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Société

La lie de la société manifeste encore contre les mesures sanitaires

La France craque, au milieu de l’été.

Anarchistes, nationalistes, gilets jaunes, populistes en tout genre : c’était le pire de la société française qui était à nouveau réuni ce samedi 31 juillet 2021 pour protester contre les mesures sanitaires. Encore plus nombreux que la semaine précédente, ils étaient cette fois plus de 200 000 dans 184 villes françaises. Ce qui, au plein milieu de l’été, est tout à fait remarquable, et surtout terrifiant.

Pour les principaux rassemblements, ils étaient 13 000 à Toulon, 8500 à Montpellier, 6500 à Nice, 5500 à Bordeaux, 4000 à Nantes, 3400 à Pau, 3200 à Strasbourg, 3000 à Metz, 3000 à Avignon ou encore 15 000 à Paris.

Tout ces gens assument le nihilisme, ils assument de rejeter la société, le collectivisme, au nom de leur petite individualité, au nom de qu’ils appellent la « liberté ». C’est, au sens strict, de la graine de facho, c’est-à-dire des gens farouchement anti-communistes, anti-socialistes.

Le summum de l’ignominie anti-sociale a probablement été atteint lors de la manifestation montpelliéraine, où le cortège s’en ai pris physiquement à un stand de dépistage, en osant crier « collabo ». C’est pour le moins glaçant, surtout quand on sait que dans cette région Occitanie, le nombre de nouvelles hospitalisations a été multiplié par dix en un mois…

Le variant Delta se diffuse à vitesse grand V en raison de sa très grande virulence… mais aussi car il est aidé par ces milliers de gens ayant décider de refuser les mesures sanitaires. La France craque, et ce sont les esprits les plus faibles qui cèdent en premier.

Et quand on dit les plus faibles, il faut comprendre : les plus petits-bourgeois, les plus complaisants avec leur ego, avec leur mesquinerie, avec leur attitude anti-sociale, anti-culturelle, anti-intellectuelle.

Et quand on voit que même à la CGT il y a des soignants capables de s’exprimer contre l’obligation vaccinale, comme ceux de l’hôpital de Bastia parlant de « choix individuel » devant primer… Il y a de quoi être vraiment inquiet. Et même plus qu’inquiet. C’est un désastre.

Et l’une des racines de ce désastre, il faut le souligner, ce sont les gilets jaunes. Les gens de gauche qui ont soutenu ces gilets jaunes tout proches des chemises noires ont agi de manière criminelle. Ils ont encouragé le populisme, les positions plébéiennes, la négation de l’importance de la conscience, de la culture.

Si les gilets jaunes avaient été politiquement et culturellement écrasés, par le blocus total de la Gauche, on ne serait pas dans cette situation calamiteuse!

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Société

24 juillet 2021: 160 000 personnes contre les mesures sanitaires collectives

Une immense mobilisation en plein milieu de l’été.

D’après les chiffres officiels, ce sont 161 000 personnes qui se sont rassemblées dans plus de 160 villes de France samedi 24 juin 2021 pour protester contre le pass sanitaire et la vaccination. Ils étaient 11 000 à Paris, 6000 à Nice, 5000 à Montpellier, 4300 à Marseille, 4000 à Strasbourg et Nantes, 3500 à Annecy, 2000 à Lyon, 2000 à Rennes, Rouen, Toulouse ou Perpignan et plusieurs centaines dans de nombreuses petites villes.

Les mots d’ordres étaient partout les mêmes. Il s’agissait de brandir la « liberté », contre ce qui est dénoncé comme étant une « dictature » sanitaire. C’est un état d’esprit typiquement d’extrême-droite, refusant toute discipline collective, qui est associée à du communisme. C’est aussi tout à fait significatif d’une société française en pleine décomposition, noyée par l’amplitude de la crise.

Des dizaines de milliers de beaufs donc, qui en plein milieu de l’été ont une gigantesque capacité de mobilisation à travers tout le pays. Ce sont les restes des « gilets jaunes » bien sûr, aidés par d’importantes figures politique populistes, notamment Florian Philipot (ancien dirigeant du Front national) et Jean-Luc Mélenchon (à la tête de la France insoumise). Il faut ajouter à cela quelques groupuscules d’ultra-gauche profitant de l’occasion dans certaines villes pour faire de l’agitation anti-police, avec un peu de casse de mobilier urbain.

Tout cela est profondément nauséabond, alors que la crise sanitaire n’en finit plus en raison des mutations du virus du covid-19 et de comportements irresponsables d’une partie de la population. La circulation du virus est inquiétante depuis plusieurs jours, les services hospitaliers redoutent concrètement une nouvelle vague, mais cela n’intéresse pas les petits-bourgeois français attachés à leur « liberté », c’est-à-dire leur liberté de n’en avoir rien à faire des autres, ni de la collectivité.

Il ne s’agit pas pour autant d’être dupe des mesures du gouvernement, qui ne fait qu’aller dans le sens du capitalisme pour qui la machine doit absolument redémarrer, et donc la population se plier à ses exigences. Le pass sanitaire, dans sa forme et son application apparaît comme brutal, bien que forcément nécessaire dans le fond.

Mais ce n’est pas cela que dénonçaient les manifestants du 24 juillet, car ces gens ne dénoncent pas du tout le capitalisme et encore moins la bourgeoisie. Ils ne sont pas de gauche et non rien à voir ni de près ni de loin avec la Gauche. C’est une anomalie terrible de les voir associées à de la « contestation » et de la « rebellion ». Ils ne sont en vérité que des ultra-libéraux s’accrochant au rêve d’un capitalisme idéalisé où l’individu est roi et consomme sans contrainte.

Il faut bien le dire cependant : ces gens, bien que minoritaires, convergent très bien avec l’état d’esprit général des Français. Si les Français se plient globalement aux mesures sanitaires, on ne peut pas dire pour autant qu’ils soient au rendez-vous de l’exigence collective et de la nécessité de changement, notamment écologique.

Tout ce que la société française est capable de produire en cet été 2021 marqué par une nouvelle chapitre de la crise sanitaire, ce sont donc des milliers de fous furieux et arriérés contre les mesures sanitaires.

C’est pour le moins glaçant, et il faut vite le retour de la Gauche pour combattre frontalement le capitalisme, au nom du collectivisme, de la société, de la nature, du progrès. Et se préparer à l’antifascisme car là l’atmosphère a l’esprit des années 1930.

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Société

Le Tour de France, une éternelle arnaque?

Une société corrompue produit inlassablement de la corruption.

Le Tour de France 2021 s’est couru à 41,2 km/h de moyenne. C’est la deuxième plus haute moyenne historique derrière celle du Tour 2005 « remporté » par Lance Armstrong…

Cela ne passe pas, et personne ne peut croire sincèrement non plus en les performances du jeune slovène Tadej Pogacar qui écrase tout sur son passage, alors qu’il a à peine 23 ans. Le visage ne montrant aucune trace de fatigue, il a à de nombreuses reprises, en montagne ou sur contre-la-montre, produit des accélérations surclassant tout le monde. Battant au passage deux records d’ascension détenus par Lance Armstrong. Comme si ses muscles ne produisaient pas d’acide lactique, cette substance qui donne l’impression d’avoir les jambes qui brûlent lors d’un effort de haute intensité. 

Tadej Pogacar est slovène, et là encore personne dans le cyclisme ne croit sincèrement en le miracle national venu de Slovénie. Ce petit pays, comptant moins d’habitants que le ville de Paris (2 millions), connaît depuis quelques années son lot de “surdoués” du vélo. 

C’est le cas de Primož Roglič, initialement favori du Tour et dominant outrageusement le cyclisme depuis quelques années. C’est aussi le cas de Matej Mohoric, double vainqueur d’étape sur cette édition 2021 et qui a eu l’audace d’un geste incroyable…

Alors que son équipe était perquisitionnée le matin même pour des soupçons de tricherie, il a franchi la ligne d’arrivée (en vainqueur) en faisant « chut » avec l’index sur la bouche… puis mimant le geste de la fermeture éclaire sur la bouche.

Indigne geste de mafieux, arrogant et menaçant. Mais c’est justement l’omerta dans le cyclisme, et personne (ou presque) ne dénonce ces encadrants d’équipe corrompus, anciens dopés avérés, ou anciens impliqués dans des affaires de dopage. 

Le directeur de l’équipe de Matej Mohoric, Milan Erzen, a un lourd passif avec plusieurs de ses coureurs slovènes suspendus pour dopage. Ce n’est pas mieux du côté de l’équipe de Tadej Pogacar, dont le directeur a aussi un sombre passif. Lui-même victime d’une malaise très grave en 1998 pour avoir consommé une substance équivalente au fameux EPO de synthèse… et par le passé manager d’un dopé notoire tel Riccardo Ricco. 

D’ailleurs, les équipes de ces deux coureurs appartiennent à des États du Golfe totalement corrompus, richissimes à coup de pétrodollars, qui se servent du sport pour tenter d’exister sur la scène internationale. En l’occurrence, les Émirats arabes unis et le Bahreïn.

Au final, sur le Tour 2021, 4 équipes se partagent 14 victoires d’étape, et ce fut pareil pour la course au classement général. Cela laisse un goût amer, d’autant plus que les instances internationales ne semblent rien faire contre. Et alors que la lutte antidopage en générale ne cesse de reculer, faute de moyen, toujours à la traîne face à la course à l’armement lourd des tricheurs. 

Transfusions, corticoïdes, cétones, produits masquants, moteurs cachés, microdoses d’EPO ou encore ACE, la liste des inquiétudes est très longue. 

Mais qu’attendre d’un sport dont l’instance mondiale, l’UCI, est dirigée par un politicien opportuniste de Droite ? En l’occurrence David Lappartient, qui est maintenant également Président du conseil départemental du Morbihan et qui est candidat (incontesté) à sa propre succession à la tête de l’UCI… 

Car c’est précisément de cela qu’il s’agit. Le Tour de France n’est pas pire qu’ailleurs, il n’est malheureusement qu’à l’image de la société dans laquelle il s’inscrit. Peut-être que cela se voit plus, que cela heurte plus les consciences qu’ailleurs, mais cela n’a en soit pas grand chose d’extraordinaire. 

La triche est partout, le business et la corruption sont partout, les valeurs et la morale populaire, nulle part. Il n’y a qu’une société authentiquement démocratique et populaire qui sera suffisamment forte et coercitive pour laminer les tricheurs.

Il faudra s’employer pour cela, et si on veut un Tour de France “propre” il n’y aura pas d’autre choix que de contrôler strictement les coureurs. De publier publiquement les profils de puissances, enregistrées de manière indépendante. De publier publiquement les données physiologiques des coureurs. De fournir des vélos neutres en toute indépendance des équipes elles-mêmes, seul moyen de se prémunir du dopage mécanique. 

Sans ça, le Tour restera une éternelle arnaque, un simple divertissement ayant le sport comme prétexte…

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Politique

2022: la candidature floue et molle de Delphine Batho à la «primaire de l’écologie»

Delphine Batho a présenté sa candidature à la « primaire de l’écologie », organisée par EELV en vue de la présidentielle de 2022

C’est par une mise en scène journalistique sur BFMTV que Delphine Batho a annoncé et présenté sa candidature à la « primaire de l’écologie », organisée par EELV en vue de la présidentielle de 2022. Rien qu’avec ça, on se dira que c’est dommage, qu’il y avait mieux à faire, qu’une telle façon classiquement politicienne est loin d’être à la hauteur de l’enjeu. Il aurait pourtant fallu marquer le coup, probablement avec un document d’une grande densité, à l’image de ce qu’elle avait écrit à l’occasion du début de la crise sanitaire en avril 2020. Cela aurait eu une autre allure, sans parler du fait que démocratiquement et culturellement, c’était mieux que de réserver sa parole à un grand groupe médiatique.

Dommage, cela l’est d’autant plus que Delphine Batho est une femme politique de qualité, ayant cette capacité de s’adresser aux gens, de les écouter, de porter leur parole de manière à la fois simple et concrète, en exprimant de réelles préoccupations populaires. Le problème, c’est qu’à une époque comme la nôtre, cela ne suffit pas. Loin s’en faut.

Dans une telle situation de crise, écologique bien sûr, mais aussi morale, économique, sanitaire, sociale, culturelle, ce qu’il faut, ce sont des grandes idées, des grandes lignes. Il faut tracer une perspective qui soit immense, à l’image de l’immensité de la crise, des crises et de leurs enchevêtrements.

Delphine Batho, malheureusement, a fait le choix inverse. En 2018, elle a abandonné les grandes idées, en quittant la Gauche (elle qui était liée au PS depuis sa jeunesse), au profit de Génération écologie. Elle a choisi le pragmatisme, censée être synonyme de réalisme, en prônant un centrisme écolo « non partisan ».

Elle se retrouve maintenant coincée. D’un côté, elle n’est pas dupe de la situation et ne peut que constater l’immensité de la crise. De l’autre, sans grandes idées, elle doit bricoler avec des petites idées pour se démarquer et avoir quelque chose à proposer malgré tout.

Alors elle parle de « décroissance », mais sans aucun rapport avec ce que cela signifie vraiment. La décroissance est une idée réactionnaire très précise. Cela vient de l’extrême-droite et c’est une critique de la société industrielle sur un mode romantique. Si Delphine Batho était cohérente, elle ne pourrait pas dire que « ce n’est pas synonyme de récession » ou alors que cela permet de « créer des emplois ». C’est tout simplement antinomique avec la définition même de décroissance.

D’ailleurs, la candidate à la « primaire de l’écologie » n’est pas du tout « décroisssante » quand elle dit, de manière très juste, qu’il faut une industrie française du vélo. Mais cela n’est qu’anecdotique, à l’image de sa pseudo-définition de la décroissance qui est d’un populisme incroyable : ce serait dit-elle, les vides-greniers et Le bon coin…

Les petites idées, Delphine Batho va également les chercher du côté des catholiques, en reprenant le concept d’écologie intégrale (« 100 % écologie intégrale » est-il précisé sur ses visuels de campagne). Plus précisément, cela a été mis en avant par le pape « François 2 » avec son « encyclique » intitulée « Laudato si » en 2015.

Les véritables écologistes avaient à l’époque tout de suite compris de quoi il s’agissait en dénonçant un néo-pétainisme, une révolte contre le mode moderne faisant un hold-up sur l’écologie, tout comme les zadistes l’ont fait. Là encore, comme avec la décroissance, Delphine Batho ne va pas au bout des choses, puisqu’elle prétend en même temps relever de l’héritage des Lumières, de la laïcité.

Le pape ou les Lumières, il faut pourtant choisir. Car l’un fait clairement partie du problème, en rejetant la nature au profit d’un mysticisme pseudo-bienfaisant. Et l’autre fait clairement partie de la solution, en prônant le matérialisme philosophique, c’est à dire la reconnaissance de la nature, et donc l’écologie.

Ce n’est pas qu’une question philosophique et lointaine, idéologique et abstraite. C’est au contraire absolument concret et décisif. C’est de vision du monde qu’il s’agit, et c’est justement avec une vision du monde qu’on change les choses, si on veut réellement changer les choses. Delphine Batho le veut-elle ?

Si c’est vraiment le cas, alors elle a fait une erreur immense en rejetant la Gauche. Elle explique même maintenant qu’elle « s’en fout » du parcours des gens, que la Droite n’est miraculeusement plus un problème, que ce qui compte c’est d’agir, etc.

Pourtant, rouler en SUV et n’en avoir rien à faire des autres, c’est précisément cela une mentalité de droite, et c’est strictement opposé à l’écologie.

Au contraire, avoir l’esprit collectif chevillé au corps, c’est précisément une mentalité de gauche, et c’est uniquement de cette façon que l’humanité pourra envisager de mener la bataille pour la planète Terre.

Elle a raison de vouloir prendre le problème de l’écologie à bras-le-corps et d’agir immédiatement. Mais sans chambouler la société, sans assumer de révolution culturelle, rien ne sera possible.

Rien qu’un aspect, qui est tout à fait marquant : en vingt minutes d’émission où elle introduit son programme, jamais Delphine Batho n’a parlé des animaux, et encore moins de veganisme. Comment pourtant prétendre à sauver la planète, sans se préoccuper de ses habitants ? À moins que l’écologie ne soit qu’un prétexte à un néo-humanisme, à un anthropocentrisme s’imaginant moderne et pacificateur social.

Delphine Batho vaudra-t-elle mieux que cela ? L’accentuation de la crise et la polarisation de la société la forcera à choisir son camp.

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Politique

Marine Le Pen et le 18e congrès du Rassemblement national

La ligne est celle d’un vaste front de la Droite

Les 3-4 juillet 2021 s’est tenu à Perpignan le 18e congrès du Rassemblement national, le prolongement du Front national. Marine Le Pen, qui a été réélue présidente, a cependant bien précisé qu’il n’y aurait pas de retour en arrière. L’heure est à l’ouverture :

« Nous avons su, ces dix dernières années, nous écarter des analyses à l’emporte-pièce, des sentences irrévocables et des mesures simplistes.

Par le travail collectif, sans rien renier des lignes claires nos convictions, nous avons su nous affranchir d’une immaturité politique peu compatible avec des ambitions nationales et donner à notre mouvement les qualités nécessaires à un parti de gouvernement (…).

Nous ne reviendrons pas en arrière. Avec tout le respect que nous avons pour notre propre histoire, nous ne reviendrons pas au Front national. »

Pour ce faire, Marine Le Pen sera en retrait de son mouvement, à partir de septembre, afin de jouer la traditionnelle ligne gaulliste du « au-dessus des partis ». Jordan Bardella la remplacera, alors que sont intégrés au Bureau national deux non-membres du mouvement, le président du Parti localiste Hervé Juvin et la figure de la Droite Thierry Mariani.

Il y a toutefois un défi qui se pose à Marine Le Pen : comment attendre un mouvement nationaliste d’un peuple apathique ? Les régionales ont montré que les Français étaient ailleurs, on ne sait trop où et même eux ne le savent pas vraiment.

La vidéo du discours du dimanche 4 juillet 2021 de Marine Le Pen a été vue un peu plus de 9 000 fois, ce qui est tout à fait ridicule.

Il faut qui plus est prendre en compte ses concurrents : il y aura un candidat porté par la Droite, le chroniqueur populiste « occidentaliste » Eric Zemmour se présentera sans doute aussi, voire le général de Villiers. Cela ne joue pas en sa faveur.

Bien entendu, cela peut se retourner en son contraire : une situation caractérisée par une crise militariste mondiale amènerait des millions d’euros à se déverser sur une unité générale de la Droite, provenant d’une haute bourgeoisie qui veut un pays en première ligne pour la guerre.

Et une combinaison indirecte de tous ces mouvements réactionnaires, épaulée par une extrême-Droite activiste, peut également impulser une vague de Droite, générant un engouement assez naturel dans une France totalement beauf.

Faut-il être alors rassuré ou inquiet de ne pas savoir à quelle sauce on va être mangé ? Il va falloir observer cela avec acuité : l’antifascisme en dépend, l’opposition à la guerre en dépend.

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Société

PMA: une victoire du turbocapitalisme

La société française a fait un pas de plus dans la version américaine du capitalisme.

« Constance et Aude Démettre sont les mères de Juliette (9 ans) et des triplées Apolline, Emma et Camille (6 ans), à Bordeaux le 25 juin 2021. » C’est ainsi que Le Monde présente deux femmes et quatre enfants dans un article sur la PMA, la Procréation Médicalement Assistée. Biologiquement, cela n’a aucun sens. La vie est dialectique et il faut un homme et une femme pour qu’il y ait des enfants.

C’est cependant tout à fait conforme avec le capitalisme roi qui s’arroge tous les domaines, y compris la vie. De la même manière que les poules dites pondeuses et les chiens dits de compagnie sont des êtres vivants totalement déformés génétiquement pour servir le marché, les enfants eux-mêmes deviennent des marchandises, une consommation à laquelle on aurait « droit ».

La PMA, qui dont l’accès vient d’être élargie par la loi en France le 29 juin 2021, est maintenant ouverte à toutes les femmes, y compris célibataires. Deux femmes peuvent être reconnues comme « mères » au même titre. Et la PMA sera gratuite, c’est-à-dire que la société la paiera. C’est nécessaire, parce que le capitalisme a besoin que ce puissant outil d’atomisation des gens soit largement employé.

Car tel est le but du capitalisme : tout réduire à des identités et de la consommation. La PMA n’est d’ailleurs qu’un inévitable pas vers la GPA, la Gestation Par Autrui, que ne manqueront pas de demander des hommes au nom de « l’égalité des droits ». Et cette GPA sera elle-même un pas vers autre chose, car le capitalisme cherche, par définition, à élargir son marché.

Pour qui n’y croit pas, il suffit de voir que le turbocapitalisme considère que des hommes s’imaginant des femmes ont le droit de se considérer comme tel. Or, « elles » ne peuvent pas avoir d’enfants, puisque ce sont des hommes. Le capitalisme dira alors que ces hommes, étant considérés juridiquement comme des femmes, doivent avoir les mêmes droits que les autre femmes. Et la GPA sera instaurée, sur une base pseudo volontaire avec « dédommagement », comme équivalent de la PMA.

Il est intéressant ici de voir que la Gauche, en France, est devenue la cinquième roue du carrosse libéral. On est vraiment passé dans une situation à l’américaine : il y a les républicains-conservateurs, qui ne veulent pas trop de changement pour ne pas qu’il y ait d’agitation sociale, et il y a les démocrates-sociaux qui veulent moderniser le capitalisme en déviant l’agitation sociale.

Les deux s’opposent, mais pas sur leur fond capitaliste ; d’ailleurs, Pascal Praud, l’agitateur médiatique sur CNEWS, totalement sur une ligne républicaine-conservatrice, est tout à fait en faveur de la PMA. Ces deux pôles ont le même rôle qu’aux États-Unis : assécher le terrain de la lutte de classes, polariser de manière fictive.

Et cela marche. Il n’aura échappé à personne justement que, en ce moment, l’idéologie LGBT se répand de manière la plus subjectiviste, que dans chaque lycée il y a une voire plusieurs personnes s’imaginant « trans » et affichant un nihilisme outrancier et morbide à ce sujet. Le capitalisme fait littéralement un hold-up sur le mal-être et propose comme solution non pas de changer la société, mais de changer son propre corps, de le rendre consommable. Et comme cela ne marche pas, que cela ne résout rien, les jeunes tombant dans le panneau sont obligés de toujours plus en rajouter.

Et le turbocapitalisme en rajoutera. Et le conservatisme en rajoutera. Et le turbocapitalisme en rajoutera. Etc. Sans fin, comme aux États-Unis. Sauf si la Gauche historique renaît de ses cendre et démolit ce plan d’écrasement de la conscience des gens.

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Écologie

Enfin ! La chasse à la glu est déclarée illégale en France

Le Conseil d’État a rendu lundi 28 juin 2021 une décision qui était très attendue. La chasse à glu est enfin reconnue comme illégale, conformément au jugement du 17 mars de la Cour de justice de l’Union européenne ayant donné raison à One Voice et la Ligue française pour la protection des oiseaux (LPO) qui mènent un combat de longue haleine à ce sujet.

C’était une barbarie d’un autre temps, qui n’était plus pratiqué qu’en France… Rappelons que cela consiste en le fait de piéger des oiseaux sur des branches au moyen d’une colle. C’est aussi abject que lâche, et enfin la société française reconnaît officiellement qu’une telle chasse est inadmissible.

Voici une vidéo de la LPO documentant cette pratique qui appartient maintenant au passé (à condition que la légalité soit reconnue en pratique, ce qu’il faudra surveiller bien entendu) :

Et comme le rappel très bien One Voice dans sa communication, il s’agit maintenant de continuer la bataille pour les animaux, car il y a encore énormément à faire :

« La chasse à la glu, c’est T-E-R-M-I-N-É ! On continue le combat contre les autres chasses traditionnelles: quatre ans que nous attaquons systématiquement les arrêtés devant le @Conseil_Etat. Pour les oiseaux, nous irons jusqu’au bout. #LaChasseUnProblèmeMortel »

Voici enfin le communiqué de la LPO du lundi 28 juin 2021 :

« C’est la fin de la chasse à la glu !

Le Conseil d’Etat vient de donner raison à la LPO et d’annuler les derniers arrêtés ministériels autorisant le piégeage à la glu d’oiseaux sauvages en France. 

Le 29 novembre 2019, pour la première fois depuis des années, le Conseil d’Etat ne déboutait pas la LPO de son recours sur la légalité du piégeage des oiseaux à la glu (1) et décidait d’interroger la Cour de Justice de l’Union Européenne. Le 17 mars 2021, cette dernière confirmait l’illégalité de cette pratique au regard de la Directive européenne de protection des oiseaux. Comment aurait-il pu en être autrement puisque l’Espagne et Malte avaient déjà été condamnées pour les mêmes pratiques ?

Par un jugement rendu ce 28 juin 2021, le Conseil d’Etat vient donc d’annuler les derniers arrêtés ministériels accordés pour les saisons 2018-2019 et 2019-2021 et confirme ainsi que la chasse à la glu est illégale.

Des procédures juridiques longues et fastidieuses.

La LPO a mené la bataille pendant plus de 5 ans avant de finir par gagner : cette pratique odieuse et non sélective dont furent victimes des milliers d’oiseaux chaque année (quelques 40 000 oiseaux), et qui laisse libre cours à tous les trafics (2) est définitivement abolie. Plus aucun gouvernement français ne pourra désormais utiliser le levier des dérogations pour contourner la Directive européenne de protection des oiseaux. Déjà, pour la saison 2020-2021, le Président de la République lui-même avait suspendu la signature dans l’attente du jugement du Conseil d’Etat. 

Pour la Cour de Justice de l’Europe comme pour le Conseil d’Etat, plus haute juridiction française, le piégeage à la glu ne respecte pas la Directive Européenne pour les Oiseaux parce qu’il n’est pas sélectif (des oiseaux protégés se font également capturer), et parce qu’il existe d’autres solutions pour imiter le chant des oiseaux utilisés comme appelants. La CJUE va même plus loin en reconnaissant pour la première fois la nécessité de respecter la sensibilité animale. Ces attendus confirment que d’autres piégeages dits traditionnels sont de fait tout aussi illégaux : dans le Sud-Ouest on continue de piéger des oiseaux avec des filets et des matoles (cages métalliques) ; dans le Massif Central on les écrase avec des pierres plates ; dans les Ardennes on les étrangle avec des collets et on leur tire la queue pour les faire appeler… Dans tous les cas ces modes de piégeage ne sont pas sélectifs, et les alternatives existent. 

La LPO a obtenu cette victoire contre l’Etat français qui a toujours défendu ces pratiques. Elle exige désormais de sa part :

* l’abrogation de l’arrêté cadre du 17/8/1989(3)sur l’emploi des gluaux; 

* l’inscription de l’interdiction de la chasse à la glu dans la loi

* la libération des centaines d’oiseaux capturés illégalement et encore détenus aujourd’hui dans la perspective de les utiliser comme d’appelants ;

* la destruction des huttes de chasses construites bien souvent illégalement sur le domaine public de l’ONF et des collectivités ;

* l’interdiction de la commercialisation et de l’utilisation de la glu comme méthode de destruction des animaux, y compris pour les insectes et les rongeurs compte tenu de l’absence de sélectivité et des souffrances ainsi infligées(4)

Allain Bougrain Dubourg en appelle désormais à la responsabilité du gouvernement français :

« A la veille d’accueillir le Congrès Mondial de l’UICN en septembre à Marseille, la France, qui se veut exemplaire en matière de biodiversité, serait cohérente en mettant un terme définitif à ces piégeages d’un autre temps qui conjuguent la capture d’espèces parfois protégées et la maltraitance de la faune sauvage. »

(1) Le piégeage à la glu consiste à encoller des baguettes pour attraper des oiseaux censés rester vivants, afin de s’en servir comme appelants. Après être restés des semaines dans le noir, les oiseaux placés dans des cages accrochées aux arbres se mettent à chanter à la lumière, attirant ainsi leurs congénères qui sont tirés à bout portant. Tous les oiseaux, protégés ou non, se font ainsi piéger : ils se débattent dans la glu, avant d’être détachés par aspersion de diluants type essence F4. A l’aide de caméras, la LPO a pu prouver que non seulement cette pratique n’est pas sélective, mais que de nombreux oiseaux, y compris protégés, sont blessés voire tués pendant ces manipulations voir la vidéo ICI.

(2) Toutes ces pratiques qui perdurent sous prétexte de « traditions » permettent la vente libre des pièges et masquent de nombreux actes de braconnages et trafics de petits oiseaux tantôt pour la bouche (brochettes de pinsons et autre rouge-gorge) tantôt pour le chant (chardonnerets et autres linottes mélodieuses).

(3) L’arrêté du 17 août 1989 est celui par lequel la France a dérogé illégalement à la Directive européenne de protection des oiseaux en autorisant l’emploi des gluaux pour la capture des grives draines, litornes, mauvis et musiciennes et des merles noirs, destinés à servir d’appelants à des fins personnelles, dans les départements des Alpes-de-Haute-Provence, des Alpes-Maritimes, des Bouches-du-Rhône, du Var et de Vaucluse et dans les conditions strictement contrôlées définies ci-après afin de permettre la capture sélective et en petites quantités de ces oiseaux, puisqu’il n’existe pas d’autre solution satisfaisante.

(4) La LPO a reçu de nombreux témoignages y compris photographiques d’oiseaux insectivores comme les mésanges victimes de pièges à insectes utilisant de la glu. »

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Politique

Suspension de la réforme de l’assurance chômage

Le Conseil d’État n’a pas jugé sur le fond le réforme de l’assurance chômage, mais il l’a suspendu en attendant (elle était prévue pour le 1er juillet 2021). Voici les communiqués de la CGT, de la CFDT et de la CGT-FO qui s’en félicite, tout en rappelant que la mobilisation doit continuer à ce sujet :

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Société

Roland-Garros: quand le sommet de l’État cède à quelques nantis

En autorisant les 5 000 spectateurs de la demi-finale messieurs du tournoi de Roland-Garros vendredi 11 juin 2021 à braver le couvre-feu, le sommet de l’État a fait un acte de lutte des classes. C’est le bon vouloir du prince pour une minorité bourgeoise et sans aucune justification sociale, au mépris du plus grand nombre et de toute responsabilité collective. Bien que symbolique, cela constitue un acte anti-démocratique d’une grande portée politique. 

Le tennis est devenu en France ces dernières années un sport très populaire, embrassant toutes les classes sociales. Il n’empêche que culturellement, cela reste un sport bourgeois et marqué par un style grand bourgeois. Le tournoi annuel de Roland-Garros, l’une des quatre plus prestigieuses épreuves mondiales, est particulièrement lié à ce style typique de l’Ouest parisien, avec la grosse montre de luxe, le Perrier citron et le pull en laine posé sur le polo Lacoste au col relevé. Les rencontres ont lieu dans le très chic XVIe arrondissement de la capitale et les billets sont particulièrement chers et difficiles à se procurer. 

Il y a tout un système garantissant l’entre-soi puisque les billets sont d’abord vendus aux présidents de clubs, avant d’être disponibles pour les licenciés de la Fédération et ensuite au grand public. Cela sans compter bien sûr toutes les possibilités de copinage plus ou moins officielles, avec les places réservées pour les partenaires plus ou moins officiels, les entreprises, etc. 

Tout cela fait que le public de la demi-finale du tournoi 2021 entre Novak Djokovic et Rafael Nadal ne consistait pas en n’importe qui d’un point de vue de classe. Et le gouvernement a donc fait le choix de leur céder, de céder à un caprice de grands bourgeois. 

Cela faisait en effet plusieurs jours que tous ces gens hurlaient au scandale chaque soir, quand il fallait interrompre la partie pour leur demander de partir afin de respecter le couvre-feu, comme n’importe quelle autre personne en France. On avait ainsi des nantis habitués à ce que toute la société soit dédiée à leur service et leur bon vouloir, refusant systématiquement tout effort collectif, qui ne comprenait pas qu’on leur demande de faire comme tout le monde. 

La décision a donc été prise en haut lieu de leur céder, et ces gens ont tout de suite compris (par réflexe de classe) qu’il s’agissait du bon vouloir du prince : “merci Macron, merci Macron’, ont-ils alors scandé dans le stade, de manière aussi honteuse que pathétique. Il a ensuite été fait préciser par la presse que la décision venait du cabinet du premier Ministre et non pas de l’Élysée, probablement pour ne pas trop écorcher l’image d’Emmanuel Macron, ni renforcer son étiquette de président des riches. Mais on a du mal à croire que le président lui-même puisse ne pas être mouillé dans une telle décision.

En attendant, il est complètement hallucinant qu’une telle attention soit portée à si peu de gens, pour leur autoriser quelque chose n’ayant à ce point aucun sens. Cela en dit tellement long sur la décadence au sommet de l’État et le décalage existant entre la bourgeoisie et le reste de la société.

Jamais une telle décision n’aurait été prise pour du football par exemple, car on retrouve dans les stades un public essentiellement issu des classes populaires et dont l’habitude n’est justement pas d’insulter l’intérêt collectif et la discipline sociale. C’est là un marqueur de classe significatif, et il est temps que la société se mette à jour en ayant au pouvoir les bonnes personnes, c’est-à-dire justement les classes populaires !

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Écologie

L’autorité de sureté nucléaire s’inquiète de la gestion des déchets radioactifs

Le nucléaire est une folie, et c’est d’autant plus une folie quand il a lieu dans le cadre d’un capitalisme en crise, de plus en plus incapable d’assurer des choses aussi élémentaires que penser à s’occuper des déchets radioactifs… Voici à ce sujet le communiqué très inquiétant de l’autorité de sûreté nucléaire, un organisme d’État.

« L’ASN a rendu ses avis sur la gestion des matières et déchets radioactifs

Publié le 07/06/2021 à 14:00

Note d’information

Saisie par le ministère chargé de l’énergie dans le cadre de l’édition 2016-2018 du Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR), l’ASN a rendu, en 2020 et 2021, sept avis sur la gestion des matières et des déchets radioactifs produits sur le territoire national. Dans ces avis, l’ASN souligne notamment le fait que des décisions seront nécessaires, à court terme, afin que des filières de gestion sûres soient disponibles pour tous les types de déchets radioactifs dans les 15 à 20 ans à venir.

Ces avis se fondent sur l’analyse approfondie des études remises par les producteurs et gestionnaires de matières et déchets radioactifs en application de l’arrêté du 23 février 2017[1], sur les conclusions du débat public mené pour la première fois en 2019 en vue de la préparation du 5e PNGMDR, et sur les grandes orientations décidées par la ministre de la transition écologique et le président de l’ASN le 21 février 2020 à la suite du débat public. Ils ont pour objectif de fournir des recommandations d’actions concrètes, sur des sujets pour lesquels des décisions peuvent être prises dès à présent ou à défaut, pendant la durée du plan.

L’ASN insiste sur l’importance d’anticiper les choix de gestion des matières et des déchets radioactifs. En particulier, l’ASN considère que :

  • le caractère valorisable des matières radioactives doit être apprécié en tenant compte des horizons temporels de disponibilité des filières industrielles d’utilisation de ces matières, et des volumes de matières concernés. La valorisation d’une matière radioactive peut être considérée comme plausible si l’existence d’une filière industrielle est réaliste à un horizon d’une trentaine d’années. Pour toute perspective plus lointaine, il est nécessaire d’anticiper les besoins d’entreposage sur les durées correspondantes, plus longues qu’une trentaine d’années, dans des conditions sûres, et la gestion possible de la substance radioactive en tant que déchetEn tout état de cause, l’absence de perspective d’utilisation à l’horizon d’une centaine d’années doit conduire à requalifier la substance en déchet. Ces principes doivent être notamment appliqués pour une quantité substantielle de l’uranium appauvri actuellement entreposé en tant que matière ;
  • la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie devra définir les perspectives audelà de 2040 en matière de retraitement des combustibles usés afin que les actions nécessaires à un arrêt ou à une poursuite de cette politique puissent être anticipées ;
  • Dans l’attente de solution de stockage, les besoins en entreposage doivent être anticipés. En particulier, la réalisation de capacités supplémentaires pour l’entreposage de combustibles usés constitue un enjeu stratégique pour la sûreté globale des installations nucléaires. EDF doit déposer au plus tôt un dossier de demande d’autorisation de création pour l’option d’une piscine d’entreposage centralisé qu’elle a choisi ;
  • l’entreposage de longue durée ne peut pas constituer une solution définitive pour la gestion des déchets à haute activité à vie longue. Il suppose en effet le maintien d’un contrôle de la part de la société et la reprise des déchets par les générations futures, ce qui semble difficile à garantir sur des périodes de plusieurs centaines d’années ;
  • la transmutation des déchets déjà conditionnés de l’inventaire de réserve de Cigéo n’est pas une perspective crédible à l’échelle industrielle. Si des études devaient se poursuivre sur le sujet, il conviendrait de les faire porter sur la transmutation des substances radioactives actuellement qualifiées de matières ou sur la transmutation des déchets produits par un futur parc de réacteurs ;
  • les producteurs doivent mettre en œuvre un programme ambitieux de caractérisation des colis de déchets bitumés, indispensable pour démontrer que tout ou partie de ces colis pourrait être stocké avec un haut niveau de sûreté dans le centre de stockage Cigéo, sans traitement préalable ;
  • les exploitants doivent mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour reprendre et conditionner les déchets anciens (RCD) de haute et moyenne acticité vie longue (HA-MA/VL) produits avant 2015 dont ils sont responsables, dans le respect du délai de 2030 fixé par la loi, en priorisant les actions du point de vue de la sûreté ;
  • Afin d’anticiper la création de stockages de déchets de très faible activité (TFA) répondant aux besoins, l’ANDRA doit déposer une demande d’augmentation de la capacité autorisée du CIRES au moins six ans avant la saturation prévue et étudier la mise en place d’installations complémentaires de stockage de déchets TFA, centralisé ou décentralisé ;
  • la valorisation de certains types de déchets TFA, dont les volumes produits seront importants, doit être encouragée, notamment par la mise en place d’un cadre spécifique de dérogation et de contrôle pour la valorisation de matériaux métalliques de faible activité ;
  • les efforts doivent être accentués pour permettre la création de capacités de stockage des déchets de faible activité vie longue (FA-VL). à cet égard, l’ANDRA doit remettre d’ici mi 2023, un dossier présentant les options techniques de sûreté retenues pour le stockage de déchets FA-VL en faible profondeur sur le site de la communauté de communes de Vendeuvre‑Soulaines (Aube).

Dans ces avis, l’ASN souligne la nécessité d’associer l’ensemble des parties prenantes intéresséesnotamment les représentants des territoires impliqués ou susceptibles de l’être, aux choix de gestion pour les déchets de très faible activité (TFA), les déchets de faible activité à vie longue (FA-VL), les stockages historiques de déchets radioactifs et la gestion des eaux issues des anciens sites miniers d’uranium, en s’appuyant en particulier sur des analyses multicritères pluralistes[2].

Le projet de 5e PNGMDR, désormais élaboré sous l’unique responsabilité du ministère de la transition écologique, fera l’objet de consultations de l’Autorité environnementale et du public d’ici la fin de l’année 2021. En parallèle, l’ASN rendra un dernier avis sur les projets de textes réglementaires du 5e PNGMDR. Le plan tel qu’arrêté par le Gouvernement fera ensuite l’objet d’une évaluation par le Parlement. »

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Politique

« Montjoie Saint Denis », un nouveau coup d’éclat d’extrême-droite

Le petit attentat contre le président Emmanuel Macron mardi 8 juin 2021 est significatif de l’époque : la société en crise charrie une Droite qui s’assume de plus en plus et des activistes d’extrême-droite assumant de plus en plus le romantisme sur le mode du coup d’éclat.

Il n’y a aucun doute sur l’identité politique de l’agresseur d’Emmanuel Macron à Tain-l’Hermitage dans la Drôme. On a à faire à un royaliste dans la mouvance de l’Action Française, issu de toute la tradition développée par Charles Maurras.

Son action, une gifle au président de la République en criant « Montjoie Saint Denis ! A bas la macronie » est absolument typique. On a quelque-chose se voulant très radical et transgressif, mais qui est en réalité insignifiant sur le plan du contenu et de la forme. Cela est violent certes, mais ce n’est qu’un coup d’éclat, une occasion pour asséner un cri de ralliement romantique sur le mode du slogan.

« Montjoie Saint-Denis » renvoie à toute la mythologie nationaliste des royalistes français s’imaginant puiser dans l’Histoire de France. Il ne s’agit en fait que de folklore et de culte irrationnel à partir d’imageries féodales datant d’avant l’apparition de la France, pour appuyer un discours nationaliste tout ce qu’il y a de plus contemporain. Le slogan est ici censé faire référence à la défense de la France, sur le mode chevaleresque.

On remarquera que le youtubeur Papacito, qui vient de défrayer la chronique avec sa vidéo appelant à liquider physiquement la Gauche, est pareillement un admirateur des Wisigoths, sur un mode idéalisé.

En ce qui concerne les termes « Montjoie Saint-Denis », on les retrouve dans le fameux poème médiéval la Chanson de Roland, qui est une affirmation féodale chrétienne à l’époque des croisades. Cela n’a bien sûr aucun rapport avec la situation actuelle, ni avec la prétendue « macronie ».

Mais les nationalistes n’ont certainement pas besoin de voir de rapport entre les choses, car ils ne fonctionnent pas de manière rationnelle. Emmanuel Macron est pour eux la cible de choix, un symbole, pour dérouler la fiction d’un discours politico-culturel au contenu aboutit.

On notera au passage la grande décadence des services de protection de l’État français, incapable d’assurer le minimum pour ce qui est censé être la figure la plus importe des institutions françaises en la personne du président de la République. En l’occurrence, une simple émission télévisée de divertissement, Quotidien, avait pu discuter avec le protagonistes et ses acolytes… 4 heures avant les faits et connaître leurs motivations !

Ces gens étaient donc sur place depuis longtemps, facilement identifiable de par un certain look, et surtout assumant publiquement leur discours royalistes. On a l’un d’eux (pas le gifleur) parlant du déclin de la France et se disant anarchiste, ce qui est typique des activistes de l’Action Française pour qui le royalisme consisterait en « l’anarchie + 1 », c’est-à-dire l’anarchie (soit l’absence de toute modernité étatique et de toute structure sociale centralisée) + le Roi (c’est-à-dire une figure mystique romantique s’imposant à tout, pour tuer toute expression la société, au-delà des classes, etc.).

On notera au passage la grande incohérence de ces activistes d’extrême-droite, avec l’ami du gifleur qui s’exprimait à la caméra en expliquant regretter le fait que le président dise « on n’a pas de culture » (sous-entendu française, nationale)… alors qu’il porte lui-même un t-shirt avec l’immonde figure du Joker de Batman, ce qui est en soi une agression culturelle (ou anti-culturelle si l’on veut).

Toujours est-il que ces gens ont le vent en poupe, ils se sentent portés par l’époque. Et l’État n’est même pas capable d’assurer le service minimum pour les contenir et prévenir un tel coup d’éclat. Cela en dit très long sur l’ambiance en France et ce à quoi il faut s’attendre dans la période à venir.

Il est plus que jamais temps pour la Gauche de relever la tête et d’assumer sa tâche historique qui est d’écraser la Droite et toutes les expressions de celle-ci au moyen de la démocratie populaire.

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Politique

Impôt mondial: communiqué d’Attac dénonçant une « non-avancée historique »

L’organisation Attac a représenté dans les années 2000 la quintessence de tout un courant « altermondialiste » en France, critiquant le libéralisme économique en affirmant qu’il était possible de réguler le capitalisme en s’attaquant notamment à l’évasion fiscale.

Il est tout à fait logique qu’Attac ait porté une grande attention à l’accord des ministres des Finances du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) au sujet d’un taux d’impôt minimal mondial sur les sociétés. C’était historiquement, pour résumer dans les grandes lignes, la grande revendication d’Attac… Et c’est en 2021 un grand échec.

L’organisation est obligée de constater dans son communiqué du samedi 5 juin 2021 que tout cela ne rythme à rien. Le problème de fond est contourné par à un discours « ultra » où il est prétendu qu’il faudrait encore « plus ». En réalité, on comprend à la lecture du communiqué qu’il n’y a pas grande chose à attendre de ce genre de considération.

L’altermondialisme s’est imaginé durant les années 2000 pouvoir contourner la lutte des classes et la bataille du socialisme pour dépasser le capitalisme. En 2021, il apparaît de plus en plus évidant qu’aucune avancée n’aura lieu sans la lutte des classes et la bataille du socialisme pour dépasser le capitalisme.

Voici le communiqué d’Attac que l’on sent plein d’amertume :

« Taux de 15 % sur les multinationales : une non-avancée historique

Les ministres des finances du G7 ont donné leur accord à l’instauration d’un taux d’impôt minimal mondial sur les sociétés (IS) d’« au moins 15% » (communiqué commun publié samedi 5 juin [1]). La satisfaction qu’ils ont affichée et leur empressement à présenter cette décision comme une « avancée historique » montre qu’aucun ne veut faire plus et mieux. En réalité, l’histoire retiendra surtout que, dans une période exceptionnelle, et alors que le nouveau Président des États-Unis avait lui-même proposé un taux minimum de 21 %, cet accord constitue une réelle « non-avancée ».
 
Le bénéfice à attendre de cette mesure est marginal à court terme : il atteindrait 2,5 à 4 milliards d’euros au maximum en France contre 16 milliards avec un taux de 21%. A long terme, il peut même être négatif. Certes, des recettes peuvent être dégagées par l’application de ce taux aux multinationales du numérique et à celles présentes dans des paradis fiscaux : encore faut-il s’assurer qu’il n’y aura aucune fuite de base imposable… Mais surtout, ce faible taux continuera par ailleurs de nourrir l’intense concurrence fiscale qui se traduit, notamment, par une course à la baisse des taux nominaux et réels de l’IS. Les données de l’OCDE [2] montrent que le taux légal moyen de l’IS a déjà fortement baissé : il a reculé de 7,4 points entre 2000 et 2020. Elles montrent aussi [3] que, sur 36 pays étudiés, seuls 3 (L’Irlande, le Chili et la Hongrie) présentent un taux nominal d’IS inférieur en 2021. Les gouvernements des pays qui présentent un taux nominal plus élevé pourraient arguer qu’il faut s’aligner sur ce taux de 15 %. Avec pour conséquences des pertes budgétaires importantes et une aggravation de l’injustice fiscale et sociale.
 
Par ailleurs, rien n’est précisé sur l’assiette sur lequel il sera calculé. Les travaux menés au sein de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) montrent qu’il existe une possibilité selon laquelle ce taux ne s’applique qu’à une partie des bénéfices. Ce qui réduirait d’autant plus le faible intérêt de ce taux. Cette crainte est d’autant plus fondée que le communiqué du G7 finances évoque « une solution équitable sur l’attribution des droits d’imposition, les pays du marché se voyant attribuer des droits d’imposition sur au moins 20 % des bénéfices dépassant une marge de 10 % pour les entreprises multinationales les plus grandes et les plus rentables ». Le bénéfice sur lequel se calculerait ce taux risque donc d’être bien réduit… Il y a cependant fort à parier que les États et les intérêts perdants (car il y en a tout de même) feront pression sur les futures négociations, quand bien même ils ont eu satisfaction sur une grande partie de leurs demandes… Enfin, suivant la méthode de répartition et de calcul retenue, cet accord pourrait surtout bénéficier aux pays riches et oublier les pays pauvres et en développement si la répartition du léger surplus s’effectue vers les pays où les multinationales ont leurs sièges.
 
Ce projet de taux minimum d’IS de 15 % montre que la volonté politique de combattre l’évasion fiscale et de faire en sorte que chacun paie sa « juste part » est déficiente. C’est donc une occasion manquée dans un contexte où les États ont tous besoin de ressources supplémentaires et de cohésion sociale. En choisissant un taux plus bas que celui proposé par Joe Biden, les gouvernements ont raté une occasion qui, pour le coup, aurait pu constituer une véritable avancée. Ils ont de facto choisi de ne pas se dégager de marges de manœuvre supplémentaires pour faire face aux conséquences de la crise et aux enjeux sociaux et écologiques. Ils ont également choisi de maintenir des différences entre les grands groupes et les PME, qui subissent de longue date un taux réel d’imposition supérieurs. En d’autres termes, faisant le choix du taux minimum le plus bas possible (2,5 point au dessus de celui de l’Irlande…) mais le maximum en termes de communication, ils ont fait le choix du maintien de l’injustice fiscale et sociale.

Au fond, la seule nouveauté aura été de parvenir à un accord sur un sujet important. Pour Attac, la perspective d’un taux mondial minimum à 25 % calculé sur l’ensemble des bénéfices aurait constitué une avancée majeure. Plus que jamais, une taxation unitaire, calculée sur l’ensemble des profits mondiaux et répartie selon des critères objectifs, permettrait de neutraliser la concurrence fiscale et de combattre l’évasion fiscale, tout en donnant de réelles marges de manœuvre aux États pour financer les enjeux sociaux, écologiques et économiques auxquels ils font face.

Notes

[1] Policy paper, G7 Finance Ministers and Central Bank Governors Communiqué, Updated 5 June 2021.

[2] OCDE, Statistiques sur l’impôt sur les sociétés, deuxième édition, 2020.

[3] Overall statutory tax rates on dividend income, OCDE.stat »

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Politique

Le PS annonce son prochain congrès avec la présidentielle 2022 en ligne de mire

Le Parti socialiste tenait un Conseil national et son premier secrétaire Olivier Faure a fait un discours mardi 1er juin pour en préciser les orientations. Il est question du prochain congrès (le 79e), qui se tiendra les 18 et 19 septembre à Villeurbanne, dans l’agglomération de Lyon.

L’enjeu est très clair et assumé : le PS entend se doter pour l’automne prochain d’une candidature forte et avec un projet reconnu en vue de la présidentielle de 2022. On comprend à travers les lignes qu’il s’agira de la candidature d’Anne Hidalgo, bien que son nom ne soit pas cité et que cela n’a ainsi pour l’instant rien d’officiel.

Olivier Faure a en tous cas bien expliqué en quoi il entendait faire du PS une force centrale à Gauche en 2022, à défaut d’être encore la force centrifuge de la Gauche française. Dans le contexte de la campagne électorale pour les élections régionales et départementales actuellement, il en a profité pour rappeler que le PS est « la formation de gauche la mieux implantée dans les territoires », ce qui est tout à fait vrai.

On a ainsi le droit à un discours très à Gauche dans la forme, dans les prétentions, avec notamment une prise de conscience très nette du danger que représente l’extrême-droite et le nationalisme. Pour ce qui est du fond et du contenu cependant, on a du mal à imaginer comment le PS arrivera à soulever les classes populaires en France d’ici à 2022.

Olivier Faure n’a pas grand-chose de plus à proposer que faire croire en l’Union européenne (« vraie bonne nouvelle ») ou la subvention des voitures électriques… C’est léger, et surtout bien trop décalé par rapport aux enjeux de l’époque, avec en arrière plan une tendance généralisée à la guerre et une crise économique d’envergure.

Olivier Faure imagine-t-il vraiment qu’il aura du succès en prétendant que l’endettement européen ou l’élection de Joe Biden aux États-Unis sont des bonnes choses ? Il y a de quoi en douter. En attendant, il a au moins le mérite de proposer, d’essayer d’appuyer un projet concret tout en allant dans le sens d’une reconstruction et d’une unité de la Gauche.

Voici le discours :

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Société

Le tabagisme a augmenté en 2020

À l’occasion de la journée mondiale Sans Tabac qui a lieu chaque 31 mai, l’Agence Santé publique France a publié les dernières données sur le tabagisme en 2020. Celles-ci sont mauvaises : pour la première fois depuis longtemps, le nombre de fumeur n’a pas reculé.

Le tabac sera bientôt considéré comme un vestige du 20e siècle, une bizarrerie propre à une société à la fois industrielle et moderne, mais en même temps complètement à la traîne sur le plan des mœurs et de la santé publique.

En attendant, le tabac existe encore largement. Si le nombre de fumeurs quotidien a baissé de 1,9 millions entre 2014 et 2019, ce qui est considérable, il a légèrement augmenté en 2020. Ce sont ainsi 31,8% des 18-75 ans qui fument au moins occasionnellement, dont 25,5 % qui fument quotidiennement. C’est à dire un français sur quatre !

Est-ce là un seuil, qu’il sera difficile de franchir, ou bien simplement une erreur de parcours due à une année particulière marquée par la crise sanitaire et un confinement ? Il est certain en tous cas qu’il reste beaucoup de travail à faire pour débarrasser la société de ce fléau.

Le tabac est largement ostracisé, les paquets sont très chers, il est interdit dans de nombreux endroits, personne ne peut remettre en cause ses effets délétères, les campagnes anti-tabac (notamment sur les paquets eux-mêmes) sont très agressives, etc. Mais tout cela ne semble pas suffire, car le problème est bien plus ancré qu’un simple raisonnement sur le « choix » de fumer ou non.

La question se pose en effet en profondeur, car elle est culturelle. Ce que relève d’ailleurs très bien la Ligue contre le cancer qui vient de publier une étude montrant que le tabac est présent dans 90 % des films français sortis entre 2015 et 2019. Cela donne en moyenne une présence du tabac de 2,6 minutes par film, soit l’équivalent de « six spots publicitaires ».

Il ne faudrait pas croire cependant qu’il s’agit là simplement de « lobbying », aussi puissante l’industrie du tabac puisse-t-elle être. Si le tabac fonctionne très bien dans la société, c’est parce qu’il est conforme culturellement à cette société. En l’occurrence, à la société de consommation marquée par le capitalisme.

Le tabac est en fait l’archétype du produit de luxe mis à disposition de tout le monde grâce à l’industrie. Ce n’est qu’en changeant la nature de cette production industrielle en général, à la base, que peuvent avoir lieu les bouleversements socio-culturels suffisant pour éradiquer le tabac et le tabagisme.

Et inversement : il faudra de la part de la société française une grande force morale pour assumer le bouleversement culturel nécessaire à un changement de modèle économique qui ferait qu’on soit capable d’arrêter la production de cigarettes. Plus précisément ici faut-il parler des classes populaires, et encore plus précisément de la classe ouvrière.

Autrement dit, on ne changera pas le monde avec des fumeurs, mais avec une classe ouvrière capable de renverser vraiment la table du capitalisme et de ses valeurs, dont le tabagisme est un marqueur.

Ce n’est justement pas pour rien que le tabac est particulièrement présent dans les classes populaires. Les données 2020 montrent que le tabagisme quotidien a encore plus augmenté pour le tiers de la population dont les revenus sont les moins élevés (de 30% en 2019 à 33% en 2020). Et il y a 15 points d’écart entre les revenus les plus bas et les plus haut en ce qui concerne la prévalence du tabac. C’est énorme.

On comprend ainsi aisément que du côté des riches, il y a une prise de conscience bien plus importante de sa propre santé. Cela est tout à fait vrai aussi en ce qui concerne l’alimentation, l’activité physique, le repos, le rapport aux écrans, les soins psychologiques, etc.

Du côté des classes populaires par contre, il y a une grande passivité face à la société de consommation permise par le capitalisme. Cela paraît pourtant évident : la cigarette est un symbole du capitalisme, elle n’a rien de populaire, elle exprime une dépendance, une auto-destruction. Mais avec 33 % de fumeurs dans les classes populaires, on est encore très loin de cette prise de conscience.

La lutte contre le tabagisme doit donc être un sujet de première importance pour la Gauche véritable, c’est même un combat démocratique et populaire fondamental à mener sur le plan culturel.

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Écologie

Loi contre la maltraitance animale : lettre ouverte au gouvernement

Voici une lettre ouverte au gouvernement par l’association Convergence Animaux Politique, jointe par de nombreuses organisations de la protection animale et plusieurs parlementaires.

« Lettre ouverte à Monsieur le Premier ministre, Jean Castex, aux ministres Barbara Pompili, Julien Denormandie et Marc Fesneau

Le 29 janvier 2021, l’Assemblée nationale adoptait une proposition de loi ambitieuse et pragmatique, visant à renforcer la lutte contre la maltraitance animale. Ce texte, porté par les rapporteurs Loïc Dombreval, Laëtitia Romeiro Dias et Dimitri Houbron, et voté par une très large majorité des députés, doit permettre d’assurer une meilleure protection des animaux de compagnie et de mettre fin à la captivité de nombreux animaux sauvages.

Cependant, il n’a toujours pas été mis à l’ordre du jour du Sénat, ce qui compromet son adoption finale par le Parlement. Nous demandons donc au gouvernement d’agir, afin que le débat puisse avoir lieu au Sénat dans les plus brefs délais.

Nous souhaitons porter à votre attention les enjeux majeurs liés à l’adoption de cette loi. Nous pensons, comme 89%** de nos concitoyens, qu’il est temps que notre société intègre davantage d’humanité dans notre rapport aux animaux. Un pan entier des êtres vivants doués de sensibilité est aujourd’hui laissé sans protection suffisante et il appartient aux décideurs politiques d’y remédier.

Depuis plusieurs années, un grand nombre de parlementaires se mobilisent pour traduire cette demande des citoyens dans le Droit. C’est pourquoi nous sommes convaincus que l’important travail effectué par les députés et les ONG autour de cette proposition de loi doit être poursuivi par les sénateurs. L’avenir de notre démocratie requiert un fonctionnement efficace de nos institutions.

Nous demandons donc au gouvernement d’intervenir pour que ce texte soit mis à l’ordre du jour du Sénat. Le gouvernement s’étant engagé, à plusieurs reprises, à accorder une meilleure protection aux animaux, il est de sa responsabilité de favoriser l’aboutissement de cette proposition de loi.

Monsieur le Premier ministre, Madame et Messieurs les ministres, ne manquons pas l’opportunité de nous montrer collectivement à la hauteur de ces enjeux. »

** 89% des Français jugent la cause animale importante, selon un sondage IFOP de 2019.

Les signataires 

43 Organisations de protection animale :

ACTA Gironde
Action Protection Animale
Alliance Anticorrida
Animal Cross
Animal Justice et Droit
Association de protection des animaux par le droit (APRAD)
Association en faveur de l’abattage des animaux dans la dignité (AFAAD)
Association Justice Animaux Savoie
Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS)
Association Stéphane Lamart
Association Végétarienne de France
AVES France
C’est Assez !
Code Animal
Collectif Chats 100% Stérilisation Obligatoire
Comité scientifique Pro Anima
Confédération nationale Défense de l’Animal
Convention Vie et Nature
Convergence Animaux Politique (CAP)
CRAC Europe
Droits des animaux
Education Ethique Animale
Enfant Animal Nature prévention de la violence
Fédération des luttes pour l’abolition des corridas (FLAC)
Fondation Brigitte Bardot
France Nature Environnement
Groupement de réflexion et d’action pour l’animal (GRAAL)
Humanisma
L214 éthique et animaux
La Fondation Droit Animal, Ethique et Sciences (LFDA)
OEuvre d’Assistance aux Bêtes d’Abattoirs (OABA)
One Voice
Paris Animaux Zoopolis
PETA France
Rassemblement pour une France sans Chasse (RAC)
Réseau des centres de soins de la faune sauvage
Réseau-Cétacés
Sea Shepherd France
SEEVAD
Société nationale pour la défense des animaux (SNDA)
Vegan Impact
Volée de piafs
Welfarm

30 parlementaires :

Erwan Balanant, député
Esther Benbassa, sénatrice
Aurore Bergé, députée, Présidente déléguée du groupe LREM à l’Assemblée
Pierre-Yves Bournazel, député
Michel Castellani, député
Samantha Cazebonne, députée
Eric Diard, député
M’Jid El Guerrab, député
Olivier Falorni, député
Guillaume Gontard, sénateur, Président du groupe écologiste, solidarité et territoires au Sénat
Dimitri Houbron, député, rapporteur de la proposition de loi contre la maltraitance animale
Hubert Julien-Laferrière, député
Jean-Luc Lagleize, député
Karine Lebon, députée
Vincent Ledoux, député
Patricia Lemoine, députée
Jean-Michel Mis, député
Valérie Petit, députée
Florence Provendier, députée
Caroline Roose, eurodéputée
Laurianne Rossi, députée, Questeure de l’Assemblée nationale
Laurence Rossignol, sénatrice, Vice-présidente du Sénat
André Vallini, sénateur, Ancien ministre des Relations avec le Parlement
Corinne Vignon, députée
Cédric Villani, député
Stéphane Viry, député
Michel Zumkeller, député
Anne-Laurence Petel, députée
Sabine Rubin, députée
David Corceiro, député

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Culture

«Asphalte Hurlante», la poésie métropolitaine de La Caution en mai 2001

Au mois de mai 2001 il y a 20 ans, le groupe La Caution sortait l’incroyable album « Asphalte Hurlante ». C’était un disque à part, avec son approche totalement pop et en même temps une sophistication musicale et lyrique extrêmement poussée, typiquement parisienne.

Autrement dit, La Caution avait réussi l’exploit d’une synthèse entre le rap « Versaillais » (qui mélangeait le fun à la sophistication instrumentale) et le récit de tranches de vie authentiquement populaires des HLM de Noisy-le-Sec en Seine-Saint-Denis.

Cela a donné des textes magnifiques, mais relativement difficiles à appréhender, ainsi que musicalement un style électro et « cassé » peu accessible de prime abord. C’était en fait l’apogée de pratiquement trente ans de musique « urbaine », depuis « The Revolution Will Not Be Televised » de Gil Scott-Heron en 1970.

Cela marquait en 2001 pour les amateurs de musique un véritable tournant vers le 21e siècle, avec une poésie métropolitaine d’une grande profondeur culturelle. Rien que la pochette de l’album est une grande réussite.

Voici la transcription du morceau « Souvent », poésie sombre exprimant à merveille la folie des grandes métropoles.

Souvent [La Caution]

[Nikkfurie & Hi-Tekk]
On associe les paramètres.
Les quartiers de France comme système métrique,
Se base sur l’arithmétique de masse et sa rime maîtrise.
Hélas, on a mis l’éthique en place et la rue s’excite.
On nage dans la prise de risque, face à ça : notre charisme d’équipe.
C’est tout con, vu l’style, de traces conductrices,
De haine combustible, en fait : on se duplique.
Une toux convulsive, toute pleine d’onces d’usine,
La peste ondule vite, Hi-tekk plombe une cible.
Je me dis : « nom d’une pipe », réflexe translucide,
De la merde : on butine, de la merde : on butine…

[Hi-Tekk]
Je m’arrête net, en parachute,
Dans les bars à neusks ou les bars à putes.
Dans ce cas, je l’assume et je cavale plus,
Loin des stars de l’anus et de leurs parades nulles.
Leurs carnavals, loin des bases navales, me rendent paranoïaque.
Les narvallos jactent,
Fais gaffe à nos actes, on se masque à l’occaz’,
On marche à l’orgasme paranormal…

[Refrain]
Souvent, on parle d’avant,
Parfois, on parle d’après,
Parfois, on parle d’argent,
Souvent, on parle de vrai.
Parfois, on est 40,
Souvent, on est tout seul,
Parfois, on r’monte la pente,
Souvent, on est sur le seuil.
Souvent, ça boit de l’alcool,
Souvent, ça fume du shit.
Parfois, ça parle de rap,
Tout le temps, on voit les flics.
Parfois ça s’entraide,
Parfois ça s’embrouille,
Souvent, ça galère sec,
Tout le temps : les rêves se rouillent !

[Nikkfurie]
Le flic : un dos d’âne anodin, doté du don d’abattre au teint,
Dompté d’un tonneau de vin d’antan, pendant qu’un badaud meurt d’OD.
La France d’auteur d’Alphonse Daudet, de Danton à Baudin,
Mentir de Sedan à Meudon, du bandit au mendiant, du lundi au lundi.
Du condé qui condamne à la place du juge et qui t’emmerde,
C’est bien au placard qu’il t’emmène, ça a une odeur de chrysanthème…

[Hi-Tekk]
Je représente l’injection létale,
Pour les pointeurs la peur se présente : inspectons les caves.
Pour eux : la peine capitale et maximale.
Après maintes questions légales,
On m’assimile à la peste en HLM habitacle.
Elle reflète la misère, après on se plaint que les cons s’éclatent…

[Nikkfurie]
Compte jusqu’à 10, on gravite au-dessus de notre maigre discographie.
Bon nombre d’africains trafiquent, arrivent en avion, en navire.
Regarde la poésie d’ici, car aucun pro n’hésite ici,
Ici personne n’est justicier et le choix des armes est judicieux…

[Refrain]
Souvent, on parle d’avant,
Parfois, on parle d’après,
Parfois, on parle d’argent,
Souvent, on parle de vrai.
Parfois, on est 40,
Souvent, on est tout seul,
Parfois, on r’monte la pente,
Souvent, on est sur le seuil.
Souvent, ça boit de l’alcool,
Souvent, ça fume du shit.
Parfois, ça parle de rap,
Tout le temps, on voit les flics.
Parfois ça s’entraide,
Parfois ça s’embrouille,
Souvent, ça galère sec,
Tout le temps : les rêves se rouillent !

[Nikkfurie]
On dépayse le racisme avec des armes dignes de Maciste.
On se fout de l’aristocratie : le rap, mon art dit trop crasseux.
Si la France était un poumon, nos tours en seraient les cancers !
Si la France était un sumo, nos tours en seraient les Pampers !
Si la France était un rouleau, nos tours seraient ce qu’il compresse !
Si la France, c’était les journaux, nous en serions les faits divers…

[Hi-Tekk]
Je suis complètement à côté de la plaque,
Un pote me casse les yeuks avec ses histoires de cunnilingus.
En face de moi le mur est sale, je vois que l’urine s’incruste.
L’odeur de bière est omniprésente.
Au final, avec la justice, ceux qui la subissent trinquent plus.
Je me dis que l’ultime insulte est celle qui vise mes ancêtres,
Quand on les traite en stupides incultes.
J’aimerais qu’à l’usine s’insurgent les prolétaires,
Qu’ils baisent la France patronale.
Quand je me défoule,
Plus je nique un truc, plus je me dis que dans ma vie,
Je suis l’unique intrus.
Je me prends un stop.
C’est anormal.
Sur les bancs publics s’incrustent,
Nos embrouilles sur la corde raide.
Ma haine : une forteresse munie d’instrus…

[Refrain]
Souvent, on parle d’avant,
Parfois, on parle d’après,
Parfois, on parle d’argent,
Souvent, on parle de vrai.
Parfois, on est 40,
Souvent, on est tout seul,
Parfois, on r’monte la pente,
Souvent, on est sur le seuil.
Souvent, ça boit de l’alcool,
Souvent, ça fume du shit.
Parfois, ça parle de rap,
Tout le temps, on voit les flics.
Parfois, ça s’entraide,
Parfois, ça s’embrouille,
Souvent ça galère sec,
Tout le temps : les rêves se rouillent !

Parfois c’est Hi-Tekk, souvent c’est du bon son
Parfois c’est Nikkfurie, tout le temps c’est La Caution
Parfois on parle de nos pères, parfois on parle de nos mères
Souvent de faits divers, jamais on ne sort de nos sphères
Parfois c’est Hi-Tekk, souvent c’est du bon son
Parfois c’est Nikkfurie, tout le temps c’est La Caution
Souvent, parfois, tout le temps, jamais en transe, maintenant, souvent

Parfois c’est Hi-Tekk, souvent c’est du bon son
Parfois c’est Nikkfurie, tout le temps c’est La Caution
Parfois c’est DJ FAB, souvent c’est du bon son
Parfois c’est KEROZEN, tout le temps c’est La Caution

L’album a été réédité en 2002 dans une « Ultime édition » avec quelques morceaux supplémentaire, dont le sublime Metropolis :

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Delphine Batho contre le démarchage téléphonique

La députée « Génération Écologie » Delphine Batho a malheureusement choisi de tourner le dos à la Gauche en 2018. C’est une grande perte, un véritable échec politique dans nos rangs. On le voit notamment quand on suit son activité parlementaire : elle réussit souvent à viser juste, à être pertinente, malgré de faibles moyens politiques et idéologiques. C’est le cas à propos de l’écologie bien sûr, mais aussi régulièrement en ce qui concerne la vie quotidienne du peuple, par exemple à propos de ce poison qu’est le démarchage téléphonique.

La députée des Deux-Sèvres est à l’origine d’une proposition de loi s’opposant au gouvernement dont un projet de décret d’application est dénoncé comme un « véritable permis de harceler » pour les démarcheurs. Le texte dénonce avec pertinence l’échec du système « Bloctel », laissant la porte ouverte à une « véritable pollution téléphonique qui fait des citoyens des consommateurs 24 heures sur 24 ».

Delphine Batho fait montre à ce sujet d’un véritable intérêt pour les gens, leur quotidien, leurs peines. Cela reflète une démarche franchement démocratique et populaire, qui ne peut cependant que rester limitée et faible sans la grande vue générale que permet la Gauche.

Voici l’exposé des motifs de cette proposition de loi du 18 mai 2021 (n°4167) « visant à interdire le démarchage téléphonique et à garantir le droit à la tranquillité de chacune et chacun à son domicile » :

« Mesdames, Messieurs,

Selon une enquête de l’UFC – Que Choisir, 100 % des Français jugent le démarchage téléphonique « agaçant » et constatent qu’il est en augmentation. Ce harcèlement téléphonique lié à la prospection commerciale, qui avait temporairement diminué lors du premier confinement dans le contexte de la pandémie de covid‑19, augmente à nouveau. Il suscite à juste titre une exaspération grandissante que la représentation nationale doit entendre et à laquelle il convient d’apporter des réponses nouvelles.

Véritable pollution téléphonique qui fait des citoyens des consommateurs 24 heures sur 24, même lorsqu’ils sont à leur domicile, et parfois même la nuit, ces appels intempestifs, extrêmement intrusifs, perturbent la tranquillité à laquelle chacune et chacun a droit et constituent une véritable invasion de la société de consommation dans la vie privée.

« Jusqu’à quinze, voire davantage, appels par jour. Avec de plus en plus souvent le culot de se présenter comme personnel EDF, ou mandaté du conseil départemental et même par le gouvernement ! Je suis sur liste « rouge » ou « Bloctel » : mais ils s’en fichent totalement ».

« Vendredi dernier, vers 18 h 45, j’ai été importuné par une personne voulant m’imposer à tout prix l’isolation à un euro. Suite à mon refus, ce démarcheur n’a rien voulu entendre et même est allé jusqu’à me dire que j’étais « hors la loi ». Après avoir raccroché, il m’a aussitôt rappelé à partir d’un autre numéro en insistant lourdement, me donnant même un numéro de dossier, me demandant mon revenu fiscal et voulant fixer contre mon gré un rendezvous avec une entreprise, incapable de dire laquelle. Me voyant toujours opposé, il m’a proposé l’isolation du soussol et m’a mis en relation avec une autre personne ».

« L’affichage du numéro de téléphone n’empêchera pas le téléphone de sonner à toute heure de la journée, voire de la nuit. Ce qui est un problème de fond. La liberté de ne pas être importuné dans sa sieste, quand le bébé dort enfin, quand tout le foyer dort la nuit ».

Défini à l’article L. 221‑16 du code de la consommation, le démarchage téléphonique est l’acte par lequel un professionnel « contacte un consommateur par téléphone en vue de conclure un contrat portant sur la vente d’un bien ou sur la fourniture d’un service ».

Face à la demande de protection des consommateurs et afin de mettre fin aux nuisances provoquées, la loi n° 2014‑344 du 17 mars 2014 relative à la consommation a institué une liste spécifique dite « Bloctel » (ordonnance n° 2016‑301 du 14 mars 2016 relative à la partie législative du code de la consommation) sur laquelle peuvent s’inscrire les citoyens qui ne souhaitent plus recevoir d’appels téléphoniques commerciaux non sollicités. Le Conseil national de la consommation estime à plus de 3,7 millions le nombre de consommateurs s’étant inscrit sur cette liste. Au 1er octobre 2018, 226 000 fichiers de professionnels avaient été traités, représentant 155 milliards de numéros de téléphone et 5 milliards de numéros repoussés ([1]). Ce système s’avère inefficace, et beaucoup de citoyens qui se sont inscrits pour ne plus recevoir d’appels continuent d’en subir. En effet, depuis début 2018, on dénombre plus de 200 500 signalements de consommateurs ([2]) inscrits sur Bloctel continuant de recevoir des appels de démarchage à des fins commerciales. Les secteurs les plus signalés étant l’habitat et la rénovation (82 % des signalements), l’énergie (79 % des signalements), le secteur assurantiel (49 %) ou encore la voyance (32 %) ([3]). Enfin, les données disponibles au 30 septembre 2018 faisaient apparaître que seules 1 062 entreprises avaient souscrits à Bloctel, dont 655 seulement avaient encore un abonnement en cours au 30 septembre 2018. Les réclamations des consommateurs ont conduit à 638 contrôles depuis 2016. Entre juillet 2016 et janvier 2018, 134 entreprises ont été sanctionnées. Il faut également ajouter la faiblesse des sanctions : 15 000 euros pour une personne physique contactant une personne inscrite sur le fichier d’opposition et 75 000 euros s’il s’agit d’une personne morale.

Entre temps, le Règlement européen n° 2016/679 dit règlement général sur la protection des données (RGPD) est entré en vigueur le 25 mai 2018. Son article 4 définit le consentement comme « toute manifestation de volonté, libre, spécifique, éclairée et univoque par laquelle la personne concernée accepte, par une déclaration ou par un acte positif clair, que des données à caractère personnel la concernant fassent l’objet d’un traitement ». Cependant le droit de l’Union européenne n’impose le consentement préalable du consommateur que pour la prospection commerciale automatisée, c’est‑à‑dire les courriels, mails, SMS ou télécopies. L’article L. 34‑5 du code des postes et des communications électroniques interdit ainsi « la prospection directe au moyen d’un automate d’appel, d’un télécopieur ou d’un courrier électronique utilisant, sous quelque forme que ce soit, les coordonnées d’une personne physique qui n’a pas exprimé son consentement préalable à recevoir des prospections directes par ce moyen ». Ainsi les numéros de téléphone utilisés pour la prospection commerciale échappent au statut applicable à l’ensemble des données personnelles numériques.

De nombreux pays européens, comme l’Allemagne, le Danemark ou encore le Portugal, ont néanmoins assujetti les numéros de téléphone au même régime que celui prévu par le RGPD en optant pour un système reposant sur le recueil préalable du consentement du consommateur. Ainsi, au Danemark, le consentement préalable du consommateur à être démarché téléphoniquement est requis (sous réserve d’exceptions dans les domaines de la presse, des assurances ou d’abonnements aux services de secours et au transport sanitaire). En Allemagne, un consommateur ne peut être appelé à des fins publicitaires par une entreprise sans lui avoir donné son consentement exprès ([4]). L’Association de défense des consommateurs au Portugal, DECO, a par ailleurs constaté une baisse des plaintes de consommateurs suite à la mise en place, en 2012, de l’optin. Enfin, face à l’échec de la liste d’opposition, le Royaume‑Uni a également fait le choix de l’optin en 2018. Désormais, les entreprises doivent s’assurer qu’elles ont le consentement du destinataire avant d’appeler.

La proposition de loi visant à encadrer le démarchage téléphonique et à lutter contre les appels frauduleux a été promulguée le 24 juillet 2020. Si cette loi comporte des avancées telles que l’interdiction du démarchage pour la rénovation énergétique, sauf contrat en cours, ou encore des dispositions pour mieux lutter contre les appels frauduleux, celle‑ci se contente seulement « d’encadrer » le démarchage téléphonique, et reste basée sur l’objectif d’améliorer l’efficacité du dispositif Bloctel, lequel s’avère largement inefficace. Au cours des débats parlementaires, il est apparu que cette loi privilégie délibérément les intérêts des opérateurs des centres d’appels sur le droit à la tranquillité de toutes et tous.

Enfin, le projet de décret d’application de cette législation, présenté récemment par le gouvernement, délivre aux opérateurs un véritable permis de harceler. Celui‑ci prévoit d’autoriser la prospection téléphonique du lundi au vendredi de 9 heures à 19 heures, même le samedi de 10 heures à 18 heures, avec un répit d’une ou deux heures le midi. Par ailleurs, une même entreprise serait autorisée à appeler quatre fois par mois une même personne pour une même proposition commerciale, même si celle‑ci a été refusée dès le premier appel.

La présente proposition de loi propose donc de consacrer en France le droit à la tranquillité de chacune et chacun à son domicile et à interdire de fait le démarchage téléphonique lorsqu’il n’est pas souhaité, en lui appliquant le principe du consentement actif tel que prévu par le RGPD. Ainsi, nul ne pourrait plus faire l’objet d’aucun démarchage téléphonique s’il n’a pas donné son accord exprès, comme cela se pratique à l’heure actuelle pour les SMS ou les courriels, ou si l’appel n’entre pas dans le cadre d’une sollicitation directement liée à l’objet d’un contrat en cours.

Aucun argument économique ne peut justifier de laisser perdurer des stratégies commerciales basées sur le harcèlement et l’intrusion dans la vie privée. Cette proposition de loi défend donc une économie saine et loyale, où les consommateurs sont respectés.

Tel est l’objet de la présente proposition de loi.

L’article 1er prévoit que la prospection commerciale par voie téléphonique n’est autorisée que si le professionnel a reçu le consentement du consommateur, ou dans le cadre de sollicitations ayant un rapport direct avec l’objet d’un contrat en cours.

L’article 2 abroge le chapitre III du titre II du livre II du code de la consommation relatif à l’opposition au démarchage téléphonique.

En conséquence, l’article 3 abroge la mention faite au treizième alinéa de l’article L. 224‑30 du code de la consommation de la faculté de s’inscrire sur la liste d’opposition au démarchage téléphonique.

L’article 4 dispose que la présente proposition de loi s’applique à compter du 1er juillet 2021.

Telles sont les dispositions qu’il vous est proposé d’adopter. »

([1])  Rapport n°1448  fait au nom de la Commission des Affaires économiques sur la proposition de loi visant à encadrer le démarchage téléphonique et lutter contre les appels frauduleux – 28 novembre 2018.

([2])  Rapport du Groupe de travail « Démarchage téléphonique » du Conseil national de la consommation – 22 février 2019.

([3])  Rapport n°1448  fait au nom de la Commission des Affaires économiques sur la proposition de loi visant à encadrer le démarchage téléphonique et lutter contre les appels frauduleux – 28 novembre 2018.

([4])  Rapport n°310 fait au nom de la Commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d’administration générale sur la proposition de loi, adoptée par l’Assemblée nationale, visant à encadrer le démarchage téléphonique et à lutter contre les appels frauduleux – 13 février 2019.

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Société

La récupération dans les déchetteries: entre dignité et business

Il existe un phénomène récurrent, bien que souvent interdit, dans les déchetteries en France : la récupération des objets jetés par les particuliers. Il s’agit de récupérer de la vaisselle, du mobilier, des vélos, des livres, des vinyles, de l’électro-ménager, des cartons, des vêtements même, etc.

En somme beaucoup de choses sont pratiquement récupérables en déchetterie, mais il se pose la question « pourquoi ? » Qu’apporte la récupération à ceux qui récupèrent ?

C’est ici que se distingue deux catégories de récupérateurs : ceux animés par un esprit alternatif, par une volonté de faire vivre des objets, de les restaurer, les utiliser, pour les partager et éviter le gaspillage. Ces personnes le font dans un esprit démocratique et véritablement populaire en se disant simplement ; pourquoi jeter ce qui est encore utilisable et utile, pourquoi le « valoriser » alors qu’il peut encore servir et que tant d’autres marchandises seront produites ?

Il peut tout aussi bien s’agir d’associations qui récupèrent des vélos pour les remettre en état et ainsi les remettre à disposition gratuitement (ou à prix réduit) des habitants du coin, d’associations qui récupèrent des ordinateurs et qui le remettent en état, les passent sous un système d’exploitation Linux et pareillement les mettent à disposition du plus grand nombre et font la promotion du logiciel libre.

On peut aussi rajouter à cette catégorie, les personnes venant jeter des objets à la déchetterie, les laissant délibérément sur les côtés des bennes pour que les gens puissent les récupérer.

En fait ces gens et associations formulent, de manière primaire, une critique de la société de consommation, du capitalisme, il ne s’agit pas pour la plupart d’un retour en arrière ou d’une décroissance, mais simplement d’un prolongement de vie des objets. C’est comme une friperie, mais pour la plupart des objets. Il s’agit donc d’un aspect positif, démocratique et valorisant le collectif, s’agissant pour une grande partie d’associations ayant aussi pour but de démocratiser leurs pratiques, d’élever le niveau de culture du peuple, avec les associations de vélos proposant des ateliers de remise en état des vélos.

La deuxième catégorie des personnes voit les déchetteries, tout comme les entreprises les gérant, comme un marché à ciel ouvert. Ce sont des individualistes pour qui tout n’est que marchandise, qui chercheront à tirer le maximum de profits des déchets, pour aller les « valoriser » eux-mêmes.

Ainsi il s’agit d’avantage ici de personnes opérant seules et plutôt la nuit pour ‘piller’ les déchetteries, en prenant les choses de valeurs comme les téléphones, la ferraille, l’électro-ménager pour aller le revendre en casse, en déchetterie privées, sur les sites en ligne, bref pour en tirer un profit.

Elles remplacent ici les entreprises gérant ces mêmes déchetteries pour particuliers, qui sont dans une grande partie des cas simplement des sous-traitants des déchetteries, qui s’occupent de vendre les déchets pour qu’ils soient « valorisés », c’est à dire incinéré, recyclés ou reconditionnés (ou détruits). Ces personnes là agissent en libéraux ne s’occupant que de leur égo alors qu’elles pourraient mettre ces objets à disposition du peuple. Il s’agit d’ailleurs régulièrement d’une petite partie des agents des déchetteries eux-même qui, déçus par un travail dangereux, mal-payé et individualistes, cèdent à la facilité de l’argent facile.

Il est clair qu’il faut que le peuple se saisisse de la difficile question de gestion des déchets, que cela soit organisé d’une manière démocratique, pour que ce qui peut avoir une utilité culturelle ou sociale ne soit pas jeter mais remis en état. En attendant cela, il faut reconnaître la dignité des associations et personnes œuvrant à faire renaître les objets et leur donner une seconde vie, à passer des heures à essayer de réparer tout un tas de choses, à les partager.

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Antonio Gramsci, « Je hais les indifférents »

 » Je hais les indifférents. Je crois comme Friedrich Hebbel que « vivre signifie être partisans ». Il ne peut exister seulement des hommes, des étrangers à la cité. Celui qui vit vraiment ne peut qu’être citoyen, et prendre parti. L’indifférence c’est l’aboulie, le parasitisme, la lâcheté, ce n’est pas la vie. C’est pourquoi je hais les indifférents.

L’indifférence est le poids mort de l’histoire. C’est le boulet de plomb pour le novateur, c’est la matière inerte où se noient souvent les enthousiasmes les plus resplendissants, c’est l’étang qui entoure la vieille ville et la défend mieux que les murs les plus solides, mieux que les poitrines de ses guerriers, parce qu’elle engloutit dans ses remous limoneux les assaillants, les décime et les décourage et quelquefois les fait renoncer à l’entreprise héroïque.

L’indifférence œuvre puissamment dans l’histoire. Elle œuvre passivement, mais elle œuvre. Elle est la fatalité; elle est ce sur quoi on ne peut pas compter; elle est ce qui bouleverse les programmes, ce qui renverse les plans les mieux établis; elle est la matière brute, rebelle à l’intelligence qu’elle étouffe.

Ce qui se produit, le mal qui s’abat sur tous, le possible bien qu’un acte héroïque (de valeur universelle) peut faire naître, n’est pas tant dû à l’initiative de quelques uns qui œuvrent, qu’à l’indifférence, l’absentéisme de beaucoup. Ce qui se produit, ne se produit pas tant parce que quelques uns veulent que cela se produise, mais parce que la masse des hommes abdique devant sa volonté, laisse faire, laisse s’accumuler les nœuds que seule l’épée pourra trancher, laisse promulguer des lois que seule la révolte fera abroger, laisse accéder au pouvoir des hommes que seule une mutinerie pourra renverser.

La fatalité qui semble dominer l’histoire n’est pas autre chose justement que l’apparence illusoire de cette indifférence, de cet absentéisme. Des faits mûrissent dans l’ombre, quelques mains, qu’aucun contrôle ne surveille, tissent la toile de la vie collective, et la masse ignore, parce qu’elle ne s’en soucie pas. Les destins d’une époque sont manipulés selon des visions étriquées, des buts immédiats, des ambitions et des passions personnelles de petits groupes actifs, et la masse des hommes ignore, parce qu’elle ne s’en soucie pas. Mais les faits qui ont mûri débouchent sur quelque chose ; mais la toile tissée dans l’ombre arrive à son accomplissement: et alors  il semble que ce soit la fatalité qui emporte tous et tout sur son passage, il semble que l’histoire ne soit rien d’autre qu’un énorme phénomène naturel, une éruption, un tremblement de terre dont nous tous serions les victimes, celui qui l’a voulu et celui qui ne l’a pas voulu, celui qui savait et celui qui ne le savait pas, qui avait agi et celui qui était indifférent. Et ce dernier se met en colère, il voudrait se soustraire aux conséquences, il voudrait qu’il apparaisse clairement qu’il n’a pas voulu lui, qu’il n’est pas responsable.

Certains pleurnichent pitoyablement, d’autres jurent avec obscénité, mais personne ou presque ne se demande: et si j’avais fait moi aussi mon devoir, si j’avais essayé de faire valoir ma volonté, mon conseil, serait-il arrivé ce qui est arrivé ? Mais personne ou presque ne se sent coupable de son indifférence, de son scepticisme, de ne pas avoir donné ses bras et son activité à ces groupes de citoyens qui, précisément pour éviter un tel mal, combattaient, et se proposaient de procurer un tel bien.

La plupart d’entre eux, au contraire, devant les faits accomplis, préfèrent parler d’idéaux qui s’effondrent, de programmes qui s’écroulent définitivement et autres plaisanteries du même genre. Ils recommencent ainsi à s’absenter de toute responsabilité. Non bien sûr qu’ils ne voient pas clairement les choses, et qu’ils ne soient pas quelquefois capables de présenter de très belles solutions aux problèmes les plus urgents, y compris ceux qui requièrent une vaste préparation et du temps. Mais pour être très belles, ces solutions demeurent tout aussi infécondes, et cette contribution à la vie collective n’est animée d’aucune lueur morale; il est le produit d’une curiosité intellectuelle, non d’un sens aigu d’une responsabilité historique qui veut l’activité de tous dans la vie, qui n’admet aucune forme d’agnosticisme et aucune forme d’indifférence.

Je hais les indifférents aussi parce que leurs pleurnicheries d’éternels innocents me fatiguent. Je demande à chacun d’eux de rendre compte de la façon dont il a rempli le devoir que la vie lui a donné et lui donne chaque jour, de ce qu’il a fait et spécialement de ce qu’il n’a pas fait. Et je sens que je peux être inexorable, que je n’ai pas à gaspiller ma pitié, que je n’ai pas à partager mes larmes. Je suis partisan, je vis, je sens dans les consciences viriles de mon bord battre déjà l’activité de la cité future que mon bord est en train de construire.

Et en elle la chaîne sociale ne pèse pas sur quelques uns, en elle chaque chose qui se produit n’est pas due au hasard, à la fatalité, mais elle est l’œuvre intelligente des citoyens. Il n’y a en elle personne pour rester à la fenêtre à regarder alors que quelques uns se sacrifient, disparaissent dans le sacrifice; et celui qui reste à la fenêtre, à guetter, veut profiter du peu de bien que procure l’activité de peu de gens et passe sa déception en s’en prenant à celui qui s’est sacrifié, à celui qui a disparu parce qu’il n’a pas réussi ce qu’il s’était donné pour but.

Je vis, je suis partisan. C’est pourquoi je hais qui ne prend pas parti. Je hais les indifférents.

Antonio Gramsci, 11 février 1917″

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Société

La sélection de Karim Benzema pour l’Euro 2020 ou le triomphe de l’opportunisme

Didier Deschamps a pendant longtemps campé fermement sur ses positions au sujet de la sélection de Karim Benzema… avant de finalement céder, car l’opportunisme est partout dans la société française des années 2020 pourrie par le capitalisme.

Le footballeur Karim Benzema est du genre à s’afficher sur Instagram avec une Rolex en or rose 18 carats, dont le prix équivaut à plus de deux ans de SMIC. C’est un personnage vulgaire dont les attitudes, les comportements, les propos, les fréquentations, sont détestables, et détestés.

Il y a eu la sordide affaire de la « sex tape », une tentative d’extorsions de fonds envers un autre joueur de football (l’affaire sera jugée en octobre 2021). Il y a eu l’affaire de la mineure prostituée Zahia (il a finalement été relaxé), il y a eu le crachat juste à la fin de la Marseillaise qui était jouée lors d’un match de football quelques jours après les attentats de novembre 2015 à Paris. Il y a eu l’apparition dans l’immonde clip de gangsta-rap Walabok de Booba.

Mais le summum avait été atteint en juin 2016 lorsque Karim Benzema avait de manière honteuse et lâche insinué que Didier Deschamps ne le sélectionnait pas… car il aurait « cédé à une partie raciste de la France ». C’était d’autant plus honteux que Karim Benzema avait lui-même expliqué quelques années auparavant se sentir algérien et n’en avoir rien à faire de l’équipe de France, ne faisant qu’un choix purement opportuniste sur le plan sportif.

Ses accusations de racisme avaient donc profondément choqué le pays et cela mettait fin, définitivement pensait-on, à sa carrière en équipe de France. En tous cas avec Didier Deschamps aux commandes.
C’est qu’il y a des limites à ne pas dépasser, et c’était là l’indélicatesse de trop de la part d’un jeune homme apparaissant définitivement comme un enfant pourri gâté, indigne d’attention. Didier Deschamps, par honneur personnel, mais surtout pour coller à l’opinion populaire, a donc assumé pendant de nombreuses année de se priver d’un des buteurs les plus efficaces au monde.

Et le président de la Fédération Française de Football, Noël Le Graët, rappelait en 2019 que :

 « Karim Benzema, c’est un très bon joueur, je n’ai jamais mis en doute ses qualités. Au contraire, il montre au Real Madrid qu’il est un des meilleurs joueurs à son poste. Mais l’aventure (équipe de) France est terminée. »

Que s’est-il donc passé en ce mois de mai 2021 pour que tout d’un coup tout cela disparaisse ? Karim Benzema est finalement sélectionné en équipe de France, à la joie de Noël Le Graët, et cela est vu comme une bonne nouvelle, simplement l’aboutissement heureux d’un conflit soi-disant personnel entre lui et le sélectionneur…

Quelle honte, qu’elle manque d’honneur et de fierté de la part d’une société française elle-même pourrie gâtée par le capitalisme. C’est le triomphe de l’opportunisme le plus vil, l’effondrement de toute prétention à incarner des valeurs, des attitudes, un mode de vie, une communauté.

Et dans la population cela ne passera pas. L’écrasante majorité des gens s’intéressant au football français approuvait la mise à l’écart de Karim Benzema, qui se situe d’ailleurs dans la continuité de la mise à l’écart d’autres individualistes talentueux (Nicolas Anelka, Eric Cantona, David Ginola, etc.)

Alors bien entendu, il y a l’espoir de victoire qui neutralise en partie les critiques, pour le moment. Mais les gens conscients comprennent que ce renversement reflète le cynisme contaminant toute la société.