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Beach handball: amendes pour des Norvégiennes en short et non en bikini

La Fédération européenne de handball exige le spectacle hypersexualisé.

L’Euro du Beach Handball vient de se terminer, avec le succès des Danois chez les Hommes et des Allemandes chez les femmes. Ce sport consiste en du handball sur sable, avec deux équipes de quatre personnes jouant deux petits matchs, avec des penaltys en cas d’une victoire de part et d’autre. Le sport est très physique et assez spectaculaire, car un point marqué de manière spectaculaire compte double justement (en happant la balle et en tirant directement, sans toucher le sol en mode « kung fu » – en Suisse et en France cela compte même pour trois points).

Il exige naturellement un temps clément et idéalement des plages, aussi ce sport a-t-il comme nations marquantes le Brésil, la Croatie, l’Espagne, la Grèce, mais également les pays nordiques où on sait que la condition féminine est bien plus avancée qu’ailleurs, au sens où les femmes s’engagent davantage dans des activités physiques plus marquées.

Les Norvégiennes justement, qui ont terminé quatrième, ont été la cause d’un « scandale » lors du tournoi. En effet, la Fédération européenne de handball (EHF) entend faire de ce sport sur sable la même chose que ce qui se fait dans le Beach volleyball féminin. On sait comment dans ce sport il y a une hypersexualisation des femmes, le volley effilant de manière d’ailleurs assez prononcée les corps. Voici deux exemples d’un match de chaque sport.

Or, les Norvégiennes avaient porté, lors du match pour la troisième place, un short, et non le bikini exigé par la Fédération européenne de handball. Une amende de 1500 euros a été ainsi attribuée à l’équipe, soit 150 euros par joueuse. En fait, elles comptaient le faire même avant mais on les avait menacé de disqualification.

La fédération norvégienne a annoncé qu’elle payerait avec plaisir la somme, assumant le choix des joueuses de jouer comme cela leur semble le meilleur pour elles. Les médias norvégiens et le gouvernement sont également du côté des joueuses, bien entendu, de par la culture féministe locale, dans un pays où historiquement le mouvement ouvrier est extrêmement puissant.

Il faut dire que dans un tel pays les conditions imposées aux femmes ne pouvaient pas ne pas provoquer une contestation profonde. L’exhibitionnisme exigé correspond de manière flagrante à l’hypersexualisation liée au côté « plage ».

Ce n’est cependant pas le seul problème. En effet, le Beach volley a, de son côté, autorisé depuis 2012 le legging, le short, le t-shirt à manches courtes et celui à manches longues. Le but est d’internationaliser le sport et donc d’intégrer les pays où les traditions islamiques prédominent. Il s’agit de généraliser le sport, d’intégrer des équipes féminines voilées (comme celle de l’Egypte), d’organiser des tournois dans de tels pays. Ainsi, paradoxalement, des joueuses allemandes de Beach volleyball ont menacé de boycotter un tournoi au Qatar si le bikini était interdit. Elles ont finalement eu gain de cause, mais cela en dit long.

Cela reflète la situation pour toutes les femmes. La condition féminine est coincée entre le turbo-capitalisme hypersexualisé et la régression néo-féodale prétendant avantager la pudeur. Il faut donc que les femmes sachent rejeter les injonctions masculines… mais également qu’elles soient conscience de ces deux tendances historiques, sans quoi elles tombent de Charybde en Scylla.

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Le pass sanitaire est-il une mesure machiavélique ?

L’ultra-gauche a largement diffusé sa conception d’un État qui « pense ».

Depuis l’allocution du 12 juillet 2021 d’Emmanuel Macron, un grand débat existe chez les gens de gauche : le pass sanitaire est-il une mesure anti-populaire, et même directement hostile à l’encontre des travailleurs ? La question s’est posée avec d’autant plus d’acuité qu’une partie importante des masses laborieuses, dans ce qu’elles ont de plus large, a eu un véritable haut-le-cœur à l’annonce des mesures étatiques.

La lassitude dans la crise sanitaire et la fatigue du salariat ont amené bon nombre de travailleurs à exprimer un refus de suivre une exigence décidée de manière unilatérale. Il y a un sentiment diffus de ne plus vouloir suivre les règles imposées. Tout cela est très confus, évidemment, vue la nullité complète du niveau de conscience sociale, politique, idéologique, culturel. Il y a cependant quelque chose, et c’est suffisant pour avoir été remarqué.

Comme on le sait, il y a en effet en France une grande tradition syndicaliste révolutionnaire ; à vrai dire, on considère même qu’être à gauche de la gauche serait d’exprimer la colère populaire revendicative. D’où une vague de refus du pass sanitaire exprimée politiquement de manière ouverte.

Il faut cependant prendre garde à ne pas rater la question de fond. En effet, les travailleurs refusant le pass sanitaire ont pris cela pour eux, au sens de : « on va encore nous ennuyer, nous agresser ». Ils ont une vision machiavélique d’Emmanuel Macron, comme de Nicolas Sarkozy hier. Il y aurait un calcul, ce serait un coup fourré, un coup de Jarnac, etc.

Or, que voit-on ? Que les dénonciations du pass sanitaire se placent à ce niveau. Elles ont toutes comme arrière-plan intellectuel d’imaginer le capitalisme organisé, avec des gens savant pertinemment ce qu’ils font. Il est pourtant évident que l’État est débordé et que le pass sanitaire est le minimum objectif à réaliser pour essayer que la société sorte la tête de l’eau.

C’est là qu’on voit comment prédomine la conception d’ultra-gauche d’un État « calculateur », d’un État à la « 1984 », d’un capitalisme conscient et cynique, calculateur et machiavélique. C’est une vraie paranoïa, qui s’exprime très largement. Lutte Ouvrière, par exemple, est formelle dans son article Passe sanitaire et vaccination forcée : c’est non ! : c’est une mesure calculée, un coup machiavélique.

« Qu’arrivera-t-il aux salariés qui n’auront pas de passe sanitaire à jour ou à ceux qui ne voudront pas se plier à l’obligation vaccinale ? Seront-ils mis à l’amende, suspendus, licenciés ? La non-vaccination est devenue un nouveau motif de licenciement, eh bien voilà une attaque anti-ouvrière de plus à combattre ! 

La vaccination est un moyen puissant pour combattre l’épidémie, mais Macron s’en sert comme une arme politique pour dissimuler sa propre responsabilité. Il s’en sert pour cacher combien la gestion capitaliste des hôpitaux est criminelle. Il s’en sert pour faire oublier le manque de moyens humains et matériels du système de santé.

Macron est en campagne et il utilise la crise sanitaire pour resserrer les rangs derrière lui, en dressant les vaccinés contre les non-vaccinés. Il aimerait que nous passions le temps à nous dénigrer, nous déchirer et nous contrôler les uns les autres, plutôt que juger de son action et lui demander des comptes. »

L’idée de fond, c’est que le pass sanitaire serait une mesure afin de diviser pour régner, avec aux commandes un super-calculateur prévoyant les coups à l’avance. Le PCRF parle de « Macron l’autocrate jupitérien » réalisant une « avalanche continue des mesures liberticides et réactionnaires ». Le PRCF parle du « tyranneau Macron« , qui empile les mesures liberticides :

« Préparées par un intense pilonnage médiatique, les annonces de Macron sont inadmissibles sur toute la ligne. Plus arrogant que jamais alors même que le parti macroniste LREM a obtenu moins de 4% des inscrits aux régionales et aux départementales, le “libéral” Macron institue à la fois l’obligation vaccinale pour les soignants et le passe sanitaire individuel obligatoire pour une interminable série d’activités : ce qui revient de fait quasiment à assigner à résidence, voire à interdire de vie sociale, politique et culturelle toute une partie de la population!

Cette approche ultra-autoritaire et diviseuse, typique des mesures liberticides empilées sans fin par les présidents et par les gouvernements maastrichtiens successifs, fait l’impasse sur l’euro-casse austéritaire de l’hôpital, qui continue de plus belle, et sur le désintérêt total du pouvoir pour les politiques de soin et de prévention. »

Le média Lundi.am, porte-parole d’une ultra-gauche spontanéiste et intellectuelle, parle pareillement de contrôle et de répression :

« Emmanuel Macron l’a annoncé lundi dernier, la stratégie de lutte contre la 4e vague épidémique s’articulera autour de valeurs phares : la menace et le chantage, le contrôle et la répression. Il y a beaucoup à dire et à penser de ce que va produire le Pass sanitaire et les mille frontières invisibles qu’il va faire exister autour de nous, de la division entre bon citoyen et marginal co-responsable de l’épidémie. »

Révolution Permanente, courant du Nouveau Parti Anticapitaliste en phase de fonder un nouveau parti, formule cela de la manière suivante dans Pass sanitaire : un autoritarisme made in Macron pour masquer l’échec de sa stratégie vaccinale :

« Lundi 12 juillet, Emmanuel Macron a annoncé l’extension du pass sanitaire à l’ensemble des bars, restaurants, centres commerciaux et trains. A travers cette mesure, Macron cherche à faire peser le poids des restrictions sur les non-vaccinés, créant ainsi des citoyens de seconde zone. Si la généralisation de la vaccination est une nécessité, cette mesure est intrinsèquement autoritaire et liberticide. Pire, loin de créer de la confiance envers la vaccination, elle va accentuer la défiance. »

Tout cela est bien erroné et rate le vrai fond du problème: que le capitalisme a fait le tour de lui-même, que l’État est débordé, que tout se fait au jour le jour… Croire que les couches dominantes, totalement décadentes, peuvent gérer quelque chose, c’est « croire » en un capitalisme qui peut se comprendre lui-même, ce qui est absurde. Le pass sanitaire n’est pas une mesure machiavélique : c’est simplement une réponse objective d’une société essayant de traverser la crise sanitaire. Et loin de parler de mesures liberticides, il faudrait au contraire se plaindre que ces mesures ne le sont pas assez!

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Le Tour de France, une éternelle arnaque?

Une société corrompue produit inlassablement de la corruption.

Le Tour de France 2021 s’est couru à 41,2 km/h de moyenne. C’est la deuxième plus haute moyenne historique derrière celle du Tour 2005 « remporté » par Lance Armstrong…

Cela ne passe pas, et personne ne peut croire sincèrement non plus en les performances du jeune slovène Tadej Pogacar qui écrase tout sur son passage, alors qu’il a à peine 23 ans. Le visage ne montrant aucune trace de fatigue, il a à de nombreuses reprises, en montagne ou sur contre-la-montre, produit des accélérations surclassant tout le monde. Battant au passage deux records d’ascension détenus par Lance Armstrong. Comme si ses muscles ne produisaient pas d’acide lactique, cette substance qui donne l’impression d’avoir les jambes qui brûlent lors d’un effort de haute intensité. 

Tadej Pogacar est slovène, et là encore personne dans le cyclisme ne croit sincèrement en le miracle national venu de Slovénie. Ce petit pays, comptant moins d’habitants que le ville de Paris (2 millions), connaît depuis quelques années son lot de “surdoués” du vélo. 

C’est le cas de Primož Roglič, initialement favori du Tour et dominant outrageusement le cyclisme depuis quelques années. C’est aussi le cas de Matej Mohoric, double vainqueur d’étape sur cette édition 2021 et qui a eu l’audace d’un geste incroyable…

Alors que son équipe était perquisitionnée le matin même pour des soupçons de tricherie, il a franchi la ligne d’arrivée (en vainqueur) en faisant « chut » avec l’index sur la bouche… puis mimant le geste de la fermeture éclaire sur la bouche.

Indigne geste de mafieux, arrogant et menaçant. Mais c’est justement l’omerta dans le cyclisme, et personne (ou presque) ne dénonce ces encadrants d’équipe corrompus, anciens dopés avérés, ou anciens impliqués dans des affaires de dopage. 

Le directeur de l’équipe de Matej Mohoric, Milan Erzen, a un lourd passif avec plusieurs de ses coureurs slovènes suspendus pour dopage. Ce n’est pas mieux du côté de l’équipe de Tadej Pogacar, dont le directeur a aussi un sombre passif. Lui-même victime d’une malaise très grave en 1998 pour avoir consommé une substance équivalente au fameux EPO de synthèse… et par le passé manager d’un dopé notoire tel Riccardo Ricco. 

D’ailleurs, les équipes de ces deux coureurs appartiennent à des États du Golfe totalement corrompus, richissimes à coup de pétrodollars, qui se servent du sport pour tenter d’exister sur la scène internationale. En l’occurrence, les Émirats arabes unis et le Bahreïn.

Au final, sur le Tour 2021, 4 équipes se partagent 14 victoires d’étape, et ce fut pareil pour la course au classement général. Cela laisse un goût amer, d’autant plus que les instances internationales ne semblent rien faire contre. Et alors que la lutte antidopage en générale ne cesse de reculer, faute de moyen, toujours à la traîne face à la course à l’armement lourd des tricheurs. 

Transfusions, corticoïdes, cétones, produits masquants, moteurs cachés, microdoses d’EPO ou encore ACE, la liste des inquiétudes est très longue. 

Mais qu’attendre d’un sport dont l’instance mondiale, l’UCI, est dirigée par un politicien opportuniste de Droite ? En l’occurrence David Lappartient, qui est maintenant également Président du conseil départemental du Morbihan et qui est candidat (incontesté) à sa propre succession à la tête de l’UCI… 

Car c’est précisément de cela qu’il s’agit. Le Tour de France n’est pas pire qu’ailleurs, il n’est malheureusement qu’à l’image de la société dans laquelle il s’inscrit. Peut-être que cela se voit plus, que cela heurte plus les consciences qu’ailleurs, mais cela n’a en soit pas grand chose d’extraordinaire. 

La triche est partout, le business et la corruption sont partout, les valeurs et la morale populaire, nulle part. Il n’y a qu’une société authentiquement démocratique et populaire qui sera suffisamment forte et coercitive pour laminer les tricheurs.

Il faudra s’employer pour cela, et si on veut un Tour de France “propre” il n’y aura pas d’autre choix que de contrôler strictement les coureurs. De publier publiquement les profils de puissances, enregistrées de manière indépendante. De publier publiquement les données physiologiques des coureurs. De fournir des vélos neutres en toute indépendance des équipes elles-mêmes, seul moyen de se prémunir du dopage mécanique. 

Sans ça, le Tour restera une éternelle arnaque, un simple divertissement ayant le sport comme prétexte…

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Gilets jaunes nouvelle version: 114 000 anti-pass sanitaire

La révolte populiste resurgit, massive.

Agauche.org a été l’un des très rares médias de gauche à dénoncer de manière absolue les gilets jaunes. La nature correcte d’une telle position alors saute désormais totalement aux yeux. 114 000 personnes ont en effet manifesté dans toute la France contre le pass sanitaire, assimilé à la « dictature sanitaire », à la dictature tout court.

C’est une réédition des gilets jaunes, à tous les niveaux : dans le style, dans la vision du monde, dans l’expression des idées et des revendications, dans la nature petite-bourgeoise. Mais c’est une réédition bien plus virulente… Et si la Gauche avait écrasé idéologiquement et culturellement les gilets jaunes, on n’aurait pas eu cela.

Cette fois, on a en effet une envergure nationale réelle, une ampleur idéologique traversant de nombreuses strates de la société et franchissant allègrement les courants idéologiques.

Et non seulement les manifestations ont eu lieu dans toute la France (Perpignan, Morlaix, Reims, Lyon, Agen, Bourges, Strasbourg, Albi, Troyes, Chambéry, Paris, Marseille, Montpellier, Nancy, Toulouse, Vannes, Lille, Vichy, Rouen, Pau…), mais il y a des figures incarnant le mouvement, comme celles en première ligne de la manifestation parisienne : l’ex-numéro 2 du Front national Florian Philippot, la députée (ex-LREM) « covidosceptique » Martine Wonner, l’ancien chanteur Francis Lalanne, Jacline Mouraud des Gilets jaunes.

Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, est également sur le front,  a de son côté tenu une conférence de presse devant le Conseil constitutionnel. Et on notera que, bien entendu, ont appelé à manifester tant  François Ruffin (La France insoumise) que François Asselineau (Union Populaire Républicaine).

Ce que les gilets Jaunes avaient échoué à mettre en œuvre, dès les suites de leur première manifestation, est apparu en tant que tel le samedi 17 juillet 2021. C’est le grand front qui se met en place, « trans-partisan », « trans-gressif », « trans-activiste », « trans-idéologique… tout en proposant, cette fois, une véritable synthèse.

Il suffit pour comprendre cela de se tourner vers Jacline Mouraud. Cette dernière compte se présenter à la prochaine présidentielle et a profité de l’appui du média russe RT France à l’occasion des manifestations du 17 juillet 2021. Cela n’a rien d’étonnant, vu comment la Russie est directement un soutien pour toute la mouvance complotiste – nationaliste – conservatrice révolutionnaire – populiste.

Mais surtout le discours est désormais parfaitement rôdé. Voici un exemple de sa prose (tiré de « Pourquoi j’irai manifester samedi »), qui reflète parfaitement l’idéologie anti-pass sanitaire, dans cet ignoble mélange national et social inauguré par les Gilets jaunes :

« Emmanuel Macron s’apprête à nous faire vivre une saison en enfer. A défaut d’être un véritable chef de guerre, il opère une prise d’otages des Français libres, il sème la zizanie dans les familles et les professionnels, il enferme les biens portants et les affubles d’amendes faramineuses s’ils ne se conforment pas aux oukases gouvernementaux, il accroche une épée de Damoclès sur tous les membres de la société, il étouffe toute forme de révolte, il recherche une obéissance aveugle à ses ultimatums à coup de sommations et de mises en demeures, il échafaude un apartheid à la française.

Pour ce président qui semble ne plus avoir de limites, passera-t-il ensuite à une persécution d’un nouveau genre ? Car là où Emmanuel Macron ne voit que des vaccinés et des non-vaccinés, je ne vois que des Français ayant tous les mêmes droits et les mêmes devoirs. Le droit de vivre libres et le devoir de protéger nos libertés.

La France est plus que jamais fracturée par un président qui n’écoute que les bruits de la ville, qui déchire le tissu national et social, bombant le torse par orgueil du devoir accompli.
« Je l’ai fait ! » doit-il penser. « Nous ne nous soumettrons pas! » lui répondons-nous.

Nous refusons la société dictatoriale à la chinoise.
Nous n’entrerons pas dans le rang des asservis..
Nous ne renoncerons pas à nos libertés chèrement gagnées.
Nous nous révolterons contre ce supplice des condamnés.
Nous ne passerons pas à la guillotine sociale. »

Tout cela correspond à la paranoïa petite-bourgeoise, la hantise du déclassement, l’angoisse d’être pris entre le marteau bourgeois et l’enclume prolétaire, les ruminations face à une crise en expansion. Nous sommes dans les années 1930.

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Pass sanitaire: le chaos dans le salariat

Dans un pays libéral, organiser quelque chose socialement est une gageure.

Les mesures annoncées par Emmanuel Macron le 12 juillet 2021 lors de son importante allocution ont une dimension autoritaire très prononcée ; il s’agit en effet pas moins que de remettre enfin de l’ordre, d’y voir clair, donc de vacciner partout afin d’avoir à moins le gérer possible une crise partie pour durer.

Seulement voilà, les Français ne sont pas des Allemands ni des Autrichiens et à cela s’ajoute une situation sociale catastrophique, non pas au sens où c’est la misère qui régnerait, loin de là, mais au sens où les tissus sociaux sont profondément déchirés.

Dès le lendemain, le gouvernement a dû reculer sur la vaccination des jeunes, car il s’est aperçu qu’il n’y aurait pas le temps de les vacciner en un mois. Cependant, il y a surtout la grogne du côté des salariés et de ceux qui les emploient.

Entre les salariés non vaccinés, ceux qui ne le veulent pas parce que c’est une injonction d’en haut pour permettre la consommation, ceux en vacances, ceux qui aimeraient éviter… comment faire ? Cela semble insoluble et c’est très exactement la preuve qu’on est dans une situation de crise.

Les salariés ne veulent pas se plier, du moins en partie, et les responsables des salariés ne savent pas comment faire. Faut-il licencier, y en aura-t-il le droit si facilement ? Et comment trouver du personnel remplaçant ?

Emmanuel Macron voulait rigidifier l’ordre social, peut-être a-t-il ouvert la boîte de Pandore d’une défiance sociale à l’échelle du pays. C’est ce que pensent d’ailleurs les populistes du RN de Marine Le Pen et de LFI de Jean-Luc Mélenchon, qui parlent de mesures liberticides, etc., comme beaucoup de groupes d’ultra-gauche également.

En réalité, tout cela pose la question de l’État et quand on est de gauche, on doit dire : il faudrait un État démocratique, sur une base populaire, pour véritablement être capable de mettre en place une mesure collective, car mesure collective il faut.

Cependant, de par le faible niveau de conscience sociale et l’agitation petite-bourgeoise, on va être dans une situation de critique semi-anarchiste de l’État, de rejet des valeurs collectives, des exigences collectives… Ce qui, dans le contexte, ne manquera toutefois pas de provoquer une situation explosive politiquement, à tous les niveaux.

En fait, Emmanuel Macron s’est dit que c’était le bon moment pour activer la société, totalement passive jusque-là. Il a ce faisant peut-être laisser sortir les monstres des enfers et ils peuvent être déchaînés…

La porte du nouveau semble ouverte et on va très vite savoir si c’est bien le cas.

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La PMA prépare le terrain pour la GPA en créant des « parents » d’intention

La France importe du droit californien le concept de « parent d’intention », indispensable pour légaliser la GPA.

Un couple de femmes ne peut pas avoir d’enfant. Une des deux femmes peut être la mère d’un enfant qu’elles élèvent ensemble, mais elles ne seront jamais toutes les deux la mère de cet enfant. C’est naturellement impossible et la loi relative à la bioéthique adoptée par le Parlement le 29 juin avec son article 1 consacrant la « PMA pour toutes » n’y change rien. Aussi prétentieuse que soit la société bourgeoise, elle n’est pas au-dessus de la nature, et elle ne le sera jamais.

Ce qui change par contre, c’est qu’il sera maintenant possible d’inscrire à l’état civil un enfant en prétendant qu’il a (soit-disant) deux mères. Le texte de loi prévoit une reconnaissance conjointe de l’enfant à naître devant notaire. Autrement dit, deux femmes se rendront devant un notaire pour exprimer qu’elles ont l’intention d’être toutes les deux reconnues légalement comme mères d’un enfant à venir.

Les décrets d’application ne sont pas encore prêts, mais on sait déjà que cela va être un immense bouleversement juridique et anthropologique. En effet, le droit de la filiation est censé encadrer l’existence naturelle des familles, de manière à faire concorder la réalité naturelle avec les besoins d’organisation de la société. C’est, au sens strict, l’objet même du droit, des lois, de la légalité. Aucune société démocratique ne peut fonctionner sans un tel système juridique encadrant et déterminant ce qui est possible ou non, ce qui est authentique ou non, ce qui est reconnu ou non, ce qui est interdit ou limité, etc.

En l’occurrence, en ce qui concerne le droit de la filiation, il y a les concepts naturels de père et de mère pour déterminer qu’un enfant est né de telle mère et de tel père, et qu’il s’agit là de sa filiation, conformément à la nature. En raison de la complexité des rapports humains, le droit a prévu de multiples aménagements à ce principe de la filiation, avec notamment le concept indispensable de parents adoptifs (visant à remplacer les parents naturels manquants). Il y a aussi la possibilité que la filiation paternelle (et plus rarement maternelle) soit vacante (avec la mention né ou née de père inconnu).

Des entorses à la réalité ont déjà été admises historiquement (ce qui est contestable socialement), mais il a été établi comme garde fou le principe de vraisemblance biologique de la filiation. Cela est vrai depuis le Code Napoléon, à l’origine du droit moderne, et cela avait été surtout précisé avec les lois bioéthiques de 1994 et de 2011 en raison de la généralisation de l’aide médicale à la procréation (ou PMA) avec donneur.

Dans le cadre d’une fécondation avec un donneur (dans le cas où le concubin d’une femme a un problème médical rendant impossible la fécondation naturelle), il a été établi que l’homme en question pouvait se substituer légalement au donneur en étant inscrit comme père à l’état civil de l’enfant, bien qu’il ne soit pas le père naturel. Cela devait être conforme au principe de vraisemblance, afin d’encadrer les choses, d’en limiter la portée à des cas très précis pour ne pas faire n’importe quoi.

Ce qui change avec la nouvelle loi bioéthique de 2021, c’est que ce principe de vraisemblance biologique vol en éclat et qu’on pourra légalement faire n’importe quoi. Il est maintenant assumé que la filiation puisse être inscrite en dehors de toute réalité naturelle avec la possibilité d’inscrire une deuxième « mère » à l’état civil d’un enfant.

Pour permettre cela, il n’y a pas d’autre choix que d’adopter le concept issu du droit californien de parent d’intention. C’est ni plus ni moins ce que signifie la reconnaissance mutuelle devant notaire prévu par la nouvelle loi. Deux femmes se déclareront a priori comme mère, comme ayant l’intention d’être mère d’un enfant à venir.

C’est, au sens strict, le passage du droit de la filiation vers le droit commercial. On passe d’une inscription légale encadrant la réalité naturelle de la naissance d’un enfant à l’établissement d’un contrat de propriété d’un enfant.

Partant de là, il n’y a plus aucune raison d’interdire la GPA (gestation pour autrui) et c’est précisément ce que consacre le droit californien qui autorise la GPA.

Il faut bien voir ici que cette notion de parent d’intention est absolument décisif en ce qui concerne la légalité ou non de la GPA. Nous avions étudié cela en détail dans plusieurs articles consacrés à des faits de droits récents où la légalité a été prise d’assaut par des juges, de manière antidémocratique (ici ou ).

Il y a eu notamment ce cas très grave en 2019 où la Cour de cassation a littéralement écrasé l’article 47 du code civil, à propos justement de la vraisemblance des actes de naissance. La cour de cassation, la plus haute instance juridique du pays, avait reconnu l’existence de « parents d’intention », alors que cela est normalement illégal en droit français.

C’était une première salve permettant la reconnaissance de GPA pratiquées à l’étranger en toute illégalité au regard du droit français. Il y a maintenant une nouvelle étape qui a été franchie en France puisque la base même permettant la GPA, le concept de « parent d’intention », est reconnue concrètement par la loi.

Les libéraux n’auront plus besoin de contourner la loi française, ils l’ont carrément modifié, dans le plus grand déni de la société elle-même qui regarde ça de loin, sans rien dire ni chercher à comprendre. C’est un véritable hold-up démocratique, un nouveau coup d’État au moyen du Droit lui-même, pour permettre la légalisation de la GPA dont la société française ne veut pourtant pas entendre parler.

C’est un véritable coup dur, car la bataille contre la GPA va dorénavant être très difficile à mener, les libéraux ayant tellement préparé le terrain en leur faveur. Seule une Gauche forte et massive, solidement ancrée dans ses principes historiques, sera à la hauteur pour faire face à cette offensive du turbo-capitalisme consacrant la marchandisation des enfants.

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PMA: une victoire du turbocapitalisme

La société française a fait un pas de plus dans la version américaine du capitalisme.

« Constance et Aude Démettre sont les mères de Juliette (9 ans) et des triplées Apolline, Emma et Camille (6 ans), à Bordeaux le 25 juin 2021. » C’est ainsi que Le Monde présente deux femmes et quatre enfants dans un article sur la PMA, la Procréation Médicalement Assistée. Biologiquement, cela n’a aucun sens. La vie est dialectique et il faut un homme et une femme pour qu’il y ait des enfants.

C’est cependant tout à fait conforme avec le capitalisme roi qui s’arroge tous les domaines, y compris la vie. De la même manière que les poules dites pondeuses et les chiens dits de compagnie sont des êtres vivants totalement déformés génétiquement pour servir le marché, les enfants eux-mêmes deviennent des marchandises, une consommation à laquelle on aurait « droit ».

La PMA, qui dont l’accès vient d’être élargie par la loi en France le 29 juin 2021, est maintenant ouverte à toutes les femmes, y compris célibataires. Deux femmes peuvent être reconnues comme « mères » au même titre. Et la PMA sera gratuite, c’est-à-dire que la société la paiera. C’est nécessaire, parce que le capitalisme a besoin que ce puissant outil d’atomisation des gens soit largement employé.

Car tel est le but du capitalisme : tout réduire à des identités et de la consommation. La PMA n’est d’ailleurs qu’un inévitable pas vers la GPA, la Gestation Par Autrui, que ne manqueront pas de demander des hommes au nom de « l’égalité des droits ». Et cette GPA sera elle-même un pas vers autre chose, car le capitalisme cherche, par définition, à élargir son marché.

Pour qui n’y croit pas, il suffit de voir que le turbocapitalisme considère que des hommes s’imaginant des femmes ont le droit de se considérer comme tel. Or, « elles » ne peuvent pas avoir d’enfants, puisque ce sont des hommes. Le capitalisme dira alors que ces hommes, étant considérés juridiquement comme des femmes, doivent avoir les mêmes droits que les autre femmes. Et la GPA sera instaurée, sur une base pseudo volontaire avec « dédommagement », comme équivalent de la PMA.

Il est intéressant ici de voir que la Gauche, en France, est devenue la cinquième roue du carrosse libéral. On est vraiment passé dans une situation à l’américaine : il y a les républicains-conservateurs, qui ne veulent pas trop de changement pour ne pas qu’il y ait d’agitation sociale, et il y a les démocrates-sociaux qui veulent moderniser le capitalisme en déviant l’agitation sociale.

Les deux s’opposent, mais pas sur leur fond capitaliste ; d’ailleurs, Pascal Praud, l’agitateur médiatique sur CNEWS, totalement sur une ligne républicaine-conservatrice, est tout à fait en faveur de la PMA. Ces deux pôles ont le même rôle qu’aux États-Unis : assécher le terrain de la lutte de classes, polariser de manière fictive.

Et cela marche. Il n’aura échappé à personne justement que, en ce moment, l’idéologie LGBT se répand de manière la plus subjectiviste, que dans chaque lycée il y a une voire plusieurs personnes s’imaginant « trans » et affichant un nihilisme outrancier et morbide à ce sujet. Le capitalisme fait littéralement un hold-up sur le mal-être et propose comme solution non pas de changer la société, mais de changer son propre corps, de le rendre consommable. Et comme cela ne marche pas, que cela ne résout rien, les jeunes tombant dans le panneau sont obligés de toujours plus en rajouter.

Et le turbocapitalisme en rajoutera. Et le conservatisme en rajoutera. Et le turbocapitalisme en rajoutera. Etc. Sans fin, comme aux États-Unis. Sauf si la Gauche historique renaît de ses cendre et démolit ce plan d’écrasement de la conscience des gens.

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Le pass sanitaire européen, une avancée vers la socialisation de la société

Toute mesure collective implique la collectivité.

C’est une mesure dont les conséquences sont énormes, et même gigantesques. Elle exprime toute une formidable contradiction entre un capitalisme qui atomise les individus et une pandémie qui exige un décision collective à l’échelle de la société elle-même.

Le principe est simple : un pass sanitaire européen a été instauré dans pays de l’Union européenne, ainsi que la Suisse, la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein. Il indique si on est vacciné, ou guéri, ou récemment testé. Il se fonde sur un QR code lisible dans tous les pays concernés. Il s’ajoute au document d’identité afin de pouvoir franchir les frontières, au premier juillet.

Or, les libéraux hurlent, avec justesse, que c’est là du socialisme. C’est indubitablement une réduction des droits individuels et la primauté de l’intérêt collectif sur les droits personnels. S’il est présenté comme « gratuit et non-obligatoire », en pratique sa gratuité implique qu’il soit fournit par la société et que la société le rende obligatoire par la force des choses.

Impossible de prouver qu’on est vacciné en France à des policiers aux frontières slovaques sourcilleux peu désireux de vérifier que le document soit un original et que ce qu’il dit en français et en anglais soit vrai. Il faudra bien s’y plier. D’ailleurs, en Belgique les tests PCR vont devenir payants pour qui n’est pas vacciné ou n’a pas fait la demande de vaccin. Les administrations des États sont obligés de rationaliser la lutte pour la pandémie et, malgré elles, de faire avancer la cause du collectivisme.

Mais ce n’est pas tout. On sait qu’en France les cafés et les restaurants doivent, légalement, demander les coordonnées personnelles des clients. Cela n’est évidemment pas fait. Le modèle administratif est toutefois que cela soit fait, de manière systématique. On retrouve ici encore et toujours l’Autriche comme laboratoire. Pour accéder dans ce pays aux cafés, restaurants, et même aux commerces, il faut montrer patte blanche : un QR code doit prouver qu’on est vacciné, guéri ou récemment testé. Et c’est naturellement vérifié à l’entrée… avec même le droit de demander la carte d’identité !

Inconcevable en France dans l’état actuel des choses, mais si la pandémie se prolonge, si elle s’installe, ce sera obligatoire. Cela deviendra une norme de par la situation, et cela peut même être une norme pour des années, une décennie, plusieurs décennies, etc. L’humanité joue aux apprentis-sorciers en massacrant la Nature, le retour de bâton est inévitable.

Or, quand on est de gauche, on sait qu’il fait une culture pour qu’une norme s’impose. Cela signifie que les gens devront changer de culture. On peut prendre ici un exemple très simple. L’État français a pris en compte le 20 avril le principe du pass sanitaire européen. Comme il est amené à réaliser cela administrativement, mais n’a pas l’esprit pour cela, pas la culture, que s’est-il passé ? Eh bien l’Etat a oublié qu’il y avait deux millions de personnes qui avaient eu le COVID-19 avant le 20 avril.

Résultat, le pass sanitaire européen établi en France ne permet pas de valider le fait d’avoir été guéri avant le 20 avril ! Si on multiplie ces situations à grande échelle, on obtient la nécessité de remplacer le vieil État bureaucratique sclérosé par le capitalisme par un État démocratique porté par le peuple.

Et, d’ailleurs, les vaccinations… n’ont une durée de validité que de neuf mois. Il faudra prendre cela en compte, jongler entre les anciennes et les nouvelles vaccinations, les variants… La situation exige le collectivisme. Et pour des décisions collectives, il faut des gens à la hauteur du collectivisme.

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La superpuissance américaine met en place un envoyé spécial pour les « droits des LGBTQI+ »

Un excellent exemple du sens idéologique de la démarche.

OutRight Action International est une ONG américaine millionnaire, qui n’a de non-gouvernemental que le nom puisqu’il s’agit, comme pratiquement toutes les associations de ce type, d’une force de frappe associative visant à influencer les opinions publiques dans un sens comme dans l’autre.

Aussi le président américain Joe Biden a-t-il nommé sa présidente, Jessica Stern, envoyée spéciale pour la défense des droits de la communauté LGBTQI+ à travers le monde. Sa tâche sera d’aider la diplomatie américaine à ce sujet. Quand on connaît la diplomatie américaine, on se doute qu’il s’agit d’une contribution pour renforcer l’influence de la superpuissance américaine, de manière directe et indirecte.

Il s’agit d’une composante du projet de « société inclusive » dont les Etats-Unis seraient la figure de proue. C’est le « capitalisme à visage humain ». C’est d’ailleurs Barack Obama qui avait mis en place ce poste, occupé de 2015 à 2017 par Randy Berry. Donald Trump avait mis de côté cette fonction, en raison de la ligne isolationniste anti-chinoise qu’il représentait.

Comme désormais l’heure est à la ligne interventionniste anti-chinoise (et anti-russe d’abord), le soutien à l’idéologie LGBT déjà institutionnelle (et entrepreneuriale) aux Etats-Unis tourne de nouveau à fond.

Tout cela est clair depuis le départ, de toutes façons, mais en raison de la crise, l’idéologie LGBT révèle toujours plus le fait de n’être qu’une idéologie véhiculée par le capitalisme américain, relevant d’un moyen d’élargir son influence. Loin d’être en faveur d’une société démocratique (et populaire), l’idéologie LGBT prône une société « inclusive » qui ne vise qu’à renforcer l’atomisation de la société et le turbocapitalisme.

Comment les gens de gauche peuvent-ils défendre l’idéologie LGBT en voyant un tel appui de la part de la superpuissance américaine, tant du côté de son président que de l’armée ou de la CIA, sans oublier toutes les grandes entreprises? Qui soutient l’idéologie LGBT converge de fait avec le capitalisme libéral-libertaire paradoxalement porté par une superpuissance américaine ayant en son cœur un véritable complexe militaro-industriel.

Il est d’autant plus important de souligner cela si on veut éviter d’avoir à se retrouver dans le camp de la Chine ou de la Russie, pays diffusant un anticapitalisme fictif, romantique, censés « freiner » le turbocapitalisme. En fait, dans tous les cas de figure, dans tous les domaines, on doit de plus en plus prendre en compte l’affrontement sino-américain, et considéré qu’il façonne tous les phénomènes, qu’il tend à cliver en deux camps.

Eviter ces deux camps et défendre celui de la démocratie et du peuple, voilà la tâche malaisée mais essentielle pour qui ne veut pas avoir à choisir un camp lors d’une troisième guerre mondiale apparaissant dans un horizon nullement si lointain.

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L’UEFA obligée de reconnaître la dimension partisane de l’idéologie LGBT

L’Euro de football connaît un épisode révélateur.

L’idéologie LGBT ne consiste pas en une défense des droits démocratiques des personnes homosexuelles. L’idéologie LGBT est une excroissance capitaliste de cette défense, sur un mode identitaire, formant une véritable vision du monde totalement libérale. On « choisirait » sa sexualité, son corps, l’esprit serait séparé du corps, tout ce qui serait naturel serait faux et seuls compteraient les choix consommateurs.

La preuve en est que toutes les grandes entreprises des pays riches défendent cette idéologie de manière acharnée. Quand on voit la CIA être résolument pro-LGBT, ou Google, Amazon, etc., on comprend ce qu’il en est à moins de s’imaginer que les capitalistes sont des gens sympathiques capables de faire avancer les choses.

L’Euro 2020 de football, repoussé d’une année en raison de la pandémie, a toutefois amené cette idéologie à se prendre les pieds dans le tapis. En effet, l’Allemagne a demandé à ce que le stade de Munich soit illuminé aux couleurs LGBT à l’occasion d’un match entre l’Allemagne et la Hongrie. Naturellement, la promotion de l’idéologie LGBT est ici masquée par des mots d’ouverture, de tolérance.

Or, certains pays d’Europe de l’Est réfutent le libéralisme sur le plan des mœurs, afin de maintenir dominante une idéologie religieuse-patriarcale et d’avoir une appui de la part d’une population qui ne connaît pas le turbo-capitalisme occidental et qui se méfie plus que fortement du style décadent qui va avec.

C’est notamment le cas de la Hongrie, qui vient de mettre en place une loi interdisant « la représentation et de la promotion d’une identité de genre différente du sexe à la naissance, du changement de sexe et de l’homosexualité ». Mais c’est vrai de la plupart des pays de l’Est, où le capitalisme est en large partie bureaucratique, déformé, ou bien porté par des entreprises occidentales.

L’idée qu’il n’y aurait pas une famille naturelle, mais une multitude de formes « familiales », est tout à fait acceptable pour des occidentaux libéraux, façonnés par un capitalisme ininterrompu au quotidien. Mais là où le capitalisme ne propose pas une telle consommation, c’est impossible, et malheureusement ce sont alors les religieux qui idéalisent le passé pour mettre en avant un anti-capitalisme romantique (dont la Biélorussie est un très bon exemple).

L’UEFA, instance suprême du football européen, s’est donc retrouvée coincée. Soit elle validait unilatéralement l’illumination du stade de Munich aux couleurs LGBT, en disant que c’est un message de valeurs positives, soit elle demandait à ce que cela ne se fasse pas en raison d’un caractère partisan.

Elle a choisi la seconde option. Si elle ne le faisait pas, elle serait partie prenante du rouleau compresseur idéologique occidental qui utilise l’idéologie LGBT pour travailler au corps, dans un sens libéral, les pays d’Europe de l’Est. Et l’UEFA n’avait aucune envie de se retrouver dans une telle croisade idéologique visant pas moins qu’à renverser des gouvernements.

Car on est en situation de crise mondiale et tout s’insère, d’une manière ou d’une autre, dans une certaine perspective. On l’a vu aux États-Unis avec le mouvement Black Lives Matter, qui s’est immédiatement transformé en mouvement superficiel ouvertement au service de Joe Biden.

C’est un excellent exemple de comment des questions démocratiques, formant des aspects importants mais secondaires, se retrouvent, sans direction démocratique et populaire, dans l’orbite du turbo-capitalisme.

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Trois ouvriers de Renault Trucks licenciés pour avoir secoué un distributeur de boisson

Les ouvriers n’ont aucune conscience politique ni sociale et la bourgeoisie fait ce qu’elle veut.

C’est le Progrès, de la métropole de Lyon, qui raconte une affaire à la fois pathétique et honteuse. Pour qu’une telle chose puisse se dérouler, c’est vraiment qu’il n’y a en France rien à sauver pour le moment!

« Secouez-moi » disait la pub Orangina. Mal en a pris à des salariés de l’usine Ponts Essieux du constructeur de poids lourds à Saint-Priest. Pour avoir malmené un distributeur de boissons, ils vont pointer au chômage. Trois salariés de Renault Trucks Saint-Priest ont été licenciés en mai.

Les raisons suivent. Le courrier signé de la responsable RH Ponts Essieux, fait état d’une scène captée le 21 avril par une caméra de vidéosurveillance. On y verrait le salarié, masque baissé, mettre quatre coups de pied dans un distributeur de boissons après qu’une pièce est restée bloquée. Puis il s’en va, revient avec un collègue qui aide au déblocage de la monnaie. Les deux hommes secouent alors le distributeur qui délivre deux canettes (…).

Précision : ce sont bien trois salariés de l’usine de Saint-Priest qui sont licenciés pour « vol » de canettes, et non deux. « Ce distributeur fonctionne mal. La scène s’est reproduite avec à nouveau deux salariés, dont un présent les deux fois », précise Michel Piot [délégué CGT Renault Trucks].

C’est lamentable, mais tout à fait représentatif. Le niveau de lutte de classe en France est à zéro. La CGT et l’ultra-gauche vendent du rêve, mais c’est de la fiction pure et simple. Tout comme le déconfinement mis en place fin juin 2021 révèle une France beauf, d’ailleurs admirative de l’Euro 2020 de football dans une sorte de passion triste nationaliste, le climat social montre que la bourgeoisie fait ce qu’elle veut et que les ouvriers mènent une vie simpliste.

Il y a bien en général une conscience diffuse des choses qui ne vont pas, cependant l’engagement est à zéro, la capacité à synthétiser inexistante, quant à la capacité de se sacrifier pour une Cause collective, n’en parlons même pas. C’est un constat affreux, mais il faut le faire si on veut transformer le monde. Qui ne reconnaît pas que l’aliénation est systématisée par le capitalisme ne comprend pas le capitalisme et ne peut tout simplement pas le combattre.

Cette affaire de licenciements est une preuve de tout cela. S’il y avait réellement une conscience sociale dans ce pays, jamais les trois ouvriers de Renault Trucks n’auraient été licenciés. Renault Trucks n’aurait d’ailleurs même pas essayé de les licencier. Il y aurait une unité à la base, il y aurait une capacité à exercer une contre-violence, sur la base des valeurs de la Gauche historique.

Mais comme les travailleurs n’ont aucune critique du salariat ni de la société de consommation systématisée, ni une conscience écologique ou des valeurs morales de la Gauche historique… ils ne font rien, ils sont passifs, ils regardent les choses de loin, quand ils ne votent pas Le Pen dans une sorte de vague expression contestataire. Donc Renault Trucks peut licencier, preuve d’arbitraire mais également d’une volonté d’intimider.

La facture d’une telle passivité va être très salée. On peut s’inspirer ici de ce que dit Clara Zetkine. Peu importe qu’on soit d’accord avec elle quant à son évaluation générale ou pas, il y a quelque chose de très parlant quand elle dit que dans une situation de crise si les uns ne font rien alors les autres prennent le dessus.

La terreur instaurée par Horthy [en Hongrie à la suite de la révolution hongroise mise en déroute] fut une vengeance. L’exécuteur de cette vengeance est la petite caste féodale des officiers.

Il en va autrement du fascisme. Il n’est nullement la vengeance de la bourgeoisie après un soulèvement du prolétariat. Historiquement et objectivement, le fascisme est bien plus un châtiment infligé parce que le prolétariat n’a pas continué la révolution commencée en Russie.

Et le fascisme ne repose pas sur une petite caste, mais sur de larges couches sociales, qui englobent même une partie du prolétariat.

On connaît une crise. S’il n’y a pas une réponse des uns, il y aura une réponse des autres. S’il n’y a pas la réponse démocratique du peuple, il y aura la réponse anti-démocratique par le militarisme, la fascisation, la guerre, le fascisme.

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La crise sanitaire est finie pour les Français en mode beauf

La France est dans le déni et fonce droit dans le mur.

La société française n’a jamais pris au sérieux la crise sanitaire. Elle n’a fait que subir, en s’adaptant au fur et à mesure face à l’urgence et en acceptant des milliers de morts, en sacrifiant des personnes âgées, les diabétiques, les obèses. Il a fallu énormément de temps pour fermer les frontières, pour imposer le masque dans les lieux clos, pour prendre telles et telles mesures, pour ne plus accepter telles et telles attitudes. La société, de manière passive, s’est globalement pliée aux règles, sans trop rien dire, mais sans trop réfléchir non plus, sans outrepasser quoi que cela soit.

Et puis voilà qu’il est considéré maintenant que tout cela a trop duré, qu’il est temps d’en finir. Les gens se sont rués sur les terrasses ou les rayons barbecue des magasins dès que cela a été possible. Peu importe que la situation soit, globalement et suivant les régions, environ 4 fois pire que l’an passé à la même date (malgré 30 millions de primo-vaccinés…) : la crise sanitaire est de plus en plus ouvertement niée.

Symbole de cette immaturité générale, le gouvernement a fini par expliquer qu’il y aurait une tolérance au couvre-feu pour l’après match de football France-Allemagne mardi 15 juin 2021. Cela en dit très long sur le relâchement généralisé, jusqu’aux plus hautes sphères de l’État qui en arrivent à un tel degré de décomposition au point de tolérer quelque chose d’aussi futile. En quoi les gens ont besoin d’une tolérance au couvre-feu pour suivre un simple match de phases de groupe de l’Euro ? De surcroît au milieu de la semaine de travail.

Rien que le fait d’y avoir pensé, d’en parler, est déjà incroyablement décalé. On peut toujours estimer que le couvre-feu à 23 heure n’a pas d’utilité : mais là n’est pas la question, car à partir du moment où il y a une règle sanitaire, c’est qu’elle est faite pour être appliquée. Et pas pour disparaître de manière aussi absurde qu’à l’échéance d’un match de football.

Il faut dire qu’il y a ici surtout un choix populiste qui est fait, avec une visée électorale en arrière plan. Le sommet de l’État se moque éperdument de la réalité sanitaire du pays, mais il y a par contre une stabilité sociale et culturelle à garantir, pour qu’il n’y ait pas de vague de contestation, ni aucune remise en cause du désordre capitaliste. Le football est ici très utile pour fabriquer un semblant de « cohésion » et de joyeuseté collective. On est clairement dans le mythe mobilisateur de type nationaliste avec le « bleu blanc rouge » censé s’imposer à tout… et même aux règles sanitaires au milieu d’une des pires crises sanitaire de l’histoire moderne.

Le gouvernement s’imagine qu’il gagnera ainsi de la sympathie, et c’est d’ailleurs probablement très vrai tant la société est immature et prête à gober tout et n’importe quoi, du moment qu’est maintenu le rêve éveillé d’une société de consommation 24h sur 24 et à 150 km/h.

C’est en tous cas à ce rythme que la société fonce dans le mur, et le réveil va être terrible. Déjà, rien qu’à propos de la crise sanitaire, qui est loin d’être terminée. Il faudra bien à un moment en faire le bilan. Il faudra voir combien de vies ont été sauvées et combien n’ont pas été épargné à cause de l’absence de mesure ou de leur application trop tardive ou pas assez stricte. Et rien que là, le choc sera terrible.

Mais il n’y a pour l’instant toujours pas de prise de conscience de l’ampleur de la crise, de sa globalité (elle est autant sanitaire qu’écologique, sociale, culturelle ou économique). Il n’y a que le déni, encore le déni et toujours le déni. Cachez cette crise que je ne saurais voir, tel est le grand mot d’ordre qui s’annonce pour l’été 2021 en France.

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Roland-Garros: quand le sommet de l’État cède à quelques nantis

En autorisant les 5 000 spectateurs de la demi-finale messieurs du tournoi de Roland-Garros vendredi 11 juin 2021 à braver le couvre-feu, le sommet de l’État a fait un acte de lutte des classes. C’est le bon vouloir du prince pour une minorité bourgeoise et sans aucune justification sociale, au mépris du plus grand nombre et de toute responsabilité collective. Bien que symbolique, cela constitue un acte anti-démocratique d’une grande portée politique. 

Le tennis est devenu en France ces dernières années un sport très populaire, embrassant toutes les classes sociales. Il n’empêche que culturellement, cela reste un sport bourgeois et marqué par un style grand bourgeois. Le tournoi annuel de Roland-Garros, l’une des quatre plus prestigieuses épreuves mondiales, est particulièrement lié à ce style typique de l’Ouest parisien, avec la grosse montre de luxe, le Perrier citron et le pull en laine posé sur le polo Lacoste au col relevé. Les rencontres ont lieu dans le très chic XVIe arrondissement de la capitale et les billets sont particulièrement chers et difficiles à se procurer. 

Il y a tout un système garantissant l’entre-soi puisque les billets sont d’abord vendus aux présidents de clubs, avant d’être disponibles pour les licenciés de la Fédération et ensuite au grand public. Cela sans compter bien sûr toutes les possibilités de copinage plus ou moins officielles, avec les places réservées pour les partenaires plus ou moins officiels, les entreprises, etc. 

Tout cela fait que le public de la demi-finale du tournoi 2021 entre Novak Djokovic et Rafael Nadal ne consistait pas en n’importe qui d’un point de vue de classe. Et le gouvernement a donc fait le choix de leur céder, de céder à un caprice de grands bourgeois. 

Cela faisait en effet plusieurs jours que tous ces gens hurlaient au scandale chaque soir, quand il fallait interrompre la partie pour leur demander de partir afin de respecter le couvre-feu, comme n’importe quelle autre personne en France. On avait ainsi des nantis habitués à ce que toute la société soit dédiée à leur service et leur bon vouloir, refusant systématiquement tout effort collectif, qui ne comprenait pas qu’on leur demande de faire comme tout le monde. 

La décision a donc été prise en haut lieu de leur céder, et ces gens ont tout de suite compris (par réflexe de classe) qu’il s’agissait du bon vouloir du prince : “merci Macron, merci Macron’, ont-ils alors scandé dans le stade, de manière aussi honteuse que pathétique. Il a ensuite été fait préciser par la presse que la décision venait du cabinet du premier Ministre et non pas de l’Élysée, probablement pour ne pas trop écorcher l’image d’Emmanuel Macron, ni renforcer son étiquette de président des riches. Mais on a du mal à croire que le président lui-même puisse ne pas être mouillé dans une telle décision.

En attendant, il est complètement hallucinant qu’une telle attention soit portée à si peu de gens, pour leur autoriser quelque chose n’ayant à ce point aucun sens. Cela en dit tellement long sur la décadence au sommet de l’État et le décalage existant entre la bourgeoisie et le reste de la société.

Jamais une telle décision n’aurait été prise pour du football par exemple, car on retrouve dans les stades un public essentiellement issu des classes populaires et dont l’habitude n’est justement pas d’insulter l’intérêt collectif et la discipline sociale. C’est là un marqueur de classe significatif, et il est temps que la société se mette à jour en ayant au pouvoir les bonnes personnes, c’est-à-dire justement les classes populaires !

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Société

Panne des numéros d’urgences: des monopoles en décadence

La panne des numéros d’urgence de début juin 2021 reflète un capitalisme parasitaire.

En raison d’une défaillance de la part du monopole Orange, la plupart des appels vers des numéros d’urgence (15/17/18/112) ont échoué une partie du mercredi 2 juin 2021, d’environ 16h45 à minuit, dans pratiquement tout le pays. C’est naturellement quelque chose de très grave, puisque l’accès aux urgences est capital dans la vie quotidienne. Des gens sont d’ailleurs morts. Et les réactions sont de deux types et reflètent la position quant au capitalisme.

Ceux qui croient en le capitalisme disent qu’une telle chose peut arriver, que cela est dû à la complexité des nouveaux moyens technologiques. Au pire s’agit-il d’une attaque due à des hackers, très vraisemblablement russes. Ce point de vue est porté par ceux qui pensent le capitalisme invincible, qui pensent que les entreprises sont ce qu’elles sont, qu’elles ne magouillent pas, qu’elles portent vraiment ce qui fait avancer la société.

Ceux qui n’y croient pas considèrent qu’Orange n’a pas mis les moyens, que les cadres sont dépassés, alors que de toutes façons l’état d’esprit des travailleurs est lamentable, sans parler des multiples sous-traitances. Alors que les PTT ou France Telecom n’avaient dans le passé jamais connu un tel plantage, Orange échoue, montrant qu’on est dans une vraie décadence.

Cela montre que l’époque polarise et c’est une bonne chose. Cependant, on s’en doute malheureusement, la critique de cette décadence est malheureusement souvent portée par des gens de droite proposant comme solution la nostalgie des années 1960. Au lieu d’avoir une offensive de la Gauche pour accuser les monopoles de dilapider les forces sociales collectives, on a une Droite romantique utilisant l’argument du « c’était mieux avant ».

C’est une véritable démonstration de l’existence de trois camps :

– les libéraux ;

– la Droite regrettant une puissance française maîtrisée ;

– la Gauche qui entend dépasser la situation en faisant que le peuple prenne le contrôle de l’économie.

Et c’est une démonstration qu’en fait, la Gauche est terriblement faible, voire inexistante, que les libéraux prédominent mais font face à une Droite grandissant à travers la décadence capitaliste. On est en train de connaître le même drame que dans les années 1930. Le capitalisme pourrit sur pied et la Gauche, pourrie par le libéralisme « moderne » (LGBTIQ+, migrants, etc.), se fait déborder par la Réaction portée par la Droite.

On remarquera d’ailleurs que cet incident – une erreur dans la maintenance selon l’État, une défaillance logicielle selon Orange – se produit alors que l’État cherche à mettre en place un numéro unique pour les urgences (le 112, d’ailleurs valable en Europe entière, comme équivalent du 911 américain). Cela renforce le caractère décadent de la situation. Au lieu d’être à la pointe de la modernité, on est dans le plantage généralisé.

C’est comme tout : le niveau s’effondre, absolument partout, et pourtant les gens pensent encore bien faire, voire même mieux faire. Et c’est paradoxal : en tant que travailleurs les gens pensent encore être au niveau, en tant que consommateurs ils s’en moquent, mais s’ils font un effort intellectuel, ils voient que tout est catastrophique, depuis les lumpens livrant les repas à scooter ou en vélo jusqu’aux catastrophiques installations d’internet chez les particuliers.

Si les travailleurs assument la conscience, la critique de la décadence sera démocratique… sinon, elle sera portée par les réactionnaires. C’est cela, le véritable enjeu de notre époque.

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Société

Le tabagisme a augmenté en 2020

À l’occasion de la journée mondiale Sans Tabac qui a lieu chaque 31 mai, l’Agence Santé publique France a publié les dernières données sur le tabagisme en 2020. Celles-ci sont mauvaises : pour la première fois depuis longtemps, le nombre de fumeur n’a pas reculé.

Le tabac sera bientôt considéré comme un vestige du 20e siècle, une bizarrerie propre à une société à la fois industrielle et moderne, mais en même temps complètement à la traîne sur le plan des mœurs et de la santé publique.

En attendant, le tabac existe encore largement. Si le nombre de fumeurs quotidien a baissé de 1,9 millions entre 2014 et 2019, ce qui est considérable, il a légèrement augmenté en 2020. Ce sont ainsi 31,8% des 18-75 ans qui fument au moins occasionnellement, dont 25,5 % qui fument quotidiennement. C’est à dire un français sur quatre !

Est-ce là un seuil, qu’il sera difficile de franchir, ou bien simplement une erreur de parcours due à une année particulière marquée par la crise sanitaire et un confinement ? Il est certain en tous cas qu’il reste beaucoup de travail à faire pour débarrasser la société de ce fléau.

Le tabac est largement ostracisé, les paquets sont très chers, il est interdit dans de nombreux endroits, personne ne peut remettre en cause ses effets délétères, les campagnes anti-tabac (notamment sur les paquets eux-mêmes) sont très agressives, etc. Mais tout cela ne semble pas suffire, car le problème est bien plus ancré qu’un simple raisonnement sur le « choix » de fumer ou non.

La question se pose en effet en profondeur, car elle est culturelle. Ce que relève d’ailleurs très bien la Ligue contre le cancer qui vient de publier une étude montrant que le tabac est présent dans 90 % des films français sortis entre 2015 et 2019. Cela donne en moyenne une présence du tabac de 2,6 minutes par film, soit l’équivalent de « six spots publicitaires ».

Il ne faudrait pas croire cependant qu’il s’agit là simplement de « lobbying », aussi puissante l’industrie du tabac puisse-t-elle être. Si le tabac fonctionne très bien dans la société, c’est parce qu’il est conforme culturellement à cette société. En l’occurrence, à la société de consommation marquée par le capitalisme.

Le tabac est en fait l’archétype du produit de luxe mis à disposition de tout le monde grâce à l’industrie. Ce n’est qu’en changeant la nature de cette production industrielle en général, à la base, que peuvent avoir lieu les bouleversements socio-culturels suffisant pour éradiquer le tabac et le tabagisme.

Et inversement : il faudra de la part de la société française une grande force morale pour assumer le bouleversement culturel nécessaire à un changement de modèle économique qui ferait qu’on soit capable d’arrêter la production de cigarettes. Plus précisément ici faut-il parler des classes populaires, et encore plus précisément de la classe ouvrière.

Autrement dit, on ne changera pas le monde avec des fumeurs, mais avec une classe ouvrière capable de renverser vraiment la table du capitalisme et de ses valeurs, dont le tabagisme est un marqueur.

Ce n’est justement pas pour rien que le tabac est particulièrement présent dans les classes populaires. Les données 2020 montrent que le tabagisme quotidien a encore plus augmenté pour le tiers de la population dont les revenus sont les moins élevés (de 30% en 2019 à 33% en 2020). Et il y a 15 points d’écart entre les revenus les plus bas et les plus haut en ce qui concerne la prévalence du tabac. C’est énorme.

On comprend ainsi aisément que du côté des riches, il y a une prise de conscience bien plus importante de sa propre santé. Cela est tout à fait vrai aussi en ce qui concerne l’alimentation, l’activité physique, le repos, le rapport aux écrans, les soins psychologiques, etc.

Du côté des classes populaires par contre, il y a une grande passivité face à la société de consommation permise par le capitalisme. Cela paraît pourtant évident : la cigarette est un symbole du capitalisme, elle n’a rien de populaire, elle exprime une dépendance, une auto-destruction. Mais avec 33 % de fumeurs dans les classes populaires, on est encore très loin de cette prise de conscience.

La lutte contre le tabagisme doit donc être un sujet de première importance pour la Gauche véritable, c’est même un combat démocratique et populaire fondamental à mener sur le plan culturel.

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Société Vie quotidienne

Plus de 100 raisons d’arrêter de fumer

Voici un document de l’OMS qui rappelle de nombreuses vérités sur ce qu’impliquent les 300 milliards de paquets de cigarettes vendus chaque année.

1. Les fumeurs risquent davantage de contracter une forme sévère de la COVID-19 et d’en mourir.

2. La mauvaise odeur est partout : elle s’imprègne sur votre peau, partout dans votre maison, sur vos vêtements, elle est perceptible sur vos doigts et dans votre haleine.

3. Le tabac entraîne le jaunissement des dents et un excès de plaque dentaire.

4. La consommation de tabac et de tabac sans fumée est responsable de la mauvaise haleine.

5. Le tabac provoque des rides et vous fait paraître plus vieux, plus vite. Il entraîne un vieillissement prématuré de la peau en détruisant les protéines qui lui donnent son élasticité, en la privant de vitamine A et réduisant le flux sanguin.

6. Ces rides sont plus apparentes autour des lèvres et des yeux ; en outre, la peau des fumeurs est sèche et sillonnée de ridules.

7. Fumer augmente le risque de développer un psoriasis, une maladie inflammatoire non contagieuse de la peau qui se caractérise par des plaques rouges squameuses qui se logent sur tout le corps et provoquent des démangeaisons.

8. Plus d’un million de personnes meurent chaque année d’avoir été exposées au tabagisme passif.

9. Les non-fumeurs exposés à la fumée secondaire risquent de développer un cancer du poumon.

10. La cigarette demeure une cause importante d’incendies accidentels et des décès en résultant.

11. Les cigarettes électroniques exposent également les non-fumeurs et les passants à la nicotine et à d’autres produits chimiques nocifs.

12. L’exposition au tabagisme passif peut accroître le risque de progression de l’infection tuberculeuse latente vers la maladie active.13. L’exposition au tabagisme passif est associée au diabète de type 2.

14. Les enfants de fumeurs souffrent d’une diminution de la fonction pulmonaire qui continue de se manifester sous la forme de troubles respiratoires chroniques à l’âge adulte.

15. L’exposition des enfants au liquide des cigarettes électroniques continue de présenter des risques graves. Les appareils peuvent fuir et les enfants peuvent avaler le liquide.

16. Les cigarettes électroniques sont connues pour être à l’origine de blessures graves, notamment de brûlures causées par des incendies ou des explosions.

17. Les enfants d’âge scolaire exposés aux effets nocifs du tabagisme passif risquent également de faire de l’asthme du fait de l’inflammation des voies respiratoires menant aux poumons.

18. Les enfants de moins de 2 ans exposés au tabagisme passif dans la sphère familiale peuvent contracter des maladies de l’oreille moyenne susceptibles d’entraîner une perte auditive et la surdité.19. Arrêter de fumer diminue le risque de nombreuses maladies liées au tabagisme passif chez l’enfant, telles que les maladies respiratoires (par exemple, l’asthme) et les infections des oreilles.

20. Vous voulez être un exemple pour vos enfants, vos amis et vos proches.

21. Le tabagisme peut avoir des conséquences négatives pour les interactions sociales et les relations.

22. En renonçant au tabac, vous pourrez aller où bon vous semble, sans restrictions – vous pourrez vous mêler aux autres, vous ne vous sentirez plus isolé-e et ne serez plus obligé-e de sortir pour fumer.23. En arrêtant de fumer, vous pourrez être plus productif – vous n’aurez pas à vous interrompre sans cesse pour aller fumer une cigarette.

24. Une étude a conclu que les fumeurs dépensent en moyenne 1,4 million de dollars des États-Unis pour leurs frais personnels. Ce chiffre inclut les dépenses en cigarettes, les frais médicaux et la rémunération, inférieure en raison du tabagisme et de l’exposition au tabagisme passif.

25. Le tabagisme a une influence sur la santé et la productivité des travailleurs – les fumeurs sont plus susceptibles de perdre des journées de travail.

26. Le tabagisme aggrave la pauvreté car l’argent qui passe dans le tabac ne peut être dépensé pour des besoins essentiels comme l’alimentation ou le logement.27. Le tabagisme pèse sur l’économie mondiale, en raison du coût des soins de santé pour le traitement des maladies qu’il provoque – lequel, selon des estimations, s’élève à 1 400 milliards de dollars des États-Unis – et du fait de la perte de capital humain due aux maladies et aux décès qui lui sont imputables.

28. Les fumeurs sont davantage susceptibles d’être atteints d’infertilité. Arrêter de fumer réduit le risque d’avoir des difficultés à procréer, d’accoucher prématurément et de donner naissance à un bébé ayant un faible poids de naissance, ou encore de faire une fausse couche.

29. Fumer peut causer des troubles de l’érection. Le tabagisme a un effet délétère sur l’afflux sanguin vers le pénis, à l’origine de l’incapacité à parvenir à l’érection. La dysfonction érectile est plus fréquente chez les fumeurs et il est fort probable qu’elle persiste ou devienne permanente à moins que l’homme cesse de fumer tôt.30. Le tabagisme conduit aussi à une diminution du nombre, de la motilité et de la morphologie des spermatozoïdes.

31. Plus de 8 millions de personnes meurent chaque année des suites du tabagisme.

32. Le tabac tue la moitié de ses consommateurs. Le tabagisme sous toutes ses formes vous vole votre santé et provoque des maladies débilitantes.

33. Fumer la chicha est tout aussi nocif que consommer du tabac sous d’autres formes.

34. Le tabac à mâcher peut provoquer le cancer de la bouche, la perte des dents, le brunissement des dents, des taches blanches et des maladies des gencives.35. La nicotine présente dans le tabac sans fumée est plus facilement absorbée que lorsque l’on fume des cigarettes, ce qui renforce son pouvoir addictif.

36. Les cultivateurs de tabac sont victimes de problèmes de santé en raison de la nicotine absorbée par leur peau et de leur exposition à de grandes quantités de pesticides et à la poussière de tabac.

37. Dans certains pays, les enfants sont employés dans la culture du tabac, ce qui nuit à leur santé mais les empêche aussi d’aller à l’école.

38. Le tabagisme peut aggraver la pauvreté étant donné que les consommateurs de tabac présentent un risque beaucoup plus élevé de tomber malades et de mourir prématurément de cancers, d’infarctus du myocarde, de maladies respiratoires ou d’autres maladies liées au tabac, privant ainsi leurs familles de revenus dont elles ont grand besoin et imposant des coûts supplémentaires en matière de soins de santé.39. La grande majorité des personnes employées dans le secteur du tabac dans son ensemble gagnent très peu alors que les multinationales du tabac engrangent d’énormes bénéfices.

40. Les produits du tabac chauffés exposent leurs utilisateurs à des émissions toxiques dont bon nombre sont cancérigènes.

41. Les produits du tabac chauffés sont eux-mêmes des produits du tabac ; par conséquent, passer de la consommation de produits du tabac conventionnels à celle de produits du tabac chauffés n’équivaut pas à arrêter de fumer.

42. Il n’y a pas pour l’instant suffisamment de données probantes pour étayer l’affirmation selon laquelle les produits du tabac chauffés seraient moins nocifs que les cigarettes conventionnelles.

43. Les enfants et les adolescents qui utilisent des cigarettes électroniques ont une probabilité au moins deux fois plus élevée de fumer des cigarettes plus tard.

44. Les cigarettes électroniques augmentent votre risque de cardiopathie et de troubles pulmonaires.

45. La nicotine contenue dans les cigarettes électroniques est une drogue à fort potentiel addictif qui peut nuire au développement du cerveau des enfants.

46. Le tabagisme est responsable de 25 % de l’ensemble des décès par cancer dans le monde.

47. Les fumeurs ont une probabilité 22 fois plus élevée que les non-fumeurs de développer un cancer du poumon au cours de leur vie. Le tabagisme est la première cause de cancer du poumon, provoquant plus des deux tiers des décès par cancer du poumon dans le monde.

48. Un fumeur sur cinq contractera une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) au cours de sa vie, en particulier s’il commence à fumer pendant son enfance ou son adolescence, puisque la fumée du tabac freine de manière significative la croissance et le développement des poumons.

49. Chez l’adulte, le tabagisme peut aggraver l’asthme, limitant l’activité, contribuant à l’incapacité et augmentant ainsi le risque de crises graves nécessitant des soins d’urgence.

50. Le risque de passer d’une tuberculose latente à une tuberculose active est plus que doublé par le tabagisme, qui aggrave aussi la progression naturelle de la maladie. Environ un quart de la population mondiale est infectée, de manière latente, par la tuberculose.

51. Fumer seulement quelques cigarettes par jour, de manière occasionnelle, ou être exposé au tabagisme passif augmente le risque de cardiopathie.

52. Le risque d’accident vasculaire cérébral est multiplié par deux chez les fumeurs et le risque de cardiopathie par quatre. 

53. La fumée du tabac endommage les artères coronaires, en favorisant la constitution de plaques d’athérome et la formation de caillots sanguins, qui rétrécissent le flux sanguin et conduisent finalement à l’infarctus du myocarde et ou à l’accident vasculaire cérébral.

54. La consommation de nicotine et de produits du tabac augmente le risque de maladies cardiovasculaires.

55. La consommation de tabac, à fumer et sans fumée provoque des cancers de la cavité buccale, des cancers des lèvres, de la gorge (du pharynx et du larynx) et de l’œsophage.

56. L’ablation chirurgicale du larynx en cas de cancer peut rendre nécessaire une trachéostomie, à savoir la réalisation d’une ouverture au niveau du cou et de la trachée afin de permettre au patient de respirer.

57. Les fumeurs ont un risque beaucoup plus élevé de développer une leucémie aiguë myéloïde, un cancer des cavités des fosses nasales et du sinus paranasal, un cancer colorectal, un cancer du rein, du foie, du pancréas, de l’estomac, des ovaires ou des voies urinaires inférieures (notamment de la vessie, de l’uretère ou du bassinet du rein).

58. Certaines études ont établi un lien entre tabagisme et risque accru de cancer du sein, en particulier chez les gros fumeurs et les femmes ayant commencé à fumer avant leur première grossesse.

59. On sait également que fumer augmente le risque de cancer du col de l’utérus chez les femmes infectées par le papillomavirus humain.

60. Le tabac est responsable de nombreuses pathologies oculaires qui, si elles ne sont pas traitées, peuvent aboutir à une perte permanente de la vue.

61. Les fumeurs sont exposés à un risque plus grand de dégénérescence maculaire liée à l’âge, une affection qui aboutit à une perte de vision irréversible.

62. Les fumeurs sont aussi exposés à un risque plus élevé de cataracte, une opacification progressive du cristallin qui bloque la lumière. La cataracte entraîne une perte de l’acuité visuelle, et la chirurgie est le seul moyen de restaurer la vision.

63. Des données probantes indiquent que le tabagisme provoque aussi le glaucome, une affection qui accroît la pression oculaire et peut endommager la vision.

64. Les adultes fumeurs sont davantage susceptibles de souffrir d’une perte auditive.

65. Les personnes qui ont fumé toute leur vie perdent en moyenne au moins 10 ans de vie.

66. À chaque bouffée de cigarette, des substances toxiques et cancérogènes sont libérées dans l’organisme et l’on sait que 70 d’entre elles au moins provoquent le cancer.

67. Le risque de contracter un diabète est plus élevé chez les fumeurs.

68. Le tabagisme est un facteur de risque de la démence, un syndrome qui se traduit par un déclin des fonctions mentales

69. La maladie d’Alzheimer est la forme la plus fréquente de la démence et, selon les estimations, 14 % des cas d’Alzheimer dans le monde peuvent être attribués au tabagisme.

70. Les femmes qui fument sont davantage susceptibles d’avoir des règles douloureuses et des symptômes plus sévères à la ménopause.

71. Chez les femmes fumeuses, la ménopause survient de 1 à 4 ans plus tôt que chez les non-fumeuses du fait que le tabagisme diminue la production d’ovules, et se traduit par une perte de la fonction reproductive et des niveaux d’œstrogènes plus faibles.

72. La fumée du tabac réduit l’apport d’oxygène aux tissus corporels.

73. Le tabagisme diminue la circulation sanguine, ce qui peut, en l’absence de traitement, évoluer vers la gangrène (mort des tissus) et obliger à amputer les zones atteintes.74. Le tabagisme accroît le risque de parodontite, une inflammation chronique des tissus qui entourent et soutiennent les dents, qui peut entraîner une destruction de l’os et un déchaussement, voire une perte des dents.

75. Les fumeurs ont un risque beaucoup plus élevé que les non‑fumeurs d’être victimes de complications postchirurgicales.

76. Les fumeurs sont plus difficiles à sevrer de la ventilation mécanique. De ce fait, leur passage en unité de soins intensifs et leur séjour à l’hôpital en général est souvent plus long, ce qui les expose potentiellement à d’autres infections.

77. Les fumeurs sont susceptibles de souffrir de troubles gastro-intestinaux, tels que les ulcères de l’estomac, les maladies inflammatoires de l’intestin – souvent associées à des crampes abdominales, une diarrhée persistante, de la fièvre et des saignements rectaux – et les cancers des voies digestives.

78. Les fumeurs sont davantage susceptibles de voir leur densité osseuse diminuer, leur risque de fracture augmenter, et de connaître de graves complications, telles qu’une consolidation retardée ou altérée.

79. Les composants de la fumée du tabac affaiblissent le système immunitaire, exposant les fumeurs au risque d’infections pulmonaires.

80. Les fumeurs ayant une prédisposition génétique aux affections auto‑immunes sont exposés à un risque accru de contracter diverses maladies, dont la polyarthrite rhumatoïde, la maladie de Crohn, la méningite purulente, les infections postchirurgicales et les cancers.

81. Le tabagisme expose également les individus immunodéprimés, notamment les personnes atteintes de mucoviscidose, de sclérose en plaques ou de cancer, à un risque plus élevé de comorbidités et de décès prématuré.82. Les effets immunosuppresseurs du tabac exposent les personnes vivant avec le VIH à un risque plus élevé de contracter le sida. Parmi les fumeurs séropositifs pour le VIH, le nombre moyen d’années de vie perdues est de 12,3, soit plus du double du nombre d’années perdues par les non-fumeurs séropositifs pour le VIH.

83. Le tabagisme et l’exposition à la fumée du tabac au cours de la grossesse accroissent le risque de mort fœtale.

84. Les femmes qui fument ou qui sont exposées à la fumée secondaire pendant leur grossesse ont un risque de fausse couche plus élevé.

85. Les mortinaissances (l’accouchement d’un fœtus mort dans l’utérus) sont aussi plus fréquentes du fait d’une privation d’oxygène chez le fœtus et des malformations placentaires causées par le monoxyde de carbone présent dans la fumée du tabac et de la nicotine présente dans la fumée du tabac comme dans le tabac sans fumée.

86. Le risque de grossesse ectopique, une complication pouvant s’avérer fatale pour la mère chez qui l’œuf fécondé s’implante hors de l’utérus, est plus élevé chez les fumeuses.

87. Le sevrage tabagique et la protection contre l’exposition à la fumée secondaire sont particulièrement importants pour les femmes en âge de procréer qui souhaitent avoir un enfant et au cours de la grossesse.

88. Les cigarettes électroniques posent des risques importants pour les femmes enceintes qui les utilisent, car elles peuvent nuire au fœtus en croissance.

89. Les nourrissons nés de mères qui fument, consomment du tabac sans fumée ou sont exposées à la fumée secondaire au cours de la grossesse courent un risque plus élevé de naissance prématurée et de faible poids à la naissance.

90. Ce sont les gouvernements et les autorités locales qui paient pour éliminer les déchets du tabac, pas les fabricants de tabac. Arrêtez de fumer pour protéger l’environnement.

91. Les mégots de cigarettes font partie des déchets les plus fréquemment jetés dans le monde et ce sont les détritus les plus souvent ramassés sur les plages et les rives des cours d’eau du monde entier.

92. Des substances dangereuses ont été identifiées dans les mégots, notamment de l’arsenic, du plomb, de la nicotine et du formaldéhyde. Ces substances retenues dans les mégots pénètrent ensuite dans les milieux aquatiques et dans le sol.

93. La fumée du tabac peut contribuer à faire sensiblement augmenter les niveaux de pollution de l’air d’une ville.

94. La plupart des cigarettes sont allumées à l’aide d’allumettes ou de briquets à gaz. Si l’on utilise, par exemple, une allumette en bois pour allumer deux cigarettes, les 6000 milliards de cigarettes fumées dans le monde chaque année nécessiteraient de détruire environ 9 millions d’arbres afin de produire 3000 milliards d’allumettes.

95. Les cigarettes électroniques et les produits du tabac chauffés peuvent contenir des batteries qui devront faire l’objet d’une élimination particulière, ainsi que des produits chimiques, des emballages et d’autres produits non biodégradables.

96. Actuellement, la majorité des plastiques utilisés pour les réservoirs de liquide des cigarettes électroniques ne sont pas réutilisables ou recyclables ; les entreprises transnationales ont tendance à vendre des cartouches jetables, sans doute dans le but d’augmenter leurs ventes grâce à la consommation des clients réguliers.

97. On estime que les émissions causées par les produits du tabac sont équivalentes à celles de 3 millions de vols transatlantiques.

98. La fumée du tabac contient trois types de gaz à effet de serre – le dioxyde de carbone, le méthane et le protoxyde d’azote – et elle pollue l’environnement intérieur et extérieur.

99. Dans le monde, environ 200 000 hectares sont consacrés à la culture et au séchage du tabac chaque année.

100. La déforestation liée à la culture du tabac a de nombreuses conséquences écologiques graves, notamment un appauvrissement de la biodiversité, l’érosion et la dégradation des sols, la pollution des eaux et l’augmentation du dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère.

101. La culture du tabac implique généralement une utilisation massive de produits chimiques, notamment de pesticides, d’engrais et de régulateurs de croissance. Le ruissellement de ces produits chimiques depuis les zones tabacoles peut causer l’altération des sources d’eau potable.

102. Pour produire 300 cigarettes (environ une cartouche et demie), un arbre est abattu uniquement aux fins du traitement de la feuille de tabac.

103. 6000 milliards de cigarettes sont fabriquées chaque année, ce qui équivaut à environ 300 milliards de paquets (à raison de 20 cigarettes par paquet) de produits du tabac. Si l’on part du principe que chaque paquet vide pèse environ six grammes, il en résulte à peu près 1 800 000 tonnes de déchets d’emballage composés de papier, d’encre, de cellophane, de feuilles de métal et de colle. Si on ajoute à cela les déchets provenant des boîtes et des cartons utilisés aux fins de la distribution et de l’emballage, le poids total annuel des déchets solides de post-consommation est porté à au moins 2 000 000 tonnes.

Organisation Mondiale de la Santé

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Delphine Batho contre le démarchage téléphonique

La députée « Génération Écologie » Delphine Batho a malheureusement choisi de tourner le dos à la Gauche en 2018. C’est une grande perte, un véritable échec politique dans nos rangs. On le voit notamment quand on suit son activité parlementaire : elle réussit souvent à viser juste, à être pertinente, malgré de faibles moyens politiques et idéologiques. C’est le cas à propos de l’écologie bien sûr, mais aussi régulièrement en ce qui concerne la vie quotidienne du peuple, par exemple à propos de ce poison qu’est le démarchage téléphonique.

La députée des Deux-Sèvres est à l’origine d’une proposition de loi s’opposant au gouvernement dont un projet de décret d’application est dénoncé comme un « véritable permis de harceler » pour les démarcheurs. Le texte dénonce avec pertinence l’échec du système « Bloctel », laissant la porte ouverte à une « véritable pollution téléphonique qui fait des citoyens des consommateurs 24 heures sur 24 ».

Delphine Batho fait montre à ce sujet d’un véritable intérêt pour les gens, leur quotidien, leurs peines. Cela reflète une démarche franchement démocratique et populaire, qui ne peut cependant que rester limitée et faible sans la grande vue générale que permet la Gauche.

Voici l’exposé des motifs de cette proposition de loi du 18 mai 2021 (n°4167) « visant à interdire le démarchage téléphonique et à garantir le droit à la tranquillité de chacune et chacun à son domicile » :

« Mesdames, Messieurs,

Selon une enquête de l’UFC – Que Choisir, 100 % des Français jugent le démarchage téléphonique « agaçant » et constatent qu’il est en augmentation. Ce harcèlement téléphonique lié à la prospection commerciale, qui avait temporairement diminué lors du premier confinement dans le contexte de la pandémie de covid‑19, augmente à nouveau. Il suscite à juste titre une exaspération grandissante que la représentation nationale doit entendre et à laquelle il convient d’apporter des réponses nouvelles.

Véritable pollution téléphonique qui fait des citoyens des consommateurs 24 heures sur 24, même lorsqu’ils sont à leur domicile, et parfois même la nuit, ces appels intempestifs, extrêmement intrusifs, perturbent la tranquillité à laquelle chacune et chacun a droit et constituent une véritable invasion de la société de consommation dans la vie privée.

« Jusqu’à quinze, voire davantage, appels par jour. Avec de plus en plus souvent le culot de se présenter comme personnel EDF, ou mandaté du conseil départemental et même par le gouvernement ! Je suis sur liste « rouge » ou « Bloctel » : mais ils s’en fichent totalement ».

« Vendredi dernier, vers 18 h 45, j’ai été importuné par une personne voulant m’imposer à tout prix l’isolation à un euro. Suite à mon refus, ce démarcheur n’a rien voulu entendre et même est allé jusqu’à me dire que j’étais « hors la loi ». Après avoir raccroché, il m’a aussitôt rappelé à partir d’un autre numéro en insistant lourdement, me donnant même un numéro de dossier, me demandant mon revenu fiscal et voulant fixer contre mon gré un rendezvous avec une entreprise, incapable de dire laquelle. Me voyant toujours opposé, il m’a proposé l’isolation du soussol et m’a mis en relation avec une autre personne ».

« L’affichage du numéro de téléphone n’empêchera pas le téléphone de sonner à toute heure de la journée, voire de la nuit. Ce qui est un problème de fond. La liberté de ne pas être importuné dans sa sieste, quand le bébé dort enfin, quand tout le foyer dort la nuit ».

Défini à l’article L. 221‑16 du code de la consommation, le démarchage téléphonique est l’acte par lequel un professionnel « contacte un consommateur par téléphone en vue de conclure un contrat portant sur la vente d’un bien ou sur la fourniture d’un service ».

Face à la demande de protection des consommateurs et afin de mettre fin aux nuisances provoquées, la loi n° 2014‑344 du 17 mars 2014 relative à la consommation a institué une liste spécifique dite « Bloctel » (ordonnance n° 2016‑301 du 14 mars 2016 relative à la partie législative du code de la consommation) sur laquelle peuvent s’inscrire les citoyens qui ne souhaitent plus recevoir d’appels téléphoniques commerciaux non sollicités. Le Conseil national de la consommation estime à plus de 3,7 millions le nombre de consommateurs s’étant inscrit sur cette liste. Au 1er octobre 2018, 226 000 fichiers de professionnels avaient été traités, représentant 155 milliards de numéros de téléphone et 5 milliards de numéros repoussés ([1]). Ce système s’avère inefficace, et beaucoup de citoyens qui se sont inscrits pour ne plus recevoir d’appels continuent d’en subir. En effet, depuis début 2018, on dénombre plus de 200 500 signalements de consommateurs ([2]) inscrits sur Bloctel continuant de recevoir des appels de démarchage à des fins commerciales. Les secteurs les plus signalés étant l’habitat et la rénovation (82 % des signalements), l’énergie (79 % des signalements), le secteur assurantiel (49 %) ou encore la voyance (32 %) ([3]). Enfin, les données disponibles au 30 septembre 2018 faisaient apparaître que seules 1 062 entreprises avaient souscrits à Bloctel, dont 655 seulement avaient encore un abonnement en cours au 30 septembre 2018. Les réclamations des consommateurs ont conduit à 638 contrôles depuis 2016. Entre juillet 2016 et janvier 2018, 134 entreprises ont été sanctionnées. Il faut également ajouter la faiblesse des sanctions : 15 000 euros pour une personne physique contactant une personne inscrite sur le fichier d’opposition et 75 000 euros s’il s’agit d’une personne morale.

Entre temps, le Règlement européen n° 2016/679 dit règlement général sur la protection des données (RGPD) est entré en vigueur le 25 mai 2018. Son article 4 définit le consentement comme « toute manifestation de volonté, libre, spécifique, éclairée et univoque par laquelle la personne concernée accepte, par une déclaration ou par un acte positif clair, que des données à caractère personnel la concernant fassent l’objet d’un traitement ». Cependant le droit de l’Union européenne n’impose le consentement préalable du consommateur que pour la prospection commerciale automatisée, c’est‑à‑dire les courriels, mails, SMS ou télécopies. L’article L. 34‑5 du code des postes et des communications électroniques interdit ainsi « la prospection directe au moyen d’un automate d’appel, d’un télécopieur ou d’un courrier électronique utilisant, sous quelque forme que ce soit, les coordonnées d’une personne physique qui n’a pas exprimé son consentement préalable à recevoir des prospections directes par ce moyen ». Ainsi les numéros de téléphone utilisés pour la prospection commerciale échappent au statut applicable à l’ensemble des données personnelles numériques.

De nombreux pays européens, comme l’Allemagne, le Danemark ou encore le Portugal, ont néanmoins assujetti les numéros de téléphone au même régime que celui prévu par le RGPD en optant pour un système reposant sur le recueil préalable du consentement du consommateur. Ainsi, au Danemark, le consentement préalable du consommateur à être démarché téléphoniquement est requis (sous réserve d’exceptions dans les domaines de la presse, des assurances ou d’abonnements aux services de secours et au transport sanitaire). En Allemagne, un consommateur ne peut être appelé à des fins publicitaires par une entreprise sans lui avoir donné son consentement exprès ([4]). L’Association de défense des consommateurs au Portugal, DECO, a par ailleurs constaté une baisse des plaintes de consommateurs suite à la mise en place, en 2012, de l’optin. Enfin, face à l’échec de la liste d’opposition, le Royaume‑Uni a également fait le choix de l’optin en 2018. Désormais, les entreprises doivent s’assurer qu’elles ont le consentement du destinataire avant d’appeler.

La proposition de loi visant à encadrer le démarchage téléphonique et à lutter contre les appels frauduleux a été promulguée le 24 juillet 2020. Si cette loi comporte des avancées telles que l’interdiction du démarchage pour la rénovation énergétique, sauf contrat en cours, ou encore des dispositions pour mieux lutter contre les appels frauduleux, celle‑ci se contente seulement « d’encadrer » le démarchage téléphonique, et reste basée sur l’objectif d’améliorer l’efficacité du dispositif Bloctel, lequel s’avère largement inefficace. Au cours des débats parlementaires, il est apparu que cette loi privilégie délibérément les intérêts des opérateurs des centres d’appels sur le droit à la tranquillité de toutes et tous.

Enfin, le projet de décret d’application de cette législation, présenté récemment par le gouvernement, délivre aux opérateurs un véritable permis de harceler. Celui‑ci prévoit d’autoriser la prospection téléphonique du lundi au vendredi de 9 heures à 19 heures, même le samedi de 10 heures à 18 heures, avec un répit d’une ou deux heures le midi. Par ailleurs, une même entreprise serait autorisée à appeler quatre fois par mois une même personne pour une même proposition commerciale, même si celle‑ci a été refusée dès le premier appel.

La présente proposition de loi propose donc de consacrer en France le droit à la tranquillité de chacune et chacun à son domicile et à interdire de fait le démarchage téléphonique lorsqu’il n’est pas souhaité, en lui appliquant le principe du consentement actif tel que prévu par le RGPD. Ainsi, nul ne pourrait plus faire l’objet d’aucun démarchage téléphonique s’il n’a pas donné son accord exprès, comme cela se pratique à l’heure actuelle pour les SMS ou les courriels, ou si l’appel n’entre pas dans le cadre d’une sollicitation directement liée à l’objet d’un contrat en cours.

Aucun argument économique ne peut justifier de laisser perdurer des stratégies commerciales basées sur le harcèlement et l’intrusion dans la vie privée. Cette proposition de loi défend donc une économie saine et loyale, où les consommateurs sont respectés.

Tel est l’objet de la présente proposition de loi.

L’article 1er prévoit que la prospection commerciale par voie téléphonique n’est autorisée que si le professionnel a reçu le consentement du consommateur, ou dans le cadre de sollicitations ayant un rapport direct avec l’objet d’un contrat en cours.

L’article 2 abroge le chapitre III du titre II du livre II du code de la consommation relatif à l’opposition au démarchage téléphonique.

En conséquence, l’article 3 abroge la mention faite au treizième alinéa de l’article L. 224‑30 du code de la consommation de la faculté de s’inscrire sur la liste d’opposition au démarchage téléphonique.

L’article 4 dispose que la présente proposition de loi s’applique à compter du 1er juillet 2021.

Telles sont les dispositions qu’il vous est proposé d’adopter. »

([1])  Rapport n°1448  fait au nom de la Commission des Affaires économiques sur la proposition de loi visant à encadrer le démarchage téléphonique et lutter contre les appels frauduleux – 28 novembre 2018.

([2])  Rapport du Groupe de travail « Démarchage téléphonique » du Conseil national de la consommation – 22 février 2019.

([3])  Rapport n°1448  fait au nom de la Commission des Affaires économiques sur la proposition de loi visant à encadrer le démarchage téléphonique et lutter contre les appels frauduleux – 28 novembre 2018.

([4])  Rapport n°310 fait au nom de la Commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d’administration générale sur la proposition de loi, adoptée par l’Assemblée nationale, visant à encadrer le démarchage téléphonique et à lutter contre les appels frauduleux – 13 février 2019.

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La récupération dans les déchetteries: entre dignité et business

Il existe un phénomène récurrent, bien que souvent interdit, dans les déchetteries en France : la récupération des objets jetés par les particuliers. Il s’agit de récupérer de la vaisselle, du mobilier, des vélos, des livres, des vinyles, de l’électro-ménager, des cartons, des vêtements même, etc.

En somme beaucoup de choses sont pratiquement récupérables en déchetterie, mais il se pose la question « pourquoi ? » Qu’apporte la récupération à ceux qui récupèrent ?

C’est ici que se distingue deux catégories de récupérateurs : ceux animés par un esprit alternatif, par une volonté de faire vivre des objets, de les restaurer, les utiliser, pour les partager et éviter le gaspillage. Ces personnes le font dans un esprit démocratique et véritablement populaire en se disant simplement ; pourquoi jeter ce qui est encore utilisable et utile, pourquoi le « valoriser » alors qu’il peut encore servir et que tant d’autres marchandises seront produites ?

Il peut tout aussi bien s’agir d’associations qui récupèrent des vélos pour les remettre en état et ainsi les remettre à disposition gratuitement (ou à prix réduit) des habitants du coin, d’associations qui récupèrent des ordinateurs et qui le remettent en état, les passent sous un système d’exploitation Linux et pareillement les mettent à disposition du plus grand nombre et font la promotion du logiciel libre.

On peut aussi rajouter à cette catégorie, les personnes venant jeter des objets à la déchetterie, les laissant délibérément sur les côtés des bennes pour que les gens puissent les récupérer.

En fait ces gens et associations formulent, de manière primaire, une critique de la société de consommation, du capitalisme, il ne s’agit pas pour la plupart d’un retour en arrière ou d’une décroissance, mais simplement d’un prolongement de vie des objets. C’est comme une friperie, mais pour la plupart des objets. Il s’agit donc d’un aspect positif, démocratique et valorisant le collectif, s’agissant pour une grande partie d’associations ayant aussi pour but de démocratiser leurs pratiques, d’élever le niveau de culture du peuple, avec les associations de vélos proposant des ateliers de remise en état des vélos.

La deuxième catégorie des personnes voit les déchetteries, tout comme les entreprises les gérant, comme un marché à ciel ouvert. Ce sont des individualistes pour qui tout n’est que marchandise, qui chercheront à tirer le maximum de profits des déchets, pour aller les « valoriser » eux-mêmes.

Ainsi il s’agit d’avantage ici de personnes opérant seules et plutôt la nuit pour ‘piller’ les déchetteries, en prenant les choses de valeurs comme les téléphones, la ferraille, l’électro-ménager pour aller le revendre en casse, en déchetterie privées, sur les sites en ligne, bref pour en tirer un profit.

Elles remplacent ici les entreprises gérant ces mêmes déchetteries pour particuliers, qui sont dans une grande partie des cas simplement des sous-traitants des déchetteries, qui s’occupent de vendre les déchets pour qu’ils soient « valorisés », c’est à dire incinéré, recyclés ou reconditionnés (ou détruits). Ces personnes là agissent en libéraux ne s’occupant que de leur égo alors qu’elles pourraient mettre ces objets à disposition du peuple. Il s’agit d’ailleurs régulièrement d’une petite partie des agents des déchetteries eux-même qui, déçus par un travail dangereux, mal-payé et individualistes, cèdent à la facilité de l’argent facile.

Il est clair qu’il faut que le peuple se saisisse de la difficile question de gestion des déchets, que cela soit organisé d’une manière démocratique, pour que ce qui peut avoir une utilité culturelle ou sociale ne soit pas jeter mais remis en état. En attendant cela, il faut reconnaître la dignité des associations et personnes œuvrant à faire renaître les objets et leur donner une seconde vie, à passer des heures à essayer de réparer tout un tas de choses, à les partager.

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La crise de la police dans la France de mai 2021

Cette crise exprime surtout une contradiction entre la police et les policiers.

La Gauche historique n’a jamais eu la position anarchiste (ou républicaine-radicale) d’assimiler la police aux policiers, ni les policiers à la police. Les policiers sont en effet des gens happés dans un appareil d’État, ce qui est de plus en plus vrai : ces vingt dernières années, les policiers ce sont pratiquement tout le temps monsieur tout le monde. Finie l’époque où le policier était par définition un réactionnaire patenté propice à cogner ce qui est de gauche.

La crise des policiers est ainsi inévitable alors qu’on les jette sur le front social pour réparer les dégâts en gérant par un mélange de prévention, de répression, des gestion des liens humains. D’où la manifestation parisienne mercredi 19 mai 2021 des policiers, qui a réuni 35 000 personnes selon les chiffres des syndicats. C’est à la fois beaucoup, et en même temps sans grande valeur à part symbolique, d’ailleurs le ministre de l’Intérieur lui-même a pu venir manifester à leurs côtés, ce qui est on ne peut plus baroque.

Dans le genre, il faut noter également la présence de Fabien Roussel, le candidat PCF à la présidentielle 2022, qui s’imagine soutenir les policiers… alors qu’il est en même temps un fervent soutien (et depuis les débuts) d’Assa Traoré, dont quasiment chaque prise de parole consiste en une insulte envers les policiers !

C’est anecdotique certes, mais cela en dit long sur l’absence d’une véritable mobilisation populaire et démocratique dans les rangs de la police, malgré une colère allant en ce sens par la base sociale des policiers. Mais l’institution asphyxie toute pensée en ce sens, avec naturellement l’extrême-Droite qui, depuis la manifestation, ne cesse d’en rajouter en expliquant que lorsqu’elle arrivera au pouvoir, tout changera.

La question est de savoir si les policiers suivront ou pas. Les gendarmes le feront, car ce sont des militaires et que l’extrême-Droite correspond à leurs valeurs (rappelons que les pompiers professionnels relèvent relativement, et même entièrement pour ceux de Paris et de Marseille, de l’armée). Pour les policiers, c’est totalement différent. Que vont penser ces gens qui sont issus du peuple et ont rejoint la police afin de servir et de protéger la population, mais qui se retrouvent confrontés chaque jour à une société en pleine décomposition qui leur explose à la figure?

Car c’est de cela qu’il s’agit. Il est de bon ton chez les gens urbains de gauche (pour ne pas dire bourgeois) de critiquer l’attitude parfois hautaine et directive des policiers. Cela s’entend, car forcément quand on est de gauche on aspire à une société apaisée. Mais c’est toutefois totalement décalé par rapport à la réalité de ce que vivent les policiers. S’ils peuvent se montrer durs, c’est qu’ils n’ont pas le choix : c’est le seul moyen qu’ils ont pour tenir face à la pression qu’ils subissent.

En fait, les policiers font face dans leur travail à une contradiction insurmontable en apparence. D’un côté ils se sont engagé avec l’idée que les institutions en place sont légitimes quoi qu’on en pense et qu’il faut les défendre comme un rempart face au chaos social, mais de l’autre ils constatent avec toujours plus d’amertume à quel point ces institutions ne fonctionnent pas, à quel point ils ne sont là que pour « gérer » les excès et les débordements, sans que rien ne soit fait pour résoudre les problèmes.

Les policiers devraient alors logiquement se tourner vers la Gauche, pour changer les institutions dans un sens démocratique et populaire.

Ils en sont pour l’instant incapables… à l’image des classes populaires dans leur ensemble, rongées par l’apolitisme et l’immobilisme social-culturel.

Alors il y a les syndicats policiers, pour faire du bruit, pour faire dans le symbole, pour faire parler sans rien changer. C’était le sens de la manifestation du 19 mai. Mais tout cela est vain, et ne tiendra pas le choc le jour où les classes populaires, dont la bases policière fait partie, assumeront enfin de prendre les problèmes à bras-le-corps et de changer les choses.

Et là les policiers devront comprendre que soit ils rejoignent les valeurs de la Gauche historique pour écraser la décadence de la société bourgeoise, pour anéantir le cannibalisme social des éléments anti-sociaux, soit ils rejoignent la logique militaire de l’extrême-Droite en devenant un appendice de l’armée.

La Gauche doit travailler pour les faire pencher du bon côté.

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Déconfinement partiel du 19 mai 2021: l’idéologie bourgeoise parisienne aux commandes

La réouverture partielle des terrasses des cafés a été prétexte à un matraquage pro-aliénation.

Les cafés et leurs terrasses sont un aspect essentiel de la vie culturelle des Français ; il y a une dimension paisible et un regard sur les gens qui passent en même temps, c’est une attitude très française que de porter un regard ingénieux sur ce qui se passe, en observateur.

Après, il ne faut pas se leurrer, ces cafés sont l’expression du fait que les logements étant trop exigus et peu conviviaux, il fallait un endroit pour pouvoir se retrouver. De plus, les cafetiers sont devenus des petits commerçants tout à fait éloignés de leur culture initiale, où le tenant du lieu se devait d’être un équivalent du gentil organisateur au Club Méditerranée.

Et c’est ainsi désormais surtout un lieu de superficialité où on cherche à faire voir autant qu’on regarde, où on tient des propos sans intérêts corroborés par des propos du même genre, bref c’est un lieu de fausse socialisation caractéristique d’un capitalisme touchant tous les domaines de la vie.

Et le déconfinement partiel du 19 mai ayant impliqué un couvre-feu plus tardif (21h au lieu de 19h), l’ouverture relative des commerces et de certains lieux culturels, et la réouverture des terrasses, on eu droit à une campagne acharnée en faveur d’une vie normale retrouvée, d’un style de vie reprenant ses droits, naturellement principalement à Paris.

Paris, forcément, parce que c’est à Paris qu’on trouve une grande présence des cafés et des porte-feuilles allant avec, et du style allant avec. Emmanuel Macron a tout à fait compris l’importance de cette idéologie de la légèreté, de « Paris est une fête » et autre fausse joie bourgeoise urbaine.

Tout le Paris bourgeois en une photographie

Ce matraquage des médias ou de l’Elysée montre bien une cassure fondamentale entre une bourgeoisie ayant un style de vie propre et le reste de la population qui ne vit pas du tout au même rythme, ni avec la même approche. Et il souligne également la tentative ininterrompue de l’idéologie dominante de présenter le style de vie bourgeois parisien comme raffiné, abouti, culturellement élevé, représentatif de la civilisation française, etc.

L’idéologie bourgeoise parisienne a donc été aux commandes du déconfinement partiel, pour rappeler les « fondamentaux »… qui ne parlent pas du tout à la grande majorité des gens en France, tout en leur parlant. C’est à cela qu’on reconnaît la lutte des classes, dans la réappropriation de ce qui est un patrimoine, pour le réajuster à ce qu’il devrait être.