Catégories
Société

La CIAMS appelle à un rassemblement contre la GPA au salon Désir d’Enfant le 4 septembre 2021

La GPA sera promue le 4 et 5 septembre à Paris

Ce salon, qui a tout d’un événement réduisant les enfants à des marchandises avait tenu sa première édition l’année passée.

La Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution (CIAMS) alerte sur la présence d’intervenants faisant la promotion de services de GPA.

On trouve en effet dans le programme du 4 septembre du salon Désir d’Enfant :

La conférence « Les différentes destinations et leurs éthiques en matière de GPA » par Jean-Luc Bleu, « coach en fertilité », et fondateur de Baby is Life qui organise des GPA à l’étranger.

La conférence « Don d’ovocytes et mère porteuse aux États-Unis » par Susanna Parks, une obstétricienne au service de la Clinique San Diego Fertility Center.

La conférence « Le contrôle des coûts de la GPA : Réduire le stress et se sentir en confiance » par des intervenants à la solde de deux cliniques proposant des GPA aux États-Unis ; IARC Surrogacy et ORM Fertility.

Mais aussi une intervention visant à renseigner comment contourner la loi interdisant la GPA en France pour importer un enfant. Il en va de même le 5 septembre avec pas moins de 4 conférences qui feront la promotion de l’exploitation reproductive.

Voici le communiqué de la CIAMS :

« ALERTE GPA :
LA FRANCE COMPLICE DE L’EXPLOITATION DES FEMMES ET DE LA VENTE D’ENFANTS

Les 4 et 5 Septembre 2021, à Paris se tiendra le salon « Désir d’enfant ».
Son objectif affiché est de renseigner sur les différentes possibilités de devenir parents.
La Gestation Pour Autrui (GPA) fait partie des options proposées bien que cette pratique ne soit pas légale sur le sol français.

La gestation pour autrui est une pratique illégale, sanctionnée par la loi française (art. 16-7 Code Civ., art. 227-12 Code pénal). Vu l’impossibilité pour les Français d’y recourir en France, certains font appel à des cliniques étrangères. Cela donne lieu à un phénomène appelé «tourisme procréatif». Pour contourner la législation française progressiste, ces personnes vont « fabriquer » leur enfant à l’étranger. Ils ont recours à une mère porteuse qui recevra une compensation financière ou non, selon les pays, pour porter un enfant au risque de sa propre vie, afin de le remettre aux parents dits commanditaires à la naissance.

Si cette pratique est interdite en France, comme d’ailleurs dans la plupart des pays européens, c’est parce qu’elle est attentatoire à la dignité humaine aussi bien des mères porteuses, instrumentalisées au profit d’autrui, que des enfants dont l’intérêt supérieur n’est certainement pas d’être achetés ou vendus.

La CIAMS considère inadmissible que des cliniques étrangères soient autorisées à promouvoir la GPA sur le sol français. Elle s’oppose à ce que de tels événement se tiennent en France. Au mois d’août, la CIAMS a adressé des lettres à l’attention du Ministre de l’Intérieur, de la Ministre déléguée auprès du Premier ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, ainsi qu’au Préfet de police de Paris et à la Maire de Paris pour leur demander d’interdire cette manifestation qui promeut les violences faites aux femmes et la vente d’enfants. A l’heure où nous publions ce communiqué de presse nous n’avons pas obtenu de réponses.

La CIAMS est une organisation internationale  qui milite pour l’abolition de la maternité de substitution dans le monde entier. Elle regroupe quarante organisations de treize pays et 3 continents, qui luttent pour la défense des droits des femmes et/ou des droits humains. C’est une organisation qui fonde son action sur des valeurs féministes, telles que l’égalité femme/homme, l’autodétermination et l’émancipation des femmes. L’une des organisations fondatrices est une organisation lesbienne et dans nos statuts nous nous exprimons clairement pour l’égalité des sexualités homosexuelle et hétérosexuelle. »

La CIAMS appelle donc a un rassemblement le samedi 4 septembre de 10H30 à 13H devant l’Espace Champerret, 6 Rue Jean Oestreicher -75017 Paris (Metro Porte de Champerret)

Catégories
Société

30km/h à Paris: il en faudra beaucoup plus contre les voitures

La voiture est un fléau typique du siècle précédent.

Durant le 20e siècle la voiture, et son corollaire beauf qu’est la moto, ont été synonymes de modernité. C’était surtout la modernité du capitalisme, qui pouvait ainsi mieux s’étaler sur le territoire et atomiser les esprits, notamment en envoyant la classe ouvrière loin des centres urbains.

Le 21e siècle sera forcément celui d’une nouvelle modernité, socialiste, en écrasant pour de bon ce vieux modèle qu’est la circulation motorisée individuelle et toutes ses nuisances. Mais il faudra pour cela bien plus, et surtout une grande révolution des mentalités avec les classes populaires prenant cette question à bras-le-corps pour transformer radicalement les villes et les campagnes.

Ainsi, les mesures actuelles sont insuffisantes et pas vraiment appliquées. Elles sont symboliques et souvent incohérentes. Pour preuve, depuis le 30 août 2021, la mairie de Paris limite la circulation motorisée à une vitesse de 30km/h. Cela a beaucoup d’écho, car les Français adorent râler et adorent donner la parole à ceux qui râlent, surtout quand il s’agit de critiquer « Paris ».

Voilà donc un cinéma bien français, avec un bobo « écolo » adjoint à la mairie qui s’imagine avoir une heure de gloire et des automobilistes qui s’imaginent opprimés, presque meurtris.

Pourtant, la réalité parisienne ne va pas changer et la circulation des voitures et deux roues motorisés continuera ses nuisances. Celles-ci sont nombreuses : bruits, pollutions, accidents, occupation de l’espace, difficultés pour les autres circulations, incivilités…

C’est paradoxal parce qu’en pratique, 60 % des rues sont déjà limitées à 30 km/h, beaucoup de grands axes (Champs-Élysées, grands boulevards) restent à 50 km/h… À Paris, l’étude sur les déplacements en 2019 a estimé autour de 12 km/h leur vitesse moyenne.  

Mais le ralentissement voulu dans un esprit bobo est le pendant de l’accélération et des incivilités d’une société remplis d’individualistes en décadence.

Il y a également une spécificité parisienne. Car la limitation de la vitesse est en tous cas une tendance en cours dans de nombreuses grandes villes françaises, avec deux objectifs affichés : limiter la pollution et améliorer la sécurité routière. C’est le cas pour 200 villes telles Montpellier, Nantes, Grenoble ou encore Toulouse. Cela n’est pas une mauvaise chose évidemment, et il peut sembler qu’il y ait des effets concrètement positifs.

Ainsi, à Grenoble, après trois ans de mise en place, une étude du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) a déterminé une baisse des accidents sur les piétons de 24 %, avec aussi une diminution de leur gravité et du nombre d’hospitalisations.

Sauf qu’à Paris, l’objectif est surtout une lecture grand bourgeoise visant à la piétonnisation du centre-ville et de zones toujours plus grandes: c’est l’expression du Paris comme Disneyland se mettant en place depuis plus de dix ans.

Il y a également un problème de fond en général. Car la question est surtout culturelle, il ne s’agit pas tant de mettre en place des règles que d’avoir les moyens (policiers, légaux, sociaux-culturels), de les faire respecter.

Si l’on prend le cas de Nantes où la circulation est limitée à 30km/h dans la plupart des rues depuis maintenant un an, il est flagrant que cela n’est en réalité pas respecté et qu’il n’y a rien de mis en place pour le faire respecter. La porte-parole du collectif Ras le scoot Nantes explique ainsi :

«Dans les faits, on en est très très loin [des 30 km/h]. Les exceptions sont trop nombreuses. Et dans le centre, les zones piétonnes ne sont pas respectées par les deux-roues par manque de verbalisations».

En effet, depuis début 2021, la municipalité n’affiche que… 123 verbalisations pour excès de vitesse, alors qu’il y aurait encore selon l’aveu même d’un adjoint, 15 % des voitures roulant au-dessus de la limite. Précisons ici que l’adjoint dit « seulement 15% », sous-entendant que ce n’est pas beaucoup, alors que c’est en fait énorme.

C’est d’ailleurs la même chose que sur l’ensemble des routes. Les politiques de contrôle, notamment les radars automatiques, mais aussi l’évolution des mentalités, a fait qu’il y a une grande majorité des conducteurs respectant les limites et les règles de circulation. Mais la minorité ne le faisant pas est par contre très à l’aise, et ne rencontre que très peu de répression.

Les moyens GPS pour contourner les contrôles sont très efficaces et accessibles, et l’état n’envisage aucunement de les interdire (ce qui est pourtant très simple). Les voitures anonymes avec radars embarqués (qui seraient un moyen très efficace contre les chauffards) ne sont que 385 en France, dont seulement 83 pilotées par des sociétés privées dédiées à cela, qui le font 6 heures par jour.

De la même manière en ce qui concerne Paris, il n’y a que 5 radars fixes de détection de la vitesse dans toute la ville. Alors il faut mettre des moyens, et surtout combattre culturellement toute l’idéologie beauf, arriéré, qui va avec la défense absolue de l’automobile et des motos.

Il faut ici citer les propos grotesques de Jean-Marc Belotti, le président de la Fédération française des motards en colère, dont la mauvaise foi est assez incroyable : «C’est n’importe quoi, en moto, quand on est à 30 km/h, nous sommes en première, et c’est un régime qui est tout sauf écolo!»

Les motards ont dans le même ordre d’idée réussi à stopper la mise en place d’un contrôle technique des motos. C’est conforme à l’époque : il y a les exigences de cesser le règne fou de la voiture (et des motos), mais de l’autre il y a les automobilistes (et les motards qui font obstacle…

Catégories
Culture Vie quotidienne

Les Nonnes Troppo: Le roi de la route

Une chanson classique contre les fous du volant.


Un bijou du tout début des années 1990, avec un esprit portraitiste particulièrement bien ficelé !

Catégories
Écologie

Adidas et l’Ajax Amsterdam mettent des oiseaux en cage

Il ne suffit pas d’avoir l’air moderne, il faut l’être vraiment.

Depuis 20 ans, la marque Adidas est l’équipementier de l’Ajax, le fameux club de football d’Amsterdam. Cette saison, il a été décidé de marquer le coup en proposant un maillot dédié à Bob Marley.

C’est plutôt bien vu a priori, d’autant plus que cela ne tombe pas du ciel puisqu’il y a toute une tradition (bien que récente) derrière ce choix. Un très grand soin a donc été apporté à la réalisation d’un clip de promotion. C’est aérien, c’est moderne, cela donne envie… Mais le clip se finit sur l’image de trois oiseaux en cage, ce qui gâche littéralement tout.

Mettre des oiseaux dans une cage, c’est ni plus ni moins que de la maltraitance animale. C’est une véritable torture et on se demande pourquoi en 2021 cela n’est pas strictement interdit. D’autant plus dans un clip de promotion commercial se voulant moderne, avec des valeurs censées être positives, universelles, etc.

Il faut rappeler ici que l’Ajax Amsterdam est un club de football à l’identité très forte, tant de part son jeu que par l’attitude de ses supporters. Ils sont connus pour mettre en avant une identité juive et cosmopolite-urbaine, directement liée au traumatisme de l’holocauste. Une partie importante des habitants de la ville étaient juifs et ont été exterminés par les nazis.

Aujourd’hui encore, les supporters ultra de l’Ajax se surnomment eux-mêmes « joden » (juifs) et mettent en avant des symboles liés au judaïsme, alors qu’au contraire des hooligans d’autre clubs assument un antisémitisme provocateur des plus abjects, jusqu’à imiter le bruit de chambres à gaz…

Ce n’est donc pas pour rien que les supporters du club se sont finalement trouvé une affection collective pour Bob Marley et sa chanson « Three little birds », qui est un hymne universel et pacifiste bien connu (avec son fameux refrain « Don’t worry about a thing, ‘Cause every little thing gonna be all right »).

Cela part d’une anecdote en 2008 lors d’un match amical à l’extérieur contre le Cardiff City FC aux Pays de Galles. Le DJ gallois Ali Yassine avait pour mission de faire patienter les supporters ajacides et il a joué cette fameuse chanson, qui fut immédiatement reprise en cœur.

Plus tard, il expliquera :

« J’avais l’habitude de jouer de la guitare dans un groupe de reggae et j’ai toujours trouvé que l’Ajax était un beau club. L’une des raisons [au fait d’avoir joué « three little birds »] est l’amour qu’Amsterdam a pour le reggae, mais aussi à cause du football total. Une fois que j’ai su que nous jouerions un match amical contre l’Ajax, j’ai décidé de jouer du reggae autant que possible. »

Depuis, la chanson est jouée à la mi-temps des matchs à la Johan Cruyff Arena, le stade de l’Ajax. Il y a même eu en 2018 un fils de l’artiste jamaïcain, Ky-Mani Marley, qui est venu chanter avec tout le stade lors d’un match.

On notera également que Robert Nesta Marley était lui-même un grand amateur de football. Par exemple, à l’occasion d’un concert à Nantes en 1980, il était venu rencontrer les joueurs du FC Nantes à l’entraînement, le club étant à l’époque très réputé.

Tout cela pour dire que l’Ajax d’Amsterdam et la marque Adidas passent ici vraiment à côté de quelque chose en mettant trois oiseaux en cage dans le clip. Cela n’a d’ailleurs aucun rapport avec la chanson, qui parlent de trois oiseaux volant à la fenêtre le matin pour chanter un message positif. Il ne s’agit évidemment pas d’oiseaux en cage.

Les anecdotes sont d’ailleurs nombreuses à ce sujet. Certains prétendent que Bob Marley avait l’habitude de voir trois canaris se poser et chanter à la fenêtre de sa maison à Hope Road. D’autres disent que c’est une référence à I Threes, (« je suis trois »), un groupe féminin (dont la femme de Bob Marley) qui chantait les chœurs de ses premières chansons. D’autres encore prétendent qu’il s’agit d’une référence religieuse avec le soleil levant représentant Dieu et les trois oiseaux représentant la Sainte trinité (le père, le fils et le saint esprit).

On peut également regarder le clip original de la chanson, qui montre un loup voulant manger un cochon, mais qui finalement devient ami avec lui, alors que trois oiseaux, bien évidement libres, viennent chanter à plusieurs reprises.

À aucun moment il n’est donc question d’oiseaux en cage ; le clip promotionnel d’Adidas et de l’Ajax est ici une très grosse erreur, en plus d’être une faute morale vis à vis des animaux. C’est une faute d’autant plus absurde que cela ne colle pas avec le dessin sur le maillot, très bien vu, où l’ont voit justement trois oiseaux posés sur chacun des trois « x » représentatifs d’Amsterdam.

À notre époque, la question animale est absolument incontournable. On ne peut plus mettre les animaux de côté si l’on a une vocation pacifiste, universaliste, positive. Voir trois oiseaux dans une cage lors d’un hommage à Bob Marley est donc aussi cruel que ringard. C’est en dehors du temps. Et c’est un symbole de toute la limite que le capitalisme impose aux avancées historiques nécessaires.

Catégories
Politique

Anti-pass et antivax: toujours aussi nombreux mais encore plus odieux le 21 août 2021

Ils ont trouvé le moyen de faire encore pire.

"touche pas à Raoult" (photo : STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Le Professeur Didier Raoult avait eu son petit moment de gloire à l’époque du confinement du printemps 2020. Les Français étaient alors trop content de trouver quelqu’un ayant l’air sérieux et compétent, et qui leur donnait l’occasion de nier la réalité de la crise sanitaire.

Seulement, tout ceci s’est effondré comme un château de carte dès la « deuxième vague » de la pandémie à la rentrée 2020. Les faits étant les faits, la crise s’est imposé et le professeur marseillais n’est plus devenu qu’un « original », disparaissant des radars aussi vite qu’il était apparu.

On notera d’ailleurs qu’à part en France, personne n’a jamais remarqué son existence dans le contexte de la pandémie. Sa médiatisation fut un événement purement franco-français.

Il est donc significatif de le voir réapparaître ce samedi 21 août 2021, mis en avant lors des manifestations anti pass sanitaire à l’occasion de son départ à la retraite considéré comme un complot pour le marginaliser. Cela en dit très long sur la ringardise des manifestants, qui se raccrochent à tout et n’importe quoi du moment que ça leur permet d’être « anti ».

On a les héros qu’on mérite quand ce qui compte c’est de râler, de refuser les responsabilité collectives, l’engagement social.

On notera d’ailleurs que c’est surtout via le nationalistes plutôt marginalisé Florian Philippot que tout se déroule. Il avait à ses côté, lors de « sa » manifestation parisienne, pas moins que l’avocat de Didier Raoult à ses côtés ! Il s’agit en l’occurrence de Fabrice di Vizio, dont les vidéos ont une audience (toute relative) chez les populistes.

Bien sûr, il ne faut pas sous-estimer la portée d’une telle actualité. L’irrationalisme n’est jamais une bonne chose, surtout quant il concerne des dizaines de milliers de personnes partout dans le pays. Ils étaient ce 21 août présents à 200 rassemblements, comptant en tout 175 000 personnes selon les chiffres officiels.

C’est un peu moins que la semaine précédente, mais cela reste énorme au mois d’août, et avec probablement derrière la perspective qu’il se passe « quelque chose » à la rentrée.

Quelque chose… mais quoi ? Car le fait est que l’immense majorité de la population française s’accommode tout à fait du vaccin et du pass sanitaire, qui d’ailleurs n’en est pas vraiment un. Au passage, c’est là encore une preuve très flagrante de la ringardise, et surtout du grand décalage de la part des manifestants.

Ces dernier crient en effet  au totalitarisme et à la privation de liberté. En pratique, la société française a largement esquivé le pass sanitaire et ne subit aucune coercition réelle à ce sujet. Chacun fait à peu près ce qu’il veut comme avant, et quand il s’agit de montrer un QR code ici et là, il n’y a jamais personne pour vérifier que celui-ci corresponde bien à une identité réelle.

Mais c’est là le propre d’une situation de décadence : des pans entiers de la société déraillent avec la crise, alors que la société elle-même n’est pas à la hauteur des défis historiques. Et ce n’est qu’un début. La France commence à vaciller !

Catégories
Société

Le trail, running du futur ?

Courir dans la nature pour se rapprocher du futur

> Scott Jurek et Arnulfo Quimare

Dans les années 1980, la course à pied a cessé d’être uniquement un sport lié aux fédérations d’athlétisme et pratiqué par des compétiteurs aguerris. C’est devenu un véritable phénomène de société avec tout un état d’esprit “californien” (ou même new yorkais) faisant l’éloge d’une vie saine et équilibrée, marquée par les loisirs. La figure du jogger (on parle maintenant plutôt de runner) est devenue très populaire, au cinéma, dans la littérature ou encore les publicités. La corollaire a été bien sûr la massification des chaussures running et de marques comme Nike, avec le phénomène des sneakers qui sont portées dans la vie de tous les jours.

Cela fait qu’en 2019 en France, il était estimé que près de 14 millions de personnes pratiquent régulièrement la course à pied, dont 5 millions de manière sportive (c’est-à-dire en compétition, ou du moins en participant à des événements avec un dossard et un classement !). 

On notera qu’il est difficile de savoir si la période du confinement a eu un effet (positif ou négatif) sur ce nombre. D’aucun ont constaté la présence de nombreux coureurs lors des confinements ou couvre-feu, mais ce n’était peut être qu’un effet de loupe dû au fait qu’il n’y avait pas grand monde dans les rues. Aussi, beaucoup de coureurs réguliers ont expliqué perdre de la motivation en raison de l’absence d’épreuves organisées, qui servent d’objectif pour les entraînements. 

Toujours est-il que la course à pied reste un phénomène de société en 2021, et qu’il connaît bien évidemment des évolutions. Son évolution la plus marquante depuis les années 2010 est la généralisation des courses dites trail, et des entraînements allant avec. Il s’agit tout simplement de courir dans des environnements considérés comme naturels, c’est-à-dire des chemins escarpés, boueux, avec beaucoup de dénivelé, etc. 

> McFarland, USA, un film passionnant sur le running dans les années 1980

Cela n’a en soi rien de nouveau et d’une certaine manière, le trail est un retour aux sources, à la course à pied des origines. C’est une opposition aux années 1980, où le jogging s’est développé avec un style urbain qui faisait qu’on courrait essentiellement sur route, ou alors sur des chemins très pratiqués et donc lissés. Cela a correspondu à une période particulière du capitalisme où la modernité signifiait quasi automatiquement la ville, donc le bitume, les grands remblais, les parcs urbains, les pistes d’athlétisme “pour tous”, etc. Tout cela tranchait de manière nette avec ce qu’a pu être la course à pied avant, qui se pratiquait sur des chemins isolés de campagne, voire carrément dans des prairies ou sous-bois pour ce qui est du cross-country. 

Le trail, c’est donc un peu la course à pied “d’avant”, d’avant les routes bitumées et la ville généralisée. Il y a systématiquement chez les pratiquants du trail une mise en avant de la nature, avec l’idée qu’il est plus agréable et intéressant de courir sur des chemins naturels ou semi-naturels, tant pour l’attrait de l’environnement que d’un point de vue technique et sportif.

Un autre aspect inhérent au trail est celui de la longueur, tant pour les compétitions que les entraînements. Si le jogging habituel se court sur une distance allant de 5 km à 10 km, le trail c’est 15 km grand minimum. En fait, la mode du trail est essentiellement issue du développement des courses d’ultra-endurance, qui ont façonné la figure du trailer, sorte d’aventuriers des temps modernes. 

On recommandera à ce sujet la passionnante autobiographie de Scott Jurek, Eat & Run (disponible en français aux éditions Guerin). Vegan depuis 1999, cet américain issu d’une famille populaire est un grand champion de la discipline, ayant gagné les courses les plus difficiles telles la Spartathlon (245 km entre Athènes et Sparte) ou encore le Badwater Ultramarathon ( la « course à pied la plus dure au monde », avec 217 km dans le désert de la Vallée de la mort). 

Dans une interview, Scott Jurek expliquait la chose suivante :

« La victoire n’est pas mon objectif principal. La découverte, l’accès à mon âme et à mon esprit sont mes buts principaux ». 

C’est là tout à fait typique et conforme à la mentalité du trail et des trailers. Il y a ainsi, pour l’aspect positif, une mentalité néo-hippie à la recherche de profondeur d’esprit face à la superficialité des rapports dans le capitalisme. Le problème cependant, c’est que tout cela conduit facilement à un repli sur soi individualiste, qui est finalement très consommateur (consommateurs de sensations, de paysages, d’exploits personnel, et bien sûr de matériel).

Là où la compétition classique de course à pied, liée à l’athlétisme, a une approche collective de la pratique sportive (une seule personne gagne, mais sa victoire est permise par ses concurrents et est vécue par tous les spectateurs de la discipline), la mentalité trail rejette largement la collectivité au profit de l’aventure individuelle de chaque participant.

L’athlète française Annette Sergent, championne du monde de cross-country en 1987 et 1989, résume très bien cela :

 « Quand je faisais de la compétition, le monde du running était peu développé et on ne pensait qu’à la performance. Aujourd’hui, on court sans avoir les yeux rivés sur le chronomètre, en privilégiant son accomplissement personnel. Le champ des possibilités s’est considérablement élargi. On pratique seul, à deux ou à 40 000 ; on choisit la distance, l’allure, les paysages. C’est au gré de ses envies. »

C’est là un phénomène très complexe, car il est à la fois positif et négatif, et il est difficile de cerner quel aspect est le principal. Si la massification est une bonne chose, il est évident par contre que l’absence de réelle compétition (hormis les quelques dizaines de prétendants aux podiums des épreuves de masse) est aussi un recul, tant culturel que social. La compétition, en effet, est forcément une aventure collective, avec un haut niveau de raffinement social, contrairement à l’aventure individuelle qui est un repli sur soi.

Bien sûr, c’est une bonne chose de voir les gens courir simplement par plaisir, ne serait-ce que pour la santé. Mais force est de constater que le trail et la mentalité allant avec ne consistent pas en une simple activité de détente, mais en un véritable mode de vie, avec une mentalité “totale” promouvant le “dépassement” perpétuel.

Il est flagrant que ce mode de vie et cette mentalité sont façonnés par un style bourgeois. C’est la figure du chef d’entreprise ou du cadre dirigeant s’imaginant “réaliser” quelque chose avec de pseudo performances individuelles, lors d’épreuves de masse ou bien en partageant ses sorties sur les réseaux sociaux.

Cela participe forcément de tout un business, avec une course à l’équipement et au gigantisme des épreuves. Là où le footing ne nécessite qu’une bonne paire de chaussure à moins de 100 euros, avec un simple short et éventuellement un maillot technique pour réguler la transpiration, le trailer lui transporte toute une panoplie. Depuis la chaussure ultra technique jusqu’au sac pour boire, en passant par la montre GPS et les bas de contention, etc. 

C’est la même chose pour les épreuves, avec par exemple, et là encore de manière tout à fait typique, l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, qui est une véritable catastrophe tant écologique que sociale-culturelle. Il faut lire à ce sujet l’excellent article critique produit par les locaux d’Arves à Gauche, qui montrent toute la démesure et l’absurdité de ce genre d’épreuves commerciales. 

L’esprit aiguisé et critique des gens à Gauche leur fera également remarquer facilement que les trailers sont souvent ridicules, par exemple en bousculant à toute vitesse les randonneurs et en s’imaginant que ceux-ci admirent leur petite aventure individuelle !

Néanmoins, il y a avec le trail une modernisation de la pratique sportive dont le trait marquant est qu’elle est tournée vers la nature et la recherche de naturalité. C’est la même chose avec le phénomène du gravel pour le vélo, ou bien le ski de randonné plutôt que le ski sur piste. 

C’est là quelque chose qui est forcément positif et conforme aux exigence du 21e siècle. En ce sens, la longue « enquête sur l’ultra-trail » publié sur le média d’ultra-gauche lundi matin est unilatéral et passe complètement à côté de la question de la Nature (ce qui est normal puisque pour eux elle n’existe pas).

Il faut toujours cerner les deux aspects et souligner la future transformation, lorsque les masses populaires s’empareront elle-même du phénomène, qu’il pourra se réaliser véritablement, brisant la corruption par le mercantilisme capitaliste et l’individualisme bourgeois. Alors vivement que le peuple s’approprie le trail !

Catégories
Société

La lie de la société manifeste encore contre les mesures sanitaires

La France craque, au milieu de l’été.

Anarchistes, nationalistes, gilets jaunes, populistes en tout genre : c’était le pire de la société française qui était à nouveau réuni ce samedi 31 juillet 2021 pour protester contre les mesures sanitaires. Encore plus nombreux que la semaine précédente, ils étaient cette fois plus de 200 000 dans 184 villes françaises. Ce qui, au plein milieu de l’été, est tout à fait remarquable, et surtout terrifiant.

Pour les principaux rassemblements, ils étaient 13 000 à Toulon, 8500 à Montpellier, 6500 à Nice, 5500 à Bordeaux, 4000 à Nantes, 3400 à Pau, 3200 à Strasbourg, 3000 à Metz, 3000 à Avignon ou encore 15 000 à Paris.

Tout ces gens assument le nihilisme, ils assument de rejeter la société, le collectivisme, au nom de leur petite individualité, au nom de qu’ils appellent la « liberté ». C’est, au sens strict, de la graine de facho, c’est-à-dire des gens farouchement anti-communistes, anti-socialistes.

Le summum de l’ignominie anti-sociale a probablement été atteint lors de la manifestation montpelliéraine, où le cortège s’en ai pris physiquement à un stand de dépistage, en osant crier « collabo ». C’est pour le moins glaçant, surtout quand on sait que dans cette région Occitanie, le nombre de nouvelles hospitalisations a été multiplié par dix en un mois…

Le variant Delta se diffuse à vitesse grand V en raison de sa très grande virulence… mais aussi car il est aidé par ces milliers de gens ayant décider de refuser les mesures sanitaires. La France craque, et ce sont les esprits les plus faibles qui cèdent en premier.

Et quand on dit les plus faibles, il faut comprendre : les plus petits-bourgeois, les plus complaisants avec leur ego, avec leur mesquinerie, avec leur attitude anti-sociale, anti-culturelle, anti-intellectuelle.

Et quand on voit que même à la CGT il y a des soignants capables de s’exprimer contre l’obligation vaccinale, comme ceux de l’hôpital de Bastia parlant de « choix individuel » devant primer… Il y a de quoi être vraiment inquiet. Et même plus qu’inquiet. C’est un désastre.

Et l’une des racines de ce désastre, il faut le souligner, ce sont les gilets jaunes. Les gens de gauche qui ont soutenu ces gilets jaunes tout proches des chemises noires ont agi de manière criminelle. Ils ont encouragé le populisme, les positions plébéiennes, la négation de l’importance de la conscience, de la culture.

Si les gilets jaunes avaient été politiquement et culturellement écrasés, par le blocus total de la Gauche, on ne serait pas dans cette situation calamiteuse!

Catégories
Société

24 juillet 2021: 160 000 personnes contre les mesures sanitaires collectives

Une immense mobilisation en plein milieu de l’été.

D’après les chiffres officiels, ce sont 161 000 personnes qui se sont rassemblées dans plus de 160 villes de France samedi 24 juin 2021 pour protester contre le pass sanitaire et la vaccination. Ils étaient 11 000 à Paris, 6000 à Nice, 5000 à Montpellier, 4300 à Marseille, 4000 à Strasbourg et Nantes, 3500 à Annecy, 2000 à Lyon, 2000 à Rennes, Rouen, Toulouse ou Perpignan et plusieurs centaines dans de nombreuses petites villes.

Les mots d’ordres étaient partout les mêmes. Il s’agissait de brandir la « liberté », contre ce qui est dénoncé comme étant une « dictature » sanitaire. C’est un état d’esprit typiquement d’extrême-droite, refusant toute discipline collective, qui est associée à du communisme. C’est aussi tout à fait significatif d’une société française en pleine décomposition, noyée par l’amplitude de la crise.

Des dizaines de milliers de beaufs donc, qui en plein milieu de l’été ont une gigantesque capacité de mobilisation à travers tout le pays. Ce sont les restes des « gilets jaunes » bien sûr, aidés par d’importantes figures politique populistes, notamment Florian Philipot (ancien dirigeant du Front national) et Jean-Luc Mélenchon (à la tête de la France insoumise). Il faut ajouter à cela quelques groupuscules d’ultra-gauche profitant de l’occasion dans certaines villes pour faire de l’agitation anti-police, avec un peu de casse de mobilier urbain.

Tout cela est profondément nauséabond, alors que la crise sanitaire n’en finit plus en raison des mutations du virus du covid-19 et de comportements irresponsables d’une partie de la population. La circulation du virus est inquiétante depuis plusieurs jours, les services hospitaliers redoutent concrètement une nouvelle vague, mais cela n’intéresse pas les petits-bourgeois français attachés à leur « liberté », c’est-à-dire leur liberté de n’en avoir rien à faire des autres, ni de la collectivité.

Il ne s’agit pas pour autant d’être dupe des mesures du gouvernement, qui ne fait qu’aller dans le sens du capitalisme pour qui la machine doit absolument redémarrer, et donc la population se plier à ses exigences. Le pass sanitaire, dans sa forme et son application apparaît comme brutal, bien que forcément nécessaire dans le fond.

Mais ce n’est pas cela que dénonçaient les manifestants du 24 juillet, car ces gens ne dénoncent pas du tout le capitalisme et encore moins la bourgeoisie. Ils ne sont pas de gauche et non rien à voir ni de près ni de loin avec la Gauche. C’est une anomalie terrible de les voir associées à de la « contestation » et de la « rebellion ». Ils ne sont en vérité que des ultra-libéraux s’accrochant au rêve d’un capitalisme idéalisé où l’individu est roi et consomme sans contrainte.

Il faut bien le dire cependant : ces gens, bien que minoritaires, convergent très bien avec l’état d’esprit général des Français. Si les Français se plient globalement aux mesures sanitaires, on ne peut pas dire pour autant qu’ils soient au rendez-vous de l’exigence collective et de la nécessité de changement, notamment écologique.

Tout ce que la société française est capable de produire en cet été 2021 marqué par une nouvelle chapitre de la crise sanitaire, ce sont donc des milliers de fous furieux et arriérés contre les mesures sanitaires.

C’est pour le moins glaçant, et il faut vite le retour de la Gauche pour combattre frontalement le capitalisme, au nom du collectivisme, de la société, de la nature, du progrès. Et se préparer à l’antifascisme car là l’atmosphère a l’esprit des années 1930.

Catégories
Société

Le Tour de France, une éternelle arnaque?

Une société corrompue produit inlassablement de la corruption.

Le Tour de France 2021 s’est couru à 41,2 km/h de moyenne. C’est la deuxième plus haute moyenne historique derrière celle du Tour 2005 « remporté » par Lance Armstrong…

Cela ne passe pas, et personne ne peut croire sincèrement non plus en les performances du jeune slovène Tadej Pogacar qui écrase tout sur son passage, alors qu’il a à peine 23 ans. Le visage ne montrant aucune trace de fatigue, il a à de nombreuses reprises, en montagne ou sur contre-la-montre, produit des accélérations surclassant tout le monde. Battant au passage deux records d’ascension détenus par Lance Armstrong. Comme si ses muscles ne produisaient pas d’acide lactique, cette substance qui donne l’impression d’avoir les jambes qui brûlent lors d’un effort de haute intensité. 

Tadej Pogacar est slovène, et là encore personne dans le cyclisme ne croit sincèrement en le miracle national venu de Slovénie. Ce petit pays, comptant moins d’habitants que le ville de Paris (2 millions), connaît depuis quelques années son lot de “surdoués” du vélo. 

C’est le cas de Primož Roglič, initialement favori du Tour et dominant outrageusement le cyclisme depuis quelques années. C’est aussi le cas de Matej Mohoric, double vainqueur d’étape sur cette édition 2021 et qui a eu l’audace d’un geste incroyable…

Alors que son équipe était perquisitionnée le matin même pour des soupçons de tricherie, il a franchi la ligne d’arrivée (en vainqueur) en faisant « chut » avec l’index sur la bouche… puis mimant le geste de la fermeture éclaire sur la bouche.

Indigne geste de mafieux, arrogant et menaçant. Mais c’est justement l’omerta dans le cyclisme, et personne (ou presque) ne dénonce ces encadrants d’équipe corrompus, anciens dopés avérés, ou anciens impliqués dans des affaires de dopage. 

Le directeur de l’équipe de Matej Mohoric, Milan Erzen, a un lourd passif avec plusieurs de ses coureurs slovènes suspendus pour dopage. Ce n’est pas mieux du côté de l’équipe de Tadej Pogacar, dont le directeur a aussi un sombre passif. Lui-même victime d’une malaise très grave en 1998 pour avoir consommé une substance équivalente au fameux EPO de synthèse… et par le passé manager d’un dopé notoire tel Riccardo Ricco. 

D’ailleurs, les équipes de ces deux coureurs appartiennent à des États du Golfe totalement corrompus, richissimes à coup de pétrodollars, qui se servent du sport pour tenter d’exister sur la scène internationale. En l’occurrence, les Émirats arabes unis et le Bahreïn.

Au final, sur le Tour 2021, 4 équipes se partagent 14 victoires d’étape, et ce fut pareil pour la course au classement général. Cela laisse un goût amer, d’autant plus que les instances internationales ne semblent rien faire contre. Et alors que la lutte antidopage en générale ne cesse de reculer, faute de moyen, toujours à la traîne face à la course à l’armement lourd des tricheurs. 

Transfusions, corticoïdes, cétones, produits masquants, moteurs cachés, microdoses d’EPO ou encore ACE, la liste des inquiétudes est très longue. 

Mais qu’attendre d’un sport dont l’instance mondiale, l’UCI, est dirigée par un politicien opportuniste de Droite ? En l’occurrence David Lappartient, qui est maintenant également Président du conseil départemental du Morbihan et qui est candidat (incontesté) à sa propre succession à la tête de l’UCI… 

Car c’est précisément de cela qu’il s’agit. Le Tour de France n’est pas pire qu’ailleurs, il n’est malheureusement qu’à l’image de la société dans laquelle il s’inscrit. Peut-être que cela se voit plus, que cela heurte plus les consciences qu’ailleurs, mais cela n’a en soit pas grand chose d’extraordinaire. 

La triche est partout, le business et la corruption sont partout, les valeurs et la morale populaire, nulle part. Il n’y a qu’une société authentiquement démocratique et populaire qui sera suffisamment forte et coercitive pour laminer les tricheurs.

Il faudra s’employer pour cela, et si on veut un Tour de France “propre” il n’y aura pas d’autre choix que de contrôler strictement les coureurs. De publier publiquement les profils de puissances, enregistrées de manière indépendante. De publier publiquement les données physiologiques des coureurs. De fournir des vélos neutres en toute indépendance des équipes elles-mêmes, seul moyen de se prémunir du dopage mécanique. 

Sans ça, le Tour restera une éternelle arnaque, un simple divertissement ayant le sport comme prétexte…

Catégories
Politique

2022: la candidature floue et molle de Delphine Batho à la «primaire de l’écologie»

Delphine Batho a présenté sa candidature à la « primaire de l’écologie », organisée par EELV en vue de la présidentielle de 2022

C’est par une mise en scène journalistique sur BFMTV que Delphine Batho a annoncé et présenté sa candidature à la « primaire de l’écologie », organisée par EELV en vue de la présidentielle de 2022. Rien qu’avec ça, on se dira que c’est dommage, qu’il y avait mieux à faire, qu’une telle façon classiquement politicienne est loin d’être à la hauteur de l’enjeu. Il aurait pourtant fallu marquer le coup, probablement avec un document d’une grande densité, à l’image de ce qu’elle avait écrit à l’occasion du début de la crise sanitaire en avril 2020. Cela aurait eu une autre allure, sans parler du fait que démocratiquement et culturellement, c’était mieux que de réserver sa parole à un grand groupe médiatique.

Dommage, cela l’est d’autant plus que Delphine Batho est une femme politique de qualité, ayant cette capacité de s’adresser aux gens, de les écouter, de porter leur parole de manière à la fois simple et concrète, en exprimant de réelles préoccupations populaires. Le problème, c’est qu’à une époque comme la nôtre, cela ne suffit pas. Loin s’en faut.

Dans une telle situation de crise, écologique bien sûr, mais aussi morale, économique, sanitaire, sociale, culturelle, ce qu’il faut, ce sont des grandes idées, des grandes lignes. Il faut tracer une perspective qui soit immense, à l’image de l’immensité de la crise, des crises et de leurs enchevêtrements.

Delphine Batho, malheureusement, a fait le choix inverse. En 2018, elle a abandonné les grandes idées, en quittant la Gauche (elle qui était liée au PS depuis sa jeunesse), au profit de Génération écologie. Elle a choisi le pragmatisme, censée être synonyme de réalisme, en prônant un centrisme écolo « non partisan ».

Elle se retrouve maintenant coincée. D’un côté, elle n’est pas dupe de la situation et ne peut que constater l’immensité de la crise. De l’autre, sans grandes idées, elle doit bricoler avec des petites idées pour se démarquer et avoir quelque chose à proposer malgré tout.

Alors elle parle de « décroissance », mais sans aucun rapport avec ce que cela signifie vraiment. La décroissance est une idée réactionnaire très précise. Cela vient de l’extrême-droite et c’est une critique de la société industrielle sur un mode romantique. Si Delphine Batho était cohérente, elle ne pourrait pas dire que « ce n’est pas synonyme de récession » ou alors que cela permet de « créer des emplois ». C’est tout simplement antinomique avec la définition même de décroissance.

D’ailleurs, la candidate à la « primaire de l’écologie » n’est pas du tout « décroisssante » quand elle dit, de manière très juste, qu’il faut une industrie française du vélo. Mais cela n’est qu’anecdotique, à l’image de sa pseudo-définition de la décroissance qui est d’un populisme incroyable : ce serait dit-elle, les vides-greniers et Le bon coin…

Les petites idées, Delphine Batho va également les chercher du côté des catholiques, en reprenant le concept d’écologie intégrale (« 100 % écologie intégrale » est-il précisé sur ses visuels de campagne). Plus précisément, cela a été mis en avant par le pape « François 2 » avec son « encyclique » intitulée « Laudato si » en 2015.

Les véritables écologistes avaient à l’époque tout de suite compris de quoi il s’agissait en dénonçant un néo-pétainisme, une révolte contre le mode moderne faisant un hold-up sur l’écologie, tout comme les zadistes l’ont fait. Là encore, comme avec la décroissance, Delphine Batho ne va pas au bout des choses, puisqu’elle prétend en même temps relever de l’héritage des Lumières, de la laïcité.

Le pape ou les Lumières, il faut pourtant choisir. Car l’un fait clairement partie du problème, en rejetant la nature au profit d’un mysticisme pseudo-bienfaisant. Et l’autre fait clairement partie de la solution, en prônant le matérialisme philosophique, c’est à dire la reconnaissance de la nature, et donc l’écologie.

Ce n’est pas qu’une question philosophique et lointaine, idéologique et abstraite. C’est au contraire absolument concret et décisif. C’est de vision du monde qu’il s’agit, et c’est justement avec une vision du monde qu’on change les choses, si on veut réellement changer les choses. Delphine Batho le veut-elle ?

Si c’est vraiment le cas, alors elle a fait une erreur immense en rejetant la Gauche. Elle explique même maintenant qu’elle « s’en fout » du parcours des gens, que la Droite n’est miraculeusement plus un problème, que ce qui compte c’est d’agir, etc.

Pourtant, rouler en SUV et n’en avoir rien à faire des autres, c’est précisément cela une mentalité de droite, et c’est strictement opposé à l’écologie.

Au contraire, avoir l’esprit collectif chevillé au corps, c’est précisément une mentalité de gauche, et c’est uniquement de cette façon que l’humanité pourra envisager de mener la bataille pour la planète Terre.

Elle a raison de vouloir prendre le problème de l’écologie à bras-le-corps et d’agir immédiatement. Mais sans chambouler la société, sans assumer de révolution culturelle, rien ne sera possible.

Rien qu’un aspect, qui est tout à fait marquant : en vingt minutes d’émission où elle introduit son programme, jamais Delphine Batho n’a parlé des animaux, et encore moins de veganisme. Comment pourtant prétendre à sauver la planète, sans se préoccuper de ses habitants ? À moins que l’écologie ne soit qu’un prétexte à un néo-humanisme, à un anthropocentrisme s’imaginant moderne et pacificateur social.

Delphine Batho vaudra-t-elle mieux que cela ? L’accentuation de la crise et la polarisation de la société la forcera à choisir son camp.

Catégories
Politique

Marine Le Pen et le 18e congrès du Rassemblement national

La ligne est celle d’un vaste front de la Droite

Les 3-4 juillet 2021 s’est tenu à Perpignan le 18e congrès du Rassemblement national, le prolongement du Front national. Marine Le Pen, qui a été réélue présidente, a cependant bien précisé qu’il n’y aurait pas de retour en arrière. L’heure est à l’ouverture :

« Nous avons su, ces dix dernières années, nous écarter des analyses à l’emporte-pièce, des sentences irrévocables et des mesures simplistes.

Par le travail collectif, sans rien renier des lignes claires nos convictions, nous avons su nous affranchir d’une immaturité politique peu compatible avec des ambitions nationales et donner à notre mouvement les qualités nécessaires à un parti de gouvernement (…).

Nous ne reviendrons pas en arrière. Avec tout le respect que nous avons pour notre propre histoire, nous ne reviendrons pas au Front national. »

Pour ce faire, Marine Le Pen sera en retrait de son mouvement, à partir de septembre, afin de jouer la traditionnelle ligne gaulliste du « au-dessus des partis ». Jordan Bardella la remplacera, alors que sont intégrés au Bureau national deux non-membres du mouvement, le président du Parti localiste Hervé Juvin et la figure de la Droite Thierry Mariani.

Il y a toutefois un défi qui se pose à Marine Le Pen : comment attendre un mouvement nationaliste d’un peuple apathique ? Les régionales ont montré que les Français étaient ailleurs, on ne sait trop où et même eux ne le savent pas vraiment.

La vidéo du discours du dimanche 4 juillet 2021 de Marine Le Pen a été vue un peu plus de 9 000 fois, ce qui est tout à fait ridicule.

Il faut qui plus est prendre en compte ses concurrents : il y aura un candidat porté par la Droite, le chroniqueur populiste « occidentaliste » Eric Zemmour se présentera sans doute aussi, voire le général de Villiers. Cela ne joue pas en sa faveur.

Bien entendu, cela peut se retourner en son contraire : une situation caractérisée par une crise militariste mondiale amènerait des millions d’euros à se déverser sur une unité générale de la Droite, provenant d’une haute bourgeoisie qui veut un pays en première ligne pour la guerre.

Et une combinaison indirecte de tous ces mouvements réactionnaires, épaulée par une extrême-Droite activiste, peut également impulser une vague de Droite, générant un engouement assez naturel dans une France totalement beauf.

Faut-il être alors rassuré ou inquiet de ne pas savoir à quelle sauce on va être mangé ? Il va falloir observer cela avec acuité : l’antifascisme en dépend, l’opposition à la guerre en dépend.

Catégories
Société

PMA: une victoire du turbocapitalisme

La société française a fait un pas de plus dans la version américaine du capitalisme.

« Constance et Aude Démettre sont les mères de Juliette (9 ans) et des triplées Apolline, Emma et Camille (6 ans), à Bordeaux le 25 juin 2021. » C’est ainsi que Le Monde présente deux femmes et quatre enfants dans un article sur la PMA, la Procréation Médicalement Assistée. Biologiquement, cela n’a aucun sens. La vie est dialectique et il faut un homme et une femme pour qu’il y ait des enfants.

C’est cependant tout à fait conforme avec le capitalisme roi qui s’arroge tous les domaines, y compris la vie. De la même manière que les poules dites pondeuses et les chiens dits de compagnie sont des êtres vivants totalement déformés génétiquement pour servir le marché, les enfants eux-mêmes deviennent des marchandises, une consommation à laquelle on aurait « droit ».

La PMA, qui dont l’accès vient d’être élargie par la loi en France le 29 juin 2021, est maintenant ouverte à toutes les femmes, y compris célibataires. Deux femmes peuvent être reconnues comme « mères » au même titre. Et la PMA sera gratuite, c’est-à-dire que la société la paiera. C’est nécessaire, parce que le capitalisme a besoin que ce puissant outil d’atomisation des gens soit largement employé.

Car tel est le but du capitalisme : tout réduire à des identités et de la consommation. La PMA n’est d’ailleurs qu’un inévitable pas vers la GPA, la Gestation Par Autrui, que ne manqueront pas de demander des hommes au nom de « l’égalité des droits ». Et cette GPA sera elle-même un pas vers autre chose, car le capitalisme cherche, par définition, à élargir son marché.

Pour qui n’y croit pas, il suffit de voir que le turbocapitalisme considère que des hommes s’imaginant des femmes ont le droit de se considérer comme tel. Or, « elles » ne peuvent pas avoir d’enfants, puisque ce sont des hommes. Le capitalisme dira alors que ces hommes, étant considérés juridiquement comme des femmes, doivent avoir les mêmes droits que les autre femmes. Et la GPA sera instaurée, sur une base pseudo volontaire avec « dédommagement », comme équivalent de la PMA.

Il est intéressant ici de voir que la Gauche, en France, est devenue la cinquième roue du carrosse libéral. On est vraiment passé dans une situation à l’américaine : il y a les républicains-conservateurs, qui ne veulent pas trop de changement pour ne pas qu’il y ait d’agitation sociale, et il y a les démocrates-sociaux qui veulent moderniser le capitalisme en déviant l’agitation sociale.

Les deux s’opposent, mais pas sur leur fond capitaliste ; d’ailleurs, Pascal Praud, l’agitateur médiatique sur CNEWS, totalement sur une ligne républicaine-conservatrice, est tout à fait en faveur de la PMA. Ces deux pôles ont le même rôle qu’aux États-Unis : assécher le terrain de la lutte de classes, polariser de manière fictive.

Et cela marche. Il n’aura échappé à personne justement que, en ce moment, l’idéologie LGBT se répand de manière la plus subjectiviste, que dans chaque lycée il y a une voire plusieurs personnes s’imaginant « trans » et affichant un nihilisme outrancier et morbide à ce sujet. Le capitalisme fait littéralement un hold-up sur le mal-être et propose comme solution non pas de changer la société, mais de changer son propre corps, de le rendre consommable. Et comme cela ne marche pas, que cela ne résout rien, les jeunes tombant dans le panneau sont obligés de toujours plus en rajouter.

Et le turbocapitalisme en rajoutera. Et le conservatisme en rajoutera. Et le turbocapitalisme en rajoutera. Etc. Sans fin, comme aux États-Unis. Sauf si la Gauche historique renaît de ses cendre et démolit ce plan d’écrasement de la conscience des gens.

Catégories
Écologie

Enfin ! La chasse à la glu est déclarée illégale en France

Le Conseil d’État a rendu lundi 28 juin 2021 une décision qui était très attendue. La chasse à glu est enfin reconnue comme illégale, conformément au jugement du 17 mars de la Cour de justice de l’Union européenne ayant donné raison à One Voice et la Ligue française pour la protection des oiseaux (LPO) qui mènent un combat de longue haleine à ce sujet.

C’était une barbarie d’un autre temps, qui n’était plus pratiqué qu’en France… Rappelons que cela consiste en le fait de piéger des oiseaux sur des branches au moyen d’une colle. C’est aussi abject que lâche, et enfin la société française reconnaît officiellement qu’une telle chasse est inadmissible.

Voici une vidéo de la LPO documentant cette pratique qui appartient maintenant au passé (à condition que la légalité soit reconnue en pratique, ce qu’il faudra surveiller bien entendu) :

Et comme le rappel très bien One Voice dans sa communication, il s’agit maintenant de continuer la bataille pour les animaux, car il y a encore énormément à faire :

« La chasse à la glu, c’est T-E-R-M-I-N-É ! On continue le combat contre les autres chasses traditionnelles: quatre ans que nous attaquons systématiquement les arrêtés devant le @Conseil_Etat. Pour les oiseaux, nous irons jusqu’au bout. #LaChasseUnProblèmeMortel »

Voici enfin le communiqué de la LPO du lundi 28 juin 2021 :

« C’est la fin de la chasse à la glu !

Le Conseil d’Etat vient de donner raison à la LPO et d’annuler les derniers arrêtés ministériels autorisant le piégeage à la glu d’oiseaux sauvages en France. 

Le 29 novembre 2019, pour la première fois depuis des années, le Conseil d’Etat ne déboutait pas la LPO de son recours sur la légalité du piégeage des oiseaux à la glu (1) et décidait d’interroger la Cour de Justice de l’Union Européenne. Le 17 mars 2021, cette dernière confirmait l’illégalité de cette pratique au regard de la Directive européenne de protection des oiseaux. Comment aurait-il pu en être autrement puisque l’Espagne et Malte avaient déjà été condamnées pour les mêmes pratiques ?

Par un jugement rendu ce 28 juin 2021, le Conseil d’Etat vient donc d’annuler les derniers arrêtés ministériels accordés pour les saisons 2018-2019 et 2019-2021 et confirme ainsi que la chasse à la glu est illégale.

Des procédures juridiques longues et fastidieuses.

La LPO a mené la bataille pendant plus de 5 ans avant de finir par gagner : cette pratique odieuse et non sélective dont furent victimes des milliers d’oiseaux chaque année (quelques 40 000 oiseaux), et qui laisse libre cours à tous les trafics (2) est définitivement abolie. Plus aucun gouvernement français ne pourra désormais utiliser le levier des dérogations pour contourner la Directive européenne de protection des oiseaux. Déjà, pour la saison 2020-2021, le Président de la République lui-même avait suspendu la signature dans l’attente du jugement du Conseil d’Etat. 

Pour la Cour de Justice de l’Europe comme pour le Conseil d’Etat, plus haute juridiction française, le piégeage à la glu ne respecte pas la Directive Européenne pour les Oiseaux parce qu’il n’est pas sélectif (des oiseaux protégés se font également capturer), et parce qu’il existe d’autres solutions pour imiter le chant des oiseaux utilisés comme appelants. La CJUE va même plus loin en reconnaissant pour la première fois la nécessité de respecter la sensibilité animale. Ces attendus confirment que d’autres piégeages dits traditionnels sont de fait tout aussi illégaux : dans le Sud-Ouest on continue de piéger des oiseaux avec des filets et des matoles (cages métalliques) ; dans le Massif Central on les écrase avec des pierres plates ; dans les Ardennes on les étrangle avec des collets et on leur tire la queue pour les faire appeler… Dans tous les cas ces modes de piégeage ne sont pas sélectifs, et les alternatives existent. 

La LPO a obtenu cette victoire contre l’Etat français qui a toujours défendu ces pratiques. Elle exige désormais de sa part :

* l’abrogation de l’arrêté cadre du 17/8/1989(3)sur l’emploi des gluaux; 

* l’inscription de l’interdiction de la chasse à la glu dans la loi

* la libération des centaines d’oiseaux capturés illégalement et encore détenus aujourd’hui dans la perspective de les utiliser comme d’appelants ;

* la destruction des huttes de chasses construites bien souvent illégalement sur le domaine public de l’ONF et des collectivités ;

* l’interdiction de la commercialisation et de l’utilisation de la glu comme méthode de destruction des animaux, y compris pour les insectes et les rongeurs compte tenu de l’absence de sélectivité et des souffrances ainsi infligées(4)

Allain Bougrain Dubourg en appelle désormais à la responsabilité du gouvernement français :

« A la veille d’accueillir le Congrès Mondial de l’UICN en septembre à Marseille, la France, qui se veut exemplaire en matière de biodiversité, serait cohérente en mettant un terme définitif à ces piégeages d’un autre temps qui conjuguent la capture d’espèces parfois protégées et la maltraitance de la faune sauvage. »

(1) Le piégeage à la glu consiste à encoller des baguettes pour attraper des oiseaux censés rester vivants, afin de s’en servir comme appelants. Après être restés des semaines dans le noir, les oiseaux placés dans des cages accrochées aux arbres se mettent à chanter à la lumière, attirant ainsi leurs congénères qui sont tirés à bout portant. Tous les oiseaux, protégés ou non, se font ainsi piéger : ils se débattent dans la glu, avant d’être détachés par aspersion de diluants type essence F4. A l’aide de caméras, la LPO a pu prouver que non seulement cette pratique n’est pas sélective, mais que de nombreux oiseaux, y compris protégés, sont blessés voire tués pendant ces manipulations voir la vidéo ICI.

(2) Toutes ces pratiques qui perdurent sous prétexte de « traditions » permettent la vente libre des pièges et masquent de nombreux actes de braconnages et trafics de petits oiseaux tantôt pour la bouche (brochettes de pinsons et autre rouge-gorge) tantôt pour le chant (chardonnerets et autres linottes mélodieuses).

(3) L’arrêté du 17 août 1989 est celui par lequel la France a dérogé illégalement à la Directive européenne de protection des oiseaux en autorisant l’emploi des gluaux pour la capture des grives draines, litornes, mauvis et musiciennes et des merles noirs, destinés à servir d’appelants à des fins personnelles, dans les départements des Alpes-de-Haute-Provence, des Alpes-Maritimes, des Bouches-du-Rhône, du Var et de Vaucluse et dans les conditions strictement contrôlées définies ci-après afin de permettre la capture sélective et en petites quantités de ces oiseaux, puisqu’il n’existe pas d’autre solution satisfaisante.

(4) La LPO a reçu de nombreux témoignages y compris photographiques d’oiseaux insectivores comme les mésanges victimes de pièges à insectes utilisant de la glu. »

Catégories
Politique

Suspension de la réforme de l’assurance chômage

Le Conseil d’État n’a pas jugé sur le fond le réforme de l’assurance chômage, mais il l’a suspendu en attendant (elle était prévue pour le 1er juillet 2021). Voici les communiqués de la CGT, de la CFDT et de la CGT-FO qui s’en félicite, tout en rappelant que la mobilisation doit continuer à ce sujet :

Catégories
Société

Roland-Garros: quand le sommet de l’État cède à quelques nantis

En autorisant les 5 000 spectateurs de la demi-finale messieurs du tournoi de Roland-Garros vendredi 11 juin 2021 à braver le couvre-feu, le sommet de l’État a fait un acte de lutte des classes. C’est le bon vouloir du prince pour une minorité bourgeoise et sans aucune justification sociale, au mépris du plus grand nombre et de toute responsabilité collective. Bien que symbolique, cela constitue un acte anti-démocratique d’une grande portée politique. 

Le tennis est devenu en France ces dernières années un sport très populaire, embrassant toutes les classes sociales. Il n’empêche que culturellement, cela reste un sport bourgeois et marqué par un style grand bourgeois. Le tournoi annuel de Roland-Garros, l’une des quatre plus prestigieuses épreuves mondiales, est particulièrement lié à ce style typique de l’Ouest parisien, avec la grosse montre de luxe, le Perrier citron et le pull en laine posé sur le polo Lacoste au col relevé. Les rencontres ont lieu dans le très chic XVIe arrondissement de la capitale et les billets sont particulièrement chers et difficiles à se procurer. 

Il y a tout un système garantissant l’entre-soi puisque les billets sont d’abord vendus aux présidents de clubs, avant d’être disponibles pour les licenciés de la Fédération et ensuite au grand public. Cela sans compter bien sûr toutes les possibilités de copinage plus ou moins officielles, avec les places réservées pour les partenaires plus ou moins officiels, les entreprises, etc. 

Tout cela fait que le public de la demi-finale du tournoi 2021 entre Novak Djokovic et Rafael Nadal ne consistait pas en n’importe qui d’un point de vue de classe. Et le gouvernement a donc fait le choix de leur céder, de céder à un caprice de grands bourgeois. 

Cela faisait en effet plusieurs jours que tous ces gens hurlaient au scandale chaque soir, quand il fallait interrompre la partie pour leur demander de partir afin de respecter le couvre-feu, comme n’importe quelle autre personne en France. On avait ainsi des nantis habitués à ce que toute la société soit dédiée à leur service et leur bon vouloir, refusant systématiquement tout effort collectif, qui ne comprenait pas qu’on leur demande de faire comme tout le monde. 

La décision a donc été prise en haut lieu de leur céder, et ces gens ont tout de suite compris (par réflexe de classe) qu’il s’agissait du bon vouloir du prince : “merci Macron, merci Macron’, ont-ils alors scandé dans le stade, de manière aussi honteuse que pathétique. Il a ensuite été fait préciser par la presse que la décision venait du cabinet du premier Ministre et non pas de l’Élysée, probablement pour ne pas trop écorcher l’image d’Emmanuel Macron, ni renforcer son étiquette de président des riches. Mais on a du mal à croire que le président lui-même puisse ne pas être mouillé dans une telle décision.

En attendant, il est complètement hallucinant qu’une telle attention soit portée à si peu de gens, pour leur autoriser quelque chose n’ayant à ce point aucun sens. Cela en dit tellement long sur la décadence au sommet de l’État et le décalage existant entre la bourgeoisie et le reste de la société.

Jamais une telle décision n’aurait été prise pour du football par exemple, car on retrouve dans les stades un public essentiellement issu des classes populaires et dont l’habitude n’est justement pas d’insulter l’intérêt collectif et la discipline sociale. C’est là un marqueur de classe significatif, et il est temps que la société se mette à jour en ayant au pouvoir les bonnes personnes, c’est-à-dire justement les classes populaires !

Catégories
Écologie

L’autorité de sureté nucléaire s’inquiète de la gestion des déchets radioactifs

Le nucléaire est une folie, et c’est d’autant plus une folie quand il a lieu dans le cadre d’un capitalisme en crise, de plus en plus incapable d’assurer des choses aussi élémentaires que penser à s’occuper des déchets radioactifs… Voici à ce sujet le communiqué très inquiétant de l’autorité de sûreté nucléaire, un organisme d’État.

« L’ASN a rendu ses avis sur la gestion des matières et déchets radioactifs

Publié le 07/06/2021 à 14:00

Note d’information

Saisie par le ministère chargé de l’énergie dans le cadre de l’édition 2016-2018 du Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR), l’ASN a rendu, en 2020 et 2021, sept avis sur la gestion des matières et des déchets radioactifs produits sur le territoire national. Dans ces avis, l’ASN souligne notamment le fait que des décisions seront nécessaires, à court terme, afin que des filières de gestion sûres soient disponibles pour tous les types de déchets radioactifs dans les 15 à 20 ans à venir.

Ces avis se fondent sur l’analyse approfondie des études remises par les producteurs et gestionnaires de matières et déchets radioactifs en application de l’arrêté du 23 février 2017[1], sur les conclusions du débat public mené pour la première fois en 2019 en vue de la préparation du 5e PNGMDR, et sur les grandes orientations décidées par la ministre de la transition écologique et le président de l’ASN le 21 février 2020 à la suite du débat public. Ils ont pour objectif de fournir des recommandations d’actions concrètes, sur des sujets pour lesquels des décisions peuvent être prises dès à présent ou à défaut, pendant la durée du plan.

L’ASN insiste sur l’importance d’anticiper les choix de gestion des matières et des déchets radioactifs. En particulier, l’ASN considère que :

  • le caractère valorisable des matières radioactives doit être apprécié en tenant compte des horizons temporels de disponibilité des filières industrielles d’utilisation de ces matières, et des volumes de matières concernés. La valorisation d’une matière radioactive peut être considérée comme plausible si l’existence d’une filière industrielle est réaliste à un horizon d’une trentaine d’années. Pour toute perspective plus lointaine, il est nécessaire d’anticiper les besoins d’entreposage sur les durées correspondantes, plus longues qu’une trentaine d’années, dans des conditions sûres, et la gestion possible de la substance radioactive en tant que déchetEn tout état de cause, l’absence de perspective d’utilisation à l’horizon d’une centaine d’années doit conduire à requalifier la substance en déchet. Ces principes doivent être notamment appliqués pour une quantité substantielle de l’uranium appauvri actuellement entreposé en tant que matière ;
  • la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie devra définir les perspectives audelà de 2040 en matière de retraitement des combustibles usés afin que les actions nécessaires à un arrêt ou à une poursuite de cette politique puissent être anticipées ;
  • Dans l’attente de solution de stockage, les besoins en entreposage doivent être anticipés. En particulier, la réalisation de capacités supplémentaires pour l’entreposage de combustibles usés constitue un enjeu stratégique pour la sûreté globale des installations nucléaires. EDF doit déposer au plus tôt un dossier de demande d’autorisation de création pour l’option d’une piscine d’entreposage centralisé qu’elle a choisi ;
  • l’entreposage de longue durée ne peut pas constituer une solution définitive pour la gestion des déchets à haute activité à vie longue. Il suppose en effet le maintien d’un contrôle de la part de la société et la reprise des déchets par les générations futures, ce qui semble difficile à garantir sur des périodes de plusieurs centaines d’années ;
  • la transmutation des déchets déjà conditionnés de l’inventaire de réserve de Cigéo n’est pas une perspective crédible à l’échelle industrielle. Si des études devaient se poursuivre sur le sujet, il conviendrait de les faire porter sur la transmutation des substances radioactives actuellement qualifiées de matières ou sur la transmutation des déchets produits par un futur parc de réacteurs ;
  • les producteurs doivent mettre en œuvre un programme ambitieux de caractérisation des colis de déchets bitumés, indispensable pour démontrer que tout ou partie de ces colis pourrait être stocké avec un haut niveau de sûreté dans le centre de stockage Cigéo, sans traitement préalable ;
  • les exploitants doivent mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour reprendre et conditionner les déchets anciens (RCD) de haute et moyenne acticité vie longue (HA-MA/VL) produits avant 2015 dont ils sont responsables, dans le respect du délai de 2030 fixé par la loi, en priorisant les actions du point de vue de la sûreté ;
  • Afin d’anticiper la création de stockages de déchets de très faible activité (TFA) répondant aux besoins, l’ANDRA doit déposer une demande d’augmentation de la capacité autorisée du CIRES au moins six ans avant la saturation prévue et étudier la mise en place d’installations complémentaires de stockage de déchets TFA, centralisé ou décentralisé ;
  • la valorisation de certains types de déchets TFA, dont les volumes produits seront importants, doit être encouragée, notamment par la mise en place d’un cadre spécifique de dérogation et de contrôle pour la valorisation de matériaux métalliques de faible activité ;
  • les efforts doivent être accentués pour permettre la création de capacités de stockage des déchets de faible activité vie longue (FA-VL). à cet égard, l’ANDRA doit remettre d’ici mi 2023, un dossier présentant les options techniques de sûreté retenues pour le stockage de déchets FA-VL en faible profondeur sur le site de la communauté de communes de Vendeuvre‑Soulaines (Aube).

Dans ces avis, l’ASN souligne la nécessité d’associer l’ensemble des parties prenantes intéresséesnotamment les représentants des territoires impliqués ou susceptibles de l’être, aux choix de gestion pour les déchets de très faible activité (TFA), les déchets de faible activité à vie longue (FA-VL), les stockages historiques de déchets radioactifs et la gestion des eaux issues des anciens sites miniers d’uranium, en s’appuyant en particulier sur des analyses multicritères pluralistes[2].

Le projet de 5e PNGMDR, désormais élaboré sous l’unique responsabilité du ministère de la transition écologique, fera l’objet de consultations de l’Autorité environnementale et du public d’ici la fin de l’année 2021. En parallèle, l’ASN rendra un dernier avis sur les projets de textes réglementaires du 5e PNGMDR. Le plan tel qu’arrêté par le Gouvernement fera ensuite l’objet d’une évaluation par le Parlement. »

Catégories
Politique

« Montjoie Saint Denis », un nouveau coup d’éclat d’extrême-droite

Le petit attentat contre le président Emmanuel Macron mardi 8 juin 2021 est significatif de l’époque : la société en crise charrie une Droite qui s’assume de plus en plus et des activistes d’extrême-droite assumant de plus en plus le romantisme sur le mode du coup d’éclat.

Il n’y a aucun doute sur l’identité politique de l’agresseur d’Emmanuel Macron à Tain-l’Hermitage dans la Drôme. On a à faire à un royaliste dans la mouvance de l’Action Française, issu de toute la tradition développée par Charles Maurras.

Son action, une gifle au président de la République en criant « Montjoie Saint Denis ! A bas la macronie » est absolument typique. On a quelque-chose se voulant très radical et transgressif, mais qui est en réalité insignifiant sur le plan du contenu et de la forme. Cela est violent certes, mais ce n’est qu’un coup d’éclat, une occasion pour asséner un cri de ralliement romantique sur le mode du slogan.

« Montjoie Saint-Denis » renvoie à toute la mythologie nationaliste des royalistes français s’imaginant puiser dans l’Histoire de France. Il ne s’agit en fait que de folklore et de culte irrationnel à partir d’imageries féodales datant d’avant l’apparition de la France, pour appuyer un discours nationaliste tout ce qu’il y a de plus contemporain. Le slogan est ici censé faire référence à la défense de la France, sur le mode chevaleresque.

On remarquera que le youtubeur Papacito, qui vient de défrayer la chronique avec sa vidéo appelant à liquider physiquement la Gauche, est pareillement un admirateur des Wisigoths, sur un mode idéalisé.

En ce qui concerne les termes « Montjoie Saint-Denis », on les retrouve dans le fameux poème médiéval la Chanson de Roland, qui est une affirmation féodale chrétienne à l’époque des croisades. Cela n’a bien sûr aucun rapport avec la situation actuelle, ni avec la prétendue « macronie ».

Mais les nationalistes n’ont certainement pas besoin de voir de rapport entre les choses, car ils ne fonctionnent pas de manière rationnelle. Emmanuel Macron est pour eux la cible de choix, un symbole, pour dérouler la fiction d’un discours politico-culturel au contenu aboutit.

On notera au passage la grande décadence des services de protection de l’État français, incapable d’assurer le minimum pour ce qui est censé être la figure la plus importe des institutions françaises en la personne du président de la République. En l’occurrence, une simple émission télévisée de divertissement, Quotidien, avait pu discuter avec le protagonistes et ses acolytes… 4 heures avant les faits et connaître leurs motivations !

Ces gens étaient donc sur place depuis longtemps, facilement identifiable de par un certain look, et surtout assumant publiquement leur discours royalistes. On a l’un d’eux (pas le gifleur) parlant du déclin de la France et se disant anarchiste, ce qui est typique des activistes de l’Action Française pour qui le royalisme consisterait en « l’anarchie + 1 », c’est-à-dire l’anarchie (soit l’absence de toute modernité étatique et de toute structure sociale centralisée) + le Roi (c’est-à-dire une figure mystique romantique s’imposant à tout, pour tuer toute expression la société, au-delà des classes, etc.).

On notera au passage la grande incohérence de ces activistes d’extrême-droite, avec l’ami du gifleur qui s’exprimait à la caméra en expliquant regretter le fait que le président dise « on n’a pas de culture » (sous-entendu française, nationale)… alors qu’il porte lui-même un t-shirt avec l’immonde figure du Joker de Batman, ce qui est en soi une agression culturelle (ou anti-culturelle si l’on veut).

Toujours est-il que ces gens ont le vent en poupe, ils se sentent portés par l’époque. Et l’État n’est même pas capable d’assurer le service minimum pour les contenir et prévenir un tel coup d’éclat. Cela en dit très long sur l’ambiance en France et ce à quoi il faut s’attendre dans la période à venir.

Il est plus que jamais temps pour la Gauche de relever la tête et d’assumer sa tâche historique qui est d’écraser la Droite et toutes les expressions de celle-ci au moyen de la démocratie populaire.

Catégories
Politique

Impôt mondial: communiqué d’Attac dénonçant une « non-avancée historique »

L’organisation Attac a représenté dans les années 2000 la quintessence de tout un courant « altermondialiste » en France, critiquant le libéralisme économique en affirmant qu’il était possible de réguler le capitalisme en s’attaquant notamment à l’évasion fiscale.

Il est tout à fait logique qu’Attac ait porté une grande attention à l’accord des ministres des Finances du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) au sujet d’un taux d’impôt minimal mondial sur les sociétés. C’était historiquement, pour résumer dans les grandes lignes, la grande revendication d’Attac… Et c’est en 2021 un grand échec.

L’organisation est obligée de constater dans son communiqué du samedi 5 juin 2021 que tout cela ne rythme à rien. Le problème de fond est contourné par à un discours « ultra » où il est prétendu qu’il faudrait encore « plus ». En réalité, on comprend à la lecture du communiqué qu’il n’y a pas grande chose à attendre de ce genre de considération.

L’altermondialisme s’est imaginé durant les années 2000 pouvoir contourner la lutte des classes et la bataille du socialisme pour dépasser le capitalisme. En 2021, il apparaît de plus en plus évidant qu’aucune avancée n’aura lieu sans la lutte des classes et la bataille du socialisme pour dépasser le capitalisme.

Voici le communiqué d’Attac que l’on sent plein d’amertume :

« Taux de 15 % sur les multinationales : une non-avancée historique

Les ministres des finances du G7 ont donné leur accord à l’instauration d’un taux d’impôt minimal mondial sur les sociétés (IS) d’« au moins 15% » (communiqué commun publié samedi 5 juin [1]). La satisfaction qu’ils ont affichée et leur empressement à présenter cette décision comme une « avancée historique » montre qu’aucun ne veut faire plus et mieux. En réalité, l’histoire retiendra surtout que, dans une période exceptionnelle, et alors que le nouveau Président des États-Unis avait lui-même proposé un taux minimum de 21 %, cet accord constitue une réelle « non-avancée ».
 
Le bénéfice à attendre de cette mesure est marginal à court terme : il atteindrait 2,5 à 4 milliards d’euros au maximum en France contre 16 milliards avec un taux de 21%. A long terme, il peut même être négatif. Certes, des recettes peuvent être dégagées par l’application de ce taux aux multinationales du numérique et à celles présentes dans des paradis fiscaux : encore faut-il s’assurer qu’il n’y aura aucune fuite de base imposable… Mais surtout, ce faible taux continuera par ailleurs de nourrir l’intense concurrence fiscale qui se traduit, notamment, par une course à la baisse des taux nominaux et réels de l’IS. Les données de l’OCDE [2] montrent que le taux légal moyen de l’IS a déjà fortement baissé : il a reculé de 7,4 points entre 2000 et 2020. Elles montrent aussi [3] que, sur 36 pays étudiés, seuls 3 (L’Irlande, le Chili et la Hongrie) présentent un taux nominal d’IS inférieur en 2021. Les gouvernements des pays qui présentent un taux nominal plus élevé pourraient arguer qu’il faut s’aligner sur ce taux de 15 %. Avec pour conséquences des pertes budgétaires importantes et une aggravation de l’injustice fiscale et sociale.
 
Par ailleurs, rien n’est précisé sur l’assiette sur lequel il sera calculé. Les travaux menés au sein de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) montrent qu’il existe une possibilité selon laquelle ce taux ne s’applique qu’à une partie des bénéfices. Ce qui réduirait d’autant plus le faible intérêt de ce taux. Cette crainte est d’autant plus fondée que le communiqué du G7 finances évoque « une solution équitable sur l’attribution des droits d’imposition, les pays du marché se voyant attribuer des droits d’imposition sur au moins 20 % des bénéfices dépassant une marge de 10 % pour les entreprises multinationales les plus grandes et les plus rentables ». Le bénéfice sur lequel se calculerait ce taux risque donc d’être bien réduit… Il y a cependant fort à parier que les États et les intérêts perdants (car il y en a tout de même) feront pression sur les futures négociations, quand bien même ils ont eu satisfaction sur une grande partie de leurs demandes… Enfin, suivant la méthode de répartition et de calcul retenue, cet accord pourrait surtout bénéficier aux pays riches et oublier les pays pauvres et en développement si la répartition du léger surplus s’effectue vers les pays où les multinationales ont leurs sièges.
 
Ce projet de taux minimum d’IS de 15 % montre que la volonté politique de combattre l’évasion fiscale et de faire en sorte que chacun paie sa « juste part » est déficiente. C’est donc une occasion manquée dans un contexte où les États ont tous besoin de ressources supplémentaires et de cohésion sociale. En choisissant un taux plus bas que celui proposé par Joe Biden, les gouvernements ont raté une occasion qui, pour le coup, aurait pu constituer une véritable avancée. Ils ont de facto choisi de ne pas se dégager de marges de manœuvre supplémentaires pour faire face aux conséquences de la crise et aux enjeux sociaux et écologiques. Ils ont également choisi de maintenir des différences entre les grands groupes et les PME, qui subissent de longue date un taux réel d’imposition supérieurs. En d’autres termes, faisant le choix du taux minimum le plus bas possible (2,5 point au dessus de celui de l’Irlande…) mais le maximum en termes de communication, ils ont fait le choix du maintien de l’injustice fiscale et sociale.

Au fond, la seule nouveauté aura été de parvenir à un accord sur un sujet important. Pour Attac, la perspective d’un taux mondial minimum à 25 % calculé sur l’ensemble des bénéfices aurait constitué une avancée majeure. Plus que jamais, une taxation unitaire, calculée sur l’ensemble des profits mondiaux et répartie selon des critères objectifs, permettrait de neutraliser la concurrence fiscale et de combattre l’évasion fiscale, tout en donnant de réelles marges de manœuvre aux États pour financer les enjeux sociaux, écologiques et économiques auxquels ils font face.

Notes

[1] Policy paper, G7 Finance Ministers and Central Bank Governors Communiqué, Updated 5 June 2021.

[2] OCDE, Statistiques sur l’impôt sur les sociétés, deuxième édition, 2020.

[3] Overall statutory tax rates on dividend income, OCDE.stat »

Catégories
Politique

Le PS annonce son prochain congrès avec la présidentielle 2022 en ligne de mire

Le Parti socialiste tenait un Conseil national et son premier secrétaire Olivier Faure a fait un discours mardi 1er juin pour en préciser les orientations. Il est question du prochain congrès (le 79e), qui se tiendra les 18 et 19 septembre à Villeurbanne, dans l’agglomération de Lyon.

L’enjeu est très clair et assumé : le PS entend se doter pour l’automne prochain d’une candidature forte et avec un projet reconnu en vue de la présidentielle de 2022. On comprend à travers les lignes qu’il s’agira de la candidature d’Anne Hidalgo, bien que son nom ne soit pas cité et que cela n’a ainsi pour l’instant rien d’officiel.

Olivier Faure a en tous cas bien expliqué en quoi il entendait faire du PS une force centrale à Gauche en 2022, à défaut d’être encore la force centrifuge de la Gauche française. Dans le contexte de la campagne électorale pour les élections régionales et départementales actuellement, il en a profité pour rappeler que le PS est « la formation de gauche la mieux implantée dans les territoires », ce qui est tout à fait vrai.

On a ainsi le droit à un discours très à Gauche dans la forme, dans les prétentions, avec notamment une prise de conscience très nette du danger que représente l’extrême-droite et le nationalisme. Pour ce qui est du fond et du contenu cependant, on a du mal à imaginer comment le PS arrivera à soulever les classes populaires en France d’ici à 2022.

Olivier Faure n’a pas grand-chose de plus à proposer que faire croire en l’Union européenne (« vraie bonne nouvelle ») ou la subvention des voitures électriques… C’est léger, et surtout bien trop décalé par rapport aux enjeux de l’époque, avec en arrière plan une tendance généralisée à la guerre et une crise économique d’envergure.

Olivier Faure imagine-t-il vraiment qu’il aura du succès en prétendant que l’endettement européen ou l’élection de Joe Biden aux États-Unis sont des bonnes choses ? Il y a de quoi en douter. En attendant, il a au moins le mérite de proposer, d’essayer d’appuyer un projet concret tout en allant dans le sens d’une reconstruction et d’une unité de la Gauche.

Voici le discours :

Catégories
Société

Le tabagisme a augmenté en 2020

À l’occasion de la journée mondiale Sans Tabac qui a lieu chaque 31 mai, l’Agence Santé publique France a publié les dernières données sur le tabagisme en 2020. Celles-ci sont mauvaises : pour la première fois depuis longtemps, le nombre de fumeur n’a pas reculé.

Le tabac sera bientôt considéré comme un vestige du 20e siècle, une bizarrerie propre à une société à la fois industrielle et moderne, mais en même temps complètement à la traîne sur le plan des mœurs et de la santé publique.

En attendant, le tabac existe encore largement. Si le nombre de fumeurs quotidien a baissé de 1,9 millions entre 2014 et 2019, ce qui est considérable, il a légèrement augmenté en 2020. Ce sont ainsi 31,8% des 18-75 ans qui fument au moins occasionnellement, dont 25,5 % qui fument quotidiennement. C’est à dire un français sur quatre !

Est-ce là un seuil, qu’il sera difficile de franchir, ou bien simplement une erreur de parcours due à une année particulière marquée par la crise sanitaire et un confinement ? Il est certain en tous cas qu’il reste beaucoup de travail à faire pour débarrasser la société de ce fléau.

Le tabac est largement ostracisé, les paquets sont très chers, il est interdit dans de nombreux endroits, personne ne peut remettre en cause ses effets délétères, les campagnes anti-tabac (notamment sur les paquets eux-mêmes) sont très agressives, etc. Mais tout cela ne semble pas suffire, car le problème est bien plus ancré qu’un simple raisonnement sur le « choix » de fumer ou non.

La question se pose en effet en profondeur, car elle est culturelle. Ce que relève d’ailleurs très bien la Ligue contre le cancer qui vient de publier une étude montrant que le tabac est présent dans 90 % des films français sortis entre 2015 et 2019. Cela donne en moyenne une présence du tabac de 2,6 minutes par film, soit l’équivalent de « six spots publicitaires ».

Il ne faudrait pas croire cependant qu’il s’agit là simplement de « lobbying », aussi puissante l’industrie du tabac puisse-t-elle être. Si le tabac fonctionne très bien dans la société, c’est parce qu’il est conforme culturellement à cette société. En l’occurrence, à la société de consommation marquée par le capitalisme.

Le tabac est en fait l’archétype du produit de luxe mis à disposition de tout le monde grâce à l’industrie. Ce n’est qu’en changeant la nature de cette production industrielle en général, à la base, que peuvent avoir lieu les bouleversements socio-culturels suffisant pour éradiquer le tabac et le tabagisme.

Et inversement : il faudra de la part de la société française une grande force morale pour assumer le bouleversement culturel nécessaire à un changement de modèle économique qui ferait qu’on soit capable d’arrêter la production de cigarettes. Plus précisément ici faut-il parler des classes populaires, et encore plus précisément de la classe ouvrière.

Autrement dit, on ne changera pas le monde avec des fumeurs, mais avec une classe ouvrière capable de renverser vraiment la table du capitalisme et de ses valeurs, dont le tabagisme est un marqueur.

Ce n’est justement pas pour rien que le tabac est particulièrement présent dans les classes populaires. Les données 2020 montrent que le tabagisme quotidien a encore plus augmenté pour le tiers de la population dont les revenus sont les moins élevés (de 30% en 2019 à 33% en 2020). Et il y a 15 points d’écart entre les revenus les plus bas et les plus haut en ce qui concerne la prévalence du tabac. C’est énorme.

On comprend ainsi aisément que du côté des riches, il y a une prise de conscience bien plus importante de sa propre santé. Cela est tout à fait vrai aussi en ce qui concerne l’alimentation, l’activité physique, le repos, le rapport aux écrans, les soins psychologiques, etc.

Du côté des classes populaires par contre, il y a une grande passivité face à la société de consommation permise par le capitalisme. Cela paraît pourtant évident : la cigarette est un symbole du capitalisme, elle n’a rien de populaire, elle exprime une dépendance, une auto-destruction. Mais avec 33 % de fumeurs dans les classes populaires, on est encore très loin de cette prise de conscience.

La lutte contre le tabagisme doit donc être un sujet de première importance pour la Gauche véritable, c’est même un combat démocratique et populaire fondamental à mener sur le plan culturel.