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Écologie

36 heures de jeu vidéo pour la Fondation 30 millions d’amis

« Game 4 Animals est le premier événement solidaire 100% dédié à la cause animale »

Les refuges animaliers ont énormément besoin de soutien, notamment financier. La Fondation 30 millions d’amis, qui aide financièrement de nombreux refuges animaliers indépendants en France, organise donc régulièrement des collectes de fonds pour cela.

L’année dernière, elle avait mis en place l’opération « Les justiciers du cœur », réunissant six joueurs de jeux-vidéos ayant un public important sur internet, dans le but d’appeler aux dons. L’opération est renouvelée cette année, avec une journée finale ce dimanche 13 décembre 2021 (une première partie le matin et le début d’après-midi, puis une séquence finale de 20h à minuit).

L’idée est que des joueurs habituellement suivis pour leurs performances à des jeux vidéos divers, jouent cette fois dans le but de récolter des dons. Dans la soirée du samedi, il y avait déjà 77 000 euros de dons récoltés.

Voici le lien pour suivre en directe la journée de dimanche et participer financièrement :

https://justiciersducoeur.live/

cliquer sur l’une des cartes pour avoir le flux vidéo (choisir la carte « Justiciers du coeur » pour suivre le principal canal)

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Écologie

Déchets nucléaires militaires : ICAN France et l’Observatoire des armements publient une étude

La bombe nucléaire produit des déchets nucléaires en permanence.

C’est un aspect très peu connu, voir pas connu du tout, de l’arme atomique. Même si elle n’est pas utilisée directement, elle est active. Les missiles sont là concrètement et produisent des tonnes de déchets nucléaires.

L’ICAN France et l’Observatoire des armements ont publié une étude très fournie à ce sujet, appelant à un indispensable débat démocratique sur cette question opaque.

Il est expliqué que, « officiellement », « déjà 150 000 m3 déchets radioactifs ont été produits lors du développement, de la fabrication, des essais, du déploiement, du démantèlement d’armes nucléaires, comme des bâtiments à propulsion nucléaire et des installations afférentes à la construction de cet arsenal atomique. »

Cette étude est une contribution très importante, tant écologiquement que démocratiquement. De plus, elle souligne très bien le fait que la France n’est absolument pas engagée dans un quelconque processus de recul quant à cette arme inhumaine et barbare qu’est la bombe atomique.

Voici ce rapport :

Déchets nucléaires militaires : la face cachée de la bombe atomique française

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Politique

Reconquête ! d’Eric Zemmour: la naissance d’un grand mouvement de droite «dure»

L’UNI a son parti…

En lançant son nouveau parti nommé Reconquête !, Eric Zemmour réactive la militance de Droite. Autour de lui, il y a en fait tout ce que la Droite compte de cogneurs, de « fachos » adeptes du coup de force et de l’action directe, bref, de militants.

Il faut penser ici bien sûr à l’organisation étudiante UNI, typique de cette démarche militante dure de la Droite… Et donc avec Reconquête !, ces gens ont maintenant une organisation ayant une envergure nationale et une audience massive.

C’est justement cette mouvance qui est à l’origine de la candidature d’Eric Zemmour, et donc de son nouveau mouvement. On retrouve comme personnage principal (en tant que première conseillère politique) la jeune Sarah Knafo (née en 1993), qui est une des principales organisatrices de la fameuse « Convention de la droite » en 2019. Nous avions bien insisté dessus à l’époque : cette convention était un moment clef pour cette Droite militante, autour de la figure politico-idéologique de Marion Maréchal. C’était l’affirmation d’un néogaullisme conquérant, en mode « dur », dans le sens de rentre-dedans, assumant franchement la confrontation.

Il faut ajouter à cela évidemment tout l’apport politique et surtout culturel de la mouvance des identitaires. Ces gens, pendant les années 2010, ont eu en quelque sorte le rôle de mouvement de jeunesse militante parallèle au Front national (devenu Rassemblement national), mais sur une base bien plus à droite que ce que faisait Marine Le Pen. Tous ces apports, des identitaires à Marion Maréchal en passant par l’UNI, de la Droite militante dure donc, synthétise maintenant quelque chose autour d’Eric Zemmour. Et cela se fait maintenant avec des relais haut-placés, en l’occurrence le Général de la Chesnais qui est maintenant directeur de campagne d’Eric Zemmour. On parle ici de quelqu’un ayant été major général de l’armée de terre de 2014 à 2017 (soit le « numéro 2 » de ce corps). Sans surprise, ce général quatre étoiles est un proche du général Pierre de Villiers, dont nous avons régulièrement parlé ici.

Il y a comme organe de presse surtout le magazine Valeurs Actuelles, qui assume, diffuse et génère cette ligne de droite dure, en mode militant. On y lit beaucoup de choses allant dans le sens de la candidature d’Eric Zemmour, mais surtout d’une nouvelle droite dure et militante.

C’est, dit autrement, tout l’inverse de la Droite libérale et technocratique représentée par Valérie Pécresse (vainqueur de l’investiture de la Droite au congrès Les Républicains) ou encore du quotidien Le Figaro. La droite dure de Reconquête ! vise bien sûr Les Républicains également, avec des « noms » comme Guillaume Pelletier ou Eric Ciotti (second du congrès Les Républicains pour l’investiture de la Droite à la présidentielle), qui assument ouvertement leur proximité avec Eric Zemmour.

Il y a là tout un magma, quelque chose de nouveau et de très dangereux qui prend forme. Cela change considérablement la donne politique en France pour la Gauche. Il va falloir être à la hauteur, avec tout le sérieux idéologique et la dimension culturelle qu’il faut pour faire face à cette nouvelle vague de droite dure. Marion Maréchal avait prédit et milité pour un « mai 68 » de Droite… C’est clairement ce qui est en train de se passer avec Eric Zemmour et son mouvement Reconquête ! attirant une génération de militants radicaux qui n’hésitent pas à user de la force, politique certes, mais aussi physique, pour peser et exister.

Rappelons ici les nombreuses arrestations de militants d’extrême-Droite, présentés par l’État comme d’ultra-Droite et retrouvés en possession d’armes, d’explosifs, etc. C’est une expression de la crise, une polarisation violente caractérisant la lutte des classes.

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Politique

Eric Zemmour: la « Reconquista » national-populiste

Le mythe de la « reconquête » contre le « grand remplacement ».

Le candidat à la présidentielle 2022 Eric Zemmour a tenu dimanche 5 décembre 2021 son premier grand meeting de campagne à Villepinte, en région parisienne. Devant une foule d’au moins 12 000 personnes qu’il a sans-cesse harangué à la manière d’un tribun, le nom de son nouveau parti a été dévoilé : Reconquête!

Le terme a été répété à de nombreuses reprises, comme un fil conducteur marquant une idée forte et incontournable. C’est évidemment une référence à la « Reconquista », terme castillan désignant la reconquête de l’Espagne par les chrétiens face aux différents peuples musulmans. Débuté en 722 et aboutissant en 1492 par la prise de Grenade, la « Reconquista » fait désormais figure de mythe mobilisateur identitaire.

Ce genre de lutte d’influence territoriale du Moyen Âge n’a évidemment rien à voir avec la modernité des nations au XXIe siècle, mais c’est justement cela qui est utile et efficace pour un Eric Zemmour. Ce dont il a besoin, ce dont il est l’expression, ce n’est pas la rationalité, ni l’Histoire avec un grand « H », bien au contraire.

Eric Zemmour est un dangereux populiste, car il galvanise les foules avec des raccourcis faciles, de fausses grandes idées clefs en mains empêchant toute réflexion et prise de conscience politique sérieuse et constructive. Ce qu’il vise, c’est maintenir la France petite-bourgeoise et pantouflarde dans son fantasme d’un âge d’or des années 1950-1960 avec d’une prétendue vie paisible et harmonieuse. La base de son audience, c’est typiquement les gilets-jaunes, la France des petits entrepreneurs qui veulent un État fort et puissant, mais ne surtout pas payer d’impôts ni ne respecter de normes sociales et collectives.

Ce qu’il y a en réalité, c’est que le capitalisme est en crise, et qu’il a besoin d’un Eric Zemmour pour abrutir les consciences et détourner les regards des vraies questions. Le nationalisme est ici la substance parfaite, le poison terriblement efficace pour ne pas assumer la réalité. Alors Eric Zemmour est là pour parler de « reconquête » (sous entendu, de la France), face à ce qu’il nomme le grand remplacement. S’il gagne dit-il, « ce ne sera pas une alternance de plus, mais le début de la reconquête du plus beau pays du monde ».

La cible de la reconquête est évidemment, et sans aucune ambiguïté, l’immigration musulmane, dont il a parlé à de nombreuses reprises durant son meeting. Il n’a presque parlé que de ça d’ailleurs, ciblant ici l’islam, là « l’immigration venue de l’autre côté de la méditerranée ».

Voici un petit extrait qui résume quasiment à lui seul ses 1h30 de meeting national-populiste à la Donald Trump :

« Depuis des mois, je sillonne la France, je rencontre les Français. Deux craintes les hante : celle du grand déclassement, avec l’appauvrissement des Français, le déclin de notre puissance et l’effondrement de notre école, et celle du grand remplacement, avec l’islamisation de la France, l’immigration de masse, l’insécurité permanente ».

Il ne s’agit pas là de racisme à proprement parler, et d’ailleurs Eric Zemmour se défend d’avoir une vision nationaliste fondée sur une pureté racialiste de type national-socialiste : « Comment pourrais-je penser cela, moi, petit juif berbère venu de l’autre côté de la méditerranée ? ».

Non, le cœur de sa démarche, le fondement de son existence, c’est simplement de galvaniser la foule et la diriger vers le nationalisme ; le ciblage de l’immigration musulmane n’est ici qu’un moyen, un outil servant à raccourcir les choses et empêcher la réflexion sociale. Cela sert le racisme bien sûr, le racisme lui est utile, évidemment, mais c’est bien pire que cela.

Il veut faire croire aux gens qu’on pourrait faire disparaître la crise du capitalisme, et qu’il suffirait pour cela de rejeter les musulmans trop musulmans, d’avoir une immigration zéro, de restreindre le droit d’asile à quelques vraies demandes depuis les consulats, d’en finir avec le regroupement familial, de supprimer l’aide médicale d’État et le droit du sol, de durcir les conditions de naturalisation, de renvoyer les clandestins, d’expulser les délinquants étrangers, de déchoir de leur nationalité les criminels bi-nationaux ou encore d’expulser les chômeurs étrangers au bout de six mois…

C’est un formalisme typiquement bourgeois, très RPR (le parti de la Droite conservatrice-populaire avec Jacques Chirac) des années 1980. D’ailleurs, à la fin de son discours, Eric Zemmour a largement insisté sur sa filiation avec cette Droite de la fin du XXe siècle.

Et en effet, c’est un homme de droite, mais d’une Droite en temps de crise, ayant besoin de gens furieusement aveuglés par le nationalisme et prêts à tout pour défendre le capitalisme français dans la grande bataille pour le repartage du monde engendré par la crise.

Eric Zemmour est en ce sens très dangereux, car il simplifie tout et ratisse large. Ses simplifications et ses tirades populistes sont très efficaces dans un pays aussi riche que feignant intellectuellement qu’est la France (à l’image de la plupart des autres grands pays capitalistes). Il assume donc sans ambage de marcher sur les plates bandes de la Droite et de l’extrême-Droite :

« je veux rendre le droit de vote aux électeurs du front national et je veux rendre la droite aux électeurs de LR »

L’opposition à Eric Zemmour est l’actualité politique principale et incontournable de la Gauche actuellement. Cette opposition ne pourra gagner que si elle est massive et populaire, que si elle est fondée sur l’intelligence et la foi en la société. Si donc elle se fonde sur la Gauche historique.

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Politique

Présidentielle 2022 : le gaulliste-pétainiste Eric Zemmour officialise sa candidature

C’est une tentative de synthèse fasciste.

Mardi 30 novembre, le polémiste d’extrême-droite Eric Zemmour a officialisé sa candidature à l’élection présidentielle 2022 dans une courte vidéo publiée sur YouTube. La mise en scène fait ouvertement référence à l’appel du 18 juin du général de Gaulle, avec pareillement un micro imposant, des notes papiers lues en direct, jusqu’à la disposition de l’homme par rapport au micro.

Cette référence à de Gaulle est incontournable pour toute démarche nationaliste française se voulant conséquente. C’est exactement ce qu’a compris et mis en place Marine Le Pen depuis 2012 justement, avec une ligne néo-gaulliste représentant directement les intérêts du grand capital français.

Toutefois, et c’est flagrant pour n’importe qui ayant les bases de la culture politique française, Eric Zemmour a tout autant un discours pétainiste qu’il se veut gaulliste, et inversement. Ou, comme l’a dit Olivier Faure le premier secrétaire du Parti socialiste avec un bon mot (et une faute) :

« Le micro de De Gaulle [sic] mais le discours de Pétain. »

Il y a en effet dans cette vidéo de 10 minutes du néo-candidat tout ce que la Gauche qualifie (et conspue) de pétainiste : le fantasme d’un pays « éternel » à défendre comme sa propre chair, le rejet romantique du monde moderne, une tendance évidente à la xénophobie et au repli culturel, les raccourcis haineux plutôt que la compréhension sociale des choses.

D’ailleurs, Eric Zemmour s’était fait remarquer ces derniers temps pour des propos on ne peut plus polémique réhabilitant la figure du Maréchal Pétain, pourtant honnie (formellement, mais pas forcément en pratique) par tout le spectre politique français. Il doit donc forcer les choses pour appuyer sur son côté « gaulliste » avec une mise en scène grotesque. Cela jusqu’à évoquer directement, dans sa liste-inventaire de figures françaises, le général de Gaulle et le chef de la Résistance (bourgeoise) Jean Moulin.

Il ne faudrait pas faire l’erreur de penser qu’il ne s’agit ici que d’opportunisme ou de communication de surface. Ce qu’il y a en jeu est ni plus ni moins que la tentative de la formulation d’un fascisme français du XXIe siècle.

Marine Le Pen est allée très loin en ce sens, en travaillant au corps la société française de manière minutieuse pendant des années. Mais elle a un gros problème, c’est qu’elle apparaît bien trop « gaulliste », c’est-à-dire pas assez « pétainiste », donc pas assez à droite, aux yeux de la bourgeoisie.

Eric Zemmour représente une proposition similaire, mais inversée. Il a lui aussi longuement travaillé au corps la société française ces dix dernières années, mais franchement par la droite, de manière très « pétainiste » et probablement pas assez « gaulliste » pour la grande bourgeoisie qui a des vues impériales et qui a besoin d’une adhésion populaire aux projets nationalistes. Alors Eric Zemmour tente sa chance avec la mise en scène du micro « gaulliste », pour dérouler le discours « pétainiste » expliquant qu’on ne reconnaîtrait plus le pays, que l’idéal serait la France des années 1950 avec des garçons en culotte courte jouant dans la rue comme dans un film en noir et blanc.

C’est très caricatural bien sûr, c’est exactement le pendant des discours post-modernes (ou « woke ») voulant tout déconstruire de manière aussi agressive qu’unilatérale, au nom du turbocapitalisme. C’est donc du niveau du café du commerce, c’est-à-dire bas de plafond et rageux.

C’est, pour le dire autrement, tout l’opposé de l’esprit Charlie, typiquement français, voulant la synthèse culturelle, et rejetant le conflit.

Alors, est-ce la vidéo de trop pour Eric Zemmour, qui marquerait la fin d’un phénomène et d’une expérience ? On peut l’imaginer, par exemple quand on voit la violence avec laquelle le quotidien traditionnel de la Droite, Le Figaro, tacle le néo-candidat dans son éditorial du premier décembre :

« Pourquoi un journaliste, sans parti, sans mandat, sans aucune expérience politique, est-il venu percuter cet automne de campagne?

Certes, la société liquide, celle de la compulsion numérique qui permet les roulades de MacFly et Carlito à l’Élysée et envisage Cyril Hanouna comme animateur du débat d’entre-deux-tours, rend tout, même l’impensable, possible.

Il serait pourtant paresseux de s’arrêter à cette écume pour comprendre le phénomène. »

La bourgeoisie française a besoin de sérieux et d’une figure ayant les épaules solides pour mener ses desseins. C’est probablement pourquoi le présentateur du 20H de TF1 a osé, de manière incroyablement irrévérencieuse, demander à Eric Zemmour s’il ferait par exemple un doigt d’honneurs aux autorités britanniques en négociant avec eux sur l’épineuse question de l’île Jersey… (c’est une référence au fait qu’Eric Zemmour a fait un doigt d’honneur à une passante lui en faisant un).

Cependant, l’Histoire est ce qu’elle est et personne ne peut la prédire dans le détail. Eric Zemmour a un rôle historique, il est une contribution majeure à la tentative de formulation d’un fascisme français du XXIe siècle. Sa candidature à la présidentielle reste à considérer de manière sérieuse, pour s’y opposer fermement et profondément.

Cette contradiction « pétainiste »/« gaulliste », tant qu’elle n’est pas résolue dans une nouvelle synthèse politique, est certainement autant de temps de gagner pour la gauche et les forces démocratiques en France, repoussant la victoire du fascisme.

On peut très bien se dire que les voix allant à Eric Zemmour n’iront pas à Marine Le Pen, et inversement, et que cela pourra suffire à les disqualifier. On peut se réjouir du fait que Marine Le Pen voit rouge en ce moment justement pour cette raison, et qu’elle est très agressive à l’encontre du néo-candidat dont elle qualifie la déclaration vidéo de « passéiste et crépusculaire ».

Mais cela ne change rien au fait que le fascisme avance à grands pas en France en raison de la crise, qu’il synthétise justement ses positions de manière toujours plus précise, à mesure que la crise s’intensifie et qu’il se généralise à tous les aspects de la vie. Eric Zemmour n’est ni plus ni moins qu’un produit de cette crise, il représente une des tentatives de la bourgeoisie de sauver les meubles du capitalisme par le nationalisme.

Car ce qui se joue derrière, c’est la bataille pour le repartage du monde. En fait, qui ne voit pas la guerre arriver ne peut pas voir le fascisme et l’analyser adéquatement : c’est cela qu’il faut bien comprendre.

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Politique

Eric Zemmour, défenseur de la chasse à courre

Qui se ressemble s’assemble.

Le magazine Chassons.com publiait en novembre 2021 une interview vidéo d’Eric Zemmour qui lui permet de poser quelques marqueurs pour son projet. Dans un lieu bien choisi, la forêt de Marly, où Louis XIV aimait chasser, Zemmour commence par comparer les écologistes d’aujourd’hui aux gauchistes des années 1970. Il en vient ensuite tout naturellement à la chasse à courre et à sa dimension symbolique socialement, pour ses opposants comme pour ses défenseurs :


« On voit bien ce qu’il y a derrière, on voit bien le fantasme, on va à Marly c’est le fantasme de Louis XIV, de l’aristocratie, des beaux costumes, etc. »

Il se lance ensuite dans une récitation somme toute banale des éléments de langage des veneurs, distribués régulièrement par prospectus à tous le personnel politique du régime depuis que cette pratique est dans le collimateur d’un fort mouvement d’opposition populaire.

Dans tout ce fatras de lieux communs, peu lui importe ce qui est vrai ou faux, il s’agit pour lui de se présenter comme au service des gens qui pratiquent cette chasse. Par cette intervention, Zemmour assume donc la défense de la chasse mais pas seulement : il invoque tout spécialement la chasse à courre comme totem de ce que sa candidature représente socialement. C’est le seul qui aille aussi loin, là où un Macron cherche seulement à désamorcer une possible opposition « rurale » à son modernisme et où un Xavier Bertrand n’assume la chasse que comme un bloc de beaufitude patriarcale.

Pour Zemmour, c’est précisément la chasse à courre qui est intéressante. Car il faut le savoir, cette chasse particulière est ouvertement revendiquée comme un bastion par l’aristocratie (à travers le site de l’Association de l’Entraide de la Noblesse Française, en même temps que l’Église, l’Académie Française et un certain surnombre parmi les officiers de l’Armée). En ce sens, elle possède toutes les clefs idéologiques dont un fasciste a besoin pour mobiliser les esprits dans le sens du nationalisme et de la marche à la guerre.

L’aristocratie (ou ce qu’il en reste) est une force sociale à laquelle Zemmour s’adresse ici directement, pas pour sa force numérique dans le cadre d’une élection, mais parce qu’elle porte quelque chose qui culturellement sert son projet politique : le code de l’Honneur chevaleresque, l’héroïsme individuel, le sens de la Famille et de l’héritage, la charité envers les classes populaires, la Piété, l’abnégation en faveur de la Patrie…

A travers ce vecteur qu’est pour lui la chasse à courre, il peut très bien se permettre de combiner une vision fantasmée de Louis XIV avec une revendication des acquis de la Révolution Française :

« dans les cahiers de doléances, les gens disent on veut chasser comme les aristocrates. La première revendication de 1789, c’est le droit de chasse pour tous, c’est profondément révolutionnaire et républicain ».

Zemmour n’a pas à s’embarrasser des détails. Peu importe si la Révolution, en ouvrant le droit de chasse aux citoyens, a aboli la chasse à courre dans le même temps, et qu’elle est donc tout l’inverse d’un « acquis révolutionnaire ». Ce qui compte, c’est la mise en place de symboles, d’un imaginaire national favorable au projet de la haute bourgeoisie hyper agressive, à l’impérialisme conquérant.

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Politique

Bolloré et Zemmour veulent-ils rejouer La Rocque et le PSF en rachetant Le Figaro ?

L’extrême-droite a besoin d’élargir sa base et de gagner en crédibilité.

L’information est sortie dans le milieu des journalistes comme quoi Vincent Bolloré veut racheter Le Figaro. Vrai ou non, c’est en tous cas plausible, car ce journal serait une pièce de choix dans le dispositif Bolloré d’appui au populisme nationaliste.

Vincent Bolloré dispose déjà de la radio Europe 1, du magazine Paris Match et du Journal du dimanche. Il a surtout la chaîne Cnews, devenue un laboratoire pour l’hystérie populiste et les déchaînements réactionnaires. Cnews a servi de catapulte politique pour Eric Zemour qui y a eu une tribune quotidienne dans laquelle il pouvait longuement s’étaler, se poser comme un rationnel au-dessus du lot et disant vraiment les choses, etc.

En fait, il y a eu convergence entre les intérêts de Vincent Bolloré, représentant une fraction bien précise de la bourgeoisie française, et la personnalité Eric Zemour qui s’est retrouvée propulsée historiquement comme figure présidentiable. D’ailleurs, il ne s’agit même pas d’imaginer une opération organisée de longue date (encore que cela est possible), mais surtout un déroulement naturel des choses entre gens allant dans le même sens à une époque qui leur est favorable !

Toujours est-il que cela serait on ne peut plus logique pour Vincent Bolloré, pour appuyer sa dynamique politique, d’avoir également le Figaro (où Eric Zemour a d’ailleurs beaucoup écrit jusqu’à très récemment). Ce serait là beaucoup plus crédible politiquement aux yeux de la bourgeoisie traditionnelle française, que les étalements type « comptoir de bistro » sur Cnews.

Le Figaro est en effet une institution en France, à droite certes, mais pas seulement. C’est avec Le Monde l’un des deux journaux nationaux majeurs, disposant tous deux, suivant les milieux, d’une image de rigueur et ayant une autorité politico-culturelle incontournable en termes d’information et de traitement de l’information.

La Figaro, qui appartient au Groupe Dassault, dispose de beaucoup de moyens pour apporter à la partie de la bourgeoisie française à laquelle il s’adresse une information considérée comme étant de qualité, fiable, utile, constructive. Vincent Bolloré pourrait très bien vouloir en faire quelque-chose de plus, en élargissant l’audience non plus seulement à la bourgeoisie cultivée et urbaine (voire surtout parisienne), mais à une large partie de la population française droitisée.

Ce ne serait pas une première historiquement. Dans les années 1930, le Figaro a justement été le journal de La Rocque et du PSF, servant directement l’extrême-droite en tant qu’outil politico-culturel. Rappelons qu’il s’agissait alors d’un gigantesque mouvement en France, à la fois de masse et militaire, incontournable pour qui s’intéresse vraiment à l’Histoire de France au 20e siècle.

Cela serait tout à fait conforme à la dynamique enclenchée par Eric Zemour d’un mouvement de droite « populaire », et surtout opposé à la bourgeoisie moderniste (représentée en l’occurrence par Le Monde, France inter, etc.).

De toutes façons, Le Figaro, malgré une ligne générale allant dans le sens de la rationalité libérale bourgeoise (avec par exemple de nombreux articles reconnus sur les questions médicales, des analyses précises et ultra-synthétiques sur l’actualité internationale, etc.), n’est pas en reste quant au populisme délirant dans la veine d’Eric Zemour.

On a par exemple l’édition du site internet dans la soirée du dimanche 21 novembre 2021 où un article grotesque « Ces contraintes qui dégoûtent les Français de la voiture » était mis en avant, accompagné d’un sondage proposant de répondre à la ridicule question « Limitation de la vitesse, prix du stationnement… Approuvez-vous les politiques anti-voitures ? » En fin de soirée, avec 65 000 votants, il y avait une écrasante majorité (80%) de « non ». L’article pour sa part était un modèle du genre d’individualisme de droite malhonnête :

« Aux prises avec une circulation urbaine de plus en plus compliquée pour eux, en raison du règne du vélo et de la trottinette décrété par les municipalités, [les automobilistes] sont chaque année rattrapés par de nouvelles contraintes […] »

Eric Zemour, le candidat des chauffards, ne dirait pas mieux. Et ce genre de considération justement, haineuse dans leur base, étriquée dans l’état d’esprit et surtout profondément opposée à la société et au collectivisme, c’est exactement ce dont à besoin un Vincent Bolloré, figure des milieux les plus agressifs de la bourgeoisie française.

L’actualité de l’extrême-Droite en France, ce n’est pas des groupuscules ultra jouant la provocation dans les manifestations parisiennes libérales-démocratiques, pour faire parler d’eux grâce aux « antifa » tombant dans le panneau…

L’actualité, c’est la mise en place d’un dispositif politique et culturel massif, visant les masses, visant à encercler mentalement les masses. C’est exactement la raison d’être d’un Eric Zemour, dans l’intérêt direct d’un Vincent Bolloré !

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Écologie

La loi contre la maltraitance animale est un échec au sujet des cirques

Les animaux dans les cirques c’est fini, mais en fait non.

La loi contre la maltraitance animale a finalement été adoptée définitivement, après avoir fait l’habituelle navette entre l’Assemblée nationale et le Sénat. Nous présentions cette loi lors de sa première adoption en janvier dernier dans l’article « L’Assemblée nationale adopte une petite loi pour les animaux ».

Cette loi ne changera pas grand-chose, même si elle est évidement une petite avancée sur quelques sujet. Toutefois, ce n’est pas le cas à propos de la présence des animaux sauvages dans les cirques. La loi a été présentée par beaucoup de personnes, dont les élus de la majorités qui en sont à l’origine, comme une grande avancée. En gros, il est laissé entendre que les animaux sauvages dans les cirques, c’est enfin fini.

Tel n’est pourtant pas le cas. Déjà, car tout cela va prendre du temps. Il faut attendre au moins sept ans avant que les cirques n’aient vraiment plus le droit de mettre en scène ces animaux… Si la loi n’est pas suspendue ou contournée d’ici là.

Mais surtout, il y a une « subtilité » dans la loi… Seuls les cirques itinérants sont concernés par l’interdiction. Autrement dit, il suffira d’être installé fermement quelque part pour continuer à martyriser des lions, de singes, des hippopotames pour de soit-disant spectacles.

C’est terrible, car on a en apparence une grande avancée pour les animaux, mais en réalité ce n’est qu’une modernisation de la maltraitance animale.

Les cirques nomades sont inévitablement un enfer pour les animaux sauvages et il était évident qu’il n’y avait pas grand-chose à aménager de ce côté là en raison de la complexité inhérente à l’itinérance. Mais plutôt que d’aller véritablement dans le sens des animaux en interdisant purement et simplement les cirques, la loi va en fait servir à moderniser ce business, en obligeant de nouvelles normes pour des cirques sédentaires et en prétendant que celles-ci sont bien pour les animaux sauvages.

Voilà un terrible piège, car il sera d’autant plus difficile d’accéder à une véritable libération pour les animaux des cirques, étant donné que leurs bourreaux pourront prétendre respecter de nombreuses règles nouvelles et prendre vraiment « soin » de « leurs » animaux.

Cela signifie également une autre chose, vraiment terrible. Si les animaux sauvages sont interdits dans les cirques, on pouvait imaginer que ceux-ci allaient forcément être recueillis par des sanctuaires, comme par exemple « Elephant Haven » en Haute-Vienne. Ce n’est pas du tout le cas, les cirques bourreaux pourrons continuer à garder « leurs » animaux, du moment que c’est une installation fixe et non nomade.

De telles installations existent déjà, comme par exemple le Jungle Park près de Nice qui appartient au cirque Medrano, comme le rappelle la porte-parole de l’association One Voice, à la pointe du combat sur ce sujet, qui a justement réussi à faire fermer ce site, mais qui ne pourra pas tous les faire fermer.

D’ailleurs, du côté de One-Voice, il n’y a aucune illusion quand à cette loi qui est un véritable échec sur le sujet des cirques :

« Il y a trop de failles dans ce texte catastrophique »

« On ne peut pas parler de loi de protection animale quand certains cirques peuvent continuer d’exploiter des animaux sauvages ! Des tigres et des lions vont rester aux mains de dresseurs qui vont se sédentariser, certains le font déjà. Dire que c’est une grande avancée : non. C’est un premier pas. »

D’après le ministère de la Transition écologique, ce sont actuellement 800 animaux sauvages, dont 8 éléphants, qui sont emprisonné et forcés à se donner en spectacle pour des cirques. C’est énorme, et inadmissible. La société française est complètement à la traîne sur cette questions, en raison des mœurs libérales du pays et d’un mépris culturel vis-à-vis de la vie animale très ancré dans les mentalités.

Les animaux ont besoin d’une véritable révolution culturelle pour que les choses changent vraiment, sinon le piège continuera à se refermer sur eux avec des petites avancées, qui sont en fait surtout des modernisations… servant à continuer à les maltraiter.

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Société

Le « Robert » et le soi-disant pronom « iel »

La bourgeoisie culturelle libertaire face à la Droite.

Une polémique enfle depuis quelques jours sur l’entrée dans le dictionnaire « le Robert » du pronom « iel« . Le site en ligne de l’entreprise qui édite ce dictionnaire a donc été poussé à clarifier son choix par un communiqué, intéressant sur le plan culturel.

Il faut saisir ici que le « Robert » est en soi devenu une référence quasi-académique dans l’apprentissage et l’étude de la langue française. Son fondateur, Alain Rey est une personnalité importante de la Gauche libertaire et intellectuelle, intéressée dans le cadre du développement de la pensée post-moderne à l’étude critique de la langue, de ses usages, avec cette idée que la pensée se formalisant dans des mots, la lutte politique devait par conséquent se focaliser sur les « discours » et les mots pour produire une pensée alternative à l’ordre dominant et à ses injustices.

C’est dans ce sens que le journal hebdomadaire « Le Nouvel Observateur », fondé en 1964 sur une ligne démocrate-libérale qui se voulait alternative à la rupture communiste, présente en 1967 la première édition du dictionnaire en disant : « enfin un dictionnaire de gauche ! ».

Le groupe emmené par Alain Rey dans cette entreprise se place historiquement dans la lignée du dictionnaire bourgeois typique du XIXe siècle : le Littré, qui a été conçu dans les années 1840 comme une tentative de fournir un outil d’étude de grande qualité de la langue, en observant ses évolutions, tout en l’inscrivant dans son histoire et ses héritages, en particulier par le recours à une analyse étymologique qui cherche à se systématiser.

Il y a donc ici un aspect intéressant et juste sur la forme : la nécessité des intellectuels de fournir des outils d’analyse et de compréhension reflétant le réel et sa créativité, en lui donnant une épaisseur, une dimension scientifique correcte.

Les rédacteurs du dictionnaire ont donc raison ici de présenter leur démarche comme rationnelle, soulignant que toute une équipe a scruté sur une période relativement longue les usages, en multipliant les sources etc, et que c’est au terme de cette démarche d’observation qu’il a été discuté et pris la décision collective d’inclure le néologisme dans la version en ligne du dictionnaire.

Mais sur le fond, ces rédacteurs se trompent lourdement.

On peut déjà noter qu’il y a un certain paradoxe à expliquer qu’il a été constaté un usage « croissant » de ce terme dans un « corpus de sources variées », mais qu’en même temps on reconnaisse que son usage est néanmoins faible au point de préciser la mention « rare » dans la définition retenue.

Encore moins convaincant, il est expliqué que cette intégration devait refléter moins un usage qu’aider au débat en clarifiant son sens. Mais cela n’a strictement aucun sens de présenter les choses ainsi. Soit le terme est peu usé et son usage ne peut donc alimenter un débat significatif, soit on l’utilise, même de manière polémique et alors il faut en effet clarifier le sens. Ce que font ici les rédacteurs de fait, c’est prendre position en faveur de ce terme et de son emploi. C’est un acte militant ni plus ni moins.

De plus, le terme ne relève pas d’un nom nouveau, sa « définition » n’est donc pas possible en soi, puisque iel est présenté comme un pronom, devant donc remplacer des noms communs. Son unique caractéristique est que, à l’instar du pronom on, iel peut s’utiliser sans subir de déclinaison de genre.

Or le terme a été forgé essentiellement pour remplacer des noms de personnes humaines, on ne l’utilise pas par exemple pour parler des animaux ou des choses. On peut dire, ou plutôt écrire d’ailleurs, ainsi : les boulangers font du pain / iels font du pain. Mais on ne trouve pas : les maisons sont confortables / iels sont confortables ou les fourmis vivent en communauté/ iels vivent en communauté.

De même, un pronom se décline, selon sa fonction dans la phrase. Par exemple, il peut devenir lui, celui ou son. Mais quels sont les déclinaisons fonctionnelles de iel ? Cela n’a strictement aucun sens de proposer un nouveau pronom, sans en proposer toute la déclinaison. Et il est impossible que des spécialistes de la grammaire comme le sont les rédacteurs du Robert ignorent ce fait.

Enfin, le « corpus » considéré ne semble pas être si large que cela, puisque la définition proposé précise, sous la forme d’un exemple d’usage : « L’usage du pronom iel dans la communication inclusive« . L’usage est donc… le fait de l’utiliser par les gens qui l’ont inventé !

D’une manière générale, ces fautes sur le fond relèvent ici d’une approche formaliste et quantitative de la langue. On peut sans doute penser que les rédacteurs ont eu ici à coeur de promouvoir une sorte d’élan progressiste, d’aider à aller dans le sens d’un usage, ou du moins d’un débat, qui leur semble intéressant.

L’auteur qui parle au nom de la rédaction, reconnaît sa satisfaction à dire que la majorité de ses lecteurs, du moins ceux qui lui ont adressé un message, auraient salué ce nouvel ajout. D’une façon ou d’une autre, le Robert se place en effet au centre d’un débat l’opposant au camp des conservateurs, qui n’ont bien sûr pas manqué de s’indigner sur le sujet.

Ce qui est intéressant c’est que le Robert est entraîné dans ce débat politique, et il ne peut être ici question de hasard quand on voit à quel point les tensions entre les libéraux et conservateurs, au sein de la bourgeoisie et de son appareil culturel, éclatent de plus en plus en conflit ouvert. À sa façon, le Robert tente ici de défendre la Culture, le progrès et même la Gauche en un mot. Ce petit iel est de fait insupportable aux conservateurs et à la Droite. Et ce n’est pas rien sur la forme de se confronter à celle-ci.

Mais si cela peut être vu comme une démarche qui a du coeur sur la forme, elle n’a pas de tête sur le fond. Les rédacteurs ont ainsi eu une démarche quantitative pour appuyer l’introduction du pronom iel dans leur dictionnaire, mais sur le plan qualitatif, cela n’a aucune profondeur.

On peut bien s’amuser à compter de ceci de-là les occurrences d’un néologisme pour prétendre en valider l’usage, mais cela n’a pas de sens si on ne définit pas un périmètre clairement. L’usage de ce pronom est récent, il a moins d’une dizaine d’années, et à en croire les prétentions quantitatives avancées par les rédacteurs du Robert, son usage aurait eu un succès fulgurant.

Alors qu’il est manifeste qu’il est d’abord et presque uniquement un usage militant au sein d’organisations ou de publications liées d’une manière ou d’une autre à la galaxie libertaire et post-moderne de la bourgeoisie culturelle. Le socle est de fait étroit, et sorti de ce milieu, son usage est nul. Et sans les masses rien n’est possible.

À travers cette question relativement anodine, il se joue ici une partie serrée pour la bourgeoisie culturelle libertaire qui essaye de faire face à la Droite. Mais comme elle n’a ni profondeur populaire ni conscience politique développée, le sol se dérobe sous ses pieds. Ses théories intellectuelles abstraites ne rencontrent de fait aucun écho populaire.

Si le Robert avait eu une réelle dimension démocratique, il y aurait une maîtrise de la forme et du fond. Par exemple, comment expliquer l’importance donné à ce pronom si peu usité et ne pas faire entrer le mot crush qui désigne une émotion amoureuse soudaine, voire inopportune, un peu irrationnelle, que l’on oppose au vrai sentiment développé, profond et prolongé de tomber amoureux.

L’usage du terme crush est bien plus massif que celui du pronom iel et c’est un véritable nom, reflétant une réalité tout à fait sensible et vécue, plus intéressante à développer dans un dictionnaire, pour en exposer l’étymologie, le parcours dans notre langue et en saluer ce que la conscience populaire qui l’emploie, entend définir par son usage.

Au fond, tout le problème est là donc. L’usage de ce pronom iel se voudrait une solution intellectuelle à un réel problème populaire, relevant de la question du féminisme. Mais comme ces intellectuels imaginent que ce pronom astucieux aurait en soi une charge progressiste, et encore faudrait-il alors en exposer les tenants et les aboutissants dans la définition, ils imaginent que cela sera en mesure de faire face au conservatisme étroit de la Droite, ou ouvrira un débat permettant à la Gauche culturelle de se réaffirmer.

Mais à un problème populaire il faut une solution démocratique, à la Droite, il faut donc opposer une Gauche réellement populaire et démocratique. Le débat pathétique autour du l’usage ou non du pronom iel illustre que la partie est en train de se finir pour la bourgeoisie culturelle libertaire. Celle-ci entrevoit toujours plus nettement, à mesure que se développe la Crise, son possible écrasement par une Droite devenue hégémonique et offensive.

Un espace s’ouvre ainsi pour l’affirmation d’une Gauche revenue sur ses fondamentaux, et assumant la lutte des classes, à la remorque de laquelle les éléments les plus avancées de la bourgeoisie culturelle doivent maintenant se placer. Cela relève d’une nécessité historique qui n’est pas contournable.

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Guerre

Offensive de novembre 2021: l’Arménie à un pas de l’effondrement

Les affrontement de la mi-novembre 2021 sont un avertissement.

Il se joue pour l’Arménie une dangereuse partie qui risque bien de l’emporter en tant qu’État. Le mardi 16 novembre, les forces armées de l’Azerbaïdjan, qui avaient conquise par une guerre technologique de grande envergure l’essentiel du Haut-Karabagh arménien l’an passé, ont attaqué massivement le territoire arménien dans la région du Siunik, soit le sud du pays.

L’offensive a été soudaine et massive, les affrontements ayant duré 24 heures, coûtant la vie à des dizaines de soldats des deux côtés, avant qu’un cessez-le-feu, imposé par la Russie, ne gèle à nouveau la situation.

Cette offensive fait suite directement à toute une série d’attaques régulières menées par les troupes azerbaïdjanaises depuis un an dans le secteur. Les incursions, les tirs sur les habitations, les routes ou même les animaux relevant du bétail, n’y ont quasiment pas cessé, maintenant une pression constante sur la région.

Pour le régime ultra-chauvin du président azerbaïdjanais Ilham Aliev, les choses sont claires. Il s’agit d’abord d’étrangler ce qui reste de la population arménienne du Karabagh, qui compte officiellement 120 000 habitants, contre 150 000 avant la guerre, en l’isolant toujours plus de son lien avec l’Arménie.

L’ambassadeur en France de l’Azerbaïdjan s’est d’ailleurs exprimé le mois dernier lors d’une série de rencontres visant à promouvoir la politique de son pays, avec une réactivation du groupe d’amitié parlementaire « les Amis de l’Azerbaïdjan », ainsi qu’une exposition de photographies sur le thème, d’un cynisme baroque très suggestif, « Karabagh en temps de paix ». Tout cela s’inscrit dans une plus large offensive en Europe, notamment appuyée sur la Suisse et le Luxembourg.

C’est dans le cadre de cette offensive diplomatique, peu couronnée de succès néanmoins, que l’ambassadeur d’Azerbaïdjan en France, Rahman Mustafayef, a présenté le plan de Bakou concernant les Arméniens du Karabagh : il a été dit que le Karabagh devait devenir une « zone multiethnique » et il a même quantifié les choses : 750 000 azéris d’un côté et 25 000 Arméniens de l’autre.

Mais de toute façon, il est clair qu’il n’y aura ni 120 000, ni 25 000 Arméniens dans le Karabagh azéri. Il n’y en aura tout simplement aucun, car l’objectif poursuivi depuis des décennies par le régime vise à l’anéantissement systématique de tout ce qui peut de près ou de loin évoquer la composante arménienne de l’Azerbaïdjan.

L’épuration ethnique, par l’exode et l’étranglement territorial progressif, qu’espère le régime de Bakou se double d’autre part de la volonté de connecter directement le territoire de l’Azerbaïdjan à celui la de la Turquie. Ce qui passe par la conquête d’une façon ou d’une autre du Siunik.

Sur le papier, cela n’a rien d’impossible. La région ne compte que 150 000 habitants, soit moins de 5% de la population d’Arménie, avec un vieillissement très marqué et une tendance massive à l’exode. Cela est encore plus vrai concernant le sud de la province, autour de la ville de Kapan en particulier, sur laquelle la pression est maximale depuis l’an passé. L’armée azerbaïdjanaise est même parvenue un temps à occuper l’aéroport de cette ville.

Pour l’Azerbaïdjan, le sud de l’Arménie est une cible pour a minima imposer un « corridor » sous son contrôle entre le Nakhitchevan et le reste du territoire azerbaïdjanais, voire même un territoire potentiellement annexable de facto.

L’agression azerbaïdjanaise illustre donc la logique jusqu’auboutiste du régime de Bakou qui entend poursuivre son effort de guerre contre l’Arménie sans relâcher la pression. En cela, il est poussé par la Turquie, dont le ministre de la Défense, Hulusi Akar, ainsi que le ministre des Affaires Étrangères, Mevlut Cavusoglu, ont immédiatement pris nettement position en faveur de l’agression.

Il faut souligner qu’en arrière-plan la Turquie a relancé l’ancien forum de coopération des États turcophones le 12 novembre dernier, en posant un nouveau cadre clairement offensif : une nouvelle charte, un nouveau nom (Organisation des États turcophones), et a tenté de mettre la pression sur les anciennes Républiques soviétiques d’Asie centrale pour qu’elles prennent justement partie dans le conflit au Karabagh et fassent bloc avec l’Azerbaïdjan contre l’Arménie.

Malgré l’agressivité de la Turquie, l’Azerbaïdjan a néanmoins rapidement reculé face aux réactions de la Russie et de l’Iran, dont l’hostilité à son égard ne fait que croître. Aux États-Unis et en Europe les réactions indignées n’ont pas aussi tardé, et la rhétorique ciblant hostilement la Turquie s’est renforcée.

Par exemple, Éric Zemmour n’a pas manqué de s’exprimer par un tweet ouvertement agressif, en prenant partie pour l’Arménie.

D’une manière générale, on a donc une double dynamique du renforcement de la tendance à la guerre en l’espèce : d’une part se dessine des blocs de plus en plus antagonistes, dont la confrontation devient toujours plus ouverte et directe, et d’autre part on a une construction de l’ennemi, les Arméniens d’un côté, la Turquie de l’autre, qui s’envenime.

Les Arméniens, en particulier du Karabagh, mais aussi désormais d’Arménie (notamment du sud du Siunik), sont chaque jour un peu plus menacés dans leur existence. La guerre « hybride » qui vise à les pousser à la fuite, en leur imposant un rapport obsidional (c’est-à-dire une mentalité de quelqu’un vivant dans une cité assiégée) permanent et insupportable, ne va sans doute pas encore tenir bien longtemps avant que des civils ne soient ouvertement et massivement pris comme cibles, d’abord au motif d’objectifs limités, comme le serait par exemple la prise de Kapan en Arménie, puis de manière de plus en plus large et ouverte.

C’est là la logique même de la guerre impérialiste une fois élancée. Le risque pour les Arméniens n’est pas seulement leur écrasement. C’est leur anéantissement qui est en jeu. Il faut le dire clairement.

Et dans ce rapport sinistre, les puissances capitalistes ou semi-capitalistes ne sont bien entendu d’aucun secours. Piégées dans leur propres contradictions et dans leur rhétorique « géopolitique » guerrière, elles n’appuient l’Arménie que pour mieux la précipiter dans le gouffre, ou en faire l’alibi de leur propre mobilisation nationaliste en faveur de la guerre contre la Turquie et son bloc.

Les peuples d’Azerbaïdjan et d’Arménie sont donc dans une poudrière qui emportera l’un et l’autre au bout du compte. La responsabilité de la Gauche est donc ici toujours davantage gigantesque à chaque pas accompli en direction de la guerre, à mesure que la logique des blocs s’affirme et avec elle, l’engrenage meurtrier et la construction déshumanisante de l’ennemi.

L’amitié entre les peuples doit être assumée sous la bannière du drapeau rouge, les va-t-en guerre désarmés et punis.

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Politique

L’article à charge du Monde contre « E-Z-B »

Les turbocapitalistes attaquent frontalement les conservateurs.

Source : WIkipédia

C’est un très long article du Monde, « Comment Vincent Bolloré mobilise son empire médiatique pour peser sur l’élection présidentielle », qui témoigne de la dimension du conflit qui existe au sein des capitalistes.

Loin d’être un monde uniforme, les capitalistes ont des centres d’intérêt très différents au-delà de leur intérêt justement commun. On a donc aussi l’affrontement entre les turbocapitalistes, partisans de la modernité, et les conservateurs nationalistes. Ici, Le Monde défend naturellement Emmanuel Macron, président ayant à faire face aux vilains projets d’un vilain PDG conservateur.

Il s’agit en l’occurrence du milliardaire Vincent Bolloré, dénoncé au point qu’à l’Élysée Eric Zemmour est apparemment, selon l’article, appelé E-Z-B, soit Eric Zemmour Bolloré. Dans cette perspective, l’article du Monde présente Eric Zemmour comme la créature de Vincent Bolloré, avec de nombreux détails.

On apprend ainsi que les deux personnages se parlent au téléphone tous les jours, qu’Emmanuel Macron tente de bloquer les investissements de Vincent Bolloré pour élargir son « empire », que Vincent Bolloré a placé à la tête de Paris Match et du Journal du Dimanche des proches :

« Vincent Bolloré n’ignore rien de leur parcours. A 20 ans, Patrick Mahé militait au sein d’Occident, mouvement d’extrême droite dissous en 1968 – comme Michel Calzaroni, le conseiller com’ de Bolloré, qui s’amuse aujourd’hui d’avoir commencé « à l’extrême droite de Vincent et de se retrouver à sa gauche ». Longtemps proche de Jean-Marie Le Pen, Mahé est aussi un ancien de Jeune Europe, groupuscule ultra-nationaliste et antiaméricain de « fafs », disait-on à l’époque, dont l’emblème était la croix celtique.

A Jeune Europe, « Patrig » côtoyait l’éditeur Jean Picollec, un autre Breton qui habitait à vingt kilomètres du fief familial des Bolloré et auquel Vincent et son oncle Gwenn-Aël Bolloré avaient confié en 1987 leur chère maison des Editions de La Table ronde – avant que Picollec ne publie lui-même dans sa propre maison des auteurs sulfureux, comme l’ancien combattant SS belge Léon Degrelle (…).

La seconde recrue, Jérôme Bellay, désormais à la tête du JDD, appelle Bolloré « le cousin ». Sa quatrième épouse, Isabelle Morizet, alias Karen Cheryl, serait, aime rire Bellay devant ses collaborateurs, une parente éloignée du premier actionnaire de Vivendi. Le couple partage d’ailleurs quelques cocktails sur le pont du Paloma, lorsque le yacht du milliardaire mouille l’été dans la baie de Cannes. »

Ce dernier passage sur les cocktails est révélateur. Car bien évidemment Le Monde dénonce CNews et son rôle pro-Eric Zemmour. Mais l’article prend alors un tournant assez unique. On sait qu’en France il est de règle de ne pas aborder la vie privée des personnalités. C’est mal vu. Il y a bien évidemment des médias people surfant là-dessus, mais c’est considéré comme un sous-genre proche du caniveau.

Or, l’article du Monde déroge à la règle, de manière outrancière, allant jusqu’à l’intime de la vie privée de Vincent Bolloré, jusqu’au détail, comme pour montrer que tout était su. Cet étalage sordide vise en apparence à dénoncer le rôle activiste de Vincent Bolloré le conservateur pro-catholique, mais dans le fond il y a quelque chose de rance, une sorte d’agression personnelle, comme pour en faire une cible.

Voici quelques passages qui reflètent ce mélange de dénonciation individuelle et d’accusation politique.

« Ils sont nombreux à observer la mue de Vincent Bolloré, mais rares sont ceux à avoir compris le raid politique et idéologique qu’il a lancé. Il faut dire que le capitaine d’industrie a toujours entretenu le flou sur ses convictions politiques. Personne n’ignore qu’il est un homme de droite. Ou que sa figure tutélaire reste son oncle, Gwenn-Aël Bolloré, débarqué à 19 ans, le 6 juin 1944, sur les plages de Normandie avec le commando Kieffer.

Plus que son propre père, Michel, le héros Gwenn-Aël est sa référence. Patron des éditions de La Table ronde, lecteur passionné et éditeur des « hussards » Antoine Blondin, Roger Nimier et cette petite bande d’écrivains désenchantés de l’après-seconde guerre mondiale, l’oncle était aussi partisan de l’Algérie française et de l’OAS, dont il a publié bon nombre de soutiens (de Jean Bastien-Thiry, l’organisateur de l’attentat contre de Gaulle au Petit-Clamart en 1962, à Jean-Louis Tixier-Vignancour, l’ancien compagnon de route de Jean-Marie Le Pen.) (…)

Plus fidèle à ses relations qu’à la politique, il avait renoncé à soutenir François Fillon en 2017, quoique le candidat prône l’union du libéralisme économique et du conservatisme sociétal (comme l’interdiction de la procréation médicale assistée) – l’idéal de Vincent Bolloré. C’est qu’il ne voulait pas déplaire à Nicolas Sarkozy, cet ami auquel il a prêté son yacht, au lendemain de son élection en 2007, et qui lui a remis la Légion d’honneur deux ans plus tard (…).

Mais il a chaque jour besoin de nouvelles distractions. Divorcé, plusieurs fois séparé, Vincent Bolloré s’est plusieurs fois affiché avec la volubile Valérie Hortefeux, l’ex-épouse de Brice Hortefeux, ancien ministre de l’immigration et de l’identité nationale. Il s’inquiète de la maladie et de la mort et semble gagné par un sentiment d’urgence.

« Lorsque l’homme est plus près du couchant que du levant, il lui vient insidieusement l’envie dérisoire de marquer son passage », écrivait l’oncle « Gwenn » dans ses mémoires. A mesure qu’approche son 70e anniversaire et la date fixée pour son départ, il veut peser sur l’avenir politique du pays. Cette passation des pouvoirs à ses fils aura lieu lors du bicentenaire du groupe, le 17 février 2022, lors d’un grand fest-noz dans le fief familial d’Ergué-Gabéric, près de Quimper (…).

La croisade pour l’Occident chrétien de Vincent Bolloré prospère sur un terreau favorable : une foi de charbonnier qui se décline en images pieuses dans son portefeuille, un syncrétisme « bretonnisant » qui balance entre tradition celte et piété mariale. La devise de la famille est la même depuis 1789 : « A genoux devant Dieu, debout devant les hommes ». Superstitieux, Vincent Bolloré garde à portée de main une statuette de la Vierge Marie et rapporte des bouteilles d’eau bénite de son pèlerinage annuel à Lourdes.

Il se vante de se rendre à la messe tous les dimanches « quel que soit l’endroit où [il se] trouve » (…).

On présente souvent l’abbé Grimaud comme le « confesseur » de Vincent Bolloré. Il ressemble surtout à un directeur de conscience politique. C’est Gabriel Grimaud qui a présenté au patron le journaliste Guillaume Zeller, ce petit-fils d’un des quatre généraux du putsch d’Alger (aujourd’hui « directeur de projet » au sein du groupe). L’industriel l’avait propulsé malgré son inexpérience à la tête d’i-Télé, avant de licencier 70 journalistes et de transformer la chaîne en CNews. Cette fois, Vincent Bolloré tient à présenter à Gabriel Grimaud un journaliste juif qui se dit aussi « chrétien » et veut comme lui contrer l’islam : Eric Zemmour. »

Cet article sordide restera dans l’histoire du journalisme français comme un exemple d’agression individuelle, qu’on devine clairement téléguidé par Emmanuel Macron. Il s’agit de présenter Vincent Bolloré comme une personne âgée pleine de préjugés et capricieuse comme un milliardaire, ayant décidé d’une lubie sans fond, qui n’existe que médiatiquement.

Ces « délires » d’un capitaine d’industrie censé être gâteux seraient utilisés par une poignée de réactionnaires – losers, mais tout cela serait déconnecté de la réalité.

C’est là insultant pour Vincent Bolloré et cela montre le niveau infect des contradictions inter-bourgeoises. Cependant, et là c’est réellement grave historiquement, cela individualise ou personnalise un phénomène de fond, rendant impossible son interprétation correcte.

On ne saurait en effet interpréter la montée d’Eric Zemmour comme le font les turbocapitalistes et Emmanuel Macron. Il faut voir les choses historiquement et comprendre qu’Eric Zemmour est une expression historique de la crise, et qui dit crise capitaliste dit aussi : nationalisme, protectionnisme, mise au pas intérieure, guerre.

Vincent Bolloré ne « choisit » rien du tout. Il est une figure historique du capitalisme français qui est poussé par la crise. On n’en a rien à faire que Vincent Bolloré jouait aux cartes, dans sa jeunesse, avec le président Georges Pompidou. L’Histoire n’est pas réalisée par des individus, mais par des classes agissant de manière inéluctable.

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Guerre

La Russie détruit un vieux satellite avec un tir d’essai militaire

La guerre aura aussi lieu dans l’espace.

Le gouvernement Russe a procédé lundi 15 novembre 2021 à un tir antisatellite. Il s’agissait de détruire, comme cible d’un d’essai militaire, un appareil soviétique Kosmos-1408 inactif, en orbite autour de la terre depuis 1982.

Le tir a provoqué une pluie de débris identifiables, répartis en environ 1500 morceaux qui ont contraint, selon la procédure standard, l’équipage de la station spatiale internationale à se réfugier dans les vaisseaux d’évacuation. Ce genre de débris atteignent des vitesses très élevées, risquant de provoquer des dégâts considérables.

Bill Nelson, dirigeant de la NASA, l’agence spatiale américaine qui fonctionne indirectement au service de l’armée américaine, s’est dit « scandalisé » par cette « action irresponsable et déstabilisatrice » mettant « en danger non seulement les astronautes américains et des partenaires internationaux dans l’ISS, mais aussi ses propres cosmonautes ».

En fait, les réactions ont afflué depuis le monde entier face à ce geste militaire assumé, y compris de la part de la France via sa ministre des Armées dénonçant « les saccageurs de l’Espace » ayant « une responsabilité accablante en générant des débris qui polluent et mettent nos astronautes et satellites en danger ».

Toutefois, ces réactions ne sont essentiellement pas d’ordre pacifistes, écologistes et scientifiques, mais surtout d’ordre politico-militaires. Il s’agit de dénoncer une puissance concurrente, dans le cadre de la grande tendance à la guerre pour le repartage du monde. La Russie, certes, a une responsabilité immense en procédant ainsi à une telle démonstration de force ayant une véritable visée stratégique militaire. Elle assume de pouvoir transformer l’espace en un immense champs de bataille en procédant à des tirs antisatellites.

Les détracteurs de la Russie, États-Unis en tête, ne sont toutefois pas en reste, disposant également d’une capacité de destruction antisatellite et ayant déjà procédé à plusieurs tirs d’essais militaires antisatellite (dont le dernier en 2008). Du côté de la France, la capacité de tirs antisatellite est une préoccupation majeur pour la nouvelle armée de l’air et de l’espace, qui assume ses ambitions depuis son officialisation en juillet 2020. L’Armée française a d’ailleurs mis en scène en mars dernier un wargame très sérieux pour simuler une guerre spatiale contre la Russie.

Il s’agit en tous cas pour la Russie avec son tir d’essai militaire de montrer en pratique qu’elle n’a pas peur de frapper, qu’elle a les moyens de le faire facilement et rapidement. Un tel tir est pourtant complexe à mettre en œuvre puisqu’il faut viser un objet en mouvement rapide sur une orbite spatiale. C’est en tous cas un enjeu majeur pour une puissance secondaire telle la Russie, qui a besoin de pouvoir nuire efficacement face à la superpuissance américaine, dont le réseau satellitaire est aussi déterminant stratégiquement que fragile opérationnellement.

La Russie, en tant puissance challenger, et potentielle alliée de la superpuissance émergente chinoise, envoie donc un message très clair au monde quant à sa capacité de tir spatial, quitte à assumer de contribuer dangereusement à la pollution spatiale.

Cette pollution spatiale est un véritable désastre, accentuée bien sûr par ce nouveau tir, mais déjà bien réelle et conséquente depuis des années. Il existe une véritable poubelle en orbite autour de la Terre. La perspective d’une guerre mondiale se déroulant aussi dans l’espace aggraverait considérablement cette pollution, qui pourrait même astreindre l’humanité à rester bloquée sur Terre pendant des années et des années avant de pouvoir nettoyer.

C’est donc vers une véritable catastrophe que notre monde se dirige. Telle est l’actualité à notre époque.

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Écologie

COP26 : l’humanité fonce dans le mur et assume

Le réchauffement climatique au delà de 2°C ne sera pas empêché.

La COP26 n’est pas un échec, car il n’y avait rien à en attendre. Cela fait longtemps que l’humanité a laissé de côté la prise de conscience nécessaire quant au réchauffement climatique ; on est bien loin des auto-satisfactions à l’issue de la COP21 à Paris en 2015, que la COP26 était censée poursuivre.

La Conférence de Glasgow de 2021 sur les changements climatiques, qui s’est terminée dimanche 14 novembre, n’aura été que la chambre d’enregistrements des reculades et de l’absence d’ambition d’États en concurrence, en compétition. Les différentes discussions sur un accord n’ont jamais approché la possibilité (théorique) de restreindre le réchauffement climatique à +2°C (par rapport à l’ère pré-industrielle). Rappelons que la conférence de Paris en 2015 prétendait pouvoir viser une limitation du réchauffement climatique à +1,5°C.

Pourtant, pendant cinq ans rien a été fait, comme nous le constations en 2020 (« COP21: cinq ans déjà qu’il ne se passe rien pour la planète Terre« ).

En réalité, l’humanité est enferrée dans le capitalisme, et le capitalisme, par nature, rend impossible toute organisation à l’échelle mondiale pour aller dans un sens collectif, décidée de manière rationnelle. Il y a ici une contradiction terrible. La COP26, comme les nombreuses COP avant elle, est une sorte de grande réunion d’experts et de représentants d’États. Les premiers savent très bien les problèmes et ont une idée très précise de ce qu’il ne faut surtout plus faire, tandis que les seconds n’envisagent les choses que par la concurrence économique et la course à la consommation, et ils sont donc obligés de faire en sorte que tout continue comme avant.

Un des faits marquants de la COP26 a d’ailleurs été la lutte acharnée de la part de la Chine et de l’Inde pour ne surtout pas aborder la question de la fin du charbon, qui est extrêmement pollueur et surtout émetteur de gaz à effet de serre. Ces deux pays ont finalement réussi à empêcher le mot de « sortie » du charbon dans l’accord, pour ne faire parler le document que de « réduction »… Ce qui a donné lieu à une scène pathétique avec Alok Sharma, le président la COP26, présentant en larmes ses « excuse au monde », comme si cela changeait quoi que ce soit à l’immensité du problème.

Pathétiques également sont les propos de Boris Johnson, le chef du gouvernement britannique, qui sait très bien qu’il ment en affirmant :

« Il est incontestable que Glasgow a sonné le glas de l’énergie au charbon. C’est une réalisation fantastique et ce n’est qu’une parmi tant d’autres à la COP ».

Tout ceci est faux, mensonger, car les États ne se sont engagé à rien concrètement, et ils sont venus à Glasgow en sachant pertinemment qu’il n’en sortirait rien de contraignant. De toutes façons, la crise mondiale du capitalisme due à la pandémie va pousser encore plus les uns et les autres vers la concurrence économique… et la guerre. Tous les prétextes seront bons pour accuser le voisin de ne pas faire d’effort et en profiter pour dire qu’il n’y a pas de raison de ne pas faire pareil en continuant ses émissions de CO2.

On pouvait déjà le savoir, mais c’est maintenant une certitude. Le problème soulevé par le réchauffement climatique est insurmontable pour l’humanité, tant qu’elle n’aura pas changé radicalement sa perspective.

Il ne s’agit pas seulement de prétendre à des énergies plus « propres » ou à des productions moins « carbonées », tout en critiquant l’Inde et la Chine qui continuent avec le charbon. Tant que les villes continueront à s’étaler, que les gens accepteront de vivre à des kilomètres et des kilomètres de leur lieu de travail où ils se rendent absolument en voiture, qu’ils n’envisageront pas Noël ou les anniversaires sans des orgies de cadeaux aussi futiles que polluants, etc., qu’ils ne remettront pas en cause leur rapport aux animaux et à la Nature en général, alors rien ne changera.

Et donc, rien ne change. L’humanité fonce dans le mur, en toutes connaissance de cause, et n’est même plus capable de faire semblant de résoudre le problème. L’année 2020 a été catastrophique en termes de réchauffement climatique, mais tout le monde s’en fiche.

Le « Pacte de Glasgow pour le climat » est ainsi une coquille vide, une honte pour l’humanité, témoin du rapport destructeur à une planète Terre martyrisée.

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Société

Un quart des français alcooliques?

L’alcool, un fléau national.

L’organisme publique Santé publique France a publié mardi 9 novembre 2021 des chiffres ahurissants à propos de la consommation d’alcool en France. D’après une enquête statistique réalisée auprès de 15 000 personnes en 2020, 23,7% de la population âgée de 18 à 75 ans a une consommation d’alcool considérée comme étant sérieusement à risque.

En 2017, un groupe d’experts a été mandaté par Santé publique France et l’Institut national du cancer pour définir un repère quant à ce risque lié à l’alcool. Leur conclusion a été la suivante :

« Si vous consommez de l’alcool, il est recommandé pour limiter les risques pour votre santé au cours de votre vie : de ne pas consommer plus de 10 verres standard par semaine et pas plus de 2 verres standard par jour ; d’avoir des jours dans la semaine sans consommation. »

Ce qui saute aux yeux, c’est que ce « repère », cette limite de risque, est déjà très élevé, correspondant à une consommation intensive d’alcool. Précision qu’il ne s’agit pas de dire qu’une consommation inférieure à ce repère est sans risque.

Comme l’explique l’Assurance maladie (qui a la charge de payer les dégâts de l’alcool) en présentant ce « repère » déterminé en 2017 :

« Il n’y a pas de consommation d’alcool sans risque, mais des consommations à risque plus ou moins élevé. Il n’existe donc pas de seuil de consommation qui permettrait à coup sûr de limiter les risques pour la santé tout au long de la vie. » 

Hors, d’après l’enquête statistique publiée récemment, même avec un « repère » très élevé, ce sont encore près du quart des gens qui dépassent la limite. Et le chiffre est encore plus grand si on ne considère que les hommes (de 18 à 75 ans), soit 33,2 %.

Il est difficile de trouver une définition quantitative de l’alcoolisme, car celui-ci est plutôt considéré de manière qualitative, avec la dépendance d’une part et l’existence de dégâts psychiques et physiques avérés d’autre part.

Difficile toutefois d’écarter cette idée de la dépendance quand on parle de gens buvant plusieurs verres tous les jours. Difficile également d’imaginer que cela puisse se faire sans dégât, au moins en germe. Cela donne donc un quart de la population française qui est probablement alcoolique, en tous cas avec une consommation la plaçant au bord du gouffre.

C’est énorme. L’alcool est un véritable fait national en France, comme dans de nombreux pays. Plus de la moitié des personnes ayant répondu à l’enquête statistique (55% des 18-75 ans) avait consommé au moins un verre d’alcool au cours des 7 derniers jours. Et 19 % d’entre-eux déclaraient même avoir conscience d’un risque, avec la volonté de réduire sa consommation.

Il y a donc une immense bataille culturelle et sanitaire, mais surtout culturelle, à mener sur ce sujet. L’alcool est ultra présent dans les mœurs, de manière tout à fait banale, alors qu’il s’agit d’un produit extrêmement dangereux aux effets dévastateurs connus.

Il y a eu des progrès certes, notamment grâce à la loi Evin qui depuis trente ans a permis à la société de se prémunir un peu contre les lobbies et le business de l’alcool. Il faut cependant toute la puissance sociale d’une Gauche forte, populaire, ancrée dans le réel, pour faire le poids face à un tel problème.

C’est d’ailleurs un thème fondamental pour la Gauche historique, celle du mouvement ouvrier, qui a toujours combattu l’alcoolisme et dénoncé les dangers de l’alcool. Aucun esprit rationnel et tourné vers le progrès ne peut en effet relativiser ce qu’est l’alcool, encore moins dans un pays comme la France où il est partout et tout le temps présent.

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Écologie

Présidentielle 2022: l’appel saisissant de la Fondation 30 Millions d’Amis

Le cri des animaux.

On pourra penser ce qu’on veut de la Fondation 30 Millions d’Amis, c’est en tous cas au moins un organisme qui agit de manière concrète, conséquente, et surtout durable, en faveur des animaux. Rien que le fait que la Fondation apporte un soutien matériel et logistique à de nombreux refuges animaliers en France est une chose de grande valeur.

Et c’est justement de part cet engagement concret et pratique en faveur des animaux que naît une conscience réelle de la condition animale. En l’occurrence, la Fondation 30 Millions d’Amis saisit l’occasion de l’élection présidentielle 2022 pour interpeler sur la question de la maltraitance animale, au moyen d’une vidéo saisissante.

Celle-ci est très bien faite : tout en subtilité, sans voyeurisme aucun, mais avec des cris d’animaux faisant appel à la sensibilité. Cela ne sera probablement qu’un pavé dans la mare à l’occasion de cette élection, malheureusement.

C’est en tous cas une contribution importante à l’émergence d’une culture appelant à un engagement total envers les animaux en France, en liant la question des abandons d’animaux domestiques (le sujet habituel de la Fondation) à celles des abattoirs, de la chasse, des tests sur les animaux, des cirques, de la corrida…

Voici la vidéo, qu’il faut assumer de regarder, et de diffuser !

Voici également la présentation de cette vidéo sur le site de la fondation : Présidentielle 2022 : « L’Appel » choc de la Fondation 30 Millions d’Amis contre la souffrance animale

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Culture

Mouchette (Robert Bresson, 1967) et la ruralité étouffante

Le cinéma de Bresson peut être qualifié de classique. Il n’est pas sensible aux modes et procède d’une même intention de l’auteur variant peu dans la forme. Mouchette, film du milieu de la carrière du cinéaste, ne fait pas exception. La narration est classique, linéaire, aux antipodes des films conçus par les scénaristes qui pullulent en streaming.

Bresson est connu pour son approche picturale du cinéma. Si dans leur forme, les tableaux qui se succèdent dans Mouchette sont plutôt naturalistes, l’effet d’épouvante qu’ils provoquent sur le spectateur a la puissance d’un Jérôme Bosch. Mouchette secoue le spectateur car il donne à voir des hommes indifférents à la présence répétée du « Mal », comme le disent ceux qui, comme l’auteur, croient en dieu.

Adapté d’un roman de Bernanos, le film interroge la morale du spectateur. Celui-ci est confronté de manière frontale et sans échappatoire aux tourments de la frêle Mouchette. Il se trouve complice de ceux qui la font souffrir par sa passivité (de spectateur, précisément).

Bresson a fait figurer au premier plan de ce film des personnes qui ne sont pas des comédiens. Il a capté de Nadine Nortier, qui est Mouchette, l’intensité de la vie intérieure d’une jeune femme de 14 ans. Le bouillonnement des sensations et des sentiments contradictoires jaillit à chaque plan, d’autant que la caméra est souvent mue à courte distance.

Mouchette souffre sans jamais l’exprimer. La jeune femme n’a de prise sur rien, c’est le destin qui la jette contre les évènements. Mouchette vit une profonde solitude morale. Ses expériences de la joie et de l’attention d’autrui se soldent irrémédiablement par des échecs violents.

Bresson, comme Bernanos, traite cette situation depuis un point de vue propre aux religieux. Evidemment, à gauche, on n’adopte pas cette posture idéaliste tendant au déterminisme. Ni la providence ni le destin ne sont des forces réelles capables de décider du sort de Mouchette. En réalité, la jeune femme ne peut pas s’extirper de sa condition sociale, car la société est bloquée.

En plus de l’omniprésence du « Mal » qui anime peu ou prou chacun des personnages, un des thèmes du film est la ruralité aux prises avec la modernité, en ce tout début des années 1960. C’est comme un second film, dans le film, qui s’offre à la vue du spectateur de 2021.

La société rurale n’est une communauté unie et bienveillante qu’en apparence. Au fil des séquences, on découvre que les paysans pauvres et riches se côtoient dans une violence muette. Toute cette société villageoise est rongée par les inégalités et la misère. Le contrôle social passe par l’étouffement de l’expression de la personnalité. Il est implacable, assuré contre Mouchette par l’institutrice, les commerçants et les hommes en général, au service d’un ordre qui se veut immuable. Il en va de même pour Louisa la serveuse du café et, dans une moindre mesure, pour Arsène le braconnier.

La ruralité se maintient au prix d’une violence implacable à l’encontre des faibles et des sensibles. Elle se reproduit par la répétition des activités rituelles comme la chasse pour les hommes et la messe pour les femmes.

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Guerre

Pêche: l’agressivité française envers le Royaume-Uni

On se croirait en 1914, avec des antagonismes de plus en plus violents et récurrents.

Le gouvernement français a pris des décisions très radicales à l’encontre du Royaume-Uni pour protester sur la question de la pêche dans les eaux anglo-normandes. Une liste de mesures de « rétorsion » a ainsi été annoncée mercredi 28 octobre 2021 dans un communiqué conjoint du ministère français de la Mer et du secrétariat aux Affaires européennes.

Il y est question d’interdire, à partir du 2 novembre, aux navires de pêche britanniques de débarquer dans leurs ports habituels en France. Cette mesure de blocus est un véritable acte de guerre commerciale, typique des relations franco-anglaise depuis des siècles. Il s’agit d’une décision très agressive de la part de la France, qui entend faire plier de force le gouvernement britannique en menaçant son économie.

Cela est d’autant plus agressif que les ministères en question ont annoncé d’autres actions, dans un communiqué hallucinant de par le ton provocateur employé :

C’est un véritable chantage, avec une opération assumée de harcèlement des opérateurs économiques britanniques sur le territoire national et des transporteurs à destination du Royaume-Uni, avec même la menace de couper le courant (les îles anglo-normandes dépendent d’un câble sous-marin les reliant à la France pour la fourniture énergétique). C’est un chantage typique d’une escalade guerrière, du même genre (à une moindre échelle) que ce qui existe en mer de Chine, ou (de manière assez équivalente) les tensions concernant les îles grecques au large de la Turquie.

On notera d’ailleurs que ce chantage français est illégal : l’accord européen concernant le Brexit prévoit un protocole très précis pour ce genre de désaccord, mais n’autorise certainement pas une telle salve de mesures unilatérales.

Les propos tenus par la France sont en tout cas sans équivoque. La secrétaire d’État français aux Affaires européennes, Clément Beaune a dit la chose suivante (et il faut vraiment souligner le caractère belliqueux d’une telle déclaration) :

« Maintenant, il faut parler le langage de la force parce que je crains que, malheureusement, ce gouvernement britannique ne comprenne que cela. »

Cela alors que le gouvernement français s’est vanté dans la journée via un communiqué officiel, largement relayé par la presse, d’avoir forcé le contrôle d’un premier navire britannique, puis ensuite d’avoir dérouté et saisi un chalutier britannique qui n’était pas en règle. Il s’agit d’une simple opération de police maritime, tout à fait anecdotique en pratique. Mais c’est prétexte à faire monter la tension.

La question elle-même de la pêche dans les eaux anglo-normande n’est de toutes façons également qu’un prétexte, d’ailleurs. Cela ne concerne que quelques dizaines de petits bateaux, à l’activité quasi-artisanale.

L’accord du Brexit prévoit une licence pour pêcher dans les eaux territoriales britanniques, avec la fourniture de la preuve que l’activité était déjà exercée à cet endroit depuis des années. C’est le principe du Brexit, de la sortie du marché commun européen : le Royaume-Uni a choisi la voie du nationalisme et entend logiquement avoir la main sur ses eaux territoriales.

En pratique, une grande partie des chalutiers français concernés ont ainsi déjà obtenu leur licence, et pour les autres, les autorités britanniques accusent la France de retenir volontairement les documents demandés, justement pour faire monter la pression.

La France par contre entend en quelque sorte faire « payer » le Royaume-Uni, en mettant la pression sur la question des eaux territoriales anglo-normandes, qui sont plus proches de la France que de l’Angleterre.

Ce qui est certain en tous cas, c’est qu’il y a une opération délibéré en France d’escalade sur la question, comme avec ces propos du porte-parole du gouvernement français :

« Ce que nous constatons aujourd’hui, c’est qu’il manque quasiment 50% des licences auxquelles nous avons droit. C’est une situation qui n’est pas acceptable et je le dis clairement, notre patience atteint ses limites. »

Un tel chiffre de 50 % est invraisemblable, il ne correspond même pas à la situation décrite par la France il y a près d’un mois de cela, alors que de nouvelles licences ont été accordées depuis. L’agressivité française à l’encontre du Royaume-Uni est ici très claire et a comme sens d’aller au conflit.

Cela doit être dénoncé avec la plus grande vigueur par la Gauche française. Le silence à ce sujet serait criminel : l’escalade guerrière est chaque jours plus évidente, la grande bataille pour le repartage du monde est chaque jour plus facile à voir, à sentir, à redouter.

La France n’est pas en reste, d’autant plus qu’il s’agit d’une puissance secondaire dans le monde, mais s’imaginant encore bien plus grande qu’elle ne l’est. C’est typiquement ce genre de pays qui permet le déclenchement des guerres, à force d’agressivité, à force d’actes d’hostilités, qui sont pour eux le seul moyen d’exister.

La ministre de la Mer, Annick Girardin, a beau se défendre en disant « ce n’est pas la guerre, c’est un combat ». En pratique, le mot guerre est prononcé, et c’est bien d’une escalade de type militariste dont il s’agit.

Bien entendu, il ne s’agit pas de prétendre que la question se pose, directement et immédiatement en 2021, d’une guerre entre la France et le Royaume-Uni. Mais il se dessine par contre, de manière concrète et actuelle, une tendance générale à la guerre, dont la France est largement partie prenante. Cet épisode anti-britannique en est une manifestation très claire, reflet d’une guerre larvée, prélude au conflit armé.

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Politique

Eric Zemmour, candidat des chauffards

Le chauffard sur la route est typiquement un petit salaud de droite, à la Eric Zemmour.

Être de droite est quelque chose de très concret. Cela se manifeste clairement sur certains thèmes comme celui de l’automobile, qui est un classique. Pour quelqu’un de droite, la voiture a un caractère sacré. Elle représente à elle seule toute la force d’une petite bulle autocentrée, lancée à vive allure contre la société et les normes sociales.

Autrement dit, pour quelqu’un de droite, la code de la route est vécu comme une entrave à l’étalement de sa petite individualité partout et tout le temps. D’ailleurs, un chauffard est forcément quelqu’un de droite, car son comportement conspue la société et le contrat social. De la même manière, un véritable homme politique de droite va forcément dans le sens des chauffards, car ils sont des alliés dans sa bataille anti-sociale.

C’est la raison pour laquelle le candidat non-officiel Eric Zemmour a lancé une pique contre le code de la route, en l’occurrence contre le permis à point qui serait soit-disant un « racket organisé par l’État ». Dire cela ne coûte pas grand-chose mais peut rapporter beaucoup politiquement. Cela place un homme de droite, et comme la France est pleine de ce genre de salopards détestant les normes et la collectivité, alors il y a un boulevard. Ou plutôt une autoroute.

Et en parlant d’autoroute, Eric Zemmour a aussi dit évidement en ce qui les concerne qu’il est contre les limitations de vitesse (sans s’engager pour autant à les supprimer…). Ces limitations n’auraient pas de sens, dit-il. Ses propos n’ont aucun fondement, mais il y a effectivement beaucoup de gens qui pensent comme lui, qui s’imaginent au dessus des autres et des lois de la physiques. Ces gens sont tellement intoxiqués par leur propre individualité, ils sont tellement centré unilatéralement sur eux-même, qu’ils n’envisagent pas que ce soit dangereux d’autoriser n’importe qui à rouler à 200 km/h ou plus au milieu des autres roulant entre 110 km/h et 130 km/h !

Il faut vraiment être délirant pour penser ça, comme il faut vraiment être délirant pour s’imaginer que l’État a mis en place le permis à point pour « racketter » les gens. Ce ne sont pas quelques stages de récupération de points à 300 euros, pour une minorité de chauffards, qui vont changer quoi que cela soit aux comptes publics.

Mais peu importe, Eric Zemmour est un polémiste, alors il met une pièce dans le machine à polémique. Il conspue donc le permis à point qui serait « inutile » et « infantilisant », en plus de servir à prendre l’argent d’honnêtes individus n’ayant rien fait de mal…

Pourtant, il faut y aller pour perdre ses 12 points. Déjà car les contrôles de police sont malheureusement très rares et seul un nombre infime d’infractions et de délits est effectivement constaté. Mais surtout, car 12 points c’est énorme, cela laisse beaucoup de marge aux chauffards.

Conduire 29 km/h au dessus de la vitesse autorisée ? Seulement 2 points de retirés, il en reste 10 pour continuer à rouler comme un chauffard.

Griller un feu rouge ? Seulement 4 points de retirés, il en reste 8 pour continuer à ne pas respecter les autres sur la route.

Conduire avec une alcoolémie supérieure à 0,8 g / litre de sang ou en état d’ivresse manifeste ? Seulement 6 points de retirés, il en reste 6 autres pour continuer à se comporter comme un criminel sur la route.

Rappelons d’ailleurs qu’il existe une récupération automatique de point, au bout de 6 mois, 2 ans, 3 ans ou 10 ans suivant les cas. Mais il faudrait quand-même pleurer ces pauvres chauffards, qui malgré tout cela doivent quand-même passer un simple stage à 300 euros car la police a eu l’occasion de constater plusieurs de leurs infractions et délits ?

De toutes manières, l’argument économique ne tiens pas. Perdre ses points, c’est rouler vite et nerveusement, ce qui coûte très cher. En carburant bien sûr, car une conduite nerveuse peut consommer énormément plus qu’une conduite souple et intelligente respectant les limitations. Mais il y aussi l’usure des pneus et des disques de frein, de la pression exercée sur la courroie de transmission ou l’embrayage, les amortisseurs, etc.

Mais là encore, peu importe. Ce qui compte n’est pas d’avoir des arguments rationnels. Au contraire, plus c’est absurde, plus c’est délirant, plus cela est utile à un personnage comme Eric Zemmour, qui n’est pas là pour remettre la société dans l’ordre, mais qui n’est qu’un produit de la décomposition sociale et institutionnelle.

C’est à la Gauche d’être le parti de l’ordre justement et cela signifie entre autres de réprimer les chauffards sur la route. Ceux-là même qu’Eric Zemmour veut séduire. Être pour ou contre la société, il faut choisir. C’est là le cœur du clivage historique Gauche/Droite, qu’il faut réactiver sur ses justes fondements.

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Écologie

Fabien « Astérix » Roussel, chasseur de sangliers

Changer le monde, ou fantasmer le passé ?

Pendant près d’un demi-siècle, après la Seconde Guerre mondiale, le PCF a eu une portée immense en France, tant numériquement que politiquement. Sa base populaire et son assise dans le pays étaient gigantesques : pourtant il n’a jamais été en mesure ne serait-ce que de bousculer le régime. Le plus grand échec du PCF a d’ailleurs été son opposition à la vague de grèves et contestations en mai-juin 1968. La raison est simple, elle est culturelle.

En fait, le PCF ne visait pas à changer le monde, mais simplement à le prendre tel qu’il est pour le rendre plus « juste » avec la CGT dirigeant les entreprises et quelques artistes et intellectuels parisiens dirigeant les affaires publiques. Il ne s’agit pas ici de « radicalité » plus ou moins grande, d’être plus ou moins « gauchiste », mais d’un véritable sujet de fond.

Fabien Roussel, son actuel dirigeant, est un très bon exemple de ce problème, il en est même caricatural. Cela avait déjà été évoqué ici récemment avec sa sortie ironique beauf sur la « libération » des poulets. C’est encore plus flagrant avec deux exemples tout récents, qui vont ensemble.

Sur France info le 18 octobre, le candidat « communiste » à la présidentielle 2022 a expliqué :

« J’en ai un peu marre de ces intellectuels condescendants qui n’arrêtent pas de nous donner des leçons sur nos pratiques, sur nos manières de faire, qui nous disent ce qu’il faut manger et comment il faut conduire ».

Sans même parler du contenu, il y a déjà que la forme est incroyablement rétrograde. Dire cela est ultra-régressif, à peine digne d’un Eric Zemmour : il faudrait donc laisser les gens vivre leur petite vie tranquille, comme avant, sans rien questionner, sans rien bousculer. Drôle de vision du monde pour un prétendu partisan de Karl Marx…

Mais le problème se pose surtout sur le fond, évidemment. Fabien Roussel répondait ici à la question des chasses dites « traditionnelles », en fait surtout particulièrement barbares. Il s’agit de pratiques de piégeage d’oiseaux qui ont été jugées illégales par le Conseil d’État (et par l’Union européenne) tellement c’est atroce, mais que le gouvernement continue quand même d’autoriser.

Ce genre de pratiques ne concerne que quelques énergumènes arriérés, qui se prétendent représentant de la ruralité mais qui ne sont en réalité qu’une minorité de furieux ennemis de la nature et des animaux. Il est évident que la société doit écraser de telles pratiques pour aller de l’avant. C’est le sens de l’Histoire, réfutant la barbarie, allant vers plus de civilisation : au 21e siècle cela signifie évidement de prendre en compte les animaux.

Mais cela, Fabien Roussel en est incapable, car il ne veut pas du 21e siècle, simplement d’un 20e siècle fantasmé. C’est exactement comme Eric Zemmour.

Le pire, c’est que Fabien Roussel sait très bien qu’au fond sa position sur les chasses « traditionnelles » est intenable. Alors il convoque un matérialisme historique passé à la moulinette beauf pour assumer qu’il ne veuille rien changer :

« Il y a un sens de l’histoire qui fait que petit à petit, ces pratiques vont disparaître naturellement, et donc il faut laisser faire la vie »

Cela est évidemment faux. Le vieux monde ne s’effondrera jamais de lui-même si la société ne se soulève pas contre lui ! C’est cela que les communistes nomment révolution… Apparemment, il n’est pas au courant. Et surtout, en l’occurrence, il s’agit effectivement de laisser faire la vie quand on est de Gauche, et donc ne pas laisser faire en France des massacres organisés d’oiseaux comme simples « loisirs ».

Fabien Roussel n’est pas du bon côté dans cette histoire, car il est un partisan de la chasse et des chasseurs. Selon lui, les chasseurs seraient mêmes « essentiels à la préservation de notre environnement » ! Il connaît en effet par cœur toute la propagande du lobby de la chasse et récite leurs arguments, avec le fameux sujet des sangliers :

« Je sais que chez moi, il y a une surpopulation de sangliers et donc tous les ans, c’est la préfecture qui fait appel aux chasseurs pour réguler cette surpopulation de sangliers ».

N’importe qui connaissant les campagnes françaises sait que c’est là un gros mensonge. Déjà car les chasseurs nourrissent les sangliers et en lâchent eux-même dans la nature pour préserver leur loisir. Mais surtout, il ne faut pas se moquer du monde : un pays comme la France aurait déjà liquidé depuis longtemps les sangliers s’ils représentaient un « problème », comme cela a été fait avec le loup. Le capitalisme sait très bien massacrer la nature quand il a besoin.

Le « problème » des sangliers est surtout celui de l’étalement urbain. A un moment donné, à force de construire partout, forcément qu’il y a des sangliers pour « oser » s’aventurer dans des emprises humaines. Alors il y a ensuite les chasseurs pour dire « voilà regardez, nous sommes utiles, notre loisir sert à vous protéger des sangliers ».

La chasse aux sangliers, voilà en tous cas l’horizon de Fabien Roussel… ce grand fan d’Astérix et Obélix, comme le montre cette publication du 21 octobre avec une photo prise dans les locaux du siège du PCF à Paris avec le nouvel épisode de la BD.

Même les gens de droite sont pourtant lassé par Astérix et Obélix, à en croire le Figaro qui trouve ce 39e épisode très ennuyant. Mais Fabien Roussel, lui, adore, et prétend qu’il s’agit là de la culture populaire ! Quelle ringardise, quel populisme, et surtout : quelle arriération culturelle !

Fabien Roussel a tout faux quand il s’affirme « gaulois réfractaire », car c’est tout l’inverse de ce que la Gauche doit viser. Ce qu’il faut, ce n’est pas un village isolé et replié sur lui-même, à la Eric Zemmour. Ce qu’il faut viser, c’est une nouvelle Rome avec sa perspective universelle et sa volonté de civilisation.

Le futur, ce n’est pas la vieille Gaule, c’est une nouvelle Rome sociale, avec la classe ouvrière au pouvoir, avec les femmes aux cœur des décisions, avec la culture au centre de la vie des gens, avec la nature chevillée au corps et l’avenir de la planète Terre comme horizon principal, avec le véganisme d’ailleurs comme exemple de solution pour changer les gens de l’intérieur et changer enfin le sort des animaux.

Le futur se construit dans le débat démocratique populaire et la Gauche historique comme moteur des idées et de la culture, pas avec Astérix, Obélix et autres nostalgies d’un passé idéalisé, que ce soit avec les « ZAD » ou avec Eric Zemmour. Le seul romantisme doit être celui de l’avenir!

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Société

Malbouffe : l’agrobusiness joue la carte du terroir

Les intérêts de l’agrobusiness français s’insurgent contre la généralisation du nutri-score.

Yuka sur téléphone portable est un véritable phénomène de masse : on compte 25 millions d’utilisateurs de cette application qui permet de scanner chaque produit alimentaire afin d’en connaitre un score établi sur la base de sa composition.

Témoin d’une véritable propension des gens à s’informer sur l’alimentation qui, on le sait, est dans les mains de grandes firmes industrielles qui jouent avec la santé des gens, l’application Yuka n’est pas la seule puisqu’il y a aussi le fameux nutri-score, directement imprimée sur les emballages alimentaires depuis 2016.

Allant de A à E, ce score se penche sur la qualité nutritionnelle de chaque aliment, en se basant sur l’analyse des apports caloriques, la teneur en sucre, en graisses saturées et en sel, et non pas donc les additifs. Ce nutri-score fait suite à une pression populaire quant à la connaissance de la composition réelle des aliments consommés.

Or, voilà, le nutri-score va devenir obligatoire à l’horizon 2022 pour tous les produits pré-emballés. Et là, le concept de « malbouffe » prend un tout autre relief.

Un hamburger de l’infâme Mac Donald n’est pas pire qu’une raclette savoyarde traditionnelle. Leur teneur très élevée en graisses saturées, en sel et leur forte charge glycémique, génère des conséquences terribles à moyen long terme en termes de maladies cardiovasculaires. C’est d’ailleurs pour cela qu’est en train de se constituer une vaste coalition des fromagers français autour de la défense des aliments du terroir.

Ce lundi 11 octobre avait par exemple lieu une conférence de presse de la Confédération générale des producteurs de lait de brebis et des industriels de Roquefort (CGPLBIR) à Millau pour protester contre l’obligation du nutri-score. Et en effet, le fromage roquefort va être classé en catégorie E, soit la pire des classements car il est trop gras et trop salé.

Derrière le coup de communication à base de mot clef #roquefortsansnutriscore, c’est surtout l’agrobusiness français qui s’insurge au nom du terroir contre l’aspiration démocratique à connaître la qualité des aliments.

Car derrière l’image « terroir » du roquefort, il y a surtout Lactalis, le monopole du lait en France, qui domine sa production. Lactalis, c’est le premier acteur laitier dans le monde. Derrière la contestation portée par « le roquefort », c’est donc bien toute la filière laitière française qui est en alerte.

Pour masquer la réalité, l’agrobusiness se réclame de différentes appellations, comme les AOP, les AOC, et le roquefort est le fromage fer de lance, détenant une aura nationale, voir étant carrément un dispositif culturel du « terroir » français, pour battre en brèche l’exigence nutritionnelle.

On remarque ici d’ailleurs le soutien avéré de Carole Delga, présidente PS de la région Occitanie, aux revendications de Lactalis à exempter les appellations régionales du nutri-score en 2022. Au lieu de participer à l’élévation de la conscience populaire, Carole Delga se fait ici la porte-parole des grandes entreprises agroalimentaires les plus néfastes.

Ces attaques vont dans le même sens que celles du printemps 2021 lancées par la Fédération française des industriels charcutiers traiteurs (FICT) contre l’application Yuka pour « dénigrement » et « pratiques commerciales déloyales trompeuses » à propos de son classement les conservateurs nitrite et nitrate, en « cancérogènes probables », à l’instar de l’OMS.

Ce qui apparait au grand jour dans cette histoire, c’est que malgré les appellations « terroir », les AOP et autres AOC, n’échappent pas à la règle de la « malbouffe ». Le mythe est ainsi mis à nu et l’objectif de notre époque se doit maintenant de reconstruire une alimentation véritablement saine, et soutenable écologiquement.