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Société

Un quart des français alcooliques?

L’alcool, un fléau national.

L’organisme publique Santé publique France a publié mardi 9 novembre 2021 des chiffres ahurissants à propos de la consommation d’alcool en France. D’après une enquête statistique réalisée auprès de 15 000 personnes en 2020, 23,7% de la population âgée de 18 à 75 ans a une consommation d’alcool considérée comme étant sérieusement à risque.

En 2017, un groupe d’experts a été mandaté par Santé publique France et l’Institut national du cancer pour définir un repère quant à ce risque lié à l’alcool. Leur conclusion a été la suivante :

« Si vous consommez de l’alcool, il est recommandé pour limiter les risques pour votre santé au cours de votre vie : de ne pas consommer plus de 10 verres standard par semaine et pas plus de 2 verres standard par jour ; d’avoir des jours dans la semaine sans consommation. »

Ce qui saute aux yeux, c’est que ce « repère », cette limite de risque, est déjà très élevé, correspondant à une consommation intensive d’alcool. Précision qu’il ne s’agit pas de dire qu’une consommation inférieure à ce repère est sans risque.

Comme l’explique l’Assurance maladie (qui a la charge de payer les dégâts de l’alcool) en présentant ce « repère » déterminé en 2017 :

« Il n’y a pas de consommation d’alcool sans risque, mais des consommations à risque plus ou moins élevé. Il n’existe donc pas de seuil de consommation qui permettrait à coup sûr de limiter les risques pour la santé tout au long de la vie. » 

Hors, d’après l’enquête statistique publiée récemment, même avec un « repère » très élevé, ce sont encore près du quart des gens qui dépassent la limite. Et le chiffre est encore plus grand si on ne considère que les hommes (de 18 à 75 ans), soit 33,2 %.

Il est difficile de trouver une définition quantitative de l’alcoolisme, car celui-ci est plutôt considéré de manière qualitative, avec la dépendance d’une part et l’existence de dégâts psychiques et physiques avérés d’autre part.

Difficile toutefois d’écarter cette idée de la dépendance quand on parle de gens buvant plusieurs verres tous les jours. Difficile également d’imaginer que cela puisse se faire sans dégât, au moins en germe. Cela donne donc un quart de la population française qui est probablement alcoolique, en tous cas avec une consommation la plaçant au bord du gouffre.

C’est énorme. L’alcool est un véritable fait national en France, comme dans de nombreux pays. Plus de la moitié des personnes ayant répondu à l’enquête statistique (55% des 18-75 ans) avait consommé au moins un verre d’alcool au cours des 7 derniers jours. Et 19 % d’entre-eux déclaraient même avoir conscience d’un risque, avec la volonté de réduire sa consommation.

Il y a donc une immense bataille culturelle et sanitaire, mais surtout culturelle, à mener sur ce sujet. L’alcool est ultra présent dans les mœurs, de manière tout à fait banale, alors qu’il s’agit d’un produit extrêmement dangereux aux effets dévastateurs connus.

Il y a eu des progrès certes, notamment grâce à la loi Evin qui depuis trente ans a permis à la société de se prémunir un peu contre les lobbies et le business de l’alcool. Il faut cependant toute la puissance sociale d’une Gauche forte, populaire, ancrée dans le réel, pour faire le poids face à un tel problème.

C’est d’ailleurs un thème fondamental pour la Gauche historique, celle du mouvement ouvrier, qui a toujours combattu l’alcoolisme et dénoncé les dangers de l’alcool. Aucun esprit rationnel et tourné vers le progrès ne peut en effet relativiser ce qu’est l’alcool, encore moins dans un pays comme la France où il est partout et tout le temps présent.

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Écologie

Présidentielle 2022: l’appel saisissant de la Fondation 30 Millions d’Amis

Le cri des animaux.

On pourra penser ce qu’on veut de la Fondation 30 Millions d’Amis, c’est en tous cas au moins un organisme qui agit de manière concrète, conséquente, et surtout durable, en faveur des animaux. Rien que le fait que la Fondation apporte un soutien matériel et logistique à de nombreux refuges animaliers en France est une chose de grande valeur.

Et c’est justement de part cet engagement concret et pratique en faveur des animaux que naît une conscience réelle de la condition animale. En l’occurrence, la Fondation 30 Millions d’Amis saisit l’occasion de l’élection présidentielle 2022 pour interpeler sur la question de la maltraitance animale, au moyen d’une vidéo saisissante.

Celle-ci est très bien faite : tout en subtilité, sans voyeurisme aucun, mais avec des cris d’animaux faisant appel à la sensibilité. Cela ne sera probablement qu’un pavé dans la mare à l’occasion de cette élection, malheureusement.

C’est en tous cas une contribution importante à l’émergence d’une culture appelant à un engagement total envers les animaux en France, en liant la question des abandons d’animaux domestiques (le sujet habituel de la Fondation) à celles des abattoirs, de la chasse, des tests sur les animaux, des cirques, de la corrida…

Voici la vidéo, qu’il faut assumer de regarder, et de diffuser !

Voici également la présentation de cette vidéo sur le site de la fondation : Présidentielle 2022 : « L’Appel » choc de la Fondation 30 Millions d’Amis contre la souffrance animale

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Culture

Mouchette (Robert Bresson, 1967) et la ruralité étouffante

Le cinéma de Bresson peut être qualifié de classique. Il n’est pas sensible aux modes et procède d’une même intention de l’auteur variant peu dans la forme. Mouchette, film du milieu de la carrière du cinéaste, ne fait pas exception. La narration est classique, linéaire, aux antipodes des films conçus par les scénaristes qui pullulent en streaming.

Bresson est connu pour son approche picturale du cinéma. Si dans leur forme, les tableaux qui se succèdent dans Mouchette sont plutôt naturalistes, l’effet d’épouvante qu’ils provoquent sur le spectateur a la puissance d’un Jérôme Bosch. Mouchette secoue le spectateur car il donne à voir des hommes indifférents à la présence répétée du « Mal », comme le disent ceux qui, comme l’auteur, croient en dieu.

Adapté d’un roman de Bernanos, le film interroge la morale du spectateur. Celui-ci est confronté de manière frontale et sans échappatoire aux tourments de la frêle Mouchette. Il se trouve complice de ceux qui la font souffrir par sa passivité (de spectateur, précisément).

Bresson a fait figurer au premier plan de ce film des personnes qui ne sont pas des comédiens. Il a capté de Nadine Nortier, qui est Mouchette, l’intensité de la vie intérieure d’une jeune femme de 14 ans. Le bouillonnement des sensations et des sentiments contradictoires jaillit à chaque plan, d’autant que la caméra est souvent mue à courte distance.

Mouchette souffre sans jamais l’exprimer. La jeune femme n’a de prise sur rien, c’est le destin qui la jette contre les évènements. Mouchette vit une profonde solitude morale. Ses expériences de la joie et de l’attention d’autrui se soldent irrémédiablement par des échecs violents.

Bresson, comme Bernanos, traite cette situation depuis un point de vue propre aux religieux. Evidemment, à gauche, on n’adopte pas cette posture idéaliste tendant au déterminisme. Ni la providence ni le destin ne sont des forces réelles capables de décider du sort de Mouchette. En réalité, la jeune femme ne peut pas s’extirper de sa condition sociale, car la société est bloquée.

En plus de l’omniprésence du « Mal » qui anime peu ou prou chacun des personnages, un des thèmes du film est la ruralité aux prises avec la modernité, en ce tout début des années 1960. C’est comme un second film, dans le film, qui s’offre à la vue du spectateur de 2021.

La société rurale n’est une communauté unie et bienveillante qu’en apparence. Au fil des séquences, on découvre que les paysans pauvres et riches se côtoient dans une violence muette. Toute cette société villageoise est rongée par les inégalités et la misère. Le contrôle social passe par l’étouffement de l’expression de la personnalité. Il est implacable, assuré contre Mouchette par l’institutrice, les commerçants et les hommes en général, au service d’un ordre qui se veut immuable. Il en va de même pour Louisa la serveuse du café et, dans une moindre mesure, pour Arsène le braconnier.

La ruralité se maintient au prix d’une violence implacable à l’encontre des faibles et des sensibles. Elle se reproduit par la répétition des activités rituelles comme la chasse pour les hommes et la messe pour les femmes.

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Guerre

Pêche: l’agressivité française envers le Royaume-Uni

On se croirait en 1914, avec des antagonismes de plus en plus violents et récurrents.

Le gouvernement français a pris des décisions très radicales à l’encontre du Royaume-Uni pour protester sur la question de la pêche dans les eaux anglo-normandes. Une liste de mesures de « rétorsion » a ainsi été annoncée mercredi 28 octobre 2021 dans un communiqué conjoint du ministère français de la Mer et du secrétariat aux Affaires européennes.

Il y est question d’interdire, à partir du 2 novembre, aux navires de pêche britanniques de débarquer dans leurs ports habituels en France. Cette mesure de blocus est un véritable acte de guerre commerciale, typique des relations franco-anglaise depuis des siècles. Il s’agit d’une décision très agressive de la part de la France, qui entend faire plier de force le gouvernement britannique en menaçant son économie.

Cela est d’autant plus agressif que les ministères en question ont annoncé d’autres actions, dans un communiqué hallucinant de par le ton provocateur employé :

C’est un véritable chantage, avec une opération assumée de harcèlement des opérateurs économiques britanniques sur le territoire national et des transporteurs à destination du Royaume-Uni, avec même la menace de couper le courant (les îles anglo-normandes dépendent d’un câble sous-marin les reliant à la France pour la fourniture énergétique). C’est un chantage typique d’une escalade guerrière, du même genre (à une moindre échelle) que ce qui existe en mer de Chine, ou (de manière assez équivalente) les tensions concernant les îles grecques au large de la Turquie.

On notera d’ailleurs que ce chantage français est illégal : l’accord européen concernant le Brexit prévoit un protocole très précis pour ce genre de désaccord, mais n’autorise certainement pas une telle salve de mesures unilatérales.

Les propos tenus par la France sont en tout cas sans équivoque. La secrétaire d’État français aux Affaires européennes, Clément Beaune a dit la chose suivante (et il faut vraiment souligner le caractère belliqueux d’une telle déclaration) :

« Maintenant, il faut parler le langage de la force parce que je crains que, malheureusement, ce gouvernement britannique ne comprenne que cela. »

Cela alors que le gouvernement français s’est vanté dans la journée via un communiqué officiel, largement relayé par la presse, d’avoir forcé le contrôle d’un premier navire britannique, puis ensuite d’avoir dérouté et saisi un chalutier britannique qui n’était pas en règle. Il s’agit d’une simple opération de police maritime, tout à fait anecdotique en pratique. Mais c’est prétexte à faire monter la tension.

La question elle-même de la pêche dans les eaux anglo-normande n’est de toutes façons également qu’un prétexte, d’ailleurs. Cela ne concerne que quelques dizaines de petits bateaux, à l’activité quasi-artisanale.

L’accord du Brexit prévoit une licence pour pêcher dans les eaux territoriales britanniques, avec la fourniture de la preuve que l’activité était déjà exercée à cet endroit depuis des années. C’est le principe du Brexit, de la sortie du marché commun européen : le Royaume-Uni a choisi la voie du nationalisme et entend logiquement avoir la main sur ses eaux territoriales.

En pratique, une grande partie des chalutiers français concernés ont ainsi déjà obtenu leur licence, et pour les autres, les autorités britanniques accusent la France de retenir volontairement les documents demandés, justement pour faire monter la pression.

La France par contre entend en quelque sorte faire « payer » le Royaume-Uni, en mettant la pression sur la question des eaux territoriales anglo-normandes, qui sont plus proches de la France que de l’Angleterre.

Ce qui est certain en tous cas, c’est qu’il y a une opération délibéré en France d’escalade sur la question, comme avec ces propos du porte-parole du gouvernement français :

« Ce que nous constatons aujourd’hui, c’est qu’il manque quasiment 50% des licences auxquelles nous avons droit. C’est une situation qui n’est pas acceptable et je le dis clairement, notre patience atteint ses limites. »

Un tel chiffre de 50 % est invraisemblable, il ne correspond même pas à la situation décrite par la France il y a près d’un mois de cela, alors que de nouvelles licences ont été accordées depuis. L’agressivité française à l’encontre du Royaume-Uni est ici très claire et a comme sens d’aller au conflit.

Cela doit être dénoncé avec la plus grande vigueur par la Gauche française. Le silence à ce sujet serait criminel : l’escalade guerrière est chaque jours plus évidente, la grande bataille pour le repartage du monde est chaque jour plus facile à voir, à sentir, à redouter.

La France n’est pas en reste, d’autant plus qu’il s’agit d’une puissance secondaire dans le monde, mais s’imaginant encore bien plus grande qu’elle ne l’est. C’est typiquement ce genre de pays qui permet le déclenchement des guerres, à force d’agressivité, à force d’actes d’hostilités, qui sont pour eux le seul moyen d’exister.

La ministre de la Mer, Annick Girardin, a beau se défendre en disant « ce n’est pas la guerre, c’est un combat ». En pratique, le mot guerre est prononcé, et c’est bien d’une escalade de type militariste dont il s’agit.

Bien entendu, il ne s’agit pas de prétendre que la question se pose, directement et immédiatement en 2021, d’une guerre entre la France et le Royaume-Uni. Mais il se dessine par contre, de manière concrète et actuelle, une tendance générale à la guerre, dont la France est largement partie prenante. Cet épisode anti-britannique en est une manifestation très claire, reflet d’une guerre larvée, prélude au conflit armé.

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Politique

Eric Zemmour, candidat des chauffards

Le chauffard sur la route est typiquement un petit salaud de droite, à la Eric Zemmour.

Être de droite est quelque chose de très concret. Cela se manifeste clairement sur certains thèmes comme celui de l’automobile, qui est un classique. Pour quelqu’un de droite, la voiture a un caractère sacré. Elle représente à elle seule toute la force d’une petite bulle autocentrée, lancée à vive allure contre la société et les normes sociales.

Autrement dit, pour quelqu’un de droite, la code de la route est vécu comme une entrave à l’étalement de sa petite individualité partout et tout le temps. D’ailleurs, un chauffard est forcément quelqu’un de droite, car son comportement conspue la société et le contrat social. De la même manière, un véritable homme politique de droite va forcément dans le sens des chauffards, car ils sont des alliés dans sa bataille anti-sociale.

C’est la raison pour laquelle le candidat non-officiel Eric Zemmour a lancé une pique contre le code de la route, en l’occurrence contre le permis à point qui serait soit-disant un « racket organisé par l’État ». Dire cela ne coûte pas grand-chose mais peut rapporter beaucoup politiquement. Cela place un homme de droite, et comme la France est pleine de ce genre de salopards détestant les normes et la collectivité, alors il y a un boulevard. Ou plutôt une autoroute.

Et en parlant d’autoroute, Eric Zemmour a aussi dit évidement en ce qui les concerne qu’il est contre les limitations de vitesse (sans s’engager pour autant à les supprimer…). Ces limitations n’auraient pas de sens, dit-il. Ses propos n’ont aucun fondement, mais il y a effectivement beaucoup de gens qui pensent comme lui, qui s’imaginent au dessus des autres et des lois de la physiques. Ces gens sont tellement intoxiqués par leur propre individualité, ils sont tellement centré unilatéralement sur eux-même, qu’ils n’envisagent pas que ce soit dangereux d’autoriser n’importe qui à rouler à 200 km/h ou plus au milieu des autres roulant entre 110 km/h et 130 km/h !

Il faut vraiment être délirant pour penser ça, comme il faut vraiment être délirant pour s’imaginer que l’État a mis en place le permis à point pour « racketter » les gens. Ce ne sont pas quelques stages de récupération de points à 300 euros, pour une minorité de chauffards, qui vont changer quoi que cela soit aux comptes publics.

Mais peu importe, Eric Zemmour est un polémiste, alors il met une pièce dans le machine à polémique. Il conspue donc le permis à point qui serait « inutile » et « infantilisant », en plus de servir à prendre l’argent d’honnêtes individus n’ayant rien fait de mal…

Pourtant, il faut y aller pour perdre ses 12 points. Déjà car les contrôles de police sont malheureusement très rares et seul un nombre infime d’infractions et de délits est effectivement constaté. Mais surtout, car 12 points c’est énorme, cela laisse beaucoup de marge aux chauffards.

Conduire 29 km/h au dessus de la vitesse autorisée ? Seulement 2 points de retirés, il en reste 10 pour continuer à rouler comme un chauffard.

Griller un feu rouge ? Seulement 4 points de retirés, il en reste 8 pour continuer à ne pas respecter les autres sur la route.

Conduire avec une alcoolémie supérieure à 0,8 g / litre de sang ou en état d’ivresse manifeste ? Seulement 6 points de retirés, il en reste 6 autres pour continuer à se comporter comme un criminel sur la route.

Rappelons d’ailleurs qu’il existe une récupération automatique de point, au bout de 6 mois, 2 ans, 3 ans ou 10 ans suivant les cas. Mais il faudrait quand-même pleurer ces pauvres chauffards, qui malgré tout cela doivent quand-même passer un simple stage à 300 euros car la police a eu l’occasion de constater plusieurs de leurs infractions et délits ?

De toutes manières, l’argument économique ne tiens pas. Perdre ses points, c’est rouler vite et nerveusement, ce qui coûte très cher. En carburant bien sûr, car une conduite nerveuse peut consommer énormément plus qu’une conduite souple et intelligente respectant les limitations. Mais il y aussi l’usure des pneus et des disques de frein, de la pression exercée sur la courroie de transmission ou l’embrayage, les amortisseurs, etc.

Mais là encore, peu importe. Ce qui compte n’est pas d’avoir des arguments rationnels. Au contraire, plus c’est absurde, plus c’est délirant, plus cela est utile à un personnage comme Eric Zemmour, qui n’est pas là pour remettre la société dans l’ordre, mais qui n’est qu’un produit de la décomposition sociale et institutionnelle.

C’est à la Gauche d’être le parti de l’ordre justement et cela signifie entre autres de réprimer les chauffards sur la route. Ceux-là même qu’Eric Zemmour veut séduire. Être pour ou contre la société, il faut choisir. C’est là le cœur du clivage historique Gauche/Droite, qu’il faut réactiver sur ses justes fondements.

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Écologie

Fabien « Astérix » Roussel, chasseur de sangliers

Changer le monde, ou fantasmer le passé ?

Pendant près d’un demi-siècle, après la Seconde Guerre mondiale, le PCF a eu une portée immense en France, tant numériquement que politiquement. Sa base populaire et son assise dans le pays étaient gigantesques : pourtant il n’a jamais été en mesure ne serait-ce que de bousculer le régime. Le plus grand échec du PCF a d’ailleurs été son opposition à la vague de grèves et contestations en mai-juin 1968. La raison est simple, elle est culturelle.

En fait, le PCF ne visait pas à changer le monde, mais simplement à le prendre tel qu’il est pour le rendre plus « juste » avec la CGT dirigeant les entreprises et quelques artistes et intellectuels parisiens dirigeant les affaires publiques. Il ne s’agit pas ici de « radicalité » plus ou moins grande, d’être plus ou moins « gauchiste », mais d’un véritable sujet de fond.

Fabien Roussel, son actuel dirigeant, est un très bon exemple de ce problème, il en est même caricatural. Cela avait déjà été évoqué ici récemment avec sa sortie ironique beauf sur la « libération » des poulets. C’est encore plus flagrant avec deux exemples tout récents, qui vont ensemble.

Sur France info le 18 octobre, le candidat « communiste » à la présidentielle 2022 a expliqué :

« J’en ai un peu marre de ces intellectuels condescendants qui n’arrêtent pas de nous donner des leçons sur nos pratiques, sur nos manières de faire, qui nous disent ce qu’il faut manger et comment il faut conduire ».

Sans même parler du contenu, il y a déjà que la forme est incroyablement rétrograde. Dire cela est ultra-régressif, à peine digne d’un Eric Zemmour : il faudrait donc laisser les gens vivre leur petite vie tranquille, comme avant, sans rien questionner, sans rien bousculer. Drôle de vision du monde pour un prétendu partisan de Karl Marx…

Mais le problème se pose surtout sur le fond, évidemment. Fabien Roussel répondait ici à la question des chasses dites « traditionnelles », en fait surtout particulièrement barbares. Il s’agit de pratiques de piégeage d’oiseaux qui ont été jugées illégales par le Conseil d’État (et par l’Union européenne) tellement c’est atroce, mais que le gouvernement continue quand même d’autoriser.

Ce genre de pratiques ne concerne que quelques énergumènes arriérés, qui se prétendent représentant de la ruralité mais qui ne sont en réalité qu’une minorité de furieux ennemis de la nature et des animaux. Il est évident que la société doit écraser de telles pratiques pour aller de l’avant. C’est le sens de l’Histoire, réfutant la barbarie, allant vers plus de civilisation : au 21e siècle cela signifie évidement de prendre en compte les animaux.

Mais cela, Fabien Roussel en est incapable, car il ne veut pas du 21e siècle, simplement d’un 20e siècle fantasmé. C’est exactement comme Eric Zemmour.

Le pire, c’est que Fabien Roussel sait très bien qu’au fond sa position sur les chasses « traditionnelles » est intenable. Alors il convoque un matérialisme historique passé à la moulinette beauf pour assumer qu’il ne veuille rien changer :

« Il y a un sens de l’histoire qui fait que petit à petit, ces pratiques vont disparaître naturellement, et donc il faut laisser faire la vie »

Cela est évidemment faux. Le vieux monde ne s’effondrera jamais de lui-même si la société ne se soulève pas contre lui ! C’est cela que les communistes nomment révolution… Apparemment, il n’est pas au courant. Et surtout, en l’occurrence, il s’agit effectivement de laisser faire la vie quand on est de Gauche, et donc ne pas laisser faire en France des massacres organisés d’oiseaux comme simples « loisirs ».

Fabien Roussel n’est pas du bon côté dans cette histoire, car il est un partisan de la chasse et des chasseurs. Selon lui, les chasseurs seraient mêmes « essentiels à la préservation de notre environnement » ! Il connaît en effet par cœur toute la propagande du lobby de la chasse et récite leurs arguments, avec le fameux sujet des sangliers :

« Je sais que chez moi, il y a une surpopulation de sangliers et donc tous les ans, c’est la préfecture qui fait appel aux chasseurs pour réguler cette surpopulation de sangliers ».

N’importe qui connaissant les campagnes françaises sait que c’est là un gros mensonge. Déjà car les chasseurs nourrissent les sangliers et en lâchent eux-même dans la nature pour préserver leur loisir. Mais surtout, il ne faut pas se moquer du monde : un pays comme la France aurait déjà liquidé depuis longtemps les sangliers s’ils représentaient un « problème », comme cela a été fait avec le loup. Le capitalisme sait très bien massacrer la nature quand il a besoin.

Le « problème » des sangliers est surtout celui de l’étalement urbain. A un moment donné, à force de construire partout, forcément qu’il y a des sangliers pour « oser » s’aventurer dans des emprises humaines. Alors il y a ensuite les chasseurs pour dire « voilà regardez, nous sommes utiles, notre loisir sert à vous protéger des sangliers ».

La chasse aux sangliers, voilà en tous cas l’horizon de Fabien Roussel… ce grand fan d’Astérix et Obélix, comme le montre cette publication du 21 octobre avec une photo prise dans les locaux du siège du PCF à Paris avec le nouvel épisode de la BD.

Même les gens de droite sont pourtant lassé par Astérix et Obélix, à en croire le Figaro qui trouve ce 39e épisode très ennuyant. Mais Fabien Roussel, lui, adore, et prétend qu’il s’agit là de la culture populaire ! Quelle ringardise, quel populisme, et surtout : quelle arriération culturelle !

Fabien Roussel a tout faux quand il s’affirme « gaulois réfractaire », car c’est tout l’inverse de ce que la Gauche doit viser. Ce qu’il faut, ce n’est pas un village isolé et replié sur lui-même, à la Eric Zemmour. Ce qu’il faut viser, c’est une nouvelle Rome avec sa perspective universelle et sa volonté de civilisation.

Le futur, ce n’est pas la vieille Gaule, c’est une nouvelle Rome sociale, avec la classe ouvrière au pouvoir, avec les femmes aux cœur des décisions, avec la culture au centre de la vie des gens, avec la nature chevillée au corps et l’avenir de la planète Terre comme horizon principal, avec le véganisme d’ailleurs comme exemple de solution pour changer les gens de l’intérieur et changer enfin le sort des animaux.

Le futur se construit dans le débat démocratique populaire et la Gauche historique comme moteur des idées et de la culture, pas avec Astérix, Obélix et autres nostalgies d’un passé idéalisé, que ce soit avec les « ZAD » ou avec Eric Zemmour. Le seul romantisme doit être celui de l’avenir!

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Société

Malbouffe : l’agrobusiness joue la carte du terroir

Les intérêts de l’agrobusiness français s’insurgent contre la généralisation du nutri-score.

Yuka sur téléphone portable est un véritable phénomène de masse : on compte 25 millions d’utilisateurs de cette application qui permet de scanner chaque produit alimentaire afin d’en connaitre un score établi sur la base de sa composition.

Témoin d’une véritable propension des gens à s’informer sur l’alimentation qui, on le sait, est dans les mains de grandes firmes industrielles qui jouent avec la santé des gens, l’application Yuka n’est pas la seule puisqu’il y a aussi le fameux nutri-score, directement imprimée sur les emballages alimentaires depuis 2016.

Allant de A à E, ce score se penche sur la qualité nutritionnelle de chaque aliment, en se basant sur l’analyse des apports caloriques, la teneur en sucre, en graisses saturées et en sel, et non pas donc les additifs. Ce nutri-score fait suite à une pression populaire quant à la connaissance de la composition réelle des aliments consommés.

Or, voilà, le nutri-score va devenir obligatoire à l’horizon 2022 pour tous les produits pré-emballés. Et là, le concept de « malbouffe » prend un tout autre relief.

Un hamburger de l’infâme Mac Donald n’est pas pire qu’une raclette savoyarde traditionnelle. Leur teneur très élevée en graisses saturées, en sel et leur forte charge glycémique, génère des conséquences terribles à moyen long terme en termes de maladies cardiovasculaires. C’est d’ailleurs pour cela qu’est en train de se constituer une vaste coalition des fromagers français autour de la défense des aliments du terroir.

Ce lundi 11 octobre avait par exemple lieu une conférence de presse de la Confédération générale des producteurs de lait de brebis et des industriels de Roquefort (CGPLBIR) à Millau pour protester contre l’obligation du nutri-score. Et en effet, le fromage roquefort va être classé en catégorie E, soit la pire des classements car il est trop gras et trop salé.

Derrière le coup de communication à base de mot clef #roquefortsansnutriscore, c’est surtout l’agrobusiness français qui s’insurge au nom du terroir contre l’aspiration démocratique à connaître la qualité des aliments.

Car derrière l’image « terroir » du roquefort, il y a surtout Lactalis, le monopole du lait en France, qui domine sa production. Lactalis, c’est le premier acteur laitier dans le monde. Derrière la contestation portée par « le roquefort », c’est donc bien toute la filière laitière française qui est en alerte.

Pour masquer la réalité, l’agrobusiness se réclame de différentes appellations, comme les AOP, les AOC, et le roquefort est le fromage fer de lance, détenant une aura nationale, voir étant carrément un dispositif culturel du « terroir » français, pour battre en brèche l’exigence nutritionnelle.

On remarque ici d’ailleurs le soutien avéré de Carole Delga, présidente PS de la région Occitanie, aux revendications de Lactalis à exempter les appellations régionales du nutri-score en 2022. Au lieu de participer à l’élévation de la conscience populaire, Carole Delga se fait ici la porte-parole des grandes entreprises agroalimentaires les plus néfastes.

Ces attaques vont dans le même sens que celles du printemps 2021 lancées par la Fédération française des industriels charcutiers traiteurs (FICT) contre l’application Yuka pour « dénigrement » et « pratiques commerciales déloyales trompeuses » à propos de son classement les conservateurs nitrite et nitrate, en « cancérogènes probables », à l’instar de l’OMS.

Ce qui apparait au grand jour dans cette histoire, c’est que malgré les appellations « terroir », les AOP et autres AOC, n’échappent pas à la règle de la « malbouffe ». Le mythe est ainsi mis à nu et l’objectif de notre époque se doit maintenant de reconstruire une alimentation véritablement saine, et soutenable écologiquement.

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Écologie Planète et animaux

L’appel du collectif SOS forêt France

Voici un appel qu’il faut soutenir.

À l’initiative du collectif SOS forêt France et soutenue par pas moins de 50 associations (dont l’Aspas et la LPO), cet appel pose une question tout à fait pertinente, celle de la façon dont nous considérons nos forêts et les arbres qui y vivent.

L’appel parle de forêt vivante, il voit les choses de manière globale, la forêt est vivante comme la terre est vivante. C’est une vision a l’opposé de l’anthropocentrisme , voyant la terre en tant que Biosphère. C’est conforme à la sensibilité écologiste qu’il faut avoir à notre époque !

Le lien de l’appel ici : https://sosforetfrance.org/index.php/le-texte-de-lappel-pour-des-foret-vivantes/

Voici la reproduction du texte :

« Les forêts sont riches, diverses, complexes, bref : vivantes. Mais l’industrie aimerait les transformer en monocultures d’arbres bien alignés, faciles à récolter, maîtrisés. Le gouvernement ne s’y oppose pas, il assume : « une forêt, ça se cultive, ça s’exploite ». Pendant ce temps, loin des ministères, la résistance s’organise. Partout en France, des hommes et des femmes, des collectifs et des associations s’activent, inventent des alternatives et défendent les forêts. Le temps est venu d’unir ces forces, pour faire front commun contre l’industrialisation des forêts !

Les forêts sont devenues un champ de bataille en proie aux machines et à l’appétit insatiable des industriels

Partout, dans nos communes, départements et régions de France, nous voyons notre bien commun se faire malmener, les coupes rases et les monocultures se multiplier. C’est un fait palpable que nous éprouvons au quotidien, une violence que nous ressentons dans notre chair. Le productivisme gagne nos massifs forestiers et plie le vivant aux règles du marché.

Des paysages séculaires sont dévastés parfois en quelques heures…

Les arbres sont moissonnés comme du blé. Partout, les forêts sont vues comme un gisement inépuisable que l’industrie est appelée à exploiter et le bois comme un simple matériaux à transformer

Depuis cinq ans, l’action du gouvernement est déplorable. Alors que la Convention citoyenne pour le climat avait émis des propositions ambitieuses pour les forêts, l’Exécutif a tout fait pour s’y opposer, en amoindrir la portée et les vider de leur substance.

Quant au plan de relance, il a capitulé devant les lobbies des planteurs d’arbres sans aucune contrepartie environnementale sérieuse. Tout au long du quinquennat, il n’a cessé de démanteler le service public.

Plus de 1 000 postes de travail ont été supprimés à l’Office national des forêts depuis 2017. 475 postes supplémentaires pourraient disparaître au cours des cinq prochaines années.

Au sommet de l’État, tout est verrouillé. Les solutions ne viendront pas d’en haut. Seule une pression, à la base, sur le terrain, pourra les faire plier. Dans les couloirs feutrés des ministères, les industriels déploient leur stratégie à coup de bulldozers.

Le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, s’en fait le porte-voix. Dans une lettre adressée à la Commission européenne, il s’est attristé de voir « les forêts réduites à des considérations environnementales en ne tenant pas compte des aspects socio-économiques ».

A l’Assemblée nationale, il a affirmé qu’ « une forêt, ça se cultive, ça s’exploite ». Le gouvernement veut accroître les prélèvements en forêt de 70 % d’ici 2050 et passer d’environ 60 millions de mètres cubes de bois récoltés par an à plus d’une centaine de million. Nous savons ce que cela implique : une exploitation toujours plus accrue des forêts et une intensification des coupes-rases.

Nous ne voulons pas être les spectateurs passifs de la destruction en cours

Il n’y a aucune fatalité à la situation actuelle et il ne tient qu’à nous d’en inverser la tendance. Un grand mouvement populaire est en train de naître autour de la défense des arbres.

Après avoir été dépossédé.e.s de tout un pan du territoire national, des habitant.e.s, des citoyen.ne.s, des associations, des forestier.e.s ont décidé de se le réapproprier. Nous refusons que les  forêts subissent à leur tour la logique industrielle qui a ravagé et ravage encore  l’agriculture, qui détruit des métiers et des savoir-faire reconnus et appauvrit la biodiversité.

Partout, localement, des résistances sont déjà à l’œuvre. Des alternatives éclosent, des alliances naissent.

D’autres imaginaires s’inventent. Ici, on achète des forêts pour les gérer de manière soutenable ou les laisser en libre évolution. Là, on développe des circuits courts de la grume à la poutre. Là-bas, on s’oppose à un projet de méga-scierie.

Des associations s’engagent pour faire bouger la loi, des forestiers parviennent à s’extraire de pratiques sylvicoles qu’ils savent nocives pour se tourner vers une sylviculture douce, des habitant.e.s créent des vigies citoyennes. Des personnels de l’ONF se mettent aussi en grève. Nos luttes sont multiples. Nos actions s’enrichissent mutuellement.

Elles font bruisser le monde que nous souhaitons voir advenir. Elles lui donnent corps.

Mais ce n’est pas suffisant. Pour gagner, nous devons passer à un cran supérieur, tisser la toile d’un récit commun, constituer un front. Tout porte à croire que c’est maintenant ou jamais. Nos forêts sont à la croisée des chemins.

Nous appelons à une année de mobilisation pour les forêts françaises. La question des forêts ne concerne pas seulement l’autre bout de la planète l’Amazonie, la Sibérie ou l’Ouest Canadien qui sont touchés par les grands feux ou la déforestation.

Elle se joue ici sur nos territoires, en bas de chez nous. Ici aussi, les conséquences du réchauffement climatique se font sentir, les sécheresses représentent une menace devenue réalité, les forêts dépérissent et la vision extractiviste continue de se propager. Ici aussi, les indicateurs sont dans le rouge. L’horizon se couvre. Il y a urgence à agir.

Nous appelons chaque collectif et association engagés dans les forêts à participer à une campagne nationale contre leur industrialisation.

Celle-ci se déroulera au cours des trois prochaines saisons, en trois temps. C’est une première étape, le début d’une lente montée de sève ! »

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Écologie

Communiqué de France Nature Environnement sur la pollution lumineuse

Le constat dramatique d’une situation affligeante.

Voici le communiqué de l’association, qui aborde un thème essentiel, qui à lui seul témoigne bien du changement complet d’orientation que l’humanité doit assumer.

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Écologie

Le dossier complet des «marches des terres» contre l’urbanisation en Île-de-France

L’écologie est forcément une question globale, avec en premier lieu le réchauffement climatique et les émissions mondiales de CO2. Mais c’est aussi une question se posant chaque jour sous nos yeux partout en France, avec l’étalement urbain.

Zones humides, terres agricoles, prairies, forêts, friches urbaines : au 21e siècle le capitalisme est toujours en expansion, il ne cesse jamais de s’étaler en bitumant le pays. L’Île-de-France est particulièrement concernée par l’étalement urbain, cette folie morbide, comme si la région parisienne n’était pas déjà un monstre contre-nature.

Alors c’est un véritable crève-cœur de constater la faiblesse des « marches des terres » ayant eu lieu ce samedi 9 octobre 2021. Depuis le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest de la région, quatre départs de marches étaient organisés pour converger à Paris ; les marches n’ont rassemblé que quelques centaines de personnes.

Où sont ces soit-disant « jeunes pour le climat » dont les médias se gargarisaient il n’y a pas si longtemps ? Pourquoi les jeunes franciliens ne sont pas terrifiés et révoltés par l’avenir qui leur est dessiné ? Les « marches des terres » ne font peut-être pas rêver dans leur forme et par la perspective qu’elles proposent. Mais on ne pourra pas leur reprocher par contre de ne pas être concrètement attaché à leur sujet.

En l’occurrence, il y a un vrai travail de fond qui est mené, et la documentation proposée par le collectif d’associations au sujet de l’artificialisation des sols en Île-de-France est très dense et minutieuse. C’est, pour le dire autrement, tout l’inverse de l’immédiateté consommatrice et superficielle d’Instagram ou Tiktok. Mais c’est de ce genre de document dont on a pourtant besoin pour la nécessaire réflexion afin de mener correctement la bataille pour l’écologie.

Le document est disponible sur le site du collectif à cette adresse : les-marches-des-terres.com


Le voici également ci dessous (faire apparaître les boutons de navigation pour changer de page) :

2021-10-09-dossier-de-presse-Marches-des-Terres

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Écologie

Le problème du VTT dans les Vosges

La tendance est partout et tout le temps à l’écocide.

Le VTT est une pratique particulièrement impactante pour les espaces naturels et les sentiers de randonnée. De grosses roues cramponnées, à vive allure, par centaines, cela forcément creuse la terre, déchire les racines, dérange les animaux. C’est quelque-chose de connu de longue date par les randonneurs et les gens véritablement tournés vers la nature.

Dans la plupart des cas, le VTT n’a rien d’un loisir écologique mais relève de la consommation tout ce qu’il y a de plus libérale et individualiste, voire beauf. Surtout depuis la généralisation des « vélos » à assistance électrique. Et comme nous vivons une époque où c’est la fuite en avant dans la consommation, avec le capitalisme se généralisant 24 heure 24 et jusque dans les moindres interstices de la vie quotidienne, alors forcément tout cela prend de l’ampleur. C’est ce qui se passe actuellement dans les Vosges, où les tensions sont de plus en plus vives à ce sujet.

Un fait récent a attisé le feu : un jeune homme a été gravement blessé à VTT en raison d’un piège. Il s’agissait d’une planche cloutée cachée sous des feuilles. Ce sont les écologistes locaux qui sont directement accusés, car ils mènent actuellement une campagne contre les pratiques invasives des VTTistes et une pétition est en cours. Le peloton de gendarmerie de montagne du Haut-Rhin se scandalise et considère qu’une « ligne rouge a été franchie », car il est déjà constaté depuis quelques temps aussi la pose de barbelés anti-VTT.

L’association SOS Massif des Vosges, directement mise en cause, se défend bien sûr de tout acte criminel, et elle condamne fermement la mise en danger de la vie d’autrui. Pour autant, elle a beaucoup de choses à dire à ce sujet, car la colère est grande. Voici un extrait récent, où ce qui est dit est très pertinent :

« Que recherche le pratiquant de VTT enduro, tout terrain ?

La vitesse, l’adrénaline, la prise de risque, toutes choses, n’est-ce-pas, qui caractérisent l’amoureux de la nature, du silence et de la quiétude !

Le développement de ces sports en pleine nature sur les pentes escarpées du massif vosgien est la garantie de profits immenses des marchands, et fabricants de vélos. C’est la garantie de voir se développer ce marché, bien au delà des VTT enduro et tout terrain vers des VTT électriques, qui permettront à un public peu ou pas sportif de grimper ces mêmes sentiers sans efforts et de les descendre la main sur le frein en se prenant pour des aventuriers.

C’est demain l’ouverture déjà programmée à toutes sortes de nouveaux « produits » motorisés ou non qui envahiront les pentes forestières et les chaumes.

C’est l’envahissement de la nature par des machines et objets inutiles, consommateurs d’énergie et de ressources rares.

C’est l’industrialisation des sites dorénavant consacrés aux loisirs fabriqués artificiellement par les marchands en tous genres, avec la complicité active des offices de tourismes, des collectivités dont l’horizon se limite aux statistiques de fréquentation et au chiffre d’affaire, soutenus en cela par quelques Présidents d’associations de marcheurs en recherche de notoriété, et pour couronner le tout, avec le Parc Naturel Régional des Ballons des Vosges comme caution.

Parc qui semble trahir bien souvent la charte qui devrait encadrer son action.

C’est également la garantie d’une dégradation accélérée des sols forestiers, les pratiquants de VTT enduro s’écartant systématiquement des pistes même lorsque celles-ci sont spécialement aménagées à leur intention.

C’est plus drôle et plus « fun » de couper les virages et de s’élancer en hors pistes. Nous tenons à disposition des vidéos tournées par les pratiquants eux-mêmes. »

Voilà la réalité de ce genre de loisir pseudo-sportif, et en fait surtout ultra-consommateur de la « nature ». Les régions montagneuses paient déjà depuis des dizaines d’années le prix de ce genre de pratiques poussées à fond par le capitalisme consommateur d’espaces, de « paysages », et de « sensations ». Mais à notre époque, cela prend une ampleur fulgurante.

Comme le dit très bien Stéphane Giraud, le directeur d’Alsace Nature (membre du réseau France nature environnement) :

« Le modèle économique actuel, qui privilégie le développement d’un tourisme de masse, risque de transformer le massif en un immense parc d’attraction. »

On ne peut rester indifférent face à un tel phénomène qui relève de la tendance à l’écocide. C’est un enjeu majeur de notre époque, et la Gauche doit s’en saisir à bras le corps. Et l’un des aspects essentiels, c’est la situation des animaux sauvages. Il est absolument flagrant que l’humanité vivant dans le capitalisme mène une agression généralisée de tout ce qui est naturel.

En ce sens, le développement des VTT est une sorte de conquête de l’Ouest convergeant à la bétonnisation du monde. Et le pire c’est que pour fuir le béton que la pratique du VTT se développe, alors que c’est une réponse qui est totalement intégrée à la philosophie du béton elle-même.

Cela indique bien que sans reconnaissance de la question animale, on est forcément pris au piège. La reconnaissance des animaux sauvages, de leur existence naturelle, de la Nature elle-même d’ailleurs, est un préalable à toute considération qui ne soit pas aliénée par le capitalisme conquérant et destructeur.

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Politique

Les pérégrinations beaufs du candidat PCF Fabien Roussel

La candidature de Fabien Roussel à la présidentielle 2022 sera très probablement anecdotique, tellement ce genre de personnage ringard et hors-sol n’intéresse pas grand monde. Il y a cependant que Fabien Roussel se présente avec l’étiquette « PCF » et que ce parti représente historiquement quelque chose d’immense en France, surtout pour le patrimoine de la Gauche et des classes populaires.

Alors, il est vraiment pénible de constater la décrépitude du PCF avec quelqu’un d’aussi lamentable que Fabien Roussel. Lors d’une conférence de presse, il a fait une pique anti-écolo d’une beauferie assumée qui en dit long sur sa perspective politique et sur ce qu’il représente politiquement.

Sa beauferie est d’autant plus assumée qu’il a ensuite appuyer dessus en relayant cela sur Twitter, cette poubelle du débat public (et par ailleurs d’un « militantisme » fictif ultra-gauchiste).

Voici la capture de son message :

On notera d’ailleurs que son message est mensonger, puisqu’il ne compte pas « libérer » les animaux d’élevage, mais simplement leur donner accès au « plein-air ». Peut-être s’imagine-t-il que la misère vécue par les animaux parqués dans les élevages est moins pénible avec quelques rayons de soleil ? En tous cas, pour ceux qui avaient des doutes, le slogan du PCF « l’humain d’abord » est maintenant très clair : il signifie « la nature et les animaux éventuellement après ». Le capitalisme appréciera.

En bon opportuniste, Fabien Roussel s’est ensuite imaginé pouvoir gagner un peu d’audience en répondant à Hugo Clément, figure médiatique du moment sur le thème des animaux. Cependant, soit il le fait exprès (et c’est grave), soit il ne comprend vraiment rien à rien (et c’est encore plus grave), car il met les pieds dans le plat et s’enfonce encore plus dans la beauferie :

On notera au passage, populisme beauf oblige, que Fabien Roussel a salué la mémoire du businessman mégalomane Bernard Tapie :

C’est vraiment lamentable, tant on sait à quel point Bernard Tapie représente le football moderne anti-populaire, le foot business faisant du spectacle anti-sportif, la tricherie, etc.

C’est lamentable et que dire de ce que ressent la base du PCF qui s’attendait à un Fabien Roussel assumant des fondamentaux et un certain retour aux sources. Là on a un beauf qui montre juste que le 21e siècle est trop compliqué pour lui…

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Écologie

« Morts, violences et abus liés à la chasse: plus jamais ça! »

Le collectif Un jour Un chasseur mène un travail démocratique de fond sur un sujet de première importance.

La vie dans les campagnes l’automne et l’hiver est profondément abîmée par la chasse. Il ne s’agit pas ici que des animaux, persécutés et assassinés en masse pour le loisir de quelques-uns, mais aussi des habitants et des promeneurs.

Le collectif Un jour Un chasseur parle de cela avec beaucoup de justesse et de conviction, pour réclamer des droits démocratiques fondamentaux aux habitants des campagnes et aux promeneurs amoureux de la nature.

Le collectif parle juste, car ce qu’il a à dire est tout à fait concret et tristement réel : Un jour Un chasseur est né après la mort Morgan Keane, victime d’une balle de chasseur alors qu’il coupait du bois à côté de chez lui.

Depuis, la mission est de recueillir et relayer des témoignages de comportements abusifs liés à la chasse. Voici des exemples terrifiants en vidéo :

Ce n’est pas tout, car il y a également une pétition qui a été lancée récemment. Celle-ci a la particularité d’être une pétition citoyenne sur le site du Sénat : l’objectif est donc d’obtenir 100 000 signatures en six mois, pour que les parlementaires soient obligés légalement de la prendre en compte. La date butoir est le 10 mars 2022.

Voici les 5 modifications de la loi qui sont revendiquées :

  • Dimanche et mercredi sans chasse ;
  • Formation plus stricte et renforcement des règles de sécurité ;
  • Contrôle et suivi des armes de chasse et des comportements à risque ;
  • Des sanctions pénales à la hauteur des délits commis ;
  • Libération de la parole et reconnaissance des victimes de la chasse par l’État.

Naturellement, ces modifications de la loi espèrent en fin de compte une modernisation de la chasse et des chasseurs. Ce n’est pas possible (ni d’ailleurs souhaitable). La chasse est substantiellement une démarche réactionnaire de masse. Le collectif, né sur le tas, n’a ici pas un positionnement adéquat ; il est une expression immédiate d’un des aspects sombres de la chasse.

Un jour Un chasseur est présent sur Instagram, Twitter et Facebook ; pour la pétition, voici la page où se rendre sur le site du Sénat : petitions.senat.fr/initiatives/i-742

Voici le texte complet de la pétition citoyenne.

« Morts, violences et abus liés à la chasse : plus jamais ça !

Texte législatif

Le 2 décembre dernier, en plein confinement, Morgan Keane, 25 ans, a été abattu par un chasseur alors qu’il coupait du bois dans son jardin. Le tireur l’aurait “confondu” avec un sanglier. Morgan. Un prénom qui vient s’ajouter à ceux de Gaël, Annie, Mark, Samuel, Frank, Marcel, et tant d’autres.

En 20 ans, les “accidents” de chasse ont provoqué la mort de plus de 400 personnes. À ces 400 “accidents” mortels, il faut ajouter les 158 accidents par an (en moyenne) déclarés à la gendarmerie. Un chiffre qui ne signifie rien, si l’on considère que la majorité des incidents ne sont pas déclarés, et que ceux qui le sont ne font que très rarement l’objet d’une enquête.

Nous refusons d’accepter la banalisation de ces drames, que le terme “d’accident” vise à normaliser et à rendre supportables. Qu’ils provoquent la mort, des blessures physiques, ou entraînent des séquelles psychologiques, il est de notre devoir, de celui des autorités et du gouvernement de les dénoncer, de leur faire face et de ne surtout pas tolérer l’intolérable.

Le collectif Un jour un chasseur, créé à la suite de la mort de Morgan, qui collecte et relaie des témoignages de violences et d’abus liés à la chasse, exige la mise en place des mesures ci-dessous et la modification en profondeur de lois qui, de toute évidence, ne garantissent ni notre sécurité, ni notre bien-être.

I – Dimanche et mercredi sans chasse

Nous demandons l’interdiction de la chasse le dimanche et le mercredi, sur l’ensemble du territoire français et sans possibilité aucune de dérogation. L’inquiétude et l’insécurité ressenties en période de chasse par les usagers de la nature non-chasseurs est intolérable. Nous demandons un juste partage de nos campagnes.

Rappelons que nos voisins européens ont, pour la plupart, adopté au moins un jour hebdomadaire sans chasse.

Par exemple, au Royaume-Uni, la chasse est interdite le dimanche depuis 1831. Aux Pays-Bas, la chasse est également interdite le dimanche, ainsi que dans plusieurs États d’Allemagne, cantons suisses et régions espagnoles.

II – Formation plus stricte et renforcement des règles de sécurité

Le permis de chasser permettant l’acquisition et la détention d’armes de catégorie C et leurs munitions, son obtention ne peut en aucun cas être considérée comme anodine.

La formation du permis de chasser doit être revue (âge minimum, difficultés des épreuves, renouvellement du permis chaque année avec certificat médical et test psychologique).

D’autre part, les règles de sécurité sont actuellement insuffisantes.

Nous demandons un renforcement général de ces règles : instauration d’une zone de protection autour des habitations égale à la portée maximale des armes utilisées, interdiction de l’alcool à la chasse, encadrement strict des battues et amélioration de la communication à leur sujet, mise en place de contrôles fréquents par des personnes étrangères aux fédérations de chasseurs pour faire respecter les règles de sécurité et rapporter les incidents en gendarmerie.

III- Contrôle et suivi des armes de chasse et des comportements à risque

Le 11 juin dernier, une mère de famille a été abattue par son ex-compagnon sur un parking public à Monéteau. Celui-ci, titulaire d’un permis de chasse, a utilisé son arme de chasse pour perpétrer cet homicide, et était déjà connu de la justice pour violences conjugales. En avril 2018, à Aurillac, un homme qui avait effectué un séjour en hôpital psychiatrique quelques mois plus tôt, a abattu son ex-femme avec son arme de chasse.

Combien de faits divers similaires ? Combien d’homicides et de féminicides commis avec des armes de chasse par des personnes qui les détenaient de manière complètement légale ?

Nous demandons un réel contrôle et suivi des armes sur le territoire national. Étant donné la facilité d’acquisition et de détention d’armes en France via le permis de chasse, celles-ci doivent être contrôlées et leurs détenteurs suivis.

Par exemple, il existe déjà le fichier FINIADA, censé recenser les personnes interdites d’acquisition et de détention d’armes. La mise à jour régulière de ce fichier, et la possibilité d’y faire inscrire une personne suite à une infraction constatée, si elles étaient respectées, pourraient permettre la diminution des incidents liés à l’utilisation d’une arme de chasse, pendant et hors actions de chasse (suicides, règlements de compte, féminicides, homicides volontaires…).

IV- Des sanctions pénales à la hauteur des délits commis

Nous remarquons, à travers les témoignages reçus par le collectif Un jour un chasseur, que les plaintes déposées par les victimes se voient généralement refusées ou classées sans suite. Les victimes doivent pouvoir porter plainte facilement pour dénoncer tout comportement abusif.

D’autre part, nous demandons des sanctions pénales systématiques en réponse à tout incident survenu lors d’une action de chasse : la possibilité du retrait immédiat du permis de chasser, l’interdiction de détenir ou d’acquérir une arme, des dédommagements et intérêts conséquents et des peines d’emprisonnement strictes et fermes.

Rappelons qu’un homicide involontaire commis par un conducteur est puni jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. Ces peines peuvent être alourdies en cas de circonstances aggravantes.

Cependant, l’auteur d’un homicide involontaire d’un autre genre, dont les chasseurs, peut être sanctionné jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.

Dans certains cas, le tribunal peut prononcer une ou plusieurs peines complémentaires, comme l’interdiction de porter une arme soumise à autorisation pendant 5 ans au plus, la confiscation d’armes ou le retrait temporaire du permis de chasser.

Quelques questions se posent. En quoi est-ce moins condamnable d’abattre quelqu’un dans son jardin que de le tuer sur la route ? Comment se fait-il que le permis de chasser ne soit pas retiré à vie à l’auteur d’un homicide involontaire ? Ces lois traduisent encore une fois la banalisation de la mort par arme à feu, une banalisation inacceptable dans notre pays, au 21ème siècle.

V- Libération de la parole et reconnaissance des victimes de la chasse par l’État

Il est primordial et nécessaire de laisser un espace d’expression aux victimes et/ou proches des victimes des chasseurs. Tous les parents, les enfants, conjoints et amis des victimes mortelles de la chasse sont aussi des victimes collatérales qui doivent continuer à vivre avec le traumatisme d’une mort violente et injuste, à laquelle ils ont parfois assisté.

Nous demandons une reconnaissance officielle et publique des victimes de la chasse par l’État ainsi que la mise en place systématique d’un soutien psychologique et financier. »

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Société

Sorare, le business du vide

Quand les investisseurs misent sur du vent.

Il est parlé de la plus haute levée de fonds de l’histoire des entreprises françaises du secteur numérique : 680 millions de dollars le 21 septembre 2021. Cela valorise ainsi la « start-up » Sorare à 4,3 milliards de dollars et elle est déjà considérée comme rentable avec 100 millions de revenus prévus pour 2021.

Qu’est-ce qui peut donc autant faire tourner la tête des investisseurs, quelle innovation peut-elle susciter autant d’engagement financier ? La réponse est… rien ! Car Sorare n’a absolument rien à vendre concrètement, si ce n’est d’absurdes et inutiles algorithmes.

L’entreprise se présente comme un jeu de fantasy football, c’est-à-dire un jeu de stratégie basé sur les résultats réels des équipes de football. Cela n’a rien d’extraordinaire et il en existe de nombreux, tel MPG ou Fantasy Premier League. C’est éventuellement sympathique, mais cela ne vaut certainement pas plusieurs milliards. Là n’est donc pas le sujet.

Ce qui fait la particularité de Sorare, c’est surtout de proposer des « cartes » de joueurs de football à collectionner. Ce qui est suggéré, c’est une sorte d’équivalent numérique des fameuses étiquettes autocollantes Panini.

Il y a pourtant une grande différence. Dans le cas des Panini, il y a quelque-chose à produire. Il faut fabriquer les autocollants et les albums à images, il faut distribuer tout cela et faire vendre le tout par des magasins. Cela permet de produire de la valeur, et donc de la richesse, de manière on ne peut plus classique. C’est une valeur qui n’est pas particulière à chaque carte (elles sont d’ailleurs produites en quantité égale) qui ne vaut que quelques centimes individuellement, mais une valeur générale propre à la chaîne de production (tant de millions de cartes vendues génèrent tant de bénéfices, etc.)

Dans le cas de Sorare, il n’y a rien à produire concrètement, à part un peu de mise en page et d’agrégation de contenu. Bien sûr, le numérique est quelque chose de concret, de physique, puisqu’il s’agit d’informations gravées sur des serveurs informatiques. Mais cela ne va pas plus loin, car par définition une donnée numérique est copiable très rapidement et facilement pour un coût tout à fait négligeable. Autrement dit, n’y a aucune opération productive permettant de réaliser une plus-value industrielle avec des « cartes » numériques, puisque elles n’ont pas de valeur matérielle particulière, et encore moins de valeurs par rapport à une chaîne de production.

L’« astuce » de Sorare se situe précisément ici, avec la prétention justement de créer de la valeur numérique. Comme le nom de l’entreprise le suggère (So Rare signifie quelque-chose comme « tellement rare »), l’idée est de créer de la rareté en produisant des « cartes » numériques uniques via un algorithmes. La « technologie » utilisée est appelée NFT et fonctionne sur le principe de blockchain, exactement comme le Bitcoin. Ce qui est vendu par Sorare, c’est le fait de créer de pseudo-cartes ayant une identité unique.

Cela n’a aucun sens, c’est même antagonique avec l’idée du numérique qui est justement de pouvoir diffuser rapidement et massivement une information. L’idée de génie de Sorare est donc de créer artificiellement une pénurie, de brider cette possibilité, avec une certification algorithmique.

Pour le dire autrement, c’est comme si on empêchait le copié-collé. On a une image et un texte, que l’ont peut normalement reproduire facilement (c’est là dessus qu’est basé internet, même dans sa version payante). La « technologie » NFT permet d’empêcher cela en certifiant une production numérique (de manière très relative toutefois, car les possibilités de calcul permettront probablement bientôt de contourner cela).

Concrètement, Sorare procède régulièrement au design des « cartes » de joueurs de football, de manière limitée, puis les met en vente. Et il y a donc en face des gens qui paient pour avoir un bout de code informatique « certifiant » que l’image qu’ils voient sur leur écran est « unique ».

On notera d’ailleurs qu’en tant que tel Sorare n’a rien inventé puisque le jeu vidéo Fifa avec son mode FUT fait la même chose depuis des années. Des « cartes » sont produites de manière limitée puis vendues (via un système de loterie très opaque) et elles permettent ensuite de jouer avec les joueurs ainsi créés. Sorare reprend le même principe, mais sans le jeu (la fantasy league n’est pour Sorare qu’un prétexte, car le but est la collection pour la collection).

Cela n’a aucune utilité, d’autant plus que c’est du gaspillage de ressource, car il faut beaucoup de capacité de calcul pour produire et faire exister de tels algorithmes. Mais ce qui intéresse vraiment les investisseurs, car ils sont littéralement fascinés par un tel projet, c’est précisément la possibilité d’un marché secondaire. En effet, qui dit quelque chose d’unique (ou soit-disant) et de « hype » (selon leur point de vue), dit possibilité de spéculer dessus.

C’est exactement le même principe que pour l’« art » contemporain ou les crus et cépages de vin, ou encore les images GIF relevant de la technologie NFT. Il existe des gens qui sont tellement riches que les richesses réelles ne leur suffisent pas. Alors, comme ils ont besoin d’accumuler encore et encore, de placer et garantir toujours plus leurs richesses, ils inventent de nouvelles « richesses » pour de nouvelles dépenses et du nouveau « capital ».

Quand on est riche, on achète donc très cher une pseudo œuvre, sans aucune sensibilité artistique mais réalisée par quelqu’un d’« unique ». On achète très cher une bouteille de vin simplement car il a été décrété qu’elle était exceptionnelle. Et donc en 2021, ces gens n’ont même plus besoin de faire semblant de posséder quelque chose : ils possèdent l’idée de quelque chose, l’idée d’une carte d’un joueur de football.

D’un point de vue philosophique, c’est très significatif, cela en dit long sur notre époque et les valeurs qui l’animent. 4,3 milliards de dollars et autant de bruit pour réaliser des choses aussi futiles et qui n’existent d’ailleurs même pas en tant que telles (ces « cartes » ne sont pas réellement uniques) : c’est vraiment l’œuvre d’une société marchant sur la tête, ayant perdu tout rapport au réel.

Mais ce qui est vraiment terrible dans tous cela, ce n’est pas tant que des grand bourgeois spéculent et trouvent toujours d’autres moyens de spéculer. Ils le font déjà depuis des dizaines d’années avec le marché secondaire des produits financiers ou l’immobilier. Le plus terrible, c’est qu’un projet aussi délirant et futile que Sorare ne subisse absolument aucune critique populaire, et qu’on trouvera même par milliers des gens des classes populaires pour trouver cela bien.

C’est là qu’on comprend toute l’importance de la bataille culturelle pour changer le monde : si les gens du peuple ne sont pas capables de renverser la table sur de tels sujets, s’ils se font avoir avec des telles arnaques idéalistes, alors ils n’ont rien à attendre du futur pour l’instant. Mais la crise obligera probablement les gens à voir la réalité en face, et saisir le sens réel et concret des choses ! Il le faudra en tous cas.

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Société Vie quotidienne

Le dépôt sauvage est un individualisme forcené

Il arrive souvent de tomber sur des déchets déposés illégalement en dehors des lieux de collecte : c’est du dépôt sauvage.

Il y a plusieurs types de dépôts sauvages.

Ceux dans les grandes villes où la mise en place des déchetteries est difficile voire impossible, comme dans la métropole parisienne qui de par sa densité empêche la construction de déchetterie en son sein. Il existe cependant dans les grandes villes, y compris à Paris, des services municipaux de ramassage d’encombrant sur rendez-vous, et gratuit, mais cela n’intéresse pas les esprits paresseux qui n’envisagent aucune démarche organisée.

Il y a ceux aux abords des déchetteries, où les individualistes voulant se rendre en déchetterie mais constatant que celle-ci est fermée, cèdent à l’immédiateté et se débarrassent de leurs déchets juste devant, obligeant les agents à nettoyer les abords. Au delà d’être une démarche purement égoïste, c’est tristement le reflet de la société aujourd’hui sans conscience planétaire ni collective ; où domine le libéralisme dans l’attitude.

Bien que tout ne puisse pas être recyclé ou « revalorisé », déposer des déchets ménagers, de bricolage, des meubles, électroniques, de produits dangereux etc. relève du cannibalisme social et d’une barbarie anti-planétaire. C’est céder aux mœurs du turbo-capitalisme, où si l’on veut faire quelque-chose il faudrait l’avoir de suite, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

C’est ce qui amène d’ailleurs au dernier type principal de dépôt sauvage : celui dans la Nature. Aux abords des petites routes en France, voire en forêt, il n’est pas rare de trouver dans les champs, dans les forêts, près des étangs, etc. des sac poubelles, du plastique, des déchets électronique, des pneus, de l’amiante ou tout autre type de déchet.

C’est précisément la manifestation presque ultime de l’individualisme forcené qui sévit dans la vie sous le capitalisme. Se laisser aller à ce type de pratique relève de la barbarie, du nihilisme et de l’égoïsme le plus total, sans aucune considération pour les autres habitants de la Planète, sans considération pour les animaux qui seront perturbés dans leurs vies, sans considération non plus pour les travailleurs qui devront se protéger et évacuer (si ils sont trouvés) tous ces déchets. La Nature n’est pas une décharge à ciel ouvert ; elle devrait être un sanctuaire pour la vie.

Bien entendu à l’heure actuelle, les déchetteries et le recyclage sont un business comme un autre dans lesquels les « déchets » ne sont pas toujours « revalorisés » ou recyclés correctement car ne permettant pas de tirer assez de profit.

Cela pose également la question de la gestion du déchet lui-même que la Gauche devra résoudre. Il suffit de se rendre en déchetterie pour constater que bon nombre de choses jetées sont encore fonctionnelles, utilisables, réparables, et mérite une seconde vie. Mais pourries par le 24h/24 du capitalisme, il faudrait consommer toujours plus, et jeter toujours plus. Cela est autant vrai pour des biens que des relations.

Le dépôt sauvage n’est donc qu’une expression avancée supplémentaire de l’individualisme forcené dans lequel la société capitaliste nous fait vivre. C’est de cela dont il est question lorsque des personnes jettent au sein de la Nature des produits dangereux (ou d’ailleurs n’importe quoi), nuisant aux animaux, vivants à côté des déchets et rendant le travail plus aliénant et plus difficile aux agents de déchetteries, communaux, pour nettoyer les dépôts sauvages.

Alors pour résoudre cela, il faudra que la Gauche embrasse la question des gestions des déchets, et que les personnes s’adonnant à des pratiques socialement pourries soient soumises à des travaux d’intérêts généraux dans les déchetteries, dans les incinérateurs, dans les lieux de recyclage, les services de ramassage des déchets.

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Écologie

Pétition contre les pollutions sonores et atmosphériques des scooters et motos

Une pétition initiée par le collectif « Ras le scoot« .

Le lien pour signer : mesopinions.com

Voici le texte de la pétition :

« M. Macron, Stop au vacarme des motos

Le 11 août 2021, nous fûmes nombreux à nous réjouir d’apprendre la mise en place du contrôle technique pour les scooters et motos. Et tous très déçus d’apprendre le lendemain que vous, Président de la République, annuliez cette décision, sous prétexte de ne pas embêter les français. 

En ville ou à la campagne, chacun constate que les deux roues motorisés font beaucoup plus de bruit que les voitures. Les motos et scooters sont la deuxième cause de nuisance sonore citée par les Franciliens. Selon BruitParif, une moto débridée peut réveiller à elle seule dix mille riverains en traversant Paris. En vallée de Chevreuse, dans les Vosges, en Provence, les élus et les habitants se mobilisent contre le vacarme des motards qui prennent les petites routes pour un circuit, dégradant la qualité de vie des habitants. Une récente étude[1] chiffre à 156 milliards d’euros par an le coût social du bruit. Car la lutte contre le bruit est un enjeu de santé publique.

D’autre part, plusieurs études[2] ont démontré que les véhicules deux roues motorisés polluent beaucoup plus que les voitures à essence : 2 à 15 fois plus d’oxydes d’azote (NOX), 3 à 20 fois plus de monoxyde de carbone (CO) et 15 à 1 000 fois plus d’hydro­carbures (HC). Des émissions de polluants qui ont de sérieux impacts sanitaires.

Il existe des normes de bruit et de pollution atmosphérique. Constatant les pollutions sonores et atmosphériques excessives et sachant que de nombreux motards modifient leur échappement pour faire encore plus de bruit, il est incompréhensible que vous exemptiez ces véhicules du contrôle de conformité que constitue le contrôle technique. De plus, ce contrôle est prévu par une directive européenne de 2014, comment comprendre que la France – qui assurera la présidence du Conseil européen au premier semestre 2022 – décide de ne pas appliquer la législation européenne ?

Ainsi, Monsieur le Président de la République, nous demandons d’agir pour réduire les pollutions sonores et atmosphériques occasionnées par les scooters et motos :

1 En instaurant le contrôle technique pour tous les deux-roues motorisés thermiques (y compris cyclomoteurs) au 1er janvier 2023

2 En révisant les normes et modalités d’homologation des deux-roues motorisés pour limiter l’émission sonore réelle à 68 dB (comme les voitures – cible 2024)

3 En accélérant le déploiement de radars anti-bruit fixes pour contrôler et verbaliser les nuisances sonores des véhicules

4 En augmentant les moyens permettant aux forces de l’ordre de procéder à des contrôles aléatoires portant sur la conformité des véhicules deux roues motorisés ; mener des campagnes de contrôle régulières

5 En créant un observatoire des nuisances sonores pour surveiller ces nuisances et proposer des solutions adaptées à chaque environnement pour les réduire.

Après la signature, n’hésitez pas à compléter votre profil avec vos noms et prénoms afin de donner plus de poids à la pétition!

Vous pouvez adhérer à l’association RasLeScoot en suivant ce lien : https://www.helloasso.com/associations/raslescoot/adhesions/adhesion-individuelle

[1] Source : Le coût social du bruit, étude Ademe/Conseil national du bruit, 2021

[2] Source : D Pillot, Analyse des émissions de 2 roues et quadricycles motorisés, Ifsttar-Ademe, 2017 et ICCT, Emissions polluantes provenant de cyclomoteurs, motocycles et autres véhicules de catégorie L à Paris, fiche d’information du TRUE (the real urban emissions initiative), 2019, 2 p »

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Société

18 septembre 2021 : chasseurs, anti-pass… des dizaines de milliers de beaufs partout en France

C’est marginal, mais suffisamment puissant pour inquiéter.

Le samedi 18 septembre 2021 a été, comme les samedi précédents, l’occasion de défilés nombreux partout dans le pays. Certes, les anti pass-sanitaire et leurs soutient populistes ou d’ultra-gauche ont raté leur « rentrée ». Ils n’ont pas produit cette grande vague contestatrice attendue et sont de moins en moins nombreux. 80 000 personnes pour cette fois, avec 199 cortèges dans tous le pays.

Ils restent toutefois nombreux et surtout très constants dans leur acharnement anti-social à refuser les mesures sanitaires. On notera d’ailleurs l’incroyable nombre annoncé de 3000 personnels de santé ayant préféré la suspension (donc pas de salaire) à la vaccination. C’est énorme.

Mais ce n’est pas tout puisqu’il y avait également, le même jour, 42 000 chasseurs ou pro-chasse défilant, au nom soit-disant de la ruralité. En fait de ruralité, ces gens assument une mentalité arriéré et barbare, avec en l’espèce la défense de l’horrible chasse à la glu (interdite récemment en France).

16 000 personnes à Mont-de-Marsan, 12 000 à Amiens, 10 000 à Redon, 5000 à Forcalquier ou Caen sont descendus dans la rue en gilet orange fluo pour revendiquer une posture anti-culture et ouvertement beauf. C’est littéralement un grondement de droite qui souffle à l’arrière-plan en France, avec des figures notoires tels le candidats à la présidentiel Xavier Bertrand (qui est aussi président de la région Hauts-de-France) pour soutenir les chasseurs.

Amiens est à ce titre vraiment exemplaire, car cela devrait être un puissant bastion de la Gauche historique en raison de son caractère essentiellement populaire, et c’est en pratique une base pour une posture réactionnaire pesante, arriérée, passive.

De manière générale, de toutes façons, avec les anti-sociaux contre les mesures sanitaires et les chasseurs contre la culture, le fond de l’air ne sent vraiment pas bon en France. Faut-il s’attendre à un « mai 1968 » de droite, d’autant plus avec la vague nationaliste qui se profile avec l’hostilité anti-américaine suite au revers à propos des sous-marins australien ?

C’est en tous cas un sujet que la Gauche doit prendre très au sérieux. Et il faut rappeler ici deux clefs essentiels, qui permettent de distinguer efficacement ce qui est positif et négatif: la question des alliances militaristes pour le repartage du monde, la question animale.

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Société

La CGT Santé et action sociale soutient les antivaccins

Une position suicidaire.

La fédération Santé et action sociale de la CGT refuse l’obligation vaccinale, comme elle l’a expliqué dans une publication appelant à manifester le mardi 14 septembre 2021.

En effet, à partir de mercredi 15 septembre, les personnels de santé doivent être vaccinés, ou alors ils sont suspendus. C’est tout à fait normal et d’ailleurs la grande majorité des personnels de santé sont déjà vaccinés ou ont reçu leur première dose. La plupart des personnes travaillant auprès de personnes malades ou âgées ne se sont pas poséq de question : dès qu’elles ont eu accès à la vaccination, elles ont assumé leur responsabilité en se vaccinant pour protéger.

Seulement voilà, nous sommes en France, l’un des bastion du libéralisme et de l’esprit petit-bourgeois, alors ils y a toujours des gens pour pleurnicher en refusant de se plier à l’ordre collectif. En l’occurrence, il y a des centaines de personnels de santé en France qui refusent encore la vaccination, et qui vont se résoudre à être suspendu de leur fonction (et de leur rémunération).

Normalement, la CGT devrait broyer de tels gens. Elle devrait les dénoncer comme d’odieux individualistes de droite. Elle devrait porter fièrement l’engagement des personnels de santé qui se sont fait vacciner depuis le début, au nom de l’exigence collective.

Mais là CGT n’a plus aucun repère social. Elle n’est qu’un organisme à la dérive, riche car richement financé institutionnellement, riche également de par son passé, mais très pauvre de part ce qu’elle représente socialement. Alors il est raconté n’importe quoi, pour faire du bruit, en espérant peser. Plutôt que du bruit, il est en fait surtout brassé du vent, car personne en France n’en a grand-chose à faire de ces personnels de santé non-vaccinés, ni des quelques centaines de cégétistes ayant manifesté en France mardi 14 septembre 2021 contre l’obligation vaccinale.

Quelle misère intellectuelle, morale, culturelle !

Il ne faut pas sous-estimer cependant les dégâts que font culturellement de telles manifestations. Car en faisant cela, la CGT Santé et action sociale abîme profondément l’héritage sociale de la lutte des classes, confortant la population dans l’idée qu’il n’y a rien à attendre de la lutte des classes.

En se rangeant du côté d’une minorité d’anti-sociaux, la CGT se coupe ouvertement de la majorité de la population et surtout de l’intérêt collectif. Elle ne propose plus qu’une caricature de syndicalisme, avec des arguments grotesques ne pouvant convaincre personne.

La CGT (y compris la centrale fédérale) voudrait faire croire qu’elle n’est pas contre la vaccination, mais seulement contre l’obligation. Cela n’a aucun sens. Si on considère que la vaccination est une bonne chose, alors il n’y a aucun problème à obliger les personnels soignant à être vaccinés. Sinon, c’est donner de la valeur aux pérégrinations de quelques anti-vaccins hystériques, pour qui d’ailleurs le vaccins n’est en général qu’un prétexte.

La plupart de ces gens refusent le vaccin non pas en tant qu’acte médical auquel ils ne croient pas – même s’il y en a bien sûr -, mais en tant que norme sociale imposée par la collectivité. La CGT Santé et action sociale elle-même adopte la même posture à la fois sinistre et mensongère, comme lorsqu’elle dit:

« Il s’agit de la mise en place d’une obligation vaccinale et de sanctions possibles qui concernent aujourd’hui des millions de salarié.e.s, et cela, dans différents secteurs d’activités. »

Cela est faux, pour la simple et bonne raison que la plupart des travailleurs sont déjà vaccinés ou envisagent de le faire, et ne sont donc par définition pas concernés par une éventuelle « obligation ». Il est complètement mensonger de parler ici de « millions » de personnes se faisant potentiellement « discriminer » ou pénaliser par l’obligation vaccinale. Il faut vraiment être hors sol pour raconter de telles absurdités.

Mais la CGT est hors sol, à tous les niveaux, comme d’ailleurs le syndicalisme en général dès qu’il se pose une question politique, culturelle, sociale… Et, d’ailleurs, toute question politique, culturelle, sociale. Les syndicats doivent savoir se subordonner à la politique, à la Gauche historique!

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Société

Les anti pass sanitaire ont raté leur rentrée

C’est un début d’effondrement, alors que le pays les ignore maintenant totalement.

Le mouvement anti pass sanitaire devait passer un cap à la rentrée. En fait, il s’effondre, devenant toujours plus marginal et hors sol. Alors qu’ils ont connu un pic à 237 000 participants en plein milieu de l’été, les manifestants n’étaient plus que 121 000 le samedi 11 septembre 2021 selon les chiffres officiels (ils étaient 140 000 la semaine dernière et 165 000 la semaine précédente).

C’est un recul net, un échec à devenir un mouvement de masse. A titre de comparaison, c’est moins de personne qu’à la Fête de l’Huma du PCF, qui a lieu en même temps.

Le mouvement anti pass sanitaire aurait pu devenir le centre d’une vague de contestation dans le pays, sur un mode plébéien typique de l’extrême-Droite mais visant large. Mais il y a bien trop de folklore, de fausse radicalité et de simagrée pour que cela marche en France.

Le capitalisme a encore beaucoup trop de chose à apporter aux yeux des français libéraux et consommateurs pour qu’ils acceptent de se mettre en branle contre le train-train quotidien. On imagine que Marine Le Pen aura de son côté beaucoup plus de succès ce dimanche 12 septembre en annonçant au JT de 20h sa volonté de nationaliser les autoroutes comme mesure phare.

En tous cas, les anti-pass sanitaire sont passés à côté de quelque-chose, car ils ont heureusement focalisé de manière hystérique et unilatérale sur la question du refus du pass sanitaire, au lieu de s’appuyer sur un esprit large et relativiste typique des français. C’est un peu le mal de l’extrême-droite dans ce pays, qui est largement conforme à des pans entiers de la population sur le plan des idées et du fond du projet, mais qui se heurte à la réalité en pratique.

Est-ce une bonne chose pour la Gauche ? Oui et non. Oui, car c’est autant de temps gagné, et c’est vraiment tant mieux qu’un mouvement aussi anti-social que celui refusant le pass sanitaire recule. Non, car cela empêche clairement la Gauche de se mettre à niveau, de prendre la hauteur culturelle et idéologique nécessaire pour écraser l’extrême-Droite et mettre en place un programme démocratique et populaire.

Il n’y a vraiment pas de temps à perdre pour se reconstruire sur des bases saines et solide, avec une vraie dynamique populaire.

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Société

« D’où vient l’argent ? »

La Direction générale du Trésor a publié un article typique, à propos de l’argent magique et de la question de la crise.

La Direction générale du Trésor a un rôle fondamental pour la marche du pays. Il s’agit ni plus ni moins que de gérer les caisses de l’État, par le biais d’analyses, de conseils aux ministères, mais aussi et surtout de la gestion de la dette publique.

En l’occurrence, cette question de la dette est épineuse. Comme chacun le sait, l’État a fait le forcing face à l’impact des mesures sanitaires sur l’économie, en mettant des paquets d’argent sur la table. Sauf que, bien entendu, c’est de l’argent que l’État n’a pas. On parle ici en dizaines de milliards d’euros rien que pour la France.

Personne de censé ne peut se dire que c’est là une bonne chose, que tout va bien. Il y a concrètement une panique à ce sujet, y compris au sein même de la bourgeoisie. Alors la chef économiste de la Direction du Trésor assure le service après vente, via un article intitulé « D’où vient l’argent ? », article qui a été bien sûr relayé par la presse type Le Figaro.

Et donc, la chef économiste de la Direction du Trésor Agnès Bénassy-Quéré raconte qu’il n’y aucune raison de s’en faire. La panique serait injustifiée, les questions redondantes des gens au sujet de cet argent seraient infondées. Tout va très bien, Madame la marquise…

Son argumentation est ultra simple : l’État s’est endetté grâce à l’épargne des ménages qui ne demandait qu’à servir. L’État pourra tranquillement rembourser, car l’économie repart comme si de rien grâce à ce même argent.

Voici ce qu’elle dit un peu plus en détail :

1. Avec la crise sanitaire, il y a eu un déficit de consommation de la part des gens, et donc un surplus d’épargne ;

2. Les banques se sont servies de cet épargne pour prêter à l’État (via la BCE) ;

3. L’État a injecté cet argent dans l’économie, ce qui a permis aux ménage de ne pas perdre d’argent, et ainsi la boucle est bouclée !

Quelle blague !

Un tel raisonnement, de la part de l’administration officiellement chargée des questions économiques en France, est assez incroyable tellement tout cela est insensé. L’État aurait payé les ménages avec leur propre argent, mais ce même argent proviendrait justement de ce que l’État a payé !

A moins que les gens aient vu leur épargne fondre pour payer la crise, ce qui n’est pas du tout le cas, alors forcément il y a quelque chose qui cloche.

Ce que tente de nous « expliquer » la chef économiste de la Direction du Trésor dans son article « D’où vient l’argent » est que l’argent n’a en fait aucune valeur. Les États et les banques pourraient jouer des écritures comptables à leur guise sans que cela ne pose problème… Bien évidemment, cela est faux, archi-faux.

On ne peut pas stopper la productions de richesses, de valeurs, de marchandises, pendant plusieurs semaines, puis simplement ensuite faire circuler des chiffres entres des comptes en banques (depuis les banques, vers la Banque centrale européenne, vers l’État, puis vers les banques), et dire: tout va bien.

Ce qui s’est passé, et c’est quelque chose de très connu, c’est que la Banque centrale européenne a inventé de l’argent. Ni plus ni moins. Elle a effacé d’un coup de clavier des dettes d’État, soit disant en « rachetant » ces dettes, ce qui revient en fait à créer de l’argent.

Bien sûr, Agnès Bénassy-Quéré ne nie pas cela. Elle en parle, mais elle fait comme s’il ne s’agissait que d’une petite astuce technique. En réalité, il a été joué avec le feu. Ces masses d’argent tirées du chapeau par la Banque centrale européenne – et donc par les États, car ce sont eux qui contrôlent la banque centrale – aura, et a déjà, des répercussions.

La plus evidente, c’est l’inflation. Pas encore en France pour l’instant, quoique le problème se pose déjà en partie si l’on regarde l’économie dans le détail, mais déjà dans la plupart des pays riches. A commencer par les États-Unis (qui ont fait pareil en créant des dollars) où l’inflation est à l’heure actuelle alarmante.

Mais plus profondément que cela, ce qu’ont fait ces économistes jouant avec l’argent, c’est abîmer la valeur de l’argent lui-même, en lui ôtant son rapport avec la réalité de l’économie. Ce n’est pas quelque chose de nouveau et nous savons déjà a quel point il y a depuis des années toute une économie de la spéculation (ce que l’on appel en finance le marché secondaire) jouant dangereusement avec la valeur de l’argent.

C’est toutefois réalisé ici avec une ampleur inégalée historiquement, sur un laps de temps très très court, et de surcroît partout dans le monde.

C’est explosif, c’est ni plus ni moins une situation de crise avec un risque d’effondrement monétaire (en plus des risques économiques plus traditionnels que sont l’inflation, la perte de productivité, la baisse du PIB relativement à son niveau d’avant-crise, la perte de confiance en l’économie, etc.).

Le petit article « D’où vient l’argent ? » de la Direction générale du Trésor vaut donc le détour, avec son langage à la fois enfantin et ultra-technique. C’est un cas d’école de comment les institutions et les cadres de la bourgeoisie sont en vérité totalement dépassés par la situation. Cela en rajoute au fait que nous sommes dans une situation de crise.