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Extermination au Danemark de 17 millions de visons

Au Danemark, une variante du virus au cœur de la crise sanitaire actuelle connaît une version mutée dans les élevages de visons. La réponse est celle de l’extermination.

C’est un exemple ô combien révélateur de la situation de l’humanité. D’un côté, on reconnaît que le rapport à la nature est sans dessus-dessous, de l’autre on continue comme si de rien n’était !

La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), un organisme de l’ONU, vient ainsi de publier un rapport sur la biodiversité (ici en anglais). Dans le communiqué de presse en français, il est bien indiqué que :

La pandémie de COVID-19 est au moins la sixième pandémie mondiale depuis la pandémie grippale de 1918, et bien qu’elle trouve son origine dans des microbes portés par des animaux, comme toutes les pandémies, son émergence a été entièrement déterminée par les activités humaines, indique le rapport publié ce jeudi.

On estime à 1,7 million le nombre de virus « non découverts » actuellement présents dans les mammifères et les oiseaux, dont 827 000 pourraient avoir la capacité d’infecter les êtres humains.

« Il n’y a pas de grand mystère sur la cause de la pandémie de COVID-19, ou de toute autre pandémie moderne », a déclaré le Dr. Peter Daszak, président de EcoHealth Alliance et de l’atelier d’IPBES.

« Ce sont les mêmes activités humaines qui sont à l’origine du changement climatique, de la perte de biodiversité et, de par leurs impacts sur notre environnement, du risque de pandémie. Les changements dans la manière dont nous utilisons les terres, l’expansion et l’intensification de l’agriculture, ainsi que le commerce, la production et la consommation non durables perturbent la nature et augmentent les contacts entre la faune sauvage, le bétail, les agents pathogènes et les êtres humains. C’est un chemin qui conduit droit aux pandémies. »

Et au lieu de comprendre le sens de cela, à quoi a-t-on droit ? À une extermination de 17 millions de visons. Ces pauvres animaux vivaient déjà l’enfer – 17 millions, c’est un chiffre énorme. Et ces millions d’êtres vivants sont rassemblés… dans un peu plus d’un millier d’élevages. On sait que le rapprochement avec l’holocauste est un thème très polémique chez les défenseurs des animaux, mais là que dire ? On a des constructions sommaires, des êtres enfermés et l’extermination.

Impossible de ne pas penser à ces lignes d’une œuvre d’Isaac Bashevis Singer :

« Dans les relations avec les animaux, tous les gens sont des nazis ; pour les animaux, c’est un éternel Treblinka. »

On sait bien que l’humanité a agi sur le tas et que l’utilisation d’animaux à grande échelle est un produit pour ainsi dire naturel du capitalisme. Le parallèle ne tient pas, mais là il commence à tenir, car l’humanité sait très bien ce qui se passe. On ne peut pas dire à 280 000 personnes dans le nord du Jutland qu’elles vont connaître un confinement spécial et ne pas se dire : l’élevage pose un problème sanitaire relié à un problème moral, il faut tout stopper, tout de suite !

La situation de l’humanité est mauvaise, très mauvaise. Affronter les faits et pratiquer la destruction comme solution… montre que les valeurs du capitalisme ont pétri les esprits, façonné les mentalités, obscurci la raison. Il va falloir une réelle déchirure dans les consciences pour arriver à quelque chose. L’Histoire va connaître une accélération sans pareil, parce que pour sortir de là, les nouvelles consciences vont devoir agir avec envergure et profondeur. Le changement d’époque va être très douloureux.

Et le premier pas de ce changement d’époque devra être un rapport différent aux animaux. L’extermination de 17 millions de visons est un crime innommable, c’est de la barbarie destructrice la plus folle. Elle doit pousser à la révolte complète, à l’insurrection des consciences. Tout cela doit prendre fin, maintenant.

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Second confinement en octobre 2020: l’humanité apprentie sorcière prise au piège

Le second confinement ne fait pas qu’ébranler les mesures sanitaires gouvernementales ; c’est tout le mode de vie de l’humanité qui est remis en cause.

Les Français savaient que le confinement serait mis en place, mais la brutalité de son caractère les a tout de même surpris. Emmanuel Macron a annoncé en effet mercredi 28 octobre que le confinement commencerait dès le 30 au matin et s’il ne va pas aussi loin que le premier confinement, cela y ressemble beaucoup dans la plupart des mesures prises. Qui plus est, il y en a jusqu’à début décembre… au minimum.

Les Parisiens suffisamment aisés ont d’ailleurs pris la fuite le jour même, avec 400 kilomètres de bouchon dans l’après-midi avant même les annonces, alors que dans la soirée le site de la SNCF a été totalement saturé, de par les nécessaires voyages en catastrophe en raison de la rapidité de la mise en place du confinement.

Tout cela, cependant, est entièrement secondaire par rapport au cadre historique. La situation est en effet peu ou prou la même dans toute l’Europe, et même si des pays s’en sortent bien mieux, comme l’Allemagne, la tendance reste la même : le virus est relancé, il faut confiner. On peut bien entendu dénoncer Emmanuel Macron, dénoncer le manque de lits dans les hôpitaux, de moyens, de préparation depuis six mois également, c’est bien entendu très vrai, mais cela n’en reste pas moins très secondaire.

Il y a un problème de fond et il est très simple. Pendant des centaines et des centaines d’années, voire des milliers d’années si on remonte à l’apparition de l’élevage et de l’agriculture, l’humanité a joué avec le feu, en désorganisant la nature, en s’appropriant la vie des animaux qui ont été réduits à de simples marchandises de consommation alimentaire, et stockés comme des matières premières.

Cela a été toute une étape historique, un développement, c’est évident. En rester là, toutefois, est une erreur grossière, une incompréhension du développement spécifique de l’humanité, spécifique, mais intégrée à un cadre : la nature.

En niant ce cadre, l’humanité a joué à l’apprentie sorcière. Cela a produit le changement climatique, cela a produit l’asservissement et la souffrance d’animaux dans une dimension industrielle, cela a produit la déforestation, cela a produit toute une série de maladies passant la barrière des espèces en raison de situations anti-naturelles, le Covid-19 se situant ici dans une longue tradition de maladies de ce type, dont la grippe espagnole a été la plus meurtrière.

Malgré un premier confinement, l’humanité ne s’est pas remise en cause. Elle a considéré qu’elle pouvait passer en force : des centaines et des centaines de milliards d’euros par ici, des mesures de confinement par là, la course au vaccin, l’espoir que le virus partirait de lui-même, etc.

L’instauration d’un second confinement en France, mais également peu ou prou dans toute l’Europe, écrase une nouvelle fois la vanité humaine. Et, d’ailleurs, cette fois la crispation est d’autant plus là, la nervosité est présente, la compréhension que l’humanité fait face à un mur s’impose. Elle est même tyrannique, au point que les petits-bourgeois nient le virus, dénoncent l’État, car ils savent que tout doit changer et comme ils ne le veulent pas, ils cherchent un « responsable ».

Ce responsable, c’est pourtant l’humanité elle-même. Son mode de développement, son mode d’existence, est dépassé. Donc il faut le dépasser. Cela implique toutefois de raisonner en termes de mode de vie. Tout doit être remis à plat. L’envergure de la question est immense.

Et malheureusement, on connaît le principe : les consciences sont en retard sur la réalité. Ce second confinement va imposer, par conséquent, les faits de manière très dure, déboussolant tout en amenant une grande exigence.

À la Gauche d’être prête pour accompagner cette nouvelle séquence et faire progresser les consciences !

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Deux associations demandent l’interdiction des cheminées à foyer ouvert

Alors que la connaissance de la pollution de l’air ne fait que progresser en France, l’État n’opère pas de véritables changements en rapport avec ces nouvelles analyses, notamment en ce qui concerne le chauffage au bois.

En décembre 2014, Ségolène Royal, alors ministre de l’environnement, déclarait très fièrement :

« J’ai rétabli la liberté (…) J’ai ici la lettre d’instruction qui est partie hier au préfet de région qui lui demande de modifier son arrêté sur ce point là, en disant que cela n’a aucun sens d’une part. Deuxièmement, au moment où je développe les énergies renouvelable, et donc l’énergie bois, ce qu’on appelle la biomasse, c’était quand même un contre-indicateur »

Ces propos faisaient suite à l’obtention par l’association de mesure de la qualité de l’air Airparif d’un arrêté d’interdiction au 1er janvier 2015 des feux de cheminée à foyer ouvert à Paris ainsi que dans 435 communes d’Île-de-France. Malgré les tentatives de l’ex-ministre de l’environnement, l’arrêté d’interdiction des foyers ouverts a bien été adopté, après annulation de l’arrêté de Ségolène Royal à l’été 2015.

Ségolène Royal choisissait ici la voix du populisme au service de l’industrie du bois, plutôt qu’une approche démocratique, rationnelle, populaire. Car il est avéré depuis plusieurs années que la combustion de biomasse d’origine naturelle, telle que le bois, est émettrice de particules fines très nocives pour la santé. En Île-de-France, on estime qu’environ un tiers des particules fines sont issues du chauffage au bois.

Pendant le confinement, alors que l’industrie était en sommeil et la circulation routière au ralenti, le bassin d’Île-de-France a connu des pics de pollution en partie causés par les feux de cheminée.

Notons que si la combustion de bois dans un foyer ouvert est grande génératrice de particules fines, on ne sait pas vraiment ce qu’il en est des « foyers fermés » ou des poêles à granulés, qui seraient potentiellement émetteurs de particules ultra-fines (PUF).

C’est en ce sens que l’Association pour le respect du site du Mont-Blanc ainsi que Strasbourg Respire ont co-signé une tribune le 15 octobre 2020 pour souligner la nécessité d’en finir avec les cheminées à foyers ouverts.

Voici cette tribune :

« Après avoir connu un déclin jusque dans les années 80 le chauffage au bois bénéficie aujourd’hui d’une image extrêmement positive en France car considéré comme « traditionnel, millénaire, naturel, sain et renouvelable, donc écologique » et « bon pour la planète ». De telle sorte que le nombre d’appareils individuels de chauffage au bois a doublé en 20 ans pour atteindre 8 millions d’unités sur le territoire métropolitain, et que les chaufferies collectives au bois se multiplient en France.

Le chauffage au bois bénéficie de l’ignorance des élus quant à sa part dans la pollution atmosphérique. Or elle est écrasante, le chauffage au bois représente en France 14% des chauffages et 60% des particules PM2.5 – particules fines de moins de 2,5µm – qui causent 48000 décès prématurés par an dans notre pays !

Si ce mode de chauffage a le vent en poupe, il le doit aussi aux multiples aides et incitations financières. Par exemple dans la vallée la plus polluée de France, la Vallée de l’Arve, et plus récemment à Strasbourg, des aides financières – appelées fonds « Air-Bois » – ont été mises en place pour changer son poêle à bois contre…un autre poêle à bois!

Ce fonds Air-Bois est financé par l’ADEME (Agence de la Transition Ecologique) qui s’est fixé un agenda de développement de la part de la biomasse dans le mix énergétique de la France. La raison de ce plan est que la combustion de la biomasse est – à tort – considérée comme « neutre en carbone » dans les bilans Climat des Etats.

Nous affirmons qu’il s’agit d’une grave erreur. Pourquoi ?

1. Faire le choix du bois-énergie est mauvais pour le Climat :

La combustion de bois que ce soit dans une cheminée, un poêle à granulés ou une centrale électrique à biomasse (plaquettes ou granules de bois ) libère plus de CO2 dans l’atmosphère que la combustion de gaz, fuel ou charbon. De plus, il faudra plusieurs dizaines d’années à un arbre pour séquestrer autant de CO2 que celui émis en quelques heures par la combustion du bois.

La combustion du bois est donc bien loin d’être neutre en carbone sur le court et moyen terme et elle accroitra les émissions de gaz à effet de serre de 10% au niveau européen dans les prochaines décennies, comme l’ont récemment soulevé plusieurs chercheurs dans la revue Nature . « Désastreux pour les forêts et contre-productif pour le climat » tel est le constat sans appel de 800 chercheurs qui ont a récemment alerté l’Union Européenne.

2. Cause majeure de pollution :

Comme toute combustion, le bois rejette quantités de polluants, c’est de loin le mode de chauffage le plus polluant, malgré les filtres « performants ».

Il est une source majoritaire en France de particules fines. Rappelons que s’il existe de nombreuses sortes de particules (particules de frein, agriculture..), les particules de combustion issues de la combustion du bois, charbon, diesel sont de loin les plus toxiques car recouvertes d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ,causes de cancers, maladies cardiovasculaires, pathologies de la grossesse..Le bois émet 10 fois plus de HAP que le fioul, 114 fois plus que le gaz et 179 fois plus que le charbon.

Malgré le remplacement de plus de 4000 appareils sur 15000 chauffages au bois par des appareils à bois homologués les plus récents, le chauffage au bois cause des pics de pollution aux particules fines tous les hivers partout en France et en particulier dans la Vallée de l’Arve, où les taux de pollution restent au-dessus des recommandations de l’OMS.

Nous demandons l’arrêt de toutes les subventions ou incitations pour ce mode de chauffage individuel, qui seront orientées vers des modes de chauffage non polluants et renouvelables comme le solaire thermique ou les pompes à chaleur dans un cadre d’assainissement des émissions du secteur résidentiel.

Nous demandons également de stopper l’implantation et le développement de centrales collectives au bois, centrales qui ont malheureusement été récemment implantées à Strasbourg et déjà présentes dans de grandes agglomérations souvent polluées.

Nous demandons une gestion de la filière bois vers une exploitation du bois en puits de carbone (menuiserie, construction), plus respectueuse de la biodiversité, et non plus orientée vers le bois énergie. Nous souhaitons (comme l’ont fait Québec et Montréal):

  • L’interdiction des foyers ouverts dans les zones d’habitation dense ou sous plan de protection de l’atmosphère.
  • L’interdiction de l’utilisation de tous les chauffages au bois d’appoint durant les pics de pollution.
  • L’interdiction de la vente d’appareils à bois non homologués.
  • L’interdiction de construction de cheminées à foyer ouvert dans les zones d’habitation dense ou sous plan de protection de l’atmosphère. »
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Octobre 2020: une crise sanitaire comme crise écologique que la société ne veut pas voir

La société façonnée par le capitalisme refuse de voir la destruction de la planète qui a provoqué le COVID-19. La crise sanitaire est ainsi vue de manière tronquée – quand elle n’est pas directement niée.

Pourquoi les Français ont-ils pensé que la crise sanitaire du COVID-19 serait maîtrisée, dépassée, mise sous contrôle ? Parce qu’ils croient au capitalisme, qu’ils pensent que tout se consomme, qu’ils admettent la conception selon laquelle l’espèce humaine serait sortie de la nature. Il faut ajouter à cela qu’ils ont une confiance aveugle, spécifiquement française, au secours d’un État à la fois honni et considéré comme le grand recours.

La question du COVID-19 expose ici tous les travers de la société française. Il faut se souvenir que, lors de l’émergence de la crise sanitaire, alors que c’était déjà l’actualité, il y avait encore des rassemblements syndicaux ou d’ultra-gauche, dans un grand déni de la réalité. Il faut voir comment, malgré l’ampleur de la crise sanitaire depuis, il y a tout de même une partie de la société française rétive à tout effort prolongé.

Pourquoi tout cela ? Car, au fond, tout le monde sait que la crise sanitaire est le résultat d’une crise écologique mondiale. Cela implique de se remettre totalement en cause. Or, les Français veulent tous les changement, mais aucun ne veut changer. On en arrive à la négation de la dimension de la crise sanitaire, au refus d’assumer sa substance, parce que sinon il faut tout remettre en cause.

Le virus a passé la barrière des espèces, il l’a fait en raison de la déforestation et des élevages industriels d’animaux, donc en bonne logique il faut cesser la déforestation et les élevages industriels d’animaux. Hors de question pour les gens, pour qui McDonald’s est devenue une certitude. On est dans une situation totalement coincée.

La preuve en est qu’il y a toute une partie de la Gauche qui dit avec la Droite : oui, distribuons les millions, les milliards aux entreprises ! Ce qui est incohérent, sur le plan des idées bien entendu, mais pas seulement : normalement, quand on fait de la politique, on propose autre chose. Là c’est simplement l’Union sacrée.

L’Union sacrée contre les masses laborieuses, car ce sont elles qui vont payer la facture, bien entendu. L’Union sacrée contre la nature, parce que c’est elle qui est niée, la crise sanitaire étant présentée comme tombant du ciel ou originaire d’un laboratoire chinois. Les théories complotistes relèvent d’ailleurs de la panique petite-bourgeoise devant toute remise en cause. Trouver un coupable, un bouc-émissaire, c’est s’épargner de devoir affronter les faits.

La crise sanitaire d’octobre 2020 n’est rien d’autre que le produit d’une négation de la réalité par la société, qui ne veut pas voir l’ampleur du désastre. Et c’est tellement vrai que cela se déroule au grand dam de l’État qui aimerait bien gérer, tant bien que mal, même s’il tend au cynisme de par sa fonction de service pour les classes dominantes. Même un tel État est catastrophé par une population tellement façonnée par le capitalisme qu’elle est relativiste, passive, individualiste, incapable d’initiatives. C’est dire !

On peut ainsi critiquer l’État, les mesures gouvernementales, autant qu’on voudra. C’est la société qui a tort, cependant. Tort de ne pas former l’État, tort d’accepter le mode de vie imposé par le capitalisme, tort de refuser toute remise en cause. Tort de perdre son temps avec un mouvement de rétrogrades beaufs comme les gilets jaunes, alors que le monde va dans le mur.

On peut être certain que les nouvelles générations vont tout renverser et que l’humanité va connaître un bouleversement sans pareil. On ne s’en sortira pas sans une humanité unifiée au niveau planétaire, cessant sa guerre contre la nature et regardant le passé avec ses McDonald’s comme une époque de barbares.

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Des forages pétroliers menacent une partie de la région parisienne

L’association Environnement Bocage Gâtinais (EBG) mobilise sur une enquête publique à propos du projet de la société Bridgeoil de faire passer leur exploitation pétrolière de deux à dix forages, sur la commune de Nonville en Seine-et-Marne.

L’association EBG alerte sur les conséquences néfastes de ce projet sur un site dédié : « Non aux forages pétroliers à 4km de la forêt de Fontainebleau ».

Ils y alertent sur les risques de pollution de l’eau potable, la régie « Eau de Paris » qui gère les sources à proximité ayant déjà rendu un avis fermement négatif. On apprend également qu’une telle activité nécessite de détourner près de 1000m3 d’eau par jour en injection souterraine pour stimuler la production de pétrole.

Les sites de forages se trouvent à proximité de plusieurs écosystèmes précieux : La ZNIEFF de la Plaine de Sorques, la zone natura 2000 de Rivières du Loing et du Lunain, l’espace naturel sensible du Marais d’Episy et la forêt de Fontainebleau qui est classée réserve de Biosphère par l’UNESCO depuis 1998. Les puits, le va-et-vient de poids-lourds impacterons certaines de ces zones en permanence, tandis que de potentiels accidents pourraient être catastrophiques sur d’autres.

L’association EBG lance donc une campagne d’opposition à ce projet qui comporte une pétition, une incitation à participer à l’enquête publique jusqu’au 17 octobre et met a disposition des visuels pour donner de la visibilité à la lutte sur les réseaux sociaux.

Pour visiter le site de mobilisation, cliquez sur l’image :
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Alpes-Maritimes: le groupe d’entraide lancé par France 3 Côte d’Azur suite à la tempête

Le département des Alpes-Maritimes a été violemment touché par la tempête Alex et les inondations qui ont suivies. Les dégâts matériels et humains recensés pour l’instant sont déjà très importants. France 3 Côte d’Azur a mis en place un réseau d’entraide, pour faire face directement et concrètement à l’urgence, particulièrement en ce qui concerne le logement dans un premier temps, et pour entamer ensuite le plus vite possible l’aide aux déblaiements, nettoyages, réparations, etc.

On retrouvera ce groupe sur la page Facebook suivante :

https://www.facebook.com/groups/2963589443868657/

Voici l’article de France 3 Côte d’Azur :

« France 3 Côte d’Azur met en place un groupe de solidarité et d’entraide aux sinistrés

France 3 Côte d’Azur met en place un groupe de solidarité et d’entraide suite aux violentes inondations de ce 2 octobre.

Pluies diluviennes et crues brutales ont laissé des villages coupés du monde dans les Alpes-Maritimes où des centaines de pompiers sont mobilisés ce samedi 3 octobre pour retrouver huit personnes portées disparues, tandis qu’un gendarme a été retrouvé sain et sauf.

Vous êtes très nombreux à rechercher des nouvelles d’un proche. Vallée de la Roya, de la Vésubie et de la Tinée sont les trois sites les plus touchés par la déferlante qui s’est abattue sur les Alpes-Maritimes. 12 000 clients sont toujours privés d’électricité à cette heure.
Des personnes sans logement peuvent ainsi être aidées. Nous avons rencontré des habitants bloqués sur le littoral à cause du déluge :

Si vous voulez donner un coup de main, d’une manière ou d’une autre, France 3 Côte d’Azur se mobilise et vous permet d’échanger pour venir en aide aux sinistrés.

> Rendez-vous sur notre groupe Facebook de solidarité pour partager vos messages, vos idées, vos coups de pouce :

Merci de votre aide, elle sera précieuse pour accueillir des gens sans logement, donner des vêtements propres, proposer de l’aide pour nettoyer ou réparer sur place.
L’armée va être mobilisée pour ravitailler des villages isolés après les intempéries dans l’arrière-pays niçois et surtout pour évacuer des personnes à la santé fragile ou dont la maison a été gravement endommagée. »
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Canicules et vagues de chaleur font s’effondrer les Alpes

Les canicules et les vagues de chaleur ne finissent pas de se succéder en France, des épisodes météorologiques à la fois plus fréquents, plus longs et plus intenses. Marque du réchauffement climatique, ils sont en train de transformer le massif du Mont-Blanc.

Si l’on prend comme référence la période allant de la mi-juin jusqu’à la mi-septembre, les trois étés les plus secs depuis 1959 se situent ces trois dernières années (2018, 2019, 2020). Selon l’Organisation Météorologique Mondiale, les cinq dernières années (2015-2020) ont été les plus chaudes jamais enregistrées.

La vague de chaleur que connaît la France en septembre se situe dans ce prolongement, à coup sûr engendré par le réchauffement climatique. Prévisionniste à Météo France, François Jobard estime :

« Un tel événement aurait relevé de la science-fiction il y a quelques années »

Si la température moyenne du globe a augmenté d’environ + 0,9°C, cette moyenne est de + 2 à + 3°C dans les Alpes. L’hiver 2019-2020 a d’ailleurs été particulièrement chaud, avec une moyenne de 5,3°C à Chamonix, faisant de cet hiver l’un des plus chauds depuis 1881 avec des journées printanières en plein mois de janvier.

Dans la ville au pied du Mont-Blanc, le mercure n’est jamais descendu sous la barre du – 10°C, ce qui est une première historique (le « pire » record était pour l’instant l’hiver 1995-1996 avec « seulement » quatre jours à – 10°C). Les experts météorologiques considèrent aussi que l’hiver 2018-2019 n’a duré que 15 jours !

De par le fait que tout est relié, le massif du Mont-Blanc composé en partie de neiges « éternelles » et d’une sous-couche en permanence gelée jouant le rôle de ciment (permafrost), est largement impacté par ce changement climatique.

On connaît tous maintenant les images du glacier de la « Mer de glace » qui a massivement reculé depuis le XIXe siècle, mais aussi perdu des centaines de mètres d’épaisseur. En parallèle à la fonte des glaciers, il y a également la fonte du permafrost qui fragilise l’ensemble des parois alpines, perdant en quelque sorte leur ciment naturel.

Le tout s’entretient dans une spirale négative puisque la fonte des neiges « éternelles » réduit l’effet d’albédo, les roches noires absorbant les rayons du soleil, contribuant au réchauffement plus rapide des Alpes.

Et il ne faut pas penser qu’il y a « simplement » l’effet réchauffement qui joue. Il y a aussi les variations brutales de températures où l’on peut passer en quelques jours de températures printanières à des températures strictement hivernales. L’été, à la suite des épisodes caniculaires, s’ensuit de violents épisodes orageuses, avec des pluies diluviennes qui viennent s’ajouter dans la déstabilisation générale de la structure rocheuse alpine.

Avec des conséquences sur les infrastructures qui jonchent le massif du Mont-Blanc : pendant l’hiver 2019, une télécabine a du être temporairement fermée, le seuil de tolérance de mouvement de ses armatures ayant été gravement franchi.

C’est également à la fin de l’été et au début de l’automne que se jouent de plus en plus fréquemment des éboulements spectaculaires, voir même des effondrements entiers de parois de pics abrupts.

Le danger est tellement présent que la préfecture de Haute-Savoie a publié un communiqué le lundi 10 août invitant « si possible, à reporter votre ascension de la Voie Normale du Mont-Blanc ». Pendant le mois d’août, c’est également le massif du Néron en Isère qui a été interdit d’accès pour les mêmes raisons.

En 2005, c’est toute une partie du Petit Dru, un pic emblématique de Chamonix qui s’était effondré de manière spectaculaire, premier signal d’alarme sur la mort-transformation du massif du Mont-Blanc.

Cela entraîne des accidents, y compris parfois mortels, pour les alpinistes, sans que rien ne soit vraiment pensé à long terme pour faire face à cette transformation. Car oui, il ne faut pas se tromper : le Mont-Blanc tel qu’on le connaît depuis plusieurs milliers d’années disparaît tout en se transformant en autre chose. C’est ainsi que des botanistes sont en train de découvrir la colonisation d’une flore spécifique, comme l’androsace du Dauphiné ou l’androsace de Saussure, jusqu’à 4 000 mètres d’altitude.

Mais le monde de l’alpinisme, dont les origines puisent dans un mix d’aristocratie et de bourgeoisie, développe une approche romantique-individualiste de la nature. Les façades alpines n’étant pour eux que des espaces de projections existentiels, mettant en scène un individu devant « prendre des risques » pour se sentir « libre »…

Tout comme les chasseurs sont vus comme des écologistes alors qu’ils n’ont que de maigres connaissances naturalistes, il est intéressant de noter comment les guides de haute montagne et les alpinistes sont considérés comme connaisseurs des massifs alpins alors qu’ils n’en est rien.

C’est qu’il ne faut pas perturber les « traditions », et surtout entraver la venue des 20 000 touristes annuels dans le Mont-Blanc.

Il faut pourtant se mettre en face de la réalité : les glaciers du Mont-Blanc fondent, les roches s’effritent et s’effondrent, bref tout l’écosystème se transforme et il est grand temps de le sanctuariser, tant par respect des dégâts occasionnés que par nécessité d’une véritable étude scientifique.

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Victimes de la chasse: l’Aspas lance un appel à témoignage durant toute la saison

La chasse, en plus d’être cruelle pour les animaux, engendre de nombreux dangers pour les habitants des campagnes ou les promeneurs. L’association environnementaliste Aspas lance pour cette saison de chasse un appel à témoignage, afin de compiler toutes les situations où des personnes sont victimes de la chasse.

Il suffit d’envoyer son récit et ses images, ou bien des articles de presse locale, à : temoignage@aspas-nature.org

Voici la vidéo publié par l’Aspas pour lancer l’appel à témoignage :

 

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Communiqué de One Voice sur la suspension de la chasse aux tourterelles des bois

Après la suspension de la chasse à la glu, voici une nouvelle victoire de la protection animale : la chasse à la tourterelle des bois est elle aussi suspendue ! L’État prétend qu’il y a là seulement un enjeu juridique avec la réglementation européenne à respecter. C’est en partie vrai, mais ce qu’il y a surtout, c’est le travail démocratique des associations de protection animale qui mettent sur la table ces pratiques dépassées et écocidaires. La France change et tout cela devient maintenant indéfendable.

Voici le communiqué de One Voice, qui résume très bien tout l’enjeu qu’il y a derrière la suspension de cette chasse en particulier :

« Les tourterelles des bois graciées !

Pour les tourterelles des bois, faire suspendre cet arrêté était bel et bien une urgence. Surtout quand on sait que leur espèce est en grand danger d’extinction (perte d’habitat, disparition des insectes, bruit, braconnage, et… chasse) ! Quel est le sens des priorités de ce ministère censé protéger la nature et qui se fait déjà taper sur les doigts par l’Union européenne car la France ne respecte pas la directive « oiseaux » ? Suite à notre recours et à celui de la LPO, le Conseil d’État a rendu sa décision, et elle va dans le sens des tourterelles, sauvées du massacre!

Un lobby si puissant qu’il s’insinue jusque dans les décisions préfectorales et ministérielles

Le jour de l’audience, nous apprenions que 68% des vertébrés avaient disparu de la surface terrestre en moins de 50 ans… Pourtant, nous interpellions justement le Conseil d’État une fois de plus sur une question concernant le droit ou non de tuer des dizaines de milliers de ces oiseaux, peuplant pacifiquement notre pays.

Des milliers de tourterelles déjà mortes, et des données toujours pas fiables!

En ce 10 septembre au matin et depuis sa publication, déjà 6287 tourterelles des bois avaient péri dans le cadre de cet arrêté. Au sortir de l’audience, ce chiffre mis à jour quotidiennement était passé à 6368 ! Mais ce qu’on ignore souvent, c’est que ces données déjà astronomiques sont bien en deçà de la réalité, de l’aveu même des intéressés, car elles sont déclaratives : les chasseurs doivent entrer eux-mêmes leurs prises dans l’application « ChassAdapt ». Autant dire, une révolution informatique… pas gagnée d’avance.

L’arrêté du ministère n’avait ni queue ni tête, les tourterelles vont vivre!

Muriel Arnal, présidente fondatrice de One Voice, déclare :

« Comment l’Etat pouvait-il exposer les tourterelles des bois, au bord de l’extinction, aux chasseurs qui, rappelons-le, les tuent pour leur récréation ? Les données fournies ne sont pas fiables, nous l’avons démontré. La chasse – ce passe-temps – ne fait qu’aggraver une situation très préoccupante pour ces oiseaux qui appartiennent au patrimoine commun de l’humanité. Au-delà des mentalités, il est grand temps de faire évoluer les actes ! Aujourd’hui le Conseil d’État nous a donné raison, c’est un immense soulagement. »

Notre équipe sur place a souligné les moments forts du procès et les incohérences du ministère et les a retranscrits sur notre fil Twitter. Après avoir analysé les éléments et les deux avis contradictoires, le Conseil d’Etat a tranché en défaveur du ministère public, donc en faveur des tourterelles!

Le combat pour les oiseaux continue. Que les préfets et ministres se le disent avant de publier de nouveaux arrêtés concernant la chasse quelle qu’elle soit, au tir, à la glu ou la vénerie : nous serons là. À tel point que nous serons d’ailleurs de retour au Conseil d’Etat pour l’audience contre les chasses traditionnelles (six arrêtés sur le piégeage des oiseaux) le 16 septembre 2020 à 10h. »

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Comment le loup a été exterminé en France

Au XVIIIe siècle, il y avait encore des dizaines de milliers de loups en France. Mais avec le triomphe général de la bourgeoisie à la fin du XIXe siècle, l’extermination de cet animal fut décrétée.

L’obsession de la traque du loup remonte à loin. Au IXe siècle, entre 800 et 813, Charlemagne fondait déjà l’institution chargée de les chasser : les lieutenants de louveterie. Toutefois, c’est à l’époque du capitalisme triomphant que l’espèce a été exterminée.

Évalués en France à encore plusieurs milliers d’individus à la fin du XIXe siècle, objet de fantasme d’horreur autant que responsables de dégâts sur les cultures agricoles, le loup devait passer sous le rouleau compresseur de l’administration bourgeoise.

L’histoire de la IIIe République (1870-1940), c’est l’histoire de l’alliance entre la bourgeoisie libérale des villes et des paysans propriétaires des campagnes contre le mouvement ouvrier et le socialisme et c’est dans ce cadre politique qu’il faut comprendre l’extermination complète des loups.

En 1875, le journal L’Avenir Républicain, dont le nom trahit son orientation politique, fustigeait la SPA fondée en 1845 dont une partie de « philosophes profonds et mystiques » :

« ils veulent conserver tous les carnassiers : ours, loups, renards, fouines, éperviers, d’abord parce que ce sont des créatures de Dieu ! et ensuite par ce qu’ils détruisent les rats, les souris, les taupes. Ils veulent conserver les taupes parce qu’elles détruisent les insectes ; ils veulent conserver les insectes parce qu’ils se détruisent entre eux; mais ils veulent que cette destruction se borne à quelques individus qui se trouvent de trop, et que la race soit maintenue. »

La SPA avait en effet ici une approche relevant de la croyance religieuse, quoi qu’elle anticipait, sans le savoir, la compréhension scientifique de Planète comme Biosphère, où chaque espèce est inter-dépendante formant une dynamique générale.

Il faudrait également mentionner le pasteur lyonnais Georges Blot qui en 1907 rappelait dans un « plaidoyer pour les loups » leur filiation avec le chien, décrivant les choses avec une grande sensibilité :

« Mais le loup, que lui avons-nous fait ? De quelle infamie humaine a-t-il été victime ou témoin pour qu’il ne veuille plus, lui, nous tendre la patte ? (…)

L’homme a choisi, voilà tout. Oui, l’homme a choisi ; mais comment ? Là est la question ! Sans doute comme font les forts, en renvoyant d’un coup de pied ou d’un coup de pierre, le méprisé. Alors, dans son cœur de bête déjà ulcéré, peut-être par ce que son frère (le chien) était plus beau que lui, mieux tacheté, mieux fourré, plus gracieux ou plus habile à plaire, le loup sentit la jalousie, la haine devenir implacables ! »

Les défenseurs du loup étaient toutefois bien trop dénigrés pour être soutenus, d’autant plus que les argumentations mystiques les isolaient à la fois de la classe ouvrière, profondément anti-cléricale, que de la bourgeoisie républicaine.

Ainsi, le 12 juin 1880, Pierre Tirard, ministre de l’agriculture, déposait un projet de loi sur « la destruction des loups » dans laquelle il était proposé de relever les primes pour la chasse de l’espèce sauvage.

Les primes instaurées sous le Directoire (1795-1799) étaient devenues trop faibles pour espérer une extermination rapide. Le projet de loi relevait donc les primes à 200 francs s’il est prouvé que le loup a tenté d’agresser un humain, à 100 francs par loup ou louve « non pleine », à 150 francs par louve pleine et à 40 francs par tête de louveteau.

L’idée était également de contourner les lieutenants de louveterie, marqués par la culture monarchiste et plus tournés vers la traque « loisir » que vers l’élimination minutieuse et totale de l’espèce. En plus, cela ne pouvait que renforcer le soutien des petits paysans à la bourgeoisie républicaine.

Le 30 août 1880, le journal régional La Mayenne saluait la mesure et forçait même le trait en liant protection des agriculteurs et défense patriotique :

« Les loups qu’il s’agit en effet de détruire sont, pour la plupart, des envahisseurs qui ont passé la frontière en 1870, à la suite des armées allemandes.

Voilà de quoi, nous l’espérons, donner du cœur au ventre aux tueurs de loups. La Société d’agriculture l’a dit, c’est une question d’humanité. Nous ajoutons, nous : c’est une question patriotique. Donc guerre aux loups, sus aux loups ! »

C’est dire comment la destruction du loup à cette époque était liée à la culture militariste et à l’esprit revanchard nationaliste anti-allemand. Le 3 août 1882, la loi sur la destruction du loup était adoptée.

Et cela va fonctionner à plein régime, avec des pratiques d’une très grande cruauté. Des louves étaient surveillées afin de tuer les louveteaux dès leur naissance, que cela soit par étouffement ou par empoisonnement à la strychnine. En août 1913, le « Journal des débats politiques et littéraires » annonçait que 2 344 loups avaient été tués pour la seule année de 1882, et près de 8 000 entre 1883 et 1894.

La population de loups en France a ainsi été exterminée en l’espace d’une décennie, et cela du fait même de l’engouement général des populations des campagnes pour l’anéantissement du-dit « nuisible ».

Cela si bien qu’en janvier 1940, « le petit Journal » pouvait affirmer que l’éradication du loup n’avait pas été le fait des chasseurs professionnels, les « lieutenants de louveterie », mais par ce qu’il appelle de manière générale la « grande gargamelle » :

« Il faut reconnaître que les loups ont aujourd’hui disparu de nos campagnes, on le doit bien plutôt à l’action de la Grande Gargamelle et de ses émules qu’à celle des veneurs qui chassaient à cor et à cri. Le système de la prime est le plus efficace. (…)

La race dès loups est à peu près éteinte chez nous. Sans la tradition administrative qui maintient toujours là fonction de lieutenant de louveterie — laquelle, d’ailleurs, ne coûte rien au Trésor — qui songerait seulement qu’il y a eu naguère, dans nos campagnes, tant de bêtes malfaisantes qui dévoraient les moutons, et même, à l’occasion, les femmes et les petits enfants ? »

La « Grande Gargamelle » faisait référence au personnage éponyme du roman « Gargantua » écrit en 1534 par le grand classique de l’époque de l’Humanisme français, François Rabelais. « Gargamelle » était l’épouse de « Grandgousier » avec qui elle enfanta « Gargantua ». Ces personnages représentaient une famille de seigneurs mangeant salement et ne respectant aucune bien-séance à table.

Si dans l’esprit de François Rabelais, c’était une manière de critiquer de manière habile et humoristique le manque de raffinement de la classe dominante (seigneurs) de son époque, cela désigna ensuite de manière péjorative les personnes rustres des campagnes.

Ainsi, cette tranche d’histoire doit-elle se comprendre en lien avec le retour actuel du loup. Vraisemblablement venu d’Italie, sa présence a été remarquée dans les Alpes en 1992, avant leur expansion à partir du milieu des années 2000. On compterait aujourd’hui environ 500 loups, avec une forte présence dans le massif des Alpes.

N’est-il pas heureux et bienvenue que cet animal sauvage, liquidé de manière infâme, soit de retour ? N’est-ce pas le signe de la persévérance de la vie sauvage à se maintenir malgré une traque organisée ? Et surtout, cela n’est-il pas une invitation à ne pas répéter les erreurs du passé ?

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Écologie: l’environnementalisme mou et anti-nature d’Olivier Faure

Olivier Faure prône le dépassement du Parti socialiste au profit d’un « bloc social écologiste ». Sa vision est celle d’un environnementaliste mou accompagnant une rhétorique post-industrielle et anti-nature typique de la bourgeoisie des grandes métropoles.

Pour Olivier Faure, les usines, les ouvriers, la lutte des classes, la bourgeoisie, tout cela appartiendrait au passé. Il fait partie de cette fausse gauche, bourgeoise et urbaine, qui n’a eu de cesse d’enterrer la Gauche historique ces dernières années, au profit de thèmes sociétaux et d’une vision post-industrielle.

La fausse gauche s’imagine avoir trouvé avec l’écologie un superbe argument pour appuyer cette vision du monde. On nous explique alors, comme chez EELV, que le problème de l’humanité est qu’elle produit « trop » et qu’elle se fourvoie dans la recherche de richesses matérielles.

Olivier Faure a répété cela en long en large et en travers lors de son discours à l’université d’été du PS à Blois, teintant le tout de quelques préoccupations environnementalistes.

Ce discours peut plaire à gauche, car il y a en apparence une critique de la bourgeoisie et du capitalisme. Sauf qu’en réalité, il ne s’agit pas d’une critique de l’accumulation privée des richesses, de l’accaparement individualiste et irrationnelle de richesse par une classe sociale en particulier, mais d’une critique des richesses matérielles en général. Les prolétaires sont ainsi mis sur le même plan que la bourgeoisie dans la responsabilité vis-à-vis de la planète, en raison de leur quête commune de richesses matérielles.

Olivier Faure critique ainsi la Gauche historique, pour qui c’est la réalité matérielle qui compte, avec l’idée que celle-ci doit être la meilleure possible, correspondant aux possibilités historiques de l’époque. Il l’a fait de manière très ouverte lors de son discours à Blois du 29 août 2020 en rejetant le marxisme.

C’était subtil, et on peut être certain qu’il prétendra ne pas vraiment critiquer le marxisme, simplement apporter autre chose, etc. En réalité, la base même de son raisonnement s’oppose au marxisme, et plus généralement à la Gauche historique. Rappelons ici que la SFIO de Léon Blum, dont le Parti socialiste est censée être l’héritière, revendiquait le marxisme, et pas seulement les communistes de la SFIC.

Voici ce que dit le premier secrétaire du PS lors de son discours :

« Notre vision du progrès elle-même doit évoluer. Qu’est ce qui fait notre richesse, qu’est ce qui améliore notre vie et nous permet d’aller au bout de nous même, de nous émanciper, de nous construire. Déjà les premiers socialistes, avant l’avènement du marxisme, avaient proposé des réponses à ces questions.

Ils avaient mis en avant la coopération et l’entre-aide, l’accès à la connaissance et à la culture, et la réponse aux besoins humains fondamentaux, du temps pour les siens, pour participer à la vie de son quartier, de sa ville, bref, d’être citoyen. »

Parler d’entre-aide, de culture et vie collective épanouie n’a rien d’extraordinaire pour n’importe quelle personne de gauche, sauf qu’ici c’est opposé au marxisme et au progrès tel que considéré classiquement par la Gauche, avec la lutte des classes comme moteur de celui-ci. L’idée d’Olivier Faure est que la Gauche historique est dépassée et que ce qui compte n’est pas de se battre contre la bourgeoisie pour les richesses.

Pour lui, la question est réglée et il faudrait maintenant passer à autre chose :

« Au 20e siècle, le mouvement ouvrier a imposé la question sociale, et c’est Jaurès qui a opéré la synthèse entre la République et la question sociale. Eh bien au 21e siècle, il nous appartient à nous tous de faire en sorte qu’il y a ait une nouvelle synthèse entre république sociale et écologie ».

Exit donc la lutte de classes, qui appartiendrait au passé, car il ne faudrait plus s’occuper des richesses. Il l’a dit très précisément :

« La liberté de l’homme, sa capacité à réaliser ses aspirations, ne peuvent plus reposer sur un mouvement d’accumulation ininterrompue des richesses matérielle, car ces richesses elles-mêmes ont une base matérielle, et que cette base, ce sont les ressources de la planète, et nous avons dépassé ses limites. »

On touche là à quelque chose de très intéressant, avec la prétention à avoir un discours écologiste au nom du rejet de la lutte des classes (et inversement). Olivier Faure prétend que la recherche de richesses matérielles n’est plus possible en raison des limites de la planète. Cela a l’air plein de bon sens dit comme cela, sauf qu’en réalité ce sont deux choses n’ayant rien à voir.

C’est le capitalisme qui épuise la planète, car son but est de produire pour produire, afin d’enrichir une minorité, la bourgeoisie, qui d’ailleurs n’a jamais été aussi riche qu’à notre époque. Mais cela n’a aucun rapport avec la recherche de richesses matérielles, qui n’est pas incompatible avec les besoins de la planète. Bien au contraire.

Ce qui compte, c’est de reconnaître la nature et de comprendre que l’humanité en est une composante, en tant qu’espèce animale particulière au sein d’une planète formant une biosphère. La particularité de l’être humain, c’est d’être douée de la raison et du travail : cela donne beaucoup de possibilités, ainsi que beaucoup de devoirs. Mais en aucun cas cela fait des humains des êtres à part, comme le prétendent les religieux…. Ou les gens comme Olivier Faure.

Olivier Faure n’en a rien à faire de la planète, car il rejette la nature. Il a expliqué cela en détail pendant son discours de Blois, mais il l’avait également très bien formulé dans un entretien au Monde du 28 août 2020 en disant :

« Nous devons prendre des mesures radicales pour tenir compte de l’urgence climatique. Mais je le dis aussi : mon écologie est humaniste. Elle ne déifie pas la nature. Elle refuse de calquer l’ordre social sur l’ordre naturel. La loi de la nature, c’est celle du plus fort. Le logiciel écologiste ne peut être le seul filtre à travers lequel tout doit être regardé. Il n’y a pas d’écologie possible sans justice sociale. »

Il y a là une double signification. D’abord, c’est qu’Olivier Faure est un environnementalisme mou, comme ses amis d’EELV. Que la bourgeoisie soit rassurée : ils ne prôneront aucun bouleversement pour faire face aux défis que sont le changement climatique, l’assèchement des zones humides et les pollutions immenses engendrées par le capitalisme.

L’autre signification, philosophique, ou idéologique, c’est qu’Olivier Faure a exactement la même vision du monde que celle de la bourgeoisie ayant menée à l’écocide que nous vivons : seule l’humanité compte, car la nature est mauvaise.

C’est exactement le point de vue inverse de la Gauche historique, qui reconnaît la nature et donc les richesses matérielle. Et c’est précisément pour cette raison que seule la Gauche historique peut être à la hauteur en matière d’écologie, car la biosphère est une richesse matérielle.

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«Zone300»: l’impossible tentative de modernisation de la chasse

La plateforme de vidéos à la demande (VOD) « zone300 » a lancé une campagne de publicité dans les grandes villes, pour ce qui se veut un « Netflix de la chasse ». Il y a là une contradiction intenable pour la chasse, qui d’un côté cherche à se moderniser pour ne pas disparaître, alors que de l’autre elle n’existe que comme « tradition », c’est-à-dire en fait comme un vestige du passé.

Composée d’une douzaine de personnes professionnelles de l’audiovisuel, « zone300 » vise à souder la communauté des chasseurs et des pêcheurs autour de « l’ éthique et de l’esthétique de nos trois passions » (la « chasse sous-marine », étant la troisième « passion »…)

On y retrouve ainsi toutes les semaines des vidéos tournées par des professionnels des « trois chasses », et l’on peut même y envoyer ses propres vidéos amateurs et recevoir un montage gratuit à montrer à son entourage.

C’est tout le monde de la chasse, des entreprises d’équipementiers au simple chasseur en passant par les revues spécialisées, qui sont tournés vers un but : s’unir pour défendre non pas un simple « loisir », mais un style de vie fondé sur l’ « instinct » et la « prédation » animale. Ce n’est pas pour rien qu’on retrouve même des « tutos » pour apprendre à cuisiner « ses prises » de chasse.

Le problème, c’est que tout cela est franchement dépassé. La France est bel et bien sortie du 20e siècle et les campagnes se sont largement modernisées depuis les années 1990. Cela fait bien longtemps que les chasseurs n’étaient pas appréciés, y compris dans les campagnes. Mais en 2020, ils sont ouvertement décriés. Leurs pires pratiques sont même dénoncées sur la place publique, comme les immondes élevages d’oiseaux pour la chasse, le nourrissage des sangliers, l’horrible chasse à la glu, que le gouvernement vient de suspendre sous la pression, la très féodale et aristocratique chasse à courre, etc.

Il y a là quelque chose de nouveau qui fait que la chasse n’est plus seulement « pas approuvée », mais ouvertement critiquée, avec de nombreuses personnes voulant l’interdire, ou en tous cas la faire reculer le plus possible.

Face à cela, le monde de la chasse réagit, en prétendant être dans l’air du temps. C’est le sens de la campagne publicitaire de « zone300 », qui s’affiche jusque dans le métro parisien. À l’affiche, il y a Johanna Clermont, cette grande bourgeoise étalant sa richesse et son mode de vie sur les réseaux sociaux, promouvant systématiquement la chasse et posant devant des « trophées » d’animaux assassinés.

Étudiante en droit à Perpignan, elle a été recrutée il y a quelques années par l’entreprise de chasse Browning Europe pour être son ambassadrice. Suivie par des centaines de milliers de personnes sur les réseaux sociaux, protagoniste d’une série disponible sur « zone300 », Johanna Clermont est ici l’outil de communication des « beaufs » de la chasse.

Le problème, c’est que ces mêmes « beaufs » la rejettent. Ces derniers se veulent attachés à la vie « authentique », au style « à l’ancienne », figés dans un monde dont les traditions sont révolues. Mais ce « monde », cette vision du monde plutôt, n’est plus possible en France. La popularité du sketch des Inconnus diffusé en 1991 annonçait déjà la mort culturelle des chasseurs.

Il n’y a donc plus que deux options pour les chasseurs.

Soit arrêter d’être « beauf » justement, et rejoindre le camp démocratique. Cela signifie poser le fusil et découvrir la nature des campagnes autrement, en se mettant réellement à son service. Avec un appareil photo pour un rapport non assassin avec les animaux par exemple (et naturellement sans les déranger), et finalement mieux les connaître, les apprécier, et apprendre à habiter la campagne avec eux.

Soit assumer la beauferie, ce qui à notre époque revient à se mettre à la botte d’une partie de la grande bourgeoisie, qui avec un style post-aristocratique se donne une raison d’être grâce à la chasse. La chasse n’est plus dans ce cas qu’une fascination pour la mort, la domination et la destruction.

« zone300 » représente précisément cette classe sociale et cette vision de la chasse. Tout comme Willy Schraen d’ailleurs, le président de la Fédération nationale des chasseurs, qui déclarait ce lundi 24 août sur le plateau de BFMTV :

« la quête de l’animal, effectivement le fait de le tuer, le fait de le manger, dans un cadre raisonnable et bien clair et bien structuré, oui il y a une notion de plaisir »

« Zone300 », c’est le reflet de l’isolement de la chasse, de son repli sur elle-mêmes face à une opinion publique réclamant sa mise au pas. En prétendant être moderne, la chasse assume maintenant ce qu’elle est vraiment : non pas une « tradition » au sens strict, mais une véritable barbarie.

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Des éleveurs et des chasseurs s’opposent au sanctuaire de l’Aspas

Une large coalition d’éleveurs et de chasseurs s’est rassemblée ce vendredi 21 août à Crest contre la nouvelle « Réserve de Vie Sauvage » fondée par l’Aspas en novembre 2019.

C’est l’une des plus importantes réserve de ce genre en France. C’est après un long combat, notamment par un financement co-participatif, que l’Aspas a pu constituer ce sanctuaire de nature sauvage sur le domaine de Valfanjouse à Léoncel dans le Vercors.

D’une superficie de 700 hectares, cet espace de ré-ensauvagement offre un havre de paix pour les animaux et la nature en général. C’est déjà un grand atout écologique, à quoi s’ajoute la perspective de mieux comprendre les dynamiques de la Biosphère en dehors des perturbations humaines.

Mais évidemment, à l’opposé, il y a la Droite rurale qui ne supporte pas de voir un ancien « terrain » se substituer à leur emprise. Avant la sanctuarisation de la zone, la chasse y était autorisée et des espèces exogènes comme le cerf Sika y avaient été par exemple introduites.

Ainsi, entre 500 à 700 personnes se sont rassemblées ce vendredi 21 août à Crest, en réponse à l’appel d’une coalition unissant les chasseurs de Léoncel, ILOUPEDV (Impact du Loup sur le Développement durable), la Coordination rurale, la FDSEA, les Jeunes Agriculteurs, et l’Association des éleveurs et bergers du Vercors. Dans ce panorama, il n’est pas étonnant que la maire Les Républicains de Crest, Hervé Mariton soit venu apporter son soutien aux chasseurs et aux éleveurs.

C’est Frank Reynier, président de l’ILOUPEDV, qui a tenu le discours lançant la manifestation. Une association qui a lancé début août une pétition contre le référendum pour animaux et développe un discours qui révèle la bataille d’envergure qui est en cours : 

« Pourquoi l’aspas ? Ce n’est pas que l’aspas, c’est un mouvement national, européen, qui est en train de naître, qui nous submerge qui est composé d’antispécistes, de végans (…) Aujourd’hui, dans nos campagnes, les chasseurs baissent la tête, les éleveurs baissent la tête, les agriculteurs baissent la tête.

Aujourd’hui faut réagir, y en a marre de ça. Je vous signale qu’il y a référendum d’initiative partagé qui a déjà été voté par 125 parlementaires qui vise derrière, faut pas se leurrer, à interdire toutes nos pratiques rurales, toutes nos traditions qui sont en train de disparaitre »

Il y a là un discours offensif qui se double d’une manifestation de rue avec défilés d’animaux domestiques et pancartes allant jusqu’à qualifier l’Aspas de « fascistes ». Cette manifestation est sûrement un premier jalon posé par la Droite la plus réactionnaire en vue de contrer la naissance d’une opinion publique en faveur des animaux. Ce contre-feu est lancé sur la base de la défense des « traditions » rurales, de la « campagne » éternelle, le tout servant à l’exploitation de la nature vue comme une ressource ou espace de « jeu ».

A l’inverse, l’Aspas propose à travers ce sanctuaire de 700 hectares représentant 0,1 % de la superficie de la Drôme, une toute autre vision du monde. Dans son communiqué de réponse à la manifestation des chasseurs et éleveurs, l’association dit très justement :

« II ne s’agit pas pour l’ASPAS de réensauvager chaque recoin de France, ou de la Drôme, mais de garantir à la nature un maillage d’espaces vraiment protégés, alliés à des formes d’exploitations forestières non violentes, des agricultures paysannes hospitalières pour la vie sauvage, au sein d’un projet de société sobre et solidaire »

Se plaçant du point de vue de « l’intérêt de la seule vie sauvage », ce sanctuaire est un projet porteur d’une perspective écologique authentique qui annonce là une bataille démocratique à propos de la reconnaissance des campagnes comme espace de nature à protéger.

Ce sont deux visions antagonistes, irréconciliables, de la nature qui se font face, avec au centre une opinion publique largement favorable à la cause animale qui préfigure un changement complet d’époque.

Cette unification locale du monde de la chasse et de l’élevage est un signal d’alerte pour les écologistes sur l’inévitable clash qui va se réaliser dans les mois à venir, un clash d’autant plus dur que chasseurs et éleveurs sont de plus en plus isolés par l’opinion publique.

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ASPAS: «Mobilisation générale contre la chasse estivale!»

Voici la dernière communication de l’ASPAS, l’Association pour la protection des animaux sauvages, qui alerte sur le retour de la chasse en été et pointe le caractère particulièrement anti-démocratique de cette décision.

« Mobilisation générale contre la chasse estivale !

21/06/2020

C’est officiel : depuis le 1er juin, les chasseurs peuvent cette année encore abattre chevreuils, daims, sangliers et renards (presque) partout en France. Et ce malgré une forte (et inédite !) opposition citoyenne exprimée via les consultations publiques. Face à ce déni de démocratie, l’ASPAS a imaginé pour vous de nouvelles actions contre le lobby chasse.

Jamais la chasse d’été n’aura autant fait parler d’elle. Et c’est une excellente nouvelle ! Car plus les Français prendront conscience de l’existence de ces tueries estivales, plus nous ferons poids pour faire changer la loi. Les nombreuses consultations publiques organisées partout en France ce printemps sont sans appel : une majorité écrasante de Français refuse de subir ces 3 mois et demi de chasse supplémentaires, de surcroit à une saison synonyme de vacances au grand air et de reconnexion avec la nature !

Épaulée par de vaillants bénévoles, l’équipe de l’ASPAS a décortiqué les deux tiers des arrêtés préfectoraux (soit une soixantaine de départements) qui autorisent la chasse d’été. Aucun n’a tenu compte, dans sa décision finale, de l’avis des citoyens opposés à cette pratique !

Quelques exemples de départements à éviter cet été :

  • Vendée : 258 contributions, dont 84% d’opposants
  • Morbihan : 1266 contributions, dont 85% d’opposants
  • Aude : 219 contributions, dont 89% d’opposants
  • Cantal : 599 contributions dont 90% d’opposants
  • Hérault : 364 contributions, dont 90% d’opposants
  • Dordogne : 169 contributions, dont 95% d’opposants
  • Ariège : 644 contributions, dont 97% d’opposants
  • Charente-Maritime : 505 contributions, dont 97% d’opposants
  • Pyrénées-Atlantiques : 247 contributions, dont 98% d’opposants
  • Isère : 403 contributions, dont 99% d’opposants (!)

Ces résultats pourraient nous décourager. Nous pensons au contraire qu’ils doivent raviver la flamme de notre indignation collective ! Ces chiffres, qui seront gravés à jamais dans les archives publiques, démontrent une fois de plus que les Français rejettent massivement les abus de la chasse.

Aussi, nous vous proposons d’aller plus loin, en mettant en œuvre ces 3 nouvelles actions :

1 – Écrivez à la préfecture de votre département et aux élu-e-s de votre circonscription (coordonnées plus bas) pour exprimer votre désapprobation quant à l’autorisation de la chasse en été et votre souhait de pouvoir mener des activités nature en toute sécurité et sérénité.

Cliquez ici pour envoyer votre mail

Si le lien ci-dessus ne fonctionne pas, vous pouvez faire un copier-coller manuellement du texte ci-dessous :

Madame, Monsieur,

La réglementation autorise la chasse à tir de septembre à mars, mais les préfets peuvent l’autoriser dès le 1er juin pour les chevreuils, sangliers et daims. Ce qui devait être une exception est devenu le principe puisque tous les départements appliquent cette mesure permettant des tirs pendant 10 mois de l’année !

Pourtant, les tirs d’été exercent une pression cynégétique insoutenable pour les populations sauvages concernées.

Dès lors que des tirs d’été du chevreuil ou du sanglier sont autorisés, le renard pourra être chassé dans les mêmes conditions que ces espèces alors qu’il subit déjà trop de persécutions : chasse à courre jusqu’à fin mars, déterrage et piégeage toute l’année.

Ces tirs d’été vont inévitablement perturber d’autres espèces dont la chasse n’est pas encore ouverte, ou encore des espèces protégées, alors que les jeunes ne sont pas encore sevrés.

Ces tirs d’été augmentent lourdement et de manière inacceptable les risques d’accidents de chasse impliquant des non-chasseurs. Ces derniers n’auront en effet que très peu de mois pour se promener en pleine nature sans être inquiétés. Une telle décision est inéquitable et va à l’encontre de tout impératif de sécurité publique dont le préfet est pourtant le garant.

Aussi, je vous demande d’agir pour que cette mesure ne s’applique plus dans notre département, et de mettre tout en œuvre pour faire évoluer la réglementation nationale.

Cordialement,> Pour trouver les coordonnées de la préfecture de votre département, cliquez ici (fichier PDF).
> Pour les coordonnées de vos députés, cliquez ici.
> Pour les sénateurs, c’est ici.

2 – Dialoguez avec votre maire ou les candidats à la mairie pour limiter au maximum le périmètre de la chasse sur votre commune.

Oui, un maire a certains pouvoirs sur la chasse. Retrouvez les actions possibles pour un maire sur la page : aspas-nature.org/municipales

3 – Interpellez et sensibilisez en diffusant les panneaux « Attention, promenade en cours » de façon virale ou, sur le terrain, lors de vos balades.

Non ce ne sont pas aux promeneurs de faire attention aux chasseurs ! La nature n’appartient à personne, et elle ne doit pas être une chasse gardée. Chaque citoyen doit pouvoir accéder à la nature en toute liberté et en toute sérénité, sans l’angoisse de se faire tirer dessus !

Pour inverser le message, l’ASPAS a donc créé une déclinaison de panneaux que vous pouvez partager autour de vous (par mail, sur les réseaux sociaux…), ou carrément imprimer et utiliser dans la nature lors de vos sorties : n’hésitez pas à nous envoyer vos photos une fois le panneau posé !

Pour toute question pratique sur ces actions, vous pouvez écrire à actions@aspas-nature.org.

Cliquez sur les visuels pour télécharger les panneaux en pdf

[Voici un exemple de visuel ; pour retrouver toute la série de visuels, rendez-vous sur le site de l’ASPAS]

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Écologie Planète et animaux

Nos amies les abeilles sauvages

Multiplier les ruches pour agir contre la disparition des abeilles est une erreur car cela pénalise les précieuses abeilles sauvages comme nous l’avons vu récemment. Il se trouve qu’on ne connaît pas assez les abeilles sauvages alors qu’elles sont des pollinisatrices essentielles.

Il existe autour de 900 sortes d’abeilles sauvages en France contre une espèce d’élevage pour le miel, l’Apis Mellifera.

Une bonne partie des sauvages sont solitaires, c’est-à-dire qu’elles ne créent pas de colonie, elles nichent dans des plantes ou le sol, butinent, nourrissent leurs larves et n’ont pas de rapport avec leur descendance. Les autres sont sociales et font des colonies, des nids plus élaborés, avec des systèmes de galeries. Certaines survivent à l’hiver, d’autres ne vivent qu’un mois pendant l’été.

Les abeilles sauvages sont aussi multiples que diverses et il est difficile de les caractériser d’un bloc. Il est plus facile de les identifier en connaissant l’Apis Mellifera. Si ce qu’on observe n’est pas une « abeille à miel » alors c’est une abeille sauvage.

Aussi, si l’on voit une abeille couverte de pollen, c’est une sauvage car l’Apis Mellifera ramasse le pollen sur ses pattes et reste très propre.

Nous connaissons très bien une abeille sauvage, le bourdon ! Les bourdons s’installent au printemps dans des cavités dans les arbres, dans des nids d’oiseaux abandonnés, ou encore des fissures. Les bourdons pollinisent un grand nombre de plantes, contrairement à beaucoup d’autres abeilles sauvages qui sont spécialisées.

L’abeille charpentière (Xylocope) fait partie de ces spécialistes, elle se confond d’ailleurs avec le bourdon car elle est trapue, assez sombre et très velue. Elles tient son appellation de sa manière de creuser le bois pour y faire son nid.

Les charpentières ne se comportent pas pareil d’une fleur à l’autre, certaines étant visitées de manière « brutale », en creusant par la tige, d’autres de manière classique et permettant la pollinisation. Elle pollinise notamment les légumineuses dont certaines sont principales source de protéines végétales dans l’alimentation humaine.

Le bourdon et la charpentière sont des abeilles sauvages sociales, l’Andrena Vaga, par contre, est une solitaire. Elle fait partie de la famille des abeilles des sables vivant dans les milieux humides, qui creusent dans le sable pour y pondre. Elle est aussi une spécialiste, préférant butiner les saules.

Les solitaires sont ainsi souvent des spécialistes, il est impossible de les détailler toutes mais chaque grand type de plante ou de milieu a son, ou ses abeilles spécialisées.

La destruction des abeilles sauvages est donc strictement lié à la destruction des écosystèmes, avec le développement anarchique urbain et l’aspersion de pesticides pour l’agriculture intensive. La monoculture est également un problème puisqu’elle supprime la diversité de la nourriture des abeilles. Enfin, la pollution joue aussi un rôle néfaste, puisqu’elle cache le parfum des fleurs et les phéromones nécessaires à la reproduction. Pour se donner une idée, en l’an 1800, les odeurs portaient en générale à 800m, aujourd’hui c’est 200m…

La première et la plus grande des choses à faire pour elles serait donc de contrôler strictement l’étalement urbain et d’opter pour une planification agraire scientifique, permettant d’alterner culture et plantes sauvages ainsi que d’arrêter l’utilisation de pesticides.

Mais il est possible dès aujourd’hui d’agir en conscience pour aider les abeilles.

Il est possible de préserver leur habitat en conservant les haies et bosquets, également en ne les taillant qu’en hiver. Il est possible d’en planter aussi, en variant les essences en respectant les essences endémiques. Certaines plantes à moelle comme le sureau, les ronces, rosiers, églantiers (…) sont des abris naturels dans lesquels certaines abeilles creusent à l’arrivée de l’hiver pour y pondre.

Installer des hôtels à insectes est aussi une chose à faire, notamment en milieu urbain, à condition que cela soit fait en connaissance des besoins (diamètre des cavités type de bois etc.) et sur des emplacements pertinents. Attention aux hôtels à insectes vendus en jardinerie ou n’importe où sur internet !

20 % des abeilles sauvages nichent dans des petites cavités. Elles peuvent creuser dans des tiges à moelle ou élire résidence dans des tiges creuses, dans du bois mort ou dans des galeries laissées par d’autres insectes dans des branches. Elles font donc partie des insectes qui viendront occuper ce type de structure.

Mais 80 % des abeilles restant nichent dans des galeries sous le sol, dans le sable, l’argile ou le limon, il est donc difficile de reproduire leur habitat de toute pièce, seuls des écosystèmes protégés, des sanctuaires peuvent être complètement bénéfiques.

Pour préserver leur nourriture, il faut remettre en question le désherbage systématique des jardins, « espaces verts », bords de route, notamment à travers la tonte qui élimine une grande quantité de fleurs comme celles des trèfles dont beaucoup sont gourmandes.

La plantation de certaines plantes à nectar peut se faire en connaissance de cause, certains mélanges ne sont pas idéal et certaines toxiques ! C’est peut-être le cas des certains massifs fleuris d’apparat qui sont utilisé dans les villes.

Pour finir, il est possible de soutenir des associations ou organisations qui œuvrent pour les pollinisateurs sauvages par des dons ou en participants à leurs programmes. Il est conseillé de passer par leurs conseils pour toute élaboration d’hôtel à abeille afin de ne pas faire n’importe quoi.

Voici une liste :

Des fleurs et des abeilles sauvages

http://apicool.org/ (Grand-Est/France)

Des interventions, de la pédagogie et tutos pour hôtels à abeilles

https://www.arthropologia.org/ (Lyon)

https://urbanwildbees.wordpress.com/ (Suisse/Rhone-Alpes)

Des programmes clef en main pour accueillir des abeilles solitaires indigènes et augmenter leur population

https://www.lesdorloteurs.fr/ (France entière)

https://www.abeillessauvages.com/ (Europe)

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Écologie

Les écologistes n’installent pas de ruches

Le geste écologique par excellence semble être de mettre des ruches là où l’on peut. C’est une vague qui a été le fruit des premières révélations sur la chute de la biodiversité focalisant sur les abeilles car cela aurait un impact important sur l’alimentation humaine. S’en sont suivies des initiatives sur les abeilles à toutes les sauces, mais sans jamais prendre en compte la notion d’écosystème.

À titre d’exemple, lors du JT évoquant les résultats de l’IPBES en mai 2019, l’œil du 20h a fait un reportages sur les abeilles. Le rapport de l’IPBES parle pourtant d’un million d’espèces menacées, et la question des abeilles est mise en avant depuis septembre 2016 étant inscrites sur la liste des espèces en voie d’extinction.

Bien sûr le sujet est aussi important que n’importe quel animal, mais il a tendance à être monté en épingle car certaines abeilles sont domestiquées et on pense pouvoir avoir un certain contrôle en essayant d’en domestiquer plus, partout.

C’est ce qui est entrain de se passer avec la multiplication des ruches, en milieu urbain notamment. Le nombre de ruches à plus de doublé dans la capitale française depuis 2016, passant de 600 à 1500. C’est la même logique dans la plupart des villes, et ce, partout dans le monde.

Or, on n’a pas vraiment essayé de comprendre les dynamiques des pollinisateurs avant de faire la promotion de l’installation de ruches.

La logique était « il y a moins d’abeilles, implantons des abeilles ». C’est un raisonnement très mécanique, les choses ne pouvaient fonctionner comme cela.

Une étude alertait déjà en janvier 2018 sur les conséquences néfastes. Une autre étude publiée en septembre 2019 confirme qu’il faut arrêter de toute urgence et même faire machine arrière. Certaines villes comme Besançon, Metz, Lyon (…) prennent déjà des arrêtés d’interdiction d’installation de ruches.

Déjà parce qu’il n’y a pas qu’une espèce d’abeille mais des milliers, et surtout parce que la plupart sont sauvages et deux fois plus menacées.

Les abeilles sauvages sont souvent des ouvrières spécialisées de la pollinisation, elles sont incroyablement efficaces, transportant délicatement le pollen d’une fleur mâle à femelle d’une même espèce, aidant à la reproduction des plantes, notamment les arbres fruitiers. Certaines d’entre-elles ne pollinisent que quelques espèces végétales et se complètent avec les centaines d’autres spécialisées dans d’autres essences de plantes.

Les abeilles domestiques, elles, sont le résultats de croisement pour les rendre productive pour le miel, elles ne sont donc pas vraiment « paramétrées » pour faire ce travail de pollinisation. Elles vont dans tout type de fleurs, n’y laissent plus rien de comestible et transportent des mélanges de nectars sous forme compacte, coagulée. Le contact avec ce genre d’agglomérat ne permet pas de fécondation sur les fleurs qu’elles visitent.

Placer des ruches à outrance est donc mauvais car les abeilles domestiques suppriment la subsistance des abeilles sauvages et pour ne pas ou peu contribuer à la pollinisation.

Il faudrait donc attacher plus d’importance à la survie des abeilles sauvages, en sachant notamment, qu’elles nichent pour 90 % dans le sol, les autres dans des tiges creuses ou du bois mort.

On en revient donc à la question de l’étalement urbain, des pesticides et des manies de « nettoyer » la nature, son jardin.

> Lire également : Nos amies les abeilles sauvages

Le fait de mettre des ruches, c’est une manière bobo de concilier un mode de vie destructeur tout en greffant des éléments pseudo-écologiques largement promu par une vision ésotérique de la nature.

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Écologie

La stratégie de la tension menée par le patron des chasseurs Willy Schraen

Lors d’une interview au site chassons.com, le président de la Fédération nationale des chasseurs Willy Schraen s’est adonné à l’une de ces provocations dont il a le secret. «À un moment on va devoir finir par agir sur le chat» explique-t-il en se justifiant par le fait que selon lui il tue « bien plus d’animaux que les chasseurs ».

Dans son interview à chassons.com, Willy Schraen a suggéré que :

« Le piégeage du chat à plus de 300 mètres de toute habitation, ce serait une bonne chose »

Ce propos ne pouvait évidemment que provoquer une vague d’indignation. Suite à cela, il ne dormirait pas depuis plusieurs jours, serait sous anxiolytiques, recevant des menaces ou étant l’objet de « contrat » sur sa tête, etc. Il serait même sous protection policière, ainsi que sa famille.

Tout cela ne doit rien au hasard, mais fut savamment calculé. Willy Schraen savait très bien les réactions qu’il allait provoquer et c’est ce qui était recherché. Pour se poser en victime, pour augmenter la tension, pour attiser le feu.

Il avait d’ailleurs tout prévu : d’abord susciter l’émoi à propos des chats, puis expliquer ensuite qu’il ne s’agissait que de « chats errants revenus à l’état sauvage », qui constitueraient une menace pour la « biodiversité » et de nombreux oiseaux.

Ce faisant, il pose un véritable problème, pour apporter une solution relevant du problème. Car tant les chasseurs que le développement urbain anarchique, associé à une « consommation » d’« animaux de compagnie » anarchique, relève du déséquilibre apporté par les humains au situation naturelle.

Opposer les chats aux oiseaux est exemplaire d’une vision du monde totalement erronée. C’est pour cela que les défenseurs des animaux ne font pas cette opposition, mais combattent pour aider les oiseaux et pour chercher à améliorer la situation des chats, ceux-ci étant massivement abandonnés, la situation ayant empiré comme jamais ces dernières années.

Mais cela n’intéresse pas les chasseurs qui veulent surtout s’en prendre aux chats en en faisant les bouc-émissaires de la destruction de la vie sauvage. Ils ne sont pas là pour s’opposer à des désastres provoqués par les humains, mais pour renforcer leur propre position.

C’est un jeu tactique, de bout en bout, et d’ailleurs Willy Schraen a même finalement prétendu que les gens ont mal interprété ses propos, qu’il n’a jamais parlé de tuer les chats. De la part d’un chasseur, on a du mal à le croire. Surtout quand il parle ensuite pour se défendre… de les remettre à la SPA !

Comme on le voit, à la provocation succède la provocation ; c’est absurde et totalement infaisable de toutes manières, mais l’idée est d’en rajouter, toujours d’en rajouter.

Tout défenseur des animaux sait d’ailleurs que la réponse immédiate n’est pas la SPA, mais le mouvement en soutien aux « chats libres ». Il faut ainsi savoir que la loi du 6 janvier 1999 a donné un statut de « chats libres » aux chats errants, à condition qu’ils soient stérilisés, identifiés (tatouage avant et désormais une puce), par des bénévoles indépendants, des associations de protection animale ou des communes, qui s’engagent à les nourrir après les avoir remis où ils étaient.

Cette activité est essentielle et les gens la menant font partie de la première ligne au service des animaux. C’est un travail concret, comme celui pour les oiseaux, qui ne relève d’aucune médiatisation, d’aucun soutien ou si peu. Et réaliser une telle activité implique une rupture avec la vie quotidienne exigée par l’idéologie dominante, car culturellement cela apparaît comme totalement « bizarre ».

On a donc de la part de Willy Schraen, plutôt qu’un véritable sujet, une opération provocation savamment orchestrée. La chasse n’est pas qu’un simple « loisir » en France, elle représente un élément fondamental du dispositif réactionnaire français. Willy Schraen agit ainsi en militant, pour mobiliser toute une frange de la population réfractaire à tout changement, culturel, écologique, etc.

En ce temps de crise, alors que la société est profondément bouleversée par la situation sanitaire, les réactionnaires voient une occasion en or à saisir pour répandre leur vision du monde. S’en prendre au chat n’est ici qu’un prétexte afin de pouvoir critiquer les défenseurs de la natures et des animaux.

C’est la raison pour laquelle dans la même interview il a assumé tout une posture violente, virile, digne des mentalités les plus arriérées :

« j’aimerais bien qu’on en choppe quelques-uns quand-même », « il y a quelques coups de poing dans la gueule qui se perdent », « je comprends le chasseur aujourd’hui qui dit si j’en choppe un, il va prendre une bonne branlée ».

C’est de toute une vision du monde dont il s’agit là, celle refusant de voir les exigences historiques de l’époque, s’imaginant trouver refuge dans un passé fantasmé, avec l’attitude du gaulois « bon vivant », grande gueule et adepte du coup de point érigé art de vivre.

Willy Schraen avait exactement ce genre d’attitude et d’appel à la violence contre la mobilisation démocratique et populaire opposée à la chasse à courre. On ne sera pas étonné à ce sujet que Willy Schraen ait reçu immédiatement le plein soutien de la part de Guy Harlé d’Ophove, figure majeure de la réaction, président de la fédération des chasseurs de l’Oise, département bastion de la chasse à courre.

On a encore ici un exemple de ce qu’on doit appeler la lutte des classes. La lutte des classes authentique, pas celle imaginée par la CGT.

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Politique

Pas de « jour d’après » dans le béton

Il suffit de voir les réactions, les commentaires, les positions des uns et des autres pour s’apercevoir que l’idée se généralisant, c’est que tout va redevenir comme avant. C’est là le reflet pur et simple du capitalisme qui s’imagine inébranlable. Seule une Gauche « alternative », critique de la vie quotidienne, peut être à la hauteur des immenses enjeux. On ne peut pas imaginer « un jour d’après » sans assumer qu’il faut tout changer et supprimer tout ce béton qui engloutit l’humanité.

Même des gens très à gauche pensent que ce qui compte, c’est « le jour d’après ». Ce faisant, ils s’imaginent en rupture avec le capitalisme. Sauf que ce n’est pas vrai, au contraire. Considérer que le capitalisme va continuer comme avant, qu’il va reprendre là où il en a été, que tout cela n’a été qu’un intermède… tout cela c’est accepter ce que s’imagine le capitalisme lui-même !

Car le capitalisme s’imagine incontournable, seul au monde, existant pour l’éternité. Une grande partie de la Gauche l’a accepté elle-même puisqu’elle se présente désormais comme « anticapitaliste », ou encore « altermondialiste » pour utiliser un terme passé de mode. L’idée d’une société non capitaliste, c’est-à-dire socialiste… a littéralement disparu, ou presque.

Tout est pensé par rapport au capitalisme, à travers lui, contre lui si l’on veut, mais finalement jamais sans lui. Il y a un asséchement complet du sens de l’utopie. La preuve, c’est qu’il n’y a plus aucune considération esthétique. Or, qui pense à un monde de demain… pense à quoi il va ressembler, à comment on va y vivre, s’y épanouir.

Naturellement, quand on pense à tout cela, on imagine mal des abattoirs, des centrales nucléaires, du béton à n’en plus finir, des ronds points et encore des ronds-points. Voilà pourquoi les gilets jaunes ont bien été un mouvement réactionnaire : ils n’ont strictement rien proposé. Ils ne pouvaient pas. Leur identité n’a pas dépasse les ronds-points.

Pareillement, la majorité des jeunes se revendiquant très à gauche considère comme « populaire », authentique, alternatif, de manger des kebabs. Quant aux jeunes en général, le McDonald’s leur semble un lieu de paix sociale, un véritable havre paix communautaire, nullement un cauchemar civilisationnel.

Et comme, finalement, personne ne veut se remettre en cause dans sa vie quotidienne, il est bien pratique d’imaginer « un jour d’après »… qui soit seulement le jour d’après le jour d’hier, comme si aujourd’hui n’avait pas existé, comme si la crise sanitaire n’avait été que passagère, comme si elle n’allait rien changer, comme si elle ne pouvait rien changer.

On peut pratiquement deviner ce que les Grecs et les Romains avaient comme considération au moment de la fin de leur civilisation : strictement aucune. Ils pensaient que tout continuerait comme avant. Et les Français du début du 21e siècle sont pareils. Pour eux, le capitalisme n’a pas du tout atteint une limite, la bétonnisation du monde n’est pas en jeu dans tout ce qui se passe.

Il y a une incapacité fondamentale à avoir de l’envergure, à dépasser sa propre petite expérience. Le maximum atteint, c’est le rêve zadiste, qui ne diffère en rien du rêve de la petite propriété. L’idéologie de la petite propriété revient en force d’ailleurs, en se présentant comme un modèle idéal pour une période comme celle du confinement. Plutôt que de voir les drames d’une civilisation, on se focalise sur soi et on se veut bien tranquille dans un petit jardin !

Il faut tabler sur une nouvelle génération qui ne voudra pas périr en même temps qu’un modèle de civilisation qui a échoué, précisément parce qu’il a réussi !

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Écologie

Corse: il y a 60 ans s’affirmait la bataille démocratique et populaire contre la base nucléaire de l’Argentella

Il y a 60 ans, le 2 mai 1960, un grand rassemblement populaire avait lieu à Ponte-Novo pour s’opposer au projet de base nucléaire de l’Argentella, entre Calvi et Galeria. La vigueur du mouvement démocratique Corse fit alors rapidement plier l’État français, confronté à une vague massive, marquant profondément l’île sur le plan politique et culturel. Cela contribua directement à l’affirmation de la conscience nationale dans les années suivantes et à une sensibilité écologiste marquée.

La bataille contre la base nucléaire de l’Argentella avait commencée dès le 20 avril 1960 avec des comités de défense contre le projet se lançant à Ajaccio, Bastia, Corte, Marseille et Paris. Les appels à la mobilisation se multiplièrent alors, moins d’une semaine après la visite à Ajaccio du ministre délégué Pierre Guillaumat et du haut-commissaire à l’énergie atomique annonçant une base d’expérimentations nucléaires souterraines.

Il s’agissait de pratiquer des explosions chimiques et nucléaires en bénéficiant des qualités de résistance de la roche locale censée absorber les effets. Les masses corses vécurent cela comme une véritable agression de type coloniale, menaçant directement leur environnement. Une bombe expérimentale (quatre fois la puissance de celle d’Hiroshima), venait d’ailleurs d’être larguée le 13 février 1960 dans le Sahara.

Face à la pression, le premier ministre Michel Debré dût se justifier dès le 23 avril en prétendant que les expérimentations n’étaient pas dangereuses, ce qui ne fit qu’attiser la colère de la population nullement dupe et profondément méfiantes face à l’horreur nucléaire.

De nombreux rassemblements très vigoureux eurent lieu dans la foulée, jusqu’à ce grand rassemblement populaire du 2 mai 1960. Le jour même, en raison du succès de la manifestation, le Préfet fut contraint d’annoncer un premier recul en disant que le projet n’était toujours pas acté officiellement.

La mobilisation franchit alors un nouveau cap, avec des mots d’ordre de grève lancés dans toute la Corse. Même les gaullistes corses s’opposèrent au projet, tellement le refus populaire était massif et incontournable. Le gouvernement annonça alors son recul, face à une contestation d’une grande ampleure et d’une grande détermination prévue pour le 14 juin sur le site même de l’Argentella.

En quelques semaines, le peuple de Corse fit donc littéralement plier le régime antidémocratique de la Ve République du Général de Gaulle. La capitulation de l’État français ne conduisit toutefois pas à un véritable recul, mais simplement à un détournement… La base fut reportée à l’autre bout du monde, sur l’atoll de Mururoa et la France se couvrit d’une honte immense quelques années plus tard en pratiquant ses essais nucléaires, aux conséquences immenses sur la population locale et bien entendu la nature pendant des années.

En Corse par contre, la victoire démocratique et populaire conte la base nucléaire de l’Argentella eu un retentissement immense. La conscience nationale, avec une grande dimension populaire, put s’affirmer à grande échelle. Cela marqua la conscience écologiste du mouvement démocratique corse avec de nombreuses combats écologistes, depuis l’affaire des boues rouges (conduisant à une grève générale, des attaques contre la préfecture, etc.) dans les années 1970, jusqu’à l’explosion plus récente de la villa de Pierre Ferracci, construite en toute illégalité dans une baie naturelle protégée.

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Écologie

Le projet antidémocratique Internet Starlink par l’entreprise SpaceX

L’entreprise Space X présidée par Elon Musk vient de lancer de nouveaux satellites dans l’orbite terrestre afin de bâtir un nouveau réseau internet. Également connu comme président de l’entreprise d’automobiles électriques Tesla, Elon Musk est le représentant de cette bourgeoisie totalement décadente perdant pied avec le réel mais s’imaginant à l’avant-poste de la modernité.

Le milliardaire Elon Musk, ancien conseiller de Donald Trump, a lancé ces derniers jours 60 nouveaux satellites de son projet « internet Starlink », autorisé par Commission fédérale des communications des États-Unis en 2018. Ils font dorénavant partie des 420 satellites d’internet Starlink, avec à terme la mise en orbite d’un peu plus de 12 000 satellites pour un lancement officiel en 2025.

Placés dans la basse orbite (200 – 500 km d’altitude), ces satellites veulent offrir un réseau qui sera donc indépendant de l’actuelle infrastructure terrestre et marine, avec comme objectif principal d’augmenter le débit d’internet. Les satellites de Starlink pourraient offrir un temps de communication extrêmement court, de l’ordre de 25 millisecondes de latence (pour 30 à 60 millisecondes actuellement pour un très bon accès internet).

Le lancement des derniers satellites n’a pas manqué d’alerter bon nombre de gens, pensant y voir des ovnis ou des étoiles filantes. Et c’est bien là que réside le problème : le projet est inconnu des larges masses avec une grande entreprise qui impose son projet par « en haut ». Il a fallu qu’en plein confinement les gens s’aperçoivent des traînées de lumières diffusés par les satellites dans la nuit pour que le projet soit mieux connu.

Car la question de l’utilisation (ou non) de l’espace planétaire est une question éminemment démocratique, tant la connaissances des étoiles et du système solaire en général fait partie d’une connaissance populaire répandue. La passion pour les éclipses en est une bonne illustration et plus que jamais la nuit étoilée fait partie d’un rapport universel à la nature, et à la science.

Alors que la pollution lumineuse terrestre causée par les spots publicitaires et l’éclairage inutile défigure cette contemplation populaire, voilà que le projet Starlink va encore assombrir la nuit étoilée.

Pour le capitalisme, la nature est surtout un obstacle à faire sauter pour les besoins d’accumulation du capital. À cela s’ajoute l’anarchie complète de ce mode de production qui se développe dans le mépris total des conséquences à moyen-long terme sur l’environnement.

Le projet Space X va ainsi multiplier de plusieurs fois le nombre de satellites dans l’espace terrestre. À titre de comparaison, en 2018 la mission d’exploration spatiale Kepler a déployé 140 satellites. Or, les satellites à basse altitude ont une durée de vie très courte, ce qui la pose la question du traitement des satellites déchus à l’heure où les débris spatiaux est un grand problème. Il y a actuellement des milliers de débris, dont 8 000 de plus de 10 cm, qui circulant à plus de 8km/sec dans l’espace, menaçant toute la sécurité spatiale, que le film Gravity l’illustre bien.

> Lire également : Débris spatiaux, une poubelle autour de la Terre

Le projet Starlink correspond à une tentative d’élargissement des capacités d’accumulation du capital au moment même où la machine se grippe de manière irréversible. Cela pourrait bien ouvrir la boite de Pandore pour des grandes entreprises en quête d’un nouveau terrain vierge. C’est déjà par exemple le cas de cette start-up russe Startrocket qui souhaiterait commercialiser des espaces publicitaires dans l’espace ou encore Amazon avec un projet similaire d’internet nommé « Kuiper ».

Développé dans un cadre démocratique et fondé sur la dignité populaire, un tel niveau technologique devrait pourtant être utilisé à des fins universelles. Cet objectif universel, populaire, c’est la recherche scientifique, ou plutôt la quête scientifique de nouvelles formes de vie dans l’univers comme le font déjà de nombreuses explorations sur les exoplanètes.

L’espace doit rester tel qu’il est et ne pas être pollué par des infrastructures visant simplement l’élargissement du capital. La reconnaissance de la nuit étoilée comme porte d’entrée vers la vie et l’Univers doit être une bataille démocratique contre le projet mortifère de SpaceX.