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Les lycéens désemparés face à la crise sanitaire

La rentrée scolaire d’après les vacances de la Toussaint est marquée par une colère dans plusieurs lycées partout en France avec des jeunes s’opposant au manque de mesures sanitaires.

Le gouvernement n’a pas été capable de mettre en place un réel re-confinement, et ce malgré la circulation accrue de l’épidémie de covid-19. Chaque établissement scolaire devient un potentiel « cluster » en puissance, en raison notamment de moments clefs ingérables, comme la rentrée dans le bâtiment, la cantine, sans parler des heures de cours elles-mêmes. Cela a donné lieu à quelques initiatives, notamment… des blocages.

On pourra se dire qu’il y a quelque-chose d’étrange à voir des lycéens s’amasser devant un lycée… pour réclamer à ne pas être amassé dans le lycée ! C’est là le reflet d’un grand tourment dans la société française, avec des gens voyant que les choses ne vont pas bien, mais ne sachant pas comment faire, ni même quoi faire d’ailleurs.

Prenons cette lycéenne par exemple, élève d’un lycée de Bastia en Corse. Ce qu’elle dit est très juste, plein de bon sens, empli d’une saine révolte contre la situation actuelle, avec un grand sens des responsabilités :

De la même manière, les quelques lycéens qui s’organisent devant leur lycée pour en bloquer l’entrée ont forcément raison de dénoncer l’absence (ou le si peu) de mesure sanitaire dans les établissements.

Mais on ne peut que se dire, en même temps, que leurs « blocus » sont bien étranges, alors qu’il y a la possibilité de s’organiser via les réseaux sociaux pour ne pas venir en cours, tout simplement. Les lycéens n’ont ils pas les moyens d’exiger collectivement des cours en ligne, ainsi que des heures d’ateliers réellement en petit groupe et dans des salles bien aérées pour ce qui concerne l’enseignement professionnel ?

Manifestement, la jeunesse ne semble pas encore prête à un tel niveau d’organisation et d’exigence. Les ridicules échauffourées ayant eu lieu ces derniers jours entre la police et des lycéens à Nantes ou à Paris sont ici le reflet de cette faiblesse.

Peut-être, souhaitons-le, la jeunesse lycéenne sera très vite prête, même dans les prochains jours, car les choses vont très vite dans une période de crise comme la nôtre.

Il faut dire cependant que les défis qui s’offrent à elle sont immenses. Rien que le changement climatique ou la question des animaux sont d’une ampleur incroyable, une ampleur qui ne peut que terrifier dans un premier temps… mais qui le moment venu peut aussi galvaniser la jeunesse se prenant en main pour exiger le futur !

Il faut dire également que les 2005, 2004, 2003, voire 2002, qui sont actuellement au Lycée, payent aujourd’hui le prix de l’effondrement de la Gauche dans la jeunesse et les classes populaires. Cela fait maintenant des années et des années que la Gauche ne pèse plus, n’a plus aucune structure réellement ancrée dans la jeunesse, ni même aucun relais ayant un quelconque impacte.

Cette vidéo YouTube postée par le Parti socialiste en direction de la jeunesse en dit très long par exemple :

Seulement 500 vues (dans la soirée du 5 au 6 novembre)… C’est extrêmement faible, alors que ce qui y est dit, à défaut d’être transcendant, est extrêmement simple et tout à fait consensuel. Le Parti socialiste bénéficie pourtant d’une notoriété énorme, il avait même le pouvoir en France il y a quelques années, quand les jeunes visés par la vidéo étaient déjà des adolescents ! On est cependant dans un moment de désarroi et d’espoir mélangé, de combativité et de passivité, de refus et de complaisance.

La France est à l’image de sa jeunesse : prête au changement, mais pas prête à changer.

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Politique

Deux tribunes absurdes anti-confinement à gauche

Surfant sur la dynamique petite-bourgeoise anti-confinement, deux tribunes se revendiquant de la Gauche dénonce le confinement comme une manœuvre politique sans fondement.

Ce sont deux étranges tribunes, extrêmement offensives, qui dénoncent le confinement avec les mêmes arguments que l’ultra-gauche ces dernières semaines. Le second confinement reposerait sur un mensonge gouvernemental, le but serait de faire peur, d’instaurer un État pratiquant une surveillance généralisée, décidant par en haut, etc.

C’est de la paranoïa petite-bourgeoise tout à fait traditionnelle, avec la dénonciation de l’État, des décisions centralisées, des mesures collectives, avec une lecture complotiste où les mesures relèveraient d’une opération machiavélique, avec un agenda caché, etc.


La tribune Le confinement constitue un remède pire que le mal pour la société française, parue sur Regards.fr

C’est une longue tribune, signée par des gens relevant de la bourgeoisie intellectuelle: professeur d’université, maître de conférence d’université, médecin, psychiatre, chercheur au CNRS, biologiste, vétérinaire, etc.

Ces 350 signataires disent que le reconfinement a été prévu depuis des mois, qu’on a un alarmisme qui est une construction intellectuelle afin de faire peur, que les arguments pour le reconfinement seraient un délire, que la démocratie serait mise entre parenthèses, etc.

La tribune En finir avec l’état d’urgence et d’exception, publiée par Libération

Cette tribune est portée par quelques personnes seulement, avec notamment le député LFI et ultra-populiste François Ruffin, Lenny Benbara qui est fondateur du think tank Institut Rousseau, William Bouchardon qui est responsable de la rubrique Économie du Vent se lève.

Là encore il est dénoncé une atteinte aux libertés publiques, avec des décisions par en haut donc mauvaises, pour une situation accentuant qui plus est les inégalités sociales.


On croit rêver à lire ces tribunes. Le capitalisme veut évidemment faire tourner la machine à plein régime, donc il ne veut certainement pas de nouveau confinement. S’il le fait, c’est qu’il n’a pas le choix – et d’ailleurs il le fait mal. Il n’y a pas trop de confinement, il n’y en a pas assez. Mais pour les petits-bourgeois, l’ennemi c’est l’État, donc celui-ci a toujours tort, et en même temps il faut toujours se tourner vers lui pour obtenir de l’aide. D’où cette démagogie sur les libertés publiques, les décisions par en haut, etc., comme si toutes les décisions n’étaient pas prises par en haut depuis longtemps !

Dans la situation de crise sanitaire que l’on connaît, il faut se souvenir de ces deux tribunes, car bientôt leur caractère scandaleux sautera aux yeux, leur caractère petite-bourgeois sera évident et sera source de leçons. On verra aisément qu’il s’agissait de démarches anti-collectivistes, anti-populaires, d’expressions de terreurs devant les nécessaires décisions à la fois étatiques et populaires.

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Politique

Covid-19 début novembre 2020: la révolte bourgeoise contre le semi-confinement

Au mois de mars 2020, Emmanuel Macron n’avait pas osé employer le termes de confinement. Il a finalement utilisé le mot fin octobre, mais pour ce qui s’avère n’être qu’un demi-confinement, absolument pas à la hauteur de la situation sanitaire. Cela n’empêche pas l’agitation bourgeoise, et particulièrement petite-bourgeoise, qui trouve que c’est encore trop.

L’actualité française est ainsi littéralement polluée par la révolte des commerçants et chefs d’entreprises voulant à tout prix ouvrir et faire leurs petites affaires. Cela ne les intéresse pas que la deuxième vague de covid-19 déferle sur la France, avec une augmentation continue du nombre de personnes en réanimation (+75 samedi 31 octobre 2020 par rapport à la veille), avec en tout 23 153 personnes hospitalisées. Les affaires sont les affaires, peu importe les malades et les morts, voilà ce que pensent ces partisans acharnés du capitalisme, qu’ils soient petits ou gros.

Partout dans le pays, fleuristes, vendeurs de jouets ou de vêtements, libraires, bijoutiers, parfumeurs, chefs d’entreprises en tous genres, s’indignent d’être considérés « non essentiels », alors qu’effectivement ils ne relèvent pas d’une activité essentielle si l’on veut vraiment arrêter la circulation du coronavirus. Mais ils ont un tel poids en France qu’ils vont bientôt obtenir de nombreuses concessions, de la part d’un gouvernement qui, de toutes manières, n’est pas en mesure d’assumer un combat à la hauteur contre l’épidémie, préférant le capitalisme à la santé de la population, préférant les patrons aux avis des médecins et hospitaliers.

Dimanche premier novembre, ce sont donc les syndicats des commerçants, de la grande distribution, ainsi que le Medef qui sont accueillis à Matignon par le premier ministre afin de faire entendre leurs exigences. Le gouvernement est littéralement terrorisé par cette colère bourgeoise, qui est bien entendue portée par la Droite.

Des manifestations sont déjà prévues partout en France par des « artisans et commerçants » contre les mesures sanitaires, comme à La Flèche ou à Gap. Des maires de villes comme Yerres, Les Herbiers, Perpignan, Chalon-sur-Saône, Brive-la-Gaillarde, Saint-Calais, relevant tous de la Droite ou d’extrême-Droite, ne se sont pas gênés pour prendre des arrêtés municipaux autorisant l’ouverture de commerces interdits. Et les exemples sont multiples partout dans le pays. Ces arrêtés n’ont aucune valeur juridique, mais la pression est énorme, ébranlant la base même de l’autorité centrale de l’État français.

Cela ne concerne pas seulement les petits capitalistes, puisque les grandes enseignes comme Boulanger et le groupe Fnac-Darty se sont arrogées le droit d’ouvrir, alors que les groupes Auchan et Monoprix ont annoncé qu’ils allaient eux-même accueillir dans leurs magasins des petits commerçants interdits… La bourgeoisie est pratiquement à l’unisson pour mener une fronde anti-démocratique contre les mesures sanitaires.

La pression est tellement forte que Philippe Laurent, le maire de droite de Sceaux, président de l’association Centre-Ville en Mouvement, menace directement l’État d’une contestation de grande ampleur :

« S’il n’y a pas d’assouplissement des mesures d’ici le milieu de semaine prochaine, le gouvernement devra gérer 10 000 arrêtés de maires. Ce sera la fronde ! Et cela laissera de la rancœur. D’autant que les habitants sont derrière les commerçants… »

La Droite est clairement et ouvertement à l’offensive en France, d’autant plus qu’elle est galvanisée par la question islamiste depuis plusieurs jours. Il faut vraiment s’attendre à ce que la déferlante de Droite, voire d’extrême-Droite, soit énorme dans les semaines et mois à venir.

En face, il faudrait toute la solidité de la Gauche, assumant d’une main de fer l’intérêt de la collectivité et des mesures collectives. Le problème, c’est que cette Gauche est pour l’instant aux abonnés absents, avec dans ses rangs tout un tas d’usurpateurs allant dans le même sens que la Droite, avec en toile de fond le libéralisme libertaire économique et culturel.

On a ainsi le PCF, qui défend les grandes surfaces françaises au prétexte de critiquer le monopole américain Amazon, dans une logique sociale-chauvine. On a ainsi Johana Rolland, la maire « socialiste » de Nantes et présidente de l’association des métropoles France urbaine, qui réclame comme la Droite « l’équité de traitement entre commerces de proximité et grandes surfaces ».

La situation est pourtant simple et ce qu’il faut est très clair : seul un confinement strict de la population est en mesure d’enrayer la circulation accrue du virus dans l’état actuel des choses. Mais pour cela, il faut assumer que la collectivité s’impose sur le capitalisme ; c’est précisément le rôle historique de la Gauche d’assumer cela contre la Droite. Une Gauche électoraliste composée de gens des couches supérieures de la société ne peut pas saisir cela.

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Écologie

Second confinement en octobre 2020: l’humanité apprentie sorcière prise au piège

Le second confinement ne fait pas qu’ébranler les mesures sanitaires gouvernementales ; c’est tout le mode de vie de l’humanité qui est remis en cause.

Les Français savaient que le confinement serait mis en place, mais la brutalité de son caractère les a tout de même surpris. Emmanuel Macron a annoncé en effet mercredi 28 octobre que le confinement commencerait dès le 30 au matin et s’il ne va pas aussi loin que le premier confinement, cela y ressemble beaucoup dans la plupart des mesures prises. Qui plus est, il y en a jusqu’à début décembre… au minimum.

Les Parisiens suffisamment aisés ont d’ailleurs pris la fuite le jour même, avec 400 kilomètres de bouchon dans l’après-midi avant même les annonces, alors que dans la soirée le site de la SNCF a été totalement saturé, de par les nécessaires voyages en catastrophe en raison de la rapidité de la mise en place du confinement.

Tout cela, cependant, est entièrement secondaire par rapport au cadre historique. La situation est en effet peu ou prou la même dans toute l’Europe, et même si des pays s’en sortent bien mieux, comme l’Allemagne, la tendance reste la même : le virus est relancé, il faut confiner. On peut bien entendu dénoncer Emmanuel Macron, dénoncer le manque de lits dans les hôpitaux, de moyens, de préparation depuis six mois également, c’est bien entendu très vrai, mais cela n’en reste pas moins très secondaire.

Il y a un problème de fond et il est très simple. Pendant des centaines et des centaines d’années, voire des milliers d’années si on remonte à l’apparition de l’élevage et de l’agriculture, l’humanité a joué avec le feu, en désorganisant la nature, en s’appropriant la vie des animaux qui ont été réduits à de simples marchandises de consommation alimentaire, et stockés comme des matières premières.

Cela a été toute une étape historique, un développement, c’est évident. En rester là, toutefois, est une erreur grossière, une incompréhension du développement spécifique de l’humanité, spécifique, mais intégrée à un cadre : la nature.

En niant ce cadre, l’humanité a joué à l’apprentie sorcière. Cela a produit le changement climatique, cela a produit l’asservissement et la souffrance d’animaux dans une dimension industrielle, cela a produit la déforestation, cela a produit toute une série de maladies passant la barrière des espèces en raison de situations anti-naturelles, le Covid-19 se situant ici dans une longue tradition de maladies de ce type, dont la grippe espagnole a été la plus meurtrière.

Malgré un premier confinement, l’humanité ne s’est pas remise en cause. Elle a considéré qu’elle pouvait passer en force : des centaines et des centaines de milliards d’euros par ici, des mesures de confinement par là, la course au vaccin, l’espoir que le virus partirait de lui-même, etc.

L’instauration d’un second confinement en France, mais également peu ou prou dans toute l’Europe, écrase une nouvelle fois la vanité humaine. Et, d’ailleurs, cette fois la crispation est d’autant plus là, la nervosité est présente, la compréhension que l’humanité fait face à un mur s’impose. Elle est même tyrannique, au point que les petits-bourgeois nient le virus, dénoncent l’État, car ils savent que tout doit changer et comme ils ne le veulent pas, ils cherchent un « responsable ».

Ce responsable, c’est pourtant l’humanité elle-même. Son mode de développement, son mode d’existence, est dépassé. Donc il faut le dépasser. Cela implique toutefois de raisonner en termes de mode de vie. Tout doit être remis à plat. L’envergure de la question est immense.

Et malheureusement, on connaît le principe : les consciences sont en retard sur la réalité. Ce second confinement va imposer, par conséquent, les faits de manière très dure, déboussolant tout en amenant une grande exigence.

À la Gauche d’être prête pour accompagner cette nouvelle séquence et faire progresser les consciences !

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Société

Octobre 2020: un confinement étatique en raison d’une société passive et au bord du nihilisme

L’État est obligé de prendre des mesures face à la crise sanitaire, car la société est fragmentée, déstructurée, incapable d’une action collective.

Emmanuel Macron prendra la parole le 28 octobre 2020 au soir, mais déjà tous les médias distillent depuis plusieurs jours un message simple : un confinement est inévitable. Il ne sera pas massif comme le premier, alors qu’il devrait l’être, mais tel en ont décidé les intérêts capitalistes. Encore est-il que le capitalisme exige une certaine consommation également et là dans tous les cas la machine est sacrément enrayée.

On sait déjà que ce nouveau confinement n’apportera pas une certaine nouveauté, voire pour certains un certain romantisme du temps qui passe plus lentement. Le stress ayant traumatisé les uns contaminera cette fois également les autres. Cette fois, en effet, il apparaîtra clairement que la crise sanitaire est installée, que l’humanité n’en voit pas le bout.

Les comportements nihilistes et antisociaux, déjà si présents jusque-là, vont se systématiser alors que les tensions sociales (improductives) vont se multiplier. C’est la fin d’une civilisation et le sentiment de déception de classes moyennes aigries vont donner une teneur particulièrement mauvaise à une ambiance déjà délétère.

On voit, dans une telle situation, comment la société française n’est prête à rien, comment elle est passive, recroquevillée. Et comme les Français n’ont pas voulu se bouger, ils vont chercher un bouc-émissaire et déléguer les responsabilités à un sauveur : c’est l’espoir du général Pierre de Villiers, prêt à se poser en nouveau Bonaparte, Napoléon III, Boulanger Pétain, De Gaulle…

Il faudra sans doute en passer par là pour que la société se bouge, avec comme moteur la classe ouvrière qui doit littéralement réorganiser celle-ci. On voit mal comment, en effet, une telle société est prête à quoique ce soit. On a les plus grands défis que l’humanité ait connu qui se posent dans les décennies à venir et on ne s’en sort pas du triptyque divertissement – consommation – soumission aliéne au travail salarié.

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Le capitalisme va pourtant vouloir la guerre et il va donc façonner les Français à partir de ce nihilisme. Cela va impliquer une crise morale générale, une crise culturelle, une crise idéologique sans pareil. La France va, dans les faits, connaître cet effondrement intérieur qu’ont connu l’Allemagne et l’Italie au début du 20e siècle. C’est une crise qui touche tous les aspects d’un pays à bout de souffle et dont tout un parcours se termine.

Ce qui va se passer peut se résumer simplement également : la France va vouloir maintenir ses rêves impériaux, les Français passés au nihilisme vont suivre, puis tout va s’effondrer et une démocratie nouvelle portée par la classe ouvrière va surgir. Quelle sera la nature de cet effondrement, là est le dramatique problème ; quant aux problèmes sur la table pour préparer un changement positif, ils sont immenses et nécessite un haut niveau de culture.

C’est là encore une résonance de la situation des années 1920-1930 : on est dans la bataille pour la culture. On n’est de fait plus au seuil des années de crise, on est en plein dedans. Et dans ces spasmes historiques, la société nouvelle, socialiste, doit se forger en balayant l’ancien monde. C’est un vaste programme, le seul qui corresponde à notre époque, et aussi marginal que ce point de vue puisse encore sembler être aujourd’hui, l’Histoire en accélération en fera son actualité demain.

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Écologie

Octobre 2020: une crise sanitaire comme crise écologique que la société ne veut pas voir

La société façonnée par le capitalisme refuse de voir la destruction de la planète qui a provoqué le COVID-19. La crise sanitaire est ainsi vue de manière tronquée – quand elle n’est pas directement niée.

Pourquoi les Français ont-ils pensé que la crise sanitaire du COVID-19 serait maîtrisée, dépassée, mise sous contrôle ? Parce qu’ils croient au capitalisme, qu’ils pensent que tout se consomme, qu’ils admettent la conception selon laquelle l’espèce humaine serait sortie de la nature. Il faut ajouter à cela qu’ils ont une confiance aveugle, spécifiquement française, au secours d’un État à la fois honni et considéré comme le grand recours.

La question du COVID-19 expose ici tous les travers de la société française. Il faut se souvenir que, lors de l’émergence de la crise sanitaire, alors que c’était déjà l’actualité, il y avait encore des rassemblements syndicaux ou d’ultra-gauche, dans un grand déni de la réalité. Il faut voir comment, malgré l’ampleur de la crise sanitaire depuis, il y a tout de même une partie de la société française rétive à tout effort prolongé.

Pourquoi tout cela ? Car, au fond, tout le monde sait que la crise sanitaire est le résultat d’une crise écologique mondiale. Cela implique de se remettre totalement en cause. Or, les Français veulent tous les changement, mais aucun ne veut changer. On en arrive à la négation de la dimension de la crise sanitaire, au refus d’assumer sa substance, parce que sinon il faut tout remettre en cause.

Le virus a passé la barrière des espèces, il l’a fait en raison de la déforestation et des élevages industriels d’animaux, donc en bonne logique il faut cesser la déforestation et les élevages industriels d’animaux. Hors de question pour les gens, pour qui McDonald’s est devenue une certitude. On est dans une situation totalement coincée.

La preuve en est qu’il y a toute une partie de la Gauche qui dit avec la Droite : oui, distribuons les millions, les milliards aux entreprises ! Ce qui est incohérent, sur le plan des idées bien entendu, mais pas seulement : normalement, quand on fait de la politique, on propose autre chose. Là c’est simplement l’Union sacrée.

L’Union sacrée contre les masses laborieuses, car ce sont elles qui vont payer la facture, bien entendu. L’Union sacrée contre la nature, parce que c’est elle qui est niée, la crise sanitaire étant présentée comme tombant du ciel ou originaire d’un laboratoire chinois. Les théories complotistes relèvent d’ailleurs de la panique petite-bourgeoise devant toute remise en cause. Trouver un coupable, un bouc-émissaire, c’est s’épargner de devoir affronter les faits.

La crise sanitaire d’octobre 2020 n’est rien d’autre que le produit d’une négation de la réalité par la société, qui ne veut pas voir l’ampleur du désastre. Et c’est tellement vrai que cela se déroule au grand dam de l’État qui aimerait bien gérer, tant bien que mal, même s’il tend au cynisme de par sa fonction de service pour les classes dominantes. Même un tel État est catastrophé par une population tellement façonnée par le capitalisme qu’elle est relativiste, passive, individualiste, incapable d’initiatives. C’est dire !

On peut ainsi critiquer l’État, les mesures gouvernementales, autant qu’on voudra. C’est la société qui a tort, cependant. Tort de ne pas former l’État, tort d’accepter le mode de vie imposé par le capitalisme, tort de refuser toute remise en cause. Tort de perdre son temps avec un mouvement de rétrogrades beaufs comme les gilets jaunes, alors que le monde va dans le mur.

On peut être certain que les nouvelles générations vont tout renverser et que l’humanité va connaître un bouleversement sans pareil. On ne s’en sortira pas sans une humanité unifiée au niveau planétaire, cessant sa guerre contre la nature et regardant le passé avec ses McDonald’s comme une époque de barbares.

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Société

Les réactions anti-couvre-feu de la «gauche» libérale-libertaire

Tout sauf les décisions à portée collective ! Tel est le credo d’une partie de la Gauche passée dans le camp d’un mélange de populisme, d’anarchisme, de vision plébéienne de l’Histoire.

En temps de crise, on ne peut plus faire semblant, car chaque point de vue compte, chaque opinion sur chaque sujet a forcément une grande importance et de grandes implications. On dévoile forcément sa vraie nature et les organisations et individus politiques expriment forcément leur nature.

La question du couvre-feu est ainsi très révélatrice, avec les petits-bourgeois hystériques et les bourgeois relativistes qui ne veulent pas en entendre parler. Les premiers sont en général « de gauche », les seconds étant de droite et l’assumant, en tous cas culturellement. Au contraire, la dynamique populaire est de penser que le couvre-feu est bien la moindre des choses, avec cette particularité propre aux grandes villes qu’une partie significative des gens ne se soucie absolument pas du virus et s’amasse dans les bars et soirées.

Il ne faut pas se leurrer, si Emmanuel Macron décrète un couvre-feu dans la plupart des grandes villes, c’est qu’il y a à la base une grande pression populaire en faveur de mesures sanitaires. Cela sous-entend non pas qu’il en fasse trop, mais bien au contraire qu’il n’en fasse pas assez. Le peuple veut un État ayant son ampleur, capable d’envergure.

La France de 2020 n’est plus la France arriérée du 20e siècle et il est hors de question pour la population de laisser filer un virus dévastateur, ni de laisser les services de santé se faire déborder à nouveau. L’État doit être à la hauteur du peuple, de la vie du peuple.

Les petits-bourgeois « de gauche » n’en ont rien à faire de cela et ils s’imaginent que le gouvernement agirait par « totalitarisme ». L’auteur de prédilection pour ces gens est George Orwell et nombreux sont ceux à avoir cité son roman 1984, à l’instar d’Olivier Besancenot :

Cependant, le meilleur représentant de cette France petite-bourgeoise, s’imaginant de gauche et très radicale, est Jean-Luc Mélenchon, qui associe le couvre-feu à un fait du Prince, en dehors de toute rationalité sur la crise sanitaire elle-même :

« 60 % des contaminations ont lieu au travail ou à l’école ou à l’université entre 8h et 19h. Mais Macron interdit les sorties au bar et au restau entre 20h et 6h. Bienvenue en Absurdie. »

Jean-Luc Mélenchon confond ainsi clusters connus et contamination, mais là n’est pas la question : rien que le ton le disqualifie. On est dans le populisme, dans l’appel à la révolte plébéienne contre les puissants qui mentiraient de manière totale, qui viseraient à la manipulation des consciences, à anéantir les libertés individuelles, etc.

On a évidemment la même rengaine du côté d’EELV, sur le mode de la critique du « totalitarisme » avec David Cormand, qui reprend tous les arguments de la Droite sans même le remarquer :

« Le « couvre-feux » a-t-il vocation à confiner aussi notre Démocratie? La légèreté avec laquelle le Gouvernement se joue des piliers sur lesquelles reposent un État de Droit: libertés individuelles, droits fondamentaux, élections,… est sidérante et effrayante. »

Notons cependant qu’EELV sait garder les pieds sur terre, de part sa quête électoraliste, et exprime dans un communiqué son soutien au couvre-feu, bien que de manière timorée.

François Ruffin s’est également parfaitement illustré dans l’hystérie anti-« Macron », qui serait maintenant un « maton » … :

« Le couvre-feu pour couvrir leur nullité. Plutôt que de prévoir et d’agir depuis le printemps, Macron, en maton, nous enferme. Combien de temps serons-nous victimes de leur incompétence ? »

On notera également le ton volontairement beauf et franchement irrationnel qu’il a utilisé à l’Assemblée nationale :

« Vous êtes capable de nous interdire d’aller pisser à plus d’un kilomètre de chez nous pendant le confinement, de nous interdire de mettre un pied dehors après 21h aujourd’hui. Face aux citoyens, vous êtes des lions. Mais face à Amazon et Bridgestone, vous êtes des paillassons. »

On est là dans la démagogie la plus complète, visant à opposer le « petit homme » aux puissants, comme le faisaient les démagogues d’extrême-Droite dans les années 1930.

On retrouve forcément le même discours et le même ton du côté de Médiapart, qui présente ainsi son article contre le couvre-feu :

« Macron préfère fliquer la population, la mettre en fiches, assassiner des secteurs entiers de notre économie (culture, restauration, etc.), plutôt que de rouvrir des lits d’hôpitaux et d’engager du personnel soignant. On interdit les sorties le soir au théâtre, au restau, chez des potes, mais on s’entasse dans le métro aux heures de pointe. Ferons-nous le deuil de tout ce qui nous fait vivre ? »

Cnews dit exactement la même chose. En fait, les remarques de ce genre sont légions dans la petite-bourgeoisie, avec souvent le prétexte d’autre chose qui est pris pour refuser le couvre-feu, par exemple avec Marguerite Stern :

« Imposer un #couvrefeu à tout le monde pour contrer le covid bof. Par contre imposer un couvre feu aux hommes et limiter leurs déplacements pour que les femmes puissent marcher dans la rue sans subir leurs agressions je dis oui. Mettons fin à la pandémie patriarcale. »

N’importe quoi ! Ou encore avec Nathalie Arthaud, pour un véritable cliché :

« Macron lance un nouveau contre-feu pour masquer la destruction de l’hôpital public. La seule liberté à laquelle Macron ne veut pas s’attaquer c’est le droit des patrons à exploiter les travailleurs. Pour les travailleurs tout sera interdit sauf le droit d’aller bosser ».

On remarquera d’ailleurs le caractère incohérent de l’argument. S’il est juste de vouloir plus de moyens pour l’hôpital public, cela n’est pas une raison pour ne rien faire et laisser des vagues importantes de malades être hospitalisées ; les séjours en réanimation ne sont pas une cure de jouvence et on sait très bien que le covid-19 touche durement y compris de nombreuses personnes n’ayant pas forcément besoin d’aller à l’hôpital.

On a la même chose du côté de Laurent Brun de la CGT cheminot, très proche politiquement de la ligne du PRCF, qui avec une blague potache appelant à manifester à l’heure du couvre-feu parle « d’enfumage » pour sous-entendre que le couvre-feu ne sert à rien :

« Bon ben prochaine manif à 21h ! Y’en a marre de ces conneries ! On veut une vraie stratégie de prévention sanitaire avec des tests efficaces, des moyens pour l’hôpital, des mesures pour l’école et les travailleurs. Pas de l’enfumage ! »

Tout cela est de l’hystérie petite-bourgeoise et ces personnes peuvent immédiatement arrêter de faire de la politique : jamais les gens ne leur confieront les clefs de l’État. Mais il est vrai que ces personnes ne veulent pas les clefs de l’État, ils veulent seulement protester, s’agiter.

Alors, à rebours de ces pérégrinations petites-bourgeoises, on a des figures politiques qui savent très bien où elles mettent les pieds. Ainsi, on a une Martine Aubry, qui n’est pas née de la dernière pluie et sait très bien que ce serait anti-populaire de critiquer le couvre-feu, alors elle assume franchement :

« Face à l’augmentation de la circulation du COVID 19 en France et à Lille, nous devons appliquer les mesures annoncées par le Président de la République, même si nous aurions préféré un couvre-feu plus tard le soir. Nous devons tous respecter ces règles. »

Eh oui, tout le monde aurait préféré autre chose, mais il faut ce qu’il faut. Cela ne plaît pas aux beaufs, cela ne plaît pas à ceux dont l’horizon politique est le libéralisme-libertaire, mais c’est ainsi !

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Société

Covid-19: un hiver long et douloureux en perspective

Si certaines personnes en doutaient encore, maintenant c’est entendu : nous n’en avons pas fini avec la pandémie de Covid-19 et les mesures sanitaires vont s’amplifier. Le couvre-feu annoncé par Emmanuel Macron dans la capitale et huit métropoles n’est qu’un prélude ; la France entame une nouvelle phase de la crise sanitaire.

Emmanuel Macron a décrété à nouveau l’état d’urgence sanitaire, qui entrera en vigueur samedi 17 octobre 2020. La principale mesure pour l’instant est la mise en place d’un couvre-feu en région parisienne et dans huit métropoles : Lille, Rouen, Lyon, Saint-Étienne, Grenoble, Aix-Marseille, Montpellier et Toulouse. Les sorties, sauf motifs légitimes, y seront interdites entre 21h et 6h du matin avec l’idée évidente d’empêcher au maximum les interactions sociales, notamment dans la jeunesse.

Pour les 47 millions de Français qui ne sont pas encore concernés par le couvre-feu, il est également fait appel à la responsabilité collective. Il s’agit de faire des « bulles sociales », en se limitant systématiquement à des groupes de 6 personnes, dans la rue, à table, etc., pour limiter les contacts.

On pourra dire ce qu’on veut, en critiquer la forme ou les détails, tout cela est en tous cas nécessaire au regard de l’accélération de l’épidémie en France, qui relève clairement d’une seconde vague. Près de 23 000 nouveaux cas et 104 décès ont été recensés pour la journée du 14 octobre et les services hospitaliers sont à nouveau très chargés (1673 réanimations pour 9194 personnes hospitalisées en tout). Partout dans le pays, et pas seulement dans les villes en alerte maximum, les services hospitaliers déprogramment des opérations pour faire de la place à la vague de nouveaux malades attendus.

Pas question de toucher à l’économie cependant, alors Emmanuel Macron a bien précisé qu’aucun confinement ni télétravail imposé n’était à l’ordre du jour. Il va donc falloir continuer à faire tourner la machine capitaliste à plein régime, mais plus question de s’amuser, de voir de la famille, des amis, de sortir, etc. Cela va être très lourd psychologiquement, car cela signifie que la crise sanitaire s’installe durablement et profondément dans la vie quotidienne et que celle-ci va être à nouveau complètement bouleversée, pour longtemps.

La première vague et le confinement n’avaient été considérés par la plupart des gens que comme un épisode passager et d’ailleurs le relâchement avait été terrible dès le printemps, puis pendant l’été. On paye actuellement le comportement de toute une partie du pays, notamment dans la jeunesse, qui n’a pas suffisamment joué le jeu, voire pas du tout pour certains.

On paye également l’incapacité de l’État à organiser le dépistage, avec des délais pour les tests et de campagnes de suivis des cas contacts qui sont désastreux, particulièrement en région parisienne.

Toujours est-il que les faits sont là et face à des chiffres indiscutables, le gouvernement est maintenant obligé de frapper fort, ou en tous cas relativement fort, pour tenter de limiter les dégâts. Emmanuel Macron espère pouvoir empêcher un nouveau confinement, qui mettrait définitivement par terre le capitalisme alors que la crise économique, si elle ne semble pas encore très visible, est déjà au cœur des préoccupations des personnes ayant un regard sérieux sur les choses.

Il est difficile de savoir comment les nouvelles mesures seront respectées, organisées, surveillées. Ce qui est certain par contre, c’est que cela va profondément chambouler la vie du pays et particulièrement la vie culturelle, qui est déjà affectée de manière dramatique depuis mars derniers. Après un printemps étrange et un été vécu qu’à moitié, la France se dirige maintenant vers un hiver long et douloureux. C’est une étape de plus dans un changement complet d’époque.

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Semi-confinement de la mi-octobre 2020: la Droite folle de rage

L’État a coupé la poire en deux : on confine sans confiner, afin de préserver la machine capitaliste dans son essentiel. Pour la Droite, c’est déjà trop.

Comment affronter une crise sanitaire aussi grande alors qu’une chose comme la chaîne Cnews existe ? Jean-Marc Morandini, Eric Zemmour, Pascal Praud… sont le contraire des Lumières et de la Raison. Ce sont des gens très intelligents assumant de nier toute référence intellectuelle et culturelle, afin de faire triompher un populisme de Droite strictement équivalent à celui de Donald Trump.

Et, également de Benito Mussolini, d’Adolf Hitler et de tous les démagogues de la Droite la plus nationaliste, car ce gens ne proposaient pas un « totalitarisme » avec un programme, mais balançaient des idées à tort et à travers afin de manipuler les masses, réduites au rang de foules.

C’est le règne de l’anecdote, de la remarque à l’emporte-pièces. C’est le principe de la démagogie, de la vindicte irrationnelle, des accusations sans preuves, où le « bon sens » est censé s’exprimer, représenter un peuple bâillonné, etc. Les intellectuels de la télé-spectacle contribuent au renforcement d’une logique anti-intellectuelle, anti-culturelle, avec un appel à refuser la complexité, à agir à l’instinct, à l’élan vital ?

Comment une société, travaillée au corps par de tels populismes, de telles outrancières simplifications, de tels mensonges, peut-elle affronter les faits ? Comment combattre une crise sanitaire tant que la Droite agit avec vigueur ?

La Droite a deux lignes : tout d’abord, relativiser, en disant qu’il y a peu de morts et que la continuité de la société doit primer sur tout le reste. Ensuite, dénoncer toutes les mesures en les accusant d’être mal faites, en assumant ou pas le refus des mesures, au nom de l’efficacité, des droits individuels, etc.

C’est très difficile à combattre, car c’est totalement opportuniste. Ce style a contaminé d’ailleurs de larges secteurs de la population française : en effet, pour beaucoup de gens, agir, c’est faire du rentre-dedans, comme les syndicalistes de la CGT, les gilets jaunes, les énergumènes d’ultra-gauche sur Twitter, etc.

On est dans la surenchère, comme Stéphane Manigold, restaurateur et porte-parole de « Restons ouverts », expliquant sur Cnews qu’Emmanuel Macron ne comprend rien à l’économie. Ces propos n’ont aucun sens, mais ils sont véhiculés médiatiquement, touchant des dizaines, des centaines de milliers de personnes, formant des accumulations de stupidité.

Avec le semi-confinement annoncé le 14 octobre par le président Emmanuel Macron, la Droite a encore un boulevard. S’il y a un vrai confinement, la dimension collective écrase l’individualisme. Là, c’est un semi-confinement, qui n’assume pas la collectivité et qui laisse par conséquent des espaces énormes pour les protestations au nom des libertés individuelles, des « petits » entrepreneurs (en réalité des petits gros entrepreneurs, possédant plusieurs commerces), les traditions françaises, etc.

C’est la révolte petite-bourgeoise contre les « technocrates », « l’oligarchie », les « ploutocrates », etc., ce qui est évidemment une opération visant à masquer la bourgeoisie et le capitalisme, pour forcer la base populaire à se mettre à la remorque de la petite-bourgeoisie dans sa bataille pour arracher des miettes aux classes dominantes.

Cette tendance à « cracher » sur « ceux d’en haut » de manière populiste, sans réflexion, est une voie de garage. Il faut un accompagnement idéologique et culturel par la Gauche à toute révolte, lutte, protestation, afin d’élever le niveau, de faire aboutir de manière correcte toute révolte, lutte, protestation. Seule la Gauche lit en effet les choses historiquement, voit la direction à prendre.

Cet accompagnement ne peut évidemment pas venir de l’extérieur, seulement de l’intérieur. C’est un travail immense et il faut recomposer la Gauche historique pour la mener à bien… Avant que la Droite ne dévie toute la contestation, contribuant au succès du Fascisme.

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Deuxième vague covid-19: on s’enfonce dans la catastrophe

La seconde vague de covid-19  est bien là dans le pays, avec un taux de positivité, principal indicateur de la reprise épidémique, qui ne cesse de grimper. Dans certaines zones, les services hospitaliers commencent à être sous pression, alors que l’État s’enfonce dans sa propre décomposition dans un pays en pleine pagaille organisationnelle…

Au premier jour de confinement, le mardi 17 mars 2020, la France comptait 1 097 nouveaux cas pour 699 personnes en réanimation et 27 décès. Alors qu’on recense un peu plus de 5 000 lits de réanimation dans le pays, on comptait au soir du dimanche 27 septembre 11 123 nouveaux cas (14 412 samedi) avec 6 235 hospitalisations, dont 1 112 en réanimation. Sur les sept derniers jours, on compte 376 décès.

Avec un taux de positivité de 7,2 %, soit le nombre de tests positifs sur l’ensemble de ceux effectués, la France s’enfonce dans ce qu’on doit considérer, d’une manière ou d’une autre, comme une seconde vague. En tenant compte de la pression sur le système hospitalier, on estime qu’un taux de positivité de 10 % nécessite un nouveau confinement de la population. Par exemple à Aix-Marseille, ce sont 40 % des lits de réanimation qui sont occupés par des malades du covid-19 (113 personnes pour 281 lits).

La crise sanitaire s’abat sur le pays, sans que rien ne s’active réellement dans l’organisation et la préparation de celle-ci. Cela est d’autant plus inquiétant qu’une étude publiée dans « Physics of fluids » montre que la transmission du coronavirus est facilitée par l’humidité, l’automne étant précisément marquée par de telles conditions météorologiques.

Il n’y a pourtant aucune fermeté dans l’action de l’État, et cette absence de fermeté n’est que le reflet de la pagaille d’un régime coupé de la société. Car, si les uns disent que les mesures visant à limiter voir à fermer bars, restaurants, salles de sports, sont de « trop », d’autres comme Patrick Bouet, président de l’Ordre des médecins, pensent l’inverse. Voici ce que ce médecin a dit au Journal du Dimanche :

« Mercredi, (le ministre de la Santé) Olivier Véran a choisi un langage de vérité mais il n’est pas encore allé assez loin. Il n’a pas dit que, si rien ne change, dans trois à quatre semaines, la France va devoir affronter, pendant plusieurs longs mois d’automne et d’hiver, une épidémie généralisée sur tout son territoire »

Il a ajouté très justement que l’été aurait du être le moment de « mettre en œuvre un processus de retour d’expérience », avec « des réunions au ministère de la Santé avec tous les acteurs de la crise ». Par ces propos, Patrick Bouet confirme bien que l’État est dépassé, qu’il représente quelque chose de complètement déliquescent.

Mais est-ce vraiment étonnant si l’on se souvient qu’au mois de juin, Jean-François Delfraissy, président du Conseil Scientifique affirmait qu’il fallait laisser « les choses s’ouvrir, les gens vivre, mais en respectant les mesures barrière » ? N’appelait-il pas à dissoudre ce même Conseil scientifique ? Comment faire confiance au ministre de la santé, Olivier Véran, qui dit en réponse à un éventuel re-confinement « anticipé » pour assurer les fêtes de fin d’année :

« Je ne suis pas fana de la prédiction, mais de l’anticipation (…) Je ne me projette pas dans deux mois, mais au jour le jour ».

Cela dit, le pays est incapable de se saisir pour prendre en main les questions d’organisation et attend passivement les consignes d’en haut qui sont naturellement prises avec distance, voire méfiance, du fait même de la désorganisation qui règne.

Ainsi, les restaurateurs en colère invoquent le flux de touristes de ce été dans la seconde vague de coronavirus, mais n’en ont-ils pas été les premiers bénéficiaires ? Où étaient-ils lorsqu’il eu fallu critiquer ce état d’esprit frivole et libéral cet été ? Le président du « Groupement national des indépendants l’hôtellerie, restauration et traiteurs » n’a t-il pas osé dire de manière scandaleuse que « la profession ne veut pas être sacrifiée sur l’autel du principe de précaution » ? Quelle mentalité anti-populaire, anti-collectiviste !

On a là toute l’irrationalité de la petite-bourgeoisie prise de panique. Mais le problème c’est qu’une partie de cet état d’esprit est répandu en France. Quiconque connaît l’histoire politique de ce pays, sait combien la mentalité du petit propriétaire est forte, formant le terreau à une contestation libérale-libertaire anti-État.

Les français sont d’une paresse politique sidérante et agissent sur fond de « L’Etat doit ceci, l’État doit cela », « l’État ne fait pas, je ne fais pas »… Alors oui, la gestion de la situation par l’État nous mène à la catastrophe. Mais toujours est-il que lorsque l’État nous entraîne dans le gouffre, il faut justement savoir se prendre en main, assumer la continuité de la collectivité, à la fois pour soi, pour les plus fragiles, mais aussi par solidarité avec le personnel soignant.

Le tableau de la gestion sanitaire fait froid dans le dos. D’un côté un État en profonde décomposition, ne reposant que sur quelques experts et hauts fonctionnaires coupés des gens, et de l’autre côté un pays qui n’en fait qu’à sa tête, pétri d’une mentalité petite-bourgeoise renforçant un déni collectif. C’est la pagaille générale et on court droit à la catastrophe.

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« Et ça pourrait dire reconfinement »

En parlant « reconfinement », le premier ministre a fait passer un message indirect qui révèle le fond de la situation sanitaire.

Si la situation n’était dramatique, on rirait encore des propos farfelus des institutions. « Aucun cluster n’a été découvert dans les transports en commun » apprend-on du côté de la SNCF et de la RATP. Comme s’ils en savaient quelque chose, comme s’ils avaient les moyens d’en savoir quelque chose. Alors, que, de toutes façons, c’est une évidence en région parisienne où les gens sont les uns sur les autres. On peut ajouter à ce panorama francilien les vendeurs à la sauvette de cigarettes, sans masque, aux sorties de certaines stations, ou bien ces gens venant laver les barres où s’agripper, en passant simplement partout le chiffon, sans jamais utiliser le spray de liquide désinfectant.

La RATP a également comme argument que à quatre par mètre carré, ce n’est pas grave, car le métro n’a pas retrouvé sa fréquentation normale. Surréaliste. Comme en général il y a moins de fréquentation, ce n’est pas grave qu’on soit à quatre par mètre carré aux heures de pointe ou dans les lignes traditionnellement bondées quoi qu’il arrive. C’est en fait sans doute par miracle ou magie qu’on est passé à plus de 16 000 cas de personnes contaminées par jour en France, car ce qui est vrai à Paris l’est aussi dans de nombreux endroits, les Français étant des Français.

Et dans le monde, on est à pratiquement un million de morts déjà, car les humains sont des humains : ils vivent dans l’anarchie capitaliste, des zones urbaines inhumaines, avec au choix pas de moyens ou bien pas de volonté. Quand on dit pratiquement un million de morts, notons qu’on doit être bien au-dessus, car initialement beaucoup de morts n’ont pas été compté, les institutions préférant faire tomber le nombre en associant les décès à d’autres maladies également présentes. Un jour, on aura les statistiques à l’échelle nationale et on pourra comparer la mortalité habituelle à celle de la période du covid. Un jour.

En attendant, sur France 2 le 24 septembre, le premier ministre Jean Castex a prévenu :

« Il faut que l’opinion soit très attentive, très prudente. Si nous n’agissons pas on pourrait se retrouver dans un situation proche que celle connue au printemps et ça pourrait dire reconfinement ».

C’est là un profond signe de faiblesse. L’État montre, tout simplement, qu’il n’est pas au point. Il est dépassé par les événements et ce pour une raison très simple. Un État authentique s’appuie sur une profonde dynamique au sein de la société. C’est cela qui fait que lors de la Révolution française, il y a eu la bataille de Valmy, où les Français mobilisés sur le tas ont battu les Prussiens. Un État authentique a une légitimité dans la population, des ramifications, il trouve des soutiens qui se produisent de manière autonome.

Cet enracinement de l’État peut avoir une substance très différente. Ainsi, en France, on n’a jamais compris que l’Allemagne nazie n’a jamais été un « totalitarisme », mais que les gens eux-mêmes, à la base, ont soutenu le régime, d’eux-mêmes. Mai 1945, pour les Allemands, c’est une défaite. Les Allemands voulaient le nazisme.

Bien entendu, une fausse légitimité ne tient pas ; une dictature anti-populaire ne dure qu’un temps, les gens s’apercevant du caractère démagogique du régime. Mais ce temps peut être relativement long : l’Italie fasciste a une base populaire immense avant le grand retournement de situation en 1943.

De la même manière, la France a mobilisé de manière générale en 1914 sans aucun problème, n’ayant aucun opposant en face. Ce n’est qu’à partir de 1917, sous l’effet de la révolution russe (de février) que les oppositions se forment réellement et que les poilus, surtout des paysans, commencent à prendre conscience de la situation.

Aujourd’hui, par contre, l’État est totalement déconnecté de la société. Il l’est au sens strict depuis la seconde partie du 19e siècle, depuis que la bourgeoisie est installée dans tous les rouages institutionnels. Mais là, l’État est même étranger à lui-même ! Même ses propres structures lui sont étrangères ! De plus en plus, les policiers sont par exemple eux-même de la chair à canon social, se prolétarisant et perdant leur nature traditionnelle première de mercenaires bornés cherchant à casser pour casser afin de maintenir l’ordre établi.

Un tel État ne peut pas gérer une situation sanitaire de crise. Il n’a ni relais, ni soutien ; il n’a pas de capacité d’intervention sociale, car partout il se fait remettre en cause. Cela ne veut nullement dire, comme le pense l’ultra-gauche, qu’on est dans une situation quasi révolutionnaire ; on va bien plutôt vers un régime ultra-autoritaire autour d’un général venant « remettre de l’ordre ». Cela veut dire, en fait, que la crise est partout, que plus rien ne tient, ni l’écologie planétaire, ni la situation sanitaire, ni les société et pas même leurs États.

C’est un défi immense et pour l’instant les gens sont à des années-lumière de saisir ces enjeux.

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Société

Une fin septembre marquée par une épidémie en expansion

La France n’a pas su gérer l’organisation des tests de détection du covid-19, les résultats arrivant trop tard, alors que l’État ne sait plus comment encadrer.

Les fonctionnaires des institutions sont à l’image de celles-ci : ils sont dépassés. Voici le message de Santé publique, l’agence nationale de santé publique, au 22 septembre 2020, avec une partie mise en gras pour bien comprendre ce caractère perdu, dépassé, déboussolé.

« Au 22 septembre 2020, 90 départements sont en situation de vulnérabilité :

– modérée : Aisne, Allier, Ardèche, Ardennes, Ariège, Alpes de Haute Provence, Aube, Aude, Calvados, Cantal, Charente, Corrèze, Deux-Sèvres, Dordogne, Drôme, Eure, Eure-et-Loir, Haut-Rhin, Hautes Alpes, Hautes Pyrénées Haute-Savoie, Haute Vienne, Loir et Cher, Lot, Lot et Garonne, Lozère, Mayenne, Mayotte, Meuse, Moselle, Morbihan, Nièvre, Oise, Réunion, Savoie, Seine Maritime, Somme, Territoire de Belfort, Vosges, Yonne

– élevée : Martinique, Guadeloupe (dont Saint Martin et Saint Barthélémy), Ain, Alpes-Maritimes, Aveyron, Bas-Rhin, Bouches-du-Rhône, Côte d’Or, Corse du Sud, Doubs, Essonne, Gard, Gers, Gironde, Guyane, Haute Corse, Haute-Garonne, Haute Loire,  Haute-Marne, Hauts-de Seine, Hérault, Indre et Loire, Loiret, Ille-et-Vilaine, Isère, Landes, Loire, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Marne, Meurthe et Moselle, Nord, Paris, Pas de Calais, Puy de Dôme, Pyrénées Atlantiques, Pyrénées Orientales, Rhône, Sarthe, Seine et Marne, Seine-Saint-Denis, Saône et Loire, Tarn, Tarn-et-Garonne, Val-de-Marne, Val d’Oise, Var, Vaucluse, Vienne, Yvelines

Afin de freiner la progression du virus SARS-COV-2, il est important de maintenir la stratégie « Tester-Tracer-Isoler » : chaque personne présentant des symptômes évocateurs de COVID-19 doit réaliser dans les plus brefs délais un test de diagnostic.

Dans l’attente des résultats, les personnes doivent s’isoler et réduire leurs contacts au strict minimum.

Cependant, l’allongement des délais de diagnostic pourrait se traduire par des mesures de contact tracing moins performantes du fait du retard à l’identification des cas et de leurs contacts et à la mise en place des mesures d’isolement et de quarantaine.

En l’absence de traitement curatif et de vaccin, il parait indispensable de renforcer les actions de prévention comprenant les mesures d’hygiène, de distance physique, la réduction des contacts (sans embrassade, sans serrer les mains) ainsi que le port approprié du masque. Ces mesures doivent être respectées par tous, y compris les plus jeunes.

Effectivement, si le risque de complication est faible chez l’enfant et le jeune adulte, ils contribuent à la diffusion du virus vers les tranches d’âge et les populations à risque de formes graves ainsi que le montre l’évolution de la situation épidémiologique de ces dernières semaines. »

Ce qui est fou, c’est que les fonctionnaires disent les choses telles qu’elles sont, avec un langage technocratique. Car leur propos, c’est de dire : en l’absence de tests (ou plus exactement de résultats de tests), il faut la distanciation sociale et l’hygiène. Ce qui nous ramène, grosso modo, à la situation juste avant le confinement.

Avant, on avait pas de tests. Maintenant, on en a, mais les résultats arrivent trop tard, avec le scandale en région parisienne de résultats parvenant une semaine après pour des gens ayant fait la queue pendant des heures ensemble qui plus est.

L’État est dépassé. Il y a officiellement plus de 30 000 morts (donc il faut ajouter un petit pourcentage « mis de côté »), mais l’État ne sait pas comment faire, malgré la nomination d’un premier ministre focalisé sur la question. C’est qu’il est porté par des couches sociales déconnectées du réel, dépassées, tout comme pour l’État américain, alors qu’il y a déjà 200 000 morts aux États-Unis.

Seule une mobilisation populaire peut réellement amener des décisions de fond qui soient tenables, applicables… et appliquées. Or, l’État ne le veut surtout pas, il veut des masses infantiles. Et il ne veut pas de décisions fortes, car il est pétri de libéralisme. Ce qui fait que non seulement la situation sanitaire est mauvaise, mais qu’en plus on a la démagogie de ceux vantant le régime chinois qui agit de manière terroriste sur la population pour résoudre le problème de la pandémie.

Il faut vraiment que la Gauche assume une analyse approfondie de la question sanitaire, afin de faire des contre-propositions réelles, propose un autre modèle étatique, fondé sur le peuple. C’est une proposition qui manque terriblement dans cette époque cruelle.

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Y a-t-il un alibi «état d’urgence sanitaire»?

Une lecture unilatérale des choses aboutit forcément à une vision tronquée des faits. C’est d’autant plus vrai dans une question sanitaire où pourtant les faits sont les faits.

C’est une position du PC révolutionnaire de France (Le capitalisme et ses crises…), mais qui reflète tout à fait un point de vue largement partagé à l’ultra-gauche (dont le PCRF ne relève à l’origine pas du tout, étant issu d’un courant du PCF dans les années 1990). L’État, au moyen des appels à la distanciation sociale et à porter des masques, exercerait une terreur sur la population par peur qu’elle se révolte.

Voici comment cet avis se présente :

« Mais malgré le silence des médias officiels sur l’importance des luttes, partout dans le pays, et la désinformation entretenue à coups de sondages bidons, nos gouvernants ont tous les indices d’une colère montante, que n’a éteinte ni la répression contre les Gilets jaunes ni le confinement, et dont la forte abstention aux dernières élections municipales est un signe majeur.

D’où l’utilisation de l’alibi « état d’urgence sanitaire  » (prolongé jusque fin octobre) pour restreindre encore plus les libertés démocratiques, en particulier le droit de manifester (interdiction de rassemblements de plus de 5000 personnes) et de se réunir.

L’obligation généralisée de porter le masque partout et à toute heure, retoquée par certains tribunaux (à Lyon et à Strasbourg) pour son manque de discernement, révèle aussi le caractère autoritaire et infantilisant des décisions gouvernementales. »

Ce qu’on lit ici ne tient pas une seconde. Si les gens veulent protester ou se révolter, ils peuvent le faire de mille manières. Avec un certain niveau de conscience et d’éducation, on trouve toujours un chemin, c’est d’autant plus vrai à une époque où internet facilite les échanges. Des ouvriers qui veulent discuter entre eux peuvent le faire aisément au moyen de divers applications sur leur smartphone ; ils peuvent facilement communiquer avec les réseaux sociaux ou même les mails, etc.

De plus, quiconque regarde les chiffres de l’expansion du Covid ne peut qu’être inquiet et considérer que l’État n’en fait pas assez, plutôt que trop. Il n’y a pas assez de tests, tout simplement, il faudrait de vastes campagnes de ciblage, mais pour cela il faut un degré d’organisation et de réponse sociale.

On peut donc dire que, non il n’y a aucun alibi « état d’urgence sanitaire » employé par le gouvernement, même si cela le tente forcément un peu. Il n’y a pas un raz-de-marée en faveur de la Gauche et dans le sens d’un renversement du régime, c’est le moins qu’on puisse dire. On peut même dire que, pour le moment, il ne se passe rien du tout.

Alors évidemment on peut s’inventer des raisons et dire que si ceci, si cela, tout serait différent. Que s’il n’y avait pas le Covid, la CGT aurait conquis tout le monde à ses points de vue et cassé les réformes gouvernementales, que s’il n’y avait pas le Covid, Macron serait déjà en prison et Lénine à l’Élysée, etc.

Seulement, ce n’est pas de la politique, mais l’utilisation d’excuses et de mythes mobilisateurs. Il faut, à un moment, dire stop et faire le vrai boulot de fond, en cessant toute fiction.

Dire : il n’y a pas de manifestations, car celles de plus de 5000 personnes sont interdites, c’est mensonger. Car cela fait bien longtemps que la Gauche n’est pas capable de mobiliser du monde politiquement (et pas « syndicalement ») et parce que des milliers de personnes trouvent toujours une voie pour avancer.

On n’avance pas, voilà la vérité, on n’avance pas… encore. Ce qui ramène au nécessaire travail de fond, qu’on ne saurait contourner au moyen d’appels en décalage avec la réalité pour justifier un discours « de lutte ».

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Le reconfinement israélien, symbole d’une faillite

Les pays cherchent tous à éviter, à tout prix, un nouveau confinement en leur sein. Israël, censé être un pays organisé, a en fait sombré et est le premier à céder sous la pression.

Lorsque le covid-19 est entré sur la scène de l’histoire, l’État israélien a beaucoup été valorisé pour ses capacités d’organisation, de prévention, etc. etc. En réalité, c’était simplement qu’il est très militarisé. Pour preuve, Israël est le premier pays à remettre en place un confinement, et ce pour trois semaines. Symbole de cette faillite, le confinement commencera le vendredi 18 septembre, veille du nouvel an juif (Rosh Hashana), une période importante de fêtes (Yom Kippour est notamment concerné).

C’est un coup au cœur de l’État israélien, qui a fait en sorte, ces quarante dernières années, de modifier l’idéologie sioniste en la transformant en idéologie sioniste religieuse, religion et sionisme étant désormais les deux facettes de la même pièce. Ce qui a d’ailleurs provoqué le reconfinement est le fait que les 10 % de la population vivant dans l’obscurantisme religieux n’en ont eu rien à faire des exigences sanitaires.

Vivant dans leur bulle, avec l’appui de l’État, les ultra-religieux ont littéralement précipité le désastre. D’ailleurs, la folie religieuse autour de la fin du monde, du retour imminent du Messie, etc. etc. se développe à grands pas… dans un contraste marquant avec la ville de Tel-Aviv, îlot de décadence libérale-libertaire. Israël est littéralement le capitalisme mondialisé en modèle réduit, avec les décadents d’un côté, la fuite romantique dans un passé idéalisé de l’autre, dans un climat de compétition et de concurrence sociale acharnée.

Il ne faut pas non plus, bien entendu, surestimer l’économie israélienne. Israël est un pays du tiers-monde, dont le « miracle » dans la construction ne doit qu’au capital investi depuis les pays riches (en 1956 pratiquement 90 % des revenus de l’État viennent des réparations allemandes). Les entreprises américaines sont omniprésentes, quelques grandes entreprises et grandes fortunes ont l’économie du pays en leurs main, alors que le pays profite de la main d’œuvre palestinienne bon marché, tout en étant intégré au dispositif militaire américain de contrôle du proche et moyen-orient, avec par conséquent un complexe militaro-industriel très développé.

Si l’on ajoute à cela un pays terriblement divisé en son sein, entre Arabes et Juifs, mais également entre Juifs ashkénazes et séfarades, religieux comme-ci et religieux comme-ça, religieux et non religieux ou moins religieux, sans parler d’une forte communauté de Russes restant russe coûte que coûte, tout comme d’ailleurs bien souvent les Français, etc. etc., alors on a une société schizophrène, divisée, désorganisée. Il y a même eu des Juifs russe formant… un groupe néo-nazi, faisant en Israël même la promotion de l’antisémitisme et cherchant à mener des attentats !

En vérité, il se passe en Israël ce qui se passe aux États-Unis : la société civile a implosé avec la crise. L’unité sociale, le maintien d’une norme dominante, des valeurs communes… tout cela ne peut pas être maintenu par une économie à bout de souffle, un État anti-populaire, une idéologie dominante en total décalage avec la réalité.

La crise balaie les pays un par un et on peut être certain que tout comme la Turquie, Israël cherchera à s’en sortir de manière agressive militairement, afin de parvenir à tenir les rangs au sein du pays. Il est en tout cas absolument évident que le reconfinement est la faillite d’un État se voulant « à la pointe » d’à peu près tout et n’importe quoi sur le plan de l’organisation. Toute la vanité du régime apparaît au grand jour.

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Dans quelle mesure le confinement a-t-il changé les mentalités?

C’est une question d’une importance extrême pour saisir notre pays et son évolution. Dans quelle mesure le confinement a-t-il déboussolé, cassé le rythme du capitalisme, produit l’envie d’une autre vie ?

Emmanuel Macron a affirmé son mouvement politique comme étant celui des gagnants contre celui des perdants. Toute sa vision du monde est résumée dans ce propos donné à des entrepreneurs réunis dans la Halle Freyssinet à Paris en 2017 :

« Une gare, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien. Parce que c’est un lieu où on passe. Parce que c’est un lieu qu’on partage. »

Mais qui sont les gagnants et les perdants du confinement ? Le peuple a très bien vu que la partie privilégiée de la société a profité de ses maisons de campagne et du télétravail, alors que les travailleurs manuels, prisonniers de l’appareil productif, ont eux été clairement enserrés encore plus dans le capitalisme dans une situation sanitaire critique.

Pourtant, quelle que soit la situation, les gens se sont tous aperçus que, finalement, les règles du jeu social pouvaient réellement changer du jour au lendemain. Le confinement a été une mesure qui a révolutionné la vie quotidienne, tout comme le masque obligatoire, la distanciation sociale, etc. Ce n’est pas révolutionnaire au sens d’un progrès historique, aussi serait-il plus juste de parler de bouleversement.

Cela n’enlève toutefois rien au fait que tout le monde a compris que les choses pouvaient changer. Et beaucoup de monde ayant profité du confinement, d’une manière ou d’une autre, pour faire autre chose, pour vivre autrement, a changé son point de vue.

Certains seront irrattrapables pour le capitalisme, d’autres chercheront à vivre encore plus comme des capitalistes, au sens où certains voudront quitter le système de la course au profit à tout prix, cesser le rythme effréné du capitalisme avec sa compétition, sa concurrence… Alors que d’autres voudront beaucoup de richesses pour être en mesure de s’isoler.

Pour d’autres encore, et ils sont évidemment nombreux, vouloir ceci ou cela ne change rien puisque tout est bloqué. Un loyer ou un crédit, une situation non modifiable en raison de telle ou telle responsabilité familiale ou sociale, et on peut rêver ce qu’on veut, on ne l’aura pas. Cela frustre d’autant plus, cela provoque du ressentiment, cela peut également amener à une conscience sociale que le capitalisme impose une division sociale inacceptable.

Reste que tout cela est flou encore. Dans quelle mesure le confinement a-t-il changé les mentalités ? On ne peut pas le dire, encore. Cependant, c’est bien le cas et c’est d’autant plus vrai que tout le monde fait semblant que tout a repris comme avant. L’aspiration est niée, réprimée, intériorisée, tant parce que les gens n’osent pas que parce que le capitalisme ôte toute perspective concrète en ce sens.

Il y a alors deux possibilités. Soit il y a un exil intérieur, avec une sécession culturelle, sous la forme d’une contre-culture, d’une affirmation d’un mode de vie alternatif. Soit cela s’extériorise sous la formes d’incendies sociaux sur la base d’une révolte contre les cadences, la pression au travail, les exigences patronales, etc.

Il y a deux contre-arguments qu’on trouvera ici : culturellement, les Français sont des fainéants sur le plan des alternatives. Ils veulent tous le changement, mais aucun ne veut changer. Le véganisme a mis trente ans à arriver en France, l’idéologie des beaufs est omniprésente, il n’y a jamais eu de mouvement hippie de masse, ni une Gauche alternative à gauche du PCF (et non à sa droite comme le PSU). Socialement, les incendies sociaux ont disparu depuis belle lurette, remplacée par le substitutisme cégétiste.

Seulement voilà, le confinement a changé les mentalités. Donc, plus rien n’est pareil. Mais dans quelle mesure plus rien n’est-il pareil ?

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Société

Covid-19: la gestion de la crise est une catastrophe sur toute la ligne, et ce n’est pas fini

Depuis le début de la crise du covid-19, les choses ont été très mal gérées par des autorités pétries de libéralisme et dépassés culturellement, à l’image d’une société capitaliste focalisée sur elle-même. Alors que le coronavirus circule à nouveau de manière intense, de nouvelles tensions hospitalières reflètent que le problème reste entier.

Au mois de juin, le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy trouvait qu’il en était « trop » fait à propos du covid-19 et qu’il fallait « laisser les gens vivre ». Il réclamait même des vacances avec la satisfaction du travail bien fait :

« Nous souhaiterions arrêter nos travaux à partir de début juillet. Nous nous sommes mis au service de la nation, en donnant les grandes directions basées sur la science pour éclairer les décisions politiques difficiles. Mais, à présent, les services de l’État sont en ordre de marche. »

Ces propos étaient ridicules, en plus d’être irresponsables…. Un peu plus de deux mois plus tard, le Conseil scientifique est déjà obligé de constater que la situation est à nouveau très mauvaise et que la gestion de la crise est un échec continue.

Le gouvernement est ouvertement fustigé, en raison notamment de la stratégie d’isolement des cas contacts, c’est-à-dire des personnes ayant côtoyée une personne porteuse. Le constat est très sévère, pointant du doigt :

« Une stratégie d’isolement sans cahier des charges ni budget à l’échelle nationale, des recommandations assez peu relayées auprès du public, le manque de données précises sur les conditions et le suivi de l’isolement ».

Si l’on ajoute à cela les mœurs libérales du pays, ou plutôt le je-m’en-foutisme ambiant, cela donne une cacophonie générale où rien n’est respecté. Il n’y a pourtant rien de compliqué : n’importe qui ayant été en contact du virus doit être placée à l’isolement, afin d’attendre le temps d’une période d’incubation.

C’est la même chose en cas de symptôme : il ne faut pas attendre d’être testé positif pour s’isoler, car c’est en fait trop tard et on a pris le risque de faire circuler le coronavirus. Là encore, rien de compliqué à mettre en place, surtout à notre époque avec les moyens de communication et technologiques à notre disposition.

Au lieu de cela, chacun fait ce qu’il veut et personne ne contrôle rien, comme est obligé de le constater le Conseil scientifique. L’État n’est même pas en mesure d’avoir des données sur les personnes ayant eu accès à des lieux d’isolement (en général des hôtels réquisitionnés), tellement pas grand-chose n’est fait, tellement la gestion même la plus basique des choses n’est pas là.

Le problème n’est pas qu’individuel d’ailleurs, mais concerne l’ensemble de la société, qui est atomisée, complètement désorganisée, incapable de saisir les choses à grande échelle. La France est larguée.

Tout cela est donc très grave et la gestion de la crise sanitaire est une catastrophe sur toute la ligne. Le virus circule beaucoup, avec officiellement 8577 nouveaux cas en France le 9 septembre, un chiffre en constante augmentation depuis la rentrée. Cela donne 5003 personnes hospitalisées (386 supplémentaires depuis la veille), dont 599 en réanimation (71 supplémentaires depuis la veille).

Localement, cela donne des situations alarmantes. À Bordeaux par exemple, où comme dans la plupart des grandes villes des personnes se rassemblent par centaines sans aucun respect pour les gestes barrières, il y a une très importante circulation du virus, particulièrement chez les 15-30 ans.

Le Pr Denis Malvy, chef du service maladies infectieuses et tropicales du CHU de Bordeaux et membre du Conseil scientifique, s’est ainsi indigné à juste titre :

« Ce n’est carrément pas possible, on ne peut pas laisser ce réservoir se constituer, […] cette bulle de circulation ».

Le nombre de personnes hospitalisées pour le Covid-19 à Bordeaux a doublé depuis la semaine dernière et la situation est jugée préoccupante, avec une réactivation de la cellule de crise locale.

Sur le plan national, la Direction générale de la santé parlait d’une « nette dégradation de la situation» mardi 8 septembre, et plus de la moitié du pays est considérée comme zone à risque par d’autre pays.

Le président du Conseil scientifique estime donc que « la reprise de la circulation du virus est plus importante que ce qu’on aurait pu imaginer en ce début septembre » et évoque de probables « décisions difficiles» à prendre par le gouvernement d’ici les prochains jours.

Celui qui prétendait en juin que « les services de l’État sont en ordre de marche », doit donc maintenant prévenir d’un risque d’«augmentation très rapide, exponentielle » de la circulation du coronavirus, et donc des tensions importantes à venir sur les services hospitaliers… Et il devra inventer de nouvelles justifications à ces retournements perpétuels de position, qui doivent tout au fait que l’État force à la reprise capitaliste, sans y parvenir réellement, tout en enfonçant les choses en distribuant des centaines de millions sans vérification ni contrepartie, etc.

Le pays s’enfonce dans la crise, c’est aussi simple que cela.

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Culture

Le DJ Dave Clarke ou comment la crise sanitaire révèle les contradictions de la scène techno

Dans une lettre ouverte acerbe, le DJ/producteur techno Dave Clarke fait part de sa déception vis-à-vis de la scène techno, pointant particulièrement du doigt la participation à des événements illégaux sans considération pour les mesures sanitaires. Anglais, il joue et produit cette musique depuis la fin des années 1980 ; il connaît ainsi tout à fait l’esprit alternatif d’une partie de la scène et se retrouve maintenant en colère face aux dérives.

Si la musique électro, en général, a facilement pris le chemin de l’industrie musicale, du commercial à outrance, tel n’a pas été le cas d’une partie de la techno qui est restée en dehors de cela. Et ce malgré parfois une base immense de plusieurs millions de personnes et des événements de grande ampleur ainsi que tout un réseau de clubs très connus.

Un exemple typique pour illustrer cette différence : dans une boîte de nuit classique, électro ou variété, l’entrée est contrôlée par des « physio », qui empêcheront de rentrer un groupe d’hommes « non accompagnés » de femmes, ou alors parce qu’ils portent des baskets, etc. Cela n’existe pas dans les clubs technos où l’on peut venir aussi bien en jean et casquette qu’avec un survêtement et un sac banane, en jupe de sport avec une visière fluo sur la tête ou en Converses avec un kway sur les épaules, etc.

La drogue, très présente dans la scène techno, est également considérée, selon ce point de vue, comme relevant de la « liberté » (sans comprendre qu’il s’agit en fait d’un piège tendue par le capitalisme).

Toujours est-il qu’on a ainsi une scène avec une culture « underground », dans des clubs souvent volontairement rudimentaires dans l’architecture intérieur ou la déco, mais qui tend en même temps inévitablement vers la pop, dans le sens le sens positif d’une musique populaire.

Cela fait que ce sont multipliés depuis les années 1990 (voir la fin des années 1980 en Angleterre) des grands événements techno, parfois immenses avec plusieurs milliers de personnes… Le corollaire est bien sûr une starification de certains DJ/producteur, ainsi que beaucoup d’argent allant avec… beaucoup, beaucoup d’argent.

Cela prête forcément le flan à tout un tas de récupérations de la part d’organisateurs cupides, ainsi qu’à des opportunismes de la part des DJ/producteurs de techno. La pire illustration de cela étant sans doute l’île d’Ibiza qui d’ancien « paradis » hippie est devenue un lieu de débauche bourgeoise et de fortune pour les DJ stars.

Tout cela n’a rien de nouveau évidemment, mais avec la crise du Covid-19, cette dérive de la techno a littéralement sauté aux yeux de beaucoup, mettant au grand jour la décadence d’une immense partie de la scène, y compris celle censée relever de sa frange alternative.

Ce qui s’est passé est très simple : les tenants d’une scène techno alternative, des DJ historiques, mais aussi des DJ ou des organisateurs de soirée bien plus jeunes, nés dans les années 1990, ont été terrassés par la crise sanitaire, en raison de l’impossibilité d’organiser leurs soirées et éventements.

À côté de cela se sont développées tout un tas de soirées illégales depuis le printemps et tout cet été, sur le mode semi-privé pour contourner les interdictions, voir parfois en assumant totalement l’illégalité. Et beaucoup de DJ se sont engouffrés dans la brèche, montrant par là leur grande décadence et leur irresponsabilité.

C’est ce que dénonce avec beaucoup de vigueur et une grande justesse le DJ/producteur Dave Clarke dans une lettre publique publiée le 17 août 2020  :

« Très déçu par « La Scène »…. Pour être clair, je ne parle pas d’un DJ qui aurait de véritables soucis financiers et qui doit travailler, cette décision lui appartient, mais il y a quelques DJ de haut vol qui n’ont PAS besoin d’argent mais qui développent un syndrome FOMO [une anxiété sociale exprimant la peur de louper quelque-chose, NDLR] (poussé par leurs managers sans aucun doute) et mixent dans des environnements qui sont loin d’être légaux.

La «Scène» donne vraiment un excellent argument pour retirer le mot « Culture » de tous ces clubs et événements légitimes qui ont fermé leurs portes et qui font face à des difficultés en mettant en avant leur propre éthique avide des affaires avant tout le reste.

Ces DJ internationaux qui participent à ces fêtes ont littéralement craché sur ces industries légitimes, ils ont craché sur les gens à l’arrière-plan qui ont fait d’eux comme des héros, et pourquoi ?

Un statut sponsorisé publié avec succès sur les réseaux sociaux, parlant de la façon dont les live set leur manque, putains d’idiots, ce n’est pas fini et ils ont probablement aggravé la situation [sanitaire] en toute connaissance de cause, mais : « hey quel bon live set c’était »

Je les respecterais davantage s’ils étaient en fait des complotistes (je crois que dans l’état actuel des choses, ce virus est réel et que la 5G ne cuit pas les moineaux) et prenaient une position stupide, mais il ne s’agit que de leur ego et de leurs honoraires.

J’ai observé (comme beaucoup dans notre industrie) ce qui se passait, tant de « coïncidences »… En Belgique il y avait une fête près d’Anvers qui a envoyé un email disant : « Het goede is dat we geen rekening moeten houden met social distancing en mondmaskers zijn niet verplicht. » (les mesures de distanciation sociale de base et les masques ne sont pas obligatoires), puis quelques semaines plus tard, Anvers a décrété un couvre-feu.

À Paris, il y a eu aussi des fêtes étranges, maintenant Paris a également vu une augmentation du virus et oui bien sûr l’Italie connaît maintenant une grande augmentation du virus.

Cela nous manque à tous de jouer, mais jouer dans ces événements en tant que DJ internationaux de renom a donné des arguments à ceux qui cherchent pour une raison quelconque à ne pas rendre les choses faciles pour notre industrie.


Faire ces événements sans les faire correctement (j’ai vu un événement ici à Amsterdam, c’était étrange mais bien fait, d’autres clubs comme Fuse et Kompass ont fait de leur mieux en ces temps étranges et apportent de la joie dans des circonstances pas idéales) est égoïste.
Et s’il vous plaît ne vous considérez pas comme des rebelles légitimes, pour citer Mike Ziemer :


«Les raves 
underground des années 90 étaient une réponse pour mettre en avant la techno et la house music parce que les salles ne voulaient pas les jouer, ce n’était pas une façon détournée de lancer des événements pendant une crise sanitaire mondiale. Arrêtez de faire référence au passé pour justifier la destruction de notre avenir »… Vous le faites juste pour l’ego et le profit.

Bien sûr, il y a des incohérences dans tout cela [les restrictions sanitaires] et cela ne semble pas juste, mais en faisant ces concerts, vous donnez des munitions aux autorités pour retarder davantage le retour des événements. Et maintenant, malgré un sentiment pragmatique que, peut-être, de petits événements pourraient avoir lieu cette année, je doute sérieusement que le mondre festival majeur ait lieu en Europe, l’année prochaine non plus. »

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Société

Free party dans le Parc national des Cévennes: une agression anti-sociale et anti-nature

Samedi 8 août, ce sont plusieurs milliers de personnes qui se sont rassemblées pour une grande free party en plein cœur du Parc national des Cévennes en Lozère, sans aucun respect pour les mesures sanitaires face à l’épidémie de Covid-19. On a là un esprit beauf et ouvertement anti-social, assumant non-plus de vivre dans une bulle à l’écart de la société, mais directement contre la société et sans respect pour la nature.

Qu’on ne parle pas de « jeunes » tellement attirés par un besoin de faire la fête qu’ils s’affranchissent des règles par excès d’engagement. Il s’agit à Hures-la-Parade en Lozère d’une free party mise en place par des personnes extrêmement organisées et bénéficiant d’un large réseau construit pendant de nombreuses années. Jusqu’à 10 000 personnes ont été recensées sur place et les véhicules stationnés sont pour beaucoup des camions aménagés, mais aussi des camping-cars familiaux, avec parfois même des vélos accrochés… y compris des vélos d’enfant. C’est dire si les gens savent très bien ce qu’ils font et ont réfléchi à leur venue.

Tout a été très vite et était parfaitement rodé ce samedi 8 août pour forcer le passage d’un champ de pâturage avec des animaux dedans et installer six « murs de son ». Le rendez-vous a été diffusé de manière parfaitement clandestine à des habitués sachant très bien garder le silence, pour débarquer à plusieurs milliers au même endroit.

D’après les autorités locales, 4500 personnes étaient encore présentes sur place lundi 10 août dans l’après-midi et la presse évoque des témoignages de participants s’imaginant rester là encore plusieurs jours.

Peu importe pour eux l’épidémie de covid-19 donc – personne ne porte de masque et la promiscuité favorisée par l’alcool et la drogue est de rigueur – mais aussi peu importe la nature. Si la « free » est installée sur un champ de brebis, le lieu se situe néanmoins dans un parc naturel. Il est un peu spécial, car habité par près de 500 habitants, la chasse bien qu’encadrée y est autorisée par exemple, mais il y a en tous cas tout un tas de mesures particulières dans la région.

Le Parc, qui fête ses 50 ans cet été, est également reconnu comme une réserve de biosphère par l’Unesco. La dégradation de sites classés Natura 2000 par le passage des « teufeurs » a déjà été dénoncé, sans compter les nuisances sonores pour les animaux, particulièrement les oiseaux, d’ailleurs protégés pour beaucoup (137 espèces jouissant d’une protection particulière vivent dans le parc).

L’agression de ce lieu naturel est d’autant plus inacceptable en ce moment, en pleine période de sécheresse, alors que la faune et la flore sont soumises à une grande pression, sans parler du risque accru d’incendie.

> Lire également : L’échec des free, entre Docteur Jeckyll et Mister Hyde

Les « teufeurs », qui d’ailleurs multiplient les petites free parties partout en France cet été, peuvent bien raconter ce qu’ils veulent : de fait, ils ne sont pas des gens alternatifs, à la pointe d’espace de liberté ou d’une quelconque « autonomie » vis-à-vis de l’État. Ce sont des beaufs, assumant de n’en avoir rien à faire des autres et menant ouvertement une guerre à la société et à la nature. Ce sont des beaufs et rien d’autre, ne respectant rien ni personne et s’imaginant le droit de faire ce qu’ils veulent, où ils veulent, quand ils veulent, dans un esprit réactionnaire tout à fait similaire à celui des chasseurs par exemple.

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Politique

Le point sur l’épidémie de Covid-19 en France au 6 août 2020

Depuis plusieurs semaines déjà, il y a des signes montrant une circulation accrue du coronavirus responsable de l’épidémie de covid-19. C’est un rebond potentiel que la société ne sait pas aborder.

L’illusion comme quoi le covid-19 allait disparaître comme il est venu ne tient plus. L’humanité a joué avec le feu et provoqué des dérèglements à l’échelle planétaire, cela ne disparaîtra pas comme par enchantement. De fait, la maladie est encore très mal connue, tant en termes de conséquences (les cas sont très divers, tant dans la forme que la gravité), que dans sa façon de circuler.

La tension réapparaît ainsi en France, avec 14 départements considérés en situation de vulnérabilité :

– modérée pour Bouches-du-Rhône, Gironde, Haute-Garonne, Haute-Savoie, Ille-et-Vilaine, Nord, Val d’Oise, Paris, Seine-Saint-Denis, Hauts-de Seine et Val-de-Marne ;

– élevée pour Mayenne, Mayotte et Guyane.

Le 6 août 2020, il y a également 175 « clusters » en cours d’investigation (soit 14 de plus que la veille).

7 personnes sont officiellement décédées du covid-19 en France, avec surtout une hausse du nombre de patients en réanimation. 5060 personnes sont actuellement hospitalisées pour cette maladie, avec 21 nouvelles personnes admises en réanimation, portant le nombre total en réanimation à 390 personnes contre 384 la veille (+6).

Ce « solde » entrée/sortie de près de 400 personnes correspond à la situation juste avant le confinement, alors que le pic s’est officiellement situé à plus de 7000 personnes pendant quelques jours début avril.

Ce n’est évidemment guère rassurant. Rappelons en effet que les cas en réanimation reflètent une situation antérieure en termes de circulation du virus, puisqu’il faut plusieurs jours pour que les symptômes se développent et plusieurs jours encore pour qu’ils s’aggravent. Grosso modo, les symptômes mettent au maximum dix jours à apparaître, en admettant toutefois qu’on soit en mesure de les reconnaître comme relevant du covid-19.

Il y a donc l’hypothèse d’une vague qui va arriver à court terme ou, en tout cas, au moins l’hypothèse qu’une vague peut se produire de nouveau. Cela ne fait pas du tout les affaires des capitalistes qui, à l’instar du nouveau premier ministre, veulent relancer l’économie à marche forcée.

Ils tablent sur une meilleure organisation. En effet, la situation est différente aujourd’hui par rapport à lorsque le covid-19 est apparu, en raison des mesures sanitaires prises entre-temps, de la saison (avec la vie davantage à l’extérieur), ainsi que des capacités supérieures à mener des tests (bien que l’organisation soit faible, mal orientée, etc.).

Ces augmentations actuelles ne signifient donc pas nécessairement dans les prochains jours l’explosion qu’on a connue en mars, si l’encadrement est suffisant. On peut avoir le covid-19 comme bruit de fond, présent à de nombreux endroits mais sans se diffuser massivement, somme toute le contraire d’auparavant où il se diffusait rapidement dans des foyers localisés.

Le problème, c’est que les Français sont pétris de libéralisme et ont basculé pour certains dans un libéralisme toujours plus assumé. Cela se lit en particulier dans la jeunesse.

Ainsi l’Agence santé publique France parle pour le 6 août 2020 d’indicateurs montrant une « progression et une intensification de la transmission de l’infection à SARS-COV-2 », ce qui indique une tendance à venir d’augmentation de ces cas graves dans les jours ou semaines à venir.

Mais il est également insisté depuis plusieurs jours sur la prévalence des cas positifs dans la population jeune et c’est encore le cas dans la communication du 6 août 2020, qui évoque particulièrement les jeunes adultes.

Les jeunes se disent qu’ils ne risquent pas grand-chose et ne pensent pas à protéger les autres, ils vivent dans une bulle, d’ailleurs anxiogène. Ils ne savent pas comment se placer alors que, par définition, les jeunes veulent réaliser des choses.

Ici, la société n’a aucune réponse, paralysée par le capitalisme. Il faudrait un haut niveau d’organisation de la société et là on a l’inverse. Dans un contexte où il y a un décalage entre la diffusion du virus et sa manifestation avec les symptômes, c’est évidemment fatal. Les services de santé courent littéralement derrière une société passive et des citoyens infantilisés par des mœurs libérales-libertaires.

Le covid-19 est un défi collectif ; la réponse ne peut être que collective. Ni le capitalisme, ni l’État, ni les gens ne sont prêts à cela. Les gens n’auront pourtant pas le choix.

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Écologie

Covid-19: 100 000 visons d’un élevage tués, exemple d’un terrible enjeu

L’industrie de la fourrure était déjà criminelle, mais avec le covid-19 elle se transcende dans l’horreur, avec comme en Espagne des opérations d’extermination à grande échelle.

La crise sanitaire est d’une ampleur énorme. On nous a dit qu’il n’y avait pas de transmissions humains-animaux, mais en pratique cela semble surtout hors de contrôle. Cela est d’autant plus vrai pour des lieux contre-nature comme les élevages, où des centaines et des centaines d’animaux sont enfermés dans des conditions plus que révoltantes.

L’État espagnol a ainsi pris des mesures pour un élevage de Puebla de Valverde, en Espagne, où 92 700 visons sont condamnés à mort, car les tests PCR ont révélé qu’ils avaient été infectés par le covid-19. Les Pays-Bas avaient pris les mêmes mesures déjà il y a plusieurs semaines pour une vingtaine d’élevages.

L’État espagnol avait bloqué l’élevage depuis le 22 mai et a pris la décision en constatant que le covid-19 se répliquait à grande vitesse parmi les animaux. Des vétérinaires affirment que c’est le cas chez les visons, les furets et les chats, même si le risque d’un passage à l’être humain est « peu probable ».

On est en droit de se demander ce qu’est ce « peu probable » à une époque où la nature subit les attaques forcenées d’un capitalisme prêt à tout engloutir. Encore un peu et on passe dans le film La planète des singes où les chats et les chiens sont tous morts, victimes d’une épidémie et remplacée par des singes.

Il faut voir les choses en face : si demain, il est constaté que les chats transmettent le covid-19, par exemple… ou n’importe quel autre animal… l’extermination massive sera pratiquée. Pour les chats, tous les animaux errants seront tués, ceux vivant dans des familles humaines passeront sous la coupe de l’arbitraire.

Le capitalisme ne va pas se remettre en cause pour autant : il continuera ses destructions et résultat le processus continuera, toujours plus meurtrier… Quant au problème de fond, il est simple, on l’aura compris : des êtres vivants sont considérés comme de la matière première. Pour les visons, l’exemple est on ne peut plus clair : les animaux sont impropres à la consommation de fourrures, donc on s’en débarrasse, à grande échelle.

Cela est déjà arrivé à maintes reprises, comme récemment en Chine où des millions de cochons ont été tués pour stopper la peste porcine. C’est du massacre à grande échelle, dans le cadre d’un massacre à encore plus grande échelle : celle de la planète.

On paie ici le prix d’une mentalité passive de consommation destructrice, façonnée par le capitalisme pour répondre à ses besoins. Et malheureusement, la crise du covid-19 n’a pas encore servi de leçon. Elle n’est pas terminé, cela étant. Elle n’est pas prête de se terminer… ni les tourments d’un monde agonisant, enfantant un monde radicalement nouveau, car là plus rien ne tient, plus rien n’est tenable.