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Politique

Emmanuel Macron c’est la guerre avec l’OTAN, Marine Le Pen c’est le nationalisme et la guerre

La situation historique fournit un dilemme terrible.

Faire bloc pour empêcher l’extrême-Droite de parvenir à des postes à responsabilité dans les institutions est un principe fondamental de la Gauche. C’est une leçon tirée du passé, des succès du fascisme italien et du national-socialisme allemand. On a compris depuis qu’il fallait tout faire pour bloquer l’installation de l’extrême-Droite où que ce soit.

Cette ligne est bien entendue réfuter historiquement par l’ultra-gauche (c’est-à-dire les anarchistes et les trotskistes) ; heureusement elle apparaît comme naturelle à toute la Gauche qui n’a pas été contaminée par elle.

L’Histoire n’avançant pas en ligne droite, voici que l’élection présidentielle de 2022 impose toutefois un sacré dilemme. La France est, dans les faits, impliquée dans la guerre en Ukraine. Elle l’est parce qu’elle fournit du matériel, des armes et des conseillers depuis que la guerre est déclenchée ; elle l’est avant même le conflit, parce qu’elle est membre de l’OTAN et que l’OTAN utilise depuis 2014 l’Ukraine comme tête de pont pour démanteler la Russie.

Cela fait que, depuis le 24 février 2022 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la France est objectivement en guerre, même si indirectement. Toute autre considération sur ce point est erroné. Or, naturellement, soutenir le président en place n’est alors pas possible, puisque ce serait valider la guerre, voire même la soutenir en accordant une légitimité plus grande à celui qui prend la décision de la faire.

D’où le casse-tête du second tour de la présidentielle. Si l’on regarde à long terme, Marine Le Pen représente le nationalisme et la guerre ; elle contribue à la dépolitisation des masses, à leur insertion dans le nationalisme, dans la mise en place d’un État replié sur lui-même prêt à s’élancer militairement de manière ouverte dans la bataille pour le repartage du monde.

Cependant, si on regarde à court terme, Emmanuel Macron, c’est l’OTAN, c’est la guerre déjà présente, c’est la pression politico-militaire généralisée sur les prolétariats des pays occidentaux déjà étouffés par la société de consommation.

Si on suit le « Ni Macron ni Le Pen » de l’ultra-gauche, alors on laisse Marine Le Pen passer et c’est du suicide. Si on s’engage à contrer Marine Le Pen, on valide de fait Emmanuel Macron et la guerre de l’OTAN.

Et, bien entendu, les situations très différentes impliquent des positionnements nécessaires dans l’immédiat. Dans certains milieux, Marine Le Pen a l’hégémonie et ne pas affirmer l’opposition à l’extrême-Droite serait une capitulation. Inversement, lorsqu’il se pose des discussions sur la nature du capitalisme et son évolution, la question de l’OTAN prend inévitablement le dessus puisque c’est l’expression politico-militaire de l’hégémonie de la superpuissance américaine dans le monde.

La présidentielle de 2022 apparaît ainsi comme une tragédie, avec un dilemme insoluble. Ce qu’on gagne d’un côté, on le perd de l’autre. C’est dire tout de même dans quelle situation on est, où la seule question de fond c’est de savoir quelle fraction de la grande bourgeoisie va l’emporter, la pro-américaine ou celle qui veut naviguer en solitaire.

En ce sens, on peut constater que la possibilité même de la politique est exclue du panorama du second tour de la présidentielle de 2022. On remarquera d’ailleurs qu’il n’y a pas de discussions possibles, ni même de discussions tout court. Les gens s’alignent sur Emmanuel Macron ou Marine Le Pen dans un processus de polarisation apolitique. Car le capitalisme a essoré les gens, effacé la politique, et il ne reste plus que des tendances de fond dans la bourgeoisie déchirée intérieurement par la crise commencée en 2020 avec la pandémie.

Il n’y a véritablement que la bourgeoisie qui a compris l’importance de la pandémie et de la guerre en Ukraine. Le prolétariat perçoit quelque chose, se doute que cela ne tourne pas rond ; la petite-bourgeoisie s’inquiète profondément. On parle pourtant là seulement de sentiments primitifs, d’impressions somme toute très vague.

Ce dilemme du second tour de la présidentielle 2022 apparaît ainsi comme insoluble ; il exprime toute une contradiction historique, celle entre un capitalisme triomphant et des masses totalement atomisées. C’est cela l’aspect principal : la dépolitisation, l’écrasement de la capacité à se tourner vers une utopie, le culte des ego, l’opportunisme carriériste.

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Écologie

La cause animale nécessite une révolution culturelle qui ne passe pas par Marine Le Pen

Il faut un mouvement de fond, pas des espoirs mal placés.

Il existe trois courants s’intéressant aux animaux. Il y a les vegans qui sont dans leur quasi totalité des petits-bourgeois ou des gens voulant être des petits-bourgeois, adoptant un mode de vie qu’ils veulent coupés d’actes qu’ils voient comme néfastes. Les animaux sont cependant plus un lieu de projection qu’autre chose.

Il y a les vegans pour qui le véganisme n’est pas un point d’arrivée, mais un point de départ, et qui se tournent réellement vers les animaux. Ceux-là tendent inéluctablement à l’affirmation d’une utopie aux exigences concrètes, parce qu’ils aiment vraiment les animaux.

Il y a enfin le vaste milieu de la protection animale, où les gens ne sont pas vegans dans leur immense majorité, tout en se sacrifiant aux quatre veines pour aider les animaux. Ces gens connaissent des difficultés innombrables, ont un profond respect des vegans de la seconde manière et un mépris fondamental pour ceux de la première manière.

Surtout, le milieu de la protection animale est confrontée à une terrible misère animale, et d’ailleurs également humaine en constatant les comportements anti-sociaux, cyniques, barbares. Cela provoque un réel traumatisme et d’ailleurs, il y a inévitablement la même chose chez les policiers (ce qui ne remet pas en cause le fait que la police comme institution soit anti-populaire).

Ce traumatisme provoque un dégoût, une rancœur, voire une haine, et dans tous les cas une tendance marquée au nihilisme. Comment en effet croire en l’humanité lorsqu’on voit que l’empathie et la compassion sont des phénomènes marginaux et même combattus par une indifférence générale ?

A cela s’ajoute la sensation d’être toujours trahi. Une association comme L214 a par exemple une reconnaissance médiatique immense, des millions d’euros dans sa banque, mais n’a jamais fait le moindre effort en direction de la protection animale sur le plan concret. A chaque élection municipale il y a telle ou telle promesse de la part des uns et des autres, qui n’est jamais tenu. Quant à l’État, il ne fait rien du tout.

Il s’ensuit une véritable paranoïa, où, forcément, on se rattache à ce qu’on peut, au moindre espoir de changement culture. Cela ne veut pas dire que le milieu de la protection animale fasse confiance – par définition, le milieu de la protection animale ne fait jamais confiance à moins d’une présence à ses côtés et d’une implication pour les animaux longue, très longue. Mais il y a l’idée que cela ne peut pas être pire et qu’un renversement de tendance, même imparfait, c’est déjà ça de gagné.

C’est cela qui explique l’attirance pour une extrême-Droite version nihiliste en général et l’espoir qui existe en ce moment que Marine Le Pen gagne la présidentielle 2022 en particulier. Celle-ci s’est d’ailleurs placée exactement afin de recevoir un tel soutien.

A l’élection présidentielle 2022, il n’y a que trois candidats à avoir parlé des animaux. Jean-Luc Mélenchon s’est adressé aux vegans désireux d’être bobos ou qui le sont en parlant de l’horreur de la condition animale, dans des termes très généraux. Nicolas Dupont-Aignan a proposé de son côté, et c’est le seul, des mesures concrètes pour les animaux, sur un mode réformiste, en vue de « lutter contre la maltraitance animale ». Il a cette dignité.

Enfin, Marine Le Pen ne propose rien pour les animaux, mais s’est positionnée de manière ininterrompue comme femme célibataire aimant les chats. Ce qui fait penser au milieu de la protection animale qu’elle ne peut pas être une mauvaise personne.

C’est bien peu, mais cela suffit largement, puisque inversement Emmanuel Macron assume tout à fait d’être contre la cause animale, notamment dans son soutien aux chasseurs. Cela peut sembler simpliste, mais en fait c’est simple : l’ennemi de mon ennemi est mon ami et il n’y a rien à perdre tellement la situation est dramatique.

Ajoutons à cela un faible niveau de connaissance des idées politiques à l’image de tout le pays, un enracinement populaire dans les zones rurbaines, une détestation des bourgeois bien proprets vivant dans leur bulle coupée de la réalité… et le milieu de la protection animale a vite fait de se lancer dans un tel espoir qu’une victoire de Marine Le Pen changerait la donne.

C’est cependant une erreur qui revient à celle des vegans version bobos. Les animaux ne sont plus une fin en soi, mais un lieu de projection, car objectivement, Marine Le Pen ne propose rien pour les animaux, à part éventuellement la fin de l’abattage des animaux en mode halal et casher, ce qui n’est toutefois nullement l’alpha et l’omega de la question.

Si l’on prend les animaux comme fin en soi et qu’on veut que ce soit l’empathie et la compassion qui triomphent, alors il faut une puissant changement de mentalités, et pour cela il faut une révolution culturelle. Une révolution culturelle contre la société de consommation, pour un engagement concret dans sa vie quotidienne au service des animaux. Une révolution culturelle contre l’urbanisation massive engloutissant le pays et pour la vie sauvage qui doit être sanctuarisée.

Cela demande des idées, des valeurs, des concepts, à rebours des réactions à l’emporte-pièces qui ramène toujours la protection animale à la case départ.

De toutes façons, on ne peut pas dire que la situation soit dramatique et après essayer de sauver les choses avec Marine Le Pen comme sparadrap sur une plaie béante. Il faut saisir l’envergure de la question et cela exige une conscience sociale saisissant son époque sur la base de la réflexion – et c’est ce qu’est le Socialisme.

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Guerre

Joe Biden parle de « génocide » pour justifier la guerre à la Russie

Un mot galvaudé désormais qui justifie tout.

L’administration américaine a franchi un nouveau cap mi-avril 2022, par la voix du président Joe Biden qui a lancé l’accusation de « génocide » de la part de la Russie en Ukraine. Selon lui, même si « les avocats au niveau international trancheront sur la qualification de génocide », pour lui cela en est.

Jusqu’à présent, seul le régime nationaliste ukrainien utilisait ce terme, qui est en fait constitutif de son idéologie fasciste anti-russe, et qui n’a rien de nouveau. Il était parlé de « génocide » bien avant l’invasion militaire.

Notons d’ailleurs que la Russie n’est pas en reste sur ce genre de propos. En décembre 2021, Vladimir Poutine expliquait au sujet de l’Ukraine à une réunion du Conseil des droits de l’homme :

« Je dois parler de la russophobie comme d’un premier pas vers un génocide. C’est ce qui se passe en ce moment dans le Donbass, nous le voyons bien, nous le savons. »

Tant les Russes que les Ukrainiens sont dans un récit, servant à mobiliser leur population dans le sens de la guerre, en forçant les traits à partir de réalités. Mais les Américains agissent ici de manière extérieure, avec un propos censé avoir autorité internationalement.

Autrement dit, si le président américain utilise le mot « génocide », en disant qu’il est « de plus en plus clair que Poutine essaie simplement d’effacer l’idée même de pouvoir être Ukrainien », cela devient une accusation très sérieuse, et donc très grave.

C’est tellement brûlant que le président français Emmanuel Macron, en campagne pour sa réélection, a dû prendre de la distance avec une accusation aussi grave et engageante. En pleine élection, il doit prendre des pincettes pour ne pas que cela lui explose à la figure, alors il préfère être « prudent » avec les mots, expliquant au passage, ce qui est tout à fait vrai, que les peuples ukrainiens et russes sont des peuples frères.

Parler de génocide, c’est affirmer qu’il y a une tentative d’extermination d’une population tout entière, y compris les civils désarmés dont les femmes et les enfants, au-delà de tout objectif militaire, économique, politique. C’est, autrement dit, un massacre volontaire et planifié.

Il existe une convention internationale sur le génocide, qui le définit très clairement en insistant notamment sur la notion d’intention, qui est forcément très difficile à établir.

L’ONU explique à ce sujet :

« Pour qu’il y ait génocide, il faut démontrer que les auteurs des actes en question ont eu l’intention de détruire physiquement un groupe national, ethnique, racial ou religieux. La destruction culturelle ne suffit pas, pas plus que la simple intention de disperser un groupe. C’est cette intention spéciale, ou dolus specialis, qui rend le crime de génocide si particulier.

En outre, la jurisprudence associe cette intention à l’existence d’un plan ou d’une politique voulue par un État ou une organisation, même si la définition du génocide en droit international n’inclut pas cet élément. »

Absolument rien ni personne ne permet d’affirmer en avril 2022 que la Russie procède à une telle ignominie en Ukraine actuellement, malgré les nombreuses tentatives faites par le régime ukrainien de présenter clefs en main pour les médias occidentaux des récits de crimes de guerre. La guerre russe en Ukraine est ignoble, par définition. Mais tout autant que la guerre en Syrie, au Yémen, la guerre américaine en Irak, etc.

Il est évident que l’accusation américaine, suivi par le Canada et son premier ministre Justin Trudeau qui a emboîté le pas à Joe Biden, n’est en réalité qu’un prétexte cynique pour faire monter les tensions. L’accusation de génocide est très utile à la propagande anti-Russie et l’opération psychologique pro-guerre de la part des États-Unis.

Mais surtout, l’accusation de génocide est très utile pour justifier a priori les interventions militaires, en cherchant le consentement international. L’ONU prévoit en effet, via son Bureau de la prévention du génocide et de la responsabilité de protéger, une sorte d’autorisation à l’intervention, et ce qui peut en tous cas très bien être un prétexte à l’envoi d’armes lourdes modernes.

L’accusation américaine a lieu justement au moment où l’armée russe est sur le point d’accomplir un objectif militaire majeur avec la prise totale de la ville de Mariupol, le grand port industriel ukrainien. Le ministère de la Défense russe a communiqué le 12 avril 2022 sur la réédition de 1026 marins de la 36e brigade de la marine ukrainienne, qui étaient retranchés dans une zone industrielle, totalement coupés depuis plusieurs semaines du restes de l’armée ukrainienne.

Les États-Unis ne veulent clairement pas de la fin du conflit en Ukraine, et encore moins de victoire russe, même partielle. Alors ils font tout pour pousser le peuple martyr d’Ukraine dans une bataille déséquilibrée et sanglante contre l’armée Russe. De nouvelles livraisons d’armes ont donc été annoncées, marquant de plus en plus ouvertement la participation de l’OTAN à cette guerre.

La campagne américaine au sujet d’un pseudo « génocide » relève de cela. Joe Biden a ainsi présenté mercredi 13 avril une nouvelle aide militaire de 800 millions de dollars, avec des équipements lourds, « de nouvelles capacités », parlant de systèmes d’artillerie, de transports blindés, d’hélicoptères.

Et la France est alignée sur cette escalade militaire. Elle fait partie du problème, pas de la solution, parce qu’elle est une grande puissance participant à la grande bataille du repartage du monde. La France, qui a déjà livré plus de cent millions d’euros d’équipements militaires selon la ministre des Armées, a parlé de « capacités militaires additionnelles » pour bientôt, avec notamment armements et munitions.

On sait qu’à l’arrière-plan, il y a l’affrontement prévu entre la superpuissance américaine, qui dispose de l’hégémonie mondiale, et son challenger chinois. La première vise désormais la seconde directement la seconde sur la question russe. La secrétaire américaine au Trésor a ni plus ni moins que menacé la Chine :

« L’attitude du monde envers la Chine et sa volonté d’embrasser une intégration économique plus poussée pourraient bien être affectées par la réaction de la Chine à notre appel à une action résolue contre la Russie ».

Le but de la superpuissance américaine, c’est d’affaiblir ses alliés européens, pour ne pas qu’ils lui fassent d’ombre, et de soumettre la Chine. Car l’actualité internationale est de plus en plus ouvertement celle d’une grande guerre pour le repartage du monde, avec la constitution de deux blocs distincts et hostiles.

Et tous les moyens sont bons de la part des belligérants pour pousser à des interventions militaires, les justifier ou les faire accepter par la population, les préparant toujours plus aux futurs inévitable conflits.

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Politique

Après la fuite en avant pour Jean-Luc Mélenchon, la fuite en avant pour Marine Le Pen

Après les rats des villes, les rats des champs.

Après la France urbaine, la France rurbaine. La vague en faveur de Jean-Luc Mélenchon juste avant le premier tout de la présidentielle d’avril 2022 a été profondément urbaine, et il ne s’agit pas tant d’un mouvement vers la Gauche qu’une tentative de « sauver les meubles » pour des couches sociales désireuses que les choses restent stables et sociales. C’est l’idéologie des corrompus par le capitalisme, dans une version petite-bourgeoise de gauche, car profitant des avantages de la ville.

Pour ces gens, Emmanuel Macron est désagréable, le capitalisme va un peu trop vite, il faudrait qu’on en reste là et que l’aisance urbaine, même si parfois relative, puisse se perpétuer.

Désormais, on a une vague en faveur de Marine Le Pen, juste avant le second tour de la présidentielle d’avril 2022, formant une vague rurbaine. On parle ici des corrompus par le capitalisme, dans une version petite-bourgeoise apolitique, en voie de prolétarisation, voire de lumpenprolétarisation en raison d’un isolement social et culturel toujours plus massif.

Pour ces gens, Emmanuel Macron est un objet de haine, le capitalisme va beaucoup trop vite, les choses ne peuvent plus durer car même si matériellement cela va encore, tout le tissu social s’estompe à grande vitesse, depuis les hôpitaux jusqu’aux rapports familiaux, les lieux de convivialités jusqu’au sport et au transport.

Et de la même manière qu’avant le premier tour, il y avait une vague irrationnelle en faveur de Jean-Luc Mélenchon, il y a en ce moment une vague irrationnelle en faveur de Marine Le Pen. Il y a la même tendance à plaquer tous ses espoirs là-dessus, à attendre que les choses se débloquent d’elles-mêmes grâce à un changement à la tête de l’État. Mais, et c’est notable, l’anticapitalisme romantique que l’on trouve chez les nouveaux partisans de Marine Le Pen est bien plus présent, plus agressif, plus vindicatif, que ceux chez les nouveaux partisans de Jean-Luc Mélenchon.

On est ici dans la tradition des gilets jaunes, qui servent de référence culturelle majeure. Les gilets jaunes, nous l’avons toujours souligné ici, ont été un terrible poison, le vecteur d’un démarche pré-fasciste, voire fascistoïde, pour ne pas dire fasciste au sens strict. Cette exigence de rétablir l’ordre ancien par en bas, contre une élite en décalage avec la nation, forme le noyau dur même de l’idéologie fasciste historiquement.

On a d’ailleurs la même brutalité populaire, le même bricolage dans les idées et les formulations, la même grossièreté dans les slogans, la même vulgarité dans l’expression des exigences. Cela n’est en rien populaire, c’est typiquement la révolte des déclassés. C’est ce qui ressemble de plus historiquement, ces cinquante dernières années en France, aux SA allemands et aux chemises noires italiennes. Heureusement qu’il a manqué une réelle ampleur populaire, puisque le mouvement a toujours été ultra-minoritaire, pour ne pas dire totalement marginal, malgré son hyper-médiatisation.

Il n’en reste pas moins que les gilets jaunes ont diffusé un style et ce style, si adulé par l’ultra-gauche française, est en ce moment l’outil majeur pour valoriser Marine Le Pen pour le second tour de la présidentielle de 2022. C’est là tout à fait cohérent. Et cela montre l’erreur massive qu’a fait l’ultra-gauche, et avec elle la CGT, à courir derrières les gilets jaunes au lieu de dénoncer ce mouvement qui resta toujours, historiquement, entièrement extérieur à la classe ouvrière par ailleurs.

Il faut absolument étudier ce qui est en train de se passer sur ce point, afin de bien comprendre le phénomène de ré-utilisation de ce style en faveur de Marine Le Pen. Cela montre qu’une nouvelle étape est passée, que dans le fond de la société française, il y a des choses qui se fissurent, que cela craque à la base même. Et cela aura été extrêmement rapide après les résultats du premier tour. Cela promet pour la suite… Même si cela n’a rien d’étonnant. Comme dit le 10 avril avant les résultats, les Français vont payer cher leurs mensonges, leur petitesse. Il faudra boire le calice jusqu’à la lie.

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Guerre

L’OTAN passe un nouveau cap dans la propagande anti-russe

La propagande belliciste est acharnée.

Une fresque soviétique, à kramatorsk.

La superpuissance américaine et son appendice militaire qu’est l’OTAN poussent de plus en plus ouvertement à la guerre contre la Russie. Cela est évident depuis plusieurs semaines, mais il faut maintenant parler d’un tournant depuis le vendredi 8 avril 2022.

Il y a eu ces derniers jours un matraquage anti-russe extrême, avec des accusations de génocide ; c’est ni plus ni moins que la propagande du régime nationaliste ukrainien qui est reprise mot pour mot, pour faire monter la tension et préparer l’opinion publique à la guerre. Un nouveau cap a été franchi avec le bombardement de la gare de Kramatorsk.

Il faut s’imaginer ici une scène d’horreur totale, avec la mort de dizaine de civils, dont des enfants, tentant de fuir la guerre, l’intérieur et l’entrée de la gare étant couverts de sang, du mobilier carbonisé, des bagages abandonnés, des débris partout.

Le président américain a immédiatement attribué la responsabilité de ce bombardement à la Russie, accusée d’avoir volontairement visé des civils :

« L’attaque d’une gare ukrainienne est une nouvelle horrible atrocité commise par la Russie, frappant des civils qui tentaient d’évacuer et de se mettre en sécurité ».

Le sous-entendu est toujours le même, c’est que la Russie procéderait à un génocide, visant systématiquement le peuple ukrainien. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a ainsi parlé à propos gare de Kramatorsk d’un « mal sans limite », avec au passage un discours absolument délirant sur l’armée russe qui refuserait le combat militaire par lâcheté :

« Sans la force et le courage de nous affronter sur le champ de bataille, ils détruisent cyniquement la population civile. C’est un mal qui n’a pas de limite. Et s’il n’est pas puni, il ne s’arrêtera jamais ».

On a dans la foulée tout le camp pro-américain qui se rallie à ce discours, sans aucune réserve. Les chefs des gouvernements britannique et allemand ont dénoncé communément la Russie lors d’une conférence de presse, parlant pour l’un de « crimes de la Russie en Ukraine » et pour l’autre de bombardements « épouvantables ».

Le Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell y est également allé sans réserve :

« Je condamne fermement l’attaque aveugle de ce matin contre une gare à Kramatorsk par la Russie, qui a tué des dizaines de personnes et fait de nombreux blessés ».

Mais c’est à la France qu’a été attribué la responsabilité de faire passer un cap aux accusations. En effet, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian est allé extrêmement loin en parlant, sur une chaîne de la télévision publique française, de « crime contre l’humanité ».

« Les autorités ukrainiennes avaient appelé la population à évacuer – notamment par trains – dans la crainte d’une offensive russe pour prendre le contrôle de la région du Donbass. C’est à ce moment-là qu’ils tapent la gare, sur des réfugiés, donc sur des civils, donc ça répond aux crimes contre l’humanité. »

Le « ils » désigne ici ouvertement la Russie, puisque que le ministre avait introduit son propos en expliquant que « la guerre russe se poursuit, avec ses exactions ».

Jean-Yves Le Drian a ensuite parlé de Cour pénale internationale, expliquant (ce qu’Emmanuel Macron a confirmé également), que la France allait envoyer rapidement du personnel militaire en Ukraine pour établir un dossier en ce sens.

C’est ici un point de non-retour qui est franchi, un basculement évident. Comment la Russie peut accepter une telle accusation, la pire des accusations, de la part de la France et du camp américain ? C’est impossible, et ce qui est visé ici est ouvertement la provocation afin de pousser la Russie à la faute et justifier une intervention de l’OTAN.

Il faut ici bien sûr préciser à propos de la gare de Kramatorsk que la Russie a immédiatement démenti, parlant de provocation ukrainienne. Voici ce qu’affirme le ministère russe de la Défense, en précisant que le missile a été tiré depuis Dobropillia :

« Le but de la frappe orchestrée par le régime de Kiev sur la gare ferroviaire de Kramatorsk était d’empêcher le départ de la population de la ville afin de pouvoir l’utiliser comme bouclier humain ».

On peut très bien se dire qu’il n’y a pas plus de raison de croire le régime russe, coupable d’invasion, que le régime nationaliste ukrainien. Mais justement, cela marche dans les deux sens et la France n’a, au sens strict, absolument pas le droit d’accuser unilatéralement la Russie de crime contre l’Humanité pour cette attaque, sans preuve aucune.

Il faut ici beaucoup de sérieux et de hauteur pour bien saisir l’enjeu qu’il y a derrière cette accusation. En effet, l’attaque n’a pas eu lieu dans l’Ouest de l’Ukraine, mais dans le Dombass, une région russophone considérée par la Russie comme relevant de la grande-Russie, avec une population considérée comme devant rejoindre la Russie en étant libéré du joug occidental et nationaliste ukrainien.

Une grande partie du Donbass justement est depuis 2014 séparée de l’Ukraine, et la ville de Kramatorsk était par contre la capitale de la partie du Donbass encore sous-contrôle ukrainien, après des combats acharnés entre les deux camps. Sauf que la ville est justement sur le point de tomber. La population fuit les combats à venir, alors que l’OTAN elle-même explique que la conquête de l’intégralité du Donbass par la Russie est l’actualité de ces prochains jours.

C’est ce qu’a présenté en détail le secrétaire général de l’OTAN mardi 5 avril, en parlant d’une « phase cruciale de la guerre » avec le redéploiement quasi total de l’armée russe à l’Est du pays. Ce que cela sous-entend également, c’est l’écrasement de l’armée ukrainienne, avec une sorte de mâchoire militaire russe se refermant sur elle précisément dans cette région.

Il faut bien voir également que, depuis 2014, l’armée ukrainienne bombarde sans relâche l’autre partie du Donbass, et que la Russie accusait justement celle-ci d’avoir accentué les tirs avant l’invasion de février, et de préparer une opération militaire massive. On en pense ce qu’on veut là encore, mais c’est un élément à prendre en compte dans les accusations.

Comme le fait que l’armée russe explique, de manière très détaillée, comment les militaires ukrainiens (notamment les bataillons de nationalistes fanatiques) se cachent au milieu de la population civile dans la ville (ultra-statégique) de Marioupol, et qu’il faut donc pour l’armée russe procéder à un siège quasiment maison par maison, appartement par appartement.

Jean-Yves Le Drian, qui affirme que la Russie est coupable de crime contre l’Humanité avec l’attaque de la gare Kramatorsk, n’a aucune preuve. Mais surtout, il n’a aucune raison objective à avancer pour expliquer un tel crime de la part de la Russie. A moins de reprendre la propagande délirante et fanatique du régime ukrainien, qui multiplie les mensonges et affirmations délirantes depuis le début de l’invasion.

Quel est l’intérêt pour la Russie de massacrer ainsi une population qu’elle prétend libérer, alors justement qu’elle a plutôt intérêt à ce que la population civile fuit justement massivement pour opérer directement contre l’armée ukrainienne ? De surcroît, de le faire avec un missile de facture assez ancienne, avec écrit dessus « за детей », soit « Pour les enfants » (ou plus exactement « Au nom des enfants »).

Cela est difficilement explicable. On ne peut pas, par principe, écarter l’éventualité d’une frappe russe, mais elle n’est pas plus probable que celle de la provocation nationaliste ukrainienne, ou encore de la possibilité d’un accident de guerre avec un missile ne causant pas les dommages prévus initialement. Mais là n’est pas la question, en vérité, malheureusement.

L’accusation de crime de guerre contre la Russie n’est que le prétexte à une propagande de guerre acharnée. Ce qu’il y a en jeu, c’est ni plus ni moins qu’une vaste opération psychologique, médiatique pour justifier une entrée en guerre contre la Russie. Les dirigeants américains, français, allemands, britanniques, slovènes, polonais, n’en ont rien à faire de la population du Donbass, ils n’en ont rien à faire de l’Ukraine. Leur seule actualité est la bataille pour le repartage du monde, et la place du bloc formé par la superpuissance américaine dans cette bataille, avec la Russie sur leur chemin.

La Russie est dorénavant unilatéralement un ennemi de l’OTAN, il n’y a quasiment plus d’autre issue que la guerre.

C’est le sens de l’arrivée de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à Boutcha puis à Kiev, pour expliquer que l’Ukraine allait intégrer bientôt l’Union européenne, tandis que la Russie est « menacée de décomposition économique, financière et technologique « .

C’est le sens de l’officialisation vendredi 8 avril 2022 de la fourniture par la Slovaquie de système de défense anti-aérien S-300, immédiatement saluée par Joe Biden qui en échange a fourni des batteries de défense antimissiles américains.

C’est le sens du renforcement de l’aide militaire britannique à l’Ukraine (missiles antichars et antiaériens), justifiée par l’attaque « inconsciente » de la gare de Kramatorsk. C’est le sens de la déclaration, quasiment une déclaration de guerre à la Russie, du président américain :

« Nous poursuivrons notre assistance en matière de sécurité et nos livraisons d’armes pour aider l’Ukraine à défendre son pays. Et, avec nos alliés et partenaires, nous soutiendrons les efforts pour enquêter sur cette attaque tout en documentant les actions de la Russie et en la tenant responsable. »

Dans le même registre belliqueux, Joe Biden a également expliqué dans un communiqué :

« Tandis que les forces russes se repositionnent pour la prochaine phase de cette guerre, j’ai demandé à mon administration de continuer de ne ménager aucun effort pour identifier et fournir à l’armée ukrainienne les armes modernes dont elle a besoin pour défendre son pays ».

La Gauche doit se réveiller, il y a urgence. La question de la troisième guerre mondiale n’est pas une spéculation théorique lointaine, mais une terrible actualité qui se dessine. Il faut dénoncer l’OTAN, l’armée française, il faut combattre les va-t-en-guerre, il faut affirmer haut et fort l’internationalisme prolétarien. Guerre à la guerre, le drapeau rouge levé : tel doit être le mot d’ordre.

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Politique

Emmanuel Macron, un Kennedy en carton pour une France en plastique mou

Un show grotesque, à l’américaine.

Devant 30 000 supporters, dans une salle contenant 40 000 places, le Président Emmanuel Macron s’est mis en scène pour son premier et en fait unique meeting de campagne, une semaine avant l’élection présentielle.

Avec de la musique très forte en mode épique, des flammes de pacotille scintillantes, un bain de foule – une foule justement organisée pour donner l’impression de ferveur. Avec un président-candidat seul en scène, se promenant de pupitres en pupitres invariablement de chaque côté d’une plate-forme en hexagone géométrique, faisant des clins d’oeil, se donnant l’air ultra à l’aise et intime.

Mais cela sonnait faux, tellement c’est forcé et décalé avec la gravité de l’époque. Il faut s’imaginer le genre d’ambiance : avant l’arrivée du président, il y a un chauffeur de salle professionnel qui s’adresse aux ministres (en exercice), sagement alignés les uns à côté des autres, guindés, et leur demande de faire… la ola. Ils s’exécutent, puis la ola est reprise par le reste de la salle. Pathétique.

Pathétique et, qui plus est, cela ne correspond pas du tout au style français, qui veut de la politique et du débat d’idée et pas de la mise en scène guignolesque, qui apprécie les postures mesurées pour une approche classique dans le style et sérieuse dans le fond, ne laissant que subtilement et succinctement la place au panache.

Le show d’Emmanuel Macron sonnait donc faux, archi faux. C’est exactement comme au cinéma : quand des Français se lancent dans un film d’action à gros budget, cela ne donne rien, car c’est forcé, et donc mal fait. N’est pas Hollywood qui veut, et en l’occurrence, n’est pas John Fitzgerald Kennedy qui veut.

Emmanuel Macron s’imagine peut-être personnellement un grand destin. Il n’est en vérité qu’un JFK de pacotille, 60 ans trop tard, 6000 kilomètres trop loin. Il n’est là que grâce à l’apathie politique généralisée en France, parce que la Gauche s’est sabotée avec François Hollande et que la Droite s’est torpillée elle-même par suffisance bourgeoise avec François Fillon.

Mais aussi, et surtout, grâce à de (très) généreux donateurs qui l’ont tiré du chapeau et lui ont fait sa campagne en 2017. On sait maintenant qu’il y avait aussi derrière cela le cabinet de conseil américain McKinsey, d’où le style probablement.

En vérité Emmanuel Macron n’est rien, et ne représente pas la France ni les Français. Mais peu importe, car ce n’est pas cela qu’il vise, et d’ailleurs les Français eux-mêmes s’en fichent pas mal, comme ils se fichent de tout à part de leur petit confort quotidie Alors il suffit à Emmanuel Macron de ne pas trop faire de vague, et d’aller dans le sens d’une poignée de millions de gens bien installés dans le système, bien corrompus par le business et fétichisant la modernité capitaliste et l’entreprenariat (qu’Emmanuel Macron se vante d’avoir « libéré »).

Cela peut suffire à nouveau à remporter l’élection présidentielle. D’autant plus qu’il y a parmi ces gens l’appréciant la plupart des journalistes et des commentateurs politico-culturels. Cela aide à se faire une place et bénéficier d’une légitimité, même fictive.

Quant au fond, il n’y a rien évidemment. Et pour cause, Emmanuel Macron ne fait pas le poids face à la pesanteur de l’histoire. Il n’est qu’un accompagnateur du capitalisme, en mode suiveur et fidèle de la superpuissance américaine. Alors il peut bien se donner des airs de grand seigneur, en sermonnant la salle qui hue et siffle la guerre en Ukraine. On parle d’ailleurs là les premières phrase de son meeting, avec l’idée (mal jouée et forcée) de se donner une image de grand homme au cœur de l’Histoire.

« [Tout sourire] Je suis heureux d’être là avec vous… [la foule acclame].
[D’un coup, il prend un air sérieux et concerné.] Et tandis qu’à quelques heures de Paris on bombarde la démocratie… [La foule hue et siffle].
[Il lève le bras en signe de désapprobation et prend le ton d’un professeur.] Non, on va tout de suite se redonner une règle, que vous connaissez.
La guerre en Ukraine [il sert le poing], nous faisons tout chaque jour pour pouvoir l’arrêter. Évidemment nous la condamnons, mais ici quand nous sommes tous ensemble, nous ne sifflons pas, personne, jamais, jamais. [La foule acclame et il reprend son air grave pour expliquer qu’il mène un combat historique pour la démocratie, etc.] »

C’est totalement grotesque, personne n’y croira, comme quand il dit ensuite que son public est constitué de « militants de l’idéal », ou bien qu’il est là dans « la plus grande salle d’Europe », alors qu’il n’y avait pas plus de monde que pour un quelconque match de football important d’un club de ligue 1.

La France, les Français, s’ils étaient à la hauteur, devraient conspuer un tel personnage, et finalement ne pas lui donner d’importance. Mais la France est trop endormie, trop un plastique mou, alors elle tolère ce Kennedy en carton, se disant qu’après tout au moins c’est moderne et américain. Les Français ont toujours aimé ce qui était américain ou avait l’air américain.

La question est maintenant de savoir à quel moment la crise va passer par là. Car tout va très vite, et qui sait à quoi ressemblera la France dans quelques jours, le matin du 10 avril ? Et surtout le 27 avril, pour le second tour ?

Marine Le Pen compte en tous cas là-dessus, en misant sur le fait que d’ici là, les Français seront enfin (au moins un peu) chauffés à blanc par la crise et rejetteront Emmanuel Macron. Elle joue donc à fond la carte de la crise pour réagir à son meeting :

« Depuis 5 ans, Emmanuel Macron a financé la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune en taxant le carburant, le gaz, le fioul et l’électricité de tous les ménages ».

Cela suffira, cela ne suffira pas ? Au fond peu importe, car d’une manière ou d’une autre l’Histoire va reprendre le dessus et balayer tout ça, violemment. Emmanuel Macron, aussi insupportable soit-il, sera très vite oublié. Marine Le Pen elle-même et son nationalisme light, probablement, ne fera pas le poids non-plus, d’ailleurs.

En attendant, il faut boire le calice jusqu’à la lie.

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Politique

L’affaire McKinsey questionne la souveraineté française

Emmanuel Macron est lié à la superpuissance américaine.

Le 16 mars, une commission sénatoriale d’enquête a produit un rapport sur le recours systématique par l’État à des cabinets de conseil, en appuyant notamment sur le fait que cela a coûté plus d’un milliard d’euros à l’État en 2021. Ce montant a doublé depuis 2018, première année pleine de l’exercice du pouvoir par Emmanuel Macron.

Il y a là un scandale en termes de dépense publique bien sûr, mais cela va bien plus loin, interrogeant la souveraineté de l’État lui-même, qui délègue des pans entiers de son analyse et de ses décisions à des cabinets privés, comme le soulèvent en effet les sénateurs ayant enquêté.

Il ressort de leurs investigations, portant sur 7300 documents étudiés pendant 4 mois, que :

« des pans entiers des politiques publiques ont été sous-traités à des cabinets privés : crise sanitaire, réforme de l’aide juridictionnelle, radars routiers, évaluation de la stratégie nationale de santé…

Le recours aux consultants est ainsi devenu un réflexe pour un État qui donne parfois l’impression qu’il « ne sait plus faire », malgré le dévouement de ses propres agents.

Bien que discrète, l’influence des cabinets de conseil sur les politiques publiques est avérée. Les consultants proposent des solutions « clés en main » aux décideurs, que les agents publics sont sommés de mettre en œuvre. »

L’accusation est grave. De surcroît, parmi ces intervenants externes il y a surtout le maintenant fameux cabinet McKinsey. On a là une société de droit américain, avec une filiale de 600 personnes en France, qui ferait un chiffre d’affaires d’environ 300 millions d’euros par an. Et qui reverse tout à la maison mère, elle-même située dans un paradis fiscal, l’État du Delaware aux États-Unis (là d’où provient Joe Biden).

Avec un montage financier astucieux (probablement illégal, la commission sénatoriale parle en tous cas d’un « exemple caricatural d’optimisation fiscale »), McKinsey réussit à ne pas payer d’impôt en France, sans que l’administration fiscale ne trouve rien à y redire.

Cela sent à plein nez la collusion, d’autant plus que le directeur associé de la filiale française, Karim Tadjeddine, a affirmé sous serment face aux sénateurs (qui ont porté plainte pour faux témoignage) que sa société avait versé 422 millions d’impôts et de cotisations sociales en dix ans, en contradiction avec les recherches faites ces mêmes sénateurs auprès du fisc.

Karim Tadjeddine est un proche d’Emmanuel Macron, ayant été militant pour sa campagne présidentielle en 2017. Ce serait en tout une quinzaine de salariés McKinsey qui ont participé à la campagne d’Emmanuel Macron. C’est le cas de Martin Bohmert, qui était Président des Jeunes avec Macron de 2017 à 2019 ou d’Etienne Lacourt, chef du « pôle projet » du parti présidentiel La République en Marche LREM en 2017 et 2018.

Et puis il y a Mathieu Maucort, actif pendant la campagne, maintenant Haut-Commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises, qui était chef de projet chez McKinsey de 2013 à décembre 2016. Et puis il y a le directeur général de LREM, Paul Midy, qui a travaillé pour McKinsey de 2007 à 2014, ayant été chargé de… « la conduite de la réforme de l’État » !

On remarquera au passage que l’autre directeur associé de McKinsey France est Victor Fabius, fils du « socialiste » Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel depuis 2016.

Tout ce petit monde, qui partage la même idéologie ultra-libérale et anti-ouvrière, qui a la même vision du monde prônant l’ultra-modernité capitaliste (en fait le turbocapitalisme) et l’alignement sur la superpuissance américaine, est donc totalement inséré dans les plus hautes strates de l’État français, autour d’Emmanuel Macron.

Il se pose évidemment la question non pas seulement de corruptions, ou « prise illégale d’intérêts » en droit, mais directement d’ingérence étrangère au sommet de l’État français. Et en l’occurrence d’ingérence américaine, avec des cabinets de conseils étrangers ayant accès forcément à des données décisives. Quand on sait que la stratégie vaccinale mise en place par le gouvernement a été confiée au cabinet de conseil américain McKinsey, ainsi qu’à plusieurs autres cabinets (Accenture, Citwell et JLL), cela soulève forcément un problème de fond.

Ce que ne manquent pas de souligner, d’ailleurs, tout un tas de commentateurs pro-Russes, voire pro-Vladimir Poutine. C’est typique de leur démarche que de souligner de ce genre de collusion, de dénoncer les atteintes (américaines) à la souveraineté des États, etc.

Alors ce genre d’affaire pourrait typiquement produire un basculement et une crise de régime, permettant une réfutation de l’alignement unilatéralement pro-américain, pro-OTAN et fanatiquement anti-Russe, de la France. C’est typique de périodes de crise telles que nous en vivons en ce moment. C’est en tous cas conforme à l’intérêt de pans entiers de la bourgeoisie française, hostiles à Emmanuel Macron et son entourage de chez McKinsey.

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Politique

Meeting du Trocadéro: Eric Zemmour lance l’après pour la Droite

Une nouvelle droite dure et nationaliste va se former.

En annonçant 100 000 personnes au Trocadéro à Paris pour son meeting, Eric Zemmour a parfaitement réussi son coup médiatico-politique. Ce qui compte pour lui en effet est de montrer qu’il y a un élan autour de lui et de ce qu’il représente, avec une proposition incontournable pour l’avenir.

Il ne faut pas être dupe de l’enjeu électoral lui-même, qui ne débouchera très probablement pas sur un séisme politique. Eric Zemmour sait très bien qu’il ne sera probablement pas au second tour dans quinze jours, dimanche 10 avril 2022, mais peu importe.

Ce qu’il faut voir surtout, c’est comment, en si peu de temps, sans aucun parti politique structuré initialement derrière lui, il réussit à peser autant sur l’élection, à réunir 100 000 personnes adhérentes à sa formation électorale Reconquête avec un discours très clivant, et plusieurs dizaines de milliers de personnes à son grand meeting de campagne à Paris.

L’élan est clairement là, la dynamique politico-culturelle est évidente. Et si, comme cela se profile, Marine Le Pen échoue à nouveau face à Emmanuel Macron au second tour de l’élection, avec également une Valérie Pécresse humiliée par un score très faible au premier tour, alors il y aura un immense boulevard pour la recomposition de la Droite, dans une forme conforme aux tumultes de l’époque, à la crise.

D’ailleurs, Eric Zemmour n’est ici probablement qu’un simple outil, un passeur pour aller d’une époque à une autre, et il s’effacera très vite, en tous cas idéologiquement (déjà qu’il ne représente pas grand-chose, hormis son populisme anti-immigrés). Il faut plutôt regarder du côté des Nicolas Bay, Guillaume Pelletier ou Marion Maréchal pour voir les visages de la Droite dure et nationaliste de demain.

Eric Zemmour pour sa part, c’est avant tout la nostalgie de la France d’avant, de l’après-guerre, avec un capitalisme triomphant et modernisant la société à vitesse grand V, sans pour autant chambouler sa base paysanne et petite-bourgeoise. En s’adressant aux « anciens » lors de son meeting, il a parfaitement exprimé cela :

« Vous avez connu la vie dans le plus beau pays du monde, vous avez connu l’école de l’exigence, vous avez connu la courtoisie dans la rue, la galanterie. Vous avez connu la fierté d’être Français. Vous ne reconnaissez plus le pays dans lequel vous avez vécu ? Vous ne comprenez pas ce qui vous a échappé ? Vous ne vouliez pas créer ce chaos, je le sais. Vous avez le pouvoir de faire basculer cette élection, de choisir le candidat qui vous dit : ‘Oui, vous avez raison d’avoir peur’. Choisissez le candidat qui vous dit : ‘Je veux que la France redevienne la France’. Je vous propose de redevenir jeunes, de retrouver l’optimisme de vos 20 ans ».

Mais plus encore, c’est en dévoilant ses références politiques lors du meeting qu’il montre en quoi il est dépassé culturellement, appartenant strictement au passé (quand bien même est-ce sous une forme mystifiée) :

« Nous sommes les seuls à être de droite dans cette campagne. Nous sommes les seuls héritiers d’une Droite qui aime la France, le peuple, le travail, l’ordre et l’identité. C’est la Droite qui était au RPR, la Droite de Charles Pasqua, la Droite de Philippe Séguin. Oui je suis le seul candidat de droite à cette élection. »

Au sens strict, ce genre de références en 2022 n’a aucun sens et ne devraient même pas réunir plus d’une centaine de personnes ; si Eric Zemmour galvanise autant avec un tel discours franchement ringard, c’est simplement de par ce qu’il représente comme perspective de bousculement politique, de recomposition de la Droite.

Ce qui compte n’est pas tant ce qu’il raconte, sur l’immigration, l’économie, etc. ou ce qu’il ne raconte pas, sur l’écologie, sur la Russie, etc. Ce qui compte surtout c’est qu’il explique qu’il faut tout recommencer à droite, réunir tout le monde pour partir sur de nouvelles bases dépassant les formations politiques actuelles à droite.

Les propos suivants tenus lors du meeting du Trocadéro ont une portée politique immense, qui serviront de base pour les dix années à venir à droite, c’est une évidence :

« J’ai choisi le Trocadéro car nous n’en pouvons plus des divisions des patriotes qui est la cause de nos défaites. J’aurai besoin de tout le monde : des gaullistes, des souverainistes, de tous les patriotes de la droite.
J’aurai besoin de tout le monde. J’aurai besoin de toutes les familles de la droite et de tous les patriotes. J’ai des amis aux Républicains et je les accueillerai. J’ai des amis au Rassemblement national, ils auront toute leur place à mes côtés. Oui j’ai besoin d’Eric Ciotti, applaudissez-le ! Oui j’aurai besoin de François-Xavier Bellamy, de Laurent Wauquiez, de Nadine Morano, de Jordan Bardella, applaudissez-les ! Car c’est l’idée que je me fais de l’union des Droites ».

Eric Zemmour, c’est ni plus ni moins que la jonction entre la droite classique et traditionnelle, bourgeoise et urbaine, représentée surtout par le RPR, puis l’UMP, puis LR, avec une droite provocatrice et populiste, puis social-nationaliste, représentée surtout par le Front national puis le Rassemblement national.

Pour l’instant, Eric Zemmour n’apporte aucun contenu véritable à cette union et recomposition de la Droite à venir. Il ne fait que recracher vaguement l’idée d’un néo-gaullisme indispensable à la bourgeoisie française, qui a déjà été formulé en long en large et en travers partout à droite durant les années 2010. Depuis Henri Guaino, qui était le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, jusqu’à Marine Le Pen et toute la clique intellectuelle ayant formulé son programme depuis 2012.

Voilà donc la signification principale de la candidature Eric Zemmour : c’est d’en  » appeler  » à :

« ces électeurs des Républicains qui en ont assez de voir leurs idées trahies, à ces électeurs du Front national qui voient leurs idées végéter dans une opposition stérile depuis trop longtemps. »

Je vous tends la main, dit-il, et cette main tendue n’est autre que la possibilité d’une nouvelle formation à Droite en France, sur une ligne dure, nationaliste, néo-gaulliste évidemment, assumant la restructuration économique dans le cadre de la crise avec une bataille rude menée aux travailleurs, et assumant bientôt la question de la guerre dans le contexte mondial.

Eric Zemmour, en vérité, ne dit pas grand-chose dans le fond, car il n’a pas besoin de le faire. Ce qui compte par contre, c’est qu’il laisse la porte grande ouverte pour une nouvelle Droite prenant fermement le pouvoir en France.

C’est tellement vrai que Philippe de Villiers, ce nationaliste toujours apprécié à droite mais isolé, qui prône justement depuis des années et des années cette union des droites sur un mode dur, a confié avoir eu «les larmes aux yeux  » en écoutant le meeting d’Éric Zemmour. C’est clairement une page qui se tourne pour la Droite française, une nouvelle époque qui s’annonce.

La Gauche en face doit se reconstruire et vite, pour ne pas voir les acquis démocratiques et toutes les conquêtes sociales du mouvement ouvrier se faire littéralement broyer par cette nouvelle vague de droite dure et nationaliste, et qui assumera d’aller vers la guerre.

C’est tellement urgent qu’il suffit de penser ne serait-ce qu’à dans quelques semaines avec les élections législatives… Cela va être un jeu de massacre pour la Gauche, ou ce qu’il en reste, et une formidable séance de répétitions pour la nouvelle droite qui se profile.

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Politique

Présidentielle 2022 : la société française se replie sur elle-même

Il faut s’attendre au pire.

L’indifférence complète pour la présidentielle 2022 de la société française ne doit pas laisser penser que les Français sont rétifs à l’État ou au capitalisme. L’abstention, si valorisée à l’ultra-gauche, n’exprime certainement pas, dans les conditions actuelles, une élévation du niveau de conscience sociale. Encore faut-il d’ailleurs porter une attention sur un tel niveau – ce qui est le choix de la Gauche historique.

Non, l’indifférence pour la présidentielle 2022 correspond à une dépolitisation, à un dédain de toutes responsabilités, ce qui s’associe avec un vote à l’extrême-Droite. On pense trop souvent que la montée de l’extrême-Droite ne peut que s’accompagner d’une mobilisation de masse, dans une version fanatisée et de grande ampleur. C’est là un raccourci.

La mobilisation de masse de l’extrême-Droite est toujours apolitique ou anti-politique ; elle vise, exactement comme les gilets jaunes d’ailleurs, à « rétablir » un ordre ancien. Les fascistes italiens et les nazis allemands ne prétendaient pas être une faction politique, mais un mouvement de fond procédant au grand « rétablissement ».

Et le terreau d’un tel mouvement de « réaction » – s’arrogeant une dimension « révolutionnaire » anticapitaliste en luttant contre le présent de la société (mais pour aller vers le passé et non l’avenir) – c’est l’apolitisme à grande échelle, le crétinisme de masse, la réduction des masses à des foules.

C’est pourquoi la présidentielle 2022 n’a pas qu’un seul aspect horrible, consistant en le fait que les Français soient ailleurs dans leur esprit, mais bien deux, car la montée de l’extrême-Droite est strictement parallèle à un tel phénomène. C’est l’alliance de l’apolitisme et du « retour en arrière ».

Et si l’on veut s’opposer à cela, il faut être à la hauteur. Essayons de résumer les principaux points, à traits grossiers, caractérisant la société française : le refus de lire des choses profondes, le rejet de toute organisation, la réduction à la structure familiale, la fascination pour l’esprit de bande, la limitation de l’expression des points de vue à des éléments brefs dans l’esprit des réseaux sociaux, le consumérisme béat, l’attrait pour des choses superficielles bien empaquetées à la Netflix ou Koh Lanta…

Et maintenons regardons les gens à gauche. Sont-ils extérieurs à cette tendance négative ? Absolument pas. Ils sont même une partie du problème le plus souvent, en ayant été happés par le turbocapitalisme. Ils sont en phase directe avec le capitalisme élargissant les marchés, depuis Uber Eat jusqu’aux LGBT. Ils sont un facteur de dépolitisation massive, de repli individuel, avec le progrès social consistant en l’élargissement des « droits individuels ».

Pour être à gauche aujourd’hui, il faut avoir un vrai niveau culturel, et lutter en ce sens ; qui ne le fait pas se fait happer par le capitalisme, sans même le remarquer, et après c’est trop tard. C’est bien entendu un phénomène de masse. Et pour ne pas avoir été à la hauteur à ce niveau, la Gauche française est incapable de faire face tant à la dépolitisation qu’à la montée de l’extrême-Droite, deux phénomènes qui vont ensemble et qui s’expriment tel un rouleau compresseur.

La société française se replie sur elle-même et il faut s’attendre au pire pour la présidentielle 2022. Rien ne peut sortit de bon d’un tel événement institutionnel dans une société en décomposition, avec un capitalisme décadent, avec une crise à tous les niveaux.

Qui ne se place pas à ce niveau, en termes civilisationnels, rate le sens de ce qui est en train de se dérouler.

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Société

Présidentielle 2022 : l’élection qui n’a pas lieu

La nullité est seule triomphante.

Dans trois semaines, dimanche 10 avril, ce sera le premier tour de l’élection présidentielle, qui est l’échéance pilier du régime de la 5e République française. Pourtant, cela n’intéresse personne, et pour cause. Le panorama électoral français est d’une nullité affligeante, avec des candidats tous aussi lisses les uns que les autres, sans aucune profondeur politique et culturelle. Personne n’est à la hauteur, c’est au contraire la course à celui qui froissera le moins possible la société française, à qui assumera le moins de choses possibles.

La réélection d’Emmanuel Macron à son propre poste ne fait pas de doute dans l’esprit de la plupart des gens, qui regardent cela de très loin, s’en accommodant largement. C’est que le président correspond très bien à l’état d’esprit de la France : passive, à fond dans la consommation, crispée par rapport à la crise, mais niant malgré tout celle-ci.

Emmanuel Macron est celui qui dit ce qu’il faut dire, sans faire de vagues, sans dire grand chose. Tant la Droite que la Gauche sont encore groggy de sa victoire sortie de nulle part en 2017, qui a cannibalisé leurs fonds de commerce respectifs.

La Droite, à qui l’élection de 2017 était entièrement promise, ne s’est jamais relevée de son échec. Les équipes de Valérie Pécresse, la candidate LR pour cette échéance 2022, sont ulcérées de voir Emmanuel Macron reprendre leurs propositions : retraite à 65 ans, droits de succession supprimés pour 95% des Français, rachat des RTT, année d’internat dans les déserts médicaux, gommant ainsi toutes différences.

La Gauche quant à elle est absolument pitoyable, n’ayant probablement jamais été aussi proche du fond depuis 1914 et l’Union sacrée menant à la première guerre mondiale. Entre le spectacle médiatique de Christiane Taubira qui a fait un flop monumental, le beauf du PCF Fabien Roussel qui s’extasie dès qu’il dépasse les 4% dans les sondages en parlant de steak et de pinard, le populiste Jean-Luc Mélenchon qui racle les fonds de tiroir d’il y a cinq ans, la maire de Paris Anne Hidalgo qui réussi l’exploit de faire une campagne encore plus médiocre que celle de Benoit Hamon en 2017, ou bien encore Yannick Jadot le va-t-en-guerre atlantiste furieusement anti-russe… Que dire?

Du côté des nationalistes, c’est (heureusement) pas mieux. On aurait pu s’attendre à ce que ceux-ci aient un boulevard avec la guerre en Ukraine, en critiquant l’hystérie atlantiste anti-Russe pour relativiser les positions du régime de Vladimir Poutine et mobiliser autour d’un romantisme anti-américain, « non-aligné », etc. Il y avait vraiment de quoi, mais ni Marine Le Pen ni Eric Zemmour n’ont osé, car ils n’osent pas bousculer le régime. Ils ne sont fondamentalement pas de véritables fascistes, mais justes des nationaux-populistes annonçant fadement une nouvelle époque, des escabeaux pour le véritable nationalisme-militarisme qui ne manquera pas d’arriver.

Tout cela n’intéresse donc pas grand monde, car il n’y a pas grand chose à en dire. Après deux ans de pandémie qui a renforcé l’anesthésie générale des esprits par le capitalisme 24 heures sur 24, plus personne ne s’intéresse à rien ni n’assume rien.

Il y en a pourtant des choses à dire… Mais qui assume la question de l’écocide et propose un chamboulement écologiste de la société ? Personne ! Qui assume la question de la crise et assume de vouloir renverser la table, changer les choses en profondeur ? Personne ! Qui parle des animaux ? Personne ! Qui met véritablement sur la table la question des femmes et de leur affirmation dans la société au quotidien ? Personne ! Qui parle de l’insécurité et veut véritablement mener une guerre à la délinquance et aux comportements anti-sociaux ? Personne ! Qui annonce et critique la troisième guerre mondiale qui se prépare ? Personne !

L’avenir ne se jouera certainement pas dans trois semaines avec le premier tour de l’élection présidentielle 2022. La politique n’est pas là, la démocratie n’est pas là. La crise ne fait que commencer, et bientôt la politique reviendra sur le devant de la table. Mais cela se fera par la force, dans la douleur, probablement partant dans toutes les directions avec beaucoup de pots cassés. Ce sera le prix à payer demain de tant de nullité aujourd’hui !

Et le prix à payer par la société française pour une telle apathie va être gigantesque. La facture pour la passivité, tant personnelle que collective, va être meurtrière psychologiquement, assassine socialement, monstrueuse culturellement…

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Restructurations économiques

Plan gouvernemental de « résilience » pour subventionner les entreprises

La collectivité va payer la crise, pour sauver le capitalisme.

La guerre en Ukraine a déclenché une nouvelle vague de tensions économiques. Le secteur de l’énergie, décisif, est directement impacté avec une envolé de certains prix, alors que ceux-ci ont déjà fortement augmenté depuis le début de la crise sanitaire en 2020.

Cette inflation des prix de l’énergie ne tombe pas du ciel. Elle n’est pas non-plus un plan machiavélique de la part de « spéculateurs » sur les marchés financiers. Non, c’est une application concrète et immédiate de la crise, qui touche de manière profonde et générale le capitalisme depuis 2020. C’est une crise dans la crise, un aspect particulier (et primordial), de la crise, sur le plan économique.

On pourra toujours chercher les aspects particuliers et précis qui expliquent tel ou tel prix, telle ou telle envolée. C’est important, ce serait toutefois perdre de vue l’essentiel. Ce qu’il faut comprendre surtout, c’est que le mode de production capitaliste est instable par nature, qu’il ne peut qu’aller de crises en crises, comme l’a montré de manière scientifique Karl Marx dans son fameux ouvrage Le Capital.

Face à ce constat, il y a deux réponses possibles. Soit une réponse ouvrière, consistant en le dépassement du capitalisme pour orienter l’économie de manière nouvelle, collective, démocratique, planifiée. Soit une réponse bourgeoise, qui consiste à vouloir sauver les meubles par la force, en restructurant le capitalisme au moyen d’une pression accrue sur la société.

C’est exactement ce qui est en train de se passer en ce moment, avec une nouvelle étape franchie en France au moyen d’un nouveau plan, cette fois nommé « plan de résilience » présenté par le gouvernement le 16 mars 2022.

Déjà, rien qu’avec le nom, on comprend la nature de la chose. La « résilience » est une métaphore pour exprimer l’idée de capacité à surmonter un choc ; en physique la résilience est la valeur caractérisant la résistance au choc d’un métal. La crise est là, et il va falloir y faire face par la force, pour sauver le capitalisme coûte que coûte.

En l’occurrence, pour l’instant, la « force » consiste en le fait de mettre de l’argent sur la table, beaucoup d’argent, énormément d’argent, pour les entreprises. Voici les principales mesures de ce nouveau plan :

  • aide spéciale pour les entreprises dont les dépenses en énergie (gaz, électricité) pèsent plus de 3% du chiffre d’affaires et avec une facture énergétique augmentée d’au moins 40% depuis le début de la guerre en Ukraine. Cela concerne beaucoup d’entreprises, et surtout beaucoup d’argent : le ministre de l’Économie Bruno Le Maire estime cette mesure à… 3 milliards d’euros.
  • prolongement et renforcement du PGE (prêt garantie par l’État) mis en place avec la crise sanitaire, ainsi que des mesures de report de charges.
  • aide financière exceptionnelle, équivalente à 35 centimes par litre de gazole de pêche pour les pêcheurs, 400 millions d’euros pour compenser les pertes dues à l’envolée du coût de l’alimentation animale pour les éleveurs et acompte de 25% du remboursement de la TICPE sur le gazole non routier pour tous les agriculteurs.
  • 15 centimes par litre de remise sur le prix de l’essence et du gaz naturel véhicule (GNV) pour les entreprises du transport.
  • aides spécifiques pour les entreprises exportant une partie de leur production à l’étranger.
  • mesures en faveurs des entreprises du bâtiment pour inclure les hausses de coûts non prévues dans les contrats initiaux.

En plus de cela, dans sa concurrence acharnée contre la Russie, l’État français lance un « appel à projet » pour subventionner jusqu’à la fin d’année les entreprises voulant couper les ponts avec la Russie.

Ce qui saute aux yeux, c’est évidemment que l’État n’a pas du tout cet argent. L’État français était très endetté et déficitaire avant la crise sanitaire. Il s’est encore plus endetté avec la crise sanitaire pour porter à bout de bras des pans entiers du capitalisme, en mettant de nombreuses entreprises sous perfusion. Et cela continue, l’État s’endette à nouveau drastiquement pour subventionner directement les entreprises.

C’est donc là le premier aspect de la restructuration du capitalisme dans le cadre de la crise : faire payer la crise à la collectivité au moyen de la dette publique.

Ce n’est là qu’une première étape, car l’argent magique n’existe pas, et il va bien falloir payer toutes ces subventions aux entreprises. Ce qui va se passer ensuite, et probablement très bientôt, est évident. La prochaine étape de la restructuration du capitalisme sera une accentuation drastique de la pression sur le travail, pour faire payer la crise aux travailleurs et non pas aux entreprises.

Baisse des salaires qui ne suivent pas l’inflation, moins bons remboursements de sécurité sociale, moins bonne assurance chômage, recul du droit à la retraite, augmentation du temps de travail et intensification du travail lui-même, effondrement des services publics et des dépenses sociales-culturelles : telle est l’actualité, qui va se renforcer drastiquement dans la période qui s’ouvre.

C’est ni plus ni moins que la lutte des classes, qui va redevenir la grande actualité de la société française.

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Guerre

L’Allemagne choisit des avions de chasse américains plutôt que franco-allemands

La tendance à la guerre renforce l’OTAN, et inversement.

Pendant cinq ans, le président Emmanuel Macron a mis sur la table l’idée d’une force armée européenne, et en tous cas de grande coopération et intégration industrielle-militaire en Europe. C’est là une sorte de gaullisme light, voulant garder pour la France un statut de relative grande puissance relativement indépendante, mais via l’Union européenne et son moteur franco-allemand.

Le projet d’armée européenne n’a jamais pris concrètement, puis il a été balayé par la guerre en Ukraine qui a vu le retour au premier plan de l’OTAN, pourtant donnée « en état de mort cérébrale » il y a très peu de temps encore par Emmanuel Macron.

Une nouvelle étape de l’échec de ce « gaullisme light » d’Emmanuel Macron via l’Union européenne vient d’être franchie, avec l’annonce par l’armée allemande de se tourner vers les États-Unis pour l’achat d’avions de guerre de type chasseurs-bombardiers. En l’occurrence, c’est une trentaine de F-35 de Lockheed Martin qui doit être commandée.

C’est un grand chamboulement, car l’Allemagne est censée intégrer depuis 2017 un programme de développement spécifiquement européen, nommé Système de combat aérien du futur ou SCAF. Plusieurs contrats et commandes spécifiques ont été passées auprès Dassault Aviation et Airbus Defence and Space, avec plusieurs millions d’euros de budget déjà engagés, des lettres d’intentions signées entre les ministres allemands et français de la Défense, etc.

Seulement, tout cela est pour dans longtemps, pas avant 2040. Et c’est maintenant que se dessine la tendance à la guerre. Et c’est maintenant que la superpuissance américaine met la pression pour une intégration totale à l’OTAN dans le sens d’un alignement militaire sur sa superpuissance.

Concrètement, l’Allemagne se positionne comme étant dans le sillage immédiat et direct des États-Unis, balayant toute la perspective franco-allemande sur le plan militaire. Voici comment l’agence de presse allemande Deutsche Presse-Agentur résume la chose :

« Les inquiétudes antérieures du gouvernement fédéral selon lesquelles l’achat du F-35 pourrait contrecarrer les projets conjoints avec la France de construire un ‘avion de combat du futur’ européen sont désormais passées au second plan et semblent largement invalidées du point de vue de Berlin ».

La pression américaine est en effet trop forte, et l’Allemagne ne misera pas sur la France. Car qui dit F-35, dit en fait et surtout intégration au programme militaire nucléaire de l’OTAN, c’est-à-dire américain. L’Allemagne dispose, sur la base de Büchel, de bombes nucléaires dite tactiques de type B-61, activables sur décision américaine. Mais pour rester intégrée à ce programme nucléaire, l’Allemagne est obligée d’acquérir les F-35 américains, car plus aucun nouvel appareil européen n’est certifié par les États-Unis pour cela.

L’Allemagne rejoint ainsi le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas et l’Italie, qui ont déjà acheté des F-35. Elle fait un immense pas de côté par rapport au moteur franco-allemand.

La grande bataille pour le repartage du monde est concrètement d’actualité, et ce que cela induit principalement, c’est une tendance au renforcement des deux principaux blocs. L’un américain, l’autre chinois. L’Allemagne renforce son intégration dans le premier, aux dépens d’une relative indépendance avec la France dans le cadre européen.

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Politique

Marion Maréchal rallie Eric Zemmour

Un moment clef pour la reformation d’une Droite dure en France.

Depuis le meeting de Toulon du dimanche 6 mars 2022, l’ancienne députée Marion Maréchal a annoncé publiquement son soutien à Eric Zemmour pour l’élection Présidentielle. Cela n’a rien d’une surprise, tant ils sont sur la même ligne politique, à savoir l’union de la Droite dans une version dure, très libérale économiquement, appuyant à fond le catholicisme dans une variante traditionnelle, néo-gaulliste donc « non alignée » aux États-Unis sur le plan international, et assumant un « choc des civilisations » sur le plan culturel.

Cela n’a rien d’une surprise, mais c’est un tournant, une étape importante dans la construction d’une nouvelle Droite en France pour la période à venir. Ce ralliement ne changera probablement pas la donne pour l’élection Présidentielle, il ne faut pas imaginer qu’il y ait là un nouvel élan, une nouvelle « dynamique » électorale pouvant s’enclencher. Cela d’autant plus que la crise en Ukraine est extrêmement défavorable, pour l’instant, au camp nationaliste, alors qu’inversement elle profite totalement, sur le plan électoral, au camp « atlantiste » (aligné sur la superpuissance américaine), largement trusté par Emmanuel Macron.

Mais ce n’est pas ce qui compte. Ce qui compte, c’est la nouvelle période qui s’ouvre, avec la formation d’un nouveau pôle de droite, très offensif politiquement et extrêmement structuré idéologiquement et culturellement. Marion Maréchal, depuis plusieurs années, est un maillon essentiel de cette reformation de la Droite, comme nous l’avons analysé pas à pas, avec une étude systématique de son parcours depuis son premier « retour » dans la vie publique en 2018.

Rappelons qu’en mai 2017, elle avait publié un texte qualifié à l’époque de manière grandiloquente de « testament politique », où elle annonçait prendre du recul après son mandat de député Front national du Vaucluse, qui faisait d’elle au passage la plus jeune députée historiquement.

En rejoignant la candidature d’Eric Zemmour, Marion Maréchal fait ainsi un retour véritable dans la sphère électorale, après avoir orchestré sa distance de la vie politique, au profit de sa carrière « d’entrepreneuse », et surtout, de la « métapolitique ».

La métapolitique est un concept venu de franges radicales de l’extrême-droite française, consistant en l’affirmation d’une bataille politico-culturelle de fond, sur le plan surtout des valeurs, au-delà de la politique classique, de type électoral et débat d’opinion.

Marion Maréchal, depuis 2018, a joué à fond là-dessus, en se plaçant comme au-dessus du lot pour envisager les choses de manière large, avec une perspective civilisationnelle. Elle l’a fait au sein de toute une mouvance formée autour des magazines Valeurs Actuelles et L’incorrect. C’est d’ailleurs via une tribune dans Valeurs Actuelles, qu’elle avait fait son premier « retour » en 2018, pour annoncer un projet d’ouverture d’une école politique.

On se rappellera qu’à l’époque, elle était invitée à discourir à la Conservative political action conference, c’est-à-dire ni plus ni moins que la conférence politique annuel des conservateurs américains, structurés à ce moment-là autour de Donald Trump. Elle y avait vanté la ligne populiste « America first » de ce dernier, expliquant qu’elle voulait faire la même chose en France.

Un autre moment important fut son apparition comme invitée d’honneur d’une soirée-débat le 31 mai 2018 sur le thème de Mai 1968 (en raison du cinquantième anniversaire des événements de mai et juin 1968). L’intitulé était « Débranchons Mai-68 », et elle y avait expliqué en détail son hostilité à la Gauche, dans une version caricaturale et niant le mouvement ouvrier. La critique de « mai 68 » était surtout pour elle une occasion de critiquer les Lumières en faisant référence à la spiritualité chrétienne et la défense de valeurs « traditionnelles », et d’appeler à une révolution conservatrice, une sorte de « mai 68 » à l’envers.

Quelques jours après, le 22 juin 2018, elle annonçait la mise ne place son école d’étude supérieures, l’Institut Supérieur de Sciences Économiques et Politiques (ISSEP) à Lyon. C’est une sorte d’équivalent de droite dure des écoles « Science po », en général plutôt d’orientation libérale démocrate et pro-américaine sur un mode postmoderne.

Le but de son école est la formation de la « jeunesse conservatrice de France » pour produire les futurs cadre du régime. En effet, son école ne consiste pas en un simple cercle militant radical, mais en une véritable structure devant compter à l’avenir, avec en son sein des figures institutionnelles et universitaires reconnues. Elle y a d’ailleurs invité Eric Zemmour dès 2018.

Déjà à l’époque, il était concrètement question d’une reformation politique de la Droite. Fin 2018, Marion Maréchal intervenait au lancement du « Cercle AUDACE » sur le thème « Quel avenir pour les Droites ? ». Elle y expliquait que le souverainisme (en fait le nationalisme) n’est pas suffisant, mais qu’il fallait également développer du contenu sur le plan des valeurs, avoir une vision du monde pour mobiliser la société française.

En avril 2019, elle faisait une nouvelle intervention remarquée sur ce thème de la Droite, en critiquant frontalement sa tante Marine Le Pen sur cet aspect précis, dans un long entretien à Valeurs Actuelles. On pouvait y lire notamment :

« J’ai dit en revanche pourquoi le clivage entre populistes et mondialistes me semble être une impasse électorale. Je crois qu’on ne peut pas gagner en s’adressant seulement aux classes populaires. Ceux qui rêvent d’une grande alliance de partis entre La France insoumise et le Front national se trompent.

Cette alliance me semble d’autant moins possible que la souveraineté, dont se réclame timidement Jean-Luc Mélenchon, n’est pas une fin en soi. La souveraineté, c’est le contenant ; la vision de la société, c’est le contenu. Au service de quoi met-on la souveraineté ? Une République islamique souveraine, ça ne m’intéresse pas… »

C’est exactement la position d’Eric Zemmour aujourd’hui, qui le différencie de Marine Le Pen (qui de son côté prône désormais une sorte de nationalisme « social », ni de gauche ni de droite). Et c’est justement au côté de Marion Maréchal que se trouvait Eric Zemmour en septembre 2019 pour une « Convention de la Droite » où ils étaient les deux principales figures.

L’intervention de Marion Maréchal avait été particulièrement importante, précisant le fond de sa vision de la Droite. Il ne s’agit en effet pas pour elle de simplement conquérir le pouvoir électoral, mais bien d’opérer à une véritable purge de l’État pour en remplacer tous les cadres et refondre les institutions :

« N’attendons pas que l’État nous sauve, actuellement il est phagocyté par une idéologie et des intérêts contraires à l’intérêt national. »

L’optique est celle d’une révolution conservatrice, balayant l’ordre actuel et l’hégémonie libérale-démocrate pro-américaine dans l’appareil d’État. Dans cette perspective, elle avait formulé de manière assez précise sa position sur les questions internationales lors d’une grande conférence conservatrice à Rome, en février 2020. Elle soutenait l’idée d’une « alliance latine » (et catholique) :

« J’imagine une alliance latine entre la France, l’Espagne, l’Italie et le Portugal. Une alliance latine qui marcherait avec le groupe de Visegrad [Pologne, République Tchèque, Hongrie, Slovaquie – NDLR]. Une alliance qui garderait le lien avec la Grande-Bretagne et la Russie ».

On remarquera que le fasciste Charles Maurras prônait la même chose dans les années 1930, souhaitant unir le fascisme italien et son propre mouvement, l’Action française, dans une perspective différente et opposée au national-socialisme allemand.

Enfin, pour souligner la dimension « étatique » de Marion Maréchal, il faut rappeler sa prise de position en faveur de la tribune des militaires appelant à un éventuel coup d’État en avril 2021. Le contenu général et le choix précis des mots et des concepts était entièrement dans la lignée de Marion Maréchal. Nous soulignions alors :

« Il s’ouvre en France une période tout à fait nouvelle avec une Droite dure qui s’affirme, qui s’éloigne du centrisme et du libéralisme avec l’idée de cogner fort pour remettre de l’ordre et orienter le pays dans le sens du nationalisme et de l’expression militaire de la France. C’est conforme à la tendance mondiale à la guerre, à la grande bataille qui s’ouvre pour le repartage du monde. »

C’est exactement ce qui se passe actuellement, la situation est d’une très grande intensité sur le plan du contenu. C’est une modification du panorama politique, social, culturel, idéologique… qui a lieu. D’où les propos de Marion Maréchal le 6 mars 2022 à Toulon :

« La recomposition politique va advenir, je crois de nouveau la victoire possible ! »

L’union de la Droite dit-elle, « j’en ai rêvé et vous l’avez fait! ». Et elle a donné au public toulonnais ce qu’il était venu chercher, c’est-à-dire un discours nationaliste bien à droite, fustigeant l’idéologie « woke » et les postmodernes, assumant la théorie du « Grand remplacement » sans la nommer, mais en évoquant « la question culturelle et démographique ». Logiquement, elle a opposé son nationalisme à Emmanuel Macron, dont il est censé incarner l’antithèse :

« la macronie n’a manifestement pas compris une chose très importante. Elle n’a pas compris que la nation, par essence est une synthèse. Eric [Zemmour], c’est parce que tu mesures cette responsabilité, que derrière ta candidature il y a un grand mouvement populaire et national. Je vous regarde, et je vois des Français des villes et des Français des villages, des Français des usines et des Français des Start-Up, des Français de 18 ans et des Français de 78 ans. Bref, je vois le peuple de France. »

On remarquera enfin que Marion Marechal jubile d’avoir en face d’elle la Gauche dont elle rêve, c’est à dire une fausse gauche, libérale sur le plan des mœurs et postmoderne idéologiquement, et pas la Gauche historique :

« Alors oui bien sûr la fable marxiste a évoluée, parce que dorénavant le patron capitaliste prend les traits du mâle blanc hétérosexuel, tandis que le travailleur exploité prend celui de la minorité racisée, du musulman, du LGBTQI plus, plus, plus, vers l’infini et l’au-delà. »

Gageons que cette nouvelle étape majeure dans la recomposition de la Droite dure fasse office d’électro-choc, qu’elle favorise les germes de la formation d’une nouvelle Gauche historique en France, d’un retour du mouvement ouvrier et des Lumières, tournés vers la planète Terre et les animaux.

Il le faudra, absolument, pour faire face à ce rouleau compresseur de Droite dure porté par Eric Zemmour, et à l’avenir de manière évidente, de plus en plus par Marion Maréchal. Il le faudra pour faire face à la Crise et à la guerre qui sera justement bientôt portée de manière acharnée par la Droite dure et toutes les composantes du nationalisme.

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Guerre

Emmanuel Macron : la France n’est pas en guerre contre la Russie, mais…

Le président français prépare les esprits à la guerre.

La machine à propagande est en route, et elle tourne à plein régime. Le président Emmanuel Macron a ainsi fait une adresse aux Français mercredi 2 mars 2022 en posant avec le drapeau ukrainien aux côtés des drapeaux de la France et de l’Union européenne. Ce choix résume à lui seul sa position et la nature profonde de sa démarche.

Emmanuel Macron se présente comme un défenseur de la « liberté » et de la paix, il explique que lui et l’OTAN ont tout fait pour éviter la guerre et qu’il s’emploie désespérément à trouver une solution diplomatique. Pourtant, en pratique, il prend fait et cause unilatéralement pour le régime ukrainien avec le président Volodymir Zelensky à sa tête.

Voici comment le Président a introduit sa prise de parole :

« Françaises, Français, mes chères compatriotes,

Depuis l’attaque brutale lancée par le Président Poutine contre l’Ukraine le 24 février, les forces russes bombardent Kiev, assiègent les villes les plus importantes du pays, des centaines de civils ukrainiens ont d’ores et déjà été tués, des femmes et des enfants ont été tués encore ce jour. Les jours qui viennent seront vraisemblablement de plus en plus durs. »

Ce n’est pas là l’introduction d’un discours cherchant à construire la paix, mais un discours partisan d’un des deux camps durant une guerre, en l’occurrence le camp du régime ukrainien. La vérité est tordue, volontairement extrapolée, pour justifier une position.

En pratique, l’invasion russe de l’Ukraine, aussi odieuse et impérialiste soit-elle, bafouant le droit international et en piétinant l’ONU, n’a rien d’une marche barbare sur le pays comme voudrait le faire croire le président français, en parlant par exemple de « bombardements de Kiev », qu’aucune information, même provenant du régime ukrainien, ne vient corroborer.

L’invasion russe est menée, pour l’instant en tous cas, de manière ultra précise et fine, ciblant par des frappes chirurgicales des bâtiments précis, détruisant ou prenant de manière coordonnée des bases militaires, des aéroports, ainsi que différents points stratégiques, encerclant petit à petit les grandes villes.

Il n’y avait qu’à écouter France info, la chaîne d’information officielle du régime français, pour entendre dans la journée du 2 mars 2022 une journaliste ukrainienne francophone raconter sa journée, expliquant qu’elle a pu se déplacer librement dans la ville et faire ses courses, trouvant la plupart des produits recherchés, sauf la litière pour ses chats.

Mais ce genre de réalité n’intéresse pas Emmanuel Macron, qui a besoin au contraire de galvaniser un sentiment anti-russe et d’en rajouter. Ce qui compte, c’est d’orienter la population française vers la démarche atlantiste, celle de l’OTAN, des États-Unis et du bloc qu’ils forment, sur lequel la France est censée s’aligner.

La défense du régime ukrainien est indispensable pour cette démarche, car ce régime a été mis en place en 2014 de manière directement favorable au bloc américain pour remplacer un régime favorable à la puissance russe concurrente.

Le régime ukrainien et surtout sont président ont donc été couverts de louanges.

« Et en votre nom, j’adresse au Président Volodymir Zelensky le soutien fraternel de la France. Il est aujourd’hui, à la tête de son peuple si courageux, le visage de l’honneur, de la liberté, de la bravoure. »

En vérité, Volodymir Zelensky est surtout le visage d’un régime ultra-nationaliste, violemment anti-russe et résolument anti-Gauche (tout ce qui a un rapport de près ou de très loin avec l’URSS est interdit), laissant les fascistes faire ce qu’ils veulent, notamment organiser des milices armées, alors qu’ils sont d’ailleurs un élément officiel de l’armée (par l’intermédiaire du bataillon Azov, formant le noyau dur de l’armée d’ailleurs à Marioupol, la dernière clef du Donbass).

Concrètement, Volodymir Zelensky n’est pas un libéral-démocrate comme Emmanuel Macron, mais un populiste d’extrême-droite richissime, débarqué en politique avec un parti… reprenant le nom de la série télévisée dont il était le principal acteur. Mais cela plaît au Président français, du moment que c’est aligné sur les intérêts du bloc américain, quitte à nier l’idéologie nationaliste du régime ukrainien et la carte libre donné aux fascistes. La réalité n’intéresse pas Emmanuel Macron, pour qui seuls comptent les intérêts capitalistes.

« Cette guerre est encore moins, comme une propagande insoutenable voudrait le faire penser, une lutte contre le « nazisme ». C’est un mensonge. Une insulte à l’Histoire de la Russie et de l’Ukraine, à la mémoire de nos aînés qui ont combattu côte à côte contre le nazisme. Les dirigeants russes s’en prennent à la mémoire de la Shoah en Ukraine. Comme ils s’en prennent en Russie à la mémoire des crises du stalinisme.

Cette guerre est le fruit d’un esprit de revanche, nourri d’une lecture révisionniste de l’Histoire de l’Europe, qui voudrait la renvoyer aux heures les plus sombres des Empires, des invasions, des exterminations. »

De tels propos sont extrêmement partisans et on notera d’ailleurs que le régime ukrainien a affirmé de manière mensongère que le mémorial de Babi Yar, un haut lieu de la destruction des Juifs d’Europe, avait été détruit par les Russes. Cela avait été notamment un prétexte pour Volodymir Zelensky pour affirmer que la Russie détruisait la mémoire de l’Ukraine (ce qui est vrai en partie par ailleurs, mais Volodymir Zelensky a en tête une Ukraine mythique). On remarquera également que la mort des treize défenseurs ukrainiens de « l’île des Serpents » après avoir envoyé « se faire foutre » le navire de guerre russe était également de l’intox : les soldats ukrainiens se sont en fait rendus.

Tout cela ne doit pas étonner, de part et d’autre, car c’est la guerre et donc les opérations psychologiques sont systématiques, parallèlement à la mobilisation générale. Si Emmanuel Macron tient à préciser que « nous ne sommes pas pour autant en guerre contre la Russie », il prend dans les faits ouvertement et unilatéralement partie pour un camp contre l’autre, tout en agissant au moyen de sanctions économiques et politique comme un cobelligérant.

La neutralité n’existe jamais en politique, et encore moins en ce qui concerne les relations internationales. Emmanuel Macron n’est que le représentant d’un camp contre un autre, dans une escalade menant inévitablement à de grandes tensions guerrières.

Les quinze minutes d’allocutions du président Emmanuel Macron ont surtout comme rôle de préparer les esprits à la guerre et à l’escalade guerrière qui s’annonce. Il s’agit de galvaniser, d’entraîner le peuple derrière les intérêts et la vision du monde de la bourgeoisie française, d’annihiler toute contestation du régime.

Voici la transcription de la fin du discours d’Emmanuel Macron, qui apparaîtra dans quelques années comme un moment marquant, un jalon important dans la préparation à la guerre. La France prétend ne pas être en guerre contre la Russie, mais en pratique elle est farouchement hostile à la Russie, et elle fait tout pour aller vers cette guerre, elle est déjà dans cette guerre.

« Les équilibres de notre continent comme plusieurs aspects de notre quotidien sont d’ores et déjà bouleversés par cette guerre et connaîtront des changements profonds dans les mois qui viennent. 

Notre Europe en sera bousculée. J’aurai l’occasion d’y revenir (…).

Notre agriculture, notre industrie, nombre de secteurs économiques souffrent et vont souffrir, soit parce qu’ils dépendent des importations de matières premières venues de Russie ou d’Ukraine, soit parce qu’ils exportent vers ce pays. Notre croissance, aujourd’hui au plus haut, sera immanquablement affectée. 

Le renchérissement du prix du pétrole, du gaz et des matières premières a et aura des conséquences sur notre pouvoir d’achat : demain le prix du plein d’essence, le montant de la facture de chauffage, le coût de certains produits risquent de s’alourdir encore. 

Alors face à ces conséquences économiques et sociales, je n’ai et n’aurai qu’une boussole : vous protéger. 

Nous épaulerons les secteurs économiques les plus exposés en recherchant de nouveaux fournisseurs, de nouveaux débouchés commerciaux.  Et c’est à cette fin que je me suis entretenu avec des homologues américains, européens, moyen-orientaux.

Nous apporterons des réponses adaptées face aux perturbations des flux commerciaux et à l’augmentation des prix. Et j’ai demandé au Premier ministre d’élaborer, pour les prochains jours, un plan de résilience économique et social pour répondre à toutes ces difficultés. 

Mais ne nous trompons pas. Ces événements n’auront pas seulement des conséquences immédiates, à la trame de quelques semaines. Ils sont le signal d’un changement d’époque.
La guerre en Europe n’appartient plus à nos livres d’histoire ou de livres d’école, elle est là, sous nos yeux. La démocratie n’est plus considérée comme un régime incontestable, elle est remise en cause, sous nos yeux. 

Notre liberté, celle de nos enfants n’est plus un acquis. Elle est plus que jamais un système de courage, un combat de chaque instant.

A ce retour brutal du tragique dans l’Histoire, nous nous devons de répondre par des décisions historiques.

Notre pays amplifiera donc l’investissement dans sa défense décidé dès 2017 et poursuivra sa stratégie d’indépendance et d’investissement dans son économie, sa recherche, son innovation, déjà renforcée à la lumière de la pandémie.

Notre Europe, dans cette épreuve, démontre, comme elle l’a fait ces derniers mois, une unité remarquable. Elle doit désormais accepter de payer le prix de la paix, de la liberté, de la démocratie. Elle doit investir davantage pour moins dépendre des autres continents et pouvoir décider pour elle-même. En d’autres termes : devenir une puissance, plus indépendante, plus souveraine.

Puissance économique d’abord. Nous ne pouvons plus dépendre des autres pour nous nourrir, nous soigner, nous informer, nous financer. Voilà pourquoi, dans le prolongement des décisions prises au plus fort de la pandémie avec le plan de relance européen, nous devrons promouvoir un nouveau modèle économique fondé sur l’indépendance et le progrès. 

Puissance énergétique, ensuite. Nous ne pouvons plus dépendre des autres et notamment du gaz russe pour nous déplacer, nous chauffer, faire fonctionner nos usines. Voilà pourquoi, après avoir décidé pour la France, le développement des énergies renouvelables et la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, je défendrai une stratégie d’indépendance énergétique européenne.  

Puissance de paix, enfin. Nous ne pouvons pas dépendre des autres pour nous défendre que ce soit sur terre, sur mer, sous la mer, dans les airs, dans l’espace ou le cyberespace. A cet égard, notre défense européenne doit franchir une nouvelle étape. 

Je réunirai les 10 et 11 mars prochains à Versailles les chefs d’Etat et de gouvernement, européens, lors d’un sommet qui aura à décider sur ces sujets. 
D’ores et déjà, notre Europe a montré unité et détermination. Elle est entrée dans une nouvelle ère. Il nous faut poursuivre.

Mes chers compatriotes,

La guerre en Ukraine marque une rupture pour notre continent et nos générations.

Je sais combien elle vous inquiète, légitimement. Elle nous mobilise et nous imposera de prendre des décisions. Je vous en rendrai compte.

Cette guerre vient aussi percuter notre vie démocratique et la campagne électorale qui s’ouvre officiellement à la fin de cette semaine. 

Cette campagne permettra un débat démocratique important pour la Nation mais qui ne nous empêchera pas de nous réunir sur l’essentiel. 

Je sais pouvoir compter sur vous, votre attachement à la liberté, à l’égalité, à la fraternité, à la place de la France dans le monde. 
   
Je ne cesserai jamais de les défendre et de les porter haut, en votre nom.

Vive la République.

Vive la France. »

La France entre de plein-pied dans la tendance à la guerre à l’échelle mondiale, elle est une partie du problème, certainement pas de la solution.

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Guerre

Le fanatisme belliciste anti-russe du ministre français de l’Économie Bruno Le Maire

Un pas de plus vers la guerre mondiale.

La France est-elle en guerre contre la Russie ? Officiellement non, mais en pratique ce n’est pas si évident. Le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire est allé très loin mardi 1er mars 2022 dans ses propos à l’encontre de la Russie en assumant le mot « guerre » sur France info. Il a dit, avec un ton particulièrement martial :

« Nous allons livrer une guerre économique et financière totale à la Russie. »

Il a précisé à quel point il voulait atteindre la Russie, et même le peuple russe, au moyen de la guerre économique.

« Nous voulons viser le cœur du système russe, nous visons Vladimir Poutine, nous visons les oligarques, mais nous visons aussi toute l’économie russe. Et le peuple russe en paiera aussi les conséquences. On ne sait pas faire autrement. »

De manière totalement fanatique, il s’est félicité de l’efficacité (selon lui) des mesures déjà prises contre la Russie, en annonçant que le but était maintenant d’enfoncer le clou :

« Nous allons donc provoquer l’effondrement de l’économie russe. »

Ces propos sont incroyablement belliqueux, en plus d’êtres délirants dans leur contenu. C’est belliqueux, car il s’agit ici d’assumer une guerre, d’écraser un ennemi et avec lui son peuple. C’est délirant car en pratique les pays du bloc formé par les États-Unis, dans lequel s’inscrit la France, n’ont aucun moyen d’affirmer pour l’instant que l’économie russe est effectivement en train de tomber. C’est de la pure propagande de guerre, pour galvaniser l’opinion, pour mettre la pression sur l’ennemi.

Mais, emporté par son fanatisme, le ministre français est allé trop loin, en assumant trop ouvertement la position du gouvernement français et sa volonté d’écraser le régime russe. Il s’est fait recadrer et de manière pathétique, il a dû atténuer ses propos en expliquant plus tard dans la journée que « le terme de guerre utilisé ce matin sur France Info était inapproprié et ne correspond pas à notre stratégie de désescalade », en précisant que la France n’est « pas en conflit contre le peuple russe ».

Sauf que les mots ont été prononcés, et s’ils sont éventuellement maladroits, ils reflètent en tous cas l’état d’esprit du gouvernement français. Il s’agit en l’occurrence d’un alignement total sur la superpuissance américaine et sa volonté de domination mondiale, avec la confrontation à la Russie comme préalable incontournable.

La France, dans le giron des États-Unis, soutient totalement le régime nationaliste, corrompu et nationaliste-racialiste au pouvoir en Ukraine depuis 2014. Régime dont l’instauration a été soutenue par eux. La France n’en a rien à faire ni de l’Ukraine, ni du peuple ukrainien, il ne s’agit pour elle que de défendre un pré carré en le disputant à la puissance russe, elle-même tendanciellement dans le giron de la superpuissance chinoise.

D’ailleurs, l’avalanche de sanctions économiques contre la Russie a surtout comme conséquence de pousser encore plus franchement la Russie dans le sillage de la superpuissance chinoise et de renfoncer les tensions avec le bloc formé par les États-Unis. C’est la tendance à la guerre mondiale qui se dessine sous nos yeux chaque jour, comme avant 1914.

Bruno Le Maire, en tant que libéral pro-OTAN, est un défenseur acharné du capitalisme dans sa version américaine, et on voit très bien en écoutant ses propos que ce n’est que de cela qu’il s’agit. Lorsque le ministre français de l’Économie entend « provoquer l’effondrement de l’économie russe », il développe juste avant que :

« États-Unis et Europe ensemble sont de très loin le continent économique et financier le plus puissant de la planète. »

C’est là assumer l’alignement sur la superpuissance américaine. L’écrasement économique de la Russie est donc au programme du ministre de l’Économie aujourd’hui, et dans son sillage l’écrasement militaire de la Russie sera bientôt au programme de l’OTAN.

De son côté évidemment, le régime russe est très content d’une telle opposition, lui permettant d’assumer encore plus facilement ses positions, son impérialisme. La Russie peut justifier d’autant plus facilement son invasion de l’Ukraine et sa négation de la nation ukrainienne, que celle-ci est inféodée au bloc américain-européen avec le président Volodymyr Zelensky et la tendance nationaliste qu’il représente.

Dmitri Medvedev, le vice-président du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, ancien premier ministre et figure majeure du régime, a ainsi rétorqué dans la journée dans un message en français sur Twitter :

« Un ministre français a dit aujourd’hui qu’ils nous avaient déclaré la guerre économique. Faites attention à votre discours, messieurs ! Et n’oubliez pas que les guerres économiques dans l’histoire de l’humanité se sont souvent transformées en guerres réelles. »

On rappellera au passage que le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire avait quelques jours auparavant parlé de manière indécente « d’arme nucléaire financière » (à propos du système bancaire SWIFT). On nage ici en pleine folie, dans une folie monstrueuse amenant à la guerre de part la concurrence acharnée entre les pays dans tous les domaines.

Ce n’est pas une folie imputable au cerveau « malade » de quelques dirigeants, pas plus celui de Vladimir Poutine que celui de Bruno Le Maire. Il s’agit simplement d’une tendance historique, du développement normal du capitalisme qui mène inéluctablement à la guerre et la crise, à la crise et la guerre. Bruno Le Maire, tout comme Vladimir Poutine, n’en sont que les vilains instruments.

Seuls les peuples peuvent s’y opposer, en France, en Russie, aux États-Unis, en Ukraine, en prenant le pouvoir pour instaurer des régimes véritablement démocratique et populaire, avec l’internationalisme prolétarien comme seul agenda diplomatique. Il n’y a pas d’autre choix ! Le monde se précipite à l’abîme. Et la conscience sociale des gens est à zéro. L’Histoire va s’accélérer sans commune mesure – dans un sens comme dans un autre.

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Guerre

Ukraine : avalanche de sanctions économiques contre la Russie

Les puissances liées à l’OTAN mènent leur « guerre hybride » sur le plan économique.

Suite à l’invasion de l’Ukraine, la Russie subit une réponse très agressive de la part des principales puissances du capitalisme liées aux États-Unis et à l’OTAN. Via une salve de mesures, c’est la mise en place d’un véritable embargo politique et financier ayant pour but d’isoler et d’affaiblir drastiquement le régime russe.

Si ces mesures ne se situent pas strictement sur le plan militaire, il n’en reste pas moins qu’elles ont une perspective fortement hostile, typique de la guerre moderne. Il s’agit, par tous les moyens, d’affaiblir l’ennemi, de le pousser à la faute, de profiter de la situation et d’appuyer à fond sur les contradictions. Il y a là une tendance terrible qui s’exprime, menant inévitablement à une nouvelle grande guerre inter-impérialiste, une troisième guerre mondiale.

L’Union européenne a fait en sorte de limiter drastiquement l’accès de la Russie aux marchés de capitaux européens et d’interdire les exportations vers la Russie des avions, pièces et équipements de l’industrie aéronautique et spatiale, composants électroniques, logiciels, ainsi que des technologies de raffinage pour l’industrie pétrolière. Concrètement, l’État russe et les principales entreprises russes ne peuvent plus lever de dette en se finançant sur les marchés financiers européens.

La déclaration commune des États membres parle de « conséquences massives et sérieuses », avec l’objectif clair et assumé de nuire profondément à la Russie, considérée désormais unilatéralement comme une puissance ennemie. Vladimir Poutine et son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov sont même directement visés, avec le gel de leurs avoirs européens, autrement dit le blocage net de leurs des comptes bancaires et titres financiers dans les banques européennes.

La délivrance de visas aux Russes par les États européens est bien sûr fortement limitée. Dans le giron de l’Union européenne et de ses États membres, il faut noter les mesures, symboliques mais agressives, de suspension de la Russie de l’Eurovision et du déplacement en région parisienne de la finale de Ligue des Champions de football qui était prévue le 28 mai à Saint-Pétersbourg.

Il faut noter également la décision du Conseil de l’Europe, dont la Russie est membre, de suspendre la participation des diplomates et délégués russes aux principales instances de l’organisation. Peu connu, ce Conseil de l’Europe est une institution ayant pour but de promouvoir une idéologie européenne bourgeoise de type libéral-démocrate ; elle institue notamment la Cour européenne des droits de l’homme.

Le Royaume-Uni est particulièrement agressif dans la réponse à l’attaque russe. D’une part car la stratégie du pays est d’être le « meilleur élève » des alliés américains, donc d’agir de manière marquée en se montrant, mais aussi car le Royaume-Uni est directement concerné par l’attaque en Ukraine, notamment de part les visées qu’il avait (ou qu’il a) sur la ville d’Odessa comme base navale.

Il s’agit concrètement d’exclure totalement les banques russes du secteur financier britannique, celles-ci voyant leurs actifs gelés et sont dorénavant interdites de lever de fond. Plus de cent entreprises et conglomérats, dans tous les secteurs, sont également concernés par cet embargo financier. La compagnie aérienne russe Aeroflot (membre du même réseau qu’Air France, l’alliance Skyteam) est également interdite de vol sur le sol britannique. De nombreuses personnalités russes sont interdites de territoire.

Les États-Unis bien sûr sont également très hostiles dans leur réponse, avec des représailles financières qui « dépassent tout ce qui a jamais été fait » selon le président Joe Biden. Ce sont d’abords les banques russes qui sont visées par des sanctions. Sur le plan financer également, plusieurs grandes entreprises russes, dont le géant Gazprom, ont interdictions de se financer sur le marché financier américain ; c’est également le cas pour l’État russe lui-même, privé d’accès. De nombreuses restrictions d’exportation ont aussi été décidées, surtout concernant les produits technologiques destinés aux secteurs de la défense et de l’aéronautique.

De plus, une longue liste d’ »oligarques » russes a été établie, de manière couper les vivres et les possibilités d’achat, à tous un tas de grandes fortunes considérées comme proches de Vladimir Poutine. Ce dernier devant devenir, selon Joe Biden, « un paria sur la scène internationale ».

Dans le giron américain direct, il y a le Canada qui pareillement a dressé une liste de 58 personnes et entités russes, afin de sanctionner directement « l’élite russe ». Entre autres sont nommés les ministres russes de la Défense, des Finances et de la Justice, afin de leur empêcher toutes interactions économiques. Enfin, de manière très radicale, tous les permis d’exportation pour la Russie sont suspendus.

C’est la même chose pour l’Australie, qui vise pour sa part directement plus de 300 membres du Parlement russe qui ont approuvé « l’invasion illégale de l’Ukraine ». Du côté du Japon, en plus du gel des actifs des personnes et organisations russe, de la suspension des visas, il y a également la suspension des exportations de tout un tas de produits tels les semi-conducteurs

En arrière plan de toutes ces mesures, il y a la menace brandie de couper la Russie du réseau interbancaire Swift, le système qui permet à l’immense majorité des banques mondiales d’échanger entre elles. De manière furieusement belliciste, le ministre des Finances français Bruno Le Maire a d’ailleurs fait à ce sujet un parallèle indécent avec l’arme nucléaire.

D’abord, il a expliqué l’enjeu :

« Toutes les options sont sur la table. Il reste que quand on a une arme nucléaire financière entre les mains [c’est-à-dire l’exclusion du système Swift], on réfléchit avant de l’utiliser. »

Puis il a expliqué que la France était justement favorable à l’utilisation de cette « arme nucléaire financière »…

Voilà donc le panorama actuel, avec une tendance à la guerre extrêmement marquée. L’Ukraine, prise au piège, servant ici de prétexte, les puissances liées à la superpuissance américaine profitant de l’occasion pour infliger des coups à la puissance russe concurrente et surtout à la couper du monde « occidental ».

Celle-ci, tout autant belliciste, se voit directement poussée dans le giron de la superpuissance chinoise, maintenant sur le plan économique et financier, et bientôt sur le plan strictement militaire. Tout cela dessinant de manière très nette les contours de la grande bataille pour le repartage du monde à venir avec deux grands blocs s’affrontant.

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Guerre

Guerre : l’économie mondiale en panique

L’invasion de l’Ukraine précipite la crise économique.

La Bourse de New York a ouvert jeudi 24 février à 15h (heure de Paris) en forte baisse, l’indice Dow Jones poursuivant son effondrement dès la première demi-heure (une perte de 630,6 points, soit 1,9%). Idem pour le Standard & Poor’s 500 (-1,97%) et le Nasdaq Composite (-1,91%).

C’est que la crise est totale. L’ordre mondial est chamboulé et la panique est générale. En pénétrant militairement en Ukraine, Vladimir Poutine a fait bien plus que déclencher une guerre : il précipite définitivement le monde dans une grande crise, sur tous les aspects, y compris donc économique.

La lame de fond balaye tout et si on ne regarde que l’économie américaine, la plus grande puissance mondiale, on voit qu’avant même l’ouverture de la bourse, c’était un tremblement de terre jeudi 24 février. Les plus importantes capitalisations telles Apple, Alphabet (Google) et Microsoft était en recule important (respectivement -4,05%, -2,38% et -3,04%).

Mais au-delà de ces chiffres relatifs et circonstanciels, il y a surtout que l’économie mondiale était déjà sur des sables mouvants, tenue à bout de bras par les banques centrales mondiales dopant artificiellement les marchés à coup d’argent magique par milliards. La promesse d’une sortie imminente de crise sanitaire servait de ciment à l’immense mensonge de la croissance revenue, ou revenant, mais la guerre en Ukraine vient clairement doucher les espoirs du capitalisme.

Là où la crise est le plus marqué, c’est en toute logique dans le secteur de l’énergie, qui est déjà en très forte tension depuis le début de la crise sanitaire. Cela fait des mois que les prix sont hauts, voire très hauts, alors que les difficultés d’approvisionnement et de production ne font qu’alimenter encore plus l’inflation des prix. La guerre en Ukraine vient encore plus précipiter les choses et accélérer la crise.

Le baril de pétrole WTI américain a dépassé le seuil symbolique des 100 dollars. Idem pour le baril de Brent de la mer du Nord atteignant les 105 dollars, alors qu’il ne passait pas la barre des 90 dollars la semaine dernière (il était à 66 dollars début décembre 2021 et il descendait sous les 15 dollars au printemps 2020). L’explosion des prix de ces deux valeurs pétrolières directement due à l’annonce de la guerre est de plus de 7 % ; ce n’est probablement qu’un début.

Ce qui affole les marchés et le cours des valeurs énergétique, c’est bien sûr le fait que la Russie est l’un des premiers producteurs mondiaux de pétrole. Il y a la crainte de ruptures, ou en tous cas de difficultés majeures d’approvisionnement. En cas de rupture majeure, les autres grands pays producteurs ne pourraient véritablement compenser. C’est particulièrement le cas en ce qui concerne le gaz russe, dont le monde entier est dépendant. La Russie est le premier exportateur mondial de gaz naturel.

La France en est totalement dépendante, comme l’a rappelé le groupe TotalEnergies. Le président du groupe a même prévenu : «Si le gaz russe ne vient pas en Europe, on a un vrai sujet de prix du gaz en Europe». De fait, les prix ont déjà explosés, de 40% à 50 % sur la journée. C’est gigantesque et il faut prendre la mesure d’une telle situation. Le monde a véritablement changé, la crise se précipite.

Toutes les chaînes industrielles sont concernées directement, ainsi que le logiquement le transport, qui est lui aussi déjà en crise. La panique est immense également jeudi 24 février sur les marchés concernant les matières premières, tels l’aluminium, le blé ou le colza qui ont battu des records.

De fait, les principales places boursières européennes ont connu un petit « jeudi noir ». La bourse de Paris a clôturé en forte baisse de 3,83% après un pic à -5% en milieu de journée. Même chose à Francfort (3,96%), Milan (-4,10%) et Londres (-3,82%). Les Bourses russes quand à elles se sont effondrées de plus de 30%.

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Guerre

L’armée française concurrencée par l’armée russe en Méditerranée

La mer Méditerranée est au cœur de la bataille pour le repartage du monde.

Historiquement, la France est très présente en Méditerranée, qu’elle entend contrôler de sa puissance navale. Depuis Toulon jusqu’à Beyrouth, l’armée française a normalement les coudées franches dans ces eaux, patrouillant, manœuvrant et s’exerçant comme elle le souhaite.

C’est de moins en moins le cas notamment en raison de la présence de l’armée russe, qui elle aussi entend accroître son hégémonie dans la région depuis quelques années, comme le constate de manière ultra-détaillée un rapport parlementaire sur les enjeux de défense en Méditerranée de février 2022.

Le document traite de toute la zone, évoquant la Turquie et son « enhardissement », les tensions Algérie/Maroc, la question de la Libye ou encore en parlant d’un réarmement généralisé comme le montre la carte suivante.

Mais c’est la question de la Russie qui est particulièrement intéressante dans ce rapport. Bien que Vladimir Poutine le réfute mot pour mot, sa politique expansionniste de grande puissance consiste en effet en un retour à l’Empire russe. Cela est particulièrement flagrant sur la question brûlante de l’Ukraine et la reconnaissance le 21 février 2022 des deux régions séparatistes, avec tout l’escalade militaire allant avec.

Et c’est également flagrant en ce qui concerne donc la présence dans les eaux méditerranéennes.

Il est constaté à quel point « l’établissement d’une présence navale russe permanente en Méditerranée est redevenu prioritaire », notamment depuis 2013 et la création de la « force opérationnelle permanente de la marine russe en Méditerranée », rattachée à la « flotte de la mer Noire ».

Selon les experts auxquels se réfère le rapport parlementaire, ce groupement peut compter sur « plus d’une quinzaine de bâtiments de combat, dont certains sont équipés du missile de croisière Kalibr ». Il s’appuie sur deux bases principales, acquises de part le soutien militaire russe au régime syrien. Il y en a une dans le port de Tartous dont la gestion opérationnelle a été confiée par la Syrie à la Russie pour une durée de 49 ans en décembre 2017, une autre consistant en la base aérienne près de Lattaquié.

Voici l’inventaire (au conditionnel) des capacités militaires majeurs russes sur ces bases :

  • de façon permanente une dizaine de bâtiments de tonnages faibles mais relativement récents, dont deux sous-marins de type Kilo  ;
  • des systèmes de défense anti-aérienne de type S-400 ;
  • un système de défense côtière Bastion-P dotée de missiles de croisière anti-surface ;
  • une trentaine d’avions (Su-35, SU-34 et Su-24) et hélicoptères (Mi-35 et Mi-8) ;
  • des bombardiers supersoniques TU 22 ainsi que celui MiG-31K, dotés de missiles aérobalistiques et hypersoniques Kinjal.

Le document parlementaire français constate alors :

« Cette implantation russe en Syrie fait donc de la Méditerranée orientale le pôle de rayonnement de la puissance russe en Europe. »

Précisons bien évidemment ici que la France ne constate pas tout cela de manière neutre et pacifique, mais bien dans le cadre de sa concurrence de grande puissance dans la région. Les parlementaires évoquent directement « un défi pour nos forces », en insistant sur l’importance de cette concurrence russe :

« Le dispositif russe est de nature à restreindre fortement la liberté d’action de la France et de ses partenaires dans la zone.

Tout d’abord, les déploiements de nos capacités en Méditerranée orientale sont désormais régulièrement sources d’interactions, d’intensité variable, avec les forces russes, comme l’ont confirmé le capitaine de vaisseau Hervé Siret et le colonel Romain Canepa, représentant le centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) de l’état-major des Armées auditionnés par les rapporteurs (…).

Par ailleurs, la mise en place par la Russie de systèmes de défense anti-aérienne participe à la création de bulles de déni d’accès.

Dans cette perspective, la réitération de l’opération Hamilton serait aujourd’hui plus complexe à mettre en œuvre, comme l’a reconnu le général Philippe Moralès.

Ainsi, en cas de crise, « ces dispositifs russes pourraient être mis à profit à des fins offensives et être mobilisés par les armées russes pour restreindre l’accès des forces occidentales au canal de Suez, à la mer Noire et à la Méditerranée orientale », comme le relève une note de la Fondation pour la recherche stratégique. »

Il faut prendre ici toute la mesure de cette dernière citation ; l’actualité est belle et bien la tendance à la guerre, avec une grande bataille à venir pour le repartage du monde, avec la Méditerranée comme un hotspot stratégique. Cela d’autant plus qu’il est question pour la Russie, d’après ce rapport, « d’élargir son influence dans les autres zones de Méditerranée », avec comme points d’appuis et d’alliance la Libye et l’Algérie ainsi que l’Égypte.

On n’a pas ici un « calcul » de la part de la Russie consistant en un « besoin d’accès » géographique, ni à une quelconque situation historique ou des enjeux strictement économiques. Ce qui est en jeu, c’est une concurrence entre grandes puissances qui veulent assurer leur hégémonie dans un contexte mondial de tensions guerrières. Le rapport parlementaire français parle d’ailleurs très bien, dans le titre de la partie consacrée à la Russie, de « compétiteurs stratégiques mondiaux à nos portes » (le pluriel est employé, mais il n’est en fait question que de la Russie, même si bien entendu la question turque se pose parallèlement).

Ce rapport, sous influence de la majorité parlementaire favorable à Emmanuel Macron, prend forcément le point de vue de l’OTAN et de la concurrence hostile à la Russie. Il est regretté notamment le « désengagement » américain en Méditerranée, avec également le constat suivant :

« La Russie pourrait profiter de façon opportuniste d’une crise en Indo-Pacifique qui aboutirait à une concentration des moyens américains et otaniens dans cette zone, pour faire avancer ses intérêts en Méditerranée. »

Mais ce point de vue pro-OTAN du rapport parlementaire, qui dénonce en quelque sorte le déploiement russe en Méditerranée, peut tout autant servir dans le sens inverse. C’est-à-dire que la fraction nationaliste de la bourgeoisie française, représentée par Eric Zemmour et Marine Le Pen (et relativement par Jean-Luc Mélenchon), hostile à l’OTAN, peut faire de ce constat de la force russe en Méditerranée, justement une occasion d’alliance avec la Russie.

Cela d’autant plus que l’armée russe est toujours tout à fait bienveillante vis-à-vis de la France, bien que les deux armées se marchent ici ouvertement dessus. Le rapport parlementaire français précise en effet très bien que les nombreuses « interactions » se déroulent « de façon professionnelle » (en langage militaire cela veut dire de manière amicale), tout en constatant que ce n’est pas le cas en ce qui concerne les interactions russes avec les armées américaines et britanniques.

On est dans une période de basculement, d’alliances, de contre-alliances… Comme juste avant 1914 !

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Écologie

Nouveaux EPR: le communiqué du Réseau Sortir du nucléaire

Emmanuel Macron a annoncé vouloir relancer massivement l’énergie nucléaire en France.

Le communiqué du Réseau sortir du nucléaire :

« 14 nouveaux EPR ? L’irresponsabilité en marche ! Un projet antidémocratique, hors de prix, et un leurre dans la lutte contre le changement climatique

Communiqué du 10 février 2022

Lors d’un show grandiloquent avec une mise en scène gaullienne, Emmanuel Macron vient d’officialiser son intention de construire 6 à 14 nouveaux réacteurs en France dans les décennies à venir, tout en remettant en question les fermetures déjà prévues. Nous appelons à la mobilisation contre cette relance qui, non contente de faire perdurer le risque nucléaire pendant des décennies, constituerait une impasse totale face à l’urgence climatique.

Un fait accompli inacceptable

En une dizaine de minutes, le président-candidat a annoncé un programme pharaonique de relance tous azimuts du nucléaire : 6 à 14 nouveaux réacteurs, prolongation de l’ensemble du parc, projets de petits réacteurs modulaires, reprise des études sur la 4ème génération… En fin de mandat, il réalise ainsi un carton plein pour répondre à tous les désirs de la filière.

En mettant la population devant le fait accompli de ces annonces, Emmanuel Macron fait preuve d’un immense mépris pour la démocratie. Cela fait des années que le gouvernement, dans l’opacité la plus totale, menait ses tractations avec EDF en vue de la construction de ces réacteurs. À aucun moment il n’a été envisagé de soumettre aux citoyen·nes ou à leurs représentant·es ces projets, qui relèvent d’un choix de société et enfermeraient notre pays pour encore près d’un siècle dans une voie dangereuse et aberrante.

Le débat public annoncé, suivi d’une concertation parlementaire pour réviser la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie, apparaît comme une procédure légale de pure forme qui n’aurait aucunement vocation à remettre en question le projet du président-candidat.

Les nouveaux réacteurs ne sont pas « incontournables », mais une perte de temps face à l’urgence climatique !

Présenter ce projet pharaonique comme incontournable est aussi révoltant que fallacieux. De manière mensongère, Emmanuel Macron prétend que ces constructions massives et toutes ces prolongations seraient indispensables pour atteindre la neutralité carbone, « oubliant » que les travaux de RTE avaient démontré voici quelques mois que cet objectif pouvait aussi être atteint grâce au 100 % renouvelable et ce sans remettre en question la sécurité d’approvisionnement.

Le bourbier sans fin de l’EPR de Flamanville, ses 11 ans de retard, ses coûts phénoménaux et son avalanche de malfaçons, n’ont donc pas servi de leçon pour que la France décide de reproduire cette sinistre aventure en 14 exemplaires ? Qui peut sérieusement croire que la filière nucléaire, lourdement endettée, récemment marquée par de multiples affaires de malfaçons et de fraudes et par une perte de compétence et une fragilité pointées par l’Autorité de sûreté nucléaire, se remettrait magiquement en ordre de marche pour fournir autant de réacteurs en temps et en heure, sans défauts, retard ni surcoût ?

Comment peut-il tenir un tel discours alors qu’un document interne de la Direction Générale de l’Énergie et du Climat, dévoilé par le média Contexte.com en octobre, montre précisément que ces nouveaux réacteurs ne pourraient pas sortir de terre dans les délais indiqués, ce qui rend caducs les scénarii reposant sur cette relance ?

Tabler sur ces nouveaux réacteurs, lents à construire, vulnérables aux retards et aléas de toutes sortes, revient tout simplement à mettre en péril nos échéances d’atteinte de la neutralité carbone ! Il s’agirait là d’une perte de temps impardonnable et d’un inacceptable gaspillage d’argent public, au détriment des économies d’énergie et des énergies renouvelables, dont les coûts sont pourtant bien inférieurs à ceux du nouveau nucléaire.

Alors que nous nous acheminons vers un monde plus incertain, marqué par les phénomènes climatiques extrêmes, l’urgence devrait être de tabler sur un système énergétique sobre, renouvelable et résilient. Pas sur la relance d’une technologie complexe, dangereuse, vulnérable aux aléas et productrice de déchets ingérables (à propos desquels, bien opportunément, il ne touche pas un mot par ailleurs) !. Où seraient construits ces 14 nouveaux réacteurs ? Sur des littoraux menacés de submersion ? Sur des cours d’eau dont le débit deviendra trop bas ?

Des fermetures rayées d’un trait

En un clin d’oeil, Emmanuel Macron a ordonné la prolongation de l’ensemble du parc au-delà de 50 ans de fonctionnement, revenant sur les fermetures déjà prévues dans le cadre de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie et prévues par la loi. Là encore, le mépris total et l’aveuglement prévalent. Qui peut croire à la faisabilité d’un tel projet, mené en parallèle des nouvelles constructions et exigeant des travaux lourds et inédits sur tous les réacteurs ? Alors qu’EDF a déjà des difficultés à assurer une maintenance correcte de ses installations, que se multiplient les arrêts imprévus de réacteurs et que la découverte de défauts de corrosion porte déjà la disponibilité du parc à un minimum historique ? Rappelons par ailleurs que les cuves des réacteurs français n’ont pas été conçues pour une utilisation au-delà de 40 ans et que dans le monde, seule une poignée de réacteurs a actuellement dépassé les 50 ans !

Nous refusons d’être condamné·es à la relance du nucléaire !

Emmanuel Macron, président en campagne, n’est malheureusement pas le seul à faire allégeance au lobby de l’atome. Parmi la majorité des candidat·es à l’élection présidentielle, la surenchère règne : c’est à qui construira le plus de réacteurs petits ou gros, à qui reviendra sur des fermetures déjà annoncées voire tentera de ressusciter des sites déjà fermés, quitte à multiplier les promesses bidons. La défense du nucléaire tient lieu de totem masquant le vide souvent abyssal de leurs engagements sur l’environnement et le climat.

Cette surenchère apparaît profondément hors sol, alors que l’immense majorité des Français·es, à des degrés plus ou moins prononcés, s’avoue préoccupée par le risque nucléaire et que 58% seraient prêt.es à voter pour une personne engageant le pays dans la sortie du nucléaire. À quel prix se fera cette relance qui ne bénéficiera qu’aux industriels du secteurs ? En taillant dans quels budgets pour y prélever l’argent public nécessaire ?

Nous appelons à la mobilisation générale contre cette fuite en avant et ce fait accompli. Ruineux, dangereux, perte de temps face à l’urgence climatique, ces projets démentiels doivent être stoppés !« 

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Guerre

Eric Zemmour, c’est le candidat du parti de la guerre!

Eric Zemmour, c’est la guerre, avec une orientation favorable à la Russie !

L’été dernier, en juin 2021, Eric Zemmour le polémiste se désolait de la faiblesse de l’armée française en moquant une « armée d’échantillon ». Il affirmait :

« On a de tout pour tout. On peut faire une guerre à tout le monde… pour une journée, après il n’y a plus rien. Après il n’y a pas assez de munitions, d’hélicoptère, de sous-marins, etc. »

Maintenant qu’il est candidat, la question de l’armée est pour lui primordiale. Car il est le candidat de la haute bourgeoisie voulant faire basculer la France dans un militarisme généralisé pour se lancer dans la bataille pour le repartage du monde.

Il ne s’agirait plus d’accompagner l’ordre dominant ayant la superpuissance américaine comme force hégémonique, mais de vouloir tirer son épingle du jeu dans des combats impériaux pour le redécoupage du monde selon les intérêts des uns et des autres. C’est pour cela qu’Eric Zemmour propose de sortir de l’OTAN et se tourner vers la Russie.

Eric Zemmour explique pour cette raison qu’il mettra le paquet sur les militaires qui doivent voir leur solde augmenter de 20 % dès 2023, avec une amélioration des conditions de logement et d’hébergement, de pensions d’invalidité, etc. Cela s’associe à leur valorisation systématisée, pour ce qu’il appelle « l’immense reconnaissance de la nation » aux soldats, c’est-à-dire en vérité une mobilisation générale du camp de la guerre.

Samedi 19 février, Eric Zemmour tenait ainsi un meeting important au pied du Mont-saint-Michel, qu’il a choisi comme symbole nationaliste, mais aussi militaire, Saint-Michel étant présenté comme « ange supérieur et ange militaire » pour justifier un nationalisme offensif appelant à mener un « combat spirituel » pour défendre « âme », « identité », « indépendance ». Sa perspective est donc la « puissance » de l’armée française pour affirmer le pays dans le monde et contre le monde :

« Toute ma vie, je combattrai cette vision de la France vassale, de la France valet, de la France marionnette »

Concrètement Eric Zemmour entend donc augmenter de près de 30 milliards d’euros le budget de la Défense d’ici à 2030, avec au programme 3,6 milliards d’augmentation par an d’ici là. Le budget devant atteindre le montant de 70 milliards d’euros annuel pour financer :

  • une armée de terre de 100 000 hommes en 2027,
  • 300 avions de chasse en 2040,
  • un 2e porte-avion,
  • 20 frégates et 8 sous-marins nucléaires d’attaque.

Tout cela étant considéré par lui comme n’étant « pas un luxe mais un minimum vital », car il défend l’option d’une France puissante militairement par elle-même,

Dans sa conférence de presse du 17 février concernant le sujet de la « défense nationale », il a évoqué son orientation pro-Russie de la manière suivante :

« Tout en construisant de nouvelles alliances avec les pays qui partagent notre vision du monde et des menaces. »

Au sujet de l’Ukraine, il a visé « l’instrumentalisation américaine de la situation », en expliquant que pour sa part il veut :

« une relation normalisée et apaisée avec la Russie, sans complaisance ni provocation inutile. Pour moi les choses sont claires : l’extension de l’OTAN aux portes de la Russie n’a aucune justification pour la sécurité de l’Europe et j’y suis résolument hostile. Les Russes ne sont ni nos alliés ni nos ennemis »

Eric Zemmour est le candidat du parti de la guerre ! Il a pris la place de Marin Le Pen comme vecteur des exigences de la haute bourgeoisie, de la fraction la plus agressive de la bourgeoisie française ! Il représente l’aspect principal de la tendance à la guerre en France !