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Politique

L’échec de la mobilisation de soutien aux Kurdes de Syrie

Les rassemblements en soutien aux Kurdes de Syrie samedi 2 novembre 2019 n’ont réunis que très peu de monde. C’est un échec directement politique.

Rien n’y fait. Il a été parlé des Kurdes de Syrie de manière ininterrompue dans les médias, il y a même eu un appel en leur faveur de 44 rescapés du Bataclan. Emmanuel Macron et de très nombreux politiciens affirment les soutenir. Pratiquement toute la scène anarchiste se mobilise également en leur faveur, ainsi qu’une bonne partie de l’extrême-Gauche. Libération a d’ailleurs publié la tribune d’un Collectif des combattantes et combattants francophones du Rojava.

Et pourtant il n’y a eu au rassemblement de solidarité hier que quelques milliers de personnes à Paris, quelques centaines à Strasbourg. Même la ville allemande de Cologne n’a vu se rassembler qu’environ 2 000 personnes. Pareil pour Berlin et Bâle en Suisse.

Pourquoi ce paradoxe ? Tout simplement parce que la spontanéité n’existe pas. Il n’y a plus de Gauche organisée à une échelle de masses, alors si les anarchistes ont décidé de faire confiance au PKK et de voir en Abdullah Öcallan un théoricien du municipalisme libertaire, cela ne parle pas du tout aux gens en France. C’est aussi simple que cela.

Il y a pourtant environ 800 000 personnes relevant, au sens très large, de la communauté turque en France. Pourquoi ne se sont-ils pas mobilisées ? Là encore, la raison en est simple. La Gauche turque est très présente en France historiquement, mais le PKK a tout fait pour avoir l’hégémonie et l’asphyxier. Cela a très bien marché. Le résultat en est une hégémonie réactionnaire et une déliquescence de la Gauche turque.

La situation n’a donc strictement rien d’étonnant et c’est bien cela qui est dramatique. Les Kurdes de Syrie se retrouvent dans une situation intenable – et ceux qui leur ont vendu du rêve en s’imaginant que le « Rojava » allait dégommer les puissances turque et syrienne ont leur part de responsabilité. Il leur aurait suffi de regarder l’histoire des Kurdes pour comprendre comment ceux-ci ont toujours été trahis, utilisés comme forces supplétives pour les conflits, par exemple lors du génocide arménien.

Cela montre aussi la vanité des gens pensant qu’une « minorité agissante » peut changer le cours des choses. Les anarchistes français se sont appropriés le thème du « Rojava » pour exprimer leurs fantasmes et leurs illusions et ce ne sont pas eux qui vont en payer le prix. Qui y aura-t-il alors demain pour maintenir le drapeau des droits des Kurdes ?

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Politique

PCF: communiqué sur l’exhumation de Franco

Voici le communiqué du PCF à propos de l’exhumation de Franco. C’est là une question démocratique d’une grande importance, non seulement en Espagne, mais aussi dans le monde entier, tant le monstre fasciste menace à nouveau à notre époque.

« Espagne/exhumation de Franco: Persévérer dans l’exigence de vérité, justice et réparation pour les victimes du franquisme

Le Parti communiste français se réjouit de l’exhumation du dictateur Franco de ce véritable « musée des horreurs du franquisme » que représentait le « Valle de los caidos ».

Cette journée souligne avant tout une avancée notoire pour toutes celles et tous ceux qui se sont battus et continuent à se battre pour que la vérité, la justice et la réparation soient rendues à toutes les victimes du franquisme et parmi elles, les dizaines de milliers de combattants antifascistes aujourd’hui encore ensevelis dans les fossés et les tombes.

Comme le soulignent notamment nos camarades communistes espagnols et les autres forces de progrès qui se sont battues pour la démocratie en Espagne, avec les associations et collectifs de mémoire démocratique, cette avancée souligne également le chemin qui reste à parcourir pour éliminer tous les vestiges du franquisme encore présents, mettre fin à l’impunité des crimes contre l’humanité engendrés par la dictature franquiste et faire droit aux exigences de justice et de dignité des disparus et de leurs familles tout en  luttant contre toute réminiscence de l’idéologie franquiste et fasciste dans les institutions. »

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Politique

La grave crise en Catalogne d’octobre 2019

L’Espagne est une monarchie issue directement du franquisme, avec une démocratisation inégale concernant un nombre très important d’aspects. La revendication indépendantiste catalane naît de ce terreau et la condamnation très lourde à la prison des indépendantistes modérés ayant organisé un « référendum » a mis le feu aux poudres.

Le monde connaît des contradictions qui, vues de l’extérieur, semblent étranges. Ainsi, la ville de Santiago du Chili connaît de violentes émeutes et est désormais sous le statut de l’état d’urgence. Pourquoi tout cela ? Car le ticket de métro a augmenté de 4 centimes d’euro, pour passer 1,04 euros. C’est évidemment un déclencheur de quelque chose de plus profond.

Il en va de même pour la Catalogne où grosso modo la moitié du pays est pour l’indépendance, l’autre moitié contre. Vendredi, la fameuse Sagrada Familia a ainsi été fermée aux touristes suite à un blocage par un groupe dénommé « Pique-nique pour la République ». Comme on le voit, cela concerne bien plus qu’une simple question d’indépendance, il y a là une dimension politique.

C’est ce qui provoque les troubles en Catalogne concernant des questions politiques, sociales, culturelles, idéologiques, dans un grand mélange datant de la guerre d’Espagne. Ce n’est pas pour rien que la personne qui a été condamné le plus lourdement pour l’organisation du référendum sur l’indépendance est Oriol Junqueras. C’est l’ex-vice-président de la Catalogne, dirigeant du parti Gauche républicaine de Catalogne (ERC). Il a écopé de 13 ans de prison pour sédition et détournement de fonds public.

Ce n’est pas pour rien non plus qu’en réaction aux condamnations, il y a eu vendredi une grève générale chez Seat, dans le port et dans la chaîne de supermarché Bonpreu. Il y a une profonde dimension ouvrière dans cette agitation.

L’opposition au centralisme de Madrid relève d’une démarche républicaine fédéraliste tout à fait assumée dans la vraie Gauche, que les socialistes du PSOE ont quitté depuis longtemps. Il existe une grande scène d’agitation pro-républicaine (anti-monarchiste), sur une base de gauche, allant bien au-delà de la question catalane et allant d’écologistes alternatifs aux communistes illégalistes historiquement liés au PCE(r) clandestin.

Mais pour la question catalane directement, il y a également une enchevêtrement avec la bourgeoisie catalane, qui joue la carte de l’égoïsme en utilisant la fibre nationaliste. La bourgeoisie catalane veut profiter seule de 7,6 millions d’habitants, 20 % du PIB espagnol, de la grande métropole qu’est Barcelone. La Catalogne est un bastion capitaliste et une plaque tournante de la « mondialisation ».

Il n’est pas bien difficile de voir comment cela donne des ailes « anticapitalistes » aux nationalistes centralisateurs, comment cela provoque des rancœurs en Espagne. D’où la brutalité et le caractère large des condamnations que l’État a pu mettre en place, de par le vaste espace existant politiquement pour cela en Espagne.

Jordi Sànchez et Jordi Cuixart, de la scène associative, ont été condamnés à neuf ans de prison ; cinq personnes ayant été ministre d’Oriol Junqueras ont été condamnées à des peines allant de 10,5 à 12 ans de prison et l’ex-présidente du parlement régional, Carme Forcadell, à 11 ans. Trois autres personnes ont pris des amendes.

C’est un avertissement clair à la bourgeoisie catalane. Cela dit : l’armée est la garante de l’unité du pays et jamais la Catalogne n’aura son indépendance, point final. L’acte d’accusation fait d’ailleurs 493 pages, histoire de bien montrer que l’État gère tout comme il l’entend.

On comprend donc que plus 500 000 personnes aient manifesté à Barcelone vendredi, alors que les heurts avec la police durent depuis le 14 octobre, avec 600 blessés. Il y a des raisons objectives de se révolter contre le régime. Mais le fait que cela soit fait par l’intermédiaire du prisme nationaliste est une faiblesse impliquant une défaite inévitable. Il n’existe pas de « nationalisme de gauche », il n’existe qu’une Gauche avec des revendications nationales-démocratiques. Il n’en a jamais été autrement.

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Guerre

Offensive turque en Syrie: en marche vers la guerre mondiale pour le repartage du monde

L’invasion d’une partie de la Syrie par la Turquie n’est pas qu’un exemple d’expansionnisme, mais bien une démonstration de la réalité du monde. On va vers une nouvelle guerre mondiale pour le repartage. On peut même dire qu’on est déjà engagé dans ce processus.

Le capitalisme en crise implique la crispation nationale, le repli stratégique et la conquête militariste. Les Kurdes de Syrie, en s’étant placé dans l’orbite américaine, en font les frais maintenant.

Les Kurdes vivent un nouveau drame, un de plus et pour ainsi dire traditionnel, puisqu’ils ont une énième fois été trahis. Ils ont espéré en Syrie avoir enfin trouvé une voie, avec le combat contre l’État islamique, en se plaçant sous le parapluie américain, qui a fourni des stocks d’armes et une couverture aérienne, alors que les Français envoyaient des cadres pour former les troupes.

Mais les Kurdes connaissent de nouveau la trahison, en étant abandonnés par leurs puissances tutélaires face à une opération de grande envergure de l’État turc. L’idée de celui-ci est officiellement d’instaurer une zone tampon. Seulement, quand on sait qu’elle doit faire 32 kilomètres de profondeur, il voit qu’il s’agit plutôt de former un protectorat, notamment au moyen de l’installation sur zone des 3,6 millions de réfugiés syriens en Turquie.

Les Kurdes de Syrie subissent donc le même sort que la Tchécoslovaquie en 1938 – à moins que les choses ne soient plus compliquées. Car les Kurdes ont eux-mêmes profité du dépeçage de la Syrie avec la guerre civile se développant et l’État islamique lançant également de son côté une offensive, justement avec le soutien de la Turquie.

Les forces kurdes de Syrie en ont profité pour établir leur pouvoir dans une vaste région – avec par ailleurs la grande majorité des zones pétrolières. Et ils ont entièrement assumé de passer sous contrôle américain, ainsi que français en partie.

On peut apprécier les Kurdes et espérer qu’ils trouvent un moyen pour s’en sortir, mais devenir les forces supplétives des États-Unis, par définition cela ne pouvait que mal tourner, dans un sens ou dans un autre. Et c’est ce qui se passe maintenant.

Le contre-argument rejetant cette critique aux États-Unis est que cela a permis de mener la lutte contre l’État islamique et même l’établissement d’un nouveau régime local, le « Rojava ».

Il s’agit d’un projet muncipaliste-fédéraliste des Kurdes en Syrie, qui est appuyé au niveau international par certains courants de la Gauche, en l’occurrence les marxistes-léninistes (surtout historiquement liés à l’Albanie), ainsi que les anarchistes, avec dans ce dernier cas également des Français partant là-bas pour s’impliquer dans le social, l’humanitaire ou le militaire.

Le souci est que ce projet est directement issu de l’arrestation en 1999 d’Abdullah Öcalan, le dirigeant du PKK. Abandonnant toute revendication indépendantiste, il avait prôné le confédéralisme multi-étatique des Kurdes à travers quatre États (Turquie, Syrie, Irak, Iran – les zones considérées étant définies comme le Kurdistan respectivement du Nord, de l’Ouest, du Sud et de l’Est).

Cela fait donc l’impasse totale sur la question de la démocratie en général dans les pays concernés. Les Kurdes de Syrie ont espéré que le choix américain permettrait de forcer le passage tout de même, mais dans le contexte explosif de bataille pour le repartage, c’était illusoire.

Aucune cause, fut-elle juste, ne peut échapper à l’exigence de démocratie pour les peuples et de rejet complet des interventions des grandes puissances.

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Société

Des scientifiques belges contestent l’avis de l’Académie royale de médecine de Belgique sur les dangers du végétalisme

Au printemps dernier, la prise de position de l’Académie royale de médecine de Belgique contre le végétalisme chez les femmes enceintes et allaitantes ainsi que chez les enfants avait provoqué quelques remous, tellement cela relevait de la propagande ouverte contre les vegans et pas de l’argumentation scientifique. Des professionnels de la santé et docteurs en sciences se sont alors réunis autour d’une position commune, afin de contredire l’institution.

Des médecins belges ont formé un collectif suite à la publication de l’Académie royale de médecine de Belgique. Les docteurs Lamprini Risos, cardiologue préventive à l’hôpital Erasme et Catherine Devillers, médecin nutritionniste et rédactrice scientifique au Centre Belge d’Information Pharmacothérapeutique à titre privé, ont alors produit une analyse critique très approfondie, venant selon leurs mots « contredire les conclusions alarmistes de l’académie ».

Dans un communiqué, il est expliqué ni plus ni moins que « l’avis est infondé » et qu’il « relève d’une désinformation » :

« Des médecins belges se sont rassemblés pour répondre à l’ARMB. Ils ont analysé une par une les études dont celle-ci s’était inspirée dans deux rapports successifs à charge contre le végétalisme.

Leur constat: les sources citées par l’académie, parfois hors sujet, contredisent ses propres conclusions. Parmi plus de 40 références, seules deux sources allemandes, plus réservées, incitent à la prudence et au suivi régulier des patients végétaliens. En revanche, les autres sources citées par l’ARMB concluent qu’une alimentation végétalienne bien planifiée et équilibrée est bénéfique pour la santé à tous les stades de la vie. »

On ne sera pas étonné qu’un conflit d’intérêts ait été remarqué, avec 4 membres de la commission ayant rédigé cet avis « liés à l’industrie laitière (Danone et Nestlé) ».

Un long rapport a été produit, ainsi qu’une version plus courte destinée au grand public, que nous publions ci-dessous. Cette réponse à l’institution belge a été signée par plus de cent professionnels de la santé et docteurs en sciences, issus de 13 pays différents. C’est une contribution très importante au débat démocratique sur la question du végétalisme, contre les tentatives de désinformation.

(Les informations sont également disponibles en anglais et en néerlandais).

Réponse à l’Académie Royale de Médecine de Belgique : version courte

« Nous, professionnels de la santé (médecins, chirurgiens, dentistes, diététiciens, docteurs en sciences), avons souhaité réagir au récent avis de l’Académie Royale de Médecine de Belgique (ARMB) qui proscrit l’alimentation végétale exclusive (végétalienne ou végane) chez les femmes enceintes, allaitantes, les enfants et adolescents.

Nous leur avons adressé une longue réponse que nous souhaitons transmettre au grand public de façon plus succincte. Les alimentations végétariennes (excluant les chairs animales) et végétaliennes (excluant aussi les produits laitiers, les œufs, le miel) sont en augmentation en Belgique et partout dans le monde pour des raisons éthiques, écologiques et sanitaires. Par leur caractère récent chez nous, elles suscitent des inquiétudes auprès du grand public et des professionnels de la santé. Cependant, elles sont bien mieux connues à l’étranger, notamment dans les pays anglo-saxons qui les ont intégrées dans leurs recommandations nutritionnelles.

L’ARMB a émis deux avis datant de juin 2018 (paru dans la presse en mai 2019) et de juin 2019. Elle invoque des carences systématiques sans apporter d’argument scientifique valable pour soutenir cette affirmation. Nous avons minutieusement analysé les sources utilisées pour ces deux avis et nous estimons sa position incompréhensible.

Aucune des sources citées ne proscrit l’alimentation végétale. Depuis des décennies, de nombreuses publications comparant l’alimentation végétale au régime omnivore chez les adultes sont rassurantes et même encourageantes. Ce type d’alimentation est associé à des effets positifs sur divers paramètres cliniques et biologiques reconnus comme facteurs de risque des maladies cardiovasculaires et des cancers, premiers contributeurs à la mortalité globale à l’échelle mondiale. Les végétaliens souffrent moins d’obésité, ont une meilleure tension artérielle, moins de «mauvais» cholestérol, moins d’insulinorésistance (diabète).

Chez les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes en particulier, nous citons de nombreuses recommandations (américaines, anglaises, australiennes, portugaises, israéliennes, italiennes, canadiennes) qui peuvent être résumées en reprenant les mots de l’AND (Academy of Nutrition and Dietetics) américaine, organisme fort de 67 000 professionnels faisant autorité dans le domaine de la nutrition.

Son avis est le suivant: «Les alimentations végétariennes (y compris végétaliennes) bien menées sont adaptées à tous les stades de la vie, notamment aux femmes enceintes, aux femmes qui allaitent, aux nourrissons, aux enfants, aux adolescents ainsi qu’aux sportifs.» Les recommandations britanniques précisent qu’il n’y a pas d’âge minimum pour une alimentation végétalienne. Nous rappelons que de 0 à 6 mois, l’allaitement maternel doit être privilégié et fortement encouragé. Ces recommandations insistent sur une information correcte des professionnels de santé auprès des personnes et des parents qui souhaitent adopter ce type d’alimentation.

Les publications scientifiques les plus récentes précisent qu’aucune étude sur le végétalisme n’a montré de risque pour la santé ni de malformations néonatales. Elles ont même mis en évidence certains bénéfices: moindre gain pondéral pour la mère durant la grossesse, réduction du risque de prééclampsie et d’accouchement prématuré. Notre réponse à l’ARMB est motivée par le souci d’une information scientifique rigoureuse et à jour, et par la nécessité d’informer correctement le grand public en-dehors de tout intérêt financier. Aucun de nos cosignataires (belge ou étranger) n’a de lien financier avec l’industrie agroalimentaire ou pharmaceutique. Nous regrettons que le rapport de l’ARMB ne mentionne pas les conflits d’intérêts de ses experts. Sur les 8 membres de la commission qui ont rédigé cet avis, 4 sont liés à l’industrie laitière (Danone et Nestlé).

En 2015, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé la viande transformée comme cancérogène et la viande rouge comme cancérogène probable. Il semble dès lors logique de vouloir l’exclure de son alimentation. Plus récemment, le Canada a retiré les produits laitiers des aliments dits indispensables. Nous rappelons aussi que nous faisons face à une épidémie d’obésité infantile aux conséquences graves et avérées: morbi-mortalité cardiovasculaire et par cancers.

Il est de notre devoir de professionnels de la santé de prendre toutes les mesures nécessaires pour promouvoir une alimentation saine dès le plus jeune âge. Pointer systématiquement du doigt une alimentation végétale pour laquelle, jusqu’à présent, nous n’avons aucune preuve de risque, mais au contraire de nombreux indices de bienfaits, correspond à de la désinformation. En cas d’alimentation végétalienne, il faut veiller à des apports suffisants, quotidiens et variés en fruits, légumes, céréales, légumineuses et oléagineux. Les oléagineux sont des sources de graisses non saturées saines et peuvent se consommer sous forme de graines, noix (pâtes d’oléagineux chez les jeunes enfants) ou huiles.

Chez les tout-petits, il faut veiller à augmenter progressivement la quantité de fibres dans l’alimentation. Une alimentation exclusivement à base de plantes nécessite à tous les âges une supplémentation en vitamine B12 et en vitamine D (la supplémentation en vitamine D est également recommandée en cas d’alimentation omnivore). Une carence en nutriments n’est à craindre que si l’on exclut intentionnellement de son alimentation un groupe alimentaire. Une alimentation équilibrée, variée, et contenant le plus possible d’aliments non-transformés apportera tous les nutriments nécessaires.

Quelques exemples de sources pour certains nutriments: les noix, les graines de lin et les huiles qui en sont dérivées sont de bonnes sources d’omega-3. Le calcium est présent en abondance dans les légumes à feuilles vertes, les graines de sésame et l’eau minérale. Les céréales et les légumineuses sont riches en fer et en protéines. Les modes de préparation (trempage, fermentation, germination) et de cuisson (vapeur) des végétaux permettent une meilleure assimilation des différents nutriments.

La carence en protéines dans notre pays n’est pas un problème si l’on consomme suffisamment de calories de sources végétales diverses. Nous espérons, par ces éclaircissements, rétablir une vérité scientifique actuelle et bien référencée, rassurer les professionnels de l’enfance et les parents, mais aussi encourager la formation en nutrition des divers corps de métiers de notre système de soins de santé. »

CONTACTS PRESSE Pour plus d’informations concernant les auteurs et cosignataires ainsi que les références mentionnées dans notre publication : Lamprini Risos, cardiologue préventive à l’hôpital Erasme T 0486 59 00 26 lamprini.risos@hotmail.com

Catherine Devillers, médecin nutritionniste et rédactrice scientifique au Centre Belge d’Information Pharmacothérapeutique T 0493 56 85 10 catherine.devillers76@gmail.com

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Politique

Candace Owens à la convention de la Droite: le miroir inversé du «progressisme»

La jeune conservatrice américaine Candace Owens a été une invitée très appréciée lors de la Convention de la Droite. Elle est venue y prôner sa haine farouche du Socialisme et le nationalisme agressif de Donald Trump. Son populisme n’est qu’une réaction mécanique au « progressisme », comme un miroir inversé.

Candace Owens a été accueilli à la convention de la Droite sous un tonnerre d’applaudissements, présentée comme une « star américaine ». Elle est en effet une figure montante chez les conservateurs américains, de plus en plus mise en avant par Donald Trump lui-même.

Elle est surtout connue pour ses prises de position au sujet des afro-américains, qu’elle a évoquées lors de sa prise de parole à Paris. Son credo est le « Blexit », un jeu de mot en référence au Brexit signifiant « Black exit », pour « Black exit from the Democrat party » (sortie des noirs du Parti démocrate). C’est en fait, et surtout, un appel au nationalisme pour les afro-américains.

Son explication est toute simple, tout à fait populiste :

1/ le « progressisme » est une « prison mentale » pour les personnes noires, qui a pour but de « faire abandonner les droits individuels en faveurs du gouvernement » ;

2/ les oppressions sont « imaginaires » et fabriquées de toutes pièces, alors que le capitalisme est formidable pour tous les Américains, du moment qu’ils se replient sur eux-mêmes plutôt que de s’ouvrir au monde.

On ne rappellera jamais assez ici les dégâts immenses qu’ont causé les postmodernes, notamment aux États-Unis, en torpillant les questions démocratiques et les mouvements démocratiques de l’intérieur, avec des catalogues d’oppressions à la carte, extensibles à l’infinie de manière toujours plus irrationnelle.

Cela est insupportable et a favorisé l’expression populiste des conservateurs, qui n’ont plus qu’à dire l’inverse du « progressisme », afin de prétendre aller à l’encontre du « système ».

Voici le genre de propos qu’a tenu Candace Owens à la réunion de la Droite et de l’extrême-Droite française :

« « xénophobe » est maintenant le terme utilisé pour décrire les citoyens qui veulent savoir pourquoi nous priorisons les besoins des peuples étrangers à ceux des innombrables citoyens qui souffrent dans notre propre pays. »

« Et bien sûr, « raciste », (aujourd’hui l’injure préférée des journalistes), utilisée pour ceux qui, à juste titre, sont en colère contre le concept de frontières ouvertes, un concept qui aggraverait encore davantage le sort de nos minorités, déjà en difficulté, tout en punissant le contribuable américain.

Un concept que l’on développe au détriment des différences culturelles, au profit d’une idée imaginaire, utopique, relevant de la bien-pensance, selon laquelle nous serions tous les mêmes et pourrions parvenir à un accord planétaire magique sur la manière dont nous devrions être gouvernés. »

Elle a dit la même chose à propos du « sexisme » et on peut imaginer qu’elle a le même raisonnement pour toutes les questions démocratiques et sociales, conformément à ses idées de droite.

Quand elle critique un « accord planétaire magique », elle exprime exactement la même chose qu’Eric Zemmour à la même tribune, c’est-à-dire le refus de l’universalisme. Il ne faut pas être étonné d’ailleurs de voir que la campagne des conservateurs américains alignés derrière Donald Trump pour 2020, focalise déjà sur le spectre du Socialisme. C’est un thème historique pour la Droite américaine, tétanisée depuis toujours par l’idée même du Socialisme, ce totalitarisme universaliste.

C’est en fait une véritable obsession, à laquelle n’échappe pas Candace Owens. Elle a par exemple expliqué au sujet de la procédure de destitution contre Donald Trump :

« ils tentent de contester notre processus démocratique parce qu’ils sont des élitistes pourris qui se croient aptes à gouverner l’Amérique comme une oligarchie. Le rêve américain avait été compromis. Les états-unis étaient vendus, pièce par pièce, en faveur d’une vaste initiative mondialiste ».

La figure Candace Owens n’a donc rien de nouveau. Cela ne date pas d’aujourd’hui qu’il y a des afro-américains conservateurs, faisant partie de la bourgeoisie américaine ou aspirant à en faire partie. La série Le Prince de Bel-Air avec Will Smith traitait avec humour dans les années 1990 de cette question des bourgeois noirs niant la situation des noirs appartenant aux classes populaires.

Ce qui a changé par rapport aux années 1990 par contre, c’est que le capitalisme exige maintenant un repris national fort, pour tirer son épingle du jeu dans un contexte de crise mondiale menant tout droit à la guerre. La jeune conservatrice américaine, tout comme Marion Maréchal, ne représente que la nouvelle génération de ces gens pour qui le repli nationaliste est une bonne chose et qui demain assumeront ouvertement la guerre.

Elle est venue à Paris pour « favoriser la synergie » entre le « Make america great again » de Donald Trump et son équivalent français, exactement de la même manière que Marion Maréchal l’avait fait l’an dernier à la conférence des conservateurs américains (dont on a compris que la Conférence de la Droite devait être un équivalent français).

Ces jeunes femmes se considèrent fortes et portées par l’avenir, car elles ont en face d’elles des « leaders faibles », comme Justin Trudeau ou Emmanuel Macron, qui sont des « mondialistes ». Elles ne sont fortes que parce qu’en face le « progressisme » n’est qu’une pâle caricature bourgeoise des questions démocratiques initialement portées par la Gauche, dont elles n’ont qu’à dire l’inverse pour avoir un discours.

Elles ne feront par contre jamais le poids face à une véritable Gauche, emmenée par les classes populaires arborant de drapeau rouge de l’universalisme socialiste.

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Guerre

Vers la guerre : la Turquie veut la bombe atomique

Recep Tayyip Erdoğan, le président turc, a affirmé que son pays devait rentrer en possession de l’arme atomique. C’est une contribution de plus au bal dramatique des fous furieux allant à la guerre, de Donald Trump à Vladimir Poutine, de Rodrigo Duterte à Boris Johnson, de Jair Bolsonaro à Xi Jinping.

« On ne veut pas être prisonnier de 780 000m². »

Tels avaient été les propos du président turc Recep Tayyip Erdoğan il y a trois ans. Cela a le mérite d’être clair quant aux ambitions expansionnistes de ce dirigeant visant ni plus ni moins qu’à rétablir l’Empire ottoman. Il remet d’ailleurs ouvertement en cause les traités de paix issus de la Première Guerre mondiale.

Lors d’un forum économique à Sivas, il vient d’en rajouter dans la logique militariste, en expliquant la chose suivante :

« Il y a plusieurs pays qui ont des missiles avec des têtes nucléaires, pas seulement un ou deux. Mais ils nous disent, qu’on ne peut pas en avoir. Cela, je ne l’accepte pas. »

Comme en plus l’entreprise russe Rosatom construit, au sud-ouest de la ville de Mersin, la première centrale atomique turque, on comprend rapidement que ce ne sont pas des menaces en l’air, mais une véritable perspective, très concrète.

La Turquie s’est en effet rapprochée de la Russie ces derniers temps, au point que les États-Unis ont retiré la Turquie du programme d’emploi des avions de chasse F-35. La Turquie a en effet acheté à la Russie un système de défense anti-aérienne dénommé S-400, qui fournira aussi des informations techniques à la Russie.

À l’arrière-plan, il y a le dépeçage de la Syrie, que la Turquie et la Russie gèrent de manière pratiquement principale, de manière concurrente mais parallèle.

Il faut bien saisir également qu’une telle affirmation est parfaite pour satisfaire le nationalisme turc, qui est aisément panturc et dont l’esprit expansionniste est particulièrement ambitieux, voire totalement démesuré.

Rien de tel qu’une bonne guerre ! La Turquie le sait, elle qui dispose d’une forte puissance avec ses plus de 600 000 soldats, ses 358 généraux et amiraux ( il y a 200 000 soldats en France, avec 376 généraux), mais aussi ses 200 000 gendarmes et une capacité d’intégration de plusieurs de centaines de milliers de soldats dans ses troupes par la mobilisation générale.

Il faut bien ça pour effacer la question kurde, tout comme celle des multiples minorités nationales dans le pays, sans parler de la question arménienne, celle du rapport à l’Irak dont une partie est déjà vassalisée, etc.

La tendance de fond est irrépressible et pour la Turquie, c’est une fuite en avant du même type que pour la Russie. En plus de l’instabilité culturelle et politique, l’économie, dont la base est relativement faible et instable, ne peut s’appuyer que sur une dynamique extrêmement agressive à l’extérieur et brutale à l’intérieur. Il en va de même pour le Brésil évidemment, mais aussi pour la Chine, dont le développement si rapide a provoqué des inégalités de développement dans tous les domaines.

D’où le fanatisme nationalise et le militarisme intérieur forcené, tout comme le renforcement des projets d’expansion.

Des pays comme la France et les États-Unis auront beau jeu ainsi d’accuser de tels pays, alors qu’eux-mêmes sont intéressés par la guerre, pour renforcer leur situation hégémonique. En fait, tout le monde a intérêt à un repartage du monde, soit pour s’affirmer, soit pour renforcer son affirmation.

La guerre se nourrit elle-même, comme expression du besoin d’hégémonie, de conquête, de renforcement des capitalismes !

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Politique

Triomphe de l’AfD dans l’Est de l’Allemagne

Cela fait plusieurs mois qu’on savait que le mouvement d’extrême-Droite AFD allait faire un carton plein aux élections partielles dans certaines régions de l’Est de l’Allemagne. Malgré tous les efforts faits, cela n’a pas pu être empêché. C’est que la mise en place de la grande Allemagne s’accompagne de très importants problèmes internes, ce qui s’ajoute à la réaffirmation du nationalisme conquérant parallèlement à la crise du capitalisme mondial.

5,4 millions de personnes ont voté ce dimanche, dans deux régions allemandes. En Saxe, la Droite est en tête avec 32,3 % et juste derrière il y a l’AfD, avec 27,8 % soit quasiment 18 % de plus qu’en 2014.

Dans le Brandebourg, c’est le SPD c’est-à-dire l’équivalent du Parti socialiste qui est en tête avec 27,2 % des voix, l’AfD récoltant 22,8% des voix.

Cette situation est surtout une catastrophe pour le parti Die Linke (La Gauche), issue des structures de la Gauche est-allemande officielle d’avant 1989. Elle est décrédibilisée. Comme le dit Sahra Wagenknecht :

« Il est apparent que Die Linke n’est plus considérée comme une force crédible de la part de beaucoup de gens qui votaient pour elle auparavant, capable de prendre au sérieux ses intérêts et de changer leur vie pour quelque chose de meilleur. »

Il faut savoir ici que l’élite économique allemande n’est composée qu’à 2 % de gens originaires de l’Est du pays, que dans l’ancien territoire de la RDA, les gens ont un niveau de vie inférieur de grosso modo 20 % par rapport à l’Ouest. La rancœur prédomine alors que l’économie continue de se délabrer. C’est une des raisons du succès de l’AfD.

Une autre raison est que l’Allemagne devient une grande puissance, ce qui exacerbe le nationalisme conquérant. L’AfD est ainsi propulsé et propulse une multitude de regroupements nazis, le tout de manière non formelle. Jusqu’à présent, l’extrême-Droite était décapitée par les interdictions dès qu’elle passait un cap. Elle n’a jamais été en mesure de structurer un front pour se couvrir. Avec l’AfD, elle l’a enfin.

La troisième grande raison est le chaos provoqué par l’afflux de migrants et de réfugiés. L’Allemagne a dépensé 23 milliards d’euros pour accueillir plus d’un million de personnes. Cependant, cela ne suffit pas et les frictions sont très nombreuses. La perte de repère a déboussolé des personnes ayant quitté leur pays tout en emportant avec eux leurs valeurs souvent féodales, d’autant qu’ils sont bien souvent bien plus migrants économiques que réels réfugiés. Cela a, là aussi, provoqué une rancœur énorme dans la population.

La grande question en Allemagne depuis des mois est ainsi de savoir si ces élections catastrophiques absolument prévues préfigurent un renversement de tendance également à l’Ouest, ou pas.

Formellement, cela ne devrait pas être le cas à court terme, l’AfD ne disposant pas d’une dynamique suffisante. De plus, la grande dynamique allemande est surtout d’avoir l’hégémonie dans l’Union européenne, avec le moteur franco-allemand comme noyau dur.

Cependant, l’AfD est un outil bien utile pour liquider la Gauche et surtout les forces anti-guerre extrêmement puissantes en Allemagne. On peut donc bien parier sur son installation réelle dans le paysage politique.

Cela montre que l’Allemagne, comme la France, est un pays qui tangue. Dans ces deux pays, l’avenir va consister en de grandes révoltes sociales et une vraie bataille politique.

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Tendance à la guerre : appel australien à la militarisation accentuée contre la Chine

L’université de Sydney en Australie dispose d’un United States Study Center, qui a produit un rapport en cette fin août 2019. Les bases américaines en Asie seraient sous la menace d’un attaque rapide menée par la Chine, il faut donc militariser bien davantage et organiser un front militaire unifié américano-australien.

Le rapport de l’United States Study Center est vraiment très clair. Il est tout à fait franc dans ses objectifs, à savoir maintenir l’hégémonie américaine, avec son allié australien et empêcher la Chine de vouloir poser un repartage du monde. On est ici dans une logique militariste tout à fait assumé.

Le document, relativement long, expose la chose suivante : la clef est l’Australie.

Pour comprendre cela, il faut saisir l’arrière-plan. Il y a de nombreuses bases américaines autour de la Chine, à la base pour tenter d’exercer une pression sur la Chine communiste de Mao. Aujourd’hui la Chine n’a rien à voir et se pose comme grande puissance conquérante.

Or, selon le rapport australien, les bases américaines seraient détruites à 70 % si la Chine mène une attaque surprise. Voici une carte montrant comment le rapport voit les choses :

L’Australie, par contre, est suffisamment protégée d’une attaque surprise. Le rapport la place donc au cœur de la stratégie américaine « nécessaire ». L’Australie doit devenir la tête de pont américaine.

Cela est prétexte à toute une évaluation du matériel militaire américain, de ses capacités budgétaires, etc. Et là on a droit à tout un catastrophisme accompagné d’une exigence de militarisation, sur une ligne d’affrontement futur.

Le rapport de l’United States Study Center insiste ainsi très lourdement sur le fait que les États-Unis ne disposent pas d’un plan de budget suffisant pour maintenir leur hégémonie dans le Pacifique. Ils devraient impérativement s’organiser pour relancer l’ensemble de leur militarisation. Pour cela, ils doivent se réorganiser.

Ainsi, il est appelé à renforcer les forces sous-marines, afin d’être en mesure de contrer aux missiles chinois. Le rapport appelle également ouvertement l’Australie et le Japon à assumer militairement le « trou » laissé par la pseudo incapacité américaine à suivre la Chine militairement. D’ailleurs, il devrait y avoir un seul front organisé, unifié, des États-Unis et de ses alliés dans le Pacifique.

Le rapport parle également du sens des exercices militaires Talisman Saber de cette année. Ceux-ci ont lieu tous les deux ans en Australie depuis 2005 et ont regroupé 35 000 soldats cet été, avec des forces américaines, australiennes, canadiennes, japonaises et néo-zélandaises. Il s’agissait cette fois de s’entraîner à une opération d’envergure en mer de Chine.

Il est même parlé de « l’aventurisme chinois », ce qui est déjà un signe annonciateur du mot d’ordre du Japon, de l’Australie et des États-Unis pour l’affrontement futur avec la Chine. Au début de l’année 2019, dans son rapport annuel, le département de la défense des États-Unis annonçait d’ailleurs que la Chine était en train de devenir « la puissance prévalente dans la région indo-pacifique ».

On l’aura compris, les cartes sont désormais distribuées. Le cœur de la guerre mondiale future, ce sera la zone indo-pacifique. L’affrontement indo-pakistanais sera son à côté inévitable. L’Europe cherchera à bien se positionner, mais elle ne coupera pas elle non plus à l’affrontement.

Dans tous les cas, le capitalisme mondial vacillera de manière générale, comme ce fut le cas au moment de la première guerre mondiale. Personne ne pourra échapper à l’impact d’une guerre dévastatrice, produite par l’affrontement de la principale puissance et de celle venant la concurrencer.

Une guerre produite inévitablement par le capitalisme posant la concurrence, la compétition, comme norme à tous les domaines, et avec un système économique fondé sur l’accroissement toujours plus grand des richesses financières, ce de manière exponentielle et à tout prix.

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Guerre

Emmanuel Macron prend en otage la question de l’Amazonie pour servir la puissance française

Avant-hier à la veille du G7 à Biarritz, Emmanuel Macron a opportunément évoqué les incendies en Amazonie, afin de critiquer l’État brésilien et faire pression sur des accords commerciaux. Il en a rajouté lors de son allocution d’hier à Biarritz, laissant entendre qu’il sera à l’origine d’un mouvement d’action en faveur de l’Amazonie, ce qui n’a d’autre fin que de servir les intérêts de la France en tant que grande puissance.

La forêt amazonienne connaît actuellement une série d’incendies de grande ampleur. D’après un spécialiste du Centre européen de prévisions à moyen terme (ECMWF), «  jamais les incendies dans l’État brésilien d’Amazonas n’avaient émis plus de CO2 lors d’un mois d’août, alors que le mois n’est pas encore fini ». Le constat fait par l’Institut national brésilien de recherche spatiale (INPE) va dans le même sens, avec un nombre de départs de feu constaté très supérieur aux années précédentes.

La catastrophe est telle que la ville de São Paulo a vu son ciel complètement obscurci pendant une heure en plein après-midi ce lundi 19 août 2019, du fait de ces incendies. Plusieurs études scientifiques alertent par ailleurs sur un possible point de non-retour qui serait franchi rapidement, empêchant l’équilibre hydrique de la forêt tropicale humide de se maintenir, la faisant devenir une savane.

La situation n’est cependant pas nouvelle, ni isolée : elle correspond à l’état général de la planète, dont la vie est bouleversée en profondeur par l’activité humaine dans le cadre du mode de production capitaliste. La question de l’Amazonie fait ici surtout office de totem, manié par des gens qui ne veulent pas réellement changer le monde et qui s’attachent à des symboles pour prétendre l’inverse.

Les propos d’Emmanuel Macron sur Twitter sont très significatifs de cette posture à propos de l’Amazonie :

« Notre maison brûle. Littéralement. L’Amazonie, le poumon de notre planète qui produit 20% de notre oxygène, est en feu. C’est une crise internationale. Membres du G7, rendez-vous dans deux jours pour parler de cette urgence. #ActForTheAmazon »

Personne ne sait vraiment d’où le Président français tient ce chiffre de 20 %, mais il est en tous cas faux. Parler de poumon de la planète pour l’Amazonie correspond de surcroît à une posture romantique, pas à la réalité scientifique.

Déjà, parce qu’un poumon ne produit pas d’oxygène ! Mais surtout, car il est faux de considérer la planète en séparant les parties du monde et les formes de la vie les unes des autres. La production et le maintient de la teneur en oxygène de l’atmosphère est quelque chose de très complexe, qui concerne l’ensemble de la biosphère. La majorité des émissions d’oxygène provient d’ailleurs des océans, grâce au phytoplancton et non pas des forêts. L’Amazonie, aussi grande soit-elle, ne constitue de toutes manières qu’une partie des forêts mondiales.

Mais ce n’est pas ce qui compte ici puisqu’en réalité Emmanuel Macron entend surtout faire pression pour tirer un avantage plus favorable des accords avec le Mercosur, c’est-à-dire surtout le Brésil et l’Argentine. La situation est très simple : l’Union européenne a signé un accord de libre-échange abolissant presque entièrement les taxes douanières entre les deux marchés communs.

Cet accord, qui est pour l’instant suspendu, est intéressant pour l’industrie allemande, notamment pour l’exportation d’automobiles, et pour le Brésil, pour l’exportation agricole. Il est en partie intéressant pour les exportations françaises, mais entre cependant en concurrence avec les intérêts de l’agro-industrie française, elle aussi très puissante et exportatrice.

La destruction par des incendies volontaires de la forêt amazonienne, qui est un crime barbare contre la vie sur Terre et la vie de la Terre, a pour but de dégager d’immenses espaces agricoles pour l’agro-industrie brésilienne et particulièrement l’élevage. C’est cela que critique Emmanuel Macron, non pas pour des raisons écologiques, mais pour des raisons de concurrence économique, principalement à l’encontre de l’élevage bovin français.

Quand le Président français accuse le Président brésilien d’avoir « menti » sur ses engagements en faveur du climat, il dénonce en fait la possibilité d’une concurrence accrue contre l’agro-industrie française du fait de plus grands espaces agricoles. C’est pour cela qu’il affirme en conséquence vouloir s’opposer à l’application de l’accord avec le Mercosur.

La présidente de la FNSEA, qui représente directement les intérêts de l’agro-industrie française, a immédiatement salué la « décision de sagesse » d’Emmanuel Macron, considérant que ses arguments ont été entendus.

La défense de la forêt amazonienne n’est en effet qu’un prétexte, un mensonge, de la part de celui qui encourageait l’industrie liée à l’extraction d’or dans la forêt amazonienne en Guyane lorsqu’il était au ministère de l’économie. Le président brésilien d’extrême-Droite Jair Bolsonaro a alors beau jeu de dénoncer une instrumentalisation, puisque c’est de cela qu’il s’agit :

« Je suis navré que le président Macron cherche à instrumentaliser une question interne au Brésil et aux autres pays amazoniens à des fins politiques et personnelles. Le ton sensationnaliste avec lequel il se réfère à l’Amazonie (faisant même appel à de fausses photos) ne contribue en rien à régler le problème. »

Remarquons ici que cette polémique bénéficie largement au chef d’État brésilien, qui se pose alors en critique des grandes puissances en plein G7, dénonçant même une mentalité colonialiste :

« Le gouvernement brésilien reste ouvert au dialogue, sur la base de faits objectifs et du respect mutuel. La suggestion du président français selon laquelle les affaires amazoniennes soient discutées au G7 sans la participation de la région évoque une mentalité colonialiste dépassée au 21e siècle ».

Chaque pays cherche à tirer son épingle du jeu dans le cadre de la concurrence économique mondiale. Nous vivons l’époque des Trump, Xi Jinping, Bolsonaro, Poutine, Erdogan, Duterte, du Brexit, de la bataille toujours plus ouverte pour le repartage du monde.

Emmanuel Macron et Angela Merkel eux-mêmes sont des va-t-en-guerre avec leur moteur franco-allemand de l’Union Européenne, qui assume une militarisation accrue. La question de la guerre, couplée à celle de la vie pacifiée de la planète sur le plan écologique, va indéniablement façonner les prochaines années !

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Le G7 2019 à Biarritz : vers la guerre

Les années 1990 ont connu un vaste mouvement « altermondialiste » qui se focalisait sur les grands événements comme le G7, exigeant une autre orientation de l’économie mondiale. C’est du passé. Désormais, on retourne aux fondamentaux : les pays sont tous en concurrence ouverte les uns avec les autres, on va vers la guerre et l’affrontement sino-américain est la toile de fond du drame qui s’annonce.

Le G7 qui se tient à Biarritz n’est pas une simple réunion des « puissants », mais une étape dans la constitution de nouveaux blocs. Il a fallu une semaine avant que l’on s’aperçoive que les propos de Donald Trump n’étaient pas du tout farfelus, mais relevaient d’une vraie politique de conquête. Le Monde, Le Figaro, Le canard enchaîné… ont rappelé qu’en réalité, les États-Unis demandent régulièrement à se procurer le Groenland, et ce depuis 1850 !

L’OTAN a d’ailleurs mené dans la région les manœuvres Trident Juncture en 2018, à la frontière de l’Arctique entre la Norvège et l’Islande, alors que ce dernier pays abrite désormais des avions américains de lutte anti-sous-marin Poseidon P-8.

Mais telle est la naïveté des gens, qui s’imaginent que la guerre n’est plus possible, alors que seul l’effondrement du bloc de l’Est a temporairement rebattu les cartes. On est train de revivre les années 1980 désormais et donc tout recommence sur le plan de la marche à la guerre.

Donald Trump a d’ailleurs annoncé la chose suivante sur Twitter :

« Nous n’avons pas besoin de la Chine et franchement on est mieux sans eux. Les vastes sommes d’argent faites et volées par la Chine aux États-Unis, année après année, pendant des décennies, doit cesser et CESSERA.

Nos formidables entreprises américaines ont de ce fait pour ordre de commencer immédiatement à chercher une alternative à la Chine, y compris en ramenant vos entreprises à la maison et en fabriquant vos produits aux USA.… »

Ce message fait partie d’une longue liste de messages, dont un annonçant que les taxes sur 300 milliards dollars de biens chinois devant commencer le premier septembre seront de 15 % et non plus de 10 % comme prévus.

Cela suit la décision de la Chine de relever les droits de douane à l’importation sur 68 milliards d’euros d’importations américaines.

Dans ce panorama, il faut ajouter que les États-Unis viennent de procéder à un test d’une « variante d’un missile de croisière d’attaque sol-sol Tomahawk » qui a frappé une cible à 500 kilomètres. C’est une conséquence de la rupture du traité INF sur les missiles intermédiaires et la Russie a immédiatement affirmé qu’elle répondrait par un test « symétrique ».

On ne sera donc pas étonné qu’au sujet du G7 qui a lieu ce week-end à Biarritz, Le Figaro titre son article de la manière suivante :

« À Biarritz, un G7 électrique accueille des puissances plus divisées que jamais »

Emmanuel Macron a d’ailleurs prévu le coup et carrément supprimé la traditionnelle déclaration de clôture, se cachant derrière le faux argument comme quoi ce serait des « communiqués que personne ne lit, qui sont le résultat d’interminables chicayas bureaucratiques ».

C’est que plus jamais il n’y aura d’unité entre les grandes puissances. Cette unité n’était que relative par le passé, elle s’appuyait seulement sur la croissance issue de l’effondrement du bloc de l’est et de la montée de la puissance chinoise. Désormais tout recommence.

Et face à cela, il faut la Gauche historique, pas les « altermondialistes ». Un « autre monde » n’est pas possible. Seul un changement complet de système social est possible et cela implique le Socialisme, la classe ouvrière, les valeurs de la Gauche historique. Et cela va exiger de faire face à la tendance à la guerre, toujours plus présente, prégnante, agressive, décisive !

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Australie : « la Chine est comme l’Allemagne nazie des débuts »

C’est une très grave crise politique qui traverse les couches dirigeantes australiennes, avec comme question centrale le rapport à la montée en puissance de la Chine. Il y a au plus haut niveau australien une assimilation de la Chine actuelle aux débuts de l’Allemagne nazie : on aura compris alors qu’une fraction des couches dominantes australiennes exigent un engagement total en faveur de la ligne belliciste américaine.

Le député australien Andrew Hastie a comparé la Chine actuelle avec la montée en puissance de l’Allemagne nazie. Cela signifie que, de manière très claire, ce conservateur annonce une prochaine guerre mondiale, avec un pays cherchant à modifier le partage du monde. Tout comme l’Allemagne cherchait à se développer hier, la Chine actuelle entend exiger un repartage du monde.

Il a formulé son point de vue dans une tribune dans la presse australienne, où il appelle à une remise à plat de tous les rapports avec la Chine, afin de préserver la souveraineté australienne. Nul hasard à cela : la semaine dernière, les gouvernements américain et australien ont également exprimé en commun des inquiétudes quant à l’agrandissement de l’influence chinoise dans la région.

Ses propos ont exigé une mise au point de la part des principaux dirigeants. Le ministre du commerce Simon Birmingham a demandé de la prudence dans les mots, alors que le ministre des finances Mathias Cormann a exprimé des critiques.

Mais le ministre de l’intérieur Petter Dutton a apporté son soutien au député. De manière significative, il est également le dirigeant de la commission parlementaire des services secrets australiens. Andrew Hastie n’est pas non plus n’importe qui à ce niveau. Il est passé par l’armée et il est le dirigeant de la commission parlementaire sur la sécurité.

Dans sa tribune, il compare d’ailleurs l’Australie à la France de 1940. Il explique qu’on sous-estime la capacité de la Chine à se mobiliser en différents points. De fait, il place la question militaire au centre des préoccupations. Cela fait plus que sous-entendre la nécessité d’une alliance ouverte avec les États-Unis en vue d’affronter la Chine.

Andrew Hastie fait également remarquer que la France s’est trompée en croyant que l’Allemagne nazie, de par l’importance des échanges économiques, n’irait pas au conflit. C’est une question essentielle d’ailleurs pour l’Australie, dont la Chine est la principale partenaire. Preuve des tensions stratégiques, Huawei a d’ailleurs été pourtant exclu de la technologie 5G devant être mise en place en Australie.

On aura compris que toute la question est de savoir pour l’Australie s’il faut maintenir la situation telle qu’elle est, car le capitalisme fonctionne bien et cela dans un rapport étroit avec la Chine, ou bien s’il s’agit de prévoir déjà le coup d’après et de commencer la rupture. C’est un choix critique, qui engage tout le pays, dans son positionnement même.

C’est là l’expression de la tendance à la guerre. Il est évident que pour les pays autour de la Chine, cette tendance s’exprime particulièrement brutalement. La Corée, le Japon, le Vietnam, l’Indonésie… tous ces pays connaissent des mouvements de fond dans leur nature même. Ils sont littéralement emportés par la tendance principale, celle de l’affrontement sino-américain à venir.

Il serait bien entendu illusoire de croire que, parce que la France est loin, on échappera d’une manière ou d’une autre à une guerre mondiale. Ce serait criminel même de ne pas vouloir s’opposer à une telle conflagration, inhumaine, meurtrière, criminelle.

La France, riche pays, puissance de premier plan, ne manquera pas de participer à un quelconque conflit. C’est dans sa nature même, c’est dans la logique même de son économie et tout l’État est engagé en ce sens, comme la militarisation des satellites le montre de manière assez franche.

Les généraux veulent la guerre, les actionnaires en ont besoin. Le peuple est passif et ne saisit pas les enjeux, ou ne veut pas les saisir encore. Partant de là, le processus s’enclenche inéluctablement.

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Vers la guerre «indo-pak» avec le Cachemire comme prétexte

Les actuelles tensions « indo-pak » s’approfondissent de jour en jour et l’état d’urgence au Cachemire mis en place du jour au lendemain témoigne de leur gravité. Le statut autonome du Cachemire va ni plus ni moins que disparaître au profit d’une intégration complète dans l’Union indienne.

L’affrontement militaire indo-pakistanais, inéluctable, représente l’un des aspects de la guerre sino-américaine à venir. Tant l’Inde que le Pakistan, pays munis de l’arme atomique, ont focalisé leur identité et leur armée l’un contre l’autre et tous deux sont appuyés par la Chine et les États-Unis, qui en font de puissants pions dans la bataille pour l’hégémonie mondiale.

Du jour au lendemain, l’Inde a annulé le statut particulier du Cachemire, qui en tant qu’État du Jammu et Cachemire disposait d’une vaste autonomie garantie par l’article 370 de la constitution de l’Union Indienne. C’est le ministre de l’intérieur de l’Union indienne, Amit Shah, qui l’a annoncé lundi 5 août 2019, expliquant qu’un décret présidentiel avait été pris en ce sens.

Immédiatement, des centaines de représentants politiques ont été confinés chez eux, tandis qu’ont été arrêtés des activistes, des intellectuels et des figures économiques locales. Les réseaux téléphoniques, fixes comme mobiles, ont été coupés, ainsi bien entendu qu’internet. Cela est valable même pour les hôpitaux.

La ville principale, Srinagar, est totalement occupée militairement, avec checkpoints et barbelés, ce qui n’a pas empêché des révoltes. Aucun journaliste n’a le droit de se déplacer alors que la diffusion de toute presse a été suspendue.

Le jeudi 8 août, le premier ministre Narendra Modi expliquait dans un discours à la nation que l’intégration du Cachemire avait comme but son meilleur développement économique, ainsi que la fin du « terrorisme » et de la corruption. Le statut particulier n’apporterait rien de bon et il faudrait permettre la promotion des intouchables et des tribaux comme dans le reste du pays. Il faut saisir ici l’arrière-plan historique de la question.

Lors de leur colonisation des Indes, les Britanniques ont cherché à diviser pour régner. Ils se sont pour cela appuyer sur la large minorité musulmane et une couche intellectuelle indienne musulmane ayant étudiée en Angleterre, qui a poussé à la formation d’un État indépendant. Après 1947, le Pakistan musulman faisait face à l’Inde ayant grosso modo les 2/3 de sa population hindoue, 1/3 musulmane, avec qui plus est des minorités tels que les Jaïns et les Sikhs.

Il est souvent dit que l’Inde est la plus grande démocratie du monde, mais en réalité c’est une société ultra-communautariste. Le droit privé dépend en effet de la religion de la personne. Les communautés sont donc des blocs fermés ne pouvant se rencontrer. L’hindouisme a l’hégémonie et perpétue un système de castes, y compris à travers le développement récent de villes « modernes », parallèlement aux campagnes arriérées et aux mains de grands propriétaires.

Le Pakistan, quant à lui, était divisé en deux, puisque l’actuel Bangladesh lui appartenait. Il a cherché à maintenir cette possession en pratiquant un immense génocide, avec plusieurs millions de personnes massacrés pour avoir affirmé l’identité propre au Bangladesh. Ce dernier est par la suite devenu indépendant.

La question du Cachemire s’est posée dès la partition en 1947. Les Cachemiris ont leur propre identité historique ; l’hindouisme qui s’y était développé avait pris des formes biens particulières, très mystiques, et l’Islam qui a fini par triompher pratiquement entièrement n’effaçait pas des traits nationaux acquis dans la durée. Seulement c’était un royaume dont le souverain était hindouiste et c’est pourquoi l’Inde l’a revendiqué à la partition.

– partition de 1947 –

Cela n’a pas empêché évidemment l’Inde de s’approprier des zones à majorité musulmane mais à souverain hindouiste. Et, donc, au caractère romantique nationaliste idéaliste abstrait du Pakistan – dont seul le sionisme israélien est sans doute l’équivalent historique – a répondu un chauvinisme expansionniste hindouiste.

Depuis 1947, l’Inde maintient une domination terroriste sur le Cachemire, dont une partie a été occupée par le Pakistan. La Chine a quant à elle récupéré une partie lui appartenant historiquement, mais elle jette de l’huile sur le feu, soutenant le Pakistan. Ce dernier apporte de son côté un soutien logistique à une guérilla harcelant les forces indiennes.

Officiellement, cette guérilla lutte pour l’indépendance du Cachemire, cependant de plus en plus elle est devenue un bras armé du Pakistan. Un autre bras armé du Pakistan, ce sont les Talibans, d’ethnie pachtoune, dont une importante minorité vit au Pakistan. L’Inde sait que les États-Unis veulent négocier avec les talibans pour un accord en Afghanistan et craint un compromis à ses dépens, d’où l’accélération de sa politique expansionniste au Cachemire.

Cette situation a déjà provoqué des affrontements militaires (trois petites guerres dont deux au sujet du Cachemire) et régulièrement des escarmouches, et même en février dernier une bataille aérienne.

Il faut voir ce qui a changé. Auparavant, comme le Pakistan était appuyé par les États-Unis et que l’Inde était appuyée à la fois par les États-Unis et l’URSS, cela ne débordait pas en guerre ouverte. La pression était cependant idéologiquement puissante, le grand symbole étant la fermeture quotidienne de la frontière sino-pakistanaise. Les soldats marchent de manière ostentatoire dans des tenues pittoresques, sous les acclamations nationalistes des gens des deux côtés de la frontière.

L’effondrement du bloc soviétique et de son agressivité très forte dans la région – comme en témoigne l’invasion de l’Afghanistan – a bouleversé la donne et avec l’affrontement sino-américain, la question « indo-pak » prend une tournure explosive. Le Pakistan est appuyé par la Chine, comme contre-poids face à l’Inde, qui est elle de plus en plus liée aux États-Unis depuis l’effondrement de l’URSS.

En réponse aux événements du Cachemire, le Pakistan a expulsé l’ambassadeur indien et annulé tous les échanges, déjà pratiquement inexistants dans les faits. La Chine a qualifié la décision unilatérale de l’Inde d’inacceptable. On a tous les ingrédients pour un conflit militaire d’ampleur, un strict parallèle avec les Balkans en Europe juste avant 1914.

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Nouvelles taxes commerciales américaines contre la Chine

Le 12e round de négociations commerciales sino-américaines a échoué au tout début du mois d’août. Immédiatement, le président américain Donald Trump a annoncé la mise en place, au 1er septembre 2019, de 10% de nouvelles taxes sur 300 milliards de biens importés de Chine. Cela frapperait notamment les smartphones et les ordinateurs portables.

La décision de Donald Trump se produit également le lendemain de la déclaration chinoise affirmant que les États-Unis étaient derrières les vastes troubles en ce moment à Hong Kong. Les citoyens de 47 villes ont aussi eu l’interdiction d’aller à Taïwan, l’État chinois voulant couper court à toute constitution d’un vaste front d’agitation.

Si la diplomatie chinoise déteste une chose, c’est bien le coup d’éclat à ses dépens. La réaction à la décision unilatérale de Donald Trump ne s’est pas faite attendre. Hua Chunying, porte-parole du ministre chinois des affaires étrangères Wang Yi, a réagi de manière très claire :

« Les États-Unis en subiront toutes les conséquences. »

Rien que de plus logique, puisque la vague de mondialisation de ces 30 dernières années se contracte et qu’on va vers la guerre pour les années 2030, avec l’affrontement États-Unis – Chine comme axe principal. Car aucun des deux pays ne reculera dans la bataille pour l’hégémonie.

La nouvelle bagarre commerciale qui s’engage se produit alors qu’il y a une récession de l’industrie en juillet, pour le troisième mois consécutif, dans plusieurs pays (France, Chine, Allemagne, Corée du Sud, Brésil, Royaume-Uni, Italie, etc.). Avec un tel contexte économique plus que morose, beaucoup de responsables américains ne comprennent par conséquent pas la mesure de Donald Trump, celle-ci risquant fortement de frapper la consommation américaine, alors qu’il y a bientôt pourtant de nouvelles élections présidentielles où il espère être réélu.

Mais c’est là l’opposition frontale qui se dessine entre deux Amériques. D’ailleurs, le géant américain Apple est le premier touché par la future mise en place de ces 10 % de taxe. Les experts estiment déjà qu’avec celles-ci, entre 8 et 10 millions d’Iphone en moins seront vendus. à la bourse, à la suite de l’annonce de Donald Trump, l’entreprise a déjà perdu 50 milliards (l’entreprise en vaut 17 fois plus depuis un an). Apple avait déjà expliqué en juin ne pas être favorable aux taxes de Donald Trump.

Seulement voilà, Apple n’existe que par la mondialisation, visant clairement surtout les plus aisés dans le monde. C’est là reposer sur une économie qui n’est pas instable. Il en va de même pour Google ou Facebook. Par conséquent, ces entreprises sont de grandes importance, mais ce ne sont pas des « champions nationaux » au cœur de l’économie américaine.

Comment croit-on que Uber a réussi à s’installer en France ? Personne ne l’a analysé, mais c’est tout simplement par la mondialisation : les Américains aisés venant à Paris avaient déjà l’application, permettant ainsi un rendement immédiat une fois l’entreprise installée. Sans cela, la réalisation pratique aurait été bien plus ardue.

De telles entreprises ne vivent toutefois que dans les interstices de la mondialisation. Pour cette raison d’ailleurs, elles sont d’ardents soutiens aux démocrates américains, au libéralisme culturel, aux valeurs unifiées de consommation mondiale, etc. Elles ne sont pas ancrées dans la réalité économique américaine comme le gigantesque complexe militaro-industriel, l’industrie pétrolière, l’agro-industrie… ou encore les très grands industriels et les très grands banquiers, etc.

Donald Trump a d’ailleurs pris comme prétexte pour les nouvelles taxes le fait que la Chine n’ait pas acheté davantage de produits agricoles américains. C’est là très clairement indiquer quelles sont les priorités, quelles sont les branches privilégiées méritant une rupture ouverte avec la Chine. L’agro-industrie passe avant Apple.

Beaucoup d’entreprises américaines ont compris la situation et ont changé leur fusil d’épaule depuis un an, quittant la Chine pour produire à Taïwan, au Bangladesh, au Vietnam, en Corée du Sud. La tendance est marquée. Quand on sait que Donald Trump a même affirmé que les 10 % de taxes nouvelles pourraient devenir 25 %, on imagine comment toutes les entreprises américaines se cassent la tête sur le problème en ce moment.

Le problème a évidemment marqué les esprits des spéculateurs boursiers. L’annonce de nouvelles taxes n’a pas frappé qu’Apple. Nike a perdu 3,4 %, Mattel 5,9 %, Caterpillar 4,9 %, John Deere 4,4 %. Les représentants de l’industrie de l’habillement et de la chaussure ont immédiatement affirmé que les nouvelles taxes étaient « immensément dérangeantes ».

Car les entreprises peuvent bien entendu reporter le prix des taxes sur les consommateurs. Mais rien que les nouvelles taxes montrent l’ampleur du problème : cela impliquerait 56 dollars en moyenne en plus pour une console de jeu, 70 pour un smartphone, 120 pour un ordinateur portable. Appliquer une telle hausse serait un suicide commercial, les consommateurs fuyant vers la concurrence qui, si elle n’existe pas encore forcément, se précipiterait dans la brèche.

Donald Trump passe en fait à la seconde étape de l’offensive anti-chinoise. Après les taxes sur l’acier et l’aluminium, il vise les produits technologiques courants, mais également d’autres biens de consommation, comme les jouets ou l’habillement. Cela vise à déstabiliser l’économie chinoise, parallèlement à l’appui à toutes les forces centrifuges pouvant servir de marche-pied pour déstabiliser la vie publique chinoise elle-même.

Cela vise aussi à assécher le terrain entre la Chine et les États-Unis, pour préparer la rupture totale, tout en s’alliant d’autres pays das le processus. Le Vietnam est désormais par exemple pratiquement une tête de pont américaine, au même titre que les Philippines. Ce sera d’ailleurs la question des eaux territoriales en Asie qui servira de détonateur à la nouvelle guerre froide, phase inéluctable avant des conflits toujours plus brutaux, toujours plus ouverts, à l’horizon des années 2030.

Il faut vraiment être pétrifié dans la vie quotidienne capitaliste pour ne pas voir la guerre qui se profile.

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Emmanuel Macron et l’américanisation de la vie politique française

Les États-Unis sont marqués par une simple opposition entre Démocrates et Républicains, qui traversent toute la vie politique. C’est l’objectif d’Emmanuel Macron, qui se voit en chef de file des Démocrates et cherche à indirectement aider à la formation d’un bloc « Républicain ».

La fin du XIXe siècle a été marqué par la naissance d’une « troisième force » : le parti de la classe ouvrière, qui se distinguait, comme social-démocratie, tant des bourgeois républicains (la « gauche ») que des cléricaux-conservateurs (la « droite »). Cela s’est déroulé, avec plus ou moins de retard, dans tous les pays capitalistes, qu’ils aient des colonies ou non.

Les États-Unis n’ont donc pas échappé au processus, avec un parti socialiste. Celui-ci a échoué à s’installer durablement, malgré de vraies succès. En 1919, il a par exemple 100 000 adhérents. Le souci est qu’il a été en pratique décapité par la répression terrible qui a eu lieu aux États-Unis. Incendies de logements avec les habitants dedans, tirs sur les manifestants, emprisonnements des opposants à la Première Guerre mondiale, etc.

Tout a été fait pour étouffer le mouvement ouvrier, qui plus est toujours plus corrompu par la prédominance grandissante des États-Unis dans le capitalisme mondial. L’une des figures historiques de la tentative de construire une « troisième force », ni « démocrate » ni « républicaine », fut Eugene Debs. Les lointains successeurs de cette option « socialiste » sont en ce moment d’ailleurs fous de rage contre Bernie Sanders, qui lui travaille à la « gauche » des Démocrates, ayant régulièrement pactisé avec eux au cours de sa vie par ailleurs.

C’est que le système américain, fédéral qui plus est, est entièrement structuré sur un énorme système pyramidal. Si on est de gauche, on soutient ainsi « son » candidat, puis quand il a perdu dans un immense processus, on soutient celui le plus proche, puis quand celui-ci a perdu, le moins pire, etc. Au bout du compte, il ne reste que deux vastes blocs qui prétendent qu’eux seuls peuvent atteindre une éventuelle majorité.

Toutes les initiatives sont par conséquent siphonnées. Les tentatives de rupture se concrétisant furent donc très peu nombreuses, car demandant une identité totalement différente mais capable en même temps de disposer d’une certaine base. Les seuls y parvenant s’enlisèrent dans cette double exigence, malgré des succès notables : les Black Panthers pour l’auto-défense dans la communauté afro-américaine, les « Weatherpeople » opérant clandestinement en étant issu de toute une partie du mouvement étudiant des années 1960, les « éco-terroristes » et les pro-libération animale, qui furent considérés début 2000 comme la principale « menace terroriste » dans le pays.

Dans la série Les Simpsons, la mère de Homer est d’ailleurs en fuite depuis des décennies, représentant toute cette subculture alternative, qui n’a pas réussi à percer l’étau de l’opposition entre Républicains et Démocrates. Emmanuel Macron, qui est un ultra-moderniste, cherche à réaliser la même chose en France. Il entend faire de LREM le cœur du libéralisme-social, avec l’ancienne Gauche comme appui, tandis qu’il aiderait la fusion de la Droite et de l’extrême-Droite comme version française des « Républicains ».

C’est évidemment trop grossier pour que cela puisse réussir. Non pas parce que Jean-Luc Mélenchon a compris cela : en effet, La France Insoumise cherche au moyen du populisme à maintenir une « troisième force ». Cela ne marchera pas et tout le monde l’a compris et de toutes façons tout le monde se dit que si cela devait avoir marché, ça l’aurait déjà fait.

La raison de l’échec inévitable d’Emmanuel Macron est qu’une grande avancée historique ne peut pas connaître de retour en arrière unilatéral. Il y a bien entendu des reculs possibles dans la forme, mais substantiellement, les travailleurs ont en France tout à fait assimilé qu’il leur fallait leur propre mouvement et ce politiquement.

Même les syndicalistes révolutionnaires de la CNT, malgré leurs succès au tout début des années 2000, n’ont pas réussi à dévier de manière anti-politique ce besoin d’un grand parti de Gauche. D’ailleurs, le Parti socialiste a tout raflé par la suite, malgré sa vacuité et son opportunisme.

Comment la Gauche va-t-elle se reconstituer, alors qu’il y a l’arrière-plan de cette démarche illusoire d’Emmanuel Macron ? Tout va dépendre de la culture historique, de sa remontée à travers une conscience plus forte obtenue par les luttes. Cela va prendre du temps et sera très compliqué, demandant beaucoup de travail, ce qui est inévitablement insupportable à ceux qui n’ont comme objectif qu’une Gauche gouvernementale et électorale.

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Politique

Le projet de loi visant à interdire le communisme en Pologne

Les réactionnaires polonais au pouvoir ont modifié le code pénal le 13 juin 2019 pour rendre illégal le communisme, au même titre que le fascisme et le nazisme. 

À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, la Pologne est une Démocratie populaire, c’est-à-dire qu’une coalition composée majoritairement de partis de gauche gouverne le pays.

En 1946 est organisé un référendum pour une réforme du pays ; c’est le vote du « 3x Tak » c’est-à-dire « 3 fois oui » : oui à la Suppression du Sénat, oui à la réforme économique et agraire et oui au report des frontières polonaise à l’Ouest sur la Baltique, sur l’Oder et la Neisse. La Gauche fait la campagne pour le « 3 fois oui », c’est une victoire populaire sans précédent: 68% des votes sont pour le « 3 fois oui » !

Deux ans après, le Parti Socialiste Polonais et le Parti Ouvrier Polonais (le parti communiste) fusionnent pour créer le Parti Ouvrier Unifié Polonais, c’est une nouvelle victoire !

En 1952, le 22 juillet, est adoptée la constitution de la République Populaire de Pologne dont le premier article est :

« Article 1.

1. La République Populaire de Pologne est un État de Démocratie populaire.

2. Le pouvoir dans la République Populaire de Pologne appartient au peuple travailleur des villes et des campagnes. »

Les réactionnaires ont subi trois coups durs entre 1944 et 1952 : la victoire du « 3 fois oui », la possibilité de l’union de la gauche par une volonté de servir le peuple polonais et la proclamation de la République Populaire par le Président Bierut le 22 juillet 1952.

Si après la mort de ce dernier la situation se dégrade dans le pays, passant d’une Démocratie populaire à une tyrannie antisémite bureaucratique – avec notamment les purges d’esprit pogrommiste de mars 1968, la prise de pouvoir par les nationalistes puis les militaires polonais, malgré des accords avec l’Église, les réactionnaires et la Droite en général ne s’est jamais remise de la victoire de la Gauche polonaise à l’époque.

Si aujourd’hui celle-ci ne représente pas grand chose en Pologne, le gouvernement réactionnaire du PiS (droit et justice) a peur du résurgence de la Gauche et s’attaque donc à l’une de ses deux composantes majeures historique : les communistes.

Les réactionnaires polonais ont donc modifié modifié l’article 256 du code pénal rendant désormais illégal le communisme, au même titre que le fascisme ou le nazisme (la loi polonaise fait une différence entre fascisme et nazisme).

« Article 256 :

§ 1. Toute personne faisant la promotion d’un régime nazi, communiste, fasciste ou d’un tout autre régime totalitaire ou incite à la haine sur fond racial […] s’expose à une peine de privation de liberté qui peut aller jusqu’à 3 ans.

§ 1a. À la même peine sont soumises les personnes qui propagent publiquement une idéologie nazi, communiste, fasciste ou une idéologie appelant à la violence ayant comme but d’influencer la vie politique ou la vie sociale.

§ 2. La même peine est appliquée à quiconque, dans le but de diffuser, produit, enregistre ou importe, acquiert, vend, offre, stocke, conserve, présente, transporte ou transmet un objet imprimé, enregistrant ou autre contenant le contenu. spécifié au § 1 ou 1a ou qui est porteur du symbolisme totalitaire nazi, communiste, fasciste ou autre, utilisé de manière à propager le contenu spécifié au § 1 ou 1a. »

On notera aussi que le mot communiste est mis entre nazisme et fascisme, comme pour les séparer, pour dire que finalement le communisme est la même chose que le fascisme et le nazisme. C’est évidemment fait exprès, l’influence de l’Église catholique romaine a aidé à propager une vision de la « théorie du fer à cheval » qui voudrait que les « extrêmes se rejoignent ».

Or, rien qu’au niveau historique c’est bien évidemment faux. Pour ne rester qu’en Pologne, les premiers résistants étaient communistes et ce sont eux qui ont participé en grand nombre à la libération du pays du fascisme. Par ailleurs, les juifs étaient persécutés à la fois par les nazis, les groupes résistants proto-fascistes comme les Narodowe Sily Zbrojne et les nationalistes (même si il y avait une partie non négligeable de sociaux-démocrates, le groupe était sur une ligne nationaliste) qui voyaient en eux des traîtres ayant collaborés avec les « komuch » (appellation péjorative pour dire communiste) avant et au début de la guerre.

Les seuls à avoir eu une attitude irréprochable pendant la guerre antifasciste était donc les communistes.

La Gauche polonaise à l’heure actuelle n’assume pas de réel projet…

Ensemble (Razem) se réfère uniquement par folklore à Marx, mais sont sur une ligne sociale-libérale.

Le Parti socialiste polonais (Polska Partia Socjalistyczna) a deux lignes antagonistes en son sein : l’une à Gauche et l’une sur une ligne anticommuniste voyant l’Armia Krajowa comme des héros. Mais la ligne à Gauche est sur une ligne post-1989, alors elle voit la fin de la Pologne Populaire comme une chose positive (hors dans la réalité ce n’était plus le cas).

Il y a aussi le site lancé récemment par « Camarade Michal » odrodzenie (renaissance), qui se veut de la Gauche historique, mais est en réalité dans une logique non claire et donne la parole à la fois à des nationaux-bolchéviques sur son site et sa page YouTube, ainsi qu’à des personnes comme Bruno Drweski, qui est un chargé de cours à l’INALCO franco-polonais apparaissant sur Russia Today et présent à l’université d’été de l’Union populaire républicaine de François Asselineau à Annecy il y a quelques années.

Enfin, il y a les différents groupes communistes polonais, qui n’assument pas un réel discours communiste…

Alors bien sûr il y a de temps en temps des positions qui sont intéressantes, mais peu de choses sérieuses sont amenées par la Gauche polonaise. Elle n’est pas écoutée et tournée en ridicule.

À noter qu’il y a tout de même des projets qui veulent ramener une Gauche historique comme la page Facebook gérée par l’historien polonais Piotr Ciszewski « Historia Czerwona » (Histoire Rouge) et le site Naprzod (En avant ! ), qui publie des documents de la Gauche historique et qui s’affiche pour un Front populaire.

Avec une gauche polonaise qui s’affirmerait plus et n’étant ni dans un délire passéiste, ni dans le libéralisme, le gouvernement polonais ne pourrait faire passer ce genre de loi.

Alors la Gauche polonaise connaît des problématiques semblables à celles  d’en France…

Il faut aussi noter que cette loi visant à interdire le communisme s’inscrit dans toute la logique antisémite du judéo-bolchévisme.

Il faut bien sûr soutenir les campagnes de solidarité lancée par les différents partis de Gauche pour que le communisme ne soit pas interdit en Pologne.

En France, il y a le groupe PRCF (une scission du PCF) qui est à l’origine d’un appel à une mobilisation contre la criminalisation du communisme en Pologne.

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Société

L’Académie royale de médecine de Belgique contre le végétalisme : simplement ridicule

L’Académie royale de médecine de Belgique a pris une position très ferme sur le végétalisme : elle le déconseille totalement comme « inadapté et donc non recommandé pour les enfants à naître, les enfants et les adolescents, de même que les femmes enceintes et allaitantes ». C’est un parti-pris qui se veut scientifique, mais qui équivaut à ce qu’il y avait de scientifique lorsque de par le passé, les religions plaçaient la Terre au centre de l’univers.

Il existe ainsi de nombreuses personnes végétaliennes de par le monde, y compris des gens l’étant depuis leur naissance. Il y a des sportifs et des intellectuels, y compris de haut niveau ; il y a des jeunes, des vieux, des femmes enceintes, des enfants, etc. Bref, il y a des gens bien différents exerçant des activités dans des domaines bien différents. Ces gens vivent et nulle part on apprend qu’ils tomberaient malades en masse ou seraient incapables de gagner telle compétition ou de passer telle épreuve universitaire, d’enseigner ou bien de travailler à l’usine.

Mais parfois la réalité est difficile à admettre, et cela encore plus qu’elle change de manière ininterrompue. Elle est même inacceptable pour qui ne peut pas accepter le changement. L’Académie royale de médecine de Belgique est, ainsi, simplement ridicule de par sa position anti-végétalienne. Elle est même ridicule tout court, car avoir un roi en 2019 et l’admettre, c’est assumer qu’on est dans la posture du charlatan reconnaissant la fiction comme quoi un être humain serait par nature supérieur à un autre.

Alors, en plus, donner des leçons au monde entier, c’est fort de café. Il y a pourtant des vegans en Belgique, et ce depuis fort longtemps, et il suffirait d’aller les voir. Mais on sait à quel point l’idéologie dominante ne s’intéresse pas aux faits, se focalisant uniquement sur l’avis des experts. Experts qui, pétris de certitudes, terrassés par une incompréhension de la réalité par leurs œillères institutionnelles, ne savent que répéter de vieux mantras réactionnaires.

Car quand on lit le communiqué de l’Académie royale de médecine de Belgique au végétalisme, on a l’impression qu’il est parlé d’une activité loufoque d’une poignée de babos au fin fond d’un obscur village, qui refuseraient tel ou tel aliment tout en ne marchant que sur un pied en chantant des chansons médiévales. Et les médecins belges auraient été les seuls au monde à avoir étudié le problème et à l’avoir résolu !

Comme quoi, nos amis belges savent être aussi chauvins et nationaux-centrés que nous en France. Ce n’est guère rassurant ! Déjà que notre prétention historique est insupportable, alors si nos voisins s’y mettent aussi… Et, malheureusement, ils le font avec la même hypocrisie que nous, avec la même mauvaise foi. Car le fait que l’Académie royale de médecine de Belgique prenne comme thème les enfants est quelque chose de véritablement sordide.

L’opinion publique, à juste titre, porte une attention extrême à la question de l’enfance et de sa protection. Alors le fait de répandre des affirmations, sans aucun égard pour des analyses différentes (et elles ne manquent pas sur le végétalisme pour les bébés, les enfants…), sur une question aussi cruciale, c’est agir en faisant un coup bas. Et rien que cela disqualifie le propos.ouvre un nouvel onglet)

Ce que fait l’Académie royale de médecine de Belgique, c’est de la propagande, pas un travail scientifique donné au peuple belge, ni aux peuples du monde. Si les médecins ayant signé le document assumaient leur position, ils partiraient dans la dénonciation de tous les ouvrages et de tous les sites dans le monde qui affirment qu’on peut être un bébé végétalien. Le feront-ils ? Bien sûr que non, cela serait ridicule tellement c’est décalé par rapport à la réalité.

> Lire également : Les arguments de l’Académie royale de médecine de Belgique contre le végétalisme

En fait, la position de l’Académie royale de médecine de Belgique n’est que l’expression d’une grande peur : celle d’être dépassée. Les réactionnaires du monde entier son en panique devant des revendications d’un style de vie non seulement différent, mais se heurtant aux fondements mêmes du rapport à l’existence. Que des adultes consommateurs remplissent les caisses de la grande industrie vendant des produits végétaliens, c’est pour eux dans l’ordre des choses. Mais faire du végétalisme une valeur en soi, de la naissance à la mort, c’est lui conférer une universalité… Et c’est là ce qui est inacceptable pour eux.

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Politique

Des socialistes anglais, espagnols, allemands, autrichiens… mais pas français, pourquoi ?

Pourquoi la social-démocratie est-elle encore si puissante en Allemagne, en Angleterre, en Espagne, en Autriche ? Parce que dans ces pays, la social-démocratie a été un mouvement de masse à l’origine. Elle est ancrée dans la population. Il n’y a jamais eu rien de tel en France.

Il faut bien une explication ! Pourquoi le Parti socialiste est-il si faible ? Parce qu’il a participé au gouvernement, qu’il est corrompu ! Allons donc ! En Allemagne et en Autriche, les socialistes participent aux institutions depuis 1945, ont formé d’innombrables gouvernements d’alliance avec la Droite. Ils sont pourtant toujours là ! En Angleterre, le Labour a été au pouvoir plusieurs fois, et Tony Blair était encore plus libéral que François Hollande. En Espagne, le PSOE a toujours plus trahi ses traditions aussi. Et il existe encore, puissant !

Non, la réponse ne peut pas être la corruption de la direction, la participation au gouvernement. Car une direction, cela se change, une orientation, cela se modifie. Mais justement, en Allemagne, en Angleterre, en Autriche, en Espagne, il y a une base pour impulser ce changement, pour le forcer. En France, il n’y a pas cela. Et cela s’explique par des raisons multiples.

Primo, le Parti socialiste n’a jamais atteint une réelle base de masse, il a toujours été un petit parti électoral avec beaucoup de voix, et ce déjà à l’époque de Jean Jaurès. Par contre, en Allemagne et en Autriche c’était un vaste mouvement politique marxiste qui faisait le choix de participer aux élections (et de former des syndicats). En Angleterre, c’était un mouvement syndical qui a fait le choix d’établir un parti politique et de participer aux élections pour gagner de l’espace pour ses revendications. En Espagne, ce fut un mouvement de masse également, avec une histoire plus tortueuse.

Secundo, les traditions historiques jouent. Les socialistes se sont donnés comme naissance historique le congrès d’Epinay, fusion organisé par François Mitterrand de plusieurs courants socialistes, dans les années 1970. Cela ne peut pas suffire. Les socialistes allemands, anglais, autrichiens, espagnols, assument eux un siècle de mouvement. Et vues les histoires tourmentées de l’Espagne, de l’Autriche, de l’Allemagne, forcément, assumer l’identité socialiste, cela pèse.

Tertio, même lorsqu’il y a eu des références au-delà des années 1970, les socialistes n’ont rien pu en faire. Léon Blum ? Ouvertement marxiste, pas possible. Jean Jaurès ? Parfait car mélangeant tout de manière confuse mais avec un grand lyrisme, et pourtant par là même inutilisable. Les autres ? Tous aussi confus, tous incapables de formuler une doctrine.

Restèrent donc les grandes personnalités. Les François Mitterrand, Michel Rocard, Lionel Jospin, ou même François Hollande. Des gens avec de la culture, de la prestance, de l’ambition mais politique, bien cadré, bien posé. Ce sont des gens qui sentent les choses, qui portent les événements, qui comprennent, et qu’on comprend, cette chose si rare en politique. Oui, mais tout cela n’a rien de spécifiquement socialiste comme approche, et une fois les types partis, que reste-t-il ? Pas grand-chose, au mieux, des décombres, au pire.

Il ne reste plus qu’à reconstruire par en bas, donc. Mais avec quelle base ? Le Parti socialiste a eu ces dernières années une base où les entrepreneurs prenaient une place toujours plus importante. À part certaines sections, l’embourgeoisement était flagrant. Ces gens-là sont partis, évidemment. Et les autres aussi ! Il n’y a pas eu la fierté d’être socialiste, de maintenir le drapeau. Même les derniers volontaires ont quitté le navire, allant avec Benoît Hamon faire autre chose ou bien parasiter Jean-Luc Mélenchon en attendant mieux.

C’est que le Parti socialiste était un parti comme les autres. Ce n’est pas le cas des partis sociaux-démocrates d’Allemagne, d’Angleterre, d’Autriche et d’Espagne. Cela ne veut pas dire qu’ils ne peuvent pas s’effondrer, s’enliser, échouer. Mais eux ont une histoire, alors que le Parti socialiste a montré qu’il n’aura été qu’un appareil électoral ou bien gouvernemental.

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Politique

Le dirigeant des Jeunesses socialistes d’Allemagne parle de collectivisation et de Socialisme

Au moyen d’une simple interview, le dirigeant des Jeunesses socialistes d’Allemagne Kevin Kühnert a provoqué une onde de choc politique en utilisant des termes tabous. La Droite est vent debout contre le projet social-démocrate réactivé de collectivisation partielle de l’économie, dans une sorte de fusion forcée capital-travail.

« Qu’est-ce que le Socialisme pour vous, Kevin Kühnert ? » Avec cette question en titre de son interview placé à la page 8 de sa parution du deux mai, le quotidien allemand Die Zeit savait très bien qu’une petite tempête politique allait traverser l’Allemagne. Cela n’a pas manqué. Imaginez ! Le lendemain du premier mai, il est parlé ouvertement de Socialisme, de nationaliser BMW !

C’est que le chef des Jeunesses socialistes a un point de vue bien arrêté, comme en témoigne sa position sur la nationalisation des grandes entreprises propriétaires d’appartements à Berlin. Et il est très populaire. Il fait un grand tour d’Allemagne dans le cadre des élections européennes et est très apprécié par la base du SPD. Il est considéré qu’avec lui, il y a un retour aux sources.

Dans l’interview, composée de 24 questions, Kevin Kühnert y va franco. En expliquant par exemple, que le Socialisme c’est la collectivisation de grandes entreprises, de manière démocratique. Qu’entend Kevin Kühnert par là ? Qu’il n’y a pas de droits d’auteur dans une entreprise et que ce n’est pas parce qu’elle a été lancée de par le passé avec un certain risque qu’aujourd’hui, une fois en place, les travailleurs n’ont pas une place aussi importante que les propriétaires. Le travail a autant d’importance que le capital. Et d’ailleurs, même la première voiture fabriquée par une entreprise ne l’a pas été par les propriétaires.

C’est un retour aux thèses social-démocrates ouest-allemandes des années 1970, mais dans le contexte actuel, c’est explosif. Car Kevin Kühnert explique ouvertement que le capital doit reculer. Quelqu’un qui a la propriété d’un terrain mais qui n’en fait rien doit se soumettre aux intérêts de la commune, en le lui vendant. Il y a ici une ligne de restriction du droit de faire ce qu’on veut avec sa propriété. C’est absolument inacceptable dans les règles traditionnelles du capitalisme… ou bien pour le capitalisme en général.

Pire encore pour ses détracteurs, Kevin Kühnert a expliqué que selon lui on devrait seulement posséder son propre logement, et pas plus. Il prône pour cela la mise en place de coopératives. Il n’est pas normal selon lui que quelqu’un vive du travail d’un autre par l’intermédiaire du besoin de logements. Il trouve cela injuste. Là, il attaque directement la question de l’accès à la propriété comme valeur en général.

Kevin Kühnert reste, on le notera, très vague quant à ce qu’il entend par Socialisme en tant que tel, et il ne répond pas à la question de la mise en commun des moyens de production, du marxisme. Il contourne ouvertement les questions en répondant suivant un leitmotiv très simple : il dit simplement que les choses sont inacceptables, qu’il faut dépasser le capitalisme par les collectivisations, mais en même temps qu’il se situe dans la démarche social-démocrate historique d’économie sociale de marché.

Est-il ici tacticien ou sincère ? En tout cas, au pays historique de Karl Marx, mais aussi de Rosa Luxembourg, et depuis l’interdiction du communisme organisé en Allemagne de l’Ouest au début des années 1950 (avec également l’interdiction de devenir fonctionnaire, etc.), une telle affirmation a provoqué de sacrés remous. Le quotidien populiste Bild assimile Kevin Kühnert à « Staline, Mao, Pol Pot, Castro, Ceausescu et Honecker » et le journal Handelsblatt dit pour provoquer que son programme est de fabriquer des Trabant (une marque est-allemande) dans les usines BMW et qu’il faudra les attendre pendant vingt ans.

Le responsable du forum économique du SPD, Michael Frenzel, est clairement pour son exclusion. Johannes Kahrs, figure de la droite du SPD, se demande ce que Kevin Kühnert a fumé. D’autres ont enjoint Kevin Kühnert à rejoindre Die Linke, bien plus à Gauche et en quelque sorte dans le prolongement culturel de la République démocratique allemande.

Le secrétaire général du SPD, Lars Klingbeil, a tenté quant à lui de calmer le jeu, en disant que c’était là une vision utopique, pas le programme du SPD. Car Kevin Kühnert n’est pas du tout isolé, ses soutiens sont nombreux, même sans être d’accord sur le fond avec lui, comme le vice-chef du SPD, Ralf Stegner, qui parle de tempête dans un verre d’eau. En fait, sans être forcément sur la même ligne que lui, de nombreux cadres du SPD reconnaissent ouvertement que le capitalisme touche à ses limites et que dans le pays, cela murmure beaucoup.

Même Reiner Hoffmann le patron du DGB, la principale centrale syndicale, le dit en parlant de l’initiative du dirigeant des Jeunesses socialistes : « Nous voyons le capitalisme dérailler ». Le barrage à Gauche est ainsi toujours plus vigoureux en Allemagne ; dans les sondages, le SPD, les Verts (bien plus à Gauche qu’en France, avec une dimension planificatrice de l’économie) et Die Linke rassemblent 45 % des voix. Il y a une tendance de fond et Kevin Kühnert l’exprime. L’idée générale est la suivante : il y a des domaines où le marché n’a rien à faire, du moins en tout cas pas à décider. Il ne faut donc fermer aucune porte à Gauche.

Kevin Kühnert a parfaitement conscience de cela, et s’il parle de collectivisation comme seul levier pour dépasser le capitalisme, il ne précise pas la nature de cette collectivisation, ni la forme de semi-socialisation des entreprises que cela implique, ni quels seraient les rôles du capital et du travail. Il laisse toutes les possibilités ouvertes. Ira-t-il jusqu’au bout de son raisonnement ? Rien n’est moins certain : beaucoup de figures historiques du SPD ont été auparavant des dirigeants des « Jusos », tel Gerhard Schröder, pour devenir ensuite des opportunistes carriéristes millionnaires.

Mais, dans tous les cas, cela penche à Gauche en Allemagne et la social-démocrate existe réellement. Et maintenant que le capitalisme est partout, l’idée de le faire reculer par une « collectivisation » porte en soi une charge terrible de luttes de classe, même si cela peut être flou, hypothétique, incohérent ou néo-réformiste.

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Culture

Vers le soleil, vers la Kabylifornie

Qui s’intéresse à la fois à la France et l’Algérie avec du cœur imagine très bien une fédération des deux pays, où les deux pays devenus socialistes se développeraient fraternellement. L’immigration irait alors vers le soleil, notamment la Kabylifornie.

Le groupe français Bagarre a tourné la vidéo de sa chanson Kabylifornie juste avant les événements caractérisés par la révolte populaire contre le président Bouteflika, pauvre vieil homme malade utilisé comme marionnette par le pouvoir militaire. Cependant, sur le plan historique, la convergence est parfaite. L’Algérie est un pays où la jeunesse est prépondérante, sans pour autant que les infrastructures aient suivi, sans parler de l’ennui.

Il y a 20 ans, cet ennui aurait été comblé par une religiosité très marquée et l’islamisme. Ce dernier a échoué et s’est enlisé, au point de ne plus représenter grand-chose, à l’opposé de la religiosité personnelle, qui reste intense. Mais si elle satisfait des questions intérieures, au sens où cela fait un thème par où passer pour se sentir exister, cela ne fait pas disparaître l’ennui. Il faut donc une révolte contre l’ennui, et la vidéo de Kabylifornie est ici splendide.

Naturellement, la Kabylie n’est pas l’Algérie dans son ensemble. On sait comment les Kabyles évitent beaucoup ce fanatisme religieux faisant du Coran un texte intouchable, comment également les valeurs de partage restent très présentes, comme prolongement d’une vie communautaire longtemps maintenu.

Mais l’Algérie, c’est aussi la Kabylie et il faudra bien que l’Algérie l’accepte, elle qui se définit comme arabe et musulmane seulement. L’unité populaire va forcément passer par une prise en compte de la dimension kabyle, et de toutes façons c’est toute la jeunesse algérienne qui exprime le besoin de se tourner vers une Kabylifornie.

 

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KABYLIFORNIE…FAILED VERSION 🤡

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Ne peut-on d’ailleurs pas dire que la jeunesse française, elle aussi, recherche la Kabylifornie ? Il y a un besoin de modernité qui frappe la jeunesse du monde. Elle sent qu’il y a beaucoup de choses possibles, alors pourquoi cela n’existe-t-il pas ? Les possibilités matérielles de l’amusement, de la culture, sont énormes, et pourtant on s’ennuie ! Tout cela parce que les vieux veulent que tout reste pareil !

Il est évident qu’un nouveau mai 1968 se profile, qu’une révolte de la jeunesse est en train de couvert, contre un monde trop gris, dépassé par les échanges culturels, la diffusion de la musique, du design, du style vestimentaire, de l’exigence d’une certaine classe dans les comportements. Ce besoin de modernité personnelle ne peut être exprimé par le Socialisme, mais les jeune sauront-ils abandonner leur individualisme ?