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Société

L’intolérable multiplication des « free parties » en France, en dépit du contexte sanitaire

Le libéralisme culturel et le conformisme à la société de consommation ont largement envahi la musique techno française, en particulier pour tout ce qui relève des « free parties ». Le fait que des dizaines d’événements sauvages soient organisés ces derniers jours dans le plus grand mépris pour toutes considérations sociales et sanitaires en dit très long à ce sujet.

Quelques jours avant le confinement en mars dernier, on apprenait que le collectif Heretik reportait en septembre une grande soirée, en présence de l’emblématique Manu Le Malin. Il s’agit si l’on peut dire de la crème de la scène techno à la française des années 1990 et 2000, avec les fameuses raves parties et toute une culture alternative allant avec, dont l’apogée est sans conteste l’événement devenu mythique de la piscine parisienne Molitor, alors désaffectée, en 2001.

Les billets sont toujours en vente et la description de la soirée sur Facebook se contente du commentaire :

« Ne souscrit pas à la doctrine établie ».

Au regard des événements récents, la question se pose clairement de l’interprétation qu’il faut faire de ce slogan typique de cette scène. Car justement, la doctrine établie en France c’est le libéralisme et force est de constater que les « free parties » en sont devenues des postes avancés.

Le début du mois de juillet a été particulièrement chargé en la matière : en plus du grand événement tenu dans la Nièvre regroupant 5000 personnes, il y a eu 2000 personnes dans le bassin d’Arcachon, ainsi que des groupes de plusieurs centaines ici et là. De manière particulièrement marquante, il y a eu à Montreuil (Seine-Saint-Denis), à 10 jours d’intervalle, deux « teufs » au parc des Beaumonts. Ce parc se situe à deux pas des habitations, mais il est surtout… une réserve écologique pour les animaux, classée Natura 2000.

C’est un véritable scandale, une honte s’ajoutant au fait déjà honteux d’organiser un tel événement sans respect pour les mesures sanitaires. Les gens ayant fait cela devraient être conspués, dénoncés comme les pires avatars du capitalisme moderne dévastant tout, méprisant tout.

Au lieu de cela, on a en France une scène des « free parties » qui vit dans un mensonge permanent depuis au moins dix ans, en prétendant à une culture alternative, autonome, « libre », etc. En vérité, les « teufs » sont surtout des supermarchés de la drogue à ciel ouvert, avec des murs de son diffusant une techno toujours plus mauvaise, vulgaires, qui n’est qu’un strict équivalent inversé de « l’électro » insipide des radios commerciales.

En fait, pour trouver ce qu’il peut rester d’alternatif et de culturel dans la musique techno, il faut surtout se tourner vers les villes et les clubs, d’inspiration plutôt berlinoise. Il n’y est en général pas question de « changer le monde », mais on a au moins des gens sérieux, concernés, cohérents dans leurs valeurs.

On a de ce côté des personnes ayant cherché à mettre en place des choses pour ouvrir les dancefloors en respectant les enjeux sanitaires, sans non plus se ranger derrière les préoccupations uniquement commerciales des discothèques classiques. On peut toujours penser que c’était voué à l’échec par nature, et c’est d’ailleurs ce qu’a fait l’État qui refuse tout discussion à ce sujet. Cela a néanmoins du sens, et surtout une grande dignité.

C’est tout l’inverse de ces « free parties » décadentes, ouvertement tolérées par le gouvernement, qui est souvent au courant et ne fait pas grand-chose pour les empêcher.

Il faut dire qu’entre partisans du libéralisme et de l’individualisme forcené, on se comprend. C’est donc la « Ministre de la citoyenneté » qui s’est rendu sur place dans la Nièvre pour demander gentiment aux teufeurs de porter un masque…

Elle s’est félicité de la distribution de 3000 masques ainsi que de 6000 « bons pour être testé ».

C’est directement l’Agence régionale de santé qui a été dépêchée sur place pour organiser, cette même agence tant décriée depuis le début de la crise du covid-19 pour ses insuffisances. Les sapeur-pompiers chargés de la distribution expliquent alors :

« Les gens sont très contents qu’on leur donne ce bon. Ils prennent le papier, choisissent le laboratoire, et les résultats vont au médecin qu’ils veulent ».

Dans le même genre, on a la gendarmerie expliquant à la presse que des participants ont été « invités » à « passer une nuit de plus sur le site » en raison de leur état d’ébriété. C’est directement le colonel de Gendarmerie de la Nièvre qui précise ensuite, de manière particulièrement bienveillante :

« pour moi l’objectif recherché par la gendarmerie sera atteint si, mercredi matin, on se réveille sur le constat d’aucune victime sur la route ».

On a donc un État complètement débordé par la crise sanitaire depuis des mois, mais qui accompagne tranquillement des irresponsables anti-sociaux, méprisant totalement l’effort sanitaire du reste de la population.

Il ne faudrait pas croire ici qu’il s’agit de « jeunes » voulant simplement s’amuser et faisant une sorte de bêtise de jeunesse. Ces événements sont au contraire très organisés avec une logistique bien rodée, une coordination à grande échelle, des gens avec des talkies-walkies organisant sur place et des participants venant de très loin, y compris de Belgique, d’Italie, d’Espagne, et même d’Europe de l’Est, circulant pour beaucoup dans des camions aménagés tels de véritables camping-car.

Ces chiffres en disent très long sur l’état d’esprit de la « fête », particulièrement décadente :

200 verbalisations en raison de produits stupéfiants, une vingtaine de permis retirés pour conduite en état d’ivresse, 61 personnes admises au poste médical avancé, 11 évacuées à l’hôpital de Nevers dont 3 en urgence absolue…

> Lire également : L’échec des free, entre Docteur Jeckyll et Mister Hyde

Tout cela est un aspect du capitalisme, seulement un aspect du capitalisme, contrairement aux prétentions des « free parties » qui s’imaginent être une contre-société.

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Société

Un étrange 14 juillet sans Tour de France

La vie de la société française, depuis des dizaines d’années, est particulièrement réglée, routinière. Le Tour de France est l’événement qui marque le début de l’été, dont on entend parler même si on ne le suit pas vraiment, qui entonne une petite musique de fond, cette musique qui dit en générale quelque chose d’agréable.

Le Tour, c’est souvent une histoire entre les grand-parents et leurs petits-enfants, ce sont des après-midi calmes dans le salon, au frais, à scruter le pays en se laissant bercer par l’allure routinière des coureurs, qui avalent les kilomètres avec la rigueur de l’ouvrier, sans en faire trop, ni trop peu. Puis vient le 14 juillet, en général avec une étape de montagne particulièrement alléchante. Sportivement, c’est là où la course s’emballe, où les jeux se font. On passe alors à autre chose et l’on rentre dans l’été pour de bon.

Quelque chose a été rompu dans la société française avec la crise sanitaire (et il en est probablement de même dans beaucoup de pays). Ce 14 juillet sans « étape de montagne du Tour » donne un goût étrange à l’été. C’est comme s’il n’avait pas lieu et, d’une certaine manière, il n’a pas vraiment lieu.

Le printemps a été gâché par le confinement, puis la sortie hasardeuse du confinement. L’été semble, lui, confisqué. Le président Emmanuel Macron a d’ailleurs probablement fini de casser l’ambiance en étant contraint d’annoncer, finalement, que le masque allait être obligatoire dans les lieu publics clos.

Si la France avait cru pouvoir échapper à la crise, en faisant somme toute comme si le virus n’était plus là, c’est la crise qui rattrape le pays. « Nous avons des signes que ça repart quand même un peu » a expliqué le président dans son allocution du 14 juillet, en jouant de la litote pour ne pas trop affoler, tant il sait que ce qu’il dit est affolant.

C’est affolant sur le plan sanitaire évidemment, car personne ne veut de milliers de morts supplémentaires. C’est affolant surtout pour toute cette « bulle » de la société de consommation depuis la fin de la seconde guerre mondiale, qui recommence chaque année la même chose, dans un version censée être mieux quantitativement, sans esprit qualitatif.

Ce n’a jamais été entièrement faux d’ailleurs et il faut bien reconnaître que chaque année le Tour de France était toujours plus agréable à suivre, avec la télévision, puis la télévision couleur, puis les images d’hélicoptères, puis l’incrustation d’informations en direct, pour les images en haute définition. Rien ne semblait pouvoir ébranler cet éternel recommencement, pas même les scandales à répétition concernant le dopage.

Et voilà qu’une « gripette », comme l’avait honteusement qualifiée certains cet hiver, a fini de gripper la machine, qui était en fait déjà bien rouillée. Le Covid-19 marque un bouleversement d’une ampleur gigantesque, car c’est la fin de tout un tas d’illusions.

La rentée sera terrible, parce qu’il n’y aura pas eu vraiment d’été et surtout en raison d’une crise économique nouvelle, entièrement nouvelle, qui va finir le travail de sape du train-train quotidien. Le Tour de France, prévu pour septembre, s’il a lieu, aura dans ce contexte un goût très amer. De toutes façons, ce ne sera pas le Tour de France. Non pas seulement à cause des mesures empêchant le public d’approcher les coureurs, mais parce que le Tour, c’est le ronronnement de la France tranquille, vivant son éternel recommencement estival. Cette fois, tout change.

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Politique

La crise du covid-19 en Guyane révèle le rouleau compresseur capitaliste

Alors que l’épidémie de coronavirus n’arrête pas de s’étendre en Guyane, le premier ministre Jean Castex s’est rendu ce dimanche 12 juillet dans la région. Resté seulement huit heures sur place, cela ne fut qu’une simple formalité en plus pour réaffirmer sa stratégie de combat anti-social, anti-populaire.

Jean Castex prouve son mépris pour les Guyanais en parlant de ce département comme d’une « île », réitérant la lourde erreur déjà effectuée par Emmanuel Macron en mars 2017. Cette « bourde » n’est en rien anecdotique : elle révèle combien la bourgeoisie française gère les régions d’outre-mer comme quelque chose à la marge, les délaissant en bonne partie.

La situation du covid-19 en est encore une triste illustration, avec près de 5 949 cas confirmés sur 268 700 habitants. La région ne compte que trois hôpitaux pour une trentaine de lits de réanimation et environ 600 médecins en activité. Un système de santé déjà mis à bout avec l’afflux de malades déjà atteints par le paludisme, la dengue ou la tuberculose.

Jean Castex a ainsi beau dire que « la Guyane est un territoire de la République comme un autre », il n’en est rien. Si tel était le cas, l’annonce de la fin de l’état d’urgence au 10 juillet n’engendrerait pas insouciance en métropole alors que la Guyane et Mayotte sont sous ce régime d’exception sanitaire jusqu’au 30 octobre.

Cela ne fait d’ailleurs aucunement illusion pour Yvane Goua, porte-parole du « collectif Mayouri Santé Guyane » qui déclarait ne rien attendre de la visite d’un premier ministre faisant l’aller-retour dans la journée, et précisait que :

« aujourd’hui, par habitant, je parle bien par habitant, en termes d’impact du virus, on est au-dessus de la Chine, on est au-dessus de l’Italie et pourtant on a pas les moyens en adéquation. On a 20 personnes qui arrivent par semaine, alors qu’il manque en fait aujourd’hui 300 à 400 professionnels soignants en Guyane »

Car trois ans après une importante vague de protestations, l’accord signé avec le gouvernement français n’a pas abouti à satisfaire les revendications.

Au mois de mars et avril 2017, le collectif Toukan (« 500 frères »), l’UTG (Union des Travailleurs Guyanais) et le collectif « Pou La Gwiyann dékolé » (Pour le développement de la Guyane) menaient une vague de grèves, dressant à des endroits des barricades pour réclamer, outre la lutte contre l’insécurité, l’immigration incontrôlée liée à l’orpaillage illégal, la création d’un CHU et la gestion publique du centre Centre médico-chirugical de Kourou situé à proximité de la base de lancement spatiale.

L’accord signé le 21 avril 2017 n’a toujours pas été mis en œuvre et c’est pourquoi, d’ailleurs, Emmanuel Macron s’était rendu dans la région en octobre, se disant attentif à a la situation. Et depuis ? Depuis rien. Adrien Taquet, secrétaire d’État chargé auprès du ministère de la santé, restait encore bien évasif à propos de la demande du CHU en Guyane lors d’une session parlementaire en octobre 2019.

Dans ce contexte comment ne pas être offusqué, pour ne pas dire révolté, lorsqu’on entend Jean Castex déclarer :

« je viens avec la volonté de préparer la France à une éventuelle deuxième vague mais en préservant la vie économique, la vie sociale »

L’ordre du jour est clair pour ce gouvernement : c’est la poursuite coûte que coûte du capitalisme, à marche forcée, envers et contre toutes les attentes populaires. La Guyane demande pourtant une très grande aide pour faire face à la fois à la situation sanitaire actuelle posée par le covid-19, mais aussi pour son développement social en général.

Dans une région où plus de 20 % des gens sont privés d’emplois et environ 25 % sans couverture sociale, le re-confinement de certains quartiers les plus pauvres va être dramatique. Alors que l’occupation moyenne d’un logement en métropole est de 2,3 personnes, en Guyane elle est de 3,4 personnes. C’est près d’un tiers de la population qui subit le mal-logement lié au surpeuplement….

La visite éclair du premier ministre Jean Castex prouve bien toute l’arrogance d’une personnalité technocratique, placée par en haut et n’étant là que pour gérer, de la manière la plus ferme et placide, la continuité du capitalisme français. Soit les masses populaires prennent conscience de la situation et tentent de résister, soit c’est un terrible rouleau compresseur qui va s’écraser sur elles, qui s’écrase déjà sur elles…

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Culture

L’été 2020 sera définitivement sans dancefloors

L’été 2020 sera définitivement sans dancefloors, sans concerts, sans festivals, sans clubs ni discothèques. Si la question se posait encore fin juin, elle est maintenant définitivement réglée. Quand on dit « réglée », il faut bien insister sur ce mot : la question a été véritablement réglée, dans le sens d’une décision froide, administrative, balayant d’un revers de main tout un pan de la culture populaire et de la vie de la jeunesse.

La crise sanitaire, qui est tout sauf derrière nous, ne permet pas un certain nombre de choses. Elle n’empêche pourtant pas de se poser et de discuter démocratiquement, d’envisager des choses.

C’était par exemple le sens d’une tribune publiée par deux acteurs du milieu techno, intitulée « sauvons la fête, agissons ! » et finissant par l’espoir que « la Nuit doit rouvrir au plus tard le 11 juillet ».

Au lieu de cela, ce 11 juillet 2020 il y a eu l’information comme quoi sept préfectures du Centre-Val de Loire et de l’Aquitaine ont pris des mesures pour empêcher une immense rave-party qui aurait pu se tenir. Les moyens mis en place ont été drastiques, avec des arrêtés d’interdiction de circulation de « poids lourds transportant du matériel de sons », etc.

Il ne s’agit pas de penser que les organisateurs de ce possible teknival sauvage avaient raison : organiser un tel événement sans encadrement spécifique dans un tel contexte sanitaire, ce serait totalement irresponsable. Impossible de nier le risque de foyer épidémique évoqué par les autorités dans une pareille situation, alors que le coronavirus circule toujours et que la maladie qu’il engendre tue encore chaque jour des personnes en France.

On ne peut pas cependant se contenter d’arrêter le raisonnement ici, en imaginant qu’il suffit d’interdire par en haut aux jeunes de danser, et que tout ira bien. C’est ce que fait pourtant le Ministre des solidarités et de la Santé Olivier Véran, qui a expliqué devant l’Assemblée Nationale ce mardi 8 juillet :

« La France a pris la décision de ne pas rouvrir les discothèques en l’état compte tenu de la situation sanitaire et des risques. Ce n’est pas la faute des acteurs du monde de la nuit, ce n’est pas non plus la faute des personnes qui dansent et qui font la fête, et on peut parfaitement le comprendre. C’est la faute à un virus qui circule et des conditions qui permettent à ce virus de se transmettre et de mettre en danger tout le plan de levé du confinement. »

Cela ne l’empêche pas par contre d’organiser une soirée au Grand Palais à Paris ce 13 juillet, avec 800 à 1000 « convives » selon la presse, pour soi-disant remercier les personnels de santé…

Il est précisé que cela se fera « dans le respect des distanciations sociales et des gestes barrières ». Mais si c’est possible pour le ministère, pourquoi cela serait impossible pour un organisateur de soirée techno, avec un protocole très strict ?

Il y a en France une jeunesse qui considère avoir joué le jeu du confinement, qui est prête à beaucoup de choses comme porter des masques quand c’est obligatoire, mais qui ne comprend pas qu’il lui soit interdit de danser cet été. Le raisonnement paraîtra peut-être trop faible, mais il a toute sa dignité.

Le problème, c’est que cette dignité est rejetée, niée : c’est la porte ouverte aux comportements irresponsables, alors que la société est déjà rongée par le libéralisme depuis des années et des années. On se retrouve donc avec des soirées clandestines, très nombreuses… mais également des soirées plus officielles, dans des bars, avec des terrasses bondées, des gens littéralement les uns sur les autres, sans aucune considération sanitaire.

Le ministre dit avoir « conscience des fêtes clandestines [et] des bars qui ne jouent pas le jeu », en affirmant qu’il faut du contrôle. Dans les faits pourtant, l’État français est strictement incapable d’un tel contrôle et cela fait déjà plusieurs semaines que les choses sont ainsi, dans une situation de décadence généralisée où une partie de plus en plus importante de la population en arriver à nier la crise sanitaire, si ce n’est en parole, en tous cas en pratique.

D’ailleurs, les hippodromes rouvrent, comme les cafés et restaurants depuis plusieurs semaines, des festivités du 14 juillets sont prévues, le port du masque est de moins en moins suivi dans les magasins (alors que ce devrait être obligatoire), des manifestations ont lieu régulièrement et il y a même ce dimanche 12 juillet 2020… un match de football devant 5000 personnes. C’est un match amical entre le PSG et Le Havre, la ville dont l’ancien premier ministre est le maire.

C’est inacceptable, indéfendable, alors que dans le même temps le gouvernement ne fait même pas semblant d’étudier les propositions qui lui sont faite par les milieux culturels.

Il ne faudrait pas croire ici que ces propositions ne concernent que des patrons de discothèques, qui ont tenté de faire rouvrir leurs établissements en les requalifiant administrativement comme des bars, balayant par la même leur propre raison d’être dans un but uniquement commercial.

Il y a également, et même surtout, toute une scène culturelle, qui se retrouve désemparé. David Asko, à l’origine de la pétition « sauvons la fête, agissons ! » évoquée plus haut, fait à juste titre un distinguo très clair entre les discothèques et la culture des clubs, liée à la musique électronique au sens large :

« Il y a un vide abyssal entre ces deux visions de la fête en France […] Dans les clubs, on fait de la culture, on y invite des DJs, des VJs, des scénographes, des photographes, des performeurs et tous types d’intermittents. On y fait vivre tout un écosystème qui est important en France, surtout dans les musiques actuelles. Nous ne sommes pas là juste pour vendre des tables et des bouteilles ».

Il y a en effet à l’arrière-plan de cela une crise de grande ampleur qui se profile, qui est déjà là, et dont on aurait tort de croire qu’elle est uniquement économique. Quand la crise touche la culture, et le quotidien de la jeunesse, elle-même, c’est qu’on est à l’aube d’une situation explosive !

Reste maintenant à savoir si l’explosion se fera dans un sens démocratique, populaire, collectif… ou bien si ce sera une fuite en avant dans l’individualisme et la décadence, avec au bout du compte le nationalisme qui tentera de redresser la barre en mettant le pays au pas.

On ne s’en rend peut-être pas compte aujourd’hui, mais cet été 2020 sans dancefloors sera peut-être l’un des étés les plus marquants pour la société française, alors qu’il précède un grand tournant dans la vie du pays.

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Politique

Jean Castex nouveau premier ministre: la ligne de la confrontation

Maître d’œuvre du déconfinement, Jean Castex a été nommé pour son caractère symbolique. Le capitalisme sait qu’une marche forcée s’impose et c’est le signal de l’écrasement du peuple, qui doit être saigné à blanc pour la relance.

Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, est décidément un grand liquidateur. À la suite des municipales, il a annoncé que le candidat de la Gauche aux présidentielles viendrait de l’écologie. Et à la nomination du nouveau premier ministre, il a fait un message sur Twitter disant :

« Avec la nomination de @JeanCASTEX le Président de la République confirme sans surprise son cap. Le jour d’après sera de droite comme le jour d’avant. Salutations républicaines à l’ancien et au nouveau Premier ministre. »

Qu’Olivier Faure n’ait pas compris qu’il n’y aura pas de « jour d’après » et que la crise ne fait que commencer, cela fait partie de sa vision du monde sociale-réformiste. On peut l’entendre. Mais s’imaginer forcé d’en rajouter dans les « salutations républicaines » à Jean Castex, c’est une faute politique ouverte.

En effet, à moins d’élargir le concept de République à tout et n’importe quoi, la nomination de Jean Castex est par définition même en opposition au principe de volonté du peuple et de chose publique. Marine Le Pen s’est d’ailleurs engouffrée dans la brèche en affirmant que personne ne sait ce que pense politiquement Jean Castex.

Car Jean Castex, c’est l’anti-politique. C’est un cadre étatique qui ne pense pas : il fait ce qu’on lui demande. S’il appartient à la Droite, il n’a ni corpus de pensée, ni engagement. Il est sorti du chapeau magique de l’appareil d’État. Personne ne le connaît, personne ne sait le définir politiquement. C’est le contournement du peuple par essence même.

Et qu’on ne dise pas que Jean Castex est maire de Prades, une commune de 6000 habitants, et que cela en fait un homme politique. C’est un petit à côté, c’est pour la forme. C’est un technicien de l’État ayant fait Sciences Po et l’ENA, passant par la Cour des comptes, la direction des affaires sanitaires et sociales du Var, le secrétariat général de la préfecture du Vaucluse, la présidence de la Chambre régionale des comptes d’Alsace, la direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins au ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale, la direction du ministère de la Santé, la direction du ministère du Travail.

Il fut finalement secrétaire général adjoint de l’Élysée de Nicolas Sarkozy (Emmanuel Macron sera l’un de ceux de François Hollande). Ensuite, il est délégué interministériel aux Jeux olympiques et paralympiques de 2024 à Paris, délégué interministériel aux grands événements sportifs et depuis avril 2019 le président de la nouvelle Agence nationale du sport. Au début du mois d’avril 2020, c’est lui a coordonné le travail de « réflexion » gouvernementale sur le déconfinement.

Tout cela lui fait un salaire de 200 000 euros par an. C’est l’exemple même du cadre de l’appareil d’État. Et c’est pour cela qu’il a été nommé. Organisateur du déconfinement, sa nomination est un signe de l’État aux capitalistes : on assume le déconfinement, on va rétablir l’économie à marche forcée.

En réalité, il n’y aura aucun rétablissement de l’économie. Mais il y aura la marche forcée. Jean Castex a été nommé comme annonce de celle-ci. L’homme du déconfinement arrive. Le déconfinement s’impose, coûte que coûte. Il faut arriver au jour d’après. Cela tombe bien la CGT est d’accord, le PS est d’accord, une partie de la Gauche est d’accord ! La partie décadente de la Gauche.

Car la vraie Gauche sait qu’il n’y aura pas de jour d’après. Le covid-19, c’est l’ouverture de la crise écologique, c’est un ébranlement immense du capitalisme. On rentre dans une période extrêmement troublée. Avec Jean Castex, les capitalistes annoncent la couleur. Si on n’a pas rapidement une grève exemplaire comme marqueur pour le peuple, cela va être le rouleau compresseur.
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Covid-19 : Le président du Conseil scientifique pense qu’il faut « [laisser] les gens vivre »

La France s’est littéralement fracassée face la crise sanitaire du Covid-19, sans masque, sans tests, avec des hôpitaux débordés et des milliers de personnes âgées mourant dans l’indifférence. Mais le pays n’a toujours rien compris et voilà que même le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, trouve qu’on en fait trop et qu’il serait temps de laisser les gens tranquilles. Il souhaite d’ailleurs dissoudre le Conseil scientifique début juillet, en toute quiétude, sans faire de bilan, sans que personne ne sache vraiment où nous en sommes…

Jean-François Delfraissy était intervenu régulièrement dans les médias pendant le confinement. On reconnaissait en lui tout à fait la figure du bourgeois parisien, hautain comme il se doit, ne laissant jamais transparaître une quelconque émotion, si ce n’est un agacement perceptible lorsqu’il avait l’impression de devoir se répéter.

Le Conseil scientifique Covid-19 qu’il dirige a été mis en place par le ministère de la Santé le 11 mars, alors que la France découvrait, candide, que la pandémie contre laquelle rien n’avait été fait pendant des semaines, s’installait dans le pays. Le virus-qui-n’a-pas-de-passeport ne s’était évidemment pas arrêté aux frontières grandes ouvertes de la France…

C’est le Conseil scientifique qui avait suggéré le confinement de la population, face à la gravité de la situation et l’impossibilité de faire autrement. La nation était pendant plusieurs semaines suspendue à ces recommandations, afin d’y voir un peu clair dans ce moment particulièrement compliqué, avec la tête de l’État complètement à la dérive. Cela a parfois créé des incompréhensions, par exemple quand il a suggéré que cela n’était pas la peine de rouvrir les écoles avant septembre, mais que le gouvernement ne l’a pas suivi.

Tout cela semble bien loin maintenant, en ce début juin. Qu’en est-il de la situation ? La deuxième vague de contamination n’a fort heureusement pas eu lieu, en partie grâce aux mesures sanitaires, en partie également parce que le coronavirus en question ne circule pas exactement comme les épidémiologistes l’avaient compris au départ.

Cela étant dit, le virus circule encore dans le pays, 31 personnes en sont officiellement décédées samedi, et 13 dimanche (les chiffres du dimanche sont souvent minorés et réévalués ensuite). D’après Jean-François Delfraissy, il y aurait actuellement encore 1000 à 2000 nouvelles contaminations recensées chaque jour, avec une grosse centaine de foyers épidémiques dénombrés depuis début mai.

La pandémie a fortement reculé, mais elle n’est pas dernière nous, bien que le gouvernement et le Conseil scientifique la considère sous-contrôle en raison de la capacité de test et de dépistage grâce aux enquêtes sanitaires. Il reste cependant beaucoup à faire, et surtout à dire. La pression contre les mesures sanitaires est énorme, venant des milieux économiques, et du libéralisme en général, portée par les gens voulant vivre leur vie comme une aventure individuelle, sans aucune entrave venant de la collectivité.

Quel sens cela a t-il alors, dans ces conditions, de la part de Jean-François Delfraissy, de dire « Laissons les choses s’ouvrir ; les gens vivre, mais en respectant les mesures barrière » ?

D’un côté, il explique qu’on en fait trop, qu’il faudrait profiter de l’été et assouplir un certain nombre de règles… mais en même il rappelle qu’il faut respecter les mesures barrières, et qu’ils recommandent avec le Conseil scientifique « une large utilisation [du masque] dans les lieux publics et confinés – transports, commerces –, mais aussi dans les rues bondées. »

On ne peut pas dire à la fois « il faut se protéger » et « il faut se relâcher ». Pas en France, pas dans ces conditions, pas avec une telle pression du libéralisme contre les mesures collectives, pas avec une telle passivité de la population face à des institutions foncièrement antidémocratiques.

Il ne s’agit pas d’être unilatéral, mais d’être clair et compréhensible, en assumant des choix forts, des propos stricts et cohérents. Le Conseil scientifique n’en est cependant pas capable, car il est lui-même contaminé par le libéralisme, à l’image de la bourgeoisie toute entière qui est devenue une classe décadence.

Le Conseil scientifique n’est pas porté par le peuple, il n’est pas une instance démocratique et populaire. Il est composé de bourgeois, mis en place par des bourgeois, et à l’image de la bourgeoisie en tant que classe sociale, il est en pleine décadence.

Jean-François Delfraissy réclame donc des vacances, avec la satisfaction du travail bien fait :

« Nous souhaiterions arrêter nos travaux à partir de début juillet. Nous nous sommes mis au service de la nation, en donnant les grandes directions basées sur la science pour éclairer les décisions politiques difficiles. Mais, à présent, les services de l’État sont en ordre de marche. »

Le décalage avec la réalité, et en particulier la réalité des masses populaires qui ne sont pas entièrement contaminées par le capitalisme, est immense, intenable.

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Société

Des malades aux symptômes persistants du Covid-19 publient une tribune

Voici une tribune très importante, initialement publiée sur le site du JDD.fr par des malades du Covid-19 dont les symptômes ont réapparus, et persistent depuis de longues semaines. Ils sont des milliers dans ce cas, méritant une grande attention sanitaire. Cela en dit long sur la gravité de cette maladie, que certains avaient qualifié trop hâtivement de « grippette ».

La tribune est publiée par le collectif Les Malades du Covid 19 au long cours :

« Malades suite à l’infection de la Covid-19, nous sommes à ce jour des milliers en France à en subir chaque jour les conséquences bien au-delà des deux semaines qui définissent généralement la durée de la maladie. Après une première salve de symptômes exprimés il y a plusieurs mois certains ont connu, parfois après un répit, une ou plusieurs rechutes, un rebond de virémie ou un rebond inflammatoire.

Des symptômes réapparaissent plus violemment ou de nouveaux symptômes engagent des complications cardiaques, vasculaires, neurologiques, dentaires, oculaires, digestives, rénales, dermatologiques, etc. Les pathologies sont multiples, parfois cumulées, parfois se succédant, s’atténuant puis se réaccentuant, avec un point commun : un épuisement terrassant et invalidant.

Majoritairement non testés précédemment car nos symptômes n’engageaient pas de pronostic vital, ceux qui le sont dorénavant sont parfois positifs mais pour beaucoup négatifs, ce qui complique la prise en charge globale des symptômes par le corps médical et accroît l’incertitude : « quand est-ce que je vais guérir? », « comment guérir? »

Apparaissant au grand jour avec le déconfinement, aux côtés des malades hospitalisés qui entament leur longue convalescence lors desquelles certains ont aussi des rechutes, nous sommes face à un désert. Un désert d’information, un désert de coordination médicale, un désert d’actions politiques. Nous restons livrés à nous-mêmes avec des symptômes handicapants sans qu’aucune information listant les pathologies n’existe ; sans qu’aucun protocole de prise en charge et de suivi coordonné au niveau national n’ait été défini à l’échelle du pays.

Malgré toutes les prises de paroles des politiques, épidémiologistes, virologues, médecins, autorités de santé depuis des semaines, nous n’avons toujours pas entendu de stratégie, de plan d’actions considérant les besoins des malades pour accompagner la réalité concrète, quotidienne que nous, milliers de malades Covid-19 au long cours, vivons avec des symptômes persistants dans la durée.

Il est urgent qu’un véritable programme sanitaire à hauteur des conséquences de l’épidémie Covid-19 incluant tous les territoires et toutes celles et ceux atteints par la maladie, en France, soit mis en œuvre pour :

  1. Établir et réactualiser régulièrement la liste complète des symptômes, de leurs expressions, de les documenter et de les rendre publics auprès des patients et des médecins.
  2. Identifier l’ensemble des pathologies, leurs durées et les arrêts maladie afférents.
  3. Reconnaître officiellement les malades selon leurs signes cliniques et non uniquement selon les résultats des tests qui restent à ce jour inexpliqués du fait du grand nombre de virologies et sérologies négatives versus des diagnostics cliniques explicites.
  4. Définir des protocoles de suivi pour l’ensemble de la communauté médicale, tant en ville qu’à l’hôpital et renforcer la coordination entre médecins.
  5. Engager une prise en charge adaptée et la garantie d’un réel suivi médical ajusté à chaque étape de la maladie et des besoins des patients.
  6. Garantir l’implantation de centres coordonnés de soins et soutien des Malades Covid-19 au long cours sur l’ensemble du territoire.
  7. Garantir le maintien du Covid-19 en Maladie à Déclaration Obligatoire après la période d’état d’urgence sanitaire en tenant compte des impacts de la maladie et de ses conséquences personnelles comme professionnelles.

Certains épidémiologistes estiment que 5% des malades Covid-19 sont concernés par des conséquences au long cours. S’ajoutent 3 à 4% (plus de 100.000 cas) de malades hospitalisés pour des cas graves. Selon ces chiffres, nous serions près de 250.000 concernés par les conséquences du Covid-19. Une politique publique sanitaire à hauteur de l’épidémie et de la maladie complexe qu’elle génère doit être engagée. Urgemment et sur le long cours.

Signataires pour le Collectif « Les Malades du Covid 19 au long cours », fédérant notamment : Ineis d’ALMEY, enseignante et auteur jeunesse, Groupe FB Malades et Guéris du Coronavirus (Covid-19) France, Suisse, Belgique ; Lilas BASS, doctorante en sociologie ; Virginie BERILLON, Céline CASTERA et Corinne COSSERON Groupe FB Covid19 Forme Longue de la Maladie ; Vivien BOSSUT, Responsable Marketing, Groupe FB Soutien Covid 19 de J1 à #ApresJ60 ; Katell BURBAN, enseignante, Groupe FB #Après60 séquelles du Covid-19 témoignages/partages ; Claire BURGESS, formatrice en anglais ; Geneviève DANESI, ingénieur qualité et Dominique LEMAIRE, agent en assurance, Fil TwT Les Malades #ApresJ20 ; François HEILBRONN, professeur associé à Sciences Po ; Caroline HODAK, Historienne et Conseil en communication ; Andréea-Cristina MAS, enseignante ; Rebeca MINGUEZ GONZALEZ, enseignante ; Hélène MOGE MONTANT, sophrologue et animatrice en yoga du rire, Groupe FB Soutien Covid 19 de J1 à #ApresJ60 ; Ludivine PRIMARD, informaticienne ; Olivia TELLIER, enseignante, Groupe FB Covid Forme Longue ; Marie-Aude VISINE, cadre administratif fonction publique. »
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Politique

Contre l’américanisation de la société française

Toute initiative politique a des fondements qui s’inscrivent comme partie du problème ou partie de la solution. Les rassemblements à l’appel du collectif « la vérité pour Adama » à Paris, Marseille, Lille, Lyon… s’inscrivent dans une tentative d’américanisation de la vie politique française et même de la société. Selon cette idée, la Gauche devrait disparaître et a fortiori ses idées, ses traditions, au profit d’agrégations semi-anarchistes d’esprit identitaire.

 

« Mort d’Adama Traoré : vivez en direct le rassemblement interdit devant le palais de justice de Paris » : Le Figaro n’a pas manqué d’envoyer un journaliste filmer le rassemblement parisien, avec la possibilité de commenter, ce qui a donné lieu bien sûr à un défouloir raciste et réactionnaire.

L’occasion était trop belle. Un rassemblement « interdit » mais qui a lieu quand même, avec une initiative venant des milieux postmodernes, dans le cadre d’une tentative de se raccrocher à ce qui ébranle les États-Unis : on a tous les ingrédients pour renforcer la Droite.

L’idée n’est même pas de dénoncer les réponses de la Gauche, mais de la nier, en disant qu’elle n’existe que sous la forme, hors-sol, de protestations parcellaires, forcées, agitatrices. Donald Trump a cherché à faire la même chose aux États-Unis en dénonçant les « antifas » qui seraient à l’origine des émeutes un peut partout dans le pays.

C’est-à-dire qu’en agissant ainsi, les commentateurs du Figaro font comme leurs inverses postmodernes ayant manifesté : ils poussent à l’américanisation de la vie politique et de la société.

Le principe est simple : les idées sont dans la société comme si celle-ci était une bourse et il faut pousser pour conquérir des parts de marché. C’est une vision libérale du monde, où les individus sont des consommateurs qu’il faut satisfaire afin qu’ils s’orientent vers les produit.

Eric Zemmour est un très bon exemple de produit puisqu’il dit ce que son public veut entendre, lui-même étant totalement creux, il suffit d’essayer de lire ses livres odieusement mal écrit (eu égard à ses prétentions) pour le constater. On en connaît d’autres : Dieudonné, Emmanuel Macron, Nicolas Hulot…

Le contraste est complet avec les années 1980. François Mitterrand, Georges Marchais, Valéry Giscard d’Estaing… avaient un haut niveau d’éducation et une vraie vision du monde. Ils étaient opportunistes, parfois jusqu’au paroxysme comme Jacques Chirac, mais ils avaient une base réelle. Aujourd’hui, il n’y a plus que des marionnettes.

Les Français ont beaucoup ri quand Ronald Reagan, un acteur de qualité relativement faible, a été élu président des États-Unis. Mais les Français ne valent presque pas mieux désormais. Tout est dans le « presque » cependant. Car la tentative d’américanisation de la société ne réussira pas. La classe ouvrière a trop de traditions et ainsi elle ne s’intéresse pas plus au collectif « la vérité pour Adama » qu’aux gilets jaunes. Elle vit sa vie, irréductible, passive, mais incorruptible.

Et quand elle commencera à bouger, cela ne sera certainement pas pour expliquer que les trans sont la figure révolutionnaire de notre époque, que les blancs sont des « souchiens », que la France des années 1960 était un paradis, que le drapeau national est la solution, que distribuer des gâteaux est de la subversion, que l’armée est la solution, que le hooligan au look neutre mais branché est la forme la plus aboutie de la rébellion, etc. etc.

Toute cette agitation forcenée de la Droite et des milieux postmodernes est en total décalage avec la réalité. Avec la réalité du Covid-19, car de tels rassemblements sont incohérents sur le plan de la protection sanitaire. Avec la réalité de la crise économique sur laquelle la France capitaliste va se fracasser. Avec la réalité de la classe ouvrière qui est là pour instaurer le Socialisme.

Mais il est vrai que ni la Droite, ni les milieux postmodernes ne veulent le Socialisme. Cela tombe bien : le Socialisme ne veut pas d’eux non plus.

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Société

La fin libérale d’un confinement libéral dans une France suintant le libéralisme

Le gouvernement n’a pas été à la hauteur avant la crise ni pendant la crise. Il n’y a donc aucune raison qu’il le soit après celle-ci. Le premier ministre a annoncé hier la « phase 2 » du déconfinement, en laissant aux individus la responsabilité d’assurer les règles sanitaires, tout en en maintenant un certain nombre qui seront de plus en plus difficilement respectées sous la pression du libéralisme.

Dès mardi prochain, il n’y a plus d’interdiction de déplacement hors département au-delà de 100 km, les parcs et jardins rouvrent, ainsi que les musées, les cafés et les restaurant (seulement les terrasses en Île-de-France, Mayotte et Guyane), les campings ainsi que les piscines, gymnases et salles de sport pourront rouvrir (le 22 juin seulement en Île-de-France, Mayotte et Guyane). Les frontières au sein de l’Union européenne vont rouvrir dès le 15 juin.

Par contre, le port du masque sera obligatoire dans les musées, il devra y avoir un mètre entre les tables des bars et restaurants avec port du masque pour le personnel ainsi que pour les clients quand ils sortent de table. Les rassemblements publics de plus de dix personnes seront officiellement encore prohibés, comme les rencontres de sport collectif, ou bien les théâtres, les concerts, les festivals, les clubs, etc.

Pour le reste, dans les magasins, les centre-villes, le port du masque n’est que « conseillé », tout comme la limitation des interactions sociales, des déplacements, etc. Les Français sont simplement invités à être « raisonnables ». Quant aux collèges et lycées, on nous explique qu’ils rouvrent, mais en fait ils ne rouvrent pas vraiment, rien n’est obligatoire ni ne concernant tout le monde, alors que l’oral du bac de français est finalement annulé.

On a ainsi un grand flou, difficilement tenable, avec d’un côté la fin globalement des mesures barrières à la circulation du virus, et de l’autre le maintien malgré tout d’un certain nombre d’interdictions. Une société fondamentalement démocratique où la population serait impliquée dans l’organisation de la vie sociale serait capable de saisir un tel rapport dialectique entre ce qui est possible et ce qui ne l’est pas encore, dans un but sanitaire.

Tel n’est pas le cas de la société française, dont la population est profondément immature et largement rétive au respect des règles. Les Français fonctionnent globalement comme des adolescents dans un collège, qui ne considèrent jamais ou très difficilement l’objet d’une règle, portant seulement leur attention sur l’obligation concrète de la respecter ou au contraire la possibilité de s’en affranchir. Quand il y a du relâchement dans un domaine, alors cela signifie la fin de toute règle dans celui-ci.

On peut penser que les adolescents dans les collèges ont raison, car la vie quotidienne dans ces établissements est profondément rétrograde, ennuyante, contre-nature, extérieur à leur propre existence. Tel n’est pas le cas pourtant des règles sanitaires, alors qu’on est censé « continuer de veiller aux personnes vulnérables », d’après le Premier ministre pendant son annonce.

Il y aura donc une pression énorme pour ne pas respecter les quelques règles existantes, alors que les consignes en cours depuis le 11 mai déjà sont très peu respectées. Chacun va reprendre ses habitudes, voir du monde, ou en tous cas encore plus qu’il ne le fait déjà. Le masque va disparaître assez rapidement sous la pression de ceux qui ne l’ont jamais porté, ou en tous cas qui vont encore plus assumer de ne pas le porter.

Les indicateurs montrent que la circulation du coronavirus responsable du Covid-19 est contenu, sans que l’on sache véritablement pourquoi d’ailleurs. C’est évidemment une bonne chose, très encourageante, permettant logiquement de nouvelles choses. Le problème est que le virus circule quand-même, qu’il y a des foyers de contaminations, des admissions à l’hôpital, etc.

Le gouvernement ne sera donc pas en mesure de relâcher les règles dans tout un tas de domaines, et tout particulièrement pour les transports et les entreprises avec le port du masque, les distanciations, dans les usines, chez les coiffeurs, les dentistes, les bus, etc. Le décalage va donc être immense entre la vie quotidienne, totalement libéralisée, et ces règles, qui seront de moins en moins respectées, de plus en plus considérée comme une contrainte inutile.

La France s’apprête à sortir d’une longue période de confinement, mais tout cela va se faire n’importe comment, dans une sorte de grande foire au libéralisme où les règles disparaîtront parce qu’elles ne seront pas respectées, pas parce qu’elles seront levées. Quant aux gestes barrières, au port du masque dans les endroits denses, bref tout ce qui est laissé à la responsabilité individuelle : là aussi cela va disparaître, s’évaporer, pour le peu que ça ait existé.

L’été sera particulièrement volage en France et les « seulement » 28 600 décès (officiellement recensés) du Covid-19 ne pèseront pas lourds dans les esprits. Les élans d’appel à la responsabilités sanitaire des personnels hospitaliers d’il y a quelques semaines ne pèseront pas lourds dans les mémoires non plus.

Probablement que la terrible crise économique qui se profile, dont la première grosse vague est à redouter pour la rentrée, mettra tristement fin à la récréation. La société française en profitera-t-elle pour mûrir et regarder en face les exigences de son époque ? Il le faudra, et il faudra pour cela une Gauche forte, solide, conquérante, anti-libérale. C’est celle du mouvement ouvrier, du grand élan démocratique et populaire exprimant le besoin de socialisme, de collectivité, de nature.

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Société

L’État français incapable d’empêcher un match de football avec 400 jeunes à Strasbourg

Selon les fantasmes de l’ultra-gauche et des petits-bourgeois radicalisés, l’État français exercerait une véritable dictature terroriste dans le pays, profitant de la crise sanitaire pour renforcer son autorité. En vérité, c’est le règne du libéralisme et du laisser-aller en France et l’État se retrouve régulièrement impuissant, comme face à ce simple match de football rassemblant 400 jeunes irresponsables à Strasbourg.

400 jeunes se sont retrouvés dimanche sur un terrain de football d’un quartier de Strasbourg, pour un match organisé sur les réseaux sociaux. Il ne s’agit pas de quelques adolescents bravant les règles pour une partie improvisée, comme c’est très souvent le cas à Strasbourg mais aussi un peu partout en France. C’était un match arbitré, avec les joueurs portant un maillot de couleur et des crampons, des centaines de spectateurs autour, quelques pétards, un envahissement du terrain, un défilé des vainqueurs, etc. Le Parisien a compilé des images glanées sur les réseaux sociaux, qui sont pour le moins hallucinantes alors que règles sanitaires contre le covid-19 sont encore en vigueur en France :

Selon la version officielle, la police municipale n’aurait été au courant que tardivement, constatant impuissante la fin de la partie. Personne ne pourra croire une telle version, alors que le terrain se situe en pleine ville et qu’il est immédiatement visible depuis de nombreux immeubles. Sans compter le bruit qu’a généré un tel rassemblement dans un quartier d’habitations le dimanche.

Il y a qu’en France, dans de nombreuses situations, et particulièrement dans les cités populaires comme ici dans le quartier des Poteries à Strasbourg, la police n’est pas en mesure d’intervenir sans déployer des moyens immenses. Alors la consigne est de ne pas intervenir. Un tel match en pleine crise sanitaire alors que les rassemblements de plus de dix personnes sont censés être interdits est pourtant une faillite complète pour l’État. C’est aussi une faillite pour la société que d’avoir autant de jeunes, dont beaucoup très jeunes, presque uniquement des garçons il faut le préciser, assumant un tel mépris de l’intérêt collectif, en l’occurrence de la santé des personnes les plus fragiles. Cela relève directement du cannibalisme social, qui gangrène les cités populaires, laissant nombre de familles populaires dans le désarroi, avec comme seule perspective de fuir le quartier.

L’État français n’en a rien à faire des cités populaires, comme il n’en a rien à faire que les petits-bourgeois des centre-villes s’amassent sur les pelouses par centaines, poussant le mépris pour les règles sanitaires jusqu’à se faire la bise pour les plus arriérés d’entre eux.

C’est ce même État qui, via le juge des référés, a fait sauté l’arrêté du maire de Strasbourg obligeant le port du masque dans les rues du centre-ville. C’était pourtant une mesure de bons-sens dans un lieu aussi dense, alors que le masque est déjà obligatoire dans les transports, qu’il est logiquement imposé dans de nombreux commerces, chez les dentistes, pour de nombreux travailleurs, etc.

Seulement voilà, il y a des gens que cela insupporte, qui s’imaginent entravés dans leur vie à cause du masque, incapables d’un minimum de discipline pour l’intérêt collectif. Ce sont ces mêmes gens qui fantasment contre le prétendu totalitarisme de l’État français, qui est pourtant incapable d’empêcher un simple match de football de quartier.

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Politique

Déconfinement: la France est coupée en deux

Depuis la première phase du déconfinement le 11 mai, la France s’est littéralement coupée en deux. Non pas physiquement, mais culturellement. Deux attitudes se font face, ou plutôt se croisent et se toisent du regard. Il y a les gens responsables, prenant les précautions nécessaires en raison de la situation sanitaire et ceux qui n’en ont rien à faire.

Se rendre dans un supermarché cette semaine sans porter de masque, cela relève clairement de la provocation. Plus encore, c’est une affirmation, consistant à assumer le relativisme selon une conception des choses entièrement décadente.

Les masques sont dorénavant disponibles, beaucoup de collectivités territoriales en ont distribué, des couturières en font dans les familles, de nombreuses pharmacies et certains magasins en vendent. On a eu des semaines de débat sur l’incapacité du gouvernement à en fournir alors qu’il en aurait fallu massivement. Personne ne peut maintenant ignorer l’intérêt du masque, non pas pour soi directement, mais comme mesure barrière collective. Mais c’est justement parce qu’il s’agit d’une mesure collective, demandant une grande conscience sociale, que cela est difficile pour les esprits décadents pétris d’individualisme.

Penser non pas seulement à soi-même, à son petit confort personnel, mais à la collectivité et en particulier aux personnes fragiles, cela demande un haut niveau culturel. Ce niveau culturel, il apparaît de plus en plus clairement que la bourgeoisie ne l’a plus, ou presque plus, alors qu’il est très généralisé dans les classes populaires et en particulier chez les prolétaires.

Pour les bourgeois, les petits-bourgeois, les ouvriers corrompus, les lumpens, porter un masque en faisant ses courses, cela est de trop. Pour les prolétaires et les gens issus des milieux populaires, c’est considéré comme la moindre des choses depuis le 11 mai, en attendant d’être certain que la situation soit meilleure sur le plan sanitaire.

De la même manière, dans les familles populaires, pour les prolétaires, on ne va pas avec ses enfants traîner dans les magasins, il faut faire preuve de retenue dans la vie quotidienne, on limite encore drastiquement ses fréquentations, on se salue et se parle de loin, on porte un masque quand on est dans un milieu dense comme un centre-ville ou une galerie marchande, etc.

Inversement, les esprits faibles et lâches ont sauté sur l’occasion dès le 11 mai pour foncer dans les magasins ou à la plage, faire la fête entre amis à nombreux, se regrouper par poignées entières sur les pelouses des grandes villes, quitte à même se faire la bise pour les personnes les plus stupides.

On a ainsi en France un panorama spectaculaire où deux mondes cohabitent littéralement et se considèrent l’un l’autre de manière dédaigneuse. Bien malin d’ailleurs celui qui dira avec certitude lequel de ces deux mondes est le plus important numériquement.

Illustration dramatique de cette opposition : la valse des responsables de partis politiques à Matignon mercredi, pour une consultation concernant les municipales. Tous se présentent sans masque, alors même qu’ils sortent d’une voiture avec chauffeur, un espace particulièrement confiné où le masque est de rigueur. Tous ? Non, sauf Jordan Bardella, du Rassemblement national. Ce dernier a grandi dans une cité HLM de Seine-Saint-Denis, il vient d’un milieu populaire et on sait bien malheureusement à quel point le RN est presque le seul parti ayant une certaine assise populaire. Lors de cette réunion, le point de vue porté par Jordan Bardella était d’ailleurs simple : d’accord pour les élections municipales en juin, mais avec une protection FFP2 pour les assesseurs et un masque pour les électeurs.

De leur côté, Olivier Faure du PS, Julien Bayou d’EELV ou encore Alexis Corbière de la France insoumise, se sont présenté sans masque, de manière tout à fait décadente, complètement décalés par rapport au quotidien des classes populaires. Cela en dit long sur leur conception du monde, sur leurs valeurs, et en fin de compte, sur ce qu’ils représentent culturellement.

Ils ne valent ici pas mieux que le libéral Emmanuel Macron et son gouvernement débordé par la crise, incapable ne serait-ce que d’obliger le port du masque dans les grandes surfaces ou de véritablement faire respecter les interdictions de rassemblement.

Souhaitons vraiment que la circulation du virus se soit tarie depuis le 11 mai, notamment grâce à ceux respectant les règles sanitaires, et que tous les comportements irresponsables ne soient pas la cause d’une circulation massive du virus et d’une nouvelle vague de covid-19.

Il faudra en tous cas regarder avec une grande attention pour la période à venir l’existence de ces deux mondes, leur relation, leur évolution. La Gauche, la vraie Gauche, celle du mouvement ouvrier, qui porte la civilisation, ne pourra bien sûr exister que dans le camp des gens responsables, à la conscience collective aiguisée. Et il faudra alors mener la bataille contre l’individualisme et les comportements décadents portés par la bourgeoisie et le capitalisme s’effondrant.

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Écologie

Les cas de covid-19 dans les abattoirs, un symptôme du capitalisme

Plusieurs cas de contaminations au covid-19 ont été détectés dans des abattoirs français, avec plus d’une centaine de cas recensés. Cela place l’industrie de la viande au centre des attentions sanitaires, et sociales.

À Saint-Jacut-du-Mené, près de Saint-Brieuc dans les Côtes d’Amor, il y a 69 cas positifs confirmés. À Fleury-Les-Aubrais, près d’Orléans dans le Loiret, ce sont 34 cas et il y a aussi une vingtaine de cas confirmés à Essarts-en-Bocage en Vendée.

Cela n’est pas une exception française puisqu’en Allemagne, aux États-Unis mais aussi en Australie, des centaines de salariés de ce secteur sont touchés. Aux États-Unis, ce sont quatre inspecteurs sanitaires d’abattoirs qui sont décédés du Covid-19 et on estime que ce secteur est touché à hauteur 4 %.

D’après l’Agence régionale de santé de Bretagne qui s’est penchée sur le cas de l’abattoir de Saint-Jacut-du-Mené, les « clusters » en abattoir résulte de la promiscuité qui règne dans les ateliers et les vestiaires.

La manipulation de scies et surtout de karchers augmentent également la diffusion d’aérosols qui transportent des potentielles gouttelettes humaines porteuses du Covid-19. Il y a aussi la question des travailleurs détachés, souvent issus d’Europe de l’Est, qui ont du mal à respecter les consignes sanitaires, ne comprenant tout simplement pas le français. Leurs conditions de logement, dans la promescuité, pourrait aussi être une cause de la diffusion du virus.

Dans les ateliers, l’organisation du travail à la chaîne avec des postes de découpes nécessitant un travail manuel répétitif très précis rend difficile la distanciation physique. C’est une différence par exemple avec d’autres branches de l’industrie agroalimentaire, notamment de fruits et légumes, où ce n’est pas un animal qui est débité et découpé en plusieurs parties très fines.

À Saint-Jacut-du-Mené, petit village de 726 personnes, l’abattoir Kermené filiale de Leclerc, emploie près de 2 000 personnes. Ce sont 7 700 cochons, 500 gros bovins et 200 veaux qui sont tués et transformés tous les jours, nécessitant un nettoyage régulier au karcher… Les abattoirs de Fleury-Les-Aubrais, propriété de Sicarev Coop, et Les Essarts, propriété de LDC (Lambert Dodard Chancereul) , emploient respectivement 400 et 700 salariés.

Les grandes entreprises de l’agroalimentaire qui détiennent ces usines montrent l’incapacité du capitalisme à assurer la vie dans des conditions naturelles normales. D’ailleurs, l’abattoir de Fleury-Les-Aubrais était déjà à l’arrêt au début de l’année pour cause de listériose et il est évident que la promiscuité humaine dans un environnement traitant des milliers d’animaux morts à la journée n’est pas logique écologiquement.

Ces usines sont l’expression directe de la nature anti-démocratique et anti-populaire d’un capitalisme agonisant, et la gauche doit assumer une critique générale de cet horrible « secteur » qui doit, à terme, être démantelé.

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Société

Bundesliga: la démonstration de force du capitalisme allemand

Le championnat allemand de football professionnel, la Bundesliga de 1ère et de 2e division, a repris ce week-end. C’est une démonstration de force de grande envergure pour le capitalisme allemand, disposant de moyens gigantesques et capable de mobiliser énormément de choses pour relancer la machine. Cela même malgré la réticence d’une majorité de la population et des supporters.

Alors qu’aucun grand championnat européen n’envisage encore concrètement une reprise malgré différentes annonces, la Bundesliga avait obtenu la reprise des entraînements pour ses joueurs et annoncé la date du 16 mai il y a plusieurs semaines. Elle s’y est tenu et tout s’est déroulé comme prévu hier pour les six rencontres au programme. Il en sera très probablement de même aujourd’hui pour les deux autres rencontres, dont celle du mastodonte Bayern de Munich, leader de la première division.

Le protocole mis en place est drastique, d’une envergure inimaginable dans de nombreux pays, et en tous cas certainement pas en France.

Les joueurs sont dépistés deux fois par semaine ainsi que la veille de chaque rencontre. Rien que cela nécessite des milliers de tests que seul un capitalisme aussi puissant et conquérant que le capitalisme allemand peut se permettre de réserver pour une telle activité. La réticence d’une majorité de la population et de supporters n’y fait rien, puisqu’il y a là une dynamique enclenchée qui est de grande ampleurs, avec des enjeux économiques de type industriel qui s’imposent à la société.

La Bundesliga donc, est capable de mobiliser de nombreux véhicules pour transporter les joueurs et le personnel avec une distance suffisante entre les sièges. Il y a ensuite un protocole très strict, pour ainsi dire millimétré, prévoyant sur plus de cinquante pages le comportement et la place de chacun dans le stade. Seules 322 personnes peuvent y être présentes, réparties dans trois zones avec chacune des règles précises à respecter.

En ce qui concerne les joueurs, leur température est prise à l’arrivée au stade, il y a un roulement pour l’occupation des vestiaires, qui sont désinfectés au bout de 40 minutes maximum. À l’issue du match, pas question d’y prendre sa douche, chacun étant invité à le faire chez soi ou à l’hôtel pour l’équipe visiteuse. Au bord du terrain, même les remplaçants doivent respecter une distance minimale entre-eux et porter un masque.

Sur le terrain, aucune poignée de main, crachat, cérémonie, échange de maillot, photo de groupe, etc. Même les célébrations de but avec trop de promiscuité sont à éviter, et ont été largement évitées hier ; la promiscuité liée au jeu, lors des phases de coup de pied arrêtés notamment, n’ayant bien sûr pas pu être proscrite par contre.

Les interviews à l’issue d’une rencontre sont possibles, mais seulement derrière un plexiglas.

Malgré le peu d’entraînements collectifs qu’ils ont pu avoir avant les rencontres de ce week-end (à peine l’équivalent deux matchs entiers à 11 contre 11 en général), les joueurs ne se sont aucunement plaints de cette reprise et de ces protocoles.

Au contraire, le capitalisme allemand est puissant et triomphant, il sait très bien faire les choses pour que tout se déroule sans accrocs.

Les propos dans la presse française du Marseillais Benjamin Stambouli, joueur du Schalke 04, sont à cet égard très évocateurs :

« La perception de cette crise et la façon de la gérer ont été différentes entre les deux pays. C’était plus souple ici avec la réouverture plus rapide des magasins.

Je me souviens de la fameuse phrase du président Macron sur le fait qu’on soit en guerre, elle m’a beaucoup marqué. J’ai vraiment pris conscience de la gravité de la situation. En France, il y a eu un vrai confinement d’où la naissance d’une crainte légitime. En Allemagne, la chancelière Angela Merkel a répété vouloir faire confiance aux comportements de ses concitoyens, en réclamant discipline et rigueur.

Attention, je ne dis pas que la gestion en France était mauvaise, mais il y avait juste un peu plus de liberté et moins de crainte ici. Pour nous, c’est la suite logique de reprendre le championnat, avec des conditions sanitaires strictes.

Le club nous a mis à l’aise de suite. Avec un message clair : si on avait peur pour notre santé, notre vie, on pouvait rester chez nous, sans aucune amende ou sanction morale. C’est super parce qu’on ne nous a jamais mis le couteau sous la gorge.

Le dialogue a toujours été présent. Cette liberté de décision est fondamentale et le comportement du club a été classe. »

L’international français et défenseur du Bayern de Munich Benjamin Pavard, a eu des propos de la même teneur :

« je pars du principe que si le gouvernement autorise les matches, cela veut dire qu’il estime que les conditions sont réunies. »

Dans le même temps, lui et les autres joueurs de son équipe ont accepté sans broncher de laisser 20 % de leur salaire au club, ce qui en général est loin d’être aussi simple dans de nombreux clubs d’autres pays.

Tout cela peut sembler l’anecdotique et est de fait entièrement secondaire. Cela reflète cependant la vigueur du capitalisme allemand. Il a les moyens de réagir, de s’opposer à la population, de décider, de mettre en place. Rien qu’avec cet exemple on voit très bien que ce pays a l’hégémonie dans l’Union européenne et que la France ne suit pas. Imagine-t-on les couches dominantes françaises accepter cela passivement ? Soit elles voudront encore plus se rattacher à l’Allemagne, soit elles chercheront au contraire à s’en décrocher. Dans les deux cas on a une poussée capitaliste autoritaire, très autoritaire, en perspective.

 

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Politique

En France, même le ministre de l’intérieur ne respecte pas les règles sanitaires

Les mesures sanitaires sont simples et connues de tous. Pour éviter la propagation du Covid-19, il faut éviter à tout prix la proximité entre les individus et porter un masque pour éviter les projections de gouttelettes, notamment quand on parle. Ces règles ne semblent pas intéresser le ministre de l’intérieur Christophe Castaner qui s’en est affranchie en toute quiétude lors d’un déplacement hier. Cela en dit long sur les mentalités françaises et leur terrible arriération.

Le ministre de l’intérieur était en déplacement en Normandie ce samedi 16 mai. Il venait notamment pour « vérifier » le bon respect des règles en ce qui concerne l’accès aux plages. Il a d’ailleurs expliqué :

« Je ne tolérerai aucun manquement concernant l’application des gestes barrière et des règles de distanciation ».

On voit pourtant, lors d’une séquence filmée par BFMTV, Christophe Castaner manquer à toutes ces obligations sur le remblais de Veules-les-Roses :

Le premier ministre semble très heureux de discuter face à face avec des passants, sans masque, avant de s’approcher d’eux pour prendre une photo, allant même jusqu’à s’accroupir pour se mettre à la hauteur d’un petit garçon, à qui il parle à quelques centimètres du visage.

On voit ensuite le ministre repartir pour sa « vérification » du respect des règles, accompagné de tout un groupe de personnes, dont le maire de la ville, sans masques et se tenant toutes à proximité immédiate les unes des autres.

L’attroupement, badauds et journalistes compris, fait d’ailleurs bien plus que dix personnes, alors que c’est normalement la limite maximale autorisée sur la voie publique en France en ce moment. Le ministre de l’intérieur, censé être à la tête de l’organisation du respect de ces règles, n’est donc même pas capable de le respecter lui-même.

C’est non seulement indécent, mais surtout le signe d’une grande décadence des élites politiques françaises, à l’image d’une grande partie de la population prenant très à la légère les règles sanitaires nécessaires pour faire face au Covid-19.

Avec de tels comportements, avec une mentalité aussi stupide qu’inconsciente, le pays se dirige droit dans le mur et on a du mal à imaginer comment une seconde vague de contamination pourrait être évitée.

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Politique

Une économie française déboussolée à l’heure du déconfinement

La France est un pays qui, économiquement, se ratatine depuis plusieurs années. En train d’être encore plus déclassée avec la crise sanitaire, son capitalisme voudra avancer à marche forcée. L’instabilité est à l’ordre du jour.

Pour accompagner le choc du confinement, l’État a mis en place un chômage partiel. 12,4 millions de salariés d’un million d’entreprises ont reçu environ 84% du net, payé par l’État (et 100 % lorsque le salaire est au SMIC). Ce dernier a été très généreux avec les couches sociales supérieures puisqu’il a accepté de suivre cette compensation jusqu’à 4,5 SMIC.

Or, tout cela a un coût : 26 milliards d’euros. Il va falloir les trouver. À cela s’ajoute un plan pour aider l’économie (capitaliste) : 52 milliards. Il va falloir les trouver aussi. D’autant plus qu’il y a déjà 599 milliards à payer en 2023, en raison des dettes de l’État.

Tout cela est bien compliqué et il n’y a que trois moyens : la guerre, les impôts, les emprunts. La guerre n’est pas à l’ordre du jour encore, les impôts ce n’est pas faisable car la pression des capitalistes est énorme surtout que les exigences sont déjà hautes. Reste l’emprunt : l’État va devoir emprunter au moins 300 milliards d’euros. Cela représente 15 % du PIB français.

Notons d’ailleurs ici une chose au niveau du PIB, en prenant celui par habitant. Il est au niveau du Japon, clairement derrière l’Allemagne (ainsi que son satellite autrichien) et les États-Unis, ainsi que le Royaume-Uni, la Belgique, le Canada, la Finlande, les Pays-Bas, la Suède, l’Australie.

La France a décroché. Et on sait qu’un endettement implique une dépendance, à moins de disposer d’une base productive forte. Et la France se ratatine. En 2018, les exportations agroalimentaires avaient une valeur de 44 milliards d’euros en France, 72 milliards en Allemagne, 94 milliards aux Pays-Bas. Rien que ces chiffres, dans un secteur où la France est historiquement puissante, en dit très long. Le plan économique de relance en Allemagne est d’ailleurs trois fois plus grand qu’en France, culminant à 160 milliards.

Peut-on penser que le secteur du luxe, avec 76 milliards d’euros à l’exportation peut relancer à lui seul le capitalisme français ? Naturellement pas. Il est d’ailleurs plombé par l’absence des touristes, notamment étrangers, ceux-ci formant 40 % des touristes en général.

Il n’y a donc que deux options. Soit la France accepte une situation italo-espagnole, tendant à celle de la Grèce. C’est celle d’une satellisation relative dans le capitalisme, d’une mise en orbite de l’Allemagne. La France ne serait pas une colonie bien entendu, cependant ses couches dominantes devraient se mettre sous la coupe de l’Allemagne.

Soit la France tente de se réaffirmer en s’appuyant sur son vaste appareil militaire, soit en forçant l’Allemagne à être encore plus agressive dans un tandem, soit en y allant seule. Cette tendance va évidemment recevoir dans les mois prochains un appui gigantesque de la part de très nombreux secteurs. Cela est d’autant plus vrai que Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen… instillent cette vision du monde depuis longtemps déjà.

Dans tous les cas, c’est une instabilité complète qui est à l’ordre du jour et seule la Gauche historique peut y faire face. Elle seule peut refuser avec force le militarisme, elle seule peut mettre en échec le plan menant à la satellisation.

On se doute qu’entre les tenants d’une Union Européenne sous domination allemande et ceux du nationalisme, la situation de la Gauche historique sera très difficile. Elle est coincée entre le marteau et l’enclume. Tout est d’ailleurs très mal partie, puisque la Gauche historique est d’une faiblesse inouïe. Mais il n’y a simplement pas le choix !

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Société

Covid-19 comme mot masculin ou féminin: la faillite de l’Académie française

Les médias ont informé du choix de l’Académie française quant au genre du mot covid-19. L’institution aura donc attendu début mai avant de choisir, malgré que le terme ait été employé des millions et des millions de fois.

On ne peut pas dire que l’Académie française a attendu le déconfinement : son communiqué passé inaperçu date du 7 mai. Ce n’est pas un communiqué d’ailleurs, mais un exemple de « dire ne pas dire », mis sur le même plan que « Car, pour, par et avec prononcés careu, poureu, pareu et avecqueu », « Les gestes barrière ou Les gestes barrières », « Drive », « Followers », « Dépister un malade pour Dépister une maladie », « Distanciation sociale », « Confins, confiner, confinement », « Confire, confit, confiture ».

Voilà un mélange tout à fait baroque et donc totalement à rebours de l’approche française. Avec de terribles erreurs d’ailleurs, expression d’une démarche formelle. L’Académie française dit ainsi qu’on doit parler de dépister une maladie contagieuse et non pas dépister un malade. Elle n’a pas compris qu’il s’agit de retrouver le malade en question dans une sorte de jeu de piste urbain pour éviter qu’il ne propage la maladie…

Ayant d’ailleurs décidé de tout rater jusqu’au bout, l’Académie française a décidé de ne pas aborder la question du mot « déconfinement », qui n’existe pas en français. Il est pourtant employé massivement, même par les institutions. L’Académie française est donc incapable de faire son travail : elle reflète la décadence de la société.

Elle bascule ouvertement dans une forme artistique littéralement postmoderne pour sa justification du féminin pour covid-19. Voici cette œuvre d’art qui ne dépareillerait pas dans une exposition d’art contemporain :

« Covid est l’acronyme de corona virus disease, et les sigles et acronymes ont le genre du nom qui constitue le noyau du syntagme dont ils sont une abréviation. On dit ainsi la S.N.C.F. (Société nationale des chemins de fer) parce que le noyau de ce groupe, société, est un nom féminin, mais le C.I.O. (Comité international olympique), parce que le noyau, comité, est un nom masculin. Quand ce syntagme est composé de mots étrangers, le même principe s’applique. On distingue ainsi le FBI, Federal Bureau of Investigation, « Bureau fédéral d’enquête », de la CIA, Central Intelligence Agency, « Agence centrale de renseignement », puisque dans un cas on traduit le mot noyau par un nom masculin, bureau, et dans l’autre, par un nom féminin, agence. Corona virus disease – notons que l’on aurait pu préférer au nom anglais disease le nom latin morbus, de même sens et plus universel – signifie « maladie provoquée par le corona virus (“virus en forme de couronne”) ». On devrait donc dire la covid 19, puisque le noyau est un équivalent du nom français féminin maladie. Pourquoi alors l’emploi si fréquent du masculin le covid 19 ? Parce que, avant que cet acronyme ne se répande, on a surtout parlé du corona virus, groupe qui doit son genre, en raison des principes exposés plus haut, au nom masculin virus. Ensuite, par métonymie, on a donné à la maladie le genre de l’agent pathogène qui la provoque. Il n’en reste pas moins que l’emploi du féminin serait préférable et qu’il n’est peut-être pas trop tard pour redonner à cet acronyme le genre qui devrait être le sien. »

On aurait dû employer Corona virus morbus ? L’Académie française est déconnectée du réel. Et elle pense pouvoir imposer le féminin alors que le masculin a été utilisé à l’échelle de la société française toute entière depuis plus de deux mois ? En expliquant… « qu’il n’est peut-être pas trop tard » ?

Pire que le choix effectué avec une explication digne d’un alchimiste médiéval, tout est dans ce « peut-être ». Une institution qui décide et qui dit « peut-être » est morte. Elle n’a pas de sens, car elle ne fixe aucune orientation, elle ne détermine aucun choix. À quoi sert donc l’Académie française si elle arrive après la bataille pour dire « peut-être » ?
Et pourquoi les « immortels » n’ont-ils pas travaillé sur ce choix dès le départ ? C’est pourtant leur travail. Mais ils sont à l’image de la France bourgeoise : dépassés, parasitaires, totalement étrangers à la société.
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Société

«La pire journée de ma vie professionnelle»

Voici le récit d’un mécanicien/vendeur dans une grande enseigne de sport à propos de lundi 11 mai, premier jour du déconfinement. Sont racontés des comportements terriblement irresponsables, qui font froid dans le dos tellement tout cela relève de la stupidité la plus crasse et de l’inconscience totale sur le plan sanitaire.

Ce genre de gens sont-ils majoritaires dans la société française, ou bien simplement une minorité sabotant tout effort collectif et responsabilité sociale ? Dans un cas comme dans l’autre, c’est de la faillite de l’ensemble de la société française qu’il s’agit ici. Si de tels comportements sont possibles (et tout à fait typiques), c’est qu’il ne s’agit pas simplement de la faillite individuelle des gens les ayant, mais de la responsabilité collective, incapable de les empêcher, les prévoir, les punir, etc.

Et l’individualisme s’exprimant sans freins ne peut que contaminer l’ensemble des comportements, aboutissant à une seconde vague du covid-19…

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Politique

Malgré la crise sanitaire, le gouvernement ouvre les frontières pour la main-d’œuvre immigrée dans l’agriculture

Les frontières sont normalement fermées en raison de la crise sanitaire, mais les impératifs de santé ne font pas le poids face aux besoins du marché. Le gouvernement a donc décidé des dérogations afin de faire venir des immigrés dans l’agriculture. Les capitalistes du secteur ont en effet besoin d’une main-d’œuvre bon marché et surtout peu regardante sur les conditions de travail, provenant essentiellement de Roumanie et de Bulgarie.

Alors que les récoltes de fraises et d’asperges ont déjà commencé, c’est bientôt la saison pour les cerises, les pêches, les nectarines, les poires ou encore les abricots. Les besoins passeraient en quelques jours de 45 000 personnes à 80 000 personnes.

Les agriculteurs du secteur, qui ne sont nullement des paysans mais de véritables chefs d’entreprises capitalistes, prétendent manquer de main-d’œuvre. Cela paraît étonnant tant on connaît la réalité du chômage en France, particulièrement en ce moment. N’a-t-on pas entendu parler d’ailleurs ces derniers jours de ces milliers d’étudiants ayant perdu leur job avec le confinement ?

Le problème en réalité n’est pas celui de la main-d’œuvre, mais de la nature de la main-d’œuvre. Le secteur a besoin d’une main-d’œuvre immigrée afin d’exercer une pression sur le travail, en maintenant des conditions difficiles, des rendements importants et une rémunération faible.

De part leur situation, les immigrés, en l’occurrence venant principalement d’Europe de l’Est et en partie du Maghreb, acceptent des conditions inacceptables pour les travailleurs français en général. Ils l’acceptent d’autant plus facilement que les salaires sont élevés en comparaison de ceux de leurs pays. Il y a bien sûr des Français faisant « les saisons », notamment des étudiants, mais non seulement c’est de moins en moins vrai, mais en plus ceux-ci sont en général jeunes, vivant une situation considérée comme seulement temporaire. La concurrence immigrée exerce sur eux une pression sociale : soit les conditions sont acceptées, soit il faut prendre la porte.

Cette pression est d’autant plus forte qu’il y a chez les travailleurs immigrés du secteur une mentalité surtout opportuniste, imprégnée de féodalisme, s’imaginant faire un bon « deal » avec l’employeur, avec un bon salaire contre un dur labeur, lui-même valorisé en tant que tel.

Dans ces conditions, les capitalistes de l’agriculture ne veulent absolument pas entendre parler des travailleurs français, ou alors seulement dans la mesure où ces derniers se plient aux standards acceptés des travailleurs immigrés.

Il faut à ce propos rappeler l’épisode récent où une campagne a été menée pour inciter des chômeurs partiels à venir travailler dans les champs, intitulée « Des bras pour ton assiette ». Cela a été un véritable fiasco, tant les travailleurs français arrivant ont été stupéfaits des conditions de travail, préférant tout simplement ne pas revenir le lendemain. Les employeurs, anticipant souvent ces réactions, ont dans la plupart des cas refusé d’eux-mêmes les embauches, préférant s’asseoir sur une partie de la production (15 % à 20 % des récoltes d’asperges et de fraises).

Les chiffres sont ainsi édifiants : sur 300 000 candidatures, seules 15 000 ont abouti d’après le ministère de l’Agriculture, et pas forcément durablement.

Le secrétaire général de l’Interprofession des fruits et légumes frais (Interfel), Daniel Sauvaitre, a très bien résumé cette situation dans la presse :

« Pour la main-d’œuvre locale c’est : un jour il fait trop chaud, un jour il fait trop froid, et il faut s’arrêter le vendredi midi. Les cueilleurs habituels, notamment venus de l’étranger, sont davantage rompus au travail de la terre. »

Les travailleurs français osent demander des bonnes conditions de travail ? C’est inacceptable pour les capitalistes du secteur, alors il faut impérativement ouvrir les frontières pour importer de la main-d’œuvre, peu importe la crise sanitaire. Telle est l’immonde logique du capitalisme, utilisant l’immigration pour maintenir les profits et freiner la lutte des classes, faisant fi des nécessités sanitaires.

Ce qui est vrai dans l’agriculture l’est d’ailleurs aussi pour de nombreux secteurs : la restauration dans les grandes villes, le BTP, le ménage, la sécurité privée, une partie de la sous-traitance industrielle, etc. La différence étant que dans ces cas-là, la main-d’œuvre immigrée est déjà sur place, souvent en situation irrégulière, contrairement à la main-d’œuvre agricole qui n’est que saisonnière et pour qui le capitalisme ouvre les frontières avec empressement.

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Politique

L’État incapable de mettre en place les lois pour le déconfinement du 11 mai

Les couches dominantes de la société étant décadentes, plus rien ne va et malgré la préparation du déconfinement du 11 mai, les lois l’encadrant n’ont pas été mises en place à temps. C’est très révélateur de l’effondrement en cours.

Le déconfinement du 11 mai a comme principe fondateur l’impossibilité de se déplacer à plus de 100 km de son département. Sauf que, problème, il faut une loi pour cela et la validation du conseil constitutionnel. La loi ayant été votée le 9 mai, le conseil constitutionnel ne l’a validé que le 11 mai… rendant impossible toute vérification étatique au moyen des forces de l’ordre.

Il en va de même pour l’attestation obligatoire dans les transports en commun d’Île-de-France, qui relève de la même loi sur l’état d’urgence sanitaire. La vérification de ces attestation est d’ailleurs remise à… mercredi 13 mai.

On a ici un exemple de ratage total. D’ailleurs, le conseil constitutionnel a cassé deux autres mesures, montrant à quel point le libéralisme a tout vérolé. Il a dit : pas de quarantaine obligatoire pour les gens arrivant en France, sauf sous supervision d’un juge. Le conseil constitutionnel nie ainsi le principe d’état d’urgence, au nom des « droits de l’Homme » si chers à la petite-bourgeoisie anti-État.

Le conseil constitutionnel agit ici de manière purement idéologique, totalement libérale-démocrate :

« S’agissant du régime de l’état d’urgence sanitaire, le Conseil constitutionnel a jugé que la Constitution n’exclut pas la possibilité pour le législateur d’en prévoir un. Il lui appartient, dans ce cadre, d’assurer la conciliation entre l’objectif de valeur constitutionnelle de protection de la santé et le respect des droits et libertés reconnus à tous ceux qui résident sur le territoire de la République.

Parmi ces droits et libertés figurent la liberté d’aller et de venir, composante de la liberté personnelle, protégée par les articles 2 et 4 de la Déclaration de 1789, le droit au respect de la vie privée, qui découle de cet article 2, la liberté d’entreprendre qui découle de cet article 4, ainsi que le droit d’expression collective des idées et des opinions résultant de l’article 11 de cette déclaration. »

Vie privée, droit d’entreprendre, dire ce qu’on veut… la liberté est ici entièrement au service de l’initiative capitaliste. Le conseil constitutionnel est d’ailleurs très content que le gouvernement n’ait pas étendu l’interdiction de se réunir lors du confinement aux locaux à usage d’habitation. C’est la pure négation de la primauté du collectivisme.

D’ailleurs, le conseil constitutionnel se prononce… contre le traçage des malades. Selon lui, c’est une atteinte à la vie privée ! Ainsi, il a :

« relevé que les dispositions contestées autorisent le traitement et le partage, sans le consentement des intéressés, de données à caractère personnel relatives à la santé des personnes atteintes par la maladie du covid-19 et des personnes en contact avec elles, dans le cadre d’un système d’information ad hoc ainsi que dans le cadre d’une adaptation des systèmes d’information relatifs aux données de santé déjà existants. Ce faisant, ces dispositions portent atteinte au droit au respect de la vie privée. »

L’individualisme avant tout ! D’ailleurs, dans un même ordre d’idée, Lille a ouvert son plus grand parc, celui de la Citadelle. La région est en zone rouge ? Pas grave, les « droits » individuels avant tout !

Le conseil constitutionnel a également retoqué le principe enlevant la responsabilité pénale des élus en cas de catastrophe sanitaire. En apparence, on dira : c’est normal, les élus doivent rendre des comptes. Sauf que cela signifie simplement que les élus serviront de fusibles et que les grandes décisions gouvernementales, étatiques, à la base des actions des élus, disparaissent du champ de la critique. On ne dira pas : l’État a mal agi, de par ses orientations, ses valeurs, ses fondements. On dira : un tel a mal agi et doit être condamné.

Entre le conseil constitutionnel garant de la main-mise complète du capitalisme et un gouvernement incapable de ficeler des lois malgré une grande préparation du déconfinement, on voit bien que l’État ne tient plus. D’aucuns diront qu’au contraire c’est la démocratie, c’est l’équilibre des pouvoirs, etc. Mais une telle conception des choses ne fait que refléter le libéralisme. En réalité, tout est instable, précaire. Le personnel politique bourgeois est de plus en plus nul, l’administration étatique toujours plus bureaucratique. C’est l’effondrement étatique reflétant la profonde crise du capitalisme dans notre pays.

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Politique

Le 11 mai va ouvrir la crise de l’indolence française

Les Français sont indolents, c’est-à-dire des partisans du moindre effort. Dès qu’il y a un problème, ils quémandent à l’État, y compris lorsqu’ils sont des tenants du libéralisme économique. Même en religion ils ont besoin d’un clergé. Quant à la politique, ils n’y participent jamais, déléguant de loin à des partis politiques numériquement très faibles. Le 11 mai ouvre la crise de cette indolence.

Les Français ont inventé le protestantisme. Mais ils n’ont pas assumé et aujourd’hui, seule une minorité de gens savent que Calvin est Français, de Picardie, comme La Fontaine et Racine. Comment pourrait-il être français, alors qu’il représente un puritanisme qui serait forcément anglo-saxon ? Le Français n’est-il pas hâbleur et batailleur, un vrai Gaulois ?

Ce qui va s’ouvrir le 11 mai, c’est une remise en cause fondamentale de cette illusion relevant du confort bourgeois d’une France correspondant au village d’Astérix et Obélix. Les Français se sont en effet mentis à eux-mêmes pendant des décennies, refusant de se considérer aussi libéraux que les Américains, imaginant que leur fromage vient de petite ferme, que les vaches gambadent dans les prés et que la France est, par définition, le pays le plus agréable du monde.

Le 11 mai, le déconfinement va montrer toutes les faiblesses, les étroitesses d’esprit, les manques matériels, les incapacités à organiser, le dédain, le mépris, l’hypocrisie, l’égoïsme. Cela va être un vaste catalogue de la catastrophe française, l’équivalent culturel de la débâcle de 1940. Et même si les gens font encore semblant que tout irait finalement pas si mal, la Droite est derrière pour cogner et pour faire tomber le tout.

Car personne ne semble avoir encore compris, à part certains secteurs de la Droite et de l’extrême-Droite, que l’économie a fait un bond en arrière de plus de dix ans, que tout l’existence artificielle de couches petites-bourgeoises va être profondément remise en cause. Les remous vont être énormes, l’instabilité économique va se prolonger en instabilité politique, avec des appels toujours plus forts à l’émergence de l’homme providentiel, sans doute une haute figure militaire.

Il n’y a simplement plus de place pour l’indolence, et si les gens ne veulent pas assumer d’en sortir, alors la sortie autoritaire, militariste, fasciste à la crise les y obligera de toutes façons. La polarisation va être complète et il n’y a, au fond, que deux forces en compétition pour les choix de la société : le mouvement ouvrier d’un côté, les forces les plus agressives du capitalisme de l’autre.

Le problème, évidemment, c’est que le mouvement ouvrier est au point mort. Les valeurs universitaires postmodernes ont anéanti de nombreux fondements culturels et politiques, alors que la démarche folklorique syndicaliste révolutionnaire est présente en force. C’est un ignoble mélange d’une gauche américaine avec une gauche d’avant le début du XXe siècle, avant la formation du Parti socialiste SFIO.

C’est en décalage complet avec ce qui est exigé et c’est pour cela que tout va aller très vite. La Gauche va se recomposer, sur sa base historique, mais de manière très rapide. Cela va être la course. Comme en Espagne dans les années 1930, il va y avoir une Droite au sens le plus large unifiée et voulant une sortie autoritaire, une toute petite extrême-Droite puissamment agitatrice, une agitation anarchiste et syndicaliste sans intérêt, et enfin une Gauche s’approfondissant, se systématisant, se structurant puissamment.

Le 11 mai marque le début de la grande course au pouvoir entre la Gauche et la Droite. Le vieux monde est dépassé.