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La Grèce, poste-avancé de l’OTAN contre la Turquie

La Grèce se militarise pour le compte de l’OTAN.

La Grèce a toujours été un fer de lance de l’OTAN, hier dans sa lutte contre l’URSS, aujourd’hui dans sa défense de l’hégémonie occidentale.

Dès 1947, la Grèce signait un accord bilatéral avec les Etats-Unis pour mettre à disposition toutes ses infrastructures pour le compte de l’OTAN, avant de rejoindre officiellement l’alliance atlantique en 1952…en même temps que la Turquie.

Le bloc occidental était alors concentré sur l’opposition à l’empire soviétique et se devait de maintenir la discipline de ses membres, tous ses membres, y compris donc la Grèce et la Turquie malgré leur opposition historique commencée avec la guerre d’indépendance grecque en 1821 et allant jusqu’à la persécution des Grecs d’Anatolie en 1922.

Mais tout cela est du passé. La situation qui prime dorénavant est la tendance à la guerre et les antagonismes refont surface.

Car si la Turquie était depuis la fondation de la République de Turquie par Mustafa Kemal Atatürk en 1923 un simple satellite des États-Unis, avec des centres urbains modernes dans un océan rural isolé, l’arrivée d’Erdogan au pouvoir à la fin des années 1990 a coïncidé avec une vague de modernisation qui a bénéficié aux gens ayant quitté les campagnes arriérées dans les années 1970.

Cette nouvelle génération de « turcs noirs », en opposition aux « turcs blancs » des grands centres urbains, se trouve en phase avec l’idéologie du parti de la justice et du développement (AKP) qui a su dépasser les vieux mouvements islamistes turcs en maintenant le conservatisme religieux comme levier d’organisation civile tout en acceptant la laïcité comme fondement de l’Etat turc moderne.

Bref, la Turquie n’est plus celle des années 1960, et la vague de modernisation alliée à la mobilisation de pans entiers de la société lui permet de rêver au retour du passé ottoman…et le coup de frein engendré par la pandémie de Covid-19 ne peut que la faire basculer dans l’expansionnisme et le militarisme.

Mais la Turquie reste membre de l’OTAN, tout comme la Grèce, ce qui provoque forcément des remous comme lors d’une réunion de l’alliance de décembre 2020 où les ministres des affaires étrangères grecs, français, des États-Unis et de la Turquie se sont accusés de favoriser les tensions en Méditerranée.

Évidemment, face à cela, la Grèce n’est pas en reste. Sauf qu’à la différence de la Turquie, elle est un pays affaibli par la crise financière de 2008, incapable de défendre seule ses zones d’influences, d’autant plus que l’armée grecque compte un peu plus de 100 000 militaires actifs contre 735 000 en Turquie.

Si la Grèce a annoncé le rallongement de son service militaire obligatoire de 9 à 12 mois dès le mois de mai 2021, avec la perspective de former 15 000 nouveaux soldats, ainsi qu’une augmentation hallucinante de son budget militaire, elle ne peut faire face à la Turquie sans se vendre en découpe à l’OTAN.

Dès 2019, elle signe un accord de mise à jour du partenariat de défense mutuelle avec les États-Unis, revenant en fait à ouvrir les vannes à la présence des forces américaines en Grèce.

En septembre 2020, le secrétaire d’État à la défense Mike Pompeo venait affirmer cet accord, en proclamant au passage qu’il était envisagé le déplacement des forces américaines des bases turcs d’Incirlik et de Kürecik vers la Thrace orientale et la Crète.

Et c’est bien ce qui est en train de se passer. En 2021, le gouvernement de droite grec ouvrait ainsi les portes du port d’Alexandroúpolis dans le Nord-Est de la Grèce, à la frontière avec la Turquie, aux forces américaines.

Un port qui s’est avéré central pour la livraison d’armes occidentales au régime de Kiev ainsi que pour le renforcement des positions de l’OTAN en Roumanie et Bulgarie, après que la Turquie a fermé les détroits de Bosphore et des Dardanelles en vertu de la convention de Montreux de 1936.

En fait, le port est carrément devenu l’une des plus grandes bases américaines en Europe, avec des agrandissements qui lui permettent d’accueillir dorénavant des bâtiments maritimes de gros tonnages. À terme, il doit également se doter d’un système de radar en lien avec la station mère de l’île de Samothrace pour surveiller les détroits de la mer noire dans l’optique de remplacer la station-radar turque de Kürecik.

Heureusement, une partie de la population conteste cette militarisation car cela l’expose directement aux conséquences d’un conflit direct avec la Russie ou la Turquie. Du bon sens pacifiste quand on sait que les avions de chasse turcs violent régulièrement cet espace aérien grec à cet endroit !

Mais au-delà d’Alexandroúpolis, c’est également la base historique de l’OTAN en baie de Souda au sud de la Grèce qui a été modernisé pour y accueillir des drones de combat et de surveillance F-22 et F-35, trois nouveaux avions ravitailleurs essentiels pour les AWACS, ces Boeings E-3A dotés d’un système aéroporté de détection et de contrôle qui sont basés à l’ouest de la Grèce sur la base d’Aktion. Enfin, la base de Souda doit également voir s’installer un radar de veille pour la surveillance de la Méditerranée orientale et de la Mer Égée.

Boeing E-3A AWACS

A cela s’ajoute, les bases aériennes en Thessalie de Larissa et Vólos, qui accueillent respectivement des drones américains MQ-9Reaper spécialisés dans la surveillance et des hélicoptères Apache et Chinook.

En violet : bases grecques modernisées pour l’OTAN, en marron : quelques bases grecques, en jaune : bases militaires mises à disposition des armées françaises, en violet : bases britanniques à Chypre, en vert : base turques de l’OTAN, en bleu : détroits de la mer noire fermés depuis mars 2022

Ce déploiement massif des États-Unis en Grèce est le reflet que l’OTAN prépare la guerre contre une Turquie dont elle pense qu’elle va basculer à terme dans le bloc sino-russe. Une perspective soi-disant justifiée notamment par la décision de cette dernière de se fournir en missiles S-400 russes après le refus américain de lui vendre ses systèmes Patriot.

Un des tournants qui apparaît comme un marqueur historique est la levée par les États-Unis en septembre 2022 de son embargo pesant sur la République de Chypre sur l’exportation d’armes américaines décidé en 1987. Avant de venir en Grèce, Mike Pompeo est d’ailleurs passé par l’île.

Cet embargo servait à geler la situation du conflit entre la Turquie et la Grèce sur cette île de la Méditerranée depuis 1974 où un coup d’État militaire en faveur du rattachement à la Grèce avaient eu pour conséquence l’envahissement par la Turquie de la partie nord de l’île, contribuant à la séparation entre une République de Chypre au sud et une République Turc de Chypre Nord (RTCN), avec en parallèle une partage entre populations turcophones et grécophones.

Au centre de la rivalité gréco-turque du fait de sa place pour l’exploitation des hydrocarbures, l’île est prise en étau entre les partisans ultranationalistes grecs de l’ « Enosis » et l’expansionnisme turc et l’idéologie de la « Patrie bleue », dont la dernière manifestation a été l’intégration de la RTCN comme membre observateur de l’Organisation des Etats turciques en novembre 2022.

A la lumière de ce contexte, il est évident que si les États-Unis réorientent leur implantation militaire vers la Grèce, et surtout de sa partie orientale pour mieux anticiper la séparation avec ses bases en Turquie et son centre de commandement terrestre à Izmir, il y a clairement un partage des tâches occidentales dans la zone.

Ainsi le Royaume-Uni est en charge de la mission européenne du groupe d’intervention littorale fondée sur une capacité de débarquement optimale grâce à l’interopérabilité de ses forces aériennes, maritimes et terrestres.

Pour s’entraîner à ses manœuvres, le Royaume-Uni peut compter sur ses bases de Dhekelia et d’Akrotiri qui s’étalent sur 3 % de son ex-colonie Chypre, portions de territoire sur lesquels il reste pleinement souverain.

La base d’Akrotiri abrite le quartier général des forces britanniques et apparaît comme un lieu central pour les opérations occidentales en Irak, Libye et Afghanistan mais aussi plus récemment dans la guerre en Ukraine.

Elle est tellement centrale que l’état-major britannique a entrepris une vaste modernisation de la base, le commandant adjoint du Commandement stratégique britannique affirmant que le rôle de Chypre était appelé à devenir plus important pour « la sécurité mondiale et notre posture mondiale ».

Mais le rôle principal dans la zone pour le compte de l’OTAN revient à la France. Elle a toujours considéré la Méditerranée comme une de ses chasses gardées, remontant à la percée du Canal de Suez et à l’expédition de Morée au XIXe siècle et allant jusqu’à l’intervention militaire en Libye en 2011 en passant par la forte implication de Nicolas Sarkozy dans le projet d’Union pour la Méditerranée en 2008.

Le pacte d’assistance militaire mutuelle signé entre la France et la Grèce en septembre 2021 illustre le rôle joué par la France dans la zone, avec notamment le renforcement d’exercices interarmées comme l’exercice ARGO22.

Le complexe militaro-industriel français est même aux avant-postes de la construction du « bouclier » méditerranéen grec, avec la livraison de 24 rafales stationnés à la base de Tanagra ainsi que de 3 nouvelles frégates.

A cela s’ajoute l’accord de défense signé entre la République de Chypre et la France à Paris en avril 2017 qui lui donne l’accès total au port de Limassol, faisant de la France le second partenaire militaire de l’île après la Grèce. Une des premières illustrations de cet accord a été la mission Clemenceau 2022 entre février et avril 2022 lors de laquelle le porte-avion Charles de Gaulle a stationné dans la zone, permettant l’exercice aérien conjoint TALOS22 avec la garde nationale chypriote.

C’est pourquoi les pacifistes en France doivent se concentrer sur le conflit gréco-turc, en se focalisant forcément sur la Grèce et les agissements de son régime. Car bientôt la France et la Grèce seront en guerre ouverte pour le compte de l’OTAN contre la Turquie et il faudra assumer ses responsabilités historiques.

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Escalade guerrière : la France livre des VMB à l’Ukraine

Non aux livraisons militaires françaises contre la Russie.

C’est Emmanuel Macron qui l’a annoncé à Zelensky : la France va fournir des véhicules militaires blindés AMX-10 RC à l’Ukraine. Ce sera la première fois que ce type de véhicules de fabrication occidentale, selon les standards de l’Otan, seront envoyés en Ukraine. Un nouveau cap est franchi dans la cobelligérance.

La France se fait ici première de la classe en matière de guerre à la Russie pour le compte de l’Otan. Alors que le chancelier allemand Olaf Scholz refusait depuis plusieurs semaines, malgré la pression des Verts et des libéraux dans son gouvernement, l’injonction américaine de livrer des chars à la Russie, Emmanuel Macron a donc été en première ligne…

Et ouvert la voie. Dans la foulée, l’Allemagne a annoncé elle-même l’envoi de VMB de type Marder, alors que la superpuissance américaine enverra ceux de type Bradley.

Les États-Unis jouent ici une partition bien rodée : ils se servent des Ukrainiens pour faire la guerre sur le terrain à la Russie, ils se servent des Européens pour faire la guerre économique à la Russie, ils exigent maintenant des Européens d’aller encore plus loin dans l’implication militaire.

Bonne élève, la France commence donc l’année 2023 en intensifiant son implication dans la guerre à la Russie, une semaine après la visite du ministre des Armées à Kiev. Les chars, s’ils sont de facture assez ancienne, datant des années 1980, et devant être renouvelés dans l’armée française qui en possède 247, sont néanmoins tout à fait fonctionnels.

Dotés d’un canon de 105 mm d’une portée de 2km, d’une capacité de 38 obus à bord, pesant 25 tonnes, ce qui est à considérer comme étant léger, ils sont censés servir de matériel de reconnaissance et d’appui des troupes d’infanterie ukrainiennes, malgré leur difficulté à évoluer en tout terrain du fait de l’absence de chenilles.

La France va livrer également des engins de transport de troupe Bastion, fabriqués par ACMAT. Et cela sans compter les obus d’artillerie antichar français de 155 mm, dotés de sous-munitions EFP d’attaque par le haut guidé par capteurs IR multibandes et LIDAR, qui ont été livrés secrètement à l’Ukraine.

Sans compter qui plus est les postes antichar MILAN-2, que l’on sait maintenant avoir été déployés pour le régiment ukrainien « Kastus-Kalinowski », composé de néonazis biélorusses.

Tout cela fait beaucoup et ne relève plus du soutien. La France est objectivement impliquée corps et âme dans la guerre à la Russie. Elle contribue à la guerre contre la Russie, en faisant appel d’air, comme le montre le fait que l’Allemagne l’a suivie.

Reste à savoir maintenant quand la Russie décidera qu’il en est trop, et assumera que la guerre est déclenchée avec la France, ou alors l’Otan, ce qui reviendra au même. Il n’y a qu’un pas, il ne suffit plus de grand-chose pour en arriver là et déclencher officiellement la 3e guerre mondiale.

Preuve de l’ambiance en Russie, il y a le message de Dmitri Rogozine à l’ambassadeur français. Dmitri Rogozine est une personnalité importante, étant l’ancien chef de l’Agence spatiale russe Roscosmos, qui envoie notamment du personnel dans la Station spatiale internationale.

Ce dernier dirige maintenant un groupe de conseillers militaires en soutien aux séparatistes du Donbass et explique avoir été atteint par une frappe ukrainienne sur un hôtel de Donetsk. Un hôtel au milieu de la ville évidemment, avec une frappe qui a fait plusieurs morts et blessés dont des civils, dont dans l’entourage de Dmitri Rogozine. Et celui-ci a reçu morceau d’obus français au-dessus de son omoplate droite.

Donc, dans une mise en scène qui peut paraître grotesque, mais qui reflète par contre très bien un état d’esprit d’amertume vis-à-vis de la France : il envoie ce morceau d’obus avec son message à l’ambassadeur français.

«Dans cette enveloppe, avec ma lettre, vous verrez un fragment d’obus d’une pièce d’artillerie française de 155 mm Caesar. Il a perforé mon épaule droite et s’est logé dans la cinquième vertèbre cervicale, à un millimètre seulement de différence et il aurait pu me tuer ou de me rendre invalide.

Toutes nos victimes sont sur votre conscience».

Il ajoute alors :

« Je vous demande de remettre le fragment retiré de ma colonne vertébrale par les chirurgiens au président français Emmanuel Macron. Et dites-lui que personne n’échappera à la responsabilité des crimes de guerre ».

Il faut dénoncer, en France, la France et son implication militaire contre la Russie, sinon c’est inéluctablement l’escalade. Tel est le seul et obligatoire mot d’ordre véritablement de gauche.

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2023: l’heure est venue de faire tomber l’occident

Le monde va totalement changer !

Quand on est de gauche de manière sérieuse, on doit avoir en priorité l’Otan en ligne de mire. L’Otan, c’est une architecture politico-militaire pour maintenir stable le capitalisme occidental, et pour assurer son hégémonie.

Qui accepte l’Otan accepte le capitalisme, et converge avec l’hégémonie du capitalisme occidental.

Rien n’est possible tant qu’il y a cette hégémonie. On le voit très bien : il ne se passe rien en France depuis cinquante ans sur le plan de la lutte des classes.

Le capitalisme occidental est tellement en marche qu’il produit une vaste petite-bourgeoisie, qu’il corrompt les prolétaires. Il était tellement en marche.

Car la crise est là désormais, par la pandémie, par l’arrivée de la Chine comme superpuissance, et l’ordre occidental vacille. La décennie 2020 va être celle où le basculement va pénétrer toutes les strates de la société française.

Il faut être en première ligne de ce mouvement historique, et pour ça, il faut considérer l’Otan comme la principale menace, le principal obstacle à une France socialiste.

L’Otan permet en effet de faire pression à l’intérieur de chaque pays, par l’intimidation, par la démonstration de force. Tout le monde sait très bien en France, si jamais la question se pose même, que tout renversement de régime amènerait l’intervention de l’Otan.

Il faudrait déjà surmonter la police, battre l’armée… affronter l’isolement du pays et en plus se confronter à l’Otan. Voilà un non-dit fondamental en France, qui assure à la bourgeoisie sa position de force et annule à la base même les velléités révolutionnaires des prolétaires.

Et pour qu’aucun État ne développe une ligne qui lui soit trop particulière et fragilise l’édifice, l’Otan a toute une série d’exigences institutionnelles, afin de bien encadrer tous les pays dans le giron de la superpuissance américaine.

L’Union européenne elle-même dans ses documents explique que l’Otan est au centre de son système de « sécurité ».

L’Otan, c’est également un moyen d’exercer une pression militaire systématisée contre les concurrents de la superpuissance américaine. L’Otan n’est pas une organisation « défensive », c’est une force militaire visant à la suprématie, jouant un rôle fonctionnel dans la déstabilisation des puissances concurrentes, par exemple en servant de tremplin pour les actions de la CIA.

L’Otan, c’est le bras armé de la superpuissance américaine, avec la France étant une composante de ce bras armé, avec un capitalisme français imbriqué dans le système mis en place par les États-Unis.

Rien n’est possible du point de vue de la lutte contre le capitalisme si l’on dit pas : il faut démanteler l’Otan!

Parce que si on veut changer les choses de manière radicale en France, l’Otan est un obstacle.

Parce que pour rompre même avec les mentalités corrompues de convergence avec son propre capitalisme, il faut souhaiter sa défaite, et pour cela il faut viser l’effondrement de l’hégémonie occidentale.

Et là, les heures de l’hégémonie occidentale sont comptées. La superpuissance américaine tente par tous les moyens de maintenir les choses dans leur stabilité, notamment en utilisant l’Ukraine comme chair à canon. C’est cependant vain, c’est trop tard, l’occident a déjà perdu.

Il faut se lancer dans la vague – pour pouvoir dire demain, j’étais en première ligne hier pour faire tomber l’occident !

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Kosovo : l’armée serbe en état d’alerte

Le conflit est inéluctable.

L’armée serbe est en état d’alerte et envoie de nombreuses troupes au sud du pays, à la frontière avec le Kosovo. Une frontière que la Serbie ne reconnaît pas, considérant que le Kosovo est serbe. Le ministre serbe des Affaires étrangères Ivica Dačić a en ce sens rappelé qu’une attaque contre les Serbes du Kosovo amènerait forcément l’armée serbe à intervenir.

C’est pourquoi, en plus de l’armée serbe en état d’alerte, toutes les unités du ministère de l’Intérieur sont passées sous la direction de l’état-major serbe. La question n’est pas de savoir s’il y aura un conflit militaire, mais quand.

L’origine de ce branle-bas de combat est une situation maximale de tension provoquée par une histoire de reconnaissance des plaques d’immatriculation. Pour faire simple, le Kosovo « indépendant », où se trouve depuis 1999 la très grande base de l’Otan Camp Bondsteel, fait tout pour rendre impossible la vie des Serbes du Kosovo, pour s’en débarrasser.

Cela a conduit à des manifestations serbes, ainsi que des barricades, des blocages de routes.

Pour la Serbie, le Kosovo est un symbole national absolu et il est hors de question de reconnaître l’indépendance du Kosovo, surtout que celle-ci est fictive et artificielle. Fictive, car en réalité il s’agit pour le Kosovo d’au fur et à mesure rejoindre l’Albanie. Artificielle, car provoquée par la superpuissance américaine et l’Otan au moyen d’une intervention militaire particulièrement violente.

Les manifestations, barricades et blocus routiers de la part des Serbes du Kosovo ont donc une portée immense pour la Serbie, pour qui il est impossible de reculer. Du point de vue serbe, si le Kosovo est perdu, la Serbie se fera broyer, ce qui est effectivement le cas. La mise en place d’un Monténégro indépendant est ainsi fictive et est allé en ce sens. Demain, ce serait les régions de la Voïvodine et de Sandžak qui demanderaient « l’indépendance ».

Et si l’on connaît le caractère réactionnaire des nationalistes serbes, les nationalistes albanais ne valent pas mieux et sont qui plus est directement au service de l’Otan.

Car l’arrière-plan de cette situation tient à l’intervention de l’Otan. Historiquement, le Kosovo est une région serbe, mais en raison des avancées de l’empire ottoman en Europe au 17e siècle, sa population est devenue majoritairement albanaise. Les Serbes ont toujours tenté de reprendre ce territoire, notamment aidé par l’Autriche les utilisant contre l’empire ottoman.

Il faut se rappeler que tout le sud-est de l’Europe était passée sous la coupe de ce dernier pour une très longue période.

Le nationalisme albanais a particulièrement insisté sur l’obtention du Kosovo, passé sous contrôle serbe à l’effondrement de l’empire ottoman. L’Albanie d’Enver Hoxha avait par exemple un discours ultra-nationaliste et le Kosovo était son obsession, la dénonciation du « révisionnisme » servant en fait de masque à la tentative d’arracher le territoire à la Yougoslavie en fomentant des troubles.

Dans le prolongement de l’effondrement de la Yougoslavie, la superpuissance américaine et l’Otan ont fait en sorte de verser de l’huile sur le feu au maximum, jusqu’à ce que le Kosovo devienne « indépendant » en 2008. Et le processus de « balkanisation », de diviser pour régner, ne s’arrête pas.

Car, ce qui est incompréhensible bien souvent vu de France, c’est que tous les pays issus des empires austro-hongrois hébergent de multiples nationalités et, comme dans le Caucase, sans cadre socialiste, tout le monde est monté contre tout le monde.

Le Kosovo, c’est un peu moins de 2 millions d’habitants, avec surtout des Albanais, mais aussi des Serbes, au nombre de 250 000, moitié moins qu’avant 1999, les troubles ayant précipité leur exil. Il y a des Musulmans – dans le sens de minorité nationale et non pas religieux, on peut parler aussi de Bosniaques et de Goranis. Il y a des Roms, des Ashkalis, des Égyptiens, et des Turcs.

On est ici en Europe et déjà dans « l’Orient compliqué ». Un Orient où la seule réponse aux massacres inter-ethniques provoqués par les grandes puissances est la bataille unificatrice, démocratique-populaire, du Socialisme.

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La Conférence bilatérale pour la résilience et la reconstruction de l’Ukraine

Elle s’est tenue à Paris le 13 décembre 2022.

L’Ukraine est devenue un satellite de la superpuissance américaine ; en pratique c’est une colonie. Les nationalistes ukrainiens, qui vantaient la nation ukrainienne, n’ont été dans la pratique que le vecteur de la perte de l’indépendance nationale. La Conférence bilatérale pour la résilience et la reconstruction de l’Ukraine à Paris le 13 décembre 2022 entérine ce fait.

Mais de la même manière, les faits se sont précipités et la France est également un satellite américain. La Conférence bilatérale le montre, puisque la France se voit laisser des miettes en Ukraine… à condition de soutenir entièrement l’effort de guerre au service de la superpuissance américaine.

Cette Conférence a en effet comme organisateur Bruno Le Maire, le ministre français de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. Ont été présents pas moins de 700 représentants d’entreprises françaises.

L’objectif : faire pénétrer le capital français dans les domaines de la santé, des infrastructures, des systèmes énergétiques, du secteur agricole et agroalimentaire, des technologies et du numérique.

Le principe : l’Ukraine est en ruine, c’est une cible facile qui n’aura pas le choix que de céder entièrement au capital des pays se plaçant sous le parapluie américain.

Mais pour cela il faut raquer. La France doit s’impliquer entièrement dans le soutien au régime ukrainien. Le ticket d’entrée a donc consisté déjà en 200 millions d’euros de « liquidités d’urgence » à l’opérateur national énergétique ukrainien Naftogaz et la société nationale des chemins de fer ukrainiens…

En un prêt de 300 millions d’euros à UkrEnergo qui gère les réseaux électriques ukrainiens… En un prêt de 37,6 millions d’euros pour la fourniture de 20 000 tonnes de rail produits en France par la société Saarstahl pour la réparation de plus de 150km de voies ferrées…

En la fourniture par la France de 25 ponts en kit et de 20 millions d’euros de semences par trois sociétés françaises exportatrices (MAS Seeds, Lideas Seeds, RAGT)…

La Commission européenne va également financer l’achat de 30 millions d’ampoules LED, alors que l’ensemble des pays occidentaux présents à la conférence ont promis de fournir au régime ukrainien 415 millions d’euros qui seront alloués au secteur de l’énergie, 25 millions pour l’eau, 38 millions pour l’alimentation, 17 millions pour la santé, 22 millions pour les transports, avec 493 millions d’euros encore à dispatcher.

Et le régime ukrainien en a profité, bien entendu, pour demander encore plus d’armes, notamment des tanks, en sachant que désormais il n’existe que comme chair à canon. C’est parce qu’il est la principale marionnette de tout cela que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été choisi comme personnalité de l’année par le magazine américain Time.

Mais l’Ukraine ne peut déjà plus s’en sortir. C’est une nation meurtrie, assassinée en premier lieu par son régime en faisant un jouet de la superpuissance américaine. Les destructions sont immenses ; la femme du président ukrainien, Olena Zelenska, a ainsi affirmé à l’occasion de la conférence la chose suivante :

« Mais comment ressentir tout ce que cette guerre fait à notre pays et notre population ? Comment ressentir ce que signifient plus de 4000 missiles qui ont touché les villes ukrainiennes ? Qu’est-ce que 50 000 missiles lancés en une seule journée contre notre pays ? Que sont 2719 établissements éducatifs touchés ou détruits ? Comment ressentir plus de 1 100 établissements médicaux détruits ou touchés ? Pouvez-vous imaginer la moitié de la France privée d’électricité ? »

Dans un pays à la stabilité déjà extrêmement faible avant la guerre, un tel panorama est catastrophique. Un retour en arrière est impossible.

Et le grand paradoxe historique de tout cela, pour mettre une perspective historique populaire en avant, c’est que si l’armée ukrainienne avait immédiatement perdu la guerre, l’armée russe aurait été mise en déroute par le peuple ukrainien.

Le régime ukrainien mis de côté, rien ne freinait plus la mobilisation populaire ukrainienne, et la victoire militaire russe dans le pays aurait précipité une remise en cause patriotique ukrainienne, que les masses russes auraient elles-mêmes soutenues tellement elles sont proches de l’Ukraine!

Mais tel n’a pas été le scénario et désormais du point de vue russe, l’Ukraine a commis la grande trahison d’avoir choisi l’Occident, la superpuissance américaine. La mise hors de service du réseau électrique à Odessa il y a quelques jours montre qu’il n’y aura pas de pardon et que toute la « Nouvelle Russie » serait conquise par la Russie coûte que coûte.

Pour l’instant, on va en plein dans la direction d’un découpage de l’Ukraine en trois zones, comme le voit l’article du 26 juin 2022 sur le découpage futur de l’Ukraine.

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Ukraine en mode pro OTAN: l’appel CGT – FSU – LFI – NPA – EELV

On est dans une convergence très claire.

Lors de la Conférence bilatérale pour la résilience et la reconstruction de l’Ukraine à Paris le 13 décembre 2022, le président Emmanuel Macron a parlé du « plan de paix en dix points » du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qu’il a présenté comme « une excellente base sur laquelle nous allons bâtir ensemble ».

Ces dix points sont principalement : « La Russie doit retirer toutes ses troupes et formations armées du territoire de l’Ukraine », « La Russie doit réaffirmer l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans le cadre des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale des Nations unies et des documents internationaux contraignants applicables », « l’établissement du Tribunal spécial concernant le crime d’agression de la Russie contre l’Ukraine et la création d’un mécanisme international pour compenser tous les dommages causés par cette guerre ».

Il y aussi : « Des restrictions de prix sur les ressources énergétiques russes devraient être introduites », « des milliers de nos concitoyens — militaires et civils — sont en captivité chez les Russes [et doivent être libérés] », « La Russie doit immédiatement retirer tous ses combattants du territoire de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia ».

Ainsi que : « l’Ukraine peut exporter 45 millions de tonnes de nourriture cette année »,  » 200 000 hectares de nos terres sont contaminés par des mines et des obus non explosés [et il faut s’en occuper] », « la Russie a pu déclencher cette guerre précisément parce que l’Ukraine est restée dans la zone grise — entre le monde euro-atlantique et l’impérialisme russe [et l’Ukraine doit être dans le camp occidental] », « un document confirmant la fin de la guerre devra être signé par les partie ».

Ce qu’on lit là, et qu’Emmanuel Macron salue, est repris mot à mot par tout une partie de la « Gauche » française ! C’est tout à fait révélateur de la nature sociale-chauvine de ces gens ne font que défendre leur propre capitalisme, leur propre impérialisme, en mendiant simplement une dimension « sociale ».

Une paix juste et durable pour l’Ukraine

Une crise humanitaire sans précédent menace la population d’Ukraine cet hiver. La situation de conflit qui prévalait dans l’est de l’Ukraine depuis 2014 est devenue une guerre totale, « de haute intensité » depuis l’invasion du territoire ukrainien par les troupes de Poutine, le 24 février 2022.

Cette « opération spéciale » avait comme but explicite de renverser le gouvernement ukrainien et de détruire la République d’Ukraine comme entité indépendante. L’échec de ce premier objectif a conduit le gouvernement de la Fédération de Russie à en modifier les objectifs et à prolonger une brutale guerre de conquête avec la proclamation de l’annexion d’une grande partie du territoire ukrainien.

Les victimes se comptent en dizaines de milliers, les personnes déplacées en millions, les dommages en dizaines de milliards d’euros. Les forces d’invasion commettent des crimes de guerre, et, par leur caractère systématique, des crimes contre l’humanité – comme la destruction des infrastructures vitales, les déplacements forcés et la déportation de populations – y compris des enfants. Sans oublier les viols massifs.

En Russie, des gens sont enrôlés de gré ou de force pour faire une guerre, à laquelle, de diverses manières, ils sont des centaines de milliers à vouloir à raison se soustraire ou à courageusement s’opposer frontalement.

Toute guerre se termine un jour, toute négociation qui permettrait d’y mettre un terme sera bienvenue. Mais une paix juste et durable ne s’établira pas sans conditions, elle ne peut être envisagée que sur la base du respect de certains principes élémentaires :

• Le retrait de toutes les troupes d’invasion de tout le territoire de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues ;

• Le retour, dans des conditions de sûreté garantie, de tous·tes les réfugié·es et des personnes déplacées ;

• Le respect du droit international, tant en ce qui concerne le droit de la guerre (libération des prisonnier·ères de guerre) que le droit humanitaire et les principes de la charte des Nations unies et des autres documents internationaux (dont la Convention européenne des droits humains et les principes fondateurs de l’Organisation de la sécurité et de la coopération en Europe).

D’autres questions, telles que celles des réparations des dommages de guerre, des poursuites pénales éventuelles devant les juridictions nationales et internationales compétentes, ainsi que les garanties de sûreté, de liberté d’expression des populations et d’exercice de leurs droits individuels et collectifs, pourront être précisées une fois les principes ci-dessus affirmés et aussi vite que possible mis en pratique.

L’appui à ces objectifs des opinions dans le monde entier sera un élément essentiel pour une paix juste et durable pour les peuples d’Ukraine et de Russie.

Liste des premiers signataires :

Simon DUTEIL, co-porte-parole de l’Union syndicale Solidaires
Murielle GUILBERT, co-porte-parole de l’Union syndicale Solidaires
Philippe MARTINEZ, secrétaire général de la CGT
Benoît TESTE, secrétaire général de la FSU

François ALFONSI, eurodéputé Verts/ALE
Rodrigo ARENAS, député LFI de Paris
Clémentine AUTAIN, députée LFI de Seine-Saint-Denis
Esther BENBASSA, sénatrice écologiste de Paris
Laurence BOFFET, vice-présidente Ensemble Lyon Métropole
Leïla CHAIBI, eurodéputée LFI
Paul-André COLOMBANI, député LIOT de Haute-Corse
Hendrik DAVI, député LFI des Bouches-du-Rhône
Alma DUFOUR, députée LFI de Seine-Maritime
Benjamin JOYEUX, conseiller régional EELV Auvergne-Rhône-Alpes
Hubert JULIEN-LAFFÉRIÈRE, député EELV du Rhône
Andy KERBRAT, député LFI de Loire-Atlantique
Marianne MAXIMI, députée LFI du Puy-de-Dôme
Paul MOLAC, député LIOT du Morbihan
Sandrine ROUSSEAU, député EELV de Paris
Michel SALA, député LFI du Gard

Branislava KATIC, secrétaire générale de l’Union des artistes ukrainiens
Jean-Pierre PASTERNAK, Union des Ukrainiens de France

Olivier BESANCENOT, ancien candidat à l’élection présidentielle
Eva JOLY, ancienne candidate à l’élection présidentielle
Noël MAMÈRE, ancien candidat à l’élection présidentielle
Philippe POUTOU, ancien candidat à l’élection présidentielle

Vincent DREZET, porte-parole d’Attac France
Merlin GAUTHIER, co-animateur de PEPS
Myriam MARTIN, porte-parole de la Gauche écosocialiste
Margot MEDKOUR, porte-parole de Nantes en Commun
Jean-François PELLISSIER, porte-parole d’Ensemble !
Christine POUPIN, porte-parole du NPA

Étienne BALIBAR, philosophe
Sergio CORONADO, ancien député EELV
Gilles LEMAIRE, ancien secrétaire EELV
Twefik ALLAL, militant associatif algérien
Albert HERSZKOWICZ, médecin, Mémorial 98
Jacques SIMON, fondateur de Kinoglaz (cinéma soviétique et russe)
Philippe CORCUFF, politologue
Philippe MARLIÈRE, politologue
Catherine SAMARY, économiste

Fred ALFI, musicien
Daman, musicien
Dubamix, musicien
Footprint System, musiciens
Jacques KIRSNER, scénariste, producteur
Dominique LABOURIER, comédienne

Jean MALIFAUD, mathématicien
Marnix DRESSEN-VAGNE, sociologue
Alexis CUKIER, philosophe
Didier EPSZTAJN, auteur
Pierre COURS-SALIES, sociologue
Pierre KHALFA, économiste
François GÈZE, éditeur
Pierre SALAMA, économiste
Ben CRAMER, rédacteur
Francis SITEL, éditeur
Jean-Paul BRUCKERT, historien
Gustave MASSIAH, économiste
Jean DHOMBRES, historien des sciences
Stefan BEKIER, interprète de conférence
Bernard DREANO, militant de la solidarité internationale
Bernard RANDE, mathématicien
Gilles GODEFROY, directeur de recherche émérite
Violaine AUBERT, CPGE lycée Henri-IV
Nara CLADERA, professeure des écoles, SUD Éducation
Fabienne MESSICA, sociologue
Georges MENAHEM, sociologue, économiste
Gilles MANCERON, historien
Vincent PRESUMEY, professeur
Claire BORNAIS, syndicaliste enseignante , FSU
Idriss MAZARI, mathématicien
Anne MARCHAND, sociologue
Benjamin SCHRAEN, mathématicien
Michelle GUERCI, journaliste, militante féministe antiraciste
Patrick SILBERSTEIN, médecin, éditeur
Bruno SLAMA, chef d’entreprise
Julien TROCCAZ, SUD-Rail
Christian GOURDET, ouvrier du Livre retraité
Christian MAHIEUX, cheminot retraité, éditeur
Pierre ROUSSET, Europe solidaire sans frontières
Monique DENTAL, réseau féministe Ruptures
Abraham BEHAR, président de l’Association des médecins français pour la prévention de la guerre nucléaire
Daniel GUERRIER, éditeur
Jan MALEWSKI, éditeur
Bernard PINAUD, ancien délégué CCFD-Terre solidaire
Patrick FARBIAZ, militant écologiste
Pierre BERNARD, mathématicien
Huayra LLANQUE, militante associative ATTAC
Patrick LE TREHONDAT, auteur, éditeur
Mariana SANCHEZ, journaliste, éditrice
Robi MORDER, juriste, chercheur associé
Antoine RABADAN, militant anticapitaliste et internationaliste
Christian VARIN, militant anticapitaliste et internationaliste
Henri MERME, militant autogestionnaire et internationaliste
Roland MÉRIEUX, militant autogestionnaire et internationaliste
Jean-François FONTANA, enseignant retraité, syndicaliste
Michel LANSON, militant internationaliste
Olivier AUBERT, consultant en prospective,
Béatrice WHITAKER, militante internationaliste
Jean-Paul ALLOUCHE, directeur de recherche émérite
Michel BROUE, mathématicien
Faouzia CHARFI, physicienne, ancienne secrétaire d’État (Tunisie, 2011)
Kevin VACHER , Nos Vies Nos Voies , Mouvement citoyen marseillais

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Face à l’OTAN, Marine Le Pen s’enfonce

On assiste au crash de l’extrême droite française.

On le sait : depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, jamais l’extrême-droite française dans ses composantes représentatives, pas plus Marine Le Pen qu’Eric Zemmour, n’a osé s’opposer réellement à l’Otan.

Encore lors de la rentrée parlementaire du 3 octobre, pas un député du Rassemblement national n’a eu le courage de refuser l’adoubement général et belliciste de l’Assemblée nationale, alors ornée de drapeaux ukrainiens, à l’ambassadeur de Kiev en France.

Lors d’une interview sur l’émission « Punchlines » animée par Cnews-Europe 1, chaînes connues pour leur populisme outrancier, Marine Le Pen a de nouveau tenté un exercice d’équilibriste, qui se résume en fait très concrètement à un suivisme vis-à-vis de l’Otan.

Elle s’est ainsi déclarée opposée à nouvelles livraisons de canons Ceasar à l’Ukraine, au motif que cela diminuerait la « sécurité nationale ». Elle a critiqué les va-t-en-guerre et appelé à des « pourparlers », et on sent que c’est là une perspective bricolée. Puis, sans aucun esprit de conséquence avec le reste, elle s’écrase :

« Je pense que transmettre du savoir-faire, des formations à l’armée ukrainienne, du matériel de protection, des gilets pare-balles, etc., aller livrer du matériel lourd dont, encore une fois, nos armées ont besoin, est affaiblir et prendre un risque pour notre sécurité intérieure. »

Marine Le Pen adopte ainsi une posture bien timide tout en se parant des vertus de grande opposante car elle aurait été la seule qui depuis le début aurait critiqué ces livraisons d’armes lourdes.

Pourtant, on notera qu’aucun extrait de ses propos ne sont publiés sur son compte Twitter, à l’inverse de déclarations sans grande surprise sur l’immigration, l’insécurité, les difficultés sociales, etc.

Car Marine Le Pen est comme tous les autres représentants politiques : elle cherche à éviter au maximum le sujet brûlant de la guerre car elle sent que le cours de l’Histoire a dorénavant basculé en sa défaveur et qu’il lui faudrait bien expliquer, par une sacrée contorsion, qu’elle reste la voix du nationalisme français…tout en ayant abandonné la France à l’Otan, donc aux États-Unis. Alors aux contorsions, est préférée au mieux l’esquive, au pire la tiédeur centriste.

Cela pose un problème, et non des moindres, pour le nationalisme français. La France, ce n’est pas l’Italie avec une Droite et une extrême-Droite qui a toujours été pro-États-Unis et pro-Otan, du fait du partage nucléaire et des multiples bases américaines, expliquant d’ailleurs la position pro-Otan de Giorgia Meloni.

En France, pour se poser en champion du nationalisme, difficile de ne pas assumer la tradition gaulliste, dont le point d’orgue a été les années 1960 avec la mise en place de la dite « autonomie stratégique » construite autour d’une armée complète et surtout d’une « dissuasion » nucléaire déployée sur les trois champs de la conflictualité (terre, air, mer).

C’est d’ailleurs toute la subtilité des propos de Marine Le Pen : refuser l’abandon de canons Caesar pour s’attirer la sympathie de certains officiers inquiets de la situation des armées, tout en rassurant l’Otan, en fait les États-Unis, sur le soutien avec les formations militaires.

La France est en effet connue et reconnue par les pays du capitalisme occidental comme ayant une grande tradition militaire dans les modalités de formation des armées, expérience des répressions des mouvements anticoloniaux oblige.

Mais quand l’Histoire roule à grande vitesse comme aujourd’hui, la subtilité ne compte plus. Ce qui compte c’est la capacité à assumer une position fidèle à sa conception justement historique.

La vérité c’est que Marine Le Pen essaye de composer bien maladroitement entre le nationalisme et la réalité d’une France moribonde bien incapable de se maintenir sans la force de frappe économique et militaire des États-Unis.

Si la France comme nation reléguée a été la situation qui a apporté de l’eau au moulin du nationalisme-social de Marine Le Pen, cela s’est retourné en son contraire depuis le 24 février 2022, voire même depuis l’irruption de la pandémie de Covid-19.

La France est tellement rabougrie que son sort est scellé : au sein du monde capitaliste qui marche vers la guerre entre les deux superpuissances américaine et chinoise, l’avenir de la France se fera en soumission à l’Otan. Il n’y a pas d’alternative possible pour la bourgeoisie, en tous cas pour l’instant.

La fraction de la bourgeoisie représentée par Marine Le Pen n’a plus les leviers politiques, culturels, idéologiques pour s’assumer telle qu’elle est. Elle est K-O et à la dérive totale. En réalité, c’est toute la bourgeoisie française qui est dans cet état et laisse donc les États-Unis piloter tant bien que mal la marche du capitalisme occidental, en espérant pouvoir mettre quelques limites de ci, de là…

Même s’imaginer taper très dur sur les travailleurs, car il faudrait vraiment taper très, très fort, pour ramener une croissance telle que le capitalisme français pourrait s’assumer indépendant, est devenu un rêve nationaliste inatteignable. Ainsi, même un nationaliste qui chercherait à le rester jusqu’au bout, risque de basculer en fait dans le camp du socialisme.

Ce qui laisse l’espace à qui voudra assumer la Gauche historique. Car la relance générale d’une France indépendante, sur les plans économique et social mais aussi moral et culturel, ne peut se faire qu’avec la classe ouvrière au poste de commandes, avec le Socialisme.

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Guerre

Les eurodéputés français de « gauche » aux ordres de l’OTAN votent contre la Russie « terroriste »

A chaque vote au Parlement européen, ils s’alignent sur l’OTAN !

Les eurodéputés de « gauche » sont de bons petits soldats aux ordres de l’OTAN. Qu’ils soient socialistes, de LFI, ou encore d’EELV, ils sont tous sur la même ligne : il faut converger avec le capitalisme occidental, voter selon les exigences de l’OTAN et éventuellement en paroles se positionner comme le moins pire dans le genre.

On avait déjà vu cela cet été avec la question de l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Et ce n’est pas mieux à l’Assemblée nationale où début octobre le régime ukrainien a été unanimement salué.

Là, on a ça de nouveau avec le vote le 23 novembre 2022 d’une résolution au Parlement européen affirmant que la Russie est un « État promoteur du terrorisme », qu’elle a recours aux « moyens du terrorisme », qu’elle doit être isolée de manière encore plus grande, que ses institutions faisant de la « propagande » doivent être fermées, qu’un neuvième paquet de sanctions doit être mis en place.

494 eurodéputés ont voté en faveur de la résolution, 59 contre, 44 se sont abstenus.

Sur ces 59 contre, 27 sont d’extrême-Droite, 10 sont non inscrits mais en fait d’extrême-Droite ou populistes.

12 sont socialistes ou « démocrates », mais avec naturellement aucun français. 10 sont de Gauche assumée dans une orientation hostile au capitalisme, avec également là aucun Français bien entendu.

N’ont pas participé au vote 6 députés d’extrême-Droite, 6 non inscrits, 3 conservateurs, 1 libéral, 9 socialistes ou démocrates, 4 écologistes, ainsi que 15 députés considérés comme les plus à Gauche.

Là on trouve des Français, puisqu’on a les députés La France Insoumise, avec Manon Aubry, Leïla Chaibi, Marina Mesure (qui a remplacé Manuel Bompard au Parlement), Younous Omarjee, Anne-Sophie Pelletier. Emmanuel Maurel n’apparaît pas dans la liste, il était sans doute absent.

Vu le positionnement du PCF, si celui-ci avait eu des eurodéputés, cela aurait été cette même attitude de « critique » passive, de refus de la confrontation avec la propagande militariste de l’OTAN.

Cette dernière peut bien entendu compter sur les socialistes et les écologistes français, qui sont objectivement des valets américains de manière systématique.

Les députés EELV et affiliés ont naturellement voté pour la résolution : François Alfonsi, Benoît Biteau, Damien Carême, David Cormand, Gwendoline Delbos-Corfield, Karima Delli, Claude Fruffat, Yannick Jadot, Michèle Rivasi, Caroline Roose, Mounir Satouri, Marie Toussaint.

Pareil pour les députés socialistes et affiliés : Éric Andrieu, Raphaël Glucksmann, Sylvie Guillaume, Aurore Lalucq (Pierre Larrouturou et Nora Mebarek étant a priori absents).

Cela rappelle deux choses. Tout d’abord, la Gauche gouvernementale n’est pas capable d’autre chose que de s’aligner sur le capitalisme occidental. Ensuite, que la Gauche populiste – La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon assume ce terme – n’est pas capable d’autre chose que de converger avec le capitalisme occidental.

On est ici dans la corruption par le capitalisme occidental, dans la soumission aux institutions, aux valeurs dominantes, au style de vie dominant, et finalement à l’OTAN, à la superpuissance américaine.

On est en dehors des valeurs de la Gauche historique, du refus de la guerre, du combat contre la guerre, de la dénonciation des menées militaristes, de l’opposition au bourrage de crâne.

Tant la Gauche gouvernementale que la Gauche populiste ne servent à rien, ou alors ils trompent, ils mentent, ils endorment les gens. On va à la guerre, et ces gens font comme si de rien n’était, comme si tout cela était somme toute bien secondaire !

C’est criminel et il est évident que lorsque les choses vont mal tourner, très mal tourner, on ne pourra pas compter sur eux.

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Guerre

L’Ukraine tente de mettre le feu à sa frontière polonaise

Une provocation criminelle.

Le régime ukrainien est en totale décomposition et il tente d’attirer avec lui le monde entier dans l’abîme. C’est ni plus ni moins le sens des accusations de Vladimir Zelenski et de son entourage envers la Russie, qui aurait selon eux volontairement bombardé la Pologne le 15 novembre 2022.

Cette accusation s’est propagée méthodiquement le 16 novembre, avec en soirée les médias occidentaux qui se sont déchaînés dans la foulée, accusant l’armée russe.

L’arrière-plan, c’est l’envoi par l’armée russe de cent missiles sur l’Ukraine le 15.

L’Ukraine a en fait tenté une provocation afin de chercher à se sortir de sa situation désespérée à terme. D’où l’accusation d’un missile russe tombé en Pologne, alors que factuellement il était facile de savoir qu’il était ukrainien.

L’objectif du régime ukrainien était l’escalade militaire. La Pologne étant dans l’Otan, une attaque russe signifierait le déclenchement de l’article 5 du traité de l’Alliance atlantique, donc l’intervention des alliés contre la Russie, et donc la 3e guerre mondiale.

Évidemment, tout cela n’a pas de sens, du moins pour l’instant ; la Russie n’a aucun intérêt à tirer sur un tracteur dans une ferme polonaise pour tuer deux personnes. Mais le ridicule n’effraie pas les dirigeants d’un régime aux abois, qui ont été livrés en pâture à la Russie par les Américains, et qui maintenant se rendent compte de l’immense pétrin dans lequel ils sont. L’Ukraine est terrassée par ce conflit qui tue des vagues entières de mobilisés sur le front et envoie des vagues encore plus grandes d’Ukrainiens se réfugier à l’étranger – y compris en Russie.

Sur le plan militaire, c’est une Bérézina pour l’Ukraine, malgré les propos ridicules que l’on peut entendre dans les médias français décrivant une armée russe connaissant revers sur revers, et une Russie au bord de l’effondrement… Alors qu’il est en même temps expliqué que l’armée russe risque d’envahir toute l’Europe de l’Est. La propagande est ininterrompue, afin de préparer les opinions publiques occidentales à accepter l’intervention de l’OTAN pour sauver le régime ukrainien.

Du côté de l’état-major américain par contre, là où se décide véritablement le sort de l’Ukraine, le discours est très clair. Le général Mark Milley a tenu une conférence de presse dans la journée du 16 novembre pour dire qu’il est peu probable que l’Ukraine déloge bientôt la Russie de l’ensemble des territoires occupés :

«La probabilité d’une victoire militaire ukrainienne, expulsant les Russes de tout l’Ukraine y compris (…) la Crimée, la probabilité que cela se passe de sitôt n’est pas très élevée militairement. »

L’Ukraine est également terrassée par la campagne massive de bombardements russes visant ses infrastructures électriques et stratégiques, au point que des millions de gens sont régulièrement coupés du réseau. Malgré la fourniture d’armes et de missiles occidentaux, l’armée ukrainienne n’a pour ainsi dire aucune défense anti-aérienne.

L’armée ukrainienne utilise des missiles sol-air avec les moyens du bord, ceux-ci atterrissent parfois sur des civils et c’est justement ce qui s’est passé à Przewodow en Pologne, comme l’ont confirmé tant les Américains que les Polonais. Bien sûr, c’est surtout l’Otan, directement concernée, qui devait réagir pour calmer le jeu, à moins d’assumer dès aujourd’hui la 3e guerre mondiale.

Jens Stoltenberg a donc mis fin à toutes les spéculations en déclarant le 16 novembre, après avoir lui-même mis de l’huile sur le feu en disant qu’il fallait attendre, que l’OTAN se réunissait, etc. :

« Notre analyse préliminaire suggère que l’incident a été probablement causé par un missile de système ukrainien de défense anti-aérienne tiré pour défendre le territoire ukrainien contre les missiles de croisière russes. »

Mais les dirigeants ukrainiens sont tellement furieux dans leur nationalisme fanatique qu’ils accusent encore la Russie pour faire monter la pression, quitte à déformer les faits comme ce fut le cas à Bucha et à la gare de kramatorsk, d’ailleurs.

Vladimir Zelenski expliquant dans une vidéo aux dirigeants du G20 à Bali que ce missile en Pologne ne serait « rien d’autre qu’un message de la Russie adressé au sommet du G20 » ayant eu lieu en même temps à Bali en Indonésie, alors que le ministre ukrainiens des Affaires étrangères qualifie de « théories du complot » toutes les affirmations contredisant son récit quant à un missile russe.

Malgré les explications américaines, et celles de l’Otan, récusant la thèse ukrainienne, le président ukrainien continuait d’ailleurs ses accusations hystériques dans la soirée du 16 novembre :

« Je n’ai aucun doute que ce missile n’était pas à nous. Je crois que c’était un missile russe conformément au rapport des militaires. »

Cet acharnement en dit long sur l’état de délabrement du régime ukrainien, au bord de la faillite.

On aura remarqué aussi le niveau hallucinant de bellicisme en France, où cette information a été dans un premier temps traitée en assumant totalement la possibilité de la thèse ukrainienne du missile russe, contre toute vraisemblance. Jusque tard dans la journée du 16 novembre, Emmanuel Macron était encore très timoré sur les faits, laissant planer le doute quant à la possibilité d’un tir de missile russe et donc d’un emballement vers la 3e guerre mondiale.

Il ne faut pas s’attendre à ce qu’il en soit toujours ainsi et que les choses ne s’emballent pas, bien au contraire. Cet épisode fait encore monter les choses en gamme !

Voici, pour documentation, la déclaration le 16 novembre 2022 du Canada, de la Commission européenne, du Conseil européen, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, du Japon, des Pays-Bas, de l’Espagne, du Royaume-Uni et des États-Unis, en marge du Sommet du G20 à Bali.

Aujourd’hui, les dirigeants du Canada, de la Commission européenne, du Conseil européen, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, du Japon, des Pays-Bas, de l’Espagne, du Royaume-Uni et des États-Unis se sont réunis en marge du Sommet du G20 à Bali et ont publié la déclaration suivante :

Nous condamnons les attaques de missiles barbares que la Russie a perpétrées mardi contre des villes et des infrastructures civiles ukrainiennes.  

Nous avons discuté de l’explosion qui a eu lieu dans la partie orientale de la Pologne, près de la frontière avec l’Ukraine. Nous offrons notre plein soutien et notre assistance à l’enquête en cours en Pologne. Nous avons convenu de rester en contact étroit afin de déterminer les prochaines étapes appropriées à mesure que l’enquête progresse. 

Nous réaffirmons notre soutien indéfectible à l’Ukraine et au peuple ukrainien face à l’agression russe, ainsi que notre volonté constante de tenir la Russie responsable de ses attaques contre les communautés ukrainiennes, alors même que le G20 se réunit pour faire face aux conséquences plus larges de la guerre. Nous exprimons nos condoléances aux familles des victimes en Pologne et en Ukraine. 

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Guerre

Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise roulent pour la superpuissance américaine

Main dans la main avec Emmanuel Macron contre la Russie.

Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise sont des escrocs. Non seulement ils n’ont rien de gauche, car ils torpillent l’héritage de la Gauche historique, mais en plus ils ne sont même pas de vrais opposants au régime.

Ils ne sont que des nationalistes de pacotille qui au premier soubresaut du 21e siècle, à savoir la guerre en Ukraine déclenchant la guerre mondiale pour le repartage du monde, se sont précipités au service du régime français vassal de la superpuissance américaine.

C’est ainsi que Jean-Luc Mélenchon et plusieurs députés de la France insoumise ont accueilli à l’Assemblée trois opposants russes à Vladimir Poutine avec l’aval d’Emmanuel Macron. Jean-Luc Mélenchon remerciant Emmanuel Macron pour avoir aidé « d’un bout à l’autre » à faire venir ces opposants russes.

Et Mathilde Panot récitant à l’Assemblée nationale exactement le discours du régime français, vassal de la superpuissance américaine :

« C’est Poutine et son oligarchie, eux seuls, qui portent la responsabilité de la guerre en Ukraine ».

Elle explique ensuite qu’il faut :

« travailler pour isoler le pouvoir russe. Accueillir et soutenir ses opposants y participe ».

Faire tomber Poutine en Russie, c’est exactement le plan américain. C’est très facile à voir et à comprendre. La superpuissance américaine veut dépecer la Russie (depuis 2014) pour affaiblir la superpuissance chinoise, car la Russie est tendanciellement dans son camp. En effet, la guerre mondiale pour le repartage du monde est l’actualité principale de notre époque, et cela signifie l’affrontement entre les États-Unis et la Chine, son challenger pour l’hégémonie mondiale.

Quiconque prend position à notre époque s’inscrit forcément par rapport à cette actualité principale. Et en France, pays membre de l’Otan, aligné sur la superpuissance américaine, l’ennemi du peuple est obligatoirement principalement la superpuissance américaine. Aucune position intermédiaire n’est possible, à moins de mentir au peuple et de le désarmer politiquement.

Dire, en France en 2022, qu’il faut renverser Poutine, n’a aucun sens pratique, à moins de rouler pour la superpuissance américaine.

Non pas qu’il ne faille pas renverser le régime russe : mais ça, c’est le travail des Russes de gauche. Mais ce n’est pas à l’Assemblée nationale française que ça se joue, surtout quand cette Assemblée nationale est entre les mains d’un régime vassal de la superpuissance américaine ayant justement pour projet de renverser Poutine.

C’est aussi simple que cela. Les Français qui ne dénoncent pas principalement la superpuissance américaine et l’Otan ne peuvent pas prétendre être dans le camp démocratique luttant pour la paix. Alors, quand les « insoumis » prononcent exactement le discours nécessaire à la superpuissance américaine, ils sont non seulement disqualifiés pour le pacifisme, mais en plus ils sont la 5e colonne de la superpuissance américaine.

Parmi les opposants russes accueillis, il y a surtout Alexey Sakhnin, l’un des principaux dirigeants d’une grande alliance réformiste issue de la Gauche en Russie. Il a quitté cette coalition suite à l’invasion de l’Ukraine, et explique :

« Je ne regrette pas la position adoptée par le Front de gauche durant l’année tragique 2014 en Ukraine, position à laquelle j’ai largement contribué. Nous avons alors condamné les deux parties prenantes du conflit et avons appelé les peuples concernés par ce conflit à ne pas se dresser les uns contre les autres mais à se dresser contre ceux qui les ont poussés à commettre ce meurtre fratricide.

En tant que vrais communistes et socialistes nous avons reconnu le droit des peuples à l’autodétermination. Nous avons condamné la guerre monstrueuse du Donbass et les attaques de l’armée ukrainienne contre des villes pacifiques. Personnellement je vivais à cette époque-là en Suède et cette position m’a coûté cher. Mais aujourd’hui je considère que cette position était juste. Et aujourd’hui quand les agents de propagande du Kremlin, accusés d’avoir déclenché une guerre fratricide, répondent « pourquoi vous avez gardé le silence quand on tuait des enfants dans le Donbass », j’ai parfaitement le droit moral de répondre : « moi je n’ai pas gardé le silence ». 

Mais aujourd’hui c’est la clique de Poutine qui a déclenché une agression armée d’une ampleur sans précédent. Et c’est là le fait principal. On ne peut pas cacher ce fait en disant lâchement que ce sont les manœuvres des impérialistes américains (et de fait ces manœuvres existent) ; ou que ce sont les crimes de l’ultradroite ukrainienne (et ces crimes sont nombreux) ; ou justifier le sang des innocents de Kharkov, Odessa, Kiev par le sang versé à Donetsk et à Lougansk. »

Cela est absurde. Soit Alexey Sakhnin pense toujours qu’il faut condamner les deux parties prenantes du conflit et appeler les peuples concernés par ce conflit à ne pas se dresser les uns contre les autres, soit il prend position pour un camp contre l’autre. En venant à l’Assemblée nationale d’un pays partie prenante, la France qui est membre de l’Otan, avec l’aval du régime Français, pour dire exactement ce que veut entendre le régime français conformément au besoin de la superpuissance américaine, il prend de fait position pour un camp contre un autre.

Avec la France insoumise, il prend position pour la superpuissance américaine et participe à la guerre mondiale pour le repartage du monde, plutôt que de lutter contre celle-ci.

C’est exactement pareil quand Jean-Luc Mélenchon dit face à cette même Assemblée nationale :

« Plus que jamais, la France doit œuvrer à la paix et l’immense honneur que constitue le soutien à ses ardents défenseurs. »

Ce n’est là qu’une position de supplétif au régime français, pour lui donner un vernis démocratique. Car la vérité est que la France participe déjà à la guerre, en fournissant des armes, des renseignements, du matériel, des formations, et probablement des hommes.

Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise ne la dénoncent pas et prétendent même qu’elle pourrait jouer un rôle pour la paix. C’est de la manipulation, et cela signifie tout simplement qu’ils roulent totalement pour la superpuissance américaine et son organisation militaire internationale qu’est l’Otan.

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L’Ukraine au bord des ténèbres, l’OTAN cherche l’escalade

Le mois de novembre s’annonce terrifiant.

Il n’y a plus aucun doute sur les intentions de la Russie visant à terrasser l’ouest de l’Ukraine passée aux mains de l’OTAN. Elle a procédé à une nouvelle série de frappes militaires lundi 31 octobre 2022, oeuvrant à pratiquement liquider le réseau électrique. L’approvisionnement en électricité dans le pays est largement perturbé, les métros de Kiev et de Kharkov ont cessé de fonctionner, 80% des habitants de Kiev n’ont plus d’eau et 350 000 foyers de la ville sont sans électricité d’après les autorités municipales.

Ont été touchées à l’aide d’une cinquantaine de missiles de croisière de type X-101/X-555 lancés par des avions les centrales électriques 5 et 6 de Kiev, celles de Lviv et Krementchouk et les centrales hydroélectriques de Zaporojié et Novodnestrovskaïa. Des dizaines d’installations pour la plupart liées au système énergétique ont également été visées partout dans le pays.

Ces frappes ont été qualifiées de « catastrophiques » lors d’une réunion d’urgence du gouvernement ukrainien. Le réseau du pays, en tension maximale en raison des frappes depuis le 10 octobre, s’est pratiquement effondré lundi 31 octobre.

La carte des frappes du 31 octobre 2022

Si probablement plus de la moitié de la capacité de production d’électricité est encore en fonctionnement, notamment la capacité nucléaire, c’est en fait surtout le réseau qui a été détruit et particulièrement les transformateurs des réseaux de 330 kV. Les réseaux de 750 kV recevant l’électricité des centrales nucléaires ukrainienne sont alors inutiles sans les réducteurs vers les réseaux de 330 kV.

Non seulement l’Ukraine est pratiquement plongée dans le noir, mais en plus la restauration du système énergétique va être extrêmement longue et coûteuse. Le pays est à genoux. De son côté, la Russie manœuvre comme elle le souhaite, malgré les pseudo contre-offensives ukrainiennes, et elle fait la pluie et le beau temps sur la Mer Noire.

Suite d’ailleurs à une attaque repoussée contre des navires de la flotte de la mer Noire et des navires civils du port de Sébastopol durant le week-end, la Russie a annoncé suspendre unilatéralement sa participation à l’accord (sous l’égide de l’ONU) sur les exportations de céréales des ports ukrainiens. Un décision rude, car la Russie accuse désormais directement, et c’est une chose tout à fait nouvelle, le Royaume-Uni.

Il y a quelques jours déjà, les Britanniques ont été accusés d’avoir participé à la planification et à l’exécution des sabotages des gazoducs Nord Stream 1 et 2. Cette fois ils sont désignés comme coupables de l’attaque sur Sébastopol au moyen de la gestion de drones. La Russie affirme qu’elles sont menées par des spécialistes britanniques situés dans la base navale de Ochakov, dans l’oblast de Mykolaiv, entre Nikolaev et Odessa.

On comprend tout de suite que cette accusation est lourde de sens et implique à très court termes un basculement du conflit avec un engagement direct de l’OTAN. Il ne fait aucun doute que la guerre n’est plus entre la Russie et l’Ukraine, mais entre la Russie et l’OTAN, même si cela reste encore indirect et contenu.

Cela n’empêche pas que la Russie accuse déjà directement l’OTAN, affirmant que l’Ukraine est un terrain d’essai pour les armes de l’OTAN et une bataille contre la Russie « jusqu’au dernier Ukrainien ».

À l’Assemblée générale des Nations unies, le représentant russe Nebenzia a souligné que, pour l’OTAN, l’escalade du conflit est un tremplin vers un plan de longue date visant à vaincre ou à affaiblir la Russie, pour lequel l’Ukraine est depuis longtemps mise sous contrôle.

Le 31 octobre 2022 également, la Norvège, membre de l’OTAN, partageant une frontière avec la Russie, a relevé son niveau d’alerte militaire. Le premier ministre norvégien explique pourtant qu’il n’y a aucune menace directe contre le pays de la part de la Russie…. Il précise même :

« Je dois souligner qu’il ne s’est rien produit au cours du dernier jour ou des dernières journées qui fait que l’on monte d’un cran maintenant. C’est une évolution dans le temps qui fait que l’on passe à cela ».

C’est donc une escalade militaire tout à fait assumée, avec en arrière plan les États-Unis qui commandent directement la conduite à tenir pour la Norvège, comme pour tous les pays vassalisés à sa superpuissance.

La course à l’abîme continue… le désastre à venir montre toujours plus son hideux visage à la vue de tous, dans l’indifférence pourtant.

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L’extrême Droite a loupé le train de l’histoire…et c’est tant mieux

Pour la sortie de l’OTAN, place à la Gauche historique.

Sur agauche.org qui suit en long et en large depuis maintenant avril 2021 le conflit en Ukraine, il n’a pas été cessé de rappeler que cette guerre, loin d’être une fantaisie sortie de la tête de Poutine, relevait d’une tendance générale à la guerre de repartage du monde.

Chaque jour confirme cela et il va sans dire qu’une telle réalité amène fatalement les choses à prendre des tournures d’importance. Cela est d’autant plus vrai lorsqu’on fait de la politique : nier ou contourner la guerre en Ukraine dans ses implications totales, c’est se couper de l’Histoire en marche.

Cela, les lecteurs assidus d’agauche.org l’ont bien compris. Ce qui amène à cette autre question qui ne manque d’émerger : si la politique est dorénavant conditionnée à des prises de positions sur ce conflit, qu’en est-il de l’extrême Droite ? Car force est de constater que l’extrême Droite qui a repris le flambeau du néo-gaullisme soulève une pierre trop grande pour elle, pour ne pas dire insoutenable en pratique comme il l’a été dernièrement remarqué.

Oui mais alors, au-delà de l’impossible néo-gaullisme du fait de ses vaines prétentions d’indépendance nationale, l’extrême Droite n’est-elle pas vue comme une force pro-russe ? Question tout à fait sérieuse et qui montre le rouleau compresseur de l’histoire en marche. Car oui, plus qu’être vue comme telle, l’extrême Droite a toujours entretenu des liens directs avec le régime de Poutine. Cela s’explique notamment par sa défense d’un ordre traditionnel-conservateur contre un occident « dégénéré » (et en réalité capitaliste décadent).

A moins d’être de mauvaise foi, l’extrême droite ne peut qu’admirer le discours critique de Poutine contre la propagande LGBT et la transformation des états civils en « parent n°1 et parent n°2 ». D’ailleurs, c’est pour cette raison que Marion Maréchal accompagnée de Thierry Mariani et d’André Kotarac, alors cadre de LFI, se rendaient en Crimée au Forum économique de Yalta en avril 2019.

« Je ne suis pas d’accord avec Mariani et Maréchal sur de nombreux sujets. Mais sur la défense de la souveraineté et sur la nécessité de s’allier à la Russie, je suis d’accord », disait Andréa Kotarac, qui devait passer au Rassemblement National quelques jours après ce voyage en Crimée.

En dehors des (très minoritaires) nationalistes-révolutionnaires qui soutiennent depuis 2014 les clans néo-nazis intégrés dans l’armée ukrainienne, donc l’OTAN, l’extrême Droite française est évidemment pro-russe, comme preuve renouvelée de son impossible néo-gaullisme.

Mais le problème historique, c’est bien que cette extrême Droite française s’est couchée et pas qu’un peu. Il peut bien y avoir des prises de position individuelles de-ci, de-là, et il est fort à parier que les discussions en « off » soient critiques de l’OTAN et des États-Unis. Il n’en reste pas moins vrai que l’Histoire ne se fait pas « en coulisse » mais devant la face du monde et sur ce terrain là, l’extrême Droite française a choisi de s’aligner sur l’OTAN et les États-Unis.

Aucun député RN, pas plus que LFI, n’a eu le courage de ne pas applaudir et de refuser de soutenir l’ambassadeur ukrainien lors de la session de rentrée parlementaire du 3 octobre. Voilà tout, fin de l’histoire. Mais maintenant, qui prendra au sérieux demain le RN ouvertement pro États-Unis et pro-OTAN ? De la même manière que la chance de se « rattraper » en réassumant ouvertement son soutien à la Russie s’éloigne toujours plus, à tel point que l’on peut dire qu’elle est même définitivement passée.

De fait pour l’extrême Droite, son espace-temps politique aurait été d’assumer le positionnement pro-russe, en attendant que justement l’histoire, toute l’Histoire se déroule, mais cela demandait d’être contre vents et marées. Et l’extrême Droite est une force bien trop corrompue pour assumer un quelconque antagonisme. Il suffit de voir le vacarme populiste qu’elle fait à propos de l’horrible meurtre de la jeune Lola alors même qu’elle reste silencieuse sur le fait que l’on est au bord d’une guerre mondiale, pour voir qu’elle a été court-circuitée par l’histoire.

Le souci pour l’extrême Droite, c’est que le soutien pro-OTAN, pro-États-Unis relève historiquement du camp libéral et social-libéral. Robert Ménard, lui ne s’y est pas trompé et a depuis le 24 février 2022 rejoint de manière assumée le camp pro-OTAN, quand bien même il fut ces dernières années un des acteurs importants de la dite « droite hors les murs » qui réunissait en réalité les forces pro-russes tels Mariani et Maréchal. Voici par exemple ce que déclarait Marion Maréchal lors du Forum économique de Yalta de 2019 :

Les Russes se souviennent de mes positions dans le débat français, loin de celles de l’élite libérale. Ils invitent les acteurs européens qu’ils perçoivent comme de bons interlocuteurs pour eux.

Même si cela était visible avant, il est maintenant évident que la guerre en Ukraine comme expression de la tendance à la guerre de repartage mène à la polarisation entre la superpuissance américaine et la superpuissance chinoise. Les puissances de second ordre, tels que la Russie, la France, l’Italie, etc., n’ont plus les moyens de leur indépendance et doivent obligatoirement se positionner sous tel ou tel giron au risque de perdre tout crédit.

A moins d’être fidèle à la Gauche historique et de refuser ce réalisme capitaliste, au nom de valeurs réelles, historiques, révolutionnaires.

Le fait même que l’extrême Droite ait loupé le coche met ainsi sur le devant de la scène le retour de la Gauche historique comme force de proposition en France – à condition de comprendre que l’aspect principal de l’évolution du monde, c’est l’affrontement sino-américain pour l’hégémonie mondiale.

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Politique

La Droite ne peut pas assumer la sortie de l’OTAN (et de l’UE)

Les forces à droite qui proclament cela font de la démagogie.

En France, le gaullisme a été une force de frappe idéologique et politique de très grande importance. Cela a permis à toute une fraction de la haute bourgeoisie de conserver une légitimité patriotique dans les années 1940 tout en étant anticommuniste, pour mieux revenir sur le devant de la scène dans les années 1950.

Le gaullisme c’est une grande synthèse idéologique pour la haute bourgeoisie française, combinant tout à la fois le corporatisme fasciste et le monarchisme dans une Ve République présidentialiste et le côté impérial du « cavalier seul » propre au bonapartisme.

C’est pour cela que les États-Unis se sont toujours méfiés du « mauvais élève » français, notamment lorsque le gaullisme a atteint son apogée dans les années 1960. C’est lorsque les États-Unis étaient engagés en pleine guerre du Vietnam que de Gaulle estime que la France doit sortir du commandement intégré de l’OTAN.

Mais cette politique d’indépendance nationale n’a été possible que parce que le gaullisme avait réussi le virage de la « décolonisation », en fait la transformation de l’empire colonial en zones néocoloniales, et que le capitalisme français connaissait un élan général, marqué par 6 % de croissance annuelle. De cette manière, le gaullisme a pu mettre en place un vaste complexe militaro-industriel notamment fondé sur une dissuasion nucléaire permise par les essais loin de la métropole.

Cet héritage gaulliste qui est devenu ensuite un néo-gaullisme a fourni un corpus politique et idéologique stratégique toujours plus porté par l’extrême droite dans les années 2000.

Le grand tournant a notamment été la réintégration en 2007 de la France dans le commandement intégré de l’OTAN décrétée par Nicolas Sarkozy, mettant fin au néo-gaullisme qui était encore assumé par la Droite comme lors du refus de l’intervention américaine en Irak en 2003.

Depuis la pandémie de Covid-19 qui a miné tous les capitalismes nationaux les faisant se dresser les uns contre les autres dans le cadre d’une nouvelle guerre de repartage impérialiste, l’idée d’une indépendance nationale française en dehors de l’OTAN (et de l’UE qui est une excroissance) est une illusion.

Les fractions minoritaires de la Droite nationaliste qui promeuvent cette stratégie ne font qu’user d’un héritage qui a un écho populaire mais qui restera lettre morte tant le capitalisme français n’a plus les moyens d’une telle orientation.

Car le capitalisme français des années 1960 ce n’est pas celui de 2022 ! Avec 0,5 % de croissance annuelle et un endettement de près de 130 % de son PIB, une société minée par les comportements individualistes-consommateurs, l’appel au retour à la France gaulliste est un mirage qui chante simplement aux esprits nostalgiques.

Comment feront les Philippot, Asselineau et autre Dupont-Aignan pour assurer à la France sa base capitaliste face à la concurrence russe, chinoise et indienne sans l’appui des milliards américains, et surtout de son immense parapluie militaire dans le monde ? Avec le contexte d’inflation généralisé et les ruptures d’approvisionnements en matières premières, que feront ces patriotes pour assurer l’économie capitaliste française ? De quelle illusion se bercent-ils ?

En Italie, Georgia Meloni, supposée être pour la sortie de l’UE, négocie avec Mario Draghi pour constituer un gouvernement technique. Sans les subventions européennes, l’Italie capitaliste s’effondre, de même que sans les 770 milliards de dollars que les États-Unis injectent chaque année dans leur force militaire, l’Italie n’aurait pas les moyens de sa « défense » nationale, et donc de ses parts de marché.

Mais il faut voir aussi comment tous les députés du RN ont applaudi l’ambassadeur ukrainien le 3 octobre à l’assemblée nationale pour se convaincre que ces gens ne sont bel et bien qu’au service de la bourgeoisie et du capitalisme français, qui ne pourra se relancer sans l’appui militaire des États-Unis.

Il ne faut donc pas croire un instant les néo-gaullistes français qui s’imaginent revenir aux années 1960. Le basculement du monde dans la guerre de repartage impérialiste depuis la pandémie de Covid-19, puis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, rend à la Droite nationaliste ce mot d’ordre concrètement impossible, ou si ce n’est par démagogie pour attirer les faveurs d’une partie des gens.

Car dorénavant l’idée d’une sortie de l’OTAN (et de l’UE) n’est plus une simple option de politique internationale sur le mode d’un « choix géopolitique », mais une perspective antagonique avec l’appareil d’État lui-même et tout le mode de vie à l’américaine qui s’est réellement implanté en France à partir des années 1990.

La sortie de l’OTAN, c’est la remise en cause de la superpuissance américaine dans sa capacité à avoir orienté toute l’accumulation capitaliste au sortir de la seconde guerre mondiale, réimpulsée au tournant des années 1980-1990. En 2022, dans les puissances de second ordre comme la France, on ne peut plus vouloir un capitalisme national en dehors des positions fortifiées par les États-Unis.

Et comme on ne peut plus dissocier les deux, alors la sortie de l’OTAN exige en réalité une Gauche historique fidèle au mouvement ouvrier capable d’aller à la rupture pour réorganiser l’ensemble de la base productive. Bref, on ne peut assumer la sortie de l’OTAN si l’on assume pas également le Socialisme : le temps du néo-gaullisme est fini, place à la classe ouvrière et au socialisme.

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Guerre

Formations de militaires, livraisons d’armes : la France mène de plus en plus concrètement la guerre à la Russie

La France est co-belligérante.

L’armée française va former 2000 militaires ukrainiens, au sein de plusieurs unités des forces armées. Il est parlé de manière très vague d’une instruction généraliste du combattant, de formations spécialisées et de formations aux équipements français livrés à l’armée ukrainienne. Le plan de formation étant directement « validé » par Emmanuel Macron.

Cela signifie une implication accrue de la France dans le conflit entre l’Ukraine et la Russie, alors qu’elle a depuis le début engagé des moyens gigantesques contre la Russie. Selon les mots même du ministre Sébastien Lecornu, il est maintenant « changé d’échelle », alors qu’il y avait déjà eu des formations d’artillerie pour les canons les CAESAr.

Mais il est expliqué que la guerre va durer, et la France entend bien contribuer à ce qu’elle dure bel et bien, avec l’idée de « former une nouvelle génération de soldats, pour tenir dans la durée ».

Il faut au moins ça, pour servir docilement les intérêts américains voulant affaiblir durablement la Russie, et à plus long terme le camp de la Chine, dans le cadre de la grande bataille pour le repartage du monde. La France prend donc un risque énorme, en s’enfonçant elle-même dans la guerre, en participant de plein pied à la généralisation mondiale du conflit, et plus particulièrement en s’affrontant concrètement à la Russie.

Qu’il est ridicule alors d’entendre le ministre expliquer :

« Nous faisons cela en respectant les règles de droit, sans jamais être dans la cobelligérance car nous ne sommes pas en guerre. Nous aidons un pays qui est en guerre ».

Sébastien Lecornu peut bien tordre la réalité dans tous les sens, changer la signification des mots, cela ne change rien au fait que la France mène effectivement la guerre contre la Russie. En théorie, le ministre français s’appuie sur de la littérature juridico-universitaire, par exemple celle de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire qui explique :

« le fait de financer, équiper, par le biais de fourniture d’armements par exemple, renseigner ou entraîner d’autres forces armées que les siennes (…) n’est pas de nature à permettre de considérer qu’un État puisse recevoir la qualification de ‘partie à un conflit armé’ international, et donc de ‘cobelligérant’ au sens du droit des conflits armés ».

Mais la guerre, ce n’est pas de la littérature. Ce sont des canons et des fusils, avec des hommes s’en servant contre d’autres hommes, y compris des civils. Et en cela, la France est impliquée, et la Russie considère évidemment que la France est impliquée. Il y a alerte rouge à ce niveau, comme l’a d’ailleurs très bien dit le président français lui-même évoquant le risque d’une troisième guerre mondiale.

Ces gens ne sont donc pas seulement des fous furieux, ils sont aussi des criminels, car ils savent très bien ce qu’ils font, ils savent très bien à quoi ils s’engagent. A ce rythme, on se demande comment la guerre mondiale est évitable.

On ajoutera aussi que la France envisage pour bientôt une livraison de lance-roquettes unitaires [LRU], alors que l’Armée de Terre n’en possède que 13 (dont 8 opérationnels). Avec ce genre d’annonce, on n’est évidemment plus dans la simple aide et le soutien, mais bien dans l’implication militaire avec ses propres moyens mis au service d’un allié.

Le ministre des Armées a également confirmé la livraison de missiles sol-air français à courte portée Crotale, présentés comme « robustes » et « particulièrement utiles dans la lutte anti-drones et contre les bombardements aériens ». Mais là encore, la France ne possède pas des stocks immenses correspondant à ce système, et donc elle assume pleinement de livrer son propre matériel, en plus de former directement les militaire ukrainiens.

Le gouvernement français n’est plus seulement « va-t-en guerre », il est concrètement et activement dans la guerre à la Russie ! Il est en service commandé, via l’OTAN, pour défendre les intérêts de la superpuissance américaine, et cela va dégénérer. C’est la terrible réalité du mois d’octobre 2022, que nie pourtant la population française. Mais l’Histoire se chargera bientôt de le lui rappeler, et ce sera la douche froide… ou plutôt les balles froides et les missiles chauds bouillants.

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Guerre

Attentat du pont de Crimée : vers la guerre totale

Les deux camps sont chauffés à blanc.

Exactement comme en 1914, le sol se dérobe sous le pied des Européens avec une succession d’événements de plus en plus graves et rapprochés entraînant avec eux d’ailleurs la population mondiale dans un gigantesque conflit généralisé. L’attaque le 8 octobre 2022 du pont reliant la Crimée à la région de Krasnodar marquera forcément un tournant majeur dans cette direction.

La Russie, qui depuis le début de l’invasion en février 2022, et voire même depuis 2014, joue une minutieuse partition semi-militaire, semi-diplomatique, avec une définition ultra-légaliste et politique de son « opération spéciale » en Ukraine, se retrouve maintenant entraînée sans retour sur la voie de la guerre totale.

On peut dire que le sabotage des gazoducs Nordstream 1 et 2 était déjà un marqueur de cela, mais au fond il s’agissait surtout d’une attaque visant l’Allemagne, en l’obligeant à se détourner entièrement de la Russie puisqu’il n’y a plus de gaz à en attendre.

En revanche, l’explosion d’un camion chargé d’engrais (qui est par nature explosif), croisant précisément la route d’un train chargé de carburant sur la partie supérieure du pont enjambant le détroit de Kertch, est une attaque majeure sur le territoire russe, équivalent concrètement à une déclaration de guerre. Ou plus précisément, c’est un événement dont le but est de provoquer l’entrée en guerre totale de la Russie contre l’Ukraine, ce qui jusqu’à présent n’est pas le cas.

La surenchère est totale pour pousser en ce sens. Le régime ukrainien n’a certes pas revendiqué l’attaque, à part de manière détournée et relative. On a par exemple Mykhailo Podolyak, conseiller du président ukrainien Zelensky, déclarant :

« Le pont de Crimée, ce n’est que le début. Tout ce qui est illégal doit être détruit, tout ce qui a été volé doit être restitué à l’Ukraine, tout ce qui est occupé par la Russie doit être expulsé ».

Tous les comptes Twitter des institutions ukrainiennes ont été dans le genre, le président Volodymyr Zelensky disant qu’il faisait beau sur toute l’Ukraine à part en Crimée où c’était brumeux. On notera que la veille le président ukrainien a également appelé à ce que les îles russes réclamées par le Japon reviennent à celui-ci. Histoire de mettre encore plus d’huile sur le feu.

Typiquement des opérations de guerre psychologique, visant à semer le trouble, un conseiller ukrainien a de son côté pointé une responsabilité russe pour l’action contre le pont, évoquant des luttes internes.

Et du côté des États-Unis il y a immédiatement eu dans la journée une campagne pour désigner la responsabilité de l’Ukraine sur la base de sources « sûres » et pousser à l’emballement.

En l’occurrence c’est l’un des principaux titres de presse du régime américain, le Washington Post, qui explique que les services spéciaux ukrainiens sont à l’origine de l’explosion, tout en précisant que l’infrastructure est un « symbole des ambitions du président Vladimir Poutine de contrôler l’Ukraine ».

En effet, l’ouvrage construit en trois ans a marqué le rattachement concret de la péninsule de Crimée, annexée en mars 2014, au reste de la Russie. C’est le plus long pont d’Europe, 19 km, avec une portée diplomatique et économique majeure ; Vladimir Poutine l’avait inauguré en 2018, pilotant lui-même devant des caméras un camion le traversant… Puis repassant dans l’autre sens cette fois en pilotant un train, dans une mise en scène soulignant que le pont combine en effet voie ferrée et voie routière.

L’attaque, qui est une attaque terroriste ayant fait au moins deux victimes civiles (dans une voiture), et probablement trois victimes civiles s’il s’avère que le conducteur n’est pas un kamikaze, vise donc précisément le symbole, la provocation.

L’attaque n’a pas une visée stratégique militaire, car il est quasiment impossible de détruire un tel pont et justement la circulation ferroviaire et automobile a été rétablie le soir même sur le pont de Crimée. Il faudrait énormément de missiles exactement au même endroit pour parvenir à des dégâts réellement structurels.

Ce qui compte par contre, c’est de marquer les esprits, de faire monter la pression. Cela fonctionne : il y a du côté russe un emballement généralisé avec de nombreuses personnes appelant à en finir rapidement et violemment avec l’Ukraine, voire à assumer le conflit contre l’OTAN directement.

Cela coïncide avec la nomination d’un nouveau commandant pour l’opération spéciale, sur fond de fortes critiques internes et dans l’opinion publique quant à la faiblesse des opérations militaires. Il s’agit de Sergueï Sourovikine, considéré comme ayant de bons résultats sur la partie sud des opérations qu’il dirigeait jusqu’à présent. Il a une réputation d’intransigeance et d’efficacité, ayant commandé en Tchétchénie et en Syrie, recevant pour cette dernière guerre l’étoile de Héros de la fédération de Russie.

Le nom du précédent commandant pour l’opération spéciale n’a jamais été divulgué officiellement.

Dans une même perspective,  le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov a été promu colonel-général, soit le 3e plus haut niveau dans l’armée russe, et cela après ses propos incendiaires ces dernières semaines quant à une guerre qui n’est pas menée avec assez de fermeté du côté russe.

Cela va cogner encore plus fort donc, alors qu’en plus de cela l’arrivée imminente sur le front des troupes apportée par la mobilisation partielle va favoriser une nouvelle vague en faveur de la Russie.

En face, l’OTAN ne compte certainement pas abandonner la partie. Les mercenaires et militaires occidentaux sont de plus en plus systématiquement repérés et dénoncés par la Russie. Le dirigeant temporaire de la République « populaire » de Donetsk Denis Pouchiline expliquait par exemple dans la semaine :

« Maintenant, la présence de l’OTAN est de plus en plus voyante et pas seulement en termes d’armes et de munitions. Au départ, il s’agissait d’instructeurs et maintenant ils deviennent des commandants de formations mixtes. Nous voyons beaucoup de mercenaires, polonais et britanniques. L’entraînement le plus récent a eu lieu sur le territoire de la Grande-Bretagne. Ils ont déjà cessé d’être gênés et manifestent leur présence de plus en plus ouvertement. Et la seule chose qui nous reste à faire est de gagner ».

Cela concerne bien entendu la France et ce de manière officielle depuis que le Figaro a révélé la présence de plusieurs dizaines d’agents du service Action de la DGSE, l’équivalent français de la CIA américaine.

La France, qui fournit énormément de matériel militaire depuis le début du conflit, a également annoncé dans la semaine une sorte de bon d’achat de 100 millions d’euros de matériel militaire à utiliser directement par Kiev auprès des industriels français. Le discours est sans ambiguïté quant au but qui est de « soutenir l’effort de guerre » ukrainien selon les mots du présidents français qui ne prétend plus à aucun pacifisme.

En plus de cela, la France s’organise pour dérouter vers l’Ukraine 6 canons CAESAr initialement vendus au Danemark. Il y a 18 systèmes d’artillerie de ce type qui ont déjà été livrés à l’Ukraine, qui les utilise notamment pour tirer sur les populations civiles au Donbass. L’ambassadeur français en Russie a été convoqué récemment pour cela, car les choses vont très loin et la France est sommée par la Russie de choisir définitivement son camp…

On va donc vers une guerre totale en Ukraine, qui a tout pour dégénérer en guerre mondiale, et la France est impliquée au premier plan dans cette guerre, participant à l’escalade avec un consensus politique total. Il n’y a personne ou presque pour dénoncer cette nouvelle union sacrée. Exactement comme en 1914.

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Le discours « échecs en quatre dimensions » de Vladimir Poutine le 30 septembre 2022

Le point de non-retour est désormais dépassé.

Le 30 septembre, le président russe Vladimir Poutine a tenu un court discours sur la fameuse place rouge de Moscou, afin de présenter l’intégration de quatre régions qui, il n’y a même pas dix ans, relevaient de l’Ukraine. Cela relevait d’un meeting-concert, intitulé « Le choix du peuple, ensemble pour toujours ».

Ses propos ont été cependant assez brefs ; il s’est voulu volontaire, très volontaire, mais n’a pas réussi car trop sous le coup de l’émotion. S’il a présenté le jour comme historique, ce n’est pas pour rien de son point de vue, puisque la Russie « retrouve » des Russes ou plus exactement ces derniers reviennent dans le giron de la mère-Russie.

De manière plus terre à terre, on parle tout de même ici d’une zone à peu près grande comme le Portugal, avec les régions de Louhansk et de Donetzk, qui avaient formé des « républiques populaires » à la suite du coup d’État nationaliste et pro-occidental à Kiev en 2014, ainsi que les régions de Kherson et de Zaporojié passées sous contrôle militaire russe à la suite de l’offensive de février 2022.

Une partie des régions de Zaporojié et de Donetzk sont par ailleurs encore sous le contrôle du régime ukrainien, ce qui implique que la Russie va elle-même entrer légalement en guerre avec l’Ukraine.

Le discours était comme on le sait l’aboutissement de référendums, pour la séparation d’avec l’Ukraine tout d’abord pour Kherson et Zaporojié, pour rejoindre le « peuple multinational de la Fédération de Russie » pour l’ensemble des quatre dans la foulée. La dimension « légale » est une tradition russe historique.

Voici les résultats officiels, qui sont naturellement forcés par le cours des choses, sans pour autant qu’il soit possible de nier que l’attachement à la Russie prime d’une manière ou d’une autre dans cette partie du monde, le régime ultra-nationaliste ukrainien servant de repoussoir.

Il ne faut pas se leurrer : l’idée de rejeter à 100% la Russie, comme l’exige le régime ukrainien, même dans le cas où on soutient l’Ukraine, est absolument intenable humainement pour les gens ayant des liens, d’une manière ou d’une autre, avec la Russie.

La région de Kherson a d’ailleurs été prise sans coup férir dès le début de l’offensive russe, en raison de trahisons massives dans l’appareil d’État ukrainien régional.

ParticipationPour l’adhésion à la Fédération de Russie
Donetzk97,5%99,23%
Louhansk92,6%98,42%
Kherson76,9%87,05%
Zaporojié85,4%93,11%

L’intégration formelle des quatre régions s’est déroulée dans la salle Georgievsky du palais du Kremlin, une salle résolument splendide dédiée aux plus grandes cérémonies honorifiques historiquement en Russie. C’est à cette occasion que Vladimir Poutine a tenu un discours d’une quarantaine de minutes.

Et là le discours a été d’un tout autre calibre que le discours lors du meeting. Il reflète une transformation radicale de la ligne de l’appareil d’État russe. On ne peut pas comprendre l’État russe, sa stratégie, sans saisir précisément les contours de ce qu’il a formulé.

Vladimir Poutine a tout d’abord souligné le lien historique des régions de Kherson et de Zaporojié avec la « Nouvelle Russie » établie par Catherine II de Russie, dénonçant le « coup d’État néo-nazi de 2014 » et demandant une minute de silence pour les « martyrs » tombés depuis sous les coups des nationalistes ukrainiens.

Il a parlé d’un amour maintenu pour la Russie, y compris pour ceux nés « après la tragédie de l’effondrement de l’Union soviétique », une « catastrophe nationale », et même si le passé ne peut pas être restitué, il reste une volonté de vivre ensemble de la part de ceux « dont les ancêtres ont vécu dans un seul État pendant des siècles ».

L’intégration des quatre régions est considérée comme inaliénable, l’Ukraine devra céder quoi qu’il en soit :

« Je veux que les autorités de Kiev et leurs vrais maîtres en Occident m’entendent, afin que tout le monde s’en souvienne : les habitants de Lougansk et de Donetsk, de Kherson et de Zaporojié deviennent nos citoyens pour toujours.

Nous appelons le régime de Kiev à un immédiat cessez-le-feu, à cesser toutes les hostilités, la guerre qu’il a déclenchée en 2014, et à retourner à la table des négociations. Nous sommes prêts pour cela, cela a été dit plus d’une fois.

Mais nous ne discuterons pas du choix des habitants de Donetsk, Lougansk, Zaporojié et Kherson, il a été fait, la Russie ne le trahira pas. »

Cet aspect du discours ne concerne toutefois que le début et une petite partie de celui-ci. La grande majorité a tenu à une dénonciation acharnée des pays occidentaux et de leur tentative de transformer la Russie en « colonie ». La Russie se défendant, se protégeant, serait donc le phare du refus de l’ordre mondial décidé par les occidentaux, au point que Vladimir Poutine argue que la Russie est séparée de l’histoire du colonialisme et même que, à travers l’URSS, elle a été à la pointe de l’anti-colonialisme !

C’est là bien entendu totalement tiré par les cheveux, mais correspond à ce mélange Russie/URSS aux contours adaptables selon les besoins. Il faut se souvenir que Vladimir Poutine cherche ici à toucher notamment ou surtout des dirigeants de pays du tiers-monde, ce qu’il dit là est parfait pour la junte militaire au Mali ou bien l’État nationaliste-social syrien par exemple.

« Qu’est-ce sinon du racisme que la conviction péremptoire de l’Occident que sa civilisation, sa culture néolibérale est un modèle incontestable pour le monde entier ? (…)

Il convient de rappeler à l’Occident qu’il a commencé sa politique coloniale au Moyen Âge, la traite mondiale des esclaves a suivi, le génocide des tribus indiennes en Amérique, le pillage de l’Inde, de l’Afrique, les guerres de l’Angleterre et de la France contre la Chine, à la suite de quoi il a été contraint d’ouvrir ses ports au commerce de l’opium.

Ce qu’ils ont fait, c’est mettre des nations entières sous drogue, exterminer délibérément des groupes ethniques entiers pour le bien de la terre et des ressources, organiser une véritable chasse aux gens comme des animaux.

Ceci est contraire à la nature même de l’homme, vérité, liberté et justice. Et nous, nous sommes fiers qu’au XXe siècle, ce soit notre pays qui ait dirigé le mouvement anticolonial, qui ait ouvert des possibilités à de nombreux peuples du monde de se développer, afin de réduire la pauvreté et les inégalités, de vaincre la faim et la maladie. »

L’intégration des quatre régions permet à la Russie de ne plus être faible, malade, poussive :

« Je souligne que l’une des raisons de la russophobie séculaire, l’hostilité non dissimulée de ces élites occidentales envers la Russie tient précisément à ce que nous ne nous sommes pas laissé voler pendant la période des conquêtes coloniales, nous avons forcé les Européens à commercer pour un bénéfice mutuel.

Cela a été réalisé en créant un État centralisé fort en Russie, qui s’est développé et s’est renforcé sur les grandes valeurs morales de l’orthodoxie, de l’islam, du judaïsme et du bouddhisme, sur la culture russe et la parole russe ouverte à tous.

On sait que des plans d’interventions en Russie ont été élaborés à plusieurs reprises, ils ont essayé d’utiliser le temps des troubles au début du XVIIe siècle et la période de bouleversements après 1917 a échoué. L’Occident a néanmoins réussi à s’emparer des richesses de la Russie à la fin du XXe siècle, lorsque l’État a été détruit.

Ensuite, nous avons été appelés à la fois amis et partenaires, mais en fait, ils nous ont traités comme une colonie – des milliards de dollars ont été détournés du pays dans le cadre de divers stratagèmes. Nous nous souvenons tous de tout, nous n’avons rien oublié.

Et ces jours-ci, les habitants de Donetsk et de Louhansk, de Kherson et de Zaporijia se sont prononcés en faveur de la restauration de notre unité historique. Merci ! »

Et vient alors, comme en passant, une remarque de portée dramatique :

« Les États-Unis sont le seul pays au monde à avoir utilisé deux fois l’arme nucléaire, détruisant les villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki. Soit dit en passant, ils ont créé un précédent. »

Cette remarque selon laquelle il y a un « précédent » est bien entendu un avertissement sur l’usage russe éventuel de la bombe atomique.

Et il s’ensuit une très fine allusion à la Chine. Les propos suivants de Vladimir Poutine montrent parfaitement comment ici, à travers lui, c’est la Chine qui parle et qui dresse un avertissement à la superpuissance américaine. On a ici directement affaire à la théorie dite « des trois mondes », non pas dans la version de Mao, mais dans la version de Deng Xiao Ping.

Les pays en développement doivent faire front contre l’hégémonie, mais d’une manière en fait particulière, puisqu’ils doivent concrètement passer sous le giron de la Chine en passe de devenir la principale superpuissance en remplacement de la superpuissance américaine.

« Le diktat américain est basé sur la force brute, sur la loi du plus fort. Parfois magnifiquement emballé, parfois sans emballage, mais l’essence est la même – la loi du plus fort.

D’où le déploiement et l’entretien de centaines de bases militaires dans tous les coins du monde, l’expansion de l’OTAN, les tentatives de constituer de nouvelles alliances militaires telles que AUKUS et autres.

Un travail actif est également en cours pour créer un lien politico-militaire entre Washington, Séoul et Tokyo.

Tous les États qui possèdent ou cherchent à posséder une véritable souveraineté stratégique et sont capables de défier l’hégémonie occidentale sont automatiquement inclus dans la catégorie des ennemis.

C’est sur ces principes que sont construites les doctrines militaires des USA et de l’OTAN, n’exigeant rien de moins qu’une domination totale.

Les élites occidentales présentent leurs plans néocoloniaux de la même manière hypocrite, même avec un semblant de paix, elles parlent d’une sorte d’endiguement, et un mot aussi rusé erre d’une stratégie à l’autre, mais, en fait, ne signifie qu’une seule chose : saper tous les centres souverains de développement.

On a déjà entendu parler du confinement de la Russie, de la Chine, de l’Iran. Je crois que d’autres pays d’Asie, d’Amérique latine, d’Afrique, du Moyen-Orient, ainsi que les partenaires et alliés actuels des États-Unis, sont les suivants. »

Vladimir Poutine a également, bien entendu, fait remarquer la crise énergétique dans les pays occidentaux, après avoir dénoncé les sanctions contre la Russie :

« Mais les gens ne peuvent pas être nourris avec des dollars et des euros imprimés. Impossible de se nourrir avec ces bouts de papier, et impossible de chauffer un foyer avec la capitalisation virtuelle et gonflée des réseaux sociaux occidentaux. »

Et il a souligné la décadence de l’occident, de manière bancale bien entendu car on sait bien que la Russie est tout à fait pareillement contaminée par le capitalisme le plus cynique, en mode oligarchique. Mais même si c’est de la démagogie, cela tape fort là où la Russie n’a pas sombré :

« Je veux maintenant revenir sur ce que j’ai dit, je veux m’adresser à tous les citoyens du pays – pas seulement aux collègues qui sont dans la salle – à tous les citoyens de Russie : voulons-nous avoir, ici, dans notre pays , en Russie, au lieu de maman et papa, « parent numéro un », « numéro deux », « numéro trois » – sont-ils déjà complètement fous?

Voulons-nous vraiment que des perversions qui conduisent à la dégradation et à l’extinction soient imposées aux enfants de nos écoles dès le primaire ? Se faire leurrer qu’il existe soi-disant d’autres genres que les femmes et les hommes, et se voir proposer une opération de changement de sexe ? »

Cela débouche sur un appel ouvertement « conservateur révolutionnaire » :

« Je le répète, la dictature des élites occidentales est dirigée contre toutes les sociétés, y compris les peuples des pays occidentaux eux-mêmes. C’est un défi pour tout le monde.

Un tel déni complet de l’homme, le renversement de la foi et des valeurs traditionnelles, la suppression de la liberté acquiert les caractéristiques d’une « religion inversée » – le satanisme pur et simple.

Dans le Sermon sur la montagne, Jésus-Christ, dénonçant les faux prophètes, dit : C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. Et ces fruits toxiques sont déjà évidents pour les gens – pas seulement dans notre pays, dans tous les pays, y compris pour de nombreuses personnes et en Occident même.

Le monde est entré dans une période de transformations révolutionnaires, elles sont de nature fondamentale.

De nouveaux pôles de développement se forment, ils représentent la majorité – la majorité ! – de la communauté mondiale et sont prêts non seulement à déclarer leurs intérêts, mais aussi à les protéger, et à voir la multipolarité comme une opportunité de renforcer leur souveraineté, et donc d’acquérir une vraie liberté, une perspective historique, leur droit à une liberté indépendante, créative, développement original, à un processus harmonieux.

Partout dans le monde, y compris en Europe et aux États-Unis, comme je l’ai dit, nous avons de nombreuses personnes partageant les mêmes idées, et nous ressentons, nous voyons leur soutien. Un mouvement de libération anticolonial contre l’hégémonie unipolaire se développe déjà au sein des pays et des sociétés les plus diverses.

Sa subjectivité ne fera que grandir. C’est cette force qui déterminera la future réalité géopolitique.

Et il a conclu en citant le philosophe conservateur Ivan Iline, qui a émigré à la révolution russe et est devenu une référence ultra-conservatrice nationaliste après 1989 :

« Si je considère la Russie comme ma patrie, cela signifie que j’aime en russe, contemple et pense, chante et parle russe, que je crois en la force spirituelle du peuple russe. Son esprit est mon esprit, son destin est mon destin, sa souffrance est ma douleur, sa floraison est ma joie. »

Pour résumer : le régime russe adopte officiellement une ligne conservatrice révolutionnaire qui, auparavant, était sous-jacente. Cela correspond forcément à la transformation de la Russie en capitalisme monopoliste d’État, c’est-à-dire en dictature d’une petite minorité, de type oligarchique, dans une perspective militariste ouverte.

La Russie s’arqueboute ainsi et la ligne du régime est de se poser comme outil historique nécessaire aux pays du tiers-monde en « développement » : si le Brésil, le Mexique, l’Afrique du Sud, l’Iran, la Turquie, la Chine, l’Inde… veulent parvenir à passer un cap, alors ils ont obligatoirement besoin de la Russie pour contrer la superpuissance américaine hégémonique qui compte maintenir sa position de force au niveau mondial.

Cela montre le très haut niveau stratégique de l’appareil d’État russe, ce qu’on appelle en anglais le 4D chess, les échecs en quatre dimensions, c’est-à-dire une analyse ultra-poussée avec des enchevêtrements tels que vu de l’extérieur on n’en saisit pas les fils conducteurs.

La Russie considère qu’il y a une crise et elle veut passer entre les mailles du filet. Elle fait, à sa manière, ce que le Royaume-Uni a fait avec le Brexit.

Le régime ukrainien a très bien compris ce que cela impliquait pour lui et a le même jour demandé son entrée officielle dans l’OTAN puisque, sur le terrain, l’Ukraine est déjà entièrement opérationnelle selon le mode de l’OTAN et avec son matériel. Le secrétaire de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a accepté la demande mais immédiatement expliqué que ce n’était pas possible, puisque cela impliquerait immédiatement une guerre OTAN-Russie.

Reste à voir comment vont réagir les pays européens. Le maintien de la Russie sur une ligne dure, sur une position forte, va bouleverser le paysage politique après l’hiver si l’Ukraine n’a pas réalisé de succès militaire majeur. Les plaques tectoniques des contradictions entre puissances ne sont de toutes façons pas près de cesser – on n’échappera pas à la 3e guerre mondiale, à moins d’un bouleversement révolutionnaire d’ampleur sur la face du monde. Et sinon ce bouleversement sera produit par la guerre.

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Grande manifestation anti-OTAN à Prague

Une premier fait marquant en ce sens.

C’est un phénomène de la plus haute importance qui s’est déroulé le 3 septembre 2022 à Prague, capitale de la République tchèque. Il y a en effet eu une manifestation demandant la démission du gouvernement en raison de la hausse des prix et du soutien à l’OTAN, avec l’affirmation très claire du refus de participer au front soutenant la Russie. Or, le pays est idéologiquement entièrement dans les mains de la superpuissance américaine.

Le Premier ministre Petr Fiala a ainsi expliqué que la manifestation avait été faite à l’appel « des forces qui professent une orientation pro-russe, qui sont proches de positions extrêmes et qui sont contre les intérêts de la République tchèque ».

Une telle manifestation, avec au moins 70 000 personnes (selon les autorités), est donc une première réelle rupture dans ce pays, et au-delà dans tous les pays d’Europe qui sont entièrement alignés sur la superpuissance américaine et l’OTAN.

Une telle manifestation peut très bien avoir lieu demain à Vienne en Autriche ou Rome en Italie, pour prendre deux pays où la contestation est très vive, mais également à Berlin en Allemagne ou même Paris. C’est cela tendance du moment… pour le meilleur et pour le pire. Car les choses peuvent pencher à droite comme à gauche.

A Prague, les deux mouvements majeurs ayant porté le mouvement, dans une grande concurrence bien entendu, sont ainsi Trikolora et le KSCM. Trikolora, avec à sa tête une femme, Majerová Zahradníková, est à peu près l’équivalent du Rassemblement national de Marine Le Pen. Le KSCM est le Parti communiste de Bohême et Moravie. Il faut savoir que, historiquement, la Tchécoslovaquie est le pays où le Parti Communiste avait proportionnellement le plus d’adhérents, dans le seul pays d’Europe centrale à avoir d’ailleurs réellement développé le capitalisme au début du 20e siècle.

On a donc une véritable polarisation ou un début de polarisation, mais sans que l’alternative à gauche n’apparaisse comme différente, supérieure à celle de l’extrême-Droite, les gens ayant une conscience sociale trop arriérée pour être au niveau. Il ne faut pas se leurrer : dans la situation actuelle, la Gauche tchèque anti-OTAN va se faire manger toute crue par l’extrême-Droite.

Si l’on veut ici parler de la France, il y a également une nuance importante. La manifestation à Prague était également anti-Union européenne, ce qui en France n’est pas possible : tous les partis parlementaires acceptent l’Union européenne, parce que la bourgeoisie française y joue un rôle majeur. Les mouvements extra-parlementaires sont quant à eux totalement impuissants.

Le modèle praguois n’est donc pas reproductible, alors que de plus les Tchèques sont également des Slaves proches des Russes historiquement, que la dépendance énergétique tchèque vis-à-vis de la Russie est très marquée. Néanmoins, cela montre qu’il se passe quelque chose, le fait même que cette manifestation a lieu dans un pays aligné totalement sur la superpuissance américaine montre qu’une cassure est possible.

Il faut étudier ce processus, qui peut très bien prendre la forme d’une rupture rampante dans la société – en prenant bien en compte que le grand risque, c’est la mise d’une opposition fictive « élites » – peuple qui ne peut que servir le fascisme. La France insoumise est ici, rappelons le, un tremplin pour la montée du fascisme dans notre pays. Ce dont on a besoin, c’est de la Gauche historique, pas du populisme, ni des gilets jaunes, etc.

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L’Assemblée nationale vote l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN

Le camp du bellicisme est totalement dominant en France.

Ce 2 août 2022, dans le plus grand silence médiatique, s’est tenue à l’Assemblée nationale la « discussion du projet de loi autorisant la ratification du protocole au Traité de l’Atlantique Nord sur l’accession de la République de Finlande et la ratification du protocole au Traité de l’Atlantique Nord sur l’accession du Royaume de Suède ».

Il ne s’agit bien entendu pas d’une discussion, mais d’un moment où chaque groupe parlementaire exprime son opinion tout en nuances par rapport à ce qui est considéré comme déjà acquis. Personne n’a ainsi dénoncé l’OTAN ; il y a ceux pour, ceux pour d’une autre manière, ceux qui pensent qu’on aurait pu ou dû faire différemment. Cela s’arrête là et en deux heures l’affaire a été pliée, prolongeant le même vote au Sénat le 21 juillet 2022, après la mise en place du projet de loi par le gouvernement et l’aval immédiat par le Conseil d’État, les 12-13 juillet.

Catherine Colonna, ministre des Affaires étrangères, a présenté cette adhésion comme un « grand réveil stratégique ». Elle a souligné le parallèle entre l’OTAN et l’Union européenne ; elle a affirmé que pour la période intermédiaire jusqu’à l’adhésion (puisque tous les pays membres doivent signer leur accord), la Finlande et la Suède seront « protégés ».

Catherine Colonna a d’ailleurs à ce niveau prétendu que la Finlande et la Suède seraient en « rupture » avec leur neutralité précédente. Cela n’est pas du tout vrai. En réalité, la Suède faisait comme la Norvège en agissant comme pays pseudo « neutre » pour servir d’intermédiaires, notamment lors de l’établissement d’accords de paix ou de l’accueil et l’intégration d’opposants politiques fuyant leurs pays (et rompant en pratique ainsi avec ceux-ci).

Et sur le plan militaire, la Finlande et la Suède sont organisées depuis longtemps avec l’OTAN, même si de manière non officielle. Il faut bien comprendre que l’OTAN exige une correspondance à haut niveau sur le plan du matériel et de bonnes relations pratiques. Tout cela est déjà mis en place depuis longtemps déjà. Si ce n’était pas le cas, jamais l’adhésion n’aurait pu avoir lieu de manière aussi rapide !

Catherine Colonna a d’ailleurs bien été obligée de dire qu’effectivement les armées finlandaise et suédoise disposaient déjà d’une vaste interopérabilité avec les forces de l’OTAN. L’adhésion ne fait que tomber les masques.

Bien entendu, cela implique d’autant plus de dénoncer la Russie comme seule fautive, l’OTAN étant soit disant seulement défensive. C’est Jean-Louis Bourlanges, rapporteur de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale et membre du Modem (et donc de la majorité présidentielle), qui s’est chargé de tenir un discours violemment agressif à ce sujet. « Pour l’OTAN c’est l’heure du réveil », « L’Amérique est de retour »… En avant, marche !

Après cette introduction, les intervenants de chaque groupe ont parlé… cinq minutes.

Tematai Le Gavic a parlé le premier, pour le groupe de la Gauche démocrate et républicaine (mis en place par le PCF), sans vraiment le dire puisqu’il a parlé en fait en quelque sorte de la NUPES en général, lui-même étant un indépendantiste polynésien (de 21 ans) rattaché au groupe du PCF (groupe lui-même membre de la NUPES). Il a tenu un discours sympathique et n’allant pas loin, il a dit qu’il fallait plus de diplomatie, moins de guerre et que par conséquent… Les députés NUPES voteront soit contre, soit s’abstiendront.

Comme lui-même est député de la Polynésie française, il a d’ailleurs justement un petit discours sur les armes atomiques (de par les tests français dans la région), ce qui est censé suffire pour apparaître comme « positif ».

Après lui, le centriste « neutre » Stéphane Lenormand et Natalia Pouzyreff, de la majorité présidentielle et même du parti gouvernemental (« Renaissance »), ont tous les deux souligné l’importance d’une « Europe de la Défense », la seconde mettant en valeur les sanctions contre la Russie, qui seraient efficaces.

Après cela, Laurent Jacobelli, du Rassemblement National, a dit qu’il faudrait bien discuter avec la Russie, qu’il ne fallait pas suivre les impérialismes russes et américain, que l’Union européenne était une bureaucratie, que l’adhésion de la Finlande et de la Suède étaient trop précipitée. Il est resté somme toute très mesuré, comme son parti et Marine Le Pen depuis le début de la guerre.

Aurélien Saintoul, de La France Insoumise, a pris la parole après eux, et a directement commencé en dénonçant la Russie, son invasion et les crimes commis dans la foulée, reprenant donc à son compte le discours dominant.

Puis il a expliqué qu’il fallait partir du point de vue des intérêts français. Il a alors expliqué que tout était très compliqué, bref il a fait de la géopolitique, en disant qu’il fallait faire autre chose. C’est la ligne réelle de Jean-Luc Mélenchon et de La France Insoumise : la France doit être une sorte de capitalisme impérial à vocation sociale et trouvant une place idéale en jouant sur la carte du « monde multipolaire ». La preuve de cela, c’est qu’il n’y a aucune dénonciation de l’OTAN et cela montre bien la nature de La France Insoumise.

Michèle Tabarot, de la Droite traditionnelle avec Les Républicains, a expliqué que son groupe soutenait l’adhésion, et voilà tout.

Frédéric Petit, du Modem et Indépendants, donc de la majorité présidentielle, a dénoncé « l’impérialisme moscovite », reprenant le discours ukrainien qu’il n’y a pas de Russie, mais simplement une « Moscovie », lui-même utilisant le terme.

Ce député a également parlé de la région qui lui tient à cœur et qui allait « de la mer Baltique à la Mer Noire », ce qui est le discours historique de l’expansionnisme polonais de Pilsudski des années 1930. Et on comprenne qu’elle lui tienne à cœur, cette région, puisqu’il a été employé dans l’Est européen par Consolis, « groupe industriel européen du secteur de la construction , des travaux publics et de l’infrastructure ferroviaire, spécialisé dans la conception d’ouvrages et de bâtiments hautes performances en béton ».

Alain David, pour les socialistes, a grosso modo présenté le soutien à l’adhésion de la Finlande et de la Suède comme inévitable, et a appelé à la mise en place d’une « armée européenne » représentant l’Union européenne.

Sa prise de parole a été suivie par celle de Jean-François Portarrieu, du groupe Horizons et apparentés (Horizons est un parti de la majorité présidentielle, fondé par l’ancien premier ministre Édouard Philippe), qui a dit la même chose sur la nécessité d’une armée européenne.

A suivi Cyrielle Chatelain, d’Europe Écologie Les Verts, qui a bien entendu soutenu l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN, dénonçant la Russie en reprenant tous les arguments de la propagande ukrainienne et américaine. Elle a appelé à une Europe de la Défense où l’armée française, fort de son ampleur, jouerait un rôle central, ce qui permettrait de mieux défendre les zones d’influence françaises !

C’est Emmanuelle Ménard (dont le mari est Robert Ménard, maire de Béziers) qui a conclu, c’est une souverainiste (députée de Béziers) et ce qu’elle a dit n’était pas clair du tout.

On se rappellera ici que la Turquie a dit qu’elle accepterait l’adhésion de la Finlande et de la Suède s’il y a expulsion de gens considérés comme terroristes. Ce thème a été repris par Jean-Louis Bourlanges (le rapporteur de l’assemblée), Aurélien Saintoul (de LFI), Michèle Tabarot (LR), Alain David (PS) et Cyrielle Chatelain (EELV) afin de dénoncer très violemment la Turquie. Jean-Louis Bourlanges a ouvertement expliqué que la Turquie attaquerait la Syrie et la Grèce, mais sans doute pas encore de par le climat actuel.

La guerre avec la Turquie est clairement un leitmotiv à l’arrière-plan de la vie politique française.

Il y a eu après ces interventions un vote rapide, à main levée, pour les articles, s’ils sont à modifier. Ont suivi alors des « explications de vote ».

Jean-Paul Le Coq a pris la parole le premier, au nom du groupe mis en place par le PCF. La première chose qu’il a mis en avant c’est… la solidarité avec l’Ukraine, et le soutien aux « résistants ukrainiens » sur le terrain ! Il a appelé à la paix et a expliqué qu’il faudra à l’avenir une zone démilitarisée à l’Est de l’Europe.

Mireillee Clapot, du parti présidentiel Renaissance, a directement dit que l’Union européenne c’était le politique et le social, l’OTAN le militaire.

Nadège Abomangoli, de La France Insoumise, a regretté l’époque où la Finlande et la Suède étaient (soit disant) non-alignés et d’excellents « médiateurs », mais leur choix de rejoindre l’OTAN revient au Poutine qualifié de « criminel ». Elle a également dénoncé longuement le régime turc. Elle a ensuite prôné de manière assez confuse un monde « multipolaire ».

Jean-Louis Thiérot, de la Droite traditionnelle avec Les Républicains, a dénoncé l’agresseur russe, menace collective pour la sécurité européenne.

Frédéric Petit, du Modem et Indépendants, a repris la parole, pour expliquer que la Russie souffre des sanctions, et que de toutes façons « l’impérialisme moscovite » est le même depuis deux cents ans. Ce fou furieux représente vraiment la fraction la plus agressive visant au démantèlement de la Russie et à ce titre il faudra suivre ses délires, car plus il aura du poids, plus cela voudra dire que le bellicisme le plus dangereux prend le dessus.

Guillaume Garot, des socialistes, a simplement dit qu’il y avait une nouvelle géopolitique à la suite de l’invasion russe, et que les socialistes voteraient l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN.

Hubert Julien-Laferrière, d’EELV, a dénoncé la Russie et mit en valeur l’idéologie de l’Union européenne.

Enfin, un peu avant 23h30, il y a le vote, avec 308 votants, 255 suffrages exprimés, 209 voix pour, 46 contre.

L’Assemblé nationale a voté pour la Finlande et la Suède dans l’OTAN. Aucune voix n’a dénoncé l’OTAN comme une entreprise belliciste, personne n’a dénoncé la fourniture d’armes, de matériel et d’argent à l’Ukraine par la France et l’Union européenne. Tout passe comme une lettre à la poste, avec La France Insoumise et le PCF servant de faire-valoir au régime, faisant beaucoup de bruit au sujet du social, tout en ne remettant en rien en cause du fond même du régime français, de son capitalisme, de sa marche à la guerre.

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Parlement : où est la voix du pacifisme à gauche ?

Perdue entre les social-patriotes et les euro-libéraux.

Mardi 26 juillet avait lieu devant la commission de défense de l’Assemblée nationale la présentation du futur projet de loi pour la ratification du protocole d’accession de la Suède et de la Finlande à l’OTAN.

C’est la députée de la majorité présidentielle Natalia Pouzyreff qui en tant que rapporteuse du projet de loi a énoncé devant les différents membres de la commission les enjeux de ces adhésions, reprenant de bout en bout la litanie américaine à propos de la « menace russe » et de la nécessité d’apporter soutien à l’adhésion des deux pays nordiques à l’OTAN.

Après avoir présenté vaguement la « contribution » militaire de ces deux pays à l’alliance atlantique, elle a dévoilé le principal objectif qui est l’ « apport de profondeur stratégique sur le flanc oriental », consistant en fait à accentuer une logique de bloc contre bloc, et donc l’engrenage belliciste.

Les présidents de chaque groupe parlementaire devaient à la suite de cette présentation exposer leurs positions en vue du prochain vote à l’Assemblée nationale le 2 août. La Gauche était en droit d’attendre la défense de positions pacifistes et internationalistes. Or, comme l’ont déjà montré les votes au Sénat des différentes groupes parlementaires de « gauche », rien de tout cela n’est ressorti et la NUPES révèle d’ailleurs ces craquements sur ce sujet si fondamental.

Pour Aurélien Saintoul, président du groupe LFI, il n’a fait que simplement regretter un « mécanisme de polarisation des relations internationales » qui ne serait pas dans l’intérêt des pays nordiques, ni dans celui de la France alors que leur adhésion à l’Union européenne et leur participation aux exercices de l’OTAN suffiraient à les protéger.

Mais le pire est sûrement les propos du député LFI Frédéric Mathieu qui, tout en dénonçant les positions pro-OTAN de la présidente du groupe EELV Anne le Hénanff et plus indirectement celle d’Isabelle Santiago, présidente du groupe PS, également pro-OTAN, fustige ces adhésions car cela renforcerait l’industrie militaire américaine, au détriment du complexe militaro-industriel français (pompeusement dénommé par son nom institutionnel « base industrielle technologique de défense » – BITD).

La paix et la solidarité entre les peuples, dans tout cela ? Pas un mot. La Gauche est inexistante dans cette affaire, puisque l’on a droit à un alignement chauvin sur la France, ou bien une position pro-OTAN, pro-UE par le PS et EELV, ce dernier par la voix de sa présidente Anne le Hénanff reprenant tout l’argumentaire de la propagande anti-russe.

Et malheureusement, comme on en a que trop l’habitude, c’est la démagogie d’extrême-droite qui réussit à dénoncer les arguments pro-OTAN tenus par la majorité présidentielle, même si le groupe préconise une bien timide abstention puisqu’au fond l’idée est surtout de pouvoir tisser une alliance militaire « autonome » avec ces pays nordiques.

Toujours est-il que seul Laurent Jacobelli, président du groupe RN, a rappelé que les deux pays nordiques étaient liés militairement depuis longtemps aux États-Unis, rappelant le « renoncement du programme militaire suédois dans les années 1980 fait en contrepartie d’une garantie d’assistance militaire par les États-Unis » et interprétant ces adhésions comme un « signal belliqueux envoyé à la Russie ».

Pire, bien pire car cela devrait être le B-A-BA d’une position de Gauche en relation avec un rejet franc de ce projet de loi, Laurent Jacobelli a eu ces propos en fin de commission :

N’oublions pas quand même que notre objectif, en tout cas je l’espère mes chers collègues, n’est pas la guerre et madame la rapporteur j’ai été, je le crois, assez étonné, même un peu surpris de vos propos, toujours précis et toujours très clairs, mais vous nous avez expliqué que l’on avait essayé la diplomatie, vous nous avez expliqué que l’on avait essayé les représailles économiques, que tout ça n’avait pas marché et qu’on avait un ennemi qui est la Russie. J’ai très peur de la troisième étape. Donc faisons attention aux éléments qui pourraient laisser imaginer que nous sommes dans une attitude de vouloir la troisième guerre mondiale

Évidemment, il ne faudrait pas tomber dans le piège tendu par l’extrême-droite qui est d’apparaître comme pacifiste pour mieux être populaire. On sait combien le RN souhaite redessiner un axe nationaliste pour la France, en partenariat notamment avec la Russie.

Et c’est cela qui est inquiétant car sans une dénonciation ferme du bellicisme pro-OTAN sur une base internationaliste, c’est un mauvais substitut qui triomphera dans une partie de l’opinion publique, à savoir le fascisme… Espérons que les députés PCF, visiblement absents lors de cette présentation à la commission, assumeront cela lors des débats à l’assemblée nationale le 2 août.

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Le Sénat valide l’entrée de la Finlande et de la Suède dans l’OTAN

La convergence avec l’OTAN est quasi totale.

Les médias français ont passé sous silence le vote du Sénat concernant l’acceptation de la Finlande et de la Suède dans l’OTAN. Les résultats du scrutin ont été les suivants : sur 348 votants, il y a eu 340 votes exprimés, avec 323 pour, 17 contre.

Les 17 votants contre l’acceptation :

– appartiennent au groupe sénatorial mis en place par le PCF pour 15 d’entre eux : Cathy Apourceau-Poly, Éliane Assassi, Jérémy Bacchi, Éric Bocquet, Céline Brulin, Laurence Cohen, Cécile Cukierman, Fabien Gay, Mme Michelle Gréaume, Gérard Lahellec, Pierre Laurent, Marie-Noëlle Lienemann, Pierre Ouzoulias, Pascal Savoldelli, Marie-Claude Varaillas ;

– consistent en deux élus de Droite souverainiste et d’extrême-Droite pour le reste : Jean Louis Masson, Stéphane Ravier.

C’est une très bonne chose que les sénateurs liés au PCF aient en bloc voté contre l’adhésion. C’est très positif, car le PCF va devoir basculer. Avant la guerre en Ukraine, il était encore pour la sortie de la France de l’OTAN et même la dissolution de l’OTAN. Seulement, aujourd’hui, assumer une telle position est quelque chose d’extrêmement conflictuel.

Le PCF osera-t-il affronter une opinion publique chauffée à blanc, des institutions totalement pro-Ukraine ? C’est tout simplement impossible. Et autant là le vote du Sénat est passé inaperçu, autant le vote à l’Assemblée nationale sera plus visible et là il faudra assumer dans un sens ou dans un autre.

Surtout que, bien entendu, ce n’est pas du tout la position du Parti socialiste et d’EELV. Chez EELV, l’unanimité a été pro-OTAN. Du côté socialiste, 59 ont voté pour, 5 autres se cachant dans l’abstention : Jérôme Durain, Gisèle Jourda, Laurence Rossignol, Jean-Claude Tissot, Mickaël Vallet.

Ces gens se sont mis dans une position intenable, cherchant à échapper à une question hautement politique en passant inaperçu. L’Histoire va ici être impitoyable avec leur lâcheté.

Les 3 derniers abstentionnistes sont de la Droite traditionnelle : Sylvie Goy-Chavent, MM. Alain Houpert, Alain Joyandet, de Les Républicains, les autres sénateurs membres du groupe s’alignant sur l’OTAN.

Cela montre que la question va tanguer politiquement à gauche, car la totalité des institutions est pro-OTAN. Y a-t-il encore de la place pour une contestation à la PCF ? On va très vite le savoir et on sait déjà que la réponse sera négative dans un tel contexte de marche à la guerre.