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Il y a un an périssait le docteur Richard ‎Mouzoko, héros de notre temps

Il y a un an, on apprenait que le docteur Richard ‎Mouzoko avait péri peu auparavant, le 19 avril, alors qu’il combattait l’épidémie d’Ebola. Il a été la victime de groupes armés niant cette épidémie et agissant dans un esprit de pillage de manière régulière contre les infrastructures sanitaires en République Démocratique du Congo. À rebours des millionnaires liés à la superficialité capitaliste, voilà les véritables héros de l’ombre au service du peuple, envers et contre tout.

Voici le parcours de Richard ‎Mouzoko présenté par l’Orgaisation Mondiale de la Santé ; un livret d’au revoir est également en ligne.

Une vidéo prise depuis un téléphone mobile lundi dernier a immortalisé le docteur Richard Valery Mouzouko Kiboung et ses collègues en train de célébrer son quarante-deuxième anniversaire à Maroua, dans la région de l’Extrême-Nord au Cameroun. Malheureusement, c’était là son dernier anniversaire. Le 19 avril, il a été tué alors qu’il participait à la riposte contre l’épidémie d’Ebola à Butembo, en République démocratique du Congo (RDC).

Richard était toujours prêt à se rendre là où on avait le plus besoin de lui. Il travaillait régulièrement 15 à 20 jours par mois dans des communautés isolées de son pays natal, le Cameroun, loin de sa femme, Friquette, et de leurs quatre enfants.

Passionné par la santé publique, il a suivi une formation de médecin au Cameroun avant d’étudier à l’Institut de médecine tropicale (IMT) d’Anvers, en Belgique, où il a obtenu un master, puis un doctorat. Il a ensuite poursuivi des études postdoctorales. La Dre Veerle Vanlerberghe, sa directrice de thèse à Anvers, a déclaré: « Il se préoccupait énormément des plus vulnérables… Il était toujours désireux d’apprendre de nouvelles méthodes et de les appliquer dans la lutte contre les maladies qui foisonnent sur son continent. » (lire l’hommage de l’IMT.).

Par la suite, il s’est mis au service des communautés vulnérables: réfugiés, personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays et populations nomades. Il a entrepris des recherches sur des maladies comme la fièvre jaune, la rougeole, la poliomyélite, la méningite, le tétanos néonatal et l’infection à virus Ebola, et a dirigé de nombreuses campagnes de vaccination dans de multiples pays.

Richard n’a jamais cessé d’apprendre, et il est lui-même devenu un professeur dévoué qui animait des formations à l’intention de centaines de jeunes médecins et d’agents de santé. D’ailleurs, il excellait dans l’art de communiquer. Il maîtrisait huit langues: outre le français et l’anglais, il parlait les langues locales utilisées au Cameroun comme l’ewondo, le bafia, le haoussa, le bulu, le douala et le bassa.

Ses collègues évoquent son humilité et son altruisme, sa gentillesse et son dévouement envers autrui, son professionnalisme et son sens du devoir.

Les paroles qui suivent, recueillies auprès de quelques-uns de ses plus proches collaborateurs, montrent combien Richard a compté pour eux.

« Richard occupait la chambre attenante à la mienne dans notre hôtel à Butembo. Il aimait que tout soit ordonné autour de lui, même au milieu du chaos dans lequel nous exercions. Souvent, quand je revenais du travail et que je le trouvais en train de nettoyer sa chambre, je lui demandais s’il n’était pas trop fatigué pour cela, après tout le travail qu’il avait accompli sur le terrain. Il se contentait alors de sourire. Il était toujours ordonné, calme et très à l’écoute. » — Bienvenue Onjoh, Programme de contrôle et de prévention des infections, Butembo.

« Richard était comme un grand frère. Régulièrement, il m’envoyait des offres d’emploi en me disant: “As-tu reçu mon message, petite sœur? Tu dois poser ta candidature.” » — Soterine Tsanga, chargée de communication au Bureau du Cameroun; elle a aussi été affectée en RDC où elle travaillait en étroite collaboration avec Richard.

« Il m’interdisait de manger trop de viande. Richard m’apportait des carottes chaque samedi. En échange, je lui enseignais le swahili. Le premier mot qu’il a appris, c’était pole pole, ce qui signifie: doucement. Il m’interrompait souvent quand je parlais trop vite; de sa voix douce, il disait: “Liliane: pole pole !” Il était comme un père pour moi. » — Liliane Soki Musavuli, OMS, Butembo.

« C’est difficile pour moi d’accepter la disparition de notre collègue, ami et frère. Il avait de la compassion pour autrui, une honnêteté sans faille, un sens aigu du devoir et une foi profonde. Richard faisait preuve d’un professionnalisme incomparable. » — Irène Yakana Emah, Présidente de l’Association du personnel de l’OMS au Cameroun.

« Richard était humble, sociable et toujours prêt à voler au secours de son prochain. Je n’ai pas été surpris quand il m’a informé qu’il partait exercer en RDC. C’était un vrai professionnel, un excellent chef d’équipe qui savait créer autour de lui une atmosphère chaleureuse pour laisser s’exprimer les meilleures qualités des membres de son équipe et de ses collaborateurs. Richard est mort en poursuivant la quête constante de servir son prochain qui était la sienne, comme il s’y était engagé en prononçant le serment d’Hippocrate. Il vivra à jamais dans nos cœurs et il restera un exemple d’abnégation. » — Dr Marcellin Nimpa, chargé de la surveillance au Bureau de l’OMS de Madagascar.

« Je me souviens très bien lorsque Richard m’a contacté en février pour m’annoncer qu’il allait à Butembo. J’avais de lui l’image d’un collègue zélé, à la voix douce, qui avait soif de résultats. Nous avons travaillé ensemble à l’OMS pour soutenir les efforts du gouvernement camerounais en vue d’éradiquer la poliomyélite. Son décès est une perte immense pour le Cameroun et plus particulièrement pour sa famille. Il restera notre héros. » — Dr Gérald Sume, OMS Nigéria.

https://www.youtube.com/watch?v=AjuHY_UceI0

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Société

La crise du coronavirus 19 est-elle compréhensible virtuellement?

Le jeu vidéo multijoueurs World of Warcraft a connu un bug répandant une épidémie parmi les personnages virtuels. Un épidémiologiste a étudié la question et cela rappelle la différence essentielle entre virtuel et le réel.

Cela s’est déroulé en 2005 à l’occasion d’une mise à jour du jeu multijoueurs World of Warcraft, un grand classique du genre. Un article du Temps le raconte en détail. Il y a eu un nouveau donjon, Zul’Gurub, et lorsqu’on y entrait, on faisait face à « Hakkar l’écorcheur d’âmes », qui dans l’affrontement, pompe l’énergie des joueurs en les contaminant avec du « sang vicié ».

Les joueurs contaminés contaminent les autres, mais tout se termine normalement quand on quitte le donjon. Sauf que le jeu a intégré des « animaux familiers » et que les programmeurs ont oublié de prévoir leur décontamination automatique. La contamination s’est donc répandue, tuant des joueurs après qu’ils en aient eux-même contaminés d’autres, etc. Cela a duré un mois avant que les programmeurs ne se sortent de cette situation ingérable.

Beaucoup d’autres médias en ont parlé également, le déclencheur étant l’interview par PC Gamer de l’épidémiologiste Eric Lofgren il y a quelques jours. Celui-ci avait réalisé en 2007 une étude sur l’épisode du « sang vicié » dans le jeu, avec Nina Fefferman. L’idée est bien entendu de voir dans quelle mesure cela apporte des connaissances quant à l’évolution d’une épidémie. De plus, le rapport au coronavirus 19, c’est bien entendu notamment que la maladie est transmise par des animaux.

Cela est pourtant absurde. On a en effet le processus une fois qu’il a lancé, pas le processus à son point de départ. Et il n’y a pas de rapport entre le coronavirus 19 et un oubli de programmeurs. Ce qui est en jeu ici, c’est de savoir ce qu’est la science. La science est-elle une démarche empiriste, qui se fonde sur l’expérience seulement, et qui regarde les choses en détail quand elles sont-là ?

Ou bien la science c’est une certaine vision du monde, une conception de la réalité et de ses processus ? Les deux points de vue n’ont rien à voir. Dans le premier cas, on a la stratégie du chiffre. Il faut des données, des données, encore des données, toujours plus de données. On circonscrit les faits une fois qu’on les a, on les délimite, on les évalue avec des chiffres.

De l’autre, on s’intéresse aux faits mais en les intégrant dans un processus, dans un processus dont on chercher à percevoir les fondements. On regarde les tendances dans la réalité, pas les détails. On considère que les choses en mouvement sont issus de quelque chose. Oui, mais de quoi ? Le rôle de la science est de trouver.

La crise du coronavirus 19 pose la question de ce rapport à la science de manière aiguë. Qu’est-ce qu’un scientifique ? Peut-il calculer dans un laboratoire ? Ou bien doit-il chercher les tendances dans la réalité ? On a pu lire qu’une pandémie comme celle d’un coronavirus se produisant en Asie a pu déjà être prévu par la CIA dans les années 2000. La CIA évalue en effet les tendances, car elle craint les retombées. Paradoxalement, sa démarche a été plus scientifique que beaucoup de scientifiques qui, eux, attendent que les choses se passent pour essayer de les comprendre.

La science, la vraie, vise en effet à trouver les choses alors qu’elles ne sont pas encore là, car on comprend ce qui les fait naître. Il faut croire ici que les scientifiques sont pour la plupart devenus de simples consommateurs, incapable de comprendre le principe de production. Pour eux il n’y a pas de réalité produisant quelque chose. Il y a eux et des choses à évaluer. Quitte pour cela à charcuter des animaux lors d’innombrables expériences inutiles, menées par millions dans chaque pays chaque année.

Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. Et sans science sans conscience de la réalité se transformant n’est pas science du tout.

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Politique

Les inévitables ordonnances gouvernementales dans l’état d’urgence sanitaire

Les syndicats ont le droit de critiquer les ordonnances gouvernementales, et même c’est tout à fait leur rôle. Mais politiquement elles sont inévitables et c’est là que la limite des syndicats est patente.

Depuis plusieurs jours et surtout depuis le conseil des ministres d’hier, une large partie de la Gauche est vent debout contre les mesures des ordonnances, qui visent à enchaîner encore plus les travailleurs au travail. Réduction du temps de repos entre deux jours de travail, allongement de la durée de travail à 12 heures par jour, passage à 60 heures hebdomadaires…

Quand on est syndicaliste, c’est normal de dénoncer tout cela : c’est son travail syndical. Mais pourquoi diable tant de partis politiques de gauche s’empressent de dénoncer ces mesures pareillement ? C’est là ne pas comprendre la différence entre la politique et le syndicalisme.

Le syndicalisme a un horizon limité au travail concret dans les entreprises. Quand on lui dit : on met davantage de pression, il doit résister. C’est dans l’ordre des choses. Mais politiquement, toutes ces mesures sont en même temps inévitables. Même quand on est de gauche. Surtout quand on est de gauche.

Pourquoi ? Parce que ces mesures sont sociales, elles sont collectives. Ces ordonnances disent que la société dépasse les droits individuels. C’est tout à fait de gauche. Cela montre que l’État est obligé de rompre avec sa propre mise en perspective : il est obligé de socialiser.

Il y a bien entendu un souci : cette socialisation sera, à terme, la socialisation des pertes sur le dos des travailleurs. Et c’est là où la Gauche doit dire : oui à ces ordonnances, mais la bourgeoisie doit passer à la caisse pour tout cela. C’est là le rôle politique de la Gauche.

Que les syndicalistes ne veulent pas de politique, qu’ils refusent malheureusement de se soumettre à la Gauche politique, c’est leur défaut. Mais que la Gauche politique elle-même ne soit pas à la seule hauteur possible – celle de l’État – voilà qui ne va pas.

Encore faut-il vouloir assumer l’État. Le Monde a par exemple publié une tribune de l’avocat pénaliste Raphaël Kempf : « Il faut dénoncer l’état d’urgence sanitaire pour ce qu’il est, une loi scélérate ». C’est naturellement paranoïaque. Cependant, c’est dans l’ordre des choses pour un avocat qui fait son petit business de la dénonciation de l’État.

Seulement, la Gauche a autre chose à faire que de se plaindre. Soit elle veut assumer ses responsabilités, vouloir que tout le pouvoir lui revienne… Et donc dire : oui aux ordonnances, mais pas forcément comme cela et en plus la facture doit revenir aux classes dominantes.

Soit elle fait la même chose que les populistes et l’ultra-gauche, c’est-à-dire user de la démagogie arguant que les « flics » sont tous des pervers n’attendant que d’assassiner, le gouvernement des marionnettes et le président le super-salaud. On a un bon exemple de ce type d’erreur avec le panneau de Lutte Ouvrière à Roubaix.

Ce qui est écrit peut tout à fait être juste. Mais Lutte Ouvrière est-il prêt, aujourd’hui, à remplacer tous les ministres et à gérer la crise du covid-19 ? Il ne le peut pas. Or, c’est de cela qu’il s’agit. Comment les gens peuvent-ils faire confiance à la Gauche, si celle-ci arrive toujours après la bataille, en disant qu’il faut simplement en tirer des conclusions ?

S’il s’agissait de tirer des conclusions seulement, la Gauche serait au pouvoir dans le monde entier depuis longtemps. On ne peut pas dire : il aurait fallu plus de lits d’hôpitaux, plus d’unités de soins intensifs, on les veut maintenant, tout de suite ! C’est là de la démagogie. C’est là ne pas avoir mené le travail en amont, pour former un gouvernement parallèle, un niveau étatique parallèle, qui seul est capable de rivaliser avec le gouvernement, l’État.

N’importe quel gouvernement aurait mis en place des ordonnances gouvernementales dans l’état d’urgence sanitaire. Soit la Gauche reste à l’extérieur de ce niveau de complexité, soit elle l’assume, pour prendre le pouvoir.

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Politique

Le professeur Didier Raoult, la Droite et la trottinette

Le professeur Didier Raoult, directeur de l’IHU Méditerranée Infection, fait parler de lui en prétendant faire mieux que tout le monde et soigner le Covid-19 avec de l’hydroxychloroquine en dehors des procédures médicales institutionnelles. Son attitude est typique de la Droite, glorifiant les attitudes individualistes aventuristes et désinvoltes… et dont Didier Raoult fait objectivement partie.

La science est une activité qui se fonde sur la vérité et qui vise la vérité. Encore faut-il se mettre d’accord sur la vérité et là est bien le problème. Ainsi, le professeur Didier Raoult s’est illustré en 2013 dans la revue ultra-conservatrice Le Point par sa négation du réchauffement climatique (« La planète ne se réchauffe plus depuis 1998 »).

On reconnaît là l’esprit sceptique, une tradition imprégnant les scientifiques actuels tendant toujours à tout relativiser. Le Covid-19 a valu chez lui la même réaction. Voici ce qu’il disait en effet dans la presse le 28 janvier dernier :

« Concrètement, si vous ramenez les morts chinois infectés par le coronavirus à la taille de la population de 1,6 milliard, il y a probablement plus de gens qui sont tués en trottinette en Chine que par le virus. »

C’est là tout le fond du problème. Véritable chercheur, Didier Raoult veut trouver et il déteste les prévisions statistiques et tout ce genre de choses, encore moins qu’on en parle à tort et à travers. Soit. C’est un chercheur, un chercheur émérite sur les virus, une sommité mondiale. Très bien ! Mais alors qu’il se taise quand il n’a pas trouvé. Car nier que le covid-19 est un virus mutant qui peut très bien provoquer des ravages, c’est de l’inconscience.

Une inconscience relativiste ; Didier Raoult avait déjà fait le coup en 2015 dans Le Point (« Le vélo tue plus… que tout ce qui vous fait peur »), opposant les tués à vélo à ceux de « la crise de la vache folle, la grippe aviaire, Ebola, le bioterrorisme, le Chikungunya, le SRAS et le coronavirus du Moyen-Orient ».

Sauf que le vélo, lui, ne mute pas, n’est pas le produit d’une mutation causée par les déséquilibres de l’Homme dans la nature… Et qu’à moins de prendre tous les États de la planète pour des entités paranoïaques ne visant que le contrôle…

Mais Didier Raoult préfère jouer les scientifiques médiatiques et se targuer de relativiser, d’être un sceptique. Ses propos explicatifs à sa thèse de la « trottinette » de janvier le montrent bien :

« Il y a 36 000 raisons de mourir. Il y a 60 millions de gens qui meurent dans le monde chaque année. En comparaison, qu’il y en ait 80 qui meurent d’une pneumonie identifiée ou non, cela ne change rien. Ce n’est pas visible.

Et donc on est en train de parler d’une population de 60 millions d’habitants qui a été mise en quarantaine pour 50 ou 80 morts. Tout cela est disproportionné.

Globalement, et pour les semaines à venir, je peux vous dire, parce que l’on mesure le nombre de morts qui sont dus à la grippe ou autres coronavirus, qu’il y a plus de chances de mourir de virus qui sont là depuis longtemps que de mourir du coronavirus chinois. »

Ces propos sont sidérants ! Mais il y a un mouvement aux aguets, cherchant à se distinguer lors de cette crise, en tapant sur le gouvernement mais sans vouloir passer pour des saboteurs. C’est la Droite. Et, cela tombe bien, depuis longtemps Didier Raoult converge avec la Droite. Ce n’est pas pour rien que Didier Raoult publie déjà ce 26 mars 2020 Épidémies, vrais dangers et fausses alertes en annonçant cela dans Le Point, lui qui a écrit pour Le Figaro, ainsi que pour Les Échos.

Un article payant, qui vise donc un public bien particulier, tout comme les tribunes qu’on trouve comme article payant dans Le Monde. On vise un public bien délimité.

Comment cette convergence Droite – Didier Raoult se réalise-t-elle ? Didier Raoult est infectiologue et professeur de microbiologie et avec cette aura il s’est montré populaires en faisant que l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée infection de Marseille mène des tests de dépistage ouverts au public.

L’IHU ? Pour comprendre ce que c’est, regardons d’abord ce que dit Didier Raoult au sujet de la chloroquine. Précisons tout de suite : il n’a pas « découvert » que la chloroquine pouvait éventuellement fonctionner comme anti-viral contre le SARS-CoV-2, qui entraîne la maladie Covid-19. Il n’a fait que lire des publications chinoises qui testent cela depuis février, cela et l’hydroxychloroquine, une molécule proche.

Ils le font cependant avec de nombreuses précautions, sans triomphalisme et en prenant soin d’étudier cliniquement les effets, car le médicament est très dangereux et peut facilement être létal. Ce sont des médecins faisant leur travail, avec probablement leurs limites, mais en tous cas avec de la méthode. Il y a de nombreux médecins et professeurs en France suivant leurs travaux et les poursuivant, sans s’en vanter particulièrement.

La particularité du Professeur Didier Raoult, c’est de se séparer des procédures institutionnelles médicales et d’utiliser directement et massivement la molécule. Et surtout de le faire savoir. C’est sa marque de fabrique, il se présente régulièrement comme étant « à contre courant », envoyant balader le système au nom du pragmatisme et assumant la désinvolture, etc.

Il est pour cela apprécié par exemple par Christian Estrosi le maire de Nice, personnalité typique de ces gens de Droite valorisant l’accomplissement individuel, l’esprit d’entreprise au-delà de tout « collectivisme », etc.

Il y a aussi Philippe Douste-Blazy, ancien ministre de la Santé de droite, qui dit de lui que « c’est un très grand médecin » et a « beaucoup de respect tant pour l’homme, que le chercheur. » C’est le même discours du côté du président de la région PACA Renaud Muselier, lui-même médecin et proche de lui, qui explique au Figaro qu’il lui verrait bien décerné le Prix Nobel, ou encore Jean-Luc Harousseau, ancien directeur de la Haute Autorité de Santé, de droite également, qui va dans son sens.

De la même manière, Arnold Munnich, le fondateur de l’IHU Imagine (la structure parisienne équivalente à son IHU marseillais), en fait l’éloge, le considérant comme « homme extraordinaire, engagé, militant de la science. » Arnold Munnich est lui aussi de droite : c’est l’ancien conseiller santé de Nicolas Sarkozy et c’est justement ensemble qu’ils ont mis au point ces fameux IHU, instituts hospitalo-universitaires.

À tel point que le Figaro expliquait hier :

« Quand Nicolas Sarkozy a créé les IHU, Didier Raoult lui a été extrêmement reconnaissant d’avoir tout fait pour que le mérite soit récompensé. Pour que ceux qui travaillent plus soient récompensés. Comme s’il y avait quelque chose de l’ordre d’une réparation. »

On a affaire ici à des libéraux classiques, détestant tout ce qui relève d’un État fort, structuré, organisé, procédurier (sauf en ce qui concerne la répression ou l’Armée, évidemment). Les IHU ont été créés précisément dans ce cadre, afin de contourner les institutions publiques médicales françaises, et pouvoir faire les choses dans son coin, avec une grande liberté de recrutement, de communication et d’exercice en général, tout cela au service du partenariat public-privé.

Pour résumer, les IHU sont des pôles d’excellence au service du capitalisme ; on lit en 2016 dans Le modèle économique des instituts hospitalo-universitaires :

« Les politiques de partenariat industriel et de valorisation conduites par les IHU donnent par ailleurs lieu à des perspectives porteuses, mais dont il ne fautpas surestimer la contribution possible à une éventuelle autonomie financière.

Ces politiques s’inscrivent dans un contexte économique mouvant, marqué par la remise en cause des lignes de partage entre recherche de base et recherche appliquée, mais aussi par des difficultés rémanentes à engager des partenariats à grande échelle pour des recherches très «en amont».

Les partenariats durables des IHU se développent ainsi davantage avec les fabricants de matériels chirurgicaux, d’imagerie ou de diagnostic, voire de dispositifs médicaux, qu’avec les grands groupes du secteur pharmaceutique. Ils sont aussi relativement fréquents avec des entreprises des biotechnologies ou de la pharmacie de taille moyenne, spécialisées sur des segments très spécifiques du marché. »

Didier Raoult n’est donc pas sorti de nulle part et n’est certainement pas un grand ennemi des laboratoires pharmaceutiques, comme le prétend toute une petite-bourgeoisie paranoïaque tout à fait l’esprit des gilets jaunes.

Didier Raoult n’en a que faire et fonctionne dans son coin, à la manière de l’hôpital privé… tout en bénéficiant de grandes subventions publiques. Et cela avec l’appui de la Droite, qui pousse en son sens, ayant trouvé une brèche politique dans cette situation de crise ; Ouest France le constate sans ambages (Coronavirus. Usage de la chloroquine : la droite pousse, le gouvernement tente de calmer le jeu).

Tout cela est anti-rationnel, anti-populaire, c’est une véritable foire libérale. Cela déboussole encore plus les gens, alors qu’il faut se préparer à une terrible vague de maladies et de morts. C’est, très exactement, anti-démocratique.

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Écologie

Défense de l’animal: «Les refuges, leur protégés, ont besoin de vous!»

Nous relayons ici un appel très important émis par laConfédération Défense de l’animal – Réseau des refuges indépendants :

« Les refuges, leur protégés, ont besoin de vous!

Confinement des bénévoles, diminution des stocks alimentaires, arrêt des adoptions et des stérilisations, chute des dons, les refuges indépendants s’inquiètent quant à leurs missions et à leur avenir. Pour faire face à ces défis sans précédent, et en soutien à ses associations membres, Défense de l’Animal débloque un FONDS D’URGENCE EXCEPTIONNEL et lance un GRAND APPEL A LA dangerosité PUBLIQUE.

Afin d’éviter la propagation du coronavirus, les refuges indépendants sont fermés au public depuis le 15 mars dernier.

Du fait du confinement de la population, les refuges et fourrières fonctionnent au ralenti mais continuent d’accueillir les animaux errants et abandonnés. Pour les mêmes raisons, les adoptions sont suspendues ou très limitées. Or, les capacités d’accueil des animaux ne sont pas extensibles à l’infini. Nos associations, qui prennent soins de 30 000 animaux chaque jour, seront très rapidement saturées et s’en inquiètent. A cela, viendront s’ajouter les nombreuses portées de chatons dans les prochaines semaines… Si les abandons augmentent, comme on peut le craindre, comment pourra-t-on durablement faire face ? Sollicité à de nombreuses reprises, le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation  n’est pas en mesure d’apporter de solutions à ce jour, ce qui laisse nos associations, en première ligne dans le combat en faveur des animaux,  dans un brouillard total et sans aucune aide.

Face aux stocks alimentaires qui diminuent, les associations s’inquiètent. Dans une lettre adressée vendredi 20 mars aux ministres de l’Économie et des Finances et de l’Agriculture et de l’Alimentation, Défense de l’Animal demande à Bruno Le Maire et Didier Guillaume de solliciter et d’inciter les fournisseurs et enseignes de vente d’aliments pour animaux, à réserver une partie des stocks aux associations ou à faire don de leurs invendus plutôt que de détruire.

Composées à 70 % de bénévoles pour administrer les associations et aider les salariés dans leurs missions, nos associations constatent que le confinement, bien que manifestement arme majeure dans la lutte contre l’épidémie, vire au casse-tête des responsables : déplacement des bénévoles non prévu dans l’attestation de déplacement dérogatoire et augmentation des arrêts maladie du personnel salarié deviennent le quotidien des gestionnaires.  Et quid du nourrissage des centaines de colonies de chats libres et de la récupération de l’alimentation pour nourrir les animaux… Sans bénévole et sans soutien clair des autorités à destination des associations, comment assurer la continuité de nos missions de service public ?

Fonctionnant uniquement grâce à la générosité publique et aux produits des adoptions, nombre des associations risquent de très rapidement n’être plus en mesure de simplement nourrir les animaux.

Face à ces situations inédites et en réponse aux inquiétudes des associations, Défense de l’Animal vient de débloquer un fonds d’urgence sans précédent afin de répondre aux difficultés rencontrées par les associations dans ce contexte si particulier ; les dons sont en chute libre ce qui nous impose cet appel.

« A situation exceptionnelle, dispositions exceptionnelles. La Confédération Nationale Défense de l’Animal débloque un fonds de secours d’urgence pour aider ses associations et leurs milliers de protégés ! Cependant, nous le savons, ce fonds ne suffira pas. La générosité publique est essentielle ! Les animaux ne peuvent pas être les grands oubliés et les victimes de cette situation inédite et ô combien anxiogène. »

Valérie ROMANO, présidente de Défense de l’Animal 


Vous aussi vous soutenez les refuges et leurs protégés dans cette période particulière :

Je fais un don à Défense de l’Animal pour aider l’ensemble des refuges indépendants

Je fais un don au refuge indépendant de mon choix

MERCI POUR EUX, MERCI DE VOTRE SOUTIEN !

Par exemple, votre don de 50 € vous revient ainsi à 17 € après réduction d’impôts et permet de prendre soin d’un chien ou d’un chat pendant 10 jours, dans l’un des refuges indépendants. 66 % de votre don à Défense de l’Animal sont déductibles de vos impôts dans la limite de 20% de votre revenu imposable. »

 

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Politique

La lettre d’Olivier Faure du Parti socialiste à Emmanuel Macron

Dans une longue lettre adressée à Emmanuel Macron, le premier secrétaire du Parti socialiste critique les insuffisances de la politique gouvernementale face à la crise du Covid-19. Adoptant le point de vue d’homme d’État, il formule les propositions du Parti socialiste dans ce contexte et la façon dont celui-ci envisagerait de gérer la crise.

« Ivry-sur-Seine, le 22 mars 2020

Monsieur le Président de la République,

Je reprends vos mots. Nous sommes en « guerre ». Le combat contre le Covid-19 suppose que nous nous mobilisions tous ensemble autour du même but.

Dans ce combat, personne ne doit manquer. L’unité nationale est nécessaire. Nous y avons souscrit dès le premier jour. Nous avons relayé au plan national, comme dans l’ensemble des collectivités locales que nous dirigeons, les consignes gouvernementales. Nos maires innovent au-delà même de leurs compétences pour mettre en place des services à la population.

L’adhésion et la mobilisation de tous doivent être en permanence recherchés. À cette fin, la coercition ne peut totalement remplacer une vraie appropriation des consignes. De ce point de vue, la communication gouvernementale au compte-gouttes, relevant parfois de l’injonction paradoxale, rajoute à la défiance et au climat anxiogène. Les prises de parole intempestives abîment la parole de l’État. Les messages se succèdent au détriment de la cohérence et du sentiment de maîtrise. Faut-il rester chez soi ou faut-il participer à
l’ « effort national » en allant travailler ? Qu’est-ce qu’une « activité essentielle » ? Qui en décide ? C’est pourquoi je vous demande, Monsieur le Président, de renforcer les moyens d’une communication claire, stable et accessible pour l’ensemble de nos concitoyennes et concitoyens, par exemple au moyen d’un portail Internet qui concentre toutes les informations utiles et une application dédiée qui permettra de sensibiliser les plus jeunes et d’orienter les bonnes volontés, nombreuses, qui veulent servir leur pays.

L’exigence d’unité appelle en regard une totale transparence dans les choix opérés. La confiance suppose la vérité. Vérité sur les choix stratégiques. Vérité sur les moyens disponibles. Vérité sur l’articulation entre les moyens et les choix opérés. Tout le monde peut se tromper. Mais le danger vient lorsque le pouvoir n’accepte plus de se laisser contredire par les faits et quand il plie la doctrine à son propre récit de la crise.

Ainsi, s’agissant des masques et des tests, les ministres n’ont cessé de répéter sur toutes les antennes qu’il n’en manquait pas. Contre toute évidence. De tous les territoires nous remontent en effet les mêmes témoignages. Il manque des masques dans les EHPAD, dans les centres médico-sociaux, dans les prisons, dans les entreprises, dans la police, dans la gendarmerie, dans les services publics, et en premier lieu dans les hôpitaux et dans les cabinets médicaux. Quant aux tests, il n’en est pratiqué, au mieux, que 5 000 par jour.

Si nous sommes en « guerre », il faut une économie de guerre. Dans cette « guerre » contre le Covid-19, il y a des premiers de tranchée. Médecins, infirmiers, aides-soignants, policiers, gendarmes, éboueurs, caissières, livreurs… Ils font notre admiration unanime. Nous devons tout faire pour les soulager. Et d’abord les protéger. Nous ne pouvons plus compter sur la fabrication de 6 millions de masques par semaine (8 millions en avril) quand les besoins sont évalués par votre ministre à 25 millions par semaine pour les seuls
soignants et qu’il conviendrait d’équiper a minima la population au travail et les personnes présentant les symptômes du Covid-19. C’est pourquoi je vous demande, Monsieur le Président, de réquisitionner toutes les industries qui peuvent fabriquer des masques, des tests de dépistage, des respirateurs, du gel hydro-alcoolique…

Compte tenu de la pénurie de tests et de masques, le confinement est, par défaut, l’unique solution pour endiguer la contagion. C’est pourquoi je vous demande, Monsieur le Président, de le faire appliquer désormais plus strictement et de limiter l’activité aux fonctions vitales du pays pour freiner drastiquement la progression du virus. Ne perdons plus un temps précieux dont ont besoin nos soignants. En période de confinement, les autorisations de sortie sont une exception et ne doivent pas être prises comme l’espace du relâchement.

Par ailleurs, la question de l’accompagnement des soignants, comme des familles, qui seront confrontés aux décès doit être anticipée et abordée humainement. Concilier la dignité humaine, la nécessité du deuil et les obligations sanitaires doit être un impératif des semaines qui viennent.

Lorsque cette période de confinement s’achèvera, la population française ne sera pas immunisée et le risque d’un rebond existe. Il faut donc anticiper cette phase dès à présent. Le dépistage systématique prôné par l’Organisation mondiale de la santé est la voie à suivre. Nous avons noté positivement, enfin, que le ministre allait faire évoluer la doctrine du gouvernement en la matière. Cela ne fait que renforcer la nécessité
d’engager une production massive dès à présent.

Penser l’après-confinement implique de soutenir nos entreprises. Des mesures ont été prises. Pour l’essentiel, elles visent à soulager leur trésorerie en reportant leurs échéances de paiements fiscaux et sociaux. Mais il faudra aller au-delà et viser l’annulation pour les indépendants, les PME, les compagnies, qui ne seront pas en mesure de payer à partir d’un chiffre d’affaires qui n’a pas été réalisé. Tout doit être entrepris pour éviter les faillites et les licenciements, mais aussi éviter la spéculation et l’enrichissement
éhonté de certains. Il faut également anticiper une forte impulsion budgétaire pour relancer la machine économique. Aux États-Unis, certains élus évoquent la possibilité de soutenir directement la consommation, de manière simple et massive, à travers un chèque versé aux ménages. C’est pourquoi je vous demande, Monsieur le Président, d’envisager un plan de relance massif.

Ne laissez pas la fracture sanitaire élargir la fracture sociale. Les personnes sans-abri, les travailleurs pauvres, les personnes isolées ne doivent pas être les grands oubliés de la crise sanitaire, et les associations de solidarité qui leur viennent en aide doivent être soutenues pour éviter un drame social. Quant aux héros actuels du quotidien, caissières, livreurs, logisticiens, agriculteurs, etc., ils ne méritent pas de voir demain leurs droits rognés sans discussion, bien au contraire. Puisque le « monde d’après » ne doit pas ressembler au « monde d’avant », le poids de la préservation et du redémarrage de notre économie ne peut reposer prioritairement sur les classes populaires et les classes moyennes.

La solidarité ne peut s’exercer à sens unique, de bas en haut. C’est pourquoi je vous demande, Monsieur le Président, de reconnaître, à l’issue de la crise, la contribution de tous les personnels mobilisés aujourd’hui, de manière concrète. C’est-à-dire en termes de protection et de droits économiques et sociaux (retraite, pénibilité…).

S’agissant des droits des salariés (congés payés, RTT, durée légale du travail), il n’est pas admissible qu’à l’occasion de cette crise sanitaire soient remis en cause, même provisoirement, des droits sociaux sans la moindre négociation. Chacun de nous pressent qu’une fois vaincu le virus, il sera exigé de tous des efforts pour redresser notre économie. Mais ces efforts doivent être librement consentis et également répartis.

Il faut anticiper tous les sujets. Qu’en sera-t-il notamment des personnels de santé à l’issue de la crise ?
Pourront-ils se reposer ? Ou devront-ils enchaîner pour prendre en charge les patients dont les opérations ont été repoussées pour libérer des lits ? C’est pourquoi je vous demande, Monsieur le Président, la création d’un groupe parlementaire chargé de réfléchir à ces sujets stratégiques et de penser l’après-confinement en lien avec le gouvernement et les services de l’État.

Cette crise globale doit imposer l’Europe comme l’échelle de réponse la plus appropriée. Enfin, le totem des 3 % est tombé. Qu’il reste à terre. Même tardivement, la BCE permet aujourd’hui d’éviter la spéculation sur les dettes publiques. C’est heureux. Mais la crise actuelle révèle l’obsolescence d’un logiciel économique et d’un système de gouvernance de l’Union qui ne permettent pas d’anticiper les crises et génèrent des dépendances excessives vis-à-vis de l’extérieur sur des biens essentiels et n’encouragent pas une solidarité entre les États, pourtant vitale. C’est pourquoi je vous demande, Monsieur le Président, de réunir un groupe de travail, composé d’experts et d’élus, d’entrepreneurs et de salariés, pour penser à la sortie de crise économique et à ses conséquences en matière de relance, de souveraineté économique et sanitaire, ou encore de modèle européen. Il s’agit dès à présent de penser cet « après-Covid-19 » et ne pas répéter une fois de plus le défaut d’anticipation qui a été trop souvent la règle jusqu’ici.

Nous devons regarder cette épidémie à l’aune de ce qu’elle est, à savoir une pandémie. La situation mondiale du Covid-19 est une bombe à retardement pour des milliers de femmes et d’hommes, en particulier en Afrique. Elle est une menace pour l’Europe et pour la France. Il n’y aura pas d’éradication de la maladie tant que des foyers d’infection subsisteront dans le monde. C’est pourquoi je vous demande, Monsieur le Président, d’engager dès à présent la coopération internationale nécessaire pour que la France
et l’Europe contribuent à la lutte contre la pandémie, notamment en donnant les moyens à la recherche fondamentale de travailler dans la durée sur les épidémies.

Monsieur le Président, la gestion de la crise suscite chaque jour de plus en plus de questions légitimes qui dépassent désormais le seul cadre sanitaire.

L’unité nationale implique d’avoir des espaces continus de discussions et d’échanges. Le maintien de l’unité nationale ne peut reposer que sur un large consentement. Même en temps de guerre, Clemenceau ou Churchill étaient tous les jours devant le Parlement.

La seule façon de ne pas laisser s’installer la polémique, c’est de donner toute sa place à la politique en préservant l’échange démocratique. Jusqu’ici les trois réunions auxquelles les chefs de groupe parlementaire et chefs de parti ont été conviés se sont bornées à des réunions d’informations partielles, souvent sans rapport avec les annonces de l’exécutif qui ont suivi. Nous n’avons jamais, par exemple, eu connaissance des différents scenarii d’endiguement de la contagion ; pas plus que nous n’avons été consultés sur le maintien
du premier tour des élections municipales, contrairement à ce que vous avez pu affirmer à plusieurs reprises.

Vous ne pouvez exiger l’unité nationale sans, symétriquement, partager l’information et consulter avant la décision. L’unité nationale ne peut se confondre avec la décision unilatérale. Les droits du Parlement ne peuvent être réduits à l’approbation d’ordonnances aux périmètres larges, interdisant tout contrôle réel. Les
nouvelles technologies offrent des ressources qu’il est impératif de saisir. La crise n’implique pas moins de démocratie mais, au contraire, plus de démocratie. C’est pourquoi je vous demande, Monsieur le Président, d’instaurer un conseil national de lutte contre le Covid-19 qui permette le dialogue et la consultation régulière des élus locaux et nationaux, de la majorité comme de l’opposition, voire des partenaires sociaux.

Nous sommes, à notre place, à la disposition du pays pour apporter notre part.

Signature

Olivier Faure

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute considération.

Olivier FAURE
Premier secrétaire du Parti socialiste
Député de Seine-et-Marne »

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Écologie

Confinement: les vétérinaires restent ouverts

Les vétérinaires sont ouverts seulement pour les urgences et si on les prévient auparavant. C’est déjà cela, mais mieux vaut prévenir que guérir et particulièrement surveiller les animaux dont on a la responsabilité.

[ MISE À JOUR 24 MARS

Le formulaire de l’attestation de déplacement dérogatoire a changé et il faut cocher désormais une nouvelle case :

Déplacements brefs, dans la limite d’une heure quotidienne et dans un rayon maximal d’un kilomètre autour du domicile, liés soit à l’activité physique individuelle des personnes, à l’exclusion de toute pratique sportive collective et de toute proximité avec d’autres personnes, soit à la promenade avec les seules personnes regroupées dans un même domicile, soit aux besoins des animaux de compagnie

ATTENTION : comme le vétérinaire peut se retrouver à plus d’un kilomètre et qu’il ne s’agit pas de « promener son chien », il semble judicieux d’imprimer ce formulaire de l’ordre des vétérinaires ou de l’avoir sur son téléphone :

https://www.veterinaire.fr/fileadmin/cru-1584883441/user_upload/documents/actualites/COVID_19/Tableau_recapitaulatif_des_actes_a_differer_ou_a_annuler.pdf
]

Les vétérinaires ont fermé leurs portes de manière relative : tout ce qui relève de la convenance est stoppée. Cela concerne les vaccins aussi.

En cas de rendez-vous chez le vétérinaire, mieux vaut imprimer ce message de la Direction générale de l’alimentation du 20 mars 2020, en portant son attention sur la page 3 (commençant en gras : « A titre d’exemple, les activités suivantes peuvent être considérées comme ne pouvant ne pas être reportées »).

Dans l’attestation de déplacement dérogatoire, il faut cocher la dernière case :

« déplacements brefs, à proximité du domicile, liés à l’activité physique individuelle des personnes, à l’exclusion de toute pratique sportive collective, et aux besoins des animaux de compagnie. »

Attention toutefois à vérifier s’il n’est pas de changement légal effectué entre-temps dans une situation changeante.

Il faut également bien penser que tous les vétérinaires ne sont pas restés ouvert et surtout qu’est en cours un recensement des vétérinaires (en activité ou jeunes retraités) et des étudiants vétérinaires disponibles pour rejoindre la réserve sanitaire.

Lors d’un moment de crise grave, il y aura donc encore moins de vétérinaires. La plus grande prudence est donc de mise envers nos protégés ! Pensez aussi à être prévoyant et à vous organiser pour le cas d’une hospitalisation subite !

[ MISE À JOUR 24 MARS

le formulaire de l’attestation de déplacement dérogatoire a changé et il faut cocher désormais une nouvelle case:

Déplacements brefs, dans la limite d’une heure quotidienne et dans un rayon maximal d’un kilomètre autour du domicile, liés soit à l’activité physique individuelle des personnes, à l’exclusion de toute pratique sportive collective et de toute proximité avec d’autres personnes, soit à la promenade avec les seules personnes regroupées dans un même domicile, soit aux besoins des animaux de compagnie
ATTENTION comme le vétérinaire peut se retrouver à plus d’un kilomètre et qu’il ne s’agit pas de promener son chien, il semble judicieux d’imprimer ce formulaire de l’ordre des vétérinaires:
https://www.veterinaire.fr/fileadmin/cru-1584883441/user_upload/documents/actualites/COVID_19/Tableau_recapitaulatif_des_actes_a_differer_ou_a_annuler.pdf ]
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Politique

Coronavirus et capitalisme: les meilleures analyses

La crise due au coronavirus a appelé deux sortes de réaction. La Gauche activiste n’a pas pris la chose au sérieux, s’imaginant que cela allait rapidement passer et prenant de rares positions consistant à dire : « on attend que ça se passe ». La Gauche programmatique, c’est-à-dire la gauche sérieuse, a quant à elle produit des analyses élaborées critiquant l’ordre du monde lui-même.

La Gauche activiste ne peut pas supporter le confinement, qui pour elle aussi un confinement politique. Il n’est plus possible d’appeler aux manifestations, de mettre des photos sur Facebook, etc. Son mot d’ordre est donc que la lutte contre la réforme des retraites continue, que tout cela n’est que temporaire. Il y a, clairement, une sorte de déni par rapport à la période historique que l’on vit, car cela dérange l’unique aspect activiste.

Il y a ici une pesanteur qui est très choquante. Pour donner un exemple assez aberrant, le Parti Communiste Révolutionnaire de France n’aborde pas la question du coronavirus à part sous la forme de deux communiqués extérieurs, préférant publier les documents de son congrès qui s’est tenu… en novembre 2019.

L’OCML-VP parle carrément de la crise actuelle comme… d’une « anecdote » pour le capitalisme – un terme furieux qui insulte l’avenir de manière insensée – et appelle à se rebeller sur un mode ultra dans Coronavirus : vote, bosse et ferme-la ! :

« Jamais le patronat et le gouvernement n’auront notre soutien !

Nous ne sommes que de la chair à patron dans la guerre économique, et l’épisode Coronavirus n’est qu’une anecdote pour le capitalisme, comme d’habitude ce sera tant pis pour nous, les exploités. Jamais nous ne nous rendrons complice de notre propre exploitation ! Et Mélenchon qui ose dire que l’heure est à la cohésion et à l’entraide !

Le Coronavirus n’est évidemment pas un virus de classe, il touche également puissants et misérables. Par contre, toutes les mesures proposées ont un caractère de classe bien marqué, pas question de rentrer dans le jeu de Macron et des autres ! »

L’unique document valant sans doute le coup de ce côté ici est Le confinement ne s’applique pas aux exigences ouvrières et populaires !, du Parti Communiste des Ouvriers de France, qui a le mérite de chercher à justifier un tel positionnement.

Du côté de la Gauche programmatique, on a par contre un véritable effort de réflexion, s’appuyant sur un engagement militant. Les points de vue sont par contre très différents, correspondant aux mentalités relevant d’idéologie. S’agit-il de critiquer le gouvernement ? Le capitalisme ? Le capitalisme à l’échelle mondiale ?

Il y a, déjà, ceux prenant l’écologie au sérieux. L’Union Prolétarienne Marxiste-Léniniste a publié, dans son bulletin, une analyse approfondie de la situation actuelle, soulignant la dimension sanitaire et le refus de voir la bourgeoisie « profiter de la situation ». On trouve cependant, à la toute fin, une petite note critique de « l’agro-business, l’élevage en masse d’animaux », « le réchauffement climatique », « l’entassement de populations dans des mégapoles ».

Le mot d’ordre final de ce petit aparté, dont la thématique n’est bizarrement pas du tout abordée dans le reste du document, est « Pour une agriculture et une économie qui respecte l’homme et ses bases naturelles de vie ! ».

Cette approche « naturelle » est par contre au cœur du document plus long et plus dense intitulé « La maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) : un produit du mode de production capitaliste », du PCF(mlm).

La thèse y est relativement simple : l’humanité est sortie de la nature et, par ses activités capitalistes, provoquent des choses allant contre le cours des choses, tel ce coronavirus mutant franchissant une barrière des espèces normalement infranchissable.

De manière plus poussée, il est insisté sur le fait qu’il s’agisse là d’un saut qualitatif montrant que toute l’époque est à la rupture, au décrochage, à la transformation complète, car le capitalisme, « mode de production planétaire », a fait son temps. Les métropoles qui poussent comme des champignons sont invivables et asphyxient la vie sur Terre.

La contradiction entre le capitalisme et sa « base matérielle » est complète, donc il s’effondre et l’humanité, mondialement unifiée, doit retourner dans le giron de Dame nature, en conservant les « acquis » de son développement inégal.

Du côté des autres réactions élaborées, point de préoccupation écologiste ou envers les animaux. L’approche est la suivante : un événement se produit, comment faut-il accepter ou pas les mesures d’un gouvernement honni ?

Le Pôle de Renaissance Communiste en France dit qu’il faut accepter le confinement avec une discipline à la fois collective et individuelle, mais attribue la situation au manque de prévoyance du capitalisme, soulignant longuement que « la macronie en guerre contre les travailleurs » est en train d’en profiter. La situation de crise est attribuée au démantèlement de tout ce qui social par le gouvernement et l’Union Européenne.

Lutte Ouvrière a une approche très similaire dans Coronavirus : les défis d’une pandémie, la faillite d’une organisation sociale, avec un angle relativement différent puisqu’il est parlé en général : « Nous payons l’incurie de nos dirigeants aveuglés par les lois du marché, du profit et de la propriété ». Les travailleurs paieront les pots cassés de la crise sanitaire, les riches s’en tirant car ils ont davantage de moyens pour se confiner adéquatement.

On reconnaît l’analyse trotskiste affirmant que la direction de la société n’est pas aux mains des bonnes personnes :

« Comme toute épidémie, celle du coronavirus est un défi lancé à la société. Mais elle révèle aussi l’irresponsabilité de notre organisation économique et sociale. Quant au mépris de classe, il suinte par tous les bouts (…).

Mais quand Macron déclare que la santé doit passer avant tout le reste, il y a de quoi être en colère. Depuis qu’il est au pouvoir, c’est la santé des profits et des banquiers qu’il a fait passer avant tout le reste, exactement comme l’avaient fait tous ses prédécesseurs. Et aujourd’hui, pour beaucoup, le mal est fait (…).

On le vit tous les jours, mais cette épidémie le confirme : quand on fait partie des exploités, on n’est rien de plus que de la chair à profits !

Et comme toujours dans cette société, les plus riches auront bien plus les moyens de se protéger. Rester confinés dans leurs belles propriétés ne leur posera d’ailleurs pas de problème et ils n’auront pas le souci d’avoir leur compte bancaire à découvert (…).

Tous les moyens doivent être mobilisés pour les hôpitaux et la santé publique. Se protéger du coronavirus et éradiquer le virus du profit et de la rapacité patronale font partie du même combat. »

Du côté du Parti Communiste International, l’analyse va encore plus dans le général, en se plaçant dans une perspective historique. On considère que la bourgeoisie témoigne qu’elle a fait faillite dans son approche générale et tout ce qui l’intéresse dans cette crise, comme toujours, c’est de sauver l’économie. On lit dans Sur les mesures prises par la bourgeoisie à propos de l’épidémie au coronavirus :

« Dépendante d’un mode de production qui vise essentiellement à la valorisation du capital en exploitant sauvagement les énergies physiques, nerveuses et sociales du prolétariat et des couches les plus faibles de la population de tous les pays, la bourgeoisie est congénitalement incapable de structurer la société avec une prévention efficace pour la préservation de la santé de l’humanité dans sa vie économique et sociale (…).

Cette dernière [la classe bourgeoise] prétend « lutter » contre l’épidémie au coronavirus avec des méthodes et des moyens qui, en réalité, peuvent être obtenus pat le simple bon sens, évidemment avec des indications médicales adéquates. Mais la bourgeoisie s’intéresse davantage aux effets négatifs que la propagation de l’épidémie a sur ses affaires, qu’à la santé de la population. »

Les philosophies politiques sont ici très différentes, d’où l’approche différente des textes. Lutte Ouvrière considère que le gouvernement va de disqualifier par rapport aux travailleurs et que par conséquent, il en ressortira une crise politique où la « démocratie ouvrière » prendra le pouvoir. Pour le PRCF, c’est la main-mise de l’Union Européenne sur la France qui va se briser sur la crise actuelle et le ressentiment populaire se tournera vers un Frexit progressiste.

Du côté du PCF(mlm) et du Parti Communiste International, tout est une question d’époque et de changement complet de paradigme. Tous deux considèrent qu’il y aura une vague révolutionnaire mondiale changeant l’ensemble des aspects de la société. Le PCF(mlm) a une lecture culturelle prônant un retour à la nature (avec aussi le véganisme), le Parti Communiste International raisonne en termes de prise de conscience prolétarienne à l’échelle mondiale (d’où son nom).

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Politique

Crise sanitaire: le désespoir à venir

Les Français n’ont toujours pas compris l’ampleur de la crise en cours, sa dimension historique. Ils pensent que c’est quelque chose de passager, un coup de tabac qui n’aura guère de conséquence : la vie reprendra son cours. C’est la même stupide naïveté qu’au moment de la lutte contre la réforme des retraites. Le monde s’effondre comme un château de cartes, mais le Français se dit : « Je pense, donc je suis ».

Les Français ont pris la route directe vers le désespoir. Quiconque s’intéresse à la culture et au monde des idées sait que depuis une décennie, les Français ont totalement abdiqué. Ils laissent les choses passer et ne se préoccupent plus de rien. Il suffit de regarder les rangs des partis politiques, quels qu’ils soient : ils sont vides.

Il y a des adhésions à des mouvements. Mais une pensée organisée, des références construites, une vraie démarche intellectuelle… tout cela n’existe plus. Quand on voit qu’à Droite, qui dispose d’une immense tradition de réflexion, c’est Eric Zemmour qui est une référence, et qu’à Gauche, on est passé à Raphaël Glucksmann, on a tout compris.

Il n’y a donc guère de pensée élaborée, construite, donc décisive, pour saisir l’ampleur de la crise sanitaire en cours, pour préparer psychologiquement à ce qu’elle va apporter, ce qu’elle apporte déjà : la désorganisation et la mort.

Prisonniers de leur croyance complète en un capitalisme tout puissant, les Français se sont réfugiés dans le déni, dans le refus de toute complexité. L’emprunt et l’accès à la propriété, voilà autour de quoi tourne selon eux le monde ! Que tout soit bouleversé, comme maintenant, est inconcevable.

Le désespoir va donc surgir. Et, avec lui, les nietzschéens, qui diront que la vie, c’est forcément régulièrement la désorganisation et la mort, et que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. Cette crise sanitaire transporte la barbarie avec elle, et ce depuis le départ avec ses massacreurs de la vie sauvage, jusqu’à l’arrivée avec un impact dévastateur.

On rentre dans une époque totalement différente. Jeudi 19 mars, le Premier ministre Édouard Philippe a d’ailleurs tenu ces propos qu’il savait historique :

« Nous sommes entrés dans une crise sanitaire jamais vue, jamais connue en France depuis un siècle et cette crise sanitaire va imposer un coup d’arrêt puissant, massif, brutal, à notre économie. »

Le capitalisme n’est en effet pas un train qui peut s’arrêter à une station et repartir. C’est un train qui ne s’arrête jamais. Et là, il s’arrête. Les conséquences se produisent donc immanquablement à tous les niveaux, économique comme social, culturel comme politique. Chômage, faillite, effondrement de réseaux dans la société, changement des habitudes, modification des mentalités, bouleversement des visions des choses… On n’en a pas fini de chercher à discerner les aspects.

Mais les Français seront-ils à la hauteur des défis intellectuels, moraux qui seront posés ? La peste de Camus parle d’une catastrophe et des réactions individuelles, morales ou non, selon les gens. Mais c’est là du virtuel. Même l’Occupation allemande a été, dans une grande mesure, quelque chose de virtuel pour les Français.

Là, c’est le sol qui se dérobe sous leurs pieds. C’est totalement différent. Le pseudo rationalisme béat à la française, cette ignoble combinaison de cartésianisme et de positivisme, ne peut plus tenir la route.

Il y a une ampleur inédite, quelque chose de très profond d’ébranlé. Le pire, ce serait que les Français n’en aient pas conscience, malgré les drames. Si c’est le cas, la société française se consumera d’elle-même.

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Société

Document de la CGT sur le droit de retrait lié à la crise du Covid-19

Voici un document de la CGT sur le droit de retrait lié à la crise du Covid-19 publié hier :

« Coronavirus, droit de retrait et action syndicale et du CSE

Vous avez des questions concernant le droit de retrait, l’action syndicale et le CSE ? Nous y répondons ici !
  • Exercice du droit de retrait du salarié

L’exercice du droit de retrait peut permettre de protéger la santé du salarié exposé au risque de contracter le coronavirus. De plus, la simple évocation d’un exercice collectif du droit de retrait lors de discussions avec l’employeur peut permettre de créer un rapport de force propre à contraindre celui-ci à prendre les précautions nécessaires pour protéger les salariés et limiter la propagation du virus (mesures barrières, diminution de l’activité, annulation de certains déplacements, etc.).

À l’heure où tout un chacun se demande comment il peut contribuer à lutter contre la propagation du virus, l’exercice du droit de retrait, peut constituer une mesure forte et efficace. Encore faut-il qu’il soit mis en œuvre de façon appropriée !

  • Danger grave et imminent pour la santé du salarié

En cas de danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé, le salarié est en droit de suspendre son activité après avoir avisé l’employeur de ce danger (art. L. 4131-1 du Code du travail). Il suffit que le salarié ait un motif raisonnable de craindre pour sa vie ou sa santé pour qu’il déclenche la procédure de retrait (Cass. soc. 23 avril 2003, n° 01-44806, BC V n° 136).

L’appréciation se fait au cas par cas. Le Questions/Réponses du gouvernement souligne que peut être considéré comme « grave » tout danger susceptible de produire un accident ou une maladie entraînant la mort ou paraissant devoir entraîner une incapacité permanente ou temporaire prolongée et comme « imminent », tout danger susceptible de se réaliser brutalement dans un délai rapproché (Q/R 29 du « Questions/Réponses » pour les entreprises et les salariés Covid-19 version du 17/03/2020).

L’employeur ne peut pas sanctionner le salarié qui exerce ce droit et ne peut pas cesser de lui verser sa rémunération (L. 4131-3 du Code du travail).

En cas de suspicion d’abus dans l’exercice du droit de retrait, le litige pourra être tranché a posteriori par un conseil de prud’hommes (qui sera le plus souvent saisi d’une demande de l’employeur ou du salarié relative au versement des salaires).

Le risque d’exposition au coronavirus permet-il au/à la salarié.e d’exercer son droit de retrait ?

Une position gouvernementale contestable

Pour le gouvernement les possibilités de recours au droit de retrait sont « fortement limitées » lorsque l’employeur prend les mesures de prévention et de protection recommandées par le gouvernement. Dès lors qu’un employeur suit les recommandations du gouvernement, le salarié ne pourrait a priori pas invoquer le droit de retrait au motif qu’un de ses collègues revient d’une zone à risque ou a été en contact avec une personne contaminée, en l’état des connaissances épidémiologiques à ce jour (Question/réponse du gouvernement n° 9).

Cette position du gouvernement est restrictive. D’abord, le droit de retrait est un droit garanti par de dispositions législatives et mis en œuvre sous le contrôle des conseils de prud’hommes, ce n’est pas au gouvernement de le définir. De plus, les recommandations du gouvernement paraissent parfois bien légères au vu des risques de contamination encourus.

Ce qui est certain, c’est que de l’avis même du gouvernement, le fait que l’employeur ne mette pas en œuvre les recommandations du gouvernement (voir Q/R n° 13 à 19) peut ouvrir la voie au droit de retrait : refus de télétravail alors qu’il est possible, pas de protection mise en place en cas d’accueil du public, absence d’affichage des gestes barrières, absence de nettoyage adéquat des locaux etc.

Ensuite, soulignons que le « danger » peut être caractérisé par une cause extérieure au salarié (ex. : locaux dangereux), mais peut aussi très bien être lié à son état de santé (ex. : allergie aux agents auxquels son poste l’expose ; Cass. Soc. 20 mars 1996, n° 93-40111, BC V n° 107). Ainsi, un salarié vulnérable au coronavirus (femmes enceinte, personnes âgées de plus de 60 ans, gros fumeurs, personnes asthmatiques ou connaissant des difficultés respiratoires) pourrait mettre en œuvre son droit de retrait beaucoup plusfacilement.

Notons que le droit de retrait concerne la situation du salarié. Le fait qu’il vive avec une personne particulièrement vulnérable au coronavirus ne permet malheureusement pas d’invoquer le droit de retrait. Cependant, si l’employeur a parfaitement connaissance du fait que le salarié vit avec des personnes vulnérables, et qu’il existe des solutions de télétravail, de changement de postes, de mesures de protection ou de remplacement par un autre salarié, et que l’employeur ne les a pas mises en œuvre, il commet alors certainement un abus dans l’exécution du contrat de travail.

Le rôle des syndicats et représentants du personnel est indispensable pour regarder au cas par cas la situation des salariés et peser pour que leur soit appliquées les mesures les plus protectrices.

Comment le salarié peut-il mettre en œuvre son droit de retrait ?

Il suffit que le salarié informe son employeur ou son responsable hiérarchique par tout moyen de l’existence d’un danger et de l’exercice du droit de retrait juste avant ou concomitamment au début du retrait. Un écrit (mail, lettre recommandé etc.) est cependant toujours préférable.

Le droit de retrait s’exerce individuellement par le salarié. Cependant, il est plus efficace et protecteur qu’un syndicat ou les représentants du personnel organisent le déclenchement du droit de retrait.

Rôle des représentants du personnel et des syndicats

Mise en œuvre syndicale du droit de retrait : un droit de retrait « collectif » est plus efficace et protecteur qu’un droit de retrait exercé individuellement

Le droit de retrait s’exerce individuellement par le salarié. Cependant, il est largement préférable qu’un syndicat organise le déclenchement du droit de retrait en ciblant les postes de travail exposés à un danger grave et imminent ou encore en ciblant les salariés particulièrement vulnérables.

Mais pour être sûr d’être dans les clous, il faut que chaque salarié individuellement prévienne l’employeur de l’exercice de son droit de retrait.

Les salariés du musée du Louvre, en lien avec la CGT Culture, ont exercé leur droit d’alerte et de retrait pendant plusieurs jours, avant que leur Direction ne prenne des mesures de limitation du nombre de visiteurs et de protection.

Mise en œuvre du droit d’alerte par les membres du CSE

Les représentants du personnel au CSE peuvent individuellement exercer un droit d’alerte en cas de danger grave et imminent pour les travailleurs.

Il doit consigner son alerte par écrit dans un registre spécial. Cet avis doit comporter les postes de travail concernés par le danger, la nature et les causes de ce danger, le nom des travailleurs exposés.

L’employeur est alors tenu de procéder à une enquête avec le représentant du personnel qui a lancé l’alerte et de prendre toute mesure qui s’impose. Avant que les salariés n’exercent leur droit de retrait chacun individuellement, il peut être utile que des membres du CSE lancent une alerte auprès de l’employeur. Cela rend le droit de retrait plus collectif. Cela peut permettre également de contraindre l’employeur à réfléchir à des solutions pour éviter les situations à risque.

A l’issue de l’enquête s’il y a désaccord entre le CSE et l’employeur sur les mesures à mettre en œuvre ou sur l’existence même d’une situation de danger l’inspecteur du travail doit être saisi par l’employeur.

Une communication indispensable

Dans le contexte actuel, il est indispensable d’expliquer de façon claire et convaincante les raisons du droit de retrait ou du droit d’alerte. La communication pourra se faire en fonction de l’ampleur du droit de retrait via un tract interne, un communiqué, un P-V de réunion de CSE, etc.

La communication pourra par exemple démontrer que l’employeur n’a pas mis en place les mesures nécessaires pour protéger les travailleurs et que c’est pour éviter la propagation du virus dans la population et l’engorgement des hôpitaux que ceux-ci exercent leurs droit de retrait ou que le syndicat les appelle à le faire.

Exiger la mise en place des mesures nécessaire à la santé et sécurité des salariés

Les représentants du personnel et les syndicats peuvent exiger des employeurs qu’ils diffusent les informations sur les règles d’hygiène et de sécurité, qu’ils mettent à disposition du matériel de prévention, qu’ils procèdent au nettoyage des locaux lorsque cela est nécessaire, qu’ils réaménagent les postes de travail, qu’ils mettent en place du télétravail, qu’ils ferment temporairement l’entreprise avec maintien de salaire… toutes mesures qui doivent être exigées en fonction de la situation spécifiques de chaque entreprise, chaque poste, chaque salarié.

Rappelons que l’employeur est tenu à une obligation de sécurité à l’égard des salariés. Il doit prendre les mesures nécessaires pour protéger leur santé. Il doit notamment les informer lorsque des risques se présentent et mettre en place les moyens adaptés pour les protéger au mieux (art. L. 4121-1 et L. 4121-2 du Code du travail).

Les représentants du personnel et syndicaux peuvent aussi revendiquer que les mesures prises par l’employeur soient négociées.

Surtout, toutes les mesures concernant le fonctionnement de l’entreprise nécessitent une consultation du CSE. Ces consultations doivent impérativement avoir lieu. Les élus doivent exiger d’être consulté dans les formes. Ils doivent également veiller à la bonne application des accords existants (ex. : accord de modulation du temps de travail, accord RTT, accord sur le télétravail).

Si les représentants du personnel ne souhaitent pas se rendre physiquement à des réunions ils peuvent toujours demander des réunions par visio-conférences, même si les conditions légales ne sont pas remplies, avec toutefois le risque que l’employeur refuse pour ce motif.

Les représentants du personnel sont un rouage essentiel du fonctionnement de l’entreprise, à plus forte raison lorsque celle-ci fait face à une crise. Il n’y a pas de bonne décision auxquelles ils n’ont pas été associés et, surtout, ce sont eux qui permettent d’informer réellement et en confiance le personnel.

Or, ces derniers jours ont montré que « l’effet panique » créé par les annonces des dirigeants peut avoir des conséquences sérieuses et créer des problèmes qui ne se seraient pas produits autrement (ex. : pénuries dans les supermarchés parisiens, embouteillages exceptionnels pour quitter Paris, etc.).

Le projet de loi qui va être débattu cette semaine prévoit de nombreux aménagements en matière de droit du travail, qui seront précisés par ordonnance. On sait dès à présent que le gouvernement envisage de prendre des mesures permettant de modifier les modalités d’information et de consultation des institutions représentatives du personnel, notamment le CSE, « pour leur permettre d’émettre les avis nécessaires dans les délais impartis ».

Nous ne savons pas pour l’instant quelles formes prendront précisément ces mesures, si elles ne concerneront que les modalités de consultation du CSE en cas de mise en œuvre de l’activité partielle, ou si elles concerneront également d’autres consultations. Nous tenions toutefois à vous alerter dès à présent sur ces dispositions envisagées, et vous tiendrons informés dès que possible. »

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Covid-19: la terrible crise économique qui se profile en arrière-plan

Après la crise sanitaire, la crise économique ? Malgré les mesures d’ampleur annoncées par les gouvernements et l’Union européenne, il faut s’attendre à ce scénario catastrophe. Le ralentissement de la production porte un coup majeur à l’économie et l’endettement massif des États, plutôt que d’y remédier, risque fort d’aggraver la situation.

Depuis le début de l’année, d’abord en Asie puis maintenant en Europe et de plus en plus dans le reste du monde, de nombreux secteurs économiques sont à l’arrêt, ou bien tournent au ralenti.

Il y a bien sûr toute l’économie du tourisme et du transport qui est déjà gravement affectée comme chacun le sait. Le groupe Aéroports de Paris (ADP) vient par exemple d’annoncer la mise au chômage partiel de 80% de ses 6295 salariés, avec une demande d’autorisation pour… six mois.

Il y a tout un arrière-plan à cela, avec en particulier la production aéronautique qui sera impactée dans les prochaines semaines ou les prochains mois. Cela d’autant plus que le secteur est déjà en crise avec l’affaire du Boeing 737-Max et les prévisions de ralentissement de la croissance du trafic aérien préalables à la crise sanitaire en cours.

Il en est de même pour la production automobile, qui est déjà affectée par des prévisions de baisse de production à moyen et long terme pour des raisons environnementales. Depuis le début de la semaine, la production automobile (directe et sous-traitante) est à l’arrêt en France. Les constructeurs s’attendent par ailleurs pour les six semaines à venir, en raison du contexte, à une baisse de commandes de l’ordre de 75 %.

Donc, pas de production d’un côté (ce qui signifie pas de valeur créée) et pas de vente de l’autre (ce qui signifie pas liquidités pour valoriser la production réalisée) : cela mène tout droit à une crise majeure pour le secteur. Dans la presse économique, il est déjà parlé pour les mois à venir d’entrées d’argent amputées de 5 à 6 milliards d’euros par rapports à ce qui était prévu. C’est évidemment gigantesque.

Si les grands groupes seront éventuellement en mesure de surmonter cela, ce ne sera probablement pas le cas de nombreuses PME et TPE liées à cette production. Sans parler des nombreux ouvriers intérimaires du secteur, qui seront directement sans emplois pour une longue période.

Le schéma est le même pour tout un tas de secteurs industriels, sans compter l’économie des services, comme la restauration, qui de toutes manières est liée en amont à une production industrielle pour ses infrastructures et ses matières premières.

En une semaine, il est déjà observé qu’un nombre très important d’entreprises a mis de côté tous les projets de recrutement. Et plus les perspectives économiques vont s’avérer moroses suite à telles et telles annonces, plus la méfiance sera de mise, et donc le ralentissement de l’activité, et donc l’emballement dans une spirale négative.

C’est un mouvement de crise tout à fait classique et bien connu par le capitalisme, qui en connaît de manière récurrente, plus ou moins grave. Il faut néanmoins redouter que cette fois, les conséquences générales soient terribles.

Les gouvernements en ont conscience et, face à des cas concrets et immédiats (paiement des salaires, paiement des cotisations des entreprises), ils annoncent déjà des mesures de grande ampleur, voir d’une ampleur exceptionnelle, alors que la crise sanitaire ne fait que commencer.

Un plan de 200 milliards d’euros (16 % du PIB) a été annoncé en Espagne, 9,2 milliards d’euros (4,3 % du PIB) au Portugal, 47 milliards d’euros en Pologne, etc.

En France, l’Assemblée nationale a voté hier, à l’unanimité, le projet de loi de finances rectificative, permettant les mesures d’urgence. Anticipant que l’impact du Covid-19 sera très lourd, provoquant une récession (1 % du PIB), le texte assume un déficit public de 3,9% du PIB en 2020.

Autrement dit, l’État assume de s’endetter encore plus qu’il ne l’est pour supporter lui-même les défaillances de l’économie. Concrètement, cela signifie que l’État doit prendre en charge le paiement du chômage partiel des entreprises n’ayant plus d’argent et qu’il renonce, au moins temporairement, à des entrées d’argent dans les caisses.

En tout, 45 milliards d’euros d’aides ont déjà été annoncées par le gouvernement (essentiellement en report de charge), ainsi que 300 milliards d’euros de garanties publiques de prêts (cela signifie que l’État se portera garant à hauteur de 300 milliards en tout pour les entreprises qui emprunteront).

Ce mécanisme d’endettement, pour l’État et pour les entreprises par l’intermédiaire de l’État, est directement appuyé par l’Union européenne. La Banque centrale européenne (BCE) vient en effet d’annoncer 750 milliards d’euros qui seront déversés dans l’économie d’ici à la fin de l’année 2020. C’est gigantesque, cela représente 7,3 % du PIB de la zone euro.

Cette monnaie va servir ni plus ni moins qu’à racheter de la dette, notamment celle d’État en difficulté avant la crise sanitaire (comme l’Italie et l’Espagne) et qui vont l’être encore plus après celle-ci. On l’aura compris, la France sera aussi concernée.

Cela est très risqué, car la machine peut s’enrayer très vite, à cause d’une perte de confiance dans la monnaie notamment. Tout est, en effet, une question de confiance des investisseurs dans la capacité des États à rester solvable indéfiniment, et surtout dans la valeur de la monnaie.

Le problème, et on le comprend aisément si on raisonne de manière concrète et pas de manière abstraite, c’est que la valeur ne s’invente pas, elle ne se décrète pas. En injectant 750 milliards d’euros dans l’économie, la BCE prend un risque énorme, celui que ses 750 milliards d’euros ne correspondent à aucune valeur réelle, ou en tous cas pas suffisamment.

Comme l’économie est en grande partie à l’arrêt, cela peut provoquer une crise de la valeur. Autrement dit, une crise de la valeur de l’argent, exactement comme lors de la crise de 1929, puisqu’il est injecté de la valeur numéraire, sans que cela puisse correspondre suffisamment à de la valeur réelle, c’est-à-dire des marchandises produites.

Quand les gouvernements, et l’Union européenne qui est leur prolongement pour les pays membres, déclarent qu’ils vont dépenser tel ou tel milliard, ils ne vont en effet rien payer concrètement. Ils vont simplement contracter encore plus de dette.

C’est là littéralement jouer avec le feu et les marchés financiers, qui supportent cette dette, en s’enrichissant dessus, peuvent exploser du jour au lendemain, en renonçant de la financer. La panique était déjà très grande lors des crises de 2008 et de 2012, avec des mécanismes liés à la dette similaires ; elle le sera probablement d’autant plus que cette fois la production industrielle est grandement ralentie, et donc la production de valeur est réduite.

Il n’y a d’ailleurs aucune raison que les marchés financiers ne « paniquent » pas puisque même la présidente de la BCE Christine Lagarde, qui a débloqué ces 750 milliards d’euros, parle dans le même temps d’une récession considérable à venir.

Si la dégringolade s’est stabilisée hier sur les marchés boursiers, probablement suites aux annonces de la BCE censée rassurer, il faut bien voir que la situation est catastrophique depuis plusieurs jours et que « l’embellie » n’est que relative.

Rien que pour la France, le CAC 40, c’est-à dire la cotation des 40 plus grandes entreprises françaises, ou autrement dit la valeur de ces entreprises estimée par les marchés financiers, avait chuté de près de 40 % en un mois. Sur les différentes places boursières, les mécanismes d’urgence pour stopper les emballements négatifs (baisse drastiques des cours) ont été actionnés de nombreuses fois ces derniers jours, ce qui n’a rien d’anodin.

Et il ne faudrait pas croire ici, comme aiment à le faire croire les populistes de gauche, que la « finance » serait une abstraction ne représentant rien du tout. Au contraire, elle représente la façon principale dont la valeur est répartie (et donc accaparée par la bourgeoisie) dans l’économie. Quand la finance tangue, ce n’est pas la cause, mais simplement le symptôme de la crise économique, tout à fait concrète et immédiate pour tout un chacun.

Le capitalisme, qui est instable par nature, voit se profiler en arrière plan de la crise sanitaire du Covid-19, une crise économique d’une ampleur redoutable.

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Politique

«Appel au Président de la République pour le confinement total de la population»

Voici le communiqué l’InterSyndicale Nationale des Internes dont le propos est clair,  précis et ferme, face à l’urgence de la situation. Tout le contraire du gouvernement qui tergiverse sans cesse, incapable d’interdire ne serait-ce que les footing, alors même que la plupart des sportifs professionnels ont eux-mêmes cessé tout entraînement extérieur depuis le début de la semaine. Il faut un confinement massif et total de la population, un point c’est tout…

« Appel au Président de la République pour le confinement total de la population

« Vous devez cesser les demi-mesures et les discours équivoques. »

Votre responsabilité est d’être clair, précis et ferme. C’est un confinement total et absolu de l’ensemble de la population dont nous avons besoin, à l’instar des mesures déployées en Chine : aucune sortie, aucun contact interpersonnel extérieur au foyer, arrêt strict de toutes les entreprises non vitales, des transports en commun, ravitaillement des familles au domicile par des personnels protégés intégralement et avec des masques FFP2.

« Moins le confinement sera strictement appliqué, plus les réanimations seront saturées, plus nous devrons faire des choix. »

La situation à l’hôpital ne doit pas être cachée à la population :

Depuis novembre 2019, les internes se sont ralliés à tous les corps professionnels hospitaliers pour alerter sur le manque de moyens, le manque de personnel, le management délétère qui se sont instaurés à l’hôpital public depuis des années.

Tous ces problèmes sont exacerbés par la crise sanitaire actuelle. Les cadres de santé refusent que les personnels paramédicaux soient testés en masse par crainte de manquer de bras dans les services, les soignants sont contraints de travailler alors qu’ils ou elles présentes tous les signes objectifs d’une infection à coronavirus.

Les internes de médecine sont sur-mobilisés et ont accepté de faire des sacrifices importants sur leur vie et leur formation pour se mettre en ordre de marche face à l’épidémie.

« La crise de l’hôpital public n’a pas disparu avec l’arrivée du coronavirus.

En novembre, nous redoutions l’épidémie de grippe qui pourtant arrive tous les ans, imaginez ce que l’on redoute maintenant ! »

Ne soyons pas dupes, le matériel manque dans tous les services. Les masques sont manquants ou rationnés conduisant les soignants à utiliser parfois des masques en tissu cousu main, des masques chirurgicaux non protecteurs, de ne les changer qu’au plus 2 ou 3 fois par jour ce qui est propice à l’auto-contamination. Le matériel de dépistage (écouvillon, machine de test) n’est pas disponible pour tester tous les cas et les personnels afin de pouvoir mener des stratégies correctes de prise en charge. Les personnels soignants sont déterminés à sauver la population, mais la colère est à son apogée contre les politiques qui ont dégradé depuis 10 ans, d’année en année, les capacités de notre système de santé et installé, aux fonctions hiérarchiques sanitaires des technocrates incompétents et assidus à l’application des restrictions budgétaires.

« Le message actuel des pouvoirs publics est : apprenez à gérer la pénurie… »

Nous tenons à alerter la population du fait qu’il n’y aura pas de places en réanimation pour tous les patients graves quel que soit leur âge : les médecins devront faire des choix humainement très difficiles. Les jeunes en bonne santé présentent des formes mortelles. A l’heure où nous écrivons, plus de 900 personnes COVID+ occupent des lits de réanimation alors qu’il n’y en a que 5000 dans tout le pays.

« Au rythme actuel de progression de l’épidémie en France, les réanimations seront saturées dans moins de 15 jours, voire plus rapidement dans certaines régions. »

Nous exhortons enfin le gouvernement à appliquer les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé et donc à investir dans des moyens pour mener un dépistage massif de toute la population !

Nous terminons cet appel par une requête adressée aux Françaises et Français. Nous apprécions vivement les démonstrations de soutien que vous manifestez par des applaudissements à vos fenêtres. Si vous souhaitez réellement protéger les soignants, nous vous invitons à respecter un confinement total, et ce même malgré l’ambiguïté des messages diffusés par le gouvernement.

« Restez chez vous : c’est le modeste prix à payer pour enrayer l’épidémie.

Nous vous sauvons, sauvez nous. »

Justin BREYSSE – Président de l’ISNI

Contact presse :

Léonard CORTI – Secrétaire général de l’ISNI

06.71.02.62.05 – sg@isni.fr »

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Politique

Coronavirus: le scandale Agnès Buzyn en dit long sur l’État

L’ancienne ministre de la Santé, qui a connu un échec cinglant aux municipales parisiennes, a décidé de balancer toute sa rancœur. Elle a montré qu’à la tête de l’État, la position adoptée sur la crise sanitaire en cours a connu de très profonds déséquilibres. Cela révèles les immenses faiblesses des classes dominantes.

Faut-il espérer que les choses se tassent en maintenant la continuité, ou faut-il privilégier la sécurité complète ? La tête de l’État n’a, selon Agnès Buzyn, pas su gérer. Elle dit ainsi, provoquant le scandale :

« Quand j’ai quitté le ministère, assure-t-elle, je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous. Je suis partie en sachant que les élections n’auraient pas lieu. »

« Depuis le début je ne pensais qu’à une seule chose : au coronavirus. On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade. La dernière semaine a été un cauchemar. J’avais peur à chaque meeting. J’ai vécu cette campagne de manière dissociée. »

Faut-il la croire ? Elle a après tout démissionné de son poste de ministre de la santé au début de la tourmente, tout cela pour espérer devenir maire de Paris. Arrivée en 3e position, c’est un échec complet. Alors que restée à son poste, elle serait une figure célèbre en France, célèbre et soutenue !

Tout cela est anecdotique sur le plan individuel, Agnès Buzyn est sans intérêt aucun. Ce qui est marquant par contre, c’est de voir que l’appareil d’État n’a pas su gouverner. Comme le dit l’adage, gouverner, c’est prévoir. Là, rien n’a été prévu, tout a simplement été évalué, de manière libérale et pragmatique.

C’est d’ailleurs encore le cas et Emmanuel Macron ne convainc pas. Jean-Luc Mélenchon, qui connaît très bien toute cette problématique étatique puisqu’il vise à prendre l’appareil d’État par une vague populiste de gauche, a parfaitement résumé la problématique qui en découle :

« Les aveux d’Agnès Buzyn dans le journal «Le Monde» (https://bit.ly/2Uh2MmL) sont consternants. Il est impossible de laisser passer sans rien relever. Il faut d’abord pouvoir vérifier si ce qu’elle dit est vrai. A-t-elle su et prévenu trois mois avant ? Et dans ce cas pourquoi rien n’a-t-il été fait ? Pourquoi raconte-t-elle cette histoire maintenant, quand il est trop tard ? Se rend-elle compte qu’elle engage sa responsabilité pénale et celle des autres personnes qu’elle dit avoir prévenues ? La mission d’information décidée ce matin en conférence des Présidents à l’Assemblée nationale doit se saisir de ces aveux. »

Là où Jean-Luc Mélenchon a tort, c’est quand il pense qu’il suffit de changer le personnel et que tout ira bien. En réalité, le capitalisme a corrompu toutes les « élites » et seul le peuple peut gouverner en tant que tel. Le souci, c’est qu’il ne le veut pas, du moins pas encore. On est donc condamné à avoir des Agnès Buzyn, ce qui fait évidemment les affaires de l’extrême-Droite qui aura beau jeu d’en appeler à un pouvoir fort.

Les deux messages de Marine Le Pen sont ainsi beaucoup plus simplistes que ceux de Jean-Luc Mélenchon, mais plus directifs :

« A PARTAGER MASSIVEMENT !

Les propos d’Agnès Buzyn, ancienne Ministre de la Santé, sont effarants.

Y a-t-il eu dissimulation de la véritable gravité de la situation aux Français ? Les mesures qui s’imposaient ont-elles été retardées en connaissance de cause ?

Nous sommes peut-être à l’aube d’un SCANDALE SANITAIRE majeur. »

« Si les propos de Agnès Buzyn reflètent la vérité, il s’agit d’un très grave scandale d’Etat. Mme Buzyn sera probablement amenée à donner des explications à la Cour de Justice, peut-être que la Haute Cour devra être saisie. »

C’est avec un exemple pareil qu’on voit bien que le populisme de Droite est toujours plus direct, plus efficace dans sa démagogie que le populisme de Gauche qui, d’ailleurs, au sens strict est une monstruosité. On a pratiquement un petit résumé de l’avenir qui nous tend les bras : des libéraux à bout de souffle, des populistes de gauche déconnectés, une extrême-Droite apparaissant de manière trompeuse comme les seuls à pouvoir gérer sans que tout s’effondre.

C’est la crise dans la crise dans le crise, et ce n’est qu’un début.

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Politique

Emmanuel Macron déclare une guerre libérale au Covid-19

Comment préserver les mentalités françaises libérales-démocrates avec un défi exigeant un sens de l’organisation et de la discipline sans failles ? Le discours d’Emmanuel Macron du 16 mars 2020 laisse sur sa faim, la rhétorique guerrière restant sans esprit de décision et sans valeur populaire.

Emmanuel Macron a largement profité du caractère présidentiel du régime ; il en paie le prix avec deux erreurs magistrales. La première, c’est d’avoir maintenu le premier tour des municipales, ce qui a été considéré comme incompréhensible. Surtout que, maintenant, le second tour est repoussé, ce qui est anti-constitutionnel, puisqu’un second tour doit nécessairement se dérouler la semaine qui suit le premier.

La seconde erreur, c’est d’avoir considéré que la crise serait gérable comme un bon père de famille français. Le 7 mars, il appelait ainsi encore les gens à ne pas modifier leurs habitudes et à sortir comme si rien n’avait changé. Le 16 mars, il en est à parler de guerre.

Or, tout le monde le comprend tout de suite, la guerre c’est la guerre. Soit on y va, soit on y va pas. Une guerre est une mobilisation générale. Emmanuel Macron est un libéral, donc il a cherché à contourner la question au maximum.

Ainsi, si on ne se confine pas sauf exception, on risque une amende de… 38 euros. En Italie, c’est la prison, en Autriche des milliers d’euros d’amendes. Et depuis 48 heures, plusieurs médias distillent déjà l’annonce de confinement au moyen d’articles indirects, faisant passer le message de l’Élysée.

Les dénégations sont d’ailleurs assez ridicules. On a ainsi hier des colonnes de véhicules militaires de l’Armée de Terre qui sont arrivées à Paris, ainsi qu’un décret « relatif aux organismes susceptibles d’accueillir des militaires en affectation temporaire » émis dimanche par le gouvernement, après avoir été pris vendredi.

Malgré la mise en place du décret un dimanche, l’armée a démenti tout rapport avec la crise actuelle, ce décret étant selon elle prévu depuis 2019 :

« Ce décret n’a strictement rien à voir avec le Covid-19 et l’implication des forces armées. Il précise la situation administrative des militaires qui servent temporairement en dehors du ministère des Armées, pour les besoins du ministère des Armées. »

L’armée a toujours pris les gens pour des idiots. Cela tient d’autant moins qu’en plus, Emmanuel Macron a annoncé la mise en place d’un hôpital de campagne du service de santé des armées en Alsace, ainsi que l’emploi de l’armée pour transporter des malades vers d’autres hôpitaux.

Le choix est de toutes façons évident. Plus rien ne fonctionne réellement en France à part l’armée. Tout le reste est travaillé par le libéralisme économique et culturel. Notons que l’armée elle subit des coupes budgétaires massives en certains domaines, notamment la médecine. Mais niveau encadrement, elle est fonctionnelle.

En situation de crise, on a donc vite fait de passé de Bonaparte à Napoléon, du président au général, et inversement, tout se ressemblant tellement qu’on ne sait plus trop. Est-ce l’homme providentiel qui en appelle à l’armée ou l’inverse ?

Les Français, indisciplinés car pourris par le libéralisme, se soumettent historiquement aisément au patriarche et à l’armée. L’armée changeant le patriarche s’il le faut et ici Emmanuel Macron joue avec le feu. Contournant le pouvoir populaire – il est en effet pour le capitalisme – il est obligé de se soumettre à une logique d’État totalement en-dehors de son périmètre libéral.

L’armée va sortir renforcé de cette situation et un appel à une remise en ordre général va de plus en plus se faire entendre. Cela ne changera rien au libéralisme quotidien et cela ne dérangera pas les Français, qui ne font plus de politique depuis longtemps. Mais cela implique la mise en place d’un régime anti-démocratique, anti-populaire.

Toute personne de Gauche sait qu’Emmanuel Macron ne peut pas, en raison de son libéralisme, assumer des mesures collectives. La Gauche est faible, désorientée, incapable d’assumer quoi que ce soit. L’ombre de l’armée se profile alors…

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Société

Covid-19: il y a beaucoup plus que 6633 personnes infectées en France

Officiellement, les personnes touchées par le Covid-19 en France étaient 6633 hier, lundi 16 mars 2020. En réalité, le nombre de personne contaminées est bien plus élevé et les autorités devraient donner l’estimation de ce nombre, pas simplement les cas connus officiellement. Cela aurait permis une meilleure prise de conscience collective et peut être l’établissement de mesures plus précoces, pour éviter la situation catastrophique actuelle.

Lors de sa seconde allocution, Emmanuel Macron a déploré l’attitude de nombreux français n’ayant pas respecté les consignes de distanciation sociale. Il a eu raison de faire ce reproche, mais il est aussi responsable du fait que la population n’avait pas forcément les moyens de prendre la mesure de l’ampleur de la crise sanitaire en n’expliquant pas suffisamment la réalité.

On peut très bien être porteur du Covid-19 et n’avoir aucun symptôme, en tous cas pas tout de suite. Par définition, les personnes dans ce cas ne sont pas comptabilisées. Il y a même maintenant dans certaines régions françaises de nombreuses personnes ayant des symptômes, mais ne pouvant être testées, faute de moyens.

Il y a donc bien plus que 6633 porteurs du virus en France.

Le gouvernement et les institutions sont habituées à fonctionner avec des statistiques pour tout un tas de cas, sondages, audiences médiatiques, prévisions économiques, etc. Il n’y a donc pas de raisons qu’elles ne le fassent pas dans le cas de la crise sanitaire en cours, d’autant plus que les épidémiologistes savent faire ce genre de projections, et qu’ils le font probablement déjà.

On peut en effet tout à fait envisager les choses en comparant avec la situation chinoise. Ce graphique publié par le Journal of the American Medical Association le 24 février dans un article analysant la situation est très instructif :

 

On y voit en jaune les cas diagnostiqués chaque jour dans la région du Hubei. Il faut ainsi lire par exemple : le 10 février, près de 3000 cas sont diagnostiqués.

On y voit également en gris, la date déclarée (donc après coup) par les malades du jour de survenance des symptômes. Il faut ainsi lire par exemple : le 23 janvier, les symptômes se sont déclarés chez 2500 personnes (dont le diagnostique a ensuite été confirmé).

Ce jour correspond à la date du confinement dans la région.

En regardant la barre jaune, on voit que ce même jour environ 400 personnes ont été officiellement diagnostiquées.

Cela donne une première indication et permet une première possibilité d’estimation.

Il y a 1210 cas qui ont été diagnostiqués sur la journée d’hier en France, soit quatre fois plus que la journée du 23 janvier dans le Hubei, où les nouveaux cas réels (de personnes ayant des symptômes, donc pas seulement des personnes contaminées) étaient de 2500.

Un simple rapport de proportionnalité permet de penser qu’il peut y avoir eu hier 10 000 personnes contractant des symptômes, soit une avancée de l’épidémie quatre fois plus importante que dans le Hubei à une date équivalente (décision de confinement). Cela cependant n’est qu’une extrapolation statistique et n’est pas satisfaisante, bien que la taille du bassin soit équivalente (59 millions d’habitants pour le Hubei).

Une autre différence est que les mesures sanitaires ont été rapidement efficaces, alors que les Chinois avaient déjà à la base des comportements sanitaires beaucoup plus responsables qu’en France, puisqu’ils portent systématiquement un masque en cas de rhume ou d’état grippal.

En France, où les comportements ne sont pas appropriés, on peut donc largement supposer que la situation est pire.

Un autre exercice statistique est possible avec le graphique du Hubei. En s’intéressant à la période d’avant le confinement et en choisissant la date du 22 janvier comme limite :

– en additionnant les barres orange, on a environ 450 cas ;

– en additionnant les barres grises, on a environs 12 000 cas.

Le nombre de cas officiels en France le 15 mars (le « orange » sur le graphique), veille des mesures de confinement, était de 5 423 cas, soit plus de dix fois plus. Un simple rapport de proportionnalité permet d’estimer le nombre de cas réels actuellement à environs 150 000 personnes. C’est énorme, d’autant plus que beaucoup de choses permettent de supposer que c’est plus.

Les autorités françaises ont beaucoup trop tardé à prendre des mesures, ont même refusé d’en prendre au début et le pays va en payer très cher le prix. Le système de santé, déjà saturé dans l’Est, et engorgé en Île-de-France et dans le Nord, ne pourra pas supporter le nombre de malades qui va encore exploser.

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Un bien étrange premier tour des municipales de mars 2020

Le maintien du premier tour des municipales par le gouvernement contraste totalement avec le confinement toujours plus nécessaire. Les résultats apparaissent ainsi comme en décalage avec la gravité de la situation.

Légalement, le second tour est censé se dérouler une semaine après le premier, mais l’incertitude prédomine dans l’ensemble de la société française, qui a regardé dubitative la tenue des élections. L’abstention a ainsi été de 56 %, contre 35,5 % en 2014.

Il va de soi que si le gouvernement a forcé les choses, c’est par souci de maintenir le légitimisme en situation de crise. Le régime se doit de montrer qu’il sait passer les crises. Car le plus dur reste à venir et de par le caractère volcanique de la situation sociale française, il faut maintenir la pression.

Comment les Français vont-ils en effet réagir quand le gouvernement ne donnera pas seulement des consignes, mais obligera par la police et l’armée, à l’instar des Tchèques et des Autrichiens, à appliquer le principe de quarantaine ? Sans parler de l’Italie, où il est formellement interdit de sortir de chez soi ne serait-ce que pour se promener seul.

Comment dire aux Français que tout rassemblement de plus de cinq personnes est interdit, alors que samedi les rues commerçantes étaient aussi pleines que les parcs le dimanche ?

Les Français ne supportent pas le changement, sauf quand il va dans le sens du non-changement. L’extrême-Droite conserve ainsi ses bastions à Béziers et Hénin-Beaumont dès le premier tour (respectivement 66 % et 78 % des suffrages), ainsi qu’à Fréjus, Beaucaire, Hayange, Villers-Cotterêts.

Et à Perpignan, seule ville de plus de 100 000 habitants gagnable pour l’extrême-Droite, Louis Alliot est arrivé en tête des scrutins avec 36,5 % des voix.

C’est le même conservatisme faisant qu’EELV engrange des succès, moins grand qu’espéré par cette structure de centre-gauche. EELV arrive en tête à Bordeaux, Lyon, Strasbourg ou encore Grenoble, pesant dans de nombreuses autre situations, remplaçant de facto la Gauche.

On constate un repli, une contraction des mentalités, et d’ailleurs la Droite se maintient tant bien que mal à de nombreux endroit en ayant misé sur les enjeux locaux, alors que LREM ne sort pas du tout gagnante, contrairement à ses espoirs.

La seule perdante, c’est finalement la Gauche. Quand il y a eu des listes d’union, les succès ont été là, mais pour le reste, elle a disparu comme proposition politique. En fait, elle perd à tous les niveaux, tant sur le plan local que sur le plan national, puisqu’elle est sans voix dans cette situation de crise.

Elle paie ici le prix de s’être mis pendant des mois à la remorque de la CGT, qui est totalement dans les cordes. Sur son site on ne trouve toujours rien quant à la situation actuelle très difficile pour les salariés, et même encore un appel irréaliste pour se mobiliser le 31 mars !

La France paie ici son décalage total, son libéralisme, son relativisme, son attitude de girouette. La France est à l’image de ce petit groupe d’ultra-gauche dénonçant ce lundi le relativisme ambiant et les attitudes individualistes, alors que deux jours auparavant il participait à un rassemblement pour le climat dans une grande ville, acte le plus relativiste et le plus individualiste qui soit.

La France est une gigantesque comédie et tant de vanité ne peut conduire qu’au désastre.

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Politique

Le nihilisme des gilets jaunes et de l’ultra-gauche manifestants malgré les mesures de confinement

En manifestant hier malgré les mesures de confinements liées à la crise sanitaire du Covid-19, les gilets jaunes et l’ultra-gauche ont montré à nouveau à quel point ils sont une forme sociale rétrograde, nihiliste, consistant en un populisme puant et incapable de la moindre responsabilité sociale.

Quelle honte, quelle stupidité. Alors que le pays traverse une crise sanitaire majeure exposant les plus fragiles, risquant d’engorger le système sanitaire, les gilets jaunes et l’ultra-gauche ont choisi de n’en avoir rien à faire.

Ils n’étaient pas très nombreux certes à manifester hier à Paris, mais suffisamment pour constituer une foule dense et compacte tout à fait propice à la propagation du coronavirus Covid-19, comme on le voit sur ces images :

Il ne s’agit pas ici seulement d’une question sanitaire, mais d’état d’esprit. En faisant cela, ces personnes montrent qu’elles n’ont aucunement envie de changer le monde, de faire avancer la société. Leur démarche est fondamentalement nihiliste et leur habituel casse de vitrine et caillassage de policier ne consiste qu’en l’expression de ce nihilisme, aucunement en de la révolte sociale.

Cette affiche appelant à la manifestation ayant circulé sur internet en dit très long sur la mentalité des gens ayant manifesté hier, s’imaginant représenter quelques-chose d’important alors qu’ils ne sont que la lie de la société :

Dans le même genre, voilà que la foule crie « suicidez-vous » à l’approche d’une compagnie de police :

Ou encore qu’une personne d’une stupidité innommable crache sur des CRS :

Ces gens bien sûr ne se priveront pas ensuite de déplorer des « violences policières », alors que ce sont eux les provocateurs.

Que dire également de ces « antifas » se croyant malin en chantant un slogan antifasciste italien… tout en ne respectant pas le confinement alors justement qu’en Italie le pays est à l’arrêt à cause de la pandémie dont l’avancée est très forte ?

Que dire de ces étudiants de la tendance « Tacle » de l’Unef, une tendance censée être très à Gauche, expliquant sur Twitter qu’ils sont venus à la manifestation pour « réclamer des mesures d’urgence face au #coronavirus »… alors qu’ils ne respectent pas cette mesure pourtant élémentaire du confinement ?

Quelle décrépitude ! C’est du même niveau que ces supporters ultras du PSG s’étant rendus aux abords du Parc des Princes cette semaine malgré le huis-clos, et dont l’un d’entre eux à eu cette idée incroyablement sotte d’arborer un drapeau « Le virus, c’est nous »…

Ce nihilisme représente exactement l’inverse de la Gauche, qui incarne le développement culturel et social le plus développé de la société, et donc le sens des responsabilités collectives et sociales le plus abouti.

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Le document de la CFDT à propos du Covid-19

La CFDT a produit un document très complet et utile dans le cadre de la crise sanitaire du Covid-19. C’est actuellement le seul véritable document syndical de valeur quant à la situation.

Cliquez sur l’image ci-dessous pour télécharger le pdf du document (qui fait 11 pages) :

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Politique

L’État français réagit à la crise du virus COVID-19

Évoquant la plus grande crise sanitaire en France depuis un siècle, Emmanuel Macron assumait hier soir la posture de l’homme d’État. Il a annoncé des mesures d’ampleur et prononcé un discours d’une grande portée adressée à la population pour « faire bloc » contre le virus COVID-19. La bourgeoisie, en tant que classe dominante, sait administrer un État et assumer la gestion d’une situation de crise, malgré ses faiblesses, malgré ses limites historiques.

La crise engendrée par le virus COVID-19 a déjà une portée historique tant les choses ont été bouleversées, notamment en Italie (827 morts) et en Chine (3172 morts). La France, avec déjà 61 morts, de nombreuses personnes en réanimation et 2876 cas confirmés, sait que l’épidémie est amenée à se développer dans le pays. Le personnel scientifique médical n’a aucun doute là-dessus.

Le président Emmanuel Macron a donc annoncé hier un saut dans la mobilisation contre la propagation de l’épidémie, avec des mesures d’une ampleur inédite :

  • les établissements scolaires et les crèches seront fermées dès lundi et ce jusqu’à nouvel ordre ;
  • un service minimum pour la garde des enfants des personnels soignants sera assuré ;
  • il est expressément demandé à la population d’éviter les transports en commun dans la mesure du possible ;
  • les personnes de plus de 70 ans et les plus fragiles sont incitées à rester confinées ;
  • les entreprises peuvent sans justification suspendre le paiement de leurs charges sociales du mois de mars ;
  • des mesures de prise en charge du chômage techniques sont annoncées ;
  • la trêve hivernale (pour le logement) est repoussée de deux mois.

Rappelons d’ailleurs ici les mesures sanitaires, essentielles, qui ont été redites hier, et qui ne sont encore pas suffisamment respectées, voir pas du tout :

  • ne pas se serrer la main ni se faire la bise ;
  • se tenir le plus possible à un mètre les uns des autres dans le cadre public ;
  • se laver soigneusement les mains plusieurs fois par jour.

Le discours du président de la république va cependant provoquer un électrochoc et, dès demain, un nouveau cap sera franchi dans la prise de conscience collective de la crise en cours. C’est que l’État, n’étant pas une entité abstraite, « totalitaire », mais un mode d’administration de la société, a un rôle réel et d’autant plus concret dans une telle situation de crise. Sa voix porte, ses décisions ont une portée.

Les préfectures assument déjà depuis plusieurs semaines dans certains départements des mesures d’exception, notamment en ce qui concerne le sport. La tenue à huis-clos du match de Ligue des champions du Paris Saint-Germain avant-hier a particulièrement marqué les esprits, mais il y a également tout un tas de compétition sportives amateurs annulées partout en France depuis plus de deux semaines.

Cela va continuer et les fédérations de basketball et de football ont d’ores et déjà annoncées hier que toutes les compétitions étaient suspendues, ainsi que les entraînements, ce qui a un impact énorme dans le quotidien de la jeunesse, notamment populaire, et des parents.

Emmanuel Macron, pourtant grand défenseur du libéralisme, a même évoqué hier la possibilité d’une fermeture des frontières, ce qui d’ailleurs aurait pu ou dû être assumé bien plus tôt. Parlant d’« union sacrée », il a également fait appel à « la discipline individuelle et collective », pourtant tant honnie en France, pays du je-m’en-foutisme érigé en art-de-vivre.

C’est que la crise est profonde et il faut pour cela une force sociale solide et profondément établie pour y remédier, ou en tous cas tenter de le faire. La Gauche doit assumer ce niveau d’exigence.

Une crise comme celle du virus COVID-19 montre bien à quel point tout est une question de direction, de capacité à gouverner, d’affirmation d’un appareil d’État dans un sens démocratique, populaire. Ce qui exige une Gauche de haut niveau, sur la base de ses acquis historiques, avec un peuple mobilisé, sur une base démocratique.

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Le coronavirus COVID-19 et les multiples crises qu’il implique

Le coronavirus COVID-19 fait peur en France, mais la nature de la crise est mondiale et touche pratiquement tous les aspects de la vie. C’est encore un signe que rien ne va plus pour une planète toujours plus malade du capitalisme et des humains le diffusant.

Paranoïa et réelle crise sanitaire, crise de l’utilisation des animaux à la fois de manière artisanale et hyper-industrielle, perturbations économiques, chaos administratif et réelle supervision à la fois opaque et bureaucratique… Le coronavirus COVID-19 a été la boîte de Pandore de toute une série de contradictions, dont on ne voit pas la fin.

Il va de soi que le fait que la crise du coronavirus COVID-19 parte de Chine, l’usine du monde, renforce d’autant plus le véritable choc mondial. Un choc dont on n’entrevoit pas la fin : qui peut savoir comment une maladie d’origine animale, ayant sauté la barrière des espèces, comme le SRAS et Ebola, va se comporter ?

On est en effet ici dans une crise provoquée par le grand chambardement planétaire provoqué par les activités humaines. Si en Chine on ne capturait pas des centaines et des centaines de milliers d’animaux sauvages, dans les conditions les plus sordides, pour les amener vivant et les tuer sur le marché, pour les consommer comme aliments, la crise du coronavirus COVID-19 n’aurait pas existé. C’est aussi simple que cela.

Naturellement, cela n’inquiète guère les médias, qui préfèrent distiller la peur et engager une réflexion inquiète sur les conséquences pour l’économie mondiale. Le capitalisme se nourrissant du capitalisme toujours plus grand, toujours plus étendu, le ralentissement général lui est contre nature. Cela ne sera pas sans conséquences, mais quelle sera leur dimension ?

Et la Chine s’en remettra-t-elle ? Ce pays vise à être une superpuissance et son affrontement avec les États-Unis est déjà programmé, de part et d’autre. Mais son statut de colosse aux pieds d’argile est déjà flagrant. Wuhan, avec ses onze millions d’habitants, désormais connu mondialement comme lieu source du coronavirus COVID-19, reflète l’incroyable décalage chinois entre une avancée à pas de géant et une arriération terriblement profonde.

Si 400 millions de Chinois voient leur niveau de vie augmenter, tel n’est pas le cas pour un milliard d’ouvriers, de paysans, affrontant des conditions de vie misérable. Les 3/4 des Chinois n’ont même plus d’assurance-maladie, le système ayant été démantelé pour laisser libre la voie au capitalisme le plus effréné. Quant à l’hôpital censé être sorti du sol en dix jours, c’est un simple assemblage de préfabriqués, lui-même symbole de l’absence initiale d’infrastructures.

Ce qui est inversement d’autant plus étonnant, c’est le gigantesque stress qui est né en France. Il y a pourtant beaucoup d’infrastructures, une capacité sanitaire parmi les meilleures mondiales. On voit cependant à quel point tout est atomisé et il n’y a aucune confiance nulle part. Le coronavirus COVID-19 est prétexte à un repli sur soi, à un retour dans une bulle d’autant plus trompeuse qu’elle exige l’individualisme le plus complet.

Il y a tellement d’aspects dans cette crise qui commence seulement que, finalement, il est inévitable de la considérer comme propre à une époque, celle de la fin d’une civilisation, incapable de se saisir rationnellement des questions posées, de s’organiser de manière constructive, à l’échelle planétaire d’ailleurs.

Oui, il faut être visionnaire, par les temps qui courent. Sans quoi la fin de la civilisation capitaliste sera la fin de la civilisation tout court.