Une histoire sans fin.
Cela fait presque deux ans que la pandémie de covid-19 a été déclaré, et l’humanité en est quasiment au même point dans la crise sanitaire. Les variants se succèdent et rendent le coronavirus toujours plus contagieux, mais à chaque fois il n’est fait que constater, presque passivement, son avancée.
Certes, la vaccination de masse dans la plupart des pays riches ou disposants de moyens suffisants, change la donne. Par exemple en France, le nombre d’infections quotidiennes recensées ont explosées, au-delà des records de la première vague, mais le système hospitalier est (pour l’instant) bien moins sous tensions, en raison de l’immunité conférée par les vaccins.
Les non-vaccinés sont immensément plus touchés par la maladie, ainsi que les personnes qui étaient déjà fragiles à la base. Pourtant, pourtant, pourtant, voilà qu’il faut encore et toujours de nouvelles mesures collectives de restrictions, comme celles annoncées par le gouvernement français lundi 27 décembre 2021.
Alors cela ne va pas très loin certes, l’État n’est pas en mesure d’imposer un nouveau confinement ni de faire tomber un rideau de fer sanitaire sur les frontières. Mais tout de même : télétravail obligatoire un jour sur deux, jauges de spectateurs, interdiction de manger dans le train ou les salles de sport, masque à l’extérieur pour les lieux fréquentés, fermeture des lieux de danse et de concerts debout, annulation des cérémonies de vœux 2022, etc.
En fait, la nouvelle crainte n’est pas tant sanitaire au sens strict, qu’une paralysie de la société, avec une sorte de confinement de fait. En effet, la raison sanitaire fait qu’il faut forcément isoler les cas contacts de la maladie, pour casser les chaînes de transmission. C’est une nécessité absolue, pour ne pas se retrouver avec un pays entièrement malade et pied à terre. Mais cela se retourne aussi en son contraire : qui dit beaucoup de contamination et surtout beaucoup de tests allant avec, dit beaucoup de cas contacts donc beaucoup d’isolements.
Ainsi, c’est la nouvelle menace : que le pays se retrouve frappé par une vague de cas contacts. Cela, d’ailleurs, a déjà été le cas avec les écoles. La politique initiale visant à isoler les élèves ayant été en contact avec la maladie (un cas = une fermeture de classe) a dû être assouplie. Une immense vague d’enfants devant être isolés s’est produite, puis leurs parents se sont absentés du travail dans la foulée pour les garder ! Intenable.
Donc il a été lâché du lest du côté des enfants, et cela a, entre autres, contribué à la circulation du variant Delta puis bientôt du variant Omicron avec la rentrée (quoi qu’il circulait déjà avant les vacances de Noël). Et la boucle est bouclée : les parents se retrouvent eux-mêmes cas contacts (ou contaminés) et doivent s’isoler, à mesure que la progression de la maladie s’intensifie. La menace sur la stabilité économique est donc immense.
Cela est particulièrement flagrant dans le secteur aérien où les règles pour le nombre de personnels devant être présent sont strictes. Ainsi dans le monde, pas moins de 8 000 vols ont été annulés le week-end de Noël, principalement aux États-Unis et en Chine, ou encore en Indonésie où les deux compagnies Lion Air et Batik Air ont annulé respectivement 23 % et 28 % de leurs plans de vol. Mais on sait à quel point tout cela va très vite et la menace plane aussi sur la France.
C’est pour cela que le gouvernement français va devoir lâcher du lest sur cette question. Pour éviter une «paralysie» et la «désorganisation» du pays , il est concrètement envisagé d’ici à la fin de semaine de réduire les durées d’isolement (qui peuvent aller dans certains cas pour l’instant jusqu’à 17 jours), avec comme justification le fait de «faire peser une contrainte moindre sur les personnes vaccinées».
Sauf que, évidement, cela peut très vite se retourner en son contraire et contribuer à accélérer la circulation de la maladie. Car moins d’isolement permet plus de circulation du virus, et donc plus de cas, et donc au final des isolement de personnes positives.
L’humanité est donc dans un sale pétrin, n’ayant toujours pas revu son rapport à la nature ni changer sa perspective de civilisation. La planète entière s’attache fermement au 24h sur 24 du capitalisme, et les individus à la consommation de leur propre vie. Hors de question pour la plupart des gens de couper à leur « 1er de l’an », malgré la virulence gigantesque du variant Omicron.
Cela fait donc deux ans que l’humanité court droit dans le mur sur le plan sanitaire, et bien que des mesures collectives se soient imposées à elle depuis ce temps, le basculement n’a pas eu lieu. Personne ne songe, ni même n’envisage ne serait-ce que de changer de braquet. Alors que, pour rester dans la métaphore cycliste, ce n’est même pas de braquet qu’il faudrait changer, c’est carrément de roue, voire de vélo !