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Emmanuel Macron terrorisé par la 3e guerre mondiale

Il ne fallait pas jouer avec le feu.

Emmanuel Macron s’est montré très inquiet et paniqué à propos de la guerre en Ukraine lors d’un long entretien à la télévision, sur France 2, mercredi 12 octobre 2022. C’est quelque-chose de nouveau, qui montre que la guerre est à un tournant décisif et que les choses sérieuses commencent.

Pendant près de 8 mois, depuis le début de l’invasion du territoire ukrainien, la France s’est alignée de manière acharnée sur la superpuissance américaine contre la Russie, relayant systématiquement les pires propagandes, taisant les pires vérités. Cela dure d’ailleurs depuis 2014 et le coup d’État pro-américain à Kiev. Et cela n’a souffert d’aucune contestation politique, à part de deux secteurs particuliers, qui sont très isolés et minoritaires : la Gauche historique, dont nous nous revendiquons, et les franges nationalistes révolutionnaires françaises pro-Poutine.

Toujours est-il que le président ukrainien Zelensky s’est vu paré de toutes les vertus, et rien n’a été dit sur l’immonde régime nationaliste qu’il dirige. Inversement, la Russie a été présentée comme une puissance barbare dirigée par un fou furieux à liquider par tous les moyens. La France s’est engagée pleinement dans cette guerre, principalement en boycottant économiquement la Russie, en livrant du matériel militaire au régime ukrainien, et en relayant tout un tas de contre-vérités et de manipulations quant à la réalité de l’invasion russe.

Pendant huit mois, la France a donné une image de fermeté, jouant le jeu de l’Otan à fond, mais en vérité cela restait très virtuel. Personne dans le pays n’a considéré sérieusement le fait que la France soit en guerre contre la Russie, pas même le président Emmanuel Macron. L’Ukraine a été agité comme un totem, mais de manière très abstraite, superficielle.

Sauf que la guerre en Ukraine a pris une toute autre tournure depuis cette semaine, et maintenant c’est la panique.

Jusqu’à présent, l’invasion russe, aussi brutale et illégale soit-elle formellement, avait en pratique été menée avec beaucoup de doigté. Mais le régime russe a considéré que les choses ont été trop loin et qu’il est maintenant temps d’assumer la guerre totale. Ainsi que l’affrontement avec l’Otan. La France est sommée de choisir immédiatement son camp.

L’ambassadeur français en Russie a été convoqué publiquement pour cette raison la semaine dernière, et on comprendra facilement après avoir entendu Emmanuel Macron qu’il y a aussi eu en arrière plan une discussion diplomatique informelle entre les deux pays.

C’est logique. Si la France forme des militaires ukrainiens et livre des canons d’artillerie de longue portée, l’Ukraine en demandant encore et encore comme en témoigne l’ignoble vidéo officielle à ce sujet du 12 octobre 2022, et que ceux-ci servent contre la Russie (qui considère maintenant l’Est de l’Ukraine comme relevant de son territoire), de surcroît contre des civils (qui sont maintenant citoyen russes), alors forcément la France devient co-belligérante.

La conséquence de cela est dévastatrice évidemment, puisque cela signifie ni plus ni moins qu’un emballement vers la 3e guerre mondiale. Et c’est ce que semble découvrir le président Emmanuel Macron qui s’est justifié pendant de longues minutes à la télévision pour dire que la France n’est surtout pas en guerre contre la Russie, qu’elle ne veut pas d’escalade… et même qu’il va falloir discuter de paix !

C’est tout à fait ridicule, car la France, comme tous les membres de l’Otan, a largement contribué à ce que le conflit dégénère, comme nous l’avons systématiquement documenté et expliqué ici depuis le début du conflit.

D’ailleurs, la France était censée depuis 2014 faire respecter les accords de Minsk, puis de Minsk 2, devant pacifier et encadrer le conflit entre les populations du Donbass et le régime nationaliste ukrainien. Sauf que rien n’a été fait, bien au contraire. Ces accords ont été piétinés et c’est justement le prétexte à l’intervention russe.

De quelle paix parle donc alors Emmanuel Macron lorsqu’il explique maintenant qu’il va bien falloir se mettre autour de la table entre russes et ukrainiens pour négocier ? C’est absurde, car c’est trop tard, bien trop tard.

Emmanuel Macron ne peut pas à la fois fournir des armes à l’Ukraine qui réclame le retour de la Crimée dans son territoire, et demander à la Russie de discuter alors que celle-ci a totalement intégré la Crimée, et que de toute manière la population de la région est ultra-majoritairement russe et déterminée à rester russe.

C’est exactement pareil pour le Donbass, et probablement tout l’Est de l’Ukraine, où la population dans sa majorité s’est résolue à préférer la Russie à la terreur nationaliste anti-russe du régime ukrainien.

Il n’y a donc pas d’issue. A moins que le régime ukrainien s’effondre, qu’il cède tout l’Est et le Sud de son territoire, jusqu’à Odessa, la Russie ne négociera probablement rien du tout. Ou alors il va falloir que les pays de l’OTAN, dont la France, s’engagent concrètement contre la Russie et provoquent la 3e guerre mondiale.

Le problème d’Emmanuel Macron, c’est qu’il sait très bien que la France n’a pas les moyens d’un conflit militaire de haut intensité avec la Russie, qu’elle est incapable de faire une mobilisation ne serait-ce que partielle, qu’elle se ferait terrasser par la Russie… à moins que la planète entière se fasse terrasser par un échange dramatique de tirs nucléaires.

Voilà le terrible dilemme du président français, vulgaire dirigeant d’une puissance en perte de vitesse, totalement corrompue par le libéralisme, qui n’a plus comme perspective que le militarisme destructeur.

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Pour maintenir sa puissance à bout de souffle, la France se militarise toujours plus

Le budget militaire continue de grimper…

Alors que la superpuissance soviétique s’effondrait, le 10 juin 1990, dans un discours devant l’Assemblée nationale, Laurent Fabius, alors première secrétaire du Parti Socialiste, appelait à la baisse du budget militaire français pour engranger les « dividendes de la paix ».

Que l’expression ait été justifiée ou non, elle est restée dans les mémoires comme l’illustration des années 1990-2000 où le rêve de la fin des guerres conventionnelles devait profiter au progrès collectif. Si la baisse du budget dévolu aux armées commençait dès 1981, cela devait s’approfondir tout au long des années 1990, passant de 3,2 % du PIB en 1990 à 1,1 % à la fin de cette décennie marquée par la fin de la conscription obligatoire décrétée par Jacques Chirac en 1996.

Mais voilà, le capitalisme restant ce qu’il est, avec ses inégalités de développement, le rêve devait prendre fin quelque part dans les années 2010 avec la remontée des antagonismes entre puissances, et surtout la montée de l’affrontement entre les États-Unis et la Chine.

En 2018 est ainsi votée la loi de programmation militaire pour la période 2019-2025 qui vise à renforcer l’armée et « rattraper » les lacunes des décennies précédentes. De fait, depuis 2019, le budget militaire augmente en moyenne de 1,7 milliards d’euros dans l’objectif d’atteindre les 2 % du PIB exigé par l’OTAN en 2025 (50 milliards d’euros par an).

C’est dans cette optique qu’une nouvelle rallonge de 3 milliards a été intégrée dans le cadre de la loi de finances 2023, le budget militaire s’élevant pour l’année prochaine à pratiquement 44 milliards d’euros, soit le deuxième poste de dépense après l’enseignement scolaire.

Si cette rallonge était prévue depuis la publication d’un rapport sur la « préparation à des conflits de haute intensité » par une mission d’information parlementaire en février 2022, l’accélération de la tendance à la guerre de repartage avec la guerre en Ukraine implique le renforcement de chaque militarisme national.

Depuis la fin de la guerre d’Algérie, jamais la France n’avait connu de tels niveaux de dépenses militaires et la raison est bien simple. La France est une puissance déclinante qui tente de sauvegarder sa place dans le monde, et cela passe forcément par la modernisation, le maintien en condition opérationnelle (MCO) et l’augmentation du matériel et des stocks d’une armée qui se veut complète.

Par armée complète, il faut attendre la capacité à intervenir de manière autonome sur terre, mer et air, mais aussi et surtout à bénéficier d’une dissuasion nucléaire là-aussi sur les trois types de champ de bataille, qui coûte cher, très cher. Environ 6,5 milliards d’euros par an.

Dans des propos très clairs, le journal La Tribune écrivait à propos de cette hausse du budget militaire que « ce n’est donc pas le moment de baisser la garde pour la France, qui a des prétentions mondiales notamment en Afrique et Indo-Pacifique », cela alors même que l’Angleterre et l’Allemagne annoncent une hausse de budget de 100 milliards d’euros, allant bénéficier principalement à l’industrie militaire américaine au détriment du rêve d’Emmanuel Macron d’une « Europe de la défense » pilotée par les fabricants de canons français.

Ce qui est clair, c’est que la bourgeoisie française prépare la guerre de haute intensité pour assurer ses zones d’influences dans le monde et c’est pourquoi l’armée de l’air va bénéficier de 13 rafales supplémentaires (stock réduit par l’envoi ou la vente d’appareils à la Grèce et la Croatie) ainsi que la marine avec 6 nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque, et l’armée de terre va être modernisée avec la rénovation de 18 chars Leclerc et l’acquisition de 280 nouveaux blindés (programme Scorpion). Cela sans compter la montée en puissance du service national universel, appelé à devenir obligatoire dans les années à venir.

En effet, la France doit assurer une vaste zone d’influence dans le monde, en tant que seconde puissance maritime mondiale mais aussi dans ses relations avec certains pays d’Afrique de l’ouest, rivés à la domination française par la monnaie et des accords « bilatéraux » de « défense »…

C’est pourquoi pour s’assurer de ces intérêts stratégiques se renforce la puissance militaire, avec des divergences entre le ministre de l’économie, le ministre des armées et l’état-major militaire lui-même sur les fonds à allouer pour la future LPM 2024-2031, cela oscillant entre 370 et 410 milliards d’euros demandés selon les cas.

Car la France qui a opté dans les années 1960 pour l' »autonomie stratégique », permise d’ailleurs par son vaste empire colonial, en a toujours moins les moyens car la situation n’est plus celle d’un capitalisme dans une phase d’accumulation mais bien celle d’une crise générale et dont la France apparaît comme un maillon faible.

C’est tout le sens de l’appel d’Emmanuel Macron en juin au sommet de l’armement européen Eurosatory, à forger une « économie de guerre », c’est-à-dire à augmenter les capacités productives de guerre et à sortir de la logique de flux-tendu pour aller vers la constitution à long terme de stocks.

Mais avec un endettement massif et un important déficit public, la bourgeoisie française n’a plus de grandes marges de manœuvre financière pour assurer le maintien de sa puissance déclinante dans un contexte où la guerre de repartage menace chaque jour de prendre un tournure antagoniste ouverte.

A cela s’ajoute le fait que sur les 4 000 entreprises de la « base industrielle technologique de défense », nombreuses sont celles qui sont confrontées aux retards de livraison de composants et de pénurie de main d’œuvre, en plus du remboursement des PGE accordés pendant la période du covid-19.

Évidemment la principale difficulté reste la hausse du coût de l’énergie, d’autant plus difficile à encaisser que les entreprises de l’armement sont des industries dites duales, combinant productions civiles et militaires tout à la fois, caractéristique qui s’est approfondie dans les années 1990-2000 pour faire face à la baisse des budgets militaires dans le monde.

Alors la bourgeoisie française n’a pas 36 000 solutions pour faire face aux difficultés : il lui faut préparer l’affrontement de haut intensité au plus vite, et cela passe par décider des choses par en haut, de manière technocratique, ce qui concrètement se traduit par le renforcement du complexe militaro-industriel dans l’appareil d’État.

Pour preuve ces paroles à propos de l’ « économie de guerre » de Thierry Gaiffe, présenté comme le responsable des chaînes d’approvisionnement de la BITD et officiellement président de la Commission défense du Comité Richelieu, une sorte de regroupement de PME axées sur l’innovation technologique, devant la commission de défense de l’assemblée nationale :

L’ensemble de la supply chain (chaîne d’approvisionnement) doit être capable de produire, pas de manière immédiate mais avec des délais infiniment plus courts que ce qu’ils sont aujourd’hui. Aujourd’hui on est plutôt sur l’ordre d’un an, maintenant il faut ramener ça à plutôt l’ordre du mois. Alors comment faire quand on a, depuis la crise du Covid et la guerre en Ukraine, des délais qui sont délirants ? Et bien il faut évidemment constituer des stocks stratégiques, il n’y a pas d’autres alternative, c’est la seule. Donc ça demande à ce que l’ensemble de la chaîne, du maillon le plus grand à celui le plus petit compose un stock stratégique qui va lui permette de réagir au besoin de l’État. Donc ça demande une structuration peut-être par système d’armes, avec l’État là-haut qui va donner en fonction des scénarii une vision, une visibilité […] et en bas les délais de livraison.

La puissance française affaiblie prépare sa survie en assumant d’aller à l’affrontement militaire. Elle va tout faire pour sauver ce qu’elle peut et fera même tout ce qui est en son pouvoir pour se sortir du bourbier mondial actuel, quels qu’en soient les coûts sociaux, politiques et moraux. A la gauche historique d’en tirer les conclusions adéquates.

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Les États-Unis s’engagent à défendre militairement Taïwan

Joe Biden est prêt à faire la guerre à la Chine.

Le 19 septembre 2022, le président américain Joe Biden a franchi une nouvelle ligne rouge. Il a affirmé que les États-Unis défendraient directement l’île de Taïwan en cas d’attaque par la Chine. Pour comprendre, c’est comme si juste avant le conflit ukrainien, les États-Unis avaient dit qu’ils défendraient militairement l’Ukraine en faisant la guerre à la Russie. On comprend tout de suite ce que cela sous-entend militairement, cela ne signifie ni plus ni moins que le fait d’assumer la troisième guerre mondiale.

Pierre après pierre, la superpuissance américaine se défait de tous ses engagements diplomatiques vis-à-vis de la République populaire de Chine et provoque le conflit.

Bien entendu, Joe Biden prétend toujours ne pas faire interférence et ne pas pousser le gouvernement de l’île à déclarer son indépendance. Il assume toutefois l’engagement militaire, ce qui revient de fait au même, faisant ouvertement de l’île de Taïwan ce qu’elle est : un avant-poste américain en Mer de Chine.

Le gouvernement de la République populaire de Chine a immédiatement réagit à cette provocation, dénonçant « une grave violation de l’engagement important des États-Unis à ne pas soutenir l’indépendance de Taïwan . »

Le ministère chinois des Affaires étrangères explique qu’il est envoyé « un mauvais signal « , poussant les séparatistes à l’indépendance. En effet, du côté chinois la pression est également immense.

La République populaire de Chine, en tant que superpuissance challenger de la superpuissance américaine, joue sa place dans le monde et elle considère comme un devoir de conquérir enfin l’île de Taïwan et d’écraser le gouvernement « rebelle » de la République de Chine.

D’ailleurs, la pression militaire chinoise contre l’île est de plus en plus grande, avec récemment tout une série de drones militaires qui sont envoyés, comme partie d’un dispositif militaire très poussé.

En plus des avions de chasse classique, on a donc des drones de haute technologie militaire déployés aux abords de l’île. Ils sont probablement armés, en tous cas c’est ce que considèrent les autorités de l’île. Il y a des Guizhou BZK-007, ayant l’apparence d’un avion de tourisme, des BZK-005, avec une autonomie immense, de 40 heures, des KVD-001, servant de relais de communication pour les hélicoptères d’attaque et des Tengden TB-001, probablement armés.

De plus, mi-septembre, il a été signalé par les autorités de Taïwan la présence du drone de haute altitude et longue endurance WZ-7, qui est conçu par l’armée chinoise pour des missions de reconnaissance et de ciblage pour les missiles

Cela est assumé par la partie chinoise, et il est expliqué dans la presse du régime :

« davantage de drones de l’APL [l’armée chinoise] devraient rejoindre les patrouilles et les exercices de routine autour de l’île de Taïwan dans le but de sauvegarder la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale au milieu des provocations des sécessionnistes taïwanais et des forces d’ingérence extérieure ».

L’agressivité est de part et d’autre, l’emballement militaire est inéluctable dans la région, d’autant plus qu’une loi vient d’être voté par le congrès américain pour une aide militaire directe à Taïwan, en plus d’un plan récent de vente d’un milliard de dollars d’armes.

Et ce n’est là qu’un des fronts mondiaux, car la puissance américaine pousse à la guerre de manière acharnée, comme en Ukraine face à la Russie. De manière très significative, les États-Unis viennent de lever leur embargo sur les armes à destination de la République de Chypre, directement en concurrence avec la Turquie.

C’est un point chaud depuis des décennies : avec cette décision américaine, la situation est directement explosive là encore. Tout se met en place, la bataille pour le repartage du monde est déjà en cours.

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La provocation américaine de Nancy Pelosi à Taïwan

La superpuissance américaine pousse à la guerre.

« La visite de Taiwan »

La rupture entre la superpuissance américaine et son challenger chinois est maintenant consommée. Le mois d’aout 2022 est le premier d’une nouvelle ère, avec l’affrontement sino-américain comme aspect principal s’exprimant désormais ouvertement. Tout cela était en germe, la crise commencée en 2020 a ouvert la nouvelle période, nous l’avons ici largement commenté, surtout avec l’invasion russe en Ukraine. Mais la situation a pris maintenant une toute autre tournure.

En se rendant sur l’île de Taïwan, la représentante du Congrès américain Nancy Pelosi provoque, en toute conscience, une tempête. Cinquante années de compromis sino-américain sur la question d’une Chine unique vole en éclat, malgré les avertissement chinois, ou plus justement en raison des avertissements chinois, afin de provoquer la Chine dès maintenant, de la forcer à réagir sans attendre d’être renforcée.

Anecdotique ou pas : le vol de Nancy Pelosi a fait exploser les compteurs sur le site de suivi de la circulation aérienne Flightradar24. Ce sont plus de 700 000 personnes qui l’ont suivie en direct, sachant très bien l’enjeu historique de ce voyage. En effet, la Chine n’a maintenant plus le choix, elle avait très fortement dénoncé à l’avance une telle visite, elle va devoir assumer son opposition à la superpuissance américaine qui a désigné officiellement l’île de Taïwan comme le lieu et le sujet de l’affrontement.

Avec Taïwan, l’administration américaine a un gouvernement chinois « démocratique » (selon sa conception) à soutenir contre la Chine « populaire » (en fait social-fasciste) qui concurrence son hégémonie. Inversement, la République populaire de Chine a besoin d’écraser le régime rebelle de Taïwan (selon sa conception) trop proche des États-Unis, pour développer ses propres ambitions mondiales.

La seule différence est que les États-Unis sont une puissance dominante, alors que la Chine (et dans son camp la Russie) est une puissance challenger. Mais tant le régime américain que le régime chinois sont aux abois, avec une propagande montreuse contre l’autre camp pour finir de préparer l’opinion à la guerre.

La télévision chinoise matraque de publicités patriotiques vantant l’Armée populaire de libération (qui n’a plus rien de populaire depuis des décennies). Dans un autre style, la presse américaine, surtout celle Démocrate, martèle quand à elle à propos de l’importance de la question taïwanaise.

Immédiatement après l’atterrissage de Nancy Pelosi, c’est ainsi le fameux Washington Post qui a directement publié une tribune d’elle que seuls les abonnés payants ont le droit de lire (le grand public américain a droit à des discours anti-chinois beaucoup moins élaborés, car il ne s’agit pas d’instruire le peuple mais de préparer la guerre).

On y lit :

« La visite de notre délégation doit être considérée comme une déclaration sans équivoque selon laquelle l’Amérique se tient aux côtés de Taïwan, notre partenaire démocratique, qui se défend et défend sa liberté.

Pourtant, cette démocratie dynamique et solide… et fièrement dirigée par une femme, la présidente Tsai Ing-wen, est menacée.

Ces dernières années, Pékin a considérablement intensifié les pressions sur Taïwan. La République populaire de Chine a multiplié les patrouilles de bombardiers, d’avions de chasse et d’avions de surveillance à proximité, voire au-dessus, de la zone de défense aérienne de Taïwan, ce qui a amené le ministère de la défense américain à conclure que l’armée chinoise se prépare probablement à une éventualité d’unification de Taïwan à la RPC par la force. »

Ce qui se passe est exactement la même chose que ce qui s’est passé en Ukraine. Les États-Unis façonnent des régimes qui lui sont inféodés et s’en servent comme tampon, comme base militaire et politico-culturelle, contre ses concurrents. C’est ce qu’ils ont fait depuis 2014 avec l’Ukraine, c’est ce qu’ils font depuis 1949 avec l’île de Taïwan, qui est chinoise.

Tant la Russie que la Chine ne sont pas des régimes démocratiques, alors ils assument totalement de jouer une partition miroir à celle des États-Unis : l’Ukraine et Taïwan sont pour eux des objets ne servant qu’à leur quête d’influence et d’hégémonie en concurrence avec l’hégémonie américaine.

Voilà comment se déclenche une guerre mondiale. Des puissances belliqueuses rivalisent de provocations, jusqu’à la rupture. Cette fois, ce sont les États-Unis qui ont provoqué, et fort. La Chine en réponse est maintenant à deux doigts de déclarer la guerre.

La première réponse a été l’envoi d’une vingtaine d’avions militaires dans la zone d’identification de défense aérienne taïwanaise. C’est habituel de la part de la Chine, mais c’est systématiquement considéré par Taïwan comme une provocation : c’est en tous cas un acte de franche hostilité militaire et cela prend dans ce contexte une toute autre dimension.

La Chine a donc parlé d' »actions militaires ciblées » à venir pour « défendre résolument la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale et à fermement contrecarrer les ingérences extérieures et les tentatives séparatistes d’“indépendance de Taïwan” ». Des manœuvres militaires sont ainsi prévues… au large de Taiwan.

Deux portes-avions ont été déployés dans la zone, le CNS Liaoning et le CNS Shandong, ainsi qu’un croiseur 055D , équipé de 112 tubes de lancement et une frégate 054.

Le ministère de la Défense chinois a fait savoir que :

« Les États-Unis auront assurément la responsabilité des conséquences et devront payer le prix de leur atteinte à la sécurité de la Chine. »

Du côté américain, le porte-avions USS Ronald Reagan croise au sud de Taïwan avec le destroyer USS Higgins et le navire ravitailleur USS Carl Brashear. Et ce n’est que le début d’une situation explosive.

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Guerre: le Sénat va voter l’extension de l’OTAN à la Finlande et la Suède

Les sénateurs français vont ratifier l’élargissement du bloc américain.

La guerre pour le repartage du monde est l’actualité des grandes puissances et les parlements sont mobilisés pour accompagner le mouvement. Chaque pays membre doit en effet approuver l’extension de l’alliance militaire atlantique et cela se fait en général par une loi.

En France, le Parlement doit voter un projet de loi autorisant le gouvernement à ratifier le traité d’accession de la Suède et de la Finlande à l’OTAN. C’est le Sénat qui ouvre le bal avec une séance prévue le 21 juillet. Ensuite, ce sera au tour de l’Assemblée nationale de boucler la boucle avec un vote prévu le 2 août, pour une ratification du projet de loi immédiatement dans la soirée.

Pas de temps pour le débat démocratique donc. On peut d’ores et déjà se douter que cela va passer comme une lettre à la poste, tellement personne en France n’est capable de s’opposer à la guerre et à l’affrontement mondial entre la superpuissance américaine et sa concurrente chinoise qui se profile.

L’OTAN met la pression, en expliquant que pour l’entrée de la Macédoine du Nord le processus avait pris 12 mois et qu’il s’agit cette fois d’aller encore plus vite. C’est qu’il faut battre le fer anti-russe tant qu’il est chaud, avant que l’Ukraine n’ait déjà perdu la guerre.

En attendant, la Finlande et la Suède bénéficient du statut d’invité de l’OTAN, alors que dans les faits ces pays sont déjà très proches de l’OTAN depuis longtemps, techniquement parlant. Il n’y a par contre qu’après la validation de leur intégration par les 30 pays membres que ces nouveaux pays seront engagés par l’article 5 de la Charte de l’OTAN qui oblige à la mobilisation de chacun des membres en cas d’attaque.

Des « garanties » en amont avant la demande d’adhésion ont cependant été fournies par la superpuissance américaine et le Royaume-Uni.

Il ne faut pas être dupe quant aux prétentions défensives de l’OTAN. Cet élargissement est un pas de plus vers la guerre mondiale, c’est une manœuvre d’alliance pour préparer l’affrontement avec la Russie, puis la Chine. Et c’est une manœuvre américaine, bien entendu, car l’OTAN est un outil de puissance pour les États-Unis.

D’ailleurs, en vérité, les pays membres de l’OTAN ne sont là que pour enregistrer formellement la volonté américaine. En dernier lieu, c’est le gouvernement des États-Unis qui décide, toutes les ratifications doivent lui être notifiées avant d’être validées définitivement par lui.

Les pays candidats quant à eux auront dû déposer leurs « instruments d’accession » directement auprès du Département d’État américain, l’équivalent d’un ministère des Affaires étrangères.

Il est donc demandé au Parlement français de se plier à cette volontés américaine d’extension de l’OTAN aux pays baltes. Ceux-ci vont s’exécuter, de manière naturelle. C’est une expression du rapport de forces entre grandes puissances, dans le cadre de la tendance à la guerre.

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« La Russie ne peut ni ne doit gagner la guerre »

Les choses vont vites et l’emballement est total.

Il y a quelques jours encore, on pouvait voir une sorte de relâchement sur la question de l’Ukraine, avec une acceptation relative de la partition exigée par la Russie et l’idée de simplement faire durer le conflit pour affaiblir la Russie à terme.

C’était évident sur le plan international que le président français Emmanuel Macron avait le rôle de celui voulant maintenir une fenêtre de dialogue avec la Russie, laissant la place à de possibles accords entre l’OTAN et la Russie sur la question ukrainienne (quitte à ne pas respecter ensuite les engagements pris).

C’est bel et bien fini, la superpuissance américaine considère maintenant qu’il n’y a plus le choix et qu’il faut braquer directement les canons contre la Russie. Le sommet de l’OTAN, ouvert mardi 28 juin 2022 à Madrid par un dîner avec l’infâme roi d’Espagne, va être historique.

Dans un tel contexte, on n’insistera jamais assez sur l’importance de se mobiliser en affirmant fortement les principes : non à la guerre, non à l’OTAN. C’est ici qu’une initiative comme Rosa la gazette anti-guerre va être très utile. Car il va falloir mobiliser face au rouleau compresseur de la guerre. Par tous les moyens.

Et donc, pour donner le ton question rouleau compresseur, le président français a radicalement changé sa ligne depuis Essen en Allemagne mardi 28 juin 2022, avant de s’envoler pour Madrid dans la soirée. Pour lui, « la Russie ne peut ni ne doit gagner la guerre ».

Voilà qui annonce la couleur, alors qu’il va être question pour l’OTAN d’inscrire dans son nouveau « Concept stratégique » que la Russie constitue une menace directe pour sa sécurité. La diplomatie américaine a déjà donné les contours du sommet, où les « alliés » sont invités à venir entendre qu’il va falloir fournir « un effort supplémentaire ». Et « même la France », a-t-il été précisé, à en croire le Figaro.

Et même la Turquie, faut-il ajouter également. Car une annonce décisive a été faite juste avant le sommet de l’OTAN : la Turquie qui bloquait les candidatures suédoise et finlandaise à l’OTAN depuis mi-mai a signé un mémorandum d’accord levant ce blocage. Tout le monde est donc prié d’arrêter ses compositions personnelles et de s’aligner totalement sur les exigences américaines d’affrontement avec la Russie.

De son côté, la Russie ne compte certainement pas relâcher la pression. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a réaffirmé sa volonté de voir l’Ukraine déposer les armes dans « toutes les conditions fixées par la Russie ». Et s’il faut pour cela aller contre l’OTAN, la Russie laisse entendre qu’elle assumera.

L’ancien président russe Dmtri Medvedev, actuel vice-président du Conseil de sécurité de Russie et dirigeant du parti Russie unie de Vladimir Poutine, a déclaré par exemple qu’il était hors de question qu’il soit touché à la Crimée (comme le réclame le régime ukrainien), et que si celle-ci était attaquée, alors « ce sera la troisième guerre mondiale ».

Voilà l’état du monde, fin juin 2022, à la veille d’un sommet historique de l’OTAN. Où est la Gauche, pour s’y opposer, pour alerter l’opinion et éduquer les esprits les plus affûtés ? Il y a urgence !

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Le Royaume-Uni déclare pratiquement la guerre à la Russie

Cela ne fait pas semblant.

Le général Sir Patrick Sanders est depuis peu le nouveau chef d’état-major de la British Army, l’armée britannique. Sa ligne est radicalement différente de celle de son prédécesseur puisqu’il s’agit d’assumer totalement la guerre, alors qu’avant il était même question de réduire les effectifs…

Dans un message interne à ses troupes le 18 juin 2022, expliquant qu’il est le premier chef d’état-major depuis 1941 à prendre le commandement de l’armée dans l’ombre d’une guerre terrestre en Europe impliquant une puissance continentale, il dit ni plus ni moins qu’il s’agit d’être « prêt à combattre et à gagner des guerres terrestres ».

Cela entre autres déclarations du genre, d’un bellicisme incroyable :

« Il y a urgence à bâtir une armée capable de combattre aux côtés de nos alliés et de vaincre la Russie au combat ».

« Nous sommes la génération qui doit préparer l’armée à se battre à nouveau en Europe ».

« C’est particulièrement mon devoir de rendre notre armée aussi meurtrière et efficace que possible. Le moment est venu et c’est à nous de saisir l’occasion ».

Le même jour, le Premier ministre britannique Boris Johnson allait exactement dans le même sens en déclarant dans la presse :

« Je crains que nous devons nous armer pour une longue guerre, alors que Poutine recourt à une campagne d’usure, essayant d’écraser l’Ukraine avec brutalité. Le Royaume-Uni et ses partenaires doivent réagir en veillant à ce que l’Ukraine ait l’endurance stratégique pour survivre et, finalement, l’emporter ».

La messe est dite. L’armée britannique n’acceptera aucune partition de l’Ukraine. Elle est d’ores et déjà prête à assumer une guerre contre la Russie. Le Royaume-Uni défend donc, au sein de l’Otan, une ligne ultra pour aller jusqu’au bout. C’est que l’armée britannique se voyait déjà faire d’Odessa son port avancé en Orient, alors elle n’imagine pas que ses plans soient contrariés.

Le problème, c’est que la guerre en Ukraine est à un tournant et l’armée ukrainienne va connaitre défaite sur défaite, alors qu’elle n’a remporté quasiment aucune victoire depuis le début de l’invasion. Il n’y a donc pas d’alternative : soit l’Otan ou en tous cas une armée puissante comme la British Army s’en mêle directement, soit la Russie obtiendra une partition de l’Ukraine (ce qui n’est pas incompatible avec un conflit larvé en parallèle, qui existe de fait déjà depuis 2014).

Voici d’ailleurs un texte d’une signification quasi-historique, sur lequel il ne serait pas sérieux de faire l’impasse. C’est une déclaration commune du ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine Dmytro Kuleba et de son homologue pour le Royaume-Uni, Liz Truss, le dimanche 26 juin 2022.

Il est question d’armes lourdes en masse, pour défaire directement l’armée russe. Cela équivaut en pratique à une déclaration de guerre britannique envers la Russie, et c’est en tous cas comme cela que la Russie va le considérer.

Le mot « paix » est prononcé à de nombreuse reprises pour justement en repousser le contenu, car le Royaume-Uni ne veut surtout pas d’un quelconque traité dans les conditions actuelles.

« Le Royaume-Uni est aux côtés de l’Ukraine sur la voie d’une démocratie européenne libre. Nous l’avons renforcé grâce à notre partenariat trilatéral avec la Pologne. Maintenant plus que jamais, nous sommes solidaires.

Le président Zelenskyy et le Premier ministre Boris Johnson sont unis pour défendre la sécurité et la liberté de l’Europe. Nous avons tous les deux noué une étroite amitié en tant que ministres des Affaires étrangères, voyant d’un même œil la Russie et bien d’autres questions.

Le partenariat entre nos grandes nations est fondé sur le principe fondamental selon lequel les gens doivent être libres de choisir leur propre avenir. Pourtant, c’est un anathème pour Vladimir Poutine. Il se sent menacé par la perspective de succès des démocraties libres voisines comme l’Ukraine, car cela risque d’exposer les échecs de l’autoritarisme. Il est donc maintenant déterminé à éteindre la flamme de la liberté en Ukraine par une guerre totale.

Pour obtenir la paix et protéger notre mode de vie, l’Ukraine et le monde libre doivent rester forts et unis. Nous devons ignorer les voix défaitistes qui insistent sur le fait que les gens commencent à se fatiguer et qui proposent de vendre l’Ukraine pour mettre fin rapidement à l’horreur implacable. Le peuple ukrainien n’a pas le luxe de se sentir fatigué. Le reste du monde libre non plus. Les preuves de crimes de guerre odieux continuent de s’accumuler, du bombardement de civils ukrainiens innocents au viol, à la torture et à l’enlèvement.

Les forces russes militarisent la faim dans le monde en arrêtant les exportations de céréales ukrainiennes et en volant les récoltes. Les mandataires russes ont enfreint la Convention de Genève dans la manière dont ils traitent les prisonniers de guerre, y compris les citoyens britanniques servant dans les forces armées ukrainiennes. Il est donc impératif que le G7 et l’OTAN démontrent cette semaine que leur engagement envers l’Ukraine ne sera jamais surpassé par la détermination de Poutine à s’en emparer.

Cela signifie augmenter et accélérer leur approvisionnement en armes lourdes, continuer à sanctionner tous ceux qui sont complices de la guerre de Poutine et couper complètement les importations d’énergie russe. Chaque arme livrée aidera le peuple ukrainien à repousser les forces russes, à reprendre des villes actuellement sous le feu comme Severodonetsk et celles contrôlées par la Russie comme Kherson.

Chaque sanction contribuera à affamer la machine de guerre de Poutine et à sauver davantage de civils innocents d’une nouvelle barbarie. Le peuple ukrainien se bat sans crainte pour sa patrie. Ils peuvent gagner cette bataille et la gagneront avec le soutien indéfectible du monde libre.

C’est pourquoi le Royaume-Uni est à l’avant-garde de la fourniture d’armes lourdes. Les systèmes britanniques de lance-roquettes multiples M270 sont en route pour aider l’Ukraine à se défendre contre l’artillerie russe à longue portée.

Le Royaume-Uni a déjà fourni 1,3 milliard de livres sterling d’aide militaire, notamment des missiles antichars, des systèmes de défense aérienne, des véhicules blindés et de la formation. Le peuple ukrainien se souviendra à jamais de ce que le Royaume-Uni a fait à ses heures les plus sombres. Le Royaume-Uni augmente ses sanctions, avec une nouvelle législation cette semaine sur une série d’interdictions commerciales, et d’autres à venir le mois prochain.

Le monde libre, collectivement, doit faire pression plus fort pour couper la Russie de ses principales sources de revenus étrangers : l’énergie et d’autres exportations telles que l’or. Nous ne pouvons pas être intimidés par Poutine qui essaie d’allumer le monde avec des menaces sinistres. Chaque fois que l’OTAN a résisté à son intimidation, il a été contraint de reculer, et non d’encore plus avancer. Son agression ne réussit qu’à encourager davantage de nations à rejoindre l’alliance défensive la plus réussie au monde.

Il viendra un temps pour la paix. Mais il faut que ce soit une paix bonne et durable. Le chemin de Poutine vers la table des négociations passe par les champs de bataille de l’Ukraine. Il ne sera sérieux au sujet des négociations qu’une fois que le peuple ukrainien aura repoussé ses troupes. Les partisans de l’Ukraine doivent tous jouer leur rôle pour que le président Zelensky puisse négocier en position de force face à un Poutine affaibli. C’est essentiel pour que la paix dure.

Il ne peut y avoir de règlement négocié qui reproduise l’accord de Minsk, qui s’est fait au détriment de la souveraineté, de la sécurité et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Ceux qui proposent de sacrifier la terre ukrainienne proposent en fait de payer en sang ukrainien pour l’illusion de la paix. Ce sera un mirage s’il n’est pas accompagné de la restitution du territoire ukrainien et de l’endiguement de l’impérialisme de Poutine.

Poutine a clairement indiqué qu’il ne s’arrêtera pas à l’Ukraine dans ses ambitions, mais ira plus loin en ciblant d’autres nations souveraines – en particulier celles qu’il croit pernicieusement faire partie de la Russie. C’est pourquoi personne ne peut se sentir en sécurité jusqu’à ce que la Russie se retire de l’Ukraine et ne soit plus jamais en mesure de perpétrer une telle agression.

Le peuple ukrainien ne se bat pas seulement pour son avenir, mais aussi pour l’avenir de la liberté et de la démocratie en Europe et dans le reste du monde. C’est la guerre de tous, car la victoire de l’Ukraine est dans notre intérêt à tous, aussi longtemps que cela prendra. Ensemble, nous pouvons assurer l’avenir de l’Ukraine dans une Europe entière et libre, où la paix règne à nouveau. »

Ces gens sont des furieux. Ils précipitent le monde dans la guerre, ils assument totalement de déclencher la 3e guerre mondiale. Le régime britannique et les dirigeants nationalistes et corrompus de l’Ukraine jettent le peuple ukrainien en pâture, comme première chair à canon de la nouvelle guerre mondiale pour le repartage du monde.

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Guerre

La Russie évoque le risque de guerre nucléaire alors que l’OTAN organise un sommet à Ramstein

La troisième guerre mondiale qui se prépare.

Mardi 26 avril 2022, le maire de Kiev Vitali Klitschko a fait démonter une statue symbolisant l’amitié entre les peuples d’Ukraine et de Russie. Située sous l’Arche de l’amitié entre les peuple, elle représente un travailleur russe et un travailleur ukrainien qui tiennent un symbole soviétique ; il est écrit « amitié entre les peuples ». Le maire de Kiev s’est félicité que pendant le démontage, la tête du travailleur russe soit tombée au sol… C’est « symbolique » a-t-il dit.

En effet, quel symbole d’affront contre les peuples et contre l’Histoire. Quel symbole d’engrenage guerrier et de haine nationaliste.

Dans le même ordre idée, le buste du maréchal Joukov, qui fut chef d’État-major de l’armée rouge pendant la seconde guerre mondiale, a été détruit à Kharkiv.

De fait, il n’y aura pas de retour en arrière tant la pression est immense, d’un côté comme de l’autre.

En Russie, il y a eu ces derniers jours une campagne médiatique, présentée comme le reflet d’une pression populaire, exigeant de frapper plus fort en Ukraine, en visant notamment les infrastructures ferroviaires. Il a ensuite été expliqué que le régime a cédé à cette pression populaire en procédant à des frappes allant dans ce sens, alors que ce n’était pas dans les plans initiaux de l’état-major.

Ce récit n’est pas forcément faux. Le régime russe a longuement présenté son opération spéciale en Ukraine comme visant à « libérer » la population du nazisme et du nationalisme anti-Russe, et à se prémunir de l’OTAN. Alors la population russe l’a pris au sérieux et exige maintenant d’aller au bout, et vite.

Sauf qu’en face, il y a effectivement l’OTAN, qui a totalement vassalisé l’Ukraine politiquement depuis 2014, et militairement depuis février 2022. Elle y déverse des tonnes et des tonnes de matériel de guerre, voire de conseillers spéciaux militaires, de mercenaires, pour ne surtout pas qu’il y ait un règlement rapide du conflit et une partition, par un traité.

De fait, d’une manière ou d’une autre, aucun des deux camps n’a intérêt ou la possibilité d’envisager une issue au conflit dans l’immédiat, alors ce ne peut qu’être l’escalade. C’est ce qu’a reconnu le ministre russe des Affaires étrangères, dans le cadre de la venue d’António Guterres le Secrétaire général de l’ONU à Moscou mardi 26 avril 2022.

Sergueï Lavrov s’est longuement exprimé sur le sujet, accusant directement et frontalement les États-Unis et l’Europe de vouloir mettre en place un monde « unipolaire » depuis des années, avec l’Ukraine utilisée comme base avancée anti-Russie, y compris sur le plan de la culture. Il a expliqué avoir évoqué avec António Guterres comment des pays comme la France manœuvraient pour mettre en place de nouvelles institutions internationales sans la Russie et les pays opposés aux États-Unis, remplaçant de fait l’ONU.

Il a expliqué que la Russie est prête aux pourparlers de paix, mais que l’Ukraine fait semblant de négocier la paix, alors qu’en fait il y a les Américains derrière pour jeter de l’huile sur le feu.

C’est alors qu’il a parlé de l’arme nucléaire, dans des termes effrayants, non pas car ils seraient menaçant de sa part, mais parce qu’ils reconnaissent de fait une situation menant au pire, et donc à une guerre nucléaire.

Il a rappelé la position russe, qui est le principe de l’inadmissibilité de la guerre nucléaire. Mais il a expliqué ensuite qu’il y a un risque d’emballement en raison de la situation :

« Je ne veux pas alimenter ce risque de manière artificielle. Beaucoup aimeraient cela. Mais le danger est grave, réel. Et nous ne devons pas le sous-estimer. »

En fait, Sergueï Lavrov considère concrètement (et à juste titre) que l’OTAN est en guerre avec la Russie, de manière indirecte, mais réelle :

« L’OTAN, en substance, est engagée dans une guerre avec la Russie via un intermédiaire et elle arme cet intermédiaire. Cela signifie la guerre. »

Un tel propos a une signification historique immense, c’est un jalon évident sur le chemin vers une troisième guerre mondiale.

Pendant ce temps les plus hauts représentant de l’administration américaine en ce qui concerne la Diplomatie et la Défense, après s’être rendus directement à Kiev la veille, étaient en Allemagne mardi 26 avril sur une base militaire américaine, celle de Ramstein, la plus grande base militaire américaine en dehors des Etats-Unis, d’une superficie de 1400 hectares, avec 52 000 militaires actifs.

Il a été expliqué que les États-Unis sont prêts à « remuer ciel et terre » pour faire gagner l’Ukraine contre la Russie, que tant l’Ukraine que ses alliés de l’OTAN croient fermement en une possibilité de victoire.

Et cette déclaration a été faite dans le cadre d’une réunion avec des représentants des ministères de la Défense et des états-majors des armées de 43 pays, dont la France. On parle ici des 30 pays de l’OTAN, ainsi que du Japon, de la Corée du Sud, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, à quoi s’ajoutent Israël, le Qatar et la Jordanie, ainsi que le Kenya, le Libéria, le Maroc et la Tunisie.

Un grand optimisme est de rigueur, ce qui se lit d’ailleurs dans les médias, même Le Figaro parlant de la « perspective » de la victoire de l’Ukraine sur la Russie.

Pourtant, concrètement, sur le terrain militaire l’Ukraine n’a pas d’avancée significative et ne fait que subir les choix opératifs de l’armée russe. Cette dernière, de fait, n’est pas dans une guerre totale et mobilisant tout le pays, mais dans une grande opération militaire avançant lentement mais sûrement, avec tout un tas de précaution pour les évacuations humanitaires (massives), l’encadrement humanitaire des civils sur place, des frappes contre des objectifs très précis, des ratissages de quartiers entiers à la recherche des ennemis ukrainiens cachés, etc.

Autrement dit, à moins d’une intervention directe de la part de l’OTAN, l’Ukraine n’a aucun moyen de quoi que cela soit contre la Russie, en tous cas dans la partie orientale du pays. Donc, quand les États-Unis assument totalement la possibilité de victoire ukrainienne, cela ne peut qu’être par le renforcement de l’intervention de l’OTAN, et contre tout accords négociés sous l’égide de l’ONU.

Et c’est ce que reconnaît Sergueï Lavrov parlant d’un risque d’emballant menaçant d’une confrontation nucléaire.

Il ne s’agit pas ici d’être pro-Russe plutôt que pro-OTAN, ni même d’avoir de quelconques illusions sur la force et le rôle de l’ONU pour régler quoi que cela soit. Il s’agit d’envisager les choses rationnellement et sérieusement, en voyant la tendance irrémédiable à l’emballement dans un grand conflit guerrier mondial par ce qui est mis en place concrètement.

Ce qui se joue, ce n’est pas les décisions bonnes ou mauvaises de tels et tels dirigeants mondiaux, c’est une crise profonde de la société, du capitalisme, à l’échelle mondiale, qui fait que tout tend forcément vers la guerre pour un grand repartage du monde.

S’y opposer est un devoir, c’est même le dernier honneur de la Gauche, à moins de s’effondrer totalement et perdre plus de 100 ans d’acquis et de leçons du 20e siècle. S’y opposer, concrètement en France, cela signifie dénoncer l’OTAN et son rôle perfide, c’est donc aussi dénoncer le régime en France et son interventionnisme guerrier en Ukraine et contre la Russie.

Dénoncer la 3e guerre mondiale nucléaire qui se prépare ne doit pas être une position abstraite et lointaine, c’est au contraire une bataille concrète et immédiate ici en France, pour la paix, contre l’OTAN.

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Guerre

Les États-Unis lancent leur grande opération anti-chinoise

Les discours sont de plus en plus agressifs et militaristes.

Nous cessons de le répéter ici. La grande actualité mondiale est la grande bataille pour le repartage du monde qui se dessine, avec comme aspect principal la concurrence entre la superpuissance américaine, dominante, et la superpuissance chinoise en devenir, son challenger.

La guerre en Ukraine ne fait qu’exacerber les tensions existantes, avec quasiment chaque jour un nouveau palier qui est franchi dans les hostilités. Les États-Unis, puissance hégémonique, notamment en raison de la puissance du dollar, exigent que le monde entier s’aligne sur son discours et ses intérêts. Ils exigent que tout le monde rejette l’invasion russe en Ukraine en faisant allégeance à l’OTAN. Ce que la Chine ne fait pas, bien au contraire.

Depuis le début, elle n’a pas condamné l’opération russe, ni mit en place de sanctions. Au Conseil de sécurité de l’ONU, la Chine s’abstient dès qu’il y a un vote condamnant la Russie. Alors les Américains tapent du poing sur la table et désignent de plus en plus ouvertement la Chine comme étant l’alliée de la Russie, et donc l’ennemie des États-Unis. Et par extension, de l’Union européenne.

Le 13 avril, il y a eu une déclaration marquante de la secrétaire d’État américaine au Trésor Janet Yellen, menaçant la Chine sur cette question. Tout simplement, elle menace la Chine de faire la même chose qu’avec la Russie, c’est-à-dire de l’exclure du système économique mondiale organisé autour du dollar et de l’idéologie du libre échange.

« L’attitude du monde à l’égard de la Chine et sa volonté d’embrasser une intégration économique plus poussée pourraient bien être affectées par la réaction de la Chine à notre appel à une action résolue contre la Russie. »

La Chine de son côté ne fait rien contre ces menaces, car cela sert ses intérêts de puissance challenger. On peut même dire que la Chine profite de la situation pour abattre ses cartes et avancer sur ses positions. Mardi 19 avril, le ministère des Affaires étrangères de la Chine a officialisé la signature d’un accord-cadre de coopération en matière de sécurité avec le ministre des Affaires étrangères des îles Salomon.

On est là en plein jeu des grandes puissances. L’archipel situé dans le Pacifique est minuscule, avec moins de 700 000 habitants, et dépend historiquement de la couronne d’Angleterre. Mais la Chine s’y positionne depuis des années, au grand dam de l’Australie, et il y a à chaque fois des reculs et des avancées, dans un sens ou dans l’autre.

Cette fois, c’est l’Australie qui perd, à tel point que son vice-Premier ministre Barnaby Joyce a dit de manière très significative : « Nous ne voulons pas d’un petit Cuba au large de nos côtes. » Alors les États-Unis s’en sont mêlés, car ils ne veulent évidemment pas d’une base avancée chinoise dans cette partie du Pacifique.

Les discours sont d’une grande violence, assumant totalement la question de la guerre. Une délégation américaine s’est rendue sur place et a communiqué vendredi 22 avril sur le fait que les États-Unis riposteraient « en conséquence » en cas de « présence militaire (chinoise) permanente » sur l’île.

Dans le camp américain, la France n’est pas en reste, avec le ministère des Affaires étrangères dénonçant « l’opacité des dispositions de l’accord » entre la Chine et les îles Salomon, dénonçant ouvertement les « ambitions chinoises comme acteur de la sécurité régionale », comme si la Chine était par définition un ennemi, quoi qu’elle fasse.

Et c’est comme cela chaque jour ou presque, avec à chaque fois un nouveau prétexte américain pour dénoncer le camp chinois, ou inversement un prétexte chinois pour s’affirmer comme puissance rivale du camp américain. Tout cela se renforce irrémédiablement, dans un tourbillon de propagande et d’escalades menant à la guerre.

Exemple marquant d’escalade, la DIA, l’agence américaine spécialisée dans le renseignement militaire à l’étranger, explique que la Russie et la Chine possèdent des lasers en mesure de neutraliser les satellites situés en orbite basse autour de la Terre, et bientôt seraient en mesure d’atteindre les satellites plus hauts, notamment le système GPS. La Chine de son côté assume tout à fait de travailler en ce sens. Tout comme la Russie, qui a déjà déployé un missile antisatellite avec un test en conditions réelles en novembre 2021.

De la même manière, la Chine pousse pour affirmer avoir les moyens de rivaliser avec les États-Unis, avec récemment la question d’une arme anti-navire de type hypersonique. Mardi 19 avril encore, des images d’un tel missile ont opportunément fuitées sur internet via des canaux chinois.

Cela est ensuite assumé dans la presse chinoise à destination occidentale, depuis Hong Kong, avec un analyste militaire chinois de Pékin vantant une capacité de déni et d’interdiction d’accès dans le but de contrer l’hégémonie navale américaine, ce qui sous-entend la capacité à détruire un porte-avion.

Puis il y a un chercheur à l’institut de science et de technologie militaire Yuan Wang, donc un personnage lié au régime chinois, qui explique que si la Chine communique là-dessus, c’est en fait pour empêcher Taïwan de s’imaginer que la situation mondiale est une opportunité pour elle. Ce chercheur dit :

« Pékin craint que l’assistance militaire américaine à l’Ukraine et une récente visite d’une délégation du Congrès américain à Taïwan ne fassent croire à Taipei que Washington pourrait fournir la même aide en cas de conflit entre le continent et Taïwan. »

C’est du billard à trois, quatre, cinq bandes. Les États-Unis font croire que la Chine a les capacités de faire ceci, alors que la Chine gonfle les muscles sur cela pendant que les Américains nient autre chose, pour enfoncer encore plus le clou sur un autre aspect, ce que la Chine reprend et déforme pour aller dans son propre sens, etc.

En tous cas, c’est pour l’instant surtout la guerre en Ukraine qui cristallise ces tensions, et il faut bien avoir conscience du fait que la situation est extrêmement tendue, que la rivalité entre les deux camps et de plus en plus assumée et irrémédiable.

Vendredi 22 avril, la vice-secrétaire d’État Wendy Sherman était à Bruxelles pour, avec les européens, mettre à nouveau la pression sur la Chine et dénoncer son soutien objectif à la Russie, parlant de « manipulation répétée de l’information par la Chine, notamment en propageant la désinformation de Moscou » sur la guerre en Ukraine.

Le camp américain est ultra agressif, n’acceptant aucune remise en cause du discours et de la vision des choses de l’OTAN. Mais ce n’est pas que de la diplomatie vague et lointaine, il y a des menaces concrètes.

Wendy Sherman a ouvertement parlé de possibilité de sanctions :

« Nous avons été très transparents (envers la Chine à propos de) ce que nous faisons (contre la Russie) en termes de sanctions, pour donner une idée du menu dans lequel nous pourrions choisir si la Chine décidait d’apporter un soutien matériel ».

De tels propos sont extrêmement grave, ils devraient faire la Une de l’actualité et être dénoncés massivement par la Gauche, vent debout contre la guerre mondiale et pour la paix entre les peuples.

Les États-Unis viennent directement sur le sol européen pour propager une hostilité hyper agressive contre la Chine et pousser presque ouvertement les Européens à l’affrontement. Mais il n’y a rien, absolument aucune opposition, la guerre mondiale se prépare tranquillement sans aucune remise en cause. Au contraire, tout porte à croire que ce sera bientôt l’Union sacrée pour la guerre, comme avant 1914. Cette fois pas contre l’Allemagne, mais la Chine. Avec la guerre contre la Russie comme première étape.

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L’OTAN passe un nouveau cap dans la propagande anti-russe

La propagande belliciste est acharnée.

Une fresque soviétique, à kramatorsk.

La superpuissance américaine et son appendice militaire qu’est l’OTAN poussent de plus en plus ouvertement à la guerre contre la Russie. Cela est évident depuis plusieurs semaines, mais il faut maintenant parler d’un tournant depuis le vendredi 8 avril 2022.

Il y a eu ces derniers jours un matraquage anti-russe extrême, avec des accusations de génocide ; c’est ni plus ni moins que la propagande du régime nationaliste ukrainien qui est reprise mot pour mot, pour faire monter la tension et préparer l’opinion publique à la guerre. Un nouveau cap a été franchi avec le bombardement de la gare de Kramatorsk.

Il faut s’imaginer ici une scène d’horreur totale, avec la mort de dizaine de civils, dont des enfants, tentant de fuir la guerre, l’intérieur et l’entrée de la gare étant couverts de sang, du mobilier carbonisé, des bagages abandonnés, des débris partout.

Le président américain a immédiatement attribué la responsabilité de ce bombardement à la Russie, accusée d’avoir volontairement visé des civils :

« L’attaque d’une gare ukrainienne est une nouvelle horrible atrocité commise par la Russie, frappant des civils qui tentaient d’évacuer et de se mettre en sécurité ».

Le sous-entendu est toujours le même, c’est que la Russie procéderait à un génocide, visant systématiquement le peuple ukrainien. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a ainsi parlé à propos gare de Kramatorsk d’un « mal sans limite », avec au passage un discours absolument délirant sur l’armée russe qui refuserait le combat militaire par lâcheté :

« Sans la force et le courage de nous affronter sur le champ de bataille, ils détruisent cyniquement la population civile. C’est un mal qui n’a pas de limite. Et s’il n’est pas puni, il ne s’arrêtera jamais ».

On a dans la foulée tout le camp pro-américain qui se rallie à ce discours, sans aucune réserve. Les chefs des gouvernements britannique et allemand ont dénoncé communément la Russie lors d’une conférence de presse, parlant pour l’un de « crimes de la Russie en Ukraine » et pour l’autre de bombardements « épouvantables ».

Le Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell y est également allé sans réserve :

« Je condamne fermement l’attaque aveugle de ce matin contre une gare à Kramatorsk par la Russie, qui a tué des dizaines de personnes et fait de nombreux blessés ».

Mais c’est à la France qu’a été attribué la responsabilité de faire passer un cap aux accusations. En effet, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian est allé extrêmement loin en parlant, sur une chaîne de la télévision publique française, de « crime contre l’humanité ».

« Les autorités ukrainiennes avaient appelé la population à évacuer – notamment par trains – dans la crainte d’une offensive russe pour prendre le contrôle de la région du Donbass. C’est à ce moment-là qu’ils tapent la gare, sur des réfugiés, donc sur des civils, donc ça répond aux crimes contre l’humanité. »

Le « ils » désigne ici ouvertement la Russie, puisque que le ministre avait introduit son propos en expliquant que « la guerre russe se poursuit, avec ses exactions ».

Jean-Yves Le Drian a ensuite parlé de Cour pénale internationale, expliquant (ce qu’Emmanuel Macron a confirmé également), que la France allait envoyer rapidement du personnel militaire en Ukraine pour établir un dossier en ce sens.

C’est ici un point de non-retour qui est franchi, un basculement évident. Comment la Russie peut accepter une telle accusation, la pire des accusations, de la part de la France et du camp américain ? C’est impossible, et ce qui est visé ici est ouvertement la provocation afin de pousser la Russie à la faute et justifier une intervention de l’OTAN.

Il faut ici bien sûr préciser à propos de la gare de Kramatorsk que la Russie a immédiatement démenti, parlant de provocation ukrainienne. Voici ce qu’affirme le ministère russe de la Défense, en précisant que le missile a été tiré depuis Dobropillia :

« Le but de la frappe orchestrée par le régime de Kiev sur la gare ferroviaire de Kramatorsk était d’empêcher le départ de la population de la ville afin de pouvoir l’utiliser comme bouclier humain ».

On peut très bien se dire qu’il n’y a pas plus de raison de croire le régime russe, coupable d’invasion, que le régime nationaliste ukrainien. Mais justement, cela marche dans les deux sens et la France n’a, au sens strict, absolument pas le droit d’accuser unilatéralement la Russie de crime contre l’Humanité pour cette attaque, sans preuve aucune.

Il faut ici beaucoup de sérieux et de hauteur pour bien saisir l’enjeu qu’il y a derrière cette accusation. En effet, l’attaque n’a pas eu lieu dans l’Ouest de l’Ukraine, mais dans le Dombass, une région russophone considérée par la Russie comme relevant de la grande-Russie, avec une population considérée comme devant rejoindre la Russie en étant libéré du joug occidental et nationaliste ukrainien.

Une grande partie du Donbass justement est depuis 2014 séparée de l’Ukraine, et la ville de Kramatorsk était par contre la capitale de la partie du Donbass encore sous-contrôle ukrainien, après des combats acharnés entre les deux camps. Sauf que la ville est justement sur le point de tomber. La population fuit les combats à venir, alors que l’OTAN elle-même explique que la conquête de l’intégralité du Donbass par la Russie est l’actualité de ces prochains jours.

C’est ce qu’a présenté en détail le secrétaire général de l’OTAN mardi 5 avril, en parlant d’une « phase cruciale de la guerre » avec le redéploiement quasi total de l’armée russe à l’Est du pays. Ce que cela sous-entend également, c’est l’écrasement de l’armée ukrainienne, avec une sorte de mâchoire militaire russe se refermant sur elle précisément dans cette région.

Il faut bien voir également que, depuis 2014, l’armée ukrainienne bombarde sans relâche l’autre partie du Donbass, et que la Russie accusait justement celle-ci d’avoir accentué les tirs avant l’invasion de février, et de préparer une opération militaire massive. On en pense ce qu’on veut là encore, mais c’est un élément à prendre en compte dans les accusations.

Comme le fait que l’armée russe explique, de manière très détaillée, comment les militaires ukrainiens (notamment les bataillons de nationalistes fanatiques) se cachent au milieu de la population civile dans la ville (ultra-statégique) de Marioupol, et qu’il faut donc pour l’armée russe procéder à un siège quasiment maison par maison, appartement par appartement.

Jean-Yves Le Drian, qui affirme que la Russie est coupable de crime contre l’Humanité avec l’attaque de la gare Kramatorsk, n’a aucune preuve. Mais surtout, il n’a aucune raison objective à avancer pour expliquer un tel crime de la part de la Russie. A moins de reprendre la propagande délirante et fanatique du régime ukrainien, qui multiplie les mensonges et affirmations délirantes depuis le début de l’invasion.

Quel est l’intérêt pour la Russie de massacrer ainsi une population qu’elle prétend libérer, alors justement qu’elle a plutôt intérêt à ce que la population civile fuit justement massivement pour opérer directement contre l’armée ukrainienne ? De surcroît, de le faire avec un missile de facture assez ancienne, avec écrit dessus « за детей », soit « Pour les enfants » (ou plus exactement « Au nom des enfants »).

Cela est difficilement explicable. On ne peut pas, par principe, écarter l’éventualité d’une frappe russe, mais elle n’est pas plus probable que celle de la provocation nationaliste ukrainienne, ou encore de la possibilité d’un accident de guerre avec un missile ne causant pas les dommages prévus initialement. Mais là n’est pas la question, en vérité, malheureusement.

L’accusation de crime de guerre contre la Russie n’est que le prétexte à une propagande de guerre acharnée. Ce qu’il y a en jeu, c’est ni plus ni moins qu’une vaste opération psychologique, médiatique pour justifier une entrée en guerre contre la Russie. Les dirigeants américains, français, allemands, britanniques, slovènes, polonais, n’en ont rien à faire de la population du Donbass, ils n’en ont rien à faire de l’Ukraine. Leur seule actualité est la bataille pour le repartage du monde, et la place du bloc formé par la superpuissance américaine dans cette bataille, avec la Russie sur leur chemin.

La Russie est dorénavant unilatéralement un ennemi de l’OTAN, il n’y a quasiment plus d’autre issue que la guerre.

C’est le sens de l’arrivée de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à Boutcha puis à Kiev, pour expliquer que l’Ukraine allait intégrer bientôt l’Union européenne, tandis que la Russie est « menacée de décomposition économique, financière et technologique « .

C’est le sens de l’officialisation vendredi 8 avril 2022 de la fourniture par la Slovaquie de système de défense anti-aérien S-300, immédiatement saluée par Joe Biden qui en échange a fourni des batteries de défense antimissiles américains.

C’est le sens du renforcement de l’aide militaire britannique à l’Ukraine (missiles antichars et antiaériens), justifiée par l’attaque « inconsciente » de la gare de Kramatorsk. C’est le sens de la déclaration, quasiment une déclaration de guerre à la Russie, du président américain :

« Nous poursuivrons notre assistance en matière de sécurité et nos livraisons d’armes pour aider l’Ukraine à défendre son pays. Et, avec nos alliés et partenaires, nous soutiendrons les efforts pour enquêter sur cette attaque tout en documentant les actions de la Russie et en la tenant responsable. »

Dans le même registre belliqueux, Joe Biden a également expliqué dans un communiqué :

« Tandis que les forces russes se repositionnent pour la prochaine phase de cette guerre, j’ai demandé à mon administration de continuer de ne ménager aucun effort pour identifier et fournir à l’armée ukrainienne les armes modernes dont elle a besoin pour défendre son pays ».

La Gauche doit se réveiller, il y a urgence. La question de la troisième guerre mondiale n’est pas une spéculation théorique lointaine, mais une terrible actualité qui se dessine. Il faut dénoncer l’OTAN, l’armée française, il faut combattre les va-t-en-guerre, il faut affirmer haut et fort l’internationalisme prolétarien. Guerre à la guerre, le drapeau rouge levé : tel doit être le mot d’ordre.

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Ukraine : avalanche de sanctions économiques contre la Russie

Les puissances liées à l’OTAN mènent leur « guerre hybride » sur le plan économique.

Suite à l’invasion de l’Ukraine, la Russie subit une réponse très agressive de la part des principales puissances du capitalisme liées aux États-Unis et à l’OTAN. Via une salve de mesures, c’est la mise en place d’un véritable embargo politique et financier ayant pour but d’isoler et d’affaiblir drastiquement le régime russe.

Si ces mesures ne se situent pas strictement sur le plan militaire, il n’en reste pas moins qu’elles ont une perspective fortement hostile, typique de la guerre moderne. Il s’agit, par tous les moyens, d’affaiblir l’ennemi, de le pousser à la faute, de profiter de la situation et d’appuyer à fond sur les contradictions. Il y a là une tendance terrible qui s’exprime, menant inévitablement à une nouvelle grande guerre inter-impérialiste, une troisième guerre mondiale.

L’Union européenne a fait en sorte de limiter drastiquement l’accès de la Russie aux marchés de capitaux européens et d’interdire les exportations vers la Russie des avions, pièces et équipements de l’industrie aéronautique et spatiale, composants électroniques, logiciels, ainsi que des technologies de raffinage pour l’industrie pétrolière. Concrètement, l’État russe et les principales entreprises russes ne peuvent plus lever de dette en se finançant sur les marchés financiers européens.

La déclaration commune des États membres parle de « conséquences massives et sérieuses », avec l’objectif clair et assumé de nuire profondément à la Russie, considérée désormais unilatéralement comme une puissance ennemie. Vladimir Poutine et son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov sont même directement visés, avec le gel de leurs avoirs européens, autrement dit le blocage net de leurs des comptes bancaires et titres financiers dans les banques européennes.

La délivrance de visas aux Russes par les États européens est bien sûr fortement limitée. Dans le giron de l’Union européenne et de ses États membres, il faut noter les mesures, symboliques mais agressives, de suspension de la Russie de l’Eurovision et du déplacement en région parisienne de la finale de Ligue des Champions de football qui était prévue le 28 mai à Saint-Pétersbourg.

Il faut noter également la décision du Conseil de l’Europe, dont la Russie est membre, de suspendre la participation des diplomates et délégués russes aux principales instances de l’organisation. Peu connu, ce Conseil de l’Europe est une institution ayant pour but de promouvoir une idéologie européenne bourgeoise de type libéral-démocrate ; elle institue notamment la Cour européenne des droits de l’homme.

Le Royaume-Uni est particulièrement agressif dans la réponse à l’attaque russe. D’une part car la stratégie du pays est d’être le « meilleur élève » des alliés américains, donc d’agir de manière marquée en se montrant, mais aussi car le Royaume-Uni est directement concerné par l’attaque en Ukraine, notamment de part les visées qu’il avait (ou qu’il a) sur la ville d’Odessa comme base navale.

Il s’agit concrètement d’exclure totalement les banques russes du secteur financier britannique, celles-ci voyant leurs actifs gelés et sont dorénavant interdites de lever de fond. Plus de cent entreprises et conglomérats, dans tous les secteurs, sont également concernés par cet embargo financier. La compagnie aérienne russe Aeroflot (membre du même réseau qu’Air France, l’alliance Skyteam) est également interdite de vol sur le sol britannique. De nombreuses personnalités russes sont interdites de territoire.

Les États-Unis bien sûr sont également très hostiles dans leur réponse, avec des représailles financières qui « dépassent tout ce qui a jamais été fait » selon le président Joe Biden. Ce sont d’abords les banques russes qui sont visées par des sanctions. Sur le plan financer également, plusieurs grandes entreprises russes, dont le géant Gazprom, ont interdictions de se financer sur le marché financier américain ; c’est également le cas pour l’État russe lui-même, privé d’accès. De nombreuses restrictions d’exportation ont aussi été décidées, surtout concernant les produits technologiques destinés aux secteurs de la défense et de l’aéronautique.

De plus, une longue liste d’ »oligarques » russes a été établie, de manière couper les vivres et les possibilités d’achat, à tous un tas de grandes fortunes considérées comme proches de Vladimir Poutine. Ce dernier devant devenir, selon Joe Biden, « un paria sur la scène internationale ».

Dans le giron américain direct, il y a le Canada qui pareillement a dressé une liste de 58 personnes et entités russes, afin de sanctionner directement « l’élite russe ». Entre autres sont nommés les ministres russes de la Défense, des Finances et de la Justice, afin de leur empêcher toutes interactions économiques. Enfin, de manière très radicale, tous les permis d’exportation pour la Russie sont suspendus.

C’est la même chose pour l’Australie, qui vise pour sa part directement plus de 300 membres du Parlement russe qui ont approuvé « l’invasion illégale de l’Ukraine ». Du côté du Japon, en plus du gel des actifs des personnes et organisations russe, de la suspension des visas, il y a également la suspension des exportations de tout un tas de produits tels les semi-conducteurs

En arrière plan de toutes ces mesures, il y a la menace brandie de couper la Russie du réseau interbancaire Swift, le système qui permet à l’immense majorité des banques mondiales d’échanger entre elles. De manière furieusement belliciste, le ministre des Finances français Bruno Le Maire a d’ailleurs fait à ce sujet un parallèle indécent avec l’arme nucléaire.

D’abord, il a expliqué l’enjeu :

« Toutes les options sont sur la table. Il reste que quand on a une arme nucléaire financière entre les mains [c’est-à-dire l’exclusion du système Swift], on réfléchit avant de l’utiliser. »

Puis il a expliqué que la France était justement favorable à l’utilisation de cette « arme nucléaire financière »…

Voilà donc le panorama actuel, avec une tendance à la guerre extrêmement marquée. L’Ukraine, prise au piège, servant ici de prétexte, les puissances liées à la superpuissance américaine profitant de l’occasion pour infliger des coups à la puissance russe concurrente et surtout à la couper du monde « occidental ».

Celle-ci, tout autant belliciste, se voit directement poussée dans le giron de la superpuissance chinoise, maintenant sur le plan économique et financier, et bientôt sur le plan strictement militaire. Tout cela dessinant de manière très nette les contours de la grande bataille pour le repartage du monde à venir avec deux grands blocs s’affrontant.

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Offensive turque en Syrie: en marche vers la guerre mondiale pour le repartage du monde

L’invasion d’une partie de la Syrie par la Turquie n’est pas qu’un exemple d’expansionnisme, mais bien une démonstration de la réalité du monde. On va vers une nouvelle guerre mondiale pour le repartage. On peut même dire qu’on est déjà engagé dans ce processus.

Le capitalisme en crise implique la crispation nationale, le repli stratégique et la conquête militariste. Les Kurdes de Syrie, en s’étant placé dans l’orbite américaine, en font les frais maintenant.

Les Kurdes vivent un nouveau drame, un de plus et pour ainsi dire traditionnel, puisqu’ils ont une énième fois été trahis. Ils ont espéré en Syrie avoir enfin trouvé une voie, avec le combat contre l’État islamique, en se plaçant sous le parapluie américain, qui a fourni des stocks d’armes et une couverture aérienne, alors que les Français envoyaient des cadres pour former les troupes.

Mais les Kurdes connaissent de nouveau la trahison, en étant abandonnés par leurs puissances tutélaires face à une opération de grande envergure de l’État turc. L’idée de celui-ci est officiellement d’instaurer une zone tampon. Seulement, quand on sait qu’elle doit faire 32 kilomètres de profondeur, il voit qu’il s’agit plutôt de former un protectorat, notamment au moyen de l’installation sur zone des 3,6 millions de réfugiés syriens en Turquie.

Les Kurdes de Syrie subissent donc le même sort que la Tchécoslovaquie en 1938 – à moins que les choses ne soient plus compliquées. Car les Kurdes ont eux-mêmes profité du dépeçage de la Syrie avec la guerre civile se développant et l’État islamique lançant également de son côté une offensive, justement avec le soutien de la Turquie.

Les forces kurdes de Syrie en ont profité pour établir leur pouvoir dans une vaste région – avec par ailleurs la grande majorité des zones pétrolières. Et ils ont entièrement assumé de passer sous contrôle américain, ainsi que français en partie.

On peut apprécier les Kurdes et espérer qu’ils trouvent un moyen pour s’en sortir, mais devenir les forces supplétives des États-Unis, par définition cela ne pouvait que mal tourner, dans un sens ou dans un autre. Et c’est ce qui se passe maintenant.

Le contre-argument rejetant cette critique aux États-Unis est que cela a permis de mener la lutte contre l’État islamique et même l’établissement d’un nouveau régime local, le « Rojava ».

Il s’agit d’un projet muncipaliste-fédéraliste des Kurdes en Syrie, qui est appuyé au niveau international par certains courants de la Gauche, en l’occurrence les marxistes-léninistes (surtout historiquement liés à l’Albanie), ainsi que les anarchistes, avec dans ce dernier cas également des Français partant là-bas pour s’impliquer dans le social, l’humanitaire ou le militaire.

Le souci est que ce projet est directement issu de l’arrestation en 1999 d’Abdullah Öcalan, le dirigeant du PKK. Abandonnant toute revendication indépendantiste, il avait prôné le confédéralisme multi-étatique des Kurdes à travers quatre États (Turquie, Syrie, Irak, Iran – les zones considérées étant définies comme le Kurdistan respectivement du Nord, de l’Ouest, du Sud et de l’Est).

Cela fait donc l’impasse totale sur la question de la démocratie en général dans les pays concernés. Les Kurdes de Syrie ont espéré que le choix américain permettrait de forcer le passage tout de même, mais dans le contexte explosif de bataille pour le repartage, c’était illusoire.

Aucune cause, fut-elle juste, ne peut échapper à l’exigence de démocratie pour les peuples et de rejet complet des interventions des grandes puissances.