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Biélorussie, pays martyr: le sens du défilé pour le 9 mai 2020

La Biélorussie a été à deux doigts d’être anéantie par l’Allemagne nazie, qui voulait rapidement la vider pour la coloniser. Le pays a été pratiquement détruit, tout en ayant été à la pointe du mouvement des partisans. Le 9 mai 2020 apparaissait donc comme un horizon concrètement incontournable.

La plupart des Français ne savent pas où est la Biélorussie, à vrai dire ils ne savent pas forcément que ce pays existe. À la limite certains auront-ils remarqué que le personnage de film John Wick est un assassin biélorusse, la série de films jouant sur le cliché plus ou moins vrai du Russe mélancolique fonctionnant comme un rouleau compresseur quand on l’ennuie. Aujourd’hui, plutôt que de Biélorussie, on parle d’ailleurs plutôt du Bélarus, dans le passé on employait par contre l’expression de Russie blanche.

L’origine du nom de ce pays d’aujourd’hui 10 millions d’habitants, dont la capitale est Minsk, est assez obscur : on ne sait pas trop si cela la relie à la Russie – soulignons que les Biélorusses et les Ukrainiens sont à la fois Russes et pas du tout – ou bien si c’est pour désigner la partie russe qui n’a pas été sous domination tatare. Rappelons en effet qu’au-delà des fantasmes postmodernes sur les « blancs » dominateurs, une large partie des pays de l’Est et du Sud Est ont été dominé longtemps par les Mongols, les Tatars, les Turcs, à quoi on peut ajouter les Hongrois.

Aujourd’hui, la Biélorussie, ou le Bélarus, est une dictature où le régime fait ce qu’il veut, étant un satellite russe, avec à la tête du pays Alexandre Loukachenko, qui est au pouvoir depuis 1994. Autant dire qu’être un opposant dans un tel pays exige un vrai sens de l’héroïsme par rapport à ce qu’on risque physiquement. Le pays a défrayé la chronique ces dernières semaines par son refus ostensible et unique de ne pas prendre en compte le covid-19.

Cela tient, en fait, pas seulement à une lubie d’un président qui, de toutes façons, n’en fait qu’à sa tête. Mais pas seulement : il y a également une vision de l’adversité historique qui est très particulière. Cela se lit dans le fait que la Biélorussie ait maintenu le défilé à l’occasion du 75e anniversaire de la victoire sur le nazisme. En effet, l’invasion nazie, pour la Biélorussie, c’est 9 200 villages anéantis dont 600 en même temps que tous leurs habitants, 1,2 millions de logements détruits, Minsk et Vitebsk anéantis à 80 %, 380 000 personnes déportées pour le travail forcé.

La Biélorussie a perdu 25 % de sa population, dont 800 000 Juifs assassinés par les nazis. Les objets et les bâtiments du patrimoine historique et culturel de la Biélorussie ont été réduit à néant, à très peu d’exceptions près. Les groupes de partisans ont essaimé tout le pays et l’héroïsme a été une norme, comme la résistance de la forteresse de Brest. Très difficile, par conséquent, de contourner la célébration du 75e anniversaire de la victoire.

Cette expérience explique-t-elle le refus de faire face au covid-19 en tant que tel ? Il y aurait ici à creuser, à méditer. Surtout, il faut se rappeler que les peuples n’ont pas les mêmes expériences, le même parcours. On le voit très bien quand on voit comment les Français ont été individualistes dans une large mesure dans cette crise sanitaire, alors que les Grecs, un peuple connu pour sa vivacité et aussi malheureusement sa pauvreté, a été d’une discipline exemplaire, en raison d’un grand sens des responsabilités populaires.

Il ne s’agit nullement de hiérarchiser ni de faire un fétichisme des différences. Il s’agit de comprendre que tout s’explique par l’histoire, par les rapports entre les classes, par la culture du pays à travers tout cela. Si on ne voit pas cela, on ne peut pas corriger le tir et aller vers le mieux.

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11 mai: le grand saut dans l’inconnu

Le gouvernement a officialisé ce jeudi 7 mai la levée du confinement pour le 11 mai, avec quelques détails changeants pour les départements classés « rouge » par rapport à ceux classés « vert ». La circulation du virus n’a cependant pas cessé et personne ne peut être certain que la situation va s’améliorer sur le plan sanitaire. La France se lance dans un grand saut, périlleux, dans l’inconnu.

Une seconde vague de l’épidémie sur le territoire français est-elle à craindre ? C’est une possibilité tout à fait crédible. Ce qui est certain en tous cas, c’est que la circulation du virus ne s’est pas arrêtée avec le confinement. 728 nouvelles admissions à l’hôpital pour Covid-19 ont été enregistrées hier (100 de moins que la veille) et 99 personnes ont été placées en réanimation (30 de plus que la veille).

C’est beaucoup, et cela est en tous cas plus que les estimations du modèle prévisionnel ayant servi à déterminer des critères pour le 11 mai. Le Conseil scientifique s’était fondé pour cela sur un modèle de l’Institut Pasteur. Celui-ci prévoyait d’ici au 11 mai un nombre d’admissions quotidiennes en réanimation compris entre 10 et 50.

Il en est de même pour le nombre total de personnes en réanimation qui, bien qu’en baisse (- 186 hier), reste élevé avec 2 961 personnes, contre les 1 400 à 1 900 personnes prévues par le modèle pour le 11 mai, soit dans 4 jours). Si la baisse quotidienne était constante d’ici à lundi, cela donnerait 2217 lits de réanimation occupés, soit 300 de plus que la fourchette haute du modèle.

Autre chose à prendre en compte : ces chiffres reflètent une situation antérieure, avec des contaminations ayant eu lieu environ trois semaines avant les admissions en réanimation. Or, depuis la situation d’il y a trois semaines, quasiment en plein milieu du confinement, la situation a relativement changé. Le gouvernement a, à plusieurs reprises, évoqué un certain relâchement de la population quant au respect des règles de distanciation sociale et de « mesures barrières ».

Cela est aisément constaté par tout un chacun, avec notamment une circulation routière accrue, des visites dans les familles ou chez les amis, discrètes mais effectives, ainsi que de nombreuses activités économiques ayant déjà reprises cette semaine, particulièrement dans le BTP.

La France se lance dans un déconfinement en ayant finalement un aperçu que très partiel de la situation réelle, pour ne pas dire quasiment nul. Rien que le critère évoqué à l’origine par le gouvernement pour la lever du confinement le 11 mai, c’est-à-dire un nombre maximum de 3000 contaminations quotidiennes, est invérifiable (ou alors seulement a posteriori et par extrapolation).

Tout la stratégie du gouvernement est pourtant fondée sur cela, avec surtout le calcul du nombre de tests de dépistage hebdomadaire nécessaires (700 000 tests par semaine). La stratégie de dépistage sera d’ailleurs très compliquée à concrétiser, avec en plus de cela une opposition gouvernementale complètement hystérique sur la question du fichage sanitaire, que cela soit pour les brigades de terrains (censées remontées des chaînes de contamination) via les fichiers de l’assurance maladie, ou bien l’application de traçage de la population via les smartphones.

Même en supposant que l’estimation d’un maximum de 3000 contaminations quotidienne à partir du 11 mai soit la bonne, rien ne permet de croire que ces milliers de contaminations quotidiennes n’engendreront pas une nouvelle vague épidémique. Les masques, dont tout le monde n’est pas encore équipé d’ailleurs, les mesures dans les magasins, les transports, les écoles, la limitation (espérée) des contacts familiaux, amicaux etc. ne sauraient être aussi efficaces que le confinement de la population avec des rencontres normalement limitées aux seules courses alimentaires.

L’inquiétude est particulièrement grande pour l’Île-de-France, très dense, ainsi que le Nord et l’Est du pays. 72% des personnes hospitalisées se concentre d’ailleurs dans les régions Île-de-France, Grand-Est, Auvergne-Rhône-Alpes et Hauts-de-France.

Il a été rappelé hier par le ministre que le nombre de cas en Île-de-France ne faiblit que lentement, qu’il reste élevé, plus élevé que ce qui était espéré. Mais cela ne change rien à la date du 11 mai, et il est encore fait appel à la seule responsabilité individuelle :

« En Île-de-France, compte tenu de la tendance, nous pouvons déconfiner. Mais le fait qu’il reste du virus en circulation, que cette région soit très dense et peuplée, nous impose une discipline renforcée».

C’est d’ailleurs pourquoi une équipe de recherche de l’Inserm à l’Institut Pierre Louis d’Épidémiologie et de Santé Publique explique qu’il faudra parvenir à identifier et isoler correctement au moins un malade sur deux en Île-de-France… sinon la contagion repartira et le système hospitalier ne tiendra pas le choc.

Il y a même des modélisateurs de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris qui ont publié un article expliquant qu’une seconde vague est inévitable.

Dans le même temps, il y a une pression énorme de la part de tout un tas de secteurs, dont le discours est particulièrement porté par la Droite, pour assouplir les règles, ouvrir rapidement les bars, les cafés, les restaurants, les bases de loisir, etc. La Gauche, contaminée par le libéralisme, n’a rien de bien mieux à raconter dans bien des cas.

Et en attendant, la situation dans les Ephad n’a pas changé et le ministre se dit lui-même incapable de savoir quand il pourra y avoir un déconfinement. Cela rappelle l’opacité des chiffres quant aux personnes âgées mortes chez elles.

Ce qui se réalise, c’est une reprise du capitalisme particulièrement cynique, comptant pertes, comptant profits, et ayant choisi.

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Jean-Luc Mélenchon: une solution à la crise en mode casino

Dans une interview à la Tribune de Genève, Jean-Luc Mélenchon montre qu’il connaît tous les fondamentaux de la Gauche. Mais il refuse de les assumer pour la réponse à la crise actuelle. Il préfère « inventer ».

Jean-Luc Mélenchon a rompu avec la Gauche depuis longtemps ; La France Insoumise assume d’être un mouvement populiste représentant le « bas » contre le « haut ». Cela amène à des jugements dénués de valeurs culturelles, comme cet éloge du premier ministre, qui pourtant devrait être honni :

« Édouard Philippe est de droite et n’a jamais prétendu autre chose. C’est un homme élégant, d’un côtoiement agréable, un libéral assumé et qui le dit clairement. »

En disant cela, Jean-Luc Mélenchon assume de ne pas vouloir supprimer la Droite, simplement la concurrencer. Mais c’est anecdotique en comparaison avec son interprétation de la crise. Dans une interview du 5 mai à la Tribune de de Genève, il présente de la manière suivante la solution à la crise :

« La dette sera colossale à la suite de cette crise, et vous proposez le gel des dettes d’État. Comment?

J’ai le goût de l’histoire, et je sais que dans le passé jamais une dette d’un niveau pareil n’a été payée. Celle-là, personne ne pourra la rembourser non plus. Alors il y a quatre voies traditionnelles de sortie. L’hyperinflation: personne n’en veut. La coupe dans les dépenses: on vient de voir les conséquences sur les systèmes de santé publique. La banqueroute: c’est également une mauvaise idée, compte tenu des dégâts que ça provoque. Et enfin la guerre: cette page-là, nous l’avons tournée en Europe.

Donc votre proposition?

C’est la suivante. Toutes les dettes d’État que la Banque centrale européenne détient parce qu’elle les a déjà rachetées doivent être congelées. On les transforme en dettes perpétuelles sans intérêts. »

Ce que dit ici Jean-Luc Mélenchon est dramatique. Il a en effet tout à fait raison pur les quatre portes de sortie, mais il les interprète très mal.

* L’hyperinflation correspond à faire payer la crise par le peuple, en dévaluant son argent. Les couches supérieures de la société y échappent de par leurs grandes possessions de propriété et d’appareil productifs. Mais l’hyperinflation ne se décide pas, elle est provoquée par les faits. On peut la laisser courir, toutefois il n’y pas de bouton « hyperinflation ». Et ce n’est pas tant une sortie de crise qu’une expression de la crise.

* La coupe dans les dépenses vise à démanteler l’État qui coûte trop cher. Mais l’État est là surtout pour épauler les entreprises : croire que le pléthorique secteur public en France a une dimension socialiste, c’est croire aux élucubrations de la Droite ! Par conséquent pourquoi le capitalisme supprimerait-il ce qui l’épaule avec succès en France ?

* La banqueroute serait une « mauvaise idée ». Mais la banqueroute n’est pas une idée ! C’est une réalité objective, là aussi. Les faillites d’entreprises sont une conséquence d’un enrayement de la machinerie capitaliste. C’est un phénomène auquel on échappe pas dans une crise.

* Il y a enfin la guerre. Jean-Luc Mélenchon dit que cette page a été tournée en Europe. Il ferait bien d’aller voyager, quand ce sera possible, en Ukraine et dans les pays de l’ex-Yougoslavie. Il ferait bien également d’étudier les dépenses militaires françaises et grecques, tout comme de voir les cartes de la grande Hongrie largement diffusée indirectement par le gouvernement de Budapest. Et de toutes façons, la guerre, pareillement, ne se décide pas : elle se fait. C’est aussi un produit de la crise. Elle est inévitable à moins de renverser la direction de la société aux mains du capitalisme.

Alors, Jean-Luc Mélenchon trouve un joker : on gèle les dettes.

Est-il possible cependant de geler des dettes ? Ce dont rêve Jean-Luc Mélenchon, c’est de pouvoir aller au casino et de dire : vous allez me passer de l’argent jusqu’à ce que je gagne. Et on verra si je vous rembourse, on verra plus tard !

C’est évidemment absurde. Car le capitalisme veut plus, toujours plus. Là où il n’y a pas d’intérêt – et l’exploitation des ouvriers est un intérêt, sur leur travail – il n’y a pas de capitalisme. Encore est-il que dit comme cela c’est incorrect, car le capitalisme n’est pas un « commerce », mais une réalité productive. Il ne s’agit pas de « gratter » de l’argent en sous-payant les gens ou en escroquant à la vente. Il s’agit de classes sociales exploitées à grande échelle, dans un véritable système organisé.

Et Jean-Luc Mélenchon pense que ce système flotte dans le ciel, qu’il n’est pas réel et que, donc, on peut indéfiniment remettre une pièce dans la machine comme on met de l’essence dans une voiture. Pourquoi pense-t-il cela ? Parce que, comme François Hollande, il pense que la finance est quelque chose de virtuel. Il pense que la finance vit dans un monde parallèle, qu’elle ne représente pas quelque chose de réel, qu’elle est une sorte de fantôme parasitaire.

Il reprend ainsi les thèses du PCF des années 1970-1980 comme quoi cet argent en trop, flottant, doit être congelé pour être utilisé pour le système productif qui, lui, serait réel. Il y aurait un bon et un mauvais capitalisme, un capitalisme réel et un capitalisme virtuel. C’est pour cela que Jean-Luc Mélenchon raisonne en termes d’oligarchie, et pas de bourgeoisie. Pour lui les financiers sont une caste parasitaire. Ils doivent payer la crise et on va congeler une partie de leurs avoirs.

Seulement voilà, le capitalisme ce sont des classes, pas des castes. L’idéologie postmoderne raisonne en termes de castes : il y aurait la caste des Français de souche, des hétérosexuels, des personnes valides, des financiers, etc. Cela ne repose sur rien. Le capitalisme est un système unifié, avec des classes, il n’est pas un kaléidoscope avec des castes. Le capitalisme, ce n’est pas l’Inde britannique et post-britannique avec son bric-à-brac de castes et de découpages communautaires.

Le capitalisme, c’est deux classes, et des couches sociales penchant vers l’une ou l’autre. Les prostituées penchent vers la bourgeoisie, vivant en parasites sociaux, comme Rosa Luxembourg l’a bien souligné, les petits employés penchent vers les ouvriers, de par leur nature de travailleurs.

C’est pour cela que Jean-Luc Mélenchon a tort. Il pense qu’on peut réguler le capitalisme, l’organiser, l’encadrer. Ce n’est pas possible. Il est un tout et il est surtout un château de cartes en train de s’effondrer.

 

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Pas de « jour d’après » dans le béton

Il suffit de voir les réactions, les commentaires, les positions des uns et des autres pour s’apercevoir que l’idée se généralisant, c’est que tout va redevenir comme avant. C’est là le reflet pur et simple du capitalisme qui s’imagine inébranlable. Seule une Gauche « alternative », critique de la vie quotidienne, peut être à la hauteur des immenses enjeux. On ne peut pas imaginer « un jour d’après » sans assumer qu’il faut tout changer et supprimer tout ce béton qui engloutit l’humanité.

Même des gens très à gauche pensent que ce qui compte, c’est « le jour d’après ». Ce faisant, ils s’imaginent en rupture avec le capitalisme. Sauf que ce n’est pas vrai, au contraire. Considérer que le capitalisme va continuer comme avant, qu’il va reprendre là où il en a été, que tout cela n’a été qu’un intermède… tout cela c’est accepter ce que s’imagine le capitalisme lui-même !

Car le capitalisme s’imagine incontournable, seul au monde, existant pour l’éternité. Une grande partie de la Gauche l’a accepté elle-même puisqu’elle se présente désormais comme « anticapitaliste », ou encore « altermondialiste » pour utiliser un terme passé de mode. L’idée d’une société non capitaliste, c’est-à-dire socialiste… a littéralement disparu, ou presque.

Tout est pensé par rapport au capitalisme, à travers lui, contre lui si l’on veut, mais finalement jamais sans lui. Il y a un asséchement complet du sens de l’utopie. La preuve, c’est qu’il n’y a plus aucune considération esthétique. Or, qui pense à un monde de demain… pense à quoi il va ressembler, à comment on va y vivre, s’y épanouir.

Naturellement, quand on pense à tout cela, on imagine mal des abattoirs, des centrales nucléaires, du béton à n’en plus finir, des ronds points et encore des ronds-points. Voilà pourquoi les gilets jaunes ont bien été un mouvement réactionnaire : ils n’ont strictement rien proposé. Ils ne pouvaient pas. Leur identité n’a pas dépasse les ronds-points.

Pareillement, la majorité des jeunes se revendiquant très à gauche considère comme « populaire », authentique, alternatif, de manger des kebabs. Quant aux jeunes en général, le McDonald’s leur semble un lieu de paix sociale, un véritable havre paix communautaire, nullement un cauchemar civilisationnel.

Et comme, finalement, personne ne veut se remettre en cause dans sa vie quotidienne, il est bien pratique d’imaginer « un jour d’après »… qui soit seulement le jour d’après le jour d’hier, comme si aujourd’hui n’avait pas existé, comme si la crise sanitaire n’avait été que passagère, comme si elle n’allait rien changer, comme si elle ne pouvait rien changer.

On peut pratiquement deviner ce que les Grecs et les Romains avaient comme considération au moment de la fin de leur civilisation : strictement aucune. Ils pensaient que tout continuerait comme avant. Et les Français du début du 21e siècle sont pareils. Pour eux, le capitalisme n’a pas du tout atteint une limite, la bétonnisation du monde n’est pas en jeu dans tout ce qui se passe.

Il y a une incapacité fondamentale à avoir de l’envergure, à dépasser sa propre petite expérience. Le maximum atteint, c’est le rêve zadiste, qui ne diffère en rien du rêve de la petite propriété. L’idéologie de la petite propriété revient en force d’ailleurs, en se présentant comme un modèle idéal pour une période comme celle du confinement. Plutôt que de voir les drames d’une civilisation, on se focalise sur soi et on se veut bien tranquille dans un petit jardin !

Il faut tabler sur une nouvelle génération qui ne voudra pas périr en même temps qu’un modèle de civilisation qui a échoué, précisément parce qu’il a réussi !

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Écologie

Défense de l’Animal: «Non, les félins ne propagent pas le virus!»

Voici une mise au point très importante faite par la Confédération nationale Défense de l’Animal – Réseau des refuges indépendants, à propos de la transmission du coronavirus responsable du Covid-19 par les chats. L’article donne des informations et des recommandations indispensables, qu’il faut partager le plus possible.

« Non, les félins ne propagent pas le virus !

Au regard des dernières actualités concernant les cas rapportés de 2 chiens et 1 chat testés positifs au SARS-CoV-2, en bonne santé, à Hong-Kong, de la suspicion d’une contamination d’un chat en Belgique et d’une tigresse au zoo du Bronx à New York, tous deux en bonne santé et testés positifs au SARS-CoV-2, beaucoup d’informations circulent dans les médias et sur le web. De nouvelles inquiétudes et interrogations semblent ressurgir et plus particulièrement vis-à-vis des chats.

Dans tous les cas, ce sont des félidés qui ont été contaminés par l’humain et non l’inverse.

Rappelons que ces cas sont rarissimes – 6 en tout pour la planète dont le dernier est un chat testé positif en France. L’information a été publiée et confirmée par l’Unité Mixte de Recherche en Virologie de l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort (ENVA) et par l’Agence Nationale de Sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) et de l’INRAE, en lien avec l’Institut Pasteur.

La communauté scientifique s’accorde à dire que le risque est très minime et qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter outre mesure. La propagation du virus se fait quasi uniquement par transmission d’humain à humain, par les postillons et les mains contaminées.

Cette position est partagée par l’Agence nationale de la sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) qui a mobilisé un groupe d’expertise sur le rôle potentiel des animaux de compagnie. Le discours est le même pour l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Dès lors que vous êtes COVID-19, ou suspect de l’être, en souffrant de courbatures, de fièvre, de toux, prenez des précautions avec votre animal au même titre qu’avec un membre de votre famille.

Nous savons maintenant qu’un animal, s’il a été en contact avec une personne malade, contagieuse, peut être éventuellement contaminé. Certains malades COVID-19, dont les logements ne sont pas aérés peuvent contaminer fortement leur environnement. Chats et chiens peuvent être contaminés sur leurs pattes ou la langue. Il n’y a pas, à ce jour, de données exactes, concernant la survie éventuelle du virus sur les poils d’animaux.

Dans cette situation et pour limiter les risques, il convient de renforcer les règles générales d’hygiène. Dès lors que vous êtes COVID-19, ou souffrez de courbatures, de fièvre, de toux, vous devez prendre des précautions avec votre animal, au même titre qu’avec n’importe quel membre de la famille.

Il faut veiller à bien se laver les mains très régulièrement avec du savon et de l’eau, et le faire systématiquement avant et après avoir touché son animal de compagnie. Il faut porter un masque, pour protéger son entourage, éviter de se toucher les yeux, le nez et la bouche et il est recommandé d’éviter d’embrasser ses animaux, ni les laisser vous lécher le visage.

Selon l’Académie vétérinaire de France, le même niveau de précaution et de confinement est à appliquer pour nos animaux. Les risques de contamination lors de la sortie hygiénique de votre chien sont très faibles. Si vous voulez prendre toutes les précautions, nettoyez-lui les pattes au retour avec de l’eau et du savon.

N’utilisez aucun produit nocif pour votre animal tels que du gel hydro-alcoolique ou de l’eau de Javel ( > Consultez notre article)

En ces temps de crise sanitaire, et en cas de doute, informez-vous auprès de sources sûres (OMS, OIE, L’ANSES, l’Ordre des vétérinaires et le ministère des Solidarités et de la Santé) et ne prenez surtout aucune décision qui irait à l’encontre du bien-être des animaux.

En cette période de confinement, nos animaux sont nos alliés et constituent un véritable réconfort dont il ne faut pas se priver.

Un grand merci à Anne-Claire Gagnon, docteur vétérinaire, pour sa précieuse collaboration dans la réalisation de cet article.

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Société

La crise sanitaire et le droit des croyants à croire en le monde

En mettant de côté la religion lors de la première vague de déconfinement, l’État français provoque une crise terrible. C’est surtout vrai pour l’Église catholique, pour qui le dimanche a une dimension mystique essentielle, que l’État ne comprend d’ailleurs même plus.

Le grand compromis entre l’État et les religions – la laïcité – est très puissamment ébranlé par le refus d’intégrer les lieux de culte dans le déconfinement. Ce qui compte, c’est évidemment l’économie capitaliste. Peu importe les croyances.

Il ne s’agit nullement ici de faire de l’anti-cléricalisme primaire, comme le font les anarchistes, l’ultra-gauche en général. La religion ne disparaîtra pas : elle s’éteindra, quand les croyants comprendront que ce en quoi ils croient n’est en réalité qu’une puissante réflexion sur la réalité qui a été déviée vers le ciel.

Il y a ainsi beaucoup de dignité dans les croyances religieuses et il faut bien dire dans les croyances, pas dans les rites, les croix en pendentifs, les hidjabs ou les kippas. Lorsque les religions parlent de la réalité, elles parlent de manière déformée. Il y a de l’idée, mais accepter pour autant tous les fétiches réactionnaires… ce n’est pas possible.

Tout cela demande évidemment beaucoup de culture et le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, est dépassé, parce que la bourgeoisie décadente, passé dans l’ultra-modernité, ne comprend tout simplement plus rien à part ce qui relève, au sens strict, de l’accumulation de richesses.

Invité du Grand Jury sur LCI dimanche dernier, son propos a depuis fait scandale :

« Je pense que la prière elle se fait dans un rapport à celui que l’on accompagne, célèbre, chacun choisira le mot en fonction de sa religion et soi-même, et n’a pas forcément besoin de lieu de rassemblement où on ferait courir un risque à l’ensemble de la communauté religieuse. »

Christophe Castaner s’imagine ici qu’une personne religieuse peut ainsi être indifféremment statique ou itinérante, que la notion de lieu consacré relève du moyen-âge, que le principe communautaire – une clef du succès religieux – n’a aucun sens pour les gens.

Il prouve ici une méconnaissance de la question assez impressionnante (et cela d’autant plus qu’en tant que ministre de l’Intérieur, il est aussi ministre des cultes). Surtout que la France a comme principale religion le catholicisme romain. Or, dans cette religion, Dieu est vraiment présent le dimanche dans la cérémonie religieuse, ce n’est pas symbolique comme chez les protestants. Naturellement Dieu n’est pas du tout présent, puisqu’il n’existe pas, mais pour les croyants il y a une alliance entre Dieu et le monde par ce qu’on appelle l’eucharistie. Sans eucharistie, le monde est entièrement perdu.

Citons ici Matthieu, qui raconte ce passage célèbre :

« Pendant qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le donna aux disciples, en disant: Prenez, mangez, ceci est mon corps. 27Il prit ensuite une coupe; et, après avoir rendu grâces, il la leur donna, en disant: Buvez-en tous; 28car ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui est répandu pour plusieurs, pour la rémission des péchés. 29Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où j’en boirai du nouveau avec vous dans le royaume de mon Père. »

Les protestants répètent cet épisode symboliquement, la prohibition de l’alcool chez eux, très présente culturellement historiquement, s’appuie sur le dernier propos de la citation. Pour les catholiques par contre, quel que soit leur courant de rattachement, tout cela reprend réellement forme dans l’Église chaque dimanche.

C’est par l’eucharistie que dans le monde, les Hommes sont frères. S’il n’y a plus d’eucharistie, tout est perdu.

> Lire également : Un exemple de croyance religieuse en le monde

Bien entendu, on n’a pas à y croire. Mais comment ne pas voir l’immense dignité qu’il y a dans une telle vision des choses ? Des figures sociales du catholicisme ont en ce sens publié une tribune au titre ironique, « Rouvrir les églises, pour quoi faire ?», sur le site du journal La Croix, qui n’est pas accessible gratuitement, par manque de charité chrétienne. On y lit notamment :

« Se retrouver en communauté est constitutif de la foi ? Mais pour rendre quel culte, à quel Dieu ? Dans l’eucharistie, les chrétiens font mémoire de la mort et de la résurrection du Christ. Et du don de sa vie. Dans un même élan, ils s’engagent à donner la priorité absolue au service du frère. Il s’agit de conjuguer « intériorité et engagement »,« lutte et contemplation »… »

Cela est tout à fait juste : dans une crise sanitaire, qui apporte la mort, il faut croire en la vie. Il y a beaucoup de dignité dans tout cela et le balayer d’un revers de la main, comme le fait le gouvernement, est la négation de tout un sentiment populaire, humain par excellence.

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Guerre

Le dossier des services secrets américano-britanniques dénonçant la Chine

Un dossier de plusieurs services secrets a prétendument « fuité » et dénonce violemment la Chine. Il s’agit en réalité d’une expression de l’offensive américaine pour justifier la guerre contre la superpuissance ennemie.

Nous allions à la guerre sino-américaine et nous y allons désormais encore plus. La crise sanitaire accélère l’urgence de la compétition au niveau international et cela d’autant plus que les États-Unis sont en mauvaise posture et qu’ils ont un boulevard de propagande contre la Chine qu’ils peuvent accuser de tous les maux.

Le dossier « fuité » est d’autant plus une offensive idéologique qu’il est une œuvre commune des services secrets américain, britannique, australien, néo-zélandais, canadien. Il va de soi que les trois derniers services secrets concernés sont largement dépendants des deux premiers et que l’hégémonie revient de toutes façons aux États-Unis.

Le dossier, qui fait 15 pages, dit que la Chine aurait menti au sujet de l’ampleur de la crise sanitaire. Elle aurait caché ou détruit des documents au sujet de celle-ci. La Chine aurait masqué tant la transmission entre humains que son ampleur.

Ce dossier n’est évidemment pas reconnu officiellement par les pays l’ayant produit, qui cependant en sous-main en reconnaissent toutes les thèses. C’est une opération de guerre psychologique : la haine de la Chine doit augmenter toujours plus pour justifier la guerre. On a ici la superpuissance américaine qui veut garder sa place face au concurrent chinois et des pays comme la Grande-Bretagne comptent en profiter, tout comme le Canada, ainsi que l’Australie et la Nouvelle Zélande qui sont proches géographiquement de la Chine.

Il va de soi que le conflit sino-américain est monstrueux et doit être récusé comme une horreur. Tant la superpuissance américaine que la Chine, une superpuissance relative mais clairement allant à la guerre, doivent être dénoncés. Le « coup » de propagande américain doit être dénoncé, mais cela ne suppose évidemment pas qu’on s’aligne sur la Chine, un régime terroriste.

On notera pourtant qu’une partie de la Gauche française est ouvertement ici passée dans le camp « pro-chinois ». Il ne s’agit pas du tout des maoïstes, qui rejettent évidemment violemment la Chine depuis 1976, mais de toute la scène marxiste-léniniste de la gauche du PCF. La Chine serait un pays construisant le socialisme, favorable à la paix, etc.

Un communiqué commun a même été signé juste avant le premier mai en ce sens (par le Rassemblement Communiste, le PRCF, les JRCF, le CISC, l’ANC, le collectif communiste, les Éditions prolétariennes). Dans « Halte à l’intox antichinoise et aux menaces des dirigeants impérialistes occidentaux contre la République Populaire de Chine », on a un éloge de la gestion chinoise de la crise, présenté comme un modèle dans une première phrase d’une rare longueur, la dernière présentant les cibles à critiquer :

« Confrontées au discrédit populaire qui frappe les gouvernants néolibéraux des Etats-Unis, de l’UE et de ses Etats-membres (au premier rang desquels le gouvernement français), toutes plus incapables les unes que les autres de traiter la crise sanitaire, inquiètes de voir la République populaire de Chine, la République socialiste du Vietnam ou la République de Cuba, tous rescapés du camp socialiste, obtenir des résultats remarquables dans la lutte contre le virus, rageuses de voir que les Italiens, les habitants des Antilles, etc. accueillent avec gratitude l’aide des médecins cubains, chinois et vénézuéliens ainsi que l’envoi de matériel sanitaire fourni par la Chine et la Russie, cherchant en permanence de nouveaux prétextes pour augmenter les dépenses de l’OTAN, prêtes à tout pour attirer dans une fallacieuse « union sacrée » les couches populaires qu’elles exposent sans vergogne à la contagion, les oligarchies capitalistes ont engagé une ignoble campagne médiatique visant à calomnier la Chine populaire en l’accusant d’être la principale fauteuse de pandémie alors qu’elle en fut la première victime et qu’elle a, dès qu’elle l’a pu, transmis au monde entier ses observations scientifiques (notamment le séquençage du virus) et ses résultats thérapeutiques (…).

Plus que jamais, – la pandémie actuelle en est l’effarant révélateur – le capitalisme-impérialisme, ses Etats et ses institutions, parmi lesquelles l’UE, l’OTAN et l’OMC, FMI et Banque Mondiale, n’apportent plus que désorganisation, angoisse et mort. Plus que jamais, face au virus mortel du capitalisme, de l’impérialisme et de l’UE/OTAN, doit être repris le mot d’ordre de Fidel, « la patrie ou la mort, le socialisme ou mourir, nous vaincrons ». »

Il ne faut rien connaître à la Chine, le Vietnam ou Cuba pour y voir quelque chose de socialiste, des pays ayant une démarche terroriste alors que, de manière très claire, les capitalistes y accumulent les richesses. On devine évidemment ici que cela permet un anti-impérialisme à peu de frais, sans compter un soutien inévitable de la part de la Chine elle-même, d’une manière ou d’une autre.

Il ne faut pas cependant considérer qu’on a là un phénomène marginal. Ce qui est ici contaminé par une approche romantique, idéaliste, délirante même, c’est toute la gauche du PCF et donc la gauche de la CGT, bref toute la scène sociale ayant porté la bataille contre la réforme des retraites il y a quelques mois. C’est l’expression de la vision du monde du délégué syndical chauvin et bureaucratique, du nostalgique du PCF des années 1970.

Discuter avec de tels gens comme quoi – pour donner un simple exemple – manger de la viande, c’est mal, n’est même pas concevable ; ils ne verraient même pas en quoi cela a un rapport avec la gauche, ou même la politique en général. C’est une tendance réactionnaire, surfant justement sur le populisme de la lutte contre la réforme des retraites, de l’esprit CGT.

Cela n’en rend que plus nécessaire la clarté dans l’opposition à la guerre en général, le refus de toute soumission à un « bloc ».

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Réflexions

Les mentalités françaises: une catastrophe individualiste

Les Français sont pourris par l’individualisme. Leur relativisme est tellement immense qu’ils ne parviennent même plus à prendre quelque chose au sérieux. Le premier ministre dit : pas de football avant décembre, le PSG et Lyon comprennent qu’ils joueront à l’internationale en août et la ligue propose un plan pour recommencer le même mois.

Le président dit : pas d’ouverture de restaurants et de bars avant la mi-juillet. Que font les représentants de ces commerces ? Ils proposent un plan pour juin. Dans l’autre sens cela marche aussi. Le conseil scientifique préconise l’absence de rentrée scolaire avant septembre. Le premier ministre dit alors : rentrée le 11 mai. Histoire qu’on y comprenne plus rien, cette rentrée est différente selon les classes, selon les endroits, etc.

De toutes façons, les Français n’en font qu’à leur tête. On leur dit : pas de retour à la normale avant très longtemps, l’économie va être sinistrée, il faudra une longue période de distanciation sociale. Résultat : pour les Français, le 12 mai tout reprend comme avant.

La désillusion va être totale, le désenchantement complet. Il y a trop d’incohérence dans les mentalités françaises, trop de paresse d’esprit. Quand on voit le MJS (mouvement des jeunes socialistes) Paris dire que l’application de traçage c’est « big brother », mais qu’en même temps les documents à télécharger de ces jeunes socialistes sont sur Google docs, on a un exemple de la bouillie qu’il y a dans la tête de Français consommateurs, râleurs, superficiels, égocentriques.

Quand on pense que la France a donné naissance au protestantisme avec Jean Calvin et que son grand siècle a été le XVIIe des moralistes, on voit comment la machine capitaliste à décerveler a fonctionné à plein régime. Mais vit-on encore dans le capitalisme, ou dans le meilleur des mondes ? Le site Hémisphère gauche nous explique que le traçage c’est mal, car cela ne correspond pas à une confiance collective qu’on devrait avoir :

« Traiter l’épidémie par la surveillance individuelle, c’est finalement rejeter la responsabilité de sa maladie sur le malade, c’est prendre le risque de refaire le lien entre maladie et faute individuelle, déjà présent au Moyen-Age dans le sort que l’on réservait aux lépreux (castration, enfermement), considérant que leur maladie était une punition divine. C’est, au fond, oublier nos interdépendances.

A l’inverse, comme l’explique Yuval Noah Hariri dans le Financial Times, nous avons besoin d’une société de la confiance collective, une société de l’information transparente et de la gestion de crise en commun. Dans cette dynamique de restauration du lien social, nous devons réaliser que nos libertés individuelles sont également collectives et surtout, interdépendantes. »

Voici donc un site se revendiquant ancré à Gauche qui fait d’un futurologue interviewé par le Financial Time une référence pour s’orienter… Et qui s’imagine qu’on peut avoir une « confiance collective » dans une société rongée par l’indifférence, le consumérisme, la vanité.

La société française rentre dans le mur. Les Français sont incapables de faire face collectivement à un défi : et certains voudraient une révolution dans des conditions pareilles ? Pour qu’il y ait une révolution, si on trouve cela juste, il faut puissamment changer les mentalités, les mœurs, c’est une bataille immense à mener. Que la Gauche doit de toutes façons mener si elle veut simplement exister et ne pas se transformer en « gauche » à l’américaine avec ses primaires où gagne toujours un représentant de la grande bourgeoisie, représentant simplement des secteurs concurrentiels au parti d’en face.

Quand on voit la France, on se demande comment tant d’événements populaires de grande ampleur ont pu se dérouler de par le passé. Ne serait-ce d’ailleurs pas impossible et ne peut-on pas y voir un espoir que la vague sociale va apparaître pour de bon ?

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Société

Covid-19: l’hystérie petite bourgeoise bloquant le traçage numérique de la circulation du virus

Il devait être discuté mardi à l’Assemblée nationale d’une application de traçage sanitaire de la population, mais les débats ont été repoussé tant c’est un sujet de crispation. L’hégémonie des mentalités rétrogrades et individualistes, de l’hystérie petite bourgeoise sur les « libertés individuelles », bloque en effet toute avancée à ce sujet.

Nous somme le 30 avril 2020, soit de nombreuses semaines après le début d’une pandémie incontrôlable en raison notamment de la difficulté à tracer la circulation du virus, mais nous ne sommes pas capable de se doter d’un outil simple, efficace, qui existe déjà et qui serait d’une grande aide pour cela.

Il serait en effet grandement utile de tracer cette circulation du virus engendrant la maladie Covid-19 via les téléphones portables, en localisant les contacts qu’a eu chaque personne dont on sait qu’elle est contaminée. Ce besoin de traçage épidémiologique est à la base de toute stratégie sanitaire, c’est la raison pour laquelle il va y avoir après le 11 mai, en plus de la stratégie de tests massifs, des enquêtes sanitaires de terrains menées à grande échelle (avec 30 000 personnes mobilisées) pour remonter les chaînes de contamination.

L’utilisation de la localisation GPS des smartphones, soit la grande majorité des téléphones portables en circulation, possédés par une grande majorité de la population française entre 15 et 65 ans, aurait permis d’aider en cela, bien avant le 11 mai. Cela aurait été d’autant plus simple à mettre en place que le système existe déjà techniquement. L’application Google Maps par exemple trace avec une grande précision les trajets quotidiens de chaque utilisateur, connaissant les magasins dans lesquels il est rentré, les rues qu’il a emprunté, et permet même de déduire si un vélo ou une voiture était utilisée pour un déplacement.

Les données sont enregistrées sans limites de temps et on peut tout à fait savoir via son compte Google où l’on se trouvait précisément le même jour l’année dernière, même si l’on a changé de téléphone, pour peu qu’on ait toujours le même compte Google et qu’on avait son téléphone sur soi.

De la même manière, le premier réflexe de n’importe qui perdant ou se faisant voler son Iphone, sera de se connecter ailleurs pour le localiser, le téléphone étant suivi à la trace sur les serveurs d’Apple.

Il est possible de désactiver cela, mais presque personne n’y prend garde et cela n’a jamais ému grand monde jusqu’à présent. Les Français n’ont donc aucun problème à être suivis à la trace par Google ou Apple… Mais les voilà scandalisés que l’État puisse organiser un telle traçage pour des raisons sanitaires. C’est pour le moins odieux. De l’extrême-gauche à l’extrême-droite, de la Gauche à la Droite, il y a eu une levée de bouclier massive contre l’idée même de ce traçage, au nom de prétendues « libertés individuelles ».

Pour un esprit prolétaire pourtant, il n’y a aucun rapport entre des « libertés individuelles » d’un côté et le fait que l’État ait les moyens de tracer des déplacements pour déterminer des contacts dans un but sanitaire. Pour l’esprit petit-bourgeois par contre, totalement hégémonique en France, l’État est vu comme un monstre froid, machiavélique, voulant manipuler les esprits et décider de la vie des gens.

Plutôt que d’aider à sauver la vie de milliers de personnes, surtout des personnes fragiles, on a donc des gens qui s’imaginent entravés dans leur « liberté » parce que l’État organiserait un suivi numérique des mouvements de la population. C’est l’individualisme capitaliste le plus total.

Qu’il y ait une pression démocratique, sur le plan technique, pour assurer la sécurité de ces données, afin qu’elles ne tombent pas dans les mains de grandes entreprises, c’est une chose. Mais tout de même, c’est un aspect largement secondaire par rapport à l’intérêt que produirait un tel traçage dans la lutte contre l’épidémie, en déterminant de manière assez précise sa circulation et en prévenant les gens potentiellement contaminés.

Qu’ont donc à « cacher » à l’État tous ces gens ? L’État sait déjà où ils habitent et où ils travaillent, et en tant que tel il n’a que faire de savoir s’ils ont été au Super U à 13 heures plutôt qu’à Auchan à 15 heures. Leur panique devant l’État n’est qu’une simple expression de petit-bourgeois réfutant tout collectivisme.

Par contre, on comprend aisément l’intérêt de savoir qu’une personne positive au virus s’est rendue à telle heure dans tel magasin ou tel bus, et qu’elle y a croisé telle et telle personnes. Ces dernières peuvent alors être alertées, afin de redoubler de vigilance vis-à-vis de leur entourage dans un premier temps, puis d’être testées rapidement si possible. Cela contribue au fait d’avoir une vision d’ensemble sur la circulation du virus, pouvant conduire à isoler rapidement des groupes de personnes, des zones, etc. C’est ainsi qu’on peut lutter contre une telle pandémie, en l’absence de vaccin ou médicament.

Mais non, des gens se sont massivement offusqués contre une telle opportunité. Nous sommes donc bloqués à cause de mentalités profondément arriérées, dont le ridicule n’a ici d’égale que l’irresponsabilité que cela engendre sur le plan sanitaire. L’État français, décadent (et certainement pas le monstre puissant qu’imaginent les petits-bourgeois), n’a pas été en mesure d’imposer ce traçage. Il n’a fait que reculer, finissant par n’envisager qu’une solution via Bluetooth, extrêmement complexe sur le plan technique et beaucoup moins efficace qu’une solution par GPS.

L’application n’est donc toujours pas au point, et est même ralentie à cause d’une difficulté technique (concernant le Bluetooth) sur les Iphones. Si l’application existe un jour, on peut largement redouter qu’elle soit sous-utilisée par un grand nombre de personnes irresponsables la refusant. Ce sera d’ailleurs un très grand marqueur sur le plan culturel que de voir ceux l’acceptant et ceux la refusant.

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Politique

11 mai: la stratégie dangereuse de la responsabilité individuelle à la française

Une nouvelle fois, le premier ministre a endossé la casquette du bad cop, de l’empêcheur de déconfiner en rond dans son intervention du 28 avril, alors que les Français immatures s’imaginaient pouvoir tout reprendre comme avant à partir du 11 mai. Seulement, le bad cop en question n’a aucun moyen, ni politique, ni matériel, ni structurel, et il s’en remet à la « responsabilité » individuelle pour espérer éviter une seconde vague de contamination. C’est un choix par défaut qui s’avère très dangereux, risquant par là de faire payer de nombreuses personnes âgées et fragiles du prix de leur vie.

Édouard Philippe a eu le mérite hier de couper court à un certain nombre de fantasmes : celui de la reprise des matchs de football, du retour immédiat à la plage, des mariages, des week-ends dans la famille lointaine, etc.

Le 11 mai ne sera qu’une étape et les restrictions seront encore importantes, la date du 11 mai n’étant d’ailleurs plus une promesse (comme l’avait faite le cynique Emmanuel Macron), mais un objectif soumis à des critères précis. Il doit y avoir un plan massif de dépistage et de recensement de l’entourage des personnes contaminées, avec du personnel non-directement médical mobilisé pour assister cette organisation de grande ampleur.

Les masques seront obligatoires dans les transports en commun, qui auront l’obligation de fermer un siège sur deux et de prévoir une distance entre les passagers, l’offre de transport national sera maintenue à un niveau faible, les parcs resteront fermés dans les régions les plus durement touchées, les rassemblements de plus de 10 personnes, privés ou publics, seront prohibés, il ne sera pas autorisé de se déplacer à plus de 100 kilomètres sde son domicile.

Ce sont des mesures importantes, cohérentes avec la situation sanitaire, mais largement insuffisantes. Le premier ministre, comme il l’a très bien exprimé, a tout à fait conscience du risque de circulation massive du virus après le 11 mai, mais il n’a pas les moyens d’assumer toutes les mesures nécessaires, ni d’encadrer véritablement celles qu’il prend. Il s’en remet donc aux choix individuels, à la « responsabilité individuelle » sur laquelle il a beaucoup insisté.

C’est un aveu de grande faiblesse de la part de l’État, contraint de céder face à la pression grandissante de pans entiers de la société prêts à sacrifier les personnes les plus fragiles. Les personnes de plus de 65 ans d’ailleurs, devront se débrouiller pour « choisir » comment continuer à se protéger du mieux possible, alors qu’on l’aura compris le reste de la population pourra quasiment sans contrainte prendre le risque de faire circuler le virus de manière importante en ne respectant pas ce qui ne relèvera finalement que de recommandations.

Pour se dédouaner de la faiblesse de son plan, le premier ministre a beaucoup parlé des acteurs « locaux » ou de « terrain », à qui il veut « laisser le maximum de souplesse ». Cela signifie par exemple que les commerçants auront le choix d’interdire ou non l’accès de leur magasin sans masque, tout comme les parents celui d’envoyer leur enfant à l’école ou au collège, celui des départements ou des mairies d’ouvrir les établissements, etc.

De la même manière, les préfets se voient confier des responsabilités immenses pour gérer à leur sauce dans leur propre département. Cela les rendra très vulnérables aux multiples pressions locales poussant à déconfiner au maximum, surtout dans les régions les moins touchées. Ainsi, le maintien de la fermeture des grands centre commerciaux à envergure régionale annoncée par Édouard Philippe pour limiter la circulation des individus est une très bonne chose, mais elle sera à la discrétion des préfectures. Tout comme finalement un certain nombre de restrictions, qui pourraient être levées localement, progressivement, etc.

Le risque est donc immense dans ces conditions de voir une seconde vague de contamination, et c’est ce qui pend au nez d’une France culturellement libérale, voire libérale-libertaire. Les gens n’ont pas de patience, pas de moralité, pas de conscience des besoins collectifs, et si cela est dit de manière ici trop unilatérale, cela reste tendanciellement vrai.

Les Français restent dans la mesure, dans un éternel entre-deux, qui convient très bien au capitalisme pour tout se permettre et tout faire passer, mais lorsque le défi collectif est obligatoire, alors forcément on va dans le mur…

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Écologie

Covid-19 : déclaration de la coalition européenne pour la fin des tests sur les animaux

Voici la déclaration de la coalition européenne pour la fin des tests sur les animaux, publiée par One Voice qui en est le représentant français. 

« C’est un inconvénient bien connu et majeur des expérimentations animales : elles sont lentes – trop lentes en période de pandémie comme celle du SRAS-CoV-2 à laquelle nous sommes actuellement confrontés. Scientifiques et ONG dénoncent depuis longtemps l’inefficacité de la recherche basée sur l’expérimentation animale – en particulier dans le domaine de la modélisation des maladies et du développement de médicaments. En outre, des échanges ont lieu depuis des années avec différents acteurs du monde médical. Les conclusions en sont que des modèles pertinents pour l’humain doivent être établis, optimisés et validés. De nombreux modèles de recherche avant-gardistes sont déjà au point, comme les modèles cellulaires tridimensionnels du poumon humain et du système immunitaire, ou encore les fameux organes sur puce.

Pourtant, le financement de la recherche est largement affecté à des projets recourant à l’expérimentation animale alors que très peu d’argent est investi dans l’optimisation et la mise en place de technologies basées sur l’humain. Il serait sage de déplacer notre paradigme scientifique vers une recherche sans animaux afin de disposer de modèles de recherche pertinents pour notre espèce en prévision des futures pandémies. De tels modèles in vitro sont plus rapides et plus efficaces que la recherche animale car ils ne butent pas contre le problème des différences spécifiques. D’innombrables animaux souffrent actuellement d’expérimentations liées au COVID-19, effectuées dans le but de trouver « le bon modèle animal » pour étudier le virus et ses propriétés infectieuses. Les furets sont maintenant considérés comme un excellent « modèle », car ils sont infectés par le SRAS-CoV-2. Cependant, les furets ne développent aucun symptôme de la maladie tel qu’observé chez les humains, ce qui fait de cette approche une voie sans issue.

Ce type de stratégie est malheureusement établi de longue date : les résultats d’expériences menées sur des animaux et qui ne s’appliqueront probablement jamais aux humains sont présentés au public comme de grandes réussites. D’autres espèces animales sont utilisées pour la recherche sur le COVID-19 bien qu’elles ne soient même pas infectées – les souris par exemple. Les souris génétiquement modifiées précédemment créées pour étudier d’autres virus de type corona, sont maintenant vendues comme des « boîtes à outils » spéciales afin de déterminer si elles peuvent être utiles à la recherche sur le SRAS-CoV-2. D’autres approches prônent le recours aux souris humanisées afin de les rendre sensibles à une infection virale lors de l’insertion de gènes humains dans leur génome. Outre de très faibles chances de succès, de telles tentatives sont contraires à l’éthique et prennent beaucoup de temps. La génération et la reproduction d’animaux génétiquement modifiés réclament des mois. Les expériences in vivo s’étalent sur plusieurs mois ou années et les chances d’obtenir des résultats expérimentaux pertinents pour les humains sont très faibles.

L’histoire nous a enseigné à maintes reprises que les expériences sur les animaux ne sont pas la méthode adéquate pour trouver des vaccins. Elles exigent des années de travail et des coûts s’élevant à des centaines de millions d’euros, voire davantage. Pour de nombreuses maladies virales telles que le VIH, le MERS ou d’autres virus du SRAS, nous n’avons pas réussi à développer de vaccins efficaces à ce jour en dépit d’années de recherches approfondies.

Chaque pandémie, à l’instar de celle qui nous affecte actuellement, est une chance pour les politiques et les décideurs d’apprendre des erreurs passées. La prochaine arrivera tôt ou tard et nous devrons être préparés à l’affronter, armés de modèles de recherche pertinents permettant le développement rapide et fiable de médicaments. Ceci au nom de la sécurité humaine et de tant d’animaux qui souffrent pour une recherche qui ne tient pas ses promesses.

Déclaration commune de l’ECEAE (coalition européenne pour la fin des tests sur les animaux) sur la recherche sur le COVID-19. »

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Politique

Pourquoi les entreprises autrichiennes ont-elles des masques et pas l’État français?

C’est un paradoxe marquant. Depuis le 6 avril, les commerces autrichiens de la grande distribution distribuent des masques aux clients, de manière gratuite. Comment font-ils alors que l’État français souffre terriblement pour s’en procurer ?

Que ce soit au magasin bio ou au supermarché, on obtient en Autriche un masque à l’entrée. Pour ajouter au cliché autrichien de la méticulosité germanique maniaque et parfois pittoresque, il y a des désinfectants pour les mains, les barres des chariots ou des paniers en plastique qui sont désinfectés. Les clients ont parfois des masques et… n’en demandent pas un autre pour en stocker, tout en respectant la distanciation sociale.

La situation ne serait pas dramatique, on rirait presque devant un portrait si tranchant avec le mentalités françaises et les moyens français. Mais comment diable des entreprises d’un petit pays d’Europe centrale ont-elles réussies à importer des dizaines de millions de masques là où l’État français souffre le martyr en espérant être prêt le 11 mai 2020 ?

Plusieurs économistes libéraux en font un cas d’école. Ils profitent de cet exemple pour expliquer que le capitalisme est plein d’initiatives, alors que l’État est par définition bureaucratique. Par conséquent, une foule de petites entreprises réussissent de par leurs activité là où une structure centralisée échoue forcément. Lorsqu’il y a la loi mise en place, il aura donc fallu simplement quelques jours aux entreprises pour être prêtes.

C’est là un véritable conte de fée capitaliste, digne du rêve américain. Car on parle là d’un capitalisme particulièrement monopolisé. Les commerces de la grande distribution relèvent de véritables mastodontes. Spar est un monstre néerlandais de plus de 13 000 magasins dans 48 pays, dont plus de 1500 en Autriche. Rewe est un géant allemand encore plus grand, avec des supermarchés et du tourisme, pour un chiffre d’affaires de plus de 50 milliards d’euros !

Il s’avère simplement que de tels monopoles parviennent à agir davantage que l’État français. Cela correspond à une situation où quelques monopoles mondiaux s’avèrent toujours plus puissants et cela même que des États. On s’imagine même que ces États passent sous leur coupe en partie ou totalement. L’État chinois est aux mains de tels monopoles, mais aux États-Unis on sait que c’est pareil.

En Autriche, il y a pareillement un tel monopolisme. Si les rapports sociaux sont totalement pacifiés, au point qu’il n’y a jamais aucune grève, il y a une infime minorité ultra-riche, vivant dans une bulle, dont le propriétaire de Red Bull est un exemple assez représentatif. Il y a énormément des droits sociaux, un vrai capitalisme par en bas, une administration étatique efficace, mais à un autre niveau tout est corrompu, tant par les mafias que les monopoles. C’est cependant invisible, très propre, parfaitement rôdé. C’est cette situation qui explique le succès des populistes.

La France a pourtant également des monopoles. Cependant, la situation est totalement différente. En Autriche, les rapports sociaux sont pacifiés de manière totale, ce qui se concrétise sous la forme d’un deal : il n’y a jamais de grèves et en échange on accorde aux travailleurs un certain niveau de vie. C’est la même tendance en Allemagne, même si en un tout petit peu moins réussi. En France les monopoles ne sont pas dans un tel esprit de compromis. La démarche est d’arracher autant que possible, les syndicats font pareil et tout le monde s’accorde sur un compromis plus ou moins bancal.

L’Autriche de la cogestion est ainsi un enfer pour qui veut changer les rapports sociaux et la France inversement un paradis… En apparence. En réalité, une Gauche très forte existe en Autriche, avec une tradition ouvrière puissante et un prolongement sous la forme des agitations autonomes à l’extrême-gauche plus ou moins soutenu en sous-main. En France, on a l’apparence de la contestation mais tout sert en réalité une cogestion indirecte, due à la faiblesse des syndicats et à la pacification sociale ouverte.

Là où par contre la situation est différente, c’est qu’en cas de crise, forcément la cogestion ouverte encadre jusqu’au bout, tandis que dans la cogestion indirecte il n’y a pas de partenaires, pas de terrain de neutralisation des conflits sociaux. Évidemment, un petit pays comme l’Autriche, satellite de l’Allemagne, peut se permettre une telle démarche. La France, avec ses incroyables ambitions, est perpétuellement obligé de forcer, de vivre au-dessus de ses moyens.

C’est là l’arrière-plan de toute cette question des masques. Et cela montre que la situation devient toujours plus compliquée, qu’il faut une grille d’analyses bien développée pour comprendre ce qui se passe. Et ce n’est qu’un début !

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Société

Les incroyables et scandaleuses exigences de la Fédération française de cyclisme

Dans un communiqué publié ce samedi 25 avril, la Fédération française de cyclisme exige qu’on lui autorise les entraînements à vélo, puis la reprise rapide des compétitions. C’est un mépris scandaleux de la crise sanitaire en cours, avec le risque d’une deuxième vague de l’épidémie de Covid-19.

Le pays traverse une crise sanitaire historique doublée d’une crise économique qui s’annonce sans précédent. Il y a des milliers de morts, d’autres à venir, des personnes guéries mais avec des séquelles lourdes, des services de santé encore très chargés, des personnes âgées bloquées seules chez elles ou dans leur chambre d’Ephad depuis plusieurs semaines. Mais, mais, la Fédération française de cyclisme (FFC) exige par contre qu’on autorise les quelques milliers de compétiteurs cyclistes à reprendre l’entraînement sur route le 11 mai, puis les compétitions rapidement.

Le communiqué de la FFC n’y va pas par quatre chemins : « se réinventer oui, disparaitre (sic) non ! ». Son discours est simple, revenant à dire on a joué le jeu, mais tout ceci à assez durer, laissez nous reprendre comme avant.

Pour justifier cette incroyable exigence, qui relève carrément du caprice dans un tel contexte sanitaire, la FFC ment éhontément.

Le premier mensonge, particulièrement cynique, c’est celui de l’intérêt collectif :

« Il serait impensable que les restrictions de pratique individuelle du cyclisme puissent perdurer au-delà de cette date [du 11 mai], à l’heure où de plus en plus de voix, comme celle de l’OMS, s’élèvent pour souligner les bienfaits de la pratique du vélo sur la santé publique. Cela constituerait une véritable discrimination vis-à-vis de notre sport alors, qu’au contraire, le vélo présente une opportunité sans précédent de transformer en profondeur et de manière pérenne la mobilité dans notre pays. »

Très bien, mais quel est le rapport ? Il n’y a aucun rapport. Le monde du cyclisme de compétition n’a pas de lien avec celui de la pratique de loisir, de la balade, etc. Et c’est bien normal, car ce sont deux choses différentes. La Fédération française de football ne s’occupe pas des gens jouant au ballon dans un parc ou à la plage, cela n’aurait aucun sens.

La FFC prend donc les gens pour des imbéciles quand elle parle de santé publique et de mobilité dans le pays, car ce n’est pas de son ressort. Les gens prenant leur vélo pour aller au travail ou se balader n’ont que faire de la FFC, et inversement. Ce qui compte pour la FFC, c’est son sport, elle le reconnaît elle-même à la fin du communiqué :

« Le Cyclisme est un sport de plein air, qui trouve son meilleur terrain de jeu pendant l’été. »

Il s’agit donc de retrouver son terrain de jeu. C’est une préoccupation légitime, mais qui ne saurait induire quelque exigence en cette situation particulièrement compliquée pour la société toute entière.

Le second mensonge, bien plus grave, est celui du respect des règles sanitaires. La FFC prétend ainsi :

« Nous travaillons sur un plan d’accueil et notre objectif est de démontrer clairement qu’avec des gestes barrières facilement applicables et en respectant des mesures de distanciation sociale, il est possible de pratiquer le cyclisme, sans s’exposer soi-même ou exposer les autres à un risque de contamination. »

Cela n’a aucun sens. Soit chacun roule seul et ne contamine personne, soit il y a une activité de club, d’accueil, quelle qu’elle soit, et il n’y a pas de distanciation sociale. La FFC prétend « démontrer », mais elle ne démontre rien, car il n’y a rien à démontrer.

Le cyclisme, par définition, est un sport de promiscuité sociale. Chacun a en tête les images de pelotons cyclistes, que ce soit en course ou à l’entraînement par petits groupes sur les routes de campagne. Rien n’est plus important dans le sport cycliste que l’abri, c’est-à-dire le fait de pouvoir s’abriter du vent derrière ou à côté d’un adversaire, un coéquipier, un partenaire d’entraînement. Cela exige une proximité immédiate, faisant que l’on se touche régulièrement le coude, la roue, le guidon, que les gouttelettes de transpiration, de salive, circulent de manière particulièrement importante entre les coureurs.

Il est donc complément mensonger de la part de la FFC de prétendre ensuite :

« C’est pourquoi, il nous paraît fondamental de pouvoir organiser nos compétitions, dans le respect des mesures sanitaires définies par l’État, le plus rapidement possible. »

Ou encore :

« Aussi, pour la reprise, et lorsqu’il sera temps, nous travaillons à trouver de nouveaux formats d’épreuves qui pourront intégrer les contraintes sanitaires. »

Cela n’a aucun sens, il est impossible d’organiser une course cycliste en respectant les règles de distanciation sociale… à moins de n’organiser que des épreuves de contre-la-montre ou de poursuite individuelle sur piste, mais dans ce cas autant le faire sur home-trainer depuis chez soi sur une plateforme numérique… Ce qui est en fait déjà fait par beaucoup de cyclistes pendant le confinement.

La compétition sportive est une activité sociale d’une importance majeure et cela mérite des décisions claires, rapides, précises de la part des autorités, dans l’intérêt des sportifs et par respects pour toutes les structures sportives. La FFC par contre, avec ses mensonges, avec ses exigences d’enfant gâté, n’aide en rien.

Elle ne fait qu’ajouter de la frustration, de la confusion, elle participe pleinement à la décomposition du corps social, au profit de l’individualisme le plus méprisable. En assumant vouloir reprendre les compétitions le plus vite possible, elle assume le refus de la distanciation sociale et banalise ce refus. C’est très grave, presque criminel tant on sait qu’un tel scenario généralisé engendrerait forcément une seconde vague épidémique, avec son lot de mort et de malades graves dans des régions très peu touchées encore.

Le discours des dirigeants de la FFC est en fait l’expression d’une petite-bourgeoisie paniquée, sombrant dans le mensonge, la mauvaise foi et le mépris de toute perspective sociale, collective.

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Société

«Covid 19- soutien aux peuples autochtones de Guyane»

Voici le texte pour un cagnotte Leechi par la Fédération Lokono de Guyane (FLG) :

[retrouvez la cagnotte ici -> leetchi.com/c/covid-19-soutien-aux-peuples-autochtones-de-guyane ]

« Covid 19- soutien aux peuples autochtones de Guyane

À l’initiative des amérindiens et amérindiennnes de la Fédération Lokono de Guyane (FLG), nous lançons une cagnotte pour soutenir nos frères et sœurs amérindiens dans la lutte contre le virus Covid 19.

ÉTAT DE LA SITUATION EN GUYANE.

La région Guyane compte actuellement 96 cas confirmés de covid 19. Le village amérindien Cécilia, qui en compte près d’une vingtaine, est le premier village mis en quarantaine par arrêté du Préfet de Région en date du 9 avril 2020. En raison de notre mode de vie en communauté, le virus s’est propagé rapidement. Dans l’urgence le village, qui a dû etre placé en quarantaine, n’a pas pu se préparer, les habitants n’ont donc pas pu faire leurs réserves alimentaires, d’où la nécessité d’un ravitaillement.

En complément de l’aide de la mairie de Matoury, le village amérindien de Sainte Rose de Lima, en signe de soutien et de solidarité, s’est rapidement organisé et a réussi à lever des fonds pour les approvisionner. Bien que l’aide ait été appréciée, ce n’était malheureusement pas suffisant pour un village de près de 300 habitants.

À ce jour, distribution de masques en quantité très limitée, des tests de dépistage seulement pour les villageois présentants des symptômes, des villages inquiets, les amérindiens stigmatisés.

Nous n’imaginons pas la situation si le virus venait à se propager.

Nous nous devons donc d’anticiper, d’agir et de prévenir la propagation du virus chez nous ainsi que dans les autres villages. Les mesures prises par l’état sont importantes, mais demeurent insuffisantes et ne nous rassurent pas.

C’est pour cela que nous nous mobilisons aujourd’hui en faisant appel à la solidarité et à la générosité de tout un chacun, en lançant cette cagnotte. Nous vous remercions d’avance pour vos contributions.

NOTRE OBJECTIF.

Aider les différents villages amérindiens en achetant et en distribuant au plus vite:

– des produits de premières nécessités aux personnes dans le besoin.

– achat et/ou fabrication de masques en tissu et de gants pour les personnes dans le besoin.

NOTRE PLAN D’ACTION.

– Lister les besoins alimentaires des familles, surtout pour les enfants en bas âge (nourriture, hygiène, etc…)

– Mise en place de médiateurs autochtones de la FLG pour soutenir les équipes de prévention.

– Distribution des produits vers les villages voisins.

– Combattre l’isolement en s’assurant que les villages bénéficient d’infrastructures au niveau des communications. (téléphone, internet).

QUI SOMMES-NOUS ?

La fédération Lokono de Guyane est une association loi 1901 créée en 2008. Elle a pour objectifs de défendre les intérêts collectifs des amérindiens de Guyane, notamment en matière de développement culturel, social, environnemental et économique. Les Lokono (Arawak) sont une des six nations amérindiennnes (Kali’na, Paykweneh, Teko, Wayãpi, Wayana) présentes en Guyane.

Liens renvoyants à la situation des villages amérindiens.

https://youtu.be/Cez8ujiluww

https://la1ere.francetvinfo.fr/guyane/centre-littoral/coronavirus-les-villages-amerindiens-de-macouria-et-de-matoury-s-isolent-volontairement-pour-prevenir-toute-propagation-du-virus-chez-eux-823150.html

https://www.facebook.com/federationlokonodeguyane/ »

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Société

Il y a un an périssait le docteur Richard ‎Mouzoko, héros de notre temps

Il y a un an, on apprenait que le docteur Richard ‎Mouzoko avait péri peu auparavant, le 19 avril, alors qu’il combattait l’épidémie d’Ebola. Il a été la victime de groupes armés niant cette épidémie et agissant dans un esprit de pillage de manière régulière contre les infrastructures sanitaires en République Démocratique du Congo. À rebours des millionnaires liés à la superficialité capitaliste, voilà les véritables héros de l’ombre au service du peuple, envers et contre tout.

Voici le parcours de Richard ‎Mouzoko présenté par l’Orgaisation Mondiale de la Santé ; un livret d’au revoir est également en ligne.

Une vidéo prise depuis un téléphone mobile lundi dernier a immortalisé le docteur Richard Valery Mouzouko Kiboung et ses collègues en train de célébrer son quarante-deuxième anniversaire à Maroua, dans la région de l’Extrême-Nord au Cameroun. Malheureusement, c’était là son dernier anniversaire. Le 19 avril, il a été tué alors qu’il participait à la riposte contre l’épidémie d’Ebola à Butembo, en République démocratique du Congo (RDC).

Richard était toujours prêt à se rendre là où on avait le plus besoin de lui. Il travaillait régulièrement 15 à 20 jours par mois dans des communautés isolées de son pays natal, le Cameroun, loin de sa femme, Friquette, et de leurs quatre enfants.

Passionné par la santé publique, il a suivi une formation de médecin au Cameroun avant d’étudier à l’Institut de médecine tropicale (IMT) d’Anvers, en Belgique, où il a obtenu un master, puis un doctorat. Il a ensuite poursuivi des études postdoctorales. La Dre Veerle Vanlerberghe, sa directrice de thèse à Anvers, a déclaré: « Il se préoccupait énormément des plus vulnérables… Il était toujours désireux d’apprendre de nouvelles méthodes et de les appliquer dans la lutte contre les maladies qui foisonnent sur son continent. » (lire l’hommage de l’IMT.).

Par la suite, il s’est mis au service des communautés vulnérables: réfugiés, personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays et populations nomades. Il a entrepris des recherches sur des maladies comme la fièvre jaune, la rougeole, la poliomyélite, la méningite, le tétanos néonatal et l’infection à virus Ebola, et a dirigé de nombreuses campagnes de vaccination dans de multiples pays.

Richard n’a jamais cessé d’apprendre, et il est lui-même devenu un professeur dévoué qui animait des formations à l’intention de centaines de jeunes médecins et d’agents de santé. D’ailleurs, il excellait dans l’art de communiquer. Il maîtrisait huit langues: outre le français et l’anglais, il parlait les langues locales utilisées au Cameroun comme l’ewondo, le bafia, le haoussa, le bulu, le douala et le bassa.

Ses collègues évoquent son humilité et son altruisme, sa gentillesse et son dévouement envers autrui, son professionnalisme et son sens du devoir.

Les paroles qui suivent, recueillies auprès de quelques-uns de ses plus proches collaborateurs, montrent combien Richard a compté pour eux.

« Richard occupait la chambre attenante à la mienne dans notre hôtel à Butembo. Il aimait que tout soit ordonné autour de lui, même au milieu du chaos dans lequel nous exercions. Souvent, quand je revenais du travail et que je le trouvais en train de nettoyer sa chambre, je lui demandais s’il n’était pas trop fatigué pour cela, après tout le travail qu’il avait accompli sur le terrain. Il se contentait alors de sourire. Il était toujours ordonné, calme et très à l’écoute. » — Bienvenue Onjoh, Programme de contrôle et de prévention des infections, Butembo.

« Richard était comme un grand frère. Régulièrement, il m’envoyait des offres d’emploi en me disant: “As-tu reçu mon message, petite sœur? Tu dois poser ta candidature.” » — Soterine Tsanga, chargée de communication au Bureau du Cameroun; elle a aussi été affectée en RDC où elle travaillait en étroite collaboration avec Richard.

« Il m’interdisait de manger trop de viande. Richard m’apportait des carottes chaque samedi. En échange, je lui enseignais le swahili. Le premier mot qu’il a appris, c’était pole pole, ce qui signifie: doucement. Il m’interrompait souvent quand je parlais trop vite; de sa voix douce, il disait: “Liliane: pole pole !” Il était comme un père pour moi. » — Liliane Soki Musavuli, OMS, Butembo.

« C’est difficile pour moi d’accepter la disparition de notre collègue, ami et frère. Il avait de la compassion pour autrui, une honnêteté sans faille, un sens aigu du devoir et une foi profonde. Richard faisait preuve d’un professionnalisme incomparable. » — Irène Yakana Emah, Présidente de l’Association du personnel de l’OMS au Cameroun.

« Richard était humble, sociable et toujours prêt à voler au secours de son prochain. Je n’ai pas été surpris quand il m’a informé qu’il partait exercer en RDC. C’était un vrai professionnel, un excellent chef d’équipe qui savait créer autour de lui une atmosphère chaleureuse pour laisser s’exprimer les meilleures qualités des membres de son équipe et de ses collaborateurs. Richard est mort en poursuivant la quête constante de servir son prochain qui était la sienne, comme il s’y était engagé en prononçant le serment d’Hippocrate. Il vivra à jamais dans nos cœurs et il restera un exemple d’abnégation. » — Dr Marcellin Nimpa, chargé de la surveillance au Bureau de l’OMS de Madagascar.

« Je me souviens très bien lorsque Richard m’a contacté en février pour m’annoncer qu’il allait à Butembo. J’avais de lui l’image d’un collègue zélé, à la voix douce, qui avait soif de résultats. Nous avons travaillé ensemble à l’OMS pour soutenir les efforts du gouvernement camerounais en vue d’éradiquer la poliomyélite. Son décès est une perte immense pour le Cameroun et plus particulièrement pour sa famille. Il restera notre héros. » — Dr Gérald Sume, OMS Nigéria.

https://www.youtube.com/watch?v=AjuHY_UceI0

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Société

L’incohérence de la ministre des sports Roxana Maracineanu

La ministre des sports Roxana Maracineanu avait un aplomb incroyable pour faire quelques annonces sur Eurosport hier soir. Le plus tranquillement du monde, elle expliquait ne rien savoir de précis, pour ne surtout doucher aucune illusion, tout en laissant bien évidemment entendre que rien ne sera possible avant longtemps pour les compétitions sportives.

C’est avec un certain cynisme et une grande malhonnêteté vis-à-vis du monde sportif amateurs et professionnel, ainsi que leurs spectateurs, que Roxana Maracineanu est intervenue à la télévision. C’était d’ailleurs en privé, sur une chaîne accessible seulement aux abonnés de Canal +, donc de manière tout ce qu’il y a de plus anti-démocratique.

Or, le sport n’est que du sport évidement, il n’est pas la « priorité » bien sûr, mais il reste néanmoins une part importante de la vie du pays, et particulièrement de la vie des masses populaires les plus avancées sur le plan social. Il y a des milliers de structures amateurs, semi-pro ou même de petites structures professionnelles, qui sont d’une grande complexité, avec des mises en œuvre ayant des répercussions immenses.

Rien que pour les sportifs eux-mêmes, l’engagement sportif est très grand, touchant au plus profond de son intimité. Une telle suspensions des compétitions sportives est très perturbante psychologiquement, socialement, culturellement. Il faut donc des réponses claires.

Roxana Maracineanu, une arriviste au style néo-bourgeois condescendant, ne les fournit cependant pas. D’un côté, elle botte en touche en disant que le sport « ne sera pas prioritaire » dans la société et qu’il ne le sera pas pour le gouvernement. Sauf que ces affirmations ne relèvent d’aucun cadre clair et bien défini, comme aux Pays-Bas où les compétitions sportives ont toutes officiellement été reportées jusqu’à au moins après septembre. En France, tout reste très vague, rien n’est assumé.

Les choses sont pourtant simples et claires. Tant qu’aucun vaccin ou médicament n’existe, ou alors que le virus ait muté de lui-même pour s’affaiblir, ou bien n’importe quelle autre situation imaginable changeant la donne, tant qu’il n’y a pas cela, il faudra continuer la distanciation sociale. Celle-ci s’organisera, s’organise, tant bien que mal, au travail ou pour l’école, mais cela ne sera pas possible pour les compétitions sportives.

Les cyclistes ne feront pas le Tour de France avec des masques et comme l’a bien expliqué le coureur Romain Bardet, il y aurait quelque-chose d’étrange à prendre le risque de faire circuler tranquillement le virus sur les routes de France au mois de septembre si la situation n’a pas évolué drastiquement.

Le football professionnel, de par sa puissance financière, s’imagine encore capable de forcer les choses pour finir le championnat. Seulement, tout cela reste encore bien hypothétique, même s’il a copié le modèle allemand. En Allemagne, où le football professionnel a quasiment obtenu sa reprise, la fédération allemande table ainsi sur pas moins de 20 000 tests, avec tout un protocole très lourd. Le football professionnel français veut faire de même, avec 50 000 tests.

Naturellement, tout cela est considérée comme une provocation par rapport au besoin de tests pour des choses plus importantes, par rapport au public dans les stades qui se voit considéré comme facultatif, ainsi que par rapport à la sécurité sanitaire.

En fait, toute personne raisonnable sait bien qu’il n’est pas possible de reprendre les compétitions sportives cet été. C’est simplement logique. Mais le ministère des sports laisse pourtant planer de vains espoirs. Il laisse Denis Masséglia, président du Comité National Olympique et Sportif Français, faire circuler des propos hallucinés disant qu’il discute avec le gouvernement et que des choses seraient possibles, éventuellement, peut être, si jamais, etc.

Il abandonne simplement les dirigeants des clubs amateurs complètement désemparés, obligés de s’accrocher à des hypothèses improbables, etc. Tout cela va engendrer une frustration énorme dans la société : cette partie sociale n’est pas visible de prime abord, mais elle est immense ! Et c’est d’autant plus grave que le gouvernement peut inversement chercher à compenser en bafouant les règles sanitaires, en espérant que tout va bien, simplement pour éviter de l’agitation sociale…

Ici, dans tous les cas, l’absence d’État réellement social, c’est-à-dire étant la société elle-même, fait payer un prix terrible au peuple.

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Politique

L’intervention du 19 avril 2020 du premier ministre Édouard Philippe

D’un côté, Emmanuel Macron presse le déconfinement pour se donner une bonne image. De l’autre, le premier ministre gère la réalité. La situation est intenable.

Le premier ministre Édouard Philippe a un triste rôle : celui de chercher à temporiser. Le président Emmanuel Macron fait des promesses sur un ton lyrique et lui passe derrière pour dire qu’en fait… on ne sait pas, ou en tout cas pas comme ça. Car le problème de fond est simple : tant qu’il n’y a pas de vaccin, cela sera la distanciation sociale. Édouard Philippe répond donc sans répondre.

Un plan complet ? « Ce n’est pas le moment. » Le 11 mai comme retour à la normal ? « Pas tout de suite et probablement pas avant longtemps. » Le port du masque obligatoire dans les transports en commun après le 11 mai ? « Probable. » La réouverture des écoles le 11 mai, sur quel mode ? « On peut imaginer beaucoup de choses. » Le second tour des municipales en juin ? « Peut-être, mais je ne sais pas. »

Là pour le coup c’est explosif et Marine Le Pen se frotte les mains. Elle a en effet expliqué au sujet des élections :

« Je ne suis pas sûr que septembre soit la meilleure date, pour une raison simple, c’est que nous serons dans une situation de grave crise économique et ce sera l’urgence du moment ».

Et de fait elle demande des élections en mars 2021, histoire d’avoir récolté les voix entre-temps !

Car la situation est malheureusement simple, dans l’état actuel des choses. S’il n’y a pas une vraie vague de lutte de classes, alors ce sera soit la stabilité crispée d’Emmanuel Macron, soit le populisme agressif de Marine Le Pen avec une voie royale vers le militarisme, le fascisme. On semble tout à fait mal parti, très mal parti.

Il faudrait une Gauche capable, dans le cadre de la crise sanitaire, de poser des principes stricts, de montrer qu’il y a une capacité étatique de gérer, mais il n’y a rien. La Gauche est hors-jeu. Et ne parlons pas des anarchistes, de l’ultra-gauche… qui ont la même mentalité que les partisans de Donald Trump : le confinement serait un empiétement de l’État sur les droits, etc.

De plus, il faudrait pour que la Gauche avance que les Français aillent dans un sens ou dans un autre. Or, là on a bien d’un côté des capitalistes qui poussent au déconfinement et de l’autre des travailleurs rageant de la situation où ils sont au front : 70 % d’entre eux travaillent !

Mais le souci est que dans l’opinion publique, la tendance qui prime dépasse la lutte de classes et elle est incohérente : les gens ne croient pas du tout en le déconfinement promis, mais ils veulent y croire car ils en ont assez !

Cette double opposition est quelque chose définissant la France en ce moment. C’est cela qui définit les mentalités, les attitudes, les comportements, les raisonnements… Et cela n’apporte rien à la Gauche, qui est obligé d’attendre la prochaine étape.

Seulement tout va aller de plus en plus vite, et la crise va être de plus en plus profonde. Le tissu social français va se déchirer, tout va être d’une immense brutalité et le peuple est totalement déconnecté de la réalité, il ne comprend pas ce qui va lui tomber dessus.

Les responsabilités de la Gauche sont donc immenses. Si elle se rate, elle ne s’en relèvera pas.

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Société

Villeneuve-la-Garenne : le désemparement de l’État face au cannibalisme social

Un homme a été blessé à Villeneuve-la-Garenne en banlieue parisienne après avoir percuté la portière d’une voiture de police, alors qu’il roulait à contre-sens sur une piste cyclable, sans casque, à toute allure, de nuit, sur une moto très bruyante. Qu’un tel comportement anti-social soit possible, et récurent, montre une grande faiblesse de la part de l’État, alors que nous sommes dans une période nécessitant la plus grande discipline collective et le plus strict respect des consignes sanitaires pour préserver les personnes âgées et fragiles.

Faut-il être complètement arriéré pour, à 30 ans, en plein confinement sanitaire, « s’amuser » à faire des aller-retours en moto la nuit à pleine vitesse, sans aucune considération pour qui que ce soit ? Et dire que cet homme a le toupet de porter plainte contre la police, comme l’a annoncé le populiste Taha Bouahafs ayant parlé avec l’avocat…

On a affaire ici à ce qu’il faut qualifier de véritable cannibalisme social, consistant en le mépris total pour toute perspective collective, pour toute considération sociale. Le vrombissement insupportable des moto-cross, des mini-motos et des quads est l’illustration sonore habituelle de ce mépris pour les autres, y compris pendant le confinement. Surtout pendant le confinement.

Les habitants des quartiers HLM se retrouvent alors complètement désemparés, abandonnés par un État incapable de faire respecter les règles de vie commune les plus élémentaires. Ces derniers jours, des attaques délibérées contre la police ont été recensées dans de nombreuses cités, comme avec ce guet-apens contre des motards de la police filmé à Hem dans le Nord. Il y a eu des incidents de ce type à Chanteloup-les-Vignes, à Grigny, au Val Fourré, à Trappes, à Villiers-sur-Marne, à Bordeaux, à Évreux ou encore au Havre, en plein confinement donc.

Le chiffre donné par la police du nombre de verbalisations pour non-respect des autorisations de sortie est d’ailleurs monstrueux : plus de 800 000, pour 13,5 millions de contrôles. Comment l’État peut-il prétendre que le confinement est bien respecté par la population française avec un tel chiffre ?

À Villeneuve-la-Garenne, il y a eu après la chute du délinquant à moto (qui est de surcroît sous contrôle judiciaire depuis le 16 mars pour menaces de mort d’après la presse), un attroupement de plusieurs dizaines de personnes menaçant la police, filmant de manière hargneuse en prétendant qu’une jambe était arrachée, etc. S’en est suivi dans la journée de dimanche le cinéma habituel sur les réseaux sociaux avec une dénonciation des « violences policières », allant jusqu’à la diffusion de la photo d’un des policiers et à des appels à la vengeance.

Il existe ainsi en France toute une attitude, tout un réseau de gens, valorisant ou défendant ce cannibalisme social, justifiant cela par tout et n’importe quoi. La palme de l’indécence revient certainement ici à Mélanie Luce, la présidente de la moribonde Unef (le syndicat étudiant historiquement lié à la Gauche), qui a trouvé opportun de faire ce commentaire stupide :

«  #VilleneuveLaGarenne Encore, encore et encore. Le #confinement ne justifie ni tabassage, ni perte de membre, ni mort. Marre de ces #ViolencesPolicieres qui se répètent ds les quartiers populaires, souvent sur les personnes racisées.

@gouvernementFR

à quand 1 vraie réponse?  »

Le confinement pour préserver la santé des personnes les plus fragiles semble donc à ses yeux moins important que la fracture à la jambe (soignée dans les heures suivantes) d’un délinquant cassant les oreilles de tout le monde en pleine nuit.

La victimisation petite-bourgeoise, de type postmoderne, montre ici son visage anti-populaire, au service du cannibalise social.

La Gauche, si elle ne veut pas se faire broyer par le mouvement de l’Histoire, doit absolument se débarrasser de ces usurpateurs comme Mélanie Luce qui pourrissent de l’intérieur toutes les questions démocratiques, tous les combats populaires. La Gauche, c’est la haine des comportements anti-sociaux, d’où qu’ils soient, du bas de la société ou de ses plus hautes sphères.

Et même encore plus quand c’est en bas de la société, car sans le socialisme le peuple bascule dans l’ignorance, la déchéance morale, l’aliénation, le désespoir…

Face à une telle décomposition sociale, et en pleine crise sanitaire, il faut un État fort, s’appuyant solidement sur les classes populaires car étant leur expression directe,  avec comme seule boussole l’intérêt collectif.

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Société

Séquence lunaire et dramatique de Luc Montagnier sur Cnews

Le professeur Luc Montagnier, prix Nobel de médecine en 2008 pour ses travaux sur la définition scientifique du VIH, a été utilisé de manière racoleuse au plus haut degré par les animateurs de la chaîne CNews en mal de sensation forte. Face à de telles personnes jouant sur l’irrationnel et les peurs de l’opinion publique, la société devrait répondre de la manière la plus sévère qu’il soit.

Pascal Praud est un formidable animateur de notre époque, au sens où il est un brillant comédien. Ce qu’il pense, on ne le sait pas, mais il a un rôle tout à fait défini et il le joue admirablement. C’est le rôle du sceptique oscillant entre questions béates et réponses cyniques, pour forcer à ce que soit exprimé des choses marquantes.

La démarche est évidemment commerciale de bout en bout et Pascal Praud est ici un simple outil. Le 16 avril il lançait ainsi :

« Quand j’entends les professeurs, qui ne vont pas aider Emmanuel Macron le 11 mai prochain – parce que les profs ne vont pas l’aider – dire qu’ils ne vont pas rentrer parce que la sécurité, parce que le sanitaire, parce que ceci, etc… Il y aura toujours des bonnes raisons de ne pas rentrer (…).

Alors je ne vais pas me faire des amis en disant ça, mais à un moment, globalement les profs, faut y aller ! Il faut y aller le 11 mai. Mais je vous dis qu’ils ne l’aideront pas ! »

Le passage du professeur Luc Montagnier dans son émission dépasse pourtant ce cadre déjà dégoûtant, en passant dans l’infâme. Le tout sans aucun respect pour les consignes de distanciation sociale sur le plateau. La séquence est lunaire et dramatique. Le professeur, très âgé, est débordé, dépassé, sciemment utilisé pour aller dans le sens de remarques frappantes, traumatisantes, bref allant dans le sens de l’utilité pour une chaîne d’infos en mal de « buzz ».

https://www.youtube.com/watch?v=ZVSN1D5TwOQ

Si cela a été possible, c’est que Luc Montagnier, c’est comme Didier Raoult : des intuitions lumineuses mélangées à des conceptions irrationnelles dues à l’incompréhension de ce qu’ils comprennent. C’est là le défaut d’une absence d’une vue d’ensemble ou, pire, de la présence d’éléments seulement d’une vue d’ensemble.

Les propos les plus décalés des scientifiques ne tombent pas du ciel : ils sont une réponse déformée à ce qui est vu mais incompris dans ses fondements. Par exemple, Didier Raoult a bien compris que les statistiques rataient le réel, que même les expériences menées en série rataient le mouvement réel des choses. Mais il ne sait pas pourquoi donc bascule dans une démarche rupturiste anti-rationnel.

De la même manière, Luc Montagnier a déversé sur Cnews une série d’absurdités mêlée à des remarques de la plus haute pertinence. Bien malin celui qui trie le bon grain de l’ivraie.

Luc Montagnier dit la chose suivante :

a) il y aurait selon lui des fragments d’ADN du VIH dans le génome de SARS-CoV-2 ;

b) il pense que cela proviendrait de tests pour mettre au point un vaccin contre le SIDA ;

c) comme ce virus n’est pas naturel, la nature va s’en débarrasser à terme, car il est artificiel et non viable ;

d) on peut essayer d’utiliser des ondes pour détruire en attendant la maladie et il y a un rapport avec les ondes 5G utilisés massivement à Wuhan, qui auraient renforcé la maladie.

Le point c) est d’une intelligence rare et c’est la preuve que la nature est comprise comme système : c’est tout à fait matérialiste. Le point d) relève par contre lui de la science-fiction dans l’état actuel des choses.

Le point b) est le fétichisme du chercheur en laboratoire et le point a) une illusion. Pourquoi ? Car même en admettant qu’il ait raison, rien ne dit que cela ne peut pas être naturel, ce qu’ont d’ailleurs constaté les autres chercheurs, qui pensent même qu’il y a trop peu d’éléments pour prouver inversement que cela ne le serait pas.

Luc Montagnier sous-estime ici la richesse du mouvement naturel, parce qu’il la voit statiquement et cela ruine toute son approche. D’où son basculement dans la logique complotiste : on sait mais on veut pas dire que cela vient du laboratoire P4 de Wuhan, etc.

Le timing rend tout cela encore plus encore plus douteux, puisque c’est précisément au moment où nombre de médias américains pro-Trump affirment cela, afin de dédouaner celui-ci par rapport à son échec dans la réponse sanitaire.

Et quand bien même il aurait raison sur tout, comme Didier Raoult, la formulation de ces thèses, le mode de présentation, les attitudes accompagnent celle-ci, tout cela confine à l’absurde. Le passage de Luc Montagnier à Cnews, avec celui-ci passant à côté des questions, répétant ses propos comme un disque rayé et visiblement ravi de les dire… est une farce mais surtout un drame.

Nous avons besoin d’une société socialiste rien que déjà pour que les responsable de cette triste farce aient des comptes à rendre.

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Politique

Une tribune hallucinée de maires de gauche en faveur du déconfinement

La tentative de déborder Emmanuel Macron conduit certains maires de gauche à une démarche hallucinée. Il faudrait que les municipalités soient en première ligne pour un déconfinement dès le 11 mai. C’est absurde ou manipulatoire.

Dans une tribune, des maires franciliens de gauche disent qu’ils sont prêts à gérer les mesures mises en place en théorie le 11 mai. Les maires listent les masques pour les écoles, les tests de dépistages, les moyens financier, la gestion des cas signalés.

Les signataires de la tribune sont soit des menteurs soit des naïfs complets. Ces maires prennent en effet très au sérieux le déconfinement et cherchent à déborder Emmanuel Macron en disant qu’ils sont prêts à être en première ligne, si l’État les soutient.

Soit ils y croient vraiment et à ce moment là ils sont d’une naïveté confondante. Soit ils n’y croient pas, tablant sur la déception, et là c’est du machiavélisme le plus ignoble.

Soit ils y croient et servent le capitalisme qui veut redémarrer le plus vite, en force. Ils sont alors à dénoncer. Soit ils n’y croient pas, imaginant qu’il n’y ait pas ces moyens ou que la date de déconfinement sera repoussé… Et alors ils sont manipulateurs. Ils sont alors à dénoncer également.

Il faudra se souvenir d’eux le 11 mai !

« Depuis le début de la crise sanitaire épidémique, les élus locaux – en première ligne pour protéger leurs populations – ne cessent de constater que les ravages du coronavirus frappent les plus fragiles. Nos personnes âgées sont les premières à en mourir, si elles ne sont pas condamnées à vivre le confinement dans la solitude. Dans nos villes, s’exacerbe l’agacement qui oppose ceux qui observent strictement les règles de confinement, à ceux qui s’en affranchissent trop facilement, au risque de mettre en danger leurs vies et celles des autres.

On ne compte plus dans notre Région les cas de familles recluses dans quelques mètres carrés et désormais privées d’activités de plein air en journée. Et que dire de celles et ceux qui n’ont pas toujours pas accès à une connexion internet satisfaisante ou une imprimante pour suivre la continuité des cours mis en place par nos professeur.e.s pour nos enfants. Lundi dernier, le président de la République a annoncé sa volonté de voir la vie des Français reprendre progressivement son cours à partir du 11 mai prochain. Comme trop souvent depuis le début de la crise, ses annonces ont été éclipsées dès le lendemain par les propos ambigus voire même contradictoires de certains ministres.

Pourtant, pour les Français, le 11 mai est tout sauf théorique. C’est un objectif, et pour l’atteindre, un travail concerté entre l’État et les collectivités locales est nécessaire. Pour le réussir, nos Villes sont devenues de l’aveu même du chef de l’Etat incontournables. Et il est vrai que nous prenons – depuis le début de la crise – plus encore que notre part dans la préparation du « déconfinement ».

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Dans de nombreux territoires la résilience face à la crise doit beaucoup au services municipaux mais aussi à de nombreux volontaires qui ont donné de leur temps

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Pourtant, les communes ne sont pas toutes égales devant ce fléau, certaines doivent être plus aidées que d’autres. Les services de l’État et des moyens supplémentaires doivent y être déployés pour qu’elles soient prêtent le 11 mai. Dans de nombreux territoires la résilience face à la crise doit beaucoup au services municipaux mais aussi à de nombreux volontaires (agents, citoyen.ne.s, élu.e.s, associations) qui ont donné de leur temps pour des missions de soutien sanitaire auprès des personnes isolées ou en difficulté.

  • D’ici au 11 mai, nous sommes prêts à mettre à disposition de nos écoles, des protections sanitaires (masques, gels,…) contre le COVID-19 pour que les enfants puissent reprendre les chemins du savoir… si l’État nous accompagne.
  • D’ici au 11 mai, nous sommes prêts à organiser la mise en œuvre concrète d’un dépistage massif de nos populations, pour qu’elles puissent se rendre au travail…si l’État nous accompagne.
  • D’ici au 11 mai, nous sommes prêts à débloquer des fonds de secours à destination de nos petits commerces de proximité pour sauver le plus possible d’emplois…si l’État nous accompagne.
  • D’ici au 11 mai, nous sommes prêts à organiser la gestion des cas signalés d’infections – pour permettre de les suivre avec précision, proximité et humanité – sans que nous ayons à recourir à des technologies intrusives… si l’État nous accompagne.

Alors que 73% des Français conservent aux Maires leur confiance pendant la crise, il est temps pour l’État d’accorder enfin la sienne aux Maires. Bien plus qu’une coopération, c’est un principe d’action commune qui s’impose désormais entre l’État et nos Villes. A la subordination doit désormais succéder la coordination. A la dépendance doit désormais succéder l’autonomie. A la défiance, doit désormais succéder la confiance. Pourtant, depuis le début de cette crise sans précédent, les initiatives locales n’ont pas été assez soutenues, quand elles n’ont pas été tout simplement freinées par l’État.

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Nous pouvons collectivement réussir le déconfinement du 11 mai… si l’État nous accompagne

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L’achat de masques ou la mise en place de mesures barrières spécifiques à l’environnement local n’ont pas toujours été comprises par les services préfectoraux. Il devient urgent de coordonner nos initiatives et de les porter collectivement quand cela est possible. Aussi, nous proposons sans plus attendre de créer une « Coordination Bouclier Anti-Covid » des maires franciliens, pour que notre région s’arme pour : – Lutter contre les effets sanitaires, sociaux et économiques du virus – Pour mutualiser les bonnes pratiques locales d’accompagnement des habitants durant le confinement – Pour préparer les mesures qui rendront possible le déconfinement et permettront d’accompagner ses conséquences économiques et sociales.

Cette Coordination aura vocation à présenter au Gouvernement un Livre blanc – dans les prochaines semaines – qui recensera nos bonnes pratiques locales pour lutter contre l’épidémie et pour préparer la société de l’après-Covid. Il listera aussi l’ensemble des besoins de nos Villes pour réussir le déconfinement. Enfin, nous rappelons que pour retrouver une liberté plus grande dans nos déplacements, un plan sanitaire d’envergure – masques, tests, lits de réanimation supplémentaires – sera indispensable pour ne pas surcharger à nouveau nos hôpitaux. Oui, nous pouvons collectivement réussir le déconfinement du 11 mai… si l’État nous accompagne.

Les signataires :

Alfortville – Luc CARVOUNAS
Arcueil – Christian MÉTAIRIE
Boissy-Saint-Léger – Régis CHARBONNIER
Bondy – Sylvine THOMASSIN
Bonneuil-sur-Marne – Patrick DOUET
Cachan – Hélène de COMARMOND
Créteil – Laurent CATHALA
Fontenay-Sous-Bois – Jean-Philippe GAUTRAIS
Fresnes – Marie CHAVANON
Gonesse – Jean-Pierre BLAZY
Lognes – André YUSTE
Nanterre – Patrick JARRY
Orsay – David ROS
Paris Vallée de la Marne – Paul MIGUEL
Pontault-Combault – Gilles BORD
Sarcelles – Patrick HADDAD
Vitry-sur-Seine – Jean-Claude KENNEDY »