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L’insignifiante « attaque » de l’École de Marion Maréchal par les anarchistes

La devanture de l’ISSEP, l’École de science politique de Droite de Marion Maréchal à Lyon, a été abîmée et recouverte de peinture noire. L’action a été revendiquée par un communiqué au style « antifa » anarchiste.

C’est un excellent exemple de la différence de substance entre la Gauche et les anarchistes. Ces derniers contournent les exigences démocratiques, ils en restent à des actions directes symboliques, qui n’interfèrent pas réellement avec le sens des choses.

De quoi s’agit-il en l’occurrence ? Comme on le sait, Marion Maréchal a ouvert une École supérieure privée, l’ISSEP, dont l’importance est très grande. Elle-même se profile comme la future grande dirigeante de la Droite, son école va servir de formation à de nouveaux cadres. On a vu également comment la première lettre interne a été un prétexte pour elle à faire un véritable manifeste stratégique pour le triomphe de la Droite.

> Lire également : Les mots de Marion Maréchal contre l’« hanounacratie »

Il est donc tout à fait juste de parler de cette École, de mener une intense propagande contre elle, de s’y opposer par un nombre très important de moyens. Mais cela doit toujours être politique, et jamais sombrer dans une sorte de gratuité dont le seul sens est de jouer aux chevaliers blancs qui se substituent au peuple.

Telle est précisément la démarche des anarchistes « antifa »,  qui revendiquent une « attaque » contre l’ISSEP dans la nuit du 26 au 27 mars 2019. Cela consiste surtout en une tentative d’effraction, une vitrine fissurée, une serrure forcée et la devanture recouverte de peinture noire, c’est à dire en fait pas grand-chose.

Cela a été jugé suffisant important par les protagonistes pour qu’il en fasse un communiqué, relayé par le « Groupe antifasciste Lyon et Environ », de culture anarchiste.

Cette « attaque » est présentée comme une « réponse à tous les actes racistes, sexistes, homophobes, transphobes, ainsi qu’aux politiques meurtrières anti-migratoires et à l’attentat de ChristChurch perpétré dernièrement.»

La presse de Droite, dont le Figaro, s’est bien sûr empressée de relayer l’information à son tour, en donnant la parole à Marion Maréchal qui « ne cache pas son exaspération » :

«Nous userons de toutes les voix légales pour faire respecter la liberté d’enseignement en France, manifestement bafouée par des milices d’extrême gauche violentes et dont les membres sont connus des services de police. Ceux-ci se croient suffisamment libres pour revendiquer leurs actes sur leur page Facebook. C’est dire leur sentiment d’impunité. En plus de porter plainte, je vais demander un rendez-vous au préfet, au rectorat comme au maire de Lyon pour que des dispositions soient prises contre ce genre de menaces pour la sécurité de mon établissement.»

Vu comment on va dans le mur, il est évident que ce genre d’actions est de la poudre aux yeux. Il s’agit même d’une banalisation de la très grande force de l’extrême-droite. Et ce n’est pas pour rien que le communiqué utilise l’écriture inclusive et reprend toutes les valeurs de la gauche post-moderne, post-historique, parlant notamment des trans.

> Lire également : Marion Maréchal, la réaffirmation politico-culturelle du conservatisme de Droite

On est là dans la négation de la bataille démocratique, la négation de la lutte pour la mobilisation populaire. On est dans une démarche individuelle, qui revendique haut et fort que tout est une question d’individus. C’est la négation de la lutte de classes, alors qu’il y a malheureusement d’énormes tâches à effecteur dans le peuple pour l’éduquer, lui faire passer des valeurs, pour transmettre des messages importants.

Malheureusement, Marion Maréchal a ici une très grande longueur d’avance sur le plan de la compréhension de la bataille pour conquérir les esprits du peuple. Il est vrai que pour la Droite, le travail est plus facile, car se fondant sur la démagogie, appuyant les conservatismes.

Cela n’empêche, il faut être à la hauteur et savoir véhiculer dans la population les valeurs de la Gauche, en considérant que le peuple lui-même doit les assumer, les porter. On ne peut pas contourner cela avec des « recettes » traditionnellement « substitutistes ». L’idée qu’on démolirait l’extrême-droite avec un petit groupe de gens ayant rassemblé leurs volontés est pour cette raison tout à fait étrangère à la Gauche historique.

> Lire également : Que représente l’ISSEP, l’école inauguré par Marion Maréchal ?

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de travail d’avant-garde à mener – un concept de la Gauche historique par excellence – c’est-à-dire un travail de conscientisation, d’ouverture des espaces où le peuple peut s’engouffrer pour agir. Mais si ce travail est déconnecté du peuple, si son orientation n’est pas en dynamique avec lui, cela ne sert à rien et c’est même contre productif, car cela donne l’impression qu’il y a quelque chose, alors qu’il n’y a rien.

De la même manière que la valorisation idéalisée de l’Union Européenne ne sauvera pas la Gauche, l’action directe ne le fera pas non plus. Ce dont la Gauche a besoin, c’est de reprendre ses valeurs historiques et d’assumer le travail politique dans la population.

Voici le communiqué :

« Dans la nuit du 26 au 27 Mars 2019, nous avons attaqué l’ISSEP, Institut des sciences sociales, économiques et politiques.

Cette école créée par Marion Marechal Le Pen a ouvert en cette rentrée 2018, au sein du quartier de la confluence, dans le but de former la future élite de l’extrême droite identitaire.

Considérez cette attaque comme une réponse à tous les actes racistes, sexistes, homophobes, transphobes, ainsi qu’aux politiques meurtrières anti-migratoires et à l’attentat de ChristChurch perpétré dernièrement.

Nous attaquons la montée en puissance dans le monde entier de l’extrême droite et du populisme.
Nous attaquons les laboratoires institutionnels des théories qui influencent ce climat nauséabond et mortifère.
Nous attaquons le renforcement sécuritaire dans nos villes, nos quartiers, nos mouvement sociaux, aux frontières de leur monde.
Nous attaquons tout ce qui sert et alimente le maintien du capitalisme par des moyens totalitaires et répressifs.
Nous attaquons cette pensée bourgeoise qui maintient et alimente les oppressions tout en développant leurs privilèges.
Nous attaquons ce qui neutralise toute perspective d’une émancipation commune, nous retranche dans nos individualités, nous pousse à la concurrence entre peuples et au sein de nos classes.

Nous ne cesserons jamais d’attaquer toutes les faces du fascisme que ce soit dans le centre historique du vieux Lyon ou dans la smart city de Confluence, nous continuerons de combattre les groupuscules violents qui usent de traditionalisme à des fins communautaires et identitaires ainsi que cette élite pensante qui se fait une place dans un quartier aseptisé, ultra sécurisé, ultra libéral, réel prototype d’un monde Orwellien.
Des gen.te.s dynamiques et motivé.e.s »

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Marion Maréchal, la réaffirmation politico-culturelle du conservatisme de Droite

L’ultralibéralisme et la décadence sur le plan des valeurs dans lesquels baigne la France produisent nécessairement leur pendant : le conservatisme ultra. Marion Maréchal est assurément la figure de ce conservatisme, qu’elle entend régénérer politiquement et culturellement, en réaffirmant la Droite. Elle considère dans cet optique le mouvement des gilets jaunes comme la possibilité d’un « grand mouvement conservateur ».

Marion Maréchal Le Pen

Marine Le Pen aurait commenté récemment, a priori sur le ton de la boutade, que sa nièce devrait prendre la direction du parti de la Droite Les Républicains, parce que sa ligne serait celle de la droite de Laurent Wauquiez, le chef du parti.

Cela n’a rien d’absurde, tellement une partie de la Droite est de plus en plus proche du Rassemblement National tandis qu’une autre se situe dans l’orbite d’Emmanuel Macron, du libéralisme de l’Union-Européenne, et donc finalement surtout du modernisme centriste.

Cette Droite qui s’oriente vers le Rassemblement National est justement celle qui soutien et voit d’un bon oeil le mouvement des gilets jaunes. Il est donc tout à fait logique que depuis le début, Marion Maréchal soutienne « l’énervement général » porté par les gilets jaunes et qu’elle n’avait pas hésiter à se rendre à la manifestation des Champs-Élysées le 24 novembre. C’est un moyen pour elle d’exprimer politiquement et culturellement son affirmation de la Droite.

Le grand projet de Marion Maréchal est son école de science politique, l’ISSEP, qui se veut précisément une École de droite, en opposition aux Écoles classiques françaises qu’elle considère de gauche.

Sa récente intervention sur le thème « Quel avenir pour les Droites ? » lors du lancement du Cercle AUDACE était de cet acabit. L’ambition de ce réseau est de permettre une alliance des courants de la Droite avec un horizon plus ou moins affirmé des prochaines élections municipales.

Le propos de Marion Maréchal n’était pas politique dans le sens électoral, mais politico-culturel. La question du conservatisme y était centrale. Il s’agit pour elle d’expliquer que le souverainisme, ce que nous appelons le nationalisme, n’est pas suffisant. Elle a compris qu’il faut surtout des valeurs, une vision du monde, pour mobiliser la société.

Elle a donc surtout parlé d’« ordre social » contre « le relativisme ambiant », de marchandisation de la filiation en dénonçant la « pratique abominable » de la GPA ou encore d’islamisation.

Il y a en arrière-plan de cela une critique de la ligne de sa tante qui avaient fait du FN avec Florian Philippot un parti focalisant sur des thèmes économiques et sociaux, s’adressant majoritairement aux classes populaires, débauchant des syndicalistes, tendant à brouiller le clivage Droite/Gauche.

Elle a dénoncé, de manière très complexe et intelligente, les limites du populisme, qu’elle considère de manière bienveillante en tant qu’opposition au libéralisme, mais insuffisant en tant que cela porte un style plébéien. Le problème selon elle est de viser les élites de manière unilatérale, alors qu’il faudrait plutôt reformer ces élites, ce qu’elle envisage avec l’ISSEP.

Devant un public composé surtout de « chefs d’entreprise, industriels, entrepreneurs ou financiers âgés de 25 à 70 ans » comme l’a rapporté le journal de la Droite Le Figaro, elle a donné l’exemple la Ligue italienne qui a su rassembler une partie de la base industrielle du Nord du pays. Elle a expliqué de manière tout à fait typique à Droite qu’un projet de justice pour les classes populaires n’était pas incompatible avec les classes moyennes et la bourgeoisie.

Il faut bien-sûr considérer ici les choses électoralement, avec cette question du « plafond de verre » que le FN n’a jamais réussi à dépasser, qui pourrait voler en éclat en cas d’alliance avec la Droite.

Mais l’arrière-plan de cette alliance qu’elle souhaite est surtout culturel. C’est pour cela qu’elle verrait d’un bon œil la tête d’affiche aux élections européennes de l’adjoint au maire de Versailles François-Xavier Bellamy pour Les Républicains. Celui-ci s’était affirmé sur le plan des valeurs en tant que meneur du mouvement des Veilleurs, issu de la Manif pour tous.

Pour l’ancienne plus jeune députée de la Ve République, ces valeurs s’incarnent dans le refus de la « fascination pour le progrès » des élites qui s’oppose à « l’héritage ». C’est la définition de son conservatisme, qui s’oppose également à l’« universalisme » des élites, qui est en fait surtout un cosmopolitisme à lequel elle oppose « le particulier et le local ».

Sa proposition est donc le repli sur soi, selon cette considération que « le passé est toujours plus inoffensif que l’avenir ». Dans cette optique, la pensée des Lumières, qui est un matérialisme, une expression progressiste, est critiquée ouvertement, ce qui est typique et caractéristique du fascisme dans son essence idéologique.

Le conservatisme qu’elle défend se pose comme défenseur de la civilisation face à la décadence du capitalisme, mais il ne s’oppose aucunement au capitalisme.

La question du capitalisme est considéré comme secondaire, relative, parce qu’il suffirait de le soumettre au projet politico-culturel du conservatisme. Il s’agit pour elle d’abord d’une « disposition à penser et agir d’une certaine manière », qui ensuite doit se transformer en mouvement politique.

On aura compris bien-sûr a quel point cela fait écho à la démarche des gilets jaunes, dont elle est une des expressions intellectuelles. La question est celle de l’alternative, pour faire face au désenchantement que génère la crise du capitalisme.

Et c’est là que le clivage entre la Gauche et la Droite s’affirme, ou en tous cas devrait s’affirmer de plus en plus pour savoir qui porte la civilisation. Sont-ce les conservateurs ou les progressistes ? Faut-il la Nation ou le Socialisme ? Qui doit diriger, la bourgeoisie ou la classe ouvrière ? Tels sont les grandes questions de notre époque, qui nous opposent frontalement et directement à cette figure qu’est Marion Maréchal.

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Que représente l’ISSEP, l’école inauguré par Marion Maréchal ?

Marion Maréchal (anciennement Le Pen) a inauguré ce vendredi 22 juin 2018 à Lyon l’école d’enseignement supérieur qu’elle dirigera. L’institut Supérieur de Sciences Économiques et Politiques (ISSEP) a pour ambition de former des cadres dirigeants avec une vision du monde réactionnaire et culturellement de droite. Il proposera à la rentrée 2018 un Magistère (Bac +5), ainsi qu’une formation destinée au grand public, accessible sans diplôme, dispensée le week-end.

Il y a forcément quelque chose de ridicule à voir une jeune femme de 28 ans s’imaginer directrice d’une “grande École” qu’elle aurait elle-même fondé comme une “chef d’entreprise”, pour former les futures “élites” de la nation. Le logo de l’ISSEP relève d’ailleurs lui-même de la supercherie puisqu’il représente un bâtiment néo-classique rappelant l’imagerie des établissements traditionnels parisiens, alors que l’institut se situera dans les locaux flambants neufs d’un immonde quartier ultra-moderne de Lyon.

Cependant, il serait erroné de ne pas prendre au sérieux ce projet. Marion Maréchal n’est ici qu’une figure, un nom représentant une affirmation idéologique ; il y a surtout derrière elle des personnes aguerries, avec des réseaux bien en place.

Des dirigeants « haut-placés »

L’organigramme de cette école, constitué uniquement d’hommes en dehors de la Directrice, est ainsi très parlant. On y retrouve non seulement des personnalités de la droite et de l’extrême-droite traditionaliste catholique française, mais ces personnes ont aussi, ou ont eu, des fonctions importantes.

Le président honoraire de l’ISSEP Patrick Libbrecht est lui-même présenté comme un ancien haut cadre chez Danone, Materne et Kronenbourg.

Le conseil scientifique, chargé de la politique pédagogique et scientifique, est constitué par de nombreuses personnes ayant ou ayant eu des responsabilités dans l’enseignement supérieur (Université Lyon III, Collège Stanislas de Paris, Prépasup, Université Panthéon-Assas Paris II, Sciences Po Paris, École Pratique des Hautes Études à la Sorbonne, Université Wesford Genève, Université de Saint-Pétersbourg, etc.), un ancien directeur de collection aux Presses Universitaires de France, un expert reconnu par la cour d’appel de Lyon, etc.

Il faut remarquer dans ce domaine la présence de Roger Chudeau qui a eu une longue carrière dans l’Éducation Nationale en étant d’abord chef d’établissement, puis inspecteur d’académie, inspecteur général et enfin sous-directeur des enseignements des écoles, collèges et lycées, attaché au cabinet du Ministre Gilles de Robien.

Autre figure de poids, et pas des moindres, le Général d’armée Jean-Marie Faugère, ancien inspecteur général des armées et conseiller défense de la direction du Groupe THALES.

Autrement dit, on a ici à faire à des gens très sérieux, tout à fait impliqués dans les institutions françaises, dont deux Chevaliers de la Légion d’Honneur. L’ISSEP s’annonce comme étant un projet de grande envergure.

Des personnalités très marquées idéologiquement

Sur le plan idéologique, les choses sont très claires. Le conseil scientifique est co-présidé par Patrick Louis et Jacques de Guillebon, qui sont des personnalités très marquées idéologiquement.

Le premier est lié au mouvement catholique traditionnel, il est secrétaire général du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers. Sa fille a été coordinatrice régionale de “La Manif pour tous”, est issue du courant Sens Commun et actuellement conseillère régionale LR, dans la majorité de Laurent Wauquiez.

Le domaine de Patrick Louis est celui de la “géopolitique”, c’est-à-dire, sous couvert de neutralité, l’étude de la façon dont la France peut se positionner comme grande puissance parmi les grandes puissances du monde. Il a avec lui à l’ISSEP une personne comme Pascal Gauchon, le directeur et fondateur de la revue géopolitique Conflits.

De son côté, Jacques de Guillebon représente la dimension plus culturelle du projet de l’institut. Il est un ancien journaliste au magazine Causeur et ancien directeur du mensuel catholique traditionaliste la Nef. C’est aujourd’hui le rédacteur en chef de l’Incorrect, magazine avec lequel il a organisé le très médiatique débat contre « Mai 68 », en présence de Marion Maréchal.

On retrouve à ses côtés Thibaud Collin de la revue Liberté politique, dont le numéro en cours est consacré à la critique de « Mai 68« , considérant que ce mouvement “est l’aboutissement d’une entreprise de déconstruction morale, qui s’enracine dans l’expérience des Lumières, puis de la Révolution française”.

En ce qui concerne la politique, les enseignements de l’école devraient être conformes aux positions nationalistes exprimées par Marion Maréchal devant les conservateurs américains. Pour preuve, il y a deux représentants étrangers de cette même ligne dans leur propre pays, au sein du conseil scientifique de l’ISSEP.

Raheem Jamaludin Kassam de l’UKIP (Grande-Bretagne) est une figure de la campagne pour le Brexit et Paul Edward Gottfried est le représentant d’une ligne nationaliste dure chez les conservateurs américains, et est présenté comme un ancien ami de Richard Nixon.

Une affirmation libérale et pro-business franche

Sur le plan économique, le positionnement de l’école sera là aussi très clair. Il était expliqué en introduction de la conférence de presse de présentation que le point commun des animateurs du projet est d’être “des entrepreneurs”.

L’affirmation libérale et pro-business est franche, et cela se ressent directement dans le contenu du Magistère qui relève plus de la “Business School” que de Science Po.

On y retrouve des intitulés de cours, dont de nombreux anglicismes, comme :

Développement du leadership,
Management du conflit,
Management de crise,
Management interculturel,
Mediatraining,
Communication- marketing,
Business Plan,
Calcul des coûts et des marges.

C’est une ligne de démarcation importante avec les grandes écoles françaises formant traditionnellement les dirigeants, et notamment l’ENA. Celle-ci est une école d’administration, orientée vers le secteur public, et donc avec une approche marquée à Gauche, ou en tous cas non-ouvertement capitaliste.

L’ISSEP entend au contraire être marquée à Droite, et donc puiser dans le registre de l’entreprenariat, du capitalisme assumé.

Ces enseignements se feront en lien avec des entreprises et pourront profiter de la présence au conseil scientifique d’un ancien analyste-financier dans une banque d’investissements. Les liens avec des entreprises existent déjà de part les financements extérieurs, dont ceux provenant du fonds d’investissement Fra Finances.

Cependant, cette vision libérale prétend être différente du capitalisme classique, et proposer autre chose.

“C’est la singularité et la richesse de notre projet que de faire émerger des décideurs économiques qui placeront leurs ambitions au service de projets utiles à la société et ne s’enfermeront pas dans une simple logique comptable ou financière, ainsi que des décideurs publics qui insuffleront une nouvelle vitalité à la vie politique de notre pays.”

 

Un projet « métapolitique »

De nombreux commentateurs s’égarent en cherchant à savoir si l’ISSEP représente pour Marion Maréchal un outil de “retour” en politique, comme si finalement tout devait tourner autour de la candidature à l’élection présidentielle.

La question n’est pas là et le projet porté par son école est bien plus ambitieux que cela. L’ancienne députée FN du Vaucluse a exprimé maintes fois son point de vue, en parlant de métapolitique notamment. Il s’agit pour elle d’influencer en profondeur la société française et de former des cadres à même d’occuper des fonctions dirigeantes.

Il ne suffit pas de se présenter à l’élection présidentielle avec des arguments convaincants et une équipe de communication solide. Il faut aussi des cadres solides, formés pratiquement et culturellement, aguerris idéologiquement, pour diriger l’État d’une manière nouvelle.

Marion Maréchal le dit clairement :

« Ce n’est pas un projet politique. Notre objectif est d’offrir une alternative éducative dans un monde du supérieur français que nous estimons sclérosé sur le plan intellectuel et dont les enseignements nous apparaissent insatisfaisants, en ce qui concerne notamment les écoles en charge de la formation des élites françaises.”

Quand elle dit que ce n’est pas un projet politique, cela signifie qu’elle refuse de se cantonner aux considérations politiques actuelles. Elle se situe dans une perspective bien plus grande, celle d’un nouveau régime, dans l’esprit d’une « reconquête » se déroulant subitement, telle une remise en ordre, dans l’esprit de la guerre d’Espagne ou de l’austro-fascisme.

L’ISSEP entend être au « carrefour des intelligences », c’est-à-dire qu’il veut puiser sans restriction dans les forces-vives réactionnaires françaises. Ce doit être une pépinière, et il est hors de question dans cette perspective de se restreindre, pour le moment, aux considérations politiciennes.

Un laboratoire réactionnaire

C’est pour cela que la droite traditionnelle ayant par exemple soutenue Fillon côtoient, à la direction de l’ISSEP, l’extrême-droite issue du Front National.

La formation continue proposé par l’école à côté du Magistère se veut quant à elle bien plus pratique, et utile directement. Cette formation est dispensée sur dix week-ends du samedi matin au dimanche soir pendant un an.

À lire la plupart des intitulés de cours, on croirait que le programme a été rédigé par les activistes de Génération Identitaire, par exemple :

Développement du leadership : les bonnes méthodes pour être un chef respecté
Conduite de réunion & organisation d’une équipe
Méthodes de négociation
Politique et combat culturel
Mode d’actions des minorités agissantes
Atelier créativité. Exercice mise en pratique
Optimiser et moderniser sa campagne en ligne
Développer un message persuasif, rhétorique
La communication du futur
Utilisation & optimisation de vos réseaux sociaux.
France et chrétienté, quel héritage ?
Islam et civilisation islamique
Consumérisme, laïcité, athéisme les nouvelles religions ?
Stage de cohésion sportif en nature

Il s’agit, à côté du magistère destiné aux futures “élites”, de former cadres régionaux, activistes, militants, capables de porter rapidement et efficacement un projet politique (la formation continue dispense aussi quelques enseignements liés aux campagnes électorales).

L’école revendique déjà 60 pré-inscriptions d’élèves pour son magistère, 160 pour sa formation continue, et quelque 120 candidatures spontanées d’enseignants.

L’Institut Supérieur de Sciences Économiques et Politiques entend donc devenir un lieu de convergence et d’élaboration pour le mouvement réactionnaire français. La ville de Lyon est à cet égard une place de choix. Depuis de nombreuses années, c’est une sorte de laboratoire de la droite dure, de l’extrême-droite et du fascisme dans le pays.

Cela fera certainement de l’ISSEP, ou fait probablement déjà de l’ISSEP, un bastion idéologique du fascisme en France dans sa tentative de conquête du pouvoir.