans la plupart des cas cela suffit à faire que la maladie soit relativement bénigne, quoique particulièrement virulente chez un certain nombre de personnes.

En tous cas, il y a donc un terrain favorable à la vaccination, puisqu’il « suffit » normalement de stimuler le système immunitaire pour que celui-ci soit préparé à se défendre. Au sens strict, cela n’a donc rien d’extraordinaire sur le plan de la recherche médicale.

Qu’en est-il des tests et des certifications ?

Très rapidement, en quelques semaines seulement, les laboratoires ont donc utilisé les techniques déjà à leur disposition et les ont adaptées pour le Covid-19, puis ont testé cela au moyen d’essais cliniques sur des personnes volontaires.

Bien entendu, il y a eu un passage par l’expérimentation animale, ce qui est une abomination et n’aurait pas dû avoir lieu.

Si tout est allé très vite, c’est pour des raisons économiques et politiques. Des moyens financiers, techniques et logistiques énormes ont été déployés pour favoriser la recherche et la mise au point des vaccins. Pour la plupart des laboratoires concernés, l’essentielle des équipes se sont concentrées à cette tâche, aux État-Unis par exemple, c’est directement l’Armée qui a été mobilisée pour assister la recherche, etc.

Ainsi, de par l’actualité de la pandémie, il a été facile de trouver des volontaires et des moyens pour faire ces essais. Comme le coronavirus responsable de la maladie circule beaucoup, il est facile d’avoir un élément de comparaison entre un groupe vacciné et un groupe qui ne l’est pas.

Il en est de même pour toutes les procédures de certification, de vérification. On ne peut pas dire que celles-ci soient passées à la trappe ; elles ont été réalisées de la même manière que pour les autres médicaments et vaccins actuellement disponibles. La seule différence, c’est que là où en temps normal un nouveau vaccin n’est qu’un dossier de plus sur la table, cette fois-ci tout a été étudié en priorité.

D’ailleurs, toutes ces procédures de vérification et les phases d’essais cliniques ne sont pas encore terminées pour la plupart des vaccins. En ce qui concerne la France, à la date du 6 janvier 2020, seul le vaccin du laboratoire Pfizer/BioNTech est autorisé et déployé. Celui du laboratoire Moderna a été autorisé par l’Agence européenne du médicament le 6 janvier 2020 et devrait être autorisé dans les jours suivant par les autorités françaises.

Proche de nous, il y a au Royaume-Uni un autre vaccin qui est autorisé, celui du laboratoire AstraZeneca avec l’université d’Oxford. L’Agence européenne du médicament n’a pas rejeté ce vaccin, elle n’a tout simplement pas encore les données suffisantes permettant son évaluation.

En quoi consiste la technologie « ARN messager » ?

Concrètement, dans le corps humain, l’ADN donne des ordres pour produire des protéines : ces ordres sont portés par l’ARN (d’où qu’il soit « messager »). L’ARN est produit à la chaîne et n’existe que temporairement.

Certains vaccins consistent à ajouter un ARN messager de plus. Au lieu d’incorporer dans l’organisme un morceau de virus, ou bien une version altérée ou inactive du virus, le principe est d’incorporer directement dans l’organisme un petit morceau de code (l’ARN) pour faire produire un morceau de la structure du virus.

Les vaccins Pfizer/BioNTech et Moderna utilisent ainsi tous deux cette technologie à ARN messager. C’est une technique nouvelle dans son utilisation pour un vaccin humain, mais elle existe en fait déjà depuis des années pour les animaux et la recherche était extrêmement avancée pour la déployer à grande échelle.

Le Covid-19 a consisté en une opportunité pour les laboratoires ayant développée cette technologie et qui étaient tout à fait prêts, profitant de l’occasion pour déployer leurs vaccins déjà au point techniquement. Au sens strict d’ailleurs, ces laboratoire « attendaient » justement qu’une telle pandémie se produise pour déployer leur technologie.

Ils la considèrent comme meilleure, car plus ciblée, plus spécifique. En l’occurrence, c’est la protéine Spike qui est codée par l’ARN messager du vaccin.

Cette protéine est une sorte de spatule que le virus utilise pour pénétrer dans les cellules humaines. En la produisant artificiellement, l’organisme apprend à la reconnaître et développe immédiatement des anticorps contre elle. Une fois en présence du « vrai » virus, l’organisme est ainsi prêt à le combattre rapidement et efficacement, sans développer de maladie.

Contrairement à ce qui peut être dit de manière farfelue, il ne s’agit pas ici de manipulation génétique. On ne touche pas aux noyau des cellules humaine et l’ADN n’est aucunement altéré. La technique consiste simplement à faire la même chose que les virus eux-mêmes, qui existent massivement dans la nature, c’est-à-dire de diffuser leur ARN dans la cellule pour faire produire quelque-chose à la cellule.

Par contre, les recherches sur l’ARN n’en sont au sens strict qu’à leurs débuts, parce que le néo-darwinisme conçoit l’être humain comme « fixé » par un ADN, sans interaction avec son environnement, comme si le corps humain avait une « base » entièrement séparée du reste de la nature.

C’est là une simplification qui rend complexe cette question de l’ARN, même si de fait, l’ARN messager est détruit quasi immédiatement par l’organisme, de par un processus naturel tout à fait habituel.

Quelle preuve avons nous de l’innocuité des vaccins ?

Avant leur mise sur le marché, les vaccins sont testés sur des milliers de personnes, qui sont suivies cliniquement de manière très stricte afin de surveiller les réactions graves.

Cela ne permet pas d’écarter au maximum les risques, mais il faut bien saisir que les décisions reposent entièrement sur un principe comptable. Un vaccin est mis sur le marché à partir du moment où l’on considère que les dégâts qu’il cause sont bien moindres que ceux causés si on ne met pas en place ce vaccin.

Il n’y a donc pas de raison légitime de se méfier plus spécifiquement des vaccins contre le Covid-19 que de n’importe quel autre vaccin déjà sur le marché… ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aura pas d’effets secondaires.

Au sens strict, si on est de Droite, ou bien si on est un anarchiste, on peut raisonner de la manière suivante : je suis jeune, je ne risque pas grand-chose avec le Covid-19, par contre le vaccin il y a une probabilité vraiment très faible mais existante qu’il y ait des effets secondaires, donc je ne me vaccine pas.

Si on est de Gauche, on sait que les intérêts de quelques uns doivent s’effacer devant les intérêts de tous et même si on est jeune, on fait le choix de se vacciner.

Quelles preuves avons nous de l’efficacité des vaccins ?

La plupart des candidats-vaccins sont au point depuis très longtemps, dès le printemps 2020. La raison qui fait qu’ils ne sont déployés que maintenant, c’est justement parce qu’il doit être vérifié leur efficacité.

Pour cela, il n’y a pas le choix, il faut vacciner des personnes volontaires, puis attendre pour observer. Concrètement, un candidat vaccin est administré chez des milliers de personnes. La moitié du groupe reçoit le vrai vaccin, l’autre moitié reçoit un vaccin « vide », afin de pouvoir comparer.

Dans le cas du vaccin Pfizer/BioNTech, ce sont 43 500 personnes qui ont été testées (dont la moitié constitue le groupe placebo). Au bout de quelques semaines, 94 personnes se sont retrouvées positives au Covid-19. La grande majorité d’entre-elles faisaient parties groupe placebo et il en est donc déterminé de manière statistique que le vaccin est efficace à hauteur de 90 %.

C’est une efficacité très importante, car un vaccin aurait très bien pu être autorisé avec un score bien plus faible, autour de 70 %, voire de 50 % seulement, car cela suffirait à aider à contrôler l’épidémie.

La protection offerte par le vaccin est-elle durable ?

C’est là une grande inconnue, en raison justement du fait que tout cela est très récent. Cette donnée sera d’ailleurs probablement différentes d’un vaccin à l’autre. Il se peut que, comme pour la grippe saisonnière, les mutations régulières du virus nécessitent chaque année un nouveau vaccin. Il se peut également que, comme pour d’autres virus, un seul vaccin (en une ou deux injections), soit suffisant pour plusieurs années, car le système immunitaire garde en mémoire ce qu’il a appris à combattre.

En attendant, il est admis que les vaccins actuels immunisent (dans l’immense majorité des cas) pour aux moins plusieurs semaines et que cela suffit déjà à être utile pour contrôler la pandémie. Seul le temps, par définition, va permettre de connaître la durée de l’immunité procurée par le vaccin ou les différents vaccins.

Faut-il rendre la vaccination contre le Covid-19 obligatoire ?

Au sens strict, la vaccination n’est pas un choix individuel, mais relève d’une stratégie collective. Il ne s’agit pas tant se protéger soit-même que de participer à ériger une barrière immunitaire collective empêchant la circulation et la mutation du virus.

Un individu n’a donc pas de raisons objective de refuser le vaccin pour lui-même, alors qu’il s’agit en fait d’un choix de société. La question ne se pose pas pour l’instant, car les doses de vaccins disponibles ne permettent pas encore une vaccination massive, mais la question se posera probablement rapidement.

La Gauche, de par sa défense de l’intérêt collectif contre l’individualisme prôné par la Droite et les libéraux, ne peut qu’être favorable à la vaccination de masse et son caractère obligatoire.

Elle doit toutefois exiger que les monopoles soient sous contrôle démocratique et populaire, que tout soit public. Cela va avec à l’exigence d’élever sans cesse le niveau général des connaissances scientifiques.

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Covid-19: est-ce le cabinet américain McKinsey qui gouverne la France?

C’est le reflet de la décadence de l’appareil d’État français, incapable de gérer le processus de vaccination : un cabinet de conseil américain a été payé pour l’aider… c’est-à-dire pour décider.

Le cabinet de conseil américain McKinsey est une entreprise très importante du capitalisme mondial, étant utilisé par la grande majorité des 200 principales entreprises mondiales. Un cabinet de conseil a comme rôle de fournir des cadres pour les appareils des entreprises, lorsque celles-ci font face à un problème qu’elles n’arrivent pas à résoudre. C’est ce qu’on appelle également le consulting. Tout cela a un coût bien entendu, McKinsey ayant un chiffre d’affaires annuel de pratiquement huit milliards de dollars.

Le gouvernement français a fait appel à ce cabinet de conseil, en raison de sa propre incapacité à cerner les aspects du processus de vaccination. Cela signifie qu’aucun haut fonctionnaire français n’a été considéré comme à la hauteur pour diriger et mener un processus d’analyse de la question. Il faut également noter que McKinsey siphonne dans la pratique les plus grandes écoles d’ingénieur français, y compris Polytechnique. Ainsi, le personnel qui auparavant aurait relevé de l’appareil d’État sont aspirés par les grandes entreprises – ou plus exactement les monopoles.

Ces monopoles prennent en partie le dessus sur les États, en raison de l’incroyable volume d’accumulation capitaliste et donc de leur énorme poids. Les cadres des monopoles sont alors d’un meilleur niveau que ceux des États, en raison des salaires, du prestige, des facilités matérielles, etc. C’est un phénomène d’une gravité exceptionnelle et en même temps quelque chose de tout à fait logique dans le capitalisme.

Le gouvernement français a concrètement fait appel à McKinsey depuis début décembre au moins ; le Canard enchaîné a même révélé que c’était le représentant français du cabinet de conseil, Maël de Calan, qui avait expliqué en quoi consistait la stratégie gouvernementale anti-covid 19 lors d’une visioconférence le 23 décembre 2020 à laquelle participaient le ministre de la Santé Olivier Véran, les directeurs des Agences régionales de santé, les directeurs d’hôpitaux sélectionnés pour démarrer la campagne.  

McKinsey s’occupe plus spécifiquement de « la définition du cadre logistique », de « l’établissement d’un benchmarking logistique avec d’autres pays », de « l’appui à la coordination opérationnelle du groupe de travail ».

On ne voit nullement là quelque chose de si complexe que des hauts fonctionnaires français ne puissent réaliser. Encore faut-il qu’ils soient à la hauteur culturellement et qu’on leur fasse confiance. Le gouvernement français a considéré que non, préférant la consommation de consultants et également, de ce fait, une absence de prise de responsabilité étatique. Car dans les faits le rôle de l’État a été remis à McKinsey.

C’est à la fois une mentalité d’entreprise – typique d’Emmanuel Macron pour qui l’État c’est une sorte d’interface aux entreprises et aux gens – et un terrible aveu d’échec. L’appareil d’État ne fait plus le poids face aux grands défis. C’est la preuve d’un changement d’époque, du fait que l’État doit être remplacé par la démocratie du peuple, une démocratie qui ne peut exister qu’en ayant arraché le pouvoir aux monopoles.

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Tribune nihiliste des organisateurs de la free party de Lieuron

C’est sur le site du très bobo libération.fr que les organisateurs de la free party du 31 décembre à Lieuron ont choisi de s’exprimer avec une tribune. Ils n’ont honte de rien, ils assument tout, depuis leur nihilisme esthétisant jusqu’à leurs pleurnicheries sur la soi-disant répression dont ils seraient victime…

Voici cette tribune.

« A toutes celles et ceux qui se demandent pourquoi une telle volonté de faire la fête pour ce nouvel an, la réponse tient en quelques mots : une année de tristesse, d’anxiété et de privations. La détermination dont a fait preuve le public pour accéder à la fête n’est que la manifestation d’un désir profond de lâcher-prise. Ces espaces de liberté sont inhérents à nos sociétés depuis la nuit des temps. C’est un besoin inaliénable pour nombre d’entre nous.

Pourtant, la jeunesse, la fête et la culture sont montrées du doigt tous les jours. Nous serions les bourreaux irresponsables de nos ainé·e·s et des plus fragiles, grands vecteurs de la propagation du virus. Face à cette culpabilisation incessante, la jeunesse se retrouve réduite à ne voir qu’un obscur brouillard comme seule perspective. Et après le Covid, le climat !

Nous n’acceptons donc pas que seuls les intérêts économiques puissent passer outre les précautions sanitaires, encore davantage lorsque le malaise créé par l’absence d’espaces de culture et de sociabilisation engendre de graves conséquences sur la population. Nous comprenons que cela puisse être choquant. Nous avons tous et toutes dans nos proches une personne à risque et nous tenons aussi à les protéger. Mais il faut entendre qu’il existe aussi des vies déséquilibrées par cet état de morosité ambiante et d’isolement constant. La consommation d’antidépresseurs a considérablement augmenté. Les instituts psychiatriques sont saturés. Nombre de gens ont perdu leur emploi. Beaucoup ne supportent pas ce climat anxiogène et des alternatives socioculturelles sont nécessaires. Pourtant quasiment rien n’est fait de ce côté-là. Ni pour soigner ni pour prévenir.

Nous avons donc répondu à l’appel de celles et ceux qui ne se satisfont pas d’une existence rythmée uniquement par le travail, la consommation et les écrans, seul·e·s chez eux le soir. Notre geste est politique, nous avons offert gratuitement une soupape de décompression. Se retrouver un instant, ensemble, en vie.

Il aura suffi qu’une bande de ravers enthousiastes osent dire non à un ordre de dispersion pour que fusent les balles de défense et que les gaz lacrymogènes envahissent Lieuron, en Ille-et-Vilaine. Quelques heurts ont éclaté en réponse aux pressions policières, le temps d’ouvrir un passage dérobé par-derrière pour les piétons. Une immense joie retrouvée et un sentiment partagé de soulagement se sont fait sentir dès que le reste du public a pu accéder à la fête. S’ensuivirent diverses scènes de liesse où l’on put même apercevoir des riverain·e·s, des pompiers et des fêtard·e·s célébrer ensemble la fin de cette terrible année !

Nos services d’Etat étant plus prompts à réprimer qu’à secourir, il est logique qu’ils aient dépêché près de 200 gendarmes armés pour empêcher la tenue de cet événement. Mais, si le danger était si grand, pourquoi n’avoir envoyé sur place un dispositif sanitaire qu’après la fin ?

Dès les premières communications, nous avons donné une place primordiale à la prévention sur le Covid. Des consignes strictes de dépistage et d’isolement ont été données en amont, à l’entrée, pendant et après. Quelques milliers de masques et des dizaines de litres de gel étaient distribués à l’entrée et disponibles en libre-service. Avec l’aide précieuse de l’association Technoplus, les adresses de centres de dépistage ainsi que de nombreuses autres informations liées aux pratiques festives en temps de pandémie ont été communiquées aux participant·e·s. Le choix du site s’est fait en calculant les volumes d’air et l’aération, conditions principales pour réduire au maximum les risques de contamination.

Quant à la fête en elle-même, que dire si ce n’est que ce fut une belle bringue. Des couleurs, des sourires, de l’amour, du partage, de la musique, des lumières. Une ardeur commune de vivre. Un instant recouvré de liberté. Suite aux menaces d’évacuation par la force, nous avons fait le choix de partir dans la nuit, afin d’éviter que la violence d’Etat ne vienne ternir ce souvenir désormais indéfectible.

1 650 amendes. La seule réponse qu’a apportée l’Etat à cette lueur d’espoir a été de frapper au portefeuille une jeunesse pourtant déjà durement touchée par la crise économique. De les catégoriser publiquement comme «2 500 délinquants». Pire, pour ne pas perdre la face, deux participants lambda furent immédiatement arrêtés. Tout simplement parce qu’ils étaient en possession, pour l’un d’un instrument de musique électronique et pour l’autre d’une petite sono avec platines ainsi que d’un groupe électrogène de faible puissance. Eléments forts sympathiques pour une soirée chez soi mais inutiles pour une telle fête. Ces personnes furent donc humiliées et terrorisées pour une simple opération de communication.

Dans sa triste obsession de vouloir à tout prix envoyer un message d’autorité, l’Etat n’a pas hésité à engager de lourdes poursuites. Un maximum de chefs d’accusation furent alignés les uns à la suite des autres pour bien montrer la gravité de la réponse donnée. Nous, organisateurs et organisatrices, sommes dès lors «activement recherché·e·s», des termes habituellement réservés aux pires criminels. On voudrait donc nous voir incarcéré·e·s et décourager toute velléité de dissidence culturelle collective, quelles que soient les dispositions prises. Pourtant nous offrons ces fêtes par passion, à prix libre pour tenter de couvrir une petite partie des frais engendrés. Bien souvent, la seule chose que nous récoltons en retour, ce sont des emmerdes.

Mais ces fêtes sont un vecteur d’espoir et de cohésion sociale pour des centaines de milliers de jeunes, de toutes classes et de toutes origines. Elles sont ce qu’elles sont, mais elles sont surtout le reflet de toute une partie de notre société que nos gouvernant·e·s ne pourront éternellement continuer d’ignorer. Ainsi, en ces temps si troubles, nous sommes fièr·e·s d’avoir pu redonner le sourire à quelques milliers de personnes, ne serait-ce que l’instant d’un «raveillon» de nouvel an ! »

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GPA en France: un maillage informel plus dense que jamais

Un article de trois pages sur les réseaux autour de la Gestation Pour Autrui (GPA) en France est paru dans le numéro du journal Marianne de la première semaine de janvier 2021. Une enquête qui met en relief les réseaux français liés au développement de la GPA dans le monde.

Ils ont bénéficié de la GPA, ils sont businessmen et ont vu dans la maternité de substitution un marché et ils tentent de faire reconnaître la pratique comme un progrès tout en étant déjà acteurs d’un réseau. Ces quelques personnalités françaises, comme Marc Olivier Fogiel, Romain Taillandier, travaillent déjà pour la GPA, en faisant sa promotion médiatique pour le premier ou carrément en travaillant pour une clinique étrangère pour le second.

Cette enquête met en exergue le fait que Romain Taillandier aide une soixantaine de riches couples par an à contourner la loi pour obtenir leur GPA avec Fertility Center. On constate d’ailleurs que ces acheteurs d’enfants sont en majorité des hommes dans un secteur dirigé majoritairement par des hommes qui exploitent des femmes pour leur utérus.

Cette activité autour de la GPA ne s’arrête pas à ces personnalités, des anciens bénéficiaires de GPA peuvent se voir proposer le rôle d’entremetteurs. Il y a de ces couples qui mettent en relation des potentiels clients avec des cliniques étrangères comme l’ukrainienne BiotexCom ou l’agence canadienne CMC, et ce, pour une modique commission de 1000 à 2000€ par contrat amené.

Une pratique qui relève du trafic d’être humain mais qui ne peut passer sous le coup de la loi puisqu’il n’existe aucune filiale implantée réellement sur le sol français.

Pourtant ce maillage montre bien qu’il y a tout un terrain prêt à être occupé et qu’il existe un très grand intérêt à pousser en faveur de la légalisation de la maternité de substitution.

Selon Marianne, ces personnes travaillant déjà pour le marché de la GPA en France sont de plus en plus nombreuses. Dans l’ombre et malgré la loi, il y a bel et bien un essor d’acteurs français portant tout ce marché de la reproduction humaine.

La crise du coronavirus aura soudé les acteurs de ces réseaux à cause de l’affaire des bébés coincés aux frontières. Il faut voir aussi la crise dans son aspect futur, c’est à dire une masse de capitaux cherchant de nouveaux débouchés, le business de la reproduction en fait partie, et on va sans doute assister à une énorme pression pour la libéralisation.

Les fruits du travail parallèle pour ce marché international permettra sans aucun doute aux ardents défenseurs de la vente de bébés de pouvoir arguer que la gestation pour autrui existe de toute manière, qu’il faut ajuster la loi à la réalité.

Et sans une grande mobilisation refusant que la loi s’accorde à des pratiques immorales, enfreignant les droits humains, on peut être certains qu’une légifération en faveur de ce marché verra le jour. Que ce soit sur un agenda national ou des prérogatives internationales comme le prévoient les actuels travaux de la Conférence de La Haye.

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Chasse à courre: agression de militants AVA en forêt de Compiègne

Deux activistes d’AVA ont été passés à tabac alors qu’ils filmaient la mise à mort d’un cerf par des veneurs.

tweet AVA Compiègne relatif à l'agression du 2 janvier 2021

Ce samedi 2 janvier 2021 des militants d’AVA Compiègne ont été agressés par des participants à la chasse à courre. Les faits relatés par Stanislas Broniszewski dans Oise Hebdo font froid dans le dos :

« La jeune fille d’AVA qui était en train de filmer a été jetée au sol et frappée. Quant à l’autre AVA, il a reçu des coups de sabot d’un cheval de veneur »

On apprend que les deux blessés ont été emmenés au centre hospitalier de Compiègne par les pompiers et qu’encore une fois les veneurs, ardents défenseurs de la tradition, ont tué l’animal au fusil. Alors que des militants sont allés jusqu’à rejoindre le cerf dans l’eau afin de lui éviter une mort cruelle, les chasseurs ne sont pas contentés d’un acte de cruauté sans nom envers l’animal : ils leur fallait aussi s’en prendre physiquement à des militants AVA.

Bien évidemment, le maître d’équipage, Alain Drach, nie en bloc : aucun coup de la part des chasseurs qui auraient fait preuve d’un sang froid hors norme face aux militants qui auraient provoqué et cherché la bagarre.

Encore une fois, la barbarie de la chasse à courre a parlé : violence, mensonges et cruauté. Aucune compassion, aucun respect pour la vie et la Nature.

L’arriération culturelle portée de la chasse doit être détruite, la violence des chasseurs brisée. Seul un large front démocratique peut porter de telles exigences : à la Gauche de se montrer à la hauteur et d’assumer son rôle historique.

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2 500 nihilistes à la free party de Lieuron

2500 personnes se sont retrouvées au sud de Rennes pour une free party en pleine pandémie, afin de passer le nouvel an dans une ambiance censée être festive, mais suintant en réalité le nihilisme par tous les pores.

On ne pourra donc pas compter sur les teufeurs pour affronter la Droite. Cela fait longtemps qu’on le savait, mais là on a une certitude complète. Organiser une free party en pleine pandémie, dans une situation de tension sanitaire, pour fêter de manière égoïste le nouvel an, c’est par définition totalement antisocial.

Nombreux sont les jeunes qui ont fait de même d’ailleurs pour le passage à la nouvelle année, avec d’innombrables soirées. Les achats de matelas gonflables – pour rester sur place et ainsi d’éviter le couvre-feu – ont connu un pic significatif. Le mot d’ordre, c’est qu’il faudrait bien décompresser et il serait donc possible de tricher.

La free party de Lieuron, à côté de Rennes, est toutefois un symbole de quelque chose de très grave en particulier. Car ce ne sont pas des jeunes bourgeois profitant d’une maison qui ont fait la fête, mais des jeunes se rattachant, d’une manière ou d’une autre, au sens le plus large, à un certain esprit alternatif. De par leurs valeurs, ils n’aiment pas la Droite. On peut parler avec eux de la recherche d’un mode de vie différent.

Et pourtant ils se sont comportés comme des jeunes de Droite, en faisant ce qu’ils voulaient comme ils voulaient. Ils ont agi comme des capitalistes établissant un marché, comme des consommateurs se procurant une marchandise. Il n’y avait aucune dimension culturelle, aucune dimension politique, aucune dimension concernant l’existence. C’est même tellement forcé qu’on est même plus dans la conception originelle de la free party comme lieu où régissent d’autres valeurs.

Cela a été juste une bulle. C’est donc réactionnaire et il est significatif qu’a été incendié un véhicule de la gendarmerie, alors qu’il y avait une entreprise produisant du foie gras juste à côté du lieu de la « fête ». On est là dans l’anarchisme, dans l’individualisme assumé. Il n’est donc pas étonnant qu’il n’y ait aucune répression, à part 1600 amendes à la fin de la free party. L’État adore de tels jeunes nombrilistes et consommateurs.

Nombrilistes, consommateurs et hypocrites, à l’image de l’association Techno+ qui prétend chercher à réduire les risques de la consommation de drogues et ne fait en réalité qu’accompagner celle-ci. « Essaye de respecter au max les gestes barrières ». Mais bien sûr, des gens défoncés rassemblés par milliers dans un endroit clos vont y faire attention. Que c’est pathétique que ce cinéma pour prétendre faire des efforts, alors qu’en réalité on est dans le relativisme et le nihilisme.

On est d’ailleurs à peine en début d »année que Techno+ a mis déjà la barre très haut dans la course au communiqué de victimisation le plus stupide et aberrant de l’année, avec une photo tellement parlante qu’on se demande comment ces gens ne comprennent pas qu’ils sont totalement déconnectés.

Vivement que les masses populaires s’activent et que soient balayés ces élucubrations petites-bourgeoises, ces pseudos-rébellions si caricaturales qu’on les dirait inventées par l’extrême-Droite ! Place au regard ouvrier sur la réalité et assez de ces fuites dans des paradis artificiels superficiels, consommateurs et destructeurs !

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Magenta skateboard, la touche à la française

Fondée en 2010 par deux skateurs français, la marque Magenta skateboard a fêté ses dix années d’existence en 2020. Elle fait aujourd’hui partie du paysage incontournable du skateboard, et participe d’une « french touch » en assumant une démarche auparavant mise de côté.

Courant 2010, Vivien Feil et Soy Panday, deux piliers de la scène skate en France présents depuis les années 1990, sont confrontés à l’épuisement de leur démarche. Vivien Feil ne se retrouve plus dans le skate « à l’américaine » et Soy Panday pense avoir fait le tour : il faut aller de l’avant, chercher un nouveau souffle.

C’est de là que vient l’idée de fonder une marque de skateboard, Magenta, en référence à l’appartement parisien localisé au boulevard du même nom ayant été un repère important pour la scène des années 2000. Et le lancement de la marque atteste déjà de son ADN, avec plusieurs séries de board (le plateau seul du skateboard) sorties comme un feuilleton d’une bande-dessinée, présentant tour à tour, tel ou tel aspect de la team et de la philosophie de la marque.

Entre le clip qui a « lancé » la marque il y a dix ans, et le clip anniversaire, il y a le reflet de ce qu’est à la base et en général l’état d’esprit « skate », et en particulier celui véhiculé par « Magenta ». Comme le dit le clip de 2010, avec le skateboard « c’est la rue qui commande », mêlant ainsi culture alternative avec pour horizon le dépassement de la morosité de la ville par son appropriation ludique, émancipatrice…

Être un skateur, c’est avant tout un état d’esprit et c’est pour cela que quiconque a un skate ou fait du skate, n’est pas forcément un skateur, ou ne le reste pas ! Avec « Magenta skateboard », on comprend tout à fait cela : être un skateur, c’est avoir un certain regard sur le monde, urbain forcément mais pas seulement. La sensation de skater, le style vestimentaire particulier, l’insistance sur les playlist, la mise à distance du travail et d’une « vie rangée » sont les révélateurs de tout un life style, d’une culture alternative.

Dans son interview en 2004 pour le magazine français Sugar, Soy Panday exprime à merveille cette mentalité alternative, un poil juvénile, lui-même ayant fuit du business world pour se lancer à fond dans le skateboard :

Le skate pour moi, c’est du rêve qui permet d’échapper à la réalité, je suis censé chercher un travail, être sérieux et responsable et ça me fait chier… Dans la mesure où je fais du skate tous les jours et lorsque j’en ai envie, j’ai un peu réalisé mon rêve…

Le clip d’introduction de la première vidéo en 2010 :

Le clip anniversaire en 2020 :

Mais si Magenta reflète bien l’esprit skate, il en va de même, et à leurs façons, des marques comme Polar, Helas, Rave, Sour, Isle, Palace, Primitive, Wknd, Antiz, etc. En réalité, Magenta apporte dans la scène une touche bien française, quand Baker skateboard a finalement cristallisé l’approche américaine agressive.

A sa naissance, Magenta Skateboard a suscité la curiosité mais aussi la controverse. Car dans un monde de plus en plus aseptisé et pourrie par le business, le skateboard n’échappe pas à la règle.

Non pas que l’origine du skateboard, située dans les Etats-Unis des années 1970-1980, soit à jeter, mais qu’il y manque une « touche », un « esprit », une « philosophie » au sens esthétique, romantique même. Cela tient à la naissance du skateboard.

Être un skateur dans les années 1980-1990 aux Etats-Unis, c’était se confronter aux vigiles privés, aux policiers, aux voisins des quartiers pavillonnaires ghettoisés, etc. C’était se réfugier dans la cour d’une école, avec son « set » de marches (escalier) et son « handrail » (rampes d’escalier). Tout cela a fait du skateboard quelque chose de très « hardcore », et il est nullement étonnant que le punk hardcore et l’ancêtre de la phonk aient influencé, à ses débuts, la scène.

Avec Magenta, c’est une perspective différente qui a été mise en avant, venant bousculer les codes anciens. Magenta a mis l’accent non plus sur la performance du tricks (figure) en tant que tel mais sur la globalité de la démarche en insistant sur le côté exploration totale, esthétique et amusante de la ville. Jusque dans les années 2010, pour parvenir à « percer » dans le skateboard, il fallait être en mesure d’aligner une batterie de figures, et notamment de « se jeter » sur un escalier impressionnant, une pente ultra-raide, avec tous les risques physiques pris.

Qui d’autres que des français, portés justement sur l’ « état d’esprit », pouvait mettre en valeur une autre approche ? Non pas d’ailleurs que faire du skate sans viser le sempiternel « hammer » (littéralement « marteau » pour désigner le fait de faire de grosses figures impressionnantes) était inexistant avant, mais avec Magenta il y a eu la mise en forme générale d’une démarche assumée. La scènes skate de la east coast américaine, notamment new-yorkaise, développait cette tendance à l’exploration fun de la rue, mais c’était relativement isolée, peu assumée et valorisée en tant que tel.

A noter que Magenta a pu façonner son monde en rapport avec la culture japonaise, notamment certaines astuces pour filmer, et dans le fait de se focaliser sur ou tel ou tel aspect du lieu, tel ou tel aspect du tricks. Le Japon est un pays marqué par une forte répression du skateboard, ce qui fait que les sessions se font uniquement la nuit, avec tout le relief esthétique que cela fournit en conjugaison avec l’esprit japonais en général.

La team Magenta entretien depuis ses débuts des liens solides avec la scène japonaise, à tel point que l’on peut dire que c’est une approche franco-japonaise du skateboard. Une synthèse franco-japonaise visible dans le projet vidéo Minuit sort en 2012, ou dans Soleil levant, une compilation vidéos comprenant notamment des images de nombreux road trip au Japon.

A ses débuts, Magenta ne pouvait que susciter la critique car s’il y a forcément un aspect positif, il y a aussi, quoi qu’on en dise, un aspect négatif. Produire des clips à base de powerslide, de ollies par ci, par là, sur fond de jazz et le tout en pleine nuit, a dénoté une forme de prétention, une mentalité hautaine si typiquement française.

Mais d’un autre côté, quel souffle novateur apporté au skateboard ! D’ailleurs, les fondateurs de la marque sont tous issus de la scène des années 1990, ayant connu les débuts où le skate se pratiquait le plus souvent sur une place urbaine, où se côtoyaient marginaux et alternatifs, dans un esprit « hardcore ».

Mais il fallait pouvoir assumer le fait qu’on pouvait dorénavant filmer et rendre stylé un simple ollie, un power slide (dérapage sur les roues), un boneless ou no comply, le fait de cruiser (rouler-glisser dans la rue), à condition qu’il y ait une démarche réflexive qui l’accompagne, en tenant compte du style du skateur, du spot choisi (ses couleurs, son revêtement, etc.), de la manière de filmer, de la luminosité, etc. D’ailleurs, il serait erroné de dire que la simplicité du tricks relève d’un simplisme, d’un approche débutante.

En fait, il y a une insistance sur l’approche qualitative plus que quantitative, encore que cela soit réducteur puisque pouvoir faire une « ligne » (enchainement de figures) à très vive allure sur un endroit rugueux demande un certain niveau de pratique… C’est n’est donc finalement pas tant la difficulté du skateboard que Magenta a révolutionné, mais plutôt l’idée qu’on peut faire du skateboard, sans pour autant être obligé de se mettre son corps à l’épreuve du danger…

Magenta, c’est le skate branché, artistique, sans pour autant sortir de l’esprit générale skate. Est-il d’ailleurs bien étonnant que le Q.G de la marque, tout autant que de la team, soit à Bordeaux, cette ville aujourd’hui marquée par la culture bobo-branchée, mais qui a longtemps été la « belle endormie », lieu florissant de la scène punk se confrontant à la crispation d’une bourgeoisie traditionnelle. D’ailleurs la gamme vestimentaire de Magenta est à ce titre très stylée, du fait de ses détails subtiles et modernes.

Pendant très longtemps, et cela est encore vrai aujourd’hui, le skateboard était sévèrement sanctionnée par la police bordelaise, étant même un sujet d’actualité du fait des plaintes déposés par les bourgeois retraités en recherche de tranquillité. Tout comme au Japon, et dans une moindre mesure à New-York, les sessions de skate à Bordeaux se faisaient la nui, là aussi pour éviter la répression. Entre la pratique de nuit et l’architecture florissante de la ville, il y avait là tout le terreau favorable pour que Magenta skateboard s’exprime se développe.

Léo Valls, le skateur bordelais sponsorisé par la marque qui a largement contribué à faire accepter le skateboard dans la ville, comme en juin 2019 avec le projet Play!, représente admirablement bien l’approche « Magenta ».

La photo de ce « simple » backslide powerslide, photographié par David Manau, sur l’une des pyramides du Louvre, grâce à un accès plus libre lors du chantier 2014-2016, est un chef d’oeuvre qui marquera surement l’histoire du skateboard.

Avec Magenta, on a enfin trouvé la touche française du skateboard, et non plus un mimétisme forcément bancal de l’approche américaine. Une touche qui conjugue l’exploration approfondie de la ville, l’esthétisme général de la démarche et la « touche » subjective du skateur autant que du filmeur.

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2021: l’humanité va vers son unification

La Gauche n’est pas multiculturelle, elle est pour la fusion des cultures de l’humanité. La crise sanitaire est une preuve de plus de cette nécessité historique.

On n’y pense pas, mais le masque est un objet universel, qui s’est imposé très rapidement à l’échelle mondiale. Il a marqué les esprits et pendant des décennies les gens, sur toute la planète, l’auront en tête comme lié à une période particulière. La crise sanitaire est une expérience mondiale, qui va façonner les consciences et elle se présente comme mondiale, sans frontières, concernant tout le monde.

C’est déjà la preuve que l’humanité est en partie unifiée à l’échelle mondiale.

Pourtant, alors que la crise sanitaire a été mondiale, la réponse n’a pas été mondiale et pendant toute l’année 2020, on a vu les pays se concurrencer les uns les autres, avec notamment la course aux vaccins. Chaque pays espère se sortir mieux que les autres de la crise sanitaire qui est aussi économique, alors que de plus en plus il y aura une dénonciation de la Chine afin d’utiliser le racisme comme paratonnerre aux multiples problèmes sociaux.

C’est la preuve que l’humanité n’est qu’en partie unifiée à l’échelle mondiale.

Alors, à quoi va ressembler l’année 2021 ? Si elle ressemble à l’année 2020 avec ses compétitions et ses indifférences, ce sera une catastrophe pour l’humanité. Continuer comme cela c’est aller à l’acceptation de la guerre pour le repartage du monde, avec l’idée de sortir de la crise aux dépens des autres.

Si, inversement, les gens acceptent les faits et comprennent qu’on est sur la même planète, qu’un problème global demande une réponse globale, alors tout est possible. Les gens ne peuvent-ils déjà pas visionner des vidéos de ce qui se passe à l’autre bout de la planète ? Le racisme n’apparaît-il déjà pas comme un truc de vieux ? Les êtres humains sont des êtres humains et le masque se porte pareillement à travers toute la planète.

Et pour la nouvelle génération, née dans un monde « globalisé », le potentiel de ce qui est faisable est immense. Elle ne comprendra pas pourquoi on s’obstine à maintenir des barrières raciales, ethniques, religieuses. Elle ne sera pas du tout conquise par l’idée d’un retour en arrière, au nationalisme, au tribalisme, à la petite propriété, aux esprits localistes mesquins. Cela ne fait pas rêver, cela n’a pas d’envergure.

2020 a marqué une contradiction entre un monde divisé et unifié, entre des efforts divisés et un potentiel collectif immense. 2021 sera-t-elle l’année de la prise de conscience, l’année du grand tournant ?

Il faut l’espérer. Le temps presse, avec le réchauffement climatique, avec la course aux armements, avec une condition animale toujours plus dramatique, avec l’écocide à l’échelle planétaire, avec l’exploitation capitaliste et ses misères morale, matérielle, physique, psychologique. Il y a urgence, alors que déjà plus grand chose ne tient.

Et il ne faudra pas reculer devant le prix à payer pour entrer dans une nouvelle ère.

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C’est le mensonge d’une France tranquille qui s’en va avec le 13h de Jean-Pierre Pernaut

Pendant 33 ans, Jean-Pierre Pernaut a incarné avec son Journal Télévisé de 13h le mensonge d’une France tranquille, se regardant le nombril après le repas lisse et conformiste du midi. C’est la Droite dans sa version franchement pétainiste, faisant un fétiche des « régions » et des petites-gens pour maintenir une chape de plomb sur le pays afin que surtout rien ne change.

Lors de la présentation de son dernier journal télévisé, Jean-Pierre Pernaut a très bien résumé l’idéologie qu’il a porté pendant des années sur TF1 à 13h :

« Vous écouter, faire entendre tous ceux qu’on entend pas ailleurs, ça a été une révolution il y a 33 ans, ça a été ma ligne de conduite depuis 33 ans et j’en suis très fier. Faire entendre et montrer toutes les richesses de nos régions, jusque dans les plus petits villages. »

Le 13h de Jean-Pierre Pernaut est en effet devenu un institution en France, avec des parts d’audience mirobolantes, faisant de lui une figure incontournable avec ses six à sept millions de spectateurs quotidien.

Son émission, dans sa forme et son style, est née de la privatisation de TF1 en 1987 et de sa volonté d’être hégémonique. Le créneau a alors été simple : concurrencer France 3 (FR3 à l’époque) et ses multitudes déclinaisons régionales, très ancrées sur le terrain.

Son JT a été alors l’ennemi direct du service public, dans une opposition de style bien marquée. Au style populaire de France 3, qui encore aujourd’hui relève d’une certaine tendance démocratique dans sa volonté de systématiser une réelle information locale, la démarche de Jean-Pierre Pernaut a été d’accumuler des sourires benêts, des anecdotes insignifiantes, une orgie de « terroirs » et autres fantasmagories romantiques.

Pendant 33 ans, ce fut chaque année pratiquement les même reportages aux mêmes endroits et à la même date, avec chaque jour ou presque la météo en ouverture du journal. Le journaliste au Canard Enchainé Jean-Luc Porquet a très bien résumé cela dans un article intitulé ironiquement « Éloge de Jean-Pierre Pernaut » en 2010 :

« Il rassure, il endort, il calme les inquiétudes […] il n’est pas le pur benêt de service qu’on croit : il participe sciemment à l’enfumage généralisé »

Le 13h de Jean-Pierre Pernaut c’est, au sens strict, le contraire de l’information, avec la construction méticuleuse d’une fausse réalité, d’une France se prétendant tranquille, pacifiée, inébranlable. C’est un mensonge grossier car chacun sait que pendant ces 33 dernières années la France s’est lentement mais sûrement effondrée sur elle-même.

Jean-Pierre Pernaut n’était pas là pour montrer la réalité. Il n’était pas là pour montrer l’exploitation, la haute bourgeoisie, les familles rongées par l’alcool, les grèves, la consommation massive d’anxiolytiques et d’antidépresseurs, les luttes antifascistes, la barbarie des élevage et des abattoirs, la beauté de la vie sauvage, la décomposition sociale et l’avènement des réseaux mafieux dans les cités HLM, le développement de la culture populaire ou l’aliénation du travail prolétaire.

Il était là pour exposer une lecture unilatérale, celle du beauf complaisant sur lui-même et sur tout ce qui est partiel, truqueur, mensonger.

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La drogue se banalise toujours plus en France

Dans un document publié début de décembre 2020, l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies fait le point sur les tendances récentes (depuis 2019) à propos des usagers et des marchés de substances psychoactives. Le constat est simple : les tendances en cours depuis 20 ans s’aggravent, la drogue se banalise et son commerce est de plus en plus sophistiqué.

L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies a un dispositif particulier pour saisir les tendances récentes et nouvelles drogues, en s’appuyant sur des données de terrains minutieusement récoltées. Au sens strict, on n’apprend pas grand-chose de nouveau dans le bilan qui est fait en décembre 2020, si ce n’est que la situation empire.

En ce qui concerne les personnes marginalisées et ayant une consommation particulièrement dure de drogues, il n’y a aucune avancée. Il y a une tendance a écarter ces personnes du cœurs des grandes villes, mais l’héroïne et le crack, ainsi que l’alcool, continuent leurs ravages à la périphérie des villes, menant à des situations d’autant plus précaires pour les toxicomanes que l’État les laisse volontairement vagabonder.

C’est la même chose pour le milieu de la techno, particulièrement pour sa frange urbaine où la drogue continue son expansion. L’observatoire explique de manière très précise le phénomène de banalisation de la MDMA (ecstasy) qui accompagne la généralisation des soirées techno dans des lieux officiels, ou semi-officiels comme les soirées warehouses en périphéries des grandes villes, phénomène absolument massif en 2019.

Les before et afters, c’est-à-dire les rassemblement à domicile entre amis avant ou après les soirées en club ou warehouse, sont également des lieux de généralisation de la drogue, et surtout de diversification des produits. Les free parties restent toutefois les lieux où la consommation de drogue est est la plus intense et diversifiée, avec notamment le LSD, la kétamine, les champignons et la DMT.

Toutefois, le phénomène le plus marquant pointé par le rapport de l’Observatoire est l’accroissement fulgurant des réseaux de livraison à domicile permettant d’écouler des quantités toujours plus grandes de marchandises.

Cela date déjà d’il y a quelques années, mais il y a clairement un tournant et la France se retrouve maintenant submergée par la drogue, en raison d’un réseau de distribution absolument massif. En clair, au moyen des différents réseaux sociaux, les réseaux mafieux s’invitent directement chez les consommateurs et banalisent totalement leur marchandise.

En 2019, puis en 2020 avec le confinement, cela ne concerne plus seulement les bourgeois des grandes villes, mais le phénomène « s’étend aux zones périurbaines, concourant à une disponibilité accrue des produits illicites sur l’ensemble du territoire. »

Les saisies records par les forces de l’ordre pour l’année 2019 montre un accroissement massif de la circulation de drogue, particulièrement pour la cocaïne, alors que dans le même temps les services de polices se retrouvent littéralement submergés par les trafics.

Le constat est également que les prix sont très stables et les produits très concentrés, avec des teneurs en augmentation. C’est le reflet d’un commerce international extrêmement dynamique et florissant.

On a donc une société française particulièrement malade, où la drogue s’impose dans le quotidien d’une part toujours plus grande de la population, et pas seulement dans la jeunesse. Parallèlement, l’État est pratiquement aux abonnés absent, laissant les réseaux mafieux gagner du terrain et de l’influence en toute quiétude. Dans un tel contexte, la perspective pour les cinq prochaines années est particulièrement alarmante.

Il y a urgence : il faut écraser avec force les réseaux mafieux et combattre avec acharnement l’influence culturelle de la drogue, particulièrement dans la jeunesse. C’est une des tâches historiques les plus fondamentales de la Gauche dans un pays comme la France.