Catégories
Politique

L’extrême-Droite conquiert le Nord-Isère

C’est un symbole de l’avancée du nationalisme.

La sixième circonscription de l’Isère est une zone connue pour l’implantation de l’extrême-Droite dans ce département voisin du Rhône et de la métropole lyonnaise.

Ce qui frappe lorsqu’on regarde les choses de manière générale, c’est comment Grenoble est une ville gagnée par les classes moyennes, ou bobos, liées à la dynamique de la NUPES, avec notamment Eric Piolle comme maire depuis 2014, alors que le Nord du département, bien plus populaire, voire ouvrier, enregistre des scores élevés pour l’extrême-Droite.

On y retrouve des villes comme Pont-de-Chéruy qui compte un peu plus de 5 000 habitants et attire de nombreuses familles ouvrières venues de la région lyonnaise, attirées par la possibilité d’accéder à un pavillon avec jardin, ce qui n’est pas possible dans la périphérie de la grande ville.

Elles viennent ainsi y chercher la tranquillité des campagnes, loin du bruit et de l’insécurité propre aux grandes villes, la banlieue lyonnaise étant située à 30km. Une partie des gens continue ainsi à travailler dans l’agglomération lyonnaise, tout en vivant à la campagne iséroise.

Nous avions d’ailleurs déjà largement présenté la situation à propos des élections municipales 2020 dans l’article « Municipales: la pression de l’extrême-Droite en Isère » dans lequel il était remarqué comment le Nord-Isère était une campagne populaire où existe un certaine base pour l’activisme néo-nazi sur fond de renforcement du vote pour le camp de l’extrême-Droite traditionnelle.

C’est au cœur de cette zone, à Charvieu-Chavagneux que le 6 novembre 2021 Eric Zemmour est venu dédicacer son livre devant 2 400 sympathisants, avec l’accord du maire de la ville Gérard Dézempte, issu de la Droite traditionnelle mais ayant basculé à l’extrême-Droite lors de l’élection présidentielle 2017. D’ailleurs, les trois directeurs de cabinets de Gérard Dézempte sont tous proches de Marion Maréchal et de l’ISSEP, son école lancée en 2018 à Lyon.

C’est donc en toute logique que le Rassemblement National a placé un de ses cadres locaux, Alexy Jolly. Élu conseiller municipal dans le bastion PCF d’Echirolles mais aussi à la métropole grenobloise, également conseiller régional depuis 2021 et responsable départemental du RN de l’Isère, Alexis Jolly n’a cessé de chasser sur le terrain de la Gauche historique pour s’implanter.

Et sans une Gauche précisément ancrée dans ses fondamentaux, le boulevard était énorme dans cette 6e circonscription iséroise acquise aux idées populistes depuis les années 1960, notamment avec le passé activiste poujadiste porté par Gérard Nicoud du CIDUNATI.

Dans les petites villes du Nord-Isère, Marine Le Pen a obtenu des scores élevés lors du second tour de l’élection présidentielle, avec par-exemple 54,70 % à Charvieu-Chavagneux, 50,40 % à Chavanoz, 50,60 % à Pont-de-Chéruy, 49, 20 % à Morestel ou encore 55, 80 à Salagnon.

Le terrain était donc plus que propice et finalement Alexis Jolly devient le premier député Rassemblement National de l’Isère, avec pratiquement 51 % des suffrages exprimés. L’extrême-Droite progresse donc sensiblement puisque le maire de Charvieu-Chavagneux, Gérard Dézempte, faisait 15 022 voix au second tour de l’élection législative en 2017, Alexis Jolly gagnant 3 645 voix avec 18 667 voix en 2022.

Et il faut voir à quel point la député sortante, candidate de la majorité présidentielle Cendra Motin est à côté de la plaque, en déclarant :

J’y vois un message adressé à la majorité de la part des électeurs. Pour moi, c’est plus un message de désespoir, de colère et un une demande d’attention. C’est plus tout cela qu’un vrai message d’accord avec le parti de Marine Le Pen.

C’est là un discours stéréotypé, qui voit les classes populaires comme incapables de faire un choix allant dans une direction donnée, mais devant forcément être marqué par l’emprise émotionnelle et le misérabilisme.

Or, justement le drame, c’est qu’il y a là un choix, certes fait en faveur d’un candidat aux propositions nationalistes démagogiques, mais qui se veut rationnel et constructif.

Aux yeux des ouvriers votants, ce qui compte, c’est que le candidat nationaliste puisse garantir la tranquillité des choses, qu’il préserve un cadre de vie fraîchement conquis, bref qu’il garantisse la continuité de mentalités prolétariennes prisonnières d’un rêve bourgeois sans pour autant être des bourgeois…

De fait, l’élection d’Alexy Joly, premier député RN de l’Isère, atteste de la recomposition en cours de la Droite et de l’extrême-Droite, avec un Rassemblement National qui s’implante comme une force en mesure de proposer une solution considérée comme crédible par les éléments stabilisés de la classe ouvrière.

Et plus généralement, lorsqu’on connaît l’activisme des franges ultra de l’extrême-Droite autour du secteur, on voit se dessiner un modèle franquiste, avec des éléments marginaux activistes s’activant dans l’ombre du travail institutionnel d’une grande force national-conservatrice qu’est le RN.

C’est une leçon de l’époque.

Catégories
Politique

Parlement issu des législatives 2022 : l’instabilité anti-populaire

Le chaos capitaliste se fera aux dépens des prolétaires, et ce brutalement.

Il y a trois problèmes posés par les élections législatives 2022, très faciles à comprendre. Le premier, c’est que les prolétaires ne font rien ou bien soutiennent le nationalisme à prétention sociale. Marine Le Pen a été réélue haut la main dans le Pas-de-Calais (61,03%). Rien qu’avec cela, toute prétention à un changement révolutionnaire ou de rupture à court terme est anéantie. Les prolétaires ont un niveau de conscience lamentable, et tant qu’il n’y a pas de recomposition de classe il n’y aura rien.

Le second problème, c’est que la majorité présidentielle a grosso modo perdu la moitié de ses députés. Normalement, il y a une prime au gagnant de la présidentielle ; ici, le président Emmanuel Macron se retrouve avec une majorité de députés pour lui, mais une majorité relative, insuffisante donc. Étant donné que la Droite est restée avec le même nombre de députés grosso modo, cela veut dire que le gouvernement va devoir se droitiser brutalement pour se maintenir et pour cela il va falloir cogner sur les prolétaires.

Cogner, cela ne veut pas dire forcément les cibler dans des domaines précis. Il s’agit d’instaurer un climat général, afin de les pressuriser en général. Ce n’est pas le syndicalisme local qui va aider les prolétaires, mais une conscience de classe générale et une organisation générale. En attendant cela, les restructurations se réaliseront sans réelle embûche.

Le troisième problème, c’est la quasi disparition de la Gauche en France. Si on divise les tendances politiques en cinq parties, on a 2/5 pour le modernisme capitaliste, 1/5 pour le conservatisme capitaliste, 1/5 pour le nationalisme capitaliste, et enfin 1/5 pour la NUPES, conglomérat de partis issus de la Gauche historiquement (LFI, PS, EELV, PCF) mais incapable d’assumer ne serait-ce qu’une seule nationalisation.

C’est un problème immense, car les médias présentant la NUPES et son principal représentant, Jean-Luc Mélenchon, comme très à gauche. Cela sert de mobilisateur pour la bourgeoisie qui se chauffe avec la peur du « bolchevisme », cela sert aussi d’occupation petite-bourgeoise du terrain politique « à gauche ».

Il suffit de revenir dans le Pas-de-Calais pour trouver un exemple très représentatif. Depuis la fin des années 90, l’extrême-Droite y améliore son score dans la troisième circonscription à chaque élection législative. En 2017, un cadre local du PCF passé chez Marine Le Pen est devenu député. Décédé en 2021 après être passé du Front National aux Patriotes, puis à Debout la France, son suppléant laissa la candidature à un candidat RN qui fut battu aux municipales à Lens. C’est ce dernier qui a perdu en 2022 contre le Maire d’Avion.

Or ce maire d’Avion est connu pour ses sorties populistes. Il s’est opposé physiquement et devant la presse à des expulsions de locataires condamnés pour n’avoir pas payé le loyer de leur logement social, il parle de sa ville comme de  » la belle, la rebelle ». Il cultive l’image d’une gauche qui serait authentique et populaire parce que « anti-système » ou en tout cas grande gueule.

Évidemment, cet élu local a en même temps participé aux négociations menant au plan de développement économique dit « engagement pour le renouveau du Bassin Minier du Nord et de Pas de Calais » qui consiste à donner les clés du territoire à la bourgeoisie pour qu’elle utilise la population comme main d’œuvre captive.

C’est très parlant. On n’est pas ici dans une démarche de recomposition de classe et d’unité populaire, mais d’accompagnement social du capitalisme. Et il est évident qu’on ne pourra pas compter sur de tels gens lorsque le bellicisme va toujours plus avoir d’exigences en France, avec des implications militaires directes.

Telle est la réalité : les élections législatives sont un chaos aux dépens des prolétaires et la recomposition du prolétariat passe par l’aspect principal, la lutte contre la tendance à la guerre !

Catégories
Société

1er tour des législatives 2022 : la France du vide

La France est capitaliste de manière assumée.

Les Français ont choisi de partir en vacances avant l’heure et le premier tour des élections législatives le reflète bien. Aucun candidat n’a parlé de la pandémie, ni de la guerre en Ukraine, afin de ne pas fâcher une France capitaliste qui a une seule obsession, celle de pouvoir au maximum continuer comme avant.

Le plus fou est que tout le monde sait très bien que cela ne va pas durer, que cela ne peut pas durer. Cela rend cependant d’autant plus important le refus de la réalité et de ses « complications ». La France est vide, elle veut être vide, elle ne veut rien savoir.

Les résultats en disent d’ailleurs long. 52% des électeurs ne se sont pas déplacés. 25,75% ont voté pour la majorité présidentielle, qui comme on le sait propose un capitalisme « moderne », axé sur le libéralisme tant économique que sociétal. 18,68% ont choisi le Rassemblement National de Marine Le Pen, soit la réponse nationaliste au capitalisme « qui va trop vite ». 4,24% ont choisi Reconquête et Eric Zemmour, soit le nationalisme agressif et sans perspective, en déroute totale à ces élections d’ailleurs.

11,29% ont choisi Les Républicains et l’UDI, soit la Droite traditionnelle. Ce qui fait d’ailleurs que si l’on considère la Droite en général, avec la majorité présidentielle également malgré ses quelques tendances sociales-réformistes, on obtient 60%. Un chiffre énorme, qui correspond tout à fait à la société française, qui est résolument pro-capitaliste, traditionaliste tout en saluant les élargissements de la société de consommation.

On est au degré zéro de la conscience sociale et politique, pire encore on a des gens rêvant dans leur grande majorité d’être des profiteurs.

D’où l’illusion de la NUPES, l’alliance électorale autour de Jean-Luc Mélenchon, avec La France Insoumise, Europe Écologie Les Verts, le Parti communiste français et le Parti socialiste. Son score est bon, avec 25,66% des voix. Mais son programme ne correspond à aucune lame de fond dans la société, c’est un assemblage de bric et de broc de propositions néo-réformistes et populistes. Culturellement, c’est le néant, ou alors le modernisme capitaliste convergeant avec Emmanuel Macron (LGBTQ+, ethno-différentialisme communautariste, pro-cannabis, etc.).

Autrement dit, le capitalisme continue d’avancer et il y a une frange néo-réformiste pour l’accompagner, pour pacifier en arrondissant les angles. Et on n’y peut rien, car si néo-réformisme est là, c’est parce que le capitalisme peut se le permettre.

Ce qu’on peut par contre, c’est défendre le drapeau rouge, en voyant bien que le capitalisme vit à crédit depuis la pandémie, que la tendance à la guerre l’emporte, que toutes les valeurs de la civilisation capitaliste amènent dans le mur à l’échelle de l’Histoire. Tout va craquer, pas une pierre ne restera en place. C’est du point de vue de l’avenir qu’il faut se placer, pas du néant actuel.

Catégories
Politique

Interview d’un candidat de la Fédération de la Gauche Républicaine en Seine-et-Marne

Gurvan Judas est membre de la Gauche Républicaine et Socialiste.

Pouvez-vous présenter le sens de votre candidature ?

Ma candidature se veut la candidature de la France périphérique selon l’expression de Christophe Guilluy. C’est la candidature de cette France dont je suis issu, cette France qui souffre des transports en mauvais état de l’éloignement des zones d’emplois. La candidature de la ruralité, des Gilets Jaunes très importants dans mon département. C’est une candidature jeune, populaire d’une personne qui connaît les problèmes que rencontrent ses concitoyens au quotidien.

Je veux défendre les gens que je connais et que j’ai côtoyés toute ma vie, répondre à leurs problèmes. C’est le sens de ma candidature et de ma démarche.

Une candidature résolument de gauche, sociale, pour le pouvoir d’achat, proche des gens et républicaine.

Vous êtes candidat de la Fédération de la Gauche Républicaine, qu’est-ce que cela signifie ?

Cela signifie plusieurs choses : s’inscrire dans une longue histoire, celle d’une tradition politique issue de la Révolution française, jusqu’à Jaurès ou le CERES ensuite. Un ancrage à gauche, une gauche de transformation sociale, laïque, républicaine, une gauche de rupture. Enfin, une stratégie d’union la plus large.

C’est donc une candidature ancrée à Gauche, mais qu’en est-il de la NUPES ?

Je salue l’initiative de la NUPES, nous avons toujours à la Gauche Républicaine et Socialiste (GRS) œuvré pour l’union la plus large possible à gauche. Nous regrettons ne pas avoir été incorporés à l’accord alors que nous avons effectué une démarche de discussion. Néanmoins la NUPES a ces limites : programme flou sur différents points essentiels, non prise en compte des réalités politiques locales etc.

C’est pourquoi je suis candidat je présente un programme avec ces particularités, ces thèmes, différents de la NUPES. La gauche est devenu incapable de parler à la ruralité, à la France périphérique, on le voit quand on regarde la sociologie de La France Insoumise (LFI) laissant ces catégories à l’extrême droite. J’ai vocation à parler à ces catégories dont je suis issu.

Ma candidature est complémentaire à la NUPES, la gauche dans sa diversité et dans sa pluralité.

J’ai également un programme qui ne transige pas sur les principes républicains, la nation, la laïcité, l’universalisme. Mon programme est clair et structuré idéologiquement.

En quoi votre candidature présente-t-elle un sens particulier dans votre circonscription ?

La 5e circonscription de Seine-et-Marne est particulière : beaucoup de villages, très rurale, 54 communes et quelques bourg à l’est (Coulommiers, La Ferté-sous-Jouarre).

Mais à l’ouest elle est beaucoup plus urbaine avec des communes de l’agglomération du Val d’Europe. Les réalités entre l’est et l’ouest n’ont rien à voir. Depuis Serris, avec le RER A, Paris est à 25 minutes. Depuis Coulommiers et le Transilien Ligne P il faut une heure.

Le sens particulier de ma candidature sur ce territoire est que je connais ce territoire, je l’aime et je souhaite parler aux différentes catégories de population de ce territoire. Réussir à articuler le local et le national. Des thématiques locales qui ont une résonance pour l’ensemble du pays.

De plus la gauche est faible dans ce territoire, je veux lui permettre de s’imposer comme la force dans cette circonscription et mettre fin au règne de F.Riester, véritable baron local.

Comment votre candidature s’inscrit-elle dans la perspective d’une avancée de la Gauche à l’avenir ?

Je veux que la gauche redevienne une force politique sur mon territoire et nationalement. Mais pour cela il faut reconstituer une majorité politique dans ce pays. Et pour ce faire, la gauche doit se réemparer de certains thèmes qu’elle a abandonnés : La République, la Nation, la Laïcité sans jamais délier ces thèmes de la question sociale. Un républicain est central, pas centriste.

Cela tient en trois points : la reconquête des classes populaires, la rupture avec l’Union Européenne et l’universalisme républicain et la laïcité.

Les trois abandons de la gauche.

Voilà en quoi ma candidature s’inscrit dans la perspective d’une avancée de la gauche à l’avenir. Je veux parler à la France rurale, la France périphérique, la France qui souffre et incarner une gauche radicale et fidèle à ce qu’elle devrait être. Une gauche proche du réel qui retrouve son électorat.

De plus, ma candidature permet de faire exister la pluralité de la gauche, sa diversité et est une pierre à l’édifice pour la reconstruction de notre camp politique afin de le faire avancer la gauche à l’avenir.

Comment voyez-vous idéalement la Gauche dans les prochaines années ?

Je ne fais pas de politique fiction. Je fais de l’histoire et je sais que rien n’est jamais écrit d’avance.

Mais cela n’empêche pas d’être idéaliste.

Idéalement, une gauche républicaine unie pour reconstituer une majorité politique, retrouver son électorat. Une gauche qui incarne un véritable projet de transformation sociale et de rupture.

La question du logiciel idéologique et de la colonne vertébrale idéologique est primordiale. C’est la priorité, ensuite on pourra discuter des questions stratégiques et de stratégies de prise de pouvoir, mais d’abord la gauche doit retrouver sa boussole.

Catégories
Politique

Législatives 2022 : huit candidats de la Fédération de la Gauche Républicaine

Dix professions de foi pour se faire un avis.

Voici dix professions de foi de candidats de la Fédération de la Gauche Républicaine, qui unit la Gauche Républicaine et Socialiste, le MRC, L’écologie populaire, Les Socialistes, L’engagement, Les Radicaux de Gauche, la Nouvelle Gauche Socialiste. Une mise en perspective commune où, comme on peut le voir dans ce qui est mis en avant, les intérêts primordiaux restent très différents, tout comme les approches.

Un candidat en Dordogne se sent par exemple obligé de dénoncer « la révolution » afin de rassurer comme il faut les bourgeois (il vient lui-même de quitter le Parti socialiste dont il relève de l’aile droite) ; une autre dans le Val d’Oise dénonce les « élites » et se revendique des Gilets jaunes ; un autre encore en Moselle se focalise entièrement sur les artisans.

Difficile d’y voir clair à moins de regarder clairement au cas par cas.

fgleg1

fgleg2

fgleg3

fgleg4

fgleg5

fgleg6

fgleg7

fgleg8

Catégories
Politique

Législatives 2022 : ce que dit la nature sociale des candidats de Lutte Ouvrière

Un aperçu instructif.

Il fut un temps où Lutte Ouvrière, comme l’ensemble des organisations révolutionnaires des années 1960-1970, accordait une grande place à la clandestinité. Il fallait montrer le moins possible ce qu’on fait, et qui fait quoi, parce que c’est seulement le public visé – le peuple, les prolétaires – qui était concerné. Il ne s’agissait pas de faire du « buzz » mais de viser des consciences et d’organiser. Tout cela est bien loin et aujourd’hui un graffiti politique est pris en photo et mis sur les réseaux sociaux comme « preuve » d’une activité super-ultra révolutionnaire.

Le principe de ne surtout pas travailler à ciel ouvert, qu’appliquait Lutte Ouvrière, est ainsi passé aux oubliettes en général, à part pour une toute petite poignée de structures (comme les maoïstes du PCF(MLM) par exemple) refusant de céder à l’air du temps. Lutte Ouvrière fournit ainsi non seulement la liste des candidats, mais également leur photographie, avec leur emploi.

C’est là une personnalisation étonnante de la part de Lutte Ouvrière pour qui ce qui compte c’est le message général avant tout. Mais regardons ce que cela donne, en piochant au hasard des circonscriptions des législatives 2022. C’est en effet riche d’enseignements.

On a alors comme emplois : Postière, Employée, Enseignante, Enseignant, Ouvrière, Professeur de lycée professionnel, Employée de bureau, Infirmier, Ouvrier en plasturgie, Formatrice retraitée, Employée de la vente à distance retraitée, Femme de ménage, Aide-soignant, Enseignant, Professeur de lycée professionnel, Enseignant, Professeur de lycée professionnel, Ouvrier de l’automobile, Enseignant, Enseignant, Enseignant en lycée du bâtiment, Postier retraité, Ouvrier à la retraite, Employée de bibliothèque, Postier retraité, Enseignante en lycée professionnel, Enseignante, Enseignante, Aide-soignant retraité, Cheminote, Ingénieure, Postier, Statisticienne, Postière, Enseignant, Enseignant, Technicien de l’industrie Automobile, Instituteur retraité, Enseignante retraitée, Enseignante retraitée, Assistante sociale retraitée, Ouvrier retraité, Retraitée SNCF, Instituteur retraité, Enseignante, Postier retraité, Employée retraitée, Instituteur retraité, Institutrice retraitée, Infirmière retraitée, Éducatrice, Enseignant en lycée professionnel, Infirmière, Électricien, Bibliothécaire, Secrétaire administrative, Agente hospitalière, Professeur des écoles, Technicien dans l’industrie pharmaceutique, Enseignante en collège, Cheminot, Étudiant, Cheminote, Ouvrier métallurgiste, Ouvrier dans la chimie, Ouvrier de l’aéronautique retraité, Technicien de l’industrie pharmaceutique retraité, Employée à Pôle Emploi, Technicien, Enseignante, Infirmier retraité, Ouvrière, Enseignante en collège, Enseignant en lycée professionnel.

Le constat qu’on peut faire ici est très simple et concerne en générale toute la Gauche qui n’a pas basculé dans le sociétal : les gens sont souvent âgés, les gens sont souvent liés à l’Éducation nationale, les gens ont souvent un parcours syndical marqué. Autrement dit, c’est une Gauche qui disparaît parce que les gens qui la portent disparaissent en raison de leur âge avancé ou bien sont totalement décalés de la société de par leur présence dans une bulle « éducative » ou syndicale.

Et plus on va vers le réformisme dans les structures de la Gauche non « sociétale », plus cela change mais uniquement avec une élévation du niveau d’éducation et du niveau d’intégration dans la bourgeoisie.

Pour résumer, soit vous avez des enseignants révolutionnaires mais déconnectés, soit des réformistes embourgeoisés parvenant à suivre une partie du réel. Mais le peuple n’est clairement pas là. Il n’est d’ailleurs absolument nulle part, vivant à la marge de l’Histoire, chacun en son sein se cantonnant dans un repli individuel en cherchant à se mettre à l’abri de la pression générale.

L’aspect essentiel est donc de parvenir à une recomposition du prolétariat, sans quoi rien de concret ne peut se produire. Il faut cela pour que l’Histoire se remette en marche, dans une France aseptisée depuis les trente glorieuses (1945-1975) instaurant une société de consommation généralisant la petite-bourgeoisie.

Catégories
Politique

Législatives 2022 : positions de la Fédération de la Gauche Républicaine à l’étranger

On voit ce qui va et ce qui ne va pas.

Les élections législatives 2022 sont dans deux semaines et pourtant les professions de foi ne sont bien souvent pas en ligne. On a cependant une exception avec celles des candidats pour les Français habitant à l’étranger, ceux-ci ayant le droit de voter en ligne à l’avance. C’est une excellente occasion de regarder ce que disent les candidats de la Fédération de la Gauche Républicaine, qui sont d’ailleurs toutes des femmes.

En effet, comme ces candidates s’adressent aux Français vivant à l’étranger, c’est toute une vision du monde qui se révèle. Comme il n’y a pas directement le cadre de l’actualité française, il faut trouver d’autres leviers. Cela peut être le fait de s’adresser aux « expats » que sont les cadres faisant carrière ailleurs, de parler de la place de la France dans le monde, de vouloir renforcer les services publics, etc.

Et on peut voir effectivement dans ces professions de foi que si la seconde page est la même pour tout le monde, en raison de l’unité de la Fédération (avec les radicaux de gauche, la Gauche Républicaine et Socialiste, le MRC, l’Engagement d’Arnaud Montebourg, le mouvement « Les Socialistes » créé par des « frondeurs » en 2016, la Nouvelle Gauche Socialiste, Ecologie Populaire), concrètement les positionnements des uns et des autres révèlent des approches bien différentes.

Certains font peur de par leur nationalisme pro-entreprises, d’autres proposent un cadre social affirmé. Il n’y a en tout cas pas d’unité organique apparent, pas de réel socle commun et cela va du jauressisme le plus à droite au jauressisme de gauche le plus ferme.

circo_1_-_amaglio-terrisse-_ok_cle0dea53

circo_2_-_piat-guibert_-_ok_cle071978

circo_4_-_coutard_-ok_cle457865

circo_5_-_de_sousa_texeira_-_ok_cle47913f

circo_6_-_selles-lefranc_-_ok_cle836481

circo_7_-_chediac_-_ok_cle04927f

circo_8_-_lehmann_-_ok_cle014315

circo_9_-_marches-ouzitane_-_ok_cle4c2cf1

circo_10_-_dugue_-_ok_cle4e11e3

Catégories
Politique

Législatives 2022 : la Fédération de la Gauche Républicaine comme seul vote utile

C’est le seul choix rationnel si on veut en faire un.

La Fédération de la Gauche Républicaine est le phénomène majeur à gauche ces dernières semaines, si l’on met de côté l’alliance électorale NUPES de Jean-Luc Mélenchon. La Fédération ne se pose pourtant pas de manière antagonique ou concurrentielle à la NUPES, mais c’est tout à fait flagrant si l’on voit les choses de manière historique. Alors qu’en effet Jean-Luc Mélenchon a adopté le populisme et n’hésite pas à s’agripper à tout et n’importe quoi afin de grappiller des points, la Fédération a une démarche extrêmement posée, rationnelle, tout à fait dans la tradition socialiste historiquement.

Comme la Fédération présente de nombreux candidats aux élections législatives 2022, il est évident que cela représente par conséquent un pôle tout à fait intéressant, vers lequel on peut se tourner avec sincérité et intelligence. Cela ne veut pas dire naturellement qu’il faille faire un tel choix. Les limites de la Fédération sont patentes : elle ne parle ni de l’OTAN et de la menace de guerre généralisée, ni des animaux, ni de la société de consommation comme aliénant et exploitant au maximum les travailleurs.

Cependant, il est évident qu’en même temps seule la Fédération propose un ancrage rationnel de la Gauche dans la société française. Voici comment la Fédération présente elle-même sa perspective :

Dans plus d’une centaine de circonscriptions, nous partons sous nos couleurs pour défendre les thèmes qui nous sont chers et qui, de notre point de vue, sont aujourd’hui insuffisamment défendus dans le débat public : la priorité absolue à l’Éducation nationale, la défense des services publics, l’égalité entre les territoires, la réindustrialisation du pays, la promotion du « Made in France », la défense vigilante de la laïcité, la sortie du pétrole avant 2040, la souveraineté alimentaire, l’indépendance de la France.

Nous voulons ainsi proposer aux électrices et aux électeurs de renforcer le camp républicain, laïque, attaché aux services publics et à l’État, au réformisme de transformation sociale.

On est ici dans le prolongement de l’approche de Jean Jaurès. S’agit-il d’un jauressisme de droite ou d’un jauressisme de gauche, cela dépend comment on le prend. Si on en reste à l’insistance sur le côté « fait en France », alors on peut se dire que c’est du capitalisme protectionniste et rien d’autre. Si on considère par contre que c’est une affirmation de la cohérence de la société française, contre la décomposition générale, alors cela converge avec le principe du Socialisme.

Il vaut donc tout à fait le coup de porter son regard sur les différents candidats, pour voir de quel côté ils tendent, et ainsi le cas échéant voter pour eux. Voire même, on peut tout à fait être enclin à considérer que la Fédération, aux législatives 2022, est une partie de la solution et non du problème. Il y a quelque chose ! Si c’est au niveau des défis de l’Histoire est une autre question.

Il est en tout cas évident que l’apolitisme anti-électoraliste est totalement faux, tout comme l’est l’engouement pour la NUPES. Ce qui compte, c’est la rationalité, l’organisation, le niveau de conscience. C’est le b-a-BA du Socialisme.

Catégories
Politique

Raphaël Arnault candidat aux élections législatives 2022 à Lyon

Raphaël Arnault a quitté le rôle de porte-parole de la Jeune Garde, un mouvement de jeunesse contre l’extrême-Droite, il y a quelques jours sans dire pourquoi, et lundi 16 mai 2022 il a informé qu’il était candidat aux élections législatives à Lyon.

Cet ancien membre du Nouveau Parti Anticapitaliste se lance dans la campagne en saluant la Nouvelle union populaire écologique et sociale (NUPES), en souhaitant la renforcer, mais en refusant le choix de celle-ci d’investir le député sortant Hubert Julien-Laferrière, de Génération Ecologie et ancien membre du parti présidentiel d’Emmanuel Macron, La République En Marche.

On peut ainsi dire que la Jeune Garde soutient la NUPES ou du moins une de ses tendances internes, parce qu’il n’y a aucun moyen qu’un tel projet se lance du jour au lendemain. C’est alors qu’il était le porte-parole de la Jeune Garde qu’il s’est lancé dans le projet. Le discours proposé est d’ailleurs celui de la Jeune Garde : de gauche, sympathique, mais sans aucune affinité ni lien intellectuel ou culturel avec le mouvement ouvrier. Raphael Arnault ne parle ni de classe ouvrière, ni de Socialisme, ni d’ailleurs d’antifascisme, ni de guerre pour le repartage du monde, etc.

L’ennemi, c’est le « libéralisme », la base c’est le mouvement associatif, les revendications sont réformistes sociales, etc.

Catégories
Politique

Le contenu des accords entre La France insoumise et Génération.s, EELV, le PCF et le PS

Il n’y a aucun contenu réel, juste de la soupe électoraliste.

Après un long dénouement, la direction du Parti socialiste menée par Olivier Faure a scellé un accord avec La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon pour les élections législatives de juin 2022. Cela vient conclure la suite d’accords avec Génération.s, EELV et le PCF, qui reprennent toujours la même trame, et lance définitivement la « NUPES » (Nouvelle union populaire écologique et sociale). L’idée étant qu’il faut une alliance électorale multiforme, avec un consensus pour appuyer un Jean-Luc Mélenchon premier ministre afin de conduire la coalition parlementaire si elle devenait majoritaire.

On remarquera en premier lieu que dans chacun des accords, il est question de l’Union européenne et que cela a été primordial dans les discussions (sauf pour le PCF). Il faut dire que Jean-Luc Mélenchon avait été très loin ces dernières années dans le phrasé populiste anti-Europe, alors qu’au contraire Génération.s, EELV et le PS sont des inconditionnels de « l’Europe » (une partie du PCF est également sur cette ligne pro-« Europe »).

Il est flagrant ici que La France Insoumise et le PCF ont capitulé en renonçant à critiquer l’institution européenne dans ses fondements. Certes, tous deux le faisaient sur un mode populiste et quasi-nationaliste, et pas de manière socialiste, donc réelle, mais il y avait l’idée que cela était incontournable.

C’est d’autant plus vrai aujourd’hui en mai 2022 que, depuis plusieurs semaines, l’Union européenne s’illustre par sa vassalité totale à la superpuissance américaine et à l’OTAN sur la question de la guerre en Ukraine. Cela n’est pas nouveau, mais c’est devenu évident, et surtout, indéfendable pour la Gauche (la vraie !).

La France Insoumise et le PCF s’en moquent, tout comme le PS, EELV, Génération.s. Ils n’en parlent pas, comme ils ne parlent pas de l’OTAN. Jean-Luc Mélenchon premier ministre et sa majorité parlementaire « NUPES » sortiraient-ils de l’OTAN, ou du commandement intégré de l’OTAN ?

Ou bien poursuivraient la guerre économique, culturelle et militaire contre la Russie ? Et d’ailleurs, quelle sera la position pendant ces 5 prochaines années, alors que les contradictions entre la superpuissance américaine et sa concurrente chinoise vont s’accentuer ?

Voilà un sujet fondamental, éminemment politique, qui permet concrètement de déterminer une position de gauche (la première, contre l’OTAN), et une autre qui ne l’est pas (la seconde, qui ne dit rien à propos de l’OTAN). Et l’option qui a été prise est celle de la contorsion social-populiste au sujet de l’Union européenne, en faisant croire que la France pourrait être dedans… Tout en n’y étant pas vraiment.

Les accords disent (sauf celui avec le PCF) que la France doit rester dans l’Union européenne et garder l’euro comme monnaie, mais… qu’elle peut choisir quelles règles européennes elle respecte ou non. Il faut « être prêts à désobéir à certaines règles européennes » est-il expliqué dans tous les accords, telle une bande d’enfants gâtés et capricieux voulant l’argent de poche des parents, mais ne surtout pas faire la vaisselle, ni ranger sa chambre.

On remarquera le jeu d’équilibriste dans la rédaction de l’accord avec le PS, qui en dit long sur la nature opportuniste et fourre tout de la « NUPES » :

« Du fait de nos histoires, nous parlons de désobéir pour les uns, de déroger de manière transitoire pour les autres, mais nous visons le même objectif : être en capacité d’appliquer pleinement le programme partagé de gouvernement et respecter ainsi le mandat que nous auront donné les Français. »

La seconde chose notable, c’est que les accords insistent sur une liste de revendications à prétentions sociales, avec une liste particulièrement détaillée dans l’accord avec le PS. Il y a à chaque fois la hausse du SMIC à 1400 euros, le retraite à 60 ans, le blocage des prix sur les produits de première nécessité, une « garantie d’autonomie pour les jeunes » (soit un revenu sans travailler ?). L’accord avec le PS précise l’abrogation de la loi El Khomri et des « contre-réformes du code du travail et de l’assurance chômage ».

La revendication « d’éradication de la pauvreté » est présente dans tous les accords, sauf celui avec le PS. Est-ce par rejet de l’utopie, ou bien par rejet du flou d’une telle formulation qui ne veut, il est vrai, pas dire grand chose ? Toujours est-il qu’il est fait comme si la crise n’existait pas, et qu’il n’est jamais parlé de capitalisme.

Le programme, c’est ouvrez les portefeuilles, l’argent va couler à flot grâce à toujours plus de dette publique « sociale ». Il est laissé entendre que la France connaît une grande vague de pauvreté et que ces gens sont là pour y remédier. Pourtant, le capitalisme tourne à plein régime dans un des pays les plus riches du monde, et les marchandises coulent à flot dans toutes les couches de la société, même les plus précaires. Le décalage avec la réalité est immense.

Anecdotique, mais révélateur, il y a cette petite phrase dans l’accord avec le PS :

« lutte contre l’ubérisation du travail avec la présomption de salariat pour les travailleuses et travailleurs des plateformes. « 

Cela dénote, car c’est une revendication très précise, alors que tout le reste est d’ordre général. Par les plateformes, il faut comprendre les plateformes de livraison de repas et de courses par des auto-entrepreneurs, presque toujours immigrés, très souvent sans statut légal de livreur, voire de présence légale sur le territoire français.

Une revendication de gauche devrait être évidemment l’éradication de ce type de « service », de ce business de la flemme qui pollue les villes avec des nuées de scooters ou de vélos roulant sans aucune lumière. Mais non, les « socialistes » et les « insoumis » trouvent cela très bien d’avoir des immigrés leur apportant un repas ou des courses à domicile, et souhaitent donc renforcer cela au point qu’il le précise dans leur accord général pour les élections législatives. Des domestiques ? Oui, mais avec un CDI !

C’est pathétique, et surtout très loin de la réalité concrète, objective, des classes populaires en France, et particulièrement de la classe ouvrière. Cela n’a rien de gauche, cela n’a rien d’un programme pour changer la vie.

Enfin, et surtout, il y a la question de l’écologie. Là, l’escroquerie est immense, et c’est même à peine croyable de voir que ces gens n’ont même pas fait semblant de s’y intéresser.

Il y a des choses à dire à foison, avec des grandes lignes nettes et précises à tracer sur des sujets fondamentaux. Par exemple sur les zones humides, qu’il faut sanctuariser, sur l’automobile, dont il faut préparer la fin du règne, sur les animaux en général, à propos aussi de la chasse, des zoo, des refuges, etc.

Il y a surtout le réchauffement climatique, et si on a une prétention écologique la moindre des choses est de présenter au moins dans les grandes lignes comment changer le bilan carbone de la France. Tel n’est pas le cas, bien au contraire, car l’écologie n’est qu’un prétexte. C’est du greenwashing électoral. Cela ne fait l’objet que d’une seule phrase, aussi floue qu’insignifiante, dans chacun des accords.

Celui avec le PS :

« L’affirmation d’un impératif de justice écologique, qui se décline à travers une démarche de planification, pilotée par de nouveaux indicateurs de progrès humain ainsi que la règle verte. »

Celui avec le PCF :

« Une véritable planification écologique et démocratique, par l’application de la règle verte. »

Celui avec EELV :

« Nous défendons ensemble la mise en place d’une véritable planification écologique par l’application d’une règle verte (ou d’une règle d’or climatique) pour répondre à l’urgence climatique et environnementale. »

Celui avec Génération.s :

« Nous défendons ensemble la mise en place d’une véritable planification écologique pour répondre à l’urgence climatique et environnementale. »

C’est lamentable, ces gens sont lamentables et même criminels, on ne peut que souhaiter qu’ils se prennent une immense claque électorale, tant l’escroquerie est immense. Et dire qu’il y a des gens pour soutenir une telle escroquerie morale, intellectuelle, culturelle, politique !

Catégories
Politique

La « Nouvelle union populaire écologique et sociale » ne s’oppose pas au bellicisme de l’OTAN

C’est une chose entendue.

Jean-Luc Mélenchon veut être premier ministre, afin de se poser comme le sauveteur d’acquis sociaux en France. Comme il a obtenu un bon score à la présidentielle 2022, cela a impulsé une unité autour de son mouvement, La France Insoumise, avec une « Nouvelle union populaire, écologique et sociale » (Nupes).

Cela donne la chose suivante. La France Insoumise, c’est déjà une union : celle du Parti de gauche mis de côté pour une mouvement s’appelant lui-même La France Insoumise, d’Ensemble ! (avec Clémentine Autain), de Picardie debout (avec François Ruffin), de Révolution écologique pour le vivant (avec Aymeric Caron).

Et il faut désormais y ajouter dans la nouvelle « union » le PCF, Europe Écologie Les Verts, Génération écologie, Génération-s, les Nouveaux Démocrates, alors que la direction des socialistes discutent inlassablement pour y participer, au grand dam d’une partie d’entre eux.

Il est dans l’ordre des choses qu’une telle démarche puisse rassurer de par sa dimension unitaire et même conforter dans l’idée qu’une Gauche gouvernementale puisse se mettre en place, au-delà des complications et des divergences, voire réussir aux élections, et que c’est mieux qu’un gouvernement aux ordres d’Emmanuel Macron, voire d’un gouvernement conservateur – nationaliste (ce qui forme une hypothèse bien moins vraisemblable).

Sauf qu’il est un problème de taille : la France fait partie de l’OTAN et celle-ci, dirigée par la superpuissance américaine, entend faire tomber la Russie par l’intermédiaire de l’Ukraine. L’OTAN est donc une force soutenant militairement le régime ukrainien, l’Union européenne apportant un soutien institutionnel et financier.

D’ailleurs, l’Ukraine est censée rentrer en accéléré dans l’Union européenne. Ce qui serait naturellement très lourd de conséquences ! On notera que dans ce cadre, l’Italie demande l’intégration accélérée de l’Albanie et de la Macédoine. Il n’est pas difficile de voir qu’il y a ici une ambiance très 1914, avec les grandes puissances jouant des coudes pour se repartager le monde.

Or, la Nouvelle union populaire, écologique et sociale n’aborde pas du tout cette question. La question de l’OTAN et du soutien militaire au régime ukrainien ne fait simplement pas partie de son programme.

Pire encore, EELV est un fer de lance, comme son équivalent allemand, du soutien à l’OTAN et d’une intervention de celle-ci en Ukraine. Le Parti Socialiste est sur la même ligne.

Le PCF a une ligne différente, se revendiquant de la paix, mais ne fait pas de cette question un aspect fondamental. Quant à La France Insoumise, qui était critique de l’OTAN, elle va forcément balancer par-dessus bord cette question également, en disant que de toute façon la question militaire est du ressort du chef des armées qu’est le président de la République.

On peut s’en assurer dans la brochure que vient de publier Jean-Luc Mélenchon, « Les 3 blocs et l’avenir de l’Union populaire » (téléchargeable ici), où il explique pourquoi la Nouvelle union populaire, écologique et sociale peut l’emporter aux élections législatives de 2022 et quelles seraient ses orientations, du moins son état d’esprit. Il n’y a bien évidemment rien sur l’OTAN, ni sur la guerre en Ukraine, ni sur la tendance à la guerre.

On aura également remarqué que le thème de l’OTAN et de la guerre en Ukraine a été inexistant durant la présidentielle, alors que l’intense propagande anti-Russie a continué de se développer dans les médias sans aucun frein.

C’est comme si le capitalisme avait fait son choix et que c’est le fond des orientations de l’État, tandis que la question gouvernementale ne consisterait qu’en une sorte d’agitation à la surface.

Dans une telle situation, on est une partie de la solution ou une partie du problème. La Nouvelle union populaire, écologique et sociale ne fait pas partie de la solution : c’est donc une partie du problème.

Catégories
Politique

La Gauche sauvera-t-elle la face aux élections législatives 2022 ?

La Gauche française est dirigée par des cancres politiques.

La Gauche s’est fait torpiller à l’élection présidentielle. C’est entièrement de sa faute, car elle n’a pas su convaincre, ni même simplement s’adresser aux gens. Il se pose maintenant la question de savoir quoi faire pour sauver la mise à l’Assemblée nationale, avec les élections législatives prévues pour le mois de juin 2022.

La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, dans la foulée de sa troisième place au premier tour de la présidentielle, a tenté de forcer la main à tout le monde et d’obliger au rassemblement unilatéral sous sa bannière. De surcroît, avec la prétention de pouvoir rafler la mise et d’obtenir une majorité de gouvernement.

Cela ne peut pas marcher évidemment, car chacun sait qu’il n’y a aucun report mécanique du vote « utile » qu’a été Jean-Luc Mélenchon vers un vote local pour tel ou tel député étiqueté, sous la bannière mélenchoniste, « Union populaire ». Cela vaudrait si Jean-Luc Mélenchon était président, mais pas en étant arrivé troisième, donc deuxième des perdants.

Seule une union large de tous les groupements de gauche, ou vaguement de gauche, ou issus de la Gauche, peut créer éventuellement une dynamique électorale, permettant un ralliement massif prenant effet sur les candidatures locales dans chaque circonscription. C’est ce que savait très bien faire le Parti socialiste en son temps, emmenant avec lui tout un tas de vassaux politiques, y trouvant chacun très bien leur compte.

La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon saura-t-elle en faire autant ? Peut-être, mais le temps presse et rien de concret n’a abouti fin avril. C’est que la France insoumise paye chèr son positionnement magmatique, censé ouvrir la porte à n’importe qui, n’importe comment. Car en vérité, ce genre de chose à gauche suscite surtout beaucoup de méfiance, étant considérée comme floue. Et comme le dit l’expression (expression inappropriée car injustement méprisante pour les loups) : quand c’est flou c’est qu’il y a un loup.

Toujours est-il que c’est la France insoumise qui a la main, à défaut d’autre chose, tant toutes les autres forces sont ridiculement faibles, et isolées. Alors il y a des tractations, ou en tous cas il est parlé de tractations. Le PCF de Fabien Roussel (qui était avec Jean-Luc Mélenchon aux élections d’il y a cinq ans) tente de vendre à prix d’or son ralliement derrière une barrière commune, en faisant des comptes d’apothicaires.

Il faut additionner les 7 millions de voix de Jean-Luc Mélenchon aux 3 millions obtenues par Anne Hidalgo, Yannick Jadot et lui-même, pour faire 10 millions au moins, et facilement 11 millions, dit-il. Mais pour cela le PCF veut au moins 16 investitures, alors que la France insoumise ne lui en propose que 11, toutes concernant des « sortants ». C’est donc 5 qui manquent, le compte n’y est pas.

Du côté du Parti socialiste et d’Europe Écologie-Les Verts, le problème est bien plus politique. Il y a la considération, comme l’a fort habillement résumé le socialiste Jean-Christophe Cambadélis, que la proposition d’union ne porte pas tant sur une « coalition » que sur une « reddition ».

Et en effet, on entend tous ces gens se critiquer par médias interposés, mettre sur la table leurs divergences, poser des « lignes rouges », etc. Mais n’ont-ils jamais fait de politique avant ? Est-ce vraiment si difficile pour eux de discuter autour d’une table et de venir présenter publiquement quelques points majeurs pour créer des dynamiques locales dans chaque circonscription ?

D’ailleurs, on se demande bien pourquoi une telle coalition n’a pas existé avant. D’Europe Écologie-Les Verts à la France insoumise, du PCF au PS, en passant par Génération-s, Place publique, La Gauche républicaine et socialiste, La Gauche démocratique et sociale, etc., tous ces gens disent peu ou prou la même chose sur l’immense majorité des sujets. Ils portent les même valeurs, rejettent les mêmes valeurs.

La France insoumise d’ailleurs a tenté le coup, en mettant en avant seulement trois points incontournables : la retraite à 60 ans, la 6e République, la planification écologique.

Cela ne va pas chercher bien loin et c’est largement suffisant. Alors on peine à comprendre pourquoi ce n’est pas déjà réglé depuis une semaine au moins. La Gauche, ou ce qu’il en reste, semble se diriger vers une nouvelle humiliation électorale plutôt que de se retrousser les manches et y mettre un minimum du siens avec une ligne pourtant ultra minimaliste et facile.

Mais quelqu’un comme Julien Bayou préfère raconter :

« Nous c’est très simple : on a des convictions, elles sont à prendre ou à laisser. Nous sommes prêts à discuter d’une coalition, de grandes mesures programmatiques qui font un projet de gouvernement, simplement si vous me dites qu’il faut sortir de l’Europe et reprendre le nucléaire, ce sera sans nous, c’est très simple. »

Ok, mais alors dans ce cas, pourquoi ne pas plutôt faire alliance avec Emmanuel Macron, et ne pas faire perdre du temps à la Gauche ? A moins que ce soit là justement le rôle de tous ces gens : affaiblir la Gauche de l’intérieur, pour la faire disparaître ?

En attendant, il n’y a aucune dynamique démocratique locale qui soit possible, tant tout le monde est suspendu à d’hypothétiques négociations nationales, qui sont menées, ou prétendument menées, par de piètres dirigeants politiques.

Tout cela est bien fade, et très loin du peuple. Mais si encore cette Gauche avait des valeurs et s’accrochait à des principes solidement ancrés. Cependant, pas du tout, il n’y a aucune valeur, par exemple personne ne parle jamais des animaux, et il n’y aucun principe, le refus de la guerre et le rejet de l’OTAN devrait pourtant en être un fondamental.

L’addition s’annonce très salée pour juin prochain.

Catégories
Politique

Jean-Luc Mélenchon demande la direction de la Gauche pour les législatives 2022

Le NPA et Génération-s ont déjà dit oui.

C’est sur… BFM TV que, le 19 avril 2022, Jean-Luc Mélenchon a lancé un appel solennel à faire en sorte que, aux législatives 2022, son mouvement politique La France Insoumise, sous la forme d’une « Union populaire », dispose de suffisamment d’élus pour que ce soit lui qui devienne le premier ministre.

Jean-Luc Mélenchon reprend ici directement la stratégie de la gauche latino-américaine se revendiquant du castrisme et du guévarisme, avec une sorte de front « ample » pour faire face à l’oligarchie. Il parle ici de la mise en place d’un « front populaire avec des organisations syndicales, des associations et des forces politiques ».

Les bases pour cela ont été posées le 15 avril 2022, avec trois courriers envoyés : un au Nouveau Parti Anticapitaliste, un au PCF, le dernier à Europe Ecologie Les Verts. Le PCF a répondu dès le lendemain, plutôt favorablement. Le Nouveau Parti Anticapitaliste a répondu le 19 avril, très favorablement.

La direction d’Europe Écologie Les Verts y est défavorable, cependant le dirigeant Yannick Jadot, qui se rêvait un Emmanuel Macron en écologiste, a totalement échoué à la présidentielle et il y a ainsi une grande agitation dans le camp des modernistes et autres post-modernes bobos de gauche.

Génération-s, fondé par l’ex-socialiste Benoît Hamon (qui est depuis parti), qui avait rejoint Europe Écologie Les Verts, se soumet d’ailleurs entièrement à Jean-Luc Mélenchon et à son « Union populaire ».

« Le résultat de Jean-Luc Mélenchon donne à l’Union populaire la légitimité et la responsabilité d’organiser un cadre de rassemblement et de mobilisation pour les élections législatives. Une cohabitation doit être rendue possible. 

Génération.s répondra favorablement aux initiatives et propositions qui permettraient le rassemblement des écologistes et de la gauche, la mobilisation citoyenne et la victoire en juin d’une coalition parlementaire capable d’appliquer une politique pour le climat, la justice sociale et la démocratie. »
 

Cette tendance prédomine d’ailleurs, d’une manière ou d’une autre, dans la Gauche twitter (c’est-à-dire dont le seul média est Twitter), chez les étudiants adeptes des conceptions « inclusives » et post-moderne, auprès de la petite-bourgeoisie d’origine immigrée s’imaginant contestataire et pour qui la bourgeoisie c’est le 16e arrondissement de Paris (comme le Bondy Blog), dans tout un ensemble de gens de gauche déboussolés et ne se prenant pas en main pour agir eux-mêmes, etc.

On a ici une pression gigantesque, parce que, finalement, à moins de disposer d’une économie politique réelle, d’exiger le maintien des traditions de la Gauche historique sous une forme ou une autre, il est impossible de ne pas céder aux sirènes du populisme mêlé à un réformisme même pas approfondi (on est ici très loin du Programme commun de 1981).

Et même là, il y a aura une opération de « ringardisation » massive de ceux qui maintiennent le cap, renforçant d’autant plus la pression. Les tenants d’une convergence avec Jean-Luc Mélenchon dénonceront encore plus les conceptions « passéistes »de LO, du PRCF, du PCRF, du PCF(MLM), du PCOF, de Révolution permanente, et chercheront encore plus à les isoler.

De l’autre côté, dialectiquement si l’on veut, il y a un espace pour les défenseurs de la Gauche historique. Car le masque tombe. S’aligner sur Jean-Luc Mélenchon, c’est abandonner tout principe, toute utopie, toute filiation historique avec le mouvement ouvrier, pour passer dans le camp de la création d’un Parti Démocrate à l’américaine. Les deux lignes n’en apparaîtront que plus clairement.

Reste à tenir le choc dans leur affrontement politique. Et la clef, bien entendu, c’est la question de la guerre, de la tendance à la guerre, de l’OTAN comme machine de guerre. Car le capitalisme continue de s’enfoncer dans une crise ouverte en 2020, et la bulle Mélenchon n’y changera rien.