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Vie quotidienne

Les sans-attaches et les ligotés du capitalisme

Dans la vie quotidienne du capitalisme, on peut distinguer deux types d’attitudes majeures. Il y a ceux qui vivent les choses de manière consommable, sans jamais vouloir s’engager durablement. Et il y a ceux qui suivent ce qu’on peut appeler un modèle de vie d’adulte, au sens petit-bourgeois et bourgeois du terme. Les deux camps cohabitent dans le capitalisme, mais vivent à part. Leurs mentalités peuvent se rejoindre, pas pour les mêmes raisons cependant.

Car ce qu’il faut bien saisir, c’est que ces deux attitudes majeures, ces deux styles de vie si on veut, ne dépendent pas des classes. Elles dépendent du rapport à la ville et aux campagnes. Cela ne veut pas dire qu’on soit dans un capitalisme qui se soit débarrassé des classes. Cependant, la fracture villes-campagnes sans cesse élargie par le capitalisme aboutit à une situation en développement.

Prenons par exemple la contestation « très à gauche » et celle « très à droite ». Dans les deux cas, on trouve ensemble les sans-attaches et les ligotés du capitalisme. Mais pas les mêmes ! Dans la version de « gauche », on trouvera des gens changeant d’emploi facilement ou étudiant, surtout jeunes, qui sont hyperactifs sur les réseaux sociaux, s’agitent d’autant plus qu’ils n’ont pas de responsabilités : pas de famille, pas de propriété. Ils profitent de la ville où ils s’activent d’autant plus qu’ils ont peut-être moyen de faire carrière par cette agitation. L’étudiant sans succès sait bien que plus il ira loin par exemple dans les délires LGBT, plus il va socialiser avec le turbocapitalisme et pouvoir trouver une place.

On trouve aux côtés de ces sans-attaches des ligotés du capitalisme, dans leur variante bourgeois de gauche. C’est le public de l’Observateur, le « nouvel obs » historique où les discours de « gauche » accompagnent des articles sur des montres à 2000 euros et des appartements pour CSP++. Ces gens veulent un capitalisme moderne, qui se renouvelle, qui soit social pour atténuer les chocs. Le Parti démocrate aux États-Unis est l’équivalent de tout cela.

« Très à droite », on a aussi des sans-attaches et des ligotés du capitalisme. Sauf que ces derniers ne sont pas des bourgeois : ils sont populaires. Ils ont acquis la propriété, et maintenant il ne faut plus que ça bouge. Le vote Le Pen, c’est historiquement cela. Les gilets jaunes sont également une expression de ces ouvriers et employés, artisans et commerçants ultra-conservateurs. Parvenus à un certain niveau d’accumulation de capital, ces gens aimeraient geler la situation. Tout ce qui est nouveau les dérange. Et le nouveau, voilà ce qui dérange aussi des sans-attaches… pour le coup bourgeois et grand-bourgeois. Car il y a des bourgeois restés au capitalisme à la papa.

Les agités de « l’ultra-droite » française relèvent totalement de cela et à ce titre ils ne sont même plus d’extrême-Droite. Ils assument de « réagir » au capitalisme accéléré, avec un style provocateur et brutal qui relève totalement des codes du capitalisme accéléré. Ils n’ont aucune cohérence sur le plan des idées et l’assument. Pour preuve, tous soutiennent le régime ukrainien pourtant totalement au service de l’Otan et de la superpuissance américaine. Cela ne les dérange pas, car ils voient que le régime ukrainien a une idéologie nationaliste et que les nazis y ont un immense espace en théorie et en pratique. Alors ils foncent : ils assument d’être simplement en réaction.

Il n’est pas difficile de voir ici que plus on est lié aux villes, plus on est influencé par le turbocapitalisme, alors que plus on est lié aux campagnes, plus on est marqué par la contestation « en réaction ». Ce qui ne veut pas dire qu’on soit concrètement en ville ou à la campagne. On peut en effet idéaliser la ville et la campagne. Tel urbain va avoir une image idyllique de la campagne, par l’intermédiaire de la chasse, tel habitant des campagnes va rêver d’une vie pleine de fantasmes en mode LGBT urbain. Et il y a bien entendu en France toute une série de degrés entre la campagne « absolue » et le centre de Paris.

Il est évident que tant que cette mauvaise dialectique des sans-attaches et des ligotés du capitalisme se maintient, il n’y a pas de place pour la Gauche historique. Et y en aura-t-il ? Car en France, pays occidental s’effondrant, tout a l’air coincé, tout en parvenant à se maintenir, et on peut penser qu’il y en aura pour un certain temps avant que tout cela ne soit remis en cause. Cela semble même être pareil pour tous les pays occidentaux. Dans tous, l’idéologie LGBT est assumée officiellement par les États, par l’Union européenne encore plus, et c’est pourtant toujours présenté comme une « cause » d’une portée « rebelle ». Que les gens acceptent une telle mystification, même passivement, en dit long.

De toutes manières, un pays qui finit par accepter l’idée qu’être homme ou femme, c’est dans la tête que ça se décide… a atteint un relativisme absolu. Plus rien ne peut vraiment tenir quand on a atteint un tel niveau de remise en cause de la dialectique de la réalité, avec ses oppositions bien-mal, passé-futur, positif-négatif, prolétariat-bourgeois. Tout se voit réduit à de l’individuel, à du choix de consommation. Encore faut-il pouvoir consommer… et c’est là la faiblesse du capitalisme. Si la superpuissance américaine n’arrive pas à torpiller la Russie puis la superpuissance chinoise… ce sera l’instabilité.

Là les sans-attaches et les ligotés du capitalisme cesseront d’être un obstacle à la recomposition du prolétariat dans la métropole occidentale.

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Écologie

Chroniques de la décadence : « les animaux ne sont pas mes camarades »

La crise généralisée du mode de production capitaliste a ceci de fascinant qu’elle force les idéologies les plus délirantes, les plus libérales, à dévoiler toujours plus leur véritable visage. Elles ne prennent de moins en moins de détour, se font toujours plus anti-universelles, bref : elles sont l’expression d’une classe en pleine décadence qui tente d’engloutir toute la société, toute la vie sur Terre avec elle dans sa chute.

Prenons un exemple tiré du site paris lutte infos (« Site coopératif d’infos et de luttes Paris – banlieue »), plateforme d’une ultragauche sans saveur, sobrement intitulé « Des droits pour les trans et les autres minorités sociales avant les animaux ».

Résumons.

La position défendue est que l’antispécisme est « une lutte de privilégiées » qui n’exigeraient que des changements juridiques pour les animaux ce qui invisibiliseraient les luttes des « minorités sociales » :

« De façon plus générale, exiger des droits pour les animaux alors que des minorités sociales ne disposent pas du même traitement juridique et sociale que les classes privilégiées, c’est juste incompréhensible. »

Mais surtout, cela n’apporterait rien aux minorités opprimées si chères au post-modernisme :

« Mais ça nous apporte quoi dans nos luttes ? Ça va m’apporter quoi en tant que meuf trans ? »

Notons au passage que titre mentionne les « autres minorités sociales » mais dépasser le « moi, moi, moi et encore moi » est visiblement toujours aussi difficile pour l’activisme trans. Même les théories racialistes post-modernes ne sont que des amis de seconde zone, vite mises de côté. Quel bel exemple de solidarité entre petit-bourgeois décadents.

Antispécisme et turbo-capitalisme trans

Le seul point que l’on peut concéder à l’auteur est que l’antispécisme est bien une arnaque.

Seulement, sa critique est celle d’un ultra-libéral qui considère que les militants antispécistes ne sont pas suffisamment décadents et narcissiques à son goût.

Il faudrait toujours inclure les autres, « intersectionnaliser » les luttes. Pourquoi ? Pour ne pas invisibiliser les différentes minorités opprimées. Demander à donner des droits aux animaux (ce qui une vision antispéciste, la véritable question est de défendre la Nature), reviendrait à nier la réalité qui est que des humains n’ont pas les mêmes droits que les autres (on attendra en vain des exemples de l’auteur). On notera au passage que l’inverse n’est pas vraie : demander que les luttes anti-racistes ou pro-trans prennent en compte la souffrance des animaux serait une insulte. En clair : moi, moi, moi et toujours moi. Le narcissisme de l’activisme trans ne connaît pas l’indécence.

Après être passés en force au sein de mouvements féministes, nos chers activistes trans ont décidé qu’il était temps de passer à la vitesse supérieure et s’attaquer aux animaux. Retirez cette Nature que je ne saurais voir.

Ce texte est tout simplement l’expression de ce besoin : l’antispécisme n’est pas visé en soi, il est attaqué parce qu’il prétend défendre les animaux. Son tort est de prétendre s’intéresser à la Nature en définitive (chose qu’il ne fait absolument pas en réalité), chose inconcevable pour l’ultra-libéralisme porté par les trans.

« Les animaux ne sont pas mes camarades »

« Donc voilà. Les animaux ne sont pas mes camarades. Mes sœurs et frères trans et non-binaires oui. Je lutte pour la reconnaissance de notre existence et pour notre survie collective. J’ai des priorités qui vous dépassent, comme beaucoup d’autres catégories sociales. »

Près de deux millions d’animaux sont torturés chaque année en France dans des laboratoires… mais ce n’est rien à côté de ce que doit endurer cet homme. Et ne parlons même pas de l’oppression inhumaine et multi-centenaire (millénaire ?) envers les personnes non-binaires.

La souffrance des personnes trans devient l’horizon indépassable, la seule cause véritable.

« Pleurer devant une photo de cochon mort comme si c’était une personne égale à nous, et ne pas le faire quand une de mes sœurs met fin à ses jours, comment je suis sensée le prendre ? Comment les personnes trans’ doivent le prendre ? Votre sainte moralité nous demande d’encourager une législation juste et égalitaire avec les autres espèces. Est-ce que c’est une mauvaise blague ? »

L’auteur utilise ici la même rhétorique que les défenseurs de la vivisection : un animal face à un être humain. Les souffrance des deux mises en correspondance. Il faut être tombé bien bas dans l’indécence pour écrire de telles phrases.

La réalité n’est pas un cochon mort pour un homme qui se suicide, mais plus de 20 millions de cochons tués chaque année après une vie plus ou moins proche de l’enfer contre… quelques personnes ? quelques dizaines de personnes ? qui se suicident par an.

Les premiers n’ont aucune chance de s’en sortir, tandis que les seconds auraient pu être pris en charge et accompagnés convenablement… si des associations et divers militants ultra-libéraux ne leur avaient pas remplis le crâne d’idées délirantes.

Ces deux situations n’ont donc tout simplement rien à voir, encore faut-il être capable d’un minimum de compassion pour le comprendre.

Les pauvres cochons morts sont littéralement partout dans la France du XXIe siècle. Les hommes persuadés d’êtres des femmes et qui se suicident, non. Tous ont le droit a une vie digne, mais il est ignoble d’exiger que les seconds occupent le premier plan. La compassion ne se choisit pas, elle est un mouvement naturel… et c’est là tout le problème de l’auteur : à force de nier à tout prix la Nature, on en vient étranger à l’idée même de compassion, pourtant si simple.

Pour archive, le texte original :

« Des droits pour les trans et les autres minorités sociales avant les animaux

Publié le 30 novembre 2021

Cette brève analyse fait suite à mon écoute du 77e podcast de Kiffe ta race qui m’a vraiment parlé. J’avoue que depuis des années de végétalisme, j’avais toujours ce sentiment de gêne en écoutant et militant avec des antispécistes. J’avais vraiment l’impression de perdre mon temps et d’être perdu par des discours qui s’essayaient au décolonialisme et à l’intersectionnalité, mais de façon presque perverse. C’est comme si on essayait de montrer aux minorités leur intérêt à adhérer à l’antispécisme. Je vais exposer ici pourquoi je pense que l’antispécisme ne peut pas parler à des classes et catégories sociales, tout simplement parce qu’on a pas votre temps.

La frontière incomprise entre l’antispécisme et le corps

Pendant des années, je me suis coltiné des textes de cis-gars blancs hétéros sur la question du droit animal et de l’éthique. Qu’est-ce que c’était chiant … Dans le 77e épisode de Kiffe ta race, Myriam Bahaffou nous explique que l’antispécisme, dans son corpus idéologique, se complaît avec du droit. En effet, les principallaux colporteurices conçoivent une idéologie principalement tournée vers l’espace universitaire, en invoquant des mots déconnectés comme « dignité » ; « égalité » ; « liberté » ; sentience » ; etc., dans l’espoir de pouvoir produire une révolution culturelle en accord avec une vision très idéaliste d’un monde sans exploitation d’aucune sorte envers les animaux non humains.
Bon. Personnellement, je dis go, mais, y a un hic !

Tout comme l’a bien expliqué Myriam Bahaffou, on va essayer de créer des analogies entre la situation animale avec la situation des personnes se situant dans le spectre de la race. Les personnes qui en sont les distributeurices vont malhonnêtement assembler des images, dans une démarche anachronique et préjudiciable, dans le but de faire dans le buzz, sans jamais militer contre le racisme. J’ai jamais vu un post dans un groupe Facebook d’antispéciste qui proposaient d’aller à un rassemblement antiraciste. Et ce serait vraiment bizarre en vérité, et je pense que je serais ironiquement la première à incendier la banderole.
Et ce genre d’analogie touche aussi aux luttes féministes, queer, etc. Au point où on en est …

Cette analogie entre littéralement l’esclavage et le traitement systémique des animaux domestiques est préjudiciable à mon sens car elle ne prend pas en compte le contexte historique de l’animalisation d’un corps humain. Et peu importe, le problème va au-delà et ce n’est certainement pas à moi d’en parler.
Le podcast Afro-écologiste montre bien que le végétarisme et le végétalisme ne sont pas, en tant que régime comme on le conçoit en Occident, une invention blanche. Chaque personne vit ce régime, à travers son corps et/ou sa culture, de manière singulièrement différente. C’est pour moi quelque chose qui doit intégrer la conception qu’on se fait du veganisme, et à côté, de l’antispécisme qui en tant qu’idéologie comme une autre, se construit dans un contexte social et spatial. Actuellement, l’antispécisme ne peut pas être imposée ou devenir hégémonique. Elle est construite avec un corpus militant qui ne considère pas les intérêts divergents entre les catégories et classes sociales, condamnée à rester une lutte de privilégiées.

Nonobstant les limites matérialistes de l’antispécisme, n’en demeure pas moins que sa nature juridique désirant un véritable changement légal (et social) d’individus non humains se suffit à elle-même. On va pas se mentir.
Je suis en total désaccord avec le fait d’accorder des droits dans l’immédiat.
Pourtant je suis végétalienne depuis des années. Cependant, étant donné que ce discours juridique est propagandé par des personnes appartenant aux classes sociales privilégiées, ça montre dans un premier temps que la construction épistémologique est totalement biaisée.
Aussi, ces personnes (à moins qu’elles soient des femmes qui vivent certaines formes de sexisme), admettent aujourd’hui que tout le monde n’est pas égal•e devant la loi, mais [!] refusent dans le même temps d’intersectionnaliser (donc revoir/corriger) l’approche antispéciste ; et dans le même temps invisibilisent des situations sociales bien réelles. La violence de la police pour certaines catégories de personnes, et en ce qui me concerne, la transphobie régulièrement expérimentée dans tous les champs de ma vie.
Je m’en contre carre que vous vous disiez queer-friendly, trans friendly, antiraciste, antivalidiste si vous restez dans un entre-vous. On se croirait sur un profil Okcupid … C’est malencontreusement ce qu’il se passe : l’idée c’est de massifier en charmant les nouvellaux, en promettant un cadre de lutte faussement inclusif pour la grande majorité des collectifs.

De façon plus générale, exiger des droits pour les animaux alors que des minorités sociales ne disposent pas du même traitement juridique et sociale que les classes privilégiées, c’est juste incompréhensible.
Jamais je n’oserais parler d’antispécisme dans mes cercles trans. Mais mon dieu j’aurais tellement honte. Ce serait indécent. Toutes les semaines, je vois différents profils de femmes trans, et clairement je suis pas la plus à plaindre. Certaines sont dans une précarité alarmante. Elles ont d’autres soucis à régler. Et même si je ne suis pas la seule personne trans’ à être végétalienne/antispéciste, je suis persuadée que ce n’est pas dans notre intérêt que de demander des droits pour les animaux si on ne se bat pas pour nous. Et personne ne le fera à part nous-même, comme d’habitude depuis le commencement des mouvements LGBTQI+.
La conséquence de quémander des droits pour les animaux, sans réelle alliance ou complicité intersectionnelle, c’est partir du constat que tout le monde a les mêmes droits. C’est pas très anarchiste. Des fois j’ai juste l’impression que beaucoup sont là parce que c’est plus facile de lutter dans les milieux antispécistes. On a pas à rendre de compte aux victimes du spécisme, contrairement à d’autres luttes qui concernent notre espèce ; et où repositionner sa personne via le prisme du corps demande un investissement intellectuel et matériel plus conséquent et concret.

Chaque corps n’a pas le même rapport avec l’antispécisme et je suis convaincue que cette idéologie est fondamentalement incapable de s’intégrer dans la société, globalement. À la limite, parler de veganisme est bien plus compréhensible et prend tout son sens si on considère comme l’a montré le podcast Afro-écologiste que beaucoup de cultures ont leurs héritages végétariens/végétaliens qu’on invisibilise beaucoup dans la culture française, qui est très carnée.
La lecture de la Puissance des mères de Fatima Ouassak m’a été profitable pour comprendre que le végétarisme était quelque chose qui était compris différemment selon les espaces géographiques : certaines villes comme Nanterre ne proposent pas des aliments convenables dans la cantine des écoles. D’où le fait que des parents exigent des aliments plus sains pour leurs enfants : des légumes, et pas de la viande recomposée qui donne le cancer et un goût amer avant le cours d’SVT.
Aussi, je vois de plus en plus d’ouvrages, d’articles ou des mots d’ordre qui tentent de faire des corrélations entre antispécisme/féminisme (C. Adams), antispécisme/queer, antispécisme et anarchisme. Vraiment, je me pose vraiment une question et je ne pense pas être la seule : vous cherchez à faire quoi en fait ? Certes ça peut apporter une perspective différente dans le regard qu’on a envers le corps animal, et comment on peut imbriquer différentes formes d’exploitation et de domination qui peuvent utiliser des procédés semblables envers différentes catégories de victimes. C’est aussi quelque chose d’utile d’un point de vue décolonial pour montrer les conséquences de la destruction de la faune et de la flore locale des anciennes colonies, et la transformation de l’agriculture mondialement. Chouette. Vous n’avez rien inventé.
Mais ça nous apporte quoi dans nos luttes ? Ça va m’apporter quoi en tant que meuf trans ? Est-ce que ça va me permettre d’accéder à la PMA ? Est-ce que ça va me permettre d’avoir accès à des soins sans risques et sans être obligée de prendre des hormones toute seule clandestinement ? Est-ce que ça va me permettre de ne pas connaître le chômage ? Est-ce que ça va me permettre de ne pas connaître l’abandon familial ? Est-ce que ça va me permettre de ne plus être reconnue comme malade aux yeux de la psychiatrie ? Est-ce que je vais pouvoir réapproprier les moyens de productions médicaux pour avoir accès à des soins psy, chirurgicaux, hormonaux ? Est-ce qu’on va pouvoir bouleverser la binarité et le patriarcat ? Est-ce que ça va me permettre de ne plus avoir peur dans l’espace public de peur de me faire harceler ou bien pire ?
C’est une vraie question.
Et ça va apporter quoi à d’autres minorités sociales ?
Pourquoi faire un cortège antispéciste à la Pride ou à la marche contre les violences sexistes ?
Pourquoi vous cherchez à imposer une place qui n’est pas la vôtre ? Restez à votre place. Faire des corrélations épistémiques dans le but de séduire, et pour réclamer des droits, c’est consternant. C’est encore une forme de privilège que de pouvoir faire ça.

Donc voilà. Les animaux ne sont pas mes camarades. Mes sœurs et frères trans et non-binaires oui. Je lutte pour la reconnaissance de notre existence et pour notre survie collective. J’ai des priorités qui vous dépassent, comme beaucoup d’autres catégories sociales.
Pleurer devant une photo de cochon mort comme si c’était une personne égale à nous, et ne pas le faire quand une de mes sœurs met fin à ses jours, comment je suis sensée le prendre ? Comment les personnes trans’ doivent le prendre ? Votre sainte moralité nous demande d’encourager une législation juste et égalitaire avec les autres espèces. Est-ce que c’est une mauvaise blague ?

Railey

Note

Peu importe que vous vous habillez en noir pour certain-es. Votre incohérence idéologique avec des cercles de gauche nous laisse malgré vous à la marge de vos mouvements. C’est triste de dire les choses comme ça mais on a rien à y gagner. Durant toutes mes participations à des actions de libération et de visibilité, j’ai vraiment eu ce sentiment récurrent de perdre mon temps.
Je reste végétalienne dans la pratique, et antispéciste de loin, mais avec une touche de critique qui je pense ne ferait pas de mal pour essayer de construire des socles idéologiques qui ne soient pas blessant pour certaines personnes qui s’auto-excluent de beaucoup de cercles du mouvement.

RIP L’Université d’Eté de la Libération Animale qui a été le seul espace à nous considérer véritablement. »

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Politique

L’Angoisse a pris les commandes de la France

C’est un paradoxe qui finalement dit tout sur notre pays : 715 000 personnes ont perdu leur emploi, mais elles n’ont aucune réaction politique.

De manière officielle, 715 000 emplois ont été « détruits » au premier semestre 2020 et soi-disant il n’y aura que 2000 chômeurs de plus au second semestre. La croyance en le capitalisme est digne de l’irrationnel religieux. Quoi qu’il en soit, il faut croire qu’il n’y a pas que les journalistes et les commentateurs économiques pour avoir la foi dans le capitalisme. Car où sont les 715 000 personnes ayant perdu leur emploi ?

Pourquoi n’ont-elles pas protesté, exigé des soutiens, alors que les entreprises se voient arrosés d’une pluie d’argent ? Pourquoi n’ont-elles pas exigé un soutien de l’ensemble du pays alors que leur situation personnelle s’est subitement dégradée ?

C’est là qu’on voit une profonde passivité par rapport aux événements. Quant aux syndicalistes, toutes leurs prétentions se révèlent vaines une fois de plus. Les syndicats sont inexistants dans la situation présente et si les syndicats sont nécessaires, on voit bien que la question est politique.

C’est d’ailleurs pour cela qu’elle n’est pas posée. Les chiffres du chômage sont donnés de manière très discrète : on n’a pas de grand titre avec « 715 000 personnes perdent leur emploi », « explosion du chômage », « crise sociale sans précédent », etc. On l’aura compris, il s’agit de maintenir le calme, à tout prix. D’où le fait de parler d’autre chose, notamment de la question « raciale », toujours très pratique pour diviser, c’est un classique des dominants à travers l’Histoire.

Il faudrait la Gauche. Mais la Gauche n’a aucun maillage. Historiquement, elle a toujours été porteuse d’une perspective électorale et ses rangs ont toujours été très clairsemés, elle n’a jamais été ni vraiment un mouvement de cadres, ni vraiment un mouvement de masse, faisant des élections son épine dorsale. Le résultat c’est une fuite en avant et on le voit en 2020 avec la déliquescence complète : tant le PS que le PCF sont les ombres d’eux-mêmes. La Gauche, c’est grosso modo cent mille personnes, mais organisés de manière relativement lâche, plus adhérentes que militantes, plus en mode participatif que structurées et ne parlons même pas d’idéologie ou de cadre.

La seule chose qui sauve est que l’extrême-Droite est nulle : ses cadres sont nuls, ses démarches artisanales, ses propositions idéologiques incompréhensibles, etc. etc. et tout cela malgré l’immense boulevard qui existe. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas une forte extrême-Droite en France : elle apparaîtra forcément, comme reflet de l’ambition expansionniste d’une France voulant « tenir son rang ». On est cependant heureusement encore loin du compte.

La problématique est de ce fait la suivante : les Français vont-ils finir par bouger ou pas ? Faut-il avoir quelque chose de clef en main ou bien accompagner un lent processus de conscientisation, de contestation, de révolte ?

Tout cela dépend d’une crise que, en l’état actuel des choses, personne ne veut voir. Ce qui règne, en France, actuellement, c’est l’Angoisse. C’est elle qui tient le pays. C’est cela qui explique les 715 000 emplois détruits que personne ne veut voir, même pas les gens ayant perdu ces emplois. Il y a la peur de passer dans l’inconnu, car tout le monde sait bien que les Français veulent tous le changement, mais qu’aucun n’est prêt à changer lui-même. Là est la clef du problème.

La crise va les forcer, pourtant. Cela va être brutal, cela va être une déchirure. Cela va être l’adversité. Espérons qu’effectivement les Français aient bien comme style de n’être jamais aussi bon que dans une situation caractérisée par l’adversité.

Sans cela, la brutalité qui contamine largement le pays – brutalité niée par l’ultra-gauche et la gauche réformiste qui ne saisissent pas toute la décadence d’un capitalisme en perdition – emportera avec elle toujours plus d’esprits prompts à dérailler face à une situation devenue intenable. C’est la fin d’une époque, de toute une époque, tout simplement.

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Politique

En France, même le ministre de l’intérieur ne respecte pas les règles sanitaires

Les mesures sanitaires sont simples et connues de tous. Pour éviter la propagation du Covid-19, il faut éviter à tout prix la proximité entre les individus et porter un masque pour éviter les projections de gouttelettes, notamment quand on parle. Ces règles ne semblent pas intéresser le ministre de l’intérieur Christophe Castaner qui s’en est affranchie en toute quiétude lors d’un déplacement hier. Cela en dit long sur les mentalités françaises et leur terrible arriération.

Le ministre de l’intérieur était en déplacement en Normandie ce samedi 16 mai. Il venait notamment pour « vérifier » le bon respect des règles en ce qui concerne l’accès aux plages. Il a d’ailleurs expliqué :

« Je ne tolérerai aucun manquement concernant l’application des gestes barrière et des règles de distanciation ».

On voit pourtant, lors d’une séquence filmée par BFMTV, Christophe Castaner manquer à toutes ces obligations sur le remblais de Veules-les-Roses :

Le premier ministre semble très heureux de discuter face à face avec des passants, sans masque, avant de s’approcher d’eux pour prendre une photo, allant même jusqu’à s’accroupir pour se mettre à la hauteur d’un petit garçon, à qui il parle à quelques centimètres du visage.

On voit ensuite le ministre repartir pour sa « vérification » du respect des règles, accompagné de tout un groupe de personnes, dont le maire de la ville, sans masques et se tenant toutes à proximité immédiate les unes des autres.

L’attroupement, badauds et journalistes compris, fait d’ailleurs bien plus que dix personnes, alors que c’est normalement la limite maximale autorisée sur la voie publique en France en ce moment. Le ministre de l’intérieur, censé être à la tête de l’organisation du respect de ces règles, n’est donc même pas capable de le respecter lui-même.

C’est non seulement indécent, mais surtout le signe d’une grande décadence des élites politiques françaises, à l’image d’une grande partie de la population prenant très à la légère les règles sanitaires nécessaires pour faire face au Covid-19.

Avec de tels comportements, avec une mentalité aussi stupide qu’inconsciente, le pays se dirige droit dans le mur et on a du mal à imaginer comment une seconde vague de contamination pourrait être évitée.

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Société

Pas de notes de guitare au jardin du Luxembourg à Paris

La capitale est devenue une ville totalement embourgeoisée, où les valeurs populaires parisienne s’évaporent sous les coups d’esprits étriqués à la recherche d’une aseptisation commerciale. Que quelqu’un puisse avoir un PV pour jouer quelques notes de guitare au jardin du Luxembourg est une expression d’une décadence totale.

Voici le récit de Léo qui a reçu un PV pour avoir jouer de la guitare dans les Jardins du Luxembourg à Paris :

« Ce qui devait arriver est arrivé : Hier j’ai été puni comme un délinquant par la loi pour avoir joué de la musique.

Faire de la musique ne devrait pas être un délit.

« C’est bien il ne porte pas ses couilles le jeune homme, c’est une fiotte. Moi je croyais au moins que t’irais au bout du truc pour faire l’intéressant devant tes copains mais même pas. »

La musique adoucit les moeurs disait Platon. J’estime qu’interdire la musique en quelque lieu que ce soit tant qu’elle ne dérange personne relève de l’arbitraire et de l’autoritaire.

Avec un groupe d’amis, nous passions un moment agréable au Jardin du Luxembourg. Ma guitare accompagnait discrètement les conversations.

Un premier agent de sécurité vient nous sommer d’arrêter. Il rejette sèchement nos interrogations : il n’a pas d’explication à nous donner.

Depuis quand, en France, n’est-il pas possible de jouer de la musique dans un lieu public ? À Paris de surcroît, une ville qui revendique sa richesse culturelle ? Alors que les lieux culturels ferment les uns après les autres, jouer de la musique semble relever d’un acte de résistance…

Quelques heures plus tard, un deuxième agent nous rejoint, encore plus méprisant. Il nous explique que « autoriser une guitare c’est autoriser un djembé, puis une trompette, une batterie, et on s’arrête où après ? ». Ridicule. Je lui explique que sans raison valable (plainte de nos voisins de pelouse par exemple), je défendrai ma liberté de jouer et continuerai. Offusqué l’agent dresse alors un procès verbal. Au moment de me le faire signer il tente de m’intimider. Sois disant que si je refusais « je verrai bien ce qui allait m’arriver, mais que ce serait pire ». Pour quelques arpèges.

La situation ayant atteint un niveau d’absurdité indécent, j’accepte et signe. Satisfait, l’agent se gargarise : « C’est bien il ne porte pas ses couilles le jeune homme, c’est une fiotte. Moi je croyais qu’au moins t’irais au bout du truc pour faire l’intéressant devant tes copains mais même pas. » Infantilisation, humiliation, insulte, homophobie…

Outre le comportement excessivement inapproprié des deux agents, me voilà donc sanctionné pour la raison absurde que j’ai « joué dans le jardin du Luxembourg de la guitare sans autorisation spéciale ».

Je suis musicien. Je le suis par passion parce que c’est la chose qui me rend le plus heureux au monde. Je le fais tous les jours à raison de plusieurs heures par jour, et c’est parfois difficile. Mais aujourd’hui, j’ai la chance d’être appelé pour donner des concerts ou composer au service de divers projets et je retire un sentiment et une énergie positive très puissante de ce partage et de cette communion avec autrui. Me faire censurer et punir de la sorte pour avoir voulu partager et répandre gratuitement un peu de bonheur et de vie, a été une expérience violente et très désagréable que je trouve absolument révoltante.

J’ai l’intention de contester ce procès verbal, et j’aimerais que cette histoire ne se reproduise jamais pour personne. »

Ce qui devait arriver est arrivé : Hier j'ai été puni comme un délinquant par la loi pour avoir joué de la…

Posted by Léo Arguillère Toussaint on Mánudagur, 22. apríl 2019

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Culture

Game of Thrones : ultra-violence et viols, une série inacceptable

La série Game of Thrones est un excellent exemple de décadence. Il y a 25 ans elle aurait été interdite, aujourd’hui elle est célébrée. Les mentalités n’ont pas progressé, elles basculent au contraire dans le goût de l’horreur et le cynisme.

Qui cède au plaisir de se divertir avec des perversions est dans une situation d’échec culturel. C’est une évidence pour qui est non seulement de gauche, mais à Gauche. Et on sait comment le divertissement qui se développe dans notre société cherche le pittoresque, le grotesque, le malsain, le pervers, pour attirer l’attention, frapper les esprits, les impressionner.

Du sexe et de la violence, de la violence sexualisée et du sexe lié à la violence, tels sont bien souvent les ingrédients sordides utilisés par la production capitaliste de biens culturels pour attirer l’attention. C’est inacceptable, et à ce titre la série Game of Thrones est inacceptable. Rien que le premier épisode contient un élément terriblement sordide : un enfant de dix ans est jeté depuis une fenêtre, car en grimpant il a vu la reine coucher avec son frère jumeau ! Rien que là, tout était dit, surtout que le frère dit : « qu’est-ce qu’on ne ferait pas par amour ? ».

Qui peut donc accepter de regarder une horreur pareille ? Qui peut accepter de voir une série pour se divertir en acceptant qu’il y ait systématiquement des viols ? Avec d’ailleurs une insistance sur les viols des trois femmes ayant les rôles les plus importants (Daenerys, Sansa et Cersei) ? Comme cette scène, d’ailleurs pas dans la série des livres (où il y a cependant encore plus de viols), où Sansa vient de se voir marier à une brute qui lui dit « déshabille-toi », déchire sa robe, la caméra montrant son visage en pleurs, se focalisant ensuite sur ses cris, le tout en présence d’une troisième personne, son propre demi-frère.

Qui peut se complaire dans les crimes, la torture, les massacres ? Qui peut prendre du plaisir à voir une jeune femme enceinte se prendre un couteau dans le ventre ? Qui peut apprécier de voir quelqu’un avoir ses yeux crevés et sa tête explosée ? Qui peut supporter une séance de torture, culminant avec une émasculation ?

Il faut également voir que la série présente de manière « intéressante » une société à la fois féodale et barbare (ce qui est absurde, les deux sociétés n’ayant rien à voir), où tout est complot et manigance, jeux de pouvoirs et perversion. Et le tout, qui plus est, avec des éléments magiques et mystiques, l’utilisation de mythes, c’est-à-dire des fantasmagories qu’il faudrait jeter aux oubliettes depuis longtemps.

Cette dimension anti-historique empêche d’avoir un aperçu concret de la réalité. On ne peut pas comprendre le capitalisme si on ne connaît pas l’évolution du monde et qu’on s’imagine que la féodalité est l’équivalent de la barbarie de l’époque esclavagiste. On ne peut pas comprendre le monde si on s’imagine que des individus font l’Histoire, parce qu’ils seraient plus forts, plus malins, plus intelligents. Game of Thrones est une machine à écerveler et il n’y a rien de surprenant à cela, à moins de considérer que ce que produit le capitalisme est une bonne chose.

Quelle honte, pour cette raison, de voir des organisations se définissant comme de gauche jouer avec la « hype » autour de la nouvelle et dernière saison de Game of Thrones. C’est là la preuve d’une capitulation morale, d’un refus des valeurs féministes – que dire, de la dignité même des femmes simplement. Une véritable Gauche ne peut être que pour l’interdiction d’une série comme Game of Thrones, pour la condamnation de ce qui est montré.

Il ne s’agit pas d’être libéral et de dire qu’il ne faut pas regarder cette série. Non, il faut prôner son interdiction, son rejet total, sa destruction. Et on sait que justement cette série est très populaire en France, et c’est bien là le problème, et une preuve que la France plonge dans les ténèbres.

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Société

Benoît XVI sur l’Église catholique et la dégénérescence du monde moderne

Le pape « retraité » Benoît XVI a fait une longue lettre publiée au sein de l’Église catholique. Il y explique que celle-ci connaît une attaque venant de ceux qui veulent la moderniser, l’adapter à des mœurs qu’ils considère somme toute comme dégénérées. C’est toute la logique mystique d’une « révolte contre le monde moderne ».

La Gauche historique a un grand point commun avec le catholicisme, et cela la distingue de la gauche post-moderne, post-industrielle. Ce point commun, c’est l’affirmation d’une morale et de valeurs bien déterminées, d’une éthique du quotidien. Ni la Gauche historique, ni le catholicisme ne professent le libéralisme. Ni l’une, ni l’autre n’acceptent le discours libéral-libertaire de déconstruction des normes et des valeurs.

Naturellement, la Gauche historique et le catholicisme ont des visions du monde bien différentes. Mais les deux ont des valeurs et en cela, ils sont opposés à une « modernité » capitaliste faisant de l’individu, de ses caprices, de ses « choix », l’alpha et l’oméga du sens de la vie. C’est pour cette raison que l’Église catholique, comme elle professe un mysticisme, est catégoriquement contre le mariage des prêtres. On ne peut être marié qu’à l’Église comme intermédiaire avec le divin.

Cela semble incompréhensible pour une écrasante majorité de Français, catholiques ou pas. Car les Français sont libéraux et ne comprennent pas que tout ne soit pas relatif. Ils ont accepté les règles culturelles du capitalisme comme quoi tout se vaut. Or, les religions ne sont pas relatives, elles viennent de Dieu, si on accepte leur discours.

Évidemment, il n’y a pas de Dieu, donc ce qui est dit est relatif, car le produit de l’Histoire. Le christianisme a joué un rôle progressiste, le catholicisme d’abord, le protestantisme ensuite. Mais c’est du passé et aujourd’hui on n’en a plus besoin. Beaucoup de gens l’ont compris, même de ceux qui croient en les religions ! Et cette incohérence est un problème, car les religions, de leur côté, maintiennent forcément leur discours.

Pour le pape Benoît XVI, donc, la religion n’est du passé, mais un présent ininterrompu, celui de la révélation, et dans un long texte, il défend le caractère sacré des institutions religieuses. Il formule cela avec lyrisme, refusant toute modification, toute « innovation » comme le disent les musulmans :

« L’idée d’une meilleure Église, créée par nous-mêmes, est en fait une proposition du Diable, par laquelle il veut nous éloigner du Dieu vivant, à travers une logique trompeuse par laquelle nous sommes trop facilement dupés. »

Tout cela ne peut évidemment que perturber les catholiques français. « Abus sexuels, un texte troublant de Benoît XVI », dit d’ailleurs le titre d’un article à ce sujet dans La Croix, le quotidien catholique. Le sous-titre de l’article tente de désamorcer l’affaire :

« Analyse Une revue allemande a publié un texte de Benoît XVI dans lequel le pape émérite semble prendre le contre-pied du pape François sur la question des abus sexuels. »

La Croix ment ici et cherche à masquer le problème en tordant les faits. Ce n’est en effet pas une revue allemande, mais la revue du clergé catholique de Bavière et du Palatinat rhénan. Il y a donc une dimension tout à fait légale à ce texte, publié dans un cadre relevant directement de l’Église catholique romaine.

À cela s’ajoute que le texte est d’un pape « retraité », une sommité théologique. Et il a été bien précisé lors de la parution de l’article qu’il y avait l’accord du pape François pour sa sortie. Les derniers mots du texte sont d’ailleurs :

« À la fin de mes réflexions, j’aimerais remercier le pape François pour tout ce qu’il fait afin de nous montrer, de manière toujours renouvelée, la lumière de Dieu, qui encore aujourd’hui n’a pas disparu. Merci, Saint Père ! »

Il est vrai que le texte fait mal à tous ceux qui tentent de réinterpréter le catholicisme de manière libérale ; le quotidien italien le Corriere della Sera parle d’ailleurs d’un « véritable coup de poing dans l’estomac ». La Croix est même obligé de conclure l’article par un autre pieux mensonge :

« Certains vont toutefois jusqu’à mettre en doute la paternité d’un texte dans lequel ils ne reconnaissent pas la plume habituelle de l’ancien pape qui, à 92 ans la semaine prochaine, leur apparaît plus que jamais sous la coupe de son entourage. »

De tels propos sont risibles pour qui sait que Benoît XVI est l’un des plus grands théologiens catholiques de la seconde moitié du 20e siècle et qu’il a toujours défendu les mêmes positions.

Que dit-il, d’ailleurs, dans le texte, ou plutôt que rappelle-t-il ? Que les affaires de pédophilie qui ont récemment fait scandale dans l’Église romaine, où l’on s’aperçoit toujours plus que c’est une forme de violence s’exprimant de manière récurrente dans le clergé, auraient des sources extérieures à l’Église. Il ne va pas dire le contraire, puisque pour lui tous les problèmes viennent du monde matériel et toutes les solutions du monde spirituel. L’Église étant une forme spirituelle, elle est donc intouchable.

Tous les problèmes sont attribués par Benoît XVI à une dégénérescence, le monde moderne en étant son expression la plus complète. C’est pour cela qu’il faut rétablir la Gauche historique et dénoncer la décadence. Il n’y a que trois interprétations : le « monde moderne » est bien car libéral, le « monde moderne » est mauvais car dégénéré, ou bien la société capitaliste est décadente. Le libéralisme et le conservatisme sont d’ailleurs une image inversée l’un de l’autre ; seule la vision socialiste dépasse réellement le capitalisme.

Et, donc, Benoît XVI attaque la dégénérescence. D’où ses dénonciations de la « révolution sexuelle » apparue dans les années 1960, l’hypersexualisation mercantile qui s’est développée, jusqu’à la pornographie, et qui aurait contaminé des pans entiers de l’Église, dans la mesure où il y aurait des propositions de « s’adapter » au monde moderne.

Un exemple notamment mentionnée est le manifeste de Cologne de 1989, signé par des centaines de théologiens allemands, autrichiens, suisses et néerlandais. Un autre est la formation, qui n’est nullement un secret, de clubs homosexuels à l’intérieur de l’Église, menant une très importante guerre d’influence. Le pape François en a également parlé.

C’est que le conservatisme ne peut pas tenir face au libéralisme, effectivement. La religion catholique étant un mysticisme avec un clergé censé être « pur », il y a forcément une contamination par la décadence. Et effectivement, s’il y a davantage de pédophilie dans une société capitaliste en pleine décadence, alors cela se reflète d’autant plus dans une structure comme le clergé catholique avec ses mœurs anti-naturelles.

En fait, Benoît XVI a raison, sauf qu’il croit voir une dégénérescence alors que c’est une décadence, et il croit voir en l’Église quelque chose de pur qui pourrait tenir le choc, alors qu’en réalité c’est une relique du passé, condamnée à être balayée. En ce sens, l’anticléricalisme primaire résumant la pédophilie à l’Église est fondamentalement erroné. Il faut dénoncer la pédophilie en général, et bien voir qu’elle s’étend dans l’Église en particulier, de par ses mœurs mystiques par définition délirantes.

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Politique

Crime contre la culture : Cyril Hanouna – Marlène Schiappa pour le « grand débat national »

Pour toute personne cultivée, Cyril Hanouna est un cauchemar. Le fait qu’il soit au cœur d’une émission spéciale « grand débat national », sur C8, en dit long sur le niveau de populisme et de stupidité de la France. La présence de Marlène Schiappa comme co-animatrice, alors qu’elle est membre du gouvernement, montre bien qu’on a touché le fond.

Depuis plusieurs mois, la secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa se veut une porte-parole de la cause des femmes, n’hésitant pas à intervenir souvent et avec un grand relais dans les médias. Tout cela ne correspond qu’à un féminisme comme simple levier afin d’augmenter l’esprit de compétition entre les travailleurs, pas du tout à un vrai féminisme. On en a la simple preuve au fait qu’elle, pourtant membre du gouvernement, se retrouve comme co-animatrice d’une émission avec Cyril Hanouna.

Peut-on croire une seule seconde que Cyril Hanouna soit en adéquation, dans son style beauf, avec les exigences d’un véritable féminisme ? Absolument pas, bien entendu. L’ennemi des femmes, c’est avant tout les beaufs. Ceux-ci récusent tout changement et toute réflexion, or la cause des femmes implique une participation des hommes à leur rééducation morale et psychologique, par l’abandon du style patriarcal.

Cyril Hanouna correspond à un tel style et Marlène Schiappa montre que son féminisme est un simple opportunisme. Il y a ici une absence totale de dignité, un véritable jeu de massacre de la dignité des idées et de la vie politique. Ce n’est même plus ici de la dégradation, c’est de la destruction pure et simple. Il faut d’ailleurs rappeler ici le jeu sombrement infâme de Cyril Hanouna dans le cadre d’un populisme télévisuel débridé.

Avant le début des gilets jaunes, des infirmiers en colère étaient venus à la sortie des studios à Boulogne-Billancourt pour demander à Cyril Hanouna de les aider, et il les a invités à son émission. C’est pour cela que le 19 novembre des gilets jaunes ont fait pareil, et qu’il les a invités à « Touche pas à mon poste ». Une phrase prononcée à Cyril Hanouna par un gilet jaune le 19 novembre et largement soulignée par les médias alors résume tout:

« On veut que tu dises à Macron que le peuple souffre. »

Il y a un mot très simple et très compliqué pour résumer cela : le fascisme. Non pas qu’on soit dans le fascisme ou que ces gens soient fascistes, mais c’est le fascisme qui s’exprime à travers cette situation.

Car quand on en arrive au point où des gens opprimés ne parviennent même plus à se relier à la classe des travailleurs, qu’ils en arrivent à quémander un animateur télé pour qu’il demande au président de l’aide, c’est que tout est perdu. On en est au point où l’individualisme est complet, le niveau culturel à zéro. La société est aseptisée et est mûre pour basculer dans la quête d’un sauveur venant « rétablir » la justice.

Ce grand moment de télévision qui nous est promis avec Cyril Hanouna et Marlène Schiappa est une catastrophe culturelle, une insulte à la France des Lumières et à l’histoire des luttes de classes de ce pays. Ce n’est pas même une farce, c’est un crime contre la culture.

Voir des siècles de vie politique française réduits à un débat avec des demandeurs d’emploi, des retraités et des commerçants organisé par l’animateur Cyril « les nouilles dans le slip » Hanouna et un membre du gouvernement… ce n’est même plus de l’aberration, c’est de la folie pure et simple.

Ou, plus précisément, l’expression d’une décadence générale de la société française, littéralement anéantie culturellement par le libéralisme économique, politique et culturel.