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Politique

La Gauche historique ne fantasme pas sur la « grève générale »

L’anarchisme, l’anarcho-syndicalisme : une plaie dans notre pays.

Ce 7 mars 2023, les syndicats visent à organiser en France une vaste grève. Cette grève n’est pas organisée selon les principes de la Gauche historique. Elle relève de l’économisme, du trade-unionisme, c’est-à-dire du réformisme, dans son alliance à l’anarcho-syndicalisme qui rêve qu’une « grève générale », soit le prélude du « grand soir ». On est là dans le mythe mobilisateur théorisé par Sorel et tous les « socialistes français » rejetant le marxisme.

Rosa Luxembourg rappelle, dans Grève de masse, parti et syndicat, écrit en 1905, que la Gauche historique ne conçoit le mouvement ouvrier qu’à travers le prisme de la conscience politique. Elle nous dit de la position historique de la social-démocratie, du marxisme :

« Elle est dirigée contre la théorie anarchiste de la grève générale qui oppose la grève générale, facteur de déclenchement de la révolution sociale, à la lutte politique quotidienne de la classe ouvrière.

Elle tient tout entière dans ce dilemme simple : ou bien le prolétariat dans son ensemble ne possède pas encore d’organisation ni de fonds considérables – et alors il ne peut réaliser la grève générale – ou bien il est déjà assez puissamment organisé – et alors il n’a pas besoin de la grève générale.

Cette argumentation est, à vrai dire, si simple et si inattaquable à première vue, que pendant un quart de siècle elle a rendu d’immenses services au mouvement ouvrier moderne, soit pour combattre au nom de la logique les chimères anarchistes, soit pour aider à porter l’idée de la lutte politique dans les couches les plus profondes de la classe ouvrière.

Les progrès immenses du mouvement ouvrier dans tous les pays modernes au cours des vingt-cinq dernières années vérifient de la manière la plus éclatante la tactique de la lutte politique préconisée par Marx et Engels, par opposition au bakouninisme : la social-démocratie allemande dans sa puissance actuelle, sa situation à l’avant-garde de tout mouvement ouvrier international est, pour une très grosse part, le produit direct de l’application conséquente et rigoureuse de cette tactique. »

Dans ce même ouvrage, Rosa Luxembourg constate qu’en Russie un nouveau phénomène est apparu, qui exige de recalibrer la notion de grève. Il y avait en effet, dans toute la période menant aux deux révolutions russes de 1917, de multiples grèves. Mais elles avaient un caractère contestataire visant le régime et c’est pourquoi Rosa Luxembourg parle de « grève politique de masse ».

Ce qui se passe en France n’a rien à voir avec un tel mouvement secouant le régime. On est dans le réformisme, purement et simplement.

La Gauche historique, celle qui s’appuie sur la social-démocratie et le marxisme, refuse d’accorder une valeur à un tel réformisme qui rejette le Socialisme comme objectif incontournable.

Elle n’accepte pas non plus une ligne populiste visant à « manipuler » les travailleurs pour qu’ils passent sans s’en apercevoir de revendications au camp du socialisme – comme si une telle chose était possible.

Cette conception d’amener les travailleurs comme malgré eux dans le camp du Socialisme est celle, trompeuse, mensongère, du réformisme à prétention « révolutionnaire », du trotskisme avec le « programme de transition ». C’est une négation de l’importance de la conscience, et ce d’autant plus dans un pays comme la France où règne le 24 heures sur 24 du capitalisme.

La Gauche historique affirme que tout dépend du niveau de conscience. Dans son fameux ouvrage Que faire?, en 1902, Lénine salue comment le dirigeant de la social-démocratie Karl Kautsky valorise la conscience, lui reconnaissant le rôle central. Et il pose que :

« Du moment qu’il ne saurait être question d’une idéologie indépendante, élaborée par les masses ouvrières elles-mêmes au cours de leur mouvement , le problème se pose uniquement ainsi : idéologie bourgeoise ou idéologie socialiste.

Il n’y a pas de milieu (car l’humanité n’a pas élaboré une « troisième » idéologie ; et puis d’ailleurs, dans une société déchirée par les antagonismes de classes, il ne saurait jamais exister d’idéologie en dehors ou au-dessus des classes).

C’est pourquoi tout rapetissement de l’idéologie socialiste, tout éloignement vis-à-vis de cette dernière implique un renforcement de l’idéologie bourgeoise.

On parle de spontanéité. Mais le développement spontané du mouvement ouvrier aboutit justement à le subordonner à l’idéologie bourgeoise, Il s’effectue justement selon le programme du Credo, car mouvement ouvrier spontané, c’est le trade-unionisme, la Nur-Gewerkschaftlerei ; or le trade-unionisme, c’est justement l’asservissement idéologique des ouvriers par la bourgeoisie.

C’est pourquoi notre tâche, celle de la social-démocratie est de combattre la spontanéité, de détourner le mouvement ouvrier de cette tendance spontanée qu’a le trade-unionisme à se réfugier sous l’aile de la bourgeoisie, et de l’attirer sous l’aile de la social-démocratie révolutionnaire. »

La question est politique, toute question est politique. Une grève sur une base économique peut exister, mais en dernier ressort elle dépend d’une orientation politique : les syndicats sont une courroie de transmission du Parti menant au Socialisme.

Sinon, tout se joue dans le cadre du capitalisme et, en dernier ressort, sert le capitalisme pour trouver des manières de se ré-impulser, de se relancer!

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Restructurations économiques

La grève du 7 mars 2023 sera un échec, car anti-historique

On n’avance pas à rebours de l’Histoire.

Le 7 mars 2023 est censé être le point culminant du mouvement contre la réforme gouvernementale des retraites. Depuis quinze jours, cette date est présentée comme celle de la mobilisation générale, de la grande bataille. Le 2 mars, les secrétaires généraux de cinq fédérations CGT (Ports et Docks, Cheminots, Industries chimiques, Verre et Céramique et Mines-Energie) se sont même réunis au siège de la centrale syndicale, à Montreuil, pour annoncer qu’il s’agit « de mettre à genoux l’économie française ».

« Ce qui va se passer à partir du 7 est hors du commun » a même osé Jean-Luc Mélenchon.

Est-ce possible ? Le 7 mars 2023 sera-t-il caractérisé par une déferlante de grèves et de mouvements de lutte ?

La réponse est non. Tout cela relève de la fiction syndicaliste-révolutionnaire, c’est une tromperie bien française. Les Français aiment se mentir à eux-mêmes !

Il faut une preuve ? En voici quatre !

La première preuve : l’état d’esprit

La grève ne doit pas avoir lieu que le 7 mars. Elle est censée se dérouler en continu par tranche de 24 heures. C’est-à-dire que le syndicalisme révolutionnaire se la joue à la « révolution permanente ».

On est là dans un maximalisme revendicatif. Or, si on regarde la société française, on ne voit rien chez les gens indiquant un niveau de tension corroborant un épisode majeur dans la société.

Pour un conflit, il faut des acteurs, et on ne voit pas du tout des travailleurs français prêts à l’affrontement jusqu’au boutiste.

La deuxième preuve : Dassault

La première preuve semblera trop idéologique pour certains. Alors regardons ce qui se passe avec un exemple concret. Il y a un important mouvement de grève en ce moment chez Dassault. Sont concernés toutes les usines de cette entreprise d’armement, avec également les sous-traitants de mobilisés.

C’est une lutte réelle, avec de l’agitation, des blocages dans les 3/4 des usines, un état d’esprit qui remue et est revendicatif. Niveau revendication, justement, il est exigé 6 % d’augmentation et 250 euros brut.

Anthony Dupuy, délégué syndical CGT Dassault Mérignac dit que c’est dans l’ordre des choses :

« Notre demande est tout à fait acceptable, car le carnet de commandes est plein pour les dix prochaines années. Nous demandons un meilleur partage des richesses ! »

On a donc des ouvriers qui sont… très contents de travailler pour le capitalisme, de produire des armes, de produire des armes qui se vendent, et qui veulent leur part du gâteau.

Jamais de tels travailleurs n’iront au conflit général avec le capitalisme. C’est mal parti donc pour un mouvement de conflictualité qui déborde le cadre institutionnel…

Il y aura du remue-ménage, mais il n’est dans l’intérêt de personne que les choses aillent trop loin. Le 7 mars 2023 vise à « sauver » le cadre institutionnel des retraites, voilà tout.

La troisième preuve : le niveau

Il ne faut pas se leurrer sur le niveau des travailleurs français et des Français en général. C’est l’effondrement culturel généralisé, la passivité dans la corruption capitaliste, un esprit régressif tendant au niais.

Et à gauche tout ce qui existe est simpliste, anti-culturel, anti-intellectuel. Soit dans une version beauf, soit dans une version LGBT moderniste, mais cela ne change rien à la substance de la chose.

Même chez les jeunes il n’y a rien à sauver. Les jeunes sont vifs, mais ils n’ont pas de culture et se laissent aller à suivre le cours des choses. Ils ne veulent surtout pas heurter ou entrer en conflit.

Comment peut-on être jeune et mettre l’amour au même niveau que la retraite à 60 ans ? Humainement, quel désastre.

La quatrième raison : la restructuration économique

Le capitalisme est ce qu’il est. En l’occurrence, le capitalisme français est imbriqué dans le capitalisme américain, et l’heure est à la guerre contre la Russie.

Tout cela demande un certain budget et il faut procéder, en fonction, à une restructuration économique. La question a bien sûr déjà été abordée ici.

Donc tout le délire d’une « bataille pour le repartage des richesses » sans rien contextualiser, à caricaturer le président Emmanuel Macron comme un vilain, à dénoncer les milliardaires qui ne partagent rien, c’est du cinéma.

Il n’y a pas de bataille pour le « repartage » des richesses sans affrontement avec la bourgeoisie. Mais comme personne ne la veut, personne ne mentionne cette classe et préfère parler des milliardaires et de l’affreux gouvernement, en espérant grapiller…

Grapiller quoi ? Des miettes. Ce que le capitalisme voudra bien donner pour assurer la paix sociale, le consensus afin d’aller à l’affrontement militaire contre la Russie.

Et sinon ? Sinon ce sera la violence contre les travailleurs, le fascisme pour porter la guerre aux visées impériales.

Alors, franchement, le 7 mars, il ne tient pas debout. C’est une vantardise anti-historique, une tromperie, qui s’associera aux multiples gueules de bois de plus de la société française et surtout des travailleurs.

Travailleurs qui vont alors s’empresser… d’encore plus pour voter pour l’extrême-Droite. L’absence de substance du 7 mars 2023 est le rêve éveillé de Marine Le Pen pour la prochaine présidentielle.

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Restructurations économiques

La nature de la réforme des retraites

Pas un choix, mais une nécessité pour la bourgeoisie.

Sur agauche.org, la position a été claire depuis le début : la contestation actuelle de la réforme des retraites relève du passé. Elle illustre un monde militant en déliquescence, qui ne sait plus que se rattacher aux miettes de la puissance française.

Pour autant, il n’en reste pas moins vrai que la réforme des retraites représente en soi une offensive de la bourgeoisie française. Elle exprime la restructuration du capitalisme français dans un tout nouveau contexte, non pas celui des années 1990-2000, mais bien de celui né du grand dérèglement produit par la pandémie de Covid-19.

C’est là que l’on voit que les contestataires sont des opportunistes car ce qu’ils contestent c’est précisément le fait que cette réforme illustre le grande chamboulement des choses, la déstabilisation de la puissance française qui n’a dorénavant plus le choix que d’aller à la confrontation intérieure et extérieure.

Non pas simplement dans une optique d’anticipation budgétaire, comme cela pouvait être le cas avant 2020, mais bien plus dans le but de la survie même du mode de vie capitaliste en France.

La réalité des faits est la suivante : la pandémie de Covid-19 a obligé à des dépenses économiques et sociales faramineuses tout en accentuant les antagonismes entre capitalismes nationaux.

Depuis lors, il s’agit de rester dans la course en conservant la capacité de financement du train de vie des pays riches pour assurer la paix intérieure tout en se militarisant pour limiter la perte des zones d’influences prisées par le bloc russo-chinois, principalement la superpuissance chinoise.

Une tendance vieille comme le capitalisme en crise : la paix intérieure pour la guerre à l’extérieur. Mais contrairement au siècle passé, le capitalisme vomit tellement de richesses qu’il ne peut plus vivre, paradoxalement, qu’à coup de crédits.

C’est ce qui a été expliqué par l’économiste libéral Alain Minc, comme quoi la réforme des retraites est là pour assurer la capacité d’endettement de la France à un niveau soutenable. Cela est tout à fait juste et exprime bien en quoi elle est liée historiquement au « quoi qu’il en coûte » de la période 2020-2021. La réforme des retraites n’est pas « imposée » par les marchés financiers, elle est rendue nécessaire par la configuration même du capitalisme entré en crise générale en 2020.

Mais en période de crise du capitalisme, à la capacité financière s’ajoute une autre nécessité de toute grande puissance, la capacité militaire. A ce titre, une commentatrice déclarait sur la chaine télévision LCI à propos du manque de munitions occidentales en direction de l’Ukraine la chose suivante :

« Certains choix budgétaires ont prix le dessus sur la défense. On a choisi dans nos sociétés, surtout en France mais aussi dans certains autres pays européens, on a dit que qu’en ces temps de dividende de la paix [période d’après la chute de l’URSS] où la guerre n’était plus concevable, où l’Europe allait pour toujours vivre en paixle budget devait se concentrer sur les dépenses sociales et donc maintenant on est vraiment dans la merde. Parce qu’on est face à un choix absolument cornélien, c’est-à-dire que la France endettée comme on l’est n’a pas les moyens de fournir l’effort de défense qu’il faudrait pour se réarmer et récupérer notre niveau d’antan et pouvoir répondre de manière conséquente à toutes les crises qui nous menacent, et je pense que celle d’Ukraine n’est que la première, après on risque d’avoir la crise iranienne et la crise Chine-Taïwan, on aura pas les moyens suffisant pour gonfler le budget de défense et de garder le niveau d’aides et de dépenses sociales qui est le notre. »

Le gouvernement aurait pu assumer entièrement cette position, tant les français sont attachés au modèle pavillon-consommation. Quoi de plus simple que dire aux français que s’ils veulent conserver leur taux de crédit pour devenir propriétaire et avoir une belle voiture équ’il faut passer par le fait de travailler deux ans de plus tout en acceptant le renforcement militaire ?

Et quoi de plus simple si une crise parlementaire intervenait avec dissolution de l’Assemblée nationale que de dire : qui est responsable ? Voulez-vous payer trois fois plus cher votre emprunt immobilier car la France est en train de perdre toute crédibilité financière ?

Car les français sont piégés, ou plutôt ils se sont auto-piégés en acceptant les règles du mode de vie capitaliste alors même que la situation issue de la pandémie de covid-19 va toujours plus les mettre sous pression pour continuer à bénéficier de ce mode de vie dont ils n’osent pas se séparer. Ils veulent la paix intérieure, c’est-à-dire qu’ils veulent conserver à tout prix le mode de vie qui pourtant les précipite dans l’abime de part ce qu’il implique historiquement – militarisation et restructuration anti-sociale.

Les français sont de bout en bout des petits-bourgeois. Pour eux, il n’y a pas vraiment de crise, les riches se gavent et la dette ne seraient que des choses abstraites sans rapports avec la réalité, la pandémie aurait montré qu’on peut « générer » de l’argent sans aucunes conséquences, etc., etc.

Et les contestataires de la réforme des retraites ne les aident pas à sortir de l’ornière. Car ils soulèvent une pierre trop grosse pour eux, ils se heurtent à un problème qu’ils refusent de traiter pour ce qu’il est : l’illustration de la crise du capitalisme français. Historiquement, ils apparaissent comme des brouilleurs de la prise de conscience historique.

Quand on voit que leur seule perspective c’est la « taxation des ultra-riches » sur fond d’acceptation totale du mode de vie bourgeois, ces gens ne peuvent que nous précipiter dans les bras de l’extrême-droite par leur incapacité même d’assumer la crise.

Du fait de sa nature, la réforme des retraites devrait se heurter non pas à une contestation syndicale du type de celle qui existe depuis 40 ans en France, mais à une grève politique de masse. Elle devrait être le prélude à une remise en cause générale du mode de vie occidental, à la perspective de la prise du pouvoir par le peuple à tous les niveaux pour transformer de fond en comble le mode de vie capitaliste.

Cela passe par une nouvelle conscience, une conscience de la crise du capitalisme et de sa sortie historique, le Socialisme.

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Société

Retraites: une moindre mobilisation le 16 février 2023

Minimum syndical pour les syndicats.

Le gouvernement parle d’un demi-million de personnes tandis que la CGT se vante d’1,3 million de manifestants. Le fait est en tous cas que la mobilisation du 16 février 2023 contre la réforme des retraites était la plus faible depuis le début du mouvement. En baisse d’environ 50% pour la plupart des villes, avec une baisse encore plus importante en ce qui concerne les rares secteurs en grève.

Il y a le ronronnement syndical, avec la base habituelle constituée de fonctionnaires, travailleurs d’entreprises publiques ou semi publiques, ou bien de gens travaillant dans le « social ». 

Les responsables syndicaux ont misé sur la carte « gilets jaunes » en se rendant collectivement à Albi pour manifester, ce qui est censé représenter la France des petites villes, pas des grandes métropoles. Il y a également le fait que c’est une ville historique pour la figure socialiste (à la française) Jean Jaurès.

Soyons clairs et appelons les choses par leur nom. Cela n’a rien de massif et encore moins de populaire. C’est la vieille France, s’imaginant de gauche, en réalité surtout biberonnée d’argent public et au mode de vie petit-bourgeois assumé, qui s’accroche au vieux monde. 

Quel symbole d’ailleurs que ce soit les retraites qui servent ici de prétexte ! On est là au degré zéro de l’utopie, de la volonté de changer le monde. Quoi de plus ronflant que d’avoir comme ambition sociale..  d’arrêter de travailler le plus tôt possible pour profiter d’une rente à vie…

C’est ringard, complètement à côté de la plaque historiquement. Surtout quand les puissants de ce monde, à commencer par le gouvernement français, se dirigent tout azimut vers la 3e guerre mondiale, et font la guerre à la Russie.

Toujours est-il que les yeux sont rivés sur le 7 mars prochain. Ce sera en effet la date décisif pour ce mouvement. On verra alors si la France est perméable à l’agitation syndicale, ou bien si elle laisse faire les libéraux du gouvernement.

Dans les deux cas, c’est hors contexte. L’Histoire se joue ailleurs. Et pour l’instant, rien ne laisse présager que la France, grande puissance en déclassement général, en fasse partie autrement que comme cible du tiers-monde.

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Société

Succès sans esprit des manifestations du 11 février 2023

C’est plein de vide.

Le mouvement contre la réforme des retraites a obtenu un réel succès le 11 février 2023. Ce n’est pas seulement qu’il y a eu davantage de manifestants que les 19 janvier et 7 février (mais pas que le 31 janvier), qu’un réel élan dans plusieurs villes, notamment Caen, Toulon, Rennes, Paris, Angers, Le Mans.

On parle ici d’au moins un million de manifestants, d’au maximum un peu plus du double, et dans pratiquement 200 villes. Ce sont des chiffres significatifs, qui permettent aux syndicats de continuer à poser ce mouvement comme la seule actualité du pays.

Très bien ! Que tout ce vieux monde occidental continue à s’y croire, qu’il aille jusqu’au bout dans son décalage avec la réalité historique. Il ne s’en effondrera que d’autant mieux.

Car comment expliquer sinon qu’un mouvement rassemblant autant de monde, autant de quantité, n’exprime strictement rien sur le plan politique, sur le plan de la qualité ?

Le fait est que, comme c’est un simulacre de lutte de classe, comme c’est un combat corporatiste plus qu’autre chose, c’est improductif. Cela ne donne naissance à rien, cela ne produit rien.

Pire encore, ce mouvement est le produit de quelque chose: de la corruption par le capitalisme de gens qui ont réellement, même quand ils sont adolescents, la retraite comme seul horizon.

Aucun rêve, aucune envergure, aucune exigence, aucune ambition, aucune perspective, et ne parlons pas d’utopie.

D’où cette perpétuelle rhétorique syndicaliste « dure » à prétention révolutionnaire, à l’exemple du communiqué de Force Ouvrière (qui est en fait commun à l’intersyndicale)… D’où ce mythe de la grève générale, d’où le soutien par des étudiants en vadrouille s’imaginant contestataire…

Cela fait plusieurs décennies que c’est ainsi et que tous ces gens font semblant ! Pendant ce temps-là, le 24h du 24 capitalisme fonctionne parfaitement, et l’occident peut même être en guerre contre la Russie, comme c’est désormais le cas.

Quelle infâmie, quelle insulte à l’Histoire !

L’intersyndicale est prête à durcir le mouvement

Depuis le 19 janvier dernier, la population ne cesse de démontrer sa très forte détermination à refuser le projet de réforme des retraites du gouvernement à travers les grèves, les manifestations mais aussi la pétition en ligne qui a atteint un million de signatures.

Au fil des semaines, les sondages démontrent également une hausse de ce rejet massif puisque dorénavant, plus de 7 Français sur 10 et 9 travailleurs et travailleuses sur 10 se disent opposés au projet de réforme.

Ce mouvement social inédit par son ampleur est donc désormais ancré dans le paysage social. Le gouvernement, comme les parlementaires, ne peuvent y rester sourds.

Durant la poursuite des débats parlementaires, les organisations syndicales professionnelles et de jeunesse vont poursuivre la mobilisation et l’amplifier. Ainsi, elles appellent à une journée d’actions interprofessionnelles sur l’ensemble du territoire le 16 février. A cette occasion, les secrétaires généraux ou présidents des organisations syndicales manifesteront à ALBI pour appuyer l’ancrage fort de ce mouvement partout sur le territoire, dans les petites villes comme dans les plus grandes.

Par ailleurs, les parlementaires appelés à se prononcer sur ce projet de réforme doivent entendre comme le gouvernement, le mécontentement de la population, et rejeter massivement ce texte. Il en va de leur responsabilité. C’est dans ce cadre que l’ensemble des secrétaires généraux et présidents écriront à chaque parlementaire de l’arc républicain pour réaffirmer notre opposition et celle de la population. Parallèlement, nous appellerons nos structures locales à interpeler député-es et sénateurs-trices dans leurs circonscriptions.

Enfin, si malgré tout le gouvernement et les parlementaires restaient sourds à la contestation populaire, l’intersyndicale appellerait les travailleurs et les travailleuses, les jeunes et les retraité.e.s à durcir le mouvement en mettant la France à l’arrêt dans tous les secteurs le 7 mars prochain. L’intersyndicale se saisira du 8 mars, journée internationale de luttes pour les droits des femmes pour mettre en évidence l’injustice sociale majeure de cette réforme envers les femmes.

L’intersyndicale se réunira le 16 février au soir. D’ici là, elle appelle le gouvernement à retirer son projet de loi et les parlementaires à prendre leurs responsabilités face au rejet massif de la population face à ce projet injuste et brutal.

Frédéric Souillot

Secrétaire général de Force Ouvrière

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Retraites: échec de la première sur-enchère syndicaliste

Un net recul.

L’État avait compté 1,272 million de manifestants le 31 janvier 2023, mais il en compte seulement 757 000 le 7 février 2023 : c’est un échec du mouvement. Les syndicats, qui depuis des années et des années agissent mécaniquement de la même façon en multipliant des « journées d’action » pour faire monter la sauce petit à petit, ont loupé leur coup cette fois-ci.

La CGT peut bien prétendre ce qu’elle veut, en avançant 2 millions de manifestant et en parlant de « haut niveau d’engagement des travailleuses et des travailleurs du secteur privé comme du public », personne n’y croira.

Il faut dire qu’ils ne font rêver personne, avec leur style « gueulard » et leur attitude ringarde sur tous les plans. Le soutien de l’opinion publique, ils l’ont pourtant. Car la France est un pays de petits-bourgeois voulant profiter de tout, mais ne jamais rien payer. Alors la retraite à 64 ans, ils n’en veulent pas, peu importe que les comptes soient dans le rouge, ce n’est pas leur problème.

Pour autant, les syndicats ne remportent pas la mise pour l’instant face au gouvernement libéral-démocrate d’Emmanuel Macron, qui s’imagine sauver la France de la crise avec une simple réforme du système des retraites.

Tout cela n’intéresse en effet pas grand-monde dans le fond, à part les syndicalistes et tous les gens pour qui le syndicalisme est l’alpha et l’oméga de la contestation. Dans les grandes villes, il y avait quasiment moitié moins de monde par rapport au 31 janvier, avec parfois des écarts très importants comme à Marseille, avec 15 000 personnes contre 40 000 la semaine dernière. Ou à Paris avec 57 000 contre 87 000 lors de la précédente manifestation.

Il y avait également grosso modo 20 000 manifestants à Nantes et 12 000 à Saint-Nazaire, 17 000 à Brest, 11 000 à Montpellier, Lyon et Grenoble, 9 500 à Lille, Clermont-Ferrand et Bordeaux, 8200 à Tours, 7000 à Strasbourg, Nice et Bayonne, 4500 à Amiens, 3700 à Périgueux, 3400 à Roanne, etc.

Cela reste conséquent indéniablement, mais ne pèse pas lourd politiquement et culturellement, en attendant les prochaines manifestations prévues samedi 11 février.

C’est terriblement décalé sur le plan historique, par rapport à la crise. Et c’est en dessous de tout sur le plan politique, alors que la guerre mondiale se dessine concrètement chaque jour, avec l’Otan en première ligne, dont notre pays la France est un membre actif et déterminé.

Il semble que cette triste comédie, cette mauvaise farce, ce simulacre de luttes de classe, passe déjà à la trappe !

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Société

Grand succès des manifestations du 31 janvier 2023

Un triomphe pour la France réformiste.

Les manifestations du 31 janvier 2023 contre la réforme des retraites ont été un très grand succès. Selon les services des préfectures, 1,272 million de personnes sont descendues dans la rue. Les syndicats parlent de 2,8 millions de personnes.

Il y a même eu davantage de monde que le 19 janvier 2023. Les mobilisations ont été marquantes dans de très nombreuses villes, témoignant d’un vrai mouvement de fond. Grosso modo, en comptant large, il y avait 40 000 personnes au Havre, 20 000 à Perpignan, 35 000 personnes à Limoges, 45 000 à Lyon, 60 000 à Nantes, 22 000 à Rouen, 28 000 à Caen, 50 000 à Saint-Étienne, 80 000 à Toulouse, 200 000 à Marseille, 20 000 à Amiens, 30 000 à Montpellier, 40 000 à Grenoble, 70 000 à Lille, 30 000 à Brest, 10 000 à Angoulême, 4500 à Sète, 5 000 à Calais, 10 000 à Strasbourg, 25 000 à Nice…

Le mot d’ordre, malgré une grande portée de masses, est resté : il ne faut toucher à rien, et ce d’autant plus que tout se dégrade.

Pas d’envergure, pas d’ambition, et c’est d’autant plus criminel que de hauts représentants du régime ukrainien étaient invités à Paris et se sont vus remettre des cadeaux militaires. Les gens en France sont totalement à côté de la plaque et leur seul horizon, c’est leur vie privée avec la perspective de la propriété et de l’aisance matérielle.

On est ici en plein dans l’Occident corrompu, en décalage total avec l’Histoire du monde qui s’accélère.

Le seul horizon « politique » émergeant est soit le syndicalisme populiste, qui est allé jusqu’à couper le courant à des radars routiers (quelle honte !), soit le post-modernisme libéral-libertaire porté par les universités.

On est en plein dans l’Occident pourri, avec des gens sans aucune mémoire historique, sans culture des idées, dont les valeurs se baladent au jour le jour selon les aléas du 24h sur 24 du capitalisme.

Il faudrait faire un sondage pour voir combien de ces gens se font livrer des repas Uber et à quel rythme ils reçoivent des paquets d’Amazon. Ce qui est, à vrai dire, même pas nécessaire. Les gens vivent leur vie et ne voient pas de mal à ça. Et c’est vrai que pris individuellement tout le monde est sympathique.

Sauf que sur le plan personnel ce n’est pas ça… et qu’humainement c’est un désastre.

Il va en falloir des efforts pour décrocher du capitalisme !

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Restructurations économiques

Comment la CGT torpille le mouvement contre la réforme des retraites

La CGT est l’un des principaux outils du capitalisme.

La « gauche de la gauche » est perplexe. Elle mise absolument tout sur la CGT, parce qu’elle se soumet au syndicalisme. Cependant, elle voit qu’après le succès des manifestations du 19 janvier 2023, la journée suivante a été programmée pour le 31 janvier, soit aujourd’hui. Cela a fait loin, et n’aurait-il pas été logique de précipiter les choses ?

D’autant plus que depuis le 19 et avant le 31, la CGT a organisé avec FO, la FSU et Solidaires, de multiples… marches aux flambeaux : à Paris, Avignon, Limoges, Périgueux, Béziers, Nîmes, Marseille…

Des marches aux flambeaux ! Faut-il rappeler que ce genre de démonstration relève de l’extrême-Droite historiquement ? Et ce n’est pas pour rien : il y a une sorte de solennité malsaine, d’exigence mauvaise de « l’ordre » qui se dégage d’une telle initiative.

C’est totalement extérieur historiquement au mouvement ouvrier. Cela montre la nullité des syndicalistes, qui sont entièrement coupés de l’Histoire et vivotent au jour le jour dans le réformisme au sein du capitalisme et dans l’inculture.

Et c’est là qu’on voit à quel point la mythomanie syndicaliste révolutionnaire conditionne les raisonnements et les démarches de la « gauche de la gauche ». Comme avant 1905, il y a l’idée d’une division du travail et on attend du syndicat qu’il massifie la contestation. Les « politiques » se contentent de faire de la propagande entre les périodes de contestation.

C’était déjà faux avant 1905. La social-démocratie avait parfaitement montré que le syndicat doit être soumis au Parti. Mais c’est encore plus faux en 2023. Pourquoi ? Parce qu’entre-temps, la CGT est devenu un élément essentiel du fonctionnement du capitalisme français.

La grande preuve historique, c’est que la CGT a été le plus grand obstacle à la contestation en mai – juin 1968. Le mouvement remettait en cause le régime, les valeurs dominantes – la CGT a tout réduit à de l’économisme, en empêchant les ouvriers de rejoindre les organisations d’extrême-Gauche voulant la révolution.

Une autre preuve, c’est cette permanence de l’idéologie de la merguez, propre au délégué syndical toujours enclin au parasitisme social, et dont la seule ambition est de proposer de meilleurs projets à l’État et aux entreprises !

Difficile de faire plus ennuyeux, sans envergure, plus corporatiste, sans culture, que les cortèges syndicaux et en particulier ceux de la CGT.

En considérant la CGT comme le seul syndicat authentique, en lui attribuant des vertus contestataires, la gauche de la gauche montre qu’elle n’a pas d’ambition révolutionnaire. Elle indique par sa soumission à la CGT qu’elle désire simplement une version sociale du capitalisme d’un pays riche comme la France.

S’il en était autrement, la gauche de la gauche romprait avec la CGT, qui est l’un des grands vecteurs de l’idéologie de l’ouvrier corrompu par le capitalisme qui s’achète un petite propriété et veut vivre sa petite vie à l’écart de toute responsabilité historique.

S’il en était autrement, la gauche de la gauche se tournerait vers la culture pour affronter l’aliénation du 24 heures sur 24 du capitalisme.

Depuis plus de cinquante ans, le capitalisme ne connaît en France aucune contestation majeure. Et la CGT est un pilier de cette pacification sociale.

Il va de soi qu’à moins de nier la réalité, il est très facile de voir ça. Mais comme la « gauche de la gauche » est dans la mythomanie, elle en revient toujours à accorder à la CGT des valeurs magiques.

La « gauche de la gauche » aurait un formidable projet et la CGT permettrait, miraculeusement, par la « grève générale », de changer les choses en profondeur, dans un sens anticapitaliste ou on ne sait quoi.

En attendant… l’opportunisme est justifié, car tout dépendrait de ce moment formidable qu’il faut espérer – c’est en ce sens un « mythe mobilisateur ». Le véritable concepteur de la « gauche de la gauche » française, c’est Georges Sorel.

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Société

Retraites : les Russes paieront !

Telle est l’alliance objective du syndicalisme et du capitalisme.

La bourgeoisie française va à la guerre, et veut entraîner le peuple avec elle. Le peuple, plutôt que de dire « non, on ne vous suivra pas », dit « on vous suivra, mais à condition que vous ne touchiez pas à ça, ça et ça ».

C’est ce qu’il faut retenir de la situation actuelle concernant l’opposition à la réforme des retraites. Non pas que s’opposer au recul des acquis sociaux soit une mauvaise chose en elle-même, mais dans le contexte historique actuel, ce n’est simplement pas pertinent. C’est passer à côté de l’essentiel pour se focaliser sur quelque chose de secondaire.

La France est en guerre contre la Russie, malgré son discours prétendant qu’elle ne l’est pas. L’attaque contre les acquis sociaux, ici le droit à la retraite, est une façon pour la bourgeoisie française de soumettre l’économie aux besoins de la guerre en cours, et à venir car les choses vont empirer.

L’armée française augmente d’un tiers son budget et il faut bien prendre l’argent quelque part.

Les Français, trop effrayés de voir leur niveau de vie reculer pour s’occuper d’autre chose que du maintien du statu quo, du « comme avant » la crise, acceptent de leur côté de laisser les va-t-en-guerre de l’OTAN s’occuper de l’Ukraine et de la Russie du moment que ça ne chamboule pas leur quotidien au sein du capitalisme.

Dans l’état actuel des choses, le mouvement contre la réforme des retraites converge tellement avec le capitalisme français que cela revient à dire : les Russes paieront les retraites.

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que s’opposer à la réforme des retraites ne revient pas à s’opposer au capitalisme et à la guerre. Ces deux oppositions peuvent se rejoindre – mais elles peuvent également s’opposer.

Si on s’oppose à la réforme des retraites en adoptant le point de vue occidental, celui du prolétariat corrompu par le capitalisme, du point de vue syndical, alors c’est du social-impérialisme.

Cela revient plus qu’autre chose à soutenir un mode de vie dépassé et qui n’est plus en phase avec la réalité, car l’humanité et les travailleurs ont besoin non plus d’acquis sociaux arrachés aux capitalistes, mais d’arracher le pouvoir aux capitalistes directement.

À l’aube de la troisième guerre mondiale, il s’agirait en réalité avant tout de se focaliser sur le capitalisme, la bourgeoisie et les militaires et tous ceux qui les servent, car il n’est plus temps de s’occuper de quoi que ce soit d’autre.

Si l’occident parvient à gagner la guerre contre la Russie, alors les capitalismes des différents pays de l’OTAN connaîtront un second souffle grâce à la souffrance des travailleurs des pays vaincus, découpés, partagés et soumis à leurs intérêts.

Ainsi, l’humanité continuera de foncer dans le mur. Plus que sauver les retraites au sein du capitalisme, il devrait s’agir de faire tomber l’occident, le capitalisme, et de cheminer vers le socialisme.

Chercher à protéger les retraites et se contenter de ça sans élargir l’horizon de ses idées au delà, à ce jour et dans ce contexte historique, c’est accepter la guerre et le futur démantèlement de la Russie pour des intérêts privés et pour une préservation d’un confort de vie qui ne peut de toute façon pas persister dans le capitalisme.

C’est là le problème fondamental dans la matrice même du mouvement contre la réforme des retraites.

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Société

Réussite de la grève réformiste – capitaliste du 19 janvier 2023

Ce n’est pas de la lutte de classe.

Avant, les réformes étaient voulues par la Gauche afin d’améliorer la situation, en attendant mieux… Désormais, le réformisme c’est vouloir maintenir les acquis du capitalisme à visage humain.

Cela au mépris du fait que la vie quotidienne dans le capitalisme est insupportable et que cela se fait aux dépens du tiers-monde ! Mais on sait que les travailleurs français corrompus veulent eux aussi être propriétaires ou le devenir.

La lutte contre la réforme des retraites a donc bien pris en France, avec entre un et deux millions de manifestants le 19 janvier 2023 en France.

Comment pourrait-il en être autrement? Les Français sont satisfaits de leur mode de vie. Ils sont contents d’être des occidentaux. Ils savent qu’au niveau mondial ils sont des profiteurs.

Ils savent aussi que les bourgeois exploitent les prolétaires en France, mais bon ça passe. Le niveau de vie est suffisant.

Alors que ce soit un ou deux millions de manifestants, à vrai dire peu importe, car inversement l’opposition à l’OTAN en France, c’est quelques dizaines de personnes.

Le rapport de force est clair, le choix de la société française aussi. La manifestation du 19 janvier 2023 n’est pas à lire autrement que comme une expression réformiste au sein du capitalisme, et certainement pas contre lui.

D’ailleurs, le mouvement est totalement syndicaliste, il n’y a aucune expression d’autonomie ouvrière par rapport aux institutions.

Il y a même par endroit une large masse en mouvement, sans qu’aucune radicalité quelconque ne s’exprime.

Il y a ainsi eu 44,5% de grévistes chez EDF, et des chiffres au moins aussi forts à la SNCF avec un pic à 80% chez les agents de conduite. La grève a été encore plus forte dans le primaire, les collèges et les lycées. Il y a eu également des grèves dans le privé, dans le secteur de la pétrochimie.

Bref, c’est une réussite très significative par endroits, pour autant cela ne produit strictement rien niveau contestation du capitalisme. Et il ne peut pas en être autrement.

Un « autre partage des richesses » : voilà bien le masque du réformisme qui oeuvre seulement à profiter davantage du gâteau occidental.

Vivement que cet occident soit en déroute !

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Restructurations économiques

Le PCF et la CGT rêvent d’un 19 janvier 2023 de masse

Comme d’ailleurs toute la gauche du capitalisme français.

Si la réforme des retraites passe sans « contestation », le grand risque est que la contestation ne soit plus réformiste, qu’elle s’exprime depuis le capitalisme lui-même. Telle est la grande peur de la bourgeoisie, mais également de tous ceux qui vivotent du « militantisme » misérabiliste au sein d’une des grandes puissances économiques mondiales.

Il faut bien parler de misérabilisme. Voici le texte de la… pétition de la CGT. Une pétition ! Voilà le niveau où est tombé le syndicalisme français. Une pétition pour dire littéralement « Bouh la réforme est vilaine ».

Pétition

Le gouvernement a annoncé le report de l’âge de la retraite à 64 ans avec un allongement accéléré de la durée de cotisation.

Cette mesure est injustifiée : le rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) l’indique clairement, le système de retraites n’est pas en danger. Il n’y a aucune urgence financière. 

Cette réforme va frapper de plein fouet l’ensemble des travailleurs, et plus particulièrement ceux qui ont commencé à travailler tôt, les plus précaires, dont l’espérance de vie est inférieure au reste de la population, et ceux dont la pénibilité des métiers n’est pas reconnue. Elle va aggraver la précarité de ceux n’étant déjà plus en emploi avant leur retraite, et renforcer les inégalités femmes-hommes.

Ce projet gouvernemental n’a rien d’une nécessité économique, c’est le choix de l’injustice et de la régression sociale.

Renforcer notre système de retraites nécessite en revanche des mesures de progrès et de partage des richesses.

D’autres solutions sont possibles ! Je soutiens la mobilisation intersyndicale et je m’oppose à cette réforme: « je signe la pétition »

Qu’on ne nous fasse pas croire que la signature de 350 000 personnes est une avancée historique, un progrès des consciences, une avancée sur le plan de l’organisation. C’est juste pathétique. On fonce dans la troisième guerre mondiale et on a ça. C’est fou.

Mais cela a un sens, historique. Le sol se dérobe sous les pieds de tous les alliés objectifs du capitalisme, de tous ceux qui servent à sa pacification sociale, aux accords corporatistes, à la corruption des masses.

Voilà la vraie raison pour laquelle tous les syndicats en intersyndicale (CFDT – CGT – FO – UNSA – FSU – CFE-CGC – CFTC – Solidaires), l’ensemble de la gauche associative et « militante »… se mettent en branle pour que la manifestation du 19 janvier contre la réforme soit une réussite. Il en va de leur crédibilité, de leur légitimité…

Si c’est l’échec – et ce sera l’échec de toutes façons – les choses iront d’elles-mêmes sans eux, et même contre eux.

Le secrétaire national du Parti communiste français, Fabien Roussel a ainsi expliqué dans le Journal du Dimanche que le 19 janvier 2023 était la seule chose qui comptait :

« On n’avait pas vu une telle intersyndicale depuis douze ans. Elle nous oblige, nous, forces de gauche. Communistes, socialistes, Insoumis, Verts, nous sommes aussi unis pour nous opposer au projet du gouvernement.

Dès le 17 janvier, avec les quatre leaders de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale [Nupes], nous lancerons une campagne de meetings communs au gymnase Japy, à Paris. L’enjeu pour la gauche est d’incarner une alternative de progrès. La Nupes appelle à manifester le 19 janvier afin de grossir les cortèges syndicaux.

Public, privé, jeunes, retraités, nous devons tous sortir massivement jeudi prochain pour dire non à cette réforme. Soyons 1 million à déferler dans la rue. Il n’y a que ce rendez-vous qui compte. »

Un million de personnes, quel populisme ! Jamais il n’y aura un million de personnes conscientes dans la rue. Et si on parvient à une telle quantité, cela sera au prix d’une déficit terrible de qualité, avec un esprit gilets jaunes et des gens s’orientant plus par rapport à Marine Le Pen qu’autre chose.

Il suffit de constater le niveau culturel et idéologique des travailleurs dans le pays. Toute la société française est imbibée de capitalisme, à tous les niveaux de la vie quotidienne.

Ces appels à ce que le privé se mobilise sont également d’une immense hypocrisie, alors que les syndicats n’existent somme toute que dans le public et que la manifestation a lieu comme d’habitude en semaine. Rien qu’avec ça on voit qu’on est dans la fiction de secteurs protégés du capitalisme français qui sentent que désormais leur statut à part va être abandonné…

Fabien Roussel a en fait la trouille, comme le révèle le propos suivant :

« Est-il responsable en pleine crise, en peine guerre, en pleines difficultés pour les salariés et les chefs d’entreprise, de mettre à l’ordre du jour un projet aussi dur pour les Français ?

Emmanuel Macron va plonger le pays dans un énorme désordre. Le Medef devrait hurler que cette réforme arrive maintenant ! »

Le désordre, voilà la grande peur d’une gauche du capitalisme qui ne combat nullement l’Otan et soutient tacitement la guerre faite contre la Russie. Ce dont elle rêve, c’est de stabilité, pour maintenir son existence. C’est pour cela qu’il veut que la manifestation du 19 janvier 2023 réussisse à tout prix. Sinon, les fractures au sein de la société capitaliste française vont précipiter des choses bien plus dures…

Philippe Martinez, le dirigeant de la CGT, ne dit pas autre chose, mais lui ne veut pas un million de personnes, il en veut carrément plusieurs millions, comme il l’a expliqué à BFMTV-RMC :

« Le 19 janvier, il faut des millions de personnes en grève et dans la rue. »

Tels sont les rêves de corrompus ayant bien profité du capitalisme lors de sa croissance depuis 1945. La crise de 2020 les met le dos au mur. Ils sentent qu’ils n’ont plus leur place, ils s’agitent vainement, ils tentent de prétendre représenter quelque chose.

C’est à ces vanités que sert le mythe mobilisateur de la « grève générale ». On peut être certain même que les plus hystériques viseront à du « spectaculaire » afin de se prétendre « révolutionnaire » aux yeux des masses.

Tout cela n’a rien à voir avec la Gauche historique. Tout cela ne fait que relever du panorama de l’effondrement de l’occident.

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Restructurations économiques

La réforme des retraites 2023 ou le dilemme du petit-bourgeois français

Lutter contre la réforme alors que le monde plonge dans la guerre mondiale?

Les Français ont des espérances petites-bourgeoises ; ils n’ont aucune autre ambition à part celle de profiter d’une vie individuelle, à l’écart de soucis, en passant le temps de manière plutôt agréable. Ce sont des beaufs façonnés par le terrorisme de la société de consommation.

Ce point de vue est juste car il se place d’un point de vue historique, international. La preuve flagrante, c’est que la France est dans l’Otan et appuie à fond le régime ukrainien, sans que cela ne dérange personne dans le pays.

Naturellement, si l’on voit les choses depuis l’intérieur de l’Occident, on s’imagine qu’au contraire les Français sont pauvres et combatifs, et que la France n’est pas vraiment en guerre, voire pas du tout.

C’est là où la question de la réforme des retraites qui se joue au début de l’année 2023 a son importance. Sur le fond, c’est une restructuration économique. Il s’agit de rogner des acquis, parce que les bilans comptables ne sont vraiment pas bons.

Par conséquent, il s’agit de faire passer l’âge de la retraite à 64 ans au lieu de 62, de faire sauter les régimes spéciaux, de jouer sur la pénibilité pour faire vaciller les acquis en place.

Ça, c’est le côté capitaliste de la question.

Sur la forme, c’est une question qui se place sur le terrain du compromis entre travail et capital. Les syndicats font office d’intermédiaire afin de négocier la réforme, l’objectif étant de maintenir le compromis général, pour que les choses ne tanguent pas.

Ça, c’est le côté réformiste – syndical de la question.

Maintenant, y a-t-il un autre aspect? La réponse est non. Cela tient à la nature de la société française. Divisons la en trois catégories.

Il y a les vieux, qui ont 50, 60, 70 ans ou plus. Avec eux c’est très simple, ils n’en ont rien à faire de rien. Après moi le déluge et ils sont bien contents de ne pas avoir à vivre ce qui va les suivre. Ils ne s’en cachent pas du tout. Ceux-là on peut les oublier.

Il y a les adultes, qui ont 30, 40 ans. Avec eux, c’est très compliqué: ils sont dans le feu de l’action du travail, mais ont bazardé tous leurs rêves adolescents et se tournent vers une nostalgie régressive d’autant plus qu’ils ne comprennent rien à ce qui se passe. Ils rêvaient de profiter d’un capitalisme à visage humain. La retraite les angoisse, mais dans un sens petit-bourgeois, car leur rêve c’est d’être propriétaire ou de préserver leur propriété.

Il y a les jeunes, adolescents ou qui ont la vingtaine. Ils sont blasés et ne font confiance en rien, ne croient en rien, ne savent rien. Ils sont une page blanche produite par l’Histoire. Et on voudrait faire de la question des retraites des lignes d’or sur ces pages blanches?

Car c’est bien le but de la gauche de la gauche qui fantasme d’une grève générale en France, qui si elle arriverait serait une caricature bouffonne de mai 1968.

Hors de question de participer à une telle fumisterie. L’actualité c’est la troisième guerre mondiale. Soit l’Occident tombe et la révolution devient possible, soit il gagne et le capitalisme surmonte sa crise devenue générale pour toute une nouvelle période.

Dans le premier cas, la question des retraites n’a aucun sens alors que le pays deviendra instable, jusqu’à devenir à feu et à sang. Dans le second, elle n’a aucun sens, car elle serait juste un accompagnement du capitalisme occidental se relançant pour toute une période.

L’actualité, c’est la chute de l’Occident, c’est cela qui compte. La réforme des retraites n’a aucune réalité à part celle de l’espoir capitaliste de parvenir à une petite restructuration ou d’un songe petit-bourgeois d’un vie individuelle beauf et consommatrice.