Catégories
Société

18 mars 2021: le gouvernement avec des demi-mesures au lieu d’un réel confinement

Face à l’apparition d’une troisième vague épidémique entraînant une sur-charge hospitalière particulièrement catastrophique dans seize départements, le gouvernement est obligé d’agir. Mais il maintient sa ligne : surtout pas de confinement, surtout rien de drastique, surtout rien de trop contraignant. Il maintient son choix de sacrifier une partie de la population, en espérant que la vaccination sauve la mise le plus rapidement possible et fasse tout oublier.

La pandémie dure depuis un an, c’est long et douloureux psychologiquement, socialement, culturellement, parfois sur le plan de la santé aussi. Certes. Mais la réalité est surtout que les gens en France vivent largement leur vie, en s’étant adapté à la situation. Les plus jeunes qui étaient habitués à avoir beaucoup de rapports sociaux ont toujours beaucoup de rapports sociaux, les moins jeunes voient leurs amis et leurs familles régulièrement, dans beaucoup de disciplines sportives les activités ont lieu, y compris des compétitions, les travailleurs travaillent, les manifestants manifestent ou occupent des théâtres, etc., etc.

Cela fait que malgré un large respect des gestes barrière et du port du masque dans la plupart des situations publiques (transport, commerce, etc.), le virus circule beaucoup et il y a une troisième vague. C’est surtout le cas en Île-de-France, dans les Hauts-de-France ainsi que les Alpes-Maritimes, la Seine-Maritime et l’Eure, mais la situation est loin d’être réjouissante ailleurs.

Si on veut y faire face, il faut ce qu’il faut et un confinement strict s’impose, comme en mars 2020, car cela avait drastiquement fait reculer l’épidémie dans le pays et sauvé des milliers de vies. Le gouvernement en est incapable aujourd’hui. Le cap est maintenu et, donc, contrairement aux attentes d’une part importantes des milieux hospitaliers (qui devraient pourtant décider), il n’y a pas de confinement, mais simplement des demi-mesures qui ne changeront pas grand-chose à la situation.

Dans les 16 départements concernés, les gens sont censés rester chez eux, mais en fait ils iront au travail ou à l’école comme c’est déjà le cas, ils auront toujours le droit de sortir de chez eux la journée. Bien sûr, les commerces (hors alimentaires et librairies) seront fermés, ce qui n’est pas un changement négligeable, encore que les galeries commerçantes sont déjà fermées depuis plusieurs semaines. Mais on sait très bien que l’enjeu n’est pas là, mais surtout dans les brassages de population pour les rencontres amicales et familiales, car le variant britannique est très contagieux même si les gens ne se font pas la bise ni ne s’approchent trop les uns des autres.

Le pseudo-confinement de seize départements, avec son auto-attestation et son périmètre de 10 km à respecter, ne permet que très peu d’agir à ce niveau-là et on a du mal à imaginer que cela change les habitudes des gens par rapport à ces dernières semaines… On connaît notamment les mœurs de la région parisienne. Il faut donc s’attendre dans les prochaines semaines à ce que l’épidémie suive sa progression en France, dans toutes les régions.

D’autres mesures suivront probablement, car la tension hospitalière ne devrait pas diminuer. Cela va être d’autant plus traumatisant pour la France qu’à côté, beaucoup de pays devraient voir leur situation s’améliorer avec le printemps ou le début de l’été.

La différence est d’ailleurs déjà immense si l’on compare la France à l’Allemagne, qui a de son côté ses écoles fermées et un confinement assez important.

Il y a eu en un an, à la date du 18 mars 2021, deux fois plus de cas déclarés en France qu’en Allemagne, soit 4,15 millions contre 2,61 millions. Et cela alors que la population allemande est plus importante (mais les tests y ont été déployés beaucoup plus massivement et rapidement et la population n’a pas eu la même position face aux exigences qu’en France).

En ce qui concerne les nouveaux cas quotidiens, à la date du 17 mars 2021, il y a un gouffre : 38 501 en France contre 7 705 en Allemagne. Idem pour le nombre de décès le même jour : 241 contre 91.

Le confinement assez important dure depuis sept semaines en Allemagne, avec fermeture des écoles, mais le gouvernement repousse toutefois le déconfinement en raison d’un rebond de l’épidémie et d’un taux d’incidence (sur 7 jours) de 82,9 (cas pour 100 000 habitants). En France, ce taux est de… 266,22 ! Il est même de 388,9 à Paris, 512,7 en Seine-Saint-Denis et 544,12 dans le Val-d’Oise !

On se dit normalement que la situation est très grave et qu’il faudrait faire comme l’Allemagne, et confiner immédiatement et strictement. C’est exactement l’inverse que fait la France, puisque le premier ministre a expliqué ni plus ni moins qu’il considère que c’est une bonne chose de ne pas avoir confiné il y a quelques semaines… car sinon il aurait fallu prolonger encore et encore le confinement !

Le gouvernement français fait donc le choix du cynisme, en assumant d’avoir beaucoup plus de morts qu’ailleurs, en assumant de sacrifier une partie de la population au nom de l’économie. La France est hantée par son déclassement économique et pratique la fuite en avant, en attendant la généralisation de la vaccination. Mais cela ne se fait pas du jour au lendemain et les semaines et mois à venir font être très compliquées sur le plan sanitaire. Probablement même que la France n’échappera même pas au confinement tant redouté, et cela sera d’autant plus traumatisant si à côté les pays comme l’Allemagne font le chemin inverse, et qu-ils exercent une pression gigantesque pour l’instauration d’un passeport vaccinal…

Catégories
Réflexions

Le 18 mars ou comment Jean Castex fait le fou

Les Français veulent du romanesque, mais en en restant à la forme, ils auront un drame.

La France est un pays littéraire, où ce qui se vit doit s’écrire comme un roman. C’est la base de toute démarche de Français cherchant à avoir une existence qui lui donne du sens. Que ce soit pour une relation sentimentale, une coucherie hasardeuse franchement douteuse, une carrière d’homme politique, un travail associatif, des études ou même des vacances : le Français veut qu’il y ait un certain grain de folie, un petit quelque chose donnant un aspect romanesque à l’ensemble.

Que ce soit le coup d’État de De Gaulle en 1958, mai 1968, la « grève » des footballeurs français lors de la coup du monde en Afrique du Sud, l’élection d’Emmanuel Macron, toute attitude à la française implique ce petit plus, un comportement romancé souvent enclin au panache.

Seulement voilà, bien souvent les Français perdent pied avec la réalité, au nom de ce romancé. Lorsque Caroline s’imagine être un homme et entend s’appeler Gaspard ou bien lorsque Gaspard s’imagine être une Caroline, c’est vain: la crise d’identité et la mutilation corporelle peuvent donner l’image d’un roman, mais enfin cela ne change rien à l’absence de sens et de culture. Et des exemples de faux romans à la française, ce n’est pas cela qui manque. Le plus connu ces derniers temps est d’ailleurs ce roman ayant présenté Emmanuel Macron comme un J.F. Kennedy à la française.

Nommé premier ministre, Jean Castex avait sans doute oublié tout cela. Haut fonctionnaire, il comptait en rester aux faits. Mais les Français ont choisi, pétri par le libéralisme, ouvert au capitalisme, de se moquer des faits. Donc le confinement qui aurait dû être mis en place il y a une semaine, trois semaines, un mois, trois mois… eh bien les Français ont dit oui, mais non. Et Jean Castex a cédé à chaque fois, en disant : ah bon, en ce cas… on va voir ce qu’on peut faire.

D’où ce scénario ahurissant du 18 mars 2021, avec Jean Castex disant qu’on a bien fait de ne pas confiner plus tôt, sinon on aurait dû continuer à confiner, alors que cela implique qu’on n’a rien fait du tout. Citons cette phrase, qui montre comment on est passé dans un film, comment la réalité a cédé la place au discours :

Contrairement à beaucoup de nos voisins, nous avons écarté fin janvier l’option d’un confinement au long cours à l’échelle du pays et c’était la bonne décision : nous aurions alors infligé au pays un confinement de probablement 3 mois. Cela aurait été excessif et insupportable.

C’est à ce genre de propos d’un (très) haut fonctionnaire qui, avant sa nomination comme premier ministre, gagnait 200 000 euros par an, qu’on voit que la France est passée dans le camp de la fiction. On est comme avant mai 1968, dans une société fausse de menteurs.

Tel dans le film Pierrot le fou, de Jean-Luc Godard, Jean Castex part donc à l’aventure, en espérant que le discours l’emportera sur les faits et que le pseudo-confinement annoncé le 18 mars 2021 pour la région parisienne et quelques autres départements opérera comme par magie. C’est la méthode Coué : à force d’y croire, cela deviendra vrai. Et comme de toutes façons les Parisiens ne veulent pas du confinement…

Une telle fuite en avant a une portée historique, non seulement en raison de la question sanitaire. C’est aussi historique parce qu’un travers français se révèle au grand jour. Cette manière absurde de romancer sa vie est erronée. Vouloir donner une grande portée, une portée romanesque, c’est bien. Confondre la fiction avec la réalité, c’est par contre faux. On peut même dire que le faux roman est d’autant plus présent qu’il est triché avec la réalité. Les Français croient écrire un roman, ils se déconnectent en fait du réel.

Ces raisonnements à la française « jusqu’ici tout va bien », « point trop n’en faut » et autres médiocrités sont une catastrophe. Le 18 mars 2021, Jean Castex a romancé le réel, jusqu’à le défigurer. Et tout cela en raison d’une médiocrité maquillée comme gestion pragmatique du quotidien. C’est à l’image des Français : englués dans une absence de perspective, complaisants avec eux-mêmes jusqu’au sordide, infantiles jusqu’à la négation de l’avenir au profit d’un présent étroit, borné, insipide.

La France déraille, la France décroche, la France sombre. Il va lui falloir de l’intelligence pour s’en sortir, et cette intelligence c’est le réalisme, le peuple systématisant la démocratie, le socialisme.

s
Catégories
Société

Le premier ministre Jean Castex n’a pas le courage d’affronter une France dépressive

Lors de sa prise de parole, le premier ministre Jean Castex a présenté la situation sanitaire, mais il n’ose pas assumer la gravité de la situation face à une France dépressive.

Face à une pandémie, on court toujours derrière des évolutions qualitatives, comme le variant « britannique » en est un exemple. Alors dire qu’on va résoudre les soucis en faisant passer le couvre-feu de 20h à 18h, c’est absurde, car c’est poser une petite réponse quantitative sans rapport avec la question de fond.

La seule réponse, c’est un shut down complet, un confinement absolu à court terme et hyper verrouillé, mais aucune société libérale ne peut le faire. Alors le premier ministre Jean Castex s’est dégonflé. Les Français ne veulent pas l’entendre, alors on ne le dit pas. Et quand il faudra affronter les faits… eh bien on espère que tout ira bien, d’une manière ou d’une autre.

On en a un excellent exemple avec le fait que le portail Sante.fr destiné à la prise de rendez-vous pour se faire vacciner quand on a plus de 75 ans a planté le jour de son ouverture, repoussant de 24 heures son ouverture. En toute bonne logique, un tel échec est condamnable. Pas dans une société libérale où chaque jour est un nouveau jour et la mémoire est celle de la consommation des gens et des faits.

C’est une faillite de l’État, qui n’est pas capable de mettre en place une chose élémentaire. Mais l’État, la société, la civilisation… ne sont que des fictions relatives pour des gens totalement emprisonnés dans le capitalisme et rêvant du monde d’avant.

Que dire alors du fait qu’il y en a encore pour des mois et des mois ?

Il est vrai que l’État affirme encore et toujours qu’il maîtrise la situation. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé qu’il y aurait désormais jusqu’à un million de tests par mois dans les établissements scolaires, alors qu’en plus les vaccinations à l’échelle du pays sont censés être terminés à la fin du printemps. Cela neutralise les esprits… mais si c’est l’échec ? La société française, dépressive déjà, va sombrer moralement.

En fait, elle a déjà sombré moralement. Comme quoi plus que jamais on a besoin de boussole, d’orientation, de valeurs bien déterminées, bien délimitées. C’est le socialisme face à la barbarie.

Catégories
Société

Crise sanitaire à la mi-novembre 2020: exercice d’autosatisfaction du gouvernement

Jeudi 12 novembre, le premier ministre a fait un premier point depuis l’instauration du semi-confinement. Aucun durcissement n’est pratiquement à l’ordre du jour, et le gouvernement a expliqué peu ou prou qu’il a la situation en main… Ce qui n’est évidemment pas le cas. La France n’est toujours pas à la hauteur pour faire face à la crise sanitaire.

De manière très solennelle, le premier ministre Jean Castex s’est adressé au pays en expliquant :

« Adopter des mesures difficiles constitue un crève-coeur, mais il est de ma responsabilité de le faire, et de vous protéger contre le virus et ses ravages »

C’est habile de sa part, car il se place ainsi comme celui qui en fait éventuellement « trop », afin d’éviter les critiques en inaction, ainsi que d’éventuelles poursuites judiciaires à termes. Pourtant, il est évident que les mesures en question sont loin d’être suffisantes face à l’explosion de l’épidémie de covid-19.

Ce qui se passe est très simple. La France, comme beaucoup d’autres pays équivalents, a abordé avec une très grande légèreté le déconfinement de mai, puis a tout bonnement laissé s’installer la deuxième vague épidémique, pour procéder maintenant à des calculs de boutiquiers afin de gérer la casse, en cherchant un taux de pertes humaines qui serait « acceptable »…

Les chiffres qui ont été rappelés sont pourtant très durs, malgré la généralisation du port du masque et des mesures barrières depuis la rentrée : une hospitalisation toutes les 30 secondes et une admission en réanimation toutes les trois minutes. Cela donne pour la journée de 12 novembre, selon les chiffres officiels, 418 décès liés au covid-19 et 386 nouvelles admission en réanimation.

Mais tout est sous contrôle a-t-il été prétendu, car le ministre de la santé a dégagé des nouvelles places en réanimation, tout en expliquant qu’il allait renvoyer à la maison des personnes sous respiration artificielle. Le gouvernement prétend pouvoir gérer et même que « le pic de la deuxième vague pourrait être atteint en début de semaine prochaine ».

De la sorte, il est fait miroiter une première série d’allégement des mesures pour le premier décembre, avec la possibilité de « passer Noël en famille ». C’est invraisemblable, et il faudra vraiment relire ces lignes d’ici les prochaines semaines, car bien sûr le virus ne va pas disparaître pas enchantement à l’amorce de l’hiver, au contraire.

Si la situation épidémique s’améliore dans les prochains jours, ce qui est possible mais loin d’être évident, ce qu’il faudra, c’est ne surtout pas relâcher la pression, bien au contraire. Au risque sinon de voir l’épidémie repartir de plus belle.

Il faudrait d’ores et déjà aller beaucoup plus loin, si l’on voulait véritablement endiguer l’épidémie, avec au moins un confinement équivalent à celui du mois de mars dernier. Mais la pression du capitalisme est trop forte et le gouvernement n’a qu’une hâte, c’est de pouvoir relâcher la pression qu’il est obligé de mettre sur le capitalisme justement.

Il est bien aidé en cela d’ailleurs par la Droite, ainsi que les populistes tel Jean-Luc Mélenchon qui peu après l’intervention du gouvernement a expliqué dans une émission que le confinement était une mesure « du Moyen Âge » et qu’il fallait lui trouver des alternatives, tout en rouvrant les petits commerces et les activités culturelles. On nage ici en plein délire, mais c’est tout à fait conforme aux mentalités dans le pays, avec des Français qui pour la plupart ne semblent toujours pas avoir compris l’ampleur de la situation et dont la préoccupation est l’achat de leurs cadeaux de Noël ainsi que l’organisation du réveillon du premier de l’An.

C’est pour cela que les établissements scolaires sont encore ouverts et le resteront, contre tout bon sens sanitaire, particulièrement en ce qui concerne les lycées. «  La présence à 100% des élèves reste souhaitable » au lycée a affirmé le ministre de l’Éducation, avec au moins 50 % du temps en présentiel pour les autres cas. Il ne faudrait surtout pas empêcher les parents de se rendre au travail, et d’ailleurs eux-mêmes n’imaginent pas ne pas aller travailler.

Si le gouvernement prétend qu’il va pouvoir mettre encore un peu plus de pression pour obliger au télétravail, force est de constater qu’un nombre ahurissant d’activités économiques absolument pas essentielles ont encore lieu. Par exemple, des démarcheurs pour la fibre optique installés dans un quartier peuvent se rendre chez les gens pour leur suggérer le raccordement, ou encore les livreurs de repas (souvent sans papiers et sans couverture sociale) exercent leur ballet à scooter en continue dans les grandes villes, etc. Il en est de même pour les sorties, avec des fraudes aux attestations massives et énormément de gens se rendant les uns chez les autres, etc.

Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a tout à fait raison de constater après l’intervention du premier ministre :

« Rien de neuf dans le confinement « léger » du gouvernement. Les hôpitaux flambent, les reports de soins continuent, avec des conséquences mortifères, les salariés aux travail resteront aussi nombreux, les « petits » continueront de souffrir… mais on continue. »

Néanmoins, ce qu’il faut préciser, c’est que la pression populaire est extrêmement faible en faveurs des mesures sanitaires. En fait, le capitalisme est tellement puissant et tellement présent dans les mentalités en France que le pays continue de regarder ailleurs. Si la peur avait pu l’emporter lors de la première vague en mars, on a l’impression en novembre que le pays s’est accoutumé au virus ; le ministre Jean Castex peut alors se présenter comme quelqu’un de très dur dans sa gestion de la crise sanitaire, alors qu’il est en fait en dessous de tout.

Catégories
Politique

Le gouvernement Jean Castex à la rescousse d’Alain Soral

L’État français a accordé une aura formidable à Alain Soral en l’interpellant pour menace aux intérêts de la nation, alors que son mouvement décrochait et qu’il y avait déjà ce qu’il suffisait pour l’embastiller.

Alain Soral a un parcours en trois temps. D’abord c’est un branché, qui traite des milieux parisiens et de la drague. Ensuite, c’est un intellectuel qui se veut post-marxiste et propose d’assumer une morale de droite dans la défense du « travail ». Enfin, c’est un activiste proposant une lecture national-socialiste du monde, avec la diffusion de toute la littérature qui va avec.

Alain Soral a obtenu d’énormes succès d’édition, notamment avec « Comprendre l’empire » et il a eu son heure de gloire au moment de la « quenelle » de l’humoriste Dieudonné. L’antisémitisme a permis aux deux agitateurs-provocateurs de disposer d’une vraie base. Ils n’ont cependant rien su en faire.

On a en effet un vrai bric-à-brac, Alain Soral se revendiquant maintenant de Julius Evola, un racialiste italien d’esprit aristocratique, ce qui ne correspond en rien à l’idée d’une « réconciliation » nationale au-delà de la couleur de peau des Français. Si on ajoute à cela la vulgarité proverbiale d’Alain Soral, son style provocateur totalement à rebours de l’approche française… cela ne pouvait que s’enliser. Son mouvement Égalité & Réconciliation était ainsi en perte de vitesse et un magnifique contre-exemple.

En effet, avoir diffusé l’antisémitisme en disant que les Juifs seraient la cause de tous les maux, alors que le Covid-19 montre l’ampleur du problème écologique et qu’on va à une guerre de repartage sino-américaine… C’est pour le moins absurde et c’est très clairement absurde.

Alain Soral a d’ailleurs dû être en secret très content de la fermeture de ses chaînes sur Youtube début juillet. Quant à une arrestation de 48 heures fin juillet, pour « provocation aux crimes et délits portant atteinte aux intérêts de la nation », il a dû sortir le champagne. Surtout qu’il est ressorti libre !

Ce qui va lui permettre, même si on est au creux de l’été, de mobiliser ses troupes, de se présenter comme le seul vrai « révolutionnaire ». Si la loi française avait réellement été appliquée, cela fait longtemps qu’il serait en prison. On applique la loi Gayssot et on envoie ce type aux oubliettes.

Cependant on sait comment le capitalisme adore les provocateurs du genre d’Alain Soral, qui proposent des voies de garage, qui cherchent à dévier la colère du peuple. Les associations juives qui se sont réjouies de l’arrestation d’Alain Soral feraient malheureusement mieux de se préparer au contraire à une énorme vague d’antisémitisme qui va profiter de l’aura que celui-ci a obtenu avec cette affaire. Alain Soral est clairement réactivé par le régime. Il est remis en selle afin de diffuser son poison et de faire des Juifs le paratonnerre de la colère populaire.

Ce n’est pas tout. En collant sur le dos d’Alain Soral une « provocation aux crimes et délits portant atteinte aux intérêts de la nation », le gouvernement introduit cette forme très rare dans la banalité de la répression. On en a déjà entendu parler au moment des gilets jaunes, mais ce n’était guère sérieux. On parle en effet du principe de violence collective de nature à mettre en péril les institutions de la République. C’est quelque chose de bien particulier mais là on est dans une démarche assumée de la part du gouvernement de faire en sorte de le généraliser.

Alain Soral a servi ici également de marche-pied à la répression future, car on peut évidemment s’attendre à d’autres accusations du même genre. Surtout qu’il y a le coup du « non suivi d’effet ». Avec une telle expression juridique, on peut justifier tout et n’importe quoi. Une ligne comme quoi il faut un soulèvement populaire pour renverser le régime, ce qu’on va trouver sur tout site d’extrême-Gauche… et on pourra faire l’accusation de « provocation aux crimes et délits portant atteinte aux intérêts de la nation ».

Alain Soral sert ici sur tous les tableaux. Il pousse à la division des masses et ses provocations servent à préparer le terrain à la répression. C’est précisément à cela qu’on reconnaît qu’il relève du fascisme.

Catégories
Politique

La crise du covid-19 en Guyane révèle le rouleau compresseur capitaliste

Alors que l’épidémie de coronavirus n’arrête pas de s’étendre en Guyane, le premier ministre Jean Castex s’est rendu ce dimanche 12 juillet dans la région. Resté seulement huit heures sur place, cela ne fut qu’une simple formalité en plus pour réaffirmer sa stratégie de combat anti-social, anti-populaire.

Jean Castex prouve son mépris pour les Guyanais en parlant de ce département comme d’une « île », réitérant la lourde erreur déjà effectuée par Emmanuel Macron en mars 2017. Cette « bourde » n’est en rien anecdotique : elle révèle combien la bourgeoisie française gère les régions d’outre-mer comme quelque chose à la marge, les délaissant en bonne partie.

La situation du covid-19 en est encore une triste illustration, avec près de 5 949 cas confirmés sur 268 700 habitants. La région ne compte que trois hôpitaux pour une trentaine de lits de réanimation et environ 600 médecins en activité. Un système de santé déjà mis à bout avec l’afflux de malades déjà atteints par le paludisme, la dengue ou la tuberculose.

Jean Castex a ainsi beau dire que « la Guyane est un territoire de la République comme un autre », il n’en est rien. Si tel était le cas, l’annonce de la fin de l’état d’urgence au 10 juillet n’engendrerait pas insouciance en métropole alors que la Guyane et Mayotte sont sous ce régime d’exception sanitaire jusqu’au 30 octobre.

Cela ne fait d’ailleurs aucunement illusion pour Yvane Goua, porte-parole du « collectif Mayouri Santé Guyane » qui déclarait ne rien attendre de la visite d’un premier ministre faisant l’aller-retour dans la journée, et précisait que :

« aujourd’hui, par habitant, je parle bien par habitant, en termes d’impact du virus, on est au-dessus de la Chine, on est au-dessus de l’Italie et pourtant on a pas les moyens en adéquation. On a 20 personnes qui arrivent par semaine, alors qu’il manque en fait aujourd’hui 300 à 400 professionnels soignants en Guyane »

Car trois ans après une importante vague de protestations, l’accord signé avec le gouvernement français n’a pas abouti à satisfaire les revendications.

Au mois de mars et avril 2017, le collectif Toukan (« 500 frères »), l’UTG (Union des Travailleurs Guyanais) et le collectif « Pou La Gwiyann dékolé » (Pour le développement de la Guyane) menaient une vague de grèves, dressant à des endroits des barricades pour réclamer, outre la lutte contre l’insécurité, l’immigration incontrôlée liée à l’orpaillage illégal, la création d’un CHU et la gestion publique du centre Centre médico-chirugical de Kourou situé à proximité de la base de lancement spatiale.

L’accord signé le 21 avril 2017 n’a toujours pas été mis en œuvre et c’est pourquoi, d’ailleurs, Emmanuel Macron s’était rendu dans la région en octobre, se disant attentif à a la situation. Et depuis ? Depuis rien. Adrien Taquet, secrétaire d’État chargé auprès du ministère de la santé, restait encore bien évasif à propos de la demande du CHU en Guyane lors d’une session parlementaire en octobre 2019.

Dans ce contexte comment ne pas être offusqué, pour ne pas dire révolté, lorsqu’on entend Jean Castex déclarer :

« je viens avec la volonté de préparer la France à une éventuelle deuxième vague mais en préservant la vie économique, la vie sociale »

L’ordre du jour est clair pour ce gouvernement : c’est la poursuite coûte que coûte du capitalisme, à marche forcée, envers et contre toutes les attentes populaires. La Guyane demande pourtant une très grande aide pour faire face à la fois à la situation sanitaire actuelle posée par le covid-19, mais aussi pour son développement social en général.

Dans une région où plus de 20 % des gens sont privés d’emplois et environ 25 % sans couverture sociale, le re-confinement de certains quartiers les plus pauvres va être dramatique. Alors que l’occupation moyenne d’un logement en métropole est de 2,3 personnes, en Guyane elle est de 3,4 personnes. C’est près d’un tiers de la population qui subit le mal-logement lié au surpeuplement….

La visite éclair du premier ministre Jean Castex prouve bien toute l’arrogance d’une personnalité technocratique, placée par en haut et n’étant là que pour gérer, de la manière la plus ferme et placide, la continuité du capitalisme français. Soit les masses populaires prennent conscience de la situation et tentent de résister, soit c’est un terrible rouleau compresseur qui va s’écraser sur elles, qui s’écrase déjà sur elles…

Catégories
Politique

Le premier ministre Jean Castex à la tête d’un gouvernement de combat

Le nouveau premier ministre Jean Castex a présenté sa ligne « dure » en répondant aux questions des deux principales forces symboliques de la France de 2020, BFMTV et le Parlement.

Quel symbole que Jean Castex passe d’abord sur BFMTV (couplé à la radio RMC) pour présenter son programme d’activité, pour ensuite aller à l’Assemblée nationale puis au Sénat en faire de même. La grande idée qu’il a fait passer, à BFMTV, c’est que s’il y a un reconfinement, il serait « ciblé », car la vie économique et la vie sociale ne tiendraient sans cela pas le coup. C’est là se faire le porte-parole du capitalisme le plus agressif.

Il a ensuite été très clair à ce sujet à l’Assemblée nationale lors de sa présentation de politique générale :

« Il n’aura échappé à personne, et en particulier en particulier à vous même, que ce nouveau gouvernement entre en fonctions dans un contexte très particulier. Une crise, une crise sanitaire d’une ampleur exceptionnelle qui n’est pas terminée.

Une crise économique et sociale qui a déjà commencé et qui s’annonce comme étant sans doute la plus difficile que la France, l’Europe et le monde auront à affronter depuis la crise  de 1929 (…).

J’ai l’honneur. J’ai l’honneur de diriger ce gouvernement, qui sera un gouvernement de combat. »

Comme c’est un combat, il faut bien un adversaire et il est tout trouvé : ce sont les masses populaires. En effet, Jean Castex dit lui-même que le covid-19 est momentanément hors de combat en France. Il faut bien alors un autre ennemi… dans le combat qui va être de « redresser l’économie ». Quelqu’un doit payer, pour autant que cela suffise. Ce ne sera pas la bourgeoisie, cela sera donc les masses populaires, qu’il faudra au préalable briser, car la révolte ne manquera pas lorsque la casse sociale va se systématiser.

Ce qui est ici d’ailleurs terrible, c’est que Jean Castex dit ouvertement que l’économie va être démolie, qu’il éduque donc parfaitement les bourgeois qui eux l’écoutent, alors que la Gauche au sens le plus large possible le critique simplement comme quelqu’un de Droite, comme si rien n’avait changé par rapport à il y a six mois. Il y a très clairement un espoir de stabilité relative, le souhait qu’Emmanuel Macron et Jean Castex fassent le sale boulot et qu’après il soit possible de profiter du mécontentement provoqué.

C’est là une absence totale de réalisme. Le « mécontentement » amènera le succès de l’extrême-Droite. Ce qui fait avancer la Gauche, c’est l’élévation du niveau de conscience. Et là, les gens sont désarmés par rapport à ce qu’il va arriver. Il suffit pour cela de regarder un simple détail : les masques. Ceux qui les portent n’ont, le plus souvent, que des masques de bloc opératoire, qui sont esthétiquement moches. C’est incompatible avec le style français si rigoureux.

Mais les gens n’achètent ou ne fabriquent pas, pour la plupart, de jolis masques, car ils pensent que la situation de crise sanitaire ne se prolongera pas, que le capitalisme est invincible et que tout va redémarrer, que tout va reprendre.

Comment la Gauche pourra-t-elle surnager dans la désillusion à venir, dans le désenchantement des gens envoûtés par le capitalisme ayant occupé tous les horizons de leurs esprits ? Il y a ici un travail culturel immense à mener, une grande bataille des valeurs. Et l’un des aspects essentiels de cela, c’est de rappeler que la crise est mondiale et qu’elle se fonde sur la destruction de la Nature. Si on ne part pas de là, on n’arrive nulle part pour la Gauche.

Catégories
Politique

Remaniement: un gouvernement Jean Castex prêt pour la guerre sociale

Emmanuel Macron avait expliqué juste avant le remaniement ministériel que la rentrée sera difficile et qu’il fallait s’y préparer, précisant que l’économie du pays allait connaître des faillites et des plans sociaux multiples. Dès le lendemain Le Figaro, le quotidien faisant référence chez les éléments les plus sérieux de la bourgeoisie, a publié et mis en avant une analyse précisant le dessin de cette rentrée :

« Pronostiquer qu’elle sera «difficile» est au mieux un euphémisme, au pire une lapalissade. La rentrée de septembre, de l’avis de tous les experts, va être bien pire, c’est-à-dire apocalyptique ».

Les considérations de la bourgeoisie à propos de la crise à venir ne présentent en effet aucune ambiguïté. La facture va être salée, mais il est hors de question pour elle de payer alors il va falloir cogner fort pour que ce soit chaque travailleur et chaque chômeur qui en assume les conséquences. Il faut donc s’attendre à des licenciements bien sûr, mais aussi des chantages à l’emploi menant à des appels à se « serrer la ceinture », à travailler plus, plus longtemps, à renoncer à de soi-disant « avantage », à des acquis disparaissant, etc.

Emmanuel Macron imagine pouvoir tirer son épingle du jeu dans cette situation, en prenant lui-même la barre du navire. Il a donc besoin pour cela d’un gouvernement aux ordres, qui ne reculera pas devenant une telle tâche, tout en lui laissant suffisamment de latitude pour arrondir les angles, en tous cas en surface.

Jean Castex est de ce point de vue l’homme de la situation comme premier ministre. Technicien dévoué de l’appareil d’État, appartenant formellement à la Droite donc n’ayant pas peur d’assumer la guerre sociale, il saura cogner fort, sans craindre pour sa propre image. Emmanuel Macron se réserve quant à lui les grandes déclarations et autre subtilités politiques. D’ailleurs, Jean Castex devra attendre longtemps pour faire son discours de politique générale, qui ne pourra avoir lieu qu’après le discours du 14 juillet du président. Ce sera quasiment dix jours après la nomination de son gouvernement, ce qui symboliquement est lourd de sens.

Ce que cela signifie de manière très claire, c’est qu’on a un gouvernement qui se doit d’être aux ordres, qui est là pour servir directement et rapidement en vue de la crise qui s’annonce à la rentrée. Nulle question pour les ministres de « s’installer » dans leur fauteuil et de s’imaginer travailler leurs dossiers, leur ligne politique, leur image, etc. Le gouvernement passe, au sens strict, au second plan, dans ce qui une application stricto sensu de la logique la 5e République mise en place par le coup d’État du Général de Gaulle.

Le régime se démasque entièrement.

On a au gouvernement, dans l’ordre protocolaire :

le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, centriste issue de la Gauche, bien en place depuis 2017 et qui ne fera pas de vague.

la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, figure inoffensive de l’opportunisme politique à la Française, provenant d’EELV et ayant rallié Emmanuel Macron depuis le début. Elle saura ne pas s’immiscer dans la grande casse sociale qui s’annonce, tout en torpillant vaguement le terrain électoral pour EELV.

– le ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports Jean-Michel Blanquer, déjà suffisamment impopulaire pour ne pas causer spécialement de remous, tout en appliquant à la lettre la ligne de conduite.

– le ministre de l’économie, des Finances et de la Relance Bruno Le Maire, homme de droite appliquant depuis 2017 une politique de droite, figure bourgeoise, qui prépare déjà depuis plusieurs semaines la « relance économique ».

la ministre des Armées Florence Parly, elle aussi en place depuis le début, personnalité discrète mais parfaitement au cœur des préoccupations militaires françaises, que ce soit au Sahel, pour les essais de missile à capacité nucléaire ou plus récemment au sujet de la Libye avec les tensions grandissantes entre la France et la Turquie.

– le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, anciennement ministre du budget, promu à l’Intérieur pour assumer une posture rigide et directive alors que les tensions sont nombreuses au sein de la police. Il est une figure de droite, sachant ne pas se couper des préoccupations populaires avec des élucubrations « sociétales », comme l’avait trop fait Christophe Castaner. Son rôle sera ni plus ni moins que de savoir cogner si la situation l’exige et cela n’aura rien à voir avec les prétendues « violences policières » que l’on a vu jusqu’à présent.

– la ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion Elisabeth Borne, qui était depuis l’an passé la ministre pour le moins discrète de la Transition écologique et solidaire. Alors que son ministère est censé être au cœur de l’actualité sociale, cette cadre d’État (Collège des ingénieurs, élève de Polytechnique, passée par la SNCF, Eiffage ou la RATP, ancienne préfète et directrice de cabinet) saura également appliquer comme il se doit la politique de guerre sociale.

On a ensuite, avec la même logique :

– le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu ;

la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales Jacqueline Gourault ;

– la ministre de la Culture Roselyne Bachelot ;

– le ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran ;

le ministre de la Mer Annick Girardin ;

le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation Frédérique Vidal ;

le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation Julien Denormandie ;

la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques Amélie de Montchalin.

et bien sûr le Garde des Sceaux, ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti.

La nomination de ce dernier est un scandale de haute volée et l’annonce de la liquidation de l’appareil juridique, au nom du triomphe du libéralisme. Lire à ce sujet : Éric Dupond-Moretti ou le nihilisme juridique au ministère de la Justice

Catégories
Politique

Jean Castex nouveau premier ministre: la ligne de la confrontation

Maître d’œuvre du déconfinement, Jean Castex a été nommé pour son caractère symbolique. Le capitalisme sait qu’une marche forcée s’impose et c’est le signal de l’écrasement du peuple, qui doit être saigné à blanc pour la relance.

Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, est décidément un grand liquidateur. À la suite des municipales, il a annoncé que le candidat de la Gauche aux présidentielles viendrait de l’écologie. Et à la nomination du nouveau premier ministre, il a fait un message sur Twitter disant :

« Avec la nomination de @JeanCASTEX le Président de la République confirme sans surprise son cap. Le jour d’après sera de droite comme le jour d’avant. Salutations républicaines à l’ancien et au nouveau Premier ministre. »

Qu’Olivier Faure n’ait pas compris qu’il n’y aura pas de « jour d’après » et que la crise ne fait que commencer, cela fait partie de sa vision du monde sociale-réformiste. On peut l’entendre. Mais s’imaginer forcé d’en rajouter dans les « salutations républicaines » à Jean Castex, c’est une faute politique ouverte.

En effet, à moins d’élargir le concept de République à tout et n’importe quoi, la nomination de Jean Castex est par définition même en opposition au principe de volonté du peuple et de chose publique. Marine Le Pen s’est d’ailleurs engouffrée dans la brèche en affirmant que personne ne sait ce que pense politiquement Jean Castex.

Car Jean Castex, c’est l’anti-politique. C’est un cadre étatique qui ne pense pas : il fait ce qu’on lui demande. S’il appartient à la Droite, il n’a ni corpus de pensée, ni engagement. Il est sorti du chapeau magique de l’appareil d’État. Personne ne le connaît, personne ne sait le définir politiquement. C’est le contournement du peuple par essence même.

Et qu’on ne dise pas que Jean Castex est maire de Prades, une commune de 6000 habitants, et que cela en fait un homme politique. C’est un petit à côté, c’est pour la forme. C’est un technicien de l’État ayant fait Sciences Po et l’ENA, passant par la Cour des comptes, la direction des affaires sanitaires et sociales du Var, le secrétariat général de la préfecture du Vaucluse, la présidence de la Chambre régionale des comptes d’Alsace, la direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins au ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale, la direction du ministère de la Santé, la direction du ministère du Travail.

Il fut finalement secrétaire général adjoint de l’Élysée de Nicolas Sarkozy (Emmanuel Macron sera l’un de ceux de François Hollande). Ensuite, il est délégué interministériel aux Jeux olympiques et paralympiques de 2024 à Paris, délégué interministériel aux grands événements sportifs et depuis avril 2019 le président de la nouvelle Agence nationale du sport. Au début du mois d’avril 2020, c’est lui a coordonné le travail de « réflexion » gouvernementale sur le déconfinement.

Tout cela lui fait un salaire de 200 000 euros par an. C’est l’exemple même du cadre de l’appareil d’État. Et c’est pour cela qu’il a été nommé. Organisateur du déconfinement, sa nomination est un signe de l’État aux capitalistes : on assume le déconfinement, on va rétablir l’économie à marche forcée.

En réalité, il n’y aura aucun rétablissement de l’économie. Mais il y aura la marche forcée. Jean Castex a été nommé comme annonce de celle-ci. L’homme du déconfinement arrive. Le déconfinement s’impose, coûte que coûte. Il faut arriver au jour d’après. Cela tombe bien la CGT est d’accord, le PS est d’accord, une partie de la Gauche est d’accord ! La partie décadente de la Gauche.

Car la vraie Gauche sait qu’il n’y aura pas de jour d’après. Le covid-19, c’est l’ouverture de la crise écologique, c’est un ébranlement immense du capitalisme. On rentre dans une période extrêmement troublée. Avec Jean Castex, les capitalistes annoncent la couleur. Si on n’a pas rapidement une grève exemplaire comme marqueur pour le peuple, cela va être le rouleau compresseur.