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Communiqué de la Gauche républicaine et socialiste (GRS) qui ne s’associe pas à l’appel pour la marche contre «l’islamophobie» dimanche 10 novembre

Voici le communiqué de la Gauche républicaine et socialiste (GRS), le parti fondé par Marie-Noëlle Lienemann et Emmanuel Maurel après leur départ du Parti socialiste. GRS est proche de la France insoumise et de Jean-Luc Mélenchon, mais on constate ici une divergence de fond sur un sujet important. Alors que beaucoup de membres de La France insoumise critiquaient encore il y a quelque temps la notion d’« islamophobie », voilà qu’ils ont totalement cédé par opportunisme. Tel n’est pas le cas de la Gauche républicaine et socialiste, qui reste ferme sur ses principes.

« LA GAUCHE RÉPUBLICAINE ET SOCIALISTE NE S’ASSOCIERA PAS À L’APPEL RÉDIGÉ EN VUE DE LA MANIFESTATION DU 10 NOVEMBRE PROCHAIN

La Gauche Républicaine et Socialiste (GRS) dénonce tous les racismes, et notamment ceux qui prennent pour prétexte la religion. Elle condamne fermement l’attitude de l’élu d’extrême droite qui s’en est pris à une mère, devant son enfant, alors qu’elle n’avait enfreint aucune loi ni règlement.Le dénigrement, la discrimination et l’hostilité à l’encontre de nos compatriotes de confession musulmane en cours dans certains milieux, partis et médias sont intolérables.

La République française doit s’y opposer de toutes ses forces, en faisant vivre ses principes de Liberté, d’Égalité et de Fraternité. Elle doit aussi poursuivre sans relâche et punir avec la plus extrême sévérité les criminels qui attentent à la liberté de culte et à la vie des croyants, comme cela s’est produit à Bayonne le 28 octobre dernier.

Des intellectuels progressistes, des formations politiques et des organisations de défense des Droits de l’Homme ont voulu alerter l’opinion sur le grave danger que courrait notre pays en s’abandonnant de nouveau, malgré les enseignements de l’Histoire, au poison des guerres de religion. Nous partageons leur indignation et nous leur témoignons notre fidèle amitié.

Mais la GRS ne peut s’associer à l’appel rédigé en vue de la manifestation organisée le 10 novembre prochain. Des formulations avec lesquelles nous sommes en profond désaccord y donnent à croire que la critique d’une religion serait assimilable, en tant que telle, à du racisme. Nous ne pensons pas, en particulier, que soient « liberticides » les lois de 2004 sur l’interdiction du port de signes religieux ostensibles à l’école ; et de 2010 sur l’interdiction de se couvrir le visage dans l’espace public.

Comme l’écrasante majorité des Français, la GRS soutient ces lois. Elle relève enfin que parmi ceux qui manifesteront dimanche, certaines personnalités et organisations portent un programme de régression de la laïcité, visant à instaurer une primauté de la foi sur la loi et un statut de la femme incompatibles avec les valeurs de notre République.

Militante pour une République en actes, émancipatrice partout et pour toutes et tous, la GRS appelle la gauche et les républicains sincères à mener le double combat qu’impose la situation :

• Contre toutes les tentatives d’imposer à la République des statuts particuliers bafouant ses principes, dont l’islam politique est l’une des indiscutables manifestations,

• Pour le respect dû à chacune et chacun d’entre nous, quelle que soit son origine, son genre, son orientation sexuelle, ses opinions ou sa religion. »

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Lutte ouvrière capitule finalement devant le concept d’«islamophobie»

Accepter ou refuser tel ou tel concept a un sens. Lutte Ouvrière, l’organisation d’Arlette Laguiller et de Nathalie Arthaud, a été ainsi très clair sur le concept d’« islamophobie » : elle le rejette comme un outil culturel de forces réactionnaires, elle condamne l’extrême-Gauche complaisante et populiste. C’était en 2017. À l’occasion de la manifestation du 10 novembre 2019, elle a fini par s’aligner et capituler sur le plan des idées, de la culture.

Nathalie Arthaud utilise donc le concept d’« islamophobie », de manière assumée. En février 2017, sa revue internationale Lutte des classes publiait un article à charge contre ce terme: Le piège de la «lutte contre l’islamophobie».

Y était dénoncé la galaxie utilisant ce terme comme vecteur d’une démarche religieuse et – surprise – on trouve justement les signataires de l’appel pour la manifestation du 10 novembre auquel souscrit finalement Lutte Ouvrière. Voici ce qu’on y lit :

La galaxie de l’anti-islamophobie

Depuis plusieurs années, une galaxie de groupes se donnant pour objectif la « lutte contre l’islamophobie » se développent et prennent diverses initiatives. Certains, comme l’UOIF (Union des organisations islamiques de France) ou PSM (Participation et spiritualité musulmanes), sont ouvertement des associations de prosélytisme religieux. D’autres se défendent d’être des organisations religieuses et se cachent derrière des revendications d’égalité, de lutte contre le racisme et contre l’islamophobie. C’est le cas du CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France), de Mamans toutes égales, du Collectif une école pour toutes, Féministes pour l’égalité, et plus récemment d’Alcir (Association de lutte contre l’islamophobie et les racismes). Le Parti des indigènes de la République (PIR) est aussi à ranger dans cette galaxie.

Depuis l’attentat contre Charlie hebdo, en janvier 2015, les initiatives de ces groupes se sont multipliées : rassemblement anti-islamophobie le 18 janvier 2015 à Paris ; meeting contre l’islamophobie et le climat de guerre sécuritaire le 6 mars 2015 à Saint-Denis ; Marche de la dignité et contre le racisme organisée par le PIR le 31 octobre 2015 ; meeting à Saint-Denis contre l’état d’urgence le 11 décembre 2015, ou encore, le 21 septembre dernier, le meeting d’Alcir baptisé « Pour un printemps de la liberté, de l’égalité et de la fraternité », organisé dans le 20e arrondissement de Paris.

Ces différentes initiatives ne prêtent pas forcément à la critique. Le rassemblement du 18 janvier 2015 était une réponse à une manifestation d’extrême droite organisée le même jour pour « expulser tous les islamistes ». Et organiser des réunions contre l’état d’urgence ou marcher contre le racisme peut sembler juste. La question est de savoir qui organise ces initiatives, quelles idées s’y expriment, et ce que des militants qui se disent d’extrême gauche y font et y disent.

Ces rassemblements ont tous été en réalité des tribunes pour des organisations islamistes et communautaristes.

Lors du rassemblement du 18 janvier 2015, des jeunes brandissent des drapeaux algériens, turcs, marocains, des panneaux portant des sourates du Coran, et une grande banderole : « Touche pas à mon prophète ».

Le meeting du 6 mars 2015 était coorganisé par l’UOIF. Celui du 11 décembre faisait, lui aussi, la part plus que belle aux militants religieux. Certes, des laïcs (journalistes du Monde diplomatique ou représentante du Syndicat de la magistrature) s’y sont exprimés, mais en partageant la tribune avec Tariq Ramadan, Ismahane Chouder, porte-parole de PSM, ou Marwan Muhammad, porte-parole du CCIF.

On retrouve les mêmes parmi les signataires de l’appel pour le meeting d’Alcir du 21 septembre 2016. Le nom des porte-parole des associations et groupes religieux musulmans figure sur l’affiche, ornée d’une photo d’une femme voilée drapée… dans un drapeau bleu-blanc-rouge.

Parmi les signataires de cet appel on trouve le NPA, qui a appelé à ce meeting sur son site, avec cette affiche puant le patriotisme et le républicanisme.

Ces différentes initiatives se sont faites avec la participation ou le soutien de groupes ou partis de gauche (Attac, Ensemble, EELV) ou d’extrême gauche (anarchistes libertaires, antifas, NPA). Et le 18 décembre 2016 encore, a eu lieu une conférence internationale contre l’islamophobie et la xénophobie, à Saint-Denis, à laquelle appelaient conjointement le Parti des indigènes de la République et le NPA, et dont l’appel était signé par Olivier Besancenot et Tariq Ramadan.

Le même article dénonce la complaisance avec ces forces présentées comme réactionnaire…

La complaisance de l’extrême gauche

Une partie de la « gauche de la gauche » organise avec ce milieu réactionnaire toutes sortes d’initiatives, leur ouvre ses colonnes ou discute doctement avec eux de leurs positions.

Ce n’est pas par accident. Il y a longtemps que la LCR, et plus encore le NPA, se refusent à critiquer clairement le voile, et font preuve vis-à-vis de l’islam d’une bonne dose de démagogie. On se souvient de l’affaire de la candidate voilée du NPA dans le Vaucluse, en 2011. Se refusant à affirmer sans ambages le caractère oppressif du voile et de ses divers avatars vestimentaires, des membres de ce parti sont allés par exemple, en août dernier, jusqu’à organiser dans le cadre de leur université d’été une manifestation pour défendre le droit des femmes à porter le burkini, aux cris de « Trop couvertes ou pas assez, c’est aux femmes de décider ». On n’est, on le voit, pas très loin du féminisme décolonial.

Le NPA a déclaré, à la suite d’une réunion de sa direction nationale les 17 et 18 septembre dernier, que « le NPA, ses militants, ses porte-parole et son candidat seront au cœur de l’action contre le racisme et l’islamophobie ». Un communiqué du 16 octobre appelle à « faire de la lutte contre l’islamophobie une véritable priorité ».

Cela n’a rien de fortuit, de la part d’un courant qui a pour habitude d’épouser les idées d’autres courants, dans l’espoir de gagner l’oreille de telle ou telle fraction de la jeunesse, de la petite bourgeoisie intellectuelle ou du monde du travail. Autrement dit : tentons d’attirer les jeunes des banlieues à nous… en nous rangeant derrière des organisations qui, elles, disent ce que ces jeunes veulent entendre, quelque réactionnaires que soient leurs idées.

Cet opportunisme est une vieille tradition d’une partie du mouvement trotskyste, la même qui l’a conduite, dans le passé, à soutenir sans s’en démarquer les nationalistes des pays colonisés, comme le FLN algérien, ou certains courants staliniens, à trouver des vertus aux associations les plus réformistes, comme Attac, ou à faire les yeux doux aux décroissants.

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Sur le port du voile et les sorties scolaires

Il est à nouveau question du port du voile islamique à l’école. Cette question incontestablement dérange la Gauche en ce qu’elle la met face à de terribles contradictions qu’elle peine non seulement à surmonter, mais même à regarder en face.

voiles

Cette question a une portée significative en ce qu’elle illustre précisément les insuffisances et les défis que doit surmonter la Gauche de France : faut-il être contre au risque de se retrouver dans le même camp que les réactionnaires s’appuyant sur cette question dans une perspective populiste voire franchement raciste ?

Ou faut-il être du côté de ceux et celles qui militent pour le port du droit au nom de la diversité, de la liberté, au risque de se retrouver dans le même camp que les islamistes ? Mais précisément être de gauche c’est refuser ce choix cornélien et absurde comme les deux face d’une même pièce. Être de gauche c’est voir les chose à la base même et proposer d’avancer dans une perspective populaire et démocratique.

Le 15 mai 2019, le Sénat a adopté un amendement proposé par le groupe Les Républicains, notamment Jacqueline Eustache-Brini, sénatrice du Val d’Oise, qui a porté la proposition avec le soutien de l’Union centriste. En l’occurrence, cet amendement a peu de chance d’être voté par l’Assemblée nationale, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, ayant affirmé clairement son refus de le valider.

De la part des députés de droite, il y a bien sûr là une dimension proprement réactionnaire. Il s’agit sous le couvert de défendre la laïcité de l’État et de ses institutions, notamment de l’école, de mener une agression raciste à l’égard d’une fraction du peuple en vue de soutenir plus largement une mobilisation populiste en faveur du parti Les Républicains, qui cherche ainsi à se poser en défenseur de la République, de sa sécurité, voire de son « identité », face aux islamistes. Typiquement, la sénatrice Sylvie Goy-Chavent a affirmé :

« Pourquoi porter un signe religieux ostentatoire pose problème ? Car cela rompt avec l’harmonie entre les Français, quelle que soit leur origine, parce que ça choque en réalité. Notre rôle n’est de pas d’autoriser par la loi ce qui alimente cette rupture d’harmonie et alimente les haines. »

Bien entendu, tout cela est totalement vain et hypocrite. Même si cet amendement était adopté, qui peut imaginer que cela affirmerait « l’harmonie » des français au-delà des appartenances religieuses ? Même plus profondément, qui peut sérieusement penser que cela porterait un coup décisif aux organisations islamistes, à leur propagande ou même simplement à leur prestige aux yeux d’une partie des populations concernées par une influence culturelle et religieuse de l’islam ?

C’est qu’il y a sur la question de la laïcité une hypocrisie encore plus grande. En effet, la situation est paralysée dans notre pays depuis la capitulation de la Gauche face à la réaction concernant l’école en 1984, quand le gouvernement socialiste a décidé ni plus ni moins d’abandonner face à la Droite son projet, dit de la Loi Savary, d’aller vers l’affirmation d’un service public scolaire unique, au moins à l’Université.

Depuis lors, la Gauche de notre pays à littéralement considéré qu’il était impossible de remettre en cause l’enseignement privé, majoritairement catholique. Le compromis s’en tient à contractualiser l’enseignement privé, c’est-à-dire de le financer très largement et de vérifier les programmes, sans interdire des ajouts supplémentaires.

Cela revient à dire que l’État organise donc lui-même un double système, où le privé dispose de marges de manoeuvre plus grandes que les établissement publics. Certaines écoles privées sont d’ailleurs de véritables bastions de la bourgeoisie et des fractions des « classes moyennes » en mesure d’y accéder pour échapper aux écoles publiques, disposer de meilleures conditions d’études ou tout simplement par snobisme.

Cela dynamite donc toute possibilité d’organiser la « mixité sociale » tant vantée comme projet et rend caduc d’ailleurs tout projet d’ensemble en matière éducative. Les enseignants eux-mêmes ne sont pas les derniers à participer à cette corruption du système éducatif lorsque cela concerne leurs propres enfants.

Concernant le voile, cela rend cette mesure ridicule. Cela revient à pousser des familles qui voudraient affirmer le port du voile vers l’enseignement privé, qui dispose sur ce sujet bien sûr des dérogations nécessaires. Voire même à organiser des écoles confessionnelles islamiques, qui devraient contractualiser pour assumer le programme certes.

Mais dans son contenu, celui-ci n’a rien pour faire face ni à l’islam, ni à aucune religion, dont de toute façon l’État reconnaît la pleine liberté. Une fois le contrat obtenu, l’école sera subventionnée et le port du voile y sera légal pour les mères accompagnants, comme pour les élèves, même mineures, sans même de limite d’âge. Cela est déjà le cas dans les écoles privés musulmanes existantes, mais cela est aussi vrai dans les autres écoles confessionnelles.

La Gauche post moderne ne perçoit pas toutes ces dimensions, car selon elle, la religion est une chose positive, si du moins elle accepte de céder au libéralisme, de relativiser. Ce qu’une partie des islamistes accepte soit par conviction soit par tactique.

Cette Gauche voit bien la dimension raciste de cette interdiction, mais non comme une mesure reflétant un cadre général. Elle voit cela comme une mesure particulière, segmentée, qu’elle croit devoir préciser comme « islamophobe ».

Cela lui permet de considérer le voile comme une liberté, sans contenu significatif, sinon comme affirmation individuelle de la dignité. Défendre le voile reviendrait donc à défendre un droit. Le droit d’abord de disposer de son corps en tant que femme, mais plus encore le droit de croire, puisqu’au fond, la science toute entière ne serait qu’un « discours » situé, tout comme la religion, et que supposer une valeur différente ou supérieure, à la science sur la religion, serait unilatéralement un racisme post colonial, une forme de discrimination ou de violence « symbolique ». Sophie Taillé-Polian, sénatrice Génération.s, a ainsi affirmé dans les débats :

« il faut faire en sorte que la diversité puisse s’exprimer, sans qu’il y ait de stigmatisation ».

On ne saurait mieux exprimer une position libérale, que partage d’ailleurs le Ministre LREM de l’Éducation Nationale, qui serait même prêt à aller encore plus loin dans la liberté accordée en matière d’établissement d’école privée comme il l’a annoncé au début de son mandat.

En fait, la question du voile telle qu’elle se pose est incontestablement une contradiction au sein du peuple. Les tentatives d’organiser ça et là des manifestations de soutiens aux « mamans voilées », c’est-à-dire de faire la promotion du projet islamiste, n’a pas rassemblé de grandes foules. Y compris même dans les quartiers supposés à « majorité musulmanes ».

C’est qu’il y a là une question qui ne touche pas qu’à la question de la supposée liberté de ces femmes de se voiler lors d’une sortie scolaire, ce qui n’est somme toute pas une chose essentielle ou significative au sein des masses, malgré toute la propagande islamiste ou post-moderne sur le sujet.

Il y a là en fait la question des enfants et de ce que l’on projette de leur transmettre. Et sur ce plan, bien peu de personnes continuent de penser franchement que les islamistes puissent sincèrement être des interlocuteurs de confiance.

Il y a une grande compréhension au sein des masses populaires tout comme d’une partie de la petite bourgeoisie culturelle touchée par les violences et les outrances des islamistes les plus radicaux, du fait qu’il se joue derrière cette question un enjeu bien plus grand, un bras de fer, qui dépasse d’ailleurs la seule question de l’islam et pose directement une question essentielle.

Celle du besoin de vivre tranquillement une vie pacifique, croyant ou non d’ailleurs, mais d’abord dans la bienveillance avec les autres et notamment pour les enfants, celle du besoin d’affirmer le métissage de partager les cultures par la cuisine, la langue et ses expressions, la musique, les fêtes collectives.

Il y a ce besoin de considérer la valeur des expériences sensibles, de la Raison, de reconnaître la supériorité de la science sur les superstitions comme une nécessité, même sans trop le dire pour ne pas heurter les sensibilités, mais d’aller quand même vers cela.

Voilà ce qui rassemble les « mamans » et au-delà les familles, les masses. Et dans cette question, le voile est perçu confusément comme un obstacle, un sujet problématique. Cela d’autant que parallèlement les attaques racistes des réactionnaires tentant de s’appuyer sur ce malaise pour pousser au racisme sont aussi perçues comme un problème, une menace même encore plus grande.

Les personnes politisées, en particulier les trentenaires ou les quadragénaires ayant des enfants et ayant vu les progrès de la religion et de ses provocations en vivant cela de manière problématique et confuse tentent toutefois de contourner le problème. Elle ne se prononcent pas, elles cèdent à la passivité. Pas question de cautionner ces lois sans critiques, et pas question non plus de soutenir le voile sans de fortes réserves au moins. Comment penser le problème alors avec des valeurs de Gauche claires ? Voilà en fait précisément une contradiction.

Et on ne règle pas une contradiction comme pensent pouvoir le faire les notables bourgeois par le haut, soit par le populisme ou la réaction jusqu’au racisme, soit par le relativisme post moderne ultra-libéral jusqu’à l’absurde.

Une contradiction cela se règle à la base par la démocratie, par la pratique collective de la vie en commun, par le métissage toujours plus développé et par l’affirmation de la science.

En outre, sur un plan plus politique il faut que la Gauche parvienne à réassumer la nécessité de revendiquer la liquidation pure et simple de tout enseignement privé, confessionnel ou non, contractualisé ou non, au profit d’un grand service public d’éducation unifié.

Cela ne réglera pas tout bien entendu, mais ce serait déjà un rude coup porté à la réaction dans son ensemble, aux racistes comme aux islamistes et à tous les religieux. Un Front rassemblant la Gauche dans une perspective populaire et démocratique doit forcément s’entendre à affirmer cette nécessité.

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Les tags antisémites menaçant Madame Ibn Ziaten

Le domicile de Madame Ibn Ziaten, mère d’une des victimes de l’attentat de Toulouse de 2012 – visant une école juive et des militaires postés devant, qui était un soldat de l’armée française, a été vandalisé à l’extérieur avec des inscriptions tels que « Juif bientôt mort », « on va t’avoir », « vive Merah » (le nom du terroriste islamiste), « salle juif ».

Latifa Ibn Ziaten, n’est pas juive, mais il paraît impossible pour des fascistes islamistes qu’une personne pratiquant l’Islam puisse défendre la vie des Juifs et Juives. Il serait donc nécessaire -d’après ces islamistes- que celle-ci soit reliée à des Juifs, ou qu’elle soit elle-même Juive cachée. On est en plein dans un discours anticapitaliste romantique, où le juif contrôle tout. Il est guère étonnant d’apprendre également qu’il y a une partie des revenants de Syrie, qui ayant constaté l’échec de Daesh, se tourne vers le nazisme, partageant la même base économique.

Madame Ibn Ziaten a aussi été attaquée car elle est à l’origine de l’association Imad qui lutte pour la paix et contre la radicalisation.

Elle a tweeté ceci le matin du 10 juin:


Cet acte illustre bien la triste période vers laquelle on se dirige et sans un nouveau Front populaire, les masses juives sont véritablement en danger de mort imminent…

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La fin de l’État islamique et les islamistes

L’État islamique a perdu le dernier territoire contrôlé. Quelle va être la conséquence sur la mouvance islamiste ? C’est une seconde vague terroriste qui se profile, tout à fait différente.

L’État islamique a perdu hier son dernier territoire, en Syrie, à la frontière avec l’Irak. Ce sont les forces kurdes, dans le cadre d’un front « démocratique » avec le soutien américain, qui ont mis fin à ce régime de terreur et exportateur de terrorisme. De par son importance en tant que phénomène monstrueux et de par son impact en France, il y a lieu de porter un regard approfondi sur les islamistes dans leur rapport à cette perte de territoire.

Les islamistes ont, en effet, des réactions très diverses par rapport à tout cela et cela va juger de manière très forte sur leurs dynamiques. Il va de soi que pour des raisons d’ordre pratique – à la fois par souci de clarté et pour éviter d’aider intellectuellement les islamistes en question – l’article ne rentrera pas dans les détails sur les plans des références.

Il faut bien ici avoir en tête que la mouvance islamiste est évaluée à 20 – 25 000 personnes en France (comme par ailleurs en Allemagne ou en Grande-Bretagne). Cela amène à évaluer la base sympathisante au sens très large au double ou au triple ; la part de gens prêts à basculer dans le terrorisme est estimée à 4000 personnes (qui sont censés à ce titre être surveillés de près par les services secrets français). C’est énorme.

Quand on parle des islamistes, on peut voir qu’il existe trois blocs. Il y a les salafis de type piétiste, qui veulent vivre à l’écart du monde moderne ; il y a Al-Qaïda ; il y a l’État islamique. Leurs perspectives sont très différentes, leurs sensibilités et leurs théologies sont en apparence les mêmes, mais les démarches n’ont rien à voir.

Ainsi, les piétistes ne considèrent pas qu’il soit possible de faire de la politique, il faut organiser une vie à l’écart. La fin de l’État islamique va indubitablement les renforcer, au sens où cela signifie que la politique islamiste n’a aucune chance de réussir et qu’il faut donc passer par un sectarisme culturel, un communautarisme virulent et strict, un refus catégorique du monde moderne sur lequel il faudrait grignoter des espaces. Ce n’est pas une bonne nouvelle.

Al-Qaïda, en toute logique, devrait profiter de la fin de son principal concurrent. Depuis le départ, Al-Qaïda dit que la conquête d’un territoire centralisé est voué à l’échec. Il devrait donc en découler un certain prestige pour cette « clairvoyance » et cette organisation criminelle devrait en profiter. Cela ne sera pas le cas.

Al-Qaïda a d’énormes problèmes internes sur le plan de la direction. L’un de fils de Ben Laden est en train d’être stylisé comme chef à venir, mais rien n’est fait. À cela s’ajoute un gros problème de structures et Al-Qaïda a choisi de rester, coûte que coûte, sous la coupe des talibans afghans, afin de disposer d’une base géographique protectrice. Cependant, les talibans ont un agenda islamo-nationaliste, ce qui est différent d’Al-Qaïda.

Il en va de même avec les forces syriennes « révolutionnaires », qui soutiennent Al-Qaïda dans leur majorité, mais ont rompu leur allégeance par souci pratique dans le cadre syrien. Seul un tout petit groupe a maintenu une allégeance formelle. Ce n’est pas bon pour le prestige. Et c’est d’autant plus problématique que l’État islamique a siphonné la plupart de ses propres réseaux historiques. Al-Qaïda est donc en perte de vitesse générale, notamment dans sa production médiatique, et n’est pas en mesure d’assumer le « jihad mondial » qu’il propose. Il ne reste que l’attente ou une tentative de fuite en avant particulièrement sanglante.

Reste l’État islamique. Peu de gens le savent, mais de très graves dissensions le caractérisent depuis environ deux ans. À la base, l’État islamique est une théocratie et son justificatif idéologique est très simple : sans califat, on ne peut pas être musulman, car il faut un calife pour gouverner les croyants. Tant qu’il y avait l’empire ottoman, cette nécessité religieuse de l’Islam pouvait passer au second plan, mais depuis 1918, cette question est un serpent de mer qui a fini par parvenir sur le devant de la scène.

Face à la pression extérieure, les religieux ont cependant vécu de manière surtout cachée et ce sont les forces militaires – organisées en clans, avec des chefs de guerre – qui ont pris le dessus. À l’arrière-plan, il y a également les chefs d’origine irakienne qui ont pris le dessus. De par l’absence de hiérarchie claire et par les espaces laissés aux chefs de guerre, à quoi s’ajoute une idéologie fanatique, tout cela a provoqué une vaste corruption et des liquidations en série, de torture généralisée dans une atmosphère de paranoïa, notamment chez les lettrés se préoccupant de théologie et chez les militants venant des pays occidentaux.

Depuis deux ans, un vaste mouvement de critique interne est donc apparu dans l’État islamique. Pour cette raison, la fin de l’État islamique est évaluée de manière très différente par les deux fractions. Celle qui est légitimiste considère que l’échec actuel est une épreuve : Dieu est là pour vérifier l’authenticité de l’engagement de l’élite musulmane. Selon ces islamistes du « canal habituel », la situation est simplement là pour les éprouver. Il n’y a rien à changer, même si en pratique la seule légitimité de l’État islamique était sa territorialisation.

En revanche, pour les autres, ce qui se déroule est une « punition divine ». L’État islamique n’a pas été à la hauteur et c’est pour cela qu’il a été puni. Il a beaucoup été parlé d’une jeune femme britannique désireuse de retourner dans son pays, car elle avait un enfant, et qui a tenu des discours très favorables à l’État islamique, regrettant juste une fin chaotique et sa défaite finale. Eh bien c’est exactement représentatif de la ligne néo-romantique de ce qui est en quelque sorte un « canal historique ».

Il y a là quelque chose de terriblement dangereux. On a ici affaire à une démarche non plus simplement apocalyptique, comme avec l’État islamique qui s’imaginait mener la bataille quasi finale, mais post-apocalyptique. Le seul parallèle possible, pour saisir l’esprit de tels gens, est avec la posture du dernier carré d’islamistes lors de la guerre civile algérienne. Après avoir attendu le caractère de mouvement de masse avec le FIS et son bras armé, les défaites ont abouti à des groupes islamiques armés basculant dans un terrorisme criminel tout azimut, tout à fait en écho d’ailleurs avec les tendances régulières du FLN pendant la guerre d’Algérie à frapper indistinctement, y compris dans ses propres rangs.

Ce qui amène à un autre problème : les durs des durs de la première génération du jihad viennent d’Algérie, mais ce pays est un territoire perdu. En 2018, il n’y a pas eu un seul attentat à la bombe islamiste en Algérie, pour la première fois depuis vingt ans, alors qu’en même temps il y a eu de très nombreuses arrestations, mille armes (pistolet, mitraillette, grenades, etc.) confisquées. La frénésie criminelle des islamistes pendant la guerre civile des années 1990 a « vacciné » une large partie de la population et les manifestations contre le président algérien Bouteflika ne prennent pas du tout un virage pro-religieux, malgré la force énorme du piétisme-quiétisme islamiste en Algérie.

Or, les « néo-romantiques » auraient largement espéré un prestigieux « retour aux sources », afin de combler leurs besoins en termes d’images symboliques. Ils ne peuvent pas l’avoir : ils seront par conséquent obligés de se tourner vers la France – si l’on considère que l’idéologie islamiste est aussi, voire largement dans sa genèse historique, le produit de l’absence d’identité nationale bien définie au moment de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie, aboutissant pour combler ce manque à l’utilisation massive et mystique d’un Islam identitaire et néo-féodal.

Dans tous les cas, l’émergence d’un islamisme « néo-romantique » des décombres de l’État islamique semble inévitable ; dans les faits, la scission est déjà faite et l’affrontement idéologique existe depuis deux ans déjà. La guerre d’interprétation entre la thèse de « l’épreuve » et celle de la « punition divine » ne peut qu’aboutir à une scission déjà réalisée dans les faits.

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Le sens historique du massacre de Christchurch

L’attentat meurtrier qui s’est produit en Nouvelle-Zélande n’est pas un acte raciste flottant au-dessus de l’Histoire, il est au contraire l’expression de toute une décadence qui vise à faire le plus de bruit possible pour empêcher qu’on assume les défis de notre époque.

Christchurch

 L’attentat terrible ayant frappé deux mosquées à Christchurch en Nouvelle-Zélande, ayant fait 49 morts et un nombre très important de blessés, rappelle immédiatement les actions en Norvège d’Anders Breivik, notamment lorsque celui-ci a froidement assassiné des jeunes socialistes, un par un, sur une petite île. On a pareillement un « manifeste » qui a été laissé, avec une vision du monde à la fois paranoïaque et raciste, ce qui va bien souvent ensemble par ailleurs, car pour agir ainsi, il faut être porté par une peur panique sur le plan social.

Il n’y a en effet pas de racisme qui flotte au-dessus de la société tel un préjugé, et qu’il s’agirait de déconstruire : cette expression post-moderne est fausse. La réalité est que le racisme est relié à des forces sociales, à des expressions de couches sociales bien particulières utilisant le racisme comme levier pour faire avancer leurs intérêts.

Qui refuse d’admettre que la société capitaliste est comme Rome à la veille de son effondrement ne peut pas le comprendre, évidemment. Car c’est d’une nouvelle civilisation qu’on a besoin et justement les actions terroristes visent à empêcher l’émergence de celle-ci. Les attentats meurtriers de l’État islamique, d’Anders Breivik ou comme là en Nouvelle-Zélande relèvent du même procédé : celui de la terreur de masse visant à provoquer une fracture sociale et un choc médiatique, avec l’affirmation d’une contre-civilisation qui serait la réponse à la « crise ».

La crise est naturellement présentée comme religieuse ou relevant des « races » ; ici que l’attentat contre deux mosquées se soit déroulé dans une ville dénommée Christchurch – l’église du Christ – a une portée symbolique évidente. L’attentat vise à présenter « l’Islam » comme un phénomène unifié et organisé qui serait l’ennemi d’un monde « occidental » en déliquescence. Le meurtrier s’imagine comme un chevalier des temps modernes et il avait d’ailleurs une caméra sur son casque, le film de son action se retrouvant sur internet.

Et cette conception du monde est très répandue en France. Toute une frange du black metal a été happé par le nationalisme plus ou moins ouvert, et diffuse exactement cette même démarche où des chevaliers isolés ayant pris conscience de « l’agression » de la « communauté » doivent aller à l’affrontement en assumant individuellement le combat. Rappelons que le principal activiste historique d’une telle démarche, le Norvégien Varg Vikernes, s’est installé dans le Limousin avec son épouse, française, après sa peine de prison en Norvège.

Les identitaires racialistes en Ukraine sont également très puissants et alimentent puissamment en imageries, idées et matériel de propagande la scène française. Il s’agit là-bas d’un mouvement de masse et cela ajoute à la crédibilité en termes de perspective, avec évidemment un indéniable romantisme, un facteur déterminant.

Ainsi, on a le même risque d’attentats de ce type en France, où toute une « scène » tend à réaliser de tels actes ; ces « identitaires » profitent également de la polarisation recherchée par toute la propagande anti-« islamophobe » diffusée par des secteurs islamistes aidés par la « gauche » post-moderne.

Tout cela est l’expression d’un profond pourrissement de la société capitaliste, et ce dans le monde entier ; c’est une société qui ne peut rien proposer à part la consommation et si l’on ne voit pas la lutte des classes, on a vite fait de basculer dans un anticapitalisme romantique sur la base d’un idéalisme communautariste.

Un tel anticapitalisme romantique n’est nullement forcément terroriste : les zadistes et les gilets jaunes ne vont nullement dans le sens d’attentats de masse. Il y a par contre le même irrationalisme, l’idéalisation d’une communauté remise sur pied, avec à chaque fois la valorisation du passé. Cette obsession du passé, ce fondamentalisme, a comme ennemi central la vision d’un futur idéal, de l’utopie socialiste, de la transformation collective et collectiviste.

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La question du retour en France des soldats français de Daech

Le retour en France de plus d’une centaine de membres de l’État islamique est considéré par l’État comme un devoir juridique. Cela pose une multitude de problèmes : moraux, juridiques, politiques, avec à l’arrière-plan le fait que la France n’a jamais assumé que l’islamisme était politique. Les conséquences sont incalculables.

Les islamistes faisant des attentats en visant des personnes au hasard sont des criminels, c’est une simple évidence. Mais leur criminalité ne relève pas de la tuerie spontanée ; elle est au contraire le fruit de longues réflexions, d’innombrables analyses, au service d’un projet politique sur une base religieuse.

L’État français a bien entendu toujours su cela. Il a considéré toutefois qu’en raison de l’importance de l’immigration depuis des pays musulmans, il fallait étouffer cette dimension. Ainsi, les islamistes des années 1990 ont été frappés par une justice les considérant comme des mafieux, quand ils n’ont pas été tués de manière extra-légale. Qu’on dise que Khaled Kelkal mérite la peine de mort est une thèse qui peut se tenir, mais en attendant il n’a pas été arrêté : il a été exécuté par les forces de l’ordre.

De la même manière, les tueurs de Charlie Hebdo, pour qui il ne s’agit pas d’éprouver une quelconque sympathie, auraient pu être arrêtés. Repliés dans une imprimerie entourée de forces armées, ne comptant pas se suicider… Il aurait été facile de les épuiser, d’utiliser des gaz, etc. L’État français n’a eu cependant aucunement l’intention de se coltiner un procès ultra-médiatisé avec des activistes d’Al Qaeda.

Après les attentats sur le territoire français de l’État islamique, l’État français a envoyé des soldats spéciaux en Irak et en Syrie afin justement d’en liquider les participants. La révélation de cela par François Hollande alors président de la république avait fait scandale alors. Avec l’effondrement de l’État islamique, cela ne suffit cependant plus. L’État français risque de se retrouver avec plus d’une centaine de combattants.

La logique voudrait qu’ils soient jugés pour leurs crimes en Irak et en Syrie. D’ailleurs le peuple français ne veut plus d’eux : ils ont choisi le meurtre et l’horreur avec un sentiment de toute puissance dans un autre pays, ils doivent en payer le prix. Et puis comment les juger en France pour des actes commis si loin, comment établir les faits ? Le peuple français considère de toute façon qu’il n’y a pas à chercher et qu’ils ont choisi un camp si criminel que la justice doit être brève, expéditive.

Seulement, évidemment, l’État français est pris à son propre rôle et veut récupérer « ses » citoyens, comme si les combattants de l’État islamique étaient des touristes perdus lors de leurs vacances. L’État français applique ici, de manière mécanique, sa conception « républicaine ». C’est absolument intenable et c’est la porte ouverte à une instabilité générale pour le Droit en France.

Une réponse de Gauche à cette instabilité ne pourra pas être de l’angélisme, de la naïveté ou une lecture infantile de l’islamisme. Ce serait une trahison du principe de Justice. La lettre ouverte au président de la République, écrite par Albert Chennouf-Meyer, père d’Abel, assassiné par Mohammed Merah, est à ce titre plein de dignité. « Mon avenir est derrière moi, je mettrai tout en œuvre pour éliminer les assassins de mon fils (…). L’État, l’armée, la république a oublié ses enfants, moi, je n’oublie pas mon fils ! »

Il n’est personne dans le peuple pour ne pas savoir que ce sont là des paroles correspondant à une exigence fondamentale de vérité et de justice.

Lire également : Lettre ouverte à Monsieur le président de la république, Emmanuel Macron, par Albert Camus-Meyer

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Lettre ouverte à Monsieur le président de la république, Emmanuel Macron, par Albert Chennouf-Meyer

Cette lettre ouverte a été publiée sur Facebook par Albert Chennouf-Meyer, père d’Abel, assassiné par Mohammed Merah il y a 7 ans.

Lettre ouverte à Monsieur le président de la république, Emmanuel Macron.

Monsieur le président, vous allez dans les semaines à venir décider, à moins que c’est déjà fait, faire revenir 130 djihadistes français dont une partie, ont les mains rouges du sang de nos enfants.

Je tiens à m’élever de toutes mes forces contre cette criminelle décision.

Vous n’êtes pas sans savoir que parmi les #islamistes de retour, qu’il y a des individus qui ont contribué à aider le terroriste musulman #MohamedMerah, l’assassin de sept innocentes personnes dont 3 enfants de moins de 8 ans ainsi que mon fils, Abel, alors âgé de 25 ans.

Je pense plus particulièrement au retour de Quentin le Brun, originaire du #Tarn.

Je vous demande solennellement de surseoir à cette décision, voire de refuser leur retour et les confier à la Syrie, pays souverain et apte à les juger.

Monsieur le président, Le 15 mars, je commémorerais le 7ème anniversaire de la disparition tragique de mon fils et je « fêterais » mon 67ème anniversaire par la même occasion.

Je jure sur l’honneur, sur la mémoire d’#Abel, mon enfant arraché très tôt à la vie à cause des préceptes arriérés d’une secte, que je ne resterai pas inactif.

Mon avenir est derrière moi, je mettrai tout en œuvre pour éliminer les assassins de mon fils. Je n’ai plus rien à perdre, l’islam m’a enlevé un fils, je ne peux pas laisser vivre paisiblement les complices de l’assassinat de mon fils de retour 7 ans après leur forfaiture. S’il faut le tuer, je le ferais !

L’État, l’armée, la république a oublié ses enfants, moi, je n’oublie pas mon fils !

Je suis sain de corps et d’esprit et je jure sur la Sainte Bible, que j’exécuterais le contrat que j’ai susurré à l’oreille de mon fils avant qu’on ferme son cercueil !

Tous les matins, ma famille affronte la question de mon petits-fils, #Éden, né après la mort de son père, qui nous demande « où est-ce qu’il est son papa ?» !

Monsieur le président, votre devoir premier selon la constitution, est de protéger le peuple. Je ne vous demande rien d’autres que d’empêcher ce barbare de revenir dans le pays qui l’a vu naître et dont il a contribué à tuer plus de 250 concitoyens.

Respectueusement Monsieur le Président !

P.S : Mes avocats, Maîtres Béatrice Dubreuil et Frédéric Picard seront informés de cette initiative, qui est personnelle et individuelle !

J’ai déposé un exemplaire de cette lettre sur le site de la Présidence.

Aldebert Camus-Meyer

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L’attentat meurtrier au marché de Noël de Strasbourg : un reflet de la tendance à la barbarie.

Mardi soir vers 20h, Chérif Chekkat, un homme d’une trentaine d’année, fiché S pour radicalisation islamiste a ouvert le feu sur des passants, touristes ou habitants de la ville fréquentant alors le centre-ville, faisant plus d’une dizaine de victimes dont 3 mortellement touchées.

Strasbourg

Ce criminel multirécidiviste, condamné à 27 reprises et par ailleurs « partisan » islamiste probablement isolé ou membre d’un réseau peu structuré, était en voie d’arrestation le matin même. Sans doute a-t-il précipité un geste qu’il n’avait pas clairement prémédité, mais qui était présent dans son esprit. On a là en tout état de cause et encore une fois, la figure même du nihiliste paumé, d’un « pèlerin du néant » dont l’existence a sombré peu à peu dans criminalité, dans l’engagement décadent et assassin, dans la barbarie.

Ce n’est pas la première fois que la ville de Strasbourg est ciblée par des militants islamistes, en particulier à l’approche des fêtes de Noël, en raison des festivités qu’organise la ville à cette occasion, se revendiquant comme « Capitale de Noël ». La ville, tout comme pratiquement l’ensemble des villes moyennes et des villages alsaciens, se pare lors du mois de décembre de décorations lumineuses intenses, de sapins et d’arbres décorés. De nombreuses manifestations culturelles, gastronomiques ou commerciales, sont organisées, dans un esprit de fête, de partage et de convivialité qui manifeste l’attachement des masses à cette fête et aux valeurs collectives et naturelles qui s’y expriment.

C’est précisément ce symbole qui a été frappé mardi, et qui est régulièrement visé, dans sa dimension chrétienne bien entendu, par les islamistes partisans du Jihad. L’effondrement de l’État islamiste et la répression qui a frappé les cellules islamistes dans notre pays (quelles soient liés à l’EI ou à Al-Quaeda) depuis les attentats de 2015 notamment, a certes réduit les possibilités d’organisation d’un attentat coordonné de grande envergure. Mais la vivacité de la propagande et des réseaux militants islamistes, jihadistes ou non, maintient toujours la possibilité d’une attaque meurtrière plus ou moins spontanée du type de celle qui a frappé aveuglément la foule à Nice le 14 juillet 2016 ou Strasbourg ce mardi 11 décembre 2018.

Plus profondément, c’est le cadre même de la vie en métropole qui est illustrée par ce déchaînement de violence meurtrière. Chérif Chekkat, le militant islamiste dont il est question ici, était aussi, comme souvent, un criminel passé par les trafics en tout genre et les attaques à mains armées. C’est-à-dire que l’on a ici une personne dont la vie sociale a été bornée par la culture semi-féodale dans laquelle il a grandi, encore détériorée par la vie dans les cités de type HLM strasbourgeoises (où les réseaux criminels sont particulièrement organisés) par la consommation de drogues, de pornographie, par les soirées désespérément creuses,  en galère, en boîte ou autour d’une console. Une existence cernée par la précarité, l’argent « facile » des trafics, la petite débrouille et les embrouilles. En bref, cette vie vide, sinistre et immonde qui est celle d’une partie de la jeunesse des métropoles de notre pays.

C’est cette vie décadente qui ouvre un espace à toutes les aliénations réactionnaires, à la propagande des sectes évangélistes, américaines ou africaines, à celle des islamistes que ce soit des conservateurs communautaires téléguidés par les services d’États marocain, turc ou algérien ou des salafistes en rupture plus ou moins influencés par la propagande jihadiste.

La fête même de Noël telle qu’organisée à Strasbourg est parallèlement une autre forme de l’expression de cette décadence. La logique marchande, appuyée par une fréquentation dépassant les 4 millions de visiteurs pour l’ensemble de la région à cette occasion, soit le double de sa population habituelle, rend tout rapport à Strasbourg littéralement insupportable. Nombreux sont les habitants de la ville préférant quitter celle-ci pour chercher une ambiance moins artificielle moins oppressante, dans des villes plus petites alentours.

Dans ce cadre, les menaces pesant sur la sécurité des personnes s’aggravent chaque  année à l’approche des fêtes de Noël mais sont constantes à Strasbourg. Les agressions, visant notamment les femmes, y sont courantes, en particulier au centre-ville. Le trafic de drogue tout comme la prostitution, sont des choses qui s’affichent ouvertement, y compris en pleine journée. Tout le déploiement des forces de sécurité verrouillant partiellement le centre-ville pendant quelques semaines n’y change rien. C’est le cadre de vie même de la métropole qui produit cela.

De plus, en Alsace, l’embrigadement sectaire de la jeunesse est particulièrement vivace. Appuyé par les réseaux solides des religions concordataires, catholiques, luthériens, calvinistes et israélites, c’est ici un phénomène généralisé. Ces organisations religieuses, avec l’appui des autorités publiques, en particulier de la municipalité de Strasbourg, appuient en outre les organisations islamistes, notamment marocaines (qui tiennent la Grande Mosquée de Strasbourg) et turques (particulièrement offensives sur le plan culturel).

Il y a ici cette conviction toute bourgeoise et illusoire de la possibilité de former des cadres religieux libéraux, en mesure d’apporter « quelque chose » à la société. Mais ces cadres ralliés à l’ordre bourgeois sont eux-mêmes de toute façon contestés par les militants des sectes fondamentalistes qui s’appuient sur les secteurs des masses exclues, auxquelles elles prétendent apporter une densité, un contenu, à leur révolte, sinon à leur volonté de rupture, au moins à leur sentiment de vide insignifiant.

Face à ce terreau métropolitain suintant la décadence et l’aliénation, les institutions bourgeoises sont donc totalement dépassées, elles sentent en fait le sol se dérober sous leurs pieds devant toutes les contradictions qui s’accumulent. Ne saisissant le problème que par un de ses aspects : la politique urbaine, la question des religions, en particulier de l’islam, de la criminalité et de la sécurité publique. Mais confrontées à la logique systémique et à la tendance au renforcement de ces contradictions, elles ne peuvent en réalité rien. Elles sont dépassées. Pire même, elles alimentent le problème en cherchant des solutions partielles qui en restent au niveau de l’accommodement, de la gestion du cadre.

C’est cette incapacité qui ouvre un espace à la réaction. L’extrême-droite nationaliste va ici encore avoir le champ libre pour avancer ses positions, pousser à la fuite en avant sécuritaire sur une base raciste, en prétendant romantiquement que le cadre est bon, mais corrompu par des éléments allogènes qu’il faudrait supprimer ou mater pour « restaurer » l’équilibre, revenir « au bon vieux temps » de la ville « pré-métropolitaine », moderne mais apaisée.

C’est là que la Gauche se doit d’être impeccable pour formuler correctement le problème, saisir toute l’ampleur de la tâche face à la vie décadente des métropoles, produisant précarité, insécurité, violences et donc des « pèlerins du néant » comme cet énième assassin criminel et islamiste. C’est le cadre même de la vie capitaliste, de la vie des métropoles ici, qu’il faut saisir et briser. Il ne suffira pas de faire face à la violence islamiste ou criminelle, il ne suffira pas de faire face à la montée des réactionnaires nationalistes racistes. Il faut briser la ligne qui nous conduit à l’effondrement dans la barbarie en changeant notre cadre de vie, en affirmant l’aspiration des masses à la vie tranquille, à la vie paisible en sécurité, avec une perspective de progrès collectif, avec un esprit scientifique et rationnel produisant toujours plus de conscience.

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Où en est le meurtrier « État islamique » ?

Les attentats sanglants en France ont profondément marqué les esprits, et pourtant l’État et les médias en France font comme si la question de l’État islamique était réglée. Tout comme « Je suis Charlie » a été effacé des marqueurs culturels, une réflexion critique sur le fanatisme religieux est censée passer à la trappe. Or, l’évolution de l’État islamique laisse entrevoir une contribution future directe et indirecte de celui-ci à la confusion et au meurtre.

L’État islamique a disposé d’un grand prestige dans une partie significative des musulmans du monde, pour une plusieurs raisons très simples :

– il proposait un « retour » fictif à des mœurs datant de l’époque suivant immédiatement l’émergence de l’islam ;

– il proposait un « retour » à une base territoriale considérée comme le patrimoine « naturel » de l’islam ;

– il concrétisait la nécessité dans la religion musulmane de vivre sous un califat.

Quelle que soit l’interprétation de l’islam des musulmans sunnites, ils ne pouvaient que considérer que ces points avaient au moins une certaine valeur. L’État islamique n’est cependant plus en mesure de conserver intact ces promesses à la communauté musulmane mondiale.

À son apogée, l’État islamique revendiquait 35 wilayas, c’est-à-dire des provinces. 19 se trouvaient en Syrie et en Irak, 16 dans d’autres pays. Le terme sous-entendait une idée d’administration et l’État islamique menait une intense propagande médiatique pour souligner sa capacité d’organisation étatique au niveau local et régional. Désormais, l’État islamique ne revendique plus pour l’Irak et la Syrie que la Wilayat al-Sham et la Wilayat al-Iraq. Les trois provinces qu’il revendiquait en Libye ont également été condensées en une seule.

Dans le Sinaï, l’État islamique est très fortement actif, bien plus que les groupes alignés sur Al Qaïda, comme le Jamaat Jund al-Islam, mais ses perspectives sont bloquées par l’État égyptien, dans une région de toute façon isolée. En Afghanistan, il réalise encore des attentats comme à Kaboul et dispose d’une petite enclave dans le Khorasan, mais il reste absolument marginal comparé aux Talibans qui allient de leur côté un discours islamiste combiné à un patriotisme très affirmé excluant toute perspective mondiale à court terme.

En Arabie Saoudite et en Algérie, l’État islamique ne semble plus véritablement actif. Le territoire gagné au Nigéria en mars 2015 a été perdu dès août 2016 et qui plus est son dirigeant, celui de la Jamaat Ahl al-Sunnah lil-Dawa wa al-Jihad (connu comme « Boko Haram »), a fait sécession, ce qui aboutit à des affrontements internes alors que l’État islamique tente de se maintenir dans le nord-est du Nigéria et autour du lac Tchad.

Rappelons ici qu’au Mali, la grande offensive islamiste avait été menée non pas par l’État islamique, mais Al Qaïda, encore active surtout avec le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans. Il y a désormais 12 000 soldats de l’ONU actifs, 4500 Français pour l’opération « Barkhane », alors que l’État malien dépense désormais 23% de son budget pour son armée.

Et c’est là que le problème commence à se poser justement. L’État islamique a échoué dans sa perspective territoriale, que justement Al Qaïda considérait comme impossible à mener. L’échec de l’un va profiter au second. Non seulement l’État islamique, dans son effondrement, va continuer à semer la confusion et le malheur, jusqu’à son extinction… mais son échec va profiter à son concurrent direct, qui lui raisonne en termes de terrorisme mondial.

A l’ultra-centralisme de l’État islamique – tout est décidé par le noyau dur, de manière absolue – va succéder une relative décentralisation du terrorisme islamiste, par Al Qaïda. Qui plus est, Al Qaïda raisonne en termes de cadres, et non pas en termes de recrutement rapide de personnes en rupture. Cela pose donc une menace terrible pour le futur.

Il serait en effet absurde de considérer que, malgré l’absurdité des religions en général et l’échec de l’islam à réaliser un projet social positif (que ce soit avec l’Arabie Saoudite wahhabite ou l’Iran chiite, deux théocraties, ou bien l’Algérie militaro-musulmane actuelle, la Libye et le « livre vert » de Kadhafi, l’État islamique, etc.), il ne reste pas le romantisme. En fait, il ne restera justement plus que ce romantisme ! Et il y a là matière à beaucoup d’irrationalisme, y compris meurtrier.

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Culture

Pourquoi Médine n’est pas défendable à propos du Bataclan

Médine est actuellement la cible d’une campagne de l’extrême-droite et d’une partie de la droite traditionnelle qui demande l’annulation de sa programmation au Bataclan en octobre 2018. Ils lui reprochent quelques paroles (sans véritablement connaître son oeuvre) en prétextant la mémoire des victimes du massacre.

Le rappeur a réagit, en portant le débat sur le terrain politique. Il explique qu’il condamne les attentats, qu’il combat le radicalisme, que l’extrême-droite instrumentalise les victimes et que la question est de savoir s’ils doivent limiter la liberté d’expression.

Cela n’est pas nécessairement faux. Pour autant, Médine n’est pas défendable, comme en témoigne le simple fait qu’il a osé écrire une chanson sur le “Bataclan”, sans un mot sur le drame l’ayant frappé.

Le Bataclan était de par le passé une salle de concert renommée et représentait quelque chose de particulièrement important pour de nombreux musiciens.

Cependant, depuis les attentats du 13 novembre 2015, le Bataclan est devenu autre chose, bien plus que seulement une salle de concert. C’est un monument national, à la fois déjà historique, et en même temps porteur d’une actualité brûlante.

Le rappeur Médine a produit une chanson « Bataclan » dans son dernier album. Il y a aussi un clip de cette chanson, tourné en partie dans la salle, annonçant qu’il doit s’y produire en octobre 2018.

À aucun moment le rappeur n’y évoque les événements qui y sont associés. La salle est présentée comme un aboutissement personnel, comme s’il ne s’agissait que d’un simple lieu parmi d’autres. Ce titre est évidemment une provocation.

Un artiste aussi « politique » que Médine ne fait rien au hasard, ne dit rien au hasard. Il sait très bien que le nom de « Bataclan » est irrémédiablement attaché à la mémoire du massacre parisien du 13 novembre 2015.

En utilisant le nom de « Bataclan » pour parler délibérément d’autre chose, il choisit de relativiser cette réalité historique en la taisant.

Il en parle pour ne pas en parler.

C’est un acte politique d’une grande signification. Cela d’autant plus que Médine est un rappeur islamiste, au sens strict du terme. Il est un militant de l’islam, de manière très vive et virulente, un fervent défenseur de la religion.

Il est, à son échelle, un artisan de ce grand processus d »effacement de la Gauche issue du mouvement ouvrier par la religion musulmane et l’antisémitisme dans les quartiers populaires français.

L’ensemble de l’oeuvre de Médine l’illustre de manière indiscutable. Depuis de nombreuses années, il participe à diffuser une immense confusion dans les masses populaires, particulièrement celles issues de l’immigration.

Bien sûr, et heureusement, Médine a condamné et condamne les massacres islamistes ; il relève d’un courant protestataire petit-bourgeois qui ne pousse pas aussi loin la révolte réactionnaire contre le monde moderne.

Médine fait ainsi partie des gens qui entretiennent les confusions, en relativisent les concepts. Dans ses clips, il prône d’un côté le hijab et la barbe islamiste, de l’autre il se met en scène dans une borne d’arcade ou porte une veste “Nike” à l’effigie d’une franchise de Basketball américain.

De la même manière, il a pu se rendre en 2014 à une conférence du fasciste Kémi Séba, au Théâtre de la Main d’Or de Dieudonné, en y étant ovationné publiquement, pour ensuite affirmer qu’il ne s’agissait que d’une enquête de “terrain”, expliquant par ailleurs que sa démarche est celle d’un “chercheur”.

C’est le triste jeu de la confusion, du star system de la confusion, du refus de toute valeur de gauche, du rejet de tout le patrimoine historique de la Gauche, de la classe ouvrière. Médine, 50 ans après mai 1968, participe totalement à l’esprit anti-mai 1968.