Les Jeux olympiques 2024 à Paris ont été une grande réussite du point de vue capitaliste. Cela a été le triomphe de l’anecdote et des succès marquants, il y a eu de l’engouement et de la fascination.
Les lieux choisis ont fait rêver – Paris fait toujours rêver. La cérémonie de clôture a été très française : d’un côté un spectacle futuriste avec un scénario alambiqué d’une découverte de ruines dans le futur prétexte à une reconstitution des Jeux olympiques… Mais que peuvent bien vouloir dire les Français ?
De l’autre, un jeu tellement français entre somptuosité et accessibilité avec la musique électronique « French Touch » de Phoenix, Air, Kavinsky. On ne comprend rien aux Français, mais ils sont si charmants et qu’est-ce qu’ils réussissent, quand ils réussissent quelque chose !
Le story telling est impeccable, bien aidé par la stupidité effarante des réseaux sociaux. Il n’y a aucune solennité nulle part et cela a vraiment été la course aux détails pour trouver quoi dire. Le Figaro donne cet exemple de célébrité du jour au lendemain, qui est assez éloquent d’abrutissement.
« Comme pour le sauteur à la perche français Anthony Ammirati, éliminé à 5,70 mètres après avoir fait tomber la barre. À cause de sa jambe, assurent les experts, en raison de la taille de son sexe, préfèrent décider les internautes.
La vidéo du saut, aussitôt devenu virale, a nourri tous les fantasmes. Jusqu’à pousser Daryn Parker, vice-président de CamSoda, un site pornographique, à proposer 250.000 dollars (229.000 euros) à Anthony Ammirati pour réaliser une vidéo d’une heure – offre délinée par l’athlète. »
Maintenant, parlons sérieusement. Il est évident que sur le plan personnel, il y a de quoi s’intéresser à ces sportifs et aux sports. C’est toujours entraînant. Si on regarde toutefois avec un regard qui doit être celui du 21e siècle, alors on doit bien constater que les masses mondiales sont mises à l’écart.
Les sportifs qui ont gagné des médailles ont été en mesure de le faire grâce aux infrastructures étatiques. Il suffit de voir le classement par pays. Le tiers-monde n’est pas là, ou quasiment pas.
Où est l’Inde, par exemple ? Avec 6 médailles au total, elle est très loin derrière. On ne nous fera pas croire qu’avec sa population, l’Inde a moins de sportifs potentiels que… l’Australie, avec 53 médailles !
L’Inde, c’est quasiment 1,5 milliard de personnes. L’Australie, c’est 26 millions de personnes ! Rien que ce constat témoigne de l’aberration des rapports mondiaux et du caractère artificiel des Jeux olympiques.
Il est d’ailleurs intéressant que les Jeux olympiques qui suivent sont à Los Angeles. L’hymne américain a conclu la cérémonie de clôture (avec l’arrivée de Tom Cruise comme star pour « voler » le drapeau des JO et repartir en moto dans les rues de Paris), quelle honte que cela soit accepté par le public. Ce n’est guère étonnant. Mais où en seront les États-Unis dans quatre ans, de toutes façons, que les Français le veuillent ou pas, à part dans une posture agressive, de guerre, face à la Chine, dans un contexte de guerre mondiale ?
La réussite des Jeux olympiques à Paris reflète en ce sens une imbécillité, un infantilisme, un déni de la réalité. Cela aura été un divertissement en espérant repousser les échéances. Cela aura été du temps perdu par l’humanité, et si on raisonne en termes rationnels, c’est aberrant, criminel.