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Refus de l’hégémonie

Attal-Bardella, les deux visages de l’Otan et du capitalisme moderne

Le 23 mai 2024, les partis populistes et nationalistes du groupe Identité et Démocratie (ID) au Parlement européen ont exclu de leurs rangs le parti allemand AfD.

En théorie, c’est pour des propos sur les Waffen SS de la part de sa tête de liste aux élections européennes de juin 2024. En pratique, c’est parce que l’AfD est pour une alliance entre l’Allemagne et la Russie, aux dépens du choix de la soumission à la superpuissance américaine.

Car pour participer au gouvernement dans les pays occidentaux, il faut montrer de la clarté quant au passage assumé dans l’orbite américaine. D’où les propos incessants en faveur du régime ukrainien de Jordan Bardella, du Rassemblement National, une composante du groupe Identité et Démocratie.

Voici entre autres ce qu’il a expliqué le 23 mai 2024, lors du débat avec le premier ministre Gabriel Attal.

« Au Parlement européen, j’ai toujours été très clair et toujours condamner sans la moindre ambiguïté l’agression de l’Ukraine par la Russie, qui est aujourd’hui une menace multidimensionnelle. »

Il y avait d’ailleurs un autre débat le 21 mai 2024, avec huit représentants des principaux partis : Jordan Bardella (RN), Valérie Hayer (Renaissance), Raphaël Glucksmann (PS-Place Publique), François-Xavier Bellamy (LR), Manon Aubry (LFI), Marion Maréchal (Reconquête!), Marie Toussaint (Les Écologistes), et Léon Deffontaines (PCF). Tous ont été unanimes quant à leur hostilité à la Russie.

Et du côté de la gauche de la gauche, hors cadre institutionnel, c’est le grand silence ou le soutien au régime ukrainien, dans 99% des cas. La France marche au pas, au rythme de la propagande incessante en faveur de l’escalade contre la Russie.

Pas une journée sans qu’il n’y ait une pierre d’ajoutée à l’édifice, comme le 23 mai 2024 encore avec la chaîne Public Sénat invitant le professeur de géopolitique Frédéric Encel pour dénoncer la Russie qui veut le chaos, alors que bien entendu la France veut « l’ordre international ».

Et le même jour toujours, Le Monde faisait un éditorial de rappel à l’ordre : « Inutile d’entretenir d’irresponsables illusions à Washington, à Paris ou à Berlin : le couple sino-russe n’est pas près de divorcer ». Car trop de journalistes et de commentateurs français croient encore à la fable que la Chine serait à l’écart des initiatives russes. C’est là rêver debout pour des bourgeois catastrophés par la situation.

Le Monde, représentant de la bourgeoisie libérale-moderniste, particulièrement agressive comme agent de la superpuissance américaine, entend mettre fin à cette illusion et exige le silence dans les rangs.

Voici ce qu’on lit notamment :

« En ce printemps 2024, Xi Jinping a rappelé qu’il était partie prenante dans le conflit qui fait rage en Europe : il est du côté russe. Le président chinois veut conforter son « ami » Vladimir Poutine dans sa guerre contre l’Ukraine.

Ou, plus exactement, Xi entend que l’Occident ne sorte pas renforcé de cette épreuve sur le Vieux Continent. Inutile d’entretenir d’irresponsables illusions à Washington, à Paris ou à Berlin : le couple sino-russe n’est pas près de divorcer.

Ce message a été transmis sans ambiguïté par le numéro un chinois lors de son séjour en Europe (du 6 au 10 mai) puis, dans sa cristalline clarté, proclamé lors de la visite du président russe à Pékin (les 16 et 17 mai). La déclaration commune signée par les deux chefs d’Etat est frappée au coin de la lutte qu’ils mènent ensemble contre les Etats-Unis (…).

La Chine va soutenir davantage encore l’économie de guerre que Poutine instaure en Russie. Officiellement, Pékin ne livre pas d’armes à la Russie, mais fournit les machines-outils nécessaires à la fabrication des armes – c’est très différent, n’est-ce pas… Elle livre les pièces détachées pour les chasseurs bombardiers russes. Elle vend les semi-conducteurs à utilisation duale (civile et militaire). Elle transmet les informations satellitaires utiles au champ de bataille. En clair, la Chine entretient l’effort de guerre russe (…).

Pékin reprend les plus gros mensonges de la propagande du Kremlin : la guerre contre Kiev, c’est parce que l’Occident, éternellement impérialiste, s’apprêtait à attaquer la Russie à partir de l’Ukraine ! (…)

Les deux régimes sont soudés dans et par la même ambition. Elle est affichée en toutes lettres dans le « pacte d’amitié sans limites » que Xi et Poutine signent à Pékin le 4 février 2022, quelques jours avant que les chars russes foncent sur Kiev… »

Le panorama est très clair. En France, on peut être

  • pour les populistes et nationalistes, qui sont sur une ligne de repli démagogique, avec des relents racistes mais surtout paternalistes, avec le regret de la France d’avant;
  • ou bien pour les libéraux-sociaux, comme Emmanuel Macron, avec comme variante extrême sur le plan libéral ou social les LGBT, La France Insoumise, le PCF…

Mais tout cela doit rester social-impérialiste : la France doit rester un havre de paix pour la société de consommation, peu importe après qu’au gouvernement on ait l’équivalent des « Républicains » ou des « Démocrates » américains.

Car tel est le fond de la situation : la société française s’est américanisée et le régime lui-même n’est qu’un appendice de la superpuissance américaine. C’est à Washington que tout se décide… Alors que le monde va à la confrontation générale entre Washington et Pékin.

La position, dans ce désastre, c’est de souhaiter la fin du mode de vie occidental, qui ne peut se réaliser que par son dépassement socialiste, avec une remise en cause à tous les niveaux, sur tous les plans. Et la grande initiative américaine, de placer la France au premier rang de la coalition européenne militaire contre la Russie, autour de l’Otan, il faut s’y confronter.

Guerre à la guerre !