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Politique

La défaite du mouvement contre la réforme des retraites

Il faut oser dire que c’est une défaite.

Les Français se mentent à eux-mêmes. Comme l’opinion dominante est celle des classes dominantes, les opinions contestataires vivent à l’ombre du capitalisme. Cela ne dépasse pas la rage et les prétentions à la colère, les manifestations d’esprit syndical, les petits initiatives « sauvages » pour s’amuser à se faire peur.

La fiction d’un mouvement contre la réforme des retraites qui aurait représenté quelque chose est donc nécessaire. Il faut faire croire que cela a servi quelque chose. Alors qu’en réalité, ça a été du vent.

Des millions de personnes ont agi… pour rien. Cela n’a eu aucun impact. Certains diront : l’important c’est le mouvement populaire, cela fait avancer la lutte des classes.

Quelle preuve ont-ils ? A aucun niveau, il n’y a eu de progression. Les consciences n’ont pas avancé, les organisations de gauche ou syndicales n’ont pas connu d’effervescence dans les adhésions, culturellement il ne s’est rien produit de notable.

Le mouvement contre la réforme des retraites a été une expression de crise, et rien de plus. C’est une expression d’agonie. Une expression d’agonie peut-elle amener autre chose qu’une défaite? Absolument pas.

Car l’agonie se nie elle-même, à coups d’illusions. C’est pour ça que les manifestations ont eu besoin, dans les grandes villes, des anarchistes pour écrire des slogans sur les murs et casser des vitrines. Il fallait renforcer le « bruit », et ce d’autant plus qu’il ne se passe, en fait, rien.

Alors, disons le, le mouvement contre la réforme des retraites a été une perte d’énergie, une machine à illusions, un mensonge. Il faut oser dire que c’est une défaite.

Une défaite pour la défense du droit à la retraite, une défaite pour la Gauche, une défaite syndicale, une défaite par rapport aux exigences historiques.

Ce n’est que par une telle reconnaissance de la défaite qu’on peut aller à la victoire. Sinon, on en restera aux marchands d’illusions. Et c’est bien parti pour rester ainsi. Or, c’est intolérable !

Il faut trouver une voie pour diffuser une nouvelle culture, une nouvelle manière de voir les choses. C’est la question de la bataille pour la vision du monde, et pas moins que ça !

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Politique

Retraites : l’intersyndicale pleurniche auprès des parlementaires

La défaite sur toute la ligne.

À quel point faut-il avoir échoué pour, après des mois de mobilisation à coups de millions de manifestants, en arriver à écrire une lettre aux parlementaires en s’imaginant obtenir quoi que cela soit ?

L’intersyndicale CFDT, CGT-FO, CGT, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaire et FSU est pitoyable en pleurnichant auprès des élus, pour réclamer ce qu’ils n’ont pas réussi à obtenir depuis des mois. Quelle défaite ! Quel manque de dignité !

On notera d’ailleurs qu’ils prétendent avoir échoué à cause d’un barrage anti-démocratique, mais que leur échec est en réalité politique et culturel, voire surtout culturel d’ailleurs.

L’intersyndicale et tous les gens l’ayant soutenu feraient mieux de faire leur auto-critique plutôt que de se donner aussi lamentablement en spectacle.

« Paris, le 05 mai 2023

Madame, Monsieur, la, le député(e),
Madame la sénatrice, Monsieur le sénateur,

Nous vous avions écrit le 14 février dernier pour vous interpeller de façon très solennelle et grave sur la crise politique et sociale que traverse actuellement notre pays, en raison de l’entêtement incompréhensible de l’exécutif sur le projet de réforme des retraites.

Au cours d’un parcours parlementaire chaotique, le gouvernement a utilisé tous les outils constitutionnels à sa disposition permettant de limiter l’exercice démocratique. En usant du 49.3, il a fait le choix d’accentuer la crise démocratique et sociale malgré le refus très majoritaire du report de l’âge de départ en retraite à 64 ans et de l’allongement de la durée de cotisation est confirmé avec constance : 70% de la population et 94% des actifs sont encore aujourd’hui opposés à cette réforme.

Plusieurs millions de travailleurs et travailleuses, jeunes et retraité.es se sont mobilisés lors de 13 journées de mobilisations depuis le 19 janvier et encore massivement le 1er mai au cours duquel de nombreuses délégations de syndicats étrangers ont apporté leur soutien ne comprenant pas pourquoi l’exécutif n’entend pas le rejet massif de cette réforme. Le gouvernement est en effet resté sourd à cette volonté populaire et l’incompréhension a laissé place à l’indignation, ainsi qu’à la colère. En ne répondant pas à la demande de retrait, les organisations syndicales et de jeunesse avaient prévenu l’exécutif du risque d’explosion sociale que pouvait provoquer cette réforme injuste, injustifiée et brutale.

Parce que nous sommes profondément attachés à notre système de retraites par répartition et au principe de solidarité, cette loi n’est pas acceptable et n’est en rien une réforme de justice sociale. C’est la raison pour laquelle, Madame, Monsieur, l’intersyndicale se tourne vers vous, la représentation nationale. Nous vous demandons donc solennellement de voter le projet de loi abrogeant le recul de l’âge effectif de départ à la retraite et l’allongement de la durée de cotisation.

Nos représentantes et représentants sont, si vous le pensez utile, disponibles pour vous rencontrer et vous exposer nos positions argumentées. »

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Société

L’anti-1er mai 2023

L’agonie de la politique de gauche.

Des cortèges dans toute la France

Le 1er mai n’est en France plus politique depuis bien longtemps. Or, il devrait être seulement politique. Avec le mouvement contre la réforme des retraites, qui est un échec complet, on touche encore plus le fond, puisque le 1er mai 2023 a été entièrement kidnappé par les syndicats.

C’est toujours le cas, mais normalement le 1er mai reste symboliquement le 1er mai, une journée liée à l’Histoire du mouvement ouvrier. Là, la journée s’est transformée en France en appendice de mobilisations massives et pourtant sans impact politique, culturel, idéologique, social.

Il y avait du monde, avec des initiatives dans toute la France. La CGT revendique 2,3 millions de manifestants, dont 550 000 rien qu’à Paris ; le ministère de l’Intérieur parle de 800 000 personnes. Cependant, avec un tel contenu, il pourrait y avoir 10 millions de personnes que cela ne changerait rien. C’est totalement vain.

D’ailleurs, tout ce qui a été retenu, la seule chose qu’il a été possible de retenir, c’est l’arrestation de 291 personnes (dont 90 à Paris) et le fait que 108 policiers ont été blessés. Paris, Lyon et Nantes ont connu de la casse – encore et toujours cette casse apolitique, antipolitique, qui sert la Droite et l’extrême-Droite, qui a beau jeu de dénoncer un tel nihilisme.

Comment s’imaginer que les travailleurs en France aient envie de rejoindre un tel chaos où les syndicalistes sont culturellement beaufs, où en plus la violence part dans tous les sens, comme avec un manifestant qui a eu la main arrachée par une grenade (à Nantes), un policier le visage et les mains brûlées par un cocktail Molotov (à Paris)!

Le 1er mai 2023 a été une agonie, un triomphe du syndicalisme aux dépens de la politique de gauche. Ce fut une véritable entreprise de démolition, précipitant la « Gauche » ou ce qu’il en reste dans la ringardise, le hors-sol, le réformisme syndicaliste corporatiste. Zéro envergure, zéro ambition.

Éric Ciotti, le président du parti Les Républicains, a dénoncé ceux qui voulaient « Transformer nos forces de l’ordre en torches humaines et abattre la République », alors que Bruno Retailleau, le chef des sénateurs LR, a parlé d’un « spectacle de décivilisation ». Marine Le Pen a dénoncé « des tentatives d’assassinat contre les forces de l’ordre ».

Peu importe que cela soit de la démagogie. Ce qui compte, c’est que pour vaincre politiquement, il faut avoir de l’envergure, ou bien apparaître comme tel. Et là, qui a de l’envergure? Certainement pas les syndicalistes et leurs alliés casseurs. Il suffit de lire le communiqué de la CGT. Auto-satisfaction, aucune dimension historique.

On est là dans une décadence bien occidentale. Le monde s’effondre, les Français font comme si de rien n’était. Ils veulent vivre comme avant. Coûte que coûte !

Mais ni la tendance à la guerre pour le repartage du monde, ni les masses du tiers-monde ne laisseront les Français pleurer encore longtemps leur « paradis » perdu.

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Politique

Retraites : la France des pleurnicheries

La France est régressive.

Plus de 15 millions de téléspectateurs ont écouté l’allocution présidentielle d’Emmanuel Macron le 17 avril 2023. Naturellement, quelques centaines de personnes se sont regroupées dans la foulée, dans quelques villes (Paris, Rennes, Grenoble…), notamment pour chercher à jouer les casseurs, surtout à Lyon.

Mais surtout, ce sont les réactions du 18 avril qui sont exemplaires. Exemplaires de quoi ? Exemplaires de ce qu’il ne se passe rien en France. Il n’y a aucune mobilisation morale, intellectuelle, culturelle. Les gens sont asséchés par le 24 heures sur 24 du capitalisme. Ils n’ont aucune force.

On le voit, dans la vie quotidienne. On le voit, dans le travail politique. Et on le voit dans l’implication intellectuelle et culturelle. Agauche.org existe depuis décembre 2017, avec pratiquement 3000 articles. C’est un média qui est lu, naturellement pas assez et à la marge, mais suffisamment pour avoir un aperçu des tendances.

Et il n’y a pas de tendance, il n’y a rien. C’est exactement pareil lorsque nous avions annoncé six mois avant son déclenchement le conflit armé en Ukraine. Nous avions six mois, en fait même un peu plus, de documents à ce sujet, et personne n’est allé voir.

Il faut assumer : les gens se moquent de tout, ils ne percutent rien. Il est bien sûr toujours possible d’aller jouer au militant, au casseur, lors des manifestations et des mobilisations. Il en a toujours été ainsi. Mais ça ne rime à rien.

D’ailleurs, que propose désormais Emmanuel Macron ? Un « pacte de la vie au travail ». Il a rencontré le 18 avril les représentants des organisations patronales : le Medef, la Confédération des PME (CPME) et l’Union des entreprises de proximité (U2P) .

Les syndicats des travailleurs ne sont pas venus, mais ils y viendront. Car leur fond de commerce, c’est de « réformer » la vie salariale – autrement dit, de moderniser le capitalisme.

Et les Français sont satisfaits, même si critiques, d’une telle vie dans un capitalisme moderne. Objectivement, ils attendent tous que la Russie perde face à l’Otan, qu’elle rejoigne le tiers-monde, comme ça on pourra l’exploiter comme il faut pour maintenir le niveau de vie dans la société de la consommation.

Les réactions à l’allocution présidentielle relèvent donc de la mythomanie. Emmanuel Macron serait « complètement hors la réalité » selon Jean-Luc Mélenchon. La dirigeante de la CGT Sophie Binet a annoncé que « il n’y aura pas de retour à la normale tant qu’il n’y aura pas de retrait de la réforme des retraites ».

Ben voyons. Sauf que tout est normal, que les mobilisations n’ont en rien modifié une réalité qu’elles ne font qu’accompagner. Tout ça, ce sont des pleurnicheries. Et qui cela va-t-il aider ? L’extrême-Droite avec Marine Le Pen.

Car c’est indéniable : la fascination pour Marine Le Pen de la part des couches populaires n’a pas du tout faibli ces derniers mois, voire même elle s’est renforcée. C’est là une preuve indéniable de l’échec formel du mouvement de lutte contre la réforme des retraites.

Aucune estime pour la Gauche, aucun intérêt pour les idées de la Gauche, aucune assemblée générale réelle, soumission à l’intersyndicale, maintien des démarches corporatistes… Le bilan est désastreux.

Et toute l’ultra-gauche, tous les syndicalistes qui ont contribué à masquer ce bilan désastreux en sont les complices. Tous les gens qui ont prétendu que quelque chose pouvait en sortir de bon n’auront été que les ennemis politiques de la Gauche historique, les valets du réformisme et de l’anarchisme, ces deux aspects de la même pièce.

Seul le travail de fond a un sens, une valeur historique. Certainement pas le misérabilisme dans un des pays les plus riches du monde qui relève du dispositif américain pour faire la guerre à la Russie aujourd’hui, à la Chine demain.

La vérité est simple : qui ne veut pas rompre avec l’hégémonie de l’occident est obligé de converger avec lui ! Et de s’aligner sur le 24 heures sur 24 du capitalisme.

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Politique

Réforme des retraites: le psychodrame du  Conseil Constitutionnel

Le ridicule jusqu’au bout.

Le mouvement contre la réforme des retraites n’aboutit à rien et pour cette raison il a été fantasmé que le Conseil Constitutionnel retoquerait la dite réforme le 14 avril 2023.

C’était naturellement un vœu pieux, avec aux manettes ceux qui poussent à croire tant en la nature « démocratique » du régime qu’au caractère populaire du mouvement de lutte.

En réalité, l’Etat est subordonné aux classes dominantes et le mouvement est une réaction syndicale, et para-syndicale, à une gestion du capitalisme au sein de la forteresse occidentale.

On parle tout de même d’un Conseil constitutionnel chargé de veiller à ce que tout obéisse à la constitution, dite constitution qui est issue d’un coup d’Etat en 1958. Pour croire en l’intérêt d’une telle institution du point de vue populaire, il faut être un menteur ou d’une stupidité choisie car confortable.

Il va de soi que le Conseil constitutionnel a retoqué certains points de la réforme. Cela fait partie du jeu, il faut faire semblant d’être « au-dessus » de la politique.

Et les quelques milliers de manifestants qui ont protesté en réponse dans la soirée, en manifestant dans plusieurs villes, sont les premiers à contribuer à la légitimité de cette institution en lui accordant une valeur, ne serait-ce que symbolique.

Trente poubelles qui brûlent à Paris le soir de la décision du Conseil constitutionnel, ce n’est pas de la révolte, c’est de la protestation interne au système, c’est l’enfant gâté qui exprime son mécontentement.

On voit ici bien l’alliance de l’anarchisme, de l’ultra-gauche, avec le réformisme à l’apparence « contestataire ». Tous des mythomanes et des escrocs, à l’instar de la députée européenne Manon Aubry, qui a expliqué que :

« Cette décision du Conseil constitutionnel, c’est un nouveau bras d’honneur à la démocratie en quelques sortes, après l’utilisation du 49.3. »

Que veut dire ce « en quelques sortes »? C’est la démocratie ou ça ne l’est pas. Si ça l’est, ces propos n’ont pas de sens. Si ça ne l’est pas, alors il faut considérer qu’on est en dictature, une dictature de la bourgeoisie. On reconnaît ici toute la démagogie de ceux qui, par machiavélisme, pratiquent la surenchère verbale ou symbolique.

Un bon exemple de surenchère, ce fut pareillement au soir l’incendie à Rennes de la porte d’entrée d’un commissariat et de celle du couvent des jacobins (un centre pour les congrès, auparavant un lieu religieux comme l’indique le nom).

Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV, a quant à elle parlé de « braquage démocratique », Eric Coquerel de La France Insoumise dit que

« On a maintenant une crise de régime qui va se développer. »

Mais bien sûr! Avec quoi, une CGT dont la nouvelle dirigeante, Sophie Binet, a répondu la chose suivante à l’invitation faite aux syndicats par le président Emmanuel Macron :

« J’ai envie de dire Lol. »

Le niveau est à zéro, c’est la défaite sur toute la ligne, il n’y a rien d’autre à chercher. Où étaient ces dernières années les milliers de gens qui ont manifesté le 14 au soir? Nulle part. Ils n’ont rien fait pour élever leur niveau politique, intellectuel, culturel, idéologique, organisationnel. Donc il ne faut pas s’étonner.

« — Vous chantiez ? j’en suis fort aise.
Eh bien !dansez maintenant. »

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Politique

Insupportable 12e journée de mobilisation contre la réforme des retraites

Encore rien, toujours rien.

La 12e journée de contestation contre la réforme des retraites a eu lieu jeudi 13 avril 2023. On doit parler de contestation, même plus de mobilisation. Il y a de moins en moins de monde, mais pour se rassurer les mobilisés s’imaginent qu’ils sont en pleine contestation, qu’ils vont faire tomber le président de la République.

Emmanuel Macron serait à deux doigts de la démission, à écouter cette fiction. Il vaut mieux parler de démagogie, d’ailleurs, parce que personne de sérieux ne peut croire une seule seconde à une chose pareille.

Sophie Binet, la nouvelle dirigeante de la CGT, s’est naturellement précipitée dans cette démarche. Voici ce qu’elle a déclaré à la presse à l’occasion de la journée de mobilisation.

« [Ce texte] continue son chemin anti-démocratique et la preuve, c’est ce qui est arrivé à Emmanuel Macron aux Pays-Bas hier.

[allusion à un énergumène s’étant invité par la force à proximité du Président, profitant de l’occasion pour scander un slogan des gilets jaunes !]

Où que le Président de la République aille, il se fait interpeller sur cette réforme qui ne passe pas, qui est refusée par une majorité de la population.

Et ce que montre cet incident des Pays-Bas, c’est que on ne peut pas gouverner le pays, le Président de la République ne peut gouverner le pays tant qu’il ne retire pas cette réforme. Donc il faut qu’il revienne à la sagesse et qu’il retire sa réforme. »

Comme c’est ridicule de parler d’un pays ingouvernable, alors que le 24 heures sur 24 du capitalisme fonctionne très bien, que la France arme le régime ukrainien et que d’ailleurs l’escalade continue sans arrêt dans la guerre occidentale cotnre la Russie.

Surtout que le reflux est patent. Selon ministère de l’Intérieur, 380 000 personnes ont défilé partout en France le 13 avril 2023. Un chiffre en baisse : on avait 570 000 le 6 avril, 740 000 le 28 mars, 1,09 million le 23 mars.

Même en prenant les chiffres de la CGT, soit 1,5 million de personnes, on a une participation montrant que le mouvement n’est plus capable de mobiliser ne serait-ce que comme au début.

Le pire dans tout ça, c’est qu’il y a eu 280 manifestations et rassemblements dans tout le pays. On a toujours cette surface de masse et rien, strictement rien sur le plan politique, le plan des idées, le plan de la culture.

C’est vraiment de la décomposition et uniquement de la décomposition. Ceux qui depuis le début vendaient la mobilisation comme une chose très bien ou une « possibilité » d’aller à autre chose ne sont que des escrocs, il est bien temps de le comprendre.

On a d’ailleurs la preuve formelle de ça du point de vue de la Gauche historique, avec ce virulent anarchisme qui ne ressemble à rien et fait de la casse, uniquement de la casse. Cela a eu lieu dans les endroits classiques du phénomène : Paris, Lyon, Nantes et Rennes, où il y a eu respectivement 42 000 – 400 000 manifestants (selon la police ou la CGT), 9900, 10 000 et 6500 manifestants.

Cela implique des dizaines d’interpellations, les stupidités habituelles.

Et le plus ridicule dans cette histoire, c’est que cette casse est organisée. Par quelques poignées d’individus d’ultra-gauche s’imaginant « autonomes ». Alors ces gens n’ont rien d’autonomes justement, ils sont des pions des syndicalistes dans leur stratégie de tensions, de débordement.

Tout ça, c’est du cinéma, pour masquer le fiasco. Même dans les lycées les blocages ou tentatives de blocages ont vu leur nombre chuter de moitié (une quarantaine contre 106 la semaine dernière).

C’est insupportable. Il faut le dénoncer, et nous le faisons depuis le début, pour qu’une séquence d’une autre nature puisse enfin commencer. Sur la base de la Gauche historique, avec l’exigence de la conscience, de l’idéologie, de la rupture avec le 24 heures sur 24 de la vie quotidienne dans le capitalisme.

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6 avril 2023 : une mobilisation sans envergure

Comme d’habitude.

La mobilisation du 6 avril 2023 contre la réforme gouvernementale des retraites s’annonçait mal. La plupart des observateurs qui auparavant avaient de l’espérance dans le mouvement se rendaient à l’évidence : ça ne prend pas.

Encore, si cela produisait quelque chose d’électrique, il y en aurait quelque chose à tirer. Sauf que non, il n’y a rien de rien. C’est mou, sans envergure, très beauf, apolitique, sans perspective, sans exigence.

Si on ajoute à ça tout le style d’extrême-Droite qui a pris – avec les marches aux flambeaux, la casse nihiliste, le populisme anti-Macron – c’est plus Marine Le Pen qui va en profiter qu’autre chose.

Des cheminots ont d’ailleurs occupé les locaux parisiens de l’entreprise américaine de fonds d’actifs BlackRock.

C’est là du populisme et il est facile de le prouver : tous les syndicats ont appelé à soutenir le régime ukrainien dans la guerre contre la Russie, aucun n’a dénoncé l’Otan, aucun n’assume d’oser dire qu’on est en plein dans un processus de 3e guerre mondiale.

Au grand maximum, on a : les méchants financiers nous privent de nos acquis qui, en tant qu’occidentaux, nous reviennent de droit. BlackRock, la plus grande entreprise dans son genre, sert d’épouvantail. Encore et toujours, il n’est jamais parlé de la bourgeoisie française.

Dès le début nous avions dit que ce mouvement avait une base erronée et, depuis, le calvaire continue. Il n’en finit plus d’ailleurs, puisqu’il y a une nouvelle journée de mobilisation le 13 avril, la veille d’un rapport du Conseil constitutionnel sur la réforme.

L’espoir est pour l’Intersyndicale de s’en sortir par une pirouette juridique, pour sauver la face d’un échec complet.

Donnons les chiffres, d’ailleurs. Deux millions de personnes se sont mobilisées dans toute la France selon la CGT, 570 000 selon le ministère de l’Intérieur. Comme d’habitude, ces chiffres ne laissent penser que deux choses. Soit la mobilisation n’a pas pris et c’est faible, soit elle a pris et alors tout ça pour ça?

C’est d’ailleurs le vrai problème. On a dépassé la dizaine de grandes journées de mobilisation et il n’y a rien. Alors il va y avoir une réaction. Soit une passivité complète en mode désespéré encore plus qu’avant, soit un déclic vers on ne sait quoi. Mais c’est la fin d’un cycle, d’une illusion.

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La décomposition du mouvement contre la réforme des retraites

Inévitable, elle est triste et sordide.

Nous avions dit le départ que le mouvement contre la réforme des retraites était d’une nature petite-bourgeoise, menant à l’échec. Il fallait être étudiant ou d’esprit syndicaliste pour s’imaginer que, sans culture, ni politique, on puisse arriver à quelque chose.

Un mouvement qui exprime le seul souhait de vivre comme avant, à l’instar des gilets jaunes, n’a pas de place dans l’Histoire. Il n’exprime qu’une décomposition : celle de la société occidentale et de ses acquis.

Alors que se profile une énième journée de mobilisation, déjà se profile l’amertume, le constat d’échec. Anasse Kazib, figure de « Révolution permanente », un mouvement surtout étudiant ayant été aux premières loges de ce lamentable cinéma, constate lui-même le 29 mars 2023 que tout est mal barré.

Naturellement ce constat est fait sur un réseau social, Twitter en l’occurrence, en phase avec la « post-modernité ».

Et il le fait en confondant mouvement social d’un pays riche et luttes des classes, en pleurnichant que l’intersyndicale serait ce qu’elle est, que la grève ce n’est pas évident, etc.

Il ne comprend pas que ni lui, ni les grévistes ne sont à la hauteur de rien. On improvise pas un mouvement de masse affrontant une décision gouvernementale de politique. Il faut du niveau !

Comme là il n’y a rien, il est cherché des boucs émissaires.

« Nous avons tous vu les deux temporalités du mouvement, celle du 19 janvier au 15 mars, des journées certes avec beaucoup de monde, mais avec une radicalité qui ne s’est pas exprimée, notamment du fait du contrôle par l’intersyndicale.

Et depuis le 49.3 nous sommes entrés dans une nouvelle séquence, du moment « Berger » au moment « pré-révolutionnaire ». Malgré la distance qu’à pris l’IS, par son silence médiatique ou encore sa condamnation des violences des manifestants. Le 23 mars a été le pic de la mob.

La journée du 28 mars même si elle a était plus faible, reste dans des niveaux de mobilisation important surtout avec 4 jours d’écart. Cela s’explique pour moi par le rythme en dent de scie, des dynamiques plus faibles de grève à cause de l’isolement des journées.

Néanmoins les cortèges restent très important et nous avons vu l’arrivée massive de la jeunesse depuis 1 semaine qui fait prendre un tout autre visage à la contestation, bien plus qu’une lutte contre une simple réforme des retraites, mais un caractère éminemment politique.

Tout cela témoigne du fait que ce n’est pas l’intersyndicale qui met le monde dans la rue, mais c’est parce qu’il y’a du monde en colère, une opposition massive que l’intersyndicale est contrainte d’appeler encore a des journées.

L’unité est de façade entre les syndicats plus combatifs et les syndicats de collaborations de classe. Ils sont uni car aucun n’aurait pu soutenir la réforme comme Berger l’a fait en 2019 avec la réforme Delevoye. Surtout quand des deputés RN et LR sont contre.

Imaginez vous le syndicat qui aurait osé soutenir la réforme et ne pas appeler à la grève alors que 94% des actifs sont opposés. Cela aurait été du suicide. Berger est contraint par la rue de suivre, mais aussi car il est fasse à un macronisme radicalisé.

La 2eme séquence que l’on connait est le résultat du passage au force mais également d’une forme de maturité du mouvement à comprendre que la passivité ne marché pas. Le fameux 7 mars « France à l’arrêt » était déjà une réponse de l’IS à la colére qui montait du terrain.

Mais à aucun moment l’IS n’a cherché à gagner le mouvement, elle a cherché à le contrôler et en tirer sa plus value pour espérer retrouver une place dans le système institutionnel. Ils n’ont pas arrêté d’envoyer des signaux d’affaiblissement alors que le mouvement est explosif.

Nous avons eu le droit à plein de parade, « attention on tiendra plus les troupes », la lettre à Macron, l’interpellation des députés, le refus de l’appel à la reconductible, le refus d’elargir les mots d’ordre à la question des salaires etc…

Depuis la deuxième phase du mouvement qui combine entré de la jeunesse, manif sauvage, blocage, action, grève reconductible, l’IS cherche à faire des pauses ou encore la parade de la médiation, afin de voir comment sortir de ce mouvement sans perdre des plumes.

Ils savent pertinemment que ce qui se joue aujourd’hui, fait entrer la France dans une crise profonde du régime, la possibilité réelle d’une généralisation de la grève et d’entrée dans une séquence révolutionnaire. C’est le mouvement le plus subversif depuis des décennies.

Berger et Martinez l’on dit, ils ne font pas de politique ( ce sont bien les seuls à le penser ), ils sont la pour parler des gobelets qui manque à la machine à café et aujourd’hui ce n’est plus le cas du mouvement, alors ils veulent tailler la route.

Mais comment faire ? Comment se casser sans voir son syndicat exploser et se faire déborder par la base. Vous aurez remarqué déjà que Martinez et Berger ne mettent plus leur tête dans l’IS depuis le 49.3. Avant ils etaient la à tous les communiqués…

Maintenant ils envoient les remplaçants que personne ne connait. Ils n’interviennent que très rarement dans les médias, sinon pour envoyer des appels de phare à Macron et dénoncer les manifestants. Pas une présence sur un piquet depuis 2 mois, ni même face aux réquisitions.

La méthode est d’éloigner la prochaine date, pour casser définitivement les grèves reconductibles, c’est ce qui est en train de se passer malheureusement dans certains secteurs si nous n’agissons pas. Je vous donne un exemple concret.

Avec mes collègues nous sommes en grève depuis le 7 mars, soit 23 jours au total, attendre le 6 avril cela veut dire de faire 9 jours de grève reconductible supplémentaire. Vous imaginez 9 jours seul avant la prochaine date interpro… C’est criminel quand on connait le terrain.

Alors moi et les militants nous tiendrons, mais comment faire tenir des salariés de base, 9j de plus avec des payes à 0 pour attendre 1 journée interpro sans savoir encore quand sera la prochaine, ptete le 16 avril etc… Comment faire tenir ?

Il y’a pas 36 solutions, la plus part vont reprendre car plus d’argent, d’autre grâce à leur caisse de grève maintiendront un peu les choses. Mais au final cela fait que pendant 10j, les grèves vont s’affaiblir et la dynamique va diminuer si nous ne faisons rien.

De plus le congrès de la CGT qui enlève des centaines de dirigeants syndicaux, de militants de terrain, empêche aussi la possibilité d’intervenir dans cette séquence, de discuter avec la base.Comment tenir un mouvement si les militants sont en train de débattre dans un congrès?

Voilà comment casser une dynamique à bon prix, d’un côté vous apparaissez toujours dans le coup en appelant à une date de grève, mais de l’autre vous l’a mettez assez loin pour que la dynamique se casse et que cela apparaissent comme un baroud d’honneur.

11 journées isolées qui si elles avaient été collé aurait changé le caractère des choses. Même 5j aurait eu plus d’efficacité. Mais l’IS a dit nous ne sommes pas pour le blocage de l’économie car Berger l’a dicté. De plus ils ont fragilisé l’auto-organisation à la base.

Avec l’attente des appels le soir de la manif interpro, ils ont vidé de leur sens les assemblées générale pour la reconduction. Comment discuter d’un plan de bataille en AG le matin, si vous devez attendre le soir quelle sera la prochaine date ?

Voila pourquoi aujourd’hui personne ne doit taire ce qu’il se passe, l’IS joue définitivement contre le mouvement et il faut le dénoncer HAUT et FORT, sinon toutes ces journées ces sacrifices financier n’auront servi à rien. La situation est GRAVE !!! »

La candeur de ce propos est quasi surprenante. On voit vraiment qu’on a affaire à des gens découvrant le monde. On est totalement en dehors de la moindre connaissance historique – et le type se prétend « marxiste ».

C’est comme chez les étudiants, c’est vide de contenu. C’est grotesque, baroque. Il n’y a plus aucun lien, sur aucun plan, avec le mouvement ouvrier historique.

Cette pancarte lamentable se veut même humoristique car reprenant la forme d’un « meme » d’extrême-Droite – une récupération typique chez des gens n’ayant rien à dire

La vérité, c’est que dans ce mouvement contre la réforme des retraites, il y a eu ceux qui ont menti en disant que ce serait simple, ceux qui se sont mentis à eux-mêmes en se disant que ce serait simple.

Sauf que rien n’est simple. Et pour comprendre les choses, il faut étudier Le capital de Marx, pas traîner sur les réseaux sociaux. Il faut organiser les gens avec comme critère le niveau de conscience, et pas pratiquer le spontanéisme des mouvements sociaux d’un pays parmi les plus riches du monde.

Et encore moins alors qu’on est dans le contexte de la 3e guerre mondiale s’érigeant en aspect principal dans tous les domaines.

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28 mars 2023: essoufflement contre la réforme des retraites

Il y avait moins de monde que la semaine précédente.

C’était, mardi 28 mars 2023, la 10e grande journée d’action contre la réforme des retraites. L’éternel et pathétique spectacle de syndicalistes ringards accompagnant quelques casseurs mettant à sac des centre-villes, sous les yeux des « forces de l’ordre » laissant faire tout en déversant des quantités ahurissantes de lacrymogène, s’est encore joué dans les grandes villes françaises.

Et les syndicats ont déjà annoncé qu’ils remettaient ça le jeudi 6 avril.

Tout cela va donc durer, avec inévitablement un long et lent pourrissement, accompagnant le délitement général de la société française. Il y avait mardi 28 mars, 740 000 manifestants en France selon le ministère de l’Intérieur, contre plus d’un million la semaine dernière. La CGT a vu quant à elle plus de deux millions de manifestants, contre 3,5 la semaine dernière.

C’est donc un recul, qui n’étonnera personne.

Si les gens en France sont « contre » la réforme, en réalité ils sont surtout « pas pour, mais bon ». Pour eux, hors de question pour autant de se mobiliser en masse dans un tel contexte, avec une telle démarche. Le mouvement contre la réforme des retraites est bien trop un vide intersidéral en termes de contenu, de vision du monde, de culture, d’utopie, et même de réalisme.

Autrement dit, c’est d’une nullité affligeante et il est déjà hallucinant de constater que ça parvienne à encore mobiliser autant de monde. Faut-il que la France soit à la ramasse!

Voyons les choses en face. Le décalage entre les syndicalistes (accompagnés des restes de la gauche) et la société française, est immense. Le décalage avec la réalité du monde, qui est la 3e guerre mondiale, est encore pire.

Reste à savoir maintenant ce qui pourra ressortir de ce décalage, qui débouchera forcément sur un effondrement, et donc un renouveau. Car tout ce qui se passe n’est qu’une expression de l’effondrement de l’occident.

Cet effondrement tant attendu par les masses mondiales!

Et terriblement craint par l’intersyndicale, dont voici le communiqué pleurnichard, qui assume ouvertement d’être là pour empêcher « l’explosion sociale ».

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Réquisitions à Gonfreville-l’Orcher

Tout un symbole de l’échec.

Il faut bien vivre, et on fait avec ce qu’on a. Mais enfin il y a des limites. Même en France, un pays capitaliste parmi les plus riches du monde. Et parmi ces limites, on a Gonfreville-l’Orcher.

On est là en Seine-Maritime, près du Havre. On y trouve une raffinerie TotalEnergies et l’impact est juste insoutenable. Alors, bien sûr, il y a des organismes pour dire que la pollution de l’air ceci, les odeurs cela, tout va bien alors ne vous inquiétez pas.

Mais enfin ce n’est juste pas possible. Et les incidents sont réguliers, provoquant encore plus de pollution et d’odeurs. Tout cela est incroyablement passé sous silence depuis des années.

Il y a bien eu une tenative, toute récente, très polie d’ailleurs. C’est l’émission Vert de rage, avec début mars 2023 « Les damnés du pétrole« . Par très polie, il faut comprendre qu’au lieu d’appeler à tout casser, on rentre dans le rang dès le départ, tout en voulant que, quand même, on change les choses :

« Nos analyses montrent des pics de pollution qui sont parfois préoccupants : près de l’usine, et aussi d’une école, les niveaux de benzène sont les mêmes que ceux que l’on trouve dans un tunnel en Île-de-France alors que l’on est à l’air libre, décrit Martin Boudot. C’est vraiment problématique, ça doit poser question. »

Ce qui est problématique, c’est que les gens à Gonfreville-l’Orcher n’ont pas tout cassé. Voilà tout.

Bon, et ils en pensent quoi, quand même, là-bas ? Ils ne votent pas vraiment, mais quand ils le font, la majorité est de Gauche de manière tout à fait écrasante. Très bien ! Pour autant Gonfreville-l’Orcher n’est pas connu pour être le bastion de la Cause du Socialisme.

Ce qui est fou. Si même à Gonfreville-l’Orcher on ne veut pas fusiller les occupants de l’Elysée et de Matignon pour y placer le drapeau rouge, c’est que vraiment personne ne le veut dans notre pays.

Bon s’il y a des gens qui doivent vraiment être énervés contre la réforme des retraites, c’est à Gonfreville-l’Orcher. Deux ans de plus à bosser dans un tel contexte, c’est juste impossible.

Effectivement, cela s’énerve. Certains petits malins l’ont vu à Paris, appelant à y aller en bus, pour aider à empêcher les réquisitions des travailleurs pour faire tourner la raffinerie. Car l’oléduc va jusqu’à Paris et alimente l’aéroport Charles-de-Gaulle.

C’est Révolution permanente qui a été à l’initiative des bus, et qui raconte comme suit :

« Des centaines de travailleurs et d’étudiants ont répondu présent : des dockers et éboueurs du Havre, des travailleurs du dépôt pétrolier de la CIM, de la centrale nucléaire de Paluel, des militants de l’union locale CGT Harfleur et du Havre, de l’union départementale CGT de l’Eure, du personnel de l’éducation, des énergéticiens, des travailleurs de la CGT Sidel et de la CGT Chevron, ou encore le rappeur havrais Médine.

À eux se sont joints ajouté 150 étudiants et travailleurs venus avec deux bus affrétés depuis Paris par le réseau pour la grève générale. Parmi eux, des étudiants, des cheminots, des travailleurs de la RATP, des raffineurs du site Total de Grandpuits, mais aussi la comédienne Adèle Haenel et le philosophe Frédéric Lordon.

https://twitter.com/Alainklain2/status/1639276289654661120?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1639276289654661120%7Ctwgr%5E39077b8af7ba4083e5192ce49ec99673ed2c92f0%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.leparisien.fr%2Feconomie%2Fadele-haenel-medine-frederic-lordon-des-personnalites-au-soutien-des-grevistes-de-la-raffinerie-total-normandie-24-03-2023-X72NYT3UWRBU3J6JU6CRN7ZC4M.php

C’est triste à dire, mais les travailleurs français ont la défaite qu’ils méritent. Se dire qu’il faut faire grève en suivant les syndicats et en étant appuyés par des étudiants parisiens, lorsqu’on a une vie quotidienne mise à l’écart de l’épanouissement… C’est une servitude volontaire.

Elle a son sens : il faut bien vivre. Mais elle a une signification : l’aliénation, l’exploitation, l’écrasement de tout perspective culturelle, naturelle. L’acceptation de la guerre à venir et déjà installée, la soumission à la destruction de la Nature à l’échelle mondiale, la tolérance vis-à-vis de l’asservissement des animaux…

Il faut savoir ce qu’on veut, à un moment. Si on prend les gens un par un, personnellement, tout s’explique, la dignité l’emporte, d’une manière ou d’une autre.

Mais en 2023 là, collectivement, ce n’est juste pas possible!

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23 mars 2023 : les syndicats continuent leur mouvement

Ils considèrent ne pas avoir perdu.

Les syndicats sont très contents d’eux-mêmes, considérant qu’ils ont réussi leur affaire. Malgré l’échec parlementaire, ils continuent d’exister et de faire la Une de l’actualité en s’opposant au report de l’âge légal de la retraite à 64 ans.

La CGT annonce 3,5 millions de manifestants dans toutes la France jeudi 23 mars 2023. Ce n’est pas plus que le maximum qui avait été atteint le 7 mars dernier, selon ses propres chiffres, mais c’est suffisamment beaucoup pour exister. Le ministère de l’Intérieur quant à lui fait état d’1,1 million de manifestants, soit un peu moins que les records des 31 janvier et 7 mars où environ 1,3 millions de manifestants avaient été annoncés.

Il n’y a donc aucun élargissement, aucune massification du mouvement, mais une base solide, qui persiste et signe. Dans le détail, cela donne des regroupements très importants surtout dans les grandes villes, dont plusieurs ont battu leur record de mobilisation d’après les préfectures.

Il y a Bordeaux (18 200 manifestants), Toulon (12 0000 manifestants), Rouen (14 800 manifestants), Strasbourg (12 400 manifestants). Ailleurs, c’est peu ou prou la même chose que d’habitude avec plusieurs milliers de manifestants.

C’est aussi le cas à Paris où le chiffre record de 119 000 manifestants est annoncé par la Préfecture. C’est plus que le 7 mars (81 000) et le précédent record du 11 février (93 000).

La CGT de son côté annonce le chiffre de 800 000 personnes à Paris, soit presque un quart de son total national ! Le chiffre donné par Le Monde et quelques autres médias ayant eu recourt à un cabinet privé est de seulement 83 000 personnes, soit dix fois moins…

On pourra trouver ce décalage anecdotique, mais c’est en tous cas typique de la situation en particulier et de l’esprit syndicaliste en général. On est dans l’esbroufe, le superficiel, avec la volonté de faire du bruit pour faire du bruit, mais avec un contenu absolument déplorable.

La palme du minable revient ici certainement aux syndicalistes de Perpignan qui ont trouvé cela intelligent de faire un Haka, la danse guerrière ultra-rétrograde des All Blacks, l’équipe de Rugby nationale néo-zélandaise.

Pour en arriver là, il faut plus que la méconnaissance de l’histoire ouvrière : on est carrément dans le nihilisme.

Le pire étant peut-être que ces gens ne comprendront même pas pourquoi ils sont critiqués.

Il faut mentionner également les violences et casses urbaines, qui ont été très nombreuses et participent de l’ambiance délétère dans le pays. En l’espèce, il s’agit de regroupement d’ultra-gauche agissant comme milices para-syndicales (si ce n’est officiellement, en tous cas objectivement), qui partagent des mots d’ordres communs et la même volonté de faire du bruit sans réel contenu ni politique, ni idéologique, ni culturel.

Cela donne des scènes spectaculaires, surtout avec ces feux de poubelles et des feux d’artifices, des vitrines cassées, des institutions vandalisées (le tribunal administratif à Nantes, l’hôtel de ville de Bordeaux, une mairie à Lyon, etc.), des policiers blessés.

On relativisera toutefois le degré de « violence » de ces milices qui en vérité ne font pas grand-chose à part se donner en spectacle pour des photos racoleuses prises par quelques journalistes. Il y aurait 149 policiers et gendarmes blessés, pour 200 interpellations.

L’intersyndicale entend ne rien lâcher et appel à une nouvelle mobilisation mardi 28 mars. Voici son communiqué.

Tous ces gens s’imaginent protagonistes de quelque chose, mais en réalité ils expriment la décomposition du capitalisme français, le déclassement de la puissance française, l’effondrement culturel et social de la société française.

Une époque meurt devant nos yeux et une autre s’ouvre déjà – celle de la défaite de l’Otan et de la déroute de l’occident !

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Macron, gestionnaire de la « crise politique »

Macron gère tant bien que mal la restructuration du capitalisme français.

Le discours d’Emmanuel Macron mercredi 22 mars a été l’illustration même de la crise. Non pas qu’il y ait un tournant historique qui se joue comme le prétendent certains, mais tout au contraire parce que le pays continue à s’enfoncer dans la décomposition sans que ni « en haut », ni « en bas », il n’y ait une quelconque perspective.

On notera ainsi le format de l’intervention qui n’a pas été un discours, comme cela avait pu être le cas lors de la pandémie de Covid-19, départ à la crise historique. L’heure ne fut pas non plus celle de grand écoute du 20h, mais à 13h.

De fait, son discours n’a ni servi à temporiser, ni servi à réprimer une quelconque protestation de masse, mais simplement à assumer la gestion d’une restructuration du capitalisme. Et quoi de mieux que de s’adresser à 13h, soit directement aux retraités en pantoufles, pour endosser le dossard du champion du conservatisme ?

Son discours n’a été rien d’autre qu’une répétition de ses grandes orientations, sans aucune grande annonce, car de grande annonce il n’y a en réalité nul besoin. La vérité c’est que les gens sont contre la réforme des retraites tout en ayant compris qu’ils s’étaient eux-mêmes piégés dans le mode de vie capitaliste fait de crédits en tout genre.

C’est pour cela d’ailleurs qu’Emmanuel Macron a rappelé que les choses avaient changé depuis 2019, avec la pandémie de Covid-19 qui a obligé l’État à s’endetter plus fortement. Le président de la République avait déjà déclaré il y a quelques jours que la réforme était une « nécessité absolue » et le Premier ministre Élisabeth Borne en avait préciser la raison au 20h de TF1 le jeudi 16 mars, celle de la protection du niveau de vie dans le capitalisme français :

« Quand on voit les sommes que l’on a mobilisé pour accompagner les français dans la crise covid, quand on voit ce qu’on mobilise pour les accompagner face à la flambée des prix de l’énergie, on ne peut pas faire croire aux français qu’on peut financer notre système de retraite par la dette […] Peut-être que certains veulent laisser croire que l’on peut tout financer par la dette, je pense que les français qui veulent acheter une maison, ils voient que les taux d’intérêts augmentent. C’est pareil pour l’État »

Et justement les gens se sont eux mêmes bloqués, veulent du capitalisme sans en vouloir. A ce titre, les contestataires ne représentent que l’apogée de la figure du petit-bourgeois pris de rage née en 2018 dans la crise des gilets jaunes. Macron le sait et peut se permettre d’enfoncer le clou en se déclarant prêt à « endosser l’impopularité » car il n’y a précisément aucune « majorité alternative ». Tout cela est vrai…et c’est très inquiétant car cela ne peut que servir cette vieille solution du sauveur suprême sorti des rangs de l’extrême-Droite capable d’assumer franchement le « tout changer pour ne rien changer ».

Macron endosse alors tout à la fois le parti de l’ordre et celui de la modernisation. Tout en appelant à l’augmentation de casernes de gendarmerie dans le pays et au personnel de justice, il vise à la « réindustrialisation » en profitant des réformes précédentes, comme la baisse des impôts de production ou bien encore la loi travail 2016, pour relancer le capitalisme français.

Macron navigue à vue : il est à un moment de l’Histoire où il se doit de sauvegarder le capitalisme français, ou plus exactement de le relancer sur une nouvelle base, tout en s’assurant de la paix sociale et civile. Une relance-restructuration qui se heurte non pas à une contestation intérieure mais à l’aiguisement de la compétition politico-militaire internationale le précipitant sous le parapluie des États-Unis.

Dans ces conditions, Macron se contente de gérer les choses en faisant passer une réforme qui rassure les investisseurs internationaux, condition seule à même de garantir la capacité de la France à lever sa dette et donc à conserver son niveau de vie actuel, donc à garantir la paix sociale.

Cela fonctionne pour l’instant car il n’y a précisément pas de contestation de masse du régime puisqu’il n’y a pas de Gauche historique travaillant à l’émergence d’une telle proposition. La bourgeoisie reste malgré tout bien inquiète de la situation car elle recèle objectivement toutes les conditions pour la renaissance d’une telle proposition…

Et l’on voit ici combien les opposants actuels sont de faux contestataires mais de vrais saboteurs de la seule prise de conscience nécessaire, celle du renversement d’un capitalisme français qui ne peut plus, dans cette époque de crise générale, payer l’addition sans se cracher lui-même…

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Politique

Emmanuel Macron rappelle aux français le prix du quoiqu’il en coûte

La facture sera salée.

Certains ont voulu croire que l’argent était réellement magique et que les richesses peuvent se créer ex-nihilo sans aucune conséquences. Nous avons dis dès l’origine que cela allait coûter aux français, et qu’il fallait la socialisation.

Emmanuel Macron s’est exprimé hier lors d’une interview visant à justifier le passage en force de la réforme des retraites et continuer à maintenir l’argument de la nécessité. Il n’a rien dit, rien annoncé qui aille dans le sens d’une modification d’approche compte tenu de la contestation actuelle.

Il n’a fait que rappeler que sa fonction était d’assurer une certaine continuité du capitalisme français, en limitant la casse de la crise déclenchée par le COVID19 et du quoiqu’il en coûte.

Il évoque cela ainsi lorsque les journalistes lui font remarquer sont changement de position sur les retraites :

« Journaliste : Vous disiez vous-même en 2019 « on ne peut pas demander aux gens de travailler jusqu’à 64 ans si à 55 ans ils ont déjà du mal à trouver du boulot. »

Emmanuel Macron : On a beaucoup repris ce passage. Je vais être clair avec vous car justement j’ai le sens de la démocratie et du mandat. Quand je m’exprime et que je dis cela en 2019 – on a lancé les ordonnances travail que depuis 18 mois, ça fait 6 ans maintenant qu’elles sont en œuvre avec les résultats que vous connaissez – je m’exprime dans une société qui est à plus de 8 % de taux de chômage. Le mandat que j’ai en 2017 c’est de créer un système universel des retraites, en aucun cas de bouger l’âge de départ parce que le rapport de concertation des retraites et tous les experts disaient « y’a pas de problème ».

Après cette expression que tout le monde nous ressert, qu’est-ce qui s’est passé dans notre pays ? Les gens vivaient dans quel monde ?

On a eu le Covid. On a eu la guerre. On a eu l’inflation. La Nation a dépensé des dizaines de milliards d’euros pour protéger, elle a donc construit une dette qu’on a amorti dans le temps et nos comptes se sont dégradés.

Au moment de la campagnes de 2022, la situation est drastiquement différente. »

Il parle de la guerre au passé, mais il serait plus juste de dire « on a la guerre en Ukraine ». Et la guerre n’est pas un sujet pour les français qui acceptent passivement que le complexe militaro-industriel français marche à plein régime pour envoyer des armes à crédit au régime ukrainien.

Il a été dit ici que le capitalisme avait provoqué sa propre crise de part la destruction généralisée de la planète qui a engendré la pandémie de COVID19 et que le confinement a été un moment de collectivisme forcé au sein du capitalisme. Une anomalie majeure dans le flux-tendu exigé par l’accumulation moderne.

La guerre est une conséquence de la crise, les conflits inter-impérialistes restent ce qu’ils étaient au XXè siècle et tels qu’ils étaient décrit par les intellectuels du mouvement ouvrier de l’époque : une nécessité pour les capitalismes nationaux pour maintenir leur rang dans le monde. Non pas de manière consciente mais de manière tout à fait inéluctable.

Alors Macron patauge, parce que son idéal turbo-capitaliste personne n’y croit plus et là où les français sont en mauvaise posture, c’est qu’ils veulent quand même le capitalisme. Ils ne veulent pas que leur niveau de vie baisse, ils ne veulent pas de la crise et tant que cela reste ainsi, cela nécessite la guerre.

C’est très concrètement le sens de « socialisme ou barbarie ».

Or, ils ne veulent pas du socialisme, ils ne veulent pas d’un ordre nouveau, ils veulent le rétablissement d’un ordre ancien fantasmé. Sans une remise en question générale dirigée par le mouvement ouvrier, il n’y aura ni ordre, ni paix, ni justice.

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Société

Réforme des retraites et luttes « sauvages »

Le mythe du « spontanéisme ».

Depuis que la réforme des retraites est passée, on assiste à une systématisation des initiatives « sauvages ». Le plus souvent il s’agit de manifestations avec des petits débordements contre la police ou des incendies de poubelles. Parfois, il s’agit d’occupations (comme celle de la faculté de Tolbiac à Paris), ou même bien plus rarement de grèves.

Dès qu’on atteint un certain nombre de gens dans le cadre du mouvement de lutte contre la réforme des retraites dans une ville donnée, ce phénomène a lieu.

Il rappelle que le grand idéologue des « mouvements sociaux » en France, c’est Georges Sorel. Il est passé à la trappe, personne ne le mentionne, ou même ne le connaît. Mais c’est sa conception qui est à la base de tout ce qui se passe depuis que la Gauche historique n’a aucun poids en France.

Georges Sorel affirme au début du 20e siècle qu’il faut une minorité agissante qui agisse comme faction agressive, en utilisant des « mythes mobilisateurs », principalement celui de la « grève générale ». Le progrès se fait suivant l’action des « combattants ».

C’est une conception qui est entièrement opposée au marxisme et à son expression politique alors, la social-démocratie. Et on la retrouve aujourd’hui à l’ultra-gauche, chez les anarchistes, et même chez La France Insoumise avec le « populisme » dont elle se revendique ouvertement.

Jean-Luc Mélenchon fait du Sorel lorsqu’il appelle l’agitation à servir de levier pour faire « bouger » les choses, plus exactement en réalité à forcer les choses.

C’est qu’il y a un côté puissamment fasciste chez Sorel, une dimension viriliste, guerrière : Mussolini s’en revendiquera pour le fascisme italien. Et on retrouve très précisément cela lorsqu’en France lorsque des hommes habillés tout en noir se disant anarchistes scandent « ahou ahou » en manifestation, reprenant ce « mot d’ordre » au film d’extrême-Droite assumé « 300 » sur les Spartiates.

Les manifestations « sauvages » actuelles tiennent clairement de cette démarche « guerrière » spontanéiste, violemment anti-intellectuelle, anti-politique même. On est ici dans une forme de lutte qui est de droite, qui relève de l’anti-parlementarisme traditionnel à droite de la Droite.

On remarquera ici qu’un des vecteurs de cette démarche tient à l’emprunt assumé de méthodes aux « ultras » des stades de football. Des méthodes virilistes, agressives et provocatrices, avec un esprit de bande ou de clan.

Quiconque lit les ouvrages de l’historien Zeev Sternhell sur cette droite « contestataire » née en France ne peut que constater les rapprochements évidents avec ce qui se passe en France.

On avait déjà vu cela pendant les confinements : dans toute l’Europe, c’était l’extrême-Droite qui s’y opposait… Sauf en France où c’était toute cette scène de la révolte « sauvage », mêlant ultra-gauche, gilets jaunes, syndicalistes, etc.

Ces gens veulent faire tomber le régime pour faire tomber le régime. Ils n’ont ni valeurs, ni programme. La contestation est leur seul fond et ils racolent autant que possible, ils pratiquent la surenchère permanente.

Il n’est guère étonnant que dans un pays où la Droite a l’hégémonie sur le plan des valeurs, où la Gauche historique est isolée, l’agitation sociale s’aligne sur un spontanéisme à la fois beauf et nauséabond. Il suffit de voir des gens se revendiquer du syndicalisme et organiser des marches aux flambeaux pour voir qu’on a touché le fond.

Tout ça est le prix de la négation du rôle des idées, de la connaissance de l’Histoire, de l’importance des valeurs. La base de tout ça, c’est la corruption par le capitalisme dans un pays qui est l’un des plus riches du monde.

On s’amuse à se faire peur, la dimension « sauvage » permet de faire beaucoup de bruit, sans n’engager à rien. Car tous ces révoltés en mode « sauvage » n’ont aucune activité politique. Ils vivent le « grand soir » à petite échelle simplement pendant un temps.

Le contraire d’une lutte « sauvage », c’est bien entendu une lutte consciente, organisée à la base avec l’ensemble des travailleurs (et donc pas sur une base syndicale ou bien d’intersyndicale). Le contraire d’une lutte « sauvage », c’est une assemblée générale de travailleurs prenant démocratiquement des décisions en étant portés par la conscience de la lutte des classes.

La négation du rôle de la conscience, voilà ce qui amène tout ce mouvement contre la réforme des retraites à la fois à l’échec et à la honte. Non seulement les larges masses sont évitées, mais l’agitation prend des formes relevant de la Droite.

Les conséquences de tout cela vont être terribles.

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La réforme des retraites passe dans la confusion

Une confusion indéniablement occidentale.

On dit aux gens qu’ils doivent travailler plus longtemps, alors forcément ils sont mécontents, ils ne veulent pas. Mais le gouvernement en place peut parvenir à réformer les retraites quand même, car les gens accompagnent de toutes façons le capitalisme.

Comme certains ne le comprennent pas, cela donne des petites révoltes éparses, bruyantes, médiatiques, cependant cela ne change rien à l’affaire.

Formulé différemment, cela donne : bien au chaud en occident, les gens peuvent faire les malins mais se plient de toutes façons aux adaptations du capitalisme.

Regardons la séquence qui vient de se terminer, pour y voir clair, et pour saisir ce qui va se passer ensuite.

Le gouvernement, avec à sa tête Élisabeth Borne, met en place une réforme des retraites, avec notamment le recul de 62 à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite.

La majorité des Français est contre, il y a toute une série de manifestations massives. Malgré toutefois la participation de millions de personnes, aucune critique du capitalisme n’émerge. Pareillement, le soutien militaire au régime ukrainien par l’intermédiaire de l’Otan et de l’Union européenne est passée sous silence.

L’ensemble reste d’esprit uniquement syndical. Il n’y a aucune effervescence politique ou culturelle sur une base de gauche.

C’est un simple constat : sur le plan des valeurs, de la culture, la France n’a connu aucun changement.

Continuons. Comme le gouvernement dispose d’une majorité relative, la réforme passe les 15 et 16 mars 2023.

Deux phénomènes parallèles s’enclenchent : du côté politique d’un côté, du côté protestataire de l’autre.

Les partis politiques d’opposition tentent en effet de profiter de l’aubaine. Une telle contradiction entre un gouvernement et l’opinion publique, ça ne se rate pas. Il y a alors le 20 mars 2023 deux motions de censure proposée pour faire tomber le gouvernement.

La première est proposée par le RN, elle n’obtient que 88 voix. La seconde est proposée par des centristes, du groupe « Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires ». Elle obtient le soutien de tout le monde dans l’opposition : de la part des élus du RN, de LFI, du PS, d’EELV, du PCF, et également d’une partie de la Droite traditionnelle (Les Républicains).

Seulement il aurait fallu que tous les députés « Les Républicains » soient de la partie. La motion de censure a donc échoué, avec 278 votes contre 287 requis.

On a donc une perte de légitimité gouvernementale : la majorité des gens est contre la réforme, la majorité gouvernementale n’a pas de réelle stabilité. Pour autant, la réforme est passée.

On doit donc dire que ça passe, mais que ça casse en même temps. C’est typique d’une situation de crise. C’est conforme à notre affirmation comme quoi c’est la crise générale depuis 2020. L’instabilité gouvernementale est un critère de la crise générale, bien évidemment.

Quel est le second aspect ? Une telle situation produit, vu l’état de la France, l’assaut des forces populistes. Gilets jaunes, ultra gauche, syndicalistes… toutes ces forces « antiparlementaires », étrangères et hostiles aux valeurs de la Gauche historique, pensent que c’est leur heure.

Les heurts sont nombreux dans de nombreuses villes, avec des centaines d’interpellations. Paris, Marseille, Lyon, Nantes, Toulouse, Rennes, Saint-Étienne, Amiens, Brest, Strasbourg…

Un bilan de ce phénomène est impérativement à mener. Ce qu’on peut et doit dire déjà pourtant, c’est que ces gens n’ont rien de gauche, ils ne sont que le produit de l’appel d’air de la crise gouvernementale.

L’instabilité produit toujours l’activation des « antiparlementaires ». Autrement dit, c’est fondamentalement réactionnaire.

Maintenant, quelle va être la suite?

Soit l’Histoire, cette vieille taupe, profite de ce moment de faiblesse du capitalisme occidental version française pour faire émerger une forme de lutte de classes, dont les contours nous surprendront…

Soit la décomposition politique française va conduire encore plus à l’aigreur et à l’apolitisme, avec des gens égoïstes prêts à tout accepter et à mettre le pays au service de la superpuissance américaine dans sa guerre contre la Russie (et la superpuissance chinoise).

Naturellement, la dialectique de la réalité implique la coexistence de ces deux phénomènes.

Tel est le cours de l’Histoire et ses contradictions : il faut des déchirures internes pour que les choses apparaissent… et s’affrontent.

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La France se décompose en mars 2023

La société française est totalement pourrie.

Les Français sont des hypocrites ; ce n’est pas pour rien qu’ils n’ont jamais assumé le protestantisme pourtant né chez eux avec Jean Calvin, et qu’ils ont toujours préféré le catholicisme où, au moins, on pouvait se repentir après avoir fait le contraire de ce qui était demandé.

Quiconque regarde par la fenêtre, dans la rue, au travail, à l’école, où qu’il veuille, ne peut pas ne pas voir que la France se décompose, que plus rien ne tient. Le niveau culturel s’effondre, les gens se contentent du superficiel et développent même un goût pour le superflu. Chaque Français rêve de gagner des millions au loto pour se contenter de se laisser vivre en profitant du luxe.

Autre constat : la violence dans la société s’est effondrée. La violence directe, l’agressivité des années 1970-1990 a pratiquement disparu, mais la violence sociale a explosé. On ne risque plus de se faire tabasser au commissariat, mais toute la société tabasse la psychologie, les nerfs, les sentiments. La vie quotidienne est méchamment ardue.

Mais les Français ne l’assument pas. Ils masquent la réalité, car ils comptent encore profiter jusqu’au maximum d’être au chaud en occident. Le pays se tiers-mondise ? Qu’importe si « moi » je peux encore en profiter. Tant pis pour les autres !

C’est cela qui explique cette ambiance années 1930 qui suinte du mouvement actuel contre la réforme des retraites. On n’y trouve strictement rien relevant de la Gauche historique. C’est la Droite qui s’exprime partout. Marches aux flambeaux… Incendie d’effigies de personnalités politiques… Anti-parlementarisme avec ciblage de permanences d’élus… Virilisme des « minorités agissantes » lors des manifestations… Esprit ouvertement corporatiste avec un refus catégorique d’élargir le champ des revendications…

On voit mal comment Marine Le Pen ne va pas profiter de manière prononcée de la séquence en cours. Nous vivons pratiquement un Février 1934 conforme à l’esprit de notre époque : sur un mode syndical occidental, mou, aigri, délétère, acide. On pensait qu’avec les gilets jaunes, ces chemises noires ne s’assument pas, on ne pouvait pas vraiment faire pire… Eh bien si ! Les beaufs du syndicalisme ont réalisé cet exploit.

Ce qui nous pend au nez, c’est le scénario italien des années 1920. L’agitation sociale échoue, et même si elle n’a pas été « révolutionnaire », elle fait suffisamment peur à la bourgeoisie qui craint une progression du niveau de conscience historique des masses. Alors, ce qui s’ensuit, c’est la victoire électorale de l’extrême-Droite. Puis un tour de vis massif et l’instauration d’un régime, à peu près le même, et pourtant différent, pour aller à la guerre.

On dira qu’il n’y a pas de milices d’extrême-Droite aujourd’hui. C’est vrai, il n’y a que quelques regroupements totalement déconnectés de la réalité. Mais il n’y a même pas besoin de telles milices, car la Gauche historique – la seule réelle menace pour la bourgeoisie – est inexistante ou presque en France. Ce n’est pas La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon qui va prendre l’Élysée par les armes et instaurer le Socialisme. Et de toutes façons les masses ne veulent rien savoir, elles ne veulent pas de la politique, elles veulent qu’on les laisse tranquilles et que chacun puisse continuer sa petite vie.

Le mouvement contre la réforme des retraites auquel on assiste est une infamie, une insulte aux exigences de l’Histoire. Nous l’avions dit dès le départ. Et il n’a pas fini de continuer à s’enfoncer. Cela va empirer.

Rien de toute ça n’empêchera toutefois la résurgence inéluctable de la Gauche historique ! C’est la crise générale, la France s’effondre, les compteurs sont remis à zéro, et il faut boire le calice de la corruption occidentale des masses jusqu’à la lie, voilà tout. Demain sera entièrement différent politiquement.

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Politique

La crise politique déclenchée par le « 49.3 »

L’ambiance est délétère.

En annonçant jeudi 16 mars 2023 avoir recours à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire passer la réforme des retraites, le gouvernement français a mis le feu aux poudres. N’ayant pas une majorité solide au Parlement, en tous cas à l’Assemblée nationale, il tente le coup de force.

Sauf que le pays est instable. La dette plombe l’économie, la désindustrialisation le maintient au sol, l’insécurité mine le moral des gens et la guerre contre la Russie fait de la France un vassal américain avec très peu d’autonomie. Le recours au « 49.3 » est ainsi surtout un aveu de faiblesse, plutôt qu’un réel coup de force politique.

La France n’est plus une grande puissance mondiale du capitalisme, elle se retrouve incapable de faire passer une réforme structurelle indispensable du point de vue capitaliste (les tentatives durent depuis des années). Inversement, il n’y a pas en face un camp socialiste, une Gauche réelle, menant une lutte de classe pour contester le pouvoir à la bourgeoisie.

Alors il n’y a rien, à part de l’instabilité.

Ainsi les choses se sont immédiatement précipitées, enfonçant encore plus la situation de crise. Le soir même, dans les villes, des milliers de manifestants sont descendus dans la rue, avec dans les grandes villes des troubles violents.

Profitant des ordures jonchant les rues pour allumer des feux faciles et spectaculaires, les émeutiers s’en sont donnés à cœur joie et la police fût, relativement, débordée à Paris, Rennes, Marseille, Lyon Amiens, Dijon, Nantes, Lille. On parle d’arrestations par centaines, de jet de bouteilles incendiaires blessant les forces de l’ordre, de tirs tendus de mortier d’artifice, de vitrines et de mobilier urbain saccagés, de matériel de chantier anéanti et utilisé comme arme.

À Lyon et à Rennes, ce sont les Hôtels de ville qui ont été visés, non pas par des révolutionnaires s’imaginant prendre le pouvoir, mais par des bandes nihilistes s’en prenant à des symboles démocratiques, aussi relatifs soient-ils. Cela relève du fascisme et il faut s’en inquiéter.

Les mêmes scènes de chaos destructeur ont eu lieu dans la soirée du 17 mars et vont très probablement perdurer tout le weekend. De leur côté, les oppositions syndicales et politiques ont accentué la pression contre la réforme des retraites toute la journée, avec en arrière-plan la menace d’une motion de censure du gouvernement qui passerait et engendrerait une refonte du paysage politique.

Sur le plan politique, c’est un désastre. Les syndicats et la Nupes s’imaginent triomphants, obtenant le retrait de la réforme des retraites. Sauf que ce qu’ils sont en train d’obtenir, c’est un tapis rouge pour Marine Le Pen, qui profite allégrement de la situation. Elle est la seule, au nom de son groupe Rassemblement national, a avoir annoncé qu’elle voterait toutes les motions de censure pour faire tomber le gouvernement. Tout passe dorénavant par elle.

Car depuis le début, Marine Le Pen est comme eux tout à fait contre l’augmentation de l’âge de départ à la retraite voulue par le gouvernement. Elle a même promis qu’elle reviendra sur la loi si elle est élue. Cela n’a rien d’étonnant, tous ces gens veulent la même chose : un capitalisme qui tourne à plein régime et qui paie cher pour la paix sociale.

S’il n’y a pas de contenu socialiste à la contestation, alors celle-ci profite à l’extrême-droite, au nationalisme. C’est une leçon du 20e siècle que l’on connaît bien à Gauche. C’est exactement ce qui se passe sous nos yeux.

Il n’y a qu’une issue dans ce cas, c’est le nationalisme. A moins que la Gauche ne s’exprime et ne fasse vaciller l’édifice capitaliste lui-même. Sinon, c’est le rouleau compresseur.

Actuellement, depuis un an maintenant, tout passe par la guerre. L’Occident, le capitalisme occidental, joue sa survie en menant la guerre à la Russie (et bientôt à la Chine). Alors il faut l’aider à sombrer, en sabotant la guerre. C’est la clef.

Mais si la crise politique actuelle ne déstabilise pas la France dans son élan guerrier contre la Russie, alors c’est un échec cuisant pour toute perspective démocratique et populaire.

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Société

Retraites : fiasco des manifestations des 11 et 15 mars 2023

Le syndicalisme accompagne simplement le capitalisme.

Ce 15 mars 2023 avait lieu la huitième mobilisation syndicale contre le projet gouvernemental de réforme des retraites. La CGT revendique 1,7 million de manifestant, le ministère de l’Intérieur affirmant qu’il n’y en avait que 480 000.

C’est un second fiasco, après celui, autrement douloureux du 11 mars. Car le 11 mars était un samedi et il était espéré qu’il y aurait un appui de la part des gens « ne pouvant pas » faire grève. Un million de personnes se sont alors déplacées selon la CGT, 370 000 selon le ministère de l’Intérieur, un chiffre important mais nullement historique, et même le plus bas depuis le début des mobilisations.

Tout cela pose un problème majeur pour les syndicats : cela ne permet pas de rattraper la mobilisation du 7 mars, qui était censée mettre l’économie française à l’arrêt. Il ne s’est strictement rien passé et toute la crédibilité syndicale s’est envolée. Nous avions annoncé cet échec et nous en avons expliqué l’origine.

Les syndicats avaient bien essayé entretemps de faire bouger le président Emmanuel Macron au moyen d’une lettre, mais il n’y a pas eu la reconnaissance attendue. Pourtant, les syndicats avaient fait preuve de bien de dispositions en faveur du capitalisme, comme avec un appel unanime à soutenir le régime ukrainien et de fait l’Otan.

Mais rien n’y fait, le capitalisme a des impératifs. Les syndicats sont là pour accompagner, donc ils accompagnent, voilà tout. Quant aux travailleurs, ils agissent de manière corporatiste, pensant avant tout à leur retraite, et ne dépassent pas les revendications syndicales au rythme des manifestations et des merguez.

Ainsi, la majorité des Français est contre la réforme des retraites, il y a des millions de gens prenant des initiatives, allant de participer à une manifestation à celle d’essayer d’organiser, et il ne se passe rien.

Eh oui ! C’est comme ça dans le 24 heures sur 24 du capitalisme.

Qu’est-ce qui est pire ? Que la CGT mente et qu’il n’y a pas eu 3,5 millions de personnes le 7 mars 2023, ou bien qu’il y ait réellement eu 3,5 millions de personnes et que cela ne change rien ?

Le syndicalisme, c’est la défaite, et encore on ne peut pas dire ça, car le syndicalisme n’a pas de prétentions réelles, à part celles d’accompagner vers des plus grands acquis sociaux. Les syndicats sont là pour servir le cadre capitaliste, pour gérer le partage du gâteau selon les possibilités, cependant ils ne décident de rien en dernier ressort.

C’est une sacrée preuve que les mouvements des années 1960-1970 rejetant le syndicalisme – que ce soit les maos français et italiens, les autonomes allemands et la contestation italienne pratiquement en général – avaient tout à fait raison.

Ce qui compte, c’est la vision du monde et la culture, qui seules permettent des démarches qui ont du sens, une valeur historique, s’extraient du 24 heures sur 24 du capitalisme.

Tout le mouvement actuel contre le projet gouvernemental de réforme des retraites est donc condamné à la défaite. Nous l’avions dit dès le départ, cela a pu provoquer l’étonnement, car tout de même, il se passe quelque chose…

Sauf que non, il ne se passe paradoxalement rien du tout ! Et la preuve absolue est que toute la société française soutient dans les faits la machine de guerre occidentale mise en place pour la guerre américaine contre la Russie !

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Politique

L’intersyndicale pleurniche auprès d’Emmanuel Macron

Monsieur le Président, je vous fais une lettre, que vous lirez peut-être…

Le mouvement syndical du 7 mars 2023 censé bloquer l’économie n’ayant été rien d’autre que traditionnel, c’est-à-dire gesticulatoire, il ne restait plus qu’une carte pour l’intersyndicale, vite abattue. Cela consiste à rappeler aux institutions étatiques que les syndicats sont eux-mêmes une partie de ces institutions, un appendice du capitalisme.

Sauvez-nous, disent les syndicats, ou bien les masses vont agir de manière autonome par rapport aux institutions, et là le capitalisme peut être remise en cause.

Les gens sont contre la réforme, disent les syndicats, et si nous n’aboutissons à rien nous n’aurons plus ni légitimité ni crédibilité, « la situation pourrait devenir explosive ». Donnez-nous au moins des miettes, pour sauver la face !

Et pour que cette soumission syndicale soit sans ambiguïtés, elle passe par une lettre envoyée au président de la République, qui comme on le sait est censé être, dans le régime de la Ve République, « au-delà » des intérêts partisans.

Cela révèle parfaitement la nature des syndicats, un appendice du capitalisme pour corrompre et neutraliser, accompagner un mode de vie beauf.

Il y a par ailleurs des idiots utiles du capitalisme qui depuis des mois (ou des années), surtout à gauche de la gauche, présentent la CGT comme un rempart populaire : c’est mensonger, et cette lettre de soumission complète qu’elle signe avec tous les autres en témoigne parfaitement.

Les syndicats sont simplement un aspect du 24 heures sur 24 du capitalisme, ils sont une partie du problème, certainement pas de la solution. C’est tout l’occident qui doit tomber, avec son mode de vie, avec ses institutions. Les syndicats de la cogestion ou de la prétendue cogestion de la richesse occidentale sont en opposition aux intérêts des masses mondiales !

Intersyndicale-Lettre-au-PR-8-mars-2023

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Restructurations économiques

Échec de la grève syndicale du 7 mars 2023

La « grève générale » n’a pas eu lieu.

L’intersyndicale CFDT, CFTC, CGT, CGT-FO, CFE-CGC, UNSA, Solidaires et FSU avait gonflé les muscles en annonçant la journée du 7 mars 2023 contre la réforme du système des retraites. On allait voir ce qu’on allait voir disaient-ils, jouant leur va-tout pour faire plier le Parlement à quelques jours d’une probable adoption du projet de loi sur la réforme des retraires par le Sénat.

L’ambition était grande, avec en arrière-plan le mythe mobilisateur de la grève générale. Il a été insinué l’idée d’une grève reconductible massive, pour véritablement lancer quelque-chose.

Le communiqué intersyndical du 22 février mettait le paquet :

« l’intersyndicale réaffirme sa détermination pour mettre la France à l’arrêt le 7 mars prochain en appelant les travailleurs.euses à participer massivement aux manifestations et à se déclarer en grève. » 

« Le 7 mars doit être une véritable journée morte dans les entreprises, les administrations, les services, les commerces, les écoles, les lieux d’études, les transports… »

Résultat : c’est un échec patent !

Certes, la mobilisation est forte, les manifestants sont nombreux. Il y a eu 1,28 million de personnes défilant dans toute la France d’après le gouvernement. Mais c’est peu ou prou la même chose que le 31 janvier dernier, le seul véritable « succès » de ce mouvement.

La CGT revendique 3,5 millions de manifestants ce 7 mars, contre 2,8 millions fin janvier. Là encore, c’est le même ordre de grandeur, la même teneur, avec des pics plus ou moins records de manifestants dans de nombreuses villes.

Près de 30 000 personnes à Brest, entre 15 500 et 22 000 à Pau, entre 15 000 et 25 000 à Rodez, 2000 à Bastia, 4500 à Belfort, 6500 à Guéret : c’est significatif pour de telles villes. Et dans les grandes villes, c’était environ 30 000 personnes à Nantes, Marseille, Lyon ou Montpellier, un peu moins, environ 20 000, à Grenoble Rouen ou Rennes et environ 12 000 à Lille, Tours Nice, Le Havre ou Strasbourg.

C’est beaucoup, mais rien de mirobolant pour autant. Surtout, il n’y a pas eu cette « France à l’arrêt », comme cela a été promis et vanté.

Ce qui devait compter, c’est-à-dire la grève massive avec une généralisation, n’a pas eu lieu. L’intersyndicale reste donc très floue à propos de la grève et des chiffres dans son communiqué du 7 mars au soir.

On sait très bien que l’immense majorité des travailleurs, et particulièrement des ouvriers, n’a pas été touchée par la grève. Il est simplement dit, de manière très vague :

« C’est une journée historique par l’ampleur de ces grèves et de ces mobilisations. Des milliers d’écoles et de lieux d’études fermés, des entreprises privées, des administrations, et des villes à l’arrêt. »

Voilà qui est bien prétentieux. En fait de grève générale, il y a eu les habituels secteurs où les syndicats existent encore, surtout la SNCF, EDF ou l’enseignement, avec des taux de grévistes flirtant avec les 50%.

Pas de quoi chambouler l’ordre dominant et le train-train capitaliste français. Tout cela est bien contenu, habituel, ronflant. Et à côté de la plaque historiquement.

Les syndicats en France sont simplement en train de se faire balayer par la crise. Le monde a changé depuis 2020 et la pandémie de covid. La guerre mondiale qui se dessine concrètement et activement sous nos yeux dorénavant, finira de les terrasser, et avec eux leurs pathétiques illusions d’un capitalisme à visage humain.

C’est la fin d’une époque.

Encore faut-il le comprendre. Reconnaissant indirectement l’échec du 7 mars, l’intersyndicale appelle à recommencer… la semaine prochaine.

Voici le communiqué commun des centrales CFDT, CFTC, CGT, CGT-FO, CFE-CGC, UNSA, Solidaires et FSU :

« Le gouvernement doit dès maintenant retirer son projet !

Depuis le 19 janvier, la population se mobilise massivement contre la réforme des retraites. Les différentes journées à l’appel de toutes les organisations syndicales et de jeunesse ont rassemblé des millions de travailleurs et travailleuses, jeunes et retraité.e.s.

Le 16 février, face à l’absence de réponse du gouvernement et du président de la République,

l’intersyndicale a appelé à mettre la France à l’arrêt le 7 mars. Elle est forte du soutien des 3/4 de la population et de 94% des actifs qui refusent le recul de l’âge légal de départ à 64 ans et l’allongement de la durée de cotisations. Aujourd’hui encore, ce sont plus de 3 millions de travailleurs et travailleuses, du public comme du privé, jeunes et retraité.e.s, qui se sont mobilisés, par la grève et/ou la manifestation.

C’est une journée historique par l’ampleur de ces grèves et de ces mobilisations. Des milliers d’écoles et de lieux d’études fermés, des entreprises privées, des administrations, et des villes à l’arrêt. Plusieurs centaines de manifestations et d’actions sur l’ensemble du territoire pour demander le retrait du projet de loi retraites.

A ce jour, ces mobilisations énormes conduites par une intersyndicale unie n’ont reçu aucune réponse de la part du gouvernement. Cela ne peut plus durer. Le silence du président de la République constitue un grave problème démocratique qui conduit immanquablement à une situation qui pourrait devenir explosive. En responsabilité, l’intersyndicale adressera un courrier lui demandant à être reçue en urgence pour qu’il retire sa réforme.

C’est forte de cette détermination exprimée aujourd’hui que l’intersyndicale soutient et encourage tous les secteurs professionnels à poursuivre et amplifier le mouvement.

L’intersyndicale appelle à se saisir du 8 mars pour pointer la détérioration particulière de la situation des femmes avec ce projet de réforme. L’intersyndicale soutient l’appel spécifique des organisations de jeunesse à se mobiliser jeudi 9 mars et appelle à rejoindre les rassemblements et manifestations, notamment à Paris, place de la République.

L’intersyndicale appelle à une nouvelle mobilisation interprofessionnelle ce samedi 11 mars puis dès la semaine prochaine, à une journée de manifestations et de grève, le jour de la commission mixte paritaire, moment important du calendrier parlementaire. Elle appelle toute la population à continuer la mobilisation et les actions, encore plus massivement pour dire non à cette réforme injuste et brutale,

Paris, le 7 mars 2023″