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Écologie

Pétition contre les pollutions sonores et atmosphériques des scooters et motos

Une pétition initiée par le collectif « Ras le scoot« .

Le lien pour signer : mesopinions.com

Voici le texte de la pétition :

« M. Macron, Stop au vacarme des motos

Le 11 août 2021, nous fûmes nombreux à nous réjouir d’apprendre la mise en place du contrôle technique pour les scooters et motos. Et tous très déçus d’apprendre le lendemain que vous, Président de la République, annuliez cette décision, sous prétexte de ne pas embêter les français. 

En ville ou à la campagne, chacun constate que les deux roues motorisés font beaucoup plus de bruit que les voitures. Les motos et scooters sont la deuxième cause de nuisance sonore citée par les Franciliens. Selon BruitParif, une moto débridée peut réveiller à elle seule dix mille riverains en traversant Paris. En vallée de Chevreuse, dans les Vosges, en Provence, les élus et les habitants se mobilisent contre le vacarme des motards qui prennent les petites routes pour un circuit, dégradant la qualité de vie des habitants. Une récente étude[1] chiffre à 156 milliards d’euros par an le coût social du bruit. Car la lutte contre le bruit est un enjeu de santé publique.

D’autre part, plusieurs études[2] ont démontré que les véhicules deux roues motorisés polluent beaucoup plus que les voitures à essence : 2 à 15 fois plus d’oxydes d’azote (NOX), 3 à 20 fois plus de monoxyde de carbone (CO) et 15 à 1 000 fois plus d’hydro­carbures (HC). Des émissions de polluants qui ont de sérieux impacts sanitaires.

Il existe des normes de bruit et de pollution atmosphérique. Constatant les pollutions sonores et atmosphériques excessives et sachant que de nombreux motards modifient leur échappement pour faire encore plus de bruit, il est incompréhensible que vous exemptiez ces véhicules du contrôle de conformité que constitue le contrôle technique. De plus, ce contrôle est prévu par une directive européenne de 2014, comment comprendre que la France – qui assurera la présidence du Conseil européen au premier semestre 2022 – décide de ne pas appliquer la législation européenne ?

Ainsi, Monsieur le Président de la République, nous demandons d’agir pour réduire les pollutions sonores et atmosphériques occasionnées par les scooters et motos :

1 En instaurant le contrôle technique pour tous les deux-roues motorisés thermiques (y compris cyclomoteurs) au 1er janvier 2023

2 En révisant les normes et modalités d’homologation des deux-roues motorisés pour limiter l’émission sonore réelle à 68 dB (comme les voitures – cible 2024)

3 En accélérant le déploiement de radars anti-bruit fixes pour contrôler et verbaliser les nuisances sonores des véhicules

4 En augmentant les moyens permettant aux forces de l’ordre de procéder à des contrôles aléatoires portant sur la conformité des véhicules deux roues motorisés ; mener des campagnes de contrôle régulières

5 En créant un observatoire des nuisances sonores pour surveiller ces nuisances et proposer des solutions adaptées à chaque environnement pour les réduire.

Après la signature, n’hésitez pas à compléter votre profil avec vos noms et prénoms afin de donner plus de poids à la pétition!

Vous pouvez adhérer à l’association RasLeScoot en suivant ce lien : https://www.helloasso.com/associations/raslescoot/adhesions/adhesion-individuelle

[1] Source : Le coût social du bruit, étude Ademe/Conseil national du bruit, 2021

[2] Source : D Pillot, Analyse des émissions de 2 roues et quadricycles motorisés, Ifsttar-Ademe, 2017 et ICCT, Emissions polluantes provenant de cyclomoteurs, motocycles et autres véhicules de catégorie L à Paris, fiche d’information du TRUE (the real urban emissions initiative), 2019, 2 p »

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Écologie

Les ZFE, une mesure anti-populaire, anti-démocratique

La ZFE, pour zone à faible émission, est une mesure libérale, par nature anti-populaire et anti-démocratique.

La pollution aux oxydes d’azote est un fléau des villes, comme de certain territoires encaissés dans des vallées alpines. Les oxydes d’azote ou gaz Nox, sont issues de la combustion partielle du carburant des véhicules, et plus le véhicule est ancien, plus il en émet, et cela d’autant plus s’il fonctionne encore au diesel.

Il faut donc bien trouver une solution à ce problème écologique. Mais voilà : dans un monde libéral qui vomie le collectivisme, les dirigeants agissent surtout en accompagnant les individus à se conformer aux exigences du marché.

C’est dans cet esprit qu’est née en 1998 la pastille verte pour reconnaitre les véhicules les moins polluants. Finalement, l’obligation des catalyseurs sur les échappements de voiture a rendu caduc la pastille, la majorité des véhicules des années 2000 pouvant avoir la pastille verte. En juillet 2016 ont donc été lancées les vignettes Crit’air, allant de la pastille verte « véhicule zéro émission » à la pastille noire niveau 5, pour les véhicules diesel datant d’entre 1997 et 2000.

Évidemment, ces normes Crit’air sont ridicules car elles ne tiennent compte que de l’émission immédiate. Une véhicule électrique est donc un véhicule dit « zéro émission » alors que tout le monde sait bien maintenant que la fabrication des batteries, et notamment de ces composants, est très polluants et émetteur de gaz à effet de serre. Sans même parler du fait que, plus lourdes, les véhicules électriques risquent d’émettre plus de particules fines liées à l’usure des pneus et des disques de freins que des véhicules à moteur à combustion.

Soumission de la société à l’économie de marché oblige, c’est pourtant sur la base de ces normes que les « zones à faible émission » ont vu le jour dans plusieurs villes. Ces « ZFE » visent à interdire les véhicules les plus polluants à circuler dans les villes.

On retrouve ces zones dans le centre-ville de Grenoble depuis 2017, à Paris depuis 2019… Actuellement en cours de discussion parlementaire, la loi « Climat et résilience » souhaite étendre ces zones à toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants d’ici 2025. Une ZFE est même envisagée dans la vallée de l’Arve, une vallée alpine particulièrement sujette à la pollution.

Récemment, le Sénat, cette assemblée qui relève du pouvoir des notables de l' »arrière-pays », a repoussé l’interdiction des véhicules Crit’air 3, 4, et 5 aux ZFE de 2025 à 2030. Des amendements ont également été adoptés sur des dérogations possibles, et la nécessité d’étude préalable pour mesurer l’impact « économique » d’une ZFE. Les notables se font la courroie de transmission des beaufs des campagnes, de ces « motards » et ces « automobilistes en colère ».

En fait, la mesure ZFE et ses critiques montre combien il est difficile de ne pas se faire piéger entre Charybde et Scylla, entre les libéraux progressistes et les conservateurs populistes. Et combien on a besoin d’un retour de la Gauche ancrée dans les luttes des classes.

Quand on voit comment une ex-militante de Gauche qui a basculé dans le nationalisme, s’oppose à la ZFE, on a tout compris. Voici ce que cette personne dit dans une vidéo d’une émission destinée au grand public :

« Aujourd’hui ce sont les métropoles qui concentrent les emplois, et notamment les plus valorisés. Ce sont les métropoles qui concentrent les musées ou les théâtres, ce sont les métropoles où l’on trouve les services les plus performants. Interdire l’accès à ces métropoles à ceux qui n’ont que leur voiture comme moyen de déplacement, c’est décider littéralement, sous couvert de bon sentiment, que ces métropoles sont désormais des citadelles réservées à une minorité d’urbains et d’individus favorisés pouvant se payer le luxe d’une voiture électrique ou un loft dans les beaux quartiers de la capitale et par là même d’un air qui ne serait être pollué par ces sales pauvres qui ne sont rien, ces beaufs qui fument des roulés et qui roulent au diesel »

On nage dans le populisme le plus caricatural. C’est tout à fait logique car ce discours relève complètement du style gilet jaune, et n’est là que pour servir les intérêts de la petite-bourgeoisie, principalement les artisans et les auto-entrepreneurs. Une couche sociale qui veut sa place au soleil et donc le statu quo.

C’est bien là qu’on voit la nature réactionnaire du nationalisme à prétention « populaire », sa vocation à neutraliser la lutte des classes, à écarter l’objectif d’une société démocratique et populaire dirigée par la classe ouvrière.

Car si l’on pense aux prolétaires qui font 15 à 20 minutes de trajet pour se rendre dans une zone industrielle, ou commerciale, ou un chantier, on voit bien que l’attachement à la voiture n’est finalement qu’une contrainte. Le monde est ainsi fait que les gens font comme ils peuvent, avec ce qu’on leur propose…

Mais de là à vanter ce modèle de transport, pur produit de l’individualisme et de l’écocide si tant est qu’on attache une importance sensible aux animaux morts sur les bords des routes, il y a un sacré pas.

Plus qu’un « droit à la ville », les prolétaires ont surtout droit à une vie riche et collective, à des emplois moins aliénants à proximité de leur lieu de résidence, à des lieux de culture épanouissants, à des transports confortables, moins aliénants, moins individualisants. Il faut d’ailleurs être bien éloigné de la classe ouvrière pour penser que c’est dans cette classe sociale qu’il y a les véhicules les plus polluants.

Au contraire, n’importe quel ouvrier de plus de 30 ans attache une grande importance à son véhicule, qu’il veut forcément confortable, moderne, familial, et donc relevant des normes soit-disant moins polluantes. Le problème n’est en fait pas là.

La ZFE pose surtout la question de l’étape populaire et démocratique dans la construction d’une société écologique. Il est faux de dire que la ZFE pose le dilemme entre pro et anti-voitures, de même qu’il est absurde de soutenir les groupes d’ « automobilistes » et de « motards » mobilisés contre cette restriction. Ces mêmes groupes qui étaient remontés il y a un peu contre le « 80 km/h », oui ces beaufs qui forment la base du populisme gilet jaune.

L’enjeu se situe au niveau de la contradiction entre les villes et les campagnes. Les campagnes ont droit à leurs lignes de tramways, tout comme les grandes métropoles ont droit à des transports accessibles à tous, et surtout elles doivent être brisées, démantelées.

Le pays a droit un développement homogène, avec des territoires reliés les uns aux autres par des transports collectifs efficaces, des territoires à la fois autonomes et dépendants entre eux. Il faut le meilleur des villes et le meilleur des campagnes dans une nouvelle unité de vie, voilà l’enjeu profond du débat des ZFE.

La mise en application des ZFE devrait ainsi être l’étincelle qui met le feu à la plaine mais non pas sur une base d’un retour aux années 1970, mais en revendication de transports en commun pour tous et partout, avec donc en filigrane la planification démocratique du développement social. Des années 1970, seul le slogan des autonomes doit être retenu : « que voulons nous ? Tout ! ».

Tout ! C’est-à-dire toute la richesse collective pour avoir un pays qui se développe de manière homogène, pour en finir avec les déséquilibres injustes entre grandes métropoles et campagnes, et pour avoir des transports collectifs respectueux de la personnalité humaine et de la Biosphère.

Pour cela, il faut une Gauche qui assume la lutte des classes pour vraiment régler l’opposition entre la ville et la campagne, et non pas pour opposer l’une à l’autre de manière unilatérale et bornée comme les font les bobos libéraux et les beaufs populistes.

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Deux associations demandent l’interdiction des cheminées à foyer ouvert

Alors que la connaissance de la pollution de l’air ne fait que progresser en France, l’État n’opère pas de véritables changements en rapport avec ces nouvelles analyses, notamment en ce qui concerne le chauffage au bois.

En décembre 2014, Ségolène Royal, alors ministre de l’environnement, déclarait très fièrement :

« J’ai rétabli la liberté (…) J’ai ici la lettre d’instruction qui est partie hier au préfet de région qui lui demande de modifier son arrêté sur ce point là, en disant que cela n’a aucun sens d’une part. Deuxièmement, au moment où je développe les énergies renouvelable, et donc l’énergie bois, ce qu’on appelle la biomasse, c’était quand même un contre-indicateur »

Ces propos faisaient suite à l’obtention par l’association de mesure de la qualité de l’air Airparif d’un arrêté d’interdiction au 1er janvier 2015 des feux de cheminée à foyer ouvert à Paris ainsi que dans 435 communes d’Île-de-France. Malgré les tentatives de l’ex-ministre de l’environnement, l’arrêté d’interdiction des foyers ouverts a bien été adopté, après annulation de l’arrêté de Ségolène Royal à l’été 2015.

Ségolène Royal choisissait ici la voix du populisme au service de l’industrie du bois, plutôt qu’une approche démocratique, rationnelle, populaire. Car il est avéré depuis plusieurs années que la combustion de biomasse d’origine naturelle, telle que le bois, est émettrice de particules fines très nocives pour la santé. En Île-de-France, on estime qu’environ un tiers des particules fines sont issues du chauffage au bois.

Pendant le confinement, alors que l’industrie était en sommeil et la circulation routière au ralenti, le bassin d’Île-de-France a connu des pics de pollution en partie causés par les feux de cheminée.

Notons que si la combustion de bois dans un foyer ouvert est grande génératrice de particules fines, on ne sait pas vraiment ce qu’il en est des « foyers fermés » ou des poêles à granulés, qui seraient potentiellement émetteurs de particules ultra-fines (PUF).

C’est en ce sens que l’Association pour le respect du site du Mont-Blanc ainsi que Strasbourg Respire ont co-signé une tribune le 15 octobre 2020 pour souligner la nécessité d’en finir avec les cheminées à foyers ouverts.

Voici cette tribune :

« Après avoir connu un déclin jusque dans les années 80 le chauffage au bois bénéficie aujourd’hui d’une image extrêmement positive en France car considéré comme « traditionnel, millénaire, naturel, sain et renouvelable, donc écologique » et « bon pour la planète ». De telle sorte que le nombre d’appareils individuels de chauffage au bois a doublé en 20 ans pour atteindre 8 millions d’unités sur le territoire métropolitain, et que les chaufferies collectives au bois se multiplient en France.

Le chauffage au bois bénéficie de l’ignorance des élus quant à sa part dans la pollution atmosphérique. Or elle est écrasante, le chauffage au bois représente en France 14% des chauffages et 60% des particules PM2.5 – particules fines de moins de 2,5µm – qui causent 48000 décès prématurés par an dans notre pays !

Si ce mode de chauffage a le vent en poupe, il le doit aussi aux multiples aides et incitations financières. Par exemple dans la vallée la plus polluée de France, la Vallée de l’Arve, et plus récemment à Strasbourg, des aides financières – appelées fonds « Air-Bois » – ont été mises en place pour changer son poêle à bois contre…un autre poêle à bois!

Ce fonds Air-Bois est financé par l’ADEME (Agence de la Transition Ecologique) qui s’est fixé un agenda de développement de la part de la biomasse dans le mix énergétique de la France. La raison de ce plan est que la combustion de la biomasse est – à tort – considérée comme « neutre en carbone » dans les bilans Climat des Etats.

Nous affirmons qu’il s’agit d’une grave erreur. Pourquoi ?

1. Faire le choix du bois-énergie est mauvais pour le Climat :

La combustion de bois que ce soit dans une cheminée, un poêle à granulés ou une centrale électrique à biomasse (plaquettes ou granules de bois ) libère plus de CO2 dans l’atmosphère que la combustion de gaz, fuel ou charbon. De plus, il faudra plusieurs dizaines d’années à un arbre pour séquestrer autant de CO2 que celui émis en quelques heures par la combustion du bois.

La combustion du bois est donc bien loin d’être neutre en carbone sur le court et moyen terme et elle accroitra les émissions de gaz à effet de serre de 10% au niveau européen dans les prochaines décennies, comme l’ont récemment soulevé plusieurs chercheurs dans la revue Nature . « Désastreux pour les forêts et contre-productif pour le climat » tel est le constat sans appel de 800 chercheurs qui ont a récemment alerté l’Union Européenne.

2. Cause majeure de pollution :

Comme toute combustion, le bois rejette quantités de polluants, c’est de loin le mode de chauffage le plus polluant, malgré les filtres « performants ».

Il est une source majoritaire en France de particules fines. Rappelons que s’il existe de nombreuses sortes de particules (particules de frein, agriculture..), les particules de combustion issues de la combustion du bois, charbon, diesel sont de loin les plus toxiques car recouvertes d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ,causes de cancers, maladies cardiovasculaires, pathologies de la grossesse..Le bois émet 10 fois plus de HAP que le fioul, 114 fois plus que le gaz et 179 fois plus que le charbon.

Malgré le remplacement de plus de 4000 appareils sur 15000 chauffages au bois par des appareils à bois homologués les plus récents, le chauffage au bois cause des pics de pollution aux particules fines tous les hivers partout en France et en particulier dans la Vallée de l’Arve, où les taux de pollution restent au-dessus des recommandations de l’OMS.

Nous demandons l’arrêt de toutes les subventions ou incitations pour ce mode de chauffage individuel, qui seront orientées vers des modes de chauffage non polluants et renouvelables comme le solaire thermique ou les pompes à chaleur dans un cadre d’assainissement des émissions du secteur résidentiel.

Nous demandons également de stopper l’implantation et le développement de centrales collectives au bois, centrales qui ont malheureusement été récemment implantées à Strasbourg et déjà présentes dans de grandes agglomérations souvent polluées.

Nous demandons une gestion de la filière bois vers une exploitation du bois en puits de carbone (menuiserie, construction), plus respectueuse de la biodiversité, et non plus orientée vers le bois énergie. Nous souhaitons (comme l’ont fait Québec et Montréal):

  • L’interdiction des foyers ouverts dans les zones d’habitation dense ou sous plan de protection de l’atmosphère.
  • L’interdiction de l’utilisation de tous les chauffages au bois d’appoint durant les pics de pollution.
  • L’interdiction de la vente d’appareils à bois non homologués.
  • L’interdiction de construction de cheminées à foyer ouvert dans les zones d’habitation dense ou sous plan de protection de l’atmosphère. »
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La baisse de la pollution de l’air n’est que partielle

Nombreuses sont les remarques concernant la baisse de la pollution de l’air dans le monde, du fait de la réduction d’activité de près de 3 milliards d’êtres humains. Toutefois, il faut bien saisir l’ensemble des aspects afin de comprendre pourquoi des niveaux élevés de pollution sont encore perceptibles en certains endroits…

On a pu le constater partout sur la Planète : la pollution aux dioxydes d’azote (No2) baisse drastiquement. Cela est vrai à Paris comme à Pékin, Los Angeles, Milan, Londres… Ce gaz nocif résulte essentiellement de la haute température des moteurs à combustion des voitures et des camions.

On parle ici d’une pollution précise, celle produit par les déplacements humains et de la circulation de marchandises par camions. Cette baisse de la pollution est présentée un peu partout avec des cartes qui superpose les taux de concentration de No2 avant et après le confinement. On y voit une baisse est stupéfiante

Il faut cependant nuancer le propos, car la pollution de l’air ne se résume pas aux émissions liées à la circulation routière. Il y a d’autres émissions gazeuses comme les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP), comme le benzène ou le terrible benzo(a)pyrène) et les Composés Organiques Volatiles (COV), tels que par exemple les fluorocarbures utilisés pour le fluide frigorifique). Ces émissions polluantes sont d’ailleurs assez peu connues et étudiées, avec donc une réglementation encore lacunaire.

Là aussi, il est probable que ces pollution soient en baisse du fait qu’elles sont principalement le fait des activités industrielles. Encore que cela doit être étudié au cas par cas puisque certaines usines essentielles à la vie du pays peuvent encore tourner, et à plein régime (ne serait-ce que dans l’agroalimentaire).

La pollution de l’air, c’est également des particules solides et non plus à l’état gazeux comme les métaux lourds (plomb, nickel, cadmium…), ainsi que surtout les particules fines, de différentes tailles avec généralement une attention aux Pm 2,5 et Pm 10 (taille de moins de 10 microns, et moins de 2,5 microns).

Cette prise en compte de tous ces facteurs de pollution nous amène à voir que si la pollution en dioxyde d’azote baisse, cela n’est pas forcément le cas pour les autres sources. Par-exemple, les particules fines sont massivement issues de la combustion de biomasse (feux de cheminée et brûlage de déchets verts) et des épandages d’engrais agricoles.

Selon les régions, telle ou telle source de particules fines va être plus importante que d’autres. Dans les zones montagneuses soumises encore à des vagues de froid, les feux de cheminée engendrent des taux élevés de particules fines, et cela d’autant plus que le confinement renforce la quête du « cocon » du foyer.

Dans la vallée de l’Arve, déjà soumise à une pollution chronique, il a été constaté des dépassements temporaires des seuils réglementaires aux particules fines. Avec des pics dans certains endroits à presque 46 μg/m3 (microgrammes par mètres cubes d’air), le seuil de 20 en moyenne annuelle selon l’UE et 10 selon l’OMS est largement dépassé. Il y a là indéniablement l’effet de la combustion de biomasse (écobuage et feux de cheminée).

À cela s’ajoute dans les zones résidentielles avec jardin, des « écobuages » puisque les propriétaires aménagent leur jardin à l’arrivée du printemps. Avec la fermeture des déchetteries, le brûlage des déchets verts peut exploser, obligeant ainsi par exemple la préfecture des Alpes Maritimes a rappeler l’arrêté d’interdiction de cette pratique…

Mais on retrouve également cette problématique de la combustion de biomasse à Paris où on relevait samedi 28 mars, une concentration de 52,4 μg/m3 de Pm 2,5. Cela rappelle la polémique à propos de la contribution des feux de cheminée dans la pollution en Île-de-France qui opposa Ségolène Royal et les organismes scientifiques, comme Airparif.

En janvier 2015, la ministre de l’écologie Ségolène Royal rendait caduc un arrêté préfectoral émis dans le cadre du Plan de Protection de l’Atmosphère (2013) d’interdiction des cheminées à foyers ouverts. Ségolène Royal parlait là d’une mesure « ridicule » et « punitive », s’appuyant sur le fait que la pollution était issue de la circulation routière. C’est juste mais partiel. On ne peut que le constater avec ce confinement : samedi 28 mars à 14h, on relevait 52,4 μg/m3 de Pm2,5 dans le 1er arrondissement, et jusqu’à 56,1μg/m3 à Gennevilliers.

Dans d’autres endroits, cela va être de manière plus importante les épandages d’engrais issu de l’agriculture. Ainsi, dans la zone agricole française qu’est le Nord-Ouest, on constate là aussi des taux élevés de particules fines.

Dans l’Orne, un département où 10,7 % de l’emploi est agricole, notamment laitier (contre 4,6 % en moyenne nationale), le petit village de Coulonche (493 habitants) a connu une concentration de 65 μg/m3 de Pm 2,5, en début d’après-midi du samedi 28 mars. À Angers, on a relevé 58μg/m3.

Cela ne veut pas dire d’ailleurs que la combustion de biomasse n’a pas aussi son rôle dans les zones agricoles, tout comme dans les zones montagneuses l’agriculture a également une part de responsabilité. De la même manière que les conditions météorologiques ont un rôle, comme les vents pouvant ramener des particules fines par ailleurs d’origine naturelle (sable du Sahara, respiration du sol, etc.) Par exemple, on relevait dans la nuit du 28 au 29 mars, 76 μg/m3 de Pm 2,5 dans le petit village italien de San Giovanni.

Mais la pollution de l’air résulte d’une dynamique complexe, avec plusieurs sources d’émission et inter-agissant dans le cadre plus général des processus de la Biosphère. Cela demande tout à la fois des études scientifiques approfondies et une planification des activités humaines en se fondant sur des valeurs d’harmonie avec la nature, objectifs que la Gauche historique porte dans le cadre du Socialisme.

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Le libéralisme d’Emmanuel Macron ne peut rien contre la pollution de la vallée de l’Arve au pied du Mont-Blanc

Emmanuel Macron est en visite autour du Mont-Blanc pour parler d’écologie et annoncer des mesures, alors que le « Conseil de défense écologique » s’est réuni pour la quatrième fois de son mandat hier. Cependant, concrètement, le président se montre incapable d’apporter une réponse immédiate et efficace à la terrible pollution de la vallée de l’Arve, au pied du Mont-Blanc. La raison ? Son libéralisme économique, mais aussi culturel.

Le choix fait par Emmanuel Macron de se rendre dans la région du Mont-Blanc pour parler d’écologie est tout à fait pertinent. Il y a condensé là-bas de nombreux effets de la catastrophe écologique en cours. Il a donné une longue interview dans la presse locale, en l’occurrence dans le Dauphiné, qui s’intéresse beaucoup à sa visite de la Mer de Glace, marqueur hautement symbolique du réchauffement climatique.

Forcément, une question concrète à propos de la pollution de la vallée de l’Arve était inévitable dans l’interview. Il faut rappeler que cette vallée, constituée de quelques communes très peuplées et industrielles au pied du Mont-Blanc, est l’un des endroits les plus pollués de France. Un dramatique pic de pollution persistant 36 jours avait marqué les esprits pendant l’hiver 2016/2017, et depuis rien n’a vraiment changé.

La question du Dauphiné à Emmanuel Macron est présentée comme étant celle d’un enfant et correspond tout à fait à la préoccupation des gens sur place :

« Que répondez-vous à Lilian, 6 ans, domicilié à Passy, qui vous demande : pourquoi je n’ai pas le droit de courir et pourquoi les camions ont le droit de rouler ? »

Voici la longue réponse que fait Emmanuel Macron, qui est très intéressante car tout à fait typique de sa façon d’aborder l’écologie :

« Je connais cette situation, je suis allé dans la vallée de l’Arve. C’est un sujet de santé publique, les enfants de Fourvière [à Lyon] vivent aussi cela. Il n’y a pas de solution miracle, il faut un changement profond. Les premiers résultats sont en train de payer, on est en train d’infléchir la courbe, ce qui n’a pas été fait depuis des années. Il a raison ce jeune garçon, sa question est pleine de bon sens et très forte.

Je ne peux pas interdire aux camions de passer, si je le fais, cela veut dire que je coupe la frontière, comme je ne peux pas couper le tunnel de Fourvière [à Lyon] le jour de retours de congés scolaires.

Il faut continuer la politique que nous avons commencé, le renouvellement du parc de camions et aussi la taxation des vieux camions qui polluent là où ils passent et en particulier dans la vallée.

La lutte contre les émissions par les transports, c’est une politique européenne pour laquelle je me bats. Si j’impose ce renouvellement seulement aux camions de la région, je les tue, car des camions viendront d’Espagne ou de Roumanie.

La question est comment on oblige tous les roulants en Europe à renouveler leur parc pour aller vers de nouvelles générations de camions beaucoup moins polluants.

Il faut aussi accélérer le renouvellement de tous les véhicules avec la prime à la conversion,  pour que les habitants du bassin de l’Arve puissent eux aussi en changer. Et enfin, cela passe aussi par le renouvellement des chaudières. C’est un ensemble et cela requiert une mobilisation de tous, de l’Etat et des collectivités territoriales.  Il faut continuer à agir en transparence avec les associations. »

Ce raisonnement d’Emmanuel Macron est celui du libéralisme, qui dit qu’il ne faut surtout pas perturber le capitalisme, seulement l’accompagner petit à petit. En l’occurrence, la circulation massive et rapide des marchandises, en flux tendu, est devenue indispensable pour les entreprises, y compris pour les PME. Emmanuel Macron explique donc à Lilian, 6 ans, que les camions sont intouchables et qu’ils doivent avoir le droit de rouler, tant pis si cela l’empêche de courir en raison de la pollution.

Il existe des solutions pourtant, comme le report par ferroutage (des camions sur des trains pour traverser la montagne). Cependant, cela est inacceptable pour le capitalisme, car cela requiert de la planification… ce dont il est incapable de part la nature de son fonctionnement : des entreprises séparées les unes des autres se faisant concurrence et devant en permanence chercher à réduire les coûts, notamment en faisant circuler les marchandises rapidement.

On a donc une contradiction énorme entre la population, incarnée ici par la question de Lilan, 6 ans, et l’économie capitaliste. La population demande tout simplement à ce que les camions ne roulent plus, pour ne pas polluer son air. Les personnes les plus averties sur le sujet connaissant même concrètement des solutions alternatives permettant aux marchandises d’éviter la vallée. Le capitalisme ne peut cependant pas accepter cela, comme l’explique Emmanuel Macron, en bon libéral.

Il faut noter également de manière très intéressante ici que le libéralisme économique va de pair avec le libéralisme culturel. C’est la même chose, la même idéologie, avec les mêmes conséquences pour la population.

En effet, il y a un autre aspect encore plus important que la circulation des camions en ce qui concerne la pollution de la vallée de l’Arve : c’est la pollution générée par le chauffage au bois. Les scientifiques connaissent très bien ce problème et expliquent que la part la plus importante de la pollution dans la vallée provient de la combustion de biomasse, surtout lors des pics de pollution.

Emmanuel Macron le sait très bien car c’est connu, et d’ailleurs il évoque le renouvellement des chaudières dans sa réponse. Seulement, il se garde bien d’en parler concrètement, alors que c’est au cœur du problème soulevé par la question qui lui est posée.

Le libéralisme culturel ici ne veut surtout pas s’affronter aux pratiques individuelles en prônant de réelles mesures contre les feux de cheminée.

On a donc des habitations sur les montagnes, dont beaucoup de chalets bourgeois occupés surtout pour les vacances d’hiver, qui polluent avec leurs cheminées, et des habitants de la vallée, dont beaucoup d’ouvriers, qui en subissent les conséquences dramatiques.

Un « plan » existe pour changer les équipements, mais c’est très faible, mal évalué… et pas forcément efficace puisque des systèmes de chauffage restant polluants font quand même partie du plan de renouvellement.

Il s’agirait pourtant d’interdire purement et simplement les feux de cheminée, et pas simplement en foyer ouvert, tellement l’effet des particules fines qu’ils émettent est dévastateur. Les particules fines des feux de cheminée sont bien plus nombreuses que celles des camions.

Si le chauffage au bois reste éventuellement incontournable dans un premier temps pour certains logements isolés, il ne peut être acceptable qu’avec les technologies les plus récentes permettant le meilleur rendement possible, comme des poêles à granule parfaitement réglés. La question qui se pose cependant est celle de la pertinence de l’habitat individuel et isolé.

Il est beaucoup plus facile et efficace de bien chauffer de l’habitat collectif. Il existe d’ailleurs dans la vallée de l’Arve un système performant via des canalisations d’eau chauffée. Cela est d’autant plus intéressant que dans la région, l’électricité alimentant la chaudière centralisée (chauffant plus de 3000 habitants) n’est pas le nucléaire, mais l’hydroélectricité.

Seul un puissant mouvement démocratique et populaire parviendra à prendre de telles mesures, pour lutter concrètement et immédiatement contre la pollution de la vallée de l’Arve, et de toute la planète. Ce mouvement devra faire face au libéralisme économique qui ne veut pas empêcher les camions de rouler, mais aussi au libéralisme culturel qui maintient le chauffage au bois.

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Connaître la pollution de l’air: une tâche nécessaire pour la Gauche

Selon l’OMS, la pollution de l’air a engendré en 2016, 4,2 millions de décès du fait de maladies cardiovasculaires et respiratoires et de cancers. En France, on estime à 48 000 le nombre de personnes qui meurent prématurément à cause de la pollution. C’est autant que de l’alcool. Le problème est de taille, si bien qu’en mai 2019, la Cours de Justice de l’Union européenne condamnait la France pour « manquement aux obligations issues de la directive qualité de l’air ».

Ce manquement de la France à la directive de 2008 de l’Union européenne concernait des dépassements persistant des valeurs limites de dioxyde d’azote (NO2) dans plusieurs parties du territoires. Ce gaz, très toxique, est surtout le résultat de la combustion des véhicules diesels.

Le problème, c’est que les critères de compréhension de la qualité de l’air sont complexes. On peut la connaître en allant sur un des treize sites régionaux, ou un des six pour « l’outre-mer », de l’ATMO qui est une fédération d’association et a sa propre unité de mesure.

Par exemple, dans le Rhône, ATMO se base sur le relevé de 21 stations de mesures et d’une observation spécifique effectuée en 2015, pour ensuite effectuer une modélisation via satellite pour l’ensemble du département. L’application « airtogo » est également relié à l’ATMO.

L’indice ATMO se base sur des relevés journaliers des stations de mesure dites de fonds (c’est-à-dire non exposés à des sources de pollution directes) en prenant en compte trois polluants que sont l’ozone (O3), les dioxydes d’azote (NO2) et les particules fines PM10.

Remarquons que la pollution à l’ozone concerne surtout la période estivale, accentuée par les épisodes de canicule.

L’indice (et la modélisation cartographique) tient compte des conditions de dispersion météorologiques, de la topographie, de l’état des sources de pollution sur le territoire, et de résultats d’études ponctuelles. Obligatoire dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants, ATMO se base sur le sous-indice maximum de concentration des trois polluants de la vielle pour le lendemain. Pour les agglomérations moins peuplées, il est fait référence à l’IQA, indice plus synthétique.

Basée sur une échelle de 0 à 10, la qualité de l’air est considérée comme dégradée lorsqu’un le seuil réglementaire d’un des trois polluants mesuré est dépassé. Cette échelle correspond à des valeurs des seuils de pollution à respecter (de 0 à supérieur à 100). Lorsqu’un polluant dépasse la valeur de 90, le seuil d’infirmation et déclenché, puis au-delà de 100, c’est le seuil d’alerte.

Mais comment sont mesurés les polluants ? Chaque polluant a une norme réglementaire qui varie selon l’OMS, l’Union européenne ou le code de l’environnement français. Prenons par exemple les PM 10, pour « matière particulaire » (ou Particulate Matter en anglais) d’une taille égale ou inférieure à 10 micromètres.

Selon le code de l’environnement, sur lequel se base l’indice ATMO, la concentration de PM 10 ne doit pas dépasser 50 microgrammes par mètres cubes d’air (50ʮg/m3) plus de 24 heures, au-delà de quoi le seuil d’information est activé (valeur supérieur à 90 de l’indice). À plus de 80ʮg/m3, c’est le seuil d’alerte qui est activé, soit un indice ATMO d’une valeur supérieure à 100.

Ces particules fines sont très dangereuses car elles restent en suspension dans l’air et s’agrègent à d’autres polluants (comme le dioxyde d’azote, le terrible benzène, les métaux lourds tels que le plomb, l’arsenic… etc.) et pénètrent dans l’organisme.

Plus la particule est fine, plus elle pénètre profondément l’organisme. On comprend que certains parlent de « scandale » de la pollution de l’air, puisque les PM 2,5 ne sont pas prises en compte dans le calcul de l’indice, alors que du fait de leur très petite taille, elles s’infiltrent dans le système pulmonaire et sanguin lorsque les PM 10 restent au niveau des narines et de la gorge.

C’est pourquoi on peut aussi se référer à d’autres sites d’information comme airvisual.com ou aqicn.org. Ces sites se basent sur l’Indice de Qualité de l’Air (IQA ou AQI en anglais), indice qui se base sur 6 polluants (contre 3 pour l’indice ATMO) et prend en compte les PM 2,5.

Ces deux sites très fonctionnels permettent des comparaisons explicites. Par exemple, dans la vallée de l’Arve, au pied du Mont-Blanc, les villes de Passy et Sallanches ont régulièrement des niveaux de PM 2,5 qui les classent dans le « top 20 » des villes les plus polluées. Elles se trouvent à côté des certaines mégalopoles de Chine et d’Inde, bien que dans ces endroits les niveaux de pollution atteignent des records ahurissants.

Bien qu’à l’aspect technique rebutant, ces sites sont des outils que toute personne à Gauche doit se saisir pour approfondir sa connaissance d’une pollution de l’air qui exprime un des aspects anti-écologiques engendré par le chaos du capitalisme.