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Le contenu des accords entre La France insoumise et Génération.s, EELV, le PCF et le PS

Il n’y a aucun contenu réel, juste de la soupe électoraliste.

Après un long dénouement, la direction du Parti socialiste menée par Olivier Faure a scellé un accord avec La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon pour les élections législatives de juin 2022. Cela vient conclure la suite d’accords avec Génération.s, EELV et le PCF, qui reprennent toujours la même trame, et lance définitivement la « NUPES » (Nouvelle union populaire écologique et sociale). L’idée étant qu’il faut une alliance électorale multiforme, avec un consensus pour appuyer un Jean-Luc Mélenchon premier ministre afin de conduire la coalition parlementaire si elle devenait majoritaire.

On remarquera en premier lieu que dans chacun des accords, il est question de l’Union européenne et que cela a été primordial dans les discussions (sauf pour le PCF). Il faut dire que Jean-Luc Mélenchon avait été très loin ces dernières années dans le phrasé populiste anti-Europe, alors qu’au contraire Génération.s, EELV et le PS sont des inconditionnels de « l’Europe » (une partie du PCF est également sur cette ligne pro-« Europe »).

Il est flagrant ici que La France Insoumise et le PCF ont capitulé en renonçant à critiquer l’institution européenne dans ses fondements. Certes, tous deux le faisaient sur un mode populiste et quasi-nationaliste, et pas de manière socialiste, donc réelle, mais il y avait l’idée que cela était incontournable.

C’est d’autant plus vrai aujourd’hui en mai 2022 que, depuis plusieurs semaines, l’Union européenne s’illustre par sa vassalité totale à la superpuissance américaine et à l’OTAN sur la question de la guerre en Ukraine. Cela n’est pas nouveau, mais c’est devenu évident, et surtout, indéfendable pour la Gauche (la vraie !).

La France Insoumise et le PCF s’en moquent, tout comme le PS, EELV, Génération.s. Ils n’en parlent pas, comme ils ne parlent pas de l’OTAN. Jean-Luc Mélenchon premier ministre et sa majorité parlementaire « NUPES » sortiraient-ils de l’OTAN, ou du commandement intégré de l’OTAN ?

Ou bien poursuivraient la guerre économique, culturelle et militaire contre la Russie ? Et d’ailleurs, quelle sera la position pendant ces 5 prochaines années, alors que les contradictions entre la superpuissance américaine et sa concurrente chinoise vont s’accentuer ?

Voilà un sujet fondamental, éminemment politique, qui permet concrètement de déterminer une position de gauche (la première, contre l’OTAN), et une autre qui ne l’est pas (la seconde, qui ne dit rien à propos de l’OTAN). Et l’option qui a été prise est celle de la contorsion social-populiste au sujet de l’Union européenne, en faisant croire que la France pourrait être dedans… Tout en n’y étant pas vraiment.

Les accords disent (sauf celui avec le PCF) que la France doit rester dans l’Union européenne et garder l’euro comme monnaie, mais… qu’elle peut choisir quelles règles européennes elle respecte ou non. Il faut « être prêts à désobéir à certaines règles européennes » est-il expliqué dans tous les accords, telle une bande d’enfants gâtés et capricieux voulant l’argent de poche des parents, mais ne surtout pas faire la vaisselle, ni ranger sa chambre.

On remarquera le jeu d’équilibriste dans la rédaction de l’accord avec le PS, qui en dit long sur la nature opportuniste et fourre tout de la « NUPES » :

« Du fait de nos histoires, nous parlons de désobéir pour les uns, de déroger de manière transitoire pour les autres, mais nous visons le même objectif : être en capacité d’appliquer pleinement le programme partagé de gouvernement et respecter ainsi le mandat que nous auront donné les Français. »

La seconde chose notable, c’est que les accords insistent sur une liste de revendications à prétentions sociales, avec une liste particulièrement détaillée dans l’accord avec le PS. Il y a à chaque fois la hausse du SMIC à 1400 euros, le retraite à 60 ans, le blocage des prix sur les produits de première nécessité, une « garantie d’autonomie pour les jeunes » (soit un revenu sans travailler ?). L’accord avec le PS précise l’abrogation de la loi El Khomri et des « contre-réformes du code du travail et de l’assurance chômage ».

La revendication « d’éradication de la pauvreté » est présente dans tous les accords, sauf celui avec le PS. Est-ce par rejet de l’utopie, ou bien par rejet du flou d’une telle formulation qui ne veut, il est vrai, pas dire grand chose ? Toujours est-il qu’il est fait comme si la crise n’existait pas, et qu’il n’est jamais parlé de capitalisme.

Le programme, c’est ouvrez les portefeuilles, l’argent va couler à flot grâce à toujours plus de dette publique « sociale ». Il est laissé entendre que la France connaît une grande vague de pauvreté et que ces gens sont là pour y remédier. Pourtant, le capitalisme tourne à plein régime dans un des pays les plus riches du monde, et les marchandises coulent à flot dans toutes les couches de la société, même les plus précaires. Le décalage avec la réalité est immense.

Anecdotique, mais révélateur, il y a cette petite phrase dans l’accord avec le PS :

« lutte contre l’ubérisation du travail avec la présomption de salariat pour les travailleuses et travailleurs des plateformes. « 

Cela dénote, car c’est une revendication très précise, alors que tout le reste est d’ordre général. Par les plateformes, il faut comprendre les plateformes de livraison de repas et de courses par des auto-entrepreneurs, presque toujours immigrés, très souvent sans statut légal de livreur, voire de présence légale sur le territoire français.

Une revendication de gauche devrait être évidemment l’éradication de ce type de « service », de ce business de la flemme qui pollue les villes avec des nuées de scooters ou de vélos roulant sans aucune lumière. Mais non, les « socialistes » et les « insoumis » trouvent cela très bien d’avoir des immigrés leur apportant un repas ou des courses à domicile, et souhaitent donc renforcer cela au point qu’il le précise dans leur accord général pour les élections législatives. Des domestiques ? Oui, mais avec un CDI !

C’est pathétique, et surtout très loin de la réalité concrète, objective, des classes populaires en France, et particulièrement de la classe ouvrière. Cela n’a rien de gauche, cela n’a rien d’un programme pour changer la vie.

Enfin, et surtout, il y a la question de l’écologie. Là, l’escroquerie est immense, et c’est même à peine croyable de voir que ces gens n’ont même pas fait semblant de s’y intéresser.

Il y a des choses à dire à foison, avec des grandes lignes nettes et précises à tracer sur des sujets fondamentaux. Par exemple sur les zones humides, qu’il faut sanctuariser, sur l’automobile, dont il faut préparer la fin du règne, sur les animaux en général, à propos aussi de la chasse, des zoo, des refuges, etc.

Il y a surtout le réchauffement climatique, et si on a une prétention écologique la moindre des choses est de présenter au moins dans les grandes lignes comment changer le bilan carbone de la France. Tel n’est pas le cas, bien au contraire, car l’écologie n’est qu’un prétexte. C’est du greenwashing électoral. Cela ne fait l’objet que d’une seule phrase, aussi floue qu’insignifiante, dans chacun des accords.

Celui avec le PS :

« L’affirmation d’un impératif de justice écologique, qui se décline à travers une démarche de planification, pilotée par de nouveaux indicateurs de progrès humain ainsi que la règle verte. »

Celui avec le PCF :

« Une véritable planification écologique et démocratique, par l’application de la règle verte. »

Celui avec EELV :

« Nous défendons ensemble la mise en place d’une véritable planification écologique par l’application d’une règle verte (ou d’une règle d’or climatique) pour répondre à l’urgence climatique et environnementale. »

Celui avec Génération.s :

« Nous défendons ensemble la mise en place d’une véritable planification écologique pour répondre à l’urgence climatique et environnementale. »

C’est lamentable, ces gens sont lamentables et même criminels, on ne peut que souhaiter qu’ils se prennent une immense claque électorale, tant l’escroquerie est immense. Et dire qu’il y a des gens pour soutenir une telle escroquerie morale, intellectuelle, culturelle, politique !

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La Gauche sauvera-t-elle la face aux élections législatives 2022 ?

La Gauche française est dirigée par des cancres politiques.

La Gauche s’est fait torpiller à l’élection présidentielle. C’est entièrement de sa faute, car elle n’a pas su convaincre, ni même simplement s’adresser aux gens. Il se pose maintenant la question de savoir quoi faire pour sauver la mise à l’Assemblée nationale, avec les élections législatives prévues pour le mois de juin 2022.

La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, dans la foulée de sa troisième place au premier tour de la présidentielle, a tenté de forcer la main à tout le monde et d’obliger au rassemblement unilatéral sous sa bannière. De surcroît, avec la prétention de pouvoir rafler la mise et d’obtenir une majorité de gouvernement.

Cela ne peut pas marcher évidemment, car chacun sait qu’il n’y a aucun report mécanique du vote « utile » qu’a été Jean-Luc Mélenchon vers un vote local pour tel ou tel député étiqueté, sous la bannière mélenchoniste, « Union populaire ». Cela vaudrait si Jean-Luc Mélenchon était président, mais pas en étant arrivé troisième, donc deuxième des perdants.

Seule une union large de tous les groupements de gauche, ou vaguement de gauche, ou issus de la Gauche, peut créer éventuellement une dynamique électorale, permettant un ralliement massif prenant effet sur les candidatures locales dans chaque circonscription. C’est ce que savait très bien faire le Parti socialiste en son temps, emmenant avec lui tout un tas de vassaux politiques, y trouvant chacun très bien leur compte.

La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon saura-t-elle en faire autant ? Peut-être, mais le temps presse et rien de concret n’a abouti fin avril. C’est que la France insoumise paye chèr son positionnement magmatique, censé ouvrir la porte à n’importe qui, n’importe comment. Car en vérité, ce genre de chose à gauche suscite surtout beaucoup de méfiance, étant considérée comme floue. Et comme le dit l’expression (expression inappropriée car injustement méprisante pour les loups) : quand c’est flou c’est qu’il y a un loup.

Toujours est-il que c’est la France insoumise qui a la main, à défaut d’autre chose, tant toutes les autres forces sont ridiculement faibles, et isolées. Alors il y a des tractations, ou en tous cas il est parlé de tractations. Le PCF de Fabien Roussel (qui était avec Jean-Luc Mélenchon aux élections d’il y a cinq ans) tente de vendre à prix d’or son ralliement derrière une barrière commune, en faisant des comptes d’apothicaires.

Il faut additionner les 7 millions de voix de Jean-Luc Mélenchon aux 3 millions obtenues par Anne Hidalgo, Yannick Jadot et lui-même, pour faire 10 millions au moins, et facilement 11 millions, dit-il. Mais pour cela le PCF veut au moins 16 investitures, alors que la France insoumise ne lui en propose que 11, toutes concernant des « sortants ». C’est donc 5 qui manquent, le compte n’y est pas.

Du côté du Parti socialiste et d’Europe Écologie-Les Verts, le problème est bien plus politique. Il y a la considération, comme l’a fort habillement résumé le socialiste Jean-Christophe Cambadélis, que la proposition d’union ne porte pas tant sur une « coalition » que sur une « reddition ».

Et en effet, on entend tous ces gens se critiquer par médias interposés, mettre sur la table leurs divergences, poser des « lignes rouges », etc. Mais n’ont-ils jamais fait de politique avant ? Est-ce vraiment si difficile pour eux de discuter autour d’une table et de venir présenter publiquement quelques points majeurs pour créer des dynamiques locales dans chaque circonscription ?

D’ailleurs, on se demande bien pourquoi une telle coalition n’a pas existé avant. D’Europe Écologie-Les Verts à la France insoumise, du PCF au PS, en passant par Génération-s, Place publique, La Gauche républicaine et socialiste, La Gauche démocratique et sociale, etc., tous ces gens disent peu ou prou la même chose sur l’immense majorité des sujets. Ils portent les même valeurs, rejettent les mêmes valeurs.

La France insoumise d’ailleurs a tenté le coup, en mettant en avant seulement trois points incontournables : la retraite à 60 ans, la 6e République, la planification écologique.

Cela ne va pas chercher bien loin et c’est largement suffisant. Alors on peine à comprendre pourquoi ce n’est pas déjà réglé depuis une semaine au moins. La Gauche, ou ce qu’il en reste, semble se diriger vers une nouvelle humiliation électorale plutôt que de se retrousser les manches et y mettre un minimum du siens avec une ligne pourtant ultra minimaliste et facile.

Mais quelqu’un comme Julien Bayou préfère raconter :

« Nous c’est très simple : on a des convictions, elles sont à prendre ou à laisser. Nous sommes prêts à discuter d’une coalition, de grandes mesures programmatiques qui font un projet de gouvernement, simplement si vous me dites qu’il faut sortir de l’Europe et reprendre le nucléaire, ce sera sans nous, c’est très simple. »

Ok, mais alors dans ce cas, pourquoi ne pas plutôt faire alliance avec Emmanuel Macron, et ne pas faire perdre du temps à la Gauche ? A moins que ce soit là justement le rôle de tous ces gens : affaiblir la Gauche de l’intérieur, pour la faire disparaître ?

En attendant, il n’y a aucune dynamique démocratique locale qui soit possible, tant tout le monde est suspendu à d’hypothétiques négociations nationales, qui sont menées, ou prétendument menées, par de piètres dirigeants politiques.

Tout cela est bien fade, et très loin du peuple. Mais si encore cette Gauche avait des valeurs et s’accrochait à des principes solidement ancrés. Cependant, pas du tout, il n’y a aucune valeur, par exemple personne ne parle jamais des animaux, et il n’y aucun principe, le refus de la guerre et le rejet de l’OTAN devrait pourtant en être un fondamental.

L’addition s’annonce très salée pour juin prochain.

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Guerre

La Russie évoque le risque de guerre nucléaire alors que l’OTAN organise un sommet à Ramstein

La troisième guerre mondiale qui se prépare.

Mardi 26 avril 2022, le maire de Kiev Vitali Klitschko a fait démonter une statue symbolisant l’amitié entre les peuples d’Ukraine et de Russie. Située sous l’Arche de l’amitié entre les peuple, elle représente un travailleur russe et un travailleur ukrainien qui tiennent un symbole soviétique ; il est écrit « amitié entre les peuples ». Le maire de Kiev s’est félicité que pendant le démontage, la tête du travailleur russe soit tombée au sol… C’est « symbolique » a-t-il dit.

En effet, quel symbole d’affront contre les peuples et contre l’Histoire. Quel symbole d’engrenage guerrier et de haine nationaliste.

Dans le même ordre idée, le buste du maréchal Joukov, qui fut chef d’État-major de l’armée rouge pendant la seconde guerre mondiale, a été détruit à Kharkiv.

De fait, il n’y aura pas de retour en arrière tant la pression est immense, d’un côté comme de l’autre.

En Russie, il y a eu ces derniers jours une campagne médiatique, présentée comme le reflet d’une pression populaire, exigeant de frapper plus fort en Ukraine, en visant notamment les infrastructures ferroviaires. Il a ensuite été expliqué que le régime a cédé à cette pression populaire en procédant à des frappes allant dans ce sens, alors que ce n’était pas dans les plans initiaux de l’état-major.

Ce récit n’est pas forcément faux. Le régime russe a longuement présenté son opération spéciale en Ukraine comme visant à « libérer » la population du nazisme et du nationalisme anti-Russe, et à se prémunir de l’OTAN. Alors la population russe l’a pris au sérieux et exige maintenant d’aller au bout, et vite.

Sauf qu’en face, il y a effectivement l’OTAN, qui a totalement vassalisé l’Ukraine politiquement depuis 2014, et militairement depuis février 2022. Elle y déverse des tonnes et des tonnes de matériel de guerre, voire de conseillers spéciaux militaires, de mercenaires, pour ne surtout pas qu’il y ait un règlement rapide du conflit et une partition, par un traité.

De fait, d’une manière ou d’une autre, aucun des deux camps n’a intérêt ou la possibilité d’envisager une issue au conflit dans l’immédiat, alors ce ne peut qu’être l’escalade. C’est ce qu’a reconnu le ministre russe des Affaires étrangères, dans le cadre de la venue d’António Guterres le Secrétaire général de l’ONU à Moscou mardi 26 avril 2022.

Sergueï Lavrov s’est longuement exprimé sur le sujet, accusant directement et frontalement les États-Unis et l’Europe de vouloir mettre en place un monde « unipolaire » depuis des années, avec l’Ukraine utilisée comme base avancée anti-Russie, y compris sur le plan de la culture. Il a expliqué avoir évoqué avec António Guterres comment des pays comme la France manœuvraient pour mettre en place de nouvelles institutions internationales sans la Russie et les pays opposés aux États-Unis, remplaçant de fait l’ONU.

Il a expliqué que la Russie est prête aux pourparlers de paix, mais que l’Ukraine fait semblant de négocier la paix, alors qu’en fait il y a les Américains derrière pour jeter de l’huile sur le feu.

C’est alors qu’il a parlé de l’arme nucléaire, dans des termes effrayants, non pas car ils seraient menaçant de sa part, mais parce qu’ils reconnaissent de fait une situation menant au pire, et donc à une guerre nucléaire.

Il a rappelé la position russe, qui est le principe de l’inadmissibilité de la guerre nucléaire. Mais il a expliqué ensuite qu’il y a un risque d’emballement en raison de la situation :

« Je ne veux pas alimenter ce risque de manière artificielle. Beaucoup aimeraient cela. Mais le danger est grave, réel. Et nous ne devons pas le sous-estimer. »

En fait, Sergueï Lavrov considère concrètement (et à juste titre) que l’OTAN est en guerre avec la Russie, de manière indirecte, mais réelle :

« L’OTAN, en substance, est engagée dans une guerre avec la Russie via un intermédiaire et elle arme cet intermédiaire. Cela signifie la guerre. »

Un tel propos a une signification historique immense, c’est un jalon évident sur le chemin vers une troisième guerre mondiale.

Pendant ce temps les plus hauts représentant de l’administration américaine en ce qui concerne la Diplomatie et la Défense, après s’être rendus directement à Kiev la veille, étaient en Allemagne mardi 26 avril sur une base militaire américaine, celle de Ramstein, la plus grande base militaire américaine en dehors des Etats-Unis, d’une superficie de 1400 hectares, avec 52 000 militaires actifs.

Il a été expliqué que les États-Unis sont prêts à « remuer ciel et terre » pour faire gagner l’Ukraine contre la Russie, que tant l’Ukraine que ses alliés de l’OTAN croient fermement en une possibilité de victoire.

Et cette déclaration a été faite dans le cadre d’une réunion avec des représentants des ministères de la Défense et des états-majors des armées de 43 pays, dont la France. On parle ici des 30 pays de l’OTAN, ainsi que du Japon, de la Corée du Sud, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, à quoi s’ajoutent Israël, le Qatar et la Jordanie, ainsi que le Kenya, le Libéria, le Maroc et la Tunisie.

Un grand optimisme est de rigueur, ce qui se lit d’ailleurs dans les médias, même Le Figaro parlant de la « perspective » de la victoire de l’Ukraine sur la Russie.

Pourtant, concrètement, sur le terrain militaire l’Ukraine n’a pas d’avancée significative et ne fait que subir les choix opératifs de l’armée russe. Cette dernière, de fait, n’est pas dans une guerre totale et mobilisant tout le pays, mais dans une grande opération militaire avançant lentement mais sûrement, avec tout un tas de précaution pour les évacuations humanitaires (massives), l’encadrement humanitaire des civils sur place, des frappes contre des objectifs très précis, des ratissages de quartiers entiers à la recherche des ennemis ukrainiens cachés, etc.

Autrement dit, à moins d’une intervention directe de la part de l’OTAN, l’Ukraine n’a aucun moyen de quoi que cela soit contre la Russie, en tous cas dans la partie orientale du pays. Donc, quand les États-Unis assument totalement la possibilité de victoire ukrainienne, cela ne peut qu’être par le renforcement de l’intervention de l’OTAN, et contre tout accords négociés sous l’égide de l’ONU.

Et c’est ce que reconnaît Sergueï Lavrov parlant d’un risque d’emballant menaçant d’une confrontation nucléaire.

Il ne s’agit pas ici d’être pro-Russe plutôt que pro-OTAN, ni même d’avoir de quelconques illusions sur la force et le rôle de l’ONU pour régler quoi que cela soit. Il s’agit d’envisager les choses rationnellement et sérieusement, en voyant la tendance irrémédiable à l’emballement dans un grand conflit guerrier mondial par ce qui est mis en place concrètement.

Ce qui se joue, ce n’est pas les décisions bonnes ou mauvaises de tels et tels dirigeants mondiaux, c’est une crise profonde de la société, du capitalisme, à l’échelle mondiale, qui fait que tout tend forcément vers la guerre pour un grand repartage du monde.

S’y opposer est un devoir, c’est même le dernier honneur de la Gauche, à moins de s’effondrer totalement et perdre plus de 100 ans d’acquis et de leçons du 20e siècle. S’y opposer, concrètement en France, cela signifie dénoncer l’OTAN et son rôle perfide, c’est donc aussi dénoncer le régime en France et son interventionnisme guerrier en Ukraine et contre la Russie.

Dénoncer la 3e guerre mondiale nucléaire qui se prépare ne doit pas être une position abstraite et lointaine, c’est au contraire une bataille concrète et immédiate ici en France, pour la paix, contre l’OTAN.

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Guerre

Les États-Unis lancent leur grande opération anti-chinoise

Les discours sont de plus en plus agressifs et militaristes.

Nous cessons de le répéter ici. La grande actualité mondiale est la grande bataille pour le repartage du monde qui se dessine, avec comme aspect principal la concurrence entre la superpuissance américaine, dominante, et la superpuissance chinoise en devenir, son challenger.

La guerre en Ukraine ne fait qu’exacerber les tensions existantes, avec quasiment chaque jour un nouveau palier qui est franchi dans les hostilités. Les États-Unis, puissance hégémonique, notamment en raison de la puissance du dollar, exigent que le monde entier s’aligne sur son discours et ses intérêts. Ils exigent que tout le monde rejette l’invasion russe en Ukraine en faisant allégeance à l’OTAN. Ce que la Chine ne fait pas, bien au contraire.

Depuis le début, elle n’a pas condamné l’opération russe, ni mit en place de sanctions. Au Conseil de sécurité de l’ONU, la Chine s’abstient dès qu’il y a un vote condamnant la Russie. Alors les Américains tapent du poing sur la table et désignent de plus en plus ouvertement la Chine comme étant l’alliée de la Russie, et donc l’ennemie des États-Unis. Et par extension, de l’Union européenne.

Le 13 avril, il y a eu une déclaration marquante de la secrétaire d’État américaine au Trésor Janet Yellen, menaçant la Chine sur cette question. Tout simplement, elle menace la Chine de faire la même chose qu’avec la Russie, c’est-à-dire de l’exclure du système économique mondiale organisé autour du dollar et de l’idéologie du libre échange.

« L’attitude du monde à l’égard de la Chine et sa volonté d’embrasser une intégration économique plus poussée pourraient bien être affectées par la réaction de la Chine à notre appel à une action résolue contre la Russie. »

La Chine de son côté ne fait rien contre ces menaces, car cela sert ses intérêts de puissance challenger. On peut même dire que la Chine profite de la situation pour abattre ses cartes et avancer sur ses positions. Mardi 19 avril, le ministère des Affaires étrangères de la Chine a officialisé la signature d’un accord-cadre de coopération en matière de sécurité avec le ministre des Affaires étrangères des îles Salomon.

On est là en plein jeu des grandes puissances. L’archipel situé dans le Pacifique est minuscule, avec moins de 700 000 habitants, et dépend historiquement de la couronne d’Angleterre. Mais la Chine s’y positionne depuis des années, au grand dam de l’Australie, et il y a à chaque fois des reculs et des avancées, dans un sens ou dans l’autre.

Cette fois, c’est l’Australie qui perd, à tel point que son vice-Premier ministre Barnaby Joyce a dit de manière très significative : « Nous ne voulons pas d’un petit Cuba au large de nos côtes. » Alors les États-Unis s’en sont mêlés, car ils ne veulent évidemment pas d’une base avancée chinoise dans cette partie du Pacifique.

Les discours sont d’une grande violence, assumant totalement la question de la guerre. Une délégation américaine s’est rendue sur place et a communiqué vendredi 22 avril sur le fait que les États-Unis riposteraient « en conséquence » en cas de « présence militaire (chinoise) permanente » sur l’île.

Dans le camp américain, la France n’est pas en reste, avec le ministère des Affaires étrangères dénonçant « l’opacité des dispositions de l’accord » entre la Chine et les îles Salomon, dénonçant ouvertement les « ambitions chinoises comme acteur de la sécurité régionale », comme si la Chine était par définition un ennemi, quoi qu’elle fasse.

Et c’est comme cela chaque jour ou presque, avec à chaque fois un nouveau prétexte américain pour dénoncer le camp chinois, ou inversement un prétexte chinois pour s’affirmer comme puissance rivale du camp américain. Tout cela se renforce irrémédiablement, dans un tourbillon de propagande et d’escalades menant à la guerre.

Exemple marquant d’escalade, la DIA, l’agence américaine spécialisée dans le renseignement militaire à l’étranger, explique que la Russie et la Chine possèdent des lasers en mesure de neutraliser les satellites situés en orbite basse autour de la Terre, et bientôt seraient en mesure d’atteindre les satellites plus hauts, notamment le système GPS. La Chine de son côté assume tout à fait de travailler en ce sens. Tout comme la Russie, qui a déjà déployé un missile antisatellite avec un test en conditions réelles en novembre 2021.

De la même manière, la Chine pousse pour affirmer avoir les moyens de rivaliser avec les États-Unis, avec récemment la question d’une arme anti-navire de type hypersonique. Mardi 19 avril encore, des images d’un tel missile ont opportunément fuitées sur internet via des canaux chinois.

Cela est ensuite assumé dans la presse chinoise à destination occidentale, depuis Hong Kong, avec un analyste militaire chinois de Pékin vantant une capacité de déni et d’interdiction d’accès dans le but de contrer l’hégémonie navale américaine, ce qui sous-entend la capacité à détruire un porte-avion.

Puis il y a un chercheur à l’institut de science et de technologie militaire Yuan Wang, donc un personnage lié au régime chinois, qui explique que si la Chine communique là-dessus, c’est en fait pour empêcher Taïwan de s’imaginer que la situation mondiale est une opportunité pour elle. Ce chercheur dit :

« Pékin craint que l’assistance militaire américaine à l’Ukraine et une récente visite d’une délégation du Congrès américain à Taïwan ne fassent croire à Taipei que Washington pourrait fournir la même aide en cas de conflit entre le continent et Taïwan. »

C’est du billard à trois, quatre, cinq bandes. Les États-Unis font croire que la Chine a les capacités de faire ceci, alors que la Chine gonfle les muscles sur cela pendant que les Américains nient autre chose, pour enfoncer encore plus le clou sur un autre aspect, ce que la Chine reprend et déforme pour aller dans son propre sens, etc.

En tous cas, c’est pour l’instant surtout la guerre en Ukraine qui cristallise ces tensions, et il faut bien avoir conscience du fait que la situation est extrêmement tendue, que la rivalité entre les deux camps et de plus en plus assumée et irrémédiable.

Vendredi 22 avril, la vice-secrétaire d’État Wendy Sherman était à Bruxelles pour, avec les européens, mettre à nouveau la pression sur la Chine et dénoncer son soutien objectif à la Russie, parlant de « manipulation répétée de l’information par la Chine, notamment en propageant la désinformation de Moscou » sur la guerre en Ukraine.

Le camp américain est ultra agressif, n’acceptant aucune remise en cause du discours et de la vision des choses de l’OTAN. Mais ce n’est pas que de la diplomatie vague et lointaine, il y a des menaces concrètes.

Wendy Sherman a ouvertement parlé de possibilité de sanctions :

« Nous avons été très transparents (envers la Chine à propos de) ce que nous faisons (contre la Russie) en termes de sanctions, pour donner une idée du menu dans lequel nous pourrions choisir si la Chine décidait d’apporter un soutien matériel ».

De tels propos sont extrêmement grave, ils devraient faire la Une de l’actualité et être dénoncés massivement par la Gauche, vent debout contre la guerre mondiale et pour la paix entre les peuples.

Les États-Unis viennent directement sur le sol européen pour propager une hostilité hyper agressive contre la Chine et pousser presque ouvertement les Européens à l’affrontement. Mais il n’y a rien, absolument aucune opposition, la guerre mondiale se prépare tranquillement sans aucune remise en cause. Au contraire, tout porte à croire que ce sera bientôt l’Union sacrée pour la guerre, comme avant 1914. Cette fois pas contre l’Allemagne, mais la Chine. Avec la guerre contre la Russie comme première étape.

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Politique

« Marine le peuple » balayée par « Emmanuel McKinsey »

Nier la crise ne la fera pas disparaître.

Le temps de sa (longue) campagne présidentielle, Marine Le Pen a cédé la présidence de son parti à Jordan Bardella. Celui-ci est un excellent orateur et on imagine qu’il aurait produit une bien meilleure prestation qu’elle en débattant face à Emmanuel Macron, mais là n’est pas le sujet. Il y a par contre un bon mot, typiquement français dans sa forme (à la fois subtile et grotesque, à la fois léger et piquant), qu’a sorti Jordan Bardella pour lancer la campagne de l’entre deux tours : « Emmanuel McKinsey, ou Marine Le Peuple ! »

C’est très bien vu, cela résume exactement ce deuxième tour de l’élection présidentielle et a fortiori le débat du mercredi 20 avril 2022. Emmanuel Macron assume totalement la posture qui lui a été façonnée et dessinée par son entourage issu du cabinet de conseil McKinsey, ainsi que de tout un tas de riches donateurs en 2017 issus du monde de l’entreprenariat. C’est très facile à voir et à comprendre, son libéralisme à prétention rassurante et « inclusif », à l’américaine, en est exactement le produit. C’est, autrement dit, de la pure communication. Parler d’Emmanuel McKinsey est pertinent.

En face, il y a donc Marine Le Pen, censée représenter le peuple. Évidemment, ce n’est pas vrai dans le fond. Mais il y a toutefois, dans la forme, quelque-chose de tout à fait conforme et cohérent avec la situation des classes populaires françaises. Clairement, Marine Le Pen a choisi d’incarner une femme française moyenne, ou « de base » comme cela se dit parfois, de manière péjorative mais significative. Cette Française « de base » donc, est mère de famille, concernée par la quotidien économique, son « pouvoir d’achat », sa liberté de mettre ou ne pas mettre le masque, l’insécurité, sa désolation face aux éoliennes ou aux femmes voilées, etc.

En fait, en tentant d’incarner « le peuple », Marine Le Pen a surtout incarné la rancœur, qui est un sentiment extrêmement puissant et répandu dans la France populaire de 2022. Toutes ses interventions, presque chacune de ses réactions à Emmanuel Macron et ses propositions lors du débat, n’ont consisté qu’en de la rancœur face à ce qu’il a représenté pendant cinq ans, voir dix ans si l’ont compte qu’il est dans la lignée directe de François Hollande.

En ce sens, le bon mot « Marine le peuple » de Jordan Bardella illustre tout à fait la situation. Et comme on ne gouverne pas un pays comme la France avec de la rancœur, alors Marine Le Pen s’est faite balayer par Emmanuel Macron, solide, extrêmement sûr de lui et de sa légitimité. Suffisamment arrogant pour apparaître crédible, suffisamment courtois pour ne pas apparaître hostile.

Disons la chose d’une autre manière, beaucoup plus politique. En fait, Marine Le Pen n’a pas assumé son programme. Elle n’assume pas d’être nationaliste ; sa prestation lors du débat était à peine gaulliste, alors qu’elle est censée être une néogaulliste, qu’elle a théorisé cela depuis des années, et mis en pratique cela depuis 2012, soit dix années.

C’est flagrant surtout sur la question de la Russie et de la guerre en Ukraine. Si Marine Le Pen assumait son programme, si elle assumait d’être une néogaulliste, elle aurait dénoncé vent debout Emmanuel Macron comme marionette américaine vendue à l’OTAN, voulant entraîner la France dans une guerre à la Russie.

Si Marine Le Pen assumait d’être une gaulliste à prétention sociale, elle aurait torpillé Emmanuel Macron avançant ses bons chiffres du chômage, en lui répondant que cela est maquillé par le fait qu’énormément d’emplois sont en fait des CDD ou des missions d’intérim, très précaires, mal payés, ne permettant pas une stabilité au capitalisme français.

Marine Le Pen en a été incapable, car ce qui se joue en réalité est bien trop important pour elle. En effet, derrière l’apparente solidité du système, autrement dit la grande stabilité, en surface, du capitalisme en France, il y a une crise monstrueuse qui se prépare.

Face à cela, il n’y a pas le choix, il faut assumer des grandes idées, il faut cogner fort. Soit avec le Socialisme, en s’appuyant sur la Gauche historique, comme nous le proposons, soit avec le fascisme, ce que Marine Le Pen n’a pas osé faire, alors que c’est pourtant sa ligne.

Marine Le Pen ne pèse donc pas bien lourd avec son nationalisme light, son gaullisme timide, face à un Emmanuel Macron très arrogant dans sa défense des institutions, de son mandat, de sa politique. En effet, il croit profondément en ce qu’il raconte. Il croit très probablement que l’insécurité n’est qu’un sentiment et que les chiffres sont faussés par le fait que de plus en plus de femmes portent plainte contre leurs maris grâce à ses mesures. Il croit vraiment que les 600 milliards de dettes « covid », qui s’ajoutent à l’immense dette structurelle de l’État français, ne sont pas un soucis. Il croit vraiment que la guerre contre la Russie menée par l’OTAN est une bonne chose, etc.

Alors il passera, il sera (très) probablement à nouveau président pendant cinq ans, car la rancœur « populaire » de Marine Le Pen ne pèse pas lourd face à son assurance bourgeoise.

La question maintenant est : faut-il s’en réjouir, ou le déplorer ? Évidemment, on ne peut qu’être rassuré face à cette évidence que le fascisme en France n’est pas mûr, que le nationalisme comme proposition ne s’incarne pas et que Marine Le Pen va très probablement échouer.

Mais pour autant, il ne suffit pas de nier la crise pour la faire disparaître. Alors la situation va se tendre, politiquement, culturellement, socialement, militairement. Et il y a, après Marine Le Pen, toute une nouvelle génération en embuscade pour proposer une nouvelle et solide proposition nationaliste, tendanciellement fasciste, pour le pays.

Concrètement, l’échec de Marine Le Pen en 2022 fera le lit des succès à venir des Marion Maréchal, Guillaume Peltier, Nicolas Bay, Jordan Bardella, etc.

Mais inversement, la crise fait que la Gauche historique, celle de la classe ouvrière et de la bataille internationale pour le Socialisme et la paix entre les peuples, va de nouveau être à l’ordre du jour, gagner des positions, devenir crédible.

C’est sur cela qu’il faut compter, principalement. Et il ne faut pas s’imaginer que c’est très lointain. Rien qu’avec la situation politique internationale, il y a quelque chose d’explosif. Emmanuel Macron va (très) probablement être réélu triomphalement dimanche 24 avril 2022, et cela sera un signal très fort pour l’OTAN, et toute la clique des dirigeant prônant la guerre à la Russie.

La tension va donc continuer de monter, la crise va l’emporter, dans tous les domaines, à commencer par la guerre et la crise économique l’accompagnant. Telle est la véritable actualité, ce à quoi il faut profondément et sérieusement s’intéresser. Maintenant, tout de suite !

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Présidentielle 2022 : le programme national et social de Marine Le Pen

National et social, mais pas socialiste.

A plusieurs reprises, Eric Zemmour a qualifié le programme de Marine Le Pen comme étant de gauche. En effet, selon le premier, qui est tenant d’une droite libérale et ouvertement anti-ouvrière, il faut assumer à fond de dégommer tout ce qui est bien public, et ce au profit du privé, de l’entreprenariat et des entreprises en général.

Ce n’est pas l’approche de Marine Le Pen qui relève pour sa part du gaullisme et qui a une orientation qu’on peut et doit qualifier de néogaulliste. Cela signifie qu’elle tiendra toujours à appuyer sur le fait d’être concernée par les préoccupations économiques des classes populaires et de la petite-bourgeoisie, symboliquement avec une approche sociale des choses, concrètement de manière corporatiste.

Autrement dit, elle défend un État fort, qui ait une vocation protectrice vis-à-vis des personnes les plus faibles, qui soit acteur de l’économie, quitte à envisager une forme de « planification », ou plus exactement de prévision au service des grandes entreprises, dans certains secteurs. Cela n’a rien de nouveau, ni de soviétique, c’est l’essence même du gaullisme, qui organise une sorte de fusion entre l’État et les grandes entreprises monopolisant des pans entiers de l’économie.

Un tel programme rend hystérique un libéral tenant d’une droite classique (et dure) tel Eric Zemmour, qui pour sa part considère que par principe, tout ce qui relève de la puissance publique est négatif, que tout ce qui relève de l’État, en dehors des fonctions régaliennes (police, justice, armée et administration générale du pays), est forcément mauvais.

Ainsi, Marine Le Pen n’est pas du tout de gauche et ne s’inscrit aucunement dans la perspective historique de la Gauche. Être de Gauche, cela signifie se battre pour le Socialisme, c’est-à-dire une société où ce sont les ouvriers qui ont le pouvoir, avec une bourgeoisie qui est mise au pas pour disparaître en tant que classe. Être de Gauche, cela signifie donc assumer la lutte de classe, contre la bourgeoisie.

Tel n’est pas le cas de Marine Le Pen, qui n’envisage pas, au contraire, de s’en prendre à la bourgeoisie en tant que classe, et d’assumer la prise du pouvoir par la classe ouvrière. Pour Marine Le Pen, il n’y a pas de contradiction entre le fait d’assumer un État ayant une vocation sociale et protectrice, et en même temps d’assumer vouloir servir les entreprises, et donc le développement de la bourgeoisie dans la société.

Cela amène à des incohérences, comme par exemple le fait de vouloir baisser la TVA (à 5,5%) sur l’énergie. Si Marine Le Pen était de Gauche, elle ne chercherait pas d’abord à faire baisser des recettes fiscales (et donc baisser le revenu public, commun), mais s’en prendrait d’abord aux grandes entreprises comme TotalEnergie pour rogner sur ses profits (16 milliards de dollars de bénéfices en 2021).

Sur de nombreux aspects, le programme de Marine Le Pen est de fait très libéral, dans une perspective très similaire à celle d’Emmanuel Macron ou Valérie Pécresse, tout en n’allant pas aussi loin qu’Eric Zemmour. Voyons ainsi les principales mesures concernant l’économie, le « pouvoir d’achat », les revenus de la population, mises en avant par Marine Le Pen.

Certaines mesures ont une vocation sociale, tournées vers les classes populaires ou dites « moyennes » :

– réindexation des retraites ;

– doublement de l’allocation pour les familles isolées ;

– déconjugalisation de l’allocation adulte handicapé ;

– baisse les droits de succession et suppression en deçà de 300 000 euros de biens immobilier.

On pourrait ajouter la suppression de la redevance télévisuelle, mais il s’agit là surtout au fond d’une question culturelle et « sociétale » plutôt que strictement économique.

Tout le reste de son programme économique par contre est orienté vers la bourgeoisie, la défense de la bourgeoisie, de l’accumulation de capital par la bourgeoisie, et non pas de la société et du bien commun.

La mesure phare actuellement est la baisse de la TVA sur tous les produits énergétiques, qui comme dit n’a pas de sens social. Il y a ensuite la suppression de l’impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans. Ce n’est pas une mesure de gauche : pourquoi des jeunes bourgeois ne contribueraient-ils pas au budget de la collectivité de part leur revenu ? Ce n’est pas normal. Si les jeunes de moins de trente ans ont un revenu suffisant et peuvent participer à l’impôt sur le revenu, c’est au contraire une bonne chose d’un point de vue de Gauche.

Il y a ensuite des mesures incitatives pour soutenir les entreprises à augmenter les salaires de 10 %. Ici, « l’incitation » consiste en fait à baisser les charges, et donc la contribution des entreprises (et de leurs dirigeants, cadres, etc.) à la collectivité. Ce n’est pas une mesure de gauche.

Elle propose également la suppression de l’impôt sur la fortune immobilière, car c’est un « impôt sur l’enracinement ». Marine Le Pen ne veut pas s’en prendre aux bourgeois français qui possèdent une fortune immobilière. C’est très clair.

Elle veut mettre en place un impôt sur la fortune financière, reprenant l’assiette de l’ancien ISF à laquelle sont ajoutée les œuvres d’art acquises depuis moins de dix ans, mais de laquelle sont enlevés la résidence principale ou unique pour le cas de ceux qui sont locataires de leur résidence principale, les monuments historiques et, bien sûr dit-elle, l’outil de travail.

C’est là encore très clair, il s’agit de ne surtout pas s’en prendre à la bourgeoise et de ne pas rétablir l’impôt de solidarité sur la fortune qui concernait justement les grandes villas ou grands appartements parisiens, les entreprises familiales, etc.

Dans le même genre, pour garantir la transmission du patrimoine bourgeois dans les familles, elle veut les droits de succession pour les entreprises, si les descendants s’engagent à ne pas céder l’entreprise héritée pendant 10 ans.

En fait, Marine Le Pen, si elle veut un État fort, elle est aussi, voire surtout, intéressée par un capitalisme fort. Les entreprises, les entreprises, les entreprises : voilà ce qui l’intéresse. Et voici donc sa mesure la plus significative sur la question économique : « diriger l’épargne des Français vers l’investissement privé des entreprises » en créant un fonds souverain français, rémunéré de 2 % par an, pour que les Français deviennent somme toute tous des bourgeois et investissent dans « des entreprises stratégiques ».

Elle dit ainsi que les Français doivent devenir « actionnaires de la Maison France. »

Ce l’inverse d’un point de vue de Gauche, et c’est précisément ce qui fait d’elle une nationaliste puisqu’elle prétend que la question sociale se résoudrait grâce à un capitalisme « national », c’est-à-dire tourné vers son propre pays et hermétique/réfractaire aux capitalismes étrangers.

Dans la même veine, Marine Le Pen s’intéresse beaucoup aux petites entreprises et a des cadeaux à leur faire : suppression de la cotisation foncière des entreprises (CFE) et, pour ce qui concerne des « zones de relocalisation », suppression de la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S). Cela représente, selon son chiffrage, pas moins de 10 milliards d’euros de cadeau à ces entreprises, et donc d’argent en moins pour la collectivité.

Voilà qui est tout à fait de Droite, tout à fait conforme au capitalisme, aux intérêts de la bourgeoisie, petite, moyenne, et même grande, qui n’est pas touchée par Marine Le Pen. Jamais elle n’envisage que son gouvernement oblige l’augmentation des salaires pour les ouvriers et les employés. Jamais elle n’envisage que son mandat serve à une meilleur représentation dans la société des ouvriers et des employés.

Marine Le Pen est ainsi une néo-gaulliste, proposant non pas simplement de moderniser le capitalisme comme Emmanuel Macron, mais de le ré-impulser.

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Emmanuel Macron c’est la guerre avec l’OTAN, Marine Le Pen c’est le nationalisme et la guerre

La situation historique fournit un dilemme terrible.

Faire bloc pour empêcher l’extrême-Droite de parvenir à des postes à responsabilité dans les institutions est un principe fondamental de la Gauche. C’est une leçon tirée du passé, des succès du fascisme italien et du national-socialisme allemand. On a compris depuis qu’il fallait tout faire pour bloquer l’installation de l’extrême-Droite où que ce soit.

Cette ligne est bien entendue réfuter historiquement par l’ultra-gauche (c’est-à-dire les anarchistes et les trotskistes) ; heureusement elle apparaît comme naturelle à toute la Gauche qui n’a pas été contaminée par elle.

L’Histoire n’avançant pas en ligne droite, voici que l’élection présidentielle de 2022 impose toutefois un sacré dilemme. La France est, dans les faits, impliquée dans la guerre en Ukraine. Elle l’est parce qu’elle fournit du matériel, des armes et des conseillers depuis que la guerre est déclenchée ; elle l’est avant même le conflit, parce qu’elle est membre de l’OTAN et que l’OTAN utilise depuis 2014 l’Ukraine comme tête de pont pour démanteler la Russie.

Cela fait que, depuis le 24 février 2022 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la France est objectivement en guerre, même si indirectement. Toute autre considération sur ce point est erroné. Or, naturellement, soutenir le président en place n’est alors pas possible, puisque ce serait valider la guerre, voire même la soutenir en accordant une légitimité plus grande à celui qui prend la décision de la faire.

D’où le casse-tête du second tour de la présidentielle. Si l’on regarde à long terme, Marine Le Pen représente le nationalisme et la guerre ; elle contribue à la dépolitisation des masses, à leur insertion dans le nationalisme, dans la mise en place d’un État replié sur lui-même prêt à s’élancer militairement de manière ouverte dans la bataille pour le repartage du monde.

Cependant, si on regarde à court terme, Emmanuel Macron, c’est l’OTAN, c’est la guerre déjà présente, c’est la pression politico-militaire généralisée sur les prolétariats des pays occidentaux déjà étouffés par la société de consommation.

Si on suit le « Ni Macron ni Le Pen » de l’ultra-gauche, alors on laisse Marine Le Pen passer et c’est du suicide. Si on s’engage à contrer Marine Le Pen, on valide de fait Emmanuel Macron et la guerre de l’OTAN.

Et, bien entendu, les situations très différentes impliquent des positionnements nécessaires dans l’immédiat. Dans certains milieux, Marine Le Pen a l’hégémonie et ne pas affirmer l’opposition à l’extrême-Droite serait une capitulation. Inversement, lorsqu’il se pose des discussions sur la nature du capitalisme et son évolution, la question de l’OTAN prend inévitablement le dessus puisque c’est l’expression politico-militaire de l’hégémonie de la superpuissance américaine dans le monde.

La présidentielle de 2022 apparaît ainsi comme une tragédie, avec un dilemme insoluble. Ce qu’on gagne d’un côté, on le perd de l’autre. C’est dire tout de même dans quelle situation on est, où la seule question de fond c’est de savoir quelle fraction de la grande bourgeoisie va l’emporter, la pro-américaine ou celle qui veut naviguer en solitaire.

En ce sens, on peut constater que la possibilité même de la politique est exclue du panorama du second tour de la présidentielle de 2022. On remarquera d’ailleurs qu’il n’y a pas de discussions possibles, ni même de discussions tout court. Les gens s’alignent sur Emmanuel Macron ou Marine Le Pen dans un processus de polarisation apolitique. Car le capitalisme a essoré les gens, effacé la politique, et il ne reste plus que des tendances de fond dans la bourgeoisie déchirée intérieurement par la crise commencée en 2020 avec la pandémie.

Il n’y a véritablement que la bourgeoisie qui a compris l’importance de la pandémie et de la guerre en Ukraine. Le prolétariat perçoit quelque chose, se doute que cela ne tourne pas rond ; la petite-bourgeoisie s’inquiète profondément. On parle pourtant là seulement de sentiments primitifs, d’impressions somme toute très vague.

Ce dilemme du second tour de la présidentielle 2022 apparaît ainsi comme insoluble ; il exprime toute une contradiction historique, celle entre un capitalisme triomphant et des masses totalement atomisées. C’est cela l’aspect principal : la dépolitisation, l’écrasement de la capacité à se tourner vers une utopie, le culte des ego, l’opportunisme carriériste.

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Écologie

La cause animale nécessite une révolution culturelle qui ne passe pas par Marine Le Pen

Il faut un mouvement de fond, pas des espoirs mal placés.

Il existe trois courants s’intéressant aux animaux. Il y a les vegans qui sont dans leur quasi totalité des petits-bourgeois ou des gens voulant être des petits-bourgeois, adoptant un mode de vie qu’ils veulent coupés d’actes qu’ils voient comme néfastes. Les animaux sont cependant plus un lieu de projection qu’autre chose.

Il y a les vegans pour qui le véganisme n’est pas un point d’arrivée, mais un point de départ, et qui se tournent réellement vers les animaux. Ceux-là tendent inéluctablement à l’affirmation d’une utopie aux exigences concrètes, parce qu’ils aiment vraiment les animaux.

Il y a enfin le vaste milieu de la protection animale, où les gens ne sont pas vegans dans leur immense majorité, tout en se sacrifiant aux quatre veines pour aider les animaux. Ces gens connaissent des difficultés innombrables, ont un profond respect des vegans de la seconde manière et un mépris fondamental pour ceux de la première manière.

Surtout, le milieu de la protection animale est confrontée à une terrible misère animale, et d’ailleurs également humaine en constatant les comportements anti-sociaux, cyniques, barbares. Cela provoque un réel traumatisme et d’ailleurs, il y a inévitablement la même chose chez les policiers (ce qui ne remet pas en cause le fait que la police comme institution soit anti-populaire).

Ce traumatisme provoque un dégoût, une rancœur, voire une haine, et dans tous les cas une tendance marquée au nihilisme. Comment en effet croire en l’humanité lorsqu’on voit que l’empathie et la compassion sont des phénomènes marginaux et même combattus par une indifférence générale ?

A cela s’ajoute la sensation d’être toujours trahi. Une association comme L214 a par exemple une reconnaissance médiatique immense, des millions d’euros dans sa banque, mais n’a jamais fait le moindre effort en direction de la protection animale sur le plan concret. A chaque élection municipale il y a telle ou telle promesse de la part des uns et des autres, qui n’est jamais tenu. Quant à l’État, il ne fait rien du tout.

Il s’ensuit une véritable paranoïa, où, forcément, on se rattache à ce qu’on peut, au moindre espoir de changement culture. Cela ne veut pas dire que le milieu de la protection animale fasse confiance – par définition, le milieu de la protection animale ne fait jamais confiance à moins d’une présence à ses côtés et d’une implication pour les animaux longue, très longue. Mais il y a l’idée que cela ne peut pas être pire et qu’un renversement de tendance, même imparfait, c’est déjà ça de gagné.

C’est cela qui explique l’attirance pour une extrême-Droite version nihiliste en général et l’espoir qui existe en ce moment que Marine Le Pen gagne la présidentielle 2022 en particulier. Celle-ci s’est d’ailleurs placée exactement afin de recevoir un tel soutien.

A l’élection présidentielle 2022, il n’y a que trois candidats à avoir parlé des animaux. Jean-Luc Mélenchon s’est adressé aux vegans désireux d’être bobos ou qui le sont en parlant de l’horreur de la condition animale, dans des termes très généraux. Nicolas Dupont-Aignan a proposé de son côté, et c’est le seul, des mesures concrètes pour les animaux, sur un mode réformiste, en vue de « lutter contre la maltraitance animale ». Il a cette dignité.

Enfin, Marine Le Pen ne propose rien pour les animaux, mais s’est positionnée de manière ininterrompue comme femme célibataire aimant les chats. Ce qui fait penser au milieu de la protection animale qu’elle ne peut pas être une mauvaise personne.

C’est bien peu, mais cela suffit largement, puisque inversement Emmanuel Macron assume tout à fait d’être contre la cause animale, notamment dans son soutien aux chasseurs. Cela peut sembler simpliste, mais en fait c’est simple : l’ennemi de mon ennemi est mon ami et il n’y a rien à perdre tellement la situation est dramatique.

Ajoutons à cela un faible niveau de connaissance des idées politiques à l’image de tout le pays, un enracinement populaire dans les zones rurbaines, une détestation des bourgeois bien proprets vivant dans leur bulle coupée de la réalité… et le milieu de la protection animale a vite fait de se lancer dans un tel espoir qu’une victoire de Marine Le Pen changerait la donne.

C’est cependant une erreur qui revient à celle des vegans version bobos. Les animaux ne sont plus une fin en soi, mais un lieu de projection, car objectivement, Marine Le Pen ne propose rien pour les animaux, à part éventuellement la fin de l’abattage des animaux en mode halal et casher, ce qui n’est toutefois nullement l’alpha et l’omega de la question.

Si l’on prend les animaux comme fin en soi et qu’on veut que ce soit l’empathie et la compassion qui triomphent, alors il faut une puissant changement de mentalités, et pour cela il faut une révolution culturelle. Une révolution culturelle contre la société de consommation, pour un engagement concret dans sa vie quotidienne au service des animaux. Une révolution culturelle contre l’urbanisation massive engloutissant le pays et pour la vie sauvage qui doit être sanctuarisée.

Cela demande des idées, des valeurs, des concepts, à rebours des réactions à l’emporte-pièces qui ramène toujours la protection animale à la case départ.

De toutes façons, on ne peut pas dire que la situation soit dramatique et après essayer de sauver les choses avec Marine Le Pen comme sparadrap sur une plaie béante. Il faut saisir l’envergure de la question et cela exige une conscience sociale saisissant son époque sur la base de la réflexion – et c’est ce qu’est le Socialisme.

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Guerre

Joe Biden parle de « génocide » pour justifier la guerre à la Russie

Un mot galvaudé désormais qui justifie tout.

L’administration américaine a franchi un nouveau cap mi-avril 2022, par la voix du président Joe Biden qui a lancé l’accusation de « génocide » de la part de la Russie en Ukraine. Selon lui, même si « les avocats au niveau international trancheront sur la qualification de génocide », pour lui cela en est.

Jusqu’à présent, seul le régime nationaliste ukrainien utilisait ce terme, qui est en fait constitutif de son idéologie fasciste anti-russe, et qui n’a rien de nouveau. Il était parlé de « génocide » bien avant l’invasion militaire.

Notons d’ailleurs que la Russie n’est pas en reste sur ce genre de propos. En décembre 2021, Vladimir Poutine expliquait au sujet de l’Ukraine à une réunion du Conseil des droits de l’homme :

« Je dois parler de la russophobie comme d’un premier pas vers un génocide. C’est ce qui se passe en ce moment dans le Donbass, nous le voyons bien, nous le savons. »

Tant les Russes que les Ukrainiens sont dans un récit, servant à mobiliser leur population dans le sens de la guerre, en forçant les traits à partir de réalités. Mais les Américains agissent ici de manière extérieure, avec un propos censé avoir autorité internationalement.

Autrement dit, si le président américain utilise le mot « génocide », en disant qu’il est « de plus en plus clair que Poutine essaie simplement d’effacer l’idée même de pouvoir être Ukrainien », cela devient une accusation très sérieuse, et donc très grave.

C’est tellement brûlant que le président français Emmanuel Macron, en campagne pour sa réélection, a dû prendre de la distance avec une accusation aussi grave et engageante. En pleine élection, il doit prendre des pincettes pour ne pas que cela lui explose à la figure, alors il préfère être « prudent » avec les mots, expliquant au passage, ce qui est tout à fait vrai, que les peuples ukrainiens et russes sont des peuples frères.

Parler de génocide, c’est affirmer qu’il y a une tentative d’extermination d’une population tout entière, y compris les civils désarmés dont les femmes et les enfants, au-delà de tout objectif militaire, économique, politique. C’est, autrement dit, un massacre volontaire et planifié.

Il existe une convention internationale sur le génocide, qui le définit très clairement en insistant notamment sur la notion d’intention, qui est forcément très difficile à établir.

L’ONU explique à ce sujet :

« Pour qu’il y ait génocide, il faut démontrer que les auteurs des actes en question ont eu l’intention de détruire physiquement un groupe national, ethnique, racial ou religieux. La destruction culturelle ne suffit pas, pas plus que la simple intention de disperser un groupe. C’est cette intention spéciale, ou dolus specialis, qui rend le crime de génocide si particulier.

En outre, la jurisprudence associe cette intention à l’existence d’un plan ou d’une politique voulue par un État ou une organisation, même si la définition du génocide en droit international n’inclut pas cet élément. »

Absolument rien ni personne ne permet d’affirmer en avril 2022 que la Russie procède à une telle ignominie en Ukraine actuellement, malgré les nombreuses tentatives faites par le régime ukrainien de présenter clefs en main pour les médias occidentaux des récits de crimes de guerre. La guerre russe en Ukraine est ignoble, par définition. Mais tout autant que la guerre en Syrie, au Yémen, la guerre américaine en Irak, etc.

Il est évident que l’accusation américaine, suivi par le Canada et son premier ministre Justin Trudeau qui a emboîté le pas à Joe Biden, n’est en réalité qu’un prétexte cynique pour faire monter les tensions. L’accusation de génocide est très utile à la propagande anti-Russie et l’opération psychologique pro-guerre de la part des États-Unis.

Mais surtout, l’accusation de génocide est très utile pour justifier a priori les interventions militaires, en cherchant le consentement international. L’ONU prévoit en effet, via son Bureau de la prévention du génocide et de la responsabilité de protéger, une sorte d’autorisation à l’intervention, et ce qui peut en tous cas très bien être un prétexte à l’envoi d’armes lourdes modernes.

L’accusation américaine a lieu justement au moment où l’armée russe est sur le point d’accomplir un objectif militaire majeur avec la prise totale de la ville de Mariupol, le grand port industriel ukrainien. Le ministère de la Défense russe a communiqué le 12 avril 2022 sur la réédition de 1026 marins de la 36e brigade de la marine ukrainienne, qui étaient retranchés dans une zone industrielle, totalement coupés depuis plusieurs semaines du restes de l’armée ukrainienne.

Les États-Unis ne veulent clairement pas de la fin du conflit en Ukraine, et encore moins de victoire russe, même partielle. Alors ils font tout pour pousser le peuple martyr d’Ukraine dans une bataille déséquilibrée et sanglante contre l’armée Russe. De nouvelles livraisons d’armes ont donc été annoncées, marquant de plus en plus ouvertement la participation de l’OTAN à cette guerre.

La campagne américaine au sujet d’un pseudo « génocide » relève de cela. Joe Biden a ainsi présenté mercredi 13 avril une nouvelle aide militaire de 800 millions de dollars, avec des équipements lourds, « de nouvelles capacités », parlant de systèmes d’artillerie, de transports blindés, d’hélicoptères.

Et la France est alignée sur cette escalade militaire. Elle fait partie du problème, pas de la solution, parce qu’elle est une grande puissance participant à la grande bataille du repartage du monde. La France, qui a déjà livré plus de cent millions d’euros d’équipements militaires selon la ministre des Armées, a parlé de « capacités militaires additionnelles » pour bientôt, avec notamment armements et munitions.

On sait qu’à l’arrière-plan, il y a l’affrontement prévu entre la superpuissance américaine, qui dispose de l’hégémonie mondiale, et son challenger chinois. La première vise désormais la seconde directement la seconde sur la question russe. La secrétaire américaine au Trésor a ni plus ni moins que menacé la Chine :

« L’attitude du monde envers la Chine et sa volonté d’embrasser une intégration économique plus poussée pourraient bien être affectées par la réaction de la Chine à notre appel à une action résolue contre la Russie ».

Le but de la superpuissance américaine, c’est d’affaiblir ses alliés européens, pour ne pas qu’ils lui fassent d’ombre, et de soumettre la Chine. Car l’actualité internationale est de plus en plus ouvertement celle d’une grande guerre pour le repartage du monde, avec la constitution de deux blocs distincts et hostiles.

Et tous les moyens sont bons de la part des belligérants pour pousser à des interventions militaires, les justifier ou les faire accepter par la population, les préparant toujours plus aux futurs inévitable conflits.

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Après la fuite en avant pour Jean-Luc Mélenchon, la fuite en avant pour Marine Le Pen

Après les rats des villes, les rats des champs.

Après la France urbaine, la France rurbaine. La vague en faveur de Jean-Luc Mélenchon juste avant le premier tout de la présidentielle d’avril 2022 a été profondément urbaine, et il ne s’agit pas tant d’un mouvement vers la Gauche qu’une tentative de « sauver les meubles » pour des couches sociales désireuses que les choses restent stables et sociales. C’est l’idéologie des corrompus par le capitalisme, dans une version petite-bourgeoise de gauche, car profitant des avantages de la ville.

Pour ces gens, Emmanuel Macron est désagréable, le capitalisme va un peu trop vite, il faudrait qu’on en reste là et que l’aisance urbaine, même si parfois relative, puisse se perpétuer.

Désormais, on a une vague en faveur de Marine Le Pen, juste avant le second tour de la présidentielle d’avril 2022, formant une vague rurbaine. On parle ici des corrompus par le capitalisme, dans une version petite-bourgeoise apolitique, en voie de prolétarisation, voire de lumpenprolétarisation en raison d’un isolement social et culturel toujours plus massif.

Pour ces gens, Emmanuel Macron est un objet de haine, le capitalisme va beaucoup trop vite, les choses ne peuvent plus durer car même si matériellement cela va encore, tout le tissu social s’estompe à grande vitesse, depuis les hôpitaux jusqu’aux rapports familiaux, les lieux de convivialités jusqu’au sport et au transport.

Et de la même manière qu’avant le premier tour, il y avait une vague irrationnelle en faveur de Jean-Luc Mélenchon, il y a en ce moment une vague irrationnelle en faveur de Marine Le Pen. Il y a la même tendance à plaquer tous ses espoirs là-dessus, à attendre que les choses se débloquent d’elles-mêmes grâce à un changement à la tête de l’État. Mais, et c’est notable, l’anticapitalisme romantique que l’on trouve chez les nouveaux partisans de Marine Le Pen est bien plus présent, plus agressif, plus vindicatif, que ceux chez les nouveaux partisans de Jean-Luc Mélenchon.

On est ici dans la tradition des gilets jaunes, qui servent de référence culturelle majeure. Les gilets jaunes, nous l’avons toujours souligné ici, ont été un terrible poison, le vecteur d’un démarche pré-fasciste, voire fascistoïde, pour ne pas dire fasciste au sens strict. Cette exigence de rétablir l’ordre ancien par en bas, contre une élite en décalage avec la nation, forme le noyau dur même de l’idéologie fasciste historiquement.

On a d’ailleurs la même brutalité populaire, le même bricolage dans les idées et les formulations, la même grossièreté dans les slogans, la même vulgarité dans l’expression des exigences. Cela n’est en rien populaire, c’est typiquement la révolte des déclassés. C’est ce qui ressemble de plus historiquement, ces cinquante dernières années en France, aux SA allemands et aux chemises noires italiennes. Heureusement qu’il a manqué une réelle ampleur populaire, puisque le mouvement a toujours été ultra-minoritaire, pour ne pas dire totalement marginal, malgré son hyper-médiatisation.

Il n’en reste pas moins que les gilets jaunes ont diffusé un style et ce style, si adulé par l’ultra-gauche française, est en ce moment l’outil majeur pour valoriser Marine Le Pen pour le second tour de la présidentielle de 2022. C’est là tout à fait cohérent. Et cela montre l’erreur massive qu’a fait l’ultra-gauche, et avec elle la CGT, à courir derrières les gilets jaunes au lieu de dénoncer ce mouvement qui resta toujours, historiquement, entièrement extérieur à la classe ouvrière par ailleurs.

Il faut absolument étudier ce qui est en train de se passer sur ce point, afin de bien comprendre le phénomène de ré-utilisation de ce style en faveur de Marine Le Pen. Cela montre qu’une nouvelle étape est passée, que dans le fond de la société française, il y a des choses qui se fissurent, que cela craque à la base même. Et cela aura été extrêmement rapide après les résultats du premier tour. Cela promet pour la suite… Même si cela n’a rien d’étonnant. Comme dit le 10 avril avant les résultats, les Français vont payer cher leurs mensonges, leur petitesse. Il faudra boire le calice jusqu’à la lie.

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L’OTAN passe un nouveau cap dans la propagande anti-russe

La propagande belliciste est acharnée.

Une fresque soviétique, à kramatorsk.

La superpuissance américaine et son appendice militaire qu’est l’OTAN poussent de plus en plus ouvertement à la guerre contre la Russie. Cela est évident depuis plusieurs semaines, mais il faut maintenant parler d’un tournant depuis le vendredi 8 avril 2022.

Il y a eu ces derniers jours un matraquage anti-russe extrême, avec des accusations de génocide ; c’est ni plus ni moins que la propagande du régime nationaliste ukrainien qui est reprise mot pour mot, pour faire monter la tension et préparer l’opinion publique à la guerre. Un nouveau cap a été franchi avec le bombardement de la gare de Kramatorsk.

Il faut s’imaginer ici une scène d’horreur totale, avec la mort de dizaine de civils, dont des enfants, tentant de fuir la guerre, l’intérieur et l’entrée de la gare étant couverts de sang, du mobilier carbonisé, des bagages abandonnés, des débris partout.

Le président américain a immédiatement attribué la responsabilité de ce bombardement à la Russie, accusée d’avoir volontairement visé des civils :

« L’attaque d’une gare ukrainienne est une nouvelle horrible atrocité commise par la Russie, frappant des civils qui tentaient d’évacuer et de se mettre en sécurité ».

Le sous-entendu est toujours le même, c’est que la Russie procéderait à un génocide, visant systématiquement le peuple ukrainien. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a ainsi parlé à propos gare de Kramatorsk d’un « mal sans limite », avec au passage un discours absolument délirant sur l’armée russe qui refuserait le combat militaire par lâcheté :

« Sans la force et le courage de nous affronter sur le champ de bataille, ils détruisent cyniquement la population civile. C’est un mal qui n’a pas de limite. Et s’il n’est pas puni, il ne s’arrêtera jamais ».

On a dans la foulée tout le camp pro-américain qui se rallie à ce discours, sans aucune réserve. Les chefs des gouvernements britannique et allemand ont dénoncé communément la Russie lors d’une conférence de presse, parlant pour l’un de « crimes de la Russie en Ukraine » et pour l’autre de bombardements « épouvantables ».

Le Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell y est également allé sans réserve :

« Je condamne fermement l’attaque aveugle de ce matin contre une gare à Kramatorsk par la Russie, qui a tué des dizaines de personnes et fait de nombreux blessés ».

Mais c’est à la France qu’a été attribué la responsabilité de faire passer un cap aux accusations. En effet, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian est allé extrêmement loin en parlant, sur une chaîne de la télévision publique française, de « crime contre l’humanité ».

« Les autorités ukrainiennes avaient appelé la population à évacuer – notamment par trains – dans la crainte d’une offensive russe pour prendre le contrôle de la région du Donbass. C’est à ce moment-là qu’ils tapent la gare, sur des réfugiés, donc sur des civils, donc ça répond aux crimes contre l’humanité. »

Le « ils » désigne ici ouvertement la Russie, puisque que le ministre avait introduit son propos en expliquant que « la guerre russe se poursuit, avec ses exactions ».

Jean-Yves Le Drian a ensuite parlé de Cour pénale internationale, expliquant (ce qu’Emmanuel Macron a confirmé également), que la France allait envoyer rapidement du personnel militaire en Ukraine pour établir un dossier en ce sens.

C’est ici un point de non-retour qui est franchi, un basculement évident. Comment la Russie peut accepter une telle accusation, la pire des accusations, de la part de la France et du camp américain ? C’est impossible, et ce qui est visé ici est ouvertement la provocation afin de pousser la Russie à la faute et justifier une intervention de l’OTAN.

Il faut ici bien sûr préciser à propos de la gare de Kramatorsk que la Russie a immédiatement démenti, parlant de provocation ukrainienne. Voici ce qu’affirme le ministère russe de la Défense, en précisant que le missile a été tiré depuis Dobropillia :

« Le but de la frappe orchestrée par le régime de Kiev sur la gare ferroviaire de Kramatorsk était d’empêcher le départ de la population de la ville afin de pouvoir l’utiliser comme bouclier humain ».

On peut très bien se dire qu’il n’y a pas plus de raison de croire le régime russe, coupable d’invasion, que le régime nationaliste ukrainien. Mais justement, cela marche dans les deux sens et la France n’a, au sens strict, absolument pas le droit d’accuser unilatéralement la Russie de crime contre l’Humanité pour cette attaque, sans preuve aucune.

Il faut ici beaucoup de sérieux et de hauteur pour bien saisir l’enjeu qu’il y a derrière cette accusation. En effet, l’attaque n’a pas eu lieu dans l’Ouest de l’Ukraine, mais dans le Dombass, une région russophone considérée par la Russie comme relevant de la grande-Russie, avec une population considérée comme devant rejoindre la Russie en étant libéré du joug occidental et nationaliste ukrainien.

Une grande partie du Donbass justement est depuis 2014 séparée de l’Ukraine, et la ville de Kramatorsk était par contre la capitale de la partie du Donbass encore sous-contrôle ukrainien, après des combats acharnés entre les deux camps. Sauf que la ville est justement sur le point de tomber. La population fuit les combats à venir, alors que l’OTAN elle-même explique que la conquête de l’intégralité du Donbass par la Russie est l’actualité de ces prochains jours.

C’est ce qu’a présenté en détail le secrétaire général de l’OTAN mardi 5 avril, en parlant d’une « phase cruciale de la guerre » avec le redéploiement quasi total de l’armée russe à l’Est du pays. Ce que cela sous-entend également, c’est l’écrasement de l’armée ukrainienne, avec une sorte de mâchoire militaire russe se refermant sur elle précisément dans cette région.

Il faut bien voir également que, depuis 2014, l’armée ukrainienne bombarde sans relâche l’autre partie du Donbass, et que la Russie accusait justement celle-ci d’avoir accentué les tirs avant l’invasion de février, et de préparer une opération militaire massive. On en pense ce qu’on veut là encore, mais c’est un élément à prendre en compte dans les accusations.

Comme le fait que l’armée russe explique, de manière très détaillée, comment les militaires ukrainiens (notamment les bataillons de nationalistes fanatiques) se cachent au milieu de la population civile dans la ville (ultra-statégique) de Marioupol, et qu’il faut donc pour l’armée russe procéder à un siège quasiment maison par maison, appartement par appartement.

Jean-Yves Le Drian, qui affirme que la Russie est coupable de crime contre l’Humanité avec l’attaque de la gare Kramatorsk, n’a aucune preuve. Mais surtout, il n’a aucune raison objective à avancer pour expliquer un tel crime de la part de la Russie. A moins de reprendre la propagande délirante et fanatique du régime ukrainien, qui multiplie les mensonges et affirmations délirantes depuis le début de l’invasion.

Quel est l’intérêt pour la Russie de massacrer ainsi une population qu’elle prétend libérer, alors justement qu’elle a plutôt intérêt à ce que la population civile fuit justement massivement pour opérer directement contre l’armée ukrainienne ? De surcroît, de le faire avec un missile de facture assez ancienne, avec écrit dessus « за детей », soit « Pour les enfants » (ou plus exactement « Au nom des enfants »).

Cela est difficilement explicable. On ne peut pas, par principe, écarter l’éventualité d’une frappe russe, mais elle n’est pas plus probable que celle de la provocation nationaliste ukrainienne, ou encore de la possibilité d’un accident de guerre avec un missile ne causant pas les dommages prévus initialement. Mais là n’est pas la question, en vérité, malheureusement.

L’accusation de crime de guerre contre la Russie n’est que le prétexte à une propagande de guerre acharnée. Ce qu’il y a en jeu, c’est ni plus ni moins qu’une vaste opération psychologique, médiatique pour justifier une entrée en guerre contre la Russie. Les dirigeants américains, français, allemands, britanniques, slovènes, polonais, n’en ont rien à faire de la population du Donbass, ils n’en ont rien à faire de l’Ukraine. Leur seule actualité est la bataille pour le repartage du monde, et la place du bloc formé par la superpuissance américaine dans cette bataille, avec la Russie sur leur chemin.

La Russie est dorénavant unilatéralement un ennemi de l’OTAN, il n’y a quasiment plus d’autre issue que la guerre.

C’est le sens de l’arrivée de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à Boutcha puis à Kiev, pour expliquer que l’Ukraine allait intégrer bientôt l’Union européenne, tandis que la Russie est « menacée de décomposition économique, financière et technologique « .

C’est le sens de l’officialisation vendredi 8 avril 2022 de la fourniture par la Slovaquie de système de défense anti-aérien S-300, immédiatement saluée par Joe Biden qui en échange a fourni des batteries de défense antimissiles américains.

C’est le sens du renforcement de l’aide militaire britannique à l’Ukraine (missiles antichars et antiaériens), justifiée par l’attaque « inconsciente » de la gare de Kramatorsk. C’est le sens de la déclaration, quasiment une déclaration de guerre à la Russie, du président américain :

« Nous poursuivrons notre assistance en matière de sécurité et nos livraisons d’armes pour aider l’Ukraine à défendre son pays. Et, avec nos alliés et partenaires, nous soutiendrons les efforts pour enquêter sur cette attaque tout en documentant les actions de la Russie et en la tenant responsable. »

Dans le même registre belliqueux, Joe Biden a également expliqué dans un communiqué :

« Tandis que les forces russes se repositionnent pour la prochaine phase de cette guerre, j’ai demandé à mon administration de continuer de ne ménager aucun effort pour identifier et fournir à l’armée ukrainienne les armes modernes dont elle a besoin pour défendre son pays ».

La Gauche doit se réveiller, il y a urgence. La question de la troisième guerre mondiale n’est pas une spéculation théorique lointaine, mais une terrible actualité qui se dessine. Il faut dénoncer l’OTAN, l’armée française, il faut combattre les va-t-en-guerre, il faut affirmer haut et fort l’internationalisme prolétarien. Guerre à la guerre, le drapeau rouge levé : tel doit être le mot d’ordre.

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Politique

Emmanuel Macron, un Kennedy en carton pour une France en plastique mou

Un show grotesque, à l’américaine.

Devant 30 000 supporters, dans une salle contenant 40 000 places, le Président Emmanuel Macron s’est mis en scène pour son premier et en fait unique meeting de campagne, une semaine avant l’élection présentielle.

Avec de la musique très forte en mode épique, des flammes de pacotille scintillantes, un bain de foule – une foule justement organisée pour donner l’impression de ferveur. Avec un président-candidat seul en scène, se promenant de pupitres en pupitres invariablement de chaque côté d’une plate-forme en hexagone géométrique, faisant des clins d’oeil, se donnant l’air ultra à l’aise et intime.

Mais cela sonnait faux, tellement c’est forcé et décalé avec la gravité de l’époque. Il faut s’imaginer le genre d’ambiance : avant l’arrivée du président, il y a un chauffeur de salle professionnel qui s’adresse aux ministres (en exercice), sagement alignés les uns à côté des autres, guindés, et leur demande de faire… la ola. Ils s’exécutent, puis la ola est reprise par le reste de la salle. Pathétique.

Pathétique et, qui plus est, cela ne correspond pas du tout au style français, qui veut de la politique et du débat d’idée et pas de la mise en scène guignolesque, qui apprécie les postures mesurées pour une approche classique dans le style et sérieuse dans le fond, ne laissant que subtilement et succinctement la place au panache.

Le show d’Emmanuel Macron sonnait donc faux, archi faux. C’est exactement comme au cinéma : quand des Français se lancent dans un film d’action à gros budget, cela ne donne rien, car c’est forcé, et donc mal fait. N’est pas Hollywood qui veut, et en l’occurrence, n’est pas John Fitzgerald Kennedy qui veut.

Emmanuel Macron s’imagine peut-être personnellement un grand destin. Il n’est en vérité qu’un JFK de pacotille, 60 ans trop tard, 6000 kilomètres trop loin. Il n’est là que grâce à l’apathie politique généralisée en France, parce que la Gauche s’est sabotée avec François Hollande et que la Droite s’est torpillée elle-même par suffisance bourgeoise avec François Fillon.

Mais aussi, et surtout, grâce à de (très) généreux donateurs qui l’ont tiré du chapeau et lui ont fait sa campagne en 2017. On sait maintenant qu’il y avait aussi derrière cela le cabinet de conseil américain McKinsey, d’où le style probablement.

En vérité Emmanuel Macron n’est rien, et ne représente pas la France ni les Français. Mais peu importe, car ce n’est pas cela qu’il vise, et d’ailleurs les Français eux-mêmes s’en fichent pas mal, comme ils se fichent de tout à part de leur petit confort quotidie Alors il suffit à Emmanuel Macron de ne pas trop faire de vague, et d’aller dans le sens d’une poignée de millions de gens bien installés dans le système, bien corrompus par le business et fétichisant la modernité capitaliste et l’entreprenariat (qu’Emmanuel Macron se vante d’avoir « libéré »).

Cela peut suffire à nouveau à remporter l’élection présidentielle. D’autant plus qu’il y a parmi ces gens l’appréciant la plupart des journalistes et des commentateurs politico-culturels. Cela aide à se faire une place et bénéficier d’une légitimité, même fictive.

Quant au fond, il n’y a rien évidemment. Et pour cause, Emmanuel Macron ne fait pas le poids face à la pesanteur de l’histoire. Il n’est qu’un accompagnateur du capitalisme, en mode suiveur et fidèle de la superpuissance américaine. Alors il peut bien se donner des airs de grand seigneur, en sermonnant la salle qui hue et siffle la guerre en Ukraine. On parle d’ailleurs là les premières phrase de son meeting, avec l’idée (mal jouée et forcée) de se donner une image de grand homme au cœur de l’Histoire.

« [Tout sourire] Je suis heureux d’être là avec vous… [la foule acclame].
[D’un coup, il prend un air sérieux et concerné.] Et tandis qu’à quelques heures de Paris on bombarde la démocratie… [La foule hue et siffle].
[Il lève le bras en signe de désapprobation et prend le ton d’un professeur.] Non, on va tout de suite se redonner une règle, que vous connaissez.
La guerre en Ukraine [il sert le poing], nous faisons tout chaque jour pour pouvoir l’arrêter. Évidemment nous la condamnons, mais ici quand nous sommes tous ensemble, nous ne sifflons pas, personne, jamais, jamais. [La foule acclame et il reprend son air grave pour expliquer qu’il mène un combat historique pour la démocratie, etc.] »

C’est totalement grotesque, personne n’y croira, comme quand il dit ensuite que son public est constitué de « militants de l’idéal », ou bien qu’il est là dans « la plus grande salle d’Europe », alors qu’il n’y avait pas plus de monde que pour un quelconque match de football important d’un club de ligue 1.

La France, les Français, s’ils étaient à la hauteur, devraient conspuer un tel personnage, et finalement ne pas lui donner d’importance. Mais la France est trop endormie, trop un plastique mou, alors elle tolère ce Kennedy en carton, se disant qu’après tout au moins c’est moderne et américain. Les Français ont toujours aimé ce qui était américain ou avait l’air américain.

La question est maintenant de savoir à quel moment la crise va passer par là. Car tout va très vite, et qui sait à quoi ressemblera la France dans quelques jours, le matin du 10 avril ? Et surtout le 27 avril, pour le second tour ?

Marine Le Pen compte en tous cas là-dessus, en misant sur le fait que d’ici là, les Français seront enfin (au moins un peu) chauffés à blanc par la crise et rejetteront Emmanuel Macron. Elle joue donc à fond la carte de la crise pour réagir à son meeting :

« Depuis 5 ans, Emmanuel Macron a financé la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune en taxant le carburant, le gaz, le fioul et l’électricité de tous les ménages ».

Cela suffira, cela ne suffira pas ? Au fond peu importe, car d’une manière ou d’une autre l’Histoire va reprendre le dessus et balayer tout ça, violemment. Emmanuel Macron, aussi insupportable soit-il, sera très vite oublié. Marine Le Pen elle-même et son nationalisme light, probablement, ne fera pas le poids non-plus, d’ailleurs.

En attendant, il faut boire le calice jusqu’à la lie.

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Politique

L’affaire McKinsey questionne la souveraineté française

Emmanuel Macron est lié à la superpuissance américaine.

Le 16 mars, une commission sénatoriale d’enquête a produit un rapport sur le recours systématique par l’État à des cabinets de conseil, en appuyant notamment sur le fait que cela a coûté plus d’un milliard d’euros à l’État en 2021. Ce montant a doublé depuis 2018, première année pleine de l’exercice du pouvoir par Emmanuel Macron.

Il y a là un scandale en termes de dépense publique bien sûr, mais cela va bien plus loin, interrogeant la souveraineté de l’État lui-même, qui délègue des pans entiers de son analyse et de ses décisions à des cabinets privés, comme le soulèvent en effet les sénateurs ayant enquêté.

Il ressort de leurs investigations, portant sur 7300 documents étudiés pendant 4 mois, que :

« des pans entiers des politiques publiques ont été sous-traités à des cabinets privés : crise sanitaire, réforme de l’aide juridictionnelle, radars routiers, évaluation de la stratégie nationale de santé…

Le recours aux consultants est ainsi devenu un réflexe pour un État qui donne parfois l’impression qu’il « ne sait plus faire », malgré le dévouement de ses propres agents.

Bien que discrète, l’influence des cabinets de conseil sur les politiques publiques est avérée. Les consultants proposent des solutions « clés en main » aux décideurs, que les agents publics sont sommés de mettre en œuvre. »

L’accusation est grave. De surcroît, parmi ces intervenants externes il y a surtout le maintenant fameux cabinet McKinsey. On a là une société de droit américain, avec une filiale de 600 personnes en France, qui ferait un chiffre d’affaires d’environ 300 millions d’euros par an. Et qui reverse tout à la maison mère, elle-même située dans un paradis fiscal, l’État du Delaware aux États-Unis (là d’où provient Joe Biden).

Avec un montage financier astucieux (probablement illégal, la commission sénatoriale parle en tous cas d’un « exemple caricatural d’optimisation fiscale »), McKinsey réussit à ne pas payer d’impôt en France, sans que l’administration fiscale ne trouve rien à y redire.

Cela sent à plein nez la collusion, d’autant plus que le directeur associé de la filiale française, Karim Tadjeddine, a affirmé sous serment face aux sénateurs (qui ont porté plainte pour faux témoignage) que sa société avait versé 422 millions d’impôts et de cotisations sociales en dix ans, en contradiction avec les recherches faites ces mêmes sénateurs auprès du fisc.

Karim Tadjeddine est un proche d’Emmanuel Macron, ayant été militant pour sa campagne présidentielle en 2017. Ce serait en tout une quinzaine de salariés McKinsey qui ont participé à la campagne d’Emmanuel Macron. C’est le cas de Martin Bohmert, qui était Président des Jeunes avec Macron de 2017 à 2019 ou d’Etienne Lacourt, chef du « pôle projet » du parti présidentiel La République en Marche LREM en 2017 et 2018.

Et puis il y a Mathieu Maucort, actif pendant la campagne, maintenant Haut-Commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises, qui était chef de projet chez McKinsey de 2013 à décembre 2016. Et puis il y a le directeur général de LREM, Paul Midy, qui a travaillé pour McKinsey de 2007 à 2014, ayant été chargé de… « la conduite de la réforme de l’État » !

On remarquera au passage que l’autre directeur associé de McKinsey France est Victor Fabius, fils du « socialiste » Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel depuis 2016.

Tout ce petit monde, qui partage la même idéologie ultra-libérale et anti-ouvrière, qui a la même vision du monde prônant l’ultra-modernité capitaliste (en fait le turbocapitalisme) et l’alignement sur la superpuissance américaine, est donc totalement inséré dans les plus hautes strates de l’État français, autour d’Emmanuel Macron.

Il se pose évidemment la question non pas seulement de corruptions, ou « prise illégale d’intérêts » en droit, mais directement d’ingérence étrangère au sommet de l’État français. Et en l’occurrence d’ingérence américaine, avec des cabinets de conseils étrangers ayant accès forcément à des données décisives. Quand on sait que la stratégie vaccinale mise en place par le gouvernement a été confiée au cabinet de conseil américain McKinsey, ainsi qu’à plusieurs autres cabinets (Accenture, Citwell et JLL), cela soulève forcément un problème de fond.

Ce que ne manquent pas de souligner, d’ailleurs, tout un tas de commentateurs pro-Russes, voire pro-Vladimir Poutine. C’est typique de leur démarche que de souligner de ce genre de collusion, de dénoncer les atteintes (américaines) à la souveraineté des États, etc.

Alors ce genre d’affaire pourrait typiquement produire un basculement et une crise de régime, permettant une réfutation de l’alignement unilatéralement pro-américain, pro-OTAN et fanatiquement anti-Russe, de la France. C’est typique de périodes de crise telles que nous en vivons en ce moment. C’est en tous cas conforme à l’intérêt de pans entiers de la bourgeoisie française, hostiles à Emmanuel Macron et son entourage de chez McKinsey.

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Meeting du Trocadéro: Eric Zemmour lance l’après pour la Droite

Une nouvelle droite dure et nationaliste va se former.

En annonçant 100 000 personnes au Trocadéro à Paris pour son meeting, Eric Zemmour a parfaitement réussi son coup médiatico-politique. Ce qui compte pour lui en effet est de montrer qu’il y a un élan autour de lui et de ce qu’il représente, avec une proposition incontournable pour l’avenir.

Il ne faut pas être dupe de l’enjeu électoral lui-même, qui ne débouchera très probablement pas sur un séisme politique. Eric Zemmour sait très bien qu’il ne sera probablement pas au second tour dans quinze jours, dimanche 10 avril 2022, mais peu importe.

Ce qu’il faut voir surtout, c’est comment, en si peu de temps, sans aucun parti politique structuré initialement derrière lui, il réussit à peser autant sur l’élection, à réunir 100 000 personnes adhérentes à sa formation électorale Reconquête avec un discours très clivant, et plusieurs dizaines de milliers de personnes à son grand meeting de campagne à Paris.

L’élan est clairement là, la dynamique politico-culturelle est évidente. Et si, comme cela se profile, Marine Le Pen échoue à nouveau face à Emmanuel Macron au second tour de l’élection, avec également une Valérie Pécresse humiliée par un score très faible au premier tour, alors il y aura un immense boulevard pour la recomposition de la Droite, dans une forme conforme aux tumultes de l’époque, à la crise.

D’ailleurs, Eric Zemmour n’est ici probablement qu’un simple outil, un passeur pour aller d’une époque à une autre, et il s’effacera très vite, en tous cas idéologiquement (déjà qu’il ne représente pas grand-chose, hormis son populisme anti-immigrés). Il faut plutôt regarder du côté des Nicolas Bay, Guillaume Pelletier ou Marion Maréchal pour voir les visages de la Droite dure et nationaliste de demain.

Eric Zemmour pour sa part, c’est avant tout la nostalgie de la France d’avant, de l’après-guerre, avec un capitalisme triomphant et modernisant la société à vitesse grand V, sans pour autant chambouler sa base paysanne et petite-bourgeoise. En s’adressant aux « anciens » lors de son meeting, il a parfaitement exprimé cela :

« Vous avez connu la vie dans le plus beau pays du monde, vous avez connu l’école de l’exigence, vous avez connu la courtoisie dans la rue, la galanterie. Vous avez connu la fierté d’être Français. Vous ne reconnaissez plus le pays dans lequel vous avez vécu ? Vous ne comprenez pas ce qui vous a échappé ? Vous ne vouliez pas créer ce chaos, je le sais. Vous avez le pouvoir de faire basculer cette élection, de choisir le candidat qui vous dit : ‘Oui, vous avez raison d’avoir peur’. Choisissez le candidat qui vous dit : ‘Je veux que la France redevienne la France’. Je vous propose de redevenir jeunes, de retrouver l’optimisme de vos 20 ans ».

Mais plus encore, c’est en dévoilant ses références politiques lors du meeting qu’il montre en quoi il est dépassé culturellement, appartenant strictement au passé (quand bien même est-ce sous une forme mystifiée) :

« Nous sommes les seuls à être de droite dans cette campagne. Nous sommes les seuls héritiers d’une Droite qui aime la France, le peuple, le travail, l’ordre et l’identité. C’est la Droite qui était au RPR, la Droite de Charles Pasqua, la Droite de Philippe Séguin. Oui je suis le seul candidat de droite à cette élection. »

Au sens strict, ce genre de références en 2022 n’a aucun sens et ne devraient même pas réunir plus d’une centaine de personnes ; si Eric Zemmour galvanise autant avec un tel discours franchement ringard, c’est simplement de par ce qu’il représente comme perspective de bousculement politique, de recomposition de la Droite.

Ce qui compte n’est pas tant ce qu’il raconte, sur l’immigration, l’économie, etc. ou ce qu’il ne raconte pas, sur l’écologie, sur la Russie, etc. Ce qui compte surtout c’est qu’il explique qu’il faut tout recommencer à droite, réunir tout le monde pour partir sur de nouvelles bases dépassant les formations politiques actuelles à droite.

Les propos suivants tenus lors du meeting du Trocadéro ont une portée politique immense, qui serviront de base pour les dix années à venir à droite, c’est une évidence :

« J’ai choisi le Trocadéro car nous n’en pouvons plus des divisions des patriotes qui est la cause de nos défaites. J’aurai besoin de tout le monde : des gaullistes, des souverainistes, de tous les patriotes de la droite.
J’aurai besoin de tout le monde. J’aurai besoin de toutes les familles de la droite et de tous les patriotes. J’ai des amis aux Républicains et je les accueillerai. J’ai des amis au Rassemblement national, ils auront toute leur place à mes côtés. Oui j’ai besoin d’Eric Ciotti, applaudissez-le ! Oui j’aurai besoin de François-Xavier Bellamy, de Laurent Wauquiez, de Nadine Morano, de Jordan Bardella, applaudissez-les ! Car c’est l’idée que je me fais de l’union des Droites ».

Eric Zemmour, c’est ni plus ni moins que la jonction entre la droite classique et traditionnelle, bourgeoise et urbaine, représentée surtout par le RPR, puis l’UMP, puis LR, avec une droite provocatrice et populiste, puis social-nationaliste, représentée surtout par le Front national puis le Rassemblement national.

Pour l’instant, Eric Zemmour n’apporte aucun contenu véritable à cette union et recomposition de la Droite à venir. Il ne fait que recracher vaguement l’idée d’un néo-gaullisme indispensable à la bourgeoisie française, qui a déjà été formulé en long en large et en travers partout à droite durant les années 2010. Depuis Henri Guaino, qui était le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, jusqu’à Marine Le Pen et toute la clique intellectuelle ayant formulé son programme depuis 2012.

Voilà donc la signification principale de la candidature Eric Zemmour : c’est d’en  » appeler  » à :

« ces électeurs des Républicains qui en ont assez de voir leurs idées trahies, à ces électeurs du Front national qui voient leurs idées végéter dans une opposition stérile depuis trop longtemps. »

Je vous tends la main, dit-il, et cette main tendue n’est autre que la possibilité d’une nouvelle formation à Droite en France, sur une ligne dure, nationaliste, néo-gaulliste évidemment, assumant la restructuration économique dans le cadre de la crise avec une bataille rude menée aux travailleurs, et assumant bientôt la question de la guerre dans le contexte mondial.

Eric Zemmour, en vérité, ne dit pas grand-chose dans le fond, car il n’a pas besoin de le faire. Ce qui compte par contre, c’est qu’il laisse la porte grande ouverte pour une nouvelle Droite prenant fermement le pouvoir en France.

C’est tellement vrai que Philippe de Villiers, ce nationaliste toujours apprécié à droite mais isolé, qui prône justement depuis des années et des années cette union des droites sur un mode dur, a confié avoir eu «les larmes aux yeux  » en écoutant le meeting d’Éric Zemmour. C’est clairement une page qui se tourne pour la Droite française, une nouvelle époque qui s’annonce.

La Gauche en face doit se reconstruire et vite, pour ne pas voir les acquis démocratiques et toutes les conquêtes sociales du mouvement ouvrier se faire littéralement broyer par cette nouvelle vague de droite dure et nationaliste, et qui assumera d’aller vers la guerre.

C’est tellement urgent qu’il suffit de penser ne serait-ce qu’à dans quelques semaines avec les élections législatives… Cela va être un jeu de massacre pour la Gauche, ou ce qu’il en reste, et une formidable séance de répétitions pour la nouvelle droite qui se profile.

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Présidentielle 2022 : la société française se replie sur elle-même

Il faut s’attendre au pire.

L’indifférence complète pour la présidentielle 2022 de la société française ne doit pas laisser penser que les Français sont rétifs à l’État ou au capitalisme. L’abstention, si valorisée à l’ultra-gauche, n’exprime certainement pas, dans les conditions actuelles, une élévation du niveau de conscience sociale. Encore faut-il d’ailleurs porter une attention sur un tel niveau – ce qui est le choix de la Gauche historique.

Non, l’indifférence pour la présidentielle 2022 correspond à une dépolitisation, à un dédain de toutes responsabilités, ce qui s’associe avec un vote à l’extrême-Droite. On pense trop souvent que la montée de l’extrême-Droite ne peut que s’accompagner d’une mobilisation de masse, dans une version fanatisée et de grande ampleur. C’est là un raccourci.

La mobilisation de masse de l’extrême-Droite est toujours apolitique ou anti-politique ; elle vise, exactement comme les gilets jaunes d’ailleurs, à « rétablir » un ordre ancien. Les fascistes italiens et les nazis allemands ne prétendaient pas être une faction politique, mais un mouvement de fond procédant au grand « rétablissement ».

Et le terreau d’un tel mouvement de « réaction » – s’arrogeant une dimension « révolutionnaire » anticapitaliste en luttant contre le présent de la société (mais pour aller vers le passé et non l’avenir) – c’est l’apolitisme à grande échelle, le crétinisme de masse, la réduction des masses à des foules.

C’est pourquoi la présidentielle 2022 n’a pas qu’un seul aspect horrible, consistant en le fait que les Français soient ailleurs dans leur esprit, mais bien deux, car la montée de l’extrême-Droite est strictement parallèle à un tel phénomène. C’est l’alliance de l’apolitisme et du « retour en arrière ».

Et si l’on veut s’opposer à cela, il faut être à la hauteur. Essayons de résumer les principaux points, à traits grossiers, caractérisant la société française : le refus de lire des choses profondes, le rejet de toute organisation, la réduction à la structure familiale, la fascination pour l’esprit de bande, la limitation de l’expression des points de vue à des éléments brefs dans l’esprit des réseaux sociaux, le consumérisme béat, l’attrait pour des choses superficielles bien empaquetées à la Netflix ou Koh Lanta…

Et maintenons regardons les gens à gauche. Sont-ils extérieurs à cette tendance négative ? Absolument pas. Ils sont même une partie du problème le plus souvent, en ayant été happés par le turbocapitalisme. Ils sont en phase directe avec le capitalisme élargissant les marchés, depuis Uber Eat jusqu’aux LGBT. Ils sont un facteur de dépolitisation massive, de repli individuel, avec le progrès social consistant en l’élargissement des « droits individuels ».

Pour être à gauche aujourd’hui, il faut avoir un vrai niveau culturel, et lutter en ce sens ; qui ne le fait pas se fait happer par le capitalisme, sans même le remarquer, et après c’est trop tard. C’est bien entendu un phénomène de masse. Et pour ne pas avoir été à la hauteur à ce niveau, la Gauche française est incapable de faire face tant à la dépolitisation qu’à la montée de l’extrême-Droite, deux phénomènes qui vont ensemble et qui s’expriment tel un rouleau compresseur.

La société française se replie sur elle-même et il faut s’attendre au pire pour la présidentielle 2022. Rien ne peut sortit de bon d’un tel événement institutionnel dans une société en décomposition, avec un capitalisme décadent, avec une crise à tous les niveaux.

Qui ne se place pas à ce niveau, en termes civilisationnels, rate le sens de ce qui est en train de se dérouler.

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Société

Présidentielle 2022 : l’élection qui n’a pas lieu

La nullité est seule triomphante.

Dans trois semaines, dimanche 10 avril, ce sera le premier tour de l’élection présidentielle, qui est l’échéance pilier du régime de la 5e République française. Pourtant, cela n’intéresse personne, et pour cause. Le panorama électoral français est d’une nullité affligeante, avec des candidats tous aussi lisses les uns que les autres, sans aucune profondeur politique et culturelle. Personne n’est à la hauteur, c’est au contraire la course à celui qui froissera le moins possible la société française, à qui assumera le moins de choses possibles.

La réélection d’Emmanuel Macron à son propre poste ne fait pas de doute dans l’esprit de la plupart des gens, qui regardent cela de très loin, s’en accommodant largement. C’est que le président correspond très bien à l’état d’esprit de la France : passive, à fond dans la consommation, crispée par rapport à la crise, mais niant malgré tout celle-ci.

Emmanuel Macron est celui qui dit ce qu’il faut dire, sans faire de vagues, sans dire grand chose. Tant la Droite que la Gauche sont encore groggy de sa victoire sortie de nulle part en 2017, qui a cannibalisé leurs fonds de commerce respectifs.

La Droite, à qui l’élection de 2017 était entièrement promise, ne s’est jamais relevée de son échec. Les équipes de Valérie Pécresse, la candidate LR pour cette échéance 2022, sont ulcérées de voir Emmanuel Macron reprendre leurs propositions : retraite à 65 ans, droits de succession supprimés pour 95% des Français, rachat des RTT, année d’internat dans les déserts médicaux, gommant ainsi toutes différences.

La Gauche quant à elle est absolument pitoyable, n’ayant probablement jamais été aussi proche du fond depuis 1914 et l’Union sacrée menant à la première guerre mondiale. Entre le spectacle médiatique de Christiane Taubira qui a fait un flop monumental, le beauf du PCF Fabien Roussel qui s’extasie dès qu’il dépasse les 4% dans les sondages en parlant de steak et de pinard, le populiste Jean-Luc Mélenchon qui racle les fonds de tiroir d’il y a cinq ans, la maire de Paris Anne Hidalgo qui réussi l’exploit de faire une campagne encore plus médiocre que celle de Benoit Hamon en 2017, ou bien encore Yannick Jadot le va-t-en-guerre atlantiste furieusement anti-russe… Que dire?

Du côté des nationalistes, c’est (heureusement) pas mieux. On aurait pu s’attendre à ce que ceux-ci aient un boulevard avec la guerre en Ukraine, en critiquant l’hystérie atlantiste anti-Russe pour relativiser les positions du régime de Vladimir Poutine et mobiliser autour d’un romantisme anti-américain, « non-aligné », etc. Il y avait vraiment de quoi, mais ni Marine Le Pen ni Eric Zemmour n’ont osé, car ils n’osent pas bousculer le régime. Ils ne sont fondamentalement pas de véritables fascistes, mais justes des nationaux-populistes annonçant fadement une nouvelle époque, des escabeaux pour le véritable nationalisme-militarisme qui ne manquera pas d’arriver.

Tout cela n’intéresse donc pas grand monde, car il n’y a pas grand chose à en dire. Après deux ans de pandémie qui a renforcé l’anesthésie générale des esprits par le capitalisme 24 heures sur 24, plus personne ne s’intéresse à rien ni n’assume rien.

Il y en a pourtant des choses à dire… Mais qui assume la question de l’écocide et propose un chamboulement écologiste de la société ? Personne ! Qui assume la question de la crise et assume de vouloir renverser la table, changer les choses en profondeur ? Personne ! Qui parle des animaux ? Personne ! Qui met véritablement sur la table la question des femmes et de leur affirmation dans la société au quotidien ? Personne ! Qui parle de l’insécurité et veut véritablement mener une guerre à la délinquance et aux comportements anti-sociaux ? Personne ! Qui annonce et critique la troisième guerre mondiale qui se prépare ? Personne !

L’avenir ne se jouera certainement pas dans trois semaines avec le premier tour de l’élection présidentielle 2022. La politique n’est pas là, la démocratie n’est pas là. La crise ne fait que commencer, et bientôt la politique reviendra sur le devant de la table. Mais cela se fera par la force, dans la douleur, probablement partant dans toutes les directions avec beaucoup de pots cassés. Ce sera le prix à payer demain de tant de nullité aujourd’hui !

Et le prix à payer par la société française pour une telle apathie va être gigantesque. La facture pour la passivité, tant personnelle que collective, va être meurtrière psychologiquement, assassine socialement, monstrueuse culturellement…

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Restructurations économiques

Plan gouvernemental de « résilience » pour subventionner les entreprises

La collectivité va payer la crise, pour sauver le capitalisme.

La guerre en Ukraine a déclenché une nouvelle vague de tensions économiques. Le secteur de l’énergie, décisif, est directement impacté avec une envolé de certains prix, alors que ceux-ci ont déjà fortement augmenté depuis le début de la crise sanitaire en 2020.

Cette inflation des prix de l’énergie ne tombe pas du ciel. Elle n’est pas non-plus un plan machiavélique de la part de « spéculateurs » sur les marchés financiers. Non, c’est une application concrète et immédiate de la crise, qui touche de manière profonde et générale le capitalisme depuis 2020. C’est une crise dans la crise, un aspect particulier (et primordial), de la crise, sur le plan économique.

On pourra toujours chercher les aspects particuliers et précis qui expliquent tel ou tel prix, telle ou telle envolée. C’est important, ce serait toutefois perdre de vue l’essentiel. Ce qu’il faut comprendre surtout, c’est que le mode de production capitaliste est instable par nature, qu’il ne peut qu’aller de crises en crises, comme l’a montré de manière scientifique Karl Marx dans son fameux ouvrage Le Capital.

Face à ce constat, il y a deux réponses possibles. Soit une réponse ouvrière, consistant en le dépassement du capitalisme pour orienter l’économie de manière nouvelle, collective, démocratique, planifiée. Soit une réponse bourgeoise, qui consiste à vouloir sauver les meubles par la force, en restructurant le capitalisme au moyen d’une pression accrue sur la société.

C’est exactement ce qui est en train de se passer en ce moment, avec une nouvelle étape franchie en France au moyen d’un nouveau plan, cette fois nommé « plan de résilience » présenté par le gouvernement le 16 mars 2022.

Déjà, rien qu’avec le nom, on comprend la nature de la chose. La « résilience » est une métaphore pour exprimer l’idée de capacité à surmonter un choc ; en physique la résilience est la valeur caractérisant la résistance au choc d’un métal. La crise est là, et il va falloir y faire face par la force, pour sauver le capitalisme coûte que coûte.

En l’occurrence, pour l’instant, la « force » consiste en le fait de mettre de l’argent sur la table, beaucoup d’argent, énormément d’argent, pour les entreprises. Voici les principales mesures de ce nouveau plan :

  • aide spéciale pour les entreprises dont les dépenses en énergie (gaz, électricité) pèsent plus de 3% du chiffre d’affaires et avec une facture énergétique augmentée d’au moins 40% depuis le début de la guerre en Ukraine. Cela concerne beaucoup d’entreprises, et surtout beaucoup d’argent : le ministre de l’Économie Bruno Le Maire estime cette mesure à… 3 milliards d’euros.
  • prolongement et renforcement du PGE (prêt garantie par l’État) mis en place avec la crise sanitaire, ainsi que des mesures de report de charges.
  • aide financière exceptionnelle, équivalente à 35 centimes par litre de gazole de pêche pour les pêcheurs, 400 millions d’euros pour compenser les pertes dues à l’envolée du coût de l’alimentation animale pour les éleveurs et acompte de 25% du remboursement de la TICPE sur le gazole non routier pour tous les agriculteurs.
  • 15 centimes par litre de remise sur le prix de l’essence et du gaz naturel véhicule (GNV) pour les entreprises du transport.
  • aides spécifiques pour les entreprises exportant une partie de leur production à l’étranger.
  • mesures en faveurs des entreprises du bâtiment pour inclure les hausses de coûts non prévues dans les contrats initiaux.

En plus de cela, dans sa concurrence acharnée contre la Russie, l’État français lance un « appel à projet » pour subventionner jusqu’à la fin d’année les entreprises voulant couper les ponts avec la Russie.

Ce qui saute aux yeux, c’est évidemment que l’État n’a pas du tout cet argent. L’État français était très endetté et déficitaire avant la crise sanitaire. Il s’est encore plus endetté avec la crise sanitaire pour porter à bout de bras des pans entiers du capitalisme, en mettant de nombreuses entreprises sous perfusion. Et cela continue, l’État s’endette à nouveau drastiquement pour subventionner directement les entreprises.

C’est donc là le premier aspect de la restructuration du capitalisme dans le cadre de la crise : faire payer la crise à la collectivité au moyen de la dette publique.

Ce n’est là qu’une première étape, car l’argent magique n’existe pas, et il va bien falloir payer toutes ces subventions aux entreprises. Ce qui va se passer ensuite, et probablement très bientôt, est évident. La prochaine étape de la restructuration du capitalisme sera une accentuation drastique de la pression sur le travail, pour faire payer la crise aux travailleurs et non pas aux entreprises.

Baisse des salaires qui ne suivent pas l’inflation, moins bons remboursements de sécurité sociale, moins bonne assurance chômage, recul du droit à la retraite, augmentation du temps de travail et intensification du travail lui-même, effondrement des services publics et des dépenses sociales-culturelles : telle est l’actualité, qui va se renforcer drastiquement dans la période qui s’ouvre.

C’est ni plus ni moins que la lutte des classes, qui va redevenir la grande actualité de la société française.

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Guerre

L’Allemagne choisit des avions de chasse américains plutôt que franco-allemands

La tendance à la guerre renforce l’OTAN, et inversement.

Pendant cinq ans, le président Emmanuel Macron a mis sur la table l’idée d’une force armée européenne, et en tous cas de grande coopération et intégration industrielle-militaire en Europe. C’est là une sorte de gaullisme light, voulant garder pour la France un statut de relative grande puissance relativement indépendante, mais via l’Union européenne et son moteur franco-allemand.

Le projet d’armée européenne n’a jamais pris concrètement, puis il a été balayé par la guerre en Ukraine qui a vu le retour au premier plan de l’OTAN, pourtant donnée « en état de mort cérébrale » il y a très peu de temps encore par Emmanuel Macron.

Une nouvelle étape de l’échec de ce « gaullisme light » d’Emmanuel Macron via l’Union européenne vient d’être franchie, avec l’annonce par l’armée allemande de se tourner vers les États-Unis pour l’achat d’avions de guerre de type chasseurs-bombardiers. En l’occurrence, c’est une trentaine de F-35 de Lockheed Martin qui doit être commandée.

C’est un grand chamboulement, car l’Allemagne est censée intégrer depuis 2017 un programme de développement spécifiquement européen, nommé Système de combat aérien du futur ou SCAF. Plusieurs contrats et commandes spécifiques ont été passées auprès Dassault Aviation et Airbus Defence and Space, avec plusieurs millions d’euros de budget déjà engagés, des lettres d’intentions signées entre les ministres allemands et français de la Défense, etc.

Seulement, tout cela est pour dans longtemps, pas avant 2040. Et c’est maintenant que se dessine la tendance à la guerre. Et c’est maintenant que la superpuissance américaine met la pression pour une intégration totale à l’OTAN dans le sens d’un alignement militaire sur sa superpuissance.

Concrètement, l’Allemagne se positionne comme étant dans le sillage immédiat et direct des États-Unis, balayant toute la perspective franco-allemande sur le plan militaire. Voici comment l’agence de presse allemande Deutsche Presse-Agentur résume la chose :

« Les inquiétudes antérieures du gouvernement fédéral selon lesquelles l’achat du F-35 pourrait contrecarrer les projets conjoints avec la France de construire un ‘avion de combat du futur’ européen sont désormais passées au second plan et semblent largement invalidées du point de vue de Berlin ».

La pression américaine est en effet trop forte, et l’Allemagne ne misera pas sur la France. Car qui dit F-35, dit en fait et surtout intégration au programme militaire nucléaire de l’OTAN, c’est-à-dire américain. L’Allemagne dispose, sur la base de Büchel, de bombes nucléaires dite tactiques de type B-61, activables sur décision américaine. Mais pour rester intégrée à ce programme nucléaire, l’Allemagne est obligée d’acquérir les F-35 américains, car plus aucun nouvel appareil européen n’est certifié par les États-Unis pour cela.

L’Allemagne rejoint ainsi le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas et l’Italie, qui ont déjà acheté des F-35. Elle fait un immense pas de côté par rapport au moteur franco-allemand.

La grande bataille pour le repartage du monde est concrètement d’actualité, et ce que cela induit principalement, c’est une tendance au renforcement des deux principaux blocs. L’un américain, l’autre chinois. L’Allemagne renforce son intégration dans le premier, aux dépens d’une relative indépendance avec la France dans le cadre européen.

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Politique

Marion Maréchal rallie Eric Zemmour

Un moment clef pour la reformation d’une Droite dure en France.

Depuis le meeting de Toulon du dimanche 6 mars 2022, l’ancienne députée Marion Maréchal a annoncé publiquement son soutien à Eric Zemmour pour l’élection Présidentielle. Cela n’a rien d’une surprise, tant ils sont sur la même ligne politique, à savoir l’union de la Droite dans une version dure, très libérale économiquement, appuyant à fond le catholicisme dans une variante traditionnelle, néo-gaulliste donc « non alignée » aux États-Unis sur le plan international, et assumant un « choc des civilisations » sur le plan culturel.

Cela n’a rien d’une surprise, mais c’est un tournant, une étape importante dans la construction d’une nouvelle Droite en France pour la période à venir. Ce ralliement ne changera probablement pas la donne pour l’élection Présidentielle, il ne faut pas imaginer qu’il y ait là un nouvel élan, une nouvelle « dynamique » électorale pouvant s’enclencher. Cela d’autant plus que la crise en Ukraine est extrêmement défavorable, pour l’instant, au camp nationaliste, alors qu’inversement elle profite totalement, sur le plan électoral, au camp « atlantiste » (aligné sur la superpuissance américaine), largement trusté par Emmanuel Macron.

Mais ce n’est pas ce qui compte. Ce qui compte, c’est la nouvelle période qui s’ouvre, avec la formation d’un nouveau pôle de droite, très offensif politiquement et extrêmement structuré idéologiquement et culturellement. Marion Maréchal, depuis plusieurs années, est un maillon essentiel de cette reformation de la Droite, comme nous l’avons analysé pas à pas, avec une étude systématique de son parcours depuis son premier « retour » dans la vie publique en 2018.

Rappelons qu’en mai 2017, elle avait publié un texte qualifié à l’époque de manière grandiloquente de « testament politique », où elle annonçait prendre du recul après son mandat de député Front national du Vaucluse, qui faisait d’elle au passage la plus jeune députée historiquement.

En rejoignant la candidature d’Eric Zemmour, Marion Maréchal fait ainsi un retour véritable dans la sphère électorale, après avoir orchestré sa distance de la vie politique, au profit de sa carrière « d’entrepreneuse », et surtout, de la « métapolitique ».

La métapolitique est un concept venu de franges radicales de l’extrême-droite française, consistant en l’affirmation d’une bataille politico-culturelle de fond, sur le plan surtout des valeurs, au-delà de la politique classique, de type électoral et débat d’opinion.

Marion Maréchal, depuis 2018, a joué à fond là-dessus, en se plaçant comme au-dessus du lot pour envisager les choses de manière large, avec une perspective civilisationnelle. Elle l’a fait au sein de toute une mouvance formée autour des magazines Valeurs Actuelles et L’incorrect. C’est d’ailleurs via une tribune dans Valeurs Actuelles, qu’elle avait fait son premier « retour » en 2018, pour annoncer un projet d’ouverture d’une école politique.

On se rappellera qu’à l’époque, elle était invitée à discourir à la Conservative political action conference, c’est-à-dire ni plus ni moins que la conférence politique annuel des conservateurs américains, structurés à ce moment-là autour de Donald Trump. Elle y avait vanté la ligne populiste « America first » de ce dernier, expliquant qu’elle voulait faire la même chose en France.

Un autre moment important fut son apparition comme invitée d’honneur d’une soirée-débat le 31 mai 2018 sur le thème de Mai 1968 (en raison du cinquantième anniversaire des événements de mai et juin 1968). L’intitulé était « Débranchons Mai-68 », et elle y avait expliqué en détail son hostilité à la Gauche, dans une version caricaturale et niant le mouvement ouvrier. La critique de « mai 68 » était surtout pour elle une occasion de critiquer les Lumières en faisant référence à la spiritualité chrétienne et la défense de valeurs « traditionnelles », et d’appeler à une révolution conservatrice, une sorte de « mai 68 » à l’envers.

Quelques jours après, le 22 juin 2018, elle annonçait la mise ne place son école d’étude supérieures, l’Institut Supérieur de Sciences Économiques et Politiques (ISSEP) à Lyon. C’est une sorte d’équivalent de droite dure des écoles « Science po », en général plutôt d’orientation libérale démocrate et pro-américaine sur un mode postmoderne.

Le but de son école est la formation de la « jeunesse conservatrice de France » pour produire les futurs cadre du régime. En effet, son école ne consiste pas en un simple cercle militant radical, mais en une véritable structure devant compter à l’avenir, avec en son sein des figures institutionnelles et universitaires reconnues. Elle y a d’ailleurs invité Eric Zemmour dès 2018.

Déjà à l’époque, il était concrètement question d’une reformation politique de la Droite. Fin 2018, Marion Maréchal intervenait au lancement du « Cercle AUDACE » sur le thème « Quel avenir pour les Droites ? ». Elle y expliquait que le souverainisme (en fait le nationalisme) n’est pas suffisant, mais qu’il fallait également développer du contenu sur le plan des valeurs, avoir une vision du monde pour mobiliser la société française.

En avril 2019, elle faisait une nouvelle intervention remarquée sur ce thème de la Droite, en critiquant frontalement sa tante Marine Le Pen sur cet aspect précis, dans un long entretien à Valeurs Actuelles. On pouvait y lire notamment :

« J’ai dit en revanche pourquoi le clivage entre populistes et mondialistes me semble être une impasse électorale. Je crois qu’on ne peut pas gagner en s’adressant seulement aux classes populaires. Ceux qui rêvent d’une grande alliance de partis entre La France insoumise et le Front national se trompent.

Cette alliance me semble d’autant moins possible que la souveraineté, dont se réclame timidement Jean-Luc Mélenchon, n’est pas une fin en soi. La souveraineté, c’est le contenant ; la vision de la société, c’est le contenu. Au service de quoi met-on la souveraineté ? Une République islamique souveraine, ça ne m’intéresse pas… »

C’est exactement la position d’Eric Zemmour aujourd’hui, qui le différencie de Marine Le Pen (qui de son côté prône désormais une sorte de nationalisme « social », ni de gauche ni de droite). Et c’est justement au côté de Marion Maréchal que se trouvait Eric Zemmour en septembre 2019 pour une « Convention de la Droite » où ils étaient les deux principales figures.

L’intervention de Marion Maréchal avait été particulièrement importante, précisant le fond de sa vision de la Droite. Il ne s’agit en effet pas pour elle de simplement conquérir le pouvoir électoral, mais bien d’opérer à une véritable purge de l’État pour en remplacer tous les cadres et refondre les institutions :

« N’attendons pas que l’État nous sauve, actuellement il est phagocyté par une idéologie et des intérêts contraires à l’intérêt national. »

L’optique est celle d’une révolution conservatrice, balayant l’ordre actuel et l’hégémonie libérale-démocrate pro-américaine dans l’appareil d’État. Dans cette perspective, elle avait formulé de manière assez précise sa position sur les questions internationales lors d’une grande conférence conservatrice à Rome, en février 2020. Elle soutenait l’idée d’une « alliance latine » (et catholique) :

« J’imagine une alliance latine entre la France, l’Espagne, l’Italie et le Portugal. Une alliance latine qui marcherait avec le groupe de Visegrad [Pologne, République Tchèque, Hongrie, Slovaquie – NDLR]. Une alliance qui garderait le lien avec la Grande-Bretagne et la Russie ».

On remarquera que le fasciste Charles Maurras prônait la même chose dans les années 1930, souhaitant unir le fascisme italien et son propre mouvement, l’Action française, dans une perspective différente et opposée au national-socialisme allemand.

Enfin, pour souligner la dimension « étatique » de Marion Maréchal, il faut rappeler sa prise de position en faveur de la tribune des militaires appelant à un éventuel coup d’État en avril 2021. Le contenu général et le choix précis des mots et des concepts était entièrement dans la lignée de Marion Maréchal. Nous soulignions alors :

« Il s’ouvre en France une période tout à fait nouvelle avec une Droite dure qui s’affirme, qui s’éloigne du centrisme et du libéralisme avec l’idée de cogner fort pour remettre de l’ordre et orienter le pays dans le sens du nationalisme et de l’expression militaire de la France. C’est conforme à la tendance mondiale à la guerre, à la grande bataille qui s’ouvre pour le repartage du monde. »

C’est exactement ce qui se passe actuellement, la situation est d’une très grande intensité sur le plan du contenu. C’est une modification du panorama politique, social, culturel, idéologique… qui a lieu. D’où les propos de Marion Maréchal le 6 mars 2022 à Toulon :

« La recomposition politique va advenir, je crois de nouveau la victoire possible ! »

L’union de la Droite dit-elle, « j’en ai rêvé et vous l’avez fait! ». Et elle a donné au public toulonnais ce qu’il était venu chercher, c’est-à-dire un discours nationaliste bien à droite, fustigeant l’idéologie « woke » et les postmodernes, assumant la théorie du « Grand remplacement » sans la nommer, mais en évoquant « la question culturelle et démographique ». Logiquement, elle a opposé son nationalisme à Emmanuel Macron, dont il est censé incarner l’antithèse :

« la macronie n’a manifestement pas compris une chose très importante. Elle n’a pas compris que la nation, par essence est une synthèse. Eric [Zemmour], c’est parce que tu mesures cette responsabilité, que derrière ta candidature il y a un grand mouvement populaire et national. Je vous regarde, et je vois des Français des villes et des Français des villages, des Français des usines et des Français des Start-Up, des Français de 18 ans et des Français de 78 ans. Bref, je vois le peuple de France. »

On remarquera enfin que Marion Marechal jubile d’avoir en face d’elle la Gauche dont elle rêve, c’est à dire une fausse gauche, libérale sur le plan des mœurs et postmoderne idéologiquement, et pas la Gauche historique :

« Alors oui bien sûr la fable marxiste a évoluée, parce que dorénavant le patron capitaliste prend les traits du mâle blanc hétérosexuel, tandis que le travailleur exploité prend celui de la minorité racisée, du musulman, du LGBTQI plus, plus, plus, vers l’infini et l’au-delà. »

Gageons que cette nouvelle étape majeure dans la recomposition de la Droite dure fasse office d’électro-choc, qu’elle favorise les germes de la formation d’une nouvelle Gauche historique en France, d’un retour du mouvement ouvrier et des Lumières, tournés vers la planète Terre et les animaux.

Il le faudra, absolument, pour faire face à ce rouleau compresseur de Droite dure porté par Eric Zemmour, et à l’avenir de manière évidente, de plus en plus par Marion Maréchal. Il le faudra pour faire face à la Crise et à la guerre qui sera justement bientôt portée de manière acharnée par la Droite dure et toutes les composantes du nationalisme.

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Guerre

Emmanuel Macron : la France n’est pas en guerre contre la Russie, mais…

Le président français prépare les esprits à la guerre.

La machine à propagande est en route, et elle tourne à plein régime. Le président Emmanuel Macron a ainsi fait une adresse aux Français mercredi 2 mars 2022 en posant avec le drapeau ukrainien aux côtés des drapeaux de la France et de l’Union européenne. Ce choix résume à lui seul sa position et la nature profonde de sa démarche.

Emmanuel Macron se présente comme un défenseur de la « liberté » et de la paix, il explique que lui et l’OTAN ont tout fait pour éviter la guerre et qu’il s’emploie désespérément à trouver une solution diplomatique. Pourtant, en pratique, il prend fait et cause unilatéralement pour le régime ukrainien avec le président Volodymir Zelensky à sa tête.

Voici comment le Président a introduit sa prise de parole :

« Françaises, Français, mes chères compatriotes,

Depuis l’attaque brutale lancée par le Président Poutine contre l’Ukraine le 24 février, les forces russes bombardent Kiev, assiègent les villes les plus importantes du pays, des centaines de civils ukrainiens ont d’ores et déjà été tués, des femmes et des enfants ont été tués encore ce jour. Les jours qui viennent seront vraisemblablement de plus en plus durs. »

Ce n’est pas là l’introduction d’un discours cherchant à construire la paix, mais un discours partisan d’un des deux camps durant une guerre, en l’occurrence le camp du régime ukrainien. La vérité est tordue, volontairement extrapolée, pour justifier une position.

En pratique, l’invasion russe de l’Ukraine, aussi odieuse et impérialiste soit-elle, bafouant le droit international et en piétinant l’ONU, n’a rien d’une marche barbare sur le pays comme voudrait le faire croire le président français, en parlant par exemple de « bombardements de Kiev », qu’aucune information, même provenant du régime ukrainien, ne vient corroborer.

L’invasion russe est menée, pour l’instant en tous cas, de manière ultra précise et fine, ciblant par des frappes chirurgicales des bâtiments précis, détruisant ou prenant de manière coordonnée des bases militaires, des aéroports, ainsi que différents points stratégiques, encerclant petit à petit les grandes villes.

Il n’y avait qu’à écouter France info, la chaîne d’information officielle du régime français, pour entendre dans la journée du 2 mars 2022 une journaliste ukrainienne francophone raconter sa journée, expliquant qu’elle a pu se déplacer librement dans la ville et faire ses courses, trouvant la plupart des produits recherchés, sauf la litière pour ses chats.

Mais ce genre de réalité n’intéresse pas Emmanuel Macron, qui a besoin au contraire de galvaniser un sentiment anti-russe et d’en rajouter. Ce qui compte, c’est d’orienter la population française vers la démarche atlantiste, celle de l’OTAN, des États-Unis et du bloc qu’ils forment, sur lequel la France est censée s’aligner.

La défense du régime ukrainien est indispensable pour cette démarche, car ce régime a été mis en place en 2014 de manière directement favorable au bloc américain pour remplacer un régime favorable à la puissance russe concurrente.

Le régime ukrainien et surtout sont président ont donc été couverts de louanges.

« Et en votre nom, j’adresse au Président Volodymir Zelensky le soutien fraternel de la France. Il est aujourd’hui, à la tête de son peuple si courageux, le visage de l’honneur, de la liberté, de la bravoure. »

En vérité, Volodymir Zelensky est surtout le visage d’un régime ultra-nationaliste, violemment anti-russe et résolument anti-Gauche (tout ce qui a un rapport de près ou de très loin avec l’URSS est interdit), laissant les fascistes faire ce qu’ils veulent, notamment organiser des milices armées, alors qu’ils sont d’ailleurs un élément officiel de l’armée (par l’intermédiaire du bataillon Azov, formant le noyau dur de l’armée d’ailleurs à Marioupol, la dernière clef du Donbass).

Concrètement, Volodymir Zelensky n’est pas un libéral-démocrate comme Emmanuel Macron, mais un populiste d’extrême-droite richissime, débarqué en politique avec un parti… reprenant le nom de la série télévisée dont il était le principal acteur. Mais cela plaît au Président français, du moment que c’est aligné sur les intérêts du bloc américain, quitte à nier l’idéologie nationaliste du régime ukrainien et la carte libre donné aux fascistes. La réalité n’intéresse pas Emmanuel Macron, pour qui seuls comptent les intérêts capitalistes.

« Cette guerre est encore moins, comme une propagande insoutenable voudrait le faire penser, une lutte contre le « nazisme ». C’est un mensonge. Une insulte à l’Histoire de la Russie et de l’Ukraine, à la mémoire de nos aînés qui ont combattu côte à côte contre le nazisme. Les dirigeants russes s’en prennent à la mémoire de la Shoah en Ukraine. Comme ils s’en prennent en Russie à la mémoire des crises du stalinisme.

Cette guerre est le fruit d’un esprit de revanche, nourri d’une lecture révisionniste de l’Histoire de l’Europe, qui voudrait la renvoyer aux heures les plus sombres des Empires, des invasions, des exterminations. »

De tels propos sont extrêmement partisans et on notera d’ailleurs que le régime ukrainien a affirmé de manière mensongère que le mémorial de Babi Yar, un haut lieu de la destruction des Juifs d’Europe, avait été détruit par les Russes. Cela avait été notamment un prétexte pour Volodymir Zelensky pour affirmer que la Russie détruisait la mémoire de l’Ukraine (ce qui est vrai en partie par ailleurs, mais Volodymir Zelensky a en tête une Ukraine mythique). On remarquera également que la mort des treize défenseurs ukrainiens de « l’île des Serpents » après avoir envoyé « se faire foutre » le navire de guerre russe était également de l’intox : les soldats ukrainiens se sont en fait rendus.

Tout cela ne doit pas étonner, de part et d’autre, car c’est la guerre et donc les opérations psychologiques sont systématiques, parallèlement à la mobilisation générale. Si Emmanuel Macron tient à préciser que « nous ne sommes pas pour autant en guerre contre la Russie », il prend dans les faits ouvertement et unilatéralement partie pour un camp contre l’autre, tout en agissant au moyen de sanctions économiques et politique comme un cobelligérant.

La neutralité n’existe jamais en politique, et encore moins en ce qui concerne les relations internationales. Emmanuel Macron n’est que le représentant d’un camp contre un autre, dans une escalade menant inévitablement à de grandes tensions guerrières.

Les quinze minutes d’allocutions du président Emmanuel Macron ont surtout comme rôle de préparer les esprits à la guerre et à l’escalade guerrière qui s’annonce. Il s’agit de galvaniser, d’entraîner le peuple derrière les intérêts et la vision du monde de la bourgeoisie française, d’annihiler toute contestation du régime.

Voici la transcription de la fin du discours d’Emmanuel Macron, qui apparaîtra dans quelques années comme un moment marquant, un jalon important dans la préparation à la guerre. La France prétend ne pas être en guerre contre la Russie, mais en pratique elle est farouchement hostile à la Russie, et elle fait tout pour aller vers cette guerre, elle est déjà dans cette guerre.

« Les équilibres de notre continent comme plusieurs aspects de notre quotidien sont d’ores et déjà bouleversés par cette guerre et connaîtront des changements profonds dans les mois qui viennent. 

Notre Europe en sera bousculée. J’aurai l’occasion d’y revenir (…).

Notre agriculture, notre industrie, nombre de secteurs économiques souffrent et vont souffrir, soit parce qu’ils dépendent des importations de matières premières venues de Russie ou d’Ukraine, soit parce qu’ils exportent vers ce pays. Notre croissance, aujourd’hui au plus haut, sera immanquablement affectée. 

Le renchérissement du prix du pétrole, du gaz et des matières premières a et aura des conséquences sur notre pouvoir d’achat : demain le prix du plein d’essence, le montant de la facture de chauffage, le coût de certains produits risquent de s’alourdir encore. 

Alors face à ces conséquences économiques et sociales, je n’ai et n’aurai qu’une boussole : vous protéger. 

Nous épaulerons les secteurs économiques les plus exposés en recherchant de nouveaux fournisseurs, de nouveaux débouchés commerciaux.  Et c’est à cette fin que je me suis entretenu avec des homologues américains, européens, moyen-orientaux.

Nous apporterons des réponses adaptées face aux perturbations des flux commerciaux et à l’augmentation des prix. Et j’ai demandé au Premier ministre d’élaborer, pour les prochains jours, un plan de résilience économique et social pour répondre à toutes ces difficultés. 

Mais ne nous trompons pas. Ces événements n’auront pas seulement des conséquences immédiates, à la trame de quelques semaines. Ils sont le signal d’un changement d’époque.
La guerre en Europe n’appartient plus à nos livres d’histoire ou de livres d’école, elle est là, sous nos yeux. La démocratie n’est plus considérée comme un régime incontestable, elle est remise en cause, sous nos yeux. 

Notre liberté, celle de nos enfants n’est plus un acquis. Elle est plus que jamais un système de courage, un combat de chaque instant.

A ce retour brutal du tragique dans l’Histoire, nous nous devons de répondre par des décisions historiques.

Notre pays amplifiera donc l’investissement dans sa défense décidé dès 2017 et poursuivra sa stratégie d’indépendance et d’investissement dans son économie, sa recherche, son innovation, déjà renforcée à la lumière de la pandémie.

Notre Europe, dans cette épreuve, démontre, comme elle l’a fait ces derniers mois, une unité remarquable. Elle doit désormais accepter de payer le prix de la paix, de la liberté, de la démocratie. Elle doit investir davantage pour moins dépendre des autres continents et pouvoir décider pour elle-même. En d’autres termes : devenir une puissance, plus indépendante, plus souveraine.

Puissance économique d’abord. Nous ne pouvons plus dépendre des autres pour nous nourrir, nous soigner, nous informer, nous financer. Voilà pourquoi, dans le prolongement des décisions prises au plus fort de la pandémie avec le plan de relance européen, nous devrons promouvoir un nouveau modèle économique fondé sur l’indépendance et le progrès. 

Puissance énergétique, ensuite. Nous ne pouvons plus dépendre des autres et notamment du gaz russe pour nous déplacer, nous chauffer, faire fonctionner nos usines. Voilà pourquoi, après avoir décidé pour la France, le développement des énergies renouvelables et la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, je défendrai une stratégie d’indépendance énergétique européenne.  

Puissance de paix, enfin. Nous ne pouvons pas dépendre des autres pour nous défendre que ce soit sur terre, sur mer, sous la mer, dans les airs, dans l’espace ou le cyberespace. A cet égard, notre défense européenne doit franchir une nouvelle étape. 

Je réunirai les 10 et 11 mars prochains à Versailles les chefs d’Etat et de gouvernement, européens, lors d’un sommet qui aura à décider sur ces sujets. 
D’ores et déjà, notre Europe a montré unité et détermination. Elle est entrée dans une nouvelle ère. Il nous faut poursuivre.

Mes chers compatriotes,

La guerre en Ukraine marque une rupture pour notre continent et nos générations.

Je sais combien elle vous inquiète, légitimement. Elle nous mobilise et nous imposera de prendre des décisions. Je vous en rendrai compte.

Cette guerre vient aussi percuter notre vie démocratique et la campagne électorale qui s’ouvre officiellement à la fin de cette semaine. 

Cette campagne permettra un débat démocratique important pour la Nation mais qui ne nous empêchera pas de nous réunir sur l’essentiel. 

Je sais pouvoir compter sur vous, votre attachement à la liberté, à l’égalité, à la fraternité, à la place de la France dans le monde. 
   
Je ne cesserai jamais de les défendre et de les porter haut, en votre nom.

Vive la République.

Vive la France. »

La France entre de plein-pied dans la tendance à la guerre à l’échelle mondiale, elle est une partie du problème, certainement pas de la solution.