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Guerre

12 miles nautiques avant la 3e guerre mondiale

Le seuil de déclenchement de la guerre entre la Chine et Taïwan est fixé.

En réponse à la visite début août de Nancy Pelosi sur l’île de Taïwan, la République populaire de Chine considère devoir agir en représailles. Elle accentue la pression avec une salve d’incursions militaires aériennes et maritimes à proximité de l’île.

Depuis début août, l’armée chinoise a pénétré au moins 446 fois dans la zone d’identification de défense aérienne de l’île de Taïwan avec des chasseurs J-16 et des bombardiers tactiques JH-7. C’est près de la moitié du nombre total d’incursions en 2021 qui étaient de 969 (il n’y en avait eu « que » 380 en 2020).

Cela n’a rien d’illégal au sens strict, car on ne parle pas de l’espace aérien d’un pays au sens où celui-ci aurait le droit voire même le devoir d’abattre directement les aéronefs et navires concernés. Il s’agit plutôt d’une zone définie par les autorités de Taïwan comme consistant en la dernière limite à ne pas franchir ; chaque avion en provenance du continent chinois dans cette zone est censé devoir être identifié et ciblé par les différents moyens de défense.

La même chose se produit en mer avec pareillement plusieurs bâtiments militaires (au moins 7) s’approchant de l’île et activant les systèmes et procédures de défense. Ce faisant, la Chine procède en un harcèlement assumé, pour user moralement et matériellement les défenses de l’île rebelle inféodée à la superpuissance américaine.

Les autorités taïwanaises sont alors acculées. Soit elles cèdent, et c’est le début de la fin pour elles. Soit elles répondent graduellement, et c’est l’escalade, et donc le début de la fin quand même… Pour l’instant, début septembre 2022, les autorités taïwanaises prétendent encore à la mesure et au contrôle de la situation. La « présidente » Tsai Ing-wen appelle au calme prétendant ne pas vouloir « provoquer une guerre  » :

« Je veux dire à chacun que plus l’ennemi provoque, plus nous devons être calmes. »

Elle ajoute pourtant :

« j’ai demandé au ministère de la Défense de prendre de fermes contre-mesures au moment approprié pour défendre la sécurité de l’espace aérien ».

Et donc le chef adjoint de l’état-major général taïwanais pour les opérations et la planification a expliqué que plus les incursions seront proches, plus il y aura de contre-mesures fortes.

Concrètement la limite des 12 milles nautiques a été fixé, définissant de fait le point de non retour vers la guerre.

« Pour les avions et navires chinois qui entrent dans nos eaux territoriales et notre espace aérien à moins de 12 milles de l’île, l’armée nationale exercera le droit de légitime défense et de contre-attaque sans exception « .

La République populaire de Chine est très proche de cette limite, mais elle ne l’a jamais franchie, sauf avec des drones dont un a été abattu le 1er septembre. Elle explique toutefois qu’elle n’en a rien à faire et ne reconnaît aucune légitimité à cette limite.

Le porte-parole de la diplomatie chinoise Zhao Lijian répond de but en blanc :

« Taïwan est une province de la Chine et elle n’a pas de ‘ministère de la Défense’. Les actions des autorités taïwanaises pour aggraver les tensions ne veulent rien dire ».

Au contraire, cela veux tout dire. Les choses sont maintenant posées et définies. Si elle veut la guerre, la République populaire de Chine n’a plus qu’une chose à faire, c’est s’approcher à moins de 12 miles de l’île et provoquer le tir de défense attendu qui déclencherait la guerre.

Un mile, c’est 1,852 km. 12 miles, c’est 22,224 kilomètres. Début septembre 2022, à peine 23 km d’océan nous séparent d’une étincelle déclenchant la 3e guerre mondiale qui a, de toute façon, déjà commencé concrètement avec la guerre Ukraine – Russie, qui a l’affrontement entre la superpuissance américaine et son challenger chinois comme arrière-plan.

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Société

Le vélo devant son ordinateur, solution pour éviter la violence routière?

Le réalisme virtuel de Zwift est une respiration.

Le cyclisme est un sport et un loisir formidable. Être performant sur des petites courses de village au printemps après s’être entraîné méticuleusement l’hiver durant procure une joie indescriptible. Parcourir des kilomètres et des kilomètres l’été, tout simplement parce qu’on adore rouler et qu’on est très en forme à force de rouler, est une des plus douces passions du monde.

Mais il y a un grand « mais », c’est qu’il faut subir les automobilistes sur la route. De nos jours, cela devient insupportable, et surtout dangereux. La société française se décompose de l’intérieur et les comportements anti-sociaux sont légion sur la route. À la ville, à la campagne, c’est pareil, de pire en pire.

La violence routière n’est pas nouvelle, certes. D’ailleurs, les automobiles, les motos et les scooters, sont en soi dangereux, même avec des conducteurs vigilants et bien formés. Cependant, la situation s’est largement dégradée dans les années 2010, puis encore plus avec la crise sanitaire.

N’importe quel cycliste régulier est formel là-dessus : de plus en plus d’automobilistes impatients, agressifs, doublant dangereusement, insultants même les plus jeunes. L’actualité des accidents mortels est terrifiante. Saluons ici le combat de l’association « Mon vélo est une vie » qui s’est donné pour mission de changer les choses… et qui relaie régulièrement des accidents, encore des accidents, toujours des accidents.

Voici ce que dit son président, avec beaucoup de réalisme :

« Pendant toutes ces années, lorsque je montais sur mon vélo, je redevenais le petit garçon que j’étais. Le vélo a pendant très longtemps été une échappatoire de la vie de tous les jours. Désormais, quand je monte sur mon vélo, mes rêves ont laissé place à la peur et à la tragique réalité des accidents de la route. La démarche initiée vise à faire comprendre à tout le monde que la route se partage. »

La presse quotidienne régionale se fait presque tous les jours l’écho de ces drames. Et les chiffres sont formels : l’année 2021 a été une année noire pour les cyclistes avec une augmentation de 21% des morts par rapport à 2019 (avant la pandémie).

Sans compter que tout cela ne dit rien des accidents n’entraînant que des traumatismes considérés comme bénins et des blessures a priori superficielles. Tout cela ne dit rien non-plus de la violence que subissent les cyclistes lorsqu’ils ne sont pas percutés. Car se faire doubler de près à toute vitesse est quoi qu’il arrive une violence. Cela traumatise, cela plombe.

Il y a à ce sujet un immense manquement de la part des autorités qui se focalisent sur l’accidentalité grave pour communiquer, mais négligent totalement l’insécurité routière la plus banale, pourtant la plus courante. A propos, on peut lire une réflexion très intelligente faite par le rédacteur en chef de la revue de la Ligue contre la violence routière dans un édito de juin 2022, publié en ligne en août 2022 :

« Le paradoxe est saisissant. Grâce au développement du numérique, nous n’avons jamais disposé d’autant de données sur le sujet de la sécurité routière. Cette masse d’information, aussi dénommée data, devrait théoriquement améliorer la connaissance, la compréhension et la capacité à évaluer les mesures prises.

Pourtant, la désinformation n’a jamais été aussi massive.

Pourtant, l’État semble désormais prendre ses décisions au seul regard du baromètre de l’acceptabilité. »

En effet, c’est typique de l’époque. Il y a de grands moyens matériels et sociaux, on pourrait faire des choses formidables, mais pourtant tout se casse la figure et le monde devient de plus en plus insupportable.

Cette question des données permises par le numérique est essentielle. Ce devrait en effet être le support à une prise de conscience générale de la situation, entraînant forcément les moyens de changer les choses. Parce que le réel ne ment pas, parce que quand on regarde en face les problèmes, on trouve forcément des solutions. Mais c’est l’inverse qui se produit et notre époque est celle du triomphe des apparences, de la superficialité, des raccourcis, du grotesque, de la mise en scène. Le numérique en général et internet en particulier, à notre époque, est surtout un véritable gâchis.

Il y a toutefois de rares espaces qui échappent à cette règle. C’est le cas avec la musique, si l’on creuse bien, avec quelques artistes authentiques ayant une démarche profondément populaire, qui profitent justement des immenses possibilités techniques offertes par le numérique et la facilité de diffusion d’internet.

C’est aussi le cas pour le vélo avec la généralisation des applications de cyclisme en ligne. Cela date déjà d’il y a quelques années, puis avec le confinement de 2020 il y a eu un véritable décollage. La plus intéressante et utilisée d’entre-elles est Zwift.

Il faut un home-trainer à entraînement direct qui puisse être connecté à un ordinateur en Bluetooth. On enlève sa roue arrière et l’on vient poser directement la chaine à une sorte de « roue » fixe, intégrant directement différents niveaux de résistance au niveau du moyeu. La révolution numérique vient du fait que le logiciel choisisse les différents niveaux de résistances auxquels le cycliste doit s’adapter.

On le comprend tout de suite, cela permet de simuler des pentes, des descentes et des parties plates. Ensuite, il suffit de relier tous les home-trainers entre-eux sur internet, de proposer un décors virtuel, et voilà la possibilité de sortir à vélo depuis son salon !

C’est très efficace, et vraiment réaliste en termes de sensations. On trouve ainsi des sorties en groupe (le phénomène d’aspiration en se mettant à l’abri derrière d’autres cyclistes est très bien reproduit) qui sont très agréables. D’autant plus qu’on peut rouler avec des gens du monde entier (on voit le drapeau du pays des cyclistes que l’on croise). Il y a bien sûr la possibilité d’interagir, de discuter, de garder le contact.

Il existe de nombreux groupes avec des sorties à heures fixes, ainsi qu’un leader donnant des instructions pour l’allure. Les plus costauds sur une sortie étant invités, comme en vrai, à venir chercher ceux en difficulté à l’arrière du groupe pour les faire remonter grâce à l’aspiration.

Logiquement, on peut également suivre des séances d’entraînement très précises, seul ou en groupe. Un des grands intérêts est de pouvoir s’entraîner avec des niveau de puissance à respecter (en watt), alors que c’était auparavant réservé aux professionnels et aux élites amateurs (le dispositif de mesure sur un vélo en extérieur coûte extrêmement cher). Là, sur ce type de home-trainer et avec le logiciel, c’est directement intégré.

Cela reste une dépense importante, mais largement accessible vu l’utilisation qui peut en être faite. Il faut compter 400 euros pour ce type d’home-trainer, puis un abonnement de 15 euros en ce qui concerne Zwift.

Cela permet par exemple de gravir régulièrement des cols, reproduits de manière très intéressante et praticable. C’est une véritable révolution quand on sait à quel point ces ascensions sont adorées par les cyclistes, sportifs ou de loisir, alors qu’elles sont par définition difficiles d’accès, à moins d’habiter au pieds des montagnes, et encore que l’hiver ce n’est pas possible.

Enfin, il est évidemment possible de participer à des petites courses, très amusantes et réalistes, avec différentes catégories pour trouver un niveau équitable. Il y a là un côté « jeu vidéo », mais dans une version « simulation » très réaliste plutôt qu’un simple amusement type « arcade ».

Le cyclisme en ligne n’en est de surcroit qu’à ses débuts et il y a d’immenses possibilités d’évolution. La prochaine sera probablement le fait de pouvoir être mobile sur la route en choisissant sa direction de manière réaliste. Pour l’instant, il n’est possible que de suivre mécaniquement une route, comme sur un rail, avec aux intersections soit une touche du clavier, soit un pression sur le téléphone portable relié à l’application, pour choisir basiquement de tourner ici plutôt que là. Cela peut être frustrant, et c’est probablement ce qui entache le plus le réalisme d’une telle application.

De toute manière, cela est très loin de remplacer le cyclisme en extérieur. Il manquera toujours beaucoup de sensations. Mais en attendant, le plaisir des kilomètres avalés est bel et bien là. Et surtout, il y a la sécurité. Au moins, on ne risque pas dans son salon d’être percuté ou agressé par un salopard à la mentalité exterminatrice envers les cyclistes se trouvant sur son chemin. C’est là le grand intérêt de ce cyclisme virtuel, mais bien réel.

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Société

Les « cairns », des tas de cailloux par des tas d’imbéciles

Le béton de la ville ne suffisait pas.

Quoi de plus naturel et positif que la randonnée ? On se dit que forcément, les gens qui aiment marcher sont des gens qui ont au moins compris quelque-chose à la vie. Rien que parce que cela demande un effort prolongé et un minimum de préparation, la randonnée est à contre-courant de l’époque. Pourtant, là aussi le capitalisme a pénétré, avec son esprit de conquête et de consommation.

Alors bien sûr, ce n’est pas nouveau qu’il existe tout un business autour de la randonnée, avec des gens achetant des souliers hors de prix pour ne marcher que cinq heures par an. Ou encore l’explosion des bâtons de marches, qui en plus d’être inutiles dans beaucoup de cas, causent d’énormes soucis de destruction des sols. Mais bon, il y a malgré tout à la base une démarche rationnelle, avec l’idée de faire les choses bien. Dialectiquement, l’action participe au changement positif de l’humanité, qui cherche à développer un rapport de plus en plus élaboré à la nature.

Tel n’est pas le cas de cette horrible mode des « cairns » qui sévit sur les chemins de plus en plus chaque année. C’est là quelque-chose de tout à fait négatif, reflétant parfaitement le problème de l’humanité à l’époque de l’écocide.

Il s’agit de tas de cailloux disposés à plat, du plus large en dessous au plus fin au sommet, en général à des intersections. A l’origine, c’est censé être une habitude de randonneurs pour tracer les chemins. Le mot aurait une racine celtique, à partir de »karn » signifiant « tas de pierres ». Pourquoi pas, bien que cela soit ridicule au 21e siècle, à l’époque du GPS et des cartes accessibles facilement.

Le problème, c’est qu’on trouve maintenant ces tas de cailloux partout, faits par n’importe qui. Dans l’imagerie collective, cela renvoie surtout à la haute montagne et à la « conquête » des sommets et glaciers.

Maintenant, c’est devenu clairement un objet de consommation. Des gens marchant 1h, 2h, 3h, à la montagne, s’imaginent être des aventuriers et devoir absolument marquer le chemin de leur empreinte. Littéralement, ils apportent leur pierre à l’édifice et en général ils prennent une photo pour « partager » cette émotion consommée. Et donc, pas seulement en montagne, mais absolument partout, depuis les petits chemins isolés d’Auvergne, jusqu’aux côtes bretonnes ou provençales, on retrouve ces amas de cailloux. Et pas qu’en France d’ailleurs.

Sur le plan de l’écologie, c’est zéro, cela va sans dire. Forcément cela n’est pas anodin de déplacer des cailloux. La nature n’est pas une carte postale, mais une réalité concrète et complexe, en mouvement, où la vie s’établit en permanence. Même un cailloux à l’apparence anodine intègre et produit un écosystème.

Mais surtout, il s’agit là d’état d’esprit. Normalement, le randonneur a à l’esprit que déjà sa trace sur le chemin a un impact, et il veux réduire celle-ci le plus possible en ne sortant surtout pas des sentiers tracés. C’est précisément pour cela que les chemins sont balisés discrètement à la peinture et qu’il faut les suivre rigoureusement. La mode des « cairns » consiste exactement en l’inverse.

Il faut donc marquer son passage, il faut conquérir l’espace. La marche, la vue, le vent, les odeurs, le calme, cela ne suffit pas à ces gens. Cela se vie, mais il n’y a rien à montrer, alors il faut obstinément poser des cailloux pour « faire » quelque-chose.

On est là au même niveau que la masse d’imbéciles jetant des pièces dans les fontaines italiennes en imaginant que cela est romantique. Où ceux attachant des cadenas aux ponts parisiens, qui s’effondrent de ce poids. Quel désastre…

C’est tellement un désastre qu’on trouve maintenant des panneaux pour tenter d’expliquer aux gens que les « cairns » sont nuisibles. Ou encore, sur la presqu’île de Crozon à la pointe du Van, il y a même un espace dédié avec un tas de cailloux à disposition, pour éviter d’en faire ailleurs !

Le Parc national des Calanques à Marseille, qui déjà est sur-fréquenté, est lui aussi littéralement pollué par cette horrible mode. Il a donc été communiqué là-dessus, pour tenter d’éduquer, de rattraper le retard. Voici un extrait de la communication, qui est intelligente dans sa formulation, mais qui est bien trop défensive et ne servira malheureusement à rien :

« Les cairns, ça craint. On vous explique pourquoi.

Cette pratique est loin d’être anodine pour le milieu naturel. Dans le Parc national des Calanques, les cairns illustrent parfaitement l’impact d’un geste, qui semble inoffensif, répété par des milliers de personnes. Il aboutit à la création d’amas de pierres géants et informes, qui n’ont d’ailleurs plus rien de photogénique. Pire, la formation de ces cairns engendre plusieurs impacts néfastes sur le milieu naturel :

– En prélevant des pierres le long d’un sentier, le sol se retrouve à nu et cela entraine une forte érosion, jusqu’à atteindre la roche mère.

– En prélevant des pierres dans un éboulis, on impacte une végétation spécialisée comme la très rare Sabline de Provence, espèce protégée et endémique de la Provence calcaire.

– Le prélèvement de pierres porte atteinte à tout un cortège d’espèces comme le scorpion à pattes jaunes, le cloporte, la tarente de Maurétanie ou l’hémidactyle verruqueux.

Une fois que le cairn atteint une taille importante, les usagers doivent le contourner, ce qui provoque un élargissement du sentier par le piétinement de la végétation arbustive.

A plusieurs reprises, les agents du Parc national ont procédé à leur surpression comme dans les photos ci-dessous, le long du sentier panoramique au-dessus de la calanque d’En-Vau, avec l’aide des élèves du Lycée des Calanques. Plus anciennement, l’association MBF avait aussi prêtée main forte pour supprimer ces cairns.

Ne pas laisser de traces

Il y a fort à parier que la majorité de auteurs de cairns ignorent l’impact qu’ils ont sur l’environnement et n’ont aucune mauvaise intention. Avec cet article, nous espérons porter à la connaissance de nos visiteurs ces impacts. Mais nous rappelons également que la réalisation de cairn au sein d’un Parc national est passible d’une contravention de 135 € car elle constitue une atteinte au milieu naturel. La seule exception à cette règle est accordée aux grimpeurs qui les utilisent avec parcimonie, pour marquer ponctuellement les accès aux voies d’escalade. Le Parc national autorise ces cairns de très faible hauteur (30-40 cm) qui sont mis en œuvre exclusivement par la FFME et le CAF.

Alors, plutôt que de poster la 100 002ème photo de cairn sur Instagram, et si nous changions notre rapport à la nature en l’appréciant telle quelle ? Le panorama depuis le mont Puget sur l’archipel de Riou n’est-il pas suffisamment beau, pour avoir à lui ajouter un tas informe de pierres ?

Il n’est nul besoin de laisser une trace de notre passage dans la nature. Et si vous êtes sensible à la protection du Parc national des Calanques comme de tous les espaces naturels, il est d’autres hashtags à faire monter comme puissance, comme #stopcairns, #nocairn,  #leaveonlyfootprints ou #leavenotrace. »

Mais c’est déjà trop tard. D’ailleurs, si le parc naturel des Calanques était à la hauteur, il assumerait : il faut interdire l’accès au public, au moins l’été. C’est inévitable si on veut vraiment d’un parc naturel qui ne soit pas Disneyland. Les mentalités usées et pourries par le capitalisme ne changerons pas, à moins d’un grand bouleversement, à moins d’une révolution !

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Société

« Dark stores » et « dark kitchens » : l’agonie du capitalisme

La société marchande est condamnée.

Depuis plusieurs années, les villes françaises sont polluées par la prolifération de service de livraison à domicile. Cela a d’abord concerné les restaurants déjà en place, puis il y a eu des restaurants se spécialisant dans la livraison, sans aucun service d’accueil sur place. À ces « dark kitchens » s’ajoutent maintenant tout un tas de « dark stores », soit l’équivalent de supérettes ou supermarchés, mais uniquement destinés à la livraison.

Ces entrepôts posent des problèmes évident de nuisance dans les rues où ils sont implantés. D’abord en raison du va et vient des scooters (qui attendent longtemps sur place, sur les trottoirs, les éventuels commandes), mais aussi à cause des livraisons pour l’approvisionnement. Un « dark store », c’est plusieurs camions semi-remorques ou gros porteurs par semaine, souvent tôt le matin, parfois en journée, y compris le samedi. Et ce sans infrastructures, ni aucune concertation préalable avec les municipalités, contrairement aux supermarchés classiques (quoi que c’est de moins en moins vrai pour les supermarchés classiques).

Ces entrepôts sont installés en toute illégalité, et bien sûr en toutes connaissance de cause de la part des entrepreneurs. Il est joué sur la prétention de dire qu’il s’agit de commerces traditionnels (ce qui serait légal), alors qu’ils s’agit manifestement en droit urbain d’entrepôts, donc soumis à des règles et des autorisations particulières.

Il y a quelques jours, l’adjoint à la mairie de Paris en charge de l’urbanisme s’est imaginé porter une grande cause en « dévoilant » un projet gouvernemental de légaliser les « dark stores » et « dark kitchens ». Il s’agit d’un petit article d’un arrêté de la Direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages, permettant de requalifier en « commerces de détail » ce qui est défini comme des « points de collecte d’achats commandés par voie télématique ». Cela mettrait définitivement fin à toute « interprétation » juridique de la chose.

C’est une vision des choses d’ailleurs très cohérente du point de vu capitaliste, car on à là effectivement des points de collecte de marchandises par des particuliers, la seule nuance étant qu’ils sous-traitent cette collecte à des domestiques.

De toutes façon, c’est là un détail tout à fait insignifiant, car en réalité ces entrepôts sont déjà légaux de fait, puisqu’ils se sont implanté de force et que personne ne les a empêché. Ni les administrations, ni les préfectures, ni les municipalités (y compris Paris), n’ont rien fait contre, alors qu’il y avait tout un tas de manières administratives et policières d’empêcher ces activités dès le premier jour.

Ne serait-ce qu’en réprimant concrètement l’occupation illégale de l’espace publique par les scooters accompagnants ces entrepôts. En réprimant l’exercice illégal de l’activité de livraison avec engin motorisé de la part d’auto-entrepreneurs grouillant autour de ces entrepôts. En réprimant la circulation sur bandes et pistes cyclables par les « speed bikes » utilisés par ces entrepôts, qui sont légalement des cyclo-moteurs.

Le ministre délégué à la Ville et au Logement Olivier Klein a mis fin à la polémique en faisant savoir qu’il n’était pas question d’imposer et que les collectivité locales doivent avoir la possibilité de refuser ces « stores », via les plans locaux d’urbanisme. C’est la magie du turbo-capitalisme : d’abord le droit est piétiné par des entrepreneurs, puis la puissance publique, qui n’a plus grand chose de publique, torpille le droit en légiférant dans le sens des entrepreneurs pour accompagner ce qui est déjà en place, et ensuite il prétendu qu’il y a le choix. Le « choix » étant l’alpha et l’oméga du turbocapitalisme.

Fini la démocratie dans sa forme moderne-républicaine donc, avec la bourgeoisie censée être la meilleure représentante de la société. Seul le marché compte avec le « choix » des consommateurs. Mais ce qui est vraiment remarquable dans cette histoire, c’est que même en ce qui concerne le marché, il n’y a en fait pas grand-chose.

Car il ne faut pas s’y tromper. Si ces « stores » représentent en partie une expansion du capitalisme, avec des marchandises disponibles 24h/24 ou presque, ils représentent surtout un ratatinement total du capitalisme. Ces stores n’apportent aucune plus value, ne représentent aucune valeur ni véritable modernité, si ce n’est une façon nouvelle d’avoir recours collectivement à des domestiques, sans être soi-même très riche.

Mais ces « stores » sont très loin d’être rentables et au sens strict, ils forment une concurrence déloyale aux commerces traditionnels. Mais comme les monopoles du commerce traditionnel (Carrefour par exemple) sont en général eux-mêmes actionnaires de ces nouvelles entreprises, alors ils accompagnent le mouvement en s’imaginant être placé pour l’avenir, face à la crise.

Si le capitalisme était vaillant, la bourgeoisie écraserait ces tentatives commerciales ridicules dans les centres urbains, en raison des nuisances évidente qui n’apportent en contre-partie rien au PIB du pays ni à la croissance capitaliste des villes. Mais le capitalisme est en crise, face à un mur, alors tous les moyens sont bons pour espérer. C’est ainsi que s’est développée la croyance (irrationnelle par définition) en les « start-ups » et les applications pour smartphone.

Alors, la modernité capitaliste serait de se faire livrer ses courses commandés sur iphone en 15 minutes, par des domestiques qui ont attendu sagement devant les entrepôts que le consommateurs du futur aient une petite faim, et surtout une grosse flemme de bouger du canapé ou de l’ordinateur. Il y a beaucoup de gens, surtout jeunes, pour trouver cela sympa et payer plus cher leur paquet de chips et leur sauce tomate pour ce « service » 2.0. Mais ce n’est pas ainsi que le capitalisme se sauvera de la crise, bien au contraire.

On peut d’ailleurs se douter qu’avec l’inflation et la crise énergétique, le problème des « dark stores » va être réglé rapidement. Quand les gens vont découvrir leur facture de chauffage cet hiver, alors que tous les prix vont drastiquement continuer d’augmenter en raison également de cette crise énergétique dans l’industrie et le transport, la donne ne sera plus la même. Et l’agonie du capitalisme en sera d’autant plus évidente.

Reste à savoir quelle sera la réponse populaire face à la crise sociale et économique. En attendant, sur le plan culturel, la faillite populaire est évidente, sinon ces absurdes « stores » n’auraient jamais pu voir le jour.

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Écologie

Les animaux subissent massivement la sécheresse

Les animaux paient déjà la facture.

Le réchauffement climatique est une catastrophe écologique d’aujourd’hui, pas de demain. C’est une chose tout à fait concrète et immédiate pour beaucoup d’animaux sauvages et d’insectes qui subissent la sécheresse de plein fouet en Europe de l’Ouest.

Si pour les humains, la contrainte (normalement) pour l’instant est de ne pas laver sa voiture et, pour les moins individualistes, de limiter le temps sous la douche, pour nombre d’animaux sauvages en revanche, c’est déjà la survie qui se joue.

Il faut penser aux petits animaux, tels les campagnols, les hérissons, les écureuils, qui sont attachés à un petit territoire et qui ne peuvent pas forcément parcourir des distances importantes ou du moins suffisantes. Trouver de l’eau en cette période et échapper à la chaleur devient un problème vital.

Tous les animaux ne sont pas aussi vulnérables, comme l’explique par exemple un technicien forestier de l’ONF à Ouest-France. Mais il y a forcément des conséquences d’une manière ou d’une autre :

« Les grands animaux, comme les cerfs, les chevreuils ou les sangliers sont plus résistants. Ils vont se cacher, trouver des astuces et manger de l’herbe. En revanche, les petits faons de chevreuil ou de biche peuvent trouver des carences, car le lait de la mère ne sera pas assez nutritif si elle ne trouve pas assez de nourriture. En ce moment, c’est la période de croissance et le risque de carence est élevé. »

En plus de la sécheresse, la chaleur devient elle-même un problème, provoquant un stress physiologique très important chez la plupart des espèces. Les arbres et la végétation en général maintiennent normalement des écosystèmes locaux produisant des îlots de fraîcheurs et d’humidité, mais cela fonctionne très mal lors d’épisodes de canicule. Surtout s’ils sont répétés. Les arbres développent une sorte d’auto-protection (en arrêtant la photosynthèse) et l’écosystème garantissant une certaine fraîcheur est perturbé.

Il en est de même pour l’alimentation : non seulement des végétaux meurent asséchés, mais même avant cela, ils ne contiennent plus en ces temps de sécheresse la quantité d’eau qui permet habituellement l’hydratation d’animaux.

En fait, il y a à chaque fois des réactions en chaîne lorsque la nature est perturbée. Autre exemple : fin juillet dans les Alpes-Maritimes, le centre local de soin de la faune sauvage explique recueillir nombre de martinets et chauves-souris dénutris. Non pas déshydratés à cause de l’eau manquante, mais bien dénutris, car les insectes qu’ils mangent, eux manquant d’eau, meurent ou ne naissent pas. C’est d’ailleurs un problème déjà bien connu à cause des pesticides, et chaque années les campagnes victimes de l’agriculture intensive sont bien trop silencieuses en l’absence d’oiseaux.

La sécheresse des sols est également un problème pour beaucoup d’insectes, comme l’explique à la presse locale une bénévole de Indre Nature :

« Beaucoup d’espèces faisant leur chrysalide en terre et lorsqu’il ne pleut pas, celles-ci se dessèchent. On assiste ainsi à beaucoup moins d’émergences que par le passé. Même pour des espèces aussi communes que l’argus bleu-nacré, dont je n’ai vu aucun spécimen cette année. »

Il est évident par ailleurs que les espèces d’amphibiens et de batraciens, qui vivent entre terre et eau, sont directement touchées par l’asséchement des plans et cours d’eau.

Il faut penser aussi, bien qu’ils soient souvent oubliés, aux poissons. En la matière, c’est une catastrophe dans les cours d’eau français en ce mois d’août 2022. Il suffit de lire n’importe quel titre de presse local pour voir un ou des articles terrifiants à ce sujet, avec des rivières desséchées, des bout de la Loire se traversant à pied, et donc des poissons agonisants par manque d’eau ou d’oxygène, ou en raison de la température trop élevée de l’eau, ou encore à cause de la prolifération d’algues toxiques permise par le réchauffement climatique.

Il faut penser aussi aux animaux domestiques qui subissent pour beaucoup un grave stress en raison de la chaleur, surtout pour ceux vivant enfermés dans des appartements mal isolés. Mais le pire concerne évidement les animaux des refuges, qui déjà vivent une situation terriblement difficile là où ils sont, mais en plus subissent encore plus la chaleur, car les infrastructures ne sont malheureusement pas adaptées, faute de moyen et de bénévoles.

Le pire, c’est que tout cela ne résulte pas seulement d’un (grave et long) épisode saisonnier de canicule en France. En fait, la sécheresse dure depuis l’hiver, avec en moyenne en France un déficit de précipitations de 20% par rapport à ce qui était attendu. Le printemps à été particulièrement sec, le troisième le plus sec depuis l’établissement des relevés et statistiques météorologiques.

La question n’est plus de limiter ou de sauver quelques meubles face au réchauffement climatique. C’est déjà bien trop tard, la donne a entièrement changé et la planète sur laquelle nous vivons n’est d’ores et déjà plus la même.

L’écocide est en cours, avec les animaux en première ligne. Il faut maintenant une nouvelle génération d’humains faisant table rase du passé et la première étape pour cela est de se tourner vers les animaux. Pour reconnaître les gens qui valent la peine, il y a donc un critère très simple aujourd’hui : il y a ceux qui sont révoltés jusque dans leur chair par la situation des animaux face à la sécheresse, et puis il y a les autres, minables résidus d’une civilisation qui se meurt.

Et ces résidus minables forment pour l’instant encore la quasi totalité de la population.

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Restructurations économiques

Électricité : du sang et des larmes cet hiver?

Les masses seront sacrifiées dès qu’il le faudra.

C’est le magazine Marianne qui raconte. Un personne importante de la majorité parlementaire leur confie la teneur des discussions. Les dépenses publiques, cela suffit et on ne pourra pas continuer les chèques à l’infini.

« Il va falloir qu’on arrête de laisser croire que l’État va pouvoir tout compenser quoi qu’il arrive. Qu’il pourra payer malgré la guerre, la hausse des prix de l’énergie des matières premières. »

C’est alors qu’il  « souffle » au journaliste de Marianne son discours de « vérité » :

« Il y a un moment où il faudra passer au discours du sang et des larmes. En tout cas, je vais militer pour ça. » 

Il aurait alors précisé :

« On a commencé à le faire, en annonçant les coupures d’électricité cet hiver. »

En effet, il fallait lire le Parisien (ou Valeurs actuelles qui a repris l’article) pour voir le député Renaissance Marc Ferracci annoncer la couleur :

« Il ne faut pas se mentir, ça va être dur. L’hiver va être compliqué. Tous les efforts sont faits pour limiter les contraintes, mais il va y avoir des contraintes. »

Quelques semaines auparavant, l’idée avait été répandue, y compris par TF1, que le gouvernement prévoyait un décret permettant les coupures d’électricité chez les particuliers, sans indemnisation (contrairement à ce qui se fait pour les entreprises).

Cela a été démenti, y compris par d’autres médias. Mais il y a malgré tout cette petite mélodie des coupures de courant qui est jouée, pour préparer les esprits. En effet, cela n’a rien de farfelu. En mars 2021, RTE (le gestionnaire du réseau électrique en France) avait prévenu dans un rapport qu’il fallait s’attendre à des hivers tendus sur le réseau jusqu’en 2024 en raison des difficultés de production du parc nucléaire.

Celui-ci est vieillissant, et surtout il a subi de plein fouet la crise sanitaire. Les travaux de maintenance ont pris énormément de retard. Et encore, le rapport date d’avant la découverte d’un problème de corrosion obligeant à la fermeture de 12 réacteurs.

Avant 2022, la France était le premier exportateurs net d’électricité (malgré les importations hivernales, elle exportait sur l’ensemble de l’année beaucoup plus). Ce n’est plus le cas et le pays est maintenant, selon un rapport publié début aout 2022, un pays importateur net en raison de ses difficultés de production.

On peut ajouter maintenant que les différentes vagues de canicule de cet été 2022 n’arrangent rien à l’affaire, bien au contraire même. Il y a des autorisation de relâcher de l’eau utilisée par les centrales pour se refroidir à une température plus haute que la normale, en prétendant que cela n’aura pas d’impact écologique.

Et puis il y a le parc automobile électrique qui se généralise, tout comme les trottinettes et vélos électriques qui, s’ils ne pèsent pas grand-chose, expriment une tendance de fond qui contribue à l’augmentation générale de la consommation électrique.

A l’heure actuelle, près de la moitié des 56 réacteurs français sont à l’arrêt. Si l’hiver est froid et avec peu de vent, alors la situation va forcément être très compliquée. Habituellement, la France joue la carte de l’importation hivernale. Sauf qu’avec la crise, et particulièrement en raison de la guerre en Ukraine et des difficultés en ce qui concerne le gaz et le pétrole, tous les pays habituellement fournisseurs vont aussi être en situation tendue.

De toute manière, les capacités françaises d’importation sont limitées pour des raisons techniques dues aux infrastructures. En décembre 2021 la France a déjà frôlé sa capacité maximale d’importation de 13 GW, ce qui n’avait jamais eu lieu auparavant.

En attendant, l’information est déjà sortie qu’EDF a repoussé sept arrêts de réacteurs pour maintenance cet hiver. Au risque de la sécurité ? Les experts en tous genre prétendront évidemment que non, mais en tous cas ce qui aurait dû être fait en termes de révision ne sera pas fait en temps et en heure.

Toujours est-il que si effectivement les particuliers français connaissent des coupures d’électricité cet hiver, cela va faire mal, très mal. Car c’est toute l’illusion de 70 ans de capitalisme stable et inaltérable qui va voler en éclat.

Il n’y a pas eu de coupures organisées, temporaires et prévenues, depuis le début des années 1950 et la généralisation sur tout le territoire d’un réseau moderne fiable et puissant par EDF. Le choc serait terrible, et à cela s’ajoute l’augmentation du prix de l’électricité justement.

La crise menace donc d’éclater au grand jour et il est évident qu’au plus haut de l’État, tout comme dans les plus hautes couches de la bourgeoisie (ce qui revient au même), cela fait trembler. La bourgeoisie envisage concrètement du sang et des larmes, car il sera hors de question pour elle de se remettre en cause, ni culturellement, ni en termes de train de vie. Et c’est aux classes populaire que sera envoyée la facture de la crise.

Quelle sera justement la réponse populaire ? Voilà tout l’enjeu de la période à venir.

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Guerre

La Gauche française écrasée entre atlantisme et néo-gaullisme

Personne n’est à la hauteur.

Alors que les choses s’accélèrent dramatiquement et que la perspective d’une guerre mondiale s’approche à grands pas, le pacifisme est toujours désespérément absent des débats politiques. En cette absence, ce sont les différentes options du camp de la guerre qui s’expriment, à l’occasion de chaque escalade militaire, à gauche comme à droite. C’est de nouveau le cas lors de l’épisode de la visite de Nancy Pelosi à Taïwan.

D’un côté, on trouve les tenants de l’atlantisme, c’est à dire de l’alignement de la France sur la superpuissance américaine au sein de l’OTAN ou à travers l’Union Européenne. Le discours accompagnant cela est celui, désormais bien rôdé, du « monde libre » faisant face à l' »axe du mal », des « démocraties » face aux « dictatures ».

Emmanuel Macron est par exemple tout à fait rangé dans ce camp. À gauche, parmi les principales figures défendant cette option, il y a notamment les organisateurs du rassemblement pro-Ukraine du 5 mars dernier à Paris, dont on pouvait apercevoir les visages entre un drapeau banderiste et des pancartes appelant ouvertement à attaquer la Russie.

De l’autre côté de l’échiquier, on trouve les tenants d’une France qui se rêve en cavalier seul, assumant sa propre puissance « indépendante » des américains, avec comme référence absolue le général de Gaulle. Parmi eux, il y a évidemment toute la mouvance souverainiste avec des figures comme Florian Philippot, Marine Le Pen, François Asselineau, des héritiers de la droite des années 1990 comme Henri Guaino, mais surtout Jean-Luc Mélenchon, qui écrivait récemment dans son article « De Gaulle était-il un Insoumis ? » :

« Son obsession pour l’indépendance, y compris contre des forces apparemment tellement puissantes est une forme d’insoumission héroïque qui doit servir de modèle. Le même raisonnement s’appliquera à sa vision des rapports au monde ensuite après 1958, qu’il s’agisse de la souveraineté militaire ou des solutions pour la guerre du Vietnam face aux Américains. »

C’est l’ancien candidat insoumis à la présidentielle qui ouvre le bal des réactions sur son blog :

« Quel est le sens de la visite de Pelosi sur place ? Taïwan est un sujet tendu depuis la libération de la Chine (NDLR : de l’occupation japonaise en 1945). Mais, pour les Français depuis 1965 et le général de Gaulle, il n’y a qu’une seule Chine. Elle siège au Conseil de sécurité. »

Parmi d’autres, le député NUPES Antoine Léaument renchérit : « Que Jean-Luc Mélenchon défende la position de l’ONU et de la France depuis de Gaulle est normal et juste ».

Même son de cloche chez Florian Phillipot, qui déclare :

 « ‘Une seule Chine’ est la position officielle de la France depuis le 27 janvier 1964 et le général de Gaulle. Encore une polémique idiote et inutile ! »

François Asselineau choisit quant à lui de publier sur Twitter une photo historique du Général de Gaulle rencontrant le premier ambassadeur de Chine en France.

Côté atlantistes, le dirigeant d’Europe Écologie Les Verts Julien Bayou répond à Jean-Luc Mélenchon sur BFM TV : « Si on est attachés à la démocratie, on l’est partout dans le monde et tout le temps. On ne peut pas abandonner Taïwan, quand bien même cela fâche un régime autoritaire comme la Chine. »

Sur le même thème de l' »axe du mal », l’ancien candidat à la présidentielle Yannick Jadot se contente d’un tweet : « Une seule Chine, c’est d’abord une seule dictature. La liberté et la démocratie sont des joyaux au cœur de nos combats politiques. Partout ! »

Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste, choisit de critiquer l’événement de façon purement formelle, comme pour en relativiser la portée : 

« L’opportunité de la visite de N.Pelosi à Taïwan est discutable, la volonté des taïwanais de vivre en démocratie ne l’est pas. Biden n’en voulait pas. Tokyo et Séoul non plus. »

C’est finalement Raphael Glucksmann qui est le plus enflammé dans un lyrisme va-t-en-guerre :

« L’anti-américanisme érigé en boussole conduit cette gauche-ci à épouser la cause des tyrans et à mépriser celle des peuples et des individus qui se dressent face à eux. Cette fracture n’est pas neuve et le combat culturel et politique doit inlassablement être repris. Il suppose l’affirmation de principes intangibles, quitte à heurter les rêves légitimes d’unité.

Alors soyons clairs et restons-le. Le soutien aux Ukrainiens plongés dans la nuit de l’invasion russe et du fascisme poutinien n’est pas négociable. La solidarité avec les Taiwanais construisant une démocratie vibrante sous la menace permanente des autocrates de Pekin n’est pas négociable.

La lutte pour la fermeture des camps dans lesquels sont parqués les Ouïghours n’est pas négociable. L’espoir d’une puissance européenne démocratique et écologique capable de défendre ses principes et d’aider celles et ceux qui les font vivre à Kyiv [sic], Taipeh ou ailleurs n’est pas négociable. »

Fait marquant, il va même jusqu’à dénoncer le pacifisme comme n’étant qu’une hypocrisie coupable  :

« Il y a toujours eu (…) des “pacifistes” préférant composer avec les tyrans qui déclenchent les guerres plutôt que leur résister. »

Notons que les cadres du PCF sont restés muets. On peut d’ailleurs deviner la gêne au sein du parti à travers les déclarations de Fabien Roussel pendant la campagne présidentielle, qui avait confondu Taïwan et Hong-Kong, parlant d' »un pays, deux systèmes ».

Voilà donc le panorama politique qui s’offre à nous à l’aube de la guerre, avec différentes nuances de bellicisme qui rivalisent entre elles, qui mobilisent sans réel obstacle. Plus d’un siècle après 1914, la Gauche semble avoir oublié ses leçons. Il est encore temps éviter la boucherie, il le faut, mais cela ne se fera pas sans un regain formidable de conscience dans les masses, et pour cela, il faut de la politique !

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Réflexions

Dégonfler des pneus ou changer le monde ?

Tout est dans le paraître.

Les gens qui roulent en SUV sont des salauds. Des salauds de droite, parce qu’ils n’en n’ont rien à faire des autres, et encore moins de la planète. Leurs véhicules sont aussi dangereux pour les piétons que vulgaires esthétiquement. Ils sont autant consommateurs en énergie qu’inutiles en pratique. Les gens qui roulent en SUV vivent dans un spot publicitaire permanent, leur « vie » est un néant social et culturel, tuée par le fétichisme de la marchandise.

Les gens qui dégonflent les pneus des SUV et qui accolent un petit flyers sur le pare-prise reflètent exactement ce même fétichisme de la marchandise, en l’occurrence celui pour les SUV. Ils s’en prennent aux SUV, car ils savent très bien que cela les fera « exister », en miroir inversé. Ils sont tout autant victimes des publicités ventant la puissance des SUV, sauf qu’eux l’interprètent dans l’autre sens, en négatif.

Dans les deux cas, on a la même fascination pour un symbole, qui n’est en réalité que vanité. Les SUV sont pire que les voitures normales ? Certes, mais les voitures normales sont déjà pire que tout. Ainsi que les trottinettes électriques et les scooters qui pourrissent la vie dans les centre-villes, ainsi que les mobylettes trafiquées et les motos 50 cm³ qui pourrissent la vie dans les bourgs.

Les gens qui s’imaginent « agir » pour la planète parce qu’ils dégonflent quelques pneu de SUV sont typiques de cette époque de vanité, où tout est dans le paraître et surtout la communication compulsive sur les réseaux sociaux. Ils ont choisi les SUV pour s’assurer le buzz en mode racoleur ; cela fonctionne très bien.

Si ces gens avaient vraiment compris qui sont les gens qui roulent en SUV, ils ne prendraient certainement pas la peine de mettre un flyer pour justifier leur geste. Qui peut croire une seconde qu’un salaud de droite ayant acheté un SUV va changer d’avis car un enquiquineur est venu dépressuriser ses pneumatiques ? On ne discute pas avec les salauds de droite, on se confronte à eux.

Le flyer qui explique l’action effectuée dit d’ailleurs justement que les possesseurs de SUV ne doivent pas le prendre personnellement. Mais c’est tout le contraire justement : ce sont leurs personnalités le problème, car elles ont une dimension anti-sociale, anti-Nature !

Mais c’est beaucoup plus facile de dégonfler un pneu avec un flyer à mettre sur internet que de faire de la politique. C’est beaucoup moins fatiguant que de batailler pour une expression démocratique et populaire dans le pays afin de développer une opinion publique à la hauteur des enjeux écologiques de notre époque.

C’est beaucoup plus satisfaisant pour son égo que d’étudier Karl Marx et l’Histoire de France dans sa chambre. C’est beaucoup moins engageant personnellement que de se dévouer corps et âme pour des animaux dans un refuge.

Ce n’est pas avec des dégonfleurs de pneus de SUV qu’on changera le monde. Ils sont le produit d’un vieux monde qui cherche à ce que « tout change pour que rien ne change », car on en reste à la surface des choses. Les dégonfleurs de pneus de SUV veulent concrètement dégonfler un capitalisme qui est allé trop loin dans la gonflette et qui est à deux doigts d’exploser… Ils sont une cinquième colonne du capitalisme dans les rangs de la contestation.

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Guerre

La provocation américaine de Nancy Pelosi à Taïwan

La superpuissance américaine pousse à la guerre.

« La visite de Taiwan »

La rupture entre la superpuissance américaine et son challenger chinois est maintenant consommée. Le mois d’aout 2022 est le premier d’une nouvelle ère, avec l’affrontement sino-américain comme aspect principal s’exprimant désormais ouvertement. Tout cela était en germe, la crise commencée en 2020 a ouvert la nouvelle période, nous l’avons ici largement commenté, surtout avec l’invasion russe en Ukraine. Mais la situation a pris maintenant une toute autre tournure.

En se rendant sur l’île de Taïwan, la représentante du Congrès américain Nancy Pelosi provoque, en toute conscience, une tempête. Cinquante années de compromis sino-américain sur la question d’une Chine unique vole en éclat, malgré les avertissement chinois, ou plus justement en raison des avertissements chinois, afin de provoquer la Chine dès maintenant, de la forcer à réagir sans attendre d’être renforcée.

Anecdotique ou pas : le vol de Nancy Pelosi a fait exploser les compteurs sur le site de suivi de la circulation aérienne Flightradar24. Ce sont plus de 700 000 personnes qui l’ont suivie en direct, sachant très bien l’enjeu historique de ce voyage. En effet, la Chine n’a maintenant plus le choix, elle avait très fortement dénoncé à l’avance une telle visite, elle va devoir assumer son opposition à la superpuissance américaine qui a désigné officiellement l’île de Taïwan comme le lieu et le sujet de l’affrontement.

Avec Taïwan, l’administration américaine a un gouvernement chinois « démocratique » (selon sa conception) à soutenir contre la Chine « populaire » (en fait social-fasciste) qui concurrence son hégémonie. Inversement, la République populaire de Chine a besoin d’écraser le régime rebelle de Taïwan (selon sa conception) trop proche des États-Unis, pour développer ses propres ambitions mondiales.

La seule différence est que les États-Unis sont une puissance dominante, alors que la Chine (et dans son camp la Russie) est une puissance challenger. Mais tant le régime américain que le régime chinois sont aux abois, avec une propagande montreuse contre l’autre camp pour finir de préparer l’opinion à la guerre.

La télévision chinoise matraque de publicités patriotiques vantant l’Armée populaire de libération (qui n’a plus rien de populaire depuis des décennies). Dans un autre style, la presse américaine, surtout celle Démocrate, martèle quand à elle à propos de l’importance de la question taïwanaise.

Immédiatement après l’atterrissage de Nancy Pelosi, c’est ainsi le fameux Washington Post qui a directement publié une tribune d’elle que seuls les abonnés payants ont le droit de lire (le grand public américain a droit à des discours anti-chinois beaucoup moins élaborés, car il ne s’agit pas d’instruire le peuple mais de préparer la guerre).

On y lit :

« La visite de notre délégation doit être considérée comme une déclaration sans équivoque selon laquelle l’Amérique se tient aux côtés de Taïwan, notre partenaire démocratique, qui se défend et défend sa liberté.

Pourtant, cette démocratie dynamique et solide… et fièrement dirigée par une femme, la présidente Tsai Ing-wen, est menacée.

Ces dernières années, Pékin a considérablement intensifié les pressions sur Taïwan. La République populaire de Chine a multiplié les patrouilles de bombardiers, d’avions de chasse et d’avions de surveillance à proximité, voire au-dessus, de la zone de défense aérienne de Taïwan, ce qui a amené le ministère de la défense américain à conclure que l’armée chinoise se prépare probablement à une éventualité d’unification de Taïwan à la RPC par la force. »

Ce qui se passe est exactement la même chose que ce qui s’est passé en Ukraine. Les États-Unis façonnent des régimes qui lui sont inféodés et s’en servent comme tampon, comme base militaire et politico-culturelle, contre ses concurrents. C’est ce qu’ils ont fait depuis 2014 avec l’Ukraine, c’est ce qu’ils font depuis 1949 avec l’île de Taïwan, qui est chinoise.

Tant la Russie que la Chine ne sont pas des régimes démocratiques, alors ils assument totalement de jouer une partition miroir à celle des États-Unis : l’Ukraine et Taïwan sont pour eux des objets ne servant qu’à leur quête d’influence et d’hégémonie en concurrence avec l’hégémonie américaine.

Voilà comment se déclenche une guerre mondiale. Des puissances belliqueuses rivalisent de provocations, jusqu’à la rupture. Cette fois, ce sont les États-Unis qui ont provoqué, et fort. La Chine en réponse est maintenant à deux doigts de déclarer la guerre.

La première réponse a été l’envoi d’une vingtaine d’avions militaires dans la zone d’identification de défense aérienne taïwanaise. C’est habituel de la part de la Chine, mais c’est systématiquement considéré par Taïwan comme une provocation : c’est en tous cas un acte de franche hostilité militaire et cela prend dans ce contexte une toute autre dimension.

La Chine a donc parlé d' »actions militaires ciblées » à venir pour « défendre résolument la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale et à fermement contrecarrer les ingérences extérieures et les tentatives séparatistes d’“indépendance de Taïwan” ». Des manœuvres militaires sont ainsi prévues… au large de Taiwan.

Deux portes-avions ont été déployés dans la zone, le CNS Liaoning et le CNS Shandong, ainsi qu’un croiseur 055D , équipé de 112 tubes de lancement et une frégate 054.

Le ministère de la Défense chinois a fait savoir que :

« Les États-Unis auront assurément la responsabilité des conséquences et devront payer le prix de leur atteinte à la sécurité de la Chine. »

Du côté américain, le porte-avions USS Ronald Reagan croise au sud de Taïwan avec le destroyer USS Higgins et le navire ravitailleur USS Carl Brashear. Et ce n’est que le début d’une situation explosive.

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Guerre

Taïwan, l’étincelle de la 3e guerre mondiale

La tension est à son comble.

Lors d’un échange téléphonique récent avec Joe Biden, le président chinois Xi Jinping aurait expliqué que « ceux qui jouent avec le feu finissent par se brûler », en invitant « la partie américaine » à comprendre cela. La menace est on ne peut plus claire.

C’est que la perspective d’une visite de Nancy Pelosi sur l’île de Taïwan irrite au plus haut point les dirigeants de la République populaire de Chine, les obligeant à assumer un haut degré de tension en réponse à ce qui est évidemment une provocation diplomatique.

Symboliquement, on parle d’une des élues les plus importantes du régime américain, qui assure la présidence de la Chambre des représentants (l’équivalent de l’Assemblée nationale française). Elle est notamment seconde dans l’ordre de succession présidentielle.

L’irritation chinoise est d’autant plus importante que la partie américaine ne dit rien clairement quant à cette visite, tout en ne démentant pas les rumeurs (probablement fabriquées de toutes pièces d’ailleurs). Dimanche 31 juillet, Nancy Pelosi a confirmé être en route vers l’Asie, mais sans parler de l’île taïwanaise.

Il est en tous cas évident que cette question est au cœur de son déplacement. Son communiqué dit de manière explicite :

« Je conduis une délégation du Congrès dans la région Indo-Pacifique pour réaffirmer l’engagement inébranlable de l’Amérique envers ses alliés et amis dans la région ».

Elle précise également, ce qui évoque forcément la question de Taïwan :

« À Singapour, en Malaisie, en Corée du Sud et au Japon, nous tiendrons des réunions de haut niveau pour discuter de la manière dont nous pouvons promouvoir nos valeurs et nos intérêts communs notamment la paix et la sécurité, la croissance économique et le commerce, la pandémie de Covid-19, la crise climatique, les droits de l’homme et la gouvernance démocratique »

Ce qui se passe est très simple à comprendre : il y a une escalade de part et d’autre, les provocations se succédant pour pousser l’autre camp à la faute et construire ainsi le récit national et mondial préparant la guerre.

La République populaire de Chine a toujours considéré le gouvernement de la République de Chine établi à Taïwan comme étant rebelle et illégitime, mais sans jamais pour autant assumer l’invasion. Pareillement, les États-Unis ont toujours soutenu militairement la République de Chine (Taïwan), tout en ne le reconnaissant pas diplomatiquement et en privilégiant le rapport diplomatique et commercial avec la République populaire de Chine.

En quelques sorte, la question de Taïwan a été laissée de côté pendant plusieurs décennies, telle une carte joker à garder en main pour la jouer en cas de nécessité. C’est précisément là où nous en sommes en 2022. La guerre mondiale pour le repartage du monde est une tendance irrésistible, avec en son cœur la contradiction de plus en plus forte entre la superpuissance américaine et la puissance challenger chinoise qui jouent la carte taïwanaise.

Les américains prendraient bien prétexte d’une invasion de l’île de Taïwan par la République populaire de Chine pour lancer la guerre, donc ils provoquent en ce sens. En mars 2022 déjà, une délégation américaine se rendait sur l’île, emmenée par l’amiral Mike Mullen, ni plus ni moins que l’ancien chef d’état-major interarmées.

Inversement, la République populaire de Chine sait qu’elle va devoir passer un cap dans sa concurrence avec la superpuissance américaine et que la question Taïwanaise pourrait très bien servir d’élément déclencheur. Donc elle pousse le gouvernement de Taïpeï à la faute par des provocations militaires, en espérant un dérapage taïwanais servant d’étincelle allumant la mèche.

La potentielle visite de Nancy Pelosi pose ainsi problème au gouvernement chinois car elle le pousse dans ses retranchements. Soit il ne réagit pas et les États-Unis prennent l’ascendant en assumant quasi-ouvertement leur protectorat sur l’île. Tout conflit enclencherait alors directement la guerre mondiale. Soit le gouvernement chinois réagit, mais alors il se retrouve en position d’assumer lui-même la responsabilité principale de l’escalade guerrière menant au conflit mondial.

Cette seconde option est d’ailleurs déjà ouvertement sur la table. Le gouvernement chinois a déjà prévenu qu’il considère la question de l’indépendance taïwanaise comme une ligne rouge à ne pas franchir, le ministre chinois de la Défense Wei Fenghe ayant prévenu qu’il déclencherait alors la guerre, « quel qu’en soit le prix ».

Du côté américain, il est évident que cela est compris de cette manière et l’administration de Joe Biden hésite très clairement à assumer ou non ce déclenchement potentiel de la troisième guerre mondiale. La semaine à venir sera donc décisive avec le choix américain de visiter ou non les dirigeants de l’île de Taïwan.

Dans tous les cas, visite ou non, le retour en arrière ne sera pas possible dans ces conditions et l’escalade va mener un jour ou l’autre à la guerre, à moins d’une opposition démocratique et populaire mondiale à la guerre, notamment en Chine et aux États-Unis. Ce qui présentement est absolument inenvisageable.

Personne à Taïwan ne s’oppose aux exercices militaires annuels, menés la dernière semaine de juillet avec des simulations d’interception d’attaques chinoises depuis la mer.

Personne aux États-Unis ne dénonce l’utilisation de la question taïwanaise par le gouvernement, ni le déploiement du porte-avions USS Ronald Reagan avec sa flottille depuis Singapour vers la mer de Chine méridionale pour une « opération programmée ».

Personne en Chine ne dénonce l’exercice militaire mené samedi 30 juillet avec des munitions réelles dans le secteur de l’île de Pingtan, à environ 120 kilomètres des côtes taïwanaises. Personne ne dénonce la communication de l’Armée montrant le lancement d’un système hypersonique DF-17 censé pouvoir détruire un porte-avion avec une vitesse supérieur à Mach 5.

La guerre mondiale est la tendance irréversible de notre époque, c’est même concrètement l’actualité…

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Politique

La « nationalisation » d’EDF pour « l’indépendance » de la France

C’est un Brexit à la Française.

Le Royaume-Uni a eu son Brexit et la France emprunte le même chemin. Non pas que le « Frexit » soit d’actualité, il n’est pas question pour la France de quitter l’Union européenne, dont elle est encore le moteur avec l’Allemagne. Il y a par contre la même tendance qu’au Royaume-Uni au repli nationaliste.

Ce repli est une réaction face au ratatinement du capitalisme dans le cadre de la crise. Si en période d’expansion, le capitalisme prône l’ouverture sur le monde par le marché, en période de crise il y a au contraire une tendance à vouloir faire face au monde.

La « nationalisation » d’EDF votée par l’Assemblée nationale le mardi 26 juillet est précisément l’expression de cela. L’État va reprendre le contrôle total de l’entreprise énergétique avec comme objectif de renforcer « l’indépendance énergétique de la France ».

L’enjeu, expliqué par Bruno Le Maire, le ministre en charge des questions économiques est très facile à comprendre :

« Nationaliser EDF, c’est nous donner toutes les chances d’être indépendants. »

Concrètement, il s’agit pour l’État français d’avoir les mains entièrement libres pour renforcer à vitesse grand V le parc nucléaire français, pour minimiser sa « dépendance » commerciale sur les questions énergétiques.

Il faut s’attendre à ce que la France mette en parallèle la pression contre l’Union européenne et l’indexation (harmonisation) des prix de l’énergie, afin qu’EDF (donc la France) puisse définir seule les prix. C’est donc une contre-tendance à la tendance capitaliste voulant l’ouverture par le marché. C’est typique de notre époque de crise et de guerre, où les monopoles nationaux prennent un rôle toujours plus importants nationalement.

Il y a en arrière-plan bien sûr la guerre en Ukraine et l’embargo économique contre le gaz et le pétrole russe, qui chamboulent totalement le marché mondial. La France s’imagine – en pillant par contre les mines d’uranium sur le continent africain – garantir son « indépendance » avec le nucléaire et ainsi faire face dans la grande bataille pour le repartage du monde. En pratique toutefois, cela ressemble plus à une tentative en catastrophe de sauver les meubles.

Actuellement, plus de la moitié des 56 réacteurs nucléaires sont à l’arrêt, pour maintenance ou des problèmes de corrosion. Le parc nucléaire est vieillissant, avec en plus de cela une dette de 60 milliards d’euros pour EDF. La France est en faillite comme le montre sa dette, mais comme elle a encore beaucoup de moyens financiers, il est donc prétendu pouvoir aller de l’avant sur le plan énergétique en mettant le paquet sur le nucléaire.

La prétention à aller de l’avant est un mensonge évidemment, et quiconque s’imaginerait un instant que la « nationalisation » d’EDF ait un accent social, ne serait-ce que comme aspect secondaire, se met le doigt dans l’œil et court à la désillusion.

La nationalisation d’EDF, cela va être un sauvetage à marche forcé, avec aucun véritable élan et en vérité très peu de moyens. Cela signifie donc une pressurisation des travailleurs, ainsi que le moins-disant sur le plan de la sécurité et de l’écologie. D’ailleurs, l’écologie passe totalement à la trappe et le nucléaire ne souffre plus d’aucune contestation. Le consensus est total pour sauver le capitalisme : le nucléaire doit être là pour ça.

On notera également qu’il faut ici parler de « nationalisation » ou de « renationalisation » simplement avec des guillemets, car il ne s’agit pas de cela. EDF est déjà une entreprise publique puisque l’État possède (et a toujours possédé depuis sa création) plus de la moitié de son capital. En l’occurrence l’État possède près de 85% du capital d’EDF. La nouveauté est simplement que le projet de budget rectificatif pour 2022 prévoit le rachat des 15% manquants (pour près de 10 milliards d’euros).

On est là dans une tambouille assez technique, mais certainement pas dans la « nationalisation » d’une entreprise en fait déjà publique. Mais plus personne ne connaît rien à rien et tout le monde raconte systématiquement n’importe quoi, de manière racoleuse. Le gouvernement parle de « nationalisation » pour chercher un élan dans l’opinion publique, et il n’y a personne pour le contredire.

C’est donc une véritable catastrophe. Les Français qui ont été prompts à moquer, voire vilipender les Britanniques pour le Brexit, ne voient pas qu’il se déroule aujourd’hui exactement le même processus de repli en France.

La différence, c’est qu’au moins au Royaume-Uni il y avait débat (bien que de manière faible), et pas loin de la moitié de la population était contre. En France, le consensus pour un Brexit à la française est presque total, tellement c’est l’apathie démocratique et partout la fête du capitalisme, ainsi qu’aux rêves impériaux aux dépens d’une Russie présentée comme un démon à exorciser par la guerre.

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Guerre

Guerre: le Sénat va voter l’extension de l’OTAN à la Finlande et la Suède

Les sénateurs français vont ratifier l’élargissement du bloc américain.

La guerre pour le repartage du monde est l’actualité des grandes puissances et les parlements sont mobilisés pour accompagner le mouvement. Chaque pays membre doit en effet approuver l’extension de l’alliance militaire atlantique et cela se fait en général par une loi.

En France, le Parlement doit voter un projet de loi autorisant le gouvernement à ratifier le traité d’accession de la Suède et de la Finlande à l’OTAN. C’est le Sénat qui ouvre le bal avec une séance prévue le 21 juillet. Ensuite, ce sera au tour de l’Assemblée nationale de boucler la boucle avec un vote prévu le 2 août, pour une ratification du projet de loi immédiatement dans la soirée.

Pas de temps pour le débat démocratique donc. On peut d’ores et déjà se douter que cela va passer comme une lettre à la poste, tellement personne en France n’est capable de s’opposer à la guerre et à l’affrontement mondial entre la superpuissance américaine et sa concurrente chinoise qui se profile.

L’OTAN met la pression, en expliquant que pour l’entrée de la Macédoine du Nord le processus avait pris 12 mois et qu’il s’agit cette fois d’aller encore plus vite. C’est qu’il faut battre le fer anti-russe tant qu’il est chaud, avant que l’Ukraine n’ait déjà perdu la guerre.

En attendant, la Finlande et la Suède bénéficient du statut d’invité de l’OTAN, alors que dans les faits ces pays sont déjà très proches de l’OTAN depuis longtemps, techniquement parlant. Il n’y a par contre qu’après la validation de leur intégration par les 30 pays membres que ces nouveaux pays seront engagés par l’article 5 de la Charte de l’OTAN qui oblige à la mobilisation de chacun des membres en cas d’attaque.

Des « garanties » en amont avant la demande d’adhésion ont cependant été fournies par la superpuissance américaine et le Royaume-Uni.

Il ne faut pas être dupe quant aux prétentions défensives de l’OTAN. Cet élargissement est un pas de plus vers la guerre mondiale, c’est une manœuvre d’alliance pour préparer l’affrontement avec la Russie, puis la Chine. Et c’est une manœuvre américaine, bien entendu, car l’OTAN est un outil de puissance pour les États-Unis.

D’ailleurs, en vérité, les pays membres de l’OTAN ne sont là que pour enregistrer formellement la volonté américaine. En dernier lieu, c’est le gouvernement des États-Unis qui décide, toutes les ratifications doivent lui être notifiées avant d’être validées définitivement par lui.

Les pays candidats quant à eux auront dû déposer leurs « instruments d’accession » directement auprès du Département d’État américain, l’équivalent d’un ministère des Affaires étrangères.

Il est donc demandé au Parlement français de se plier à cette volontés américaine d’extension de l’OTAN aux pays baltes. Ceux-ci vont s’exécuter, de manière naturelle. C’est une expression du rapport de forces entre grandes puissances, dans le cadre de la tendance à la guerre.

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Écologie

Terrible incendie dans un refuge à Villeneuve-lès-Béziers : appel à soutien

Il faut aider ces animaux et les bénévoles qui s’en occupent de toute urgence.

C’est absolument terrifiant. Vendredi 15 juillet en fin d’après-midi, un feu a pris vendredi dans les alentours du refuge de l’association des chats libres de Béziers. La propagation de l’incendie a fait des dégâts terribles, tuant plusieurs de dizaines d’animaux par les flammes ou le gaz.

Il a fallut l’intervention rapide des policiers municipaux de la ville, premiers arrivés sur les lieux pour ouvrir avec bravoure des enclos et sauver la vie de la plupart des chats. Les pompiers sont ensuite intervenus, mais les dégâts étaient déjà immense. Le site a été littéralement ravagé par les flammes.

En urgence, le refuge a besoin de grillage à poules, de piquets, de fil de fer, de liteaux, de palettes, panneaux contre plaqué marine, parasols, voiles d’ombrage. Attention, les bénévoles ont besoin de temps pour s’organiser lundi et mardi, et aucun don ne pourra être reçu avant mercredi 20 juillet.

Surtout, il y a une cagnotte en ligne :

https://www.helloasso.com/associations/chats-libres-de-beziers/formulaires/3/widget

Voici la page de l’association pour être au courant des besoins et des possibilités d’aide :

https://www.facebook.com/associationleschatslibresdebeziers/

Rappelons qu’il existe de nombreux refuges partout en France, qui ont tous besoin d’aide de manière régulière et prolongée. Car la situation des refuges animaliers en France est un drame permanent, surtout en période estivale. Il y a beaucoup à faire, énormément à faire, pour changer la donne. La société française n’est clairement pas à la hauteur en ce domaine. Il faut que cela change !

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Restructurations économiques

Les signes avant-coureurs d’une crise de l’euro

L’euro pourrait bientôt s’effondrer.

C’est un cap symbolique qui a été passé le 12 juillet 2022, l’euro ayant atteint la parité avec le dollar. Autrement dit, un euro = un dollar, alors qu’auparavant l’euro était systématiquement plus fort que le dollar quasiment depuis sa création. C’est le résultat d’une dépréciation de 19% depuis le début de l’année 2022 et de 37% par rapport au record d’avril 22 avril 2008, lors de la crise financière touchant de plein fouet les États-Unis.

L’euro perd donc substantiellement de la valeur, car le dollar est la valeur étalon du capitalisme mondial. Cela reflète les faiblesses de l’espace économique européen qui sera bientôt touché-coulé par la crise. Car en pratique, si l’euro baisse ainsi, c’est parce qu’il y a un mouvement général de défiance à son égard, pour des raisons objectives très simples à comprendre.

La première, c’est que la Banque centrale européenne a joué avec le feu lors de la crise sanitaire en permettant aux États européens de s’endetter encore plus massivement qu’ils ne l’étaient déjà. De l’argent magique est apparu par milliards pour sauver le capitalisme sonné par la covid-19. Mais cet argent n’avait en réalité rien de magique et voilà la facture arrive. De l’euro est sorti de nulle part, alors il y a maintenant un rattrapage avec une dévalorisation de cette monnaie.

Bien sûr, le capitalisme américain n’a pas été en reste en ce qui concerne l’argent magique. Et, en substance, la valeur du dollar aussi est menacée. Mais la situation américaine est différente en raison de l’hégémonie du dollar et de la puissance économico-politique américaine.

Cela fait que concrètement la banque centrale américaine, la FED, a agi très tôt pour contre-carrer les effets de l’argent magique. Elle a resserré sa politique monétaire (hausse des taux directeurs) depuis le mois de mars, puis une seconde fois en juin. Alors que de son côté la Banque centrale européenne ne le fait qu’en juillet. De plus, cette dernière part de très loin, car les taux d’intérêt ont été négatifs (une absurdité typique de la crise du capitalisme), ce qui n’avait pas été le cas aux États-Unis.

L’autre grande difficulté européenne est sa grande disparité. L’écart le plus significatif, et le plus regardé, est-celui entre l’Allemagne et l’Italie. D’un côté l’Allemagne est considérée comme solide, a une dette considérée comme soutenable : elle emprunte donc pour pas cher. Au contraire, l’économie italienne est considérée comme faible en raison d’une dette publique astronomique, à proprement parler insoutenable : l’Italie emprunte donc à des prix élevés.

Cette différence entre les taux allemands et italiens est scrutée de près, le termes pour la désigner est le spread. C’est en soi un sujet de discorde qui affaiblit l’euro.

Si ce spread est élevé, cela signifie une zone économique déséquilibrée, et donc une monnaie euro qui n’est pas fiable. Alors il y a la volonté de réduire artificiellement ce spread en dirigeant une politique monétaire forte vers l’Italie (entre autre) avec du rachat d’actifs italiens. Le problème, c’est que cela revient encore à produire de l’argent magique et ne fait que repousser l’échéance.

L’Allemagne considère donc qu’il n’est pas question de courir ce risque et que les pays comme l’Italie devraient tout simplement comprimer leur dette en réduisant la voilure de leurs budgets, ce que les bourgeoisies de ces pays refusent catégoriquement de faire pour l’instant. Le spread va donc continuer de grandir, ce qui continue donc d’affaiblir l’euro et de miner la confiance en cette monnaie.

Et comme l’Allemagne elle-même, moteur économique de la zone euro, est affectée directement par la crise, de manière toujours plus violente, alors il n’y a rien pour améliorer la situation de l’euro et de la zone économique européenne. Le secteur industriel allemand fait face aux pénuries de composants asiatiques et d’approvisionnements énergétiques, ce qui menace de fait tout le continent.

Il y a là une spirale négative qui va s’accélérer maintenant avec la faiblesse de l’euro par rapport au dollar. Tout simplement car maintenant, avec leurs euros, les pays européens pourront acheter moins de marchandises en dollars, la monnaie de référence mondiale. Inversement, il y a bien sûr un avantage, mais comme les pays de l’Union européenne exportent peu, ou de moins en moins, cet avantage est très relatif.

La dépréciation de l’euro face au dollar vient donc directement et concrètement renforcer l’inflation des prix, ce qui ajoute encore un problème au problème. L’Union européenne et la zone euro qui lui est liée est face à un mur. La crise ne fait que commencer et la crise de l’euro en sera probablement une première manifestation violente.

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Guerre

Un 14 juillet 2022 sous le signe de l’OTAN

L’armée française est entièrement inféodée à l’OTAN.

Historiquement, les armées sont un marqueur de l’indépendance nationale des pays. Pour une puissance historiquement forte sur le plan militaire telle que la France, cela est particulièrement vrai. Et c’est pour cela que chaque année la fête nationale est accaparée par le militarisme avec un immense défilé des troupes et du matériel de guerre.

Mais la donne a changé au 21e siècle et la France n’est plus la puissance qu’elle fut. Si cela a pris des chemins sinueux, la chose est maintenant entendue : la France est une puissance de second rang, entièrement alignée sur la superpuissance américaine dont elle intègre le bloc. Cela ne veut pas dire que les choses sont figées et on n’est pas à l’abri d’une poussée nationaliste en France avec un Brexit à la française, dont le processus est déjà en cours, de manière contradictoire.

En attendant, l’armée française est tellement soumise à l’OTAN que le logo prévu pour le défilé du 14 juillet 2022 intègre le drapeau de l’OTAN. Il ne s’agit pas là d’un symbole relatif, il s’agit au contraire de toute la démarche de ce défilé, non pas national, mais militariste aligné sur les intérêts américains contre la Russie.

Le drapeau de l’OTAN sur le drapeau du défilé est d’ailleurs fondu avec celui de l’Union européenne. Cela en dit également très long, car l’Union européenne est ouvertement devenue le pendant politico-économique de ce qu’est l’OTAN sur le plan militaire depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Preuve en est, la veille le 13 juillet 2022, le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg s’adressait directement au Parlement européen aux membre de la Commission des affaires étrangères et à la Sous-commission « sécurité et défense ».

La situation est on ne peut plus lisible. Dans le contexte de guerre pour le repartage du monde, la puissance militaire américaine mobilise à fond les puissances qui lui sont liées, par le biais de l’OTAN qui est son outil pour cela, et avec l’Union européenne comme relais politique. La France n’est pas en reste de cette mobilisation exigée par l’OTAN.

Voilà pourquoi neuf nations étrangères étaient invitées à parader avec les armées françaises, toutes des pays du flanc Est de l’OTAN : Bulgarie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République tchèque, Roumanie et Slovaquie. Autrement dit, ce sont tous des pays qui font directement face à la Russie en se plaçant dans le camp de l’OTAN et donc du bloc américain. C’est l’agenda militaire américain qui devient celui de la France pour son défilé militaire du 14 juillet 2022.

6 300 militaires ont donc défilé, ainsi que 64 avions, un drone Reaper, 25 hélicoptères, 200 chevaux et 181 véhicules motorisés. Et c’étaient les troupes des pays du flanc Est de l’OTAN qui ouvraient la marche, suivies des soldats français des régiments engagés pour le compte de l’OTAN sur son flanc Est, en Roumanie et en Estonie.

La présence d’un drone Reaper est historiquement marquante, parce qu’il y a quelques années, les institutions françaises, y compris militaire, rejetaient le principe de drones tueurs, au nom de la « morale ». Tout a ici été renversé et on va vers une généralisation de ces drones tueurs pour la guerre à venir.

Sur le plan aérien, c’est la capacité nucléaire française qui a été mise en avant, ainsi que sur le plan naval, avec l’équipage d’un des quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins. La France, puissance nucléaire alignée sur les États-Unis faisant face à la Russie et à la Chine, voici donc le message qu’il fallait comprendre.

Ou comme le dit l’Elysée, l’idée était de mettre en avant « la capacité de la France à faire face aux défis du moment comme puissance d’équilibre et d’entraînement ». La veille, c’est le président lui-même qui a présenté le programme dans son discours aux armées, où il a même abordé ouvertement la question de l’économie de guerre française, car « tout a changé ».

L’Afrique de l’Ouest, où la France s’imaginait encore il y a quelques années pouvoir tenir un rôle de gendarme, n’est plus la priorité. La « nécessité stratégique » est de s’y replier, tant pis pour la lutte antidjihadiste au Sahel. Ce n’est pas la priorité américaine.

La priorité par contre, c’est de réévaluer l’actuelle Loi de programmation militaire pour augmenter le budget du ministère des Armées et préparer la guerre. Ou « la perspective du retour possible d’un affrontement de haute intensité » comme Emmanuel Macron présente cela, pour dire les choses sans prononcer les mots qui fâchent.

Le budget militaire français va donc continuer à croître pour atteindre 44 milliards d’euros en 2023. Et l’accent va être mis en directement de la jeunesse avec le renforcement du Service national universel (SNU).

Quelle cynisme alors de la part du président d’affirmer qu’ »il ne s’agit pas de militariser la jeunesse, encore moins la société », alors qu’en vérité toute son action vise précisément à cela.

« La République a besoin que vous fassiez davantage » a-t-il demandé aux armées, mais il aurait du surtout préciser : « l’OTAN a besoin que vous fassiez davantage pour le compte de la superpuissance américaine ».

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Guerre

Six mois de mission militaire française secrète dans l’océan Indien

La France se prépare à faire la guerre à l’autre bout du monde.

Le sous-marin nucléaire d’attaque Améthyste est revenu à sa base de Toulon jeudi 6 juillet, à l’issue d’une mission nommée « confiance « . C’est une mission particulièrement longue, une demi-année coupée du monde à l’autre bout de la planète, qui a volontairement été maintenue confidentielle pour ensuite faire la publicité de sa longévité et surtout de sa discrétion.

La Marine nationale française se vante ainsi d’être « l’une des seules au monde à pouvoir conduire  » ce genre de « déploiement lointain ». Voici donc le genre de contribution militaire qu’entend apporter la France au bloc mené par la superpuissance américaine. Il est expliqué que :

« La mission Confiance permet de garantir la capacité de la Marine à se déployer avec réactivité si le besoin était avéré. »

L’équipage du sous-marin n’a été relevé qu’une seule fois, à Goa en Inde, avec l’appui indispensable d’un navire moderne d’assistance dédié. De plus, lors du déploiement de cette mission « confiance  » avec l’Améthyste, il y avait en plus trois autres sous-marins nucléaires d’attaque en opération pour le compte de l’OTAN face à la Russie : un sous-marin aux côtés du porte-avions Charles de Gaulle en Méditerranée et deux dans l’Atlantique Nord.

La Marine française entend assumer par là une grande capacité de projection militaire mondiale coordonnée. C’est indispensable pour les grandes puissances allant à la guerre à notre époque.

On remarquera bien entendu que cela a lieu dans la très brûlante région indo-pacifique, qui est sans aucun doute le grand enjeu de la bataille pour le repartage du monde qui se joue actuellement, et qui mène l’humanité vers une troisième guerre mondiale. La Chine y déploie largement ses navires, au grand dam de l’Inde, qui accueille à bras ouvert la France venue faire du repérage et de l’espionnage.

La France, qui de par ses larges possessions extra-territoriales dispose du deuxième espace maritime mondial derrière celui des États-Unis, entend pour sa part peser et se placer dans cette région dans la perspective de la guerre pour le repartage du monde.

« L’océan Indien est une région d’intérêt stratégique pour la France », dit la Marine nationale au sujet de la mission « confiance  » en expliquant y avoir « coopéré avec plusieurs partenaires de 1er plan ». Il y eu des des entraînements en lutte anti-sous-marine avec les marines indiennes et émiraties menées avec l’appui militaire français basé à Djibouti.

Au delà de l’exercice et de l’effet d’annonce – quoi que « l’annonce » est confidentielle, tant les questions militaires sont taboues en France – sur la capacité française à se déployer si longuement si loin se ses base, il ne faut pas oublier l’intérêt opérationnel du travail mené.

Il est parlé officiellement de « connaissance de la zone », ce qui signifie ni plus ni moins que l’étude des possibilités opérationnelles dans la région. Il y a un intérêt concret, en plus de l’exercice militaire, à avoir patrouillé ainsi pendant six mois dans l’océan indien. Et on peut être certain que le travail fait l’est, au moins en grande partie, pour le compte de l’OTAN, voire directement de l’état-major américain.

La France se prépare donc concrètement à la guerre mondiale, et il n’y a malheureusement personne pour s’y opposer.

Pour l’anecdote, il y avait le lendemain du retour de l’Améthyste à Toulon, l’audition du ministre des Armées à l’Assemblée nationale. Personne n’a parlé de cette mission, pourtant loin d’être anodine. Le député « France insoumise » Bastien Lachaud a préféré demander une meilleure intégration des LGBT dans l’armée, car il ne faudrait pas se priver de capacité de recrutement. Quand à Fabien Roussel du PCF, il a tenu à dire d’entrée de jeu – c’était sa première intervention au sein de cette commission – qu’il y serait sage et respectueux, se contentant pour l’occasion de demander gentiment au ministre si éventuellement il serait possible de discuter au Parlement de la nouvelle posture stratégique de l’OTAN visant ouvertement la Chine.

Cela donc, alors que la Marine française achève la veille une mission importante visant justement très précisément la Chine, les intérêts chinois, la concurrence avec le bloc constitué par la Chine dans l’Océan indien dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde.

Quel décalage. Quel inconsistance. A quelle catastrophe il va falloir faire face !

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Guerre

Les députés européens de « gauche » qui ont voté pour l’intégration de l’Ukraine

C’est très révélateur.

Le 23 juin 2022, le parlement européen a contribué au bellicisme en acceptant la candidature de l’Ukraine (ainsi que de la Moldavie, et accepté la future candidature de la Géorgie). Regardons ce qu’ont fait les députés européens de « gauche », car c’est très révélateur.

La France insoumise et apparentés a six députés européens. Anne-Sophie Pelletier, Leïla Chaibi et Manon Aubry ont voté pour l’acceptation, ce qui les place dans un alignement direct avec le bellicisme et le militarisme. Younous Omarjee et Manuel Bompard ne semblent pas avoir été présents ; en ce qui concerne le second il était en tout cas sur RTL le matin et BFM TV ensuite.

Le seul qui a été un tant soit peu correct, et encore relativement car il n’a pas voté « non », c’est Emmanuel Maurel (de la Gauche républicaine et socialiste) qui s’est abstenu.

Qu’est-ce que cela signifie ? Que La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon n’est absolument pas un rempart contre la guerre. C’est un accompagnement « social » des décisions prises par le capitalisme, y compris la guerre. Car qu’est-ce que signifie d’autre l’acception de l’Ukraine comme candidate, à un moment où ce pays est devenu le jouet de l’OTAN pour transformer l’Europe en champ de bataille ?

Regardons les autres mouvements considérés comme de gauche. Du côté du Parti socialiste et apparentés, avec six députés européens également, tous ont voté pour, sauf Nora Mebarek, absente : Raphaël Glucksmann (de Place publique), Sylvie Guillaume, Éric Andrieu, Aurore Lalucq et Pierre Larrouturou (de Nouvelle donne).

Cette unanimité ne doit pas surprendre, elle montre que le Parti socialiste a fait un choix très clair, celui d’accepter et de soutenir l’expansionnisme capitaliste. C’est également vrai pour Europe Écologie Les Verts, devenu farouchement pro-OTAN ces dernières années : tous les députés européens ont voté pour, à part deux absentes (Michèle Rivasi et Karima Delli) : Yannick Jadot, Damien Carême, Marie Toussaint, David Cormand, Mounir Satouri, Caroline Roose, François Alfonsi (du Parti de la nation corse), Benoît Biteau, Gwendoline Delbos-Corfield et Claude Gruffat (sans étiquette).

Ces députés européens considérés comme de « gauche » ont ainsi voté comme les députés européens de la Droite avec Les Républicains (8 députés, Brice Hortefeux n’était toutefois pas présent), et comme les 24 députés européens pro-Emmanuel Macron (avec trois absents).

C’est terrible, car il y aurait eu le moyen de faire un bloc de gauche contre l’expansionnisme et le militarisme. Car qu’a fait l’extrême-droite française ? Du côté des forces pro Marine Le Pen, n’étaient pas là : Jordan Bardella, Hélène Laporte, Joëlle Mélin, Virginie Joron, Julie Lechanteux, Philippe Olivier.

Ont voté contre : Thierry Mariani, Dominique Bilde, Hervé Juvin, Jean-Paul Garraud, Catherine Griset, Gilles Lebreton, Jean-François Jalkh, Aurélia Beigneux, Annika Bruna, France Jamet, André Rougé, Mathilde Androuët, Jean-Lin Lacapelle.

A ces derniers députés, il faut ajouter deux ex-pro-Marine Le Pen passés à Reconquête d’Eric Zemmour : Nicolas Bay et Jérôme Rivière, leurs acolytes Gilbert Collard et Maxette Pirbakas n’ayant pas été présents.

Cela ne fait pas lourd, car ils ont été très isolés dans leur démarche. C’est là que c’est impressionnant : la résolution pour accepter l’Ukraine comme candidate à l’Union européenne a reçu le soutien de 529 députés européens, 14 s’étant abstenus et 45 ayant été contre.

Sur ces 45 contre, on a ainsi 15 français d’extrême-Droite, pour un total de 29 appartenant à l’extrême-Droite, 3 aux conservateurs, 8 aux non-inscrits (mais en fait souvent d’extrême-Droite), et… seulement six de gauche !

On parle ici d’Özlem Demirel de la gauche allemande « Die Linke », de la Tchèque Kateřina Konečná du Parti communiste de Bohême et Moravie, d’Anja Hazekamp du Parti pour les animaux (aux Pays-Bas), de Sandra Pereira et João Pimenta Lopes du Parti Communiste portugais, de Manu Pineda du Parti Communiste d’Espagne.

On parle ici, on l’aura compris, de personnes isolées dans leur démarche, alors qu’un soutien de La France insoumise aurait permis d’en cimenter l’action. Ce n’est toutefois pas du tout l’option de La France insoumise.

On notera également que parmi les abstentionnistes, six seulement sont de gauche. On a l’Irlandaise Clare Daly, qui affirme ouvertement que l’Ukraine est utilisée comme chair à canon pour mener la guerre à la Russie, tout comme l’Irlandais Mick Wallace, tous deux étant membres des « Indépendants pour le changement », un mouvement de gauche. On a Marc Botenga du Parti du Travail de Belgique, Giórgos Georgíou du Parti progressiste des travailleurs (à Chypre), Sira Rego de la Gauche Unie (en Espagne).

Quel intérêt que cette abstention ? Il n’y en a pas bien entendu. On a besoin de fermeté face au capitalisme qui a décidé de tout engloutir sur son passage et de se précipiter dans la guerre. Et l’exemple de ce vote au parlement européen montre qu’il n’y a rien à attendre de ce niveau, et que La France insoumise n’est pas du tout dans une démarche anti-guerre.

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Guerre

« La Russie ne peut ni ne doit gagner la guerre »

Les choses vont vites et l’emballement est total.

Il y a quelques jours encore, on pouvait voir une sorte de relâchement sur la question de l’Ukraine, avec une acceptation relative de la partition exigée par la Russie et l’idée de simplement faire durer le conflit pour affaiblir la Russie à terme.

C’était évident sur le plan international que le président français Emmanuel Macron avait le rôle de celui voulant maintenir une fenêtre de dialogue avec la Russie, laissant la place à de possibles accords entre l’OTAN et la Russie sur la question ukrainienne (quitte à ne pas respecter ensuite les engagements pris).

C’est bel et bien fini, la superpuissance américaine considère maintenant qu’il n’y a plus le choix et qu’il faut braquer directement les canons contre la Russie. Le sommet de l’OTAN, ouvert mardi 28 juin 2022 à Madrid par un dîner avec l’infâme roi d’Espagne, va être historique.

Dans un tel contexte, on n’insistera jamais assez sur l’importance de se mobiliser en affirmant fortement les principes : non à la guerre, non à l’OTAN. C’est ici qu’une initiative comme Rosa la gazette anti-guerre va être très utile. Car il va falloir mobiliser face au rouleau compresseur de la guerre. Par tous les moyens.

Et donc, pour donner le ton question rouleau compresseur, le président français a radicalement changé sa ligne depuis Essen en Allemagne mardi 28 juin 2022, avant de s’envoler pour Madrid dans la soirée. Pour lui, « la Russie ne peut ni ne doit gagner la guerre ».

Voilà qui annonce la couleur, alors qu’il va être question pour l’OTAN d’inscrire dans son nouveau « Concept stratégique » que la Russie constitue une menace directe pour sa sécurité. La diplomatie américaine a déjà donné les contours du sommet, où les « alliés » sont invités à venir entendre qu’il va falloir fournir « un effort supplémentaire ». Et « même la France », a-t-il été précisé, à en croire le Figaro.

Et même la Turquie, faut-il ajouter également. Car une annonce décisive a été faite juste avant le sommet de l’OTAN : la Turquie qui bloquait les candidatures suédoise et finlandaise à l’OTAN depuis mi-mai a signé un mémorandum d’accord levant ce blocage. Tout le monde est donc prié d’arrêter ses compositions personnelles et de s’aligner totalement sur les exigences américaines d’affrontement avec la Russie.

De son côté, la Russie ne compte certainement pas relâcher la pression. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a réaffirmé sa volonté de voir l’Ukraine déposer les armes dans « toutes les conditions fixées par la Russie ». Et s’il faut pour cela aller contre l’OTAN, la Russie laisse entendre qu’elle assumera.

L’ancien président russe Dmtri Medvedev, actuel vice-président du Conseil de sécurité de Russie et dirigeant du parti Russie unie de Vladimir Poutine, a déclaré par exemple qu’il était hors de question qu’il soit touché à la Crimée (comme le réclame le régime ukrainien), et que si celle-ci était attaquée, alors « ce sera la troisième guerre mondiale ».

Voilà l’état du monde, fin juin 2022, à la veille d’un sommet historique de l’OTAN. Où est la Gauche, pour s’y opposer, pour alerter l’opinion et éduquer les esprits les plus affûtés ? Il y a urgence !

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Guerre

Le Royaume-Uni déclare pratiquement la guerre à la Russie

Cela ne fait pas semblant.

Le général Sir Patrick Sanders est depuis peu le nouveau chef d’état-major de la British Army, l’armée britannique. Sa ligne est radicalement différente de celle de son prédécesseur puisqu’il s’agit d’assumer totalement la guerre, alors qu’avant il était même question de réduire les effectifs…

Dans un message interne à ses troupes le 18 juin 2022, expliquant qu’il est le premier chef d’état-major depuis 1941 à prendre le commandement de l’armée dans l’ombre d’une guerre terrestre en Europe impliquant une puissance continentale, il dit ni plus ni moins qu’il s’agit d’être « prêt à combattre et à gagner des guerres terrestres ».

Cela entre autres déclarations du genre, d’un bellicisme incroyable :

« Il y a urgence à bâtir une armée capable de combattre aux côtés de nos alliés et de vaincre la Russie au combat ».

« Nous sommes la génération qui doit préparer l’armée à se battre à nouveau en Europe ».

« C’est particulièrement mon devoir de rendre notre armée aussi meurtrière et efficace que possible. Le moment est venu et c’est à nous de saisir l’occasion ».

Le même jour, le Premier ministre britannique Boris Johnson allait exactement dans le même sens en déclarant dans la presse :

« Je crains que nous devons nous armer pour une longue guerre, alors que Poutine recourt à une campagne d’usure, essayant d’écraser l’Ukraine avec brutalité. Le Royaume-Uni et ses partenaires doivent réagir en veillant à ce que l’Ukraine ait l’endurance stratégique pour survivre et, finalement, l’emporter ».

La messe est dite. L’armée britannique n’acceptera aucune partition de l’Ukraine. Elle est d’ores et déjà prête à assumer une guerre contre la Russie. Le Royaume-Uni défend donc, au sein de l’Otan, une ligne ultra pour aller jusqu’au bout. C’est que l’armée britannique se voyait déjà faire d’Odessa son port avancé en Orient, alors elle n’imagine pas que ses plans soient contrariés.

Le problème, c’est que la guerre en Ukraine est à un tournant et l’armée ukrainienne va connaitre défaite sur défaite, alors qu’elle n’a remporté quasiment aucune victoire depuis le début de l’invasion. Il n’y a donc pas d’alternative : soit l’Otan ou en tous cas une armée puissante comme la British Army s’en mêle directement, soit la Russie obtiendra une partition de l’Ukraine (ce qui n’est pas incompatible avec un conflit larvé en parallèle, qui existe de fait déjà depuis 2014).

Voici d’ailleurs un texte d’une signification quasi-historique, sur lequel il ne serait pas sérieux de faire l’impasse. C’est une déclaration commune du ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine Dmytro Kuleba et de son homologue pour le Royaume-Uni, Liz Truss, le dimanche 26 juin 2022.

Il est question d’armes lourdes en masse, pour défaire directement l’armée russe. Cela équivaut en pratique à une déclaration de guerre britannique envers la Russie, et c’est en tous cas comme cela que la Russie va le considérer.

Le mot « paix » est prononcé à de nombreuse reprises pour justement en repousser le contenu, car le Royaume-Uni ne veut surtout pas d’un quelconque traité dans les conditions actuelles.

« Le Royaume-Uni est aux côtés de l’Ukraine sur la voie d’une démocratie européenne libre. Nous l’avons renforcé grâce à notre partenariat trilatéral avec la Pologne. Maintenant plus que jamais, nous sommes solidaires.

Le président Zelenskyy et le Premier ministre Boris Johnson sont unis pour défendre la sécurité et la liberté de l’Europe. Nous avons tous les deux noué une étroite amitié en tant que ministres des Affaires étrangères, voyant d’un même œil la Russie et bien d’autres questions.

Le partenariat entre nos grandes nations est fondé sur le principe fondamental selon lequel les gens doivent être libres de choisir leur propre avenir. Pourtant, c’est un anathème pour Vladimir Poutine. Il se sent menacé par la perspective de succès des démocraties libres voisines comme l’Ukraine, car cela risque d’exposer les échecs de l’autoritarisme. Il est donc maintenant déterminé à éteindre la flamme de la liberté en Ukraine par une guerre totale.

Pour obtenir la paix et protéger notre mode de vie, l’Ukraine et le monde libre doivent rester forts et unis. Nous devons ignorer les voix défaitistes qui insistent sur le fait que les gens commencent à se fatiguer et qui proposent de vendre l’Ukraine pour mettre fin rapidement à l’horreur implacable. Le peuple ukrainien n’a pas le luxe de se sentir fatigué. Le reste du monde libre non plus. Les preuves de crimes de guerre odieux continuent de s’accumuler, du bombardement de civils ukrainiens innocents au viol, à la torture et à l’enlèvement.

Les forces russes militarisent la faim dans le monde en arrêtant les exportations de céréales ukrainiennes et en volant les récoltes. Les mandataires russes ont enfreint la Convention de Genève dans la manière dont ils traitent les prisonniers de guerre, y compris les citoyens britanniques servant dans les forces armées ukrainiennes. Il est donc impératif que le G7 et l’OTAN démontrent cette semaine que leur engagement envers l’Ukraine ne sera jamais surpassé par la détermination de Poutine à s’en emparer.

Cela signifie augmenter et accélérer leur approvisionnement en armes lourdes, continuer à sanctionner tous ceux qui sont complices de la guerre de Poutine et couper complètement les importations d’énergie russe. Chaque arme livrée aidera le peuple ukrainien à repousser les forces russes, à reprendre des villes actuellement sous le feu comme Severodonetsk et celles contrôlées par la Russie comme Kherson.

Chaque sanction contribuera à affamer la machine de guerre de Poutine et à sauver davantage de civils innocents d’une nouvelle barbarie. Le peuple ukrainien se bat sans crainte pour sa patrie. Ils peuvent gagner cette bataille et la gagneront avec le soutien indéfectible du monde libre.

C’est pourquoi le Royaume-Uni est à l’avant-garde de la fourniture d’armes lourdes. Les systèmes britanniques de lance-roquettes multiples M270 sont en route pour aider l’Ukraine à se défendre contre l’artillerie russe à longue portée.

Le Royaume-Uni a déjà fourni 1,3 milliard de livres sterling d’aide militaire, notamment des missiles antichars, des systèmes de défense aérienne, des véhicules blindés et de la formation. Le peuple ukrainien se souviendra à jamais de ce que le Royaume-Uni a fait à ses heures les plus sombres. Le Royaume-Uni augmente ses sanctions, avec une nouvelle législation cette semaine sur une série d’interdictions commerciales, et d’autres à venir le mois prochain.

Le monde libre, collectivement, doit faire pression plus fort pour couper la Russie de ses principales sources de revenus étrangers : l’énergie et d’autres exportations telles que l’or. Nous ne pouvons pas être intimidés par Poutine qui essaie d’allumer le monde avec des menaces sinistres. Chaque fois que l’OTAN a résisté à son intimidation, il a été contraint de reculer, et non d’encore plus avancer. Son agression ne réussit qu’à encourager davantage de nations à rejoindre l’alliance défensive la plus réussie au monde.

Il viendra un temps pour la paix. Mais il faut que ce soit une paix bonne et durable. Le chemin de Poutine vers la table des négociations passe par les champs de bataille de l’Ukraine. Il ne sera sérieux au sujet des négociations qu’une fois que le peuple ukrainien aura repoussé ses troupes. Les partisans de l’Ukraine doivent tous jouer leur rôle pour que le président Zelensky puisse négocier en position de force face à un Poutine affaibli. C’est essentiel pour que la paix dure.

Il ne peut y avoir de règlement négocié qui reproduise l’accord de Minsk, qui s’est fait au détriment de la souveraineté, de la sécurité et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Ceux qui proposent de sacrifier la terre ukrainienne proposent en fait de payer en sang ukrainien pour l’illusion de la paix. Ce sera un mirage s’il n’est pas accompagné de la restitution du territoire ukrainien et de l’endiguement de l’impérialisme de Poutine.

Poutine a clairement indiqué qu’il ne s’arrêtera pas à l’Ukraine dans ses ambitions, mais ira plus loin en ciblant d’autres nations souveraines – en particulier celles qu’il croit pernicieusement faire partie de la Russie. C’est pourquoi personne ne peut se sentir en sécurité jusqu’à ce que la Russie se retire de l’Ukraine et ne soit plus jamais en mesure de perpétrer une telle agression.

Le peuple ukrainien ne se bat pas seulement pour son avenir, mais aussi pour l’avenir de la liberté et de la démocratie en Europe et dans le reste du monde. C’est la guerre de tous, car la victoire de l’Ukraine est dans notre intérêt à tous, aussi longtemps que cela prendra. Ensemble, nous pouvons assurer l’avenir de l’Ukraine dans une Europe entière et libre, où la paix règne à nouveau. »

Ces gens sont des furieux. Ils précipitent le monde dans la guerre, ils assument totalement de déclencher la 3e guerre mondiale. Le régime britannique et les dirigeants nationalistes et corrompus de l’Ukraine jettent le peuple ukrainien en pâture, comme première chair à canon de la nouvelle guerre mondiale pour le repartage du monde.

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L’Union européenne entame une colonisation de la Moldavie et de l’Ukraine

Deux pays dépecés par la guerre.

Si la nature du projet européen pouvait faire illusion dans les années 1990 et 2000, avec l’utopie libérale d’un continent unifié par le marché, il est dorénavant clair que l’Union européenne n’est qu’un appendice à l’expansion de la superpuissance américaine. Elle est la version politico-économique de ce que l’Otan est sur le plan militaire.

En décidant unilatéralement le 23 juin 2022, sans aucun mandat démocratique et au mépris de toutes les procédures normales, d’accorder à l’Ukraine et à la Moldavie le statut de candidates officielles à l’Union européenne, les chefs d’État des 27 pays membres ont fait acte d’allégeance aux États-Unis dans sa concurrence acharnée avec la Russie.

Car il ne s’agit que de cela. Personne fait semblant d’en avoir quelque chose à faire des nations ukrainienne et moldaves et des peuples ukrainiens et moldaves, de leur caractère à la fois occidental et oriental. Ces nations sont niées et leurs peuples (voire même seulement leur territoire uniquement, tant les populations ne sont pas considérées) ne sont que des outils manipulés comme des cartes dans le grand jeu diplomatique américain. Exactement comme cela s’est fait dans les années précédent la première grande guerre mondiale où les nations ont été dénaturées, manipulés, sabordés, pour servir un camp contre un autre.

Cette « diplomatie » toutefois n’est pas un jeu et cela signifie concrètement la guerre, les morts, la destruction, avec au bout uniquement la perspective de soumission au capitalisme dans sa version occidentale-américaine. Car ce qui est proposé à l’Ukraine et à la Moldavie, ce n’est certainement pas un développement économique et démocratique. Tant l’Ukraine que la Moldavie sont des pays pauvres, rongés par la corruption et les mafias, l’Union européenne n’a rien à leur proposer d’autre qu’une forme moderne de colonialisme.

On pensera, pour donner deux exemples significatifs, pour la Moldavie au pillage des ressources par le groupe français Lafarge et pour l’Ukraine à l’abominable marché de la GPA, qui est ni plus ni moins qu’un pillage programmé d’enfants pour le compte de riches européens.

Quand on voit la manière dont sont traitées la Roumanie et la Pologne en Europe, avec les mœurs de leurs peuples systématiquement moquées et vilipendées, et leurs travailleurs directement débauchés pour venir casser les conquêtes ouvrières plus à l’ouest, on sait qu’il ne faut pas s’attendre à autre chose pour la Moldavie et l’Ukraine. D’autant plus qu’elles sont chacune historiquement la cible d’un expansionnisme roumain pour la première et d’un expansionnisme polonais pour la seconde.

Concrètement, leur vocation est d’être le 5e boulon de la 5e roue du carrosse… et de servir de ligne de front militaire. D’ailleurs, il ne faut même pas croire les 27 dirigeants européens quand ils disent vouloir intégrer ces deux pays. Tout ce qui compte, c’est d’avoir une relation officielle formelle, pour contrer la Russie, mais cela peut très bien en rester là, du moment que cela suffit aux opérations de la superpuissance américaine.

L’Ukraine et la Moldavie, en tant que nations, sont donc les premières grandes victimes de la bataille pour le repartage du monde du 21e siècle, alors que l’Union Européenne compte également intégrer à terme… la Géorgie.

On peut ainsi dorénavant considérer que le dépeçage de l’Ukraine par les grandes puissances est acquis. D’un côté par la superpuissance américaine qui au moyen de l’Union européenne intègre de manière officielle la partie Ouest du pays, avec comme centre de gravité la capitale Kiev. De l’autre par la Russie qui poursuit très efficacement ses opérations dans l’Est du pays sans qu’on puisse imaginer un quelconque retour en arrière.

L’Ukraine est coupée en deux, et il en sera probablement de même pour la Moldavie, à moins que la Transnistrie ne soit directement broyée et sacrifiée dans ce jeu de massacre, de par sa situation géographique.

Tout cela dépendra maintenant de la seconde phase de l’opération russe en Ukraine, qui sera, voire est déjà, la bataille pour Odessa. Et cela va cogner fort, cette fois au moyen non plus au moyen de l’Union européenne, mais directement de l’armée britannique qui entend contrôler ce port mondial, comme sous-traitant pour le compte américain évidemment. Les lance-roquettes multiples britanniques sont déjà sur le champs de bataille pour le contrôle de l’île au serpents, base avancée déterminant le sort d’Odessa.

La Russie de son côté va aller le plus loin possible contre l’Otan pour s’accaparer Odessa, objectif ultime de son invasion de l’Ukraine.

Les peuples Moldaves et Ukrainiens vont payer ici un très lourd tribus à cette bataille acharnée qui se profile dans le cadre d’une deuxième phase de la guerre en Ukraine. Et l’Union européenne n’est certainement pas de leur côté, alors qu’on rentre de fait dans la troisième guerre mondiale dont le coeur est l’affrontement sino-américain pour l’hégémonie mondiale.